Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. août 24, 2021 5:34 pm

Publié le 24/08/2021

L’OMS lance un nouvel essai sur trois molécules pour le traitement de la Covid-19

L’organisation mondiale de la santé (OMS) coordonne une action de recherche mondiale sur des candidats médicaments destinés au traitement de la Covid-19 ; les essais cliniques ne concernent que des patients adultes (18 ans et plus) hospitalisés, et Il s’agit dans tous les cas d’études cliniques randomisées.

Quatre médicaments ont déjà été évalués dans ce cadre : le remdesivir, le lopinavir, l’interféron et l’hydroxychloroquine. Les essais, conduits dans 36 pays, ont montré que ces molécules avaient peu ou pas d'effet sur les patients hospitalisés atteints de Covid-19 (1)

L’OMS a donc entrepris un nouvel essai clinique, « Solidarité PLUS » avec trois nouveaux candidats : l’arténusate, l’imatinib et l’infliximab ; 52 pays y participent et il ne concernera, comme dans les études précédentes, que des patients adultes hospitalisés pour la Covid-19 (2, 3).

Cet essai a été présenté par l’OMS le 11 août 2021 à travers un communiqué de presse (4)

Ces trois médicaments ont été sélectionnées par un groupe d'experts indépendants pour leur potentiel à diminuer le risque de décès chez les patients atteints de Covid-19 hospitalisés. Ils sont fournis gratuitement par les laboratoires producteurs.

L'essai Solidarity PLUS se déroulera dans plus de 600 hôpitaux de 52 pays, impliquant des milliers de chercheurs. il n’y aura qu’un seul protocole par médicament et l’efficacité sera essentiellement jugée sur la létalité (pourcentage de décès parmi les cas de Covid 19 hospitalisés).
Des médicaments connus pour des indications spécifiques
Ce sont tous des médicaments déjà prescrits pour des indications spécifiques : l'artésunate dans le paludisme sévère (neuropaludisme), l'imatinib pour certains cancers, et l'infliximab pour des maladies du système immunitaire.

L’artésunate est produit par « Ipca Lab ». Dérivé de l’artémisinine, il est largement utilisé dans le traitement du paludisme depuis plus de 30 ans ; il est considéré comme efficace et très sûr dans cette indication. Pour traiter la Covid, ce sont ses propriétés anti-inflammatoires qui sont exploitées et seront en particulier évaluées. Dans l'essai, il sera administré par voie intraveineuse pendant 7 jours, en utilisant la dose standard recommandée pour le traitement du paludisme grave.

L’imatinib est produit par « Novartis ». C’est une petite molécule qui inhibe puissamment l'activité de la tyrosine kinase. Elle est utilisée dans la prise en charge des dermatofibrosarcomes protuberans, de leucémies, de syndromes myélodysplasiques/myéloprolifératifs, de leucémies chroniques à éosinophiles et de tumeurs stromales gastro-intestinales. Un essai clinique randomisé réalisé aux Pays-Bas a montré qu’il pourrait conférer un avantage clinique aux patients hospitalisés pour la Covid-19. Dans l’essai Solidarité PLUS, il sera administré par voie orale, une fois par jour, pendant 14 jours. La dose utilisée est la dose la plus faible prescrite aux patients atteints d'hémopathies malignes sur des périodes prolongées.

L’Infliximab est produit par « Johnson et Johnson ». C’est un anticorps monoclonal chimérique humain/souris inhibiteur du TNF alpha (Tumor Necrosis Factor) ; il se lie en effet avec une grande affinité à la fois aux formes solubles et transmembranaires du TNF-alpha. Les produits biologiques anti-TNF sont employés pour le traitement d’affections inflammatoires auto-immunes, depuis plus de 20 ans (maladies de Crohn, polyarthrites rhumatoïdes, psoriasis en plaques, rectocolites hémorragiques, rhumatismes psoriasiques, spondylarthrites ankylosantes). Ils permettent de diminuer l'inflammation à large spectre. Dans l'essai, l’Infliximab sera administré par voie intraveineuse en une seule dose, la dose standard que les patients atteints de la maladie de Crohn reçoivent sur des périodes prolongées.

L’étude Solidarité PLUS sera conduite de juin 2021 à mai 2022.

Pr Dominique Baudon
Références
1) https://www.who.int/news/item/15-10-202 ... ecord-time
2) RCTN18066414 https://doi.org/10.1186/ISRCTN18066414 SOLIDARITY TRIAL PLUS: An international randomized trial of additional treatments for COVID-19 in hospitalized patients who are all receiving the local standard of care
3) Trial who website- https://www.who.int/emergencies/disease ... treatments
4) Communiqué de presse de l’OMS du 11 août 2021:https://www.who.int/news/item/11-08-202 ... date-drugs
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Message par Arnaud BASSEZ » jeu. août 26, 2021 5:42 pm

Publié le 26/08/2021
Nouvelle confirmation dans la « vraie vie » de l’efficacité du vaccin Pfizer anti-Covid

L’Espagne a lancé sa campagne de vaccination contre la Covid-19 dès la fin décembre 2020, rapidement après l’autorisation accordée au vaccin à ARNm Pfizer-BioNtech. Le British Medical Journal publie les résultats d’une étude prospective menée en Catalogne, évaluant l’impact de la vaccination sur le taux d’infections par le SARS-CoV-2, d’hospitalisations et de décès, parmi les résidents (n = 28 456), le personnel (n = 26 170) et les soignants (n = 61 791) d’établissements pour personnes âgées.

Risque d’infection réduit de 80 à 90 % après 2 doses dans les établissements pour personnes âgées en Espagne

Il apparaît que la vaccination partielle (une seule dose) est associée à une réduction de 40-50 % du taux d’infections par le SARS-CoV-2, nécessitant la poursuite des mesures de prévention, particulièrement durant les deux premières semaines suivant la première dose. En revanche, la vaccination complète (2 doses) réduit le risque d’infection de 80-90 %. L’effet est sensiblement le même pour les résidents, le personnel et les soignants des établissements, et conforme aux résultats annoncés par les essais de phase III. Le risque de formes sévères diminue considérablement pour les résidents, avec une réduction de 95 à 97 % des hospitalisations et des décès après les 2 doses, pendant au moins 5 mois.

Des données rassurantes

Les vaccins contre la covid-19 ont montré leur efficacité dans les essais cliniques, mais les preuves dans la « vraie vie » sont bienvenues pour confirmer ces effets dans le contexte de la pratique courante et dans les populations sous-représentées dans les grands essais cliniques. D’autres travaux sont nécessaires pour préciser l’efficacité à long terme des vaccins anti-Covid-19. Ces données devraient toutefois rassurer dès à présent la population sur les bénéfices majeurs des campagnes de vaccination. Elles pourraient aussi permettre d’améliorer l’organisation dans les établissements d’accueil des personnes âgées, notamment en ce qui concerne les visites, les équipements, etc.

Dr Roseline Péluchon
Références
Cabezas C et coll.: Associations of BNT162b2 vaccination with SARS-CoV-2 infection and hospital admission and death with covid-19 in nursing homes and healthcare workers in Catalonia: prospective cohort study. BMJ 2021;374:n1868. doi.org/10.1136/bmj.n1868

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Publié le 21/08/2021
Vague épidémique de Covid-19 chez les non vaccinés : attention aux chiffres

Le vacci’bus : une des méthodes pour atteindre les populations non vaccinées
Pr Dominique Baudon, Professeur du Val-De-Grâce

Une nouvelle fois, le Professeur Dominique Baudon nous apporte des précisions et remets en quelque sorte « les pendules à l’heure » sur certaines définitions et données chiffrées en matière de couverture vaccinale, de taux d’incidence et de contagiosité du variant delta. Et bien sûr, il revient sur les stratégies qui lui semblent s’imposer.

Redéfinir la couverture vaccinale

La couverture vaccinale (CV) est la proportion de la population vaccinée contre la Covid-19.

A partir des statistiques de l’Insee (1), et à partir des données de Santé Publique France (SPF du 17 août 2021), nous pouvons avancer les chiffres suivants :

(Les sujets dits « vaccinés » étant ceux qui ont reçu les deux doses du vaccin / M=million) :

Parmi les sujets de 50 ans et plus, 16 % ne sont pas vaccinés (2,9 M) et 23,8 M sont vaccinés, soit une couverture vaccinale (CV) de 84 %.
Chez les sujets de 18 à 49 ans, 40 % ne sont pas vaccinés (9,6 M) et 14,4 M sont vaccinés (CV de 60 %).
Enfin, 78 % des 12 à 17 ans ne sont pas vaccinés, soit 4,6 M ; 1,3 M sont vaccinés (CV de 22 %).


Au total, au 17 août 2021, dans la population cible de la vaccination (56,6 M de sujets de 12 ans et plus), nous estimons à 39,5 M le nombre de sujets vaccinés et à 17,1 M les sujets non vaccinés.

A noter que nos calculs aboutissent, sur la population de sujets vaccinés, au même nombre que celui publié par SPF le même jour (39,4 M).

Par contre la proportion de sujets vaccinés calculée par SPF, soit 59 % de la population (39,4M /67 M) ne nous paraît pas pertinente. Le pourcentage devrait être donné par rapport à la population cible définie dans la stratégie de vaccination, celle de 12 ans et plus (56,6 M) ; on obtient alors une couverture vaccinale de 69,8 % (39,4 / 56,6)
Le taux d’incidence des cas n’est pas ce qu’il semble être
Le taux d’incidence TDI est défini, selon SPF, comme le nombre de cas positif (RT PCR ou tests antigéniques) sur 7 jours pour 100 000. Il était pour la période 10-16 août de 242,3 p 100 000 (162 338 cas + pour 67 M)

J’ai déjà critiqué l’utilisation de ce taux pour suivre la dynamique de l’épidémie dans une précédente tribune (1), car il est lié au nombre de tests réalisés ; ce TDI englobe à la fois les malades de la Covid-19 mais aussi les porteurs asymptomatiques du virus.

Avec la stratégie du Passe sanitaire, le nombre de tests réalisés quotidiennement a explosé faisant ainsi « artificiellement » augmenter le TDI. Je donne un exemple : le 15 août 2021, 27 498 tests positifs ont été déclarés (806 401 tests réalisés dont 3,41 % de positifs). Le 17 juillet, 17 151 tests positifs avaient été déclarés (410 312 tests dont 4,18 % de positifs). Si le 15 août, il n’avait été pratiqué que 410 312 tests r (comme le 17 juillet), avec 3,41 % de tests positifs, le nombre de cas déclarés aurait été de 13 991, soit une baisse de 42 % par rapport au nombre déclaré le 17 juillet !

Pour juger de l’évolution de l’épidémie avec un variant delta très contagieux, il faut rapporter le nombre de cas, non pas à la population totale (67 M), mais à la population susceptible d’être infectée.

Je propose la formule simple suivante pour estimer l’importance de cette population :

Population à risque d’être infectée = Population totale - population immunisée par la maladie ou par l’infection

Nous connaissons le nombre de sujets vaccinés (39,4 M ayant reçu 2 doses) ; sachant que le taux d’efficacité des vaccins utilisés en France est de l’ordre de 95 %, on peut estimer le nombre de sujets immunisés par la vaccination à 37,5 M. Il est très difficile d’estimer le nombre de sujets immunisés par l’infection à SARS-CoV2. Selon SPF, 6,5 M de personnes ont été infectées (cas positif à la RT PCR ou au test antigénique) ; il y en a probablement beaucoup plus mais nous garderons ce chiffre pour notre formule. Nous pouvons donc estimer la population immunisée à 44 M (37,5 + 6,5) et en conséquence la population à risque d’être infectée à 23 M (67 M - 44 M)

Ainsi, le TDI, rapporté à la population à risque d’être infectée, n’est pas de 243,3 p 100 000, mais de 691 p 100 000 (162 338 cas+/ 23M), soit presque 3 fois supérieur. Cela confirme l’extrême contagiosité du variant delta.

Des conséquences en termes de stratégie de lutte

Les objectifs de la campagne de vaccination avaient été rappelés par le Premier Ministre lors de sa conférence de presse du 7 janvier 2021 : « faire baisser la mortalité et les formes graves dues à la Covid 19, protéger les français et notre système de santé, cela en toute sécurité ». L’objectif principal était de « vacciner d’abord les plus vulnérables » (3).

Avec le variant delta, la population vulnérable, à risque d’être hospitalisée et/ou de décéder, reste toujours la même (population de plus de 50 ans avec comorbidité(s), population avec comorbidité(s) quel que soit l’âge). La stratégie de vaccination qui a aussi pour objectif de diminuer la circulation du virus permettra certes d’atteindre cet objectif, et il faut la soutenir. Mais elle doit être mieux modulée et mieux ciblée.

Selon nos calculs, il y a encore 23 M de sujets non immunisés (chiffre probablement sous estimé) ; parmi eux, comme calculé plus haut, près de 3 millions de sujets de 50 ans et plus ne sont pas encore vaccinés, dont près de 1 M chez les plus de 70 ans.

Le 22 juillet l’assurance maladie estimait que « Plus de cinq millions de personnes souffrant de comorbidités n’étaient pas encore vaccinés contre la Covid-19 dont "près d’un million de plus de 75 ans" ».

Ainsi, la priorité devrait être celle de vacciner les sujets à risque susceptibles de saturer les services de réanimation, avant d’envisager, comme certains le demandent, la vaccination des enfants.

L’objectif ne doit pas être de vacciner la population pour protéger les sujets à risque non vaccinés, mais d’abord de vacciner tous les sujets à risque.

Pour cela, il faut « aller au devant » des personnes qui ont des difficultés à se déplacer, particulièrement les personnes âgées, les personnes en situation précaire, les personnes isolées...

L’assurance maladie doit être le moteur pour identifier les personnes à risque, et, à la demande des médecins, leurs fournir la liste de leurs patients à risque non encore vaccinés.

Le gouvernement réfléchirait à une vaccination obligatoire ; cela ne devrait alors concerner que les sujets de 50 ans et plus (par exemple) et toutes les personnes à risque.

Références
(1) https://fr.statista.com/statistiques/47 ... ge-france/

(2) Tribune JIM.fr publié le 6.01.2021-Circulation du SARS-CoV-2 : le nombre de tests positifs quotidiens est un mauvais critère. https://www.jim.fr/medecin/jimplus/trib ... -reactions

3) https://www.jim.fr/medecin/actualites/m ... e__186241/ document_actu_med.phtml


Source : jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. août 30, 2021 2:27 pm

Un anticorps hautement neutralisant capable de s'attaquer à tous les variants du SARS-CoV-2

Julie Kern
Rédactrice scientifique

Publié le 28/08/2021

source : futura sciences



Deux nouveaux anticorps neutralisants, découverts par deux équipes distinctes, sont de taille face aux variants du coronavirus ! L'un d'entre eux est même capable de neutraliser tous les variants testés par les scientifiques.

Coronavirus : vous avez peut-être déjà des anticorps sans le savoir Sans jamais avoir été infectées, certaines personnes présentent des anticorps réagissant à la protéine de pointe du SARS-CoV-2. Cela concerne plus particulièrement les enfants, très exposés aux divers virus saisonniers, et suggère l’existence d’une immunité croisée. Peut-on alors espérer qu’attraper un bon rhume nous préserve de l’infection à la Covid-19 ?

On dénombre actuellement quatre variants d'inquiétude (VOC) et quatre variants d'intérêt (VOI) du SARS-CoV-2. Ces variants ont en commun une transmission accrue et une résistance partielle aux vaccins et à certains traitements à base d'anticorps. Alors que la pandémie ne ralentit pas, d'autres émergeront dans le futur.

Pour faire face à ce problème, la Haute Autorité de santé préconise l'injection d'une troisième dose vaccinale pour les 65 ans et plus, et celles et ceux qui ont un risque important de déclarer une forme grave de la Covid-19. La troisième dose devra être espacée d'au moins six mois de la deuxième. Mais ce n'est pas la seule stratégie en cours d'investigation.

Deux publications, parues à quelques jours d'écart dans Immunity, présentent chacune un anticorps hautement neutralisant efficace contre les variants du SARS-CoV-2.
Le site de fixation de SARS2-38 sur le RBD. Les lignes bleu céladon indiquent la chaîne légère de l'anticorps et les lignes bleu foncé, la chaîne lourde. Les pointillés verts montrent le site d'interaction avec le récepteur ACE2. © Laura A. VanBlargan et al. Immunity

Le site de fixation de SARS2-38 sur le RBD. Les lignes bleu céladon indiquent la chaîne légère de l'anticorps et les lignes bleu foncé, la chaîne lourde. Les pointillés verts montrent le site d'interaction avec le récepteur ACE2. © Laura A. VanBlargan et al. Immunity
Cibler une région conservée de la protéine S

Le premier anticorps monoclonal, appelé SARS2-38, a été isolé par une équipe de la Washington School of Medicine. Il est le seul, parmi les 43 isolés du sérum de souris immunisées avec le receptor binding domain (RBD) du coronavirus, à conserver son activité neutralisante pour tous les variants. En effet, SARS2-38 se fixe avec une grande affinité sur une partie du RBD, la région de la protéine S en contact physique avec le récepteur ACE2, qui varie très peu entre les variants. Ainsi, même si de nombreux variants possèdent une ou plusieurs mutations dans le RBD, l'efficacité de SARS2-38 n'en est pas affectée.

Les scientifiques ont démontré que SARS2-38 peut neutraliser tous les variants testés in vitro, à savoir les variants majeurs Alpha, Bêta, Delta et Gamma et d'autres variants mineurs comme les variants Iota et Kappa. Des expériences sur les souris ont aussi mis en avant sa capacité à endiguer l'infection dans une stratégie prophylactique ou thérapeutique.

« Cet anticorps est à la fois hautement neutralisant (ce qui signifie qu'il fonctionne très bien à de faibles concentrations) et largement neutralisant (ce qui signifie qu'il fonctionne contre tous les variants). C'est une combinaison inhabituelle et très souhaitable pour un anticorps. En outre, il se lie à un point unique sur la protéine de pointe qui n'est pas ciblée par d'autres anticorps en cours de développement », explique Michael S. Diamond, directeur de cette étude.

Le site de fixation de NT-193. La chaîne légère de l'anticorps, en violet, recouvre toute la région de liaison avec le récepteur ACE2. La chaîne lourde, en rose, s'accroche à une région plus éloignée et conservée entre le SARS-CoV-1 et les variants du SARS-CoV-2. © Taishi Onodera et al. Immunity

Le site de fixation de NT-193. La chaîne légère de l'anticorps, en violet, recouvre toute la région de liaison avec le récepteur ACE2. La chaîne lourde, en rose, s'accroche à une région plus éloignée et conservée entre le SARS-CoV-1 et les variants du SARS-CoV-2. © Taishi Onodera et al. Immunity
Un second candidat hautement neutralisant

Le second anticorps monoclonal, isolé par une équipe japonaise, a été obtenu par un processus similaire. NT-93 est aussi largement neutralisant contre le SARS-CoV-2 et ses variants, mais aussi le SARS-CoV-1. Il se fixe sur le RBD, mais pas tout à fait de la même façon que SARS2-38. Les analyses cristallographiques révèlent que la chaîne lourde de NT-93 reconnaît une région hors du receptor binding site (RBS), un sous-domaine du RBD ; tandis que la chaîne légère s'accroche au RBS de la même façon que le fait le récepteur ACE2. Cette double interaction élargit le pouvoir neutralisant de NT-93 au SARS-CoV-1 et aux variants du SARS-CoV-2.

Les scientifiques ont éprouvé l'efficacité de NT-93 chez des hamsters. Un traitement à faible dose réduit le nombre de virions et la morbidité chez les rongeurs.

Ce n'est pas la première fois que les anticorps monoclonaux démontrent un potentiel thérapeutique contre la Covid-19. Les bénéfices de ceux présentés ici doivent encore être confirmés chez l'être humain. Selon le site du ministère des solidarités et de la santé, ils « seront très prochainement disponibles en France ». Dans certains cas très particuliers, des anticorps monoclonaux sont déjà administrés contre la Covid-19. Ils sont envisagés comme complément des traitements déjà en place, ou de la vaccination.

Pour en savoir plus
Coronavirus : sur la piste des anticorps neutralisants pour traiter le Covid-19

Article publié le 21 avril 2020 par l'Inserm

Tandis que la réponse immunitaire est faible chez certains patients, elle est au contraire très forte chez d'autres qui produisent des anticorps neutralisant le SARS-CoV-2. Ce sont sur ces anticorps que travaille le laboratoire Immunologie humorale de l'Institut Pasteur (Paris) afin de débusquer le talon d'Achille du coronavirus et d'isoler des anticorps monoclonaux thérapeutiques, voire contribuer au développement d'un vaccin.

Ouvrir la voie au développement d'un traitement et d'un vaccin contre le Covid-19 grâce à l'utilisation d'anticorps : tel est l'objectif du laboratoire Immunologie humorale (Inserm/Institut Pasteur, Paris) dirigé par Hugo Mouquet. Cette équipe étudie depuis des années la réponse immunitaire de notre organisme aux agents infectieux tels que le VIH-1, les virus des hépatites ou les virus émergents. Elle s'intéresse en particulier au rôle et au fonctionnement des anticorps. Dans le contexte de l'épidémie actuelle, elle applique son savoir-faire au SARS-CoV-2.
Le saviez-vous ?

Le consortium REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases), coordonné par l’Inserm, promeut la recherche contre les maladies infectieuses émergentes. Mi-mars, ce consortium a retenu 20 initiatives scientifiques visant à améliorer les connaissances et la lutte contre le Covid-19. Le projet décrit dans cet article en fait partie.

« Nous essayons de comprendre pourquoi certaines personnes développent une très bonne réponse immunitaire en produisant beaucoup d'anticorps capables de neutraliser efficacement le SARS-CoV-2, et d'autres pas. Quelles sont les cibles de ces anticorps sur le virus ? Comment bloquent-ils précisément le cycle viral ? Sont-ils capables de détruire des cellules infectées ? Pour répondre à ces questions, nous étudions les interactions moléculaires des anticorps avec le virus, mais aussi leurs propriétés antivirales », explique Hugo Mouquet, responsable du laboratoire.
Isoler des lymphocytes B mémoires spécifiques du virus à partir du sang de patients en rémission, puis les utiliser pour permettre la production d’anticorps monoclonaux qui seront étudier les uns après les autres. © Thomas Samson, AFP, Archives

Isoler des lymphocytes B mémoires spécifiques du virus à partir du sang de patients en rémission, puis les utiliser pour permettre la production d’anticorps monoclonaux qui seront étudier les uns après les autres. © Thomas Samson, AFP, Archives
Trouver le talon d'Achille du virus

L'objectif est de découvrir et de caractériser les anticorps les plus neutralisants, afin de pouvoir en produire et, éventuellement, de les utiliser comme médicament. Ce travail permet aussi d'identifier les sites de vulnérabilité du virus, « leur talon d'Achille », ce qui est très important pour le développement de vaccins.


Pour y parvenir, les chercheurs ont besoin d'anticorps monoclonaux, c'est-à-dire d'anticorps tous identiques, provenant d'un seul lymphocyte B. « Dans le sérum des personnes infectées par un virus, il existe des millions d'anticorps différents, dont plusieurs centaines dirigées contre l'agent infectieux en question. Chaque individu répond de façon unique à une infection, en produisant divers anticorps qui reconnaissent différentes composantes du virus (épitopes viraux). Mais la capacité d'un anticorps à reconnaître un virus ne signifie pas qu'il est capable de le neutraliser. Certains bloquent efficacement le virus, d'autres faiblement, et certains, pas du tout. C'est très difficile de s'y repérer dans cette soupe d'anticorps polyclonaux. Si on veut trouver les bons, il faut les obtenir individuellement à partir de lymphocytes B spécifiques, en travaillant avec un seul lymphocyte à la fois, puis les cloner pour les étudier les uns après les autres », poursuit le chercheur.

Quels sont ces anticorps à fort pouvoir neutralisant ?

Son équipe dispose justement de prélèvements sanguins issus de patients en rémission du Covid-19. Ces échantillons sont transmis par des équipes hospitalières de l'hôpital Bichat à Paris, et de l'hôpital de Crépy-en-Valois via la cohorte Corser de l'Institut Pasteur. Les chercheurs vont en sélectionner 10 à 20, issus de patients qui ont produit des anticorps anti-SARS-Cov-2 de très grande qualité, possédant un pouvoir neutralisant même à très faibles doses. Ils en isoleront les lymphocyte B mémoires spécifiques du virus, en « capturant » ceux qui se fixent à une protéine de surface du SARS-CoV-2, la protéine Spike.

En l’absence de vaccins, ces anticorps pourraient même avoir une action prophylactique

Une fois qu'ils auront réussi à identifier les meilleurs anticorps neutralisants et les lymphocytes B qui les synthétisent, les chercheurs pourront en produire à l'identique et en grande quantité. Il s'agira alors d'anticorps monoclonaux dits « recombinants », c'est-à-dire générés par des cellules humaines en culture dans lesquelles les chercheurs auront introduit les séquences d'ADN codant pour ces anticorps, issues des lymphocytes B des patients.

Les anticorps ainsi produits seront ensuite testés comme traitement potentiel. « Cela se fait très bien sur le plan industriel : une centaine d'anticorps monoclonaux sont déjà disponibles sur le marché dans d'autres indications », rappelle Hugo Mouquet. En l'absence de vaccin, ces anticorps pourraient même avoir une action prophylactique car on sait désormais les modifier pour leur permettre de circuler pendant plusieurs mois dans le sang. « Nos recherches contribueront également à apporter des connaissances précieuses pour le développement de vaccins, capables de stimuler efficacement l'évolution du type d'anticorps neutralisants que nous aurons mis en évidence », conclut-il.

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La plus grande étude sur la sécurité du vaccin Pfizer livre ses conclusions

Julie Kern
Rédactrice scientifique

Publié le 27/08/2021


À partir des données recueillies auprès de la population israélienne, le Clalit Research Institute livre une étude de grande ampleur sur la sécurité du vaccin Pfizer et réaffirme les bénéfices de la vaccination.

Le Clalit Research Institute en Israël, avec l'aide de l'université d'Harvard, a analysé l'une des bases de données médicales les plus fournies du pays pour réexaminer la sécurité du vaccin de Pfizer. Les essais cliniques de phase 3 sont soumis à des règles strictes et les cohortes de volontaires ne sont pas toujours représentatives de la population naturelle.

De plus, ils sont limités par la taille et ne sont pas assez puissants pour mettre en lumière certains effets secondaires très rares ou propres à une catégorie d'âge. C'est ce qu'il s'est passé pour la myocardite. Aucun cas n'avait été détecté lors des essais cliniques de phase 3 des quatre vaccins autorisés. Les cas ont été rapportés après coup, lorsque le vaccin a été largement administré dans la population générale.

Ici, ce sont 1,7 million de données médicales anonymes, collectées par le Clalit Health Service, le principal organisme de santé d'Israël, qui ont été étudiées pour estimer le risque relatif d'apparition d'un événement secondaire suite à la vaccination dans une population naturelle.

La vaccination augmente le risque de certaines affections...

Les scientifiques ont procédé comme suit. Chacune des 884.828 personnes vaccinées s'est vue attribuer un « match », une personne non vaccinée au profil socio-démographique équivalent. Chaque duo a été suivi pendant 42 jours. Si une personne reçoit le vaccin durant le suivi, elle passe dans le groupe vaccinal et on lui attribue un nouveau match. L'étude se focalise donc sur les effets secondaires post-vaccinaux à moyen terme. Les réactions directement liées à l'injection du vaccin, comme la fièvre, les douleurs musculaires et les érythèmes n'ont pas été suivies, tout comme les effets à long terme.

Leurs résultats indiquent que la vaccination est liée à un risque accru de myocardite (2,7 cas pour 100.000 vaccinés), d'appendicite (5,0 cas pour 100.000 vaccinés), d'une résurgence du virus de l'herpès (15,8 cas pour 100.000 vaccinés) et de lymphadénopathie, ou plus simplement des ganglions lymphatiques gonflés (78,4 cas pour 100.000 vaccinés).

Image
La comparaison du nombre de cas pour 100.000 personnes de différentes affections entre les personnes vaccinées et infectées par la Covid-19. © Noam Barda et al. NEJM

...et le SARS-CoV-2 plus encore

La vaccination et ses risques associés sont à mettre en parallèle avec cette période pandémique où le risque d'être infecté par le SARS-CoV-2 est important. Le Clalit Research Institute a donc comparé le risque relatif d'apparition des mêmes effets secondaires entre des personnes infectées par le SARS-CoV-2 et des personnes non infectées. Comme précédemment, chacun des 173.106 infectés a été suivi en même temps qu'un non-infecté au profil similaire.

Il apparaît que parmi les effets secondaires du vaccin Pfizer, seul le risque relatif de myocardite est plus important chez les infectés, 11 cas pour 100.000. La Covid-19 ne semble pas augmenter le risque d'appendicite, de résurgence du virus de l'herpès ou de lymphadénopathie.

En revanche, le virus augmente significativement le risque d'autres conditions que la vaccination ne déclenche pas et qui sont bien plus sévères. On peut citer, l'arythmie cardiaque, les thromboses veineuses profondes, les embolies pulmonaires ou encore des lésions rénales.

Si le vaccin augmente bien l'incidence de certains effets secondaires, ils sont pour la plupart modérés, en dehors de la myocardite qui peut représenter un risque réel pour la santé. Ce problème est le plus fréquent chez les hommes jeunes, une population pour laquelle le pronostic est bon.

Au contraire, comme le notent les scientifiques dans leur étude, « l'infection par le SARS-CoV-2 est elle-même un facteur de risque très important de myocardite, elle augmente considérablement le risque de plusieurs autres événements indésirables graves ».
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Message par Arnaud BASSEZ » jeu. sept. 02, 2021 5:30 pm

Les Etats-Unis ont administré 371 millions de doses de vaccin depuis la fin décembre 2020 et ont au cours de la même période dû en jeter 15 millions d’autres. Rupture dans la chaîne du froid, fioles fissurées, doses restantes ne trouvant pas preneur, produits périmés : les raisons de ces pertes sont nombreuses. Elles semblent en outre inévitables en dépit des procédures mises en place et des dispositifs destinés notamment à éviter que des doses soient jetées faute de candidat.
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L’épidémie en France au 2 septembre 2021

Depuis le début de l’épidémie, 6 783 329 cas d’infection par SARS Cov-2 ont été identifiés en France, dont 17 621 au cours des 24 dernières heures.
Le taux de positivité des tests est de 2,8 %.
114 577 infectées par SARS-CoV-2 sont mortes, dont 87 909 à l’hôpital, dont 85 en 24 heures.
On recense 4 746 nouvelles hospitalisations en 7 jours et 1114 admissions en soins critiques (dont 850 en soins critiques).
L’ensemble de ces indicateurs est en baisse au cours des 7 derniers jours.

Selon les dernières données de l'université John Hopkins de Baltimore, 218 641 868infections par le SARS Cov-2 ont été identifiés dans le monde (vs 214 058 84, le 26 août) et 4 546 176 (vs 4 466 841 décès le 26/08) depuis le début de la pandémie. Ces quatre dernières semaines, les pays les plus touchés par l’épidémie en nombre de cas dépistés sont les Etats-Unis (4 065 477 cas en un mois), l’Inde (1 045 823 cas) et l’Iran (1 006 149) et en nombre de décès il s’agit de l’Indonésie (33 040 en baisse en une semaine), la Russie (21 749 chiffre stable) et le Brésil (21 543 chiffre en légère baisse)

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Des chercheurs de l’INSERM et de l’université Paris-Est Créteil ont mis au point un vaccin contre la Covid qui cible les cellules dendritiques via un anticorps monoclonal fusionné à une protéine du SARS-CoV-2. Les résultats observés chez des macaques préalablement infectés six mois plus tôt, publiés dans Nature Communications, sont encourageants. Des essais chez l’homme pourraient être initiés en 2022 et visaient tant les personnes n’ayant jamais été infectées ou vaccinées que les sujets vaccinés ou naturellement immunisés. L’injection constituerait dans ce cadre un « complètement » pour booster leur immunité.

source : jim
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. sept. 11, 2021 11:27 am

La revanche des infirmières. Mal payées depuis des lustres, déconsidérées par la gente médicale qui s'estime avoir tous les savoirs et pouvoirs, méprisées par la direction qui ne reconnait pas leur place, le covid aura finalement permis de mettre à jour leur indispensable présence. Ce qui se passe aux USA pourrait et est déjà être une réalité. Il y a plus d'intérimaires dans un bloc que de titulaires.
Que les gouvernements (actuel et futurs) se méfient. Le ras le bol gagne du terrain. Bientôt ce n'est plus 5 ou 10 % de fuite qu'il faudra déplorer mais certainement bien plus.
Et les mercenaires soignants rejoindront les mercenaires médicaux qui pour la même charge de travail gagne 2 ou 3 fois plus.
Dès lors pourquoi se priver ?


Les hôpitaux américains touchés par une crise du personnel infirmier au milieu de COVID
Heather Hollingsworth (rapport de mission) et Michael Kunzelman (College Park, Maryland).


03 septembre 2021


Source : Medscape .

La pandémie de COVID-19 a créé une crise du personnel infirmier qui oblige de nombreux hôpitaux américains à payer le prix fort pour obtenir l'aide dont ils ont besoin pour gérer l'écrasement des patients cet été.

Le problème, selon les responsables de la santé, est double : les infirmières démissionnent ou prennent leur retraite, épuisées ou démoralisées par la crise. Et beaucoup partent pour des emplois temporaires lucratifs avec des agences d'infirmières itinérantes qui peuvent payer 5 000 $ ou plus par semaine.

C'est arrivé au point où les médecins disent: "Peut-être que je devrais arrêter d'être médecin et devenir infirmière", a déclaré le Dr Phillip Coule, médecin-chef au Augusta University Medical Center de Géorgie, qui a parfois vu 20 à 30 démissions. en une semaine des infirmières prenant des emplois itinérants.

"Et puis nous devons payer des primes pour que le personnel d'un autre État vienne dans notre État", a déclaré Coule.

Le salaire moyen d'une infirmière itinérante est passé d'environ 1 000 $ à 2 000 $ par semaine avant la pandémie à 3 000 $ à 5 000 $ maintenant, a déclaré Sophia Morris, vice-présidente de la société de recrutement de soins de santé Aya Healthcare, basée à San Diego. Elle a déclaré qu'Aya avait 48 000 postes d'infirmières itinérantes à combler.

Chez le concurrent SimpliFi, le président James Quick a déclaré que les hôpitaux avec lesquels son entreprise travaille enregistraient des niveaux de postes vacants sans précédent.

"Les hôpitaux de petite et moyenne taille ont généralement des dizaines d'ouvertures à temps plein, et les grands systèmes de santé ont des centaines d'ouvertures à temps plein", a-t-il déclaré.

L'explosion des salaires a rendu la tâche difficile aux hôpitaux sans poches suffisamment profondes.

Le gouverneur du Kansas, Laura Kelly, a récemment déploré que les hôpitaux de l'État risquaient d'être surenchéris pour les infirmières par d'autres États qui paient une "fortune". Elle a déclaré mercredi que plusieurs hôpitaux, dont un à Topeka, avaient des lits ouverts mais pas d'infirmières pour les doter.

À Kansas City, Missouri, Truman Medical Centers a perdu environ 10 infirmières pour des emplois de voyage ces derniers jours et recherche des voyageurs pour les remplacer, a déclaré le PDG Charlie Shields.

Il a dit qu'il est difficile de rivaliser avec les agences de voyages, qui facturent aux hôpitaux 165 $ à 170 $ l'heure par infirmière. Il a déclaré que les agences en prenaient une grosse part, mais il a estimé que les infirmières déboursaient toujours 70 à 90 dollars de l'heure, soit deux à trois fois ce que l'hôpital paie à ses infirmières.

"Je pense clairement que les gens profitent de la demande qui existe", a déclaré Shields. "Je déteste utiliser 'gêné' comme description, mais nous payons clairement une prime et permettons aux gens d'avoir des marges bénéficiaires assez élevées."

Au Texas, plus de 6 000 infirmières de voyage ont inondé l'État pour aider à la montée en flèche grâce à un programme soutenu par l'État. Mais le même jour où 19 d'entre elles sont allées travailler dans un hôpital du nord de l'État, 20 autres infirmières au même endroit ont annoncé leur départ pour un contrat de voyage, a déclaré Carrie Kroll, vice-présidente de l'Association des hôpitaux du Texas.

"Les infirmières qui ne sont pas parties, qui sont restées dans leurs installations, elles voient maintenant entrer ces autres personnes qui gagnent plus d'argent. Cela crée un environnement de travail tendu", a déclaré Kroll.

La pandémie en était à ses débuts lorsque Kim Davis, 36 ans, a décidé de quitter son emploi dans un hôpital de l'Arkansas et de devenir infirmière de voyage. Elle a déclaré qu'elle avait à peu près doublé ses revenus au cours des 14 mois où elle traitait des patients dans des unités de soins intensifs à Phoenix; San Bernardino, Californie ; et Tampa, Floride.

"Depuis que je voyage, j'ai remboursé toutes mes dettes. J'ai remboursé environ 50 000 $ de prêts étudiants", a-t-elle déclaré.

Davis a déclaré que beaucoup de ses collègues suivaient le même chemin.

"Ils partent voyager parce que pourquoi feriez-vous le même travail pour la moitié du salaire?" elle a dit. "S'ils vont risquer leur vie, ils devraient être indemnisés."

Les responsables de la santé affirment que les infirmières sont fatiguées et frustrées d'être invitées à faire des heures supplémentaires, de se faire crier dessus et de se faire deviner par les membres de la communauté et de traiter avec des personnes qui ont choisi de ne pas se faire vacciner ou de ne pas porter de masque.

"Imaginez que vous alliez au travail tous les jours et que vous travailliez le plus dur que vous ayez jamais travaillé et que vous arrêtiez de travailler et que ce que vous voyez chaque jour soit refusé au public", a déclaré Julie Hoff, infirmière en chef chez OU Health en Oklahoma. "La mort que vous voyez tous les jours n'est ni honorée ni reconnue."

Pendant ce temps, les hôpitaux sont pressés par la porte tournante des départs et des nouvelles embauches des agences de voyages.

Coule a cité un exemple récent dans lequel son hôpital en Géorgie a embauché un inhalothérapeute par l'intermédiaire d'une agence pour remplacer un membre du personnel qui avait décidé d'accepter un travail itinérant. Le remplaçant venait du même hôpital où son inhalothérapeute venait de travailler.

« Essentiellement, nous avons échangé du personnel, mais au double du coût », a-t-il déclaré.

Patricia Pittman, directrice du Fitzhugh Mullan Institute for Health Workforce Equity à l'Université George Washington, a déclaré que de nombreuses infirmières nourrissent encore du ressentiment envers leurs employeurs depuis les premiers stades de la pandémie, en partie parce qu'elles ont été forcées de travailler sans équipement de protection adéquat.

"Les infirmières disent:" Hé, si je ne suis pas traitée avec respect, je ferais aussi bien d'être une infirmière de voyage "", a-t-elle déclaré. "'De cette façon, je peux aller travailler dans un enfer pendant 13 semaines, mais ensuite je peux prendre quelques mois ou trois mois et aller faire n'importe quoi.'"


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A propos de la vaccination obligatoire des adultes en Nouvelle-Calédonie
Publié le 11/09/2021

Alors que beaucoup de pays s’interrogent sur la pertinence d’une vaccination obligatoire, tandis qu’un « plafond de verre » semble en passe d’être atteint malgré les passes sanitaires ou vaccinaux, l’exemple de la Nouvelle Calédonie ici décrit par le professeur Baudon (ancien directeur de l’Institut Pasteur du territoire) est riche d’enseignement. Il montre comment une mesure de vaccination obligatoire peut être prise dans le sillage d’une stratégie « zéro Covid », supplantant d’autres méthodes (obligations partielles, passe sanitaire).

Par Dominique Baudon (professeur au Val de Grâce)

Depuis le début de l’épidémie de la Covid-19, la Nouvelle-Calédonie n’a déclaré aucun décès et seulement 136 malades, pour une population de près de 300 000 personnes ; ces derniers jours le taux d’incidence est proche de zéro. Le 2 septembre aucun patient atteint de la Covid - 19 n’était en service de réanimation. Ainsi la Nouvelle-Calédonie est l’un des seuls territoires français appli-quant la stratégie « free ou zéro Covid » (avec Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna). Actuellement un confinement de la population est en vigueur jusqu’au 31 décembre.

Bien que la stratégie « zéro Covid » fonctionne, avec l’arrivée du variant Delta, le gouvernement du territoire a décidé de rendre la vaccination obligatoire pour éviter une vague épidémique inéluctable et maintenir cet état de zéro-Covid.

Une délibération en ce sens a en effet été votée à l’unanimité des groupes politiques, dont les indépendantistes et les loyalistes, par les onze élus de la commission permanente du Congrès local, vendredi 3 septembre. Cette obligation concerne les personnes majeures sans contre-indication médicale et toutes les personnes entrant sur ce territoire français. Des sanctions sont prévues en cas de refus, seulement à partir du 1er janvier 2022, et cela pour certaines professions en contact fréquent avec la population (santé, aéroport, ports..), et pour des métiers relevant des secteurs sensibles indispensables au fonctionnement du pays. Il est prévu une amende de 175 000 francs CFP (1 500 €) en cas de re-fus vaccinal pour ces catégories.

Suite à cette décision d’obligation vaccinale, la commission permanente du Congrès a proposé deux mesures complémentaires : (i) élargir l’offre vaccinale pour que la population ait le choix entre vaccins ARNm et vaccins inactivés, ce qui pourrait convaincre plus de personnes de se faire vacciner, (ii) mener une campagne de vaccination très active et dynamique avec une collaboration étroite entre les collectivités les institutions.

D’aucun pourrait s’étonner qu’une telle décision soit prise pour un territoire français ; c’est méconnaitre le statut spécifique du « Caillou ». La Nouvelle-Calédonie est, depuis 1999, une collectivité « sui generis », « de son propre genre », unique au sein de la République française, relevant du titre XIII de la Constitution. Elle bénéficie d'un partage de souveraineté et d'une autonomie partielle. Elle peut ainsi voter des "lois du pays" dans les domaines énumérés par la loi organique, en particulier dans le domaine de la santé.

L'État reste compétent dans les domaines du contrôle de l'immigration, de la monnaie, du Trésor, de la défense nationale, de la fonction publique de l'État, du maintien de l’ordre, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Ainsi le Gouvernement local, souverain dans le domaine de la santé, a pu prendre la décision de l’obligation vaccinale.

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Un point de situation dans le monde
Selon les données de l'université John Hopkins de Baltimore, 223 233 869 infections par SARS-Cov-2 ont été rapportés (vs 219 146 085 vs le 3 septembre) et 4 606 927 décès liés à cette maladie (vs 4 543 531 le 3 septembre).
Ces quatre dernières semaines, les 3 pays les plus touchés par l’épidémie concernant le nombre de cas sont les Etats-Unis (4 294 964 cas), l’Inde (1 057 128 cas), le Royaume-Uni (956 292 cas). Les 3 pays les plus touchés en nombre de décès sont les Etats-Unis (35 283 décès), l’Indonésie (24 452 décès), la Russie (21 798 décès).

Un point de situation en France
Dans son dernier point hebdomadaire, Santé publique France écrit : "En semaine 35, la circulation du SARS-CoV-2 diminue toujours sur le territoire, accompagnée d’une diminution des admissions à l’hôpital dans l’ensemble des régions métropolitaines. La situation tend à s’améliorer dans les Outre-mer (sauf à Mayotte), mais reste critique en Martinique et en Guadeloupe sur le plan de la pression hospitalière".
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Le nombre d'hospitalisations hors Covid a diminué en 2020
Selon une étude publiée ce jeudi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en 2020, 10,4 millions de personnes ont été hospitalisées en court séjour, dont environ 2 % pour la Covid-19. Cela correspond à 15,9 millions de séjours. Le nombre de séjours hospitaliers hors Covid-19 diminue de 13 % par rapport à 2019.

Polynésie : le pic d’hospitalisation est passé
Le haut-commissaire de Polynésie Française Dominique Sorain indique que l'épidémie de Covid-19 a passé un pic en Polynésie française, avec une baisse du nombre d'hospitalisations, même si la situation reste « grave ».

Variant Mu : potentiellement préoccupant pour l’Europe
Après l'Organisation mondiale de la santé qui a classé début septembre le variant Mu comme "variant à suivre", c'est au tour de l'Agence européenne des médicaments de l'identifier comme "potentiellement préoccupant".

Covid-19 : que sait-on des deux nouveaux variants C.1.2 et Mu ?

source futura sciences
Julie Kern
Rédactrice scientifique
Publié le 05/09/2021


Ils s'appellent Mu et C.1.2. Ce sont les deux nouveaux variants du SARS-CoV-2. Comme les autres, ils sont placés sous haute surveillance par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison de leur capacité à échapper au système immunitaire. Quelles informations avons-nous sur ces deux variants qui ont émergé il y a quelques mois seulement ?

Le variant Mu vient tout juste d'acquérir son nom, alors qu'il a été classé dans la catégorie des variants à suivre (VOI) dans le dernier bulletin épidémiologique de l'OMS. Issu de la lignée B.1.621, il a été détecté pour la première fois en Colombie en janvier 2021. Les études préliminaires indiquent que le variant Mu résiste aux anticorps neutralisants présents dans le sérum de patients convalescents ou vaccinés contre la Covid. De futures études devraient confirmer ces informations.

Depuis sa découverte, Mu est responsable de flambées épidémiques d'ampleur en Colombie et en Équateur où il représente respectivement 39 % et 13 % des coronavirus en circulation. À l'échelle mondiale, il ne représente que 0,1 % des séquences analysées. Le variant Mu a déjà quitté le continent sud-américain pour les États-Unis et l'Europe, où il est présent en Espagne, en Italie et en Suisse. En France, 16 séquences de la lignée B.1.621 ont été identifiées. Selon Santé publique France, son niveau de propagation reste très faible et rien ne permet de dire actuellement qu'il pourra outrepasser le variant Delta.

Le variant C.1.2 n'est pas encore considéré comme un variant à suivre, mais reste sous la surveillance de l'OMS. Eric Feigl-Ding, un épidémiologiste américain, explique que le taux de mutation de C.1.2 est particulièrement élevé, bien plus que les autres variants. Selon la prépublication qui le décrit, il mute à hauteur de 41,8 mutations par an, soit deux fois plus que le taux de mutation des autres variants. C'est le variant le plus muté que l'on connaisse depuis le début de la pandémie et donc le plus éloigné de la souche originelle de Wuhan. Pour le moment, ces variants sont mineurs et il est impossible de prédire leur devenir.

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Le vaccin Moderna serait deux fois plus efficace que le Pfizer contre le variant Delta

Céline Deluzarche
Journaliste
Publié le 21/08/2021


L'efficacité du vaccin Pfizer, le plus largement administré en France, tombe à moins de 42 % contre l'infection au variant Delta, selon une nouvelle étude. Le vaccin Moderna semble, lui, mieux résister avec une efficacité de 76 %.

L'efficacité des vaccins contre le variant Delta semble bien s'effilocher au fur et à mesure des études. Le 4 août dernier, une étude britannique avait déjà revu à la baisse l'efficacité du vaccin contre les infections à tout juste 50 %, tous vaccins confondus. Une nouvelle étude, prépubliée sur le site MedRxiv (et donc encore non relue par un comité scientifique), calcule désormais une efficacité d'à peine 42 % du vaccin Pfizer-BioNTech contre une infection au variant Delta, contre 76 % pour le variant Alpha. Le vaccin Moderna semble, lui, moins sensible aux mutations du virus, puisque son efficacité est réduite à « seulement » 76 % contre le variant Delta, et 86 % contre le variant Alpha.
Un risque d’infection 60 % plus faible avec Moderna

L'étude a été menée sur 180.000 personnes vaccinées dans le Minnesota (États-Unis) entre janvier et juillet 2021, dans une période de temps où la souche dominante est passée du variant Alpha au variant Delta, ce qui a permis une comparaison entre les deux. Si l'efficacité des deux vaccins est décevante contre les infections, elle demeure élevée contre le risque d'hospitalisation, avec un taux de 75 % pour le vaccin Pfizer et de 81 % pour le Moderna.

Ces résultats corroborent ceux observés dans d'autres États. « En Floride - qui connaît actuellement la plus forte poussée de Covid-19 à ce jour [aux États-Unis] -, le risque d'infection en juillet après une vaccination complète avec [le vaccin Moderna] était environ 60 % plus faible qu'après une vaccination complète avec [le vaccin Pfizer] », écrivent les chercheurs.
Une même technologie, mais quelques différences

Cette différence peut sembler étonnante du fait que les deux vaccins fonctionnent sur le même principe, à savoir l'injection d'un morceau d'ARN messager comprenant la séquence de la protéine de pointe du virus et qui induit sa fabrication par la machine cellulaire. Les auteurs de l'étude n'avancent d'ailleurs aucune explication sur cet écart d'efficacité et appellent à poursuivre les investigations sur le sujet. On peut néanmoins noter quelques différences entre les deux. Le vaccin Moderna contient ainsi 100 microgrammes d'ARNm, soit trois fois plus que le Pfizer (30 microgrammes par dose). De plus, le vaccin Moderna est injecté pur, à l'inverse de celui de Pfizer qui doit être dilué avec 0,9 % de chlorure de sodium. Enfin, la composition de la particule lipidique véhiculant l'ARNm n'est pas la même, ce qui peut influer sur la bonne conservation de l'ARNm.

Pfizer : un vaccin huit fois plus administré que Moderna en France

Ironie du sort, le vaccin Moderna était boudé au début de la campagne de vaccination en France, car assimilé à l'AstraZeneca soupçonné d’entraîner des thromboses. Aujourd'hui, le vaccin Pfizer-BioNTech est de loin le plus utilisé dans l'Hexagone, avec 63,3 millions de doses injectées au 11 août contre 7,8 millions pour Moderna et 7,7 millions pour l'AstraZeneca selon le site Vaccin Tracker. Le vaccin Moderna est aussi le plus cher de tous, avec 21,50 euros contre 19,50 euros pour le Pfizer ou 1,78 euro la dose pour AstraZeneca (qui n'a pas augmenté ses tarifs).

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Nombre de doses administrées par type de vaccin. © Vaccin Tracker

Menée en conditions réelles, cette étude est néanmoins susceptible d'être affectée par quelques biais, comme le fait que la comparaison avec les non-vaccinés s'appuie sur une population non testée, donc susceptible d'avoir été infectée et de posséder une immunité, ce qui minore mathématiquement l'efficacité de la vaccination. Mais elle confirme la très haute contagiosité du variant Delta, qui met à mal la stratégie d'éradication du virus par la vaccination. Celle-ci demeure toutefois indispensable, car elle permet d’éviter un afflux dans les services hospitaliers, et surtout de nombreux morts, ce qui est quand même l'objectif principal.

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Retour à la vie normale au Danemark
Publié le 10/09/2021

Copenhague, le vendredi 10 septembre – À compter de ce vendredi, plus aucune restriction sanitaire n’est en vigueur au Danemark, le gouvernement jugeant que la situation épidémique est sous contrôle.

Le retour à la vie normale. Un espoir entretenu par des milliards d’êtres humains depuis 18 mois et souvent déçu. Un objectif qui reste encore lointain pour la plupart des pays du monde, mais que le Danemark vient d’atteindre. Depuis ce vendredi, les Danois ne sont plus soumis à aucune restriction sanitaire. A priori, il n’y aura pas de grande célébration de joie à Copenhague, puisque la plupart des règles les plus contraignantes avaient déjà été levées. Le masque n’était plus obligatoire depuis le mois d’août (sauf dans les aéroports) et le passe sanitaire déjà aboli dans les restaurants et les cafés depuis le 1er septembre. Seul restée en vigueur l’obligation de présenter son passe à l’entrée des boites de nuit et la fermeture des bars à deux heures du matin.

« Le virus n’est plus une menace pour la société et l’épidémie est désormais sous contrôle » ont annoncé les autorités danoises pour justifier cette levée des restrictions. Le Danemark compte actuellement 500 contaminations par jour et déplore une quinzaine de morts par semaine, pour 5,8 millions d’habitants. Le ministre de la Santé Magnus Heunicke a cependant rappelé que le gouvernement « n’hésiterait pas à agir rapidement si la pandémie menaçait à nouveau les fonctions essentielles de la société », insistant notamment sur le risque d’apparition de nouveaux variants plus contagieux et plus résistant aux vaccins.

96 % des plus de 65 ans sont complètement vaccinés

Les dirigeants et scientifiques danois ont insisté sur le rôle prépondérant de la vaccination dans ce ralentissement de l’épidémie. « Si le virus n’est plus une menace pour la société, c’est uniquement grâce au vaccin » a rappelé l’épidémiologiste Lone Simonsen. Le Danemark présente en effet l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde : 73,5 % des Danois sont complètement vaccinés, un taux qui atteint 96 % chez les plus de 65 ans. Ce succès vaccinal est dû en partie à la mise en place d’un passe sanitaire dans les lieux publics dès le mois d’avril. Premier pays européen à avoir mis en place un tel dispositif (avant d’être imité par la plupart des états européens), le Danemark est donc également le premier à l’abandonner.

Le Danemark a globalement été épargné par l’épidémie de Covid-19, avec seulement 2 600 morts en 18 mois, soit environ 4 fois moins de morts par habitant qu’en France. La branche européenne de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a salué la gestion danoise de l’épidémie, un subtil mélange entre contrainte et confiance en la population. « Le Danemark a mis en œuvre des mesures sociales et de santé publique mais dans le même temps, il s’est largement appuyé sur les individus pour qu’ils se plient de leur plein gré aux conseils du gouvernement » a déclaré l’organisation onusienne.

Avec cet abandon des restrictions sanitaires, le Danemark suit l’exemple du Royaume-Uni, qui a abandonné la quasi-intégralité des mesures sanitaires le 19 juillet dernier. La très libérale Suède, pays connu pour n’avoir jamais confiné, devrait bientôt suivre : les quelques restrictions en vigueur dans le royaume devraient tomber fin septembre.

Nicolas Barbet

Source: jim.fr
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Des risques accrus d'événements hématologiques et vasculaires ayant conLe risque de thrombose est plus important avec la Covid-19 qu'avec le vaccin

Des risques accrus d'événements hématologiques et vasculaires ayant conduit à une hospitalisation ou à un décès ont été observés après les premières doses reçues des vaccins Oxford-AstraZenecca ou Pfizer-BioNTech. Les risques de la plupart de ces événements étaient sensiblement plus importants après l'infection par le SRAS-CoV-2. C'est ce que confirme aujourd'hui une nouvelle étude.


Il y a quelques mois, des chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) l'avaient déjà souligné : le risque de développer un caillot sanguin -- une thrombose -- est plus élevé après avoir été infecté par la Covid-19 qu'après avoir reçu un vaccin. Aujourd'hui, ces chercheurs confirment leur première conclusion avec une étude portant sur plus de 29 millions de personnes vaccinées contre la Covid-19 ou ayant été infectées.

Rappelons que la survenue de premiers cas de thrombose chez des individus ayant reçu une dose du vaccin Oxford-AstraZeneca avait poussé certains pays à prendre des mesures de limitation de son usage. Les chercheurs de l'université d'Oxford confirment que, pendant de courts intervalles de temps après avoir reçu une première dose de ce vaccin -- ou du vaccin Pfizer-BioNTech --, il existe des risques accrus de certains événements hématologiques et vasculaires qui peuvent conduire à une hospitalisation. Voire à la mort. « Il faut en être conscient et consulter rapidement un médecin en cas de symptômes », indique Julia Hippisley-Cox, épidémiologiste et médecin, dans un communiqué.

« Toutefois, il faut aussi être conscient que les risques sont considérablement plus élevés et sur de plus longues périodes pour ceux qui sont infectés par le SARS-CoV-2 - le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. » Les chercheurs ont en effet comparé les taux d'événements indésirables après la vaccination avec les vaccins AstraZeneca ou Pfizer avec les taux des mêmes événements après un résultat positif au test Covid-19.

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En rose, le taux d’incidence chez les personnes atteintes de Covid-19. En violet, le taux d’incidence chez les personnes ayant reçu une première dose de vaccin Oxford-AstraZeneca. Et en orange, le taux d’incidence chez les personnes ayant reçu une première dose de vaccin Pfizer-BioNTech. © BMJ Publishing group Ltd.

Une étude portant sur 29 millions de personnes

Ils ont travaillé sur une évaluation du risque à court terme -- dans les 28 jours -- d'une hospitalisation pour différents événements tels que la thrombocytopénie, la thromboembolie veineuse ou encore la thromboembolie artérielle. Le tout en Angleterre, entre le 1er décembre 2020 et le 24 avril 2021. Et à partir de dossiers de santé électroniques fournissant les données complètes indispensables à la solidité de l'évaluation.

Les chercheurs évoquent tout de même quelques limites à leurs travaux. Comme le fait qu'ils se sont concentrés sur les cas déclarés uniquement après la première dose de vaccin ou la courte fenêtre d'exposition à la vaccination pour laquelle ils ont opté. Ces limites ne les empêchent pas d'afficher une certaine confiance dans leurs résultats.

Se faire vacciner pour réduire les risques

« Cette énorme étude, utilisant des données sur plus de 29 millions de personnes vaccinées, a montré qu'il existe un très faible risque de coagulation et d'autres troubles sanguins après la première dose de vaccination contre la Covid-19. Bien que grave, le risque de ces mêmes événements est beaucoup plus élevé après une infection par le SRAS-CoV-2 », confirme Aziz Sheikh, professeur à l'université d'Édimbourg (Écosse), toujours dans le même communiqué. « Cette analyse souligne donc clairement l'importance de se faire vacciner pour réduire les risques. »

De rares cas de thrombose cérébrale possiblement liés au vaccin AstraZeneca ont suffi à faire paniquer les autorités de santé. Pourtant, ce type d'événement est bien plus fréquent chez les patients infectés à la Covid-19. De quoi remettre le bénéfice-risque en perspective.

Pour en savoir plus
Entre 8 et 10 fois plus de risques de thrombose après une infection à la Covid-19 qu'après avoir été vacciné

Article de Céline Deluzarche paru le 19/04/2021

De rares cas de thrombose cérébrale possiblement liés au vaccin AstraZeneca ont suffi à faire paniquer les autorités de santé. Pourtant, ce type d'événement est bien plus fréquent chez les patients infectés à la Covid-19. De quoi remettre le bénéfice-risque en perspective.

Les quelques cas de thrombose atypiques recensés après le vaccin AstraZeneca et Johnson & Johnson ont conduit à une sévère restriction de leur utilisation, quand ils n'ont pas été tout simplement bannis comme au Danemark. En France, où le vaccin AstraZeneca est désormais réservé aux plus de 55 ans, les médecins observent de nombreux désistements de patients. Un principe de précaution totalement hors de propos, si l'on en croit une nouvelle étude publiée par l’université d’Oxford. D'après ses conclusions, le risque de développer un caillot de sang cérébral est 10 fois plus élevé après avoir attrapé la Covid-19 qu'après avoir reçu un vaccin.

Voir aussiAstraZeneca : que sait-on des patients victimes de thrombose après l'injection du vaccin ?

Les scientifiques ont examiné le nombre de thromboses cérébrales parmi deux groupes de patients ayant attrapé la Covid-19, ou ayant été vaccinés soit avec un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna), soit avec un vaccin AstraZeneca. L'incidence est la suivante :
  • 39 cas de thrombose par million pour les patients infectés par la Covid-19
    4 cas par million pour les vaccins Pfizer et Moderna
    5 cas par million après la première dose du vaccin AstraZeneca
Le risque de thrombose dû à la Covid-19 est donc 10 fois plus élevé qu'avec la vaccination Pfizer et 8 fois plus élevé qu'avec le vaccin AstraZeneca.

« Cela nous amène à deux conclusions importantes, souligne Paul Harrison, professeur de psychiatrie et chef du groupe de neurobiologie à l'Université d'Oxford. Tout d'abord, la Covid-19 augmente considérablement le risque de thrombose veineuse cérébrale, ce qui vient s'ajouter à la liste des nombreuses complications du virus déjà connues. Deuxièmement, le risque de thrombose lié à la Covid-19 est bien plus élevé que nous ne le voyons avec les vaccins actuels ».

La balance bénéfice-risque favorable même chez les moins de 30 ans

Il est à noter que le risque du vaccin AstraZeneca établi dans cette étude est deux fois inférieur à celui évalué par l'Agence européenne des médicaments (1 sur 100.000 soit 10 cas par million). Mais, dans tous les cas, cela reste bien inférieur au risque d'attraper la Covid-19, y compris chez les moins de 30 ans, insiste Paul Harrison qui sous-entend que les restrictions liées à l'âge n'ont pas lieu d'être.

Car on ne parle ici que du risque de thrombose. Mais si l'on considère toutes les autres complications possibles d'une infection à la Covid-19 (y compris la mort !), les éventuels problèmes de coagulation liés au vaccin apparaissent « triviaux », tranche John Bell, un autre chercheur d'Oxford interrogé par Sky News.

Le risque de thrombose veineuse avec les pilules contraceptives de 3e génération est 10 fois supérieur à celui du vaccin anti-Covid

On peut d'ailleurs établir d'autres comparaisons de ce type. Selon le ministère de la Santé, le risque de thrombose veineuse avec les pilules contraceptives de 3e génération est de 3 à 4 cas sur 10.000, soit 10 fois supérieur à celui du vaccin anti-Covid (en prenant en compte tous les types de thromboses veineuses).

De même, le paracétamol est à l'origine de milliers d'intoxications aigües chaque année en France. Personne n'a pourtant songé à interdire le paracétamol alors que ce dernier est utilisé pour soigner des pathologies souvent bénignes.

source : futura sciences
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Arnaud BASSEZ
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » ven. sept. 17, 2021 8:36 pm

[Vos droits] Sous-effectif en service de soins : que dit la loi ? quelle responsabilité en cas de dommage ?
6 septembre 2021 Vincent Lautard

Le sujet des effectifs minimums de professionnels de santé dans les établissements sanitaires et médico-sociaux est épineux. Selon certains cadres ou certaines directions, il n'y aurait pas d'obligation légale en termes d'effectif ou de quotas, même en cas de surcharge de travail. L'argument ne tient pourtant pas la route.

Cet article a été rédigé par un juriste en droit de la santé et de la protection sociale, pour Actusoins.com.

Sous-effectif en service de soins : que dit la loi ? quelle responsabilité en cas de dommage ?Effectif minimum : ce que dit la loi

Le nombre minimum de soignants dans un établissement de santé est une notion juridique floue. Il existe des textes de lois qui définissent un effectif minimum ou des obligations particulières mais ce n’est pas le cas pour l’ensemble des services de soins des établissements sanitaires ou médico-sociaux.

Dans certains domaines, il existe des obligations précises ou des obligations plus généralistes. On peut citer comme exemple la réanimation ou encore les urgences :

La réanimation :

L’article D6124-32 du code de la santé publique dispose :

« Sous la responsabilité d'un cadre infirmier, l'équipe paramédicale d'une unité de réanimation adulte comprend au minimum :

- deux infirmiers ou infirmières pour cinq patients ;

- un aide-soignant pour quatre patients. »

Les urgences :

L’Article D6124-2 du code de la santé publique dispose :

« L'effectif de la structure de médecine d'urgence est fixé de façon que cette structure puisse assurer ses missions.

L'effectif est adapté au nombre d'appels adressés au SAMU, au nombre de sorties de la structure mobile d'urgence et de réanimation, dénommée SMUR, ou au nombre de passages de patients dans la structure des urgences.

L'effectif du personnel médical et non médical est renforcé pendant les périodes où une activité particulièrement soutenue est régulièrement observée. »
Une responsabilité engagée pour les établissements

Pour la plupart des autres services de soins, il n’y a aucune obligation légale d’effectif minimum de professionnels paramédicaux en fonction du nombre de patients. Cela ne veut pas dire que la direction de l’établissement ou le cadre de santé ne doit pas adapter le nombre de soignants en fonction de la charge de travail.

Car même sans obligation légale concernant les effectifs, un juge pourra condamner un établissement de santé, un membre de la direction, voire un cadre, en cas de dommage sur le patient, si ce dernier résulte d’un défaut de prise en charge du fait d’un manque de soignants dans le service de soins.

On peut notamment citer l’article L6112-2 du code de la santé publique qui dispose que « les établissements de santé assurant le service public hospitalier (…) garantissent à toute personne qui recourt à leurs services :

1° Un accueil adapté, notamment lorsque la personne est en situation de handicap ou de précarité sociale, et un délai de prise en charge en rapport avec son état de santé ;

2° La permanence de l'accueil et de la prise en charge, notamment dans le cadre de la permanence des soins, ou, à défaut, la prise en charge par un autre établissement de santé ou par une autre structure en mesure de dispenser les soins nécessaires ;

3° L'égal accès à des activités de prévention et des soins de qualité ; »
S'adapter

Le professionnel de santé paramédical salarié intervient selon les moyens mis à sa disposition, qu’ils soient humains ou matériels. En cas de sous-effectif, il doit prioriser ses soins, en commençant par les plus urgents.

Si un dommage intervient sur un malade suite à un défaut de surveillance ou à un défaut de soins, la responsabilité du professionnel ne sera pas engagée, si ce dernier du fait d’une surcharge conséquente de travail n’a pas pu s’occuper de la personne.

En 2004 la cour d’appel de Rennes a statué dans le cadre d’une affaire concernant un dommage sur une patiente survenu dans un service de réanimation. Suite à plusieurs opérations intestinales et à un séjour en réanimation prolongé, la patiente s'est vue atteinte d'une paraplégie.

Même si les experts ont considéré que la surveillance n'a pas été optimale dans le service, l'infirmier qui était seul et très occupé, ayant une garde chargé la nuit où les complications sont survenues, n'a pas était condamné, considérant qu’avec les moyens dont il disposait, il n’a commis aucune faute.

Vincent Lautard
Infirmier et juriste en droit de la santé


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Soignants non vaccinés : les suspensions de contrat sans rémunération se profilent
13 septembre 2021 Géraldine Langlois

Les fédérations d'établissements hospitaliers publics et privés font face aux questions des services des ressources humaines, à deux jours du début de la période transitoire avant l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale des soignants. Certains s'interrogent en effet sur la manière dont ils devront appliquer les mesures prévues pour les professionnels non vaccinés.
Soignants non vaccinés : les suspensions de contrat sans rémunération se profilent


La situation est inédite pour les soignants comme pour les services des ressources humaines des établissements hospitaliers.

Selon la loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire, à compter du 15 septembre et jusqu'au 15 octobre, date de l'entrée en vigueur effective de l'obligation vaccinale pour les professionnels de santé, les soignants ne pourront continuer à exercer leur activité que s'ils justifient d'avoir reçu au moins une des deux doses requises prévues par le schéma vaccinal contre la covid et s'ils présentent un test de non contamination.

Le 15 octobre, ceux qui n'auront pas reçu les deux doses prévues seront suspendus et ne percevront plus leur rémunération.

Cela ne devrait pas concerner beaucoup de soignants. « La grande majorité des professionnels de santé acceptent non seulement l'obligation vaccinale, mais ils la soutiennent », remarque Emilie Roux, responsable du pôle Ressources humaines hospitalières à la Fédération hospitalière de France (FHF). Selon Santé publique France, 88,1% des soignants salariés en établissements avaient reçu au moins une dose (84,1% étaient complètement vaccinés) au 7 septembre (contre 87 % et 81,3% la semaine précédente).

Et l'augmentation de cette proportion devrait se poursuivre à l'approche de l'entrée en vigueur de l'obligation. 12% de soignants non vaccinés - à ce jour - c'est peu mais ce n'est pas négligeable dans un paysage hospitalier qui souffre d'une pénurie d'infirmiers.

Christine Schibler, déléguée générale de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), pense que les soignants hésitants finiront par se faire vacciner. « Les soignants ont été extraordinaires pendant cette crise, souligne-t-elle. Ils ne font pas ce métier par hasard. Je continue d'avoir confiance dans leur sens des responsabilités ».

Période transitoire

Lors de cette période transitoire, entre le 15 septembre et le 15 octobre, « les textes prévoient une forme de dialogue », souligne Emilie Roux.

Par exemple, si un agent non-vacciné mais décidé à le faire peut expliquer les raisons de son retard vaccinal autrement que par un rejet de principe et a un rendez-vous de vaccination peu après l'entretien de régularisation avec le responsable des ressources humaines de son employeur, celui-ci pourra éventuellement lui accorder un petit délai.

Mais le rôle du responsable RH « est de s'assurer que l'agent va être en conformité avec la loi », insiste Emilie Roux, pas de trouver des arrangements.

Face à un refus franc de la vaccination de la part d'un agent, la suspension est inévitable. Cette suspension n'est pas la même que celle qui constitue une étape prédisciplinaire et durant laquelle l'agent est payé, précise-t-elle : « c'est une disposition spécifique prévue par la loi dont l'intention est de dire que si une personne ne remplit pas les conditions d'exercice elle ne peut plus exercer et n'est donc pas rémunérée ».

Les établissements ont pu en prévenir les soignants par courrier.

A part la démission, aucune échappatoire n'est possible. Selon Emilie Roux, « un arrêt maladie ne suspend pas l'obligation vaccinale ».

Et les agents qui « utiliseraient » un arrêt maladie pour se soustraire à l'obligation vaccinale, ajoute-t-elle, « s'exposent à un contrôle à la demande de l'employeur ». Et à une suspension pour non vaccination.

La mise en disponibilité pourrait apparaître comme une solution pour les soignants de la Fonction publique hospitalière qui ne voudraient pas se faire vacciner... mais elle est soumise à la validation de l'employeur et il n'est pas certain que les DRH acceptent les demandes alors qu'ils rencontrent de grandes difficultés de recrutement...
Suspension sans rémunération

Pour éviter d'en arriver là, la FHP a préconisé de favoriser le dialogue avec les soignants non vaccinés. « Notre ligne de conduite, indique Christine Schibler, c'est d'arriver à ce que dans chaque établissement, les équipes de directions et les médecins puissent échanger avec les salariés encore un peu réticents, les rassurer, et apporter un accompagnement pédagogique » pour les faire changer d'avis.

Cela a permis, selon elle, d'augmenter le nombre de vaccinés mais il reste une part des équipes qui ne l'est pas. Dans le privé aussi, le contrat de travail des soignants qui n'auront pas reçu une première dose au 15 septembre sera suspendu. « Les textes sont très clairs », insiste la déléguée générale.

Dans certains cas, indique-t-elle cependant, certains directeurs accepteront peut-être que le salarié pose des jours de congé ou des récupérations sur les jours de suspension – probablement uniquement si l'organisation du service le permet. Mais l'idée véhiculée par certains que l'obligation vaccinale ne durera pas au-delà du 15 novembre est « fausse, ajoute Christine Schibler, le ministère de la Santé l'a confirmé ». Et quand bien même : quel soignant obtiendra dans le contexte actuel deux mois de congés ?

« Après 30 jours de suspension, indique la déléguée générale, les textes prévoient que les ordres professionnels en soient informés mais la manière dont les ordres se saisiront de cette question n'est pas précisée. » En tout cas, ajoute-t-elle, « même si seulement 10% des soignants est concerné, au final cela posera des problèmes » dans l'organisation des plannings et donc de la continuité de l'offre de soins.

Dans le public comme dans le privé.

Géraldine Langlois

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Obligation vaccinale à l’hôpital : entre soignants, le sujet peut fâcher
14 septembre 2021 Géraldine Langlois

Les soignants qui n'ont reçu aucune dose de vaccin ont beau être très peu nombreux*, leur opposition à la vaccination ne peut rester totalement inconnue de leurs collègues à l'approche de la date butoir du 15 septembre. Dans certains services, le respect des positions de chacun prime. Dans d'autres, une forme de clivage se dessine entre les soignants qui sont vaccinés et les quelques-uns qui s'y refusent.

Obligation vaccinale à l'hôpital : entre soignants, le sujet peut fâcher

Dans l'équipe de soins palliatifs dans laquelle travaille Julie**, l'obligation vaccinale est un non-sujet : « tout le monde s'est fait vacciner dès que ça a été possible, pour des raisons personnelles et parce qu'on est en contact avec des patients extrêmement fragiles sur le plan immunologique », témoigne-t-elle.

Dans le service de réa où exerce Marie, « 90% des soignants sont vaccinés. Plusieurs des non vaccinés ont reçu leur première dose sur le coup de l'obligation et trois ne le sont toujours pas. Chacun respecte le choix des autres et cela ne met pas à mal les relations entre collègues. Cela ne nous empêche pas d'être solidaires dans le travail. Mais on risque de se trouver au dernier moment en sous-effectif ».

Sur les réseaux sociaux, certains s'inquiètent aussi pour leurs prochaines vacances : seront-elles remises en cause si la suspension de certains collègues réduit encore les effectifs disponibles ? Certains qui avaient l'habitude de voir leurs demandes de congés pour l'automne facilement acceptées ont essuyé des refus en prévision du potentiel manque de personnel du aux suspensions.
Sujet éminemment politique

« Sur mon lieu de travail, indique Michaël, infirmier en soins palliatifs, on évite toujours de parler des sujets qui fâchent, de la politique entre autres, et là ce sujet [l'obligation vaccinale, NDLR] est éminemment politique. Il touche à des choses fondamentales comme la liberté, la solidarité, la responsabilité, et on en parle entre nous. »

Avec cette mesure qui touche tous les soignants, impossible de faire l'impasse sur le sujet. La politique finit par s'incruster dans les discussions entre collègues, surtout quand les avis divergent. « On est obligé de prendre position, poursuit l'infirmier. Si on est contre, on est obligé de sortir du bois, et si on est pour on a tendance à vouloir dialoguer et convaincre. »

Pourtant, de son propre aveu, ces échanges sont assez rapidement « stériles »: « on voit une ligne de fracture très nette ».

Raphaël observe lui aussi des clivages entre la très grande majorité des soignants de l'hôpital où il travaille, qui sont vaccinés, et la petite minorité des opposants à la vaccination dont les raisons suscitent parfois la discussion.

Marie peine ainsi à comprendre les réticences de certains collègues quand 100% des patients hospitalisés suite au Covid dans la réa où ils travaillent ne sont pas vaccinés, pas spécialement âgés et ne présentaient pas forcément de facteur de risque particulier...
Ligne de fracture

Dans le service de réa où travaille Louis, l'obligation vaccinale est un sujet de discussion « quasi quotidien », sans pour autant, non plus, créer de tensions, tout du moins dans son unité.

Vacciné lui-même, il reconnaît que « ce n'est pas anodin de forcer les soignants à se faire vacciner pour pouvoir continuer à travailler ».

Certains des collègues hésitants de Michaël, comme de Séverine, vont finir par se faire vacciner « mais ils le vivent comme une contrainte, observe-t-il. Et d'autres vont quitter l'hôpital ou se mettre en disponibilité », si leur employeur la leur accorde, ce qui dans le contexte de pénurie de soignants est loin d'être gagné.

Autour de Louis, deux collègues non vaccinés (sur 200) ont déjà annoncé qu'ils allaient quitter l'hôpital : trop peu, selon lui, pour que cela ait de fortes répercussions sur l'organisation du service.

Dans la clinique de Séverine cela risque de poser plus de problèmes. « C'est dommage, remarque-t-elle, cela va mettre en porte-à-faux leur service et les patients vont le subir. On a déjà des ailes fermées par manque de personnel... »

Pour certains IDE, les questions que se posent certains collègues vis-à-vis de la vaccination et de l'obligation vaccinale sont légitimes dans un contexte où la parole politique sur le Covid n'est pas toujours apparue suffisamment franche ni transparente aux yeux des soignants.

D'autres ressentent de la colère envers ceux qui préfèrent « quitter le navire » plutôt que de se faire vacciner, même s'ils les apprécient individuellement.

« L'ambiance est moins bonne qu'avant, regrette Michaël. Cela va créer de la rancœur. Cette rancœur est ancienne mais la crise du Covid l'a accentuée. Les soignants se sont donnés à fond durant les vagues successives. Alors passer, pour certains, du statut de héro à celui d'irresponsable, c'est insupportable. Je ne les juge pas. »

Géraldine Langlois

*moins de 12% dans les établissements de santé et 6% chez les libéraux (Données Santé Publique France au 7 septembre, les taux ont pu évoluer depuis, ndlr)

** Certains prénoms ont été modifiés


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Hôpitaux : “Il n’y a jamais eu autant de départs”, affirment plusieurs syndicats
15 septembre 2021 Rédaction ActuSoins

Selon plusieurs syndicats et collectifs*, les hôpitaux connaissent actuellement des départs massifs de leurs médecins et de leurs paramédicaux.

Hôpitaux : "Il n'y a jamais eu autant de départs", affirment plusieurs syndicats"On a jamais été dans une situation aussi catastrophique que celle-ci", a estimé Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) CFE-CGC. Selon lui, la multiplication du nombre de postes vacants est passé à 34 000 en septembre 2020, avec "une nouvelle vague de départs, en juin, juillet, août, de soignants qui n'en peuvent plus" face à la dégradation de leurs conditions de travail, a-t-il indiqué.

Côté médecins, le constat est le même. Il "n'y a jamais eu autant de départs", notamment parmi les urgentistes, a estimé Patrick Pelloux, président de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France), lors d'une conférence de presse commune à plusieurs syndicats et collectifs, mardi. "Il y a une crise effroyable et majeure dans les hôpitaux."

Patrick Pelloux a aussi mentionné "la fuite de la chirurgie publique" après les déprogrammations dues à la crise sanitaire et qui ont précédé, de son point de vue, un départ des chirurgiens au profit du secteur privé. "Ce qui fait qu'il y a des hôpitaux où il n'y a pratiquement plus de chirurgie orthopédique", a-t-il donné pour exemple.

Conditions de travail en cause

Les conditions de travail "dégradées" sont en cause, selon Thierry Amouroux, qui n'hésite pas à évoquer "une spirale infernale".

"Plus les conditions de travail se dégradent, plus il y a de départs, et plus il y a de départs, plus la charge de travail augmente pour ceux qui restent, donc plus il y a de nouveaux départs."

Dans la plupart des structures, 10% des postes infirmiers sont vacants, a-t-il estimé. "Il y a aussi un nombre important de soignants arrêtés, en maladie, en épuisement professionnel, en dépression."

Propos nuancés

Côté directeurs d'hôpitaux, le son de cloche n'est pas tout à fait le même. Interviewé sur France Info lundi au sujet des lits fermés à l'AP-HP, Martin Hirsch, son directeur général, a estimé qu'il n'y a actuellement "pas de vagues de départs, mais la faiblesse des arrivées ne compense pas les départs". Il a en revanche confirmé la "situation très tendue" que connaît son institution.

Il faudra attendre quelques mois pour connaître les chiffres exacts des départs des professionnels de santé sur l'année 2021 et les comparer à ceux des départs des autres années. Et mesurer ainsi l'ampleur de la situation.

Rédaction ActuSoins

*les fédérations de la santé et de l'action sociale de la CGT, CFE-CGC, de SUD, l'Amuf, les collectifs Inter-Blocs et Inter-Urgences, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ainsi que le Printemps de la psychiatrie


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Obligation vaccinale : environ 3000 suspensions dans les établissements de santé et médico-sociaux
16 septembre 2021 Rédaction ActuSoins

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, a indiqué ce matin que 3 000 suspensions environ, avaient été signifiées hier à des membres d'établissements de santé ou médico-sociaux; à la suite de l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale.

Interviewé ce matin sur RTL, le ministre a indiqué que ces suspensions concernaient "essentiellement du personnel des services support", citant en exemple les services de blanchisserie ou d'alimentation.

Quelques dizaines de démissions ont également été dénombrées "à ce stade", a-t-il ajouté.

Au premier jour de l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale, "la continuité des soins, la sécurité des soins et la qualité des soins ont été assurées dans l'ensemble des hôpitaux et des établissements médico-sociaux", même si "quelques services, notamment des services techniques", comme "un service d'IRM ou un bloc de coronarographie" ont "pu être gênés pendant quelques heures sur l'ensemble du territoire", a-t-il rapporté.

Concernant l'application stricte de la loi, Olivier Véran a appelé à la "fermeté", mais "avec discernement".

"Lorsqu'un soignant, par exemple dans un Ehpad, n'a pas été vacciné à la date, et qu'il se présente au travail, il ne s'agit pas de lui envoyer un courrier, mais il s'agit de le faire venir pour discuter avec lui des causes et des conséquences, lui expliquer, rassurer, accompagner", a-t-il souligné.

Rédaction ActuSoins

Source actusoins
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. sept. 18, 2021 3:58 pm

Publié le 15/09/2021
Vaccination obligatoire des soignants : l’heure de vérité

Derrière la confiance affichée quant à la très faible proportion de personnels soumis à partir d’aujourd’hui à une obligation de primovaccination contre la Covid qui ne la satisferont pas ce 15 septembre, ce jour J est vécue avec une réelle tension par les directions hospitalières et d’Établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD). À l’image de cette ambivalence, les discours oscillent entre fermeté et conciliation. La première attitude est même érigée en stratégie par la nouvelle présidente de l’Agence régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France, Amélie Verdier qui explique : « On espère que ceux qui hésitent encore seront convaincus par la fermeté affichée ». Cette fermeté s’est illustrée par les premières sanctions en ce début septembre, visant des personnels refusant de se soumettre à l’obligation de présenter un passe sanitaire. Les premières lettres recommandées pour non-vaccination ont par ailleurs été reçues dès aujourd’hui. S’ajoutant aux multiples mails de relance et d’incitation de ces derniers jours, certains personnels n’hésitent pas à parler d’une forme de « harcèlement ».

Coopération et réflexion

Cependant, à l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP), on a également voulu se concentrer sur les notions de coopération et de responsabilité. « Nous devons ensemble faire de cette date du 15 septembre, non pas une contrainte imposée, mais une date qui marque une étape supplémentaire dans notre engagement collectif contre le Covid », a ainsi publié sur Twitter le patron de l’AP-HP, Martin-Hirsch. De son côté, la déléguée générale du SYNERPA (Syndicat national des établissements pour personnes âgées) a plaidé pour que soit accordé aux derniers salariés non encore vaccinés. Un dernier délai de réflexion de « deux ou trois jours » via l’utilisation de jours de congés.

De quelques centaines à quelques milliers de réfractaires à l’hôpital

Au-delà des déclarations, une incertitude demeurait encore ce matin quant à la proportion de personnes n’ayant reçu aucune injection d’un vaccin contre la Covid et soumises à l’obligation vaccinale prévue par la loi du 6 août 2021. De l’avis de tous, les derniers chiffres publiés le 7 septembre par Santé publique France (88,6 % de primo-vaccinés en établissements de santé, 88,1 % en EHPAD et 93,9 % en libéral) sont largement dépassés. Vaccination de dernière minute, congés et volonté de transmettre son attestation au dernier moment ont en effet probablement eu, en quelques jours, une influence considérable sur ces taux. La ministre de la transformation et de la fonction publique, Amélie de Monchalin affirmait ainsi lundi : « Les derniers chiffres qu’on a eus, c’est que plus de 95 %, 96 % des fonctionnaires agents publics des hôpitaux sont aujourd’hui avec une première dose, que les 3-4 % restants avaient l’intention de se faire vacciner, qu’il reste peut-être 1 % d’agents dans les hôpitaux qui ne souhaitent pas se faire vacciner », a-t-elle déclaré. Ces taux sont comparables à ceux avancés par le patron de l’AP-HP Martin-Hirsch et varient également peu dans les grands CHU français. Au total, le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux prédit : « on trouvera évidemment quelques centaines ou quelques milliers de réfractaires » (sur un million d’agents hospitaliers). Du côté du SYNERPA, on avance : « Rapporté aux 300 000 à 350 000 salariés du secteur, on peut s'attendre à environ 3 000 contrats de travail suspendus dans les prochains jours ».

Deux impératifs à concilier : respect de l’obligation et continuité des soins

Bien sûr, les syndicats sont bien moins optimistes. Cependant, les faibles mobilisations aux appels à manifester hier dans l’hexagone ne suggèrent pas une fronde d’ampleur, d’autant plus que l’on pouvait compter au sein des défilés des personnels vaccinés mais voulant témoigner leur opposition au principe de l’obligation. Néanmoins, compte tenu des problèmes d’effectifs qui touchent chroniquement la plupart des établissements, ils mettent en garde : « Même s’il reste une infime partie de réfractaires, sans eux, nous n’arriverons plus à faire fonctionner l’hôpital », explique (exagérément alarmiste) dans Le Monde, Christophe Prudhomme, de la CGT Santé. Or, même si la FHF refuse que quelques cas particuliers soient « instrumentalisés », dans quelques hôpitaux, l’inquiétude est réelle. « Cela peut être très compliqué de remplacer certains soignants, car nous sommes déjà dans un contexte de tension sur les effectifs, avec un absentéisme un peu plus fort que l’an dernier », reconnaît ainsi François René-Pruvot, président de la Conférence des présidents de commissions médicales d’établissement des centres hospitaliers universitaires (CME-CHU). Aussi, même si les établissements sont tenus d’effectuer les contrôles et de suspendre les personnels non vaccinés, dans certains cas, la nécessité de concilier impératif de continuité des soins et respect de l’obligation vaccinale pourrait entraîner quelques douloureux cas de conscience. L’épreuve pourrait être plus importante et plus fréquente encore dans les EHPAD.

Toujours la pédagogie aux Antilles

Comme souvent, des disparités locales importantes existent. Concernant les EHPAD, l’inquiétude est ainsi par exemple la plus forte en Savoie et Haute-Savoie. En métropole, les Bouches-du-Rhône s’attendaient également à rencontrer plus de difficultés que sur le reste du territoire. Dans quelques unités, des lits sont ainsi restés fermés après la fin de la période estivale, afin d’éviter de devoir les fermer en catastrophe. Mais plus encore, c’est en Martinique et en Guadeloupe où le taux de vaccination chez les agents hospitaliers n’est guère plus élevé que dans la population générale (autour de 30 %) que la frayeur est la plus importante. Hier, soir, in extremis, après deux jours de fébrilité quant à la date d’entrée en vigueur de la loi dans ces territoires après les déclarations ambiguës d’Olivier Véran en août sur ce point, l’Agence régionale de Santé a précisé qu’elle serait appliquée « progressivement » en Guadeloupe et en Martinique, mais immédiatement à Saint-Barthélemy et Saint-Martin où la situation sanitaire est aujourd’hui meilleure. Ainsi, les phases de contrôle seront lancées parallèlement à l’allègement des mesures de freinage de l’épidémie, tandis qu’au moins jusqu’à la mi-octobre, la priorité sera donnée à la pédagogie.

Aurélie Haroche jim.fr

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Publié le 14/09/2021
En Martinique, la crise sanitaire révèle de fortes tensions dans la communauté médicale

Fort-de-France, le mardi 14 septembre 2021 – Même si elle n’est plus sous le feu des projecteurs en métropole, la situation sanitaire en Martinique demeure très préoccupante. La tension hospitalière, soit la proportion de patients hospitalisés atteints de Covid, connaît toujours des niveaux inégalés : 704 %, tandis que s’il a beaucoup diminué, le taux d’incidence demeure néanmoins élevé (297/100 000). Si le pic d’hospitalisation (avec près de 800 personnes) a été dépassé au tout début du mois de septembre, on compte encore aujourd’hui 608 personnes atteintes de Covid dans les établissements de l’Ile. Enfin, la mortalité du mois d’août a été dramatique avec 335 décès à l’hôpital, ce qui, « ramené à la population française, équivaut à plus de 60 000 morts » remarque la direction du CHU de Fort-de-France.

Vous n’êtes pas les bienvenues !

Pourtant, cette période dramatique n’aura pas été l’occasion d’une trêve, d’un apaisement des tensions qui traversent la Martinique. Ces tensions concernent tout d’abord son rapport conflictuel et complexe avec la métropole. Elles se sont manifestées la semaine dernière, quand le 9 septembre, des soignants venus de l’hexagone en renfort ont été accueillis par des insultes. « Vous n’êtes pas les bienvenus ! » et « Assassins » ont notamment été lancés, tandis que des manifestants ont brandi des drapeaux indépendantistes. D’autres protestataires ont encore dénoncé : « On nous dit qu'on est confiné pour que vous alliez sur les plages » faisant allusion au fait que certains responsables de mission ont invité les soignants en renfort à profiter des beautés de l’île pendant leur moment de repos. Bien sûr, immédiatement, l’Agence régionale de Santé et le préfet de la Martinique ont condamné ces propos, mais ont assuré qu’ils ne reflétaient pas la qualité globale d’accueil de la population martiniquaise.

L’Ordre accusé d’euthanasie

Cependant, si les manifestations d’hostilité vis-à-vis des soignants venus de métropole ont été effectivement rares, il existe sur l’île un climat délétère au sein de la communauté médicale. Les épisodes de tension se multiplient en effet autour de la parole médiatique de certains praticiens. Ainsi, la présence sur le plateau de Martinique La 1ère de médecins ayant tenu des propos décalés concernant la prise en charge des patients et la vaccination a récemment donné lieu à un rappel du Conseil de l’Ordre. Ce dernier a notamment estimé auprès de la chaîne que les débats contradictoires n’étaient pas les bienvenus sur ces sujets. Voilà qui a suscité la colère d’une dizaine de praticiens s’exprimant anonymement dans les colonnes de France Antilles. « Les débats contradictoires devraient être interdits ? Depuis quand les médias doivent-ils demander l’autorisation pour faire leur métier, dénoncer ce qui ne va pas ? C’est juste intolérable ! » se sont indignés ces médecins. Mais surtout, dans cette page que leur a ouverte France Antilles, ces médecins dénoncent la diffusion par l’Ordre des médecins d’un protocole qui rappelle les bonnes pratiques à suivre pour la prise en charge des patients en fin de vie à domicile atteints de Covid. Pour les praticiens qui s’expriment anonymement sous le titre sans nuance « Jamais nous n’aurions cru un jour recevoir du Conseil de l’Ordre des médecins un protocole pour faire mourir les patients ! », ce « protocole » s’apparenterait à de l’euthanasie. Par ailleurs, ils s’interrogent : « Pourquoi le Conseil de l’Ordre des médecins (COM) ne propose-t-il aucun protocole pour soigner les malades du Covid ? La seule pratique en cours consiste à prescrire du Doliprane aux malades puis à les renvoyer chez eux. Au mieux, ils guérissent seuls. Au pire : leur état de santé se dégrade et ils vont remplir les lits de la Meynard (…). Des traitements qui ont prouvé leur efficacité existent – l’ivermectine notamment – alors, pourquoi ne pas les utiliser ? Certains médecins ont eu le courage de les prescrire, ils ont été dénoncés par des pharmaciens ». Ils s’indignent encore « Pourquoi les protocoles proposés en Martinique ont-ils été décidés par le professeur Cabié (infectiologue au CHU de Fort de France, ndrl) alors que ce dernier ne fait même pas partie du bureau du COM ? ». Enfin, ils ne manquent pas de regretter que la stratégie vaccinale soit au centre de tous les discours officiels avant de conclure : « N’y a-t-il qu’un seul discours… le bon discours ? ».

Transparence contre anonymat de la désinformation

Le CHU de Martinique, ainsi visé à travers la citation du professeur Cabié, n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué qui en réponse à l’anonymat de la tribune de France Antilles décline le nom de tous les signataires dont ceux des médecins de l’unité de soins palliatifs, le CHU rappelle avec force : « que ces protocoles sont destinés à soulager la souffrance et améliorer le confort des patients ayant de graves problèmes respiratoires. Ces protocoles sont des protocoles nationaux, issus de la Société Française de Soins Palliatifs, publiés lors des retours d’expérience de la première vague de Covid. Ils ont été transmis au Conseil de l’Ordre des médecins de Martinique suite à de multiples questions des médecins généralistes aux équipes du CHU de Martinique ». Considérant le niveau de désinformation atteint comme calomnieux et alors qu’un signalement a été fait auprès du Procureur de la République, le CHU poursuit : « La Martinique endeuillée se réveille encore tous les matins par la litanie tragique des noms de personnes décédées du Covid, par la souffrance des familles, des amis et alliés. (…) Une poignée d’anonymes (médecins ?) opposés à la vaccination ignorent volontairement, derrière ces noms et ces chiffres, les derniers instants de ces personnes qui meurent dans les affres atroces de la sensation d’étouffement, quand ils respirent 40 fois par minute en détresse respiratoire asphyxique évoluant ensuite vers l’encombrement agonique. Jamais nous n’aurions cru lire un tel degré de désinformation, car en soins de ville comme à l’hôpital, l’accompagnement des personnes en fin de vie est une exigence morale, un impératif à l’apaisement des souffrances qui reste le devoir du médecin ».

L’impasse de la vaccination obligatoire des soignants

Ces échanges témoignent de l’exacerbation des conflits et des grandes difficultés à transmettre une information cohérente et claire sur l’épidémie et sa prévention.

Dans ce contexte, la question de vaccination cristallise toutes les crispations. D’ailleurs, à l’aube de l’entrée en vigueur de la première étape de la vaccination obligatoire des soignants, les tensions ne sont que d’autant plus vives en Martinique où pas plus de 30 % des « acteurs » hospitaliers ont reçu une première injection. Si le 26 août, le ministre de la Santé avait laissé entendre la possibilité d’une dérogation pour les Antilles, l’Agence régionale de la Santé réfute l’idée d’une exception pour la Guadeloupe ou la Martinique et préfère parler d’adaptation. Aujourd’hui comme demain, des manifestations sont prévues aux abords du CHU.

Aurélie Haroche, jim.fr

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Publié le 18/09/2021
Qu’est-ce qui n’est pas une contre-indication au don du sang ?

Paris, le samedi 18 septembre 2021 – Depuis plusieurs mois, l’Etablissement français du sang (EFS) tire la sonnette d’alarme. Les réserves sont au plus bas et constituées de 80 000 poches de globules rouges, quand 100 000 seraient nécessaires pour éviter tout dommage dans la prise en charge des patients. L’épidémie de Covid a en effet représenté un obstacle majeur au recueil de dons du sang. Le nombre de collectes a ainsi diminué : celles en entreprise, dans les universités ou les lycées ont en effet été fortement limitées pendant les périodes de travail et d’enseignement à distance. Par ailleurs, la fréquentation a souvent diminué en raison des contraintes des confinements et de la crainte des contaminations.

Confusion

Avec la levée de toutes les restrictions de circulation et la vaccination, l’activité devrait connaître un nouveau regain. Mais c’était sans compter avec le fléau des fausses informations. Circule en effet depuis quelques temps sur les réseaux sociaux la rumeur selon laquelle la vaccination contre la Covid empêcherait de donner son sang. La confusion est née du fait que d’une part la vaccination contre d’autres pathologies peut entraîner un report du prélèvement pendant quelques semaines et que d’autre part une question sur la vaccination Covid (pour des raisons statistiques) a été introduite dans les formulaires que doivent remplir les candidats au don. Mais il n’en fallait pas plus aux désinformateurs hostiles à la vaccination pour y voir une confirmation de la nocivité des vaccins.

Vous insinuez que je mens ?

Infatigable, sur Twitter et les autres réseaux sociaux, l’EFS démonte avec patience ces fausses informations. Ainsi, il a forcé l’admiration de beaucoup d’internautes cette semaine en répondant avec pédagogie et bienveillance à une utilisatrice qui affirmait péremptoire : « Vous avez tous vu passer des articles disant que les vaccinés ne pouvaient plus donner leur sang… je peux témoigner ce jour que c’est vrai. Un ami qui le faisait régulièrement… s’est fait refoulé il y a un mois après avoir répondu « oui » à la question « vacciné ? » ». L’EFS réactif rectifie : « Cette information n’est pas correcte. Il est possible de donner son sang après une injection de vaccin contre la Covid-19 sans aucun délai d’ajournement à respecter. Certains vaccins contre-indiquent au don (quatre semaines par exemple après varicelle, rubéole, rougeole) ». Irritée, l’internaute s’indigne : « Vous insinuez que je mens ???. Alors pourquoi demandez-vous aux donneurs s’ils se sont fait vacciné ou pas ? Quel intérêt ?». Imperturbable, l’EFS réexplique que les contre-indications diffèrent en fonction des vaccins, mais surtout interroge : n’existait-il pas une autre raison mise en avant ayant justifié l’éviction temporaire du donneur ? L’internaute répond alors : « Alors ils ont trouvé une excuse bidon comme quoi il était allé en Italie quelques jours avant et que là-bas il y aurait un moustique ». L’EFS peut alors confirmer : « Il existe bien un risque de West Nile virus en ce moment dans certaines régions d’Italie. Il faut alors attendre 28 jours avant de redonner son sang ».

Vaccinés comme non vaccinés, tout le monde peut donner !

Cet épuisant travail de décryptage des fausses informations et surtout d’élucidation des points de confusion est indispensable pour l’EFS compte tenu de la faiblesse actuelle des réserves de produits sanguins. Aussi, faisant écho à ce type de dialogues sur internet, l’institution a publié cette semaine un communiqué où elle rappelle : « Les personnes vaccinées contre la Covid-19 comme celles non vaccinées peuvent donner leur sang. (…) L’EFS appelle à ne pas relayer ces fausses informations qui nuisent à la collecte de sang en France. Il encourage toutes les personnes qui le peuvent à venir donner leur sang. (…) Les besoins sont constants, nous devons collecter 10 000 dons chaque jour ! ».

M.P.
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Message par Arnaud BASSEZ » dim. oct. 10, 2021 5:57 pm

Publié le 27/09/2021
Anticorps contre la Covid-19, à quel titre est-on protégé ?

Les anticorps développés dans les suites d’une infection naturelle par le SARS-CoV-2 ou d’une vaccination persistent pendant plus de six mois, mais leur concentration diminue progressivement au fil du temps, plus ou moins vite selon les individus et leur statut immunitaire. Chez les primates, le transfert passif d’anticorps neutralisants (ACN) est associé à la protection contre l’infection virale. Chez les humains, aucune relation de ce type n’a pu être établie, même si des taux élevés d’ACN sont a priori protecteurs. Existe-t-il un seuil biologique au-dessous duquel la protection contre le SARS-CoV-2 n’est plus garantie ?

C’est à cette question que répond une étude de cohorte prospective française dans laquelle ont été inclus, lors de la première vague de l’épidémie de Covid-19, de fait entre le 10 juin et le 10 juillet 2020, 8 758 professionnels de santé (âge médian 40 ans ; femmes : 80,4 %).

Les taux d’anticorps neutralisants ont été dosés par méthode immuno-enzymatique (ELISA). Un test de neutralisation de virus vivants sur cellules Vero et une souche B.1.160 a été également utilisé. Le diagnostic des infections symptomatiques et asymptomatiques a été fait par PCR. Plus d’un participant sur deux (54,9 %) ont reçu une dose de vaccin -Oxford–AstraZeneca ChAdOx1 nCoV-19 ou Pfizer-BioNTech COVID-19 mRNA (BNT162b2)- et 46,6 % les deux doses entre janvier et le 15 avril 2021.

L’incidence des infections est corrélée aux taux d’anticorps totaux et d’ACN

Au terme d’un suivi médian de 275 jours (écart interquartile EIQ 265-281), en l’absence totale d’ACN, l’incidence des infections par le SARS-CoV-2 a été estimée à 9,65 % (EIQ [7,2-12,1%]) versus 2,2 % [intervalle de confiance à 95 % IC95 %: 0,4-4%] en présence d’ACN même avec des seuils bien inférieurs à 64. En cas de concentrations d’ACN compris entre 64 et 128, l’incidence a été estimée à 0,6 % [IC 95 % : 0 % -1,5 %] et à 0 % pour des valeurs > 256 (p<0,01, Chi2 test).

La corrélation entre les concentrations d’anticorps totaux (en binding antibody units ou BAU par ml selon la nomenclature internationale de l’OMS) et celles des anticorps neutralisants a été estimée à 0,80 chez les non vaccinés, versus 0,79 chez les vaccinés.

Entre juillet 2020 et avril 2021, le taux d’infections par le SARS-CoV-2 est allé de 10,1 % à 12,6 %, quand les concentrations d’anticorps totaux étaient nulles ou comprises entre 13 et 141 BAU/ml. Au-delà de ces valeurs, l’incidence chute de manière significative : entre 141 et 1700 BAU/ml, elle n’a plus été que de 1,3 % [IC 95 %: 0,03 % -7,2 %] et devient nulle au-dessus de 1 700 BAU/ml (p < 0,01, Chi2 test). Un titre d’ACN très inférieur à 64 a été associé à une protection de 76,8 %, un titre entre 64 et 128 à une protection de 94 % et au-delà de 256 à une protection de 100 %.

Surveillance de la réponse immunitaire humorale ou 3e dose

Parallèlement, des concentrations d’anticorps totaux comprises entre 13 et 141 BAU/ml n’ont été associées qu’à une protection faible, de l’ordre de 12,4 %. Entre 141 et 1 700 BAU/ml, la protection atteint 89,3% pour culminer à 100 % avec des concentrations égales ou supérieures à 1 700 BAU/ml. En cas de vaccination complète, un mois après la seconde dose, les concentrations d’anticorps totaux n’ont jamais été inférieures à 141 BAU/ml : cette éventualité a concerné 79,3 % des sujets trois mois après qu’ils aient contracté l’infection de manière naturelle.

Ces résultats suggèrent que la surveillance de la réponse immunitaire humorale peut s’avérer utile pour optimiser les stratégies vaccinales, car elle permettrait d’estimer à la fois la durée et le degré de protection apporté par le vaccin. Cela vaudrait certes pour les ACN, mais aussi pour les anticorps totaux ce qui est logistiquement faisable.

Tout le problème est de déterminer avec précision les seuils à partir desquels la vaccination peut être considérée comme inefficace et d’autres études sont à l’évidence nécessaires au sein d’autres populations pour corroborer les chiffres obtenus dans cette étude de cohorte prospective. En attendant, le recours empirique à une troisième dose de vaccin dans des délais nécessairement arbitraires semble être la seule solution viable pour continuer à endiguer la pandémie, d’autant que d’autres variants pourraient faire leur apparition dans les mois qui viennent à partir des réservoirs viraux planétaires qui sont loin d’être taris.

Dr Philippe Tellier
Référence
Dimeglio C et coll. : Antibody titers and protection against a SARS-CoV-2. J infection 2021 : publication avancée en ligne le 20 septembre. DOI :https://doi.org/10.1016/j.jinf.2021.09.013.

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Message par Arnaud BASSEZ » lun. oct. 18, 2021 8:07 pm

Obligation vaccinale : environ 15 000 soignants suspendus
14 octobre 2021 Rédaction ActuSoins

Selon Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, 15 000 soignants ont été suspendus au titre de l'application de l'obligation vaccinale.
Obligation vaccinale : environ 15 000 soignants suspendus

Interviewé hier sur France Info, le ministre a estimé : "l'important, c'est que les hôpitaux et Ehpad n'aient pas fermé" et qu'il n'y a pas eu de "transferts massifs de malades et que tout le monde a été responsable."

A titre d'exemple, il a indiqué qu'à l'AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris), 16 médecins sur 12 000 et 100 infirmiers sur 16 000 ou 18 000 avaient été suspendus. Ces suspensions ne "déstabilisent pas" le fonctionnement des établissements, a-t-il considéré.

Sur les 15 000 soignants suspendus, beaucoup "finissent par se faire vacciner et reviennent", "voyant qu'en réalité la loi est appliquée", a-t-il ajouté.

"Nous étions à 0,9% des personnels qui étaient suspendus ou 'suspendables', on est descendus aujourd'hui à 0,6% et l'on va continuer de descendre à mesure que les semaines passent" car ceux qui ont fait le choix de démissionner pour éviter la vaccination "deviennent l'exception", a-t-il ajouté.

"Moins de 0,1%" des professionnels ont démissionné ou fait part de leur volonté de le faire, soit entre 1 500 et 2 000 personnes sur les 2 millions de personnes concernées par l'obligation, a précisé le ministre.

Et d'indiquer : "je rappelle que lorsque l'obligation vaccinale a été décidée, seulement 60% des soignants étaient à jour de leur vaccination, contre 99% aujourd'hui, donc cela a fonctionné".

Rédaction ActuSoins


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Immunisés mais déprimés : le malaise des soignants vaccinés à contre-cœur
11 octobre 2021

Dans leur immense majorité, les soignants se sont soumis à l’obligation vaccinale. Mais une partie d’entre eux ne s’y est résolue que sous la contrainte : voilà qui n’est pas sans conséquences sur l’ambiance de travail dans des établissements…
Immunisés mais déprimés : le malaise des soignants vaccinés à contre-cœur


« Je me suis retrouvée piégée comme une souris ». C’est ainsi que Nadia*, aide-soignante dans un Ehpad normand, explique comment elle a vécu sa vaccination contre le covid.

Infectée au mois d’octobre 2020, elle n’avait qu’une dose à recevoir pour obtenir le pass lui permettant de continuer à travailler. Mais elle a retardé cette unique injection autant qu’elle l’a pu, et n’a finalement reçu le sérum de la discorde que début septembre, quelques jours avant la fin de la période de tolérance durant laquelle les soignants non-vaccinés pouvaient continuer à travailler en présentant régulièrement un test négatif. « Si je n’avais pas deux filles, j’aurais fait partie des suspendus, explique-t-elle. Mais je ne peux pas gâcher leur avenir. »

Combien sont-ils, ces soignants qui, comme Nadia, n’ont accepté le vaccin qu’à contre-cœur ? Difficile de le dire. Il y a fort à parier qu’ils sont plus nombreux que les 3000 suspendus annoncés par le ministre de la Santé Olivier Véran le 16 septembre dernier, au lendemain de l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale.

Mais il ne s’agit pas non plus d’une majorité. « Il faut bien se souvenir que longtemps avant l’entrée en vigueur de l’obligation, la grande majorité des soignants était déjà vaccinée », rappelle Nathalie Depoire, ancienne présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI) qui est toujours membre du conseil national de ce syndicat. De fait, d’après une estimation de la conférence des DG de CHU citée par l’agence APMNews, le taux de vaccination dans les CHU était de 70 % fin juillet, alors qu’aucune preuve d’immunisation n’était encore requise pour travailler.

Mais ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas majoritaires que les vaccinés malgré eux ne doivent pas être écoutés. « Cette obligation instaure une ambiance très délétère qui rend les choses très compliquées au quotidien, poursuit Nathalie Depoire. Certains soignants se sont sentis montrés du doigt comme vecteurs de la maladie, alors que beaucoup se souviennent qu’à un moment donné, durant la crise sanitaire, on a tout de même demandé au personnel contaminé mais asymptomatique de venir travailler. »

Selon la responsable syndicale, l’obligation est un facteur qui vient s’ajouter à un climat au travail déjà très fortement dégradé. « Certains professionnels sont déjà en difficulté, subissent la crise depuis bientôt deux ans, les restrictions budgétaires depuis 15 ans, et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », estime-t-elle.
Vaccination, démission

Et ce n’est pas Sandrine*, jeune infirmière de la région Grand-Est, qui va démentir cette manière de voir les choses. « Jusqu’au mois de juillet, je travaillais dans un Ehpad, raconte-t-elle. Mais quand l’obligation vaccinale est arrivée, j’ai démissionné pour faire de l’intérim. Je me suis dit que si on m’obligeait vraiment à faire quelque chose dont je n’ai pas envie, autant que ça me rapporte davantage. »

Elle a donc bien reçu le vaccin « le plus tard possible » (une seule dose, car elle avait, elle aussi, déjà été infectée), mais à reculons. « J’en avais les larmes aux yeux, et quand le médecin m’a posé des questions, je ne lui ai pas caché que je n’étais là que parce qu’il fallait bien que je remplisse mon frigo », se souvient-elle.

Mais il y a plus : Sandrine songe désormais à quitter le métier. « C’est quelque chose que j’avais en tête depuis longtemps, mais jusqu’ici, je pensais toujours garder une activité comme infirmière au moins à temps partiel, car je suis vraiment passionnée par la gériatrie, précise la jeune femme. Mais maintenant, c’est décidé, j’ai une petite entreprise en plus de mon travail, et mon objectif est de faire en sorte qu’elle devienne rentable pour pouvoir arrêter de faire des missions. »

L’obligation vaccinale aura donc chez elle agi comme un révélateur d’un mal-être bien plus profond. « La crise a bien montré comment notre société traitait les personnes âgées, au début on ne les comptait même pas dans les chiffres des décès, se révolte-t-elle. Je serais partie de toute façon, mais pas si brutalement. »

Entre « pros » et « antis », « cela peut partir très vite »

Mais tout le monde ne peut pas prendre ses cliques et ses claques. Stéphanie*, toute jeune diplômée qui, à la sortie de l’Ifsi, vient de prendre son premier poste dans une clinique de Nouvelle-Aquitaine, ne voulait pas du vaccin… mais elle voulait travailler. « Cela a été une question éthique, soupire-t-elle. J’ai eu l’impression qu’à 22 ans, j’avais déjà donné mon corps au travail. »

Et d’après elle, la question du vaccin mine le climat de son établissement de manière assez insidieuse. « Cela peut partir très vite entre les pro-vaccins et ceux qui sont réticents, constate-t-elle. J’ai essayé d’en discuter une fois, et je n’ai plus abordé le sujet, car la conversation s’est très mal terminée. » Résultat : bien qu’elle « y pense tout le temps », Stéphanie ne parle jamais du vaccin avec ses collègues, et ces non-dits lui pèsent.

Autant dire que ces les soignants, qui ont eu l’impression de se faire forcer la main, ne sont pas dans les meilleures conditions possibles pour affronter les épreuves qui attendent l’hôpital dans les mois à venir.

« Je n’ai pas de boule de cristal, je ne sais pas combien de temps on va tenir dans cette situation, je ne sais pas si on va devoir affronter une cinquième vague, prévient Nathalie Depoire, de la CNI. Mais ce que je sais, c’est que l’hôpital déborde, et que je trouve délétère de voir qu’on ajoute du malaise au malaise avec cette obligation. »

Sans compter l’aveu d’échec, pour les autorités sanitaires, de voir que depuis bientôt un an que les vaccins sont disponibles, c’est par la coercition plutôt que par la persuasion qu’elles ont réussi à attirer cette partie non négligeable des blouses blanches dans les centres de vaccination.

Adrien Renaud

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Conseil national professionnel infirmier : « Nous avons besoin de moyens pour produire des avis argumentés »

13 octobre 2021

Le Conseil national professionnel (CNP) infirmier a vocation, comme tous les CNP, à contribuer à la formation, à l’évaluation et à l’amélioration des pratiques professionnelles des infirmiers. Comment travaille-t-il et sur quels sujets ? Le point avec sa présidente Evelyne Malaquin-Pavan.

Dans quel contexte le CNP infirmier a-t-il été mis en place ?

Depuis trois ans, la représentativité de notre profession infirmière peut s'appuyer sur les Conseils nationaux professionnels (CNP).

Comme stipulé dans le décret 2019-17 du 9 janvier 2019 relatif aux missions, à la composition et au fonctionnement des CNP des professions de santé, c'est sur l'initiative des organisations professionnelles qu'émerge la demande de reconnaissance par l'Etat du CNP propre à un diplôme d'état. Pour la profession infirmière, puisque nous avons cinq diplômes d'Etat (DE) (un DE métier socle infirmière DE ; trois DE spécialisées IBODE – IADE – Puéricultrices ; un DE infirmière en pratique avancée), nous avons créé de manière simultanée en 2019/2020 nos cinq CNP de la profession infirmière.

Ce nouveau dispositif CNP est en quelque sorte une opportunité pour promouvoir la contribution de la profession infirmière dans le champ de la santé comme de la maladie, au plus près des besoins de la population. La richesse de notre profession s'objective dans ses modes d'exercices variés intervenant dans tous les milieux de vie, de soins et de travail.

Qu'elles soient dans le champ de la clinique, de l'enseignement ou encore de la recherche, les interventions infirmières que nous dispensons s'inscrivent dans l'interprofessionnalité, c'est-à-dire avec des compétences spécifiques articulées avec celles d'autres professions, notamment de santé.

C'est simple à dire, beaucoup plus complexe à savoir conjuguer au quotidien car cela implique de trouver avec les autres les compromis acceptables permettant de faire émerger le consensus d'un collectif au service de chacun.

Quel est le rôle du CNPI ?

Défini par décret, le rôle du CNPI est de contribuer à apporter la meilleure réponse possible aux besoins de santé de la population ainsi que des personnes dans une vision structurante et innovante de la profession infirmière. Il contribue notamment à l'amélioration des processus de prise en charge, à la qualité et à la sécurité des soins ainsi qu'à la compétence des professionnels, tant dans les domaines de la promotion de la santé, de la prévention, de l'éducation à la santé, que dans la dispensation de soins de base, techniques, éducatifs et relationnels.

Le CNPI est ainsi partie prenante pour produire des recommandations, siéger de droit dans certaines instances, émettre un avis, désigner des experts infirmiers exerçant dans les différents milieux de soins et territoires pour siéger dans un groupe de travail national autour d'une thématique impactant ou pouvant impacter la pratique infirmière ou l'enseignement en matière de santé (pour le métier IDE socle, les quatre autres diplômes, les autres métiers de la santé), pour contribuer à la rédaction et/ou donner un avis sur des recommandations professionnelles, des modalités de collaboration.
Avec quel type d'instances le CNPI est-il amené à travailler ?

Schématiquement, le CNPI interagit sous deux axes, l'un interne à la profession, l'autre externe.

Tout d'abord, au sein de la profession infirmière elle-même, nous travaillons en étroite collaboration avec les quatre autres CNP de la profession ainsi qu'avec l'Ordre national infirmier et toute organisation (association, syndicat, collectif). Cette volonté de porter une voix collective à chaque fois que possible est l'un des leviers dont la profession infirmière dispose si elle sait l'activer.

Nous nous sommes rapprochés d'autres CNP plus anciens notamment ceux de la profession médicale et poursuivrons nos prises de contact avec les autres CNP paramédicaux pour créer/consolider nos partenariats.

Côté environnement externe, les autres instances nationales avec lesquelles nous collaborons sont tout autant la Haute autorité de santé, la Direction générale de l’offre de soins, les différents ministères et tutelles associés au monde de la santé et de l'enseignement.

Notre ambition est d'approfondir aussi les réflexions menées avec les associations d'usagers.
Sur quels dossiers travaillez-vous actuellement ?

Les sujets ne manquent pas ! Les principales contributions du CNPI ont porté sur le Ségur, des avis rendus sur les protocoles de coopération interprofessionnels, des propositions de priorités d'orientations nationales pour les thématiques de formation continue et les méthodes validées s'y rapportant, pour la réingénierie des métiers, pour la réforme de certaines instances ou pour la préparation du contenu de l'ordonnance de juillet 2019 concernant la certification des professionnels de santé.

Actuellement, nos deux priorités portent sur la structuration des parcours professionnels associant besoins patients/compétences métiers et des réingénieries en cours, notamment celle à anticiper autour de notre métier socle.

Outre l'engagement et l'expertise métier des membres qui le composent, l'un des leviers pour pouvoir remplir les mandats confiés à chaque CNP est bien son modèle économique, qui repose sur le versement d'une subvention d'Etat.

Cette dernière doit être à la hauteur des missions confiées, ce qui aujourd'hui n'est pas le cas. Nous y serons collectivement vigilants car si la création des CNP est une opportunité, nous sommes pleinement conscients de la responsabilité de ce que recouvre le statut de "partie prenante", c'est-à-dire avoir les moyens de produire un avis argumenté, de pourvoir être présent aux réunions où l'avis est requis.

A défaut, à terme, cela deviendra une coquille vide qu'il faudra savoir dissoudre.

Propos recueillis par Laure Martin
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. oct. 23, 2021 3:38 pm

Un temps de travail en nette hausse en 2020 pour les agents de la fonction publique hospitalière
15 octobre 2021

En raison de leur mobilisation pendant la crise sanitaire, les agents de la fonction publique hospitalière (FPH) ont vu leur durée de travail augmenter, passant de 1606 heures à 1670 heures en moyenne en 2020, indique un rapport sur l'état de la fonction publique et les rémunérations, présenté en annexe du projet de loi de finances (PLF) pour 2022.
Un temps de travail en nette hausse en 2020 pour les agents de la fonction publique hospitalière

Contrairement aux autres agents de la fonction publique (fonction publique d'Etat et fonction publique territoriale, voir encadré), les agents de la fonction publique hospitalière n'ont pas connu une baisse d'activité en 2020. Au contraire. Selon un rapport sur l'état de la fonction publique et les rémunérations diffusé cette semaine, ils ont réalisé plus d'heures supplémentaires (+10,3 h) et pris moins de jours de congés au cours de l'année (-5 jours).

Ce sont les agents à temps complet travaillant dans les familles de métiers liés aux soins qui ont été le plus touchés par cette hausse : leur durée de travail a augmenté de 97h, passant de 1599 h à 1696h.

Les durées travaillées se sont en revanche "effondrées" pour les familles de métiers liées à l'entretien, maintenance, aux espaces verts, paysages et aux bâtiments et travaux publics, indique le rapport.
Conditions de travail difficiles...

Qu'ils soient à temps complet ou à temps partiel, les agents de la fonction publique, et plus particulièrement ceux de la FPH "peuvent être soumis à des contraintes liées à l'organisation du travail". En 2019 (avant la crise donc), comme précédemment, "les agents de la FPH sont plus souvent soumis à des horaires de travail atypiques (horaires alternants, travail le dimanche, de nuit, etc.) que l'ensemble des salariés."

Ces agents sont aussi plus souvent que les autres confrontés à des contraintes de rythme et à une intensité du travail élevée.
...et absentéisme

Entre 2019 et 2020, la part des agents de la fonction publique absents pour raison de santé a augmenté, surtout celle des agents de la FPH.

"Les absences pour raison de santé sont plus fréquentes dans la fonction publique, en particulier dans la FPT et la FPH, que dans le secteur privé, en partie en raison d'effets de structures (plus de femmes et âge plus élevé dans la fonction publique)", fait savoir le rapport.

Mais les conditions de travail (horaires de travail atypiques, risques psychosociaux, etc.) jouent aussi un rôle important dans les absences pour raison de santé, accentué par le contexte sanitaire de 2020, notamment pour la FPH.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. oct. 25, 2021 6:57 pm

Publié le 07/10/2021
Baisse d’efficacité vaccinale, le temps plus que le variant

Au moment où le variant delta devenait prépondérant partout dans le monde, les données de surveillance signalaient une réduction de l’efficacité du vaccin à ARNm BNT162b2 de Pfizer et des autres vaccins anti-Covid-19. L’émergence du variant n’était peut-être pas la cause principale de ce déclin de l’efficacité des vaccins. Dans certains pays, il coïncidait aussi avec le moment où les personnes à haut risque atteignaient un délai de 6 mois depuis leur seconde dose de vaccin. C’est le cas en Israël, au Qatar ou aux USA.

Dans ce contexte de forte prévalence du variant delta, les études n’ont pas réellement déterminé ce qui, dans la réduction d’efficacité, était de la responsabilité du variant lui-même ou de celle d’un déclin de l’immunité. Cette distinction est pourtant essentielle pour établir la nécessité d’un rappel et déterminer si des changements de composition antigénique des futurs vaccins sont souhaitables.

Une étude publiée dans le Lancet évalue l’efficacité du vaccin à ARNm de Pfizer sur le risque d’infection et d’hospitalisation, selon le délai écoulé depuis la vaccination. Il s’agit d’une étude rétrospective de cohorte, menée aux États-Unis entre décembre 2020 et août 2021 et portant sur 3,4 millions d’individus, de 45 ans d’âge médian. Cette étude montre, que dans un délai moyen de 3 à 4 mois après la 2ème dose, l’efficacité vaccinale est de 73 % contre le risque d’infection par le SARS-CoV-2 et de 90 % contre celui d’hospitalisation.

Déclin de l’efficacité au fil des premiers mois après la deuxième dose mais pas vraiment plus marquée pour les infections au variant delta

L’efficacité face au risque d’infection décline au fil des 6 premiers mois suivant la 2ème dose, passant de 88 % au cours du 1er mois à 47 % après 5 mois. L’analyse selon le variant en cause montre que l’efficacité contre l’infection par le variant delta, élevée au cours du premier mois suivant la 2ème dose (93 %), décline ensuite (53 % après 5 mois). Contre les autres variants, l’efficacité après le 1er mois est de 97 % et de 67 % à 4-5 mois.

L’efficacité contre le risque d’hospitalisation pour une infection par le variant delta reste élevée (93 %) tout au long de cette étude, identique à celle contre les autres variants. Toutefois, de récentes données venues d’Israël montrent, en août 2021, une légère réduction d’efficacité quant au risque d’hospitalisation, chez les personnes de plus de 65 ans, environ 6 mois après la 2ème dose.

Ce déclin de l’efficacité et une augmentation du nombre des infections 6 à 12 mois après la 2ème dose ne sont pas une surprise et étaient annoncés par les études d’immunogénicité. Les données montrent toutefois que le rappel, 6 mois après la 2ème dose, stimule la production d’anticorps à des taux plusieurs fois supérieurs à ceux suivant les deux premières doses, restaurant une bonne efficacité vaccinale, même dans un contexte de variant delta prédominant.


Dr Roseline Peluchon
Référence
Tartof SY et coll.: Effectiveness of mRNA BNT162b2 COVID-19 vaccine up to 6 months in a large integrated health system in the USA: a retrospective cohort study. Lancet, 2021 publication avancée en ligne le 4 octobre. doi.org/10.1016/S0140-6736(21)02183-8


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Publié le 22/10/2021
Vaccins Covid contre variant delta, bonnes nouvelles d’Ecosse

Avant l’arrivée du variant delta du SARS-CoV-2, l’efficacité des vaccins BNT162b2 (Pfizer– BioNTech) et ChAdOx1 nCoV-19 (AstraZeneca) pouvait être considérée comme acquises, tout au moins face aux formes symptomatiques ou sévères de l’infection. Les mutations du virus ont rebattu les cartes, même si plusieurs études démontrent que ces vaccins n’ont rien perdu de leur pouvoir protecteur. Pour s’en convaincre, on pourra se référer aussi à une lettre à l’éditeur du New England Journal of Medicine, datée du 21 octobre 2021.

Une cohorte de cinq millions

C’est une plateforme écossaise, couplée au protocole EAVE II (Early Pandemic Evaluation and Enhanced Surveillance of COVID-19) qui a servi de base à l’étude. Elle a permis de colliger plusieurs informations pour 99 % de la population de l’Écosse (n = 5,4 millions) : vaccination, tests PCR, soins primaires, hospitalisations et décès. Au sein de cette vaste cohorte, l’efficacité des deux vaccins, Pfizer et AstraZeneca, entre le 1er avril et le 16 août 2021 a été évaluée à l’aide du modèle des risques proportionnels de Cox : à cette époque, le variant delta dominait largement et son identification reposait sur une PCR prenant en compte les mutations caractéristiques de ce dernier. La positivité du test était décrétée pour une valeur de cycle seuil (Ct) ≤ 30. Les décès imputables au coronavirus, c’est-à-dire survenus dans les 28 jours ayant suivi le test PCR positif, ont été établis à partir des certificats ad hoc. Des ajustements ont été faits sur l’âge, le sexe, le statut socio-économique et le nombre de comorbidités.

Au total, un test PCR a été réalisé chez 1 563 818 participants et s’est avéré positif dans 114 706 cas. Les données du séquençage ont établi que 99,5% des infections étaient bel et bien imputables au variant delta. Les non vaccinés étaient beaucoup plus jeunes que les vaccinés, plus souvent de sexe masculin et se distinguaient par ailleurs de ces derniers par un nombre plus faible de comorbidités et un statut socio-économique plus défavorable. Ces différences étaient particulièrement accusées dans le cas du vaccin AstraZeneca.

Efficacité des vaccins aux alentours de 90 % vis-à-vis de la mortalité

Au total, 201 décès ont été imputés au SARS-CoV-2 chez les sujets dont la PCR s’est avérée positive. Aucun décès n’a été déploré entre 16 et 39 ans en cas de vaccination complète, versus 17 chez les non vaccinés.

Entre 40 et 59 ans, l’efficacité du vaccin AstraZeneca sur la mortalité a été estimée à 88 % (intervalle de confiance à 95 %, IC, 76 à 93) et celle du vaccin Pfizer–BioNTech à 95 % (IC, 79 to 99). Au-delà de 60 ans, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 90 % (IC, 84 à 94) et 87 % (IC, 77 à 93). Quatorze jours au moins après l’administration de la deuxième dose de vaccin, l’efficacité du Pfizer–BioNTech a été globalement estimée à 90 % (IC 95%, 83 à 94), versus 91 % (IC 95%, 86 à 94) pour l’AstraZeneca.

Cette vaste étude de cohorte aboutit à des résultats rassurants : les deux vaccins utilisés en Écosse, alors que le variant delta régnait en maître quatre absolu, offrent une protection substantielle contre les complications de la Covid-19, du moins contre les décès qui lui sont imputables.

Dr Peter Stratford
Référence
Sheik A et coll. : BNT162b2 and ChAdOx1 nCoV-19 Vaccine Effectiveness against Death from the Delta Variant N Engl J Med. 2021 (20 octobre) : publication avancée en ligne le 20 Octobre. doi: 10.1056/NEJMc2113864.


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Publié le 22/10/2021
De plus en plus de femmes publient dans les revues de médecine d’Urgence

Il est un fait non contestable : les auteurs dans la littérature médicale toutes spécialités confondues sont encore plus souvent des hommes que des femmes. Cet écart « entre les sexes » s’est-il réduit au fil du temps pour les publications en médecine d’urgence ? Cette étude observationnelle a eu pour objectif principal de déterminer la proportion d'auteurs féminins ayant signé, de janvier 2013 à septembre 2019, les articles de recherche originaux et les éditoriaux dans 4 revues de médecine d'urgence sélectionnées à partir du Journal of Citation Reports. Les examinateurs ont identifié les genres des auteurs par des recherches sur le Web avec les qualifications académiques correspondantes ou ont utilisé une interface de programmation d'application d'identification du genre pour déterminer la probabilité d'une identité masculine ou féminine. L’objectif secondaire était de préciser le genre des auteurs intermédiaires par rapport aux genres des premiers et derniers auteurs respectifs des articles.

Les revues sélectionnées comprenaient 2 980 articles de recherche originaux avec 18 224 auteurs (médiane 6, intervalle interquartile [IQR] 4 à 8) et 433 éditoriaux avec 986 auteurs (médiane 2, IQR 1 à 2). Les femmes occupaient respectivement 34,9 %, 24,3 % et 36,5 % des positions de premier, dernier et auteur intermédiaire des articles de recherche originaux et 23,8 %, 20,5 % et 34,2 % des positions de premier, dernier et intermédiaire auteur des éditoriaux. Les publications dont les premiers et derniers auteurs étaient des femmes (n = 340 articles) comptaient une plus grande proportion de femmes auteurs intermédiaires (49 %, 634/1 290) que les publications dont les premiers et derniers auteurs étaient des hommes (n = 1667 articles, femmes auteurs intermédiaires 33 % [2 215/6 771]).

Si l’on ne se trompe pas sur le genre…

Au cours des sept années examinées, le nombre de femmes auteurs dans ces revues de médecine d'urgence a augmenté. L'écart entre les sexes est plus prononcé pour les articles rédactionnels que pour les articles de recherche. En outre, il apparaît que le sexe du premier et du dernier auteur influence la composition par sexe de l'ensemble de l'équipe de recherche, car dans les publications où le premier et le dernier auteur sont des femmes, une plus grande proportion des auteurs intermédiaires sont également des femmes.

L'attribution du genre n'était pas basée sur la divulgation des auteurs eux-mêmes, mais sur le genre binaire attribué par l'analyse des profils professionnels ou des prénoms des auteurs. Cette méthode d'analyse n'est pas suffisamment fiable pour pouvoir déterminer l'identité de genre car une personne peut utiliser des pronoms féminins ou masculins sans s'identifier comme homme ou femme. En outre, une personne peut utiliser des pronoms neutres mais s'identifier comme homme ou femme. Sans la déclaration des auteurs eux-mêmes, on ne peut pas être certain de la véritable identité de genre d'un auteur. Enfin, il existe une marge d'erreur dans l'attribution du genre en raison de la nature subjective de l'utilisation des réviseurs et des limites du logiciel d'interface de programmation d'applications qui ne peut pas faire d'évaluations précises des noms qui semblent neutres du point de vue du genre.

NB : L’auteure de cette publication s’appelle Sarah et toutes les autres sont des femmes…

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Jacobs SA et coll. : Examining the Gender Gap in Emergency Medicine Research Publications. Annals of Emergency Medicine, 2021, ISSN 0196-0644, https://doi.org/10.1016/j.annemergmed.2021.08.008.


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Publié le 23/10/2021
Avoir un bon robot…

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L’incommensurable chagrin que représente la perte d’un enfant accroît encore la douleur engendrée par les épreuves qui ont pu précéder la mort. Ainsi, le souvenir des semaines pendant lesquelles leur fille n’a plus pu partager avec eux leur vie familiale a longtemps hanté Anne et Thierry Gauthier. Comment permettre aux jeunes patients qui doivent être isolés de pouvoir continuer à habiter leur maison, à se chamailler avec leurs frères et sœurs, à discuter librement avec leurs parents pendant que se prépare le repas ? Les possibilités des communications vidéos ne répondent qu’imparfaitement à ces besoins des familles et des petits malades. Ces systèmes ne sont en effet pas toujours complètement appropriés, notamment par les plus jeunes enfants.

Faire le pont
Aussi, Anne et Thierry Gauthier ont d’abord imaginé créer eux-mêmes grâce au soutien de l’Humanity Lab d’Airbus (au sein duquel travaille Thierry Gauthier) un robot humanoïde qui puisse faciliter les interactions entre l’enfant à l’hôpital et sa famille. Mais ils ont ensuite découvert Buddy, fabriqué par la société française Blue Frog Robotics et ont perçu en lui son important potentiel pour faire le pont entre les chambres stériles et les chambres familiales.

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Cache-Cache
Atteignant moins d’un mètre de hauteur, doté d’un design ludique et attachant, Buddy peut soit afficher l’image de son utilisateur, soit un avatar. Surtout, sa petite taille lui permet de se faufiler partout où il est guidé. Voilà qui a permis à Alexis, âgé de 11 ans, atteint d’une leucémie qui l’a empêché de quitter sa chambre stérile du CHU de Toulouse pendant de longues semaines, de jouer à cache-cache avec sa petite sœur demeurée chez elle ou d’aller vérifier dans sa chambre l’ampleur des travaux réalisés par ses parents. La légèreté de Buddy, qui s’emporte facilement partout, permet également aux utilisateurs de participer à des réunions familiales ou à des visites. « L’avantage de Buddy, c’est que l’enfant est indépendant, il commande le robot depuis la tablette, il a le choix de mettre son visage ou d’avoir un avatar s’il n’a pas le moral. Il ne peut pas non plus se connecter seul, cela permet de conserver une certaine intimité pour les parents… Tout simplement parce que parfois papa et maman pleurent et qu’ils n’ont pas envie de le faire devant leur enfant, où lorsqu’ils discutent entre eux », explique Thierry Gauthier dans 20 minutes.

Souplesse
L’introduction de Buddy au sein du service d’hémato-oncologie pédiatrique du CHU de Toulouse a été permise par l’investissement du Dr Cécile Boulanger. L’unité a d’abord réfléchi « aux caractéristiques du robot pour une bonne adaptabilité au sein de l’unité de soins » explique le CHU. Les retours des professionnels ont conduit les membres de l’association de Thierry et Anne Gauthier, « The Hope of Princess Manon », d’adapter Buddy aux besoins spécifiques de l’établissement. « L’avantage, c’est qu’on peut travailler sur des softwares, les intégrer au robot pour le développer de manière spécifique pour l’hôpital. Nous l’avons donc dans un premier temps testé, et depuis, quatre enfants ont pu en bénéficier », explique encore Thierry Gauthier. L’expérience, bien qu’encore limitée, est concluante.

« Pour nous, l’idée est vraiment d’améliorer les soins des enfants et les soins de support. On sait que le côté psychologique et le vécu du traitement ont une part importante dans le résultat. Que l’enfant vive mieux l’étape de l’isolement en fait partie. Pour l’instant, sur les quatre familles qui ont testé Buddy, nous avons des retours très positifs, les enfants sont très contents », s’enthousiasme le docteur Cécile Boulanger.

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Aujourd’hui, le CHU de Toulouse qui réfléchit à l’acquisition d’un second Buddy, prépare une étude destinée à mesurer les effets socio-psychologiques de l’utilisation de ce dispositif non seulement sur l’enfant, mais également sur sa famille et les rapports médecin/patient.

Aurélie Haroche

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Publié le 25/10/2021
Didier Raoult accusé d’expérimentations sauvages

Selon Mediapart, une expérimentation non-autorisée et dangereuse sur le traitement de la tuberculose aurait été menée à l’IHU de Marseille par les services du Pr Didier Raoult.

Didier Raoult de nouveau dans la tourmente. Le célèbre directeur de l’IHU, qui devrait quitter ses fonctions à l’été 2022, est accusé par le journal d’investigation Mediapart d’avoir mené des expérimentations interdites sur un nouveau traitement de la tuberculose, provoquant de graves complications chez certains patients. L’essai, débuté en 2017, consistait à administrer à des patients atteints de la tuberculose, généralement des personnes très précaires (migrants, sans domicile fixe…), un cocktail de quatre antibiotiques. Deux d’entre eux, la sulfadiazine et la minocycline, ne font pas partie de la liste des antibiotiques recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour lutter contre la tuberculose.

L’objectif du professeur Raoult aurait été de trouver un traitement plus simple et rapide que celui actuellement recommandé en France, qui dure en règle générale six mois. Le problème est qu’aucune étude ni aucun élément scientifique ne permet de présager de l’efficacité contre la tuberculose de deux des antibiotiques utilisés par les services de l’IHU. « Ce traitement ne correspond à aucune recommandation internationale » explique le Pr Vincent Jarlier, directeur du Centre National de Référence des mycobactéries. Par ailleurs, on sait depuis son introduction en thérapeutique dans les années 40 que la sulfadiazine peut se cristalliser dans les urines et provoquer des calculs urinaires pouvant entrainer une anurie. Selon Mediapart, au moins trois participants à l’essai ont dû être opérés en urgence pour traiter cet effet secondaire.
L’ANSM n’a jamais autorité l’essai
Autre élément à charge contre le professeur Raoult, les services de l’IHU n’auraient jamais eu la moindre autorisation pour mener cette étude. En 2019, deux ans après le début de l’essai, l’IHU a transmis une demande d’autorisation de son protocole à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Dans sa réponse, l’Agence souligne le peu d’utilité et de justification de l’essai ainsi que le manque de rigueur scientifique du projet de l’IHU. « Aucun argumentaire scientifique n’est apporté sur le choix des molécules, l’association, la posologie et la durée du traitement envisagés » indique à l’époque l’ANSM. L’IHU décide alors de retirer sa demande d’autorisation, mais semble pourtant avoir poursuivi son expérience au moins jusqu’en mars 2021. La loi interdit pourtant de mener des expériences médicales à risque sur la personne humaine sans autorisation de l’ANSM.

Depuis 2019, des signalements par des médecins de patients tuberculeux mal traités dans la région de Marseille se multiplient. L’ANSM a confirmé avoir mené une enquête qui a permis d’établir que l’IHU avait mené des essais en violation de la « législation encadrant les recherches impliquant la personne humaine ». Des sanctions disciplinaires pourraient être prises et des poursuites pénales sont également envisagées, la violation de la législation sur les expérimentations humaines étant passible d’un an d’emprisonnement.

Ni Didier Raoult, ni ses principaux adjoints n’ont pour l’instant fait la moindre déclaration sur ses accusations, ni accepté de répondre aux journalistes. Mais certains des médecins de l’IHU, qui témoignent anonymement auprès de Médiapart, n’ont pas de mots assez durs pour décrire la situation. « Didier Raoult utilise des patients précaires et souvent étrangers comme des cobayes, c’est inhumain » accuserait l’un d’eux.

Quentin Haroche
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. oct. 28, 2021 7:38 pm

Publié le 27/10/2021
La coloscopie doit être faite dans l’année après un test fécal positif !

L'intervalle de temps optimal entre un test fécal anormal de dépistage du cancer colorectal (CCR) et la réalisation d'une coloscopie diagnostique n’a pu être établi dans les études randomisées antérieures. La pandémie de Covid-19 a, soit notablement allongé les délais de réalisation de milliers d’examens, soit empêché de les pratiquer, ce qui a conduit à une diminution du nombre de CCR diagnostiqués en 2020. Afin de répondre à la question des conséquences de ces retards diagnostiques, San Miguel et coll. ont entrepris une étude de cohorte rétrospective nationale qui a porté sur 3 702 445 vétérans américains, âgés de 50 à 75 ans, ayant bénéficié d’une coloscopie à visée diagnostique après un test immunochimique fécal (FIT) positif entre 1999 et 2010. Ainsi, l’impact du délai de la coloscopie sur l'incidence observée du CCR, le stade au diagnostic et la mortalité ont pu être analysés par une analyse multivariée.

Au-delà d’un délai de 13 mois le risque de diagnostiquer un cancer augmente

Par rapport à un délai arbitraire de 1 à 3 mois, jugé acceptable, le risque de diagnostiquer un CCR s’est accru pour les patients qui ont eu une coloscopie 13 à 15 mois (Hazard Ratio HR 1,13), 16 à 18 mois (HR 1,25), 19 à 21 mois (HR 1,28) et 22 à 24 mois (HR 1,26) après le FIT. De la même façon, le risque de mortalité est plus élevé dans les groupes qui ont bénéficié de la coloscopie entre 19 et 21 mois (HR 1,52) et entre 22 et 24 mois (HR 1,39) après. Passé 16 mois, le délai de réalisation de la coloscopie a ainsi un impact sur la mortalité imputable au CCR.

Cette étude populationnelle menée à partir d'un programme national de dépistage est la première à faire apparaitre les trois conséquences potentielles d’un retard dans la réalisation d'une coloscopie après un test de dépistage positif sur une période de suivi prolongée de 24 mois. Le risque de CCR est augmenté de 1,1 à 1,3 fois quand la coloscopie est reportée au-delà de 12 mois, par rapport à la référence (1-3 mois). Pour les 2 autres critères de jugement (décès par CCR et stade du CCR au diagnostic), l’impact ne devient significatif qu’après un délai de 16 à 19 mois avec un risque de résultat péjoratif multiplié par 1,5 à 1,7 fois. Pour tous les critères de jugement retenus, le risque reste accru lorsque la coloscopie est retardée de 13 à 24 mois après un FIT positif, conformément aux études antérieures. Cela reflète bien l’évolution naturelle et la progression du CCR. L’extrapolation des données concernant essentiellement les hommes peut être faite pour les 5 453 femmes qui ont participé à cette étude nationale.

Reconvoquer les « perdus de vue » après un FIT positif

La pratique de la coloscopie totale est très efficace pour réduire l'incidence et la mortalité des néoplasies avancées, mais deux tiers de la population française de plus de 50 ans ne respectent pas les recommandations de dépistage et il n’existe pas de score établi pour reconnaître les sujets asymptomatiques à risque de CCR. Il est donc impératif de reconvoquer les patients qui auraient dû bénéficier d’une coloscopie entre 3 et 6 mois après un FIT positif. La Covid-19 a entraîné d'énormes perturbations dans les soins de santé de routine et pour certaines procédures diagnostiques invasives, obérant en particulier la planification des endoscopies sous AG. Tout ceci doit inciter les systèmes de santé, à gérer différemment les problèmes de dépistage avec un accès raisonné aux unités endoscopiques. L'engagement des médecins et des patients doit être optimal pour discuter ensemble des indications des endoscopies en donnant priorité aux patients chez lesquels un CRC est suspecté cliniquement, sans passer par un test fécal systématique en dehors du dépistage organisé. Les auteurs de cette étude avaient pris en compte cette possibilité en excluant de leur étude les sujets dont la date du FIT était inférieure à un mois.

En conclusion, après un FIT anormal, l’allongement du délai avant la coloscopie est associé à un risque plus élevé de survenue d’un cancer colorectal, de décès et de CCR à un stade avancé. Cette endoscopie de dépistage doit être pratiquée dans l’année qui suit un test fécal positif et les personnes « perdues de vue » doivent être rapidement reconvoquées.

Dr Sylvain Beorchia
Références
San Miguel Y, Demb J, Martinez ME, et coll. : Time to colonoscopy after abnormal stool-based screening and risk for colorectal cancer incidence and mortality. Gastroenterology 2021;160:1997–2005.
Flugelman AA and Holmes O : In CRC Screening, Timing Is Almost Everything. Gastroenterology 2021; 160:1929–1930


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Publié le 27/10/2021
Que faire quand la suspension de salariés non vaccinés… est suspendue ?

C’est une première brèche juridique sur la question sensible de l’obligation vaccinale des personnels exerçant à l’hôpital. Vendredi 22 octobre, le tribunal administratif de Lyon est revenu en référé sur la suspension de trois agents hospitaliers de la Loire, non vaccinés, en faisant part d’un « doute sérieux » sur la légalité de la décision.

Pour justifier cette décision, la juridiction a estimé que le CHU de Saint-Etienne et l’hôpital de Roanne ne pouvaient pas suspendre des agents alors même que leurs recours juridiques n’avaient pas été examinés.

Une décision justifiée également par le contexte particulier dans lequel exerce le personnel requérant.

Les agents en question, qui exercent à l’hôpital mais ne font pas partie du personnel soignant ou en contact régulier avec les patients, estiment que cette obligation ne peut pas leur être applicable.

Dans ses motifs, le Tribunal a estimé que « compte tenu de la localisation de la cuisine centrale du CHU » à Saint-Étienne où travaillent les deux requérantes, tandis que l’agent roannais exerce « ses fonctions de cuisinier dans un bâtiment annexe situé à l’extérieur de l’hôpital il existait un doute sérieux quant à la légalité de la décision en litige ».

Refus de réintégration du CHU

Dans l’attente d’une décision au fond, le tribunal a ordonné la levée de la suspension et donc la réintégration des personnels.

Mais malgré l’ordonnance rendue, le CHU de Saint-Étienne a décidé de s’engager dans un bras de fer juridique. Indiquant « appliquer la loi » l’hôpital n’a pas laissé les employés concernés reprendre leur poste.

« On ne veut plus de nous au CHU » indique Marie-Jo Ribeiro, qui travaille depuis 18 ans à la cuisine centrale de l'hôpital. Interrogée par France Bleu, la cuisinière refuse de se faire vacciner alléguant un risque pour sa santé.
Huissier de justice
Face à ce refus de réintégration, cette dernière a décidé de se présenter mercredi 27 octobre à son travail accompagné de son avocat. Son défenseur a également indiqué vouloir engager la responsabilité de l’hôpital pour faute en cas de refus de réintégration.

C.H.

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Publié le 27/10/2021
Troisième dose avec Moderna, numéro vert pour les plus âgés, couverture chez les soignants : le point sur la campagne française

Cela sera considéré comme un peu tardif.

Dix mois après le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid, qui concerne au premier chef les plus âgés et les plus fragiles, le gouvernement lance un nouveau numéro vert, destiné à faciliter la vaccination à domicile des sujets les plus âgés. Ce dispositif accessible 7 jours sur 7 et de 6h à 22h au 0 800 730 957 cible les plus de 80 ans : leurs proches, leurs auxiliaires de vie et toutes personnes de leur entourage se sentant concernés sont notamment invités à contacter ce numéro pour organiser rapidement un rendez-vous. « Ces personnes sont moins suivies par un médecin traitant et rencontrent des difficultés pour se déplacer », note le ministère de la Santé. Les infirmiers et médecins qui participeront à ce programme de vaccination au sein d’équipes mobiles ne seront pas rémunérés à l’acte à l’instar d’une consultation à domicile. « Ces équipes opèrent dans un cadre juridique similaire à celui mis en place en centre de vaccination », signale en effet le ministère : une rémunération au forfait horaire est donc prévue.

Deux millions de Français encore facilement vaccinables

L’objectif du gouvernement est d’abord d’atteindre les 500 000 personnes de plus de 80 ans non encore vaccinées et au-delà les 2 millions de Français qui selon les estimations avancées hier par Olivier Véran lors de son audition par la commission des Affaires sociales du Sénat « attendent et (…) ne sont pas opposés à l’idée de se faire vacciner ». Aujourd’hui, le taux de vaccination des 80 ans et plus atteint 86,6 % (contre 86,2 % le 1er octobre), 97,3 % chez les 75/79 ans (vs 97 %) et 98 % chez les 70/74 ans (vs 97,6 %). Ainsi, on le voit, même faiblement (ce qui est inéluctable à un niveau aussi élevé de couverture vaccinale), la protection des plus fragiles continue à progresser. Le gouvernement y voit le résultat des différentes stratégies « d’aller vers » qui ont été déployées ces derniers mois et que renforce encore le numéro vert. Par ailleurs, au niveau de la population générale, il n’est pas à exclure que le récent déremboursement des tests antigéniques et PCR pour les sujets non vaccinés entraîne un léger frémissement du nombre de primo-vaccinations. Olivier Véran a ainsi précisé : « Ce qu’on voit, c’est que la fin de la gratuité totale des tests, s’est accompagnée d’un petit rebond de la primo-vaccination. On est remonté de 40 000 à 50 000 primo-vaccinations par jour. Ça compte. Ça fait 1 million de Français par mois ».

Troisième dose avec Moderna : la HAS encore une fois discréditée ?

Parallèlement à cette primo-vaccination, notamment des plus fragiles, le gouvernement multiplie les appels à la population éligible afin qu’elle participe à la campagne de rappel. Gabriel Attal insistait ainsi hier sur Europe 1 : « Il faut continuer à respecter les gestes barrières, garder nos outils comme le passe sanitaire, et pour les personnes les plus âgées et les plus fragiles, il faut faire le rappel vaccinal. Je lance un appel à ceux qui ont plus de 65 ans : Faites-vous vacciner avec la troisième dose ». Aujourd’hui, 2,5 millions d’habitants ont déjà reçu une dose de rappel de vaccin contre la Covid (sur 6 millions de sujets éligibles). Concernant cette troisième dose, le vaccin Spikevax (Moderna) pourrait de nouveau être employé. L’utilisation de ce dernier dans cette indication (voire de façon complète pour les plus jeunes) a en effet été suspendue dans plusieurs pays et notamment en France, en raison d’un signal suggérant un risque accru de myocardite.

Ce lundi encore, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rendait publiques de nouvelles données évaluant à trois fois plus élevé le risque de myocardite après une vaccination par Spikevax qu’avec Comirnaty (Pfizer/BioNtech). Cependant, tout en confirmant qu’il s’agit d’un signal à surveiller, l’Agence européenne du médicament (EMA) a donné son feu vert à l’utilisation du vaccin de Moderna dans le cadre d’une vaccination de rappel (mais, le régulateur européen a considéré qu’une demi-dose devait être utilisée dans cette indication). Prenant acte de cet avis de l’EMA, en France, comme à son habitude, le ministère joue un jeu singulier avec la Haute autorité de Santé. Ainsi, tout en assurant attendre son feu vert définitif, il a en effet indiqué qu’une directive de la Direction générale de la Santé (DGS) était en préparation concernant l’administration de cette fameuse demi-dose ! Cet avis de l’EMA est publié alors que quelques jours auparavant, elle avait signalé la possible efficacité accrue d’une vaccination de rappel hétérologue. Un argument supplémentaire, sans doute, pour les personnes vaccinées par le produit de Janssen, auxquelles il est recommandé une vaccination de rappel par un vaccin à ARNm : mais à ce jour seules 20 % de ces personnes qui, reconnait le ministère, avaient probablement justement choisi ce vaccin en raison de son caractère unidose et de sa technologique non ARNm ont répondu à l’appel. L’envoi d’un message aux médecins concernés n’a ainsi pas suffit à faire progresser ce taux.

Troisième dosse et passe sanitaire : le ministre passe son tour

Cette troisième dose soulève également des questions administratives et politiques : sera-t-elle un jour indispensable pour continuer à bénéficier de son passe sanitaire ? Sur ce point, le ministre a botté en touche hier au Sénat, suscitant l’agacement visible de quelques élus. « Ça fait l’objet de réflexions et d’une saisine des autorités sanitaires compétentes, le comité de stratégie vaccinale, la Haute autorité de santé et le Conseil scientifique. Est-ce qu’il y a lieu ou non, pour conserver le bénéfice de son passe, d’une troisième dose, lorsqu’on est particulièrement fragile ? Je n’ai pas la réponse mais j’ai posé la question » a-t-il répondu, se montrant un peu plus clair sur l’absence (actuellement) de données justifiant l’élargissement de la campagne de rappel à toute la population.

Deux tiers des soignants suspendus finalement vaccinés

Cette question des conséquences juridiques et administratives de la troisième dose intéresse également les professionnels de santé, dont on ne sait pas non plus si cette vaccination de rappel pourrait leur être imposée. Avant de répondre à cette question épineuse, le gouvernement préfère se féliciter de constater que les deux tiers des soignants qui avaient été suspendus faute de vaccination le 30 septembre ou le 15 octobre ont finalement été vaccinés et ont pu être réintégrés. « On est donc à un taux de couverture vaccinale des salariés des établissements sanitaires et médico-sociaux qui est extrêmement élevé et un taux de suspension et de démission qui est extrêmement faible », a ainsi commenté Olivier Véran.
Et demain les enfants ?

Mais alors que cette étape de la vaccination obligatoire des soignants semble aujourd’hui accomplie (en tout cas dans l’hexagone car la situation reste très complexe en Outre-Mer comme le montre un de nos articles d’hier) d’autres défis attendent le gouvernement. Il s’agit notamment des considérations médicales et éthiques autour de la vaccination des enfants de moins de 12 ans alors que le feu vert donné hier par le comité consultatif de la FDA à l’autorisation du vaccin de Pfizer/BioNtech chez les 5/11 ans pourrait bien accélérer le débat sur ce sujet en Europe et en France.

Aurélie Haroche

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Publié le 27/10/2021
Passe sanitaire : le Sénat fait de la résistance

En commission, les sénateurs ont déposé de nombreux amendements au projet de loi dit de « vigilance sanitaire » afin de limiter l’application du passe sanitaire dans le temps et dans l’espace.

Depuis le début de la crise sanitaire, le Sénat s’est donné pour mission de limiter les restrictions des libertés. « Une question d’équilibre des pouvoirs » pour le sénateur Philippe Bas, l’un des leaders de la droite sénatoriale. Sur le projet de loi dit de « vigilance sanitaire », adopté in extremis par l’Assemblée Nationale en première lecture dans la nuit de vendredi à samedi dernier et actuellement débattu en commission au palais du Luxembourg, la chambre haute entend encore une fois faire entendre sa voix. Plus de soixante amendements ont été déposés en commission, dont 18 par Philippe Bas, rapporteur du texte.

Passe sanitaire territorialisé

Le texte adopté par les députés met en place une période de sortie d’état d’urgence, sorte d’état d’urgence allégé (jusqu’au 15 juillet 2022) durant lequel le gouvernement aura notamment la possibilité de maintenir le passe sanitaire, sans consultation des parlementaires. Mais pour Philippe Bas, « la date proposée est bien trop lointaine et ne permet pas un contrôle démocratique satisfaisant ». « La meilleure manière de s’assurer que le gouvernement n’abuse pas des pouvoirs qui lui sont octroyés, c’est encore de les limiter » ajoute le sénateur, citant presque Montesquieu. L’un des amendements déposé en commission propose donc de limiter cette période transitoire et donc l’utilisation du passe sanitaire au 28 février 2022, afin notamment que la période électorale se déroule hors état d’urgence.

Même pendant cette période réduite, les sénateurs souhaitent que l’utilisation du passe sanitaire soit conditionnée à la situation épidémique. De là un autre amendement, qui propose la mise en place d’un passe sanitaire territorialisée. Selon cette proposition, le passe sanitaire ne pourrait être maintenu que dans les départements où le taux de vaccination est inférieur à 75 % (49 départements à l’heure actuelle) et où « une circulation active du virus est constatée » selon des critères fixés par le gouvernement. Selon Philippe Bas, ce système permettrait de maintenir le principal effet positif du passe sanitaire, à savoir l’incitation à la vaccination. « Nous disons aux gens que pour se libérer du passe, il suffit d’aller se faire vacciner » explique le sénateur de la Manche. Pour rappel, le gouvernement avait fin septembre envisagé la mise en place d’un passe sanitaire territorialisée, avant d’écarter cette hypothèse.

L’Assemblée Nationale aura le dernier mot

Enfin, les sénateurs souhaitent supprimer du projet de loi un amendement du gouvernement adopté par les députés qui permet aux directeurs d’école d’avoir accès au statut vaccinal des élèves. Cette mesure, considérée par beaucoup comme une atteinte importante au secret médical, avait déjà été repoussé par le Sénat lors de l’examen de la dernière loi sanitaire en août dernier. Philippe Bas dit refuser toute « discrimination entre élèves, sur la base d’un statut vaccinal dont ils ne sont même pas responsables ».

Après l’examen en commission ce mercredi, le texte sera débattu en séance publique jeudi et probablement adopté sous une forme bien différente de celle retenu par les députés. Une commission mixte paritaire sera alors mise en place afin de trouver un texte de compromis entre les deux chambres, comme ce fut le cas en août dernier lors du précédent texte sanitaire. Pour rappel, en cas de désaccord insurmontable, l’Assemblée Nationale a le dernier mot.

Quentin Haroche

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Publié le 27/10/2021
Quand les féministes guident le peuple carabin

Une association féministe demande qu’une fresque qu’elle estime pornographique soit retirée du réfectoire de l’internat du CHU de Toulouse. Certains internes défendent l’esprit carabin.

A l’époque de MeToo et de la « cancel culture », l’esprit carabin a-t-il encore sa place ? C’est la question que soulève « l’affaire de la fresque » qui ébranle le CHU de Toulouse. Des employés de l’hôpital se sont en effet plaints de la présence, sur le mur de la salle de garde de l’internat du CHU, d’une fresque jugée pornographique. L’œuvre, parodie du tableau « La Liberté guidant le peuple », représente les médecins et chefs de service de l’hôpital en plein ébats sexuels et dans des positions lascives, au milieu des détritus. La scène mélange les scènes dégradantes (on y voit un homme tenu en laisse) mais aussi absurdes, avec la présence de plusieurs ballons de rugby.

Une fresque dans le plus pur esprit carabin mais qui n’est pas au gout de tout le monde. Signalée par un membre du collectif d’usagers de l’internat appelé « Jeudi 11-2 », elle subit depuis les foudres de l’antenne locale de l’association Osez le féminisme. Les militantes féministes ont saisi le syndicat SUD du CHU de Toulouse qui a déclenché vendredi dernier une procédure auprès de la direction de l’établissement pour obtenir la disparition de la peinture murale. Ce lundi, la direction de l’hôpital indiquait avoir demandé à l’association des internes de retirer l’ « œuvre » litigieuse, association qui n’a pas encore fait de déclarations sur l’affaire. L’inspection du travail a également été saisie.

« Culture du viol » ou « folklore de la médecine » ?

Pour les membres de l’association Osez le féminisme, une telle fresque n’est plus tolérable à l’heure où la lutte pour l’égalité entre les sexes et contre les violences sexistes est au cœur de l’actualité. « C’est du harcèlement d’ambiance, cela banalise les agressions et le harcèlement sexuel » explique Enora Lamy, coprésidente de l’antenne d’Osez le féminisme en Haute-Garonne. Même son de cloche du côté de syndicat SUD. « Cela participe clairement à répandre la culture du viol, c’est une banalisation des images pornographiques » dénonce Isabelle Prono, déléguée syndicale SUD.

Du coté des internes, certains défendent la fresque, au nom de la tradition et de l’esprit carabin. « Ça fait partie du folklore de la médecine » estime un interne interrogé par les journalistes de France Bleu. Les internes du CHU de Toulouse n’en sont d’ailleurs pas à leur coup d’essai. En 2018 déjà, ils avaient orné les murs du réfectoire d’une fresque érotique. A l’époque, une plainte du collectif « Jeudi 11-2 » avait conduit au retrait du dessin. La fresque qui fait actuellement polémique est bien plus explicite et osée que celle retirée en 2018, signe que certains internes ne souhaitent pas céder aux sirènes du politiquement correct.

Afin d’éviter que ce genre d’incidents ne se reproduisent, Osez le féminisme et le syndicat SUD souhaitent que le règlement intérieur de l’internat soit modifié et interdise ce genre de fresque « pour qu’il n’y a plus de tels actes d’homophobie » explique Benoit Dupuy, syndicaliste chez SUD (bien qu’à première vue la fresque n’ait aucun caractère spécifiquement homophobe). Les militantes féministes rappellent que Toulouse n’est pas un cas isolé et demandent le retrait de toutes les fresques à « caractère pornographique » qui ornent les salles de garde de France. Pour le collectif Jeudi 11-2, « l’esprit carabin est une honte française ».

Peut-on rire de tout ? Oui mais pas avec tout le monde. Bientôt on ne pourra plus rien faire, dire, penser. Le retour du moyen-âge de la pensée nous attend. Une fresque d'un internat est-ce de la culture ? De l'art contemporain ? Oui au même titre que les graphitis, les peintures de Basquiat ou de Haring. Car la prochaine étape sera de s'attaquer à la nudité des femmes dans les tableaux ? Le déjeuner sur l'herbe de Manet est-il menacé ?
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Les 3 grâces vivent-elles leur dernier instant à la lumière

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avant que de se parer du même pagne qui fit se couvrir les peintures du jugement dernier de Michel Ange ?

faudra t-il bannir Rubens, Courbet et son origine du monde, Botticelli, Ingres, Velasquez et j'en passe, faut-il retirer les sculpteurs des musées ?

Le Bernin et son enlèvement de Proserpine par Pluton, ou celui des Sabines par Giambologna ?

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Faut-il supprimer les statues de Maillol aux Tuileries ? Celles des jardins de Versailles ? Et partout ailleurs ?

Sans compter sur Praxitèle ?
Supprimons l'art ! Retirons ces objets qui salissent le corps humains au lieu de le sublimer ! Et tombons dans les travers d'un fanatisme véhiculé par des idolâtres qui ont détruits les bouddhas de Bâmiyân et tous les lieux culturels accessibles à ces fous.

A quoi sert l'art ? Pouvons-nous vivre dans une société sans art ? Oui, mais la vie sera certainement moins belle. l'art est-il beau ? Pas forcément aux yeux de tous, mais il procure des émotions à certains pour certaines œuvres. Là est l'utilité de l'art. Et cela nous différencie des êtres unicellulaires. [ (AB)





Source Jim.fr
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. nov. 04, 2021 8:19 pm

Publié le 04/11/2021
Transferts de compétence : des représentants des médecins exhortent les sénateurs d’abandonner des mesures « délétères » prévues dans le PLFSS

Le Sénat examine à son tour à partir d’aujourd’hui le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. On le sait, ce texte comporte plusieurs dispositions visant à accroitre les transferts de compétence vers les orthoptistes, les kinésithérapeutes ou encore les infirmiers. De nombreux représentants des médecins manifestent leur opposition frontale depuis l’introduction de ces mesures (souvent par amendements). Ils se sont notamment récemment adressés aux sénateurs pour les exhorter à renoncer à des projets qu’ils qualifient de dangereux pour la prise en charge des patients. Une lettre ouverte a ainsi été écrite par MG France, tandis que les Conseils nationaux professionnels de médecine physique et réadaptation, d’ophtalmologie et d’orl ont interpellé dans un communiqué publié hier les sénateurs et avant qu’une missive ne soit envoyée par les syndicats signataire de la convention et par l’Ordre à la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, Catherine Deroche.

Absence de concertation

Ces différents textes portent les mêmes inquiétudes. D’abord, ils s’émeuvent du manque de concertation avec les premiers intéressés. Les Conseils nationaux professionnels de médecine physique et réadaptation, d’ophtalmologie et d’orl disent ainsi qu’ils « refusent qu’un bouleversement de cette importance soit imposé sans concertation préalable entre les parties prenantes, sans prendre l’avis de l’Académie Nationale de Médecine, du Conseil National de l’Ordre des Médecins et sans évaluation par la HAS ».

Perte de chance

Autre point de convergence : le rappel de la mission première de diagnostic des médecins, qui paraît totalement oubliée par les expérimentations de transferts de compétence proposées. Dans leur lettre à Catherine Deroche, citée par le Quotidien du médecin, les syndicats et l’Ordre disent ainsi redouter une médecine « déconnectée de tout diagnostic médical et de toute stratégie thérapeutique globale ». La crainte d’une perte de chance associée à cette évolution est clairement exprimée. L’autre conséquence néfaste mise en avant est le risque d’une désaffection pour de nombreuses spécialités.

Zizanie

Ces médecins ne manquent pas par ailleurs de reprocher une certaine hypocrisie au gouvernement qui met en avant les déserts médicaux pour justifier les mesures qu’il défend. Les représentants des ophtalmologistes, des ORL et des spécialistes de médecine physique et de rééducation se moquent ainsi de « l’alibi avancé par le ministère d’un accès aux soins facilité dans les déserts médicaux, chacun sachant qu’orthoptistes, orthophonistes et kinésithérapeutes n’y sont pas mieux représentés que les professions médicales. Il faut un plan coordonné médecins-paramédicaux ambitieux pour y faire face » martèlent-ils. Peu rassurés par les prétendus “gardes fous” aménagés par les parlementaires (« En quoi l’appartenance du professionnel de santé à une CPTS résout-elle la question de la perte de chance du patient », écrivent l’Ordre et les syndicats), ces médecins déplorent encore des mesures qui font fi du parcours de soins et de la coordination avec les professionnels paramédicaux. « Cette réforme (…) sème la zizanie et casse le lien entre des médecins et des paramédicaux qui travaillaient jusque-là en harmonie dans l’intérêt des patients et qui seront demain mis en compétition, voire en conflit » écrivent les Conseils nationaux professionnels de médecine physique et réadaptation, d’ophtalmologie et d’orl qui s’inquiètent encore de la question de la responsabilité légale des paramédicaux.

De l’autre côté du miroir

Cette sollicitude affichée vis-à-vis des infirmières, orthoptistes et kinésithérapeutes pourraient ne pas complètement convaincre ces derniers. A la différence des médecins, beaucoup dans leurs rangs se félicitent en effet de voir certaines de leurs revendications prendre corps, même s’ils s’interrogent quant aux répercussions financières.

Aurélie Haroche
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Plafonnement du salaire des médecins intérimaires : la loi Rist reportée dans les hôpitaux

En raison du contexte sanitaire tendu, le gouvernement décale l'application de la loi Rist dans les hôpitaux à 2022, une loi qui vise à encadrer les salaires des médecins intérimaires.

Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié le 22/10/2021 18:48


Le gouvernement accorde un répit à l'hôpital public jeudi 21 octobre, il reporte à 2022 la loi Rist qui vise à mieux contrôler les rémunérations des médecins intérimaires. Elle ne sera donc pas appliquée le 28 octobre prochain. En plein contexte Covid-19, la situation est encore tendue et l'application de cette loi risquait de provoquer une pénurie de praticiens dans certains établissements qui se sont mobilisés contre l'application de cette loi.

Certains médecins se font payer jusqu'à 4 000 euros la journée pour une mission d'intérim, les hôpitaux qui manquent de personnel acceptent de payer ces tarifs prohibitifs mais cela pèse lourd sur leur budget. Depuis 2020, il y a bien un décret qui plafonne ces tarifs à 1 100 euros la journée, mais il n'est pas respecté. C'était le but de la loi Rist du nom d'une députée LREM. Encadrer strictement les salaires des intérimaires, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, était d'accord sur le principe, mais en plein contexte Covid-19 avec des personnels épuisés à remplacer, il apprécie le report de la loi. "L'encadrement de l'intérêt médical est quelque chose de positif, néanmoins, c'est vrai que le contexte n'était pas le meilleur", assure Frédéric Valletoux.

"On plaidait depuis quelques semaines pour un assouplissement. Il y a sans doute à travailler à une charte avec l'Ordre national des médecins, avec les sociétés d'intérim pour qu'elles respectent le cadre réglementaire."

Le ministre de la Santé, Olivier Véran doit rencontrer les responsables de l'hôpital public et des sociétés d'intérim dès la semaine du 25 octobre pour préparer l'application en 2022 de l'encadrement des salaires des médecins intérimaires.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. nov. 13, 2021 1:12 pm

Le plus grand malade de France, c'est l'hôpital. On l'a laissé crever à petit coup de réformes toutes plus inutiles les unes que les autres, on a favorisé le tout médecin au détriment des soignants "simples exécutants" on les a sous-payé trop longtemps (ça continue encore d'ailleurs) on a fait rentrer des administratifs issus des écoles de commerce, de gestion ou de Rennes, qui ne connaissent strictement rien de l'hôpital, ne savent pas à quoi ressemble un patient, voient en une année moins de patient qu'une infirmière en une matinée, on a ajouté encore et toujours de l'administratif qui étouffe et paralyse les structures de l’hôpital. On a voulu faire des missions, des innovations, des services référents, des vitrines... Sauf qu'il n'y a pas de moyen pour ça. On a méprisé les soignants, qui dégoûtés vont voir ailleurs et quittent le Titanic de la santé. C'est la revanche des oubliés. Ne restera que des gestionnaires croyant connaitre les lois mais ne les maitrisent pas. Ils régneront sur un désert sanitaire.

Publié le 06/11/2021
Que reste-t-il du meilleur système de santé du monde ?

La France a le meilleur système de santé au monde » pavoisaient régulièrement jusqu’à encore récemment nos ministres de la santé. Pour beaucoup, c’est pourtant déjà une vieille antienne, devenue grotesque à force d’avoir été répétée et détrompée régulièrement par les faits. Pourtant, certains classements continuent encore à l’affirmer. Ainsi, récemment le magazine Ceoworld s’est intéressé aux systèmes de santé de 89 pays, en analysant une centaine de critères, dont les plus importants étaient la qualité des soins, les compétences des professionnels et le coût des soins. Résultat : la France se situe à la septième place et au troisième rang européen après le Danemark et l’Autriche, tandis que la Corée du Sud et Taïwan occupent les deux premières places. Ces classements et comparaisons sont cependant toujours susceptibles d’être si non contestés au moins nuancés. D’ailleurs, dans un livre récemment paru, intitulé Which Country Has the Best Health Care ?, l’oncologue américain Ezekiel J. Emmanuel se montre moins prévenant vis-à-vis du modèle français. Il souligne en effet que si la liberté de choix des médecins ou encore le faible coût de l’ensemble des soins représentent effectivement des atouts majeurs de notre système, il souffre d’un cruel manque d’innovation.

Rien de nouveau

La grande majorité des professionnels de santé hospitaliers ne pourront probablement qu’abonder dans son sens. Mais ce défaut d’innovation n’est pas à rechercher dans l’absence de numérisation ou dans un accès trop lent à certaines nouvelles technologies, il se manifeste de façon bien plus prosaïque par des locaux parfois totalement délabrés (l’absence d’eau chaude a par exemple été signalée récemment par une sénatrice dans le service de neurologie du Kremlin-Bicêtre !), par des équipements de base dysfonctionnant et qui ne sont pas remplacés et surtout par une sclérose organisationnelle. « La médicalisation de la gouvernance hospitalière manque singulièrement d’ambition par rapport à d’autres systèmes de santé européens, bien en avance sur le nôtre », remarquaient ainsi en septembre dans une tribune publiée dans Le Monde plusieurs praticiens hospitaliers (Jean-François Colombani [Martinique], Mehdi Medjoubi [Valenciennes], Arianne Sultan [Montpellier] et Benjamin Wyplopsz [AP-HP]).

Bien avant la Covid

Le malaise est très ancien. « Dès les années 2000, un certain nombre de PH ont quitté l’hôpital public qui a ainsi perdu une partie de sa cheville ouvrière. Ces départs ont été suivis par la démission de PU-PH de CHU en direction du privé, événement inimaginable quelques années auparavant. Ainsi, le dépérissement de l’hôpital public n’est pas récent et s’est déroulé progressivement sur les vingt dernières années » rappellent ainsi les auteurs de ce texte. Depuis la même époque, on ne compte plus le nombre d’alertes lancées par les syndicats et de tribunes signées parfois par des chefs de service pour signaler le délabrement de l’hôpital public. « Les sous-effectifs persistants dans les services, le manque de lits, dits « d'aval », pour les patient·es devant être hospitalisé·es à la sortie des urgences, la sous-rémunération des paramédicaux, ont pour conséquences des démissions ou des arrêts maladies des personnels soignants, toutes professions confondues, et une surcharge de travail concomitante. Pour les patient·es, l'accueil est maintenant souvent dégradé et, parfois, des dysfonctionnements importants ont lieu remettant en cause la qualité de la prise en charge. L'accueil des malades dans l'isolement familial ou social est devenu défaillant » écrivait ainsi en 2019 un collectif d’associations dans Libération.

A Blois, tout va bien !

L’épidémie paraît cependant avoir encore accéléré cette dégradation chronique. Il ne se passe désormais plus une semaine sans que l’ampleur des fermetures de lits ne soit rappelée. Cette semaine, dans le Monde, plusieurs chefs d’unités neuro-vasculaires parisiennes décrivaient ainsi une catastrophe : « Nous assistons aujourd’hui à une situation sans précédent. En Ile-de-France, 12 % des lits d’UNV sont fermés, mais c’est particulièrement à Paris que la situation est explosive avec près de 30 % des lits fermés (71 lits fermés sur les 258) et 50 % des postes infirmiers non pourvus ». Dans le Figaro, l’infirmier et juriste Vincent Lautard membre actif du mouvement le Printemps Républicain décrit de manière plus générale : « De nombreux lits d'hospitalisation, voire des services entiers sont fermés à cause du manque de professionnels de santé. Les Français mettent sur certains territoires, plusieurs mois pour trouver un médecin généraliste ou un spécialiste disponible. Les problématiques que nous connaissons depuis 20 ans, refont surface, majorées par une épidémie qui a fini de décourager des soignants à bout de souffle ».

Face à cette situation, le gouvernement rivalise de mauvaise foi. Le Dr Alexandre Roux, neurochirurgien et membre du Syndicat Jeune Médecin ironise toujours dans le Figaro : « Notre Ministre de la Santé s'est voulu rassurant en prenant l'exemple du Centre Hospitalier de Blois où seulement 5 lits sur 230 sont fermés. Il devrait visiter d'autres Hôpitaux et il pourrait alors y constater une situation bien différente (18 lits sur 45 fermés dans mon service d'affectation, soit 40 %). «Priorité à la qualité des soins et à la continuité des soins» nous dit-il. Cela ne sera bientôt plus possible ».

Des rustines insuffisantes…

Pourtant, répondant à ces multiples alertes, les plans d’investissement se sont eux aussi multipliés et ont également précédé la crise. On se souvient par exemple du programme « Investir pour l’hôpital » présenté par le Président de la République le 20 novembre 2019. Insuffisant, ont jugé la plupart des acteurs, non pas réellement sur le plan budgétaire mais en raison de son absence de réelle ambition en ce qui concerne la refondation de l’hôpital : « Le plan «Investir pour l’hôpital», présenté par le gouvernement le 20 novembre, est bien loin de répondre aux besoins humains et matériels qui se présentent à nous aujourd’hui ainsi qu’au défi plus que pressant de refondation de l’hôpital public. La reprise d’un tiers de la dette va bien permettre de dégager des fonds mais le plan ne propose pas un véritable changement du modèle », écrivait ainsi le collectif d’associations dans Libération.

… à l’image du Ségur

« Et le Ségur alors ? Les soignants n'ont-ils pas eu ce qu'ils voulaient ? Un effort indispensable, bien sûr, mais insuffisant, car nous l'avons dit la problématique n'est pas que pécuniaire, loin de là. Bref, un coup d'épée dans l'eau. Les soignants attendaient une réforme structurelle de l'Hôpital Public : rénovation des locaux, achat de matériel, réorganisation du travail, recrutement de personnel soignant… » renchérit Alexandre Roux. « Pourtant, l’hôpital public va bénéficier d’un effort financier colossal inédit depuis des décennies : augmentation salariale du personnel non médical, rattrapage en investissements… Mais le Ségur de la santé améliore insuffisamment la rémunération des médecins et ne change que marginalement l’organisation et la gouvernance de l’hôpital (même si les quelques évolutions sont positives) » regrettaient déjà en septembre les praticiens hospitaliers signataires de la tribune du Monde.

Pas d'Hôpital du futur sans Hôpital du présent

Aussi, les perspectives sont sombres. « Dès lors, dès demain, faute de rénovation, le déficit se renouvellera. L’hôpital se verra une nouvelle fois forcé de déployer des mesures d’économies » prédisait en 2019 le collectif d’associations. Deux ans plus tard, les praticiens hospitaliers ne se montrent guère plus positif : « Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le temps que les déficits réalimentent les dettes, une nouvelle crise hospitalière du même type resurgira. L’argent ne réparera pas les dysfonctionnements organisationnels. Comment allons-nous gérer la désertification médicale qui s’aggrave vers un point de non-retour dans la France « périphérique » ? L’état actuel de notre système de santé ne peut se justifier alors que la France y consacre plus de 11,5 % de son PIB » écrivent-ils dans Le Monde. Dès lors, les présentations dithyrambiques sur l’hôpital du futur ne peuvent qu’exaspérer. Alexandre Roux s’emporte : « Nous nous insurgeons contre les «experts» en Système de Santé qui nous parlent de l'Hôpital de demain, numérique, connecté, soumis à l'intelligence artificielle… Ont-ils déjà mis un pied à l'Hôpital ? Ont-ils déjà soigné un patient ? Connaissent-ils vraiment l'état de notre système de santé ? L'avenir de l'Hôpital Public doit être anticipé et réfléchi, bien sûr, mais l'urgence est au sauvetage de celui-ci. Il n'y aura pas d'Hôpital du futur sans Hôpital du présent ».

Amertume

Le diagnostic est très sombre et le ressenti face aux traitements palliatifs engagés est amer. Les questions restent les mêmes, indéfiniment : « Comment donner envie aux futurs médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, orthophonistes, brancardiers de travailler à l'Hôpital Public dans de telles conditions ? Le Président de l'Intersyndicale Nationale des Internes (ISNI) rapporte, preuve scientifique à l'appui, que 39 % des Médecins en formation (Internes) présentent des troubles dépressifs et 20 % des idées suicidaires… De plus, bien que le métier d'infirmier continue d'attirer les vocations (quand on regarde les résultats des plateformes de choix des Lycéens), on retrouve 17 % d'abandon en cours de formation » interroge Alexandre Roux.

Des embauches massives indispensables pour soigner les patients… et les soignants

Les priorités semblent d’abord l’amélioration significative des conditions de travail dont une enquête de la DREES publiée cette semaine (voir un article pro et société d’hier) a signalé qu’elles étaient considérablement moins bonnes pour les salariés du secteur de la santé que pour les autres. Pour ce faire, outre un nouvel effort concernant les rémunérations, des embauches massives s’imposent. Vincent Lautard et le Printemps Républicain préconisent ainsi : « Nous proposons d'établir des ratios obligatoires de soignants, de personnel social et éducatif par service et par nombre de patients/résidents et un moratoire sur la fermeture des lits. (…) Nous proposons de mettre en place un ratio de 1 professionnel pour 1 résident dans les structures médico-sociales (aujourd'hui c'est 0,6 environ) et le développement de structures médico-sociales pour personnes âgées et/ou pour personnes handicapées à taille humaine (pas plus de 40 résidents) », écrit-il.

Sclérose administrative

Une autre attente majeure est la lutte active contre l’embolisation administrative. Alexandre Roux relève : « Selon la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DREES) il y avait en France en 2016, dans les Établissements Publics de Santé, 98 579 emplois médicaux contre 96 191 emplois administratifs. Une telle disparité entre le recrutement massif de personnels administratifs ces dernières années et la carence en personnel soignant est étonnante ». Il ajoute plus loin évoquant les déprogrammations entrainées par l’épidémie et par la pénurie de lits : « Certains médecins passent plus de temps à gérer administrativement ces reports d'intervention ou à rassurer les patients, inquiets d'un tel délai, qu'à pratiquer des soins d'excellence ». De leur côté, les praticiens hospitaliers signataires de la tribune publiée dans le Monde remarquent presque fatalistes : « Un guide « pour mieux manager » est même diffusé par le ministère… Les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) continuent à déployer leur surcouche administrative et à déshabiller les petits centres ».

Des propositions controversées

Mais les priorités dessinées par ces observateurs, outre qu’elles s’émancipent de considérations budgétaires pourtant incontournables, ne sont pas toutes aussi consensuelles. Ainsi, Vincent Lautard défend deux idées très controversées dans la communauté médicale : « Demander aux médecins de pratiquer 2 ans dans une zone sous-dotée en médecins pendant leur carrière dans la région où ils sont installés. Cette pratique pourra se faire en continu ou discontinu et s'accompagnera d'une augmentation de la rémunération des médecins. (…) Augmenter rapidement les compétences de l'ensemble des paramédicaux. Cette solution a été mise en place dans de nombreux pays étrangers depuis des années et cela a permis un meilleur accompagnement des malades et, une meilleure coordination entre les professionnels de santé. Cela évitera aussi que les paramédicaux travaillent dans l'illégalité pour pallier l'absence de médecins » propose-t-il alors que l’accès direct aux paramédicaux et les transferts de compétences aujourd’hui envisagés par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de financement de sécurité sociale ont soulevé une levée de boucliers de la part des syndicats et des Ordres. Néanmoins, au-delà de la sphère syndicale, certains praticiens affirment faire confiance aux paramédicaux pour que ce type d’évolutions ne se fasse pas au détriment de la qualité des diagnostics et des prises en charge (voir par exemple la contribution du cardiologue Florian Zorres sur ce sujet sur Twitter).

Un enjeu majeur de la campagne présidentielle

Quelles soient très consensuelles ou plus controversées, ces propositions confirment l’importance du désir de voir ces sujets prendre une place majeure dans la future campagne présidentielle. Jean-François Colombani et ses confrères concluent ainsi : « La campagne présidentielle à venir doit se saisir du thème de la réforme hospitalière et plus largement de la santé afin que le prochain quinquennat soit l’occasion d’un indispensable changement de paradigme ». Par ailleurs, quand les propositions de Vincent Lautard s’inscrivent clairement dans le cadre de la campagne présidentielle, Alexandre Roux insiste : « Notre futur Président aura la lourde responsabilité de ranimer l'Hôpital Public via des mesures courageuses et ambitieuses car si la santé a un coût, elle n'a pas de prix ».



Aurélie Haroche
jim.f


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Publié le 13/11/2021

Vaccination des enfants contre la Covid : et si on parlait (en France) avant d’être mis devant le fait accompli ?

Une semaine après l’ouverture de la vaccination contre la Covid aux 5/11 ans aux États-Unis, quelques 900 000 enfants avaient déjà reçu une première injection de vaccin. Même si les parents américains restent divisés, les images de longues files d’attente de familles aux abords de centres de vaccination ont voulu parfaire l’image d’une nation américaine déterminée à protéger activement l’ensemble de sa population. Dans le sillage des États-Unis, Israël, dont les autorités de régulation viennent de donner leur feu vert à la vaccination des plus jeunes, pourrait prochainement débuter une campagne similaire. Enfin, en Europe, même si l’Agence européenne du médicament (EMA) n’entend pas se prononcer sur l’utilisation du vaccin de Pfizer/BioNTech chez les plus jeunes avant le mois de décembre, certains pays ne cachent pas une certaine forme d’impatience. Ainsi, en Belgique, ce 11 novembre, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, s’est déclaré résolument favorable à la vaccination des enfants.

Circulez, il n’y a rien à dire

Et en France ? Pas à l’ordre du jour, répond-t-on de toute part, en ajoutant que l’on se montrera particulièrement attentif aux données disponibles et qu’il n’est pas question de presser l’EMA. Dès lors, les complotistes en tous genres qui lancent depuis déjà des semaines des mots d’ordre sur les réseaux sociaux appelant à « ne pas toucher aux enfants » sont priés de recouvrer, si c’est possible, la raison. Air connu, se désolent certains observateurs. Tout se passe comme si une nouvelle fois, le débat était confisqué d’avance : en parler auparavant relèverait de la fantasmagorie, mais lorsque la décision sera prise, pour répondre à une forme d’urgence à la suite d’un conseil de défense il serait interdit sous peine d’être taxé d’incivisme (ou pire de complotisme ou de négationisme) de la critiquer. C’est ce que résume la rédactrice en chef de Marianne, Natacha Polony dans son éditorial de la semaine : « Bien évidemment, quiconque pose des questions est soupçonné de complotisme. « Il n’en est pas question pour l’instant », balaye-t-on du côté des autorités sanitaires. Du coup, s’en préoccuper maintenant serait presque malsain. On est prié d’attendre que la décision apparaisse tout à coup nécessaire et urgente devant la remontée alarmante des cas de Covid dans un mois, deux mois, ou au printemps, peu importe. De même que débattre de l’opportunité d’un passe sanitaire était outrecuidant avant qu’Emmanuel Macron ne l’annonce avec fracas le 12 juillet » remarque-t-elle.

Et si pour une fois, on parlait avant d’imposer ?

Pourtant, face aux enjeux, à la complexité de la question, il ne semble pas déplacé d’espérer un véritable débat préalable. «Pouvons-nous espérer qu’une fois, une seule fois, un débat sera anticipé, soumis aux citoyens et à leurs représentants, en toute transparence, sans agiter les peurs, en s’assurant d’une adhésion éclairée ? Ce serait nécessaire pour défendre cette vieillerie qu’on appelle démocratie » s’interroge Natacha Polony. Le professeur d’éthique médicale Emmanuel Hirsch lui fait écho dans les colonnes du Journal du Dimanche en invitant lui aussi à méditer les leçons du passé (proche) : « Entre la prévalence accordée aux enjeux supérieurs de santé publique au regard de choix personnels, l'évaluation des risques acceptables dans une stratégie vaccinale, les modalités de priorisation, la prise en compte des vulnérabilités socioculturelles du point de vue de l'équité, l'incitation à la vaccination plutôt que son obligation, la gouvernance et l'organisation des dispositifs, les modalités de communication et d'information, le discernement éthique aurait pu davantage intervenir pour éclairer les arbitrages et contribuer à leur acceptabilité sans devoir recourir à des stratagèmes controversés comme ce fut le cas dans la mise en place du passe sanitaire. Tenons compte de cette expérience ambivalente pour aborder en responsabilité, dans la transparence et la concertation une autre phase de la stratégie vaccinale » expose-t-il avant de conclure déjà fataliste : « Il aurait été sage, dans les circonstances présentes, de créer une concertation sérieuse avec les parents d'une part et les enfants d'autre part, afin d'anticiper, de repérer les enjeux et les tensions que les instances publiques devraient prendre en compte dans l'organisation de la stratégie vaccinale des enfants, spécifique au contexte du Covid-19 ».

Et si le gouvernement était de nouveau contaminé par la peur de froisser les opposants ?

Comment interpréter cet apparent refus d’un débat préalable par les autorités sanitaires qui systématiquement bottent en touche en assurant que la question n’est pas à l’ordre du jour ? Certains voudront donc y voir l’application une nouvelle fois d’une stratégie visant à empêcher la contestation. Mais d’autres s’interrogent : n’est-on pas en train de revivre le scénario du début de la campagne de vaccination, quand la crainte de l’ampleur de l’influence des anti-vaccins avait dicté au gouvernement une attitude plus que prudente ? « La crainte, légitime, que la perspective de vacciner les enfants alimente fortement l’opposition anti-vax est dans toutes les têtes. Mais, a contrario, ce serait sans doute à tort qu’une telle anticipation alimenterait les décisions publiques : c’est là l’une des leçons les plus nettes des débuts de la campagne vaccinale au début de l’année 2021, manifestée par une adhésion vaccinale, dès avant l’introduction du passe sanitaire, que les données d’intention à l’automne 2020 ne permettaient pas d’espérer » observe ainsi pour le think tank Terra Nova, Mélanie Heard, docteur en sciences politiques.

Les formes graves trop rares chez l’enfant pour constituer un critère d’évaluation de l’efficacité des vaccins ?

Quelles que soient les raisons inavouées du tabou et des réticences de l’exécutif mais aussi des scientifiques et médecins français, le débat a en réalité déjà lieu et nous nous proposons de l’illustrer dans ces colonnes.

La question tout d’abord de la qualité des données disponibles alimente en premier lieu de nombreuses discussions. Le Pr Robert Cohen (CHI Créteil) et d’autres ont notamment à plusieurs reprises regretté la petite taille des effectifs des enfants inclus dans les études ad hoc ou encore le fait que le principal critère de jugement a été non pas la diminution des formes graves mais la réponse immunitaire. « Du fait de la rareté des formes graves chez l’enfant, leur fréquence ne pouvait pas constituer le critère de jugement pertinent de l’efficacité dans cet essai ; à la place, l’essai reposait sur une mesure de la réponse immunitaire (taux d’anticorps) chez les enfants, pour la comparer à celle retenue comme protectrice chez les adultes. La FDA a analysé les données qui comparaient la réponse immunitaire de 264 enfants dans cette étude à 253 participants âgés de 16 à 25 ans vaccinés dans une étude précédente ayant déterminé que le vaccin était efficace pour prévenir le COVID-19. Les réponses immunitaires des participants plus jeunes étaient comparables à celles des participants plus âgés, et l’essai démontre donc que les enfants vaccinés atteignent les niveaux protecteurs d’anticorps observés chez les adolescents et adultes protégés par la vaccination. En complément, les résultats incluaient une évaluation des survenues d’infections symptomatiques dans les deux bras au moins 7 jours après la deuxième dose, et concluent à une efficacité du vaccin de 90,7% contre les formes symptomatiques » répond Mélanie Heard.

Des effets secondaires trop exceptionnels pour être détectés au cours d’un essai clinique ?

Cependant, l’autre défaut d’un échantillon trop restreint est la plus grande difficulté à mesurer le risque d’effets secondaires et notamment de myocardites/péricardites. « Le vaccin ne provoquerait que des gentilles myocardites, contrairement à l’infection qui elle provoque de méchantes myocardites » ironise sur Twitter le docteur Claudina Michal-Teitelbaum en analysant les résumés des conclusions des Centres de contrôle des maladies (CDC) dont elle considère les membres convaincus par avance par la nécessité de la vaccination pédiatrique. Mais là encore Mélanie Heard nuance la caricature : « Ce risque a bien sûr été spécifiquement discuté lors des délibérations à la FDA comme à l’ACIP. Premier point de consensus méthodologique : l’extrême rareté de cet effet secondaire rend de toutes façons impossible la constitution d’un échantillon de taille suffisante pour faire progresser les connaissances dans le cadre d’un essai clinique. Seules les données à venir « en vie réelle » permettront d’en savoir davantage. Il faut donc raisonner par analogies. Matt Oster, cardiologue pédiatrique du CDC, a rappelé à l’ACIP que la plupart des cas de myocardite après la vaccination sont bénins et de courte durée. Au vu des connaissances actuelles sur les myocardites classiques et leurs facteurs de risque infectieux, le risque de myocardite chez les 5-11 ans est susceptible d’être plus faible que chez les adolescents et jeunes hommes, a déclaré Oster, concluant que l’infection par le Covid est plus susceptible de déclencher une myocardite que le vaccin : «avoir le Covid est beaucoup plus risqué pour le cœur qu’être vacciné, quels que soient l’âge et le sexe », a-t-il affirmé ».

On vaccine bien contre la rougeole…

Cependant, si ces discussions sont si importantes c’est que le bénéfice de la vaccination chez les enfants de 5/11 ans est l’objet lui aussi de discussions. Sur ce point, beaucoup d’experts se sont employés à rappeler que les décès liés à la Covid chez les plus petits ont été très rares en France et ont toujours concerné des enfants souffrant de comorbidités. Néanmoins, la vaccination contre les maladies infectieuses des plus jeunes répond-t-elle systématiquement en Occident à la prévention d’un risque majeur ?

Le Pr Gilbert Deray faisait ainsi remarquer sur Twitter que les autres maladies dont on protège par la vaccination sont en réalité à l’origine, dans les pays occidentaux, d’une mortalité très faible (telle la rougeole par exemple et ce même avant l’introduction de la vaccination systématique).

Les petits Français ne sont pas des Américains comme les autres

Pour autant, en France, on signale également que la situation sanitaire de nos enfants et celle des petits américains serait très différente, en raison de l’impact de l’obésité et du diabète outre-Atlantique. Une idée que là encore nuance Mélanie Heard en rappelant les chiffres du réseau ObEpi : « En France, la dernière enquête déclarative ObEpi fin 2020 suggère que 18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % des enfants de 8 à 18 ans sont concernés par l’obésité (IMC>30 kg/m2) [8]. (…) L’l’impact du facteur socio-économique est désormais largement démontré, avec dans l’enquête ObEpi 75 % des 8-17 ans en surcharge pondérale qui sont «issus de catégories populaires, soit 9 points de plus que dans la population générale ». Aux Etats-Unis, la prévalence de l’obésité chez les enfants est une préoccupation majeure, puisqu’elle concerne selon le CDC 13,4 % des 2-5 ans, 20,3 % des 6-11, et 21,2 % des 12-19 ans. Le CDC souligne l’impact de l’origine ethnique, de même que le fort gradient social qui affecte ces prévalences. (…) Dans les positions de l’ACIP américaine, comme d’ailleurs par exemple dans la position de l’Académie européenne de pédiatrie en faveur de la vaccination des enfants, on ne voit pas d’arguments explicites indexant la pertinence de la vaccination à la prévalence de l’obésité infantile. Que recouvre le raisonnement qui consiste à dire que la prévalence moindre d’un facteur de risque, parce qu’il explique une moindre prévalence des formes graves pédiatriques, atténue l’urgence de la prévention ? A poursuivre un tel raisonnement, il semble qu’il faille assez vite s’accorder sur la difficulté de fixer un seuil en-deçà duquel la prévalence de ce facteur de risque rendrait la précaution non-urgente ».

Le spectre très hypothétique de la Covid longue

Dubitatifs quant à la pertinence d’un éventuel sur risque pour les petits Américains, les défenseurs de la vaccination des enfants, tiennent pour leur part à mettre en avant le poids de la Covid longue, en dépit des zones d’ombre qui continuent à exister à propos de cette dernière. Ces incertitudes sont bien mises en avant par une étude française publiée dans le JAMA Internal Medicine qui remarque que la conviction d’avoir été infecté par SARS-CoV-2 apparaît bien plus certainement associée aux symptômes de la Covid longue que le fait d’avoir été réellement infecté…(nous reviendrons plus longuement sur ce travail dans nos prochaines éditions). Les pédiatres français signalent d’ailleurs que bien plus que la Covid longue, c’est l’épidémie de troubles mentaux liés à la façon dont les enfants ont été considérés ces 18 derniers mois qui doit préoccuper aujourd’hui. Un point signalé par le CCNE dans son avis sur la vaccination des adolescents face à laquelle il ne cachait pas sa réticence : « Si l’impact de la pandémie, en termes de risques liés à l’infection, est très faible dans la population des enfants et des adolescents, l’impact psychologique a été majeur en particulier chez les adolescents, et plus encore dans les populations défavorisées. En d’autres termes, la politique de prévention appliquée à l’ensemble de la population française ne pourrait-elle pas apparaître comme excessive à l’égard de la jeunesse ? », écrivaient les sages.

Les enfants représentent-ils vraiment un risque viral ?

Si l’intérêt direct de la vaccination des enfants suscite donc des interrogations (pour ne pas dire des réticences), la question de l’intérêt collectif est également prégnante et débattue. Bien sûr, beaucoup a déjà été dit sur le réflexe individualiste qui consisterait à refuser une vaccination qui peut protéger l’ensemble de la population. Cependant, c’est oublier que jusqu’à aujourd’hui le bénéfice d’une vaccination a toujours été d’abord apprécié en observant son intérêt « individuel », tandis que l’idée d’une vaccination altruiste ne peut ici être invoquée. En effet, la notion de vaccination altruiste renvoie à l’impossibilité pour certaines personnes de se faire vacciner, ce qui n’est que très rarement le cas en ce qui concerne la Covid. En tout état de cause, sur cette question du bénéfice collectif de la vaccination des plus jeunes, on se souvient des réserves importantes du Comité consultatif national d’éthique au sujet de la vaccination des adolescents. Il s’interrogeait : « Sachant qu'un nombre significatif d'adultes, dont des personnes présentant des comorbidités, ne procèderont pas à la vaccination, est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de vaccination d'une partie de la population adulte ? ». Surtout, mettre en avant l’intérêt collectif de la vaccination des enfants, c’est oublier d’abord les incertitudes qui existent sur l’efficacité des vaccins en la matière. Claudina Michal-Teitelbaum remarque en se référant aux conclusions des CDC : « La vaccination des 5/11 ans permettrait de réduire de 8 % la transmission. Mais en réalité seulement si le virus circule beaucoup et que le vaccin garde une efficacité constante ». Par ailleurs, le rôle joué par les enfants dans l’épidémie doit entrer en ligne de compte. Or, si beaucoup (dont le Pr Gilbert Deray) se désolent que certains (telle la Société française de pédiatrie) semblent « minimiser » leur rôle, des données très récentes semblent confirmer une cinétique de circulation du virus bien plus lente chez l’enfant et des transmissions adultes/enfants bien plus fréquentes que l’inverse.

Protéger les enfants même des risques les plus rares

Derrière ces différents arguments scientifiques et techniques, c’est sans doute des conceptions différentes de la santé des enfants, mais aussi de la vaccination qui s’opposent. Mélanie Heard relève : « Dans l’appréhension de la vaccination des enfants aujourd’hui, il semble qu’en réalité deux visions normatives de la santé des enfants s’affrontent. Du côté des pédiatres, la revendication qui est en jeu, c’est que la politique de santé considère les besoins spécifiques des enfants : « La manière dont on a considéré les enfants, ces quinze derniers mois, est peut-être finalement révélatrice de la place qu’on leur donne dans la société : on les a considérés comme des êtres sans besoins spécifiques » affirme Christèle Gras-Le Guen. Ce plaidoyer s’ancre dans une lutte importante et ancienne pour la reconnaissance des particularités de la santé des enfants et de l’attention spécifique que demandent les soins qu’on leur apporte. (…) Avec l’épidémie de Covid, le caractère insupportable des situations d’isolement connues par les enfants hospitalisés pendant le confinement, les difficultés d’accès aux soins des enfants vulnérables durant cette période, et l’inquiétude devant les chiffres alarmants concernant la santé mentale des mineurs, ont ravivé ce plaidoyer. C’est ce paradigme de valeurs, ancré dans un combat que les dernières décennies ont certes fait avancer mais qui reste pleinement d’actualité, qui semble guider certaines des positions prises par les pédiatres. La santé des enfants ne se régule pas avec les schémas des adultes, elle doit intégrer une attention particulière aux besoins, aux inquiétudes notamment, qu’ils rencontrent lorsqu’ils sont malades mais aussi dans leur quotidien » résume-t-elle. Cependant, elle note également que la médecine pédiatrique occidentale est sous-tendue par l’idée que les précautions doivent toujours être plus importantes en ce qui concerne la protection des enfants et que cela doit probablement non seulement inciter à la prudence quand il faut les protéger d’hypothétiques méfaits du vaccin, mais également inciter à agir pour les prémunir de tous risques, même extrêmement rares. D’ailleurs, c’est probablement dans cette optique, mais aussi parce que la confiance des autorités dans les vaccins et l’idée que ces derniers doivent également servir l’intérêt collectif sont très différentes de l’attitude française que la vaccination contre la grippe est aux États-Unis recommandée à tous dès le plus jeune âge. Un autre éclairage de la raison des différences d’appréhension de la vaccination des plus petits par les autorités politiques et médicales américaines et françaises. Un débat qui devrait se poursuivre et s’intensifier dans les semaines à venir. Il faut l’espérer.



Aurélie Haroche

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Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. nov. 22, 2021 6:16 pm

Publié le 22/11/2021
Voyons l’évolution du taux des anticorps avant et après la 3e dose d’un vaccin anti Covid

La durabilité de la réponse post vaccinale contre le SARS-CoV-2 après vaccin BNT162b2, Pfizer Bio Tech, chez les adultes de 60 ans et plus, reste encore imprécise. Il est reconnu que la réponse après deux doses vaccinales est plus faible chez les sujets âgés de 65 à 85 ans, comparativement à ceux dont l’âge est compris entre 18 et 55 ans. Dans une série de 4 868 professionnels de santé ayant reçu deux doses vaccinales, une baisse significative de la réponse humorale en IgG, anticorps neutralisants, a été observée après les 6 mois suivant la seconde injection, notamment chez les plus de 65 ans. Faisant suite à la survenue, en Israël, d’une quatrième vague de Covid-19, le Ministère de la Santé a autorisé, fin Juillet 2021, l’administration d’une 3e dose de vaccin BNT162b2, chez les sujets de 60 ans et plus, mesure, par la suite, étendue à des populations plus jeunes.

Cela s’est passé en Israël au moment de la 4e vague

N. Eliakim-Raz et ses collaborateurs ont dosé le taux d’anticorps IgG anti spike (anti-S), avant et après la 3e dose vaccinale dans une population de personnes de plus de 60 ans, à haut risque de développer une forme sévère de Covid-19, aptes à être vaccinées. Après exclusion du fait d’une infection antérieure ou d’un cancer en activité, le titre d’anticorps IgG anti-S a été déterminé avant la 3e injection, entre le 4 et 12 Août 2021, puis après celle-ci, entre le 16 et 24 Août. Le dosage a été effectué en laboratoire de microbiologie par essai Quant (Laboratoire Abbott). La séropositivité était définie, de manière arbitraire, par un taux d’au moins 50 unités (AU) / mL. Tous les participants avaient donné leur consentement par écrit. La différence entre les taux d’IgG avant et 10 à 19 jours suivant la 3e injection a été appréciée par test Wilcoxon, après corrélation avec l’âge des vaccinés. En analyse multi variée ont été pris en compte l’âge, le jour de la 1ère vaccination, le sexe et les principales comorbidités, notamment un diabète et ou une maladie cardiovasculaire.

Ont été enrôlés 97 participants, d’âge médian 70 ans (IQR : 67- 74), 61 % d’entre eux étant des femmes. Avant la 3e dose, en moyenne 221 jours (IQR : 218- 225) après la 1ère injection vaccinale, 94 sur 97 étaient séropositifs. Le taux moyen d’anticorps IgG anti-S a augmenté de façon très notable après la 3e injection, passant de 440 AU /mL (IQR : 294- 923) à 25 468 AU /mL (IQR : 14 203- 36 618), soit un p très significatif à < 0,001. Tous les vaccinés sont devenus séropositifs. Il n’a pas été observé de corrélation entre l’âge du sujet et le titre d’IgG (R =- 0,075 ; p = 0,47). On n’a pas décelé, non plus, d’association entre les plus hauts titres d’anticorps et l’âge, le sexe, le délai après la 1ère injection ou encore les comorbidités. Aucun effet délétère majeur lié à la 3e dose n’a été à déplorer,

Augmentation significative du taux des anticorps 10 à 19 jours après l’injection

Cette étude démontre donc qu’une 3e injection de vaccin BNT 162b2 Pfizer Bio Tech, chez des adultes d’au moins 60 ans est associée à une augmentation significative de taux d’IgG anti-S, 10 à 19 jours après le rappel, sans effet secondaire notable. Il était déjà acquis qu’une 3e dose de vaccin anti SARS-CoV-2- mARN 1273 de Moderna amenait à 49 % de séropositivité chez des transplantés rénaux qui n’avaient pas répondu après 2 doses vaccinales, ces résultats n’étant, assurément, pas généralisables à d’autres types de population. De plus, dans un collectif de 1 137 804 israéliens de 60 ans, voire plus, ayant reçu 2 doses de BNT162b2 5 mois auparavant, voire davantage, il avait été établi qu’une 3e injection était associée à une incidence plus réduite d’infections confirmées à SARS-CoV-2, avec une sévérité moindre. Cette étude amène donc les preuves sérologiques confirmant les données de l’étude clinique précitée.

Les réserves de ce travail tiennent à la petite taille de l’échantillon, à la courte durée du suivi, à l’absence d’appréciation de l’immunité cellulaire et de dosage des anticorps neutralisants. A l’inverse, des preuves croisées existent, qui suggèrent que la réponse en IgG est bien corrélée avec de degré de protection contre le Covid-19, à côté de l’action de l’immunité cellulaire.

Dr Pierre Margent
Référence
Eliakim-Raz N et coll. : Antibody Titers Before and After a Third Dose of SARS-CoV-2 BNT 162b2 Vaccine in Adults Aged > 60 Years. JAMA, 2021 ; publication avancée en ligne le 5 novembre doi:10.1001/jama.2021.19885


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Publié le 18/11/2021
Vers une extension des vaccins anti-Covid-19 aux enfants de 5 à 11 ans ?

La vaccination est le principal moyen de contrôle de la pandémie de Covid-19. La limite inférieure de l’âge d’administration des vaccins anti-Covid-19 développés au cours de l’année 2020 a été abaissée à 12 ans et est en passe de l’être à 5 ans. Pour le vaccin à ARN messager produit par Pfizer-BioN’Tech, le BNT162b2, l’extension de la vaccination aux enfants de 5-11 ans est étayée par une étude publiée en avance en ligne dans le New England Journal of Medicine.

A l’issue de la phase 1 de l’étude un schéma vaccinal à 2 doses IM de 10 μg espacées de 21 jours - le tiers des doses utilisées au-dessus de 11 ans - a été adopté pour les enfants de 5 à 11 ans.

Au cours de la phase 2/3 de l’étude, la sécurité, l’immunogénicité et l’efficacité de ce schéma vaccinal ont été évaluées chez 2 268 enfants de 5 à 11 ans (âge médian : 8,2 ans) recrutés en juin 2021, dont, au final, 1 510 ont reçu le vaccin et 740 ont reçu un placébo.

Bonne tolérance et réponse en anticorps neutralisants robuste

Le vaccin a provoqué plus de réactions locales (douleur au point d’injection…) et générales (fièvre, fatigue, céphalées …) que le placébo, mais ces réactions ont été dans l’ensemble légères à modérées et brèves (1-2 jours). La douleur au point d’injection a été rapportée par 74 % des vaccinés après la 1ère dose et 71 % après la 2e dose, et la fièvre par 8,3 % des vaccinés en cumulant les deux doses. De la 1ère dose à un mois après la 2e dose, il y a eu 3,0 % d’évènements indésirables imputés au vaccin vs 2,1 % au placébo. Dix enfants vaccinés ont présenté des adénopathies, et 4 des éruptions. Il n’a pas été signalé de manifestations d’hypersensibilité ou d’anaphylaxie ni de myocardite ou de péricardite, mais le nombre de vaccinés est trop petit et la période de surveillance trop courte (<3 mois) pour détecter des complications rares ou tardives.

Comme le titre d’anticorps protecteur n’est pas déterminé, le pouvoir immunogène du vaccin pour les enfants de 5 à 11 ans a été comparé à celui de sujets plus âgés (« immunobridging »). Un mois après la 2e dose de vaccin les moyennes géométriques des titres [MGT] d’anticorps neutralisants d’enfants de 5-11 ans et de sujets de 16-25 ans, vaccinés avec des doses triples, atteignent des valeurs similaires (ratio des MGT ≥ 1, à 1,04 ; limite inférieure de l’intervalle de confiance IC de 95 % > 0,67, à 0, 93). Dans les deux groupes d’âge, 99,2% des vaccinés ont eu une réponse en anticorps significative. Par rapport à la MGT prévaccinale la MGT post-vaccinale est multipliée par un facteur 118 chez les 5-11 ans vs 111 chez les 16-25 ans.

Efficacité du vaccin estimée à 90 % mais la question de l’intérêt de la vaccination à ces âges reste posée

Sur quatre mois, 3 cas de Covid-19 ont été observés chez les enfants vaccinés qui n’avaient pas fait d’infection à SARS-CoV-2 auparavant (n = 1 305, 322 personne-années) vs 16 chez ceux ayant reçu le placébo (n = 663, 159 personne-années). L’efficacité du vaccin pour prévenir la Covid-19 est donc estimée à 90,7 % (IC de 95 % : 67,4 - 98,3). Il n’a pas été rapporté de forme sévère de Covid-19 ni de MIS-C. Les participants seront suivis jusqu’à 2 ans après la première injection.

Au total, la vaccination par le BNT162b2, avec 2 doses de 10 μg, induit chez les enfants de 5 à 11 ans une réponse en anticorps neutralisants robuste et démontre sa sécurité et son efficacité à moyen terme. Y a-t-il pour autant intérêt à vacciner des enfants d’âge scolaire, bien portants, pour prévenir la Covid-19 ? S’ils font plutôt des formes asymptomatiques ou légères d’infection à SARS-CoV-2, les enfants représentent une part croissante des patients hospitalisés pour Covid-19 et ils jouent un rôle plus actif dans la transmission du SARS-CoV-2 du fait de la vaccination des adolescents et des adultes. Sans plus tergiverser, plusieurs pays ont décidé ou commencé de vacciner les enfants de 5 à 11 ans contre la Covid-19. Ainsi, les USA vaccinent ces enfants avec le BNT162b2 depuis le 3 novembre.

L’étude soulève aussi la question de savoir si des doses de vaccin inférieures à 30 μg ne sont pas suffisantes pour immuniser les sujets plus âgés…

Dr Jean-Marc Retbi
Référence
Walter EB et coll. : Evaluation of the BNT162b2 vaccine in children 5 to 11 years of age. N Engl J Med., 2021 ; publication avancée en ligne le 9 novembre. Doi :10.1056/NEJMoa2116298


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Publié le 16/11/2021

Vaccin inactivé indien : un espoir pour le monde

A la liste des vaccins et des candidats vaccins anti-Covid-19, il convient désormais d’ajouter le vaccin indien qui est du type « virus complet inactivé ». Il est bien éloigné sur le plan conceptuel et technique des vaccins à ARN messager ou même à adénovirus qui ont conquis les pays de l’hémisphère nord. BBV152 ou encore Covaxin, associe en effet du virus SARS-CoV-2 inactivé et un adjuvant, en l’occurrence une molécule de la classe des imidazoquinoléines qui est un agoniste des toll-like receptors 7 et 8, le tout adsorbé sur hydroxyde d’aluminium.

Un essai randomisé rigoureux

Un essai randomisé multicentrique national de phase 3, mené à double insu contre placebo en Inde, démontre son efficacité et souligne sa bonne acceptabilité au sein d’une cohorte conséquente. Au total, 25 établissements hospitaliers ont participé à cette étude dans laquelle ont été inclus 25 798 sujets adultes en bonne santé apparente ou atteints d’une maladie chronique stable (à l’exclusion des patients immunodéprimés ou traités par les immunosuppresseurs), ceci entre le 16 novembre 2020 et le 7 janvier 2021. Dans le groupe des vaccinés (n=12 221), deux doses de BBV152 espacées de quatre semaines ont été administrées par voie intramusculaire, les 12 198 autres participants recevant le placebo.

L’efficacité vaccinale a été définie en tant que critère de jugement principal par la prévention des cas inauguraux de Covid-19 symptomatiques, quelle que soit leur gravité, pourvu qu’ils soient confirmés par RT-PCR et qu’ils surviennent au moins 14 jours après la seconde dose du vaccin. L’acceptabilité du BBV152 a été également évaluée tout au long de l’étude, tout autant que son pouvoir immunogène chez tous les participants qui avaient reçu au moins une dose.

Les résultats qui sont publiés en ligne dans le Lancet du 11 novembre 2021 relèvent d’une analyse intermédiaire concluante.

Une efficacité vaccinale proche des 80 %

L’efficacité a été évaluée dès que le seuil des 130 cas de Covid-19 symptomatique a été atteint, au terme d’un suivi d’au moins 14 jours après la seconde dose qui a in fine porté sur 16 973 participants initialement séronégatifs. Vingt-quatre cas (0,3 %) sont survenus chez 8 471 vaccinés, versus 106 (1,2 %) chez 8 502 participants du groupe placebo, ce qui conduit à une efficacité globale de 77,8 % (IC 95% ; CI 65,2-86,4). La protection contre les formes sévères a atteint 93,4 % (57,1–99,8) et les formes asymptomatiques 63,6% (29–82,4). L’efficacité contre le variant delta évaluée à partir de 50 prélèvements positifs serait de 65,2% (IC 95% 33,1–83,0), ce qui reste toutefois à confirmer. Par ailleurs, l’efficacité est plus élevée chez les moins de 60 ans au nombre de 15 115, soit 79,4 % (66,0–88,2) et moindre chez plus âgés (≥60 ans) (au nombre de 1858) soit 66,2 % (33,8–84,0). Le pouvoir immunogène du vaccin testé au 56ème jour est apparu satisfaisant et indépendant de l’âge.

Pour ce qui est de l’acceptabilité, la fréquence des évènements indésirables, quels que soient leur type ou leur sévérité, s’est avérée rigoureusement identique dans les deux groupes, soit 12,4 %. Aucun décès imputable au vaccin n’a été déploré et aucune réaction anaphylactique n’a été rapportée.

Cet essai randomisé multicentrique mené à double insu contre placebo démontre la haute efficacité du BBV152 dans la prévention des formes symptomatiques de la Covid-19.

Ce vaccin est en outre bien toléré. La population incluse dans l’essai exclusivement indienne est dans l’ensemble jeune, la moyenne d’âge étant de 40+/-14 ans et la fréquence des comorbidités y est faible : la démonstration vaut donc pour cette population et les résultats ne sauraient être transposés sans la moindre réserve à d’autres populations ou ethnies, cela va de soi.

Un vaccin qui enrichit la palette vaccinale face aux VOC et aux obstacles économiques

L’inde est certes la patrie du variant delta qui fut un temps appelé indien : l’efficacité du BBV152 contre ce variant est très probable, mais au moment où l’essai a débuté, ce dernier était loin de régner sur l’ensemble du sous-continent indien. D’autre part, en juin 2021, un autre VOC (variant of concern), dit delta plus a été identifié dans ce pays, mais n’a pas apparemment détrôné son prédécesseur. Il n’en reste pas moins que ce vaccin, à l’instar des autres, pourrait être confronté à d’autres VOC.

En attendant, le BB152 a bien des attraits, notamment pour les populations de l’hémisphère sud qui n’ont pas d’accès à tous les vaccins du marché, loin s’en faut pour des raisons économiques et logistiques. Ce vaccin moins onéreux que les autres et aussi efficace qu’eux dans une population jeune et moins touchée par les comorbidités que dans les pays riches, se conserve en outre à température ambiante. De fait, il a déjà été plébiscité par plusieurs pays à revenu faible ou moyen dont le Mexique, l’Iran et les Philippines. Il vient compléter et enrichir la palette vaccinale dont le monde a le plus grand besoin pour venir à bout de cette pandémie qui s’éternise et menace de l’apparition de nouveaux VOC propres à mettre au défi les stratégies vaccinales actuelles.

Dr Philippe Tellier
Référence
Elia R et coll. Efficacy, safety, and lot-to-lot immunogenicity of an inactivated SARS-CoV-2 vaccine (BBV152): interim results of a randomised, double-blind, controlled, phase 3 trial. Lancet 2021 ; publication avancée en ligne le 11 novembre. doi: 10.1016/S0140-6736(21)02000-6.



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Publié le 22/11/2021
De quoi meurt-on dans le monde entre 10 et 24 ans ?

L'importance de la santé des adolescents dans le développement mondial est actuellement largement reconnue. Les adolescents sont désormais inclus dans le programme de l'ONU « Chaque Femme Chaque Enfant c’est MOI », la collaboration « Countdown to 2030 » suit les interventions vitales pour la santé et la nutrition de l’enfant et de l’adolescent, et les travaux du Mécanisme de financement mondial (GFF) catalysent les investissements en santé sur ce groupe d’âge. Malgré ces progrès, qu’en est-il réellement de la santé des enfants et des adolescents dans le monde ? L’étude Global Burden of Disease 2019, publiée dans The Lancet, nous informe sur le sujet en établissant une mise à jour complète de la mortalité mondiale chez les jeunes, et ce pour 204 pays et territoires. A travers une analyse systématique des données, elle donne des indications sur la mortalité mondiale, régionale et nationale chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans, de 1950 à 2019, à travers les tendances du nombre total estimé de décès et du taux de mortalité pour 100 000 habitants par groupe d'âge (10 à 14 ans, 15 à 19 ans et 20 à 24 ans) et par sexe.

Accidents et violences dans un tiers des cas, taux de suicides 8 %

Que disent les chiffres ? En 2019, il y a eu dans le monde 1,49 million de décès chez les jeunes de 10 à 24 ans (dont 61 % étaient des garçons). Les diverses étiologies se répartissaient ainsi : 32,7 % étaient dus à des AVP (Accident de la voie publique), à des blessures non intentionnelles ou à des violences et conflits interpersonnels ; 32,1 % étaient dus à des maladies transmissibles, nutritionnelles ou liés à la grossesse/naissance ; 27,0 % étaient dus à des maladies non transmissibles ; et 8,2 % étaient dus à une autolyse. En ce qui concerne l’évolution depuis 1950, les décès dans ce groupe d'âge ont diminué de 30,0 % chez les filles et de 15,3 % chez les garçons, et les différences de taux de mortalité selon le sexe se sont accrues dans la plupart des régions du monde. Les disparités géographiques ont également augmenté, en particulier chez les enfants de 10 à 14 ans. Depuis 1980, les décès liés aux maladies transmissibles et aux problèmes de grossesse/naissance ont fortement chuté (en proportion des décès totaux) dans la plupart des pays occidentaux, mais restent parmi les causes les plus courantes en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, où l’on constate plus de la moitié de tous les décès. Enfin, la proportion de décès dans le monde du groupe d’âge étudié ici (10 à 24 ans) au sein du groupe 0 à 24 ans a plus que doublé entre 1950 et 2019, passant de 9,5 % à 21,6 %.

Disparités géographiques

En somme, le taux de mortalité des 10-24 ans subit une augmentation des disparités selon les pays et selon le sexe, en raison des faibles progrès réalisés pour empêcher les décès chez les garçons et chez les adolescents les plus âgés. Le taux de mortalité des adolescents en particulier reste fortement associé au niveau de développement des pays, déplaçant la charge mondiale vers l'Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud, où les causes de décès liées aux maladies transmissibles et à la grossesse/naissance continuent de prédominer. Or, la mortalité est un indicateur fondamental de santé et donne une approximation sur d’autres facteurs avec peu ou pas de données de haute qualité. Les progrès mondiaux pour améliorer les résultats en matière de santé des jeunes restent lents et des défis majeurs sur les déterminants sociaux de santé subsistent, tels que les besoins de contraception non satisfaits, le mariage des enfants et l'accès à un enseignement secondaire de qualité. Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a des conséquences non négligeables sur la santé des jeunes bien que la létalité et la morbidité pour ce groupe d’âge soient largement plus faibles que chez les personnes âgées. En effet, les jeunes sont particulièrement sensibles aux effets indirects de la pandémie de par les perturbations sur l'éducation et sur l'emploi susceptibles d'entraver davantage les progrès en matière de santé.

Anne-Céline Rigaud
Référence
GBD 2019 Adolescent Mortality Collaborators : Global, regional, and national mortality among young people aged 10–24 years, 1950–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. Lancet, 2021 ; 398, 10311 : 1593-1618. doi.org/10.1016/S0140-6736(21)01546-4


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Publié le 17/11/2021
Il faudrait un vaccin contre les infections mortelles à streptocoques du groupe B de toute urgence

L’impact mondial alarmant des streptocoques du groupe B (SGB) est révélé dans un récent rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM), présenté lors de la conférence mondiale de l’ISSAD (International Symposium on Streptococcus agalactiae Disease) sur les streptocoques du Groupe B en novembre 2021 (1).

A l’origine d’une morbimortalité des nouveau-nés importante surtout dans les pays à faible revenu

Le rapport intitulé : « Global value of Group B streptococcus vaccine » fournit une actualisation des estimations mondiales de la charge des SGB.

Ces streptocoques (S.agalactiae) sont responsables annuellement de près de 100 000 décès de nouveau-nés et de 46 000 mortinaissances, de plus d’un demi-million de naissances prématurées, ainsi que de handicaps importants et de longue durée avec en particulier près de 40 000 nourrissons atteints de troubles neurologiques (paralysie cérébrale, déficience auditive ou la perte de vision). Cet impact était jusqu’à présent, selon l’OMS, sous-estimé.

Les SGB sont sans danger pour la plupart des femmes enceintes ; en moyenne, 15 % de l’ensemble des femmes enceintes dans le monde (près de 20 millions par an) sont porteuses dans leur vagin de la bactérie. Mais les conséquences d’une transmission de SGB au nourrisson pendant la grossesse, au cours de l’accouchement ou pendant les premières semaines de vie peuvent être très graves voire létales. Aussi l’OMS demande « de toute urgence de disposer de vaccins pour réduire les décès associés aux streptocoques du groupe B et pour protéger la vie et la santé des nourrissons dans le monde entier ».

L’Afrique subsaharienne où la charge de ces décès est alarmante (avec près de la moitié des cas), l’Asie de l’Est et du Sud-Est sont les régions les plus touchées par les infections à SGB. Le suivi des grossesses, le dépistage bactériologique, l’administration d’antibiotiques pendant l’accouchement y sont plus difficiles à réaliser. C’est pour ces régions que le besoin en vaccin est le plus urgent.

Stratégie actuelle de prévention contre les infections à SGB et recherche d’un vaccin

Le dépistage est réalisé par un prélèvement vaginal idéalement entre les 34 et 38 semaines d’aménorrhée.

La prophylaxie antibiotique administrée pendant le travail est le principal moyen de prévenir la maladie chez les nouveau-nés. L’antibiotique habituellement utilisé est la pénicilline G ou l’amoxicilline, par voie intraveineuse.

Des vaccins candidats contre les SGB sont en cours de développement, mais aucun n’est actuellement disponible.

Des essais de phase III avec un vaccin conjugué trivalent d’antigènes capsulaires sont en cours de réalisation, ainsi qu’un essai chez des femmes enceintes avec un vaccin conjugué hexavalent. Ces vaccins développés par des laboratoires privés (GSK, Pfizer) sont, sur le principe, similaire aux vaccins commerciaux ciblant la capsule du pneumocoque (Streptococcus pneumoniae). La connaissance du génome de S. agalactiae (2002) a également permis de développer de nouvelles pistes vaccinales (2). En France, à l’Institut Pasteur, l’unité de Biologie des bactéries pathogènes à Gram-positif mène des recherches sur la compréhension des mécanismes moléculaires de la virulence. Selon l’Institut Pasteur, « elles pourront déboucher sur la mise au point de technologies innovantes pour le diagnostic des infections à streptocoques B et sur le développement d’une nouvelle approche vaccinale » (2).

Dans son rapport (1), l’OMS invite les chercheurs, les développeurs de vaccins et les bailleurs de fonds à accélérer le développement d’un vaccin efficace contre les streptocoques du groupe B.
Associée à ce rapport, une série de neuf articles élaborés par 61 auteurs de six continents a été publiée dans le supplément de la revue Clinical Infectious Disease intitulé : « Every Country, Every Family : Group B Streptococcal Disease Worldwide. »(3)

Pr Dominique Baudon
Références
(1) https://www.who.int/fr/news/item/02-11- ... eptococcus.
(2) https://www.pasteur.fr/fr/piste-vaccin- ... ptocoque-b
(3) Erzsébet Horváth-Puhó, Linde Snoek, Merel N van Kassel,et coll. : Every Country, Every Woman, Every Child; Group B Streptococcal Disease Worldwide Prematurity modifies the risk of long-term neurodevelopmental impairments after invasive Group B Streptococcus infections during infancy in Denmark and the Netherlands. Clin Infect Dis., 2021 ; publication avancée en ligne le 24 septembre. doi: 10.1093/cid/ciab774.


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Publié le 22/11/2021
Face à une cinquième vague « fulgurante », quelles nouvelles mesures ?

Paris, le lundi 22 novembre 2021 – Après une accalmie en septembre et octobre, voici revenu le temps des Conseils de défense quasiment hebdomadaires. Ce mercredi le Président de la République réunira une nouvelle fois après le précédent rendez-vous du 9 novembre les ministres de la Santé, de l’Economie, du Travail et de l’Éducation nationale afin d’évoquer la situation sanitaire. En effet, selon les mots du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, la « cinquième vague est fulgurante », ce qui renvoie au « stratosphérique » qui qualifiait la reprise du mois de juillet. De fait, aujourd’hui, un quart des départements connaît un taux d’incidence supérieure à 200 cas pour 100 000, tandis que le taux d’incidence national est de 164/100 000. L’augmentation du nombre de cas a ainsi été de quasiment + 80 % en une semaine, décrypte Gabriel Attal ; tandis que le site Covid Tracker note une hausse de 91%. A l’hôpital, si la situation globale reste sous contrôle (avec 26 % des lits de réanimation occupés par des patients atteints de Covid), on observe également une progression de l’activité avec +31 % d’admissions en soins critiques en sept jours. On sait également que les fermetures se sont accélérées dans les établissements scolaires : 0,8 % des classes sont aujourd’hui fermées, soit un record depuis le mois de septembre.

Contrôles du passe renforcés

Pourtant, la semaine dernière encore, l’exécutif se voulait rassurant : le Président de la République avait ainsi assuré dans la Voix du Nord que notre meilleure résistance à l’épidémie par rapport à nos voisins allemands et belges par exemple s’expliquait par notre passe sanitaire. En réalité, ce dispositif existe dans un grand nombre de pays fortement touchés par cette nouvelle vague. Outre le fait qu’il est probable que ce dispositif n’a qu’un effet limité sur la circulation du virus, il apparaît également que son application s’est quelque peu érodée ces dernières semaines. Aussi, les contrôles ont été fortement renforcés : Gabriel Attal a ainsi parlé de 70 000 contrôles de personnes et de 4 300 contrôles d’établissements recevant du public, sont une hausse de 102 % par rapport à huit jours plus tôt.

Vers un passe conditionné à la troisième dose pour tous les adultes ?

Cependant, ces mesures ne seront sans doute pas suffisantes. Aussi, d’autres figurent au menu du Conseil de Défense, au premier rang desquelles : l’élargissement de la campagne de rappel à toute la population adulte. Plusieurs indices ont déjà été donnés dans ce sens ce vendredi. Ainsi, Emmanuel Macron a affirmé (sans risque d’être démenti) : « Je ne serais pas étonné qu'on aille progressivement vers des rappels vaccinaux pour tous les adultes qui ont été vaccinés, c'est le sens de l'Histoire ».

Concomitamment, la Haute autorité de Santé (HAS) recommandait une dose de rappel pour toutes les personnes de plus de 40 ans dont la deuxième dose remonte à plus de 6 mois. Le gouvernement ira-t-il encore plus loin, même si au début de la semaine dernière encore, certains responsables scientifiques, dont le professeur Alain Fischer et le Président du Conseil scientifique considéraient que la généralisation du rappel vaccinal n’était pas une urgence ? Clairement, l’idée est sur la table, alors que les États-Unis se sont orientés vers une telle stratégie. Le point crucial sera de déterminer si le passe vaccinal évoluera lui aussi et qu’à l’instar de ce qui prévaudra à partir du 15 décembre pour les plus de 65 ans, la validité du passe pourrait être conditionnée à la troisième dose pour tous les adultes.

Retrouver les mesures barrières

S’il est certain que le gouvernement veut faire de la troisième dose le point majeur de son action face à cette nouvelle vague, d’autant plus que plusieurs hôpitaux (comme à Paris) commencent à signaler que les personnes vaccinées il y a plus de six mois sont de plus en plus nombreuses (et parfois majoritaires) à être admises en soins critiques, d’autres pistes sont étudiées. Le renforcement de l’ensemble des mesures dites barrière, dans tous les secteurs, est ainsi une priorité. Insister sur l’importance du port du masque dans tous les lieux clos, notamment dans les entreprises et les transports en commun, voire dans certains lieux extérieurs (marchés, files d’attente) sera probablement un point important des discours des responsables du gouvernement cette semaine. Elisabeth Borne a ainsi par exemple prévu un déplacement en entreprise sur ce point aujourd’hui. La réinstauration ou le renforcement des distanciations est également prônée par les spécialistes, ce qui pourrait notamment concerner les établissements scolaires.

Jauges et télétravail, en cas de malheur

L’étape supplémentaire, qui bien qu’envisagée ne semble pas imminente, serait le retour des jauges dans de nombreux établissements accueillant du public (mais sans doute pas dans les collèges et lycées) et des injonctions concernant le télétravail. Dans un contexte de reprise économique et à l’approche des fêtes de fin d’année, le gouvernement y est forcément réticent, mais il est certain que toute flambée supplémentaire dans les établissements de santé pourrait conduire à réactiver ces mesures.

Une opinion publique à bout ?

Les contraintes plus marquées, visant une partie (les non vaccinés ou une région en particulier) ou toute la population, comme les couvre-feux, limitations de déplacements, fermetures d’établissements ou confinements sont pour l’heure rejetés. Mais encore une fois, instruit par l’expérience récente, on ne se risque pas à exprimer un rejet définitif. Cependant, le gouvernement est très attentif aux manifestations de colère qui sont de plus en plus violentes, y compris sur notre territoire, comme en Martinique et en Guadeloupe. Si le Président de la République a affiché sa fermeté ce matin face « aux mensonges », l’exécutif voit dans la situation aux Antilles un signal quant à l’état de l’opinion publique et à l’érosion de sa compréhension et de sa patience.

A.H.


jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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