Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. nov. 23, 2021 6:57 pm

Publié le 23/11/2021
Où en est la protection 6 mois après la deuxième dose de vaccin Pfizer ?

Pour triompher de la pandémie de Covid-19, il faut surmonter deux écueils potentiels qui peuvent d’ailleurs se combiner : l’émergence de nouveaux variants qui peut mettre d’emblée en échec la vaccination et la disparition progressive de l’immunité post-vaccinale, tout aussi redoutable, qui compromet les effets de la vaccination de masse et interdit l’accès à l’immunité collective. Dans le cas du vaccin BNT162b2 (Pfizer-BioNTecH), le suivi à long terme des participants de l’essai randomisé de phase 2-3 princeps a montré que l’efficacité du vaccin passait de 96 % (entre le 7ème jour et le 2ème mois après la seconde dose) à 84 % (entre le 4ème et le 7ème mois après la seconde dose). Des études préliminaires réalisées aux Etats-Unis et en Israël ont par ailleurs souligné que les titres d’anticorps neutralisants diminuaient progressivement dans les six mois suivant l’administration de la seconde dose de ce même vaccin.

Décroissance de l’immunité observée en Israël

En décembre 2020, une campagne de vaccination de masse a été entreprise en Israël avec le vaccin Pfizer-BioNTecH. En un laps de temps record, plus de la moitié de la population a reçu les deux doses et, dans les mois qui ont suivi, le nombre de cas de la maladie a diminué de manière exponentielle. Les formes sévères de la Covid-19 ont quasiment disparu et la victoire semblait à portée de main. Mais vers la mi-juin 2021, le virus a fait bruyamment son retour avec une recrudescence des infections chez les vaccinés et les non vaccinés, et le cortège habituel de formes sévères et de décès. La baisse de l’immunité anti-Covid 19 au sein de la population du pays était l’explication la plus probable à cette évolution, puisque le variant delta, fin 2021, représentait 98 % des infections alors que le vaccin s’était avéré efficace contre ce dernier. Une étude rétrospective réalisée en Israël dans le monde réel, loin des études contrôlées, donne une idée quantitative des risques auxquels expose cet épuisement progressif de la réponse immunitaire.

Un modèle de Poisson par régression a été utilisé pour traiter les informations d’une base de données nationales, recueillies entre le 11 et le 31 juillet 2021, concernant tous les résidents israéliens complètement vaccinés depuis le début de la campagne en décembre 2020. Tous les cas de Covid-19 confirmés par PCR, quelle que soit la forme clinique, survenus au cours de la période précédente ont été pris en compte. Le traitement des données a également été fait en tenant compte de la tranche d’âge et en procédant à un ajustement selon les facteurs de confusion potentiels.

Le risque d’infection serait quasi doublé

Chez les sujets âgés de 60 ans ou plus, vaccinés en janvier 2021, le taux de réinfection dans la période du 11 au 31 juillet s’est avéré plus élevé que pour les vaccinés deux mois plus tard, soit en mars 2021, le RR (rate ratio) correspondant étant estimé à 1,6 (intervalle de confiance [IC] à 95 %, 1,3 à 2,0). Le même calcul effectué dans la tranche d’âge 40-59 ans, avec le même décalage de deux mois (février versus avril 2021) conduit à un RR voisin, soit 1,7 (IC 95 %, 1,4 à 2,1). Il a été de même pour les sujets devenus éligibles à la vaccination en mars 2021, âgés de 16 à 39 ans et comparés à ceux vaccinés en mai 2021, le RR étant de 1,6 (IC 95 %, 1,3 à 2,0).

Pour les formes sévères de la maladie, le calcul n’a pu être fait que chez sujets âgés de 60 ans ou plus et dans la tranche d’âge 50-59 ans, les nombres de cas étant trop faibles dans la tranche 16-39 ans. Dans ces conditions, les valeurs du RR ont été respectivement estimées à 1,8 (IC 95 %, 1,1 à 2,9) et 2,2 (IC 95 %, 0,6 à 7,7) et 2,2 (IC 95 %, 0,6 à 7,7).

Dans les mois qui suivent une vaccination complète anti-Covid-19 reposant sur le vaccin BNT162b2 efficace contre le variant delta, l’immunité dirigée vers ce dernier diminue plutôt rapidement dans toutes les tranches d’âge au point que le risque de développer une forme sévère vers le sixième mois serait multiplié par environ deux après 50 ans. L’utilité de la troisième dose ne prête guère à discussion, étant entendu que la vaccination à elle seule ne réglera pas le problème à court terme : parallèlement, à la veille d’une cinquième vague, les gestes barrières restent plus que jamais d’actualité et l’expérience des pays voisins peut être mise en exergue pour enfoncer ce clou.

La chance actuelle pour gagner du terrain sur le virus, c’est l’absence de nouveau variant problématique : pas de VOC (variant of concern) à l’horizon qui est l’autre grande cause d’échappement vaccinal : une raison de plus pour poursuivre la stratégie globale combinant vaccination et gestes barrières.

Dr Peter Stratford
Référence
Goldberg Y et coll. : Waning Immunity after the BNT162b2 Vaccine in Israel. N Engl J Med. 2021 (27 octobre) : publication avancée en ligne. doi: 10.1056/NEJMoa2114228.

jim.fr


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Publié le 23/11/2021
La Covid de Jean Castex va-t-elle (presque) tout changer ?

Après avoir été trois fois cas contact, le Premier ministre, Jean Castex n’a finalement pas pu y échapper : il a été infecté par SARS-CoV-2 comme l’a révélé un test qu’il a réalisé après avoir appris que sa fille de 11 ans était contaminée.

Immédiatement, il a indiqué que son agenda allait être aménagé afin de lui permettre de poursuivre son activité tout en demeurant isolé.

Deuxième dose il y a cinq mois

L’annonce de la contamination du Premier ministre a rapidement été l’occasion de rediffuser les images du chef du gouvernement professant au mois de juillet : « La vaccination, ça marche. On a constaté que les personnes qui ont deux doses, jusqu'alors, lorsqu'elles croisaient une personne qui était contaminée, devaient être cas contact et donc s'isoler. Les analyses faites sur ces personnes montrent qu'elles n'ont plus de chances d'attraper la maladie ». Déjà à l’époque, les données n’étaient cependant pas tout à fait unanimes. Mais aujourd’hui plus encore, on sait d’une part que l’efficacité des vaccins pour éviter la transmission et l’infection est moins importante qu’espérée et surtout que l’immunité apportée par les vaccins diminue avec le temps. Or, Jean Castex, âgé de 56 ans, a reçu sa deuxième dose de vaccin AstraZeneca le 19 juin dernier (soit il y a cinq mois).

Un déclic probable pour la population

Bien que l’état de santé de Jean Castex, qui a pu hier depuis Matignon tenir un discours sur la situation en Guadeloupe, n’infirme pas l’efficacité des vaccins pour éviter les formes graves, son cas est un signal symbolique fort. Que ce personnage public, dont le schéma vaccinal était complet, soit contaminé constitue en effet probablement une alerte pour une grande partie de la population qui pouvait continuer à être encore convaincue de la protection absolue conférée par deux doses de vaccin. Par ailleurs, sa contamination fait écho aux déclarations récentes du président de la CME de l’AP-HP, le Pr Rémi Salomon ou du patron des établissements franciliens Martin Hirsch signalant que les personnes vaccinées admises en réanimation tendent à devenir majoritaires.

Intégrer la troisième dose au passe dès 50 ans

Ainsi, associée à la situation hospitalière (+ 33 % d’admissions en soins critiques en une semaine), l’infection de Jean Castex est en soi un plaidoyer pour la troisième dose. Avant même l’annonce de la contamination du Premier ministre, elle devait déjà d’ailleurs être au centre du Conseil de défense de demain. Depuis, un nouvel avis du Conseil scientifique a été publié sur le sujet qui se « prononce sans attendre en faveur de l’abaissement de l’âge d’éligibilité au rappel à 50 ans, en conservant un intervalle de 6 mois après la primo-vaccination. (…) Une généralisation du rappel chez les plus de 50 ans est susceptible de réduire de l’ordre de 40 à 50 % le nombre d’hospitalisations et d’admissions en soins critiques » écrit le Conseil. Pour inciter les personnes concernées à répondre à cet élargissement de la campagne de rappel, les membres du Conseil suggèrent par ailleurs de « l’intégrer dans le passe sanitaire selon les mêmes modalités que pour les personnes de plus de 65 ans, avec une temporalité adaptée ». Enfin, le Conseil relève que « les données de la modélisation de l’épidémie incitent à envisager la vaccination de l’ensemble de la population adulte 6 mois après la primo-vaccination afin de freiner l’épidémie et réduire le nombre de formes graves ». Ces modélisations ici évoquées signalent « que l’impact sur le système de soins va être de nouveau marqué à partir de décembre 2021 pour une période dont la durée est difficile à prévoir ».

Remettre le dépistage au centre de la lutte contre l’épidémie

Cependant, cette priorité claire donnée à la troisième dose n’est sans doute pas la seule piste à suivre. L’exemple de Jean Castex, à nouveau, met en effet en évidence que les actions de dépistage et traçage doivent être renforcées et que les vaccinées doivent probablement être soumis aux mêmes règles de distanciation que les autres. Au-delà, pour remettre le dépistage au centre de la surveillance et de la lutte contre l’épidémie, plusieurs responsables politiques considèrent que la fin de la gratuité des tests doit être repensée. Une semaine après que Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise) a été le premier à mettre cette question en débat, Marine Le Pen (Rassemblement National) et Michel Barnier (Les Républicains) ont à leur tour insisté sur ce point. « On ne lutte pas contre une pandémie en empêchant une partie de la population de pouvoir se tester faute de moyen » a ainsi remarqué ce dernier, tandis que la présidente du Rassemblent national a commenté : « Castex positif au Covid prouve que vacciner ne règle pas tout. Besoin de rétablir la gratuité des tests, comme pour lui ». D’ailleurs, sans émettre une préconisation claire, le Conseil scientifique note l’importance de « renforcer l’utilisation des tests de diagnostic le plus rapidement possible dès l’apparition de symptômes et cela même chez les sujets vaccinés ».

Quand le gouvernement donne le mauvais exemple

Enfin, la situation de Jean Castex a été décryptée par beaucoup de médias comme une illustration du relâchement des mesures barrières. Le Premier Ministre a en effet été vu à plusieurs reprises ces derniers jours sans masque dans des lieux clos et ne se privant pas de serrer les mains de ses interlocuteurs (d’ailleurs Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes a essayé de supprimer une photo où on le voit sans masque avec Jean Castex !). « On ne peut pas à la fois s’étonner publiquement de la "fulgurance de la cinquième vague" et en même temps s’afficher sans masque. Il y a une incohérence qui ne prête pas à la confiance et au respect des consignes sanitaires » constate dans les colonnes de 20 minutes le chercheur en santé publique Mickaël Ehrminger. Sur ce point aussi, le Conseil scientifique insiste, ainsi que sur l’élargissement du télétravail.

Choisir son vaccin ?

Aujourd’hui, le gouvernement est confronté dans certains territoires à une crise sanitaire qui se double d’une crise politique et sociale. Les troubles en Guadeloupe alertent en effet et nul ne sait si l’annonce hier soir par le Premier ministre, depuis son isolement, de la création d’une instance de dialogue et de la possibilité pour les soignants d’avoir accès à des vaccins sans ARNm seront suffisants (et ne déclencheront pas une cascade de revendications d’une partie des « anti-ARNm » souhaitant également bénéficier d’autres vaccins)…

Aurélie Haroche

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Message par Arnaud BASSEZ » sam. nov. 27, 2021 8:24 pm

Publié le 27/11/2021
Quelques vérités bonnes à dire sur la nécessité du passe vaccinal

Alors que le gouvernement fourbit ses armes pour faire face à la 5e vague qui déferle en France comme dans le reste de l’Europe, en élargissant les indications de la 3e dose et en resserrant les limites du passe sanitaire, le Pr Dominique Baudon revient sur quelques vérités qu’il est bon de dire sinon de répéter sur les taux d’incidence mal interprétés, les dangers paradoxaux de trop grandes restrictions, l’inutilité d’un vaccin avant 12 ans mais la nécessité impérieuse de vacciner les deux millions de sujets à risque qui ne le sont pas encore.

Par le Pr Dominique Baudon, Professeur du Val-De-Grâce

La vaccination nous protège contre les formes sévères et graves de Covid-19 (protection de 90 à 95 % avec les vaccins utilisés en France). C’est la meilleure arme pour éviter les décès, les hospitalisations et l’éventuelle saturation des services de réanimation. Aujourd’hui plus de 90 % des sujets en réanimation sont non vaccinés et les sujets vaccinés en réanimation sont le plus souvent immunodéprimés.

La vaccination limite la circulation du virus et le nombre de cas de maladies.

La vaccination n’évite pas d’être infecté, mais diminue d’environ 50 % le risque d’infection ; Il est en effet normal qu’un sujet vacciné puisse être infecté (comme dans toutes maladies infectieuses), mais grâce à la vaccination la réponse immunitaire rapide va éliminer le virus ; il y a donc une période brève en général où le sujet vacciné peut être porteur du virus. Dans la majorité des cas, si infecté, le sujet vacciné reste asymptomatique.

Le sujet vacciné peut donc transmettre le virus mais avec une probabilité plus faible qu’un sujet infecté non vacciné.

Pour l’Hôpital, la 5e vague épidémique est la « vague des non-vaccinés ». Dans la population c’est une vague de cas (asymptomatiques surtout) avec un impact pour l’instant modéré sur l’hôpital. On observe en effet un découplage, une dissociation entre les courbes des cas détectés très ascendantes, et celles des cas hospitalisés et des décès en légère ascension, et cela un peu partout en Europe dans les pays où la couverture vaccinale est supérieure à 70 %.

Le variant delta du SARS-CoV-2 qui circule majoritairement aujourd’hui est très contagieux, ce qui explique cette 5e vague et cela malgré la vaccination. Les gestes barrières, même correctement appliqués, sont moins efficaces.

Ne pas trop limiter la circulation virale

La circulation active du virus participe à l’acquisition et au renforcement de l’immunité spécifique contre le SARS-CoV-2.

C’est une règle « classique » dans les maladies infectieuses immunisantes. Elle permet aussi chez un sujet ayant été infecté une première fois de relancer et renforcer son immunité spécifique. Une immunité dite « hybride » associe l’immunité naturelle à l’immunité vaccinale ; elle apparaît chez des sujets qui après avoir été malades de la Covid-19 ont été vaccinés. Dans une étude parue au mois de juin 2021, des chercheurs américains ont montré que cette immunité "hybride" est « extrêmement efficace » et qu’elle permet de ne plus quasiment transmettre le virus (1).

Vouloir trop limiter cette circulation virale (port du masque en extérieur qui n’a jamais prouvé son efficacité, voire confinement), c’est permettre à la crise de perdurer.

Les conditions d’obtention du passe sanitaire en vigueur aujourd’hui en France sont les suivantes : être vacciné avec le schéma vaccinal complet ou avoir la preuve d’un test négatif de moins de 24 h (test RT-PCR, test antigénique, autotest supervisé ; depuis le 25 novembre 2021), le résultat d'un test RT-PCR ou antigénique positif attestant de la guérison de la Covid-19, datant d'au moins 11 jours et de moins de 6 mois. Ce passe (QR Code) est exigé pour se rendre dans des « établissements et les rassemblements où le brassage du public est le plus à risque sur le plan sanitaire » (2). À compter du 15 décembre 2021, les personnes de plus de 65 ans et les personnes vaccinées avec le vaccin Janssen devront avoir reçu une dose de rappel (3e dose) pour que leur passe sanitaire reste valide. La même procédure sera progressivement appliquée à toute la population début 2022.

Ce passe sanitaire « favorise » donc l’infection d’un sujet « négatif » au dépistage ; cette situation anormale est probablement due au fait que lorsque le passe sanitaire a été instauré, les autorités sanitaires, et bien d’autres, pensaient que le sujet vacciné ou celui ayant eu la maladie Covid 19 ne pouvait transmettre le virus.

Les indicateurs retenus pour surveiller l’évolution de l’épidémie ne sont pas fiables

La stratégie de lutte en France a toujours eu pour objectif principal d’éviter la saturation des hôpitaux. Pour surveiller l’épidémie les indicateurs étaient le nombre de sujets hospitalisés pour la Covid 19, le nombre de sujets en réanimation et le nombre de décès. Ces nombres diminuant malgré la succession des vagues, c’est le taux d’incidence « des cas » qui est devenu l’indicateur principal (on ne « parle » quasiment plus des décès !) ; pourquoi ?

J’ai déjà dans des tribunes publiées sur JIM.fr montré que ce taux n’était pas un indicateur fiable (3, 4) ; il s’agit en effet du taux d’incidence des tests positifs (porteurs asymptomatiques et malades de la Covid-19) qui varie selon le nombre de tests réalisés et selon la population testée. Pour exemple, lors de la mise en place du passe sanitaire, les sujets non vaccinés ont massivement été se faire « gratuitement » dépister pour bénéficier de ce passe ; le taux d’incidence a artificiellement augmenté détectant une majorité de cas asymptomatiques.

Par contre, depuis que les tests sont devenus payants, le nombre de dépistage a nettement baissé ; l’augmentation observée des taux d’incidence lors de la 5e vague est artificiellement abaissée ;

Démonstration : le 18 Novembre, 324 000 tests réalisés, taux d’incidence=145p100 000

Mi-septembre (période où le nombre de tests de dépistage a été le plus élevé), 817 000 tests réalisés, taux d’incidence = 250 p 100 000 soit plus élevé qu’aujourd'hui.
Si le 18 novembre 800 000 tests avaient été réalisés, le taux d’incidence aurait été de l’ordre de 391 p 100 000, soir 2,7 fois plus élevé, et inversement mi-septembre avec seulement 324 000 tests réalisés, le taux d’incidence aurait été de 99 p 100 000, soit plus faible qu’aujourd’hui !

Quelle stratégie pour mieux contrôler l'épidémie
La vaccination de la population (12 ans et plus) doit rester la stratégie prioritaire.

L’objectif principal devrait être de vacciner ceux qui ne le sont pas encore (6 millions dans la population cible des 12 ans et plus, dont surtout environ deux millions de sujets âgés et/ou à risque lié aux comorbidités). Il faut, comme cela a déjà été préconisé, aller chercher ces deux millions de sujets pour les inciter à la vaccination, et, pour ceux qui sont isolés ou en situation précaire leur permettre d’être vaccinés. C’est en effet cette population qui pourra éventuellement saturer les hôpitaux lors de cette 5e vague. Le gouvernement insiste sur l’importance de la 3e dose (rappel) incluse dans la passe sanitaire pour les sujets de 65 ans et plus ; elle est recommandée pour la population de 50 à 64 ans à partir de début décembre ; elle vient d’être recommandée à partir de 40 ans par la Haute autorité de santé (5) et sera proposée à tous les sujets de plus de 12 ans dès ce samedi.

Peut-être devrait on arriver à la vaccination obligatoire pour ces populations à risque qui risquent lors de cette vague de saturer les hôpitaux ; mais il s’agit là d’une décision controversée, purement politique, avec une alternative le « Passe vaccinal ».

Les enfants (< 12 ans) sont moins infectés que les adultes et moins transmetteurs. Les formes clinique sont rares, les cas graves et décès exceptionnels. Une étude chinoise dont les résultats ont été récemment présentés sur jim.fr a montré un taux d’attaque plus de dix fois moindre et surtout que la contamination se fait essentiellement dans le sens adultes vers enfants (6).

Selon moi la vaccination de ces enfants n’est pas utile, le port du masque ne devrait pas être obligatoire et la fermeture de classe est injustifiée. Il faudrait enfin instaurer un vrai débat avec arguments scientifiques pour discuter de ces obligations chez les jeunes enfants, pour étudier l’intérêt individuel pour les enfants par rapport à l’intérêt collectif.

Il faut instaurer le passe vaccinal

Il permettra aux seuls sujets complètement vaccinés de se rendre dans les lieux soumis aujourd’hui au passe sanitaire. Cela limitera encore plus la circulation du virus et surtout évitera le risque pour des sujets non immunisé d’être contaminé par un sujet vacciné. Cela évitera le confinement des sujets non vaccinés. Le virus circulera encore longtemps et il n’est pas envisageable d’arrêter sa circulation. Même avec une couverture vaccinale maximale de la population, sachant que le taux d’efficacité des vaccins est d’environ 90 à 95 %, le virus continuera à circuler. Mais cela aura aussi des conséquences positives avec la relance de l’immunité.

Références
(1) SHANE CROTTY- Hybrid immunity- SCIENCE • 25 Jun 2021 Vol 372, Issue 6549 pp. 1392-1393 DOI: 10.1126/science.abj2258
(2) Gouvernement.fr : passe sanitaire
(3) Comment évaluer la stratégie de la vaccination contre la Covid-19 ?
(4) Vague épidémique de Covid-19 chez les non vaccinés : attention aux chiffres
(5) Covid-19 : la HAS préconise une dose de rappel pour les personnes de 40 ans et plus
(6) « Covid-19 chez les enfants, un autre cinétique de propagation »- publié le 10 Nov. 2021

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Message par Arnaud BASSEZ » dim. déc. 05, 2021 7:02 pm

Publié le 28/11/2021
Deux ou trois choses que l’on sait d’omicron

Paris, le dimanche 28 novembre 2021 - Jeudi, l’Afrique du sud provoquait une onde de choc planétaire en annonçant la découverte d’un nouveau variant du SARS-CoV-2 potentiellement plus contagieux, plus pathogène et en partie résistant aux vaccins.

Depuis des cas ont été répertoriés un peu partout à travers le monde [mais aucun en France à cette heure] et une riposte, qui prend la forme d’une mise en quarantaine de l’Afrique australe, s’organise.

Un cluster inquiète particulièrement l’Europe, aux Pays-Bas où le nouveau variant a « probablement » contaminé certains des 61 passagers en provenance d’Afrique du Sud testés positifs au Covid-19 après leur arrivée vendredi, ont annoncé les autorités sanitaires néerlandaises samedi soir*. Il sera « définitivement déterminé si le variant omicron est impliqué » après de nouvelles analyses, dont les résultats devraient être connus dans la journée.

72 heures après cette première annonce, le JIM fait le point sur ce que nous savons sur ce variant baptisé omicron par l’OMS. Omicron, quinzième lettre de l’alphabet grec (à ne pas confondre avec Omega 24e et dernière lettre) plutôt que nu ou xi non attribuées par l’OMS, nu pour éviter la confusion avec new et xi probablement pour ne pas froisser le potentat chinois…

Transmissibilité
Le variant omicron présente 32 mutations, insertions ou délétions du gène de la protéine Spike dont notamment la mutation N501Y qui a été associée à l’augmentation de la transmissibilité des variants alpha, béta et gamma. Il présenterait au total une cinquantaine de mutations à l’intérieur de son génome.

Un indice épidémiologique semble corroborer cette hypothèse de la plus grande contagiosité de ce variant. Ainsi, l’Afrique du sud comptait 6 048 nouveaux cas de Covid hier…contre 887 le 20 novembre et 306 le 13 novembre.

Bien entendu ces chiffres ne reflètent que partiellement la réalité de l’épidémie (dans ce pays où le dépistage n’est peut-être pas optimal) mais leur évolution pourrait donner une idée de la haute contagiosité de l’omicron.

Symptomatologie ?
Le variant omicron présente également la mutation P681H qui est connue pour accroître la contagiosité et la pathogénicité du SARS-CoV-2. Pour l’heure, rien n’a été confirmé sur la gravité clinique.

Dans The Telegraph, le Dr Angélique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine, rapporte des données très parcellaires mais rassurantes sur quelques cas d’infections par le variant omicron.

Selon, elle les symptômes seraient « inhabituels » mais « bénins ». Inhabituels car aucun de ces patients ne présentait d’anosmie et bénins, car pour aucun de ces malades on n’a dû recourir à une oxygénothérapie ou une hospitalisation.

Cependant, notons qu’il s’agissait tous de patients jeunes.

Échappement immunitaire ?
Des données biologiques suggèrent que certaines mutations d’omicron pourraient avoir également un impact sur l’efficacité de la réponse immunitaire.

Impossible, pour l’heure, de savoir ce qu’il en est dans la vraie vie, on pourra juste rapporter, encore une fois, l’observation du Dr Coetzee qui note que la moitié de la centaine de patients testés positifs pour le variant omicron en Afrique du sud ne sont pas vaccinés [28 % de la population de ce pays a bénéficié d’une vaccination complète].

Quoi qu’il en soit, la possibilité de disposer rapidement de vaccins adaptés à ce nouveau variant semble faire consensus. Le Pr Andrew Pollard, directeur de l'Oxford Vaccine Group affirme ainsi qu'un nouveau vaccin pourrait être développé "très rapidement" contre le variant omicron mais qu’il est "extrêmement improbable" que ce nouveau variant se propage fortement au sein de la population vaccinée.

Un optimisme que ne partage pas le Pr Cyrille Cohen (Université Bar-Ilan Tel Aviv) qui déclare dans Haaretz : « les anticorps et les cellules T peuvent être très sensibles aux modifications genetiques, même s'il ne s'agit que d'une ou deux mutations. Plus il y a de changements génétiques, moins il y a d'anticorps jusqu'à ce que vous soyez laissé à nu en termes de capacité de réponse ».

A suivre dès demain.


*à l’heure de publication de cet article (17 h 30), 13 de ces 61 cas suspects de variant omicron sont confirmés

Frédéric Haroche

Source : jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. déc. 08, 2021 8:38 pm

Publié le 08/12/2021
Direct 8 décembre : l’EMA recommande la vaccination hétérologue | Vaccination : toujours plus jeune !

Cette veille quotidienne vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur la Covid-19.

12 h 30 - L’EMA recommande la combinaison de vaccins ARNm et à vecteur viral
Se basant sur « des études sur la vaccination hétérologue suggèrent que l'association de vaccins à vecteur viral et de vaccins à ARNm produit de bons niveaux d'anticorps contre le virus du SRAS-CoV-2 et une réponse des lymphocytes T plus élevée que l'utilisation du même vaccin (vaccination homologue), que ce soit en primovaccination ou en rappel », l’EMA (European Medicines Agency) recommande cette vaccination hétérologue. Elle conclut que les meilleurs résultats ont été obtenus en utilisant d'abord un vaccin à vecteur viral tel que celui d'AstraZeneca ou de Johnson & Johnson, suivi par une injection d'un vaccin à ARN messager (ARNm) comme Pfizer et Moderna. La combinaison "peut être utilisée à la fois pour les injections initiales et les rappels" précise l'Agence.

12 h – Israël recommande la vaccination des bébés de plus de 6 mois à risque de formes graves
Depuis hier, une commission scientifique indépendante conseillant le ministère de la santé Israélien recommande la vaccination des nourrissons présentant des facteurs de risques de formes de graves à partir de l’âge de 6 mois après avis d’une commission médicale. Si les autorités sanitaires suivent cet avis (ce qu’elles font généralement) Israël sera le premier pays au monde à vacciner des bébés.

11 h 45 – Cuba : un vaccin autorisé chez les plus de 2 ans convalescents
Le vaccin cubain Soberana Plus a été approuvé pour "la population pédiatrique convalescente du Covid-19 deux mois ou plus après leur sortie médicale" à partir de l’âge de 2 ans annonce l’autorité régulatrice cubaine
Elle poursuit que cette approbation est basée sur "les résultats partiels d'un essai clinique de phase I/II" chez des enfants et des adolescents ayant contracté le coronavirus, "qui ont montré que l'administration d'une dose unique est sûre, et a fourni des éléments témoignant de bénéfices potentiels".

11 h 30 – Le couvre-feu prolongé de deux semaines en Martinique
Le couvre-feu en vigueur en Martinique a été prolongé "pour deux semaines" en raison du regain de l'épidémie de Covid-19, a indiqué mardi 7 décembre le préfet de ce département d'outre-mer dans un communiqué.

11 h – Guéri et vacciné : la meilleure protection ?
Une étude menée au CHU de Toulouse à paraître dans Clinical infectious diseases mettrait en évidence que les personnes guéries de la Covid et vaccinées bénéficient d’une immunité plus durable contre le SARS-CoV-2 que les simples vaccinés.
Pour en savoir plus :
Post-vaccination SARS-CoV-2 antibody kinetics and protection duration

10h 15 – France : une incidence supérieure à 400 cas/100 000 habitants
Selon les dernières données publiées par Santé publique France, la situation de la Covid-19 est la suivante :
- Nouveaux cas confirmés hier : 59 019 (8 091 667 depuis le 1er mars 2020, 757 335 en 4 semaines)
- Incidence : 444
- Taux de positivité des tests : 6,5 %
- 592 décès sur ces 7 derniers jours (119 899 depuis le début de la pandémie)
- 10 249 patients hospitalisés pour Covid (+ 2 465 en une semaine vs + 1 724 la semaine précédente) dont 2 351 en soins critiques (+ 527 en une semaine vs + 369 la semaine précédente)

10 h – Un point de situation dans le monde
Selon les dernières données colligées par l’université John Hopkins de Baltimore, on dénombre 267 291 781 infections par SARS-CoV-2 et 5 273 641 décès de Covid depuis le 1er mars 2020.
Ces quatre dernières semaines, les 3 pays les plus impactés par la pandémie, sont :
- en nombre de cas : les Etats-Unis (2 669 851), l’Allemagne (1 454 883), le Royaume-Uni (1 208 350) ;
- en nombre de décès : la Russie (33 543), les Etats-Unis (33 109), l’Ukraine (16 482)

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Publié le 08/12/2021
Omicron : le chaud et le froid

Paris, le mercredi 8 décembre 2021 – Est-ce un signe plus convaincant que certaines modélisations épidémiologiques ? Hier, la Bourse de Paris, a connu sa plus forte hausse de l’année. Pas de résultats pharaoniques d’une entreprise du Cac40 ou d’annonces gouvernementales économiques tonitruantes en cause, mais les discours rassurants de l’Organisation mondiale de la Santé et du président des NIH américains Antony Fauci, sur Omicron. En effet après avoir provoqué un vent de panique mondial, conduisant notamment à de nouvelles fermetures de frontières, Omicron suscite désormais des commentaires d’un ton très différent.

Efficacité des vaccins : pas formidable, mais pas catastrophique

Cependant, les premières données, très parcellaires, concernant la protection conférée par les vaccins sont plutôt décevantes. Des travaux conduits par les équipes d’Alex Signal à l’Africa Health Research Institut de Durban, qui font l’objet d’une prépublication (mais sans relecture par les pairs pour l’heure) suggèrent en effet qu’Omicron échappe en partie à la réponse immunitaire conférée par la vaccination. L’échantillon est très restreint puisque 12 patients seulement ont été inclus. La moitié n’avait jamais été infectée par SARS-CoV-2 mais avait reçu deux doses du vaccin Pfizer. L’analyse qui a porté sur les anticorps neutralisants (ce qui ne permet pas bien sûr une appréhension complète de l’immunité) montre que la protection de ces derniers face au variant Omicron chute d’un facteur 41 par rapport à la souche originelle. Cependant, chez cinq patients ayant été infectés et vaccinés, une « neutralisation relativement élevée face à Omicron » était constatée. Aussi, et même s’il ne s’agit que d’une conclusion très préliminaire, les auteurs de l’étude considèrent qu’une troisième dose pourrait offrir une protection comparable à celle offerte par une infection et une vaccination. Le responsable de l’étude se montre même relativement optimiste : « C’est mieux que ce à quoi je m’attendais. Le fait (qu’Omicron) ait toujours besoin des récepteurs ACE2 et qu’il n’échappe que partiellement (au vaccin) signifie que c’est un problème auquel on peut s’attaquer avec les outils que l’on a » a-t-il ainsi commenté.

Pfizer/BioNTech dans les startings blocks

Cependant, ces nouvelles données ont légèrement modifié le ton des responsables des laboratoires Pfizer/BioNtech qui jusqu’alors se montraient très optimistes quant à la possibilité de continuer à utiliser le vaccin actuel. « Je crois fondamentalement que nous aurons besoin d’un nouveau vaccin contre ce nouveau variant », déclarait déjà ainsi vendredi le responsable du laboratoire BioNTech, Ugur Sahin, dans le quotidien économique allemand Handelsblatt. Aujourd’hui, les laboratoires Pfizer/BioNtech ont publié un communiqué qui indique que bien que l’efficacité de trois doses vis-à-vis du variant Omicron semble avérée, ils allaient « poursuivre le développement d’un vaccin Omicron et espérons le rendre disponible d’ici mars ».

Moins grave que Delta

Mais qu’en sera-t-il en mars ? Omicron, comme en Afrique du Sud, sera-t-il devenu partout majoritaire ? Et si oui, aura-t-il entraîné autant d’hospitalisations et de décès que Delta ou la souche originelle ? Pas si sûr. En effet, et c’est ce qui a mis en joie la bourse de Paris, les spécialistes se montrent aujourd’hui relativement optimistes quant à la véritable nature d’Omicron. Ainsi, dans la lignée des déclarations de l’Organisation mondiale de la Santé et de nombreux autres épidémiologistes, le monsieur Covid américain, Anthony Fauci s’est montré prudemment encourageant hier. « Le comportement général que nous observons jusqu'à présent ne montre aucune augmentation de la gravité » a ainsi déclaré le scientifique, ajoutant même : « Il y a quelques signes montrant qu'il se pourrait même qu'il soit encore moins grave » que Delta. La situation épidémique en Afrique du Sud nourrit cet espoir. Ainsi, 96 572 cas ont été recensés ces sept derniers jours, une augmentation importante après l’accalmie d’octobre et novembre, dont 75 % liés au variant Omicron. Or, la mortalité reste pour sa part en baisse (et semble pour l’heure uniquement associée au variant Delta, puisque l’Organisation mondiale de la Santé n’a à ce jour recensé aucun décès lié à Omicron). Il apparaît en outre que le ratio entre les contaminations et le nombre d’hospitalisations soit moins élevé que pour Delta. Cependant, des conclusions pourraient être prématurées, compte tenu des délais toujours observés entre le moment de la contamination et le développement de formes graves, tandis que la population jeune d’Afrique du Sud n’est pas comparable à celle de pays européens. Néanmoins, certains se prennent à rêver que la diffusion massive de ce nouveau variant qui semble effectivement plus contagieux mais peut-être moins pathogène ne change le visage de la pandémie en limitant fortement le nombre de formes graves et ce en dépit d’un vaccin potentiellement moins efficace.

Une hypothèse optimiste que n’a pas battue en brèche le Pr Christian Brechot hier sur le plateau de LCI.

Aurélie Haroche


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Publié le 04/12/2021
Passe vaccinal pour l’au-delà

Berlin, le samedi 4 décembre 2021 – En Allemagne, les personnes souhaitant obtenir une aide au suicide sont priées d’être vaccinées contre la Covid-19 !

Peu à peu, l’Allemagne se convertit au passe vaccinal. Face à une situation sanitaire de plus en plus dégradée (plus de 300 morts par jour), de nombreux Lander ont décidé d’interdire l’accès aux lieux publics aux personnes non-vaccinés, testés ou non. Les Allemands adultes, ni vaccinés, ni guéris du Covid-19 ne peuvent ainsi plus se rendre au café, au restaurant, au cinéma, à la salle de sport etc. Si les non-vaccinés sont donc privés d’activité culturels ou de loisir, d’autres passe-temps nettement moins agréable leurs sont également interdits.

Mourir oui, mais vacciné !

L’association allemande pour l’euthanasie, qui aide des Allemands à organiser leur fin de vie et à accéder au suicide assisté, a ainsi publié un communiqué indiquant qu’elle n’aiderait désormais que des personnes vaccinées. «

L’euthanasie et l’examen de la volonté libre et éclairé de nos membres de mourir nécessite un contact humain et le contact humain est le principal vecteur de contamination au coronavirus » peut-on lire dans le communiqué.

L’association a également rajouté qu’un test serait demandé, y compris aux vaccinés, avant les « rencontres en privé » (bel euphémisme pour évoquer les préliminaires du suicide assistée).

L’association justifie cette décision par la volonté de ne pas mettre en danger son personnel. Car les médecins et bénévoles travaillant pour l’association ne veulent pas mettre leur vie en danger en aidant d’autres à y mettre fin. Si l’on comprend cette justification, on ne peut que s’étonner (ou s’amuser ?) de la situation paradoxale créée par cette décision : il faut se prémunir de la mort naturelle pour avoir le droit de choisir sa mort. Les Allemands ont donc un droit constitutionnel à mourir quand ils le souhaitent…mais pas de la Covid-19.

Le passe vaccinal étant également demandé dans les commerces non-essentiels, l’achat d’une corde ou d’une arme à feu semble tout autant proscrit pour les non-vaccinés. Reste la défenestration, les non-vaccinés n’étant pas (encore) confinés au rez-de-chaussée. Mais peut être que le refus du vaccin est-il justement une sorte de suicide particulièrement long et peu efficace.

La mort oui, mais la mort choisie !

Cette anecdote macabre est le résultat du télescopage de deux débats de société contemporains. Touchée comme tous ses voisins par l’épidémie de Covid-19 depuis le début 2020, l’Allemagne est également traversée par un débat sur l’euthanasie, depuis que le Tribunal Fédéral a décidé, le 26 février 2020, que le suicide assisté était un droit constitutionnel.

Deux sujets parallèles qui interrogent sur la liberté des individus vis-à-vis de leur propre santé et de leurs corps et qui remettent en cause notre rapport à la mort. Et la société occidentale semble avoir fait un choix en apparence paradoxal, celui de juger que la vie doit être protégée à tout prix, y compris par des restrictions de liberté sans précédent, mais aussi que la mort est parfois préférable. La mort naturelle est refusée et combattue, mais la mort choisie est acceptée et presque célébrée.

Quentin Haroche

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Message par Arnaud BASSEZ » ven. déc. 10, 2021 7:35 pm

Publié le 10/12/2021
Direct 10 décembre : Peu de formes graves avec le variant Omicron, une nouvelle pièce au dossier | Les experts du Pr Fischer favorables à la vaccination des 5-11 ans

Cette veille quotidienne vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur la Covid-19.

15 h - Peu de formes graves avec le variant Omicron ? Une nouvelle pièce au dossier
Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l'EMA (European Medicines Agency) a indiqué jeudi en conférence de presse que la plupart des cas du variant Omicron du Covid-19 dans l'Union européenne semblaient être légers. « Les cas semblent être pour la plupart légers, mais nous devons rassembler plus de preuves pour déterminer si le spectre de gravité de la maladie causée par l'Omicron est différent de celui de tous les variants qui ont circulé jusqu'à présent », a-t-il déclaré en substance

14 h 30 - Le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale favorable à la vaccination des 5-11 ans
Dans son avis publié ce 8 décembre, le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale estime que « les indications de la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans paraissent réunies ». Les experts emmenés par le Pr Alain Fischer conditionnent toutefois sa mise en place à l'obtention de données en vie réelle attendues fin décembre 2021.

14 h - France : une circulation virale plus qu’intense !
Dans son dernier bulletin hebdomadaire consacré à la Covid en France, Santé publique France écrit : « en semaine 48, la circulation du SARS-CoV-2, déjà très intense sur le territoire métropolitain, a continué de progresser, avec des hospitalisations et des admissions en soins critiques toujours en forte hausse ».

13 h - 840 décès auraient pu être évités grâce à la vaccination en Martinique selon un collectif de médecins
Selon le Collectif Covid Urgence Outremer constitué de 22 médecins « 840 décès auraient pu être évités » dans les hôpitaux de Guadeloupe et de Martinique grâce à un taux de vaccination équivalent à celui de la métropole.

12 h - Les tests réguliers plus efficaces que les dépistages des symptomatiques pour surveiller la Covid à l’école ?
Actuellement, dans les établissements scolaires la détection d’un cas positif entraîne le dépistage de l’ensemble de la classe (dépistage dit réactif). Seuls les enfants positifs et ceux qui ont refusé le test restent chez eux une semaine et la classe ferme à partir de 3 cas positifs. Pour évaluer la performance de ce dispositif, une équipe de l’Inserm a comparé ce protocole à un dépistage hebdomadaire après lequel les élèves positifs sont renvoyés chez eux. Selon ces travaux, le dépistage réactif permettrait d’éviter moins de 10 % des cas, contre environ un tiers des cas avec un dépistage itératif.

11 h - Premiers cas du variant Omicron détecté sur les îles Fidji chez des vaccinés
Les autorités sanitaires des îles Fidji annoncent qu’un premier cas de variant Omicron a été détecté chez deux Fidjiens rentrés du Nigeria via Hong Kong le 25 novembre. Les deux personnes étaient entièrement vaccinées et se trouvaient dans un établissement de quarantaine depuis leur arrivée.

10 h - Un point de situation dans le monde
Selon les dernières données de l’université John Hopkins de Baltimore, on a détecté depuis le début de la pandémie, 268 682 739 infections par SARS-CoV-2 qui ont contribué à 5 290 948 décès à travers le monde. Ces quatre dernières semaines, les trois pays ayant recensé le plus de cas sont les Etats-Unis (2 792 899), l’Allemagne (1 485 472) et le Royaume Uni (1 226 688). Les pays les plus endeuillés ces quatre dernières semaines sont les Etats-Unis (33 761), la Russie (33 427) et l’Ukraine (15 930).

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Publié le 10/12/2021
Y-a-t-il un miracle suédois ?

Connue pour être le pays le plus libéral d’Europe voir du monde dans sa gestion de la Covid-19, la Suède résiste pour le moment plutôt bien à la 5ème vague.

Depuis le début de la crise sanitaire, la Suède est un mystère. Elle est le seul pays européen à avoir refusé les importantes restrictions de liberté mises en place par ses voisins pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Il n’y a jamais eu de confinement, de couvre-feu, de passe sanitaire ou de fermeture d’écoles, peu de masques et tout juste quelques jauges. Le gouvernement suédois s’est généralement limité à de simple recommandation à l’égard de sa population. Depuis, les épidémiologistes et les politiques décortiquent les résultats sanitaires de la Suède pour tenter de faire du modèle suédois tantôt un repoussoir, tantôt l’exemple à suivre.

La Suède réussit son marathon

A l’heure actuelle, alors que l’Europe est touchée par une 5ème vague et une hausse des contaminations et de la mortalité, difficile de nier que la Suède résiste mieux que ses voisins.

Le taux d’incidence est actuellement le plus faible du continent. Un chiffre à prendre avec précaution, puisque la Suède réalise moins de tests que ses voisins (mais le taux de positivité des tests à 4,5 % est également l’un des plus faibles d’Europe). Seulement 29 patients atteint du Covid-19 sont actuellement en réanimation, un chiffre stable depuis la mi-juillet. Le chiffre le plus impressionnant est sans doute celui de la mortalité : en moyenne, entre un et deux Suédois décèdent de la Covid-19 chaque jour. Le pays n’a déploré que 110 morts en novembre.

« Notre stratégie a marché, nous ne sommes pas les meilleurs, mais nous ne sommes pas les pires » s’enorgueillit Anders Tegnell, l’épidémiologiste en chef du royaume, à l’origine de cette stratégie libérale. Selon lui, la Suède récolte aujourd’hui les fruits d’une politique de long terme, basée sur la responsabilité individuelle. « C’est un marathon, pas un sprint » expliquait-il au printemps 2020 pour justifier son refus du confinement.

Le passe vaccinal facultatif ou la quintessence du modèle suédois

Difficile d’expliquer scientifiquement l’actuel succès suédois. L’immunité collective pourrait être une piste, l’absence de restriction ayant pu permettre une plus grande circulation du virus. Autre explication, une campagne de vaccination qui a sans doute été mené de manière plus intelligente que dans certains pays. Environ 75 % des Suédois ont été vaccinés contre la Covid-19, un chiffre dans la moyenne européenne, mais le royaume a su insister sur la vaccination des personnes âgés : plus de 95 % des plus de 70 ans sont vaccinés.

Tout n’est pas vert cependant dans le royaume. Les contaminations sont en forte hausse ces derniers jours (multiplication par deux en trois semaines), même si l’augmentation est plus faible que dans le reste de l’Europe. L’arrivée du variant Omicron inquiète également les autorités. « La situation est préoccupante » reconnait Anders Tegnell. Le royaume a donc lui aussi remis en place des restrictions sanitaires, mais à la manière suédoise. Un passe vaccinal a ainsi été mis en place, mais il est facultatif et ne s’applique que pour les évènements rassemblant plus de 100 personnes. La généralisation de ce passe facultatif aux bars et restaurants est à l’étude.

Comparaison n’est pas raison. La situation suédoise n’est pas entièrement transposable à celle de la France, en raison de différence démographique et culturelle. Mais l’exemple suédois démontre que la stratégie autoritaire choisie par la France et certains de ses voisins n’est pas la seule possible pour lutter contre l’épidémie.

Nicolas Barbet

source: jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. déc. 14, 2021 9:19 pm

Publié le 14/12/2021
Direct 14 décembre : premier mort documenté du variant Omicron en Europe | Evitions les masques au graphène

Cette veille quotidienne vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur la Covid-19.

13 h - Premier mort du variant Omicron en Europe

Ce lundi 13 décembre, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé qu'au moins une personne contaminée par le nouveau variant était morte au Royaume-Uni. La veille, il avait averti d'« un raz de marée d’Omicron » dans le pays, annonçant dans le même temps l'accélération de la campagne de rappel vaccinal.

12 h - L’Anses préconise d’éviter les masques FFP2 au graphène
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) estime que l’utilisation des masques FFP2 contenant du graphène doit être évitée par précaution faute de données sur la toxicité de ce matériau. « L’Anses recommande aux autorités publiques de privilégier la mise sur le marché ou la mise à disposition de masques sans graphène », indique ainsi l’agence dans un communiqué après une expertise demandée par la direction générale de la santé. Rappelons que la commercialisation de ces masques est déjà suspendue depuis mai en France.

11 h - Crise sanitaire : vers un appauvrissement des générations futures ?
Selon la Banque mondiale, la génération de jeunes actuellement à l’école risque de perdre près de 17 000 milliards de dollars de revenus en raison des fermetures d’établissements scolaires liées à la pandémie.

10 h - Premier cas de variant Omicron en Chine
La Chine a annoncé avoir détecté son premier cas du variant Omicron dans la ville de Tianjin.

9 h - La France dispose d’un stock de 27 millions de doses
La ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a indiqué sur Sud Radio : « Nous avons 27 millions de doses en stock. Nous aurons en janvier et en février des livraisons de 15 millions de doses par mois. Et dans le cadre européen, je me suis assuré à ce que nous ayons des commandes de 67 millions de doses en 2022 et 2023. (...) Cela veut dire que, quoi qu'il arrive, nous avons la capacité à vacciner les Français ».

8 h - Plus de 270 millions de cas de Covid depuis le début de la pandémie
Selon les dernières données de l’université John Hopkins de Baltimore, on a détecté depuis le début de la pandémie, 270 903 692 infections par SARS-CoV-2 qui ont contribué à 5 315 624 décès à travers le monde. Ces quatre dernières semaines, les trois pays ayant recensé le plus de cas sont les Etats-Unis (2 894 146), l’Allemagne (1 490 233) et le Royaume Uni (1 286 011). Les pays les plus endeuillés en valeur absolue ces quatre dernières semaines sont les Etats-Unis (33 328 décès), la Russie (33 113) et l’Ukraine (14 962).

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Publié le 14/12/2021
Service de neurologie du CHU Bicêtre : de l’excellence à la déshérence

Les cris d’alerte de ce type se multiplient. En novembre, les patrons des unités neurovasculaires franciliennes avaient ainsi pris la plume pour dénoncer dans Le Monde l’impossibilité de maintenir ouverts de nombreux lits, faute de personnel suffisant. Aujourd’hui, les équipes du service de neurologie du CHU Bicêtre font écho à cette missive en s’adressant à leurs confrères, ainsi qu’au patron de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris et au ministre de la Santé.

Pertes de chance

Cette unité était il y a peu, rappellent-ils, un centre d’excellence : « Centre de Référence coordinateur des Neuropathies en France depuis 2005, la première Unité de Soins Intensifs Neurovasculaires de Paris-Ile de France (1300 AVC pris en charge par an avec 80 % d’entrées directes via le SAMU et les pompiers), un CHU dont la formation est renommée et très appréciée des internes et des externes ». Mais depuis quelques mois, le fonctionnement du service s’est considérablement altéré en raison notamment du départ de nombreux infirmiers, « qui quittent le service malgré leur dévouement et leur professionnalisme, devant la dégradation de leurs conditions de travail ». Ainsi, les suspensions se sont succédées : de la principale salle d’hospitalisation complète à plus de la moitié des lits des soins intensifs neurovasculaires en passant par l’hôpital de Semaine. Aujourd’hui, les praticiens du service redoutent purement et simplement la fermeture complète, ce qui représenterait un danger majeur pour la population locale. Déjà, les « exemples de pertes de chance se multiplient depuis quelques semaines et ne cessent de s’amplifier » écrivent-ils.

Tout va très bien

Face à cette situation, l’équipe médicale déplore l’absence de compréhension et d’empathie de la direction de l’hôpital, qui ne propose aucune solution. Cette cécité semble également celle du ministre de la Santé qui interrogé dimanche par le Parisien sur la question de la fermeture des lits dans tous les hôpitaux français et l’estimation faite par le Conseil scientifique de 20 % de lits concernés à démenti sévèrement : « Le chiffre de 20 % est faux. Il y a un peu plus de lits fermés qu’il y a deux ans, mais ce n’est pas beaucoup plus élevé » ajoutant concernant le nombre de soignants manquant : « Il y a environ 1 % d’absentéisme en plus que d’habitude. Sur 2 millions de soignants, ça fait du monde, mais ce n’est pas exceptionnel. En revanche, il y a, oui, de la fatigue bien compréhensible, des heures sup accumulées, des vacances retardées… ». Et apparemment à la lueur de la situation du service de neurologie du CHU Bicêtre qui fait écho à beaucoup d’autres, des vacances définitives.

Aurélie Haroche


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Publié le 14/12/2021
Sept vaccins anti-Covid-19 possibles pour faire le boost

Alors qu’une nouvelle vague de Covid-19 déferle sur l’Europe, les personnes vaccinées sont incitées à recevoir une dose de rappel susceptible de « booster » l’immunité face au virus. En pratique courante dans la plupart des pays européens, ce sont les vaccins des laboratoires Pfizer et Moderna qui sont utilisés pour cette « troisième dose » alors même qu’il existe désormais sept vaccins dirigés contre la Covid-19 sur les marchés occidentaux.

Or que sait-on de l’acceptabilité et de l’immunogénicité de ces autres vaccins potentiellement utilisables dans les stratégies de rappel vaccinal ? Cette question a « interpelé » un groupe de travail au Royaume-Uni, lequel a donc entrepris un essai randomisé multicentrique de phase 2, mené à double insu, dit COV-BOOST, destiné à comparer le pouvoir immunogène et l’acceptabilité de tous les vaccins anti-Covid homologués dans l’Union européenne (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Novavax, Valneva, Janssen et Curevac) éligibles au moins en théorie pour un rappel vaccinal après un schéma vaccinal complet. Ce dernier, outre-Manche, avait reposé sur deux doses du vaccin Pfizer ou Oxford/AstraZeneca.

Les résultats intermédiaires de cet essai, réalisé entre le 1er et le 30 juin 2021, sont publiés en ligne dans le Lancet du 2 décembre 2021. Ont été inclus 2 878 adultes âgés d’au moins 30 ans qui avaient reçu deux doses du vaccin Oxford /AstraZeneca ou Pfizer, respectivement au moins 70 et 84 jours avant le début de l’étude.

Les 18 sites qui ont participé à l’essai ont été répartis en trois groupes selon les vaccins anti-Covid utilisés pour la dose de rappel face à un vaccin « témoin »: (A) NVX-CoV2373 (Novavax ou NVX (dose complète ou demi-dose) ou ChAd (Oxford/Astrazeneca) ou vaccin antiméningococcique quadrivalent (MenACWY) ; (B) : BNT Pfizer (dose complète), VLA2001 (Valneva; VLA), VLA (demi-dose), Ad26.COV2.S (Janssen; Ad26) ou MenACWY ; (C) mRNA1273 (Moderna; m1273), CVnCov (CureVac; CVn), BNT (demi-dose) ou MenACWY.

Au sein de chaque groupe, le tirage au sort a décidé du choix entre les vaccins administrés entre 10 et 12 semaines après la deuxième dose. Les critères de jugement principaux ont pris en compte l’acceptabilité, la réactogénicité et l’immunogénicité (dosage des IgG anti-spike par ELISA). Les critères secondaires ont inclus le dosage des anticorps neutralisants et l’évaluation in vitro de la réponse immunitaire cellulaire.

Taux d’IgG anti spike très variables

Entre le 1er et le 30 juin 2 878 participants ont répondu aux critères d’éligibilité. Trois vaccins ont été à l’origine d’une réactogénicité élevée: le m1273 (Moderna) après une double vaccination ChAd/ChAd ou BNT/BNT, mais aussi le ChAd et l’Ad26 après BNT/BNT.

La moyenne géométrique du rapport des taux d’IgG anti-spike (MGRT) (vaccinés/témoins) est apparue des plus variables en fonction du vaccin utilisé pour le rappel et du schéma vaccinal initial. Ainsi, dans le groupe des primovaccinés par ChAd/ChAd, la MGRT a atteint 1,8 (intervalle de confiance IC99% 1,5-2,3) après une demi-dose de VLA, mais 32,3 (24,8-42,0) dans le groupe m1273. Dans le groupe des primovaccinés par BNT/BNT, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 1,3 (IC 99% 1,0-1,5) et de 11,5 (9,4-14,1). Des variations significatives quoique de moindre amplitude ont été observées pour l’immunité cellulaire testée in vitro versus témoins : la MGRT a été de 1,1 (IC 95% 0,7-1,6) pour le ChAd de 3,6 (2,4-5,5) pour le m1273, de 1,0 (0,7-1·6) pour la demi-dose de VLA.

Ces réponses biologiques ont été similaires dans les tranches d’âge 30-69 ans et au-delà (> ou = 70 ans). La fatigue et la douleur au point d’injection ont été les évènements indésirables les plus fréquemment rapportés, davantage entre 30 et 69 ans qu’au-delà. Les évènements jugés sérieux ont été rares, proches en incidence dans les groupes vaccinés (anti-Covid) et les groupes témoins. Au nombre de 24, ces évènements se sont répartis ainsi : groupes témoins (n=5), Ad26 (n=2) , VLA dose complète (n=5), VLA demi-dose (n=1), BNT dose complète (n=1), BNT (n=2), ChAd (n=2), CVn (n=1), NVX dose complète (n=2), NVX demi-dose (n=2) et m1273 (n=1).

Acceptabilité satisfaisante

Selon cette étude britannique de phase 2, les sept vaccins testés pour la troisième dose de rappel ont permis de stimuler l’immunité humorale et cellulaire après une primovaccination ChAd/ChAd ou BNT/BNT, avec une acceptabilité des plus satisfaisantes et un effet réactogène plus ou moins marqué, quoique supportable dans l’ensemble. Les réponses immunitaires sont apparues variables en amplitude d’un vaccin à l’autre, mais aussi d’un individu à l’autre, cependant suffisantes pour cautionner l’utilité des concurrents d’un point de vue biologique et clinique. Ces résultats ne préjugent pas cependant de l’efficacité globale de ce boost vaccinal dans le monde réel et idéalement, les sept vaccins devraient être comparés entre eux pour conclure formellement sur ce point et avancer des chiffres, ce qui ne risque pas d’arriver. Quoi qu’il en soit, ces résultats incitent à ne pas trop réduire les doses d’ARN messager au moment du rappel et invitent à une certaine flexibilité stratégique au moins en théorie.

La vaccination hétérologue à l’heure du boost de rappel ayant le vent en poupe, il y a là matière à la défendre et à l’utiliser à l’échelon d’une nation selon des critères décisionnels multiples : certes, des considérations immunologiques, mais aussi l’acceptabilité sans oublier les ressources habituelles du pays et la disponibilité de tel ou tel vaccin, enfin la situation épidémique du moment et les objectifs stratégiques qu’elle implique. Un choix qui est en en grande partie politique.

Dr Philippe Tellier
Référence
Munro APS et coll. : Safety and immunogenicity of seven COVID-19 vaccines as a third dose (booster) following two doses of ChAdOx1 nCov-19 or BNT162b2 in the UK (COV-BOOST): a blinded, multicentre, randomised, controlled, phase 2 trial. Lancet 2021: publication avancée en ligne le 2 décembre. doi: 10.1016/S0140-6736(21)02717-3.


source : jim.fr
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 20, 2021 3:02 pm

Le variant Omicron échappe au sérum des personnes vaccinées par Pfizer et AstraZeneca
Julie Kern
Publié le 14/12/2021 futura sciences


Alpha, Bêta, Delta, tous les variants du coronavirus qui ont émergé après l'élaboration des vaccins anti-Covid échappent plus ou moins aux anticorps neutralisants générés par l'injection. Les études préliminaires indiquent qu'Omicron n'échappe pas à la règle !

Dans une étude prépubliée sur medRxiv, des scientifiques de l'université d'Oxford ont mis le sérum de personnes vaccinées avec Pfizer ou Astra Zeneca face aux variants du SARS-CoV-2, dont le dernier en date Omicron. Comme cela était redouté, le variant Omicron échappe aux anticorps neutralisants présents dans le sérum des vaccinés, bien plus que les autres variants. Cette étude plutôt modeste puisque réalisée sur seulement 43 sérums et aux résultats variables selon les individus devra être relue par les pairs et confirmée ensuite par d'autres publications.

Des anticorps neutralisants démunis face au variant Omicron

Le test de neutralisation a été fait pour le variant Omicron, Delta, Bêta et un variant proche de la source originelle. Les scientifiques ont utilisé le sérum des participants à l'étude Com-Cov - 21 personnes doublement vaccinées avec Pfizer et 22 avec AstraZeneca. Les sérums ont été collectés 28 jours après la seconde dose.

Parmi les variants testés, Omicron est celui qui échappe le plus au pouvoir neutralisant des anticorps, surtout chez les personnes vaccinées avec AstraZeneca. Chez elles, les anticorps neutralisants efficaces contre Omicron étaient si peu nombreux qu'ils n'ont pas pu être détectés lors des tests. Pour les personnes vaccinées avec Pfizer, le titre moyen en anticorps neutralisants pour le variant Delta est de 558 contre seulement 54 pour le variant Omicron. Cette tendance devra être confirmée par d'autres tests.

La protéine S hyper-mutée du variant Omicron l'éloigne des autres variants phylogénétiquement et de la souche utilisée pour concevoir les vaccins. Si le variant Omicron devient majoritaire, les auteurs de l'étude pensent qu'il faudra adapter les vaccins. Ils écrivent : « Si cela devait se produire, il pourrait être nécessaire de produire des vaccins adaptés à Omicron. Cependant, en raison de la distance antigénique d'Omicron, il est peu probable qu'ils offrent une protection contre les souches précédentes. »

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Il faut parfois plus d’une dose d’adrénaline pour traiter une anaphylaxie
Publié le 17/12/2021

Alors qu'il y a une dizaine d'années une approche thérapeutique graduée était souvent proposée pour le traitement des réactions allergiques sévères, potentiellement à risque d'anaphylaxie, toutes les recommandations actuelles, nationales et internationales, préconisent l'injection intra-musculaire (IM) d'adrénaline en première intention. L'expérience professionnelle montrant qu'il n'est pas rare de devoir injecter plus d'une dose pour contrôler les symptômes, il est recommandé de prescrire 2 stylos auto-injecteurs d'adrénaline.

La revue systématique et la méta-analyse effectuées par Patel et coll., portant sur 86 études et totalisant 36 557 épisodes d'anaphylaxie, montre que 7,7 % des anaphylaxies ont dû être traitées par de multiples doses d'adrénaline, quelle que soit leur cause. Ce résultat est robuste, non affecté par les diverses formulations utilisées pour définir l'anaphylaxie. Compte-tenu du fait que certains patients peuvent "surtraiter" leurs symptômes par l'injection d'une seconde dose, les auteurs ont confirmé ce résultat dans un sous-groupe uniquement traité par des professionnels de santé : 11,1 % des anaphylaxies dues à l'ingestion d'aliments et 17,1 % des réactions associées à une piqûre d'hyménoptère ont été traités par plus d'une dose d'adrénaline.

Prescrire systématiquement deux doses

Cette étude estime à 2 % le nombre d'anaphylaxies ayant nécessité l'injection de plus de 2 doses d'adrénaline. Patel et coll. estiment qu'environ 10 % des patients recevant de l'adrénaline IM pour anaphylaxie n'ont pas une réponse optimale à une seule injection, ce qui valide la recommandation de prescrire systématiquement 2 doses chez tous les patients à risque d'anaphylaxie. En effet, de nombreuses raisons existent pour que la prescription d'une seule dose d'adrénaline ne soit pas suffisante :
  • 1) réaction anaphylactique évolutive ;
    2) dose insuffisante (les recommandations internationales sont de 0,5 mg pour les adolescents et les adultes, alors que plusieurs dispositifs sont dosés à 0,3 mg) ;
    3) injection incorrecte ou par voie sous-cutanée ;
    4) retard d'injection de l'adrénaline ;
    5) réaction anaphylactique biphasique.
Néanmoins, on peut se poser la question de savoir quel phénotype de patients est le plus susceptible d’avoir besoin de plus d'une injection d'adrénaline.

Pr Guy Dutau
Référence
Patel N, Chong KW, Yip AYG, Ierodiakonou D, Bartra J, et coll. : Use of multiple epinephrine doses in anaphylaxis: A systematic review and meta-analysis. J Allergy Clin Immunol., 2021;148(5):1307-1315.DOI. https://doi.org/10.1016/jaci.2021.03.042.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 20, 2021 6:58 pm

Trois nouveaux traitements pour la Covid
Publié le 20/12/2021

Le 16 décembre, le CHMP (Committee for Medicinal Products for Human Use) de l’EMA (European Medicines Agency) a recommandé l’autorisation de trois traitements contre la Covid-19.

Paxlovid : et si c’était l’antiviral tant attendu (pour les non vaccinés) ?

Le CHMP a émis un avis favorable sur l'utilisation de Paxlovid per os (associant PF-07321332 [inhibiteur de la protéase 3CLᵖʳᵒ des coronavirus] et ritonavir [un antirétroviral efficace dans le VIH]) pour le traitement de la Covid-19. L'avis est basé sur les résultats provisoires de l'étude principale (conduite par Pfizer mais non encore publiée) menée chez des patients non hospitalisés et non vaccinés qui présentaient une Covid symptomatique et au moins une comorbidité les exposant à un risque de forme grave. Ces données ont montré que Paxlovid réduisait (dans ces cas) le risque d'hospitalisation et de décès lorsque le traitement commençait dans les 5 jours suivant le début des symptômes. Moins de 1 % des patients (6 sur 607) ayant bénéficié du Paxlovid ont été hospitalisés dans les 28 jours suivant le début du traitement, contre 6,7 % de ceux (41 sur 612) du groupe placebo. Aucun des malades du groupe Paxlovid n'est décédé, contre 10 (1,6 %) du groupe placebo. L’indication retenue serait le traitement des adultes atteints de Covid-19 qui ne nécessitent pas d’oxygénothérapie et qui présentent un risque accru d'évolution vers une forme grave. Le Paxlovid doit être administré « le plus tôt possible après le diagnostic de Covid-19 » (dans les 5 jours suivant le début des symptômes) souligne l’Agence. La posologie est de deux comprimés quotidiens pendant 5 jours.

En termes de sécurité, les effets secondaires les plus fréquemment rapportés pendant le traitement (et jusqu'à 34 jours après la dernière dose) étaient une dysgueusie, des diarrhées et des vomissements. Paxlovid est déconseillé pendant la grossesse, chez les femmes allaitantes et celles en âge de procréer n’utilisant pas de contraception efficace en raison d’un risque tératogène démontré in vitro.

Un troisième anticorps monoclonal

Le CHMP de l'EMA a égalent conseillé d'autoriser l'anticorps monoclonal Xevudy (sotrovimab du laboratoire GSK). Xevudy est le troisième anticorps monoclonal recommandé dans l'UE pour le traitement de la COVID-19 après le Regkirona et le Ronapreve en novembre. Pour parvenir à cet avis favorable, le CHMP a évalué les données d'une étude portant sur 1 057 patients montrant que le traitement par Xevudy réduit de manière significative les hospitalisations et les décès chez les patients présentant au moins une comorbidité les exposant à un risque de Covid-19 sévère. Après le traitement par Xevudy, moins de 1 % des patients (6 sur 528) ont été hospitalisés pendant plus de 24 heures dans les 29 jours suivant le traitement, contre 6 % des malades sous placebo (30 sur 529), dont 2 sont décédés.La majorité des patients inclus étaient infectés par la souche originelle du SARS-CoV-2, mais d’après « les études de laboratoire, Xevudy devrait également être actif contre d'autres variants (y compris Omicron) » rapporte l’EMA. Le profil de sécurité de Xevudy est satisfaisant, avec un petit nombre de réactions d'hypersensibilité allergiques et de réactions liées à la perfusion.

Un immunosuppresseur en cas d’insuffisance respiratoire sévère

Enfin, l’EMA a recommandé d'étendre l'indication du Kineret (anakinra) pour les adultes atteints de pneumonie associée à la Covid nécessitant une oxygénothérapie (bas ou haut débit) et qui risquent de développer une insuffisance respiratoire sévère, déterminée par des taux sanguins de suPAR (récepteur soluble de l'activateur du plasminogène de l'urokinase) d'au moins 6 ng par ml. Le Kineret est un médicament actuellement autorisé dans l'UE pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Still, ainsi que les syndromes périodiques auto-inflammatoires de fièvre associés à la cryopyrine (CAPS) et la fièvre méditerranéenne familiale. Cette extension d’indication se base sur les données d'une étude portant sur 606 adultes hospitalisés souffrant de pneumonie modérée ou et présentant des taux de suPAR d'au moins 6 ng par ml. Ces sujets ont reçu du Kineret ou un placebo par injection en plus des soins standards. « Le bénéfice thérapeutique du Kineret par rapport au placebo a été étayé par une augmentation du nombre de patients qui se sont complètement rétablis et une réduction du nombre de patients dont l'état s'est aggravé jusqu'à l'insuffisance respiratoire grave ou le décès » écrit l’Agence sans fournir de données précises.

Rappelons cependant qu’en France les travaux avaient été interrompus alors qu’une surmortalité dans le groupe Kineret avait été observée.

Bien que ces trois traitements ne bénéficient pour l’heure que d’un avis favorable, il est probable que dans les circonstances épidémiologiques présentes, l’EMA autorisera formellement le Paxlovid et le Xevudy, et qu’ils seront rapidement mis sur le marché.

F.H.

jim.fr


A signaler le traitement de dr Odile Duvaux relayé sur SUD radio

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Publié le 17/12/2021
Le passe sanitaire est-il encore utile ?

Plusieurs pays ont instauré le passe sanitaire obligatoire pour l’accès à de nombreux espaces de la vie courante et pour les voyages internationaux. L’objectif visé pouvait être différent selon le contexte propre à chaque pays : améliorer le taux des dépistages en période de pénurie de vaccins (Danemark), augmenter la couverture vaccinale (Italie, France) et/ou répondre à une augmentation de l’incidence (France, Allemagne, Belgique).

Avant son instauration, certaines enquêtes avaient suggéré que cette mesure aggraverait la méfiance et le refus vaccinal. C’est pourquoi une équipe du Royaume-Uni a voulu vérifier son impact sur la couverture vaccinale. Les auteurs ont observé l’évolution des taux de vaccination dans 6 pays dans lesquels le passe sanitaire a été rendu obligatoire (Danemark, Israël, Italie, France, Allemagne, Suisse), et l’ont comparée à une prévision de la tendance en l’absence d’obligation.

La couverture vaccinale a été boostée par le passe sanitaire…surtout là où elle était médiocre

Quand l’objectif était d’améliorer la couverture vaccinale, il faut admettre que le passe sanitaire a joué son rôle, particulièrement dans les pays où elle était médiocre. En effet, une augmentation importante des taux de vaccination est constatée, avant même qu’il soit déclaré obligatoire, par effet d’anticipation. L’effet est d’autant plus important que la couverture vaccinale était faible. C’est le cas en France, où l’on peut considérer qu’en prévision de l’instauration du passe sanitaire, pendant une vingtaine de jour précédant l’obligation, 55 672 vaccins par million d’habitants ont été délivrés en plus en comparaison du contrôle, soit, en chiffre absolu, 3,7 millions de doses. A cela il faut ajouter les 4,8 millions de doses délivrées en plus dans les 40 jours suivant l’instauration de l’obligation du passe. L’effet est moins marqué dans les pays où la couverture vaccinale était meilleure, comme l’Italie, voire nul en Allemagne. Quant au Danemark, l’obligation a été instaurée à un moment où l’approvisionnement en vaccin était difficile, et son objectif était plutôt d’améliorer le dépistage.

A 20 ans, on se vaccine pour aller en boîte de nuit…

L’effet sur la vaccination est différent aussi selon les classes d’âge, maximal chez les moins de 20 ans puis les 20-29 ans, à la fois pour les 1ères et 2èmes doses. Par exemple, quand le passe sanitaire est déclaré obligatoire pour les boites de nuit et les réunions de plus de 100 personnes, une augmentation de la vaccination est constatée chez les moins de 20 ans. Puis, quand il est étendu (réunions de plus de 30 personnes, milieu hospitalier, loisirs), ce sont surtout les 20-49 ans qui se font vacciner.

Les auteurs soulignent que le passe sanitaire n’est qu’une mesure parmi d’autres pour contrer la défiance et le refus de la vaccination, mais qu’il n’a pas réussi à infléchir la décision dans tous les groupes. Ils estiment que des centres de vaccination dans des zones géographiques ciblées et le dialogue avec certains groupes où la défiance est particulièrement élevée devraient aussi être déployés.

Dr Roseline Péluchon
Référence
Mills MC et coll. : The effect of mandatory COVID-19 certificates on vaccine uptake: synthetic-control modelling of six countries. Lancet Public Health 2021 – Publication avancée en ligne le 13 décembre doi.org/10.1016/S2468-2667(21)00273-5


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Publié le 20/12/2021
Et s’il suffisait d’un bain de bouche pour diminuer la transmission du SARS-CoV-2…

Dans la Covid-19, chez un malade ou un porteur asymptomatique, le virus se trouve principalement dans les sécrétions orales ou nasales qui sont projetées dans l’air par une toux ou un éternuement, ou simplement par la respiration ou en parlant. Ces sécrétions se présentent sous deux formes : (1) des gouttelettes de1 µm à 1 mm, qui vont se déposer par gravité au sol ou sur des surfaces à courte distance (moins de 2 mètres), (2) des aérosols, particules plus fines (quelques millièmes de µm à 100 µm), pouvant être transportés dans l’air au-delà de 2 mètres et jusqu’à 7 à 8 mètres.

En général, les bains de bouche contiennent des ingrédients actifs destinés à tuer ou inhiber les bactéries buccales pathogènes, mais ils n’exercent pas d’action antivirale spécifique. Un document de synthèse de Carrouel et al., publié dans le Journal of Clinical Medicine dès 2020, signale toutefois que deux substances peuvent réduire la charge virale salivaire en SARS-CoV-2 : le Citrox et la bêta-cyclodextrine ; les auteurs préconisaient donc de conduire des recherches sur l’effet de ces bains de bouches pour prévenir l’infection par le SARS-CoV-2 et/ou en limiter la progression [1]

Tenant compte de ces deux constats, des scientifiques français de l’Université de Lyon, dont la plupart étaient cosignataires de l’article cité en référence [1], ont cherché à savoir si ces bains de bouche pouvaient réduire la charge virale salivaire du SARS-CoV-2, et en conséquence diminuer le risque de transmission à des sujets sains. Dans ce but, ils ont réalisé un essai clinique randomisé en double aveugle dans 4 centres hospitaliers français [2] ; il a permis d’inclure 176 sujets, âgés de 18 à 85 ans, testés positivement au SARS-CoV-2 ; ils étaient soit porteurs asymptomatiques, soit présentaient des formes cliniques bénignes. Deux groupes ont été constitués, l’un avec un bain de bouche contenant de la ß-cyclodextrine (0,1 %) et du citrox (0,01 %), l’autre avec un bain de bouche « placebo ». 3 rinçages de bouche ont été réalisés par jour pendant 7 jours chez tous les sujets.

Diminution de la charge virale à court terme

Des prélèvements salivaires ont été régulièrement analysés par RT PCR quantitative (3 prélèvements à quelques heures d’intervalle le premier jour, 1 seul prélèvement les 6 jours suivants).

Chez les sujets ayant utilisé des bains de bouche avec antiviraux, une diminution significative de la charge virale salivaire de 71 % a été observée 4 heures après le premier bain de bouche. Une décroissance continue de la charge virale a été notée dans les 2 groupes d’étude ; elle était plus rapide dans le groupe utilisant le bain de bouche avec antiviraux ; cependant il n’a pas été observé de différence significative entre les 2 groupes au terme des 7 jours d’étude (la charge virale diminue naturellement au cours du temps)

Les auteurs concluent que la prise de bain de bouche 3 fois par jour pendant 7 jours permet de réduire plus rapidement et significativement la charge virale. L’effet était significatif chez 50 % des sujets qui avaient la charge virale la plus élevée au départ.

Ainsi l'utilisation de bains de bouche contenant des molécules antivirales (ß-cyclodextrine et citrox), dès l’apparition de symptômes, a permis de réduire la charge virale du SARS-CoV-2 dans la salive. Pour l'effet à long terme (7 jours), cela ne semble pas apporter un avantage réel par rapport au placebo en ce qui concerne la réduction de la charge virale salivaire.



Pr Dominique Baudon, Professeur du Val-De-Grâce
Références
[1] Carrouel F et coll. : COVID-19: A Recommendation to Examine the Effect of Mouthrinses with β-Cyclodextrin Combined with Citrox in Preventing Infection and Progression.
J Clin Med. 2020; 9(4):1126. doi: 10.3390/jcm9041126.

[2] Carrouel F et coll. : Use of an antiviral mouthwash as a barrier measure in the SARS-CoV-2 transmission in adults with asymptomatic to mild COVID-19: a multicentre, randomized, double-blind controlled trial. Clin Microbiol Infect. 2021. (10):1494-1501. DOI: 10.1016/j.cmi.2021.05.028


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Publié le 16/12/2021
La létalité de la Covid-19 réduite de 90 % grâce à la 3e dose

Le développement des vaccins à ARN messager, qu’il s’agisse du BNT162b2 (Pfizer–BioNTech) ou du mRNA-1273 (Moderna) a transformé le pronostic des formes sévères de la Covid-19 et diminué la mortalité qui leur est imputable. La campagne vaccinale qui avait démarré rapidement et massivement en Israël avec une efficacité tout aussi rapide et spectaculaire avec le vaccin Pfizer–BioNTech s’est cependant heurtée à l’apparition du variant B.1.617.2 (delta). Une reprise épidémique s’en est suivie et au mois d’août 2021, le taux d’incidence de la Covid-19 était le plus élevé de la planète.

Début de la campagne le 30 juillet en Israël

Le 30 juillet 2021, le ministre de la santé israélien a ainsi pris la décision d’administrer une troisième dose de Pfizer–BioNTech pour relancer l’immunité individuelle et collective. Cette stratégie qui a été rapidement appliquée aux sujets âgés de plus de 50 ans cinq mois au moins après la deuxième dose du dit vaccin a-t-elle eu un impact significatif sur la létalité liée à la Covid-19 ? Une fois de plus, l’expérience israélienne précoce vient à point pour répondre à la question sous la forme d’une étude observationnelle réalisée entre le 6 août et le 29 septembre 2021.

Les informations obtenues à partir de la base de données des Clalit Health Services ont concerné 843 208 participants (âge ≥ 65 ans) dont la majorité (n= 758,118 ; 90%) a reçu la troisième dose du vaccin au cours des 54 jours de l’étude. Dans tous les cas, cette dernière a été administrée au moins cinq mois après la deuxième. Deux groupes ont été ainsi comparés : celui, majoritaire, des revaccinés et l’autre, minoritaire, des non revaccinés. Le modèle des risques proportionnels de Cox a été utilisé pour rechercher une association entre la létalité et le statut vaccinal, en procédant à des ajustements qui ont pris en compte les facteurs sociodémographiques, les comorbidités et autres facteurs de confusion potentiels.

65 décès pour 100 000 parmi les revaccinés contre 137 pour 100 000 en l’absence de rappel

Au total, 65 décès ont été dénombrés dans le groupe des revaccinés, soit une incidence quotidienne (pour 100 000) de 0,1 6 contre 137 décès dans l’autre groupe (incidence de 2,98 pour 100 000). La comparaison entre les deux groupes révèle que la létalité a été diminuée de 90 % dans le groupe des revaccinés, le hazard ratio ajusté correspondant étant en effet estimé à 0,10 (intervalle de confiance à 95 %, 0,07 à 0,14 ; p < 0,001).

Cette étude d’observation du type cas-témoins qui repose sur un effectif important et une méthodologie solide illustre clairement l’efficacité d’une troisième dose de Pfizer–BioNTech dès lors qu’elle est administrée au moins cinq mois après la deuxième et que l’on se réfère à un critère d’efficacité robuste qui est en l’occurrence la mortalité.

Cette stratégie a permis de réduire de 90 % la mortalité imputable à la Covid-19, chez les sujets âgés d’au moins 50 ans, à un moment où le variant delta dominait largement.

Dr Peter Stratford
Référence
Arbel R et coll. : BNT162b2 Vaccine Booster and Mortality Due to Covid-19. N Engl J Med 2021 ; publication avancée en ligne le 8 décembre. doi: 10.1056/NEJMoa2115624.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. déc. 22, 2021 8:14 pm

Publié le 22/12/2021
Direct 22 décembre : La part du variant Omicron a triplé en 2 jours ! | Troubles menstruels et vaccin Covid : pas de lien

Cette veille quotidienne vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur la Covid-19.

12 h 30 - La part du variant Omicron a triplé en 2 jours !
Ce matin, sur BFM TV, Olivier Véran a indiqué que selon ses données 20 % des cas de Covid sont dus à Omicron contre 7 % il y a 3 jours. Il estime que 40 % des cas seront liés à Omicron dans 48 heures.

12 h - Pas de « lien direct » entre troubles menstruels et vaccination anti-Covid
Depuis le début de la campagne vaccinale, 3 870 cas de troubles menstruels ont été observés après la vaccination avec Comirnaty et 562 cas après la vaccination avec Spikevax. Les effets se manifestent principalement de deux manières : par des saignements anormaux (les métrorragies, ménorragies) et par des retards de règles et aménorrhées. Ces effets sont survenus aussi bien après la première injection, qu’après la deuxième injection. A l’issue d’une analyse de ces données, l’ANSM conclut « à ce jour, les données disponibles ne permettent pas de déterminer le lien direct entre le vaccin et la survenue de ces troubles du cycle menstruel ».

11 h 30 - Forte baisse de l’espérance de vie aux Etats-Unis en 2020
Selon des données consolidées des CDC (Centers for disease control) l’espérance de vie des états-uniens à la naissance est passée de 78,8 ans en 2019 à 77 ans en 2020. L’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes s’est par ailleurs creusé, passant de 5,1 ans en 2019 à 5,7 ans en 2020 : 74,2 ans d’espérance de vie pour les hommes, contre 79,9 pour les femmes en 2020.

11 h - Le plan Biden dévoilé
Joe Biden a assuré mardi que les États-Unis étaient « prêts » face à la propagation du variant Omicron et a annoncé la distribution gratuite 500 millions de tests. Le président américain a également déclaré qu’il « envisageait » de lever les restrictions de voyage pesant sur huit pays africains, Omicron s’étant désormais répandu dans le monde entier. Les États-Unis vont enfin donner plus d’un demi-milliard de dollars d’aide supplémentaire à des organisations internationales pour lutter contre le Covid-19 face à l’irruption d’Omicron.
10 h 30 - Les aides-soignants mobilisés en outremer n’ont pas été payés !
Répondant à l’appel d’Olivier Véran, des aides-soignants métropolitains sont allés exercer en outremer pour soutenir les hôpitaux locaux. Or, dans le décret d’application sur les rémunérations, les aides-soignants ont été oubliés ! Aussi, ces derniers n’ont tout bonnement pas été payés malgré leur mobilisation exceptionnelle. Contacté par France Info, le ministère de la santé dit s’être aperçu de cet oubli administratif en octobre et bien que deux mois et demi après, rien n’ait changé, il promet : « le Ministère s’est immédiatement saisi de la question pour trouver une solution rapide pour indemniser ces professionnels. Il tiendra bien évidement son engagement d’indemnisation, en dépit du délai pris ». Un nouvel arrêté, précisant la rémunération de tous les professionnels de santé mobilisés est attendu pour Noël…

10 h - Elisabeth Borne demande de se préparer au renforcement du télétravail
Ce matin, la ministre du travail, Elisabeth Borne a déclaré : « Je demande aux entreprises de se préparer dès maintenant à renforcer le télétravail à la rentrée, donc le 3 janvier, avec une cible de trois jours minimums pour les postes qui le permettent, voire quatre jours quand c'est possible ».

9 h 30 - Martinique : deux leaders syndicaux contre l’obligation vaccinale meurent de la Covid
Deux représentants syndicaux mobilisés contre l’obligation vaccinale en Martinique sont morts des suites de la Covid-19, a appris, mardi 21 décembre, l’Agence France-Presse (AFP), auprès des services hospitaliers. Il s’agit du président de la Fédération des taxis indépendants de Martinique, Alain Decaille qui est mort, lundi, à l’âge de 61 ans. Depuis le mois de septembre, il avait organisé plusieurs opérations escargot sur l’île pour dénoncer l’obligation vaccinale imposée à sa corporation. Atteint par le Covid-19, il avait été hospitalisé trois semaines et soigné en réanimation, d’après le CHU de Martinique. Il s’agit également du président du Syndicat pour la défense des artistes martiniquais, Aimé Agat, décédé lundi, à l’âge de 48 ans, après avoir été hospitalisé en réanimation.

9 h - Un point de situation en France
Selon les dernières données publiées par Santé publique France, la situation de la Covid-19 est la suivante :

- Nouveaux cas confirmés hier : 72 832 (8 818 154 depuis le 1er mars 2020, 1 264 641 en 4 semaines)
- Incidence : 544,8
- Taux de positivité des tests : 6,8 %
- 970 décès sur ces 7 derniers jours (121 946 depuis le début de la pandémie)
- 16 076 patients hospitalisés dont 3 096 en soins critiques

8 h - Un point de situation dans le monde
Selon les dernières données colligées par l’université John Hopkins de Baltimore, on dénombre 276 317 420 infections par SARS-CoV-2 et 5 371 759 décès de Covid depuis le 1er mars 2020.
Ces quatre dernières semaines, les 3 pays les plus impactés par la pandémie, sont :
- en nombre de cas : les Etats-Unis (3 288 765), le Royaume Uni (1 621 985), l’Allemagne (1 382 814) ;
- en nombre de décès : les Etats-Unis (35 185), la Russie (31 803) , l’Ukraine (12 157)

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Publié le 22/12/2021
Vous prendrez bien une quatrième dose ?

Le gouvernement israélien a annoncé qu’une quatrième dose de vaccin serait bientôt administrée à la population, une décision qui n’est pas « d’actualité » dans l’hexagone, mais que la France pourrait prendre sans doute dans quelques mois.

Premier pays à avoir massivement vacciné sa population dès décembre 2020, premier à avoir eu recours à la troisième dose à compter d’août 2021, Israël sera également le premier à administrer une quatrième dose de vaccin à sa population. Ce mardi, le Premier Ministre Naftali Bennett a annoncé que le Comité d’experts sur la pandémie avait approuvé l’inoculation d’une quatrième dose pour les personnes âgées de plus de 60 ans, les sujets immunodéprimés et le personnel soignant. « Les citoyens d’Israël ont été les premiers au monde à recevoir la troisième dose et nous continuons d’être à l’avant-garde » a déclaré le chef du gouvernement israélien. La nouvelle campagne de vaccination devrait débuter dans les prochains jours. La quatrième dose pourra être administré quatre mois après la troisième.

45 % des Israéliens sont triple vaccinés

La situation épidémique en Israël est actuellement très bonne, avec moins de 900 contaminations par jour (en légère augmentation depuis quelques semaines) et une quinzaine de morts par semaine. La décision des autorités israéliennes est avant tout justifiée par la peur du variant Omicron, qui a déjà conduit à la fermeture totale des frontières israéliennes. « La quatrième dose est une excellente nouvelle qui nous aidera à passer à travers la vague d’Omicron qui submerge le monde » a commenté Naftali Bennett.

Près de 45 % des Israéliens ont reçu une troisième dose, l’un des taux les plus élevés au monde. Mais la plupart des habitants ont reçu cette dose de rappel en août-septembre et son efficacité pourrait donc déjà diminuer. Actuellement, environ 10 % des personnes contaminés sont des triples vaccinés. Selon les chercheurs de l’Université Bar Ilan de Tel-Aviv, une réduction d’efficacité de la troisième dose a été observée après 4 mois, mais elle « minime comparé à ce qu’on a observé après la deuxième dose ».

Une quatrième dose au printemps en France ?

« Le monde suivra nos pas » a lancé, prophétique, le chef du gouvernement israélien. Il est vrai que depuis l’arrivée des premiers vaccins contre la Covid-19, l’Etat hébreu semble avoir une longueur d’avance sur les autres pays occidentaux. Presque toutes les décisions prises par Israël sur le terrain de la vaccination (passe sanitaire, triple dose, vaccination des enfants…) l’ont été par la France et les pays européens 2 à 3 mois plus tard. Les Français recevront-ils une quatrième dose à compter du printemps ? Le 8 décembre dernier devant le Sénat, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy expliquait « qu’il est possible que nous ayons besoin à un moment donné d’une quatrième dose, dans quel délai je ne le sais pas encore ».

Au Brésil, le ministère de la Santé a également annoncé que les personnes immunodéprimés, atteintes d’un cancer ou contaminés par le VIH pourront recevoir une quatrième dose.

Une décision qui intervient en plein bras de fer entre le président Jair Bolsonaro et l’Agence de santé publique du Brésil, le chef de l’Etat reprochant aux scientifiques leurs décisions d’ouvrir la vaccination aux enfants âgés de 5 à 11 ans.

Quentin Haroche

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Publié le 22/12/2021
Vaccination des enfants : vitesse ou précipitation ?

Il y a seulement une semaine, le gouvernement ouvrait la vaccination aux enfants atteints de certaines comorbidités. Le ministre de la Santé évoquait alors, timidement, l’ouverture de la vaccination à tous les enfants (sur la base du volontariat) courant janvier.

Mais dans ce domaine, comme dans tout ce qui a trait à la pandémie, l’histoire s’est accélérée.
8 jours qui ébranlèrent une campagne vaccinale
Le 17 décembre, le CNE (Comité consultatif national d’éthique) tirait le premier et rendait un avis favorable.

Lundi, la HAS (Haute autorité de santé) lui emboitait le pas en donnant son feu vert à cette immunisation pédiatrique.

Pour appuyer son avis, l’institution sanitaire écrivait : « les formes sévères de Covid-19 affectent rarement les enfants mais lorsque c’est le cas près de 80 % d’entre elles sont retrouvées chez des enfants sans comorbidités. Par ailleurs, dans le contexte de l’arrivée du variant Omicron, plus contagieux que le variant Delta, on peut donc s’attendre à une augmentation des cas de formes sévères chez les enfants. »

Ce matin même, c’était autour du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale de valider cette nouvelle frontière de la campagne vaccinale…Quelques minutes avant une décision ministérielle !

Le comité emmené par le Pr Fischer a mis en avant « les données de sécurité du CDC des États-Unis au 12 décembre 2021 » qui « montrent que sur 7 141 428 doses administrées [chez des enfants de 5 à 11 ans], seulement 14 cas de myocardites ont été recensés, dont 8 ont pour l’instant été confirmés (4 garçons et 4 filles ; 2 cas après la première injection et 6 cas après la deuxième). Ces myocardites sont d’évolution favorables ».
Comment vacciner près de 6 millions d’enfants ?
Mais pour l’heure, contrairement à ce qui avait été préparé en amont par la Direction générale de la santé (DGS), aucune « directive » n’a encore été publiée pour guider les professionnels de santé, signe supplémentaire d’une certaine précipitation.

Chez Jean-Jacques Bourdin, le locataire de l’Avenue de Ségur a néanmoins détaillé quelque peu la procédure : « il faut engager la vaccination des enfants et dans les heures qui viennent, vous pourrez prendre des rendez-vous pour tous les 5-11 ans. Il faudra que l'un des parents soit là. Il y aura 350 centres de vaccination dédiés ».
Pour appuyer sa décision, il a rapporté « aujourd'hui, il y a 145 enfants hospitalisés pour des formes graves de Covid-19 et 27 enfants en réanimation, dont certains sans comorbidités. Je ferai moi-même vacciner mes enfants sans hésitation et le plus vite possible. Est-ce que les enfants se contaminent? Oui. Au variant Omicron? Sans aucun doute. Ils font des formes graves? Oui. Le vaccin les protège? Oui. Peuvent-ils faire des Covid long? Oui. Le vaccin protège-t-il contre le Covid long? Oui. Enfin, le vaccin réduit le risque de contaminations donc celui des enfants et celui de fermeture des classes ».

Pour en savoir plus on pourra se reporter au communiqué de la HAS qui a recommandé de vacciner en priorité les élèves de 6e.

La HAS a également tranché en faveur du vaccin Pfizer : les 5-11 ans ne pourront recevoir que ce produit selon le schéma vaccinal suivant : deux doses (de 10 microg contre 30 microg pour les adultes) de vaccin à 21 jours d'écart.

Avant le vaccin, la HAS recommande également la réalisation d'un TROD sérologique (test rapide d'orientation diagnostique). En cas de test positif, l’enfant bénéficiera d’un schéma en une dose.

On pourra enfin relire ce qui avait été décidé pour la vaccination des petits patients atteints de comorbidité.

Au terme de la circulaire de la DGS sur ce point, il apparaissait que la vaccination pourra être réalisée en cabinet de ville par les professionnels de santé libéraux (médecins et IDE sur prescription médicale) qui devront pour ce faire se fournir en vaccin auprès des centres de vaccination.

On peut imaginer également, que, comme cela se fait pour les adolescents, des unités mobiles se déplaceront dans les écoles primaires.

Quoi qu’il en soit, des observateurs ne manqueront pas de pointer une certaine précipitation à vacciner les enfants alors qu’il demeure encore des millions de sujets adultes à risque non-immunisés…. Le Dr Robert Cohen (Pediatrie, CHI de Crétail, président de la société française de pédiatrie), par exemple, a ainsi souligné le 18 décembre sur Cnews jours "Il n'y a pas d’urgence épidémiologique pour les enfants. Les chiffres que je vous ai montrés ne plaident pas pour une urgence de la vaccination ».

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Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 27, 2021 12:46 pm

Variant Omicron : le vaccin Pfizer ne serait plus efficace qu'à 23 % mais protégerait encore des formes graves !

Céline Deluzarche
Publié le 14/12/2021
futura sciencces


Étude après étude, les craintes se confirment concernant le variant Omicron. Le taux d'anticorps face à celui-ci est jusqu'à 40 fois inférieur à celui du variant original. Il semble que le vaccin reste cependant efficace contre les formes sévères de Covid-19, et qu'une troisième dose est plus que jamais nécessaire.

Compte tenu du nombre élevé de mutations qu'il présente (plus d'une trentaine dans la seule protéine de pointe), les scientifiques redoutent que le variant Omicron échappe aux vaccins actuels (qui rappelons-le ont été fabriqués à partir de la souche de Wuhan). Une nouvelle étude menée en Afrique du Sud et prépubliée sur medRxiv (donc encore non relue) fait état d'une efficacité réduite à 22,5 % contre les infections avec le vaccin Pfizer/BioNTech. Les scientifiques observent ainsi une réduction de 41 fois du nombre d'anticorps neutralisants par rapport à la souche originale chez les personnes vaccinées avec deux doses. « Cela compromet sérieusement la capacité du vaccin à prévenir les infections », met en garde l'auteur principal, Alex Signal. Cela pourrait être dû notamment à une mutation nommée R346K qui semble favoriser la capacité du virus à échapper au vaccin.
La troisième dose pour retrouver le niveau d’efficacité équivalent

« Nos données suggèrent que le vaccin reste toutefois efficace contre les formes graves, qui nécessitent de plus faibles taux d'anticorps », notent les auteurs. Omicron ne semble pas non plus altérer le niveau de lymphocytes T, qui participent à la « seconde ligne » du système immunitaire. Ce résultat vient confirmer ceux du laboratoire Pfizer lui-même, qui montrent une réduction par 25 du taux d'anticorps neutralisants face à son vaccin. Pfizer précise toutefois que la troisième dose fait remonter le taux d'anticorps face au variant Omicron à un niveau similaire à celui observé avec deux doses sur les autres variants. « Il est prématuré de conclure que la réduction de l'activité de neutralisation des anticorps se traduit par une baisse significative de l'efficacité des vaccins », appuie la cheffe scientifique de l'OMS, Soumya Swaminathan. Le système immunitaire est une machine complexe et seuls des résultats en conditions réelles permettront d'en savoir plus.

Les bonnes et les mauvaises nouvelles du variant Omicron

Article de ETX Daily Up publié le 11/12/2021

Avec trois doses de vaccin, le variant Omicron fera-t-il de la résistance ? À l'heure actuelle, tout laisse penser que celui-ci échappe en partie à l'efficacité des vaccins. Des craintes donc mais aussi des espoirs puisque ces derniers restent tout de même en mesure d'éviter les formes graves de Covid-19 et qu'une troisième dose donnerait des niveaux de protection comparables aux deux doses administrées sur la souche originelle.

Les vaccins contre la Covid risquent de perdre en efficacité face à Omicron, mais une dose de plus pourrait y remédier. De premiers éléments, notamment donnés par le laboratoire Pfizer, éclairent la capacité du nouveau variant à résister à la vaccination. Omicron n'est « probablement pas suffisamment neutralisé après deux doses », ont admis mercredi les groupes Pfizer et BioNTech, dont le vaccin contre la Covid-19 se donne initialement en deux injections.

Mais « le vaccin est toujours efficace contre la Covid-19 (...) s'il a été administré trois fois », tempèrent-ils dans un communiqué commun, sur la base d'études non publiées. Les deux groupes apportent de premières réponses à la principale inquiétude liée au variant Omicron, une dizaine de jours après qu'il a été repéré en Afrique du Sud. Va-t-il contourner les vaccins ?

La majorité des chercheurs jugent cette hypothèse probable, au regard des nombreuses mutations présentées par Omicron. Plusieurs fabricants de vaccins ont déjà prévenu qu'ils devraient certainement en concevoir une nouvelle version. Mercredi, Pfizer et BioNTech ont promis de le faire d'ici à mars. Mais ils se montrent rassurants sur leur vaccin actuel en assurant qu'« une troisième dose fournit un niveau d'anticorps neutralisants contre Omicron similaire à celui observé après deux doses » pour les précédentes incarnations du coronavirus. Leurs études ont en effet mesuré en laboratoire le degré d'anticorps produits contre le nouveau variant chez des personnes vaccinées.

Un variant « très fortement résistant »

Pfizer et BioNTech estiment par ailleurs que deux doses de leur vaccin sont toujours en mesure de protéger contre les conséquences sévères d'une infection à Omicron. Les deux groupes ont communiqué ces résultats peu après que soient rendus publics d'autres travaux du même type mais menés de manière indépendante. Ces derniers confirment l'hypothèse d'un variant Omicron très fortement résistant aux anticorps produits par les vaccins.

« Omicron échappe en partie à l'immunité conférée par le vaccin Pfizer », a résumé mardi l'Africa Health Research Institute (AHRI), un organisme sud-africain qui a patronné l'une de ces études. Celle-ci, qui doit encore être relue de manière indépendante, s'est intéressée à une douzaine de personnes préalablement vaccinées par le vaccin Pfizer/BioNTech et témoigne d'un effondrement du niveau d'anticorps efficaces contre Omicron.

Parallèlement, des chercheurs allemands, qui ont aussi testé l'efficacité du vaccin Moderna, ont partagé de premiers résultats allant dans le même sens. Ces deux travaux ont utilisé « des configurations de virus et de cellules légèrement différentes [mais] leurs résultats convergent », a remarqué sur Twitter le virologue allemand Christian Drosten, qui n'y a pas participé.
Omicron va-t-il amplifier la pandémie ?

M. Drosten, qui s'est exprimé avant les annonces de Pfizer et BioNTech, estime à titre personnel que les résultats allemands et sud-africains prouvent qu'une dose de rappel de vaccin est « nécessaire ». Les deux laboratoires ne peuvent que l'approuver puisqu'ils vantent l'efficacité d'une troisième dose sur la production d'anticorps face à Omicron.

Ce n'est pas forcément contradictoire avec l'étude sud-africaine qui constate que l'immunité par anticorps baisse moins chez les personnes qui ont non seulement été vaccinées mais aussi infectées par le coronavirus. Cela pourrait être équivalent à trois doses de vaccin même s'il faut être très prudent à ce stade quant aux conclusions à tirer de ces études menées en laboratoires. Car le degré d'anticorps n'est qu'un indicateur très avancé de l'efficacité réelle du vaccin. L'organisme se défend par d'autres moyens dont l'immunité « cellulaire » conférée par les lymphocytes T mais plus difficile à évaluer.

En outre, les annonces de Pfizer ne donnent aucune idée de l'efficacité réelle contre Omicron des doses de rappel déjà largement distribuées dans des pays comme les États-Unis, Israël ou la France, face à la baisse progressive d'efficacité des vaccins déjà constatée avant l'apparition du variant. « Nous avons surtout besoin de données dans la vraie vie pour savoir ce qui est vraiment en train de se passer », a reconnu auprès de l'AFP Willem Hanekom, directeur général de l'AHRI. « Désormais, Omicron représente plus de 90 % des (corona)virus observés » en Afrique du Sud, remarque-t-il. « Nous allons voir s'il y a du changement dans le degré de protection conféré par les vaccins par rapport aux précédents variants ».

Ces réponses mettront plusieurs semaines à émerger, même si M. Hanekom évoque de premiers éléments encourageants sur la capacité des vaccins à permettre d'éviter les formes graves, y compris via Omicron.

Le variant Omicron est « clairement hautement transmissible » et les vaccins pourraient se révéler moins efficaces

Omicron, nouveau trouble-fête dont le génome est actuellement décortiqué par les scientifiques, ne paraît pas plus dangereux que Delta ; en revanche, il est hautement plus transmissible mais ne semble pas provoquer de symptômes plus sévères ; il faudra cependant attendre deux semaines afin de pouvoir le confirmer. Quant aux vaccins, Omicron présentant un grand nombre de mutations, il est également prématuré de se prononcer sur leur efficacité.

_______

Une troisième dose contre le variant Omicron suffit-elle ?

Stéphanie Le Guillou Publié le 20/12/2021 futura sciences

Le variant Omicron se propage à la vitesse de l’éclair sur toute la Planète. Il devrait devenir dominant dans les semaines qui viennent. Les scientifiques se mobilisent pour essayer de mieux le comprendre pour mieux le combattre. De nouvelles données concernant l'efficacité des vaccins viennent d'être publiées. Il se pourrait bien que même les personnes ayant reçu trois doses de vaccin ne soient pas entièrement protégées contre ce nouveau variant extrêmement contagieux. Plus inquiétant encore, la protection conférée par la dose de rappel ne serait effective que quelques semaines...

La 3e dose, ou dose de rappel, ne suffirait pas

Une étude non encore publiée suggère que le variant Omicron serait en partie résistant aux anticorps de patients convalescents mais aussi aux anticorps de patients au schéma vaccinal complet (deux doses d'un vaccin à ARNm + booster). Ces informations sont confirmées par le P.-D.G. de BioNTech, qui a conçu le vaccin avec Pfizer : « Même les triples vaccinés sont susceptibles de transmettre la Covid-19. Il y aura une perte d'efficacité contre Omicron avec le temps... Nous sommes loin des 95 % d'efficacité que nous avions obtenus contre le virus initial », renchérit-il.


Après la deuxième dose, l’efficacité du vaccin ne serait que de 20 %. Celle-ci monterait à 70 % après la troisième dose... pendant un certain temps. Trois mois seulement après la 3e dose, l'efficacité retomberait en dessous des 25 %. Malgré ces données affolantes, il semblerait en revanche que la protection contre les formes graves de la maladie demeure.“

Pourquoi le variant échappe aux vaccins ?

Une des particularités du variant Omicron est son nombre impressionnant de mutations sur la protéine Spike. La protéine Spike est une protéine essentielle dans le mode de fonctionnement des vaccins et des thérapies par anticorps monoclonaux actuellement disponibles.

Dans le cas du vaccin, l'ARNm contient le plan de fabrication de la protéine Spike. Lors de l'injection du vaccin, notre organisme va la fabriquer et l'exposer à la surface de nos cellules. Au contact de la protéine Spike, les cellules immunitaires vont produire des anticorps contre le virus. Notre corps sera déjà armé s'il rencontre le virus... sauf si la protéine Spike produite avec le vaccin diffère trop de la protéine Spike des variants en circulation. Plutôt que de se faire vacciner tous les 3 mois, il faut adapter le vaccin aux variants. C'est d'ailleurs ce qui est fait chaque année avec le vaccin contre la grippe.

La société Pfizer-BioNTech est en train de concevoir un vaccin adapté au grand nombre de mutations de la protéine Spike du variant Omicron. Celui-ci devrait être disponible courant mars. En attendant, les gestes barrières demeurent d'actualité en cette période de fêtes, même pour les triples vaccinés.
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. déc. 29, 2021 3:13 pm

Publié le 28/12/2021
Déferlante Omicron : il ne faut plus isoler les porteurs asymptomatiques et les cas contacts [Tribune]
Par le Professeur Dominique Baudon, Professeur du Val-De-Grâce

Dans cette nouvelle tribune, le Pr Dominique Baudon vient « mettre les points sur les I » en ce qui concerne les mesures à prendre, selon lui, face à l’irruption intempestive du variant Omicron. Ou plutôt les mesures à ne plus prendre…Entre « vivre avec » et se passer des gestes barrières !

La « vague Omicron » déferle sur le monde, et la France n’est pas épargnée. Il a été désigné « Variant of Concern (VOC) » par l'OMS le 26 novembre 2021. Il est plus transmissible que le variant Delta, avec un temps de doublement des cas de 2 à 4 jours, et, d’après les premières études beaucoup moins virulent (1,2) ; c’est une évolution naturelle en virologie. Ce variant Omicron représentait 10,6 % des cas de Covid-19 en semaine 50 (données Santé Publique France/13-19 décembre). Il représenterait 20 % des cas selon une déclaration du porte-parole du gouvernement le 21 décembre dernier. Il va rapidement supplanter le variant Delta.

Explosion du nombre de tests de dépistage et du nombre de cas contacts

Le gouvernement a poussé les français à se faire dépister en vue des fêtes de fin d’année ce qui a provoqué une augmentation artificielle du taux d’incidence des cas.

Le 23 décembre, un million de tests de dépistage ont été réalisés en France dont 7,9 % étaient positifs (79 000) ; déjà, depuis plusieurs jours, le nombre de tests avoisinait le million par jour. Ce 23 décembre, le taux d’incidence des cas positifs était en moyenne pour 1 semaine de 713 p 100 000, ce qui correspond à près de 480 000 cas dépistés. Le nombre de sujets contacts sur cette même période est très difficile à calculer ; si nous estimons par exemple qu’il y a 10 sujets contacts pour un sujet testé positif (un chiffre que je considère comme un minimum), il y aurait eu 4,8 millions de cas contacts.

A noter, pour montrer la relativité des chiffres, que si l’on en était resté à 300 000 tests par jour (moyenne avant l’incitation à se faire tester), le taux d’incidence aurait été divisé par trois, égal à environ 250 p100 000 !!!!

Une stratégie d’isolement des cas qui va vers…un confinement des actifs

Face à l'arrivée du nouveau variant Omicron, les règles d'isolement ont évolué pour les cas contacts : il faut s’isoler immédiatement pour 7 jours, et même pour 17 jours si une personne vit au domicile de la personne malade, et cela, même si le cas contact est totalement vacciné (3).

La nette augmentation récente des cas testés positifs a entraîné une explosion du nombre de cas « d’arrêts maladies » liés à la Covid-19 ; ceux-ci concernent aujourd’hui essentiellement des cas contacts.

Ainsi, entre le 1er novembre et la mi-décembre, le nombre d'arrêts de travail délivrés par l'Assurance maladie aux personnes devant s'isoler a été multiplié par plus de 7, passant de 5 763 à 42 541 (augmentation de 740 %). Ces arrêts de travail "Covid" sont destinés aux salariés symptomatiques, positifs à la Covid-19 ou cas contact, en attente d'un test et qui ne peuvent pas télétravailler (4).

Vu la diffusion « tsunamique » du virus, en maintenant cette stratégie de l’isolement des cas positifs, on va vers un « confinement des actifs » et un blocage social et économique totalement injustifié. Le Conseil scientifique l’a clairement indiqué dans un communiqué du 27 décembre qui précise que « la contagiosité du variant Omicron, qui devrait bientôt être majoritaire dans notre pays, est telle que le risque est majeur d’une désorganisation de la société ». Si on effectuait la même stratégie de dépistage et d’isolement pour la grippe ou tous les virus respiratoires hivernaux on obtiendrait des chiffres encore plus élevés.

Échec confirmé du « tracer, tester, isoler »

Cette stratégie visant à freiner les vagues épidémiques n’a jamais réellement marché en France et n’a jamais été évaluée pour en étudier l’efficacité ; pourquoi aucune enquête n’a-t-elle été réalisée pour estimer le pourcentage de sujets parmi les cas testés positifs qui se sont réellement isolés. Ainsi la stratégie « tracer, tester, isoler » est, avec ce variant très transmissible, obsolète. Elle n’est efficace qu’en début de circulation du virus lorsque les cas sont très rares. Le Ministre de la santé et des solidarités l’a admis lui-même le 23 novembre lors d’un déplacement à Paris : « Lorsque le variant Omicron est apparu, on a pris des mesures draconiennes d'isolement, de contact tracing, de séquençage pour pouvoir empêcher ce variant d'entrer sur le territoire. Désormais, il circule et il est amené à être majoritaire ».

Il faut vivre avec ce virus

Alors que faire face à ce variant Omicron ? Il faut vivre avec ce virus, et la stratégie doit être ciblée essentiellement sur les sujets à risque (personnes âgées et/ou personnes avec comorbidités).

1) Il faut vacciner avec les trois doses les 5 millions de personnes non encore vaccinées.

Il faut aller « vers » eux ; cela est maintes fois répété mais n’est pas fait avec toute l’efficacité nécessaire ; pourquoi ?

Le Passe vaccinal qui va entrer en vigueur, et dont j’ai appelé à l’application dans une précédente tribune (5), va inciter encore plus les non vaccinés à se faire vacciner.

Il faut encore plus encourager à recevoir la dose de rappel (3e dose). L’injection de rappel pour les personnes de plus de 60 ans dont la vaccination complète remonte à plus de 6 mois améliore la protection vaccinale à plus de 90 % pour les infections symptomatiques comme pour les hospitalisations. Depuis le 24 décembre en cohérence avec l’avis de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande un rappel dès 3 mois après la deuxième dose ; de plus, elle recommande d’administrer un rappel aux adolescents présentant des comorbidités et âgés de 12 à 17 ans (6).

2) Il ne faut plus pratiquer la stratégie « Tester, tracer, isoler » dans sa forme actuelle et ne plus inciter les porteurs asymptomatiques et les cas contacts à s’isoler ; il faut raisonner comme dans les autres maladies virales respiratoires hivernales ; en cas de symptômes, consulter un médecin qui décidera éventuellement d’un arrêt maladie, ce qui correspond de fait à un isolement du malade à domicile, avec respect strict des gestes barrières.

3) Retour de la vie scolaire à la normale. Ne plus tester systématiquement à l’école.

En raison de la cinquième vague de Covid-19, le ministère de l’Éducation nationale a décidé, le 9 décembre dernier, d'appliquer le protocole sanitaire n°3. Il impose notamment le "port du masque en intérieur et en extérieur pour les personnels et les élèves dès le CP", la "limitation du brassage par niveau obligatoire et par classe pendant la restauration dans le 1er degré" ou encore l'interdiction "des sports de contact". Je ne reviendrai pas ici sur les graves conséquences psychologiques voire psychiatriques démontrées liées à ces mesures pour les enfants.

Avec l’arrivée du variant Omicron, le nombre d’enfants testés positifs va exploser avec en conséquence la fermeture de trop nombreuses classes. On ne répétera jamais assez que les enfants de moins de 12 ans, sans comorbidité, sont peu touchés par la maladie, et qu’en cas de maladie, ne font qu’exceptionnellement des formes graves. Il faut donc réserver le dépistage aux enfants qui présentent des symptômes. Nous les parents et grands-parents sommes habitués depuis toujours au comportement des enseignants qui dès le moindre symptôme constaté chez un élève (fièvre en particulier) nous appellent pour venir chercher l’enfant ; continuons cette démarche. Je milite donc pour a fin du port du masque à l’école, en classe et lors des activités extérieures, et pour l’arrêt des évictions scolaires pour les cas positifs asymptomatiques et les cas contacts. La vaccination des enfants n’aura aucune influence sur la circulation virale ; seuls les enfants de 5 à 11 ans à risque de formes grave doivent être vaccinés et cela a débuté le 15 décembre (6). Enfin repousser la rentrée des classes, avec la gêne occasionnée pour les parents, n’aurait aucun sens.

4) Quid des gestes barrières ?

Le port du masque est obligatoire en intérieur dans les lieux recevant du public (même dans les lieux où le passe sanitaire est obligatoire). Les préfets ont de plus la possibilité de le rendre obligatoire en extérieur pour certains événements (marchés de Noël, brocantes par exemple, divers rassemblements organisés de personnes). Il faudrait mener une vraie réflexion sur l’utilité des gestes barrières. Ils n’ont pas permis d’éviter les différentes vagues et en particulier cette épidémie Omicron. Plus un virus est contagieux, moins les gestes barrières sont efficaces.

Il faut que les politiques et les scientifiques cessent d’asséner des « vérités absolues », telle que « certes les gestes barrières ne peuvent stopper la diffusion du virus, mais ils la freinent » ; cela était valable pour le SARS-CoV-2 initial, un peu moins pour le Delta, et beaucoup moins pour le variant Omicron.

Pour moi, les gestes barrières sont nécessaires uniquement lors des « rencontres » avec des personnes à risque ou avec des malades de la Covid.

Références
(1) https://www.imperial.ac.uk/mrc-global-i ... y-omicron/
(2) https://www.medrxiv.org/content/10.1101 ... 21268116v1
(3) https://demarchesadministratives.fr/act ... e-17-jours
(4) https://www.bfmtv.com/economie/entrepri ... 30423.html
(5) Publié le 27/11/2021 Quelques vérités bonnes à dire sur la nécessité du passe vaccinal
https://www.jim.fr/medecin/pratique/rec ... dito.phtml
(6) La vaccination des enfants de 5 à 11 ans à risque de formes graves débute le 15 décembre
Publié le 15 décembre 2021 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre) https://www.service-public.fr/particuli ... tes/A15375


Source : jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. janv. 25, 2022 8:28 pm

Publié le 31/12/2021
Prédire l’échec de l’extubation avec la mesure de la dyspnée et l’échographie des muscles inspiratoires

Un échec de l'extubation concerne 10 à 15 % à des patients en réanimation. Un retard à la réintubation entraînant une mortalité plus élevée, l'identification précoce des patients à haut risque d’échec de l’extubation est primordiale. En pratique, la difficulté à détecter une aggravation clinique peut s’expliquer par le manque de marqueurs de la ventilation spontanée hors respirateur, sachant que la fréquence respiratoire seule n'est pas un indicateur suffisant de l'effort inspiratoire. Il a été suggéré que la dyspnée, l’une des caractéristiques de l'insuffisance respiratoire aiguë, pouvait être un facteur prédictif. De même, l'activité des muscles inspiratoires accessoires (tels que les muscles intercostaux et scalènes), fortement corrélée à l'intensité de la dyspnée, est généralement associée à celle du diaphragme dans l’insuffisance respiratoire aiguë. L'activité des intercostaux parasternaux et du diaphragme pouvant facilement être objectivée à l’échographie, une étude a proposé d’utiliser l'intensité de la dyspnée et l'échographie des muscles inspiratoires tôt après l'extubation pour prédire la probabilité d’un échec.

Menée de manière prospective dans 2 unités de soins intensifs en France et au Canada, l’étude a inclus des patients intubés pendant au moins 48 h qui ont été suivis dans les 2 h après leur extubation consécutive à un essai de respiration spontanée réussi. La dyspnée a été évaluée par l’échelle visuelle analogique de la dyspnée (Dyspnée-VAS) et par l’IC-RDOS (Intensive care Respiratory Distress Observation Scale). La fraction d'épaississement de l'intercostal parasternal (portion de l'intercostal interne entre le sternum et les jonctions chondrocostales) et du diaphragme a été mesurée à l’échographie, et la force musculaire des membres a été évaluée à l'aide du score MRC (Medical Research Council).

Quand il y a recrutement des muscles inspiratoires accessoires

Lors du suivi, un échec de l'extubation a concerné 21 des 122 patients, soit 17 % des inclusions. La médiane sur la Dyspnée-EVA et l’IC-RDOS était plus élevée chez les patients avec échec d'extubation versus succès (p < 0,001 dans les 2 cas). Par ailleurs, l'épaississement des intercostaux parasternaux (TFic) et le rapport avec celui du diaphragme (TFic/TFdi) évalués par échographie était significativement plus élevés d’une part, et le score MRC était plus faible d’autre part, chez les patients en échec d'extubation par rapport à ceux chez lesquels elle avait réussi (p < 0,001 et p = 0,012, respectivement).

Plusieurs conclusions à cette étude : les patients victimes d’un échec d’extubation ont une dyspnée autodéclarée plus intense et de degré plus élevé sur l’IC-RDOS. De plus, il existe une corrélation modérée mais significative entre l’échec d’extubation et la fraction d’épaississement des intercostaux parasternaux TFic évaluée par échographie (et par extension avec le rapport TFic/TFdi). En somme l'échographie des muscles respiratoires et la dyspnée mesurées dans les 2 heures suivant l'extubation semblent capables de prédire un échec de l'extubation. Comment interpréter ces données ? L'échec survient lorsque la charge respiratoire (œdème pulmonaire, sécrétions, atélectasie, hyperinflation) dépasse la capacité compensatoire des muscles respiratoires. Cette charge induit le recrutement des muscles inspiratoires accessoires, déterminant de la dyspnée. La corrélation entre dyspnée et activité des muscles inspiratoires extra-diaphragmatiques a d’ailleurs déjà été établie à l'analyse électromyographique. Par conséquent, cela confirme que le recrutement des muscles inspiratoires extra-diaphragmatiques semble être un meilleur indicateur du déséquilibre de la capacité de charge respiratoire que l'activité du diaphragme seul.

Anne-Céline Rigaud
Référence
Dres M et coll. : Dyspnoea and respiratory muscle ultrasound to predict extubation failure. European Respiratory Journal 2021, 58 (5) 2100002; DOI: 10.1183/13993003.00002-2021.


_______

Publié le 02/01/2022
Moins d’hospitalisations et de décès pour Covid-19 après vaccin à ARN m, CQFD (encore)

Il est acquis que les vaccins à ARN messager (ARN m), le mARN -1273 (Moderna) et le BNT162- b2 (Pfizer-BioNTech), sont efficaces dans la prévention des infections à SARS-CoV-2 et diminuent le taux d’hospitalisation pour ce motif. Leur efficacité est, toutefois, de moins de 100 %. De plus, l’association entre vaccination et progression vers une forme grave, une insuffisance respiratoire aiguë, voire un décès est encore imprécise.

MW Tenforde et collaborateurs ont, de ce fait, mené un travail visant à mieux préciser l’association entre vaccination et hospitalisation pour Covid-19 d’une part, aggravation, nécessité de ventilation mécanique invasive ou décès chez des malades déjà hospitalisés de l’autre. Ils ont utilisé les données cas-contrôle négatif de 4 513 patients adultes, hospitalisés dans 21 centres médicaux US entre le 11 Mars et le 15 Août 2021, suivis pendant 28 jours. Une comparaison a été effectuée entre patients hospitalisés pour Covid-19, confirmé par test PCR ou antigénique et 2 groupes distincts de patients contrôle : ceux hospitalisés pour suspicion de Covid mais dont les tests étaient restés négatifs et ceux dits « syndrome négatif », sans signes évocateurs d’infection à SARS-CoV-2, hospitalisés pour d’autres pathologies et testés également négatifs. Dans un second temps, les auteurs du travail se sont attachés à mieux quantifier l’association avec une éventuelle aggravation (détresse respiratoire requérant une ventilation mécanique invasive ou décès).
Pour chacun des participants ont été notifiées plusieurs données cliniques, démographiques, de laboratoire ainsi que le type de vaccination effectuée. Il a aussi été procédé à des prélèvements au niveau des voies aériennes supérieures avec, en cas de positivité, séquençage du génome du SARS-CoV-2. Les patients étaient considérés comme convenablement vaccinés 14 jours après leur 2e injection vaccinale. Les critères d’exclusion de l’étude étaient l’injection d’une seule dose de vaccin, ou une vaccination anti Covid, type AD26-CoV-2 S (Janssen/ Johnson et Johnson). Les participants ont été classés de façon binaire : progression on non de la maladie. Il a aussi été utilisé, pour quantifier la sévérité, l’échelle de gravité de la World Health Organisation (OMS), allant de 0 (pas d’infection) à 9 (décès), le niveau 6 étant celui d’une oxygénation nasale à haut débit et le 7 la nécessité d’une ventilation mécanique. On a relevé également les traitements administrés (corticoïdes, remdesivir, plasma de convalescent, tocilizumab ou baricetinib) ainsi que la durée d’hospitalisation. Pour identifier les associations éventuelles, les auteurs du travail ont eu recours à une méthode de régression logistique multivariable.

Au total 5 479 patients ont été enrôlés entre le 11 Mars et le 15 Août 2021, issus de 21 centres hospitaliers US. Après exclusion pour motifs divers, la cohorte finale est composée de 4 513 malades. Leur moyenne d’âge se situe à 59 ans (EIQ : 45- 69) ; 48,8 % sont des femmes ; 20,1 % sont immunodéprimés. Parmi eux, 1 983 ont un Covid-19 confirmé et il y a 2 350 cas contrôle (1 359 suspicions avec test s’avérant négatif et 1 171 « syndrome négatif »). Comparés aux non vaccinés, les patients vaccinés étaient plus âgés (67 vs 53 ans), plus souvent blancs non hispaniques (64,0 vs 43 %) et plus fréquemment immunodéprimés (40,8 vs 11,5 %). Durant la période étudiée, la circulation virale prédominante était celle du variant Delta.
Probabilité d’hospitalisation moindre après vaccination (encore plus marquée après un vaccin Moderna)

Globalement, les hospitalisations pour Covid ont été plus fréquentes en cas de probabilité de vaccination faible ou nulle (Odds ratio ajusté aOR calculé à 0,15 ; intervalle de confiance à 95 % IC : 0,13-0,18), notamment chez les patients immunodéprimés (aOR : 0,10 ; IC : 0,09- 0,13) vs aOR à 0,49 (CI : 0,16- 0,23) chez les sujets non immunodéficients (p < 0,001). L’association entre vaccination et moindre probabilité d’hospitalisation a semblé plus forte avec le vaccin mARN 1273 (Moderna) qu’avec le BNT 162 b2 (Pfizer). Les résultats ont été identiques avec les variant Alpha et Delta.

De façon similaire, comparés aux malades non vaccinés, ceux ayant reçu un vaccin à ARN m ont moins souvent nécessité des soins intensifs (24,6 % vs 40,1 %, soit une différence absolue de – 15,5 % (IC : - 23,1 à – 7,8 % ; p < 0,001). Ils ont eu, également, moins fréquemment besoin d’une assistance ventilatoire (7,7 vs 23,0 %, différence absolue : - 15,3 % (IC : -20,4 à – 10,2 % ; p < 0,001).

Prenant en compte un élément composite cumulant décès et ventilation mécanique, le taux est de 12 % (17/142) chez les vaccinés face à 24,7 % (261/ 1051) en cas de non vaccination. Enfin, le recours à d’autres thérapeutiques est aussi plus fréquent en cas de non vaccination (aOR : 0,32 ; IC : 0,20- 0,52). Dernier élément probant, 91,1 % des décès sont survenus chez des non vaccinés.

Ainsi, ce travail démontre que les hospitalisations mais aussi les décès et/ou l’évolution vers une forme grave de Covid nécessitant la ventilation artificielle sont moindres en cas de vaccination contre le SARS-CoV-2. Ces notions avaient déjà été soulignées lors d’études observationnelles avant la mise sur le marché des vaccins ARN m. Le bénéfice est d’autant plus net que la population est plus fragile et/ou immunodéprimée. On se doit toutefois de signaler que l’association entre moindre hospitalisation et vaccination par BNT 162 b2 tend à s’affaiblir 4 mois après l’injection. En outre, la réponse immunologique, en termes d’anticorps, est plus forte avec le Moderna qu’avec le Pfizer, cette différence d’efficacité pouvant être liée à un plus grand contenu en antigènes dans le premier vaccin. Quant à la réponse en cellules B mémoire et en cellules T, elle parait identique avec les 2 vaccins.

Des facteurs confondants ont pu exister, non pris en compte, dans ce type d’étude observationnelle. Seules les complications les plus graves ont été analysées. Des biais d’admission ont pu intervenir. Enfin, l’importance de la cohorte a été relativement réduite n’autorisant pas des analyses plus fines.

En conclusion, la vaccination par vaccin mARN est, de façon significative, associée à un moindre risque d’hospitalisation et de progression vers une forme grave de l’infection à SARS-Cov-2, voire un décès.

Dr Pierre Margent
Référence
Tenforde M W et coll. : Association Between mRNA Vaccination and COVID-19 Hospitalisation and Disease Severity. JAMA. 2021, 326 (20) 2043- 2054. doi: 10.1001/jama.2021.19499.


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Publié le 03/01/2022
Quelle qualité de vie après l’ECMO ?

Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) concerne environ 10 % de tous les patients des unités de soins critiques (USC), avec, selon la définition révisée de Berlin, un taux de mortalité de 46 %. Les survivants de pathologies graves souffrent de séquelles physiques et psychologiques persistantes, malgré des tests de fonction pulmonaire presque normaux. Ces patients rapportent des taux élevés de symptômes dépressifs, d'anxiété, de syndrome/trouble de stress post-traumatique, ainsi que des difficultés à reprendre leurs activités antérieures, y compris à prendre soin d'eux-mêmes, et à retourner au travail. Ces déficiences fonctionnelles à long terme sont associées à un coût important pour le patient et la société.

L'oxygénation extra-corporelle veino-veineuse par membrane (ECMO) apporte un bénéfice en termes de mortalité dans des populations soigneusement sélectionnées. Des études contradictoires ont été menées concernant les résultats fonctionnels à long terme et la qualité de vie (QoL), certaines faisant état d'un avantage de l'ECMO par rapport à la ventilation mécanique conventionnelle, tandis que d'autres font état de résultats moins bons avec l'ECMO ou d'une absence de différence.

Cette étude a cherché à évaluer les états psychologiques et la qualité de vie à 6 mois au sein d'une population britannique traitée par ECMO veino-veineuse, technique la plus représentative des ECMO de nos jours. Elle a également tenté d’élucider les facteurs cliniques associés à un mauvais résultat fonctionnel.

De manière prospective, tous les patients traités par ECMO pour un SDRA d'un hôpital du Royaume-Uni ont été recrutés entre 2013 et 2015. Leur fonction pulmonaire et leur qualité de vie, 6 mois après l'admission, ont été évaluées à l'aide de trois instruments de qualité de vie : EuroQoL 5D (EQ-5), HADS et PTSS-14. Seuls les patients, en vie 6 mois après leur sortie de l’hôpital, et qui avaient rempli au moins une composante des mesures de la qualité de vie ont été inclus dans l'analyse. Tous les patients de cette cohorte répondaient aux critères du SDRA sévère selon la définition de Berlin.

Une bonne récupération pulmonaire à 6 mois et un retour au travail dans les trois quarts des cas
L'indication pour l'ECMO était chez ces patients âgés de 16 ans au moins : une insuffisance respiratoire aiguë sévère potentiellement réversible, sans limitation du traitement de maintien en vie en cours, un score de Murray ≥ 3,0 ou une hypercapnie non compensée avec un pH < 7,20 malgré une FiO2 > 90 % en échec de prise en charge conventionnelle. Les patients ont reçu un bolus de 75 U/kg d'héparine pendant la canulation et une antibioprophylaxie : gentamicine 2 mg/kg et cloxacilline 1 g. Les objectifs d'anticoagulation ont été fixés pour viser un TCA de 160-200. L'ECMO a été poursuivie jusqu'à la récupération des poumons ou jusqu'à la survenue d'une défaillance multiviscérale irréversible.
Quarante-trois patients (âge moyen : 43 ans) inclus dans l'analyse avaient une fonction pulmonaire proche de la normale à 6 mois.

L'échelle HADS a révélé une anxiété et une dépression modérées à sévères chez 32 % et 11 % des patients, respectivement. Le PTSS-14 a montré que 29 % présentaient des signes de stress post-traumatique. L'EQ-5D a montré que 67 % des patients avaient des difficultés à reprendre leurs activités habituelles, 74 % souffraient de douleurs, aucun n'a signalé de problèmes graves et 77 % ont pu reprendre le travail. Aucune variable clinique ou démographique n'était associée à une mauvaise qualité de vie à 6 mois.

Cette étude, outre son faible effectif et son caractère monocentrique, ne comportait pas de groupe témoin apparié et ne mentionne nullement le type et la dose de médicaments psychotropes administrés pendant le séjour en USC. Alors qu'un test de marche, ou un test similaire, aurait été utile pour objectiver les résultats fonctionnels, les évaluations fonctionnelles se sont limitées aux tests de la fonction pulmonaire et aux scores auto-déclarés de l'EQ-5D.

Néanmoins, elle montre que cette cohorte de patients atteints de SDRA traités par ECMO présentait à 6 mois, des résultats similaires en termes de qualité de vie à ceux rapportés précédemment chez les patients atteints de SDRA et pris en charge sans ECMO. La plupart des patients ont été en mesure de retourner au travail et d'effectuer des activités d'auto-soins ; cependant, les problèmes d'incapacité physique et psychologique sont courants chez les survivants du SDRA, mais cette incapacité n'a pas été corrélée à la gravité de la maladie ou à la durée de l'ECMO.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Hussein D. Kanji et al. Quality of life and functional status of patients treated with venovenous extracorporeal membrane oxygenation at 6 months. J Crit Care. 2021; 66: 26-30. DOI:10.1016/j.jcrc.2021.07.010


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Publié le 04/01/2022
Prévenir l'anaphylaxie alimentaire dans le monde, une aventure à la Gulliver

Le nombre de données concernant la prévalence de l'allergie alimentaire (AA) et de l'anaphylaxie induite par les aliments dans le monde ne cesse de croître, mais ces données sont plus souvent basées sur la mesure de la sensibilisation aux aliments (i.e. la réalisation de prick tests cutanés d'allergie ou les dosages des IgE sériques spécifiques) que sur les résultats objectifs des tests de provocation. Il ne semble pas non plus y avoir d'enquête ayant évalué les causes des AA en fonction des situations géographiques, ce qui serait utile pour mieux protéger les consommateurs allergiques aux aliments envers d'éventuelles réactions anaphylactiques.

Bassegio Conrado et coll. ont donc effectué une revue systématique de la littérature qui a retrouvé 65 publications pertinentes, publiées entre janvier 2010 et novembre 2020, provenant de 41 pays ; elles ont été analysées par deux lecteurs indépendants. Comme cela était attendu, les auteurs ont relevé d'importantes différences concernant les aliments responsables d'AA en fonction des pays, ces différences étant associées aux habitudes alimentaires et culturelles.
Prolifération des étiquettes
En général il existait une bonne adéquation entre les exigences législatives locales et l'indication des allergènes sur les étiquetages. Le lait de vache est un allergène communément responsable d'anaphylaxies dans de nombreux pays, ce qui reflète probablement l'occidentalisation de l'alimentation. Les anaphylaxies dues aux fruits sont fréquentes en Asie, en particulier en Chine, dans le cadre de sensibilisations croisées avec l'armoise. L'anaphylaxie au soja est assez rare. Dans certains pays l'anaphylaxie aux crustacés et au lait de vache est plus fréquente que celle qui est associée à l'arachide.

Dans ses commentaires sur ses "choix éditoriaux", Leung, l'éditeur du JACI, écrit que "Fournir des informations appropriées aux consommateurs allergiques aux aliments ressemble beaucoup aux mésaventures des Voyages de Gulliver, mais celles-ci deviennent de plus en plus problématiques avec le temps". De plus, la législation peut à la fois aider et entraver la mise à disposition d'aliments sains, ce que traduit la prolifération des étiquettes de mise en garde du type « peut contenir » (tel allergène) au cours des dernières décennies. Grâce au Codex Alimentarius, référence internationale en matière de normes alimentaires, il faut espérer une amélioration globale de l'étiquetage des allergènes.

Pr Guy Dutau
Référence
Bassegio Conrado A, Patel N, Turner PJ : Global patterns in anaphylaxis due to specific foods : a systematic review. J Allergy Clin Immunol., 2021; 148(6):1515-1525.e3. doi:10.1016/j.jaci.2021.03.048.


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Publié le 04/01/2022
Le nouveau « concours de l’internat » est arrivé

Paris, le mardi 4 janvier 2021 - Le 4 ventôse an X, le Premier Consul, dans sa fièvre réformatrice créait l’internat des hôpitaux, en vue d’établir l’élite médicale de la nation. Ces fourches caudines persisteront à l’identique jusqu’en 1982. S’ouvrit alors une période de transition, durant laquelle le concours de l’internat n’était ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, mais de réforme en réforme, l’internat ancienne mode disparut totalement en 2004 pour laisser place à l’Examen national classant (ECN). Décrié depuis sa fondation, et encore plus depuis qu’il était devenu l’ECNi (i pour informatisé…informatisation source de nombreux bugs), l’ECN est définitivement enterré.

Un arrêté du 21 décembre, pris après un décret du 7 septembre en application d’une loi du 24 juillet 2019 porte ainsi sur les fonts baptismaux le nouveau « concours de l’internat » (qui n’est ni un concours, ni un internat diront les plus mauvaises langues !).

Pourquoi faire simple ?
Ce nouvel « examen d’accès au troisième cycle des études médicales » s’appliquera aux étudiants entrés en première année de deuxième cycle en 2021, soit à partir de 2024.

La procédure d'admission repose sur des épreuves d'évaluation des connaissances, sous forme « d'épreuves dématérialisées » (ED), et d'épreuves d'évaluation des compétences, sous forme « d'examens cliniques objectifs structurés » (ECOS, présentés devant un jury) et de la prise en considération du parcours de formation et du projet professionnel de chaque étudiant. Cette nouvelle procédure prévoit ainsi que l'admission en troisième cycle des études de médecine soit subordonnée à l'obtention d'une note minimale de 14/20 aux ED pour les connaissances de Rang A* afin de pouvoir participer aux ECOS. Cette note d’ED constituera 60 % de la note de ces deux examens (ED + ECOS). Les étudiants pourront également bénéficier « des points de valorisation » qui seront attribués au parcours de formation et au projet professionnel. Enfin, les affectations se réaliseront à l'issue d’une procédure nationale fondée sur un appariement (dit « matching ») entre les vœux de l'étudiant et les postes ouverts dans une spécialité et dans une subdivision territoriale au regard des notes obtenues aux ED et aux ECOS ainsi que des points de valorisation attribués au parcours de formation et au projet professionnel et, le cas échéant, « de la situation de handicap de l'étudiant ».

Au risque de la cooptation

Plusieurs points d’achoppement n’échapperont pas à la sagacité du lecteur : la complexité du système et également la fin partielle de l’anonymat de l’examen qui laissera une (petite) place à la cooptation.

La procédure sera d’autant plus ardue pour ceux qui échoueront à obtenir une note de 14/20 aux ED. Ils seront tenus d'adresser au directeur général du CNG, dans le mois qui suit la délibération du jury, « la demande de participer aux épreuves dématérialisées organisées au titre de l'année universitaire suivante. Cette demande doit être effectuée par envoi recommandé donnant date certaine à sa réception. Les étudiants concernés se réinscrivent à l'université en troisième année de deuxième cycle des études de médecine. Les stages effectués au cours de cette année supplémentaire ne donnent pas lieu à validation » explique le texte récemment publié. Rien n’est dit en revanche sur le nombre tentatives possibles.

Reste à savoir combien de temps pourra tenir un tel système qui n’en doutons pas fera regretter à certains les ECN (si ce n’est le concours de l’internat…).

*Les ED seront divisées en connaissances de Rang A (« qui constituent un socle de base à toute pratique médicale et qui doivent être maîtrisées par l'étudiant pour accéder au troisième cycle des études de médecine ») et connaissances de rang B (« Les connaissances dites de rang B, qui correspondent aux connaissances plus approfondies et plus spécifiques à chaque discipline »).

Xavier Bataille

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Publié le 04/01/2022
Direct 4 janvier : Interdiction de manger dans les transports, bon sens et discernement ! | Etats-Unis : feu vert pour le rappel vaccinal des 12/15 ans

Cette veille quotidienne vous permet de retrouver rapidement certaines des informations brèves concernant l’épidémie actuelle. Retrouvez tous nos articles sur la Covid-19.
17 h - Djokovic obtient une dérogation pour participer entrer en Australie sans avoir été vacciné
Le numéro un mondial Novak Djokovic, qui n’a jamais communiqué son statut vaccinal, a annoncé, mardi 4 janvier, sur les réseaux sociaux, qu’il partait pour l’Australie grâce à une « dérogation », deux semaines avant le début de l’Open d’Australie de tennis, qui se tiendra du 17 au 30 janvier. La Fédération australienne de tennis, organisatrice de l’Open d’Australie, a confirmé ensuite dans un communiqué : « Djokovic a demandé une dérogation médicale qui lui a été octroyée après un examen rigoureux [de sa demande] impliquant deux groupes différents et indépendants d’experts médicaux. Novak Djokovic participera à l’Open d’Australie et il est en route. »
15 h - Interdiction de manger dans les trains : bon sens et discernement !
Jean-Baptiste Djebbari a détaillé l'interdiction de manger et boire dans les trains pour éviter la propagation du SARS-CoV-2. Le ministre des Transports parle d'une mesure qui s'appliquera avec « bon sens » et « discernement ». « Si vous avez un besoin impératif de boire ou de manger, parce que vous êtes fragile ou simplement parce que vous avez ce besoin physiologique, vous pouvez retirer votre masque et boire ou manger rapidement, puis le remettre tout de suite après », a ainsi indiqué Jean-Baptiste Djebbari. Et de préciser « la personne qui retire son masque en mangeant des chips plusieurs minutes, voire plusieurs heures. C'est ce genre d'abus que nous voulons éviter ».
14 h - Etats-Unis : feu vert pour le rappel vaccinal des 12/15 ans
Les autorités sanitaires américaines ont autorisé lundi l’injection de doses de rappel du vaccin Pfizer pour les 12-15 ans, et réduit de six à cinq mois le délai avant l’injection de cette troisième dose, pour toutes tranches d’âge.
13 h - Les autorités sanitaires danoises voient la fin de la pandémie pour dans 2 mois
Le Statens Serum Institut prevents du Danemark (équivalent à Santé Publique France) estime dans un rapport que dans deux mois la pandémie pourrait être un mauvais souvenir faute d'individus à infecter et d'aptitude à causer des formes graves du variant Omicron et des suivants.
12 h - Canada : les non vaccinés privés d’allocation chômage
La ministre canadienne de l'Emploi, Carla Qualtrough a annoncé son intention de priver de prestations sociales les Canadiens sans travail refusant de se faire vacciner. Ces règles ne s'appliqueront pas à ceux qui ont une prescription médicale.
11 h - Un million d’habitants supplémentaires confinés en Chine
La Chine poursuit sa logique de confinement strict dans la foulée de celui de Xian. Plus d’un million d’habitants supplémentaires sont dorénavant confinés dans une localité du centre du pays après la découverte de trois cas asymptomatiques de Covid-19. Cette décision intervient à un mois des Jeux olympiques d’hiver de Pékin.
10 h - Pour le Dr Blachier, la vague Omicron est une « vague fantôme »
Sur Twitter le Dr Blachier écrit : « Omicron se ballade parce qu'il échappe mais pas [par ce qu’il est] plus contagieux. La vague delta continue sa route. Omicron est une vague fantôme révélée par le testing ».
9 h 30 - Elisabeth Moreno atteinte par la Covid
La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno a annoncé lundi 3 janvier avoir été testée positive au Covid-19 mais poursuivre ses fonctions à distance. « Cas contact, j'ai réalisé ce matin un test et je viens d'apprendre que je suis positive à la Covid-19. Conformément aux règles en vigueur édictées par le gouvernement, je m'isole dès à présent et continue d'assurer mes fonctions à distance », a-t-elle écrit en substance sur Twitter.
9 h - Les secteurs économiques touchés par les nouvelles restrictions reçus par Bercy
Ce lundi, une quarantaine de représentants de secteurs économiques impactés par la crise sanitaire (en particulier l’hôtellerie-restauration) ont été reçus à Bercy pour rencontrer les ministres de l’économie Bruno Le Maire, du travail Élisabeth Borne et du tourisme et des PME Jean-Baptiste Lemoyne.
Comme lors de précédentes rencontres qui ont suivi l’annonce de restrictions, les discussions ont porté sur d’éventuelles indemnisations.
8 h 30 - Les deux frères Bogdanoff sont décédés de la Covid
Le vulgarisateur scientifique Igor Bogdanoff, ancien animateur de Temps X, est décédé, hier à l'âge de 72 ans de la Covid-19, 6 jours seulement après son frère jumeau et acolyte Grishka de la même maladie.
8 h - Le Pr Fontanet élevé au grade de commandeur de la légion d’honneur
Parmi les décorés de la légion d’honneur du 1er janvier figure le Professeur Arnaud Fontanet (chaire « santé publique » au Collège de France et membre du conseil scientifique) élevé au grade de commandeur.
7 h 30 - L’audition au Sénat du Dr Kierzeck suscite la polémique
Aujourd’hui, à 14 h, 3 médecins sont auditionnés par la commission d’enquête du Sénat relative à « la santé et la situation de l'hôpital en France ». Parmi eux, le Dr Gerald Kierzek. Le choix, par leq sénateurs, d’entendre l’urgentiste de plus en plus opposé aux restrictions sanitaires (il a récemment qualifié le port du masque dès 6 ans d’honteux et d’inutile) suscite les critiques d’une partie de la communauté médicale.
Commission d'enquête La situation de l'hôpital et le système de santé en France
7 h 15 - Un point de situation en France
Santé publique France rapporte :

- 67 461 nouvelles infections par SARS-CoV-2 identifiées en 24 h (vs 30 383 le mardi 28/12/21) ;
- une incidence de 1 824,5 cas/100 000 habitants ;
- un taux de positivité des tests de 15,8 % ;
- 1 191 décès supplémentaires de Covid en une semaine ;
- 19 606 patients hospitalisés pour Covid (+ 2 685 en une semaine) dont
- 3 654 patients en soins critiques (+ 321 en une semaine).
7 h - Un point de situation dans le monde
Selon les dernières statistiques publiées par l’université John Hopkins de Baltimore, depuis le début de la pandémie 292 624 147 cas de Covid ont été identifiés dans le monde qui ont contribué à 5 451 204 décès. Ces quatre dernières semaines, les pays les plus impactés par la Covid sont, en nombre de contaminations les Etats-Unis (6 905 115), le Royaume Uni (2 922 453), la France (2 390 217) et en nombre de décès, les Etats-Unis (36 409 morts), la Russie (28 114) et la Pologne (11 901).

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Publié le 06/01/2022
L’IGAS veut promouvoir la pratique avancée pour les infirmiers

L’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) préconise dans son dernier rapport de simplifier et promouvoir l’activité d’infirmier en pratique avancée (IPA), au grand dam de certains médecins.

La possibilité d’opérer des transferts de compétences des médecins vers les professions paramédicales est un sujet de controverses sans fin, tant les premiers sont souvent très rétifs à ces délégations de pouvoirs. Ce type de dispositif est pourtant plébiscité par les autorités, qui y voient un moyen d’améliorer l’accès aux soins, dans un contexte de pénurie de médecins. Lorsque le ministère de la Santé a, en mai dernier, chargé l’IGAS de plancher sur la question, les fonctionnaires membres de cette institution savaient qu’ils avançaient en terrain miné.

Ouvrir la primo-prescription aux IPA

Sans grande surprise, le rapport de l’IGAS issu de cette mission publié ce mercredi et intitulé « Trajectoires pour de nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé » se montre favorable à l’accentuation à l’avenir de ces transferts de compétences. Si les auteurs du rapport se montrent peu enthousiastes à propos des protocoles de coopération, qui permettent des transferts de compétence au cas par cas mais qu’ils jugent trop complexes et trop peu utilisées, ils souhaitent en revanche promouvoir la pratique avancée.

Ouverte par la loi en 2018 à tous les auxiliaires médicaux, la pratique avancée ne concerne pour le moment que les infirmiers (IPA). Jugeant que ce dispositif est à la fois prometteur et trop peu exploité, le rapport préconise plusieurs mesures pour promouvoir et simplifier l’activité des IPA. Les auteurs de la mission souhaitent notamment leur ouvrir dès que possible la primo-prescription de certains médicaments et pratiques médicales et permettre l’accès direct aux IPA en population générale dans les zones sous-dotées en médecins (ce qui doit faire d’ailleurs l’objet d’expérimentations dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale). Ils préconisent également d’augmenter leur rémunération et des les indemniser lors de leur formation universitaire.

« Convertir » les IADE en IPA, une question qui fâche

Signe que les médecins et infirmiers sont à fleur de peau sur la question, c’est ce qui semble être en apparence un point de détail du rapport qui a provoqué les premières réactions d’hostilité. L’IGAS préconise de créer une sous-catégorie d’IPA appelée IPA spécialisée et d’y intégrer les infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (IADE). Le rapport estime en effet qu’un IADE, de par son autonomie et son expérience, exerce dans les faits le rôle d’un IPA, sans bénéficier du statut lié à cette fonction. Cette « conversion » des IADE en IPA entrainerait des modifications juridiques : les IADE seraient désormais co-responsables avec le médecin en cas d’erreur médicale et devront suivre une formation universitaire.

Cette modification du statut des IADE a provoqué une réaction immédiate du Conseil National Professionnel d’Anesthésie-Réanimation (CNPAMPO).

Dans une lettre ouverte au ministère de la Santé, le collège de médecins dénonce l’assimilation des IADE aux IPA qui n’est selon lui pas pertinente.

Selon les auteurs de la lettre, la relation entre les médecins réanimateurs et les IADE ne peut s’inscrire que dans une relation de « délégation » (comprenez de subordination) et non d’autonomie comme c’est le cas pour les IPA et ce au nom de la sécurité du patient. Plus que le fond, les médecins dénoncent la forme du rapport, qui semble dénoter un certain parti pris, les fonctionnaires de l’IGAS n’hésitant en effet pas à dénoncer le « corporatisme » des médecins.

L’assimilation des IADE aux IPA a en revanche été bien accueillie par les premiers intéressés. Dans son communiqué en réaction à la publication du rapport, le Syndicat National des Infirmiers Anesthésistes (SNIA) voit dans ce changement statutaire « un renforcement de l’engagement des IADE au profit des patients ». Il craint cependant que cette « conversion » n’entraine la disparition de l’identité professionnelle des IADE ainsi que des pertes de compétences à la marge, notamment concernant la médecine d’urgence et la prise en charge de la douleur.

L’IGAS n’a donc pas réussi à faire que des heureux avec ses nouvelles propositions, preuve s’il en fallait une que les questions de transferts de compétence et de statut juridique des uns et des autres sont hautement sensibles.

Quentin Haroche

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Publié le 06/01/2022
Pfizer contre Omicron, l’incertitude

Depuis que l’OMS a attribué, le 26 novembre 2021, le statut de VOC (variant of concern) au variant B.1.1.529, devenu depuis lors Omicron, le visage de la pandémie a résolument changé. La grande vitesse de propagation dans la plupart des régions du globe liée à l’extrême contagiosité se traduit par une hausse vertigineuse du nombre de contaminations quotidiennes, dans tous les pays dont le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis.

Face à cette évolution cataclysmique et inattendue, bien des questions se posent, notamment celle de l’efficacité des vaccins à ARNm, tels que le BNT162b2 (Pfizer– BioNTech). Que reste-t-il de son efficacité initiale qui avait été estimée à 95 % face à la première souche et aux premiers variants du SARS-CoV-2 ? Quel est l’impact d’une troisième dose d’un tel vaccin, en comparaison à la deuxième dose, par exemple ? Les données cliniques sont encore insuffisantes pour répondre à cette question, mais il est possible de se tourner vers certaines variables biologiques pour apporter une réponse au moins partielle à ce questionnement.

Une étude du type cas-témoins, publiée le 29 décembre 2021 sous la forme d’une lettre à l’éditeur du New England Journal of Medicine, a ainsi consisté à évaluer le pouvoir neutralisant du sérum de sujets ayant reçu trois doses de Pfizer– BioNTech face à des cellules infectées par quatre représentants du SARS-CoV-2 : la souche originale et les variants B.1.351 (beta), B.1.617.2 (delta) et Omicron. Deux groupes de professionnels de santé vaccinés ont été constitués : dans l’un (n=20), les prélèvements sériques ont été effectués en moyenne 165,6 jours après l’administration de deux doses de BNT162b2 et, dans l’autre (n=20), en moyenne 25 jours après l’administration d’une troisième dose du même vaccin.

Trois doses valent mieux que deux

Les trois doses ont permis d’obtenir un effet neutralisant supérieur à celui des deux doses, quel que soit le virus avec une efficacité variable d’un variant à l’autre, comme en témoigne la moyenne géométriques des titres sériques mesurés : (1) deux doses : souche princeps : 16,56 ; variants beta, delta et omicron, respectivement 1,27, 8,00 et 1,11 ; (3) trois doses : respectivement 891,4, 152,2, 430,5 et 107,6.

Certes, l’effectif est restreint et les résultats obtenus relèvent de la biologie stricte sans la moindre information de nature clinique : deux limites de taille qui n’interdisent pas pour autant des hypothèses au demeurant étayées par l’évolution actuelle de la pandémie à l’heure de la vaccination de masse. Cinq mois après la deuxième dose de BNT162b2, le pouvoir neutralisant du sérum des sujets vaccinés apparaît faible sur la souche initiale et les variants beta ou delta, et carrément nul quand il s’agit d’Omicron. La troisième dose permet de multiplier par un facteur cent ce pouvoir neutralisant face à Omicron (versus deux doses), mais par rapport au variant delta, l’efficacité (in vitro) est divisée par quatre.

La durée d’action de la troisième dose reste à déterminer, tandis que le variant Omicron change résolument la donne épidémiologique, en privilégiant la contagiosité à la virulence : c’est du moins ce qui ressort des premières études de terrain, la prudence restant de mise pour prédire l’évolution de la pandémie dans les mois à venir et la vaccination anti-Covid d’actualité, tant que le virus n’a pas dit son dernier mot…

Dr Peter Stratford
Référence
Nemet I et coll. To the Editor : Third BNT162b2 Vaccination Neutralization of SARS-CoV-2 Omicron Infection. N Engl J Med 2021 : publication avancée en ligne le 29 décembre. DOI: 10.1056/NEJMc2119358.


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Publié le 31/12/2021
La France doit-elle se convertir au masque FFP2 ?

Paris, le vendredi 31 décembre 2021 - Faut-il y voir un nouvel argument pour attirer la population dans des meetings ? Vendredi 31 décembre, Fabien Roussel, candidat communiste à la présidentielle, annonçait devant les caméras de TF1 que son parti mettrait des masques FFP2 à la disposition des participants aux rassemblements en vue de la campagne présidentielle.

Face à l’augmentation des cas de Covid-19 et l’arrivée du variant Omicron, de nombreux pays ont décidé d’imposer le port du masque FFP2 dans les lieux publics en lieu et place des masques chirurgicaux ou en tissu.

C'est le cas notamment en Italie, où ces masques, blancs en général et en forme de bec de canard, sont obligatoires depuis le 25 décembre dans tous les transports publics, les cinémas, les théâtres, les musées et les stades. Même obligation en Grèce dans les lieux publics à partir du 3 janvier.

Et en France ? Interpellé sur le sujet par des députés le 29 décembre en commission, le ministre de la santé Olivier Véran a simplement dit avoir demandé l’avis du Haut Conseil de la santé publique sur la question.
Meilleure protection
D’un point de vue de protection du public, les masques FFP2 répondant à la norme européenne EN149 (ou son équivalant chinois KN95) possèdent un avantage indéniable. Le FFP2 dispose en effet d’une capacité filtrante de 94 % des particules de 0,6 micromètre.

De nombreuses études ont également confirmé la plus grande efficacité du masque FFP2 que le masque chirurgical.

Selon les chercheurs des universités de Göttingen (Allemagne) et de Cornell (États-Unis), si une personne non infectée par le SARS-CoV-2 porte un masque chirurgical lors d’une discussion avec une personne infectée, non masquée, et à une distance de 1,50 mètre, le risque maximal d’infection atteint 90 % après trente minutes. Avec un masque FFP2, ce risque baisse autour de 20 %, même après une discussion d’une heure. Si les deux personnes portent un masque chirurgical, le risque maximal est inférieur à 30 %, même après une heure. Mais si les deux individus portent un masque FFP2 correctement ajusté, alors ce risque tombe à 0,4 % au maximum.

Le FFP2 a également comme avantage d’englober l’intégralité du visage. Ce qui permet de s’assurer d’un port correct du dispositif de protection alors que les masques chirurgicaux, préférés par la population française, sont souvent mal utilisés par le public (masques réutilisés, disposés sous le nez ou sous le menton…).

Mais acceptabilité moindre ?

Alors pourquoi la France refuse-t-elle d’opérer une conversion de masse au profit des masques FFP2 ? Dans son avis du 8 décembre, le conseil scientifique estimait seulement que « les personnes les plus fragiles ou non vaccinées peuvent porter un masque de type FFP2 dès que cela est possible, avec toute la complexité néanmoins liée à cet usage ».

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les réserves des autorités à l’idée d’imposer le port du masque FFP2.

Le premier concerne évidemment le prix des masques FFP2 comparé aux masques chirurgicaux. A l'unité, un masque FFP2 est jusqu'à six fois plus onéreux qu'un masque chirurgical classique. Il faut compter en effet environ 50 à 60 centimes le masque FFP2 pour un particulier et entre 30 et 40 centimes pour les commandes en gros des professionnels de santé. Un prix qui a toutefois fortement diminué glace à l’arrivée de masques en provenance de Chine.

Mais d’autres arguments semblent inciter les autorités à la prudence. Si le masque FFP2 est d’avantage protecteur, il est aussi particulièrement contraignant. Interrogé par Le Monde, Pascal Crépey, épidémiologiste, déclare « on peut facilement se sentir opprimé : on respire moins bien, on peut avoir envie de l’enlever à la longue ».

Cet argument avait d’ailleurs conduit les autorités en 2011 à ne pas renouveler le stock des masques FFP2. Dans une note de 2011, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale en était arrivé à la conclusion que « le recours systématique aux masques de protection respiratoire de type FFP2 a montré ses limites en termes d’efficacité car la gêne voire la difficulté respiratoire liées à leur port, conduisent à un faible taux d’utilisation ».

En outre, un revirement gouvernemental pourrait faire naitre un doute sur l’efficacité des masques chirurgicaux qui offrent, malgré tout et sous réserve d’un port correct, une protection contre la contamination.
Mauvais esprit : et si la France n’en disposait pas ?
La question méritait d’être posée : et si la France refusait de se convertir aux FFP2 en raison d’une pénurie cachée ? De ce point de vue-là, il semble que la France ne dispose pas de difficultés en termes de stocks ou d’approvisionnement.

En janvier 2021, la direction générale de la santé affirmait à LCI que Santé publique France avait en sa possession – en plus des stocks gérés par les établissements – 406 millions de masques FFP2, « soit 203 % du stock cible correspondant à trois semaines de crise épidémique ».
La solution miracle ?
Reste que le FFP2 ne peut constituer par nature une solution miracle pour lutter contre l’épidémie.

Ainsi, l’Autriche et la Bavière ont mis en œuvre l’obligation du port du masque FFP2 dans les lieux publics et dans les transports depuis plus d’un an, face à l’apparition du variant Alpha. Une décision qui n’a empêché ni l’augmentation des cas au cours du printemps 2021, ni la vague de variant delta en novembre dernier.

C.H.

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Publié le 31/12/2021
Combien de tests positifs après trois doses de vaccin Pfizer ? (versus 2)

Tant dans de nombreux essais cliniques qu’en pratique quotidienne, l’efficacité, à court terme, d’une 2e dose de vaccin ARN m BNT 162b2 (Pfizer-BioNTech) a été amplement démontrée. Le bénéfice, plus à distance, reste mal précisé d’autant qu’il existe des preuves d’une baisse de l’immunité avec le temps, avec une diminution du taux d’anticorps et donc de la protection contre la Covid-19. En Israël, une 3e campagne nationale de vaccination de rappel, a été initiée le 1er Aout 2021, visant en priorité les populations à haut risque et les personnes de plus de 30 ans. Les recommandations classiques préconisaient de respecter un délai minimum d’au moins 5 mois après la seconde dose avant d’effectuer la dose de rappel et de cibler en priorité les personnes les plus âgées. Le 4 Octobre 2021, plus de 3,6 millions d’israéliens avaient déjà reçu leur 3e injection.

Tal Patalon et collaborateurs ont mené un travail préliminaire rétrospectif visant à évaluer l’effet protecteur additionnel, à court terme, d’une 3e dose de rappel du vaccin Pfizer, comparativement à l’administration de deux doses. Les participants figurent dans la base de données du Maccabi Healthcare Services (MHS), organisme israélien de santé ayant plus de 2,5 millions d’adhérents. Les auteurs de l’étude ont eu recours à 2 approches différentes afin d’évaluer le bénéfice potentiel d’une 3e dose vaccinale sur la diminution du risque d’infection à SARS-CoV-2 : un modèle à tests négatifs et un modèle de cas contrôle appariés. La période d’étude va du 4 Août au 4 Octobre 2021. Seuls ont été inclus ceux ayant reçu leur 2e dose vaccinale 150 jours au moins avant l’injection de rappel. Les critères d’exclusion étaient le fait de sujets non adhérents au MHS ou testés positifs au Covid-19 par test PCR avant le début de la période de suivi. De nombreuses données ont été prises en compte : âge, sexe, statut socio-économique, localisation géographique des participants ainsi que l’indice de masse corporelle et les principales comorbidités. L’analyse statistique principale a reposé sur le modèle à tests négatifs comportant la notification des cas avec résultat positif au test PCR pour le SARS-CoV-2, les cas contrôle étant ceux restés négatifs. Ces derniers pouvaient avoir effectué durant la période de suivi plusieurs tests mais étaient exclus dès qu’ils présentaient un test positif. La seconde analyse a été réalisée sur le modèle des cas-contrôle appariés, les cas retenus étant ceux à PCR positive après le 1er Août 2021, qui n’avaient jamais été positifs antérieurement, âgés d’au moins 40 ans et ayant reçu au moins 2 doses de vaccin.

6,6 % de tests positifs après deux doses, 1,8 % après trois doses

Du 1er Aout au 4 Octobre 2021, 500 232 tests PCR ont été effectués parmi 306 710 membres du MHS. Il y avait, parmi eux, 55 % de femmes. Au total, 227 380 tests ont été pratiqués chez des participants ayant eu 2 injections, dont 14 989 résultats positifs, soit 6,6 %. En comparaison, 272 852 tests ont été faits après la 3e dose vaccinale, avec 4 941 résultats positifs, soit 1,8 %. Le pourcentage de positivité est donc plus élevé chez les individus n’ayant pas eu une 3e dose de rappel et minimum chez ceux dont le rappel a été effectué au moins 2 semaines avant le test. L’efficacité de la 3e dose de rappel, en comparaison avec 2 doses, s’accroît avec les jours qui passent. La baisse de positivité des tests est seulement de 12 % (intervalle de confiance à 95 % IC : 8-17) dans la semaine suivant le rappel ; elle est de 58 % (IC : 56-61) du 7e au 13e jour post vaccinal pour culminer à 85 % (IC : 83- 86) du 14 au 20e jour.

Cette efficacité est constatée pour tous les participants, en présence ou non de comorbidités. L’analyse cas-contrôle donne des résultats identiques avec une réduction de positivité de 50 % (IC : 47-52) déjà constatée 6 jours après le rappel, de 71 % (IC : 69-72) de 7 à 13 jours, de 87 % (IC : 85-88) et de 83 % (IC : 82- 89) plus tardivement. Un impact positif est aussi noté pour les hospitalisations. On remarqua une baisse de ces dernières de 92 à 97 % après le 14e jour suivant l’injection de rappel, vs 2 injections, soulignant par là même l’efficacité de la vaccination et la rapidité de la réponse immune.

Diminution du taux de positivité des tests de 83 % à 87 % avec une 3e dose par rapport à deux

Ce travail démontre ainsi qu’une 3e dose de vaccin m ARN BNT 16b2 entraine une protection additionnelle contre les infections à SARS-CoV-2. Grâce à des tests cas contrôle négatifs et à des analyses appariées, il est possible d’estimer la réduction de positivité des tests PCR entre 83 et 87 %, 2 semaines après l’administration de la 3e dose vs 2 injections. Il est aussi noté une baisse des infections à Covid-19 et des hospitalisations, baisse manifeste en apparence dès la première semaine, alors même que le vaccin n’a pas encore agi complètement (biais possible ?). Cependant il s’agit d’un travail préliminaire et à très court terme et donc l’efficacité de la revaccination se doit d’être appréciée plus à distance. Les limitations méthodologiques tiennent à sa nature observationnelle. Les patients avec maladies chroniques ont été prioritaires pour le rappel vaccinal. Enfin, il faut signaler que, durant ce travail, c’est le variant Delta qui était la souche virale dominante en Israël et que l’ignore l’efficacité potentielle de la vaccination envers d’autres souches de SARS-2 dont le variant qui nous occupe depuis la publication de cet article…le désormais célèbre Omicron.

En résumé, de cette étude cas-contrôle, il ressort que l’administration d’une 3° dose de vaccin BNT 162b2 est associée à un moindre taux d’infection à SARS-CoV-2 et d’hospitalisation pour COVID-19.L’ immunité tend toutefois à s’affaiblir et une surveillance ultérieure de la population reste impérative pour déterminer la durée d’efficacité après une 3° dose vaccinale.

Dr Pierre Margent
Référence
Palaton T et coll. : Odds of Testing Positive for SARS-CoV-2 Following Receipt of 3 vs 2 Doses of the BNT 162b2 mRNA Vaccine. JAMA Intern Med, 2021 ; publication avancée en ligne le 30 novembre. doi: 10.1001/jamainternmed.2021.7382.


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Message par Arnaud BASSEZ » sam. janv. 29, 2022 4:49 pm

Publié le 24/01/2022
Omicron : la moitié de l’humanité contaminée d’ici la fin du mois de mars ?
Dans un éditorial publié dans le Lancet, le Professeur Christopher Murray de l’Université de Washington estime que la vague Omicron est « inarrêtable ».

Apparu au début du mois de décembre en Afrique du Sud, le variant Omicron du SARS-CoV-2 a rapidement conquis la planète, sa forte contagiosité provoquant une explosion du nombre de contaminations un peu partout dans le monde. En France notamment, le nombre de tests positifs quotidiens a été multiplié par 10 en cinq semaines, nous faisant battre régulièrement des records de contaminations (jusqu’à 500 000 par jour). Mais les faibles capacités en dépistage de certains pays en voie de développement rendent difficile le suivi au niveau mondial de l’épidémie d’Omicron.

L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), un institut de santé publique rattaché à l’Université de Washington et financé par Bill Gates, a tenté de dresser le tableau de cette nouvelle étape de la pandémie. Son directeur, le Pr Christopher Murray, a livré son analyse de la situation, basée sur les données de son institut.

Plus de 80 % d’asymptomatiques

Selon les modèles de l’IHME, ce sont 125 millions de personnes par jour qui sont actuellement contaminées par Omicron sur la planète, soit 1,5 % de la population mondiale et 10 fois plus que lors du pic de la vague Delta en avril. Le nombre de contaminations quotidiennes a ainsi été multiplié par 30 entre fin novembre 2021 et la mi-janvier 2022. A ce rythme, c’est la moitié de la population mondiale (3,9 milliards de sujets) qui sera contaminée par Omicron entre fin novembre 2021 et fin mars 2022 selon Christopher Murray. La plupart des pays actuellement touchés par Omicron devraient connaitre leur pic mi-février, la vague liée à ce variant durant jusqu’ici cinq semaines.

Plus contagieux, le variant Omicron est également, on le sait, moins pathogène. A ce titre, certains des chiffres cités par le Pr Murray dans son éditorial sont particulièrement édifiants. Entre 80 et 90 % des personnes contaminées par Omicron seraient asymptomatiques, contre 40 % pour les variants précédents du SARS-CoV-2. Une situation qui rend plus difficile le suivi de l’épidémie, puisque 95 % des contaminations passeraient sous les radars, contre 80 % auparavant. Le ratio entre les cas positifs et les hospitalisations a diminué de 50 % aux États-Unis, celui entre les contaminations et les hospitalisations en réanimation de 80 à 90 % au Canada et en Afrique du Sud.

Selon un schéma que l’on constate en France, cette plus faible dangerosité ne compense qu’en partie la contagiosité accrue et Omicron provoque donc une augmentation des hospitalisations (jusqu’à deux fois plus que lors des vagues précédentes dans certain pays). La contamination du personnel soignant, qui doit dès lors s’isoler et arrêter le travail, rend la prise en charge hospitalière de la vague Omicron encore plus difficile. Le Pr Murray se montre tout de même plutôt optimiste : si les hôpitaux du monde entier devraient vivre à flux tendu pendant les 4 à 6 prochaines semaines, l’exemple de certains pays (comme la Grèce ou le Royaume-Uni) montre que les admissions en soins intensifs devraient rester stables.

Les masques et les vaccins dépassés par Omicron ?

Position plus polémique, le signataire de l’éditorial estime que les modèles de l’IHME suggèrent qu’Omicron est trop contagieux pour être stoppé par des mesures sanitaires classiques. Ainsi, le port du masque ne permettrait de diminuer les contaminations que de 10 % sur les 4 prochains mois. Quant à la vaccination, ses effets seraient trop tardifs pour jouer sur la vague Omicron, aussi fulgurante que fugace. A l’inverse, certaines des mesures de lutte contre l’épidémie et notamment le dépistage massif et l’isolement des contaminés, peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la vie sociale et économique des nations. « Je pense que la stratégie de lutte contre la Covid-19 doit être repensée, les efforts pour tracer les contacts sont futiles » explique le Professeur Murray.

L’universitaire américain conclut son éditorial en évoquant une théorie de plus en plus répandue (la branche européenne de l’OMS l’estime désormais « probable »), celle selon laquelle la vague Omicron va entrainer la fin de l’épidémie. Peut-être échaudé par les nombreux échecs rencontrés par l’épidémiologie prédictive dans cette crise, le Pr Murray se montre prudent. Selon lui, il est en effet probable que l’immunité naturelle conférée par Omicron provoque un reflux de l’épidémie pendant plusieurs semaines ou mois. Mais il estime également tout à fait possible l’apparition de nouveaux variants, potentiellement plus sévères qu’Omicron, ainsi qu’une baisse de l’immunité, qui entrainerait de nouvelles vagues épidémiques.

Une chose est sûre selon lui : le temps des grandes restrictions de liberté est terminé. Les vaccins, les antiviraux et les leçons tirées des vagues précédentes vont permettre de limiter l’impact sur la santé publique de la Covid-19 dans le futur. La maladie va donc devenir endémique, gérée comme l’est la grippe saisonnière, qui tue parfois jusqu’à 50 000 personnes par an aux États-Unis rappelle le Christopher Murray, sans que grand monde ne s’en émeuve.

Nicolas Barbet
Références
Murray CJL : COVID-19 will continue but the end of the pandemic is near. Lancet, 2022 ; publication avancée en ligne le 19 janvier. doi.org/10.1016/S0140-6736(22)00100-3


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Publié le 25/01/2022
D’après le taux des anticorps neutralisants, Il faut bien une 3e dose pour lutter contre omicron !

Omicron, détecté pour la première fois en Afrique du sud en novembre 2021, est désormais dominant en Europe. Ce « variant of concern » du SARS-CoV-2 présente 32 mutations, insertions ou délétions de la protéine Spike, dont la mutation N501Y associée à l’augmentation de la transmissibilité des variants alpha, béta et gamma (à titre de comparaison, le variant delta ne présentait que 2 mutations). Toutefois, l’on ne sait pas encore dans quelle mesure sa très rapide propagation a été favorisée par l’augmentation de la transmissibilité du virus ou par un échappement à l’immunité induite par une précédente infection ou la vaccination.

Pour le savoir, une équipe londonienne a dosé les titres d’anticorps neutralisants contre le variant omicron, dans les prélèvements sanguins de 364 participants à l’étude Legacy. Cette étude, menée sur des volontaires sains, a été mise en place en janvier 2021 pour surveiller les réponses sérologiques à la vaccination ou suivant un test positif pour la Covid-19. Les taux d’anticorps contre omicron ont été comparés à ceux qui avaient été mesurés contre les variants alpha et delta, pour lesquels il avait été montré que l’efficacité vaccinale était étroitement corrélée aux taux d’anticorps neutralisants.

Trois fois moins d’anticorps neutralisants contre omicron que contre delta

Deux à 6 semaines après 2 doses du vaccin Pfizer-BioNtech, des anticorps neutralisants contre omicron sont détectables chez 83 % des participants, mais à une concentration médiane 7 fois inférieure à celle retrouvée contre le variant alpha et 3 fois inférieure à celle contre le variant delta. Douze à 16 semaines après la 2e dose de vaccin, les anticorps neutralisants contre omicron ne sont plus détectables que chez 1 individu sur 2, alors que presque tous ont encore des anticorps neutralisants contre alpha (96 %) et delta (97 %).

Les mêmes dosages ont été faits sur des participants vaccinés par le vaccin Astra-Zeneca. Ils montrent que 2 à 6 semaines après la seconde dose, seuls 36 % des personnes ont des anticorps quantifiables contre omicron, et il n’y en a plus que 19 % à 12-16 semaines. En comparaison, 2 à 6 semaines après la vaccination, la majorité ont des anticorps neutralisants quantifiables contre le variant alpha (87 %) et contre le variant delta (76 %). Les données montrent aussi que, parmi les personnes ayant reçu le vaccin Astra-Zeneca, la présence d’anticorps neutralisants dépend fortement de ce que celles-ci rapportent ou non des antécédents de symptômes de la Covid-19 : l’absence d’anticorps neutralisants est plus fréquente quand il n’y a pas eu de symptômes de Covid-19. Cette association est retrouvée aussi, mais plus rarement, avec le vaccin Pfizer BioNtech.

Remontée du taux avec la 3e dose mais il reste plus faible contre omicron

En septembre 2021, l’injection d’une 3e dose a été décidée au Royaume-Uni, pour certains groupes prioritaires. L’étude a donc été poursuivie chez un certain nombre des participants, avec un dosage des anticorps neutralisants au moment de l’injection de la 3e dose et une vingtaine de jours après. Tous les participants à ce volet étaient vaccinés par le Pfizer-BioNtech, pour les 3 doses. Alors que seulement 42 % des participants avaient encore des anticorps neutralisants détectables au moment de leur 3e injection, le pourcentage passe à 96 % 3 semaines après. Mais leur taux des anticorps neutralisants contre omicron est 3 fois plus faible que celui des anticorps contre le variant alpha et 2 fois plus faible que le taux des anticorps contre le variant delta.

Ajoutons que, dans la foulée, des tests in vitro ont été faits sur les traitements par anticorps monoclonaux disponibles au Royaume-Uni, le sotrovimab et l’association casirivimab et imdevimab.

Seul le premier réussit à faire la preuve de son efficacité. Notons que le sotrovimab est 6 à 8 fois moins efficace sur omicron que sur delta ou alpha, mais les concentrations utilisées dans ces tests in vitro sont largement inférieures à celles mesurées 29 jours après une perfusion de 500 mg de sotrovimab.

Cette étude confirme l’intérêt de la 3e dose de vaccin pour lutter contre le variant omicron. Elle montre aussi l’importance de poursuivre le titrage des anticorps neutralisants, au fil du temps et sur différentes cohortes. Ces données constituent une source importante d’informations pour l’élaboration des stratégies vaccinales.

Dr Roseline Péluchon
Référence
Wu M. et coll.: Three-dose vaccination elicits neutralising antibodies against omicron. Lancet, 2022 ; publication avancée en ligne le 19 janvier 2022

source: jim.fr

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Publié le 29/01/2022
Un directeur de l’AP-HP ne devrait pas dire cela !

Soyons justes : il n’a pas fallu attendre que le Président de la République affiche son souhait « d’emmerder » les non vaccinés pour que la « parole se libère » à propos de tout ce que l’on pourrait imaginer pour signifier aux personnes non vaccinées que l’on désapprouve fortement leur choix (légal par ailleurs). Déjà, il y a un an, Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche, défendait : « La société doit porter le coût des vaccins, pas les dépenses de ceux qui refusent de se protéger et de protéger les autres », tandis qu’un amendement a été déposé par Sébastien Huyghe, député LR du Nord au texte de loi mettant en place le passe vaccinal qui prévoyait que « les frais de maladie liés à une contamination au coronavirus soient remboursés selon un système de franchises pour les personnes non-vaccinées dans des proportions fixées par décret en Conseil d’État ». L’amendement n’a pas été retenu.

Non réanimation des non vaccinés : un tabou presque indépassable

Les déclarations du chef de l’Etat, si elles n’ont donc pas initié ces réflexions, les ont probablement facilitées, en leur conférant une certaine légitimité. Dans ce contexte, l’évocation d’une possible non réanimation des personnes non vaccinées semble néanmoins (heureusement) continuer à relever du tabou. L’idée suscite en effet un rejet majoritaire de la part des professionnels de santé, même si certains ont signalé que son émergence trahissait le désarroi et l’exaspération d’une grande partie des praticiens face aux décisions difficilement compréhensibles de certains de leurs concitoyens.

« Passager clandestin » d’un système solidaire

Cependant, la perspective d’un moindre remboursement des soins délivrés aux personnes non vaccinées devant être hospitalisées pour Covid fait office de débat moins ouvertement polémique, mais qui permet d’interroger de la même manière les notions de responsabilité collective et individuelle. Ainsi, les déclarations sur France 5 de Martin Hirsch (directeur général de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris) ont beaucoup été commentées, tandis qu’il a développé cette semaine la même argumentation dans une tribune publiée par le Monde. Prudemment, dans un texte évoquant la collision entre collectivité et liberté individuelle, Martin Hirsch s’interroge ainsi : « Les individus supportent moins de devoir assumer ce qu’ils estiment être l’irresponsabilité des autres. Et un système solidaire ne peut trouver son équilibre si une fraction trop importante de la population peut avoir un comportement de « passager clandestin ». Le Covid-19 a redonné une actualité brûlante à cette problématique classique mais trop souvent esquivée. On peut poser la question en des termes crus : est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres, en pouvant les contaminer et en pouvant prendre une place en soins intensifs nécessaire pour un autre patient ? Il y a peut-être une manière de donner enfin un vrai sens à la prévention en liant protection et respect de la prévention. C’est une question éminemment complexe et sensible, mais qui doit être abordée si on ne veut pas voir les systèmes de solidarité affaiblis par manque d’adhésion ou par leur non-soutenabilité ». Mais un système qui bannirait ceux désignés comme « passagers clandestins » peut-il encore être pleinement considéré comme solidaire et si oui comment définir ces derniers ?

Contraire aux principes du régime d’assurance publique

Ces questions « complexes et sensibles » suscitent de nombreuses interrogations. Comment tout d’abord justifier une telle demande de paiement dans un système solidaire où quasiment tout le monde cotise à la Sécurité sociale, tandis que les personnes qui ne cotisent pas pour différentes raisons peuvent néanmoins bénéficier de soins gratuits. Alors qu’une bretonne non vaccinée a récemment illustré cette problématique en déclarant après la sortie d’Emmanuel Macron qu’elle avait l’intention de ne plus payer ses impôts, le Dr Alain Vadeboncoeur ancien chef du département de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal au Québec (province également confrontée à de telles interrogations) revient sur ce sujet. « Associer un paiement à un service de santé à l’hôpital, où les coûts sont couverts par l’État depuis le début des années soixante, ce n’est certainement pas souhaitable. Notamment parce que cela introduirait un paiement en fonction de l’utilisation de services payés par notre régime d’assurance publique, ce qui est contraire à ses principes », remarque-t-il tout d’abord sur le site l’Actualité.

Le refus du « risque »

On voit bien en effet comment une telle préconisation introduit l’idée que le « risque » individuel ne devrait plus être « assumé » par l’ensemble de la collectivité (alors que chaque individu n’est jamais complètement à l’abri de prendre à son tour tel ou tel « risque » (en fumant, en buvant excessivement, en mangeant trop ou en ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples par exemple). Parlant de la contribution santé que le Québec voudrait imposer aux personnes non vaccinées, le Dr Vadeboncoeur poursuit : « Comme la mesure est en lien avec un « comportement à risque » (le refus de la vaccination), on pourrait la comparer à la taxation sur les produits du tabac, par laquelle les fumeurs contribuent collectivement à financer les coûts de santé associés à cette fâcheuse habitude, dont on sait qu’elle explique environ 30 % des hospitalisations, ce qui est majeur. (…) Mais cette mesure peut aussi être vue comme une prime que devraient payer les gens ayant un comportement de santé à risque. Elle se compare alors à celle demandée par la Société de l’assurance automobile du Québec pour assurer un conducteur de motocyclette, qui se trouve à financer, avec les autres motocyclistes, le risque accru associé ce type d’activité, donc des coûts de santé qui pourraient découler d’un accident. La mesure ressemble aussi au fonctionnement d’une assurance privée, où le niveau de la prime est lié de manière précise au risque individuel, par exemple en assurance vie ou en assurance-voyage. Or, un danger majeur avec cette idée de payer une prime santé en fonction de son risque individuel est que cela ouvre la porte à une modulation des coûts de santé en fonction de toutes sortes d’autres facteurs de risques. Il serait facile d’évoquer ici le tabagisme, exemple classique déjà cité, la consommation d’alcool ou encore la sédentarité, etc. Bref, une foule d’habitudes de vie qui modulent le risque de l’utilisation des services de santé et qu’un législateur moins soucieux des principes de base de notre système de santé pourrait décider d’inclure dans le calcul d’une éventuelle « contribution santé » élargie, une fois la porte ouverte. Voire de la création d’une assurance privée pour couvrir les risques variables des diverses personnes » développe-t-il.

Qu’est-ce qu’être « responsable ? »

Si cette dérive vers une privatisation de la santé (qui semble à l’opposé des beaux idéaux de « solidarité » ou « responsabilité » collective que brandissent les défenseurs d’une taxation des soins pour les non vaccinés) ne doit pas être minimisée, certains considèrent cependant que le tabagisme, l’alcoolisme ou encore la consommation excessive de sucre ne peuvent pas être assimilés au fait de ne pas être vacciné. En effet, ces comportements relèvent d’une addiction dont on ne peut considérer que la personne soit réellement responsable. Cependant, quid du parapente, du fait d’avoir un enfant en se sachant à risque accru de complications obstétricales et autres pratiques acrobatiques ? En outre, peut-on toujours considérer que les personnes qui ne se vaccinent pas sont pleinement « responsables » de leur choix. Le journaliste Julien Hernandez dans une démonstration publiée sur Futura Santé sur le sujet remarque : « En effet, on comprend aisément que si Pierre n'a aucun ou très peu de contrôle sur sa décision (car il est manipulé par une idéologie de groupe, par exemple), qu'il n'est pas en capacité (pour des raisons diverses) ou est contraint de ne pas envisager d'alternatives possibles (car il a un niveau socio-économique trop faible, une mauvaise littératie en santé, etc. qui lui rend l’accès et l’interaction avec le système de soin très compliqué) ou de délibérer correctement (manque d’informations, exposition à de la désinformation, peur, etc.), il serait malvenu de le tenir moralement responsable de son acte ». Dans son texte, où il remarque incidemment que les gouvernements qui n’ont pas augmenté les moyens des hôpitaux publics pourraient eux aussi être tenus pour « responsables », il discute également un paradoxe (décrit en philosophie expérimentale sous le nom d’effet Knobe) : « Dans le cas du vaccin, on pourrait illustrer l'effet Knobe comme ceci : des personnes foncièrement égoïstes se sont vaccinées uniquement pour protéger leur santé. Ils savaient que cela serait bénéfique pour les autres mais ce point les laissait indifférents. Tout ce qu'ils souhaitaient, c'était préserver leur santé, peu importe l'effet sur la santé des autres. La plupart des gens répondront que ces personnes n'ont pas intentionnellement protégé la santé des autres. Des personnes foncièrement égoïstes ne se sont pas vaccinées uniquement pour préserver leur liberté. Ils savaient que cela serait nuisible pour les autres mais ce point les laissait indifférents. Tout ce qu'ils souhaitaient, c'était préserver leur liberté, peu importe l'effet sur la santé des autres. La plupart des gens répondront que ces personnes ont intentionnellement nui à la santé des autres ».

Quand la morale remplace la loi

Ces observations rappellent les présupposés moraux (sic) majeurs qui sous-tendent l’idée de « faire payer » leurs soins aux non vaccinés. Or, dans un pays qui ne reconnaît normalement aucune autre autorité que celle de la loi, n’est-il pas dangereux que l’on ajuste les droits de chacun (ici le droit de bénéficier de soins gratuits) en fonction de ce que l’ « on » considère être une attitude morale ? Ne peut-on y voir une dérive également dangereuse ? Bien sûr, cela conduit une nouvelle fois à remarquer que les incriminations qui pèsent sur les personnes non vaccinées conduisent à leur reprocher de faire ce qu’ils ont le droit de faire : la vaccination contre la Covid n’étant en effet pas obligatoire. Cependant, quand bien même elle le serait, préconiser le paiement de leurs soins demeurerait discutable, au nom du principe de solidarité de la sécurité sociale. D’ailleurs la Société française de réanimation a bien signalé dans une position rendue publique le 22 décembre « Quand bien même celle-ci deviendrait obligatoire, cela ne justifierait pas non plus de facto de ne pas prendre en charge ceux qui ne respecteraient pas la loi. De nombreuses conduites à risque pèsent sur le système de santé. Pour autant, elles ne sauraient justifier une limitation de l’accès aux soins ».

Qu’aurait pensé Martin Hirsch de la cohérence et du caractère éthique d’une proposition de non remboursement de la trithérapie préventive pour les hommes homosexuels ayant des partenaires multiples alors même que dans les hôpitaux qu’il dirige le Truvada est recommandé à ces mêmes sujets…

Une idée qui retient l’attention

Si on mesure les nombreux problèmes éthiques et politiques soulevés par la proposition de Martin Hirsch, on ne peut ignorer qu’elle est loin d’être une position isolée. En Belgique, une association de contribuables vient de considérer que les sujets non vaccinés devraient prendre en charge leurs frais médicaux. Un sondage réalisé début janvier en France révélait de la même manière que 51 % des Français (et 74 % des sympathisants LREM) étaient favorables à la fin de la prise en charge financière de l’hospitalisation des personnes non vaccinées.

Une mesure quasiment impossible ?

D’ailleurs, même si existe en France (comme au Québec) le principe de solidarité de la Sécurité sociale, on peut se demander si une telle mesure serait impossible. D’aucuns remarqueront tout d’abord que les nombreuses dispositions adoptées ces dix-huit derniers mois pour répondre à la pandémie signalent que bien des principes considérés comme inaliénables ont pu l’être finalement rapidement. Un article de décryptage de Maïwenn Furic publié dans 20 minutes assurait récemment qu’une telle évolution serait complexe. « L’alinéa 11 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 précise que l’Etat « garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé ». Il y a donc un principe constitutionnel qui est celui du droit à la santé qui est traduit dans le système de la Sécurité sociale. Ensuite, il y a la loi « Protection universelle maladie » de 2016 qui « garantit désormais à toute personne qui travaille ou réside en France un droit à la prise en charge des frais de santé, sans démarche particulière à accomplir ». Elle précise également que le remboursement n’est pas lié ni à la condition, ni à la situation d’une personne. Ce n’est pas parce que vous ne cotisez pas à la Sécurité sociale que vous devez payer. Tout le monde est couvert de la même manière. (…) Pour pouvoir rendre cela (la suggestion de Martin Hirsch, NDLR) légal, il est clair qu’il faudrait modifier la loi de 2016. Ensuite se poserait encore la question de la Constitution. Aujourd’hui, tous les textes qui font le droit de notre Etat, toutes les lois vont dans le sens inverse de cette idée d’une facturation de l’hospitalisation à certaines personnes et non à d’autres ».

Pas si sûr…

Pourtant, rien n’est simple en matière de droit puisque concernant la Polynésie, territoire français où la vaccination est obligatoire pour une part importante de la population, le Conseil d’Etat a récemment approuvé une disposition conduisant à une hausse du ticket modérateur pour les personnes non vaccinées : « Ces dispositions répondent à l’objectif d’amélioration de la couverture vaccinale des personnes les plus exposées à un risque grave en cas de contamination, dans un contexte de prévalence élevée des causes de comorbidité et d’un risque de saturation des services hospitaliers. La majoration du ticket modérateur qu’elles prévoient n’a pas vocation à s’appliquer à celles des prestations qui sont intégralement prises en charge en vertu des délibérations n° 74-22 du 14 février 1974 instituant un régime d’assurance maladie invalidité au profit des travailleurs salariés, n° 94-170 AT du 29 décembre 1994 instituant le régime d’assurance maladie des personnes non-salariées et n° 95-262 AT du 20 décembre 1995 instituant et modifiant les conditions du risque maladie des ressortissants du régime de solidarité territorial. Il appartiendra au gouvernement de la Polynésie française, sous le contrôle du juge, de fixer et, si besoin, de différencier, le montant de la majoration de façon telle que ne soient pas remises en cause les exigences du onzième alinéa du Préambule de la Constitution de 1946 qui garantit à tous la protection de la santé. Dans ces conditions, cette majoration du ticket modérateur n’a pas méconnu ces exigences » ont en effet considéré les magistrats.

Ainsi, avec cette énième controverse, on ne peut qu’une nouvelle fois constater combien la crise sanitaire a fonctionné comme un révélateur des limites de certains principes considérés comme intangibles dans notre démocratie, où l’on tend aujourd’hui à remplacer la solidarité universelle par le concept de responsabilité morale.

Qu’il nous soit permis de rajouter que l’on ne peut qu’être étonné (si ce n’est stupéfait) de constater que cette proposition est suggérée par le directeur général du plus grand centre hospitalier d’Europe, ancien président d’Emmaüs France et ancien Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

PS : Doit-on s’attendre à des réactions indignées de certains salariés de l’Assistance-Publique des Hôpitaux de Paris qui estimeraient que son directeur général jette ainsi le discrédit sur cette institution.

Aurélie Haroche

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Arnaud BASSEZ
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. févr. 19, 2022 12:21 pm

Où sont donc passés les infirmiers ?
3 février 2022

La pénurie d'infirmiers à l'hôpital depuis quelques mois est telle qu'on se demande où sont les IDE qui manquent tant dans les services (tout comme dans les agences d'intérim). Le ras-le-bol professionnel ou les projets personnels des IDE qui quittent l'hôpital s'ajoutent au manque d'attractivité de l'exercice en établissement de soins pour les nouveaux diplômés.
Où sont donc passés les infirmiers ?

La pandémie, et l'augmentation des besoins de soins qu'elle implique, peut expliquer en partie le manque criant d'infirmiers à l'hôpital. Mais elle ne peut justifier le nombre insuffisant d'IDE disponibles sur le marché du travail et volontaires pour travailler en établissement. « On n'a jamais rencontré de telles conditions à l'hôpital, estime Matthieu Girier, président de l’Association pour le développement des ressources humaines dans les établissements sanitaires et sociaux (ADRHESS).Elles sont le fruit du cumul de facteurs conjoncturels et structurels ».
Ils sont partis vers d'autres horizons

Sur le plan conjoncturel, une partie des postes d'IDE vacants (non mesurés à ce jour) s'explique par le départ d'infirmiers et infirmières qui ont reporté des projets personnels (déménagement) ou professionnels (reconversion) à l'« après pandémie » ou en tout cas au moment où la situation sanitaire s'est un peu « normalisée ».

Ceux-là seraient partis à un moment ou un autre, ils l'ont fait dès qu'ils ont estimé que les conditions sanitaires étaient favorables. Et une partie d'entre eux a soit quitté le métier, soit choisi de l'exercer autrement.

Selon le président de l'ADRHESS, la crise sanitaire a aussi suscité ou accentué « le questionnement que des professionnels peuvent avoir sur leur engagement au sein de l'hôpital, compte-tenu de ce qu'il y a ont vécu » ces derniers mois. Depuis septembre, notamment, les DRH membres de l'ADRHESS constatent une augmentation de l'absentéisme : « la crise s'éternise, les agents sont fatigués et ils ne retrouvent plus les conditions de travail qu'ils connaissaient » avant – et qui n'étaient souvent pas formidables, pourtant. Avec à la clé, potentiellement, l'envie de travailler autrement ou de changer de voie.

Pas vraiment vers l'intérim...

Les IDE qui quittent l'hôpital ne se tournent en tout cas manifestement pas vers l'intérim.

Les établissements sanitaires et les Ehpad qui recourent à ces emplois de remplacement le constatent : les agences auxquelles ils font appel parviennent plus difficilement qu'avant à répondre à leurs besoins. « La situation est extrêmement difficile », constate Stéphane Jeugnet, directeur général de la société d'intérim Appel médical.

Selon lui, « la crise du Covid et le rattrapage des congés du personnel a fait exploser la demande », alors même que la situation RH des IDE était déjà très tendue initialement...

Les sollicitations auprès d'Appel médical pour des emplois soignants ont augmenté de 27% entre le premier semestre 2020 et celui de 2021. Il s'agit principalement de missions courtes, pour remplacer des IDE en congés annuels, maladie ou maternité.

Mais, dans cette société, près de 20% des sollicitations ne peuvent être honorées. Selon Stéphane Jeugnet, le « vivier » d'IDE potentiellement disponibles n'a pas diminué mais il n'a pas non plus augmenté. Surtout, il est plus « volatile », observe-t-il : « les gens qui s'inscrivent sont moins disponibles qu'avant, ils donnent plus d'importance à leur vie personnelle » et sont globalement moins disponibles qu'avant.

Un peu vers les vaccinodromes

Pour Stéphane Jeugnet, le niveau de rémunération des vacations en centre de vaccination a pu en effet créer un « appel d'air » pour les infirmières.

Un effet qui n'est « pas majeur », estime cependant Matthieu Girier. Pour lui, « il est possible qu'une partie des jeunes diplômés soit partie travailler en centre de vaccination, mais on n'y fait pas carrière ». Sur le terrain en tout cas, cet « appel d'air » est assez souvent évoqué pour expliquer, en partie, la difficulté de recruter des infirmières en établissement de soin.

C'est l'opinion en tout cas de Patricia Traversaz, DRH d'un hôpital gériatrique privé à but non lucratif. Outre le fait que les vacations soient bien payées, les IDE des centres de vaccination décident de leur planning, sur des horaires de jour... « Quand on échange avec des agences d'intérim, poursuit la DRH, elles nous disent que leur fichier fond comme neige au soleil et que infirmières qu'elles contactent ne sont pas disponibles car elles sont en train de vacciner. »

L'hôpital attire moins les jeunes diplômés

Autre cause conjoncturelle, selon Matthieu Girier : la baisse du nombre de jeunes diplômés qui souhaitent travailler à l'hôpital. Là encore, cette évolution n'a pas été mesurée mais constatée par de nombreux DRH.

Patricia Traversaz observe ainsi une baisse des candidatures émanant de jeunes diplômés. Ont-ils été dissuadés d'envisager une carrière hospitalière suite aux stages durant lesquels ils ont fait fonction d'aides-soignants au plus fort des pics de Covid, s'interroge le président de l'ADRHESS ?

Selon lui, la suppression du concours d'entrée en IFSI en 2019 s'est en tout cas accompagnée d'une profonde transformation de l'origine géographique des étudiants, plus mobiles qu'avant, et de leur motivation professionnelle.

Certains choisissent effet la voie de l'IFSI un peu par défaut, « en quatrième, cinquième ou sixième choix sur Parcoursup, parce que ce secteur ne connaît pas la crise » et n'ont pas la même motivation, estime-t-il, que ceux qui, auparavant, décidaient de passer le concours.

Avec à la clé, peut-être, plus d'abandons de formation et des choix professionnels différents de leurs aînés, par exemple vers d'autres types de structures. Ou les centres de vaccination, suggère la DRH.
Les besoins en soins ont augmenté

Structurellement, les IDE sont « extrêmement demandés par les employeurs car le volume des besoins augmente chaque année », observe aussi Matthieu Girier.

Infirmiers et infirmières en exercice étaient 304 000 en 1990 et 764 000 en 2020, ajoute-t-il, et malgré l'augmentation du nombre de places en IFSI, il en manque encore beaucoup sur le marché du travail hospitalier....

Géraldine Langlois
actusoins


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« La recherche peut faire partie du quotidien des puéricultrices »
7 février 2022 Laure Martin actusoins

La Société de recherche des infirmières puéricultrices (SoRIP), société savante de la profession, œuvre pour le développement de la recherche. Elisa Guises, présidente depuis 2020, apporte son éclairage sur ses missions.
Chaque mois, ActuSoins présente une organisation infirmière (voir encadré).

Dans quel contexte la SoRIP a-t-elle été fondée ?
Elle a été créée en avril 2019, dans le cadre de la mise en place du Conseil national professionnel (CNP) de la spécialité d’infirmiers puériculteurs, chaque CNP devant être adossé une société savante.
Notre structure, récente, doit encore trouver ses marques, son périmètre d’intervention. Mais elle a vocation à travailler pour l’ensemble des puéricultrices et ce, main dans la main avec le CNP.
Nous rassemblons des adhérents ayant déjà mené des travaux de recherche ou titulaires d’un diplôme de niveau Master ou doctorat, afin de travailler dans le cadre de groupes de travail.

Notre création et nos travaux ont été freinés par la crise sanitaire, qui a également ralenti l’adhésion des soignantes, moins disponibles pour s’engager alors qu’elles devaient déjà s’investir dans la gestion de la crise.
Aujourd’hui, nous avons besoin davantage d’adhérents pour mener nos travaux nécessaires aux réflexions pour l’avenir de la profession.
Quelles sont vos missions ?
Nos six missions sont centrées sur la recherche et l’évaluation. Nous avons tout d’abord vocation à promouvoir la culture de la recherche, qui n’est pas vraiment très prégnante dans le travail des puéricultrices en particulier, et des infirmières en général.
Il nous est souvent difficile de dégager du temps pour s’intéresser et participer à des travaux de recherche. Car contrairement aux médecins, nous n’avons pas de temps dédié financé. Néanmoins, nous voulons montrer que la recherche peut faire partie du quotidien.
Ensuite, nous initions et collaborons à des recherches. Nous participons par exemple à des travaux du CNP, en apportant de la matière scientifique.
L’objectif est de montrer que la puériculture est une science qui doit être explorée, mieux comprise et expliquée.

Nous travaillons sur des sujets précis comme l’année dernière sur le bilan de santé en école maternelle et sur le parcours de santé de l’enfant. Notre contribution repose sur la publication d’un rapport dressant un état des lieux de l’existant, une compréhension du système, des besoins et de l’offre. Nous élaborons ensuite des propositions, que le CNP peut également utiliser pour ses propres travaux.
Notre autre mission consiste à l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) dans le cadre des bonnes pratiques et recommandations de la Haute autorité de santé (HAS).
Toutes nos missions sont liées, donc même si nous ne sommes pas encore très actifs sur ce pan en particulier, nous avons tout de même mené des EPP lors de nos travaux de recherche mentionnés précédemment.
Enfin, nous contribuons à la validation des données probantes, produisons des savoirs nouveaux, et partageons les recherches des sciences connexes afin d’informer les puéricultrices des sujets qui peuvent les concerner.
Comment avez-vous préparé votre rencontre avec le ministre de la Santé ?
Les représentants des infirmières puéricultrices ont rencontré le 24 janvier, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le secrétaire d’Etat en charge de la protection de l’enfance, Adrien Taquet.
J’ai représenté la SoRIP lors de cette rencontre. En amont, nous avons analysé les propositions mentionnées dans le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), « Trajectoires pour de nouveaux partages de compétences entre professionnels de santé » afin de voir si elles correspondaient aux attentes de la profession.

Nous avons par exemple étudié précisément le travail et les missions des Infirmières en pratique avancée (IPA) praticiennes et cliniciennes, afin de les mettre en résonnance avec le travail des puéricultrices et ainsi voir si nous pouvions intégrer ce champ d’exercice. Ce travail de mise en parallèle de nos travaux nous a permis d’être force de proposition lors de notre rencontre avec les deux ministres.
Ainsi, nous plaidons pour une formation de deux ans des infirmières puéricultrices, car les besoins de la population nécessitent des professionnels encore mieux formés.
Nous revendiquons également une meilleure collaboration avec les pédiatres, notamment pour que les puéricultrices puissent prendre le relai dans certaines situations précises. Les pédiatres pourraient ainsi se consacrer à des situations complexes.
Cela implique la reconnaissance d’un exercice libéral aux infirmières puéricultrices et l’élaboration d’une nomenclature.

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L'équipe de soins d'anesthésie peut être plus rapide pour l'endoscopie gastro-intestinale
Laird Harrison
09 février 2022


Selon les chercheurs, l'endoscopie gastro-intestinale (GI) prend moins de temps lorsqu'un anesthésiste supervise la sédation.
"Nous avons augmenté l'accès des patients à notre unité GI en apportant ces modifications", a déclaré Adeel Faruki, MD, instructeur principal en anesthésiologie et boursier en opérations au campus médical Anschutz de l'Université du Colorado à Aurora.

La découverte a été présentée à l' ADVANCE 2022 de l'American Society of Anesthesiologists , l'événement commercial d'anesthésiologie.
La sédation pour l'endoscopie aux États-Unis suit généralement l'un des deux modèles, a déclaré Faruki à Medscape Medical News : la sédation administrée par une infirmière (NAS) ou les soins d' anesthésie surveillés (MAC). Pendant le NAS, un procéduraliste gastro-intestinal surveille une infirmière autorisée qui sédate les patients utilisant des médicaments tels que le fentanyl , le midazolam et la diphenhydramine . C'était l'approche à l'unité GI des chercheurs jusqu'au 1er juillet 2021.

Après cette date, l'unité GI est passée au modèle MAC, dans lequel un anesthésiste supervise une infirmière anesthésiste diplômée ou un assistant en anesthésiologie qui administre le propofol . Le propofol agit plus rapidement que la combinaison de médicaments que l'unité gastro-intestinale utilisait auparavant et provoque une sédation plus profonde. Mais il peut également provoquer une dépression respiratoire ou cardiovasculaire ou une hypotension artérielle, a déclaré Faruki, de sorte que la plupart des institutions ont besoin d'un anesthésiste pour superviser son utilisation.

NAS vs MAC : à la recherche du modèle supérieur

Pour voir quelle approche était la plus rapide, Faruki et ses collègues ont enregistré les temps des procédures endoscopiques du 1er août 2021 au 31 octobre 2021 et les ont comparés aux données qu'ils avaient enregistrées dans les dossiers médicaux électroniques du 1er janvier 2021 au 30 juin. 2021. Ils ont exclu le mois de juillet pour permettre une période de transition entre les deux approches.
Après avoir comparé les résultats de 4606 patients subissant une endoscopie avec NAS à 1034 subissant une endoscopie avec MAC, ils ont observé que le passage à ce dernier modèle réduisait de 2 à 2,5 minutes le temps entre le début de la sédation et la portée.
La récupération étant plus rapide avec le propofol, les patients ont également passé 7 minutes de moins en SSR pour les endoscopies gastro-intestinales hautes et 2 minutes de moins pour les endoscopies gastro-intestinales basses. Les patients ont également dit aux chercheurs qu'ils se sentaient moins groggy.

Au même moment où l'unité passait du NAS au MAC, ils ont également commencé à exiger des patients qu'ils signent des formulaires de consentement pour les procédures d'anesthésie et gastro-intestinales dans la salle préopératoire plutôt que dans la salle d'opération. Cela a économisé environ 19 minutes.

En rassemblant tous ces changements, les chercheurs ont calculé qu'ils avaient augmenté la capacité de leur unité GI de 25 %.
"Avec une pandémie qui fait rage et des crises de capacité qui se poursuivent, cela devient très pertinent pour les soins que nous pouvons fournir aux patients", a déclaré Faruki. "C'est quelque chose dont nous sommes vraiment très fiers."
L'université met désormais en place des procédures similaires dans ses autres centres de chirurgie ambulatoire, a-t-il ajouté.

Quelle est l'efficacité de votre centre d'endoscopie ?

"D'autres facteurs peuvent également affecter l'efficacité de l'endoscopie", a déclaré Joseph Vicari, MD, MBA, associé chez Rockford Gastroenterology Associates dans l'Illinois, qui n'a pas participé à cette étude.

Par exemple, l'unité doit avoir suffisamment d'endoscopes et suffisamment de techniciens pour les nettoyer afin qu'ils soient toujours disponibles, a-t-il déclaré à Medscape Medical News . Il doit y avoir suffisamment d'infirmières et d'autres membres du personnel pour transformer efficacement les chambres. Il doit également y avoir suffisamment de lits préopératoires et postopératoires pour que personne n'attende ni l'un ni l'autre.
Vicari a recommandé que les centres d'endoscopie gastro-intestinale comparent leurs temps à ceux des références fournies par les sociétés professionnelles et dans les articles publiés.

Après avoir trié ces facteurs, les approches MAC et NAS ont toutes deux leurs avantages et leurs inconvénients, a déclaré Vicari.
"Je pense que c'est une bonne idée pour les unités qui ont des problèmes d'efficacité, en particulier les unités hospitalières, d'envisager de nouvelles façons de télécharger les informations sur les patients et peut-être d'avoir une équipe d'anesthésie dédiée pour améliorer l'efficacité", a-t-il déclaré. "Le temps de procédure peut être réduit car vous avez généralement un état de sédation beaucoup plus stable avec MAC, puis la récupération est beaucoup plus rapide avec le propofol. Vos patients se réveillent plus rapidement."

Mais Rockford Gastroenterology continue d'utiliser l'approche NAS dans au moins 90% de ses endoscopies, car elle est déjà si efficace qu'elle ne pense pas que la MAC ferait une différence significative.
"Les centres universitaires ont tendance à être moins efficaces", a-t-il déclaré. « Des unités comme la nôtre, un centre d'endoscopie ambulatoire, sont différentes.
Le NAS est également moins cher, a déclaré Vicari. "Nous avons tiré parti de notre centre d'endoscopie ambulatoire à moindre coût en fournissant du fentanyl et du Versed [midazolam], ce qui en fait un avantage dans le développement de contrats groupés. Les payeurs peuvent réduire considérablement les dépenses."
L'implication d'un anesthésiste pourrait augmenter le coût, a reconnu Faruki, et il a déclaré que les chercheurs analysent cette question. Mais il a ajouté que les anesthésistes peuvent également superviser quatre salles à la fois.
Faruki et Vicari ne signalent aucune relation financière pertinente.
ADVANCE 2022 : L'événement commercial de l'anesthésiologie : Résumé A01. Présenté du 28 au 30 janvier 2022.
Laird Harrison écrit sur la science, la santé et la culture. Son travail est apparu dans des magazines, des journaux, à la radio publique et sur des sites Web. Il travaille sur un roman sur les réalités alternatives en physique. Harrison enseigne l'écriture au Writers Grotto. Visitez-le sur lairdharrison.com ou suivez-le sur Twitter : @LairdH .


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Publié le 17/02/2022
Il y a une résistance des caillots à la fibrinolyse dans la Covid-19 sévère

De nombreux articles de la littérature montrent qu'il faut considérer la Covid-19, dans sa forme sévère, comme une atteinte de l'endothélium vasculaire avec inflammation (orage cytokinique), hyperactivation du système immunitaire et manifestations thrombotiques : cf le concept d'immunothrombose. (Goshua G, Butt A et Lee AI :Immunothrombosis: a COVID-19 concerto. British journal of Haematology, 2021;194:491-493. Article analysé sur JIM.fr)

Les anomalies de la coagulation se traduisent par une augmentation du taux des D-Dimères ; les thromboses siègent le plus souvent au niveau pulmonaire. D'autres territoires peuvent être touchés et des thromboses veineuses périphériques ont été notées avec parfois embolies pulmonaires.
L’activation du F XIIa entraine la formation d’un caillot de structure anormale
Devant la constatation d'un allongement du temps de céphaline kaolin (TCK) chez des patients atteints de Covid-19 sévère, les auteurs de ce nouvel article ont étudié la coagulation plasmatique dans deux cohortes de patients atteints de Covid-19 sévère par comparaison avec des patients atteints d'un syndrome de détresse respiratoire (SDRA) dû à la grippe et par rapport à des donneurs sains. Ces cohortes provenaient des centres hospitaliers de Berlin et de Hanovre et comportaient au total 36 patients atteints de Covid-19, 30 patients atteints d'un SDRA dû à la grippe et 36 donneurs sains.

Les auteurs authentifient une diminution du F.XII et font l'hypothèse que cette diminution du F.XII est liée à l'activation du F.XII en F.XIIa, au niveau de la phase contact de la coagulation (au niveau de la surface endothéliale lésée, de l’ARN libéré par le virus, des polyphosphates des plaquettes relargués lors de l'activation de celles-ci...).

Les auteurs montrent ainsi que :

- Il existe effectivement une activation du F.XII en F.XIIa, lequel est mesurable indirectement par ses produits d'activation (et qui induit une augmentation de l'activité plasmatique de la prékallicréine). Cette diminution du F.XII est parallèle à la sévérité de la Covid-19 et est plus importante que dans le SDRA lié à la grippe.

- Les taux du fibrinogène et du FXIIa régulent la densité du caillot.

Celle-ci a été étudiée dans un système de turbidimétrie qui montre que la densité du caillot (après un temps de latence identique) est plus importante en cas de Covid-19 qu'en cas de SDRA lié à la grippe.

L'étude de la structure des caillots par microscopie confocale et microscopie électronique confirme le caractère plus compact des caillots avec des fibres de fibrine plus épaisses et des pores plus petits en cas de Covid-19 par rapport au SDRA lié à la grippe.

Il existe un parallélisme entre le degré de turbidimétrie, le caractère compact du caillot et le taux du fibrinogène (toujours augmenté chez ces patients).

Dans un système purifié, les auteurs montrent que le taux du fibrinogène augmente la turbidimétrie et que cet effet est potentialisé par le F.XIIa. Le F.XIIa augmente la densité du caillot (dans la Covid-19 mais non dans la grippe) mais non le diamètre des fibres, ceci par l'intermédiaire de la thrombine générée en excès mais aussi indépendamment de la thrombine.

- La densité du réseau de fibrine est corrélée avec la résistance du caillot à la lyse.

Dans un système purifié, le caillot dans la Covid-19 est beaucoup moins sensible à la fibrinolyse initiée par le tpA (activateur tissulaire du plasminogène) et cette résistance est d'autant plus marquée que les taux du fibrinogène ou du FXIIa sont plus élevés.

Une telle résistance à la fibrinolyse en cas de structuration anormale du caillot a été décrite initialement dans le cas d'une dysfibrinogénémie congénitale dite Fibrinogène Dusart et a été bien documentée ultérieurement (Collet J-P et al. Blood. 1993;82:2462-2469).

Cette dérégulation de la fibrinolyse avec orientation vers une hypofibrinolyse est corroborée par la mise en évidence d'une augmentation des taux de TPA, PAI-1(Inhibiteur du plasminogène de type1) et TAFI (Inhibiteur de la fibrinolyse activé par la thrombine) dans le plasma.

- Les études autopsiques effectuées chez 10 patients atteints de Covid-19 sévère, 5 patients atteints de grippe sévère et 5 autres sujets montrent la présence de caillots très denses au niveau des poumons.

La présence de fibrine est retrouvée au niveau des poumons en intra-vasculaire et en extra-vasculaire. En cas de COVID-19, les dépôts sont plus denses, plus étendus qu'en cas de grippe et uniformément répartis (dans la grippe, les dépôts sont surtout alvéolaires et plus circonscrits).
Caillot plus compact et avec un réseau de fibres de fibrine plus épaisses
Il existe dans les formes sévères de Covid-19, une augmentation du fibrinogène et du F.XIIa responsables d'une génération de thrombine accrue (qui reste à démontrer directement) et de la formation d'un caillot avec une structuration anormale plus compacte et avec un réseau de fibres de fibrine plus épaisses. La composition de ce réseau demande à être étudiée : incorporation d’ADN, de débris de polynucléaires (appelés NET ) qui favorisent l'auto-amplification de l'activation du F.XIIa)?.

Au cours de la Covid-19 sévère, la mise en évidence dans cette étude d'une résistance du caillot à la fibrinolyse se surajoute à celle de l'activation de la cellule endothéliale vasculaire entraînant une activation des plaquettes et des polynucléaires déjà très bien documentée et responsable du tableau de microangiopathie.

Ces anomalies de fibrinolyse ont été observées que les patients soient ou non sous héparine et incitent à l'utilisation lorsqu'ils seront disponibles de nouveaux antithrombotiques de type anti-XIIa.

Dr Sylvia Bellucci
Référence
Wygrecka M et coll. Altered fibrin clot structure and dysregulated fibrinolysis contribute to thrombosis risk in severe COVID-19. Blood advances 2022;6:1074-1087.

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Publié le 17/02/2022
Ingestion de piles boutons : des recommandations dans un contexte de recrudescence

Paris, le jeudi 17 février 2022 - La Haute Autorité de santé (HAS) et la Société de Toxicologie Clinique (STC) publient des recommandations concernant la prise en charge des enfants ayant ingéré une pile bouton alors que ces deux organismes constatent une augmentation du nombre de ces accidents.

Ces recommandations se fixent trois objectifs : « proposer une prise en charge optimisée et une surveillance des enfants ayant ingéré une ou plusieurs piles boutons, rendre homogène la prise en charge sur le territoire et renforcer la sensibilisation du grand public au risque grave que représentent ces piles ».

Chaque minute compte

Lorsqu’une pile bouton est ingérée, « chaque minute compte » soulignent la HAS et la STC.

La STC et la HAS insistent en particulier sur le fait que la réalisation d’une radiographie du thorax est l’examen de référence pour confirmer l’ingestion d’une pile et pour en déterminer la localisation. Une pile bloquée dans l’œsophage est une urgence vitale. Une endoscopie digestive haute doit alors être effectuée sans délai puisque le risque de complications graves, c’est-à-dire de brûlure œsophagienne sévère, est majoré au-delà de 2 h. Si la pile se trouve dans l’estomac, la prise en charge doit être adaptée à chaque situation, et une endoscopie digestive est parfois nécessaire.

Ces recommandations s’accompagnent d’outils pratiques pour les professionnels de santé, notamment des arbres décisionnels qui récapitulent l’ensemble de la prise en charge.

Enfin la STC et la HAS préconisent à l’endroit des pouvoirs publics la mise en place d’une information régulière auprès du grand public, des professionnels de la petite enfance, ainsi que des professionnels de santé sur les risques liés à l’ingestion de ces piles boutons. Elles recommandent également de travailler avec les industriels pour favoriser la fabrication et l’utilisation de piles boutons d’un diamètre inférieur à 15 mm, mais aussi pour que soient mieux sécurisés les appareils fonctionnant avec ces piles.

Emmanuel Haussy
Référence
Pour en savoir plus : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3165810 ... pile-plate


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Publié le 16/02/2022
Les Français adeptes du No sport

Paris, le mercredi 16 février 2022 - La légende veut qu’à un journaliste qui lui demandait le secret de sa longévité, Winston Churchill aurait répondu « no sport ». Malheureusement pour les adeptes du moindre effort, la pertinence de cette saillie (dont l’authenticité est discutée) est contredite par de très nombreuses études observationnelles…

Quoi qu’il en soit, l’ANSES le constate, les Français semblent obéir à cette maxime so british.

En 2016, l’Anses avait identifié le besoin de cumuler différents types et niveaux d’activité pour être en bonne santé : pratiquer 30 minutes, 5 fois par semaine, une activité cardiorespiratoire (monter les escaliers, faire du vélo, courir, marcher à bonne allure, etc.) ; effectuer du renforcement musculaire 1 à 2 fois par semaine (porter une charge lourde, jouer au tennis, faire de la natation, etc.) ; réaliser des exercices d’assouplissement 2 à 3 fois hebdomadairement (gymnastique, danse, yoga, etc.).

Or, selon des données de cette agence, seuls 5 % des Français rempliraient ces trois critères ! Dans le détail, 70 % des femmes ne se soumettent à aucune de ces trois recommandations et 42 % des hommes.

Pour remédier à cette sédentarité française (que l’on retrouve probablement dans tout l’occident), l’Anses souligne « l’importance des actions collectives et de long terme par la création d’un environnement global favorable à l’évolution des comportements. Une meilleure prise en compte de la pratique sportive dans les politiques publiques est absolument essentielle pour prévenir les risques sanitaires ».

Ainsi, pour le Pr Irène Margaritis, « c’est l’organisation même de nos modes de vies qui est à revoir : que ce soit dans l’espace public, en laissant davantage de place aux mobilités actives comme le vélo ou la marche, ou sur le lieu de travail, en favorisant la pratique sportive et en limitant les temps de sédentarité, ou encore dans le système scolaire en augmentant l’espace et le temps dédiés aux activités physiques et sportives ».

Emmanuel Haussy

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Publié le 16/02/2022
« Tu lances comme une fille ! » ou les stéréotypes des jeunes enfants

Les habiletés motrices fondamentales (HMF) sont essentielles pour le développement des jeunes enfants. Elles interviennent dans l’équilibre, la confiance en soi, la pratique d’une activité physique et constituent la base d’habilités plus spécialisées : jouer d’un instrument de musique, nager la brasse, enfoncer un clou, etc.

Les HMF sont volontiers déclinées en deux catégories : locomotion et manipulation. La première permet le déplacement d’un point A vers un point B : marcher, rouler en avant, sauter à cloche-pied, etc. La seconde concerne les projections et les réceptions : lancer par-dessus ou par-dessous l’épaule, dribbler, botter avec ou sans élan, attraper à un ou deux mains, etc.

Le fait de ne pas acquérir les HMF pendant les premières années de vie est susceptible d’entraîner des retards de développement parfois persistants. Or, il a été observé que des fillettes de 3 ans éprouvent parfois des difficultés avec la manipulation, en particulier les lancers, alors même qu’à cet âge — et jusqu’à la puberté —, les différences anthropométriques ou physiologiques entre les deux sexes sont minimes. De fait, ces difficultés traduiraient-elles une construction sociale fondée sur les stéréotypes liés au sexe ?

La question mérite d’être posée, car, dès le plus jeune âge, les enfants trempent dans une stéréotypie entretenue par les adultes. Par exemple, le garçon est un casse-cou incité à bouger, la fille est une princesse invitée à rester tranquille.

Oui, les petites filles jouent au football
Pour en savoir plus, des chercheurs américains ont réuni 84 enfants âgés de 3 à 5 ans, dont 44 filles, et leur ont fait passer deux séries de tests.

La première était la partie « manipulation » du test de développement moteur global (TGMD version 2), comprenant : dribbler, frapper, rouler, donner des coups de pied, attraper et lancer. Chaque compétence était montrée par un adulte et l’enfant devait la réaliser en pratique. Un score était ensuite attribué en fonction de la performance.

La seconde (COAT modifié) mesure les stéréotypes des enfants à l’aide d’images qui illustrent les habiletés motrices du TGMD. Des questions y sont associées, comme : « En général, qui est bon pour lancer une balle : que les garçons, que les filles, ou les garçons comme les filles ? ». Un score permet de quantifier les réponses.

Les résultats ont été sans appel. Les filles, mais pas les garçons, faisaient l’objet de stéréotypes liés au sexe sur les habiletés motrices de manipulation, associées à des performances physiques plus faibles dans ce domaine.

Il est temps que les adultes modifient leurs attitudes : oui, les petites filles jouent au football, oui, elles aiment courir et grimper aux arbres. Bref, arrêtons de les prendre pour « des filles » !

Dr Patrick Laure
Référence
Taunton Miedema S, Kelly Lynn Mulvey KL et coll. « You Throw Like a Girl! » : Young Children’s Gender Stereotypes About Object Control Skills. Res Quaterly Exerc Sport 2021 ; DOI : 10.1080/02701367.2021.1976374
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Message par Arnaud BASSEZ » sam. févr. 19, 2022 1:50 pm

Publié le 16/02/2022
Le cannabis, un autre facteur de risque cardiovasculaire…

Il a été suggéré que la consommation de cannabis s’accompagnait de la présence de facteurs de risque cardiovasculaire (CV), ce qui pourrait expliquer le lien existant entre cette consommation et la survenue d’événements CV dont l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus du myocarde (IDM).

Skipina et coll. ont tenté de vérifier cette hypothèse à partir des données de 7 159 participants (âge : 37,8 ± 12,4 ans ; hommes : 48,6 % ; Blancs : 61,5 %) qui avaient été inclus, entre 2011 et 2018, dans les enquêtes nationales NAHNES (National Health and Nutrition Examination Surveys).

La consommation de cannabis était déclarée par chaque participant. Ont été exclus de l’étude les personnes ayant des antécédents d’AVC ou d’IDM.

Le score de risque de survenue d’une association composite de plusieurs événements CV a été calculé à partir du score de risque d’apparition d’une athérosclérose CV à 10 ans tel que défini par l’American College of Cardiology/American Heart Association (score de risque ACC/AHA d’athérosclérose CV à 10 ans)*.

Les participants ont été classés en 4 catégories selon la valeur de leur score de risque ACC/AHA d’athérosclérose CV à 10 ans : risque faible (< 5,0 %), risque limite (5,0 % à 7,4 %), risque intermédiaire (7,5 % à 19,9 %), risque élevé (≥ 20,0 %).

Risque élevé d’avoir un score élevé d’athérosclérose CV à 10 ans pour les consommateurs de cannabis
Environ 63,9 % (n = 4 573) des participants avaient consommé du cannabis.

Cette consommation s’est trouvée associée à une augmentation de 60 % du risque d’avoir un score ACC/AHA élevé d’athérosclérose CV à 10 ans (odds ratio [OR] intervalle de confiance [IC] 95 % : 1,60 [1,04 à 2,45] ; p = 0,03).

Il a été également observé une relation dose-réponse entre une plus forte consommation de cannabis et une valeur plus élevée du score de risque ACC/AHA d’athérosclérose CV à 10 ans.

Ainsi, pour les participants qui déclaraient une consommation de cannabis ≥ 2 fois par mois, il était constaté une augmentation de 79 % de la probabilité d’avoir un score élevé de risque ACC/AHA d’athérosclérose CV à 10 ans (OR 1,79 ; IC 95 % : 1,10 à 2,92 ; p = 0,02) ; de plus, ceux qui signalaient une consommation de cannabis ≥ 1 par jour encouraient une augmentation de 87 % du risque d’avoir un score élevé de risque ACC/AHA d’athérosclérose CV à 10 ans (OR 1,87 ; IC 95 % : 1,16 à 3,01 ; p < 0,001].

En conclusion, la consommation de cannabis est associée à un risque CV élevé. En conséquence, on devrait rechercher et prendre en charge, pour les réduire, les éventuels facteurs de risque CV des sujets qui consomment du cannabis de façon régulière.

*Ce score prend essentiellement en compte : âge, pression artérielle, bilan lipidique, présence d’un diabète.

Dr Robert Haïat
Référence
Skipina TM et coll. : Relation of Cannabis Use to Elevated Atherosclerotic Cardiovascular Disease Risk Score. Am J Cardiol 2022 ;165:46-50. doi: 10.1016/j.amjcard.2021.10.051.


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Publié le 16/02/2022

Ehpad : la Cour des Comptes pointe du doigt des « fragilités structurelles »

Dans son rapport annuel, la Cour des Comptes salue les efforts consentis durant la crise sanitaire pour aider les Ehpad, mais dénonce des problèmes systémiques.

Les magistrats de la Cour des Comptes ont-ils été influencés par le scandale des Ehpad, qui touche le secteur privé des maisons de retraite, au moment de rédiger leur rapport ? Difficile à dire mais force est de constater que les Ehpad occupent une place importante dans le rapport annuel de la Cour, publié ce mercredi. Essentiellement consacré, comme l’an dernier, à la gestion financière de la crise sanitaire, le rapport de l’institution présidée par Pierre Moscovici consacre tous ses premiers développements à la situation des établissements pour personnes âgés.

Une aide « exceptionnelle » de 2,2 milliards d’euros

Si la Cour des Comptes est comme généralement en faveur d’une certaine rigueur budgétaire et critique, à travers tout son rapport, les excès du « quoi qu’il en coute », elle salue en revanche « l’effort financier pérenne considérable » consenti au profit des Ehpad depuis le début de la pandémie. Les magistrats chiffrent les aides ponctuelles à destination des Ehpad (compensation des pertes de recettes, couverture des dépenses occasionnés par la pandémie et « prime Covid ») à 1,7 milliards d’euros en 2020.

En parallèle, des dépenses de plus long terme ont été consenties. Ainsi, dès avant la crise, le salaire des aides-soignants d’Ehpad publics a été augmenté de 100 euros par mois (coût total : 134 millions d’euros en 2020). De plus, dans le cadre du Ségur de la santé, le salaire de tous les personnels des Ehpad, médicaux comme non-médiaux, a été augmenté, de 183 euros dans les établissements publics et privé à but non lucratif et de 163 euros dans les Ehpad privés à but lucratif. Une aide « exceptionnelle » chiffrée à 2,2 milliards d’euros. Au total, le budget de l’Etat alloué à la prise en charge des personnes âgées a augmenté de 34 % en quatre ans.

Un manque de médecins et de personnel important

Mais les magistrats estiment que « ces mesures, pour nécessaires qu’elles fussent, ne sauraient suffire à remédier aux faiblesses structurelles des Ehpad ». Le rapport établit alors la longue liste des problèmes systémiques que rencontrent les établissements pour personnes âgés. Ainsi, un tiers des Ehpad ne disposait pas d’un médecin coordonnateur à temps plein en 2015, tandis que le nombre de consultations des résidents par des médecins généralistes est en baisse continue depuis plusieurs années. « La pénurie de médecins traitants se rendant en Ehpad est un phénomène très largement répandu » peut-on lire dans le rapport.

La Cour des Comptes souligne de manière plus globale les « difficultés plus ou moins aigues en matière de ressources humaines » auxquels sont confrontées les Ehpad. Face aux difficultés de recrutement, de nombreux établissements font ainsi appel à des salariés « faisant fonction d’aides-soignants » bien qu’ils n’aient pas la qualification adéquate. Sur ce point, la Cour regrette, comme d’autres observateurs, que le Ségur de la santé ne se soit concentré que sur la question des salaires, là où, selon les magistrats, des efforts doivent être faits sur la formation et l’évolution des carrières.
De manière générale, la Cour dénonce la stratégie à court terme de l’Etat, alors que ces problèmes structurels sont connus et dénoncés depuis plusieurs années. La crise « aurait pu être l’occasion pour l’Etat d’engager des réformes structurelles trop longtemps différée, tel n’a pas été le cas » écrivent les magistrats.

Le rapport ne manquera sans doute pas de faire réagir la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale qui a entamé, depuis le 2 février dernier, une série d’auditions consacré aux Ehpad. Ce mardi, la présidente de la commission a chargé un groupe de députés de réaliser quatre enquêtes flash de deux semaines sur la gestion humaine et financière des Ehpad.

Nicolas Barbet

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Publié le 16/02/2022
Le Danemark, modèle à suivre ou contre-exemple ?

Copenhague, le mercredi 16 février 2022 – Depuis la levée des restrictions sanitaires, le Danemark fait face à une flambée épidémique, qui sert de justification aux partisans de la prudence.

A compter de ce mercredi, la France fait un pas timide vers le retour à la « vie d’avant ». Les discothèques rouvrent, les concerts debout reprennent et la consommation dans les cinémas, les stades et les transports est de nouveau autorisé. Il faudra cependant attendre encore plusieurs semaines avant un allégement conséquent des mesures sanitaires et l’abandon éventuel du masque en intérieur et l’abolition (partielle) du passe vaccinal.

Pour justifier la lenteur de la levée des restrictions en France, qui contraste avec ce qui se fait chez certains de nos voisins européens, le ministre de la Santé Olivier Véran, interrogé ce matin sur l’antenne de France info, a utilisé un exemple : celui du Danemark. « Nous ne lèverons les mesures restrictives qu’à l’approche des présidentielles car le Danemark a levé toutes les mesures et a une mortalité plus élevée que la France ». Que se passe-t-il de si grave au Danemark pour que le royaume serve désormais de contre-exemple aux alarmistes ?

Le taux d’incidence le plus élevé au monde

Le Danemark a levé l’intégralité de ses restrictions sanitaires (à l’exception de l’isolement des cas positifs, qui ne dure que quatre jours) le 1er février dernier. Les Danois ne sont donc plus obligés de mettre des masques ou de présenter leur passe sanitaire dans les lieux publics fermés. Le gouvernement danois a même annoncé vendredi dernier qu’il comptait interrompre la campagne de vaccination au printemps prochain.

A première vue, cette politique libérale est en contradiction avec la situation sanitaire. Le Danemark fait en effet face à une flambée épidémique sans précédent. Avec environ 45 000 contaminations par jour pour 6 millions d’habitants, le royaume scandinave a le taux d’incidence le plus élevé au monde (mais il est aussi l’un des pays qui teste le plus sa population). Le nombre d’hospitalisations monte en flèche (1 500 personnes hospitalisés contre 730 il y a un mois). Plus inquiétant, le nombre de décès est aussi en augmentation : 30 Danois atteint de la Covid-19 décèdent chaque jour, contre 10 il y a six semaines.

Mais plusieurs éléments permettent de relativiser la gravité de la crise. Tout d’abord, la situation n’est pas pire qu’en France contrairement à ce qu’indique Olivier Véran. La mortalité par habitants entre les deux pays est relativement semblable (11 fois plus habité, la France compte environ 330 décès par jour). De plus, le Danemark ne compte que 30 personnes actuellement en soins critiques, contre plus de 3 300 en France. Les services de réanimation danois sont donc loin d’être saturés, contrairement à ce qu’il en est dans notre pays.

Près de la moitié des hospitalisations sont des « Covid fortuit »

Mais surtout, comme l’explique le Statens Serum Institut (SSI), un organisme d’épidémiologie danois, l’explosion des contaminations dues à Omicron a augmenté le nombre de cas de « Covid fortuit », c’est-à-dire des sujets contaminés par la Covid-19 mais qui sont hospitalisés ou qui décèdent pour d’autres raisons. Selon les épidémiologistes danois, la moitié des hospitalisations et les deux tiers des décès enregistrés comme dues au Covid-19 sont en réalité des « Covid fortuits ». « Le problème est que les chiffres sur les tableaux de bord peuvent être quotidiennement publiés sans délai, alors que la distinction entre décès avec et pour Covid-19 est connue avec un important retard » explique le SSI. Une même difficulté à laquelle est confrontée dans l’hexagone Santé Publique France, qui ne publie ses chiffres d’hospitalisation différenciés qu’avec cinq jours de retard et qui se refuse, pour le moment, à distinguer entre les décès pour et avec Covid-19.

En réalité, la question semble plus politique que sanitaire, chaque gouvernement tentant de justifier sa stratégie sanitaire. Au Danemark, le gouvernement explique que « nous pouvons apercevoir les premiers signes que l’épidémie est en train de s’inverser » et que « nous savons par expérience que le nombre d’infections diminue avec le changement de saison ». En France, les autorités ont préféré faire le choix de la prudence en s’appuyant sur des arguments tout aussi discutable. A une différence importante près, qui est que l’exécutif français a également en tête la prochaine élection présidentielle et l’impact que la situation sanitaire dans les jours précédant la vote pourrait avoir sur le score du Président de la République sortant.

Quentin Haroche

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Publié le 02/02/2022
Quelques éclaircissements sur le mécanisme des VITT survenant après vaccination anti-Covid-19

Depuis son apparition en Chine fin 2019 l'infection par le SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19 s'est propagée rapidement de façon exponentielle pour devenir une véritable pandémie ayant affecté plus de 300 millions de personnes au niveau mondial et responsable, du fait d'un syndrome de détresse respiratoire souvent concomitant à une atteinte vasculaire plus diffuse, d'un nombre de décès important estimé à ce jour à plus de 5 millions d'individus. C'est la raison pour laquelle de nombreux trusts pharmaceutiques et certaines institutions académiques ont engagé de vastes programmes de recherche pour le développement de vaccins.

L'agence européenne du médicament, sur la base d'essais prospectifs contrôlés a validé l'utilisation selon une procédure d'urgence de quatre vaccins parmi lesquels le vaccin ChAdOx1 nCov-19 de AstraZeneca, issu d'une nouvelle technologie de thérapie génique puisqu'une partie du génome de la protéine spike du SARS-CoV-2 est transfectée aux cellules humaines via un vecteur viral à savoir un adénovirus recombinant de chimpanzé. Du fait de l'utilisation à très large échelle de ce vaccin, des effets secondaires, mettant parfois en jeu le pronostic vital, non décrits dans les protocoles initiaux, ont pu être observés.

Un syndrome associant thrombopénie et thromboses

C'est le cas d’un syndrome associant une thrombopénie souvent profonde et la survenue de thromboses apparaissant 5 à 14 jours après la vaccination par ChAdOx1 nCoV-19 chez des sujets jusque-là en bonne santé sans facteur de risque ni antécédents de thromboses dont la description initiale a été publiée par 4 équipes dans le New England Journal of Medicine. (Ref 1-4; ref 1 analysée sur JIM.fr). Ce syndrome, dénommé Vaccine induced immune thrombotic thrombocytopenia soit VITT, est caractérisé par sa gravité, étant le plus souvent mortel et par le fait que les thromboses de type veineux touchent des territoires inhabituels comme le territoire cérébral ou les veines splanchniques. Le phénomène thrombotique est souvent multifocal, le territoire artériel n'est pas épargné. Au plan physiopathologique, le fait important est qu'il a été constaté, chez tous les patients, la présence d'anticorps anti facteur 4 plaquettaire (antiPF4): cette protéine est relarguée par les plaquettes lors de leur activation pour venir se fixer aux héparanes sulfates de leur membrane : de tels anticorps dirigés contre les complexes héparine-PF4 ont pu être observés chez des patients traités par l'héparine. La présence de ces anticorps renforce l'activation des plaquettes, favorise la survenue d'un processus thrombotique et l’apparition d'une thrombopénie secondaire souvent marquée. Il faut noter qu'aucun des patients chez qui ce phénomène de VITT est survenu n'avait reçu d'héparine. Le mécanisme à l'origine de l’apparition tels anticorps après vaccination anti-COVID demande donc à être éclairci ; dans certains cas ces anticorps étaient associés à des anticorps antiphospholipides, connus aussi pour entraîner une activation plaquettaire.

Parmi les articles de la littérature ayant reporté ces cas de VITT, un article décrit deux patientes ayant présenté une thrombose de l'artère cérébrale moyenne d'évolution fatale, 10 jours après le vaccin ChAdOx1 nCoV-19.8. (Ref 5). Les auteurs du présent article ont entrepris l'étude de la spécificité des anticorps retrouvés chez ces deux patientes et leur conséquence sur la signalisation plaquettaire.

Rôle des IgG

Les patientes admises à la policlinique Umberto I de Rome avaient respectivement 57 et 55 ans. La patiente 1 présentait une occlusion de l'artère cérébrale moyenne droite et une thrombopénie sévère à 44G/L ; la patiente 2 présentait une occlusion de l'artère cérébrale moyenne gauche et de la partie terminale de l'artère carotide interne droite avec un chiffre plaquettaire diminué à 133 G/L. Les deux patientes avaient des thrombi importants au niveau de la veine portale et du territoire pulmonaire.

Les auteurs ont étudié l'action des IgG - provenant des deux patientes comparativement à celles provenant d'un donneur sain (femme de 52 ans) ayant reçu sans complication le vaccin ChAdOx1 nCoV-19 - sur la signalisation intra-plaquettaire. Ils ont étudié la voie de signalisation impliquant la p38 mitogen -activated protein kinase (MAPK - et l'extracellular -regulated kinase (ERK). Pour ce faire ils ont étudié la phosphorylation de ces protéines kinases (p38-MAPK et ERK) par réaction immunologique (western blot) après addition des IgG des patientes à des plaquettes normales. En complément ils ont étudié l'action des IgG des patientes sur l'expression à la surface de plaquettes normales du Facteur tissulaire (TF).

Les résultats montrent que les IgG des patientes induisent une augmentation significative de la phosphorylation de p38-MAPK et de ERK ainsi que de l'expression du TF à la surface des plaquettes, laquelle est ERK dépendante puisque inhibée par un anticorps spécifique. L'expression du TF à la surface des plaquettes a été également mise en évidence par cytométrie en flux, une technique beaucoup plus aisée en investigation clinique. Les auteurs ont retrouvé chez les deux patientes des anticorps anti-PF4 comme cela se produit de façon constante chez les patients atteints de VITT. Il a été montré dans des articles antérieurs que ces anticorps pouvaient entraîner une activation de plaquettes normales. Dans l'étude rapportée ici il a été également retrouvé à des degrés divers des anticorps anticardiolipides dont la spécificité (antiβ2 GPI et antivimentine) a été précisée.

Cette étude montre pour la première fois que les IgG de patients atteints de VITT sont capables de stimuler la transduction du signal intra-plaquettaire en impliquant la voie passant par la p38-MAPK et ERK aboutissant à l'expression de TF à la surface des plaquettes venant par la génération de thrombine augmenter l'activation des plaquettes,venant initier la cascade de la coagulation et in fine favoriser la formation de thrombose. Il n'est pas exclu que d'autres voies de signalisation qui n'ont pas été étudiées dans ce travail puissent être mises en jeu. Par ailleurs cette activation de la voie p38-MAPK-ERK peut être due aux anticorps anti-PF4 comme aux anticorps anticardiolipides.

Comment un tel mécanisme pathogénique peut être induit par la vaccination demeure, comme le soulignent les auteurs, encore peu clair : le rôle du vecteur adénoviral ne peut être exclu.

Dr Sylvia Bellucci
Références
1.Greinacher A et al: NEJM 2021;384:2092-2101.
2.Scully M et al:NEJM 2021;384:2202-2211.
3.Schultz NH et al .NEJM2021;384:2124-2130.
4.Cines DB et al.NEJM2021;384:2254-2256.
5.de Michele M et al Nature commun.2021;12:4663

Misasi R et coll. : Signal transduction pathway involved in platelet activation in immune thrombotic thrombocytopenia after COVID-19 vaccination.
Haematologica 2022;107:326-329.


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Publié le 09/02/2022
Vaccin anti-Covid : beaucoup d’effets secondaires sont des effets nocebo

La pandémie de Covid-19 a été la cause de plus de 5 millions de morts à travers le monde et a eu un retentissement majeur en termes de santé physique, mentale et économique. Malgré l’efficacité avérée de plusieurs vaccins, rapidement mis au point, une proportion non négligeable de la population mondiale, de l’ordre de 20 % environ, refuse la vaccination. Les raisons en sont diverses mais l’élément majeur semble être la crainte d’effets secondaires (AE ou adverses events en anglais). Selon une étude publiée en Janvier 2021, 47 % des personnes interrogées sont préoccupées par la possibilité de voir survenir des AE après vaccination contre la Covid-19. Or, plusieurs publications ont montré que la fréquence des AE était également loin d’être négligeable dans le bras placebo des essais cliniques. Ces AE sont alors appelés réponses nocebo. Elles sont liées en grande partie à l’anxiété et à la crainte de voir survenir un effet délétère post vaccinal. Avec la vaccination anti grippale, une récente méta-analyse a fait apparaître que la réponse nocebo pouvait être variée, essentiellement à type de céphalées et/ou de fatigue et qu’elle était observée dans un grand nombre de cas. Elle pourrait intervenir, de manière analogue, dans les essais vaccinaux dirigés contre la Covid-19.

Une revue systématique avec méta-analyse a été menée afin de déterminer la fréquence des AE dans le bras placebo des essais cliniques des vaccinations anti Covid-19 et afin de comparer cette fréquence à celle observée en cas de vaccination effective. Les critères d’éligibilité étaient les suivants : participation à un essai clinique randomisé, sujets âgés de 18 ans ou plus, publication en langue anglaise uniquement. Le placebo était du sérum salé et ne devait contenir aucune substance susceptible d’induire un AE. L’analyse des AE a concerné les 7 jours suivant l’injection de vaccin ou du placebo. Il a, dans ce but, été procédé à une recherche bibliographique des essais effectués dans PubMed et CENTRAL jusqu’ au 14 Juillet 2021. Les AE après première injection ont été notifiés séparément de ceux ayant suivi une deuxième administration éventuelle. Afin de comparer les AE dans les 2 bras, un calcul des Odds Ratios logarithmiques a été effectué. Deux essais cliniques, parmi ceux retenus dans la méta-analyse mentionnaient la sévérité relative des AE dans chaque bras, après première et éventuelle seconde dose de vaccin ou de placebo. Douze publications ont été retenues, totalisant 45 380 participants, 22 578 dans le bras placebo et 23 817 avec vaccination effective dont 22 802, en dernier lieu, ont été inclus dans l’analyse. Tous les articles étaient en règle générale, satisfaisants quant au risque de biais.

Le taux d’effets secondaires est plus élevé après la 2e injection d’un « vrai » vaccin

Après une première injection, 35,2 % (intervalle de confiance à 95 % IC : 26,7- 43,7%) des sujets ayant reçu le placebo ont signalé des AE, les plus fréquemment rapportés étant des céphalées (19,3 % ; IC : 13,6 – 26,1%) et de la fatigue (16,7% ; IC : 9,8- 23,6%). Après une seconde administration de placebo, 31,8 % se sont encore plaint d’un AS systémique mais, dans l’ensemble, le pourcentage d’AS a diminué avec le placebo entre première et seconde injection, à environ 31,8 % (IC : 28,7- 35,0%) pour les AS systémiques et à 11,8 % (IC : 6,6- 17,1 %) pour les AS locaux. Comparativement, chez les patients effectivement vaccinés, le taux d’AS systémiques a été plus important, de l’ordre de 46,3 % (IC : 38,2- 54,3%) après une première injection et se situant à 66,7 % (IC : 53,2- 80,3 %) pour les effets locaux. Après une seconde injection vaccinale, le pourcentage d’AS s’est accru, culminant à 61,4 % (IC : 47,4- 75,4 %) pour les effets systémiques et à 72,8 % (IC : 57,4- 88,2 %) pour les effets locaux. De façon significative, on dénombrait davantage d’AS après vaccination effective. La différence, après la première injection a été toutefois minime pour les AS systémiques l’0R étant calculé à – 0,47 (IC : - 0,54 à – 0,40 ; p< 0,001). Elle était plus marquée après la seconde, à – 1,36 (IC – 1,86 à – 0,86, p identique). On doit, cependant, signaler l’hétérogénéité notable de l’ensemble des publications retenues, avec un I2 ≥ 50 %.

La prise en compte de la sévérité des AS a servi de facteur additionnel pour quantifier l’impact de la réponse nocebo. Deux vastes études ont retrouvé une proportion égale d’AS sévères après première injection dans les 2 bras. Par contre, avec la seconde injection, cette proportion s’accroît nettement dans le bras vaccination tout en restant stable dans le bras placebo.

Ainsi, cette revue systématique avec méta analyse a évalué l’importance des effets placebo dans 12 essais cliniques ayant porté sur différents types de vaccins dirigés contre le SARS-CoV-2, à la fois dans les groupes ayant effectivement bénéficié d’un vaccin et dans les groupes placebo. Il en ressort que 76,0 % des AE systémiques et 24,3 % de effets locaux, après une première injection, sont attribuables à une réponse nocebo. Apres la deuxième injection, ces proportions se situent respectivement à 51,8 et 16,2 %, les AE les plus communément signalés étant céphalées (19,3 %) et fatigue (16,7 %) après une première dose de placebo. Il est à remarquer que, en cas de placebo, la fréquence des AE a été moindre lors de la deuxième injection alors même que, après vaccination réelle, l’inverse était noté. Des céphalées, de la fatigue, des malaises et douleurs musculaires ont été rapporté dans les deux bras mais ont été plus fréquemment associés au placebo. Délivrer donc une information sur les AE avant vaccination peut se révéler utile, en expliquant l’effet nocebo.

Plusieurs réserves sont à associer à ce travail. Le nombre d’essais cliniques sélectionnés est restreint. L’hétérogénéité des travaux a été notable, liée au mode d’identification des AE et aux différents types de vaccins étudiés. Enfin, le pourcentage de recours à un placebo a varié selon les études, allant de 14 à 50 %.

En conclusion, il apparait qu’un ou plusieurs AE sont fréquemment rapportés dans les bras placebo des essais cliniques randomisés portant sur la vaccination anti Covid, tant après la première qu’après la seconde injection. Céphalées et fatigue sont les signes les plus communément décrits. La réponse nocebo rend compte de 76 % des AE systémiques après une première injection et de 51,8 % après la seconde. Les programmes vaccinaux de santé publique doivent bien intégrer la fréquence des effets nocebo lors des vaccinations.


Dr Pierre Margent
Référence
Haas JW et coll. : Frequency of Adverse Events in the Placebo Arms of COVID-19 vaccins Trials. JAMA Netw Open ; 2022, 5 (1).e : 2143955.


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Publié le 19/01/2022
Effets des vaccins anti-Covid contre la transmission : delta n’est pas alpha (ni omicron !)

A l’heure de la déferlante du variant Omicron, les effets des vaccins anti-Covid sur la transmission virale n’ont jamais été autant à l’ordre du jour. Si la prévention des formes sévères de la maladie par la vaccination est acquise selon les résultats des essais randomisés et les données issues du monde réel, il persiste une marge d’incertitude pour ce qui est de la transmission. L’expérience acquise avec les variants précédents, en l’occurrence B.1.1.7 (Alpha) et B.1.617.2 Delta) est à cet égard intéressante, même si elle n’est transposable à Omicron. Le moindre risque d’infection symptomatique, voire asymptomatique par le SARS-CoV-2 pourrait contribuer à freiner la propagation de l’infection en réduisant de facto le nombre de propagateurs, mais d’autres mécanismes pourraient intervenir. Ainsi, la charge virale chez les individus infectés par le variant Alpha (malgré la vaccination) s’est avérée plus faible que chez les non vaccinés également infectés. Rien de tel avec le variant Delta qui a fait la preuve de sa plus grande contagiosité par rapport à son prédécesseur en dépit d’une couverture vaccinale croissante dans les pays favorisés.

Des vaccinés contaminés

Une étude de cohorte britannique permet d’en savoir plus sur le sujet. Elle a utilisé les données afférentes au traçage des cas contacts à l’échelon national, lesquelles ont été traitées au moyen d’une analyse multivariée ajustée en tenant compte du statut du cas index (vacciné ou non), du variant et du délai écoulé par rapport à la vaccination complète (deux doses).

Au total, ont été identifiés 146 243 cas contacts, de fait exposés à 108 498 patients index. Chez un sujet contact sur trois environ (n= 54 667 ; 37 %), le test PCR s’est positivé. En cas d’infection par le variant Alpha chez un patient index complètement vacciné (deux doses de BNT162b2 ou de ChAdOx1 nCoV-19), versus non vacciné, le risque de développer l’infection chez un sujet contact a été estimé sous la forme d’un rapport de taux ajusté (RTA) à 0,32 (intervalle de confiance à 95 % IC 95%, 0,21 à 0.48) avec le vaccin BNT162b2 (BioNTech-Pfizer), versus 0,48 (IC 95%, 0,30 à 0,78) avec le vaccin ChAdOx1 nCoV-19 (Oxford–AstraZeneca).

Moindre effet du vaccin sur la transmission virale quand il s’agit du variant delta

En cas d’infection du patient index par le variant Delta, la réduction de la transmission du virus a été moins prononcée, mais plus importante avec le vaccin BNT162b2. En effet, les valeurs correspondantes du RTA ont été respectivement de 0,50 (IC 95%, 0,39 à 0.65) et de 0,76 (IC 95%, 0,70 à 0,82). La charge virale chez les patients index, estimée à partir des valeurs du Ct (cycle-threshold ou cycle-seuil de détection) de la PCR n’ont expliqué que très partiellement (7 à 23 %) les effets des vaccins sur la transmission des deux variants.

Après la seconde dose de vaccin, ces effets ont diminué progressivement pour disparaître, vers la douzième semaine avec le ChAdOx1 nCoV-19 et s’atténuer de manière substantielle avec le BNT162b2. La même tendance a été observée au cours de ce laps de temps quant à la protection des cas contacts.

La vaccination complète diminue la transmission du SARS-CoV-2 du patient index vers les cas contacts.

Cependant, cet effet protecteur semble être moindre dans le cas du variant Delta et d’une vaccination complète par le vaccin ChAdOx1 nCoV-19. Il diminue assez vite dans le temps, le seuil des trois mois étant apparemment fatidique, quoiqu’un peu moins avec le vaccin BNT162b2.

La charge virale, estimée à partir des valeurs de PCR Ct au moment du diagnostic chez le patient index n’explique que très partiellement ces résultats qui ont tout lieu de ne pas s’appliquer au variant Omicron.

L’extrême contagiosité de ce dernier lui confère un profil virologique et épidémiologique inédit qui mérite des études spécifiques, au demeurant en cours dans les pays confrontés à la vague actuelle de la pandémie qui pourrait virer à l’endémie, si les tendances du moment se confirment.

Dr Peter Stratford
Référence
Eyre DW et coll. Effect of Covid-19 Vaccination on Transmission of Alpha and Delta Variants. N Engl J Med. 2022 (5 janvier) : publication avancée en ligne. doi: 10.1056/NEJMoa2116597.



Publié le 02/02/2022
Nouveaux vaccins contre la Covid : trop tard ou opportunité à saisir ?
Paris, le mercredi 2 février 2022 – Dès l’identification du variant Omicron de SARS-CoV-2 et de la confirmation qu’il allait probablement être à l’origine d’une nouvelle vague de contaminations majeure, les laboratoires Pfizer-BioNtech, Moderna et AstraZeneca ont annoncé travailler à l’élaboration d’une version adaptée de leurs vaccins contre la Covid. Alors que leurs essais ont déjà commencé, les deux premières firmes assurent que les nouveaux produits seront disponibles au printemps. Si la prouesse technologique peut être saluée, difficile cependant de ne pas redouter qu’il soit alors trop tard. Questionnée sur l’utilité de nouvelles versions disponibles en mars/avril par le Parisien, Marie-Paule Kieny, présidente du comité scientifique sur les vaccins Covid-19 confirme : « Ce n’est pas encore tout à fait sûr, parce que le pic Omicron pourrait être dépassé avant qu’elles ne soient disponibles ».

Et ce d’autant plus que ce pic correspond à un nombre inédit d’infections : certains experts jugent ainsi que la moitié de l’humanité pourrait avoir été contaminée à la mi mars. Faisant écho à la chercheuse française, un article publié sur le site de la revue Nature, le 28 janvier, revient sur les discussions des scientifiques du monde entier quant à l’utilité d’un vaccin ciblant Omicron, concluant qu’il s’agit d’une question « compliquée ».

Novavax, in extremis

Au-delà d’un vaccin adapté à Omicron, l’évolution actuelle de l’épidémie interroge sur la pertinence de l’arrivée de nouveaux vaccins sur le marché, alors que jusqu’à 300 produits demeurent encore en cours de développement. Dans ce contexte, le timing de l’arrivée du vaccin Novavax est remarquable. Sa disponibilité dans quelques semaines devrait permettre de répondre à un besoin encore prégnant, notamment parce parmi les personnes non encore vaccinées, beaucoup affirment attendre des vaccins n’utilisant par les techniques peu éprouvées (selon elles) des produits actuellement sur le marché.

Rendez-vous définitivement manqué pour Sanofi ?

Mais pour d’autres, dont les mises sur le marché hypothétiques ne sont pas attendues avant au moins la fin de l’année, difficile de ne pas craindre un rendez-vous manqué. C’est le cas notamment du vaccin des laboratoires Sanofi et GSK. Le vice-président de Sanofi est d’ailleurs lucide. Lors d’une conférence début décembre, signalée par l’Express, Thomas Triomphe observait que « les précommandes pour des produits existants ont déjà été passées pour 2022 et 2023 à hauteur de plus de 25 milliards de doses ». Aussi, la place du produit de Sanofi pourrait être marginale : « notre booster pourrait simplement être un complément » remarque-t-il. Le retard de publication de nouveaux résultats (qui s’annoncent moins bons que ceux des vaccins à ARNm), d’abord attendue fin 2021 et qui ne devraient finalement être disponibles qu’au premier trimestre 2022 contrarie encore un peu plus ce calendrier. Si le sort de Valneva est un peu plus enviable, les turbulences également rencontrées par la firme nantaise rappellent les difficultés traversées par l’industrie et la recherche françaises, qui demeurent des échecs considérés aujourd’hui comme cuisants.

Enfin un vaccin efficace contre la contagion ?

La petite start-up Lovaltech redorera-t-elle le blason hexagonal ? Cette dernière vient d’être fondée avec pour objectif l’évaluation et le développement d’un vaccin nasal prometteur. Tout a commencé avec les travaux de l’équipe de recherche BioMAP de l’UMR INRAE-Université de Tours Infectiologie qui s’est déjà illustrée par la mise au point d’un vaccin nasal efficace contre la toxoplasmose chez le singe (avec le soutien de Biotech Vaxinano). Ces scientifiques ont mis au point un vaccin nasal ciblant SARS-CoV-2 dont les résultats pré-cliniques (chez le rongeur) sont plus qu’encourageants. « Les tests pré-cliniques menés en laboratoire ont démontré l’efficacité du vaccin candidat après deux immunisations par voie nasale espacées de trois semaines, tant en termes de réponse immunitaire que de neutralisation précoce du virus original, diminuant considérablement le risque de contamination par un individu vacciné. Les résultats de ce vaccin protéique sans adjuvant ont été confortés fin 2021 par de nouveaux essais pré-cliniques sur rongeurs validant son efficacité vis-à-vis du variant Delta. Le vaccin, constitué de la protéine Spike et de protéines virales non soumises à mutation, permettrait donc de protéger contre la souche de SARS-CoV2 circulant actuellement malgré les mutations multiples » indique notamment un communiqué de l’Inrae qui signalait déjà quelques mois plus tôt : « L’efficacité protectrice de ce vaccin a également été testée en termes de survie et d’absence de signes cliniques : après vaccination et infection, 100 % des individus ont survécu, et aucun signe clinique (détresse respiratoire, perte de poids...) n’a été observé, à la différence du groupe non vacciné et infecté. De plus, le vaccin candidat a été testé en termes de contagiosité sur le modèle hamster syrien, qui restitue la physiopathologie humaine de la Covid-19, et les résultats sont sans appel : les animaux vaccinés et infectés ne montrent aucune charge virale pulmonaire et nasale détectable, à l’inverse des animaux infectés non vaccinés présentant de fortes quantités d’ARN viral dans les poumons et les cavités nasales. Ces résultats, très prédictifs de l’efficacité d’un vaccin sur l’humain, permettent de conclure à l’abrogation totale de la contagiosité entre individus ».

De nombreux obstacles avant l’hypothétique solution pour vraiment mettre fin à l’épidémie

Ces données sont positives à plus d’un titre. D’abord, le caractère universel du vaccin représente un atout indéniable : les questions quant à l’utilité d’un produit adapté à Omicron (ou à un futur variant) ne se posent en effet alors plus. Plus encore, la voie d’administration et son efficacité quant à la réduction de la contagion constitue une réponse intéressante dans le contexte actuel marqué par une explosion des contaminations malgré des couvertures vaccinales très élevées. « Seuls les vaccins par voie nasale conduiront à une protection vaccinale quasi-stérilisante en agissant dès la porte d’entrée du virus pour éviter sa propagation, mais aussi le risque d’apparition de variants, et ainsi stopper la pandémie » explique Isabelle Dimier-Poisson, présidente de LoValTech. Cette voie d’administration et ce caractère universel paraissent d’autant plus importants que le parcours sera encore long pour le produit. Notamment pour des questions financières, l’essai de phase I ne devrait être lancé qu’au second semestre 2022 avec potentiellement des problèmes de recrutement (rencontrés par Sanofi). En effet, l’épidémie sera-t-elle encore d’actualité et même si c’est le cas le plus probable demeurera-t-il assez de candidats volontaires non vaccinés et/ou non immunisés naturellement ? Puis en cas de résultats concluants, seront mis en place les essais de phase II et III. Là encore, cependant, la question des financements est cruciale. Aussi, le calendrier le plus optimiste ne peut tabler que sur une mise sur le marché fin 2023, début 2024. Quel sera alors le besoin d’un vaccin, même universel et efficace pour empêcher les transmissions ? L’incertitude est complète.

Aurélie Haroche

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Publié le 01/02/2022
Obligation vaccinale des soignants : peut-on faire plus compliqué ?

Paris, le mardi 1er janvier 2022 - « Nous allons renforcer l'obligation vaccinale des soignants et des pompiers en intégrant la troisième dose à compter du 30 janvier », annonçait le ministre de la Santé, mi-décembre. « Nous ne voulons pas, comme en Écosse, que nous ayons 25 à 30% des soignants qui ne pourraient pas travailler parce qu'ils seraient tous cas contact et donc en quarantaine » ajoutait-il pour appuyer sa décision.

Vers une nouvelle vague de suspension

D’après des données arrêtées en fin de semaine dernière et publiées par Santé publique France, 68,2% des personnels des hôpitaux et cliniques, ont déjà reçu leur dose de rappel, soit 76,9% des salariés éligibles (en ne tenant pas compte de ceux "récemment infectés", est-il précisé). En outre, 69,4% des personnels des EHPAD et des services de soins de longue durée (USLD) ont reçu leur troisième injection, soit 77,8% des soignants éligibles. Enfin, concernant les professionnels libéraux : 81,4% ont reçu leur rappel, soit 86,3% des effectifs éligibles. Notons qu’une partie des soignants, comme des Français, bien qu’éligibles au rappel, doivent attendre pour en bénéficier en raison d’une contamination dans les derniers mois. Reste, qu’un certain nombre de soignants devrait être suspendu dans les semaines à venir…

Cette nouvelle étape pour l'obligation vaccinale des soignants a commencé le dimanche 30 janvier. Cette évolution a été précisée dans un « DGS-urgent » transmis à l'ensemble des professionnels agrémentés de schémas…complexes !

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Kafkaïen

Dans le détail, un professionnel ayant reçu deux doses remplit les conditions de l'obligation vaccinale « du 30 janvier au 14 février 2022, s'il a reçu sa 2ème dose il y a moins de 7 mois ou s'il a déjà reçu une dose de rappel ; à partir du 15 février 2022, s'il a reçu sa 2ème dose il y a moins de 4 mois ou s'il a déjà reçu une dose de rappel ». Les professionnels n'ayant pas reçu leur dose de rappel ne seront donc pas tous suspendus immédiatement : ils devront cependant respecter les délais prévus, en prenant en compte le fait que ceux-ci seront réduits à partir de mi-février.

De plus, un professionnel infecté peut ne pas recevoir temporairement sa dose de rappel, tant que son certificat de rétablissement est valide. De même, un professionnel bénéficiant d'une contre-indication à la vaccination n'est pas obligé de se faire vacciner, « sauf dans les cas où la contre-indication n'est valable que temporairement ».

Ce même DGS-Urgent facilite les modalités de contrôle du statut vaccinal dans les établissements. Ainsi, « les responsables des structures peuvent habiliter des professionnels disposant d’une carte CPS à procéder à la consultation des données » dans SI vaccination. En outre, « les Cpam mettront à disposition des postes informatiques en leur sein pour les professionnels ne disposant pas de carte CPS mais qui sont habilités par les responsables des structures à accéder aux données » de vaccination.

Mais ces nouvelles directives apparaissent souvent comme un casse-tête administratif pour les établissements. Sur Europe 1, Joanny Allombert, le directeur du centre hospitalier d'Avranches-Granville rapporte qu’il a 2 800 attestations d'agents à récolter et, même en s'y étant mis dès le 12 janvier, la date limite arrive un peu tôt. « La difficulté est de mobiliser tout ce personnel sur ces questions, alors même que notre énergie va essentiellement sur la tenue des services » explique-t-il. « Notre engagement est là aujourd'hui, donc nous faisons évidemment ce qui doit être fait à ce titre, mais c'est effectivement très lourd », concède-t-il.

« Une personne qui n'a pas de statut vaccinal n'a plus la possibilité de travailler. Elle ne cotise plus pour la retraite, elle n'a plus d'avancement de grade. Derrière la mesure de suspension, c'est un ensemble de conséquences juridiques qui peuvent être difficiles pour la carrière d'un agent », déplore quant à lui, Jean-Rémi Richard, directeur général des hôpitaux du pays du Mont-Blanc.

Quoi qu’il en soit, sur les réseaux sociaux les praticiens n’ont pas manqué d’ironiser sur la complexité du nouveau dispositif…

Gabriel Poteau

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Publié le 08/02/2022
L’immortalité pour 3 milliards de dollars

Plusieurs milliardaires américains, dont Jeff Bezos, ont massivement investi dans Altos Labs, une start-up qui se propose de trouver un remède contre la mort et le vieillissement.

Les rêves de grandeur de Jeff Bezos n’ont décidément pas de limites. Après avoir commencé à conquérir l’espace, après s’être fait construire le plus grand yacht du monde, le fondateur d’Amazon et homme le plus riche du monde s’est lancé un nouveau défi : devenir immortel. Ni plus ni moins. Pour celui qui veut tout contrôler dans sa vie, la mort n’est pas une option. Comme d’autres milliardaires, il a donc décidé d’investir massivement dans Altos Labs, une start-up qui « se concentre sur la programmation du rajeunissement cellulaire afin de restaurer la santé des cellules et leur résilience avec le but d’enrayer la maladie et de transformer la médecine » selon son site Internet. En d’autres termes, tenter d’enrayer le vieillissement de notre organisme grâce à la médecine régénérative et aux cellules souches.

Deux prix Nobel dans l’équipe

Créé le 19 janvier dernier par Yuri Milner, un milliardaire russo-israélien qui investit massivement depuis plusieurs années dans la médecine, Altos Labs serait la start-up la mieux financée au monde.

Elle aurait ainsi déjà récolté 3 milliards de dollars pour financer ses recherches, en partie donc avec le soutien de Jeff Bezos. Avec ce budget conséquent, la société va pouvoir embaucher les meilleurs chercheurs du monde, attirés par un salaire conséquent (on parle d’un million de dollar par an) et un budget sans limite.

Dans sa « dream team » de chercheurs, Altos Labs compte déjà deux prix Nobel : le Japonais Shinya Yamanaka, prix Nobel de médecine 2012 spécialiste des cellules souches (qui travaille officiellement « sans rémunération ») et l’Américaine Jennifer Doudna, prix Nobel de chimie 2020 pour sa contribution à la découverte de la technologie CRISPR-Cas9. Autre belle prise de guerre, Hal Barron, futur PDG d’Altos et ancien directeur de Calico Life Sciences, une autre start-up visant à trouver un remède contre la mort (dont les travaux n’ont pas abouti) et qui était financé par Larry Page, fondateur de Google. Derrière la recherche de l’immortalité, se cache donc une rivalité entre les milliardaires de la Sillicon Valley.

Quid de l’âge de la retraite ?

Si la découverte d’un sérum d’immortalité n’est sans doute pas pour tout de suite, ce laboratoire au budget illimité pourrait permettre de faire des avancées dans le domaine du vieillissement ou de la lutte contre le cancer. « Ils vont certainement découvrir des traitements pour améliorer le système immunitaire des personnes âgées, soigner des pathologies ou trouver une solution pour vivre plus longtemps en bonne santé » estime Christine Monville, chercheuse à l’Institut des cellules souches. « Il n’y a rien de nouveau dans l’esprit des travaux qu’ils vont lancer car cela fait 10 ans que la science se penche sur le mieux vieillir mais la différence se fera sur l’application de ces connaissances par des équipes de pointe » résume Laurent Levy, directeur de la start-up médical Nanobiotix.

A l’heure où le vieux rêve de l’immortalité serait à portée de milliards, de nombreuses questions métaphysiques nous assaillent. Faudra-t-il repousser l’âge de la retraite ? Le traitement contre la mort sera-t-il pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie ? Sera-t-il disponible avec un compte Amazon Prime ? Autant d’interrogations qui nous dépassent.

Quentin Haroche

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Publié le 08/02/2022
Remplacement des appareils de ventilation de Philips : retenir son souffle avant de parler de scandale ?

Paris, le mardi 8 février 2022 – En France, plus d’un million de patients souffrant d’apnée du sommeil ont recours à un appareil de ventilation à pression positive continue. Les dispositifs Philips représentent une importante part du marché puisqu’ils équipent autour de 370 000 personnes dans notre pays.

Des dysfonctionnements très rares, surtout repérés lors des opérations de maintenance

En juin dernier, Philips a annoncé un rappel mondial d’un grand nombre de ses appareils de ventilation, majoritairement à pression positive continue (80 %) mais aussi parfois support de vie et non support de vie. En cause, la dégradation de la mousse insonorisante présente dans ces appareils expose les patients à deux composés organiques volatiles (COV), le Diméthyl Diazyine et le Phénol, 2,6-bis (1,1-diméthyléthyl)-4-(1-méthylpropyl), des composés irritants et potentiellement cancérigènes. Philips a ainsi indiqué lors d’une réunion en juin avec l’Agence nationale de Sécurité du médicament que 1 304 dysfonctionnements ont été signalés au niveau mondial, dont 92 en France (47 en métropole et le reste dans les territoires d’outre mer). Ces signalements concernent très majoritairement des constatations faites lors des opérations de maintenance. Seuls onze sont liés à « un incident patient (maux de tête, irritation des voies aériennes supérieures, toux, pression thoracique et infection des sinus), soit un taux d'événements de 0,00007 %. », assure Philips.

Utiliser un filtre en attendant un remplacement rapide

Compte tenu des contraintes liées à la vague de remplacement massive (qui concernent l’organisation de la production et la disponibilité des composants), des solutions d’attente avaient été préconisées. Il a ainsi été recommandé « d’insérer un filtre et de stopper l’humidification afin de réduire le risque d’inhalation de résidus de mousse en attendant le remplacement ou la réparation des appareils concernés », indiquait l’ANSM dans son compte-rendu de réunion. Cependant, les associations de patients avaient alors précisé qu’il était « compliqué d’arrêter l’humidification sur un appareil de PPC même en période estivale ». Alors que le corps médical avait confirmé les limites d’une telle manœuvre, les autorités et le fabricant avaient souligné qu’il ne s’agissait que d’une mesure transitoire. A l’époque, Philips estimait pouvoir « mettre à jour 70 % du parc concerné d’ici fin décembre 2021 », soit par le remplacement des appareils, soit par le remplacement de la mousse.

Une information restée confidentielle ?

Cependant, mi-octobre à l’occasion d’une nouvelle réunion de suivi, le calendrier était très différent. Alors qu’à l’époque seuls 4 % des appareils avaient été remplacés (6 % aujourd’hui), la société Philips indiquait espérer pouvoir changer 50 % des dispositifs à la fin du premier trimestre 2022, 75 % mi-2022 et 100 % fin 2022. Des délais qui irritent l’ANSM et plus encore les associations de patients, qui dès novembre avaient indiqué qu’un grand nombre de malades n’avaient pas été alertés. En réaction à ce signalement (ce qui paraît signifier qu’une telle démarche n’avait pas été réalisée auparavant), une lettre d’information a été envoyée aux médecins généralistes et pneumologues leur rappelant la « conduite à tenir » pour leurs patients établie en juin avec les sociétés savantes. « Nous vous recommandons, en concertation avec les professionnels de santé, de ne pas arrêter votre traitement, quel que soit le type d’appareil utilisé. Votre pneumologue ou prestataire de santé à domicile vous a contacté ou vous contactera afin d’organiser la réparation ou le remplacement de vos équipements, selon la disponibilité du matériel. En cas de céphalées, irritation (peau, yeux, voies respiratoires), de réactions inflammatoires, de toux, de pression thoracique, d’asthme et d’infection des sinus, ou d'autres symptômes pouvant être liés à l’utilisation du dispositif, contactez votre médecin. En cas de tels effets indésirables, nous vous invitons également à faire une déclaration sur le portail des signalements, en y précisant le numéro de série complet de l’appareil (votre médecin peut vous aider à faire cette déclaration) » précise le message de l’ANSM… un message dont la diffusion semble cependant avoir été trop restreinte (ce qui rappelle de précédents défauts d’information…).

Vers un nouveau scandale sanitaire ?

Hier, l’affaire a connu une large médiatisation avec le témoignage diffusé par BFMTV et RMC d’un homme de 44 ans, Mathieu, qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un lymphome. Aujourd’hui, il s’interroge sur le lien entre ce cancer et son utilisation d’un des appareils de Philipps objet du rappel mondial. Il s’irrite plus encore de n’avoir jamais été prévenu de cette procédure de rappel et de ne l’avoir découverte qu’au hasard de ses recherches sur internet. Concernant le risque de cancer associé à l’exposition à la mousse défectueuse, le lien potentiel (qui n’est pas totalement écarté par les autorités sanitaires et scientifiques) est particulièrement complexe à établir, d’autant plus que des travaux récents suggèrent que les patients atteints d’apnée du sommeil dès quarante ans pourraient connaître un risque accru de développer certaines tumeurs. Néanmoins, la mauvaise transmission des informations aux principaux concernés (une fois encore…) ne peut qu’alimenter les rumeurs et les craintes. Ainsi, sur une page Facebook créée par Matthieu, certains patients commencent à échanger des données venues d’outre-Atlantique. Un rapport de la Food and Drug Administration suggérant que Philips avait identifié le problème dès 2018 (à la suite de plaintes d’utilisateurs bien plus nombreuses que le chiffre cité par Philipps à l’ANSM) mais aurait tardé à agir est notamment commenté. Des interrogations concernant les raisons pour lesquelles certains appareils contenant la mousse incriminée ont été inclus dans la procédure de rappel et d’autres pourtant également concernés par cette mousse ne le sont pas émergent également. Enfin, les questions des patients portent sur la sûreté de la préconisation de continuer à utiliser les appareils (dans une pathologie où l’observance est déjà particulièrement difficile).

Mais les experts se montrent rassurants et formels sur le rapport bénéfice/risque toujours très favorable des appareils. Cependant, face à l’inquiétude croissante des patients (et alors que certains avocats habitués de ce type d’affaires commencent à s’y intéresser), l’ANSM n’a pas caché hier lors d’une réunion organisée en présence de Philips sa volonté d’une accélération du processus de remplacement. Le président de l’Airas, une association d’insuffisants respiratoires, Christian Trouchot se félicite par ailleurs : « Nous sommes sur une véritable avancée depuis l’année dernière, car l’agence de santé du médicament (ANSM) va demander à Philips deux enquêtes précises, portant sur des résultats médicaux, notamment ».

Aurélie Haroche


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La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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