Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. mai 19, 2015 1:41 pm

ça date de 2009...mais ça ne rassure pas pour autant

Le livre noir des hôpitaux

Le Point - Publié le 26/03/2009 à 00:00 - Modifié le 31/03/2009


Surtout, ne pas tomber malade. C’est la conclusion que l’on peut tirer au bout de quelques lignes de la lecture du « Livre noir des hôpitaux ». L’ouvrage commence avec l’histoire d’un patient qui échappa de très peu à l’ablation de l’estomac, à cause d’un diagnostic fantaisiste ! Un chanceux, celui-là. Car d’autres y sont restés. Derrière quelques bavures connues, des centaines de victimes restent anonymes. Pour comprendre ce qui se passe, ce sont les « cuisines » de l’hôpital que Philippe Houdart, François Malye et Jérôme Vincent sont allés inspecter. Tous trois journalistes au Point, ils réalisent le « Palmarès des hôpitaux » et enquêtent depuis quatorze ans sur la santé. Cette fois encore, il n’ont pas hésité à forcer quelque peu les portes qui se refermaient devant eux : plus de 135 recours auprès de la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) ont été formés pour obtenir des informations souvent embarrassantes pour les établissements.

Une fois ces portes poussées, la visite tient du musée des horreurs. On y côtoie des médecins mercenaires, employés pour boucher les trous alors qu’ils n’ont parfois pas les qualifications requises. On y rencontre aussi des chirurgiens alcooliques, dépressifs ou drogués, des infirmières démoralisées et des gestionnaires qui se prennent parfois pour des traders : que dire par exemple des dirigeants de l’hôpital d’Ajaccio qui, dépassés par le trou financier qu’ils avaient creusé, ont contracté des emprunts toxiques indexés sur l’évolution comparée du dollar et du franc suisse par rapport à l’euro ?

L’hôpital a de quoi faire peur. Moins qu’ailleurs, répliquent toutefois les défenseurs du « meilleur système de santé du monde ». Sans-doute vaut-il mieux tomber malade en France qu’en Grande-Bretagne ou en Espagne. Mais le tableau reste effarant. D’autant que tout cela n’est pas gratuit. La facture est même monstrueuse, aussi bien pour les usagers, victimes de dépassements d’honoraires sauvages, que pour les contribuables et assurés sociaux. En 2008, le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale a été de 4,5 milliards d’euros. Comme il y a peu de chances que des excédents soient dégagés dans les années qui viennent, tout cela risque bien de finir dans les comptes de la Caisse d’amortissement de la dette sociale, financée par un impôt, la CRDS (elle figure sur toutes les fiches de paie), qui se charge d’étaler ces dettes sur des décennies. Et donc de faire payer aux générations futures la mauvaise gestion d’aujourd’hui. Bienvenue à l’hôpital

Extraits

Bavures à l’hôpital

Quarante décès en moyenne par jour. C’est le nombre d’« événements indésirables graves » qui, à la suite d’une erreur médicale survenue à l’hôpital ou en clinique, connaissent une issue fatale. Ces chiffres, que l’on peut estimer à partir de l’étude Eneis (1), la seule réalisée en France sur ce sujet, montrent bien que les accidents survenus fin 2008, pendant les fêtes de Noël, ne sont que l’écume des dysfonctionnements, la partie émergée de l’iceberg. Le 24 décembre 2008, le petit Ilyès, 3 ans, meurt à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, prestigieux hôpital pour enfants de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) : une infirmière a commis une erreur en lui administrant un mauvais produit. Elle est aussitôt placée en garde en vue puis mise en examen, à la grande colère de bon nombre de professionnels de l’hôpital public, furieux que l’une des leurs soit traitée comme une criminelle.

Dix jours plus tard, c’est un nourrisson de 6 mois, Louis-Joseph, victime d’une surdose médicamenteuse à l’hôpital de Bullion (Yvelines), qui est transféré en urgence à l’hôpital Necker-Enfants malades, où il décède. Entre ces deux drames, une autre affaire a fait les gros titres de l’actualité. Celle de ce patient de 56 ans, victime d’une détresse respiratoire le 27 décembre dans la soirée et qui meurt au petit matin d’une défaillance cardiaque, après six heures passées dans l’ambulance du Samu tout simplement parce que aucun lit de réanimation n’était disponible pour le prendre en charge dans les 24 hôpitaux d’Ile-de-France sollicités. [...]

S’agit-il d’une série noire ? En réalité, 400 « événements indésirables graves » se produisent chaque jour dans les hôpitaux et cliniques et pourraient être évités. [...] Les auteurs de l’étude Eneis estiment, à partir de quelque 8 754 dossiers de patients analysés dans un échantillon de 292 services appartenant à 71 établissements de soins, qu’entre 350 000 et 460 000 événements indésirables graves se produisent durant l’hospitalisation chaque année en France, dont 120 000 à 190 000 pourraient être évités. Soit entre 320 et 520 incidents évitables chaque jour.

Tous ces événements n’aboutissent évidemment pas à un décès, mais la « rareté relative de ces conséquences extrêmes », comme l’écrivent les experts, ne doit pas masquer les multiples complications, dont les conséquences sont souvent lourdes à porter pour les patients. « Le ministère estime qu’il y a entre 12 000 et 24 000 morts par an dues aux erreurs médicales », explique Frank Debouck, secrétaire général d’Air France Consulting, une filiale de conseil et d’ingénierie d’Air France, internationalement reconnue dans le domaine du risque et qui accompagne une trentaine d’établissements de soins dans le domaine de la sécurité des soins. C’est 100 à 200 fois le crash du Concorde. Mais de façon disséminée. [...]

Les produits de santé (dont les médicaments) sont la deuxième cause d’accidents lors de l’hospitalisation (26,7 %). [...] En janvier 2006, une infirmière de 44 ans de l’hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines) est condamnée à dix-huit mois de prison avec sursis pour le décès d’une petite fille de 4 ans, opérée des amygdales et décédée le lendemain à la suite de l’administration, en trop grande quantité et de façon trop rapide, d’une solution de glucose. En juillet de la même année, c’est une jeune Réunionnaise de 18 ans atteinte de leucémie qui décède au CHU de Tours, une infirmière lui ayant donné une dose de Daunoxone cinq fois supérieure à la prescription, provoquant un arrêt cardiaque. Au CHU de Nancy, après une transplantation rénale, un patient de 48 ans meurt à la suite d’une transfusion de chlorure de sodium, produit à usage externe : le flacon, dont l’étiquette est semblable à celle d’autres produits, n’aurait jamais dû se trouver dans l’armoire du service de néphrologie. L’infirmière n’a pas été assez vigilante. Une affaire qui ressemble à celle du petit Ilyès, décédé à Saint-Vincent-de-Paul. Les premiers éléments de l’enquête indiquent en effet que « le chlorure de magnésium qui lui a été injecté n’aurait jamais dû se trouver dans la salle de soins ». La morphine fait elle aussi des ravages. En octobre 2006, une jeune infirmière et son ancien chef de service de l’hôpital de Cholet (Maine-et-Loire) sont condamnés à de la prison avec sursis pour avoir administré à un patient en phase terminale d’un cancer dix fois la dose de morphine prescrite. [...]

Mais le secteur où se produisent la majorité de ces événements (48,9 %), c’est la chirurgie où, en toute logique, la prise de risques est la plus importante. [...]

C’est un chirurgien de Neufchâteau (Vosges) qui est condamné en 2005 à un an de prison avec sursis pour avoir poursuivi « au-delà du raisonnable », selon les experts, une intervention chirurgicale sur le dos d’une patiente de 47 ans alors qu’elle s’était mise à saigner abondamment. Ils jugeront que « l’obstination et l’entêtement » du praticien sont à l’origine de la mort cérébrale de la patiente. Dans un établissement de Haguenau (Bas-Rhin), c’est un chirurgien ORL qui opère la prolifération de polypes dans la fosse nasale d’un patient de 48 ans et perfore à plusieurs reprises ses tissus crâniens. Il est condamné en appel pour homicide involontaire à dix-huit mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. Le jeune Romain Gommenne, 18 ans, ne survit pas à la très bénigne intervention qu’il subit à la clinique des Bleuets à Reims (Marne). Le chirurgien, introduisant une minicaméra dans son bas-ventre, perce une artère et une veine. Malgré les dix-huit poches de sang qui lui sont transfusées, le jeune garçon décède. Et que dire de ce chirurgien et de cet interne qui, à l’hôpital de Saverne (Bas-Rhin), après avoir procédé à l’ablation en urgence d’une partie du côlon d’une patiente de 50 ans, se trompent et le recousent par erreur à son vagin ? L’interne reconnaîtra lors de l’audience avoir pris un organe pour un autre : afin d’aider le chirurgien à recoudre, il avait mis une pince dans le vagin et non dans le rectum. Bilan pour la patiente : cinq interventions réparatrices et 25 % d’incapacité. Pour les deux médecins, ce sera de la prison avec sursis et de fortes amendes.

Les erreurs de diagnostic peuvent aussi avoir des conséquences fatales. Quelques exemples : au centre hospitalier universitaire de Lille, fleuron de la région Nord-Pas-de-Calais, ce sont deux internes qui sont condamnés en 2004 à de la prison avec sursis et des amendes pour ne pas avoir diagnostiqué la péritonite d’une enfant de 9 ans, qui décédera. Pour la justice, l’erreur de diagnostic est avérée, mais aussi un défaut d’organisation au sein de l’hôpital. A Vitré (Ille-et-Vilaine), en 2005, l’hôpital est condamné car les médecins ayant pris en charge un patient convulsif de 41 ans n’avaient pas identifié la méningite qui lui sera fatale. A Besançon (Doubs), c’est un anesthésiste de 57 ans qui écope de neuf mois de prison avec sursis pour avoir diagnostiqué un choc septique à la suite d’une appendicectomie alors que la malade de 21 ans faisait une hémorragie interne dont elle sera victime. En 2004, le centre hospitalier universitaire de Saint-Etienne (Loire) était déclaré responsable par le tribunal administratif de la mort d’un nourrisson de 9 mois. Victime d’une chute dans un escalier deux jours plus tôt et examinée aux urgences par un interne, la petite Ambrine avait été renvoyée chez elle sans avoir subi de radiographie. Hospitalisée en urgence, opérée dans le service de neurochirurgie de l’hôpital pour un hématome important, elle décédait quelques jours plus tard. [...]

Ce n’est quand même pas tous les jours que la France décroche une place de champion du monde. Voilà qui est fait avec le plus important accident de radiothérapie jamais survenu au niveau international. Jusqu’à l’affaire du centre hospitalier Jean-Monnet d’Epinal (Vosges), révélée en 2006, quatre accidents graves seulement avaient été recensés dans le monde par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : en 2001 en Pologne, où 5 patients avaient été victimes de brûlures, en 2000 au Panama, avec 28 patients surirradiés dont 5 étaient décédés, en 1996 au Costa Rica (17 décès sur 115 patients affectés), enfin en Espagne, en 1990, à Saragosse (au moins 15 décès sur 27 patients victimes d’une surdose). Mais avec 5 500 patients surirradiés lors de leur traitement entre les années 1987 et 2006 et déjà 5 décès avérés, l’hôpital vosgien a mis la barre très haut. Cet intervalle de temps avant qu’on ne s’aperçoive des nombreuses défaillances de son service de radiothérapie en dit déjà long. [...]

Que faut-il faire pour qu’à l’avenir le nombre d’accidents médicaux, dans tous les domaines, baisse ? De multiples recommandations de spécialistes du risque ont été faites pour les limiter. Pour éviter ce que l’on nomme les erreurs « de côté » par exemple, c’est-à-dire opérer un patient du mauvais membre, il faut que le patient marque lui-même l’endroit à opérer. C’est ainsi qu’on évitera des erreurs comme celle survenue à l’hôpital de la Timone, l’un des établissements du centre hospitalier universitaire de Marseille, quand en avril 2007 le jeune Emmanuel Le Mol, 20 ans, hémiplégique du côté droit depuis un grave accident de la route cinq ans plus tôt, et qui devait subir une neurotomie du nerf du mollet de la jambe gauche, est en fait opéré de la droite. « Personne ne s’est aperçu de rien, témoignera Corinne, sa mère. C’est mon fils qui, après l’intervention, s’est rendu compte que le médecin s’était trompé. » Celui-ci, qui connaissait pourtant bien son patient pour l’avoir vu à plusieurs reprises avant l’intervention, plaidera l’« erreur technique ». En février 2009, une patiente atteinte d’un cancer mammaire se fait amputer par erreur du mauvais côté au centre anticancéreux de Lyon, qui a alors dû procéder à une ablation des deux seins. [...]

Ces grands malades qui nous soignent

Dépressif, alcoolique, incompétent... Au sein de quelle profession ayant entre les mains la vie de tiers peut-on trouver des personnes en exercice aussi dangereuses ? Vous n’osez pas l’imaginer. Et pourtant si : chez les blouses blanches, qu’elles travaillent en secteur libéral ou à l’hôpital. Etre médecin ne garantit pas la bonne santé. Ni physique ni mentale. « J’ai des souvenirs dramatiques », confie le docteur François Aubart, chirurgien orthopédiste à l’hôpital d’Eaubonne-Montmorency (Val-d’Oise), qui, à la soixantaine, a une longue expérience de la vie hospitalière. En dehors de ses activités de soignant, il s’est beaucoup investi pour représenter la profession et il préside la Coordination médicale hospitalière. C’est un homme clairvoyant et mesuré. Intelligent. Il est bien sûr gêné quand il s’agit d’aborder, même anonymement, des cas individuels. « J’ai côtoyé au moins deux collègues morts d’addiction majeure. J’en ai croisé d’autres qui ont été impliqués dans des vols de stupéfiants, des actes de violence, j’ai connu des chirurgiens présentant une psychose maniaco-dépressive. » « J’ai eu un patron en chirurgie qui était devenu mystique. C’était un grand bonhomme. Mais là il ne venait plus jamais dans son service », raconte le professeur Guy Vallancien, urologue à l’Institut mutualiste Montsouris à Paris, l’un de ceux qui ont opéré François Mitterrand quand celui-ci, alors président de la République, avait dû se faire soigner d’un cancer de la prostate. « Il y a trente ans, quand je travaillais dans un des établissements de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris , se souvient un médecin qui a quitté la profession, dans les couloirs d’un des deux services d’anesthésie-réanimation, le chef de ce service en avait menacé un autre d’une carabine Winchester. C’est après avoir été nommé professeur et chef de service qu’il avait commencé à présenter des troubles mentaux. Il s’était enfoncé dans l’alcool. Il avait fini par être écarté, puis par se suicider. Dans le même établissement toujours, un anesthésiste était connu comme le loup blanc pour être à éviter absolument. Quand il était de garde, tout le monde s’organisait dans l’hôpital pour qu’il n’intervienne pas au bloc opératoire. A la même époque, j’ai aussi travaillé dans un grand hôpital de la périphérie de Paris où mon patron en anesthésie-réanimation était alcoolique. » Notre interlocuteur s’interrompt avant de reprendre, l’air attristé : « Je n’ai pas envie de raconter ça en fait, ça me peine. Dans sa vie, ce type a fait des choses formidables. En 1940, pendant la guerre, il s’est engagé dans la France libre. C’est en Angleterre qu’il a appris l’anesthésie-réanimation. C’était un anesthésiste pur, un des créateurs de l’anesthésie moderne en France. Il a inventé des mélanges gazeux qui constituaient un très grand progrès pour endormir les gens. C’est vrai qu’à la fin il était en roue libre. En milieu de matinée, il en était à sa cinquième bière. Mais je l’ai vu réussir une intubation particulièrement difficile, pour laquelle ses collègues étaient spécialement venus le chercher, lui et personne d’autre, avec la cigarette allumée ou le mégot au bec. » Ce portrait nous a été confirmé par un des leaders actuels de cette discipline, également admiratif devant cette personnalité médicale « historique », mais néanmoins très troublé. « Je l’ai aussi vu rater une intubation et quitter le bloc opératoire furieux, laissant le malade et l’équipe en plan, obligée de chercher un autre anesthésiste. » Il y a cinq ans, la carrière d’un chirurgien qualifié en orthopédie, l’une des disciplines de base des établissements de soins, s’est terminée tragiquement, dans l’un des plus grands centres hospitalo-universitaires français. Il s’est suicidé, après avoir souffert durant des années d’une psychose maniaco-dépressive sévère. « Il y a un nombre phénoménal de médecins qui absorbent des psychotropes », m’avouera un praticien de CHU au cours de cette enquête. Au CHU d’Amiens, il y a quelques années, le chef du service de chirurgie cardiaque s’est suicidé dans son bureau avec une perfusion contenant un produit mortel, complètement déstabilisé par les tensions qui traversaient son équipe. Ses deux adjoints étaient en concurrence et se disputaient sans cesse, créant une atmosphère irrespirable dans le service. Ils se battront après sa mort, l’un des deux se cassant même le poignet. Ils opèrent toujours. Le jour de notre rendez-vous, après que nous lui avons exposé le motif de notre visite, le professeur Antoine Brézin, qui dirige le service d’ophtalmologie ambulatoire de l’hôpital Cochin à Paris, demeure d’abord muet. Il ne veut rien dire sur le sujet. A force de persuasion, il consent néanmoins à apporter son témoignage : « Des médecins viennent me consulter, dont des chirurgiens, pour leurs problèmes visuels. Ceux qui présentent une maladie de l’oeil et qui continuent à travailler sont nombreux. Je ne sais pas si ça a des conséquences sur leur habileté. J’en connais deux qui souffrent d’une sclérose en plaques avec une atteinte du nerf optique, un autre qui a une pathologie de la cornée ; ils continuent d’opérer. Je connais également un chef de service paranoïaque grave, sa secrétaire s’est suicidée l’an passé, plusieurs personnes se sont demandé si ça avait un lien avec le comportement de son chef. » Un radiologue rapporte le cas d’un de ses confrères atteint de troubles visuels sévères, dans l’incapacité de distinguer certains traits de fracture ou de faire des diagnostics échographiques jugés évidents, et pourtant titularisé praticien des hôpitaux. Des témoignages comme ceux-là pourraient être multipliés à l’infini, car, bien qu’elle soit inconnue du public, cette question a toujours embarrassé les médecins. « J’en ai connu dans toutes les spécialités , reprend le docteur Aubart. Je n’en vois pas qui ne soit pas touchée. Même dans une discipline sereine comme la biologie, j’en ai connu. Et il y a aussi le corps des directeurs. J’en ai croisé de très, très, très gravement atteints par l’alcoolisme. » Combien sont-ils, ces médecins atteints de troubles pathologiques du comportement, ou d’addiction à l’alcool ou à d’autres drogues ? « Dans pratiquement chaque hôpital, il y a un drogué, ou un harceleur sexuel, ou un incompétent notoire », avance le professeur Vallancien. « A la louche, ces problèmes d’addiction, de troubles du comportement, de psychose maniaco-dépressive, de dépression, d’autres troubles mentaux concernent une centaine de cas. Des médecins, mais aussi des directeurs », nuance le docteur Aubart. En réalité, personne ne le sait. Il n’y a jamais eu aucune étude nationale menée sur le sujet parmi les médecins hospitaliers de toutes les spécialités, ni d’ailleurs parmi les directeurs et les cadres de direction. Mais l’on recense suffisamment d’éléments probants pour affirmer que le phénomène existe, à l’hôpital mais aussi parmi les médecins libéraux, et qu’il doit être pris au sérieux.

Le drame des petits hôpitaux

Pithiviers, Avallon, Châteaudun, Saint-Affrique, Clamecy, Carhaix... tous les Français ont entendu parler de ces hôpitaux dits « de proximité ». En revanche, ils ne connaissent pas les rapports de « visites sur site » que leur ont consacrées des médecins experts et les nombreux dysfonctionnements qu’ils y ont découverts. Régulièrement, à la suite d’une bavure médicale ou d’une manifestation d’habitants et d’élus pour les soutenir, la polémique sur la nécessité de maintenir certaines de leurs activités resurgit dans l’actualité. Pourtant, les services de l’Etat connaissent intimement les insuffisances de ces établissements : audits, rapports, enquêtes se sont multipliés ces dernières années, prouvant chaque fois qu’en termes de qualité des soins la situation y est critique et le coût du maintien de certains services, prohibitif. Mais la situation n’a changé qu’à la marge. Si, depuis dix ans, 130 opérations de restructuration ont été menées, elles ont surtout concerné des maternités et des établissements privés. Selon le rapport 2008 de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale, « la dynamique de la restructuration s’est essoufflée en raison des signes contradictoires donnés par l’administration centrale. Le mouvement de restructuration a surtout concerné, en réalité, le secteur privé à but lucratif. Entre 1997 et 2006, 276 services de chirurgie ont été fermés sur le territoire national : 76 dans le public et 200 dans le privé à but lucratif. 72 % des restructurations ont eu lieu dans ce secteur ». Et d’expliquer les raisons qui ont freiné les fermetures de services d’établissements publics : « Les Agences régionales d’hospitalisation (ARH) ont rarement réussi à convaincre les établissements d’abandonner leur activité de chirurgie lorsque celle-ci n’était plus viable et elles n’ont pas toujours pu résister aux pressions locales. » Il demeure donc de nombreux plateaux techniques publics défaillants dans la France profonde. Mais encore une fois, la maternité et la chirurgie sont les vitrines d’un hôpital et, pour les élus et les populations qu’ils parviennent à mobiliser, il est souvent impensable d’accepter leur fermeture. La polémique sur les hôpitaux de proximité commence en juin 1997 avec le drame survenu dans le petit hôpital de Pithiviers (Loiret). Une patiente, Sylvie Edeline, 36 ans, décède après une semaine de coma à la suite d’une banale intervention, une ligature des trompes, durant laquelle l’anesthésiste remplaçant a commis une erreur. Problème : tout le monde connaissait les défaillances de l’hôpital. Quatorze rapports des différentes autorités sanitaires avaient déjà dénoncé la sous-activité des chirurgiens, un équipement hors normes et des rivalités entre médecins, allant parfois jusqu’à des rixes. [...] Dans son rapport « L’avenir de la chirurgie en France », le sénateur Alain Milon juge « l’offre de soins trop dispersée » : « La France est le pays au monde où le nombre d’établissements de santé publics et privés rapporté à la population est le plus élevé, soit un établissement pour 20 000 habitants, contre une moyenne de un pour 40 000 en Europe. Ainsi, la distance moyenne pour rallier un plateau technique est de 35 kilomètres, soit un temps de transport de trente minutes environ ; elle est d’une centaine de kilomètres en Suède, y compris pour les maternités. »
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Message par Arnaud BASSEZ » mar. mai 19, 2015 6:24 pm

Les Français ont peur pour leur hôpital

La Fédération hospitalière de France (FHF) publie pour la deuxième année consécutive son Observatoire de l’égalité d’accès aux soins. Quelles perceptions les Français ont-ils aujourd’hui de l’accès aux soins dans notre pays et en particulier de l’hôpital public ? La FHF a souhaité apporter des réponses avec cette enquête réalisée par Ipsos du 10 au 16 Avril 2015 auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 Français âgés de 18 ans et plus.

Pas assez d’hôpitaux

L’accès à la santé est un problème pour les Français, 54% des personnes interrogées lui donnent une note inférieure à 7 sur 10, avec une moyenne de 6,1 (contre 6 en 2014). Elles font face tout d’abord à des problèmes géographiques, faisant part de difficultés à trouver un professionnel de santé disponible dans leur secteur dans un délai acceptable. Il n’y a pas suffisamment d’hôpitaux en France, estiment en outre 65% d’entre elles (+1 point par rapport à l’an dernier). L’hôpital public le plus proche, situé pourtant en moyenne à 12,7 km, peut se trouver à plus de 30 km (7%). Vingt et un pour cent des Français interrogés indiquent avoir déjà renoncé à des soins en raison de l’éloignement géographique. Ils témoignent d’autre part des frais financiers trop élevés que peuvent engendrer les soins de santé, et près de la moitié (48%) ont déjà renoncé à des consultations, à des soins ou à des examens à cause de leur prix. Le coût des mutuelles pose problème, trop important compte-rendu des niveaux de remboursement pour 46% des sondés.

Un hôpital de qualité

Malgré tout les Français sont 84% à avoir une bonne image de l’hôpital public, auquel ils reconnaissent de nombreux points forts, et 20% en ont même une très bonne image, un avis partagé sans différence de sexe, d’âge ou de niveau socioprofessionnel. Neuf Français sur 10 pensent que notre hôpital public offre des soins de qualité, reconnaissant parmi ses atouts son efficacité (84%), sa performance (79%), son adaptation au monde d’aujourd’hui (72%), et 80% des sondés le jugent aussi à la pointe des nouvelles technologies, tandis que 71% l’estiment innovant.

L’hôpital n’est pas parfait cependant, parmi ses défauts 76% des Français considèrent qu’il y a beaucoup de prescriptions inutiles et 51% sont convaincus qu’il y a de plus en plus d'erreurs médicales, de problèmes de sécurité et de qualité des soins.

Un avenir inquiétant

Les Français expriment par ailleurs une forte inquiétude quant à l'avenir de l'hôpital public, 89% l’estimant « en danger », en raison principalement du manque de personnels (70%), des exigences de rentabilité économique (58%), et de la fermeture de services (31%). Pour 60% d’entre eux l’hôpital public doit constituer pour le gouvernement un domaine d’investissement prioritaire, tandis que 39 % juge qu’il s’agit d’un domaine d’investissement important mais pas prioritaire (secondaire pour 1%). Pour une personne sur deux (49%) on ne peut plus faire d’économies importantes pour réformer le système de santé sans mettre en danger la qualité des soins apportés aux patients.

Sortir l’hôpital des murs

Parmi les pistes de réformes envisagées par les Français, celle des urgences : 1 Français sur 2 (56%) juge souhaitable et indispensable d’inciter les patients à consulter un généraliste avant d’aller aux urgences, quitte à faire payer la visite aux urgences si le problème pouvait être traité par le généraliste. « Sortir l’hôpital des murs est indispensable pour environ 8 Français sur 10 », indiquent aussi les résultats de l'Observatoire FHF/Ipsos. Quand cela est possible l’hospitalisation à domicile est indispensable et souhaitable pour 58% des personnes interrogées et la chirurgie ambulatoire pour 44%. Sur l’augmentation du temps de travail (suppression des 35 heures) et l’allongement de l’âge du départ à la retraite, Les Français sont partagés autant pour l’hôpital public que pour tous les salariés du public et du privé.

Dominique Monnier

jim.fr
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 23, 2015 6:18 pm

La fin des lunettes à la loupe

Comme 30 % de Français souffrant de presbytie, vous avez sans doute dû chausser vos lunettes pour commencer la lecture de cet article. A moins que vous ne les ayez (encore) égarées ou (encore) abîmées. Pour un grand nombre de porteurs de bésicles, l’utilisation quotidienne de cet ustensile relève du casse tête (sans compter qu’elles coûtent un œil). Et certains se prennent à rêver d’un monde libre de toutes lunettes, "Glasses Off" comme pourraient dire les anglo-saxons. Glasses Off c’est le nom, assez explicite, d’une application pour smartphone qui existe depuis 2013 aux Etats-Unis et en Israël et qui ce printemps est désormais disponible en Europe et en France.

Une application potentiellement utile à un milliard de personnes !

GlassesOff a été développé par une firme israélienne éponyme qui se présente comme une entreprise de " neurotechnologies". Huit ans ont été nécessaires pour élaborer ce programme destiné à améliorer les performances visuelles des utilisateurs et leur permettre de se passer de leurs "lunettes de lecture". A l’origine de cette idée, le professeur Uri Polat, directeur du laboratoire en Neurosciences cliniques et visuelles à l’Institut de recherche sur l’œil du Sheba Medical Center. « Pendant des années, la communauté scientifique a pensé que la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se modifier, n’existait que chez l’enfant. Il est désormais communément reconnu que celle-ci persiste chez l’adulte, et c’est sur cette plasticité cérébrale que nous travaillons pour améliorer les capacités du cortex visuel à traiter les images reçues et à compenser ainsi les déficiences optiques dues au vieillissement de l’œil » explique dans le dossier de presse de l’entreprise ce spécialiste qui compte 30 ans d’expérience dans les neurosciences. S’adressant à « 80 % des individus de plus de 40 ans » (soit près d’un milliard de personnes comptabilise l’entreprise), Glasses Off propose des « exercices visuels intensifs » à réaliser à raison de « trois séances de douze minutes par semaine » pendant environ trois mois ainsi qu’un programme « d’entretien visuel ». Le coût s’élève à 54,99 euros par an (soit moins élevé qu’une monture et ses verres).

Ils ne fourrent sans doute pas le doigt dans l’œil

Si le concept de Glasses Off (soit la correction de la presbytie en s’appuyant sur la plasticité cérébrale) a fait l’objet de plusieurs publications dans des revues prestigieuses (PNAS ou Nature par exemple), les études cliniques sont encore restreintes. L’université de Californie rapporte cependant sur une petite série de patients (une trentaine de volontaires) des résultats encourageants : après trois mois d’entraînement avec Glasses Off, tous les utilisateurs étaient capables de lire le journal sans lunettes. En France, le lancement de l’application a été remarqué par plusieurs revues d’ophtalmologie et les spécialistes gardent à l’œil cette innovation. Dans le Parisien, le docteur Catherine Albou-Ganem, bien qu’elle rappelle la nécessité de résultats de plus grande ampleur, ne se montre pas étonnée et prophétise : « Dans cinquante ans, c’est sûr, on ne portera plus de lunettes, ni de lentilles…. Sauf peut-être les enfants ».

Ne pas fermer l’œil

Car outre ce type d’application et l’essor de la chirurgie (à laquelle a grandement contribué Catherine Albou-Ganem) face à la presbytie, d’autres méthodes pourraient s’imposer dans l’avenir. C’est le cas notamment de l’orthokératologie. Il s’agit du recours à des lentilles correctrices (contre la myopie) portées uniquement la nuit et offrant une vision normale le jour. Assez répandue aux Etats-Unis, cette technique est très marginale en France. Pourtant, depuis quelques années, certains spécialistes veulent croire à son essor. C’est le cas notamment du docteur Phat-Eam Lim chirurgien ophtalmologiste. Pour Doctissimo, il décrivait il y a quelques années le mécanisme de l’orthokératologie qui recourt à des lentilles semi rigides à la forme particulière. « Elle oblige les cellules de l’épithélium (…) à se positionner là où nous le souhaitons, pendant leur migration naturelle de la périphérie vers le centre (…). Au cours de la journée, les cellules épithéliales se renouvellent et reprennent leur emplacement initial d’où la réversibilité de la correction » expliquait-il. Ces lentilles dont l’utilisation au long cours ne semble pas entraîner de déformation cornéenne permanente pourraient également être utiles chez les enfants. Aujourd’hui, moins d’une vingtaine d’ophtalmologistes en France sont susceptibles de prescrire cette technique.

Gardons l’œil pour voir ce que l’avenir nous réserve.

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Message par Arnaud BASSEZ » jeu. juin 04, 2015 4:04 pm

Les interventions de jour : comme de nuit ?

On peut s’interroger : est-il faux ? Est-il vrai qu’être opéré par un chirurgien sommeilleux soit effectivement beaucoup plus dangereux que de confier son corps à un chirurgien frais ?

La fatigue et la somnolence sont réputées affecter les performances de tous les travailleurs. Or, en matière de chirurgie, ces baisses de performance peuvent avoir des conséquences catastrophiques, mais déjà des études ont mis en évidence des suites opératoires meilleures chez les sujets opérés aux « heures chrétiennes » (entre tierce et complies) que pour ceux opérés entre matines et laudes.

Les auteurs américains se sont intéressés aux traumatismes, dont plus de la moitié surviennent la nuit, et pour lesquels toute erreur décisionnelle ou technique est particulièrement nuisible.
Ils ont consulté un registre national groupant plus de 500 centres, et ont retenu les laparotomies exploratrices de l’adulte pratiquées pour traumatismes de l’abdomen. Ils ont d’abord comparé les suites des blessés dont l’intervention avait été débutée pendant les heures de sommeil (HS : 0 à 6 h) à celles des blessés pour lesquels l’opération avait été commencée pendant les heures de veille (HV 7 à 17 h), puis ont calculé le ratio de mortalité selon l’heure de l’intervention sur tout le nycthémère, le critère de jugement principal étant la mortalité hospitalière. Le taux de mortalité observé à chaque heure a ensuite confronté à celui « attendu », en fonction de l’âge, de l’indice de gravité (ISS), etc. ; si le 1er était supérieur au second cela était considéré comme significatif d’une moins bonne performance de la prise en charge chirurgicale (et vice versa).

Entre 2007 et 2010, 49 827 blessés adultes (79 % hommes) au dossier exploitable ont bénéficié d’une laparotomie exploratrice, dont 16 096 opérés pendant les HV et 15 109 pendant les HS. L’âge moyen était de 35 ans, il y avait un peu plus de plaies (55 %) que de contusions, 15 % des malades étaient initialement en état de choc hémorragique, et le score ISS moyen (qui va de 0 à 75) était de 19 ; la mortalité observée a été de 14 %.

La plupart des interventions ont débuté entre 8 et 16 h, en règle dans les 6 h après l’admission, (dans 52 % des cas dans l’heure suivant celle-ci) ; on note de nombreuses différences entre les groupes HV et HS, les patients de ce dernier étant plus jeunes, plus souvent des hommes, plus souvent noirs ou hispaniques, avec un ISS plus souvent < 15, moins de collapsus tensionnels, et plus de plaies pénétrantes (70 vs 40 %). Paradoxalement, la mortalité a été plus lourde chez les HV (16 vs 11 %), mais il s’agissait de patients plus âgés, avec des ISS plus élevés et des chocs plus graves.

Après ajustement en fonction de l’âge et de la gravité du traumatisme (ou des poly-traumatismes), la mortalité a été similaire dans les 2 groupes, et l’est restée en distinguant plaies et contusions. Si on divise la journée autrement, ce sont les patients opérés entre 4 h et midi qui ont la plus faible mortalité (12 % plus basse qu’à n’importe quelle autre heure).

Le fait d’être opéré durant la nuit n’apparaît donc pas être un facteur d’aggravation du pronostic.

Dr Jean-Fred Warlin
Références
Zafar SN et coll. : The sleepy surgeon: does night-time surgery for trauma affect mortality ?
Am J Surgery, 2015; 209: 633-639

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Message par Arnaud BASSEZ » jeu. juin 11, 2015 3:55 pm

Anesthésie générale : des risques pour le cerveau des moins de 4 ans

par Hugo Septier

Des anesthésistes affirment qu'une anesthésie générale avant l'âge de 4 ans peut causer des dommages sur le cerveau des enfants.

Dans une étude récemment publiée dans la revue Pediatrics, une équipe de d’anesthésistes rattachée à l’hôpital pour enfants de la ville de Cincinnati pense avoir démontré que les enfants endormis pour une opération chirurgicale avant l’âge de 4 ans subiraient d’importants changements au niveau de la structure du cerveau. Parmi les effets reportés, une diminution de densité de la matière grise dans les régions postérieures du cerveau.

Pour mener cette étude rétrospective, les médecins ont décidé de s’intéresser à 106 enfants âgés de 5 à 18 ans dont la moitié avait subi une opération chirurgicale lourde nécessitant une anesthésie avant leur quatrième année. Plusieurs tests, servant à mesurer leur quotient intellectuel et leur activité cérébrale, ont été réalisés.
Les premiers résultats montrent que les chiffres globaux sont dans la moyenne de la population, et ce, avec ou sans antécédents médicaux. En revanche, c’est au moment d’étudier ces résultats en détail que le bât blesse, les enfants qui ont subi une anesthésie générale avant quatre ans ont des scores bien plus faibles que les autres au niveau de la compréhension orale et du QI.

Des retards chez les opérés très jeunes

Cette différence pourrait s'expliquer par des expériences réalisées auparavant par Andreas Loepke, auteur de l’étude et anesthésiste au sein de l’hôpital de Cincinnati. Après avoir endormi des rats avec les mêmes médicaments utilisés pour les humains, le spécialiste s'est aperçu que de nombreux neurones étaient morts au niveau du cerveau, impliquant une déficience neurocognitive. Ces travaux avaient déjà soulevé quelques interrogations sur les conséquences de l’anesthésie chez les plus jeunes. A cet âge, le développement neurologique est très sensible et des interférences peuvent induire des anomalies fonctionnelles à long terme.

« Le but ultime de notre expérience est d'améliorer la sécurité chez les jeunes enfants qui n’ont pas le choix de subir une intervention chirurgicale sous anesthésie pour traiter leurs problèmes de santé graves », explique Andreas Loepke. « Nous avons essayé de mieux comprendre dans quelle mesure les anesthésiques et d'autres facteurs contribuent à des anomalies chez les enfants »

Vers des produits alternatifs ?

Ce n’est pas la première fois que les conséquences d’une anesthésie générale chez les très jeunes enfants font l'objet d'interrogations. Des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) avaient lancé l’alerte dans les colonnes du New England Journal of Medicine. Ils étaient eux-aussi convaincus que les effets neurotoxiques des médicaments anesthésiants pouvaient être néfastes pour la santé, et en particulier sur le cerveau.

source pourquoidocteur.fr

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90 praticiens cosignent une tribune pour « sortir l’hôpital public de la crise »
Anne Bayle-Iniguez

Inquiets des contraintes budgétaires qui pèsent sur les hôpitaux et de l’effort de trois milliards d’euros d’économies réclamé au secteur public hospitalier d’ici à 2019, près de 90 praticiens hospitaliers appellent « à redonner du temps et de la liberté aux équipes soignantes en desserrant l’étau actuel qui empêche ou retarde l’adaptation du fonctionnement hospitalier ».
Redistribuer les lits hospitaliers

Gel des investissements, suppression des activités non rentables, recours aux contrats temporaires, politique du « travailler plus sans gagner plus »… Sous la houlette du Pr Bernard Granger, psychiatre à l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP), les signataires (dont certains sont membres du mouvement de défense de l’hôpital public) proposent une série de mesures pour « sortir l’hôpital public de la crise ».

Les lits hospitaliers ne doivent pas être supprimés mais « redistribués avec plus de lits pour l’aval des urgences et pour les soins de suite », expliquent les médecins.

Soucieux de conditions de travail permettant « un travail d’équipe stable », les PH insistent sur la nécessité de voir médecins et cadres de santé coordonner le travail d’équipe en concertation avec l’administration.

Les hôpitaux doivent également être libres de constituer ou non des pôles de gestion ou des départements médicaux, sans que cela soit une obligation pour tous. « L’unité de base de l’hôpital rest[e] les structures où travaillent les équipes de soins : services ou unités fonctionnelles », précisent les médecins.

En finir avec la « dictature » du tout T2A

Concernant les gisements d’économies, les signataires suggèrent aux pouvoirs publics de changer de braquet. En finir « au plus vite avec la dictature du "tout T2A" » reste prioritaire à leurs yeux. Utiliser conjointement T2A, dotation et prix de journée en fonction des activités apporterait une souplesse bienvenue aux établissements.

Autre piste, une plus grande prescription des génériques pourrait générer un gain de deux milliards d’euros par an pour la Sécurité sociale, insistent les PH.

« Il appartient aux pouvoirs publics de défendre l’intérêt général au lieu de choisir la solution de facilité : réduire le déficit de la sécurité sociale en augmentant celui de l’hôpital public, qui n’a plus les moyens d’assurer ses missions », concluent-ils.

source : lequotidiendumedecin.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » dim. juin 14, 2015 5:41 pm

Le robot anesthésiste est né
Publication: 11/06/2015 Guy Vallancien
Membre de l’Académie Nationale de Médecine

source : huffingtonpost.fr


Qui aurait imaginé qu'une machine pût assurer l'anesthésie d'un opéré ? Qui vient d'oser le faire ? Les ingénieurs de Johnson and Johnson, tout simplement, le plus gros constructeur mondial de matériels médicaux. Quatre hôpitaux américains viennent de s'équiper de Sedasys, l'anesthésiste de synthèse. Après un refus en 2010 de la Food and Drug administration (FDA), au prétexte de la sécurité du patient, et malgré une autorisation obtenue en 2013, les concepteurs ont attendu cette année pour vendre leur robot. Le lobby des anesthésistes américains tenta de retarder l'arrivée de la machine infernale sur le marché. Mais le calcul économique l'emportât : pour une même efficacité mieux vaut payer 200 dollars de procédure réalisée par un robot que 2000 dollars d'honoraires pour le médecin spécialiste.

Le système injecte le Propofol, un anesthésiant à élimination rapide. Grâce au contrôle des paramètres habituels, tels que le rythme cardiaque et respiratoire, la saturation en oxygène, il délivre la dose adaptée tout au long de l'opération. Le réveil est extrêmement rapide, car la machine évite le surdosage.

Quatorze millions de colonoscopies sont effectuées chaque années aux USA depuis que Nancy Reagan en subît une. La grande majorité des personnes qui se font contrôler est saine avec une moyenne d'âge de 55 ans. Le robot anesthésiste semble donc parfaitement adaptée à ces opérations endoscopiques légères et brèves chez des personnes en bonne santé, mais une nouvelle génération de robots anesthésistes plus sophistiqués est en cours de fabrication pour assurer des opérations plus lourdes et longues.

La voie est tracée et nul ne pourra revenir en arrière. A cet égard, l'exemple de l'aviation est emblématique de l'énergie colossale à dépenser pour convaincre du bien fondé d'une innovation aussi "disruptive". Rappelons que les pilotes ne voulaient pas entendre parler de la suppression du troisième homme, le mécanicien, puis ils ne crurent pas à la possibilité de traverser l'océan Atlantique sur un biréacteur. Résultat : trente ans plus tard, Le premier a disparu du poste de pilotage et le second vole au dessus des mers et de plus en plus loin.

Il en sera de même avec la médecine et la chirurgie. Le changement radical qui se fait jour, sous la poussée irréversible des technologies de l'information, nous oblige dès maintenant à repenser intégralement nos modes d'action au service des malades. Quand on me dit que l'homme peut rattraper une erreur de la machine, je réponds que la machine fait moins d'erreurs que l'homme. Dans l'aviation les accidents sont à 90% secondaires à des erreurs humaines. Le Val qui transporte des milliers de voyageurs d'Antony Paris vers Orly est un train entièrement automatisé, sans conducteur, et le Métro parisien est en passe de le devenir. Google a fait déjà roulé sa voiture sur plus d'un million de kilomètres sans chauffeur ni accident du au véhicule.

Outre le robot anesthésiste, le robot infirmier en déjà en action qui prélève le sang dans la veine ou y pose une perfusion avec une efficacité supérieure à la main. Le robot chirurgien qui améliore la qualité du geste de l'opérateur au plus profond de l'anatomie du malade. Le médecin de synthèse, ordinateur que j'ai sur mon bureau, est prêt à faire le bon diagnostic et à proposer la bonne thérapie.

Ne refusons pas ces innovations technologiques qui améliorent la qualité et la sécurité de nos procédures médicales au bénéfice des malades, car, de toute façon elles gagneront la partie. Ne jouons pas à ces fileuses qui détruisirent les premiers métiers à tisser venus d'Angleterre à la fin du dix-huitième siècle. Accompagnons-les au contraire, en sachant qu'il faudra toujours un homme ou une femme connaissant le métier pour contrôler les instruments, pour rassurer les malades qui se confient à eux et pour décider à bon escient...

Le vrai rôle du médecin, demain, sera à la relation personnelle avec le malade, et à la prise de décision ultime, plus qu'à ses qualités purement techniques transférables. Nous rentrons bien dans l'ère de la Média Medecine ou l'homme et la machine travailleront de plus en plus en symbiose pour soulager la souffrance.

La société ne semble guère préoccupée par ces enjeux majeurs, engluée qu'elle est dans la gestion quotidienne de ses petites misères et de ses glouglous intérieurs. Or l'avenir appartiendra à ceux qui l'auront pensé. Réfléchissons donc dès maintenant aux implications de cette transformation magistrale de nos métiers de soignants en gardant à l'esprit cet humanisme qui fonde plus que tout notre statut d'homme, même si ces prothèses, ces outils et autres instruments numériques nous aideront à vivre mieux et plus longtemps.

On avait déjà un peu une idée de ça en lisant cette brève, celle -ci aussi, et cet article
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. juin 24, 2015 7:20 pm

Insulté par les médecins pendant sa coloscopie, un Américain porte plainte… et gagne 500.000 dollars

source : tempsreel.nouvelobs.com

En activant la fonction dictaphone de son téléphone juste avant d’être anesthésié pour une coloscopie - dans le but d’enregistrer les consignes post-opératoires du personnel médical -, un patient de Virginie était loin de se douter qu’il découvrirait, grâce à l’enregistrement, avoir été l’objet d’insultes de la part de ses médecins… pendant la procédure.

Le "Washington Post" rapporte ainsi qu'en pleine salle d’opération, l’anesthésiste en charge de la coloscopie, Tiffany M. Ingham, déclare au sujet de son patient endormi : "Après cinq minutes de discussion avec toi avant l’opération, j’avais envie de te mettre mon poing dans la gueule et de te rendre un peu plus viril." Avant de recommander à l'un de ses collègues de ne pas toucher son éruption cutanée : "Tu risques d’attraper la syphilis" et d’ajouter : "C’est probablement une tuberculose du pénis donc tu ne risques rien".

Tiffany M. Ingham donne également des instructions à ses assistants pour éviter le patient après la procédure, et le traite à un moment de "débile".

Le patient - qui a choisi de rester anonyme - a porté plainte pour "diffamation" et "faute médicale". La semaine dernière, après un procès de trois jours, le comté de Fairfax a condamné l’anesthésiste et son assistant à lui payer 500.000 dollars de dommages et intérêts.

Une somme qui fait office de compromis face aux 1,75 millions de dollars réclamés par la victime, comme l'explique l'un des jurés : "On a fini par conclure que nous devions lui verser quelque chose pour nous assurer que cela ne se reproduirait plus".
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. juin 27, 2015 11:20 am

Plan d’austérité dans la santé : trop, c’est trop

25 juin 2015

Budget d'austérité, plan d'économie de trois milliards d'euros entre 2015 et 2017, suppressions d'emploi, contrats de retour à l'équilibre,... Pour les hôpitaux la diète est trop sévère : réactions en chaîne.

Alors que trois syndicats - CGT, FO et Sud - ont été reçus par le ministère après la manifestation du 25 juin contre l'austérité dans les hôpitaux, les réactions contre des économies insoutenables sont de plus en plus vives.

La Coordination nationale infirmière (CNI) s'en prend aux Contrats de Retour à l’Equilibre Financier (CREF) "imposés aux établissements, ils remettent en question des accords locaux relatifs à l’application des 35h et débouchent sur de nouvelles diminutions de postes et fermetures de lits". Le plan d'économies sur trois ans devrait entraîner 20 000 suppressions d'emplois.

Le CNI dénonce également la création de Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) "qui prévoit le regroupement de centres hospitaliers publics, voir privés, avec un projet médical commun et la mutualisation des moyens. Ce fonctionnement mettrait en péril la viabilité des petits établissements de proximité et l’offre de soins proposée à la population".
Le budget de la Sécu : historiquement bas

Les réactions sont également vives contre la diète imposée par l'Ondam (Objectif national des dépenses d'assurance maladie). Pour les deux années à venir, l'Ondam devrait chuter à 1,75 %, ce qui suppose 2,2 milliards d’euros d’économies supplémentaires d'ici 2017. Or, spontanément, les dépenses de soin augmentent d’environ 4 % par année.

"À 4 %, on se maintient. À 2,5 %, c’est compliqué. Sous les 2 %, c’est impossible, assure Frédéric Pierru, sociologue, à Mediapart. Vous ne pouvez pas faire fonctionner un tel système avec ce chiffre, ça le fait forcément plonger. Quand on fait ça, on fabrique sciemment du déficit pour les hôpitaux." Et si la Sécurité sociale emprunte à des taux généralement très bas, c'est loin d'être le cas des établissements de santé, qui commencent à trouver que la note est salée, souligne le site d'actualités.

Selon une note que Mediapart s’est procuré, rédigée par le directeur de la Sécurité sociale et adressée début juin aux différents ministres concernés (santé, affaires sociales, finances), la Sécu tire également la sonnette d’alarme. "L’objectif global, fixé à 1,75 %, est historiquement bas." Plus loin, la note met en garde : "Ce débasage vient réduire de façon pérenne les recettes des établissements de santé, ce qui tend davantage leur situation financière et augmente le risque que les économies Ondam 2016 se traduisent par une hausse du déficit hospitalier."

Le texte ne s’arrête pas là. Des "dépassements" vont avoir lieu en 2015 (typiquement, une épidémie de grippe), qui « constitueront autant d’économies supplémentaires à trouver en 2016". "Il s’agit donc de durcir significativement la trajectoire », entre 2015 et 2017, « alors même que le respect de ce plan supposait déjà des efforts répétés jamais accomplis par le passé. "

Michel Rosenblatt, secrétaire général du syndicat Syncass CFDT, et ancien directeur des hospices civils de Lyon, récuse cette « course sans fin », initiée sous Douste-Blazy, ministre de la santé en 2004 : "On fait la pirouette, en reportant sur l’année suivante les charges, en faisant du one shot et des économies de bouts de chandelle. Ce n'est pas possible de continuer ainsi".

La FHF contre les fermetures

De son côté, la Fédération hospitalière de France s'est aussi émue de cette cure d'austérité qui se traduit par des fermetures.

Aujourd’hui, dans une lettre adressée à Marisol Touraine, le patron de la FHF, Frédéric Valletoux s’inquiète d’une multiplication de "décisions de fermeture d’unités de médecine ou de SSR » et demande «solennellement (… ) dans le respect des principes que nous avons partagés dans le cadre du pacte de confiance, de demander aux ARS de stopper les décisions de restructurations en cours et de tout mettre en œuvre pour que des mesures d’appui territorial à ces établissements soient prises".

Quant à la Cour des Comptes, elle estime, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques rendu le 24 juin, que le non-versement, fin 2014, de 250 millions d'euros de dotations hospitalières "a pu contribuer au creusement du déficit" des hôpitaux publics.

S'agissant des hôpitaux publics et établissements privés participant au service public hospitalier, elle confirme qu'en 2014 leur déficit s'est "accru". Ce déficit "se serait élevé à 260 millions d'euros, en aggravation de 160 millions par rapport à 2013", indique-t-elle, reprenant des données annoncées en mai par le directeur général de l'offre de soins (DGOS), Jean Debeaupuis, lors des salons santé autonomie.

Cyrienne Clerc, (actusoins) avec APM, Mediapart, Jim.fr

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AP-HP : quand les soignants en ont ras-le-bol

25 juin 2015

La pression exercée par l'AP-HP sur les retenues pour journées de grève fait craquer plus d'un soignant alors que 5 000 à 8 000 personnes (1500 à 2000 selon la Préfecture) ont défilé ce 25 juin, de Montparnasse au ministère de la Santé à l'appel de la CGT, FO et SUD.

A 14h, les manifestants arrivent devant le ministère de la santé. Certains font le pied de grue, d'autres quittent la manifestation, tandis que deux représentants de chaque syndicat attendent d'être reçus par Christine Gardel, conseillère en charge des ressources humaines au ministère.

Nayla Arigui, aide-soignante à l'hôpital Saint-Louis, en suppléance, a franchi le barrage des forces de l'Ordre. Entourée de responsables syndicaux et de membres de forces de l'Ordre, cette soignante non-syndiquée piétine devant l'entrée du ministère. "Je veux participer à la discussion, je veux être entendue. J'en ai marre d'être considérée comme une sous-merde", répète-t-elle.
"Je n'en dors plus la nuit"

"J'ai fait grève à chaque fois. C'est mon combat. Pour la première fois de ma vie, j'ai même été gazée. Mardi, j'ai appris que les jours de grève seront retenus sur le salaire. Là, j'ai craqué. J'ai trois enfants et c'est si difficile de trouver des moyens de garde quand je travaille un dimanche sur deux. J'ai essayé d'expliquer à mes enfants pourquoi je manifeste, ce que nous allons devenir et je ne dors plus la nuit", explique-t-elle.

Nayla Arigui a quitté le service de réanimation où elle était ce matin pour manifester. "Quand je suis partie, il restait deux aides-soignants pour douze patients. C'est inadmissible. La réglementation prévoit un aide-soignant pour quatre patients. Un troisième, prévu, a du partir en infectiologie. C'est cela la suppléance et le manque d'effectifs. Avant, quand j'entrais dans une chambre, je demandais au patient comme s'était passé la nuit. Ils sont seuls car les visites sont interdites de 20 h à 13 h le lendemain. Maintenant, j'ai à peine le temps de dire bonjour", raconte-t-elle.
Des soignants en souffrance

Les représentants syndicaux entrent dans le ministère pendant que Rose-May Rousseau de la CGT reste à l'extérieur avec cette soignante lambda qui crie son ras-le-bol et sa volonté d'être entendue. Personne de la DGOS n'est présent (ou accepte d'être présent) pour recevoir cette soignante.

"C'est cela la souffrance des soignants", remarque Rose-May Rousseau qui négocie pour que les salaires des jours de grève soient versés ou les retenues au moins étalées "alors que certains soignants sont payé 1 300 ou 1 400 euros par mois".

"Ce n'est pas la charité que nous demandons. Les collègues ont des milliers de jours de RTT qu'elles n'arrivent pas à prendre ! La direction joue la-dessus pour casser le mouvement. Les jours correspondants aux grèves de mai sont déjà passés en retenue alors que, d'habitude, cela se négocie. Le responsable des RH a promis de faire une note pour demander l'étalement. Rien n'a été fait. Lors d'un dernier rendez-vous, il a même dit sur le ton de la plaisanterie "signez en bas du papier" et on discutera des jours de grèves. On ne plaisante pas avec cela", s'insurge cette syndicaliste.
Le projet de Hirsch toujours sur la table

Le retrait du projet de Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, annoncé le 18 juin ? les syndicats y ont cru... "Mais c'est de l'enfumage", s'exclame Rose-May Rousseau qui indiquait pourtant le 18 juin : "tout est revu".

"Sur la forme, cela bouge, mais sur le font, rien n'a changé. La direction profite de l'été pour mener ses expérimentations sur un temps de travail en 7h30 dans plusieurs services. Passer à 7h30 quand on est déjà à flux tendus, c'est une vraie mise en danger des patients", ajoute-t-elle.
Une manifestation anti-austérité

Si les revendications, ce 25 juin, étaient plus larges que lors des manifestations estampillées AP-HP, avec des mots d'ordre contre les plans d'économies et pour le retrait de la loi de santé, la situation à l'AP-HP est restée au coeur des discussions dans la manifestation.

"Nous avons demandé l'effacement de la dette des hôpitaux et le retrait du plan d'économies de 3 milliards d'euros sur la période 2015-2017 sur les hôpitaux ainsi que l'abandon de toute suppression de postes", indique Denis Basset, secrétaire général FO secteurs publics et santé. Le chiffrage des suppressions d'emploi dans les hôpitaux est de l'ordre de 22 000 sur les trois ans.

"La représentante du ministère nous a expliqué que les hôpitaux doivent participer aux réductions des dépenses publiques et que les efforts demandés sont moins importants que dans les autres ministères. Un discours difficile à entendre alors que le ministère de la Défense vient de recevoir une rallonge substantielle. Tout est une question de priorité", réagit Denis Basset qui souligne que les suppressions d'emploi envisagées représente le plus grand plan social national.

"Il nous a été dit que dans la conjoncture actuelle, les hôpitaux regardent de plus près les organisations du travail. Mais ils soutiennent que l'intention n'est ni de restructurer ou de réduire la masse salariale", explique Mireille Stivala, secrétaire générale de CGT-Santé.

"La colère et il va falloir qu'elle soit entendue", ajoute cette ancienne aide-soignante qui rappelle que "l'indice des salaires est gelé depuis cinq ans".

L'intersyndicale devrait se réunir le 3 juillet pour faire le bilan de cette journée et envisager des actions pour la rentrée.

Des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes. A Morlaix où l'hôpital qui accuse un déficit de 2 millions d'euros, 800 personnes ont défilé.

Cyrienne Clerc (actusoins)

l'hôpital est certainement plus malade que ceux qu'il reçoit au quotidien. Plus que les acteurs hospitaliers, il faut aussi, et surtout, que la population se rende compte que son merveilleux outil de soins va mal et risque de disparaitre de longue maladie. Il serait bien que les usagers potentiels, c'est-à-dire toute la population française, descende dans la rue pour accompagner les soignants.
Je suis hôpital
Nous sommes tous hôpital
jusqu'à quand ?
AB
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. août 04, 2015 12:48 pm

Travail en 12 heures : un débat sans fin

Alors qu’un groupe de travail se réunit au ministère de la santé depuis l’automne pour établir des recommandations d’application sur le travail en 12 heures chez les soignants, ce mode d’organisation, pratiqué depuis des années par certains établissements, tend à se généraliser dans la fonction publique hospitalière. Ce qui crée un réel débat.

Il y a d’abord les jours de repos. « Quand on travaille en 12 heures, on en a plus. Cela permet d’avoir de vraies coupures et une vie personnelle plus facile à gérer », explique Arielle Guyader, infirmière dans le service de réanimation de l’hôpital Tenon, à Paris.

Il y a les plannings, fixes, qui ne connaissent en général pas le décalage horaire, l’alternance constante entre le matin avec l’après-midi, voire avec la nuit. Il y a aussi la répartition du travail, qui semblerait plus équilibrée sur la journée, avec une organisation des tâches mieux répartie, des transmissions plus efficaces parce que moins nombreuses et des patients satisfaits d’une unité soignante dans une même journée.

Ces avantages de l’organisation du temps de travail en 12 heures, vantés par de nombreux soignants ainsi que par les directions d’établissements qui y trouvent leur compte économiquement, personne ne les contredit vraiment.

Pourtant, le travail en 12 heures fait l’objet d’un réel débat. Parce qu’il est illégal sans justification dérogatoire, mais surtout parce qu’il nuirait à la santé des agents ainsi qu’à la qualité des soins.
Les soignants et les directions s’accordent. Les syndicats contestent

« Si la réglementation interdit les 12 heures, c’est qu’il y a une raison », ironise Denis Garnier, de FO Santé, membre titulaire de la CHSCT du Conseil supérieur de la Fonction Publique Hospitalière.

« On ne peut pas accorder toutes les dérives sous prétexte que ça arrange. Si on commence à appliquer le droit en fonction des desideratas des uns et des autres, nous ne sommes plus dans une République », ajoute le syndicaliste.

Alors que les directions et le personnel - selon plusieurs études - semblent s’accorder sur l’organisation du temps de travail en 12 heures, les syndicats, en grande majorité montent au créneau.

Paradoxal pour des représentants du personnel supposés défendre les intérêts et les volontés des agents ? Pas tant que cela selon Denis Garnier : « il est tout de même curieux de voir les volontés du personnel prises en compte sur ce point, parce qu’elles génèrent 5 % d’économie, mais ignorées quand il s’agit de pointer les dysfonctionnements liés à ce mode de travail ».

Ce que dénoncent les syndicats, entre autres, ce sont des conditions de travail bafouées, qui ne respecteraient pas la réglementation.

« Et malheureusement, les soignants sont prêts à travailler jusqu’à 13 heures par jour au lieu des 12 heures déjà trop longues, pour assurer les transmissions, qui, la plupart du temps ne peuvent pas être incluses dans le temps de travail. En général, le temps d’habillage et de déshabillage n’est pas inclus dans les 12 heures non plus, puisque le temps de chevauchement entre deux équipes ne le permet pas. Tout cela juste parce que les soignants pensent être gagnants par ailleurs, ce qui n’est pas le cas », dénonce Nathalie Depoire, de la CNI (Coordination Nationale Infirmière) qui insiste cependant sur son positionnement moins « tranché » que d’autres syndicats.

« De plus, ajoute-t-elle, dans ces cas, les 12 heures de repos obligatoires entre deux journées de travail ne sont pas respectées ».
La justice s’en mêle

D’après le cadre réglementaire, la durée quotidienne du temps de travail ne peut excéder 9 heures pour les équipes de jour, 10 heures pour les équipes de nuit.

Dans certains cas, lorsque des contraintes justifiées l’exigent, elle peut être fixée à 12 heures. Des contraintes pouvant justifier le travail en 12 heures dans le service de réanimation polyvalente de l’hôpital Tenon, la CGT n’en a pas trouvées.

Alors, en août 2012, le syndicat a attaqué l’AP-HP auprès du tribunal administratif. Et a obtenu gain de cause. Si la décision de justice prévoyait l’abandon de ce rythme en 12 heures pour le service, la fusion du service avec un autre a permis de rétablir le rythme en douze heures, rendant la décision de justice inapplicable.

Certains syndicats, sous pression du personnel du service, à 98 % favorable au travail en douze heures d’après un questionnaire interne, ont finalement cédé et appuyé les agents dans leur choix.

« Il ne faut surtout pas interdire le travail en douze heures », estime Cécile Kanitzer, conseillère paramédicale à la FHF (Fédération Hospitalière de France), qui participe au groupe de travail sur l’organisation des 12 heures au ministère. « À la FHF, nous défendons ce mode de travail au même titre qu’un autre. Et comme tout autre mode de travail, il doit être suivi d’indicateurs : répartition de la charge de travail sur la journée, temps de pause… ».

Après avoir analysé les études déjà menées et auditionné des établissements qui pratiquaient les douze heures, le groupe, mandaté par la DGOS, devrait établir des recommandations à l’usage des établissements hospitaliers.

Pour Cécile Kanitzer, il faut raisonner en termes de type d’activité : « ce mode de travail semble vraiment adapté à certaines activités, comme la gynécologie, les urgences ou la réanimation par exemple. Pour d’autres activités, il faudra le prendre avec plus de prudence ».
Mixité des horaires : la solution ?

Pour la FHF, la solution serait de proposer une mixité des horaires, avec plusieurs types d’horaires dans le même service.

« Le problème à l’hôpital, c’est qu’on est un peu mono-modèle. Il y a soit des services qui ne travaillent qu’en 7, 8 ou 9 heures, soit des services qui ne travaillent qu’en 12 heures. Il faudrait créer davantage d’offres pour répondre aux différents profils de personnel. On sait très bien par exemple que la tranche des 25-30 ans est plus intéressée par les 12 heures que la tranche des 50-60 ans », remarque Cécile Kanitzer.

Une solution envisageable, mais « peu idéale », selon Denis Garnier de FO, qui craint des dérives et note les inconvénients en termes de transmissions. « Tant pour les arrivées que pour les départs différés, dans le cas de prises de services décalées, il ne reste bien souvent qu’un soignant pour prendre et transférer les consignes. Cela pose un problème de sécurité dans la continuité des soins ».
Mauvais pour la santé et pour la vigilance

C’est ce que révèlent de nombreuses études sur le travail en 12 heures, que celui-ci ait lieu le jour ou la nuit. Ainsi, une étude a établi l’existence d’une corrélation entre la présence de conduites addictives et un poste de travail d’une durée supérieure à 8 heures chez les infirmiers. D’autres ont montré que la prise de poids, les maladies dorso-lombaires sont bien plus importantes aussi dans le cadre du travail en 12 heures.

« Il est certain qu’il vaut mieux organiser le travail en 8 heures qu’en 12 heures si on a des tâches physiques. Le travail en 12 heures entraîne aussi une baisse de vigilance avec un risque d’accident qui est quasiment doublé », explique Laurence Weibel, docteur en neurosciences, chronobiologiste et chargée de prévention à la Carsat d’Alsace Moselle (Caisse d’Assurance retraite et de la santé au travail).

Elle préconise l’arrêt de ce type de travail quand il peut être évité, en rappelant les textes. « Le code du travail demande à l’employeur de préserver la santé et la sécurité du salarié et d’obtenir un résultat. Ensuite, l’employeur prend ses responsabilités. Il est libre d’écouter nos recommandations ou non », explique cette chronobiologiste.

« Malheureusement, quand il y aura un accident, et il y en aura, ce n’est pas le travail en 12 heures qui sera attaqué, mais l’infirmier responsable », conclut amèrement Denis Garnier de F.O. Quand le bonheur des uns fait le malheur des autres…et inversement.

Malika Surbled actusoins
Les infirmiers témoignent

J’habite à 45 minutes de mon lieu de travail. Certains de mes collègues, eux, mettent 1 heure pour venir et 1 heure pour repartir, soit 2 heures de transport dans la même journée. Le travail en 12 heures nous permet de limiter tous ces déplacements à 3 ou 4 fois par semaine. Cela fait moins de temps de transport, et moins de frais d’essence pour ceux qui viennent en voiture.

Céline, 36 ans

J’avoue préférer le travail en douze heures car cela me permet de temps en temps d’aller travailler ailleurs. J’effectue 2 à 3 fois par mois des missions en intérim, en plus de mon travail à plein temps. Ça me permet de boucler mes fins de mois. Certes, je suis fatiguée, mais ça vaut le coup financièrement.

Julie, 29 ans

Je n’ai pas eu le choix. La clinique dans laquelle je travaille est en douze heures et je m’y suis pliée car géographiquement, c’était idéal pour moi. J’avais un peu peur de la fatigue, mais je m’y suis faite. Néanmoins, comme nous ne sommes que deux infirmières pour 30 lits, il est difficile de s’absenter à midi pour le repas. Et cette heure n’est pas prise en compte dans notre salaire. Du coup, nous sommes présentes 12 heures sur place, payées 11, et n’avons pas de temps commun avec l’équipe de nuit pour les transmissions. C’est un peu limite à mon sens car les journées durent finalement 13 heures si l’on veut assurer des transmissions de qualité, soit 2 heures de plus que prévu. Si j’ai l’opportunité d’aller vers l’hôpital de jour ou vers les consultations, qui ont des horaires d’ouverture plus limités, j’irai, sans aucune hésitation, même s’il faut travailler 5 jours par semaine.

Sarra, 26 ans

J’ai volontairement choisi de travailler la nuit, et ce, depuis 15 ans maintenant. L’activité est différente, les relations aux patients plus vraies, car on peut prendre le temps. Les deux hôpitaux dans lesquels j’ai travaillé ne proposaient que le rythme des 12 heures pour la nuit. Sinon, certains établissements pratiquent les 10 heures. 10 heures ou 12 heures, pour moi, ça revient au même. Alors autant être présent 12 heures, ça arrange tout le monde, et ça fait plus de jours de repos. Pendant la nuit, j’ai des temps de repos. En général, il y a une tournée à 20 h, à 22 heures, puis une autre à 6 heures. Du coup, sauf urgences, je peux me reposer entre ces deux tournées, tout en restant vigilant et en jetant un œil de temps en temps aux chambres. Cela me convient parfaitement. Si l’on me demandait de passer en 8 heures ou en 10 heures, j’avoue que je ne serai pas vraiment content.

Christophe, 42 ans
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La DGOS a annoncé le lancement d' une expérimentation sur les hôtels hospitaliers qui devrait démarrer au premier trimestre 2016.

La loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 prévoit, à l’article 53, la possibilité pour les établissements de santé de proposer à leurs patients une prestation d’hébergement temporaire non médicalisé, en amont ou en aval de l'hospitalisation.

"Cette expérimentation sera bientôt possible, après la publication du décret d’application", précise la FHF, sollicitée pour participer à la rédaction du texte. La DGOS compte retenir une quinzaine de projets, dotant chaque établissement d’une enveloppe globale d’environ 75 000 €/an.

Selon le calendrier prévisionnel, le dépôt des candidatures est attendu au quatrième trimestre 2015, suivi par un avis des ARS. L'arrêté portant désignation des établissements concernés sera publié début 2016.

Selon l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France qui a organisé un groupe de travail sur le sujet depuis 2012, les trois premiers périmètres pour la notion d’hôtel hospitalier concernent les structures hôtelières non médicalisées, des structures intra-hospitalières privilégiées et l'intégration de l’hébergement non médicalisé dans les parcours de soins : en chirurgie conventionnelle, ambulatoire , médecine, obstétrique (courts séjours).

"Ceci, à terme, doit permettre d’améliorer la prise en charge des patients, de dégager des marges de manœuvre pour les établissements tout en générant des économies pour l’Assurance Maladie", indique l'ARS.

L'ARS IdF a annoncé à l'agence APM qu'elle avait sélectionné cinq établissements parmi les 22 établissements candidats :
- l'hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt [Hauts-de-Seine], AP-HP)
- l'hôpital Robert-Debré (Paris, AP-HP)
- le centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts (Paris)
- le centre hospitalier privé non lucratif spécialisé dans la prise en charge des affections cardio-vasculaires, respiratoires, onco-hématologiques et infectieuse Bligny à Briis-sous-Forges (Essonne)
- la clinique Pasteur (45 lits et 16 places spécialisés en MCO-SSR) et le centre de radiothérapie de Ris-Orangis (Essonne) (groupe Domus Cliniques).

Un document d'évaluation des besoins, publié par l'ARS IdF, estime à 30 % le taux d'éligibilité des patients à cette solution d'hôtels hospitaliers non médicalisés.

Rédaction ActuSoins, avec APM, FHF, ARS IdF
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. août 19, 2015 12:52 pm

L’analgésie contrôlée semble supérieure à l’anesthésie péridurale en chirurgie colorectale coelioscopique

L’optimisation de la quantité des perfusions, la voie coelioscopique et l’anesthésie péridurale (AP) ont démontré qu’elles facilitaient les suites opératoires et diminuaient donc la durée de séjour et les coûts. Toutefois, l’avantage de l’AP a été récemment remis en cause. Aussi ces auteurs vaudois ont-ils entrepris une étude prospective randomisée comparant les effets de l'AP avec ceux de l’antalgie morphinique contrôlée par le patient (PCA), lors de la chirurgie colorectale coelioscopique (CCRC).

Les patients ont été tirés au sort à J-1, soit pour une AP (insertion du cathéter dorsal et injection de 5 ml bupivacaïne à 0,5 %, suivis d’une perfusion de 5 ml/h pendant l’intervention, GAP) soit pour du fentanyl dans une pompe programmable (GPCA). Par ailleurs l’anesthésie a été menée de façon identique dans les 2 groupes (propofol, fentanyl, curare par voie I.V.)

Après l’intervention les malades GAP ont reçu bupivacaïne (0.1%), fentanyl et adrénaline (2µg/ml de chaque) à la dose de 6 à 10 ml/h (jusqu’à ce que la douleur soit inférieure à 4 sur l’échelle visuelle analogique [EVA]) avec un bolus de 3 ml autorisé toutes les 40 mn. Dans le groupe GPCA, on a autorisé 1 ml de fentanyl toutes les 5 mn, jusqu’à une dose maximale de 40 mg/4h. Par ailleurs, tous les opérés ont reçu des antalgiques banals. En cas d’échec (persistance d’une EVA supérieure à 3), on a donné des morphiniques par voie sous-cutanée ou sublinguale. Sauf persistance de vives douleurs, les 2 techniques ont été arrêtées à J2, indépendamment des perfusions pour maintenir la volémie et la pression artérielle.

Les 3 critères de jugement retenus ont été le contrôle de la douleur par voie orale pure, la mobilisation complète des opérés (avec retour à l’état préopératoire), et la reprise d’une alimentation normale.

Une récupération plus lente avec l'anesthésie péridurale

Il y a eu, sur 122 CCRC, 65 GAP et 57 GPCA, comparables sur les plans démographique et chirurgical. Le traitement a dû être plus prolongé (2.3 vs 1.6 j) dans le GAP, et la récupération médicale sur les 3 critères définis a été obtenue à J5 dans le GAP vs J4 dans le GPCA, et c’est surtout la reprise de l’alimentation qui a été retardée dans le GAP.

Le taux de complications a été significativement plus élevé avec l’anesthésie péridurale (46 vs 33%), de même que la durée de séjour et le nombre de réadmissions. La douleur a été contrôlée de façon similaire, mais les malades du groupe anesthésie péridurale ont eu plus besoin d’amines pressives dans les premières 24 h.

L’anesthésie péridurale semble donc ralentir la récupération après chirurgie colorectale coelioscopique et ne pourrait donc pas être préconisée.

Dr Jean-Fred Warlin
Référence
Hübner M. et coll. Randomized clinical trial on epidural versus patient-controlled analgesia for laparoscopic colorectal surgery within an enhanced recovery pathway. Annals of Surgery 2015;261:648-653.


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Un rein prélevé et greffé par voie vaginale : une première à Toulouse


Si les robots ont désormais une place privilégiée dans les blocs opératoires, le domaine de la transplantation leur semble encore relativement fermé. Les spécialistes de la greffe choisissant de s’appuyer sur la précision et les potentialités techniques de Da Vinci et de ses compagnons sont en effet encore peu nombreux. Concernant la greffe rénale, on estime ainsi que moins de 150 transplantations dans le monde ont été réalisées avec l’assistance d’un robot chirurgical. Pourtant, comme l’ont mis en évidence plusieurs expériences, les bénéfices de l’utilisation de cette technologie pour les patients greffés comme pour les donneurs sont nombreux. « Les avantages (…) sont multiples : diminution de la taille de la cicatrice, atténuation de la douleur et du risque d’épanchement de liquide lymphatique, postopératoire moins lourd, durée moyenne de séjour diminuée, etc… » énumère un communiqué publié aujourd’hui par le CHU de Toulouse.

Deux premières, coup sur coup

Deux chirurgiens pionniers de cet établissement, les urologues Nicolas Doumerc et Federico Sallusto, experts dans le maniement des robots chirurgicaux se sont intéressés plus précisément à ce champ encore peu exploré. Ils se sont de plus focalisés sur l’utilisation de la voie vaginale pour l’extraction ou l’introduction du greffon rénal. Ils ont constaté que seul un programme expérimentant cette voie avait été mis en place dans le monde : en Inde, huit femmes ont bénéficié de cette technique particulière d’introduction du greffon, mais par cœlioscopie traditionnelle. Les résultats ont mis en évidence certains avantages de cette technique. Dès lors, forts de leurs recherches, Nicolas Doumerc et Federico Sallusto ont nourri le projet de réaliser une transplantation rénale robot-assistée avec un prélèvement et une greffe par voie vaginale. Avant cet exploit, ils ont mené une première transplantation rénale robot assistée avec introduction du greffon par voie vaginale le 13 mai dernier, ce qui constituait déjà une première mondiale. Puis, le 9 juillet, comme le révèle aujourd’hui le quotidien régional La Dépêche, chez deux sœurs, ils ont réussi « une séquence unique (…) avec assistance robotique : extraction rénale puis transplantation, réalisées par voie vaginale ».

Sortie de l’hôpital deux jours après avoir donné son rein

Pour les deux jeunes femmes, Béatrice, atteinte depuis dix-huit ans d’une maladie auto-immune et ayant déjà bénéficié d’une greffe et sa sœur, Valérie, les suites postopératoires ont été sans complication, avec une sortie de l’hôpital dès le deuxième jour pour la donneuse et le quatrième pour la patiente greffée. Des conditions qui confortent aujourd’hui Béatrice dans son choix de la technique, en dépit de quelques réticences originelles. « Je n’avais pas envie d’être un cobaye et j’avais trop peur que cette technique abîme le rein de ma sœur, ça aurait été insupportable », confie-t-elle à la Dépêche. Mais le talent de persuasion des chirurgiens aura fonctionné et convaincu la jeune femme de ne pas hésiter. Aujourd’hui, elle se félicite de son choix, observant à quel point les suites post opératoires ont été faciles par rapport à sa première transplantation si douloureuse. « J’aimerais que mon expérience serve à d’autres personnes. Avant d’être greffé, il est important de savoir où on va. Cette technique est révolutionnaire », se félicite Béatrice.

Doper l’activité de transplantation

Les deux chirurgiens sont également très satisfaits de cette réussite et espère que cette première mondiale augura de nombreuses autres interventions. Les deux praticiens observent notamment que le développement de la transplantation robot assistée pourrait permettre aux patients atteints d’obésité morbide, souvent exclus des programmes classiques, de pouvoir bénéficier de greffe. Il est également possible que la promesse de suites opératoires moins pénibles favorise davantage la transplantation à partir de donneurs vivants.

Aurélie Haroche

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Message par Arnaud BASSEZ » ven. août 21, 2015 4:39 pm

Publié le 21/08/2015
Des hauts gradés montent au front pour défendre le Val-de-Grâce


Ces derniers mois, l’hôpital du Val-de-Grâce a continué, avec discrétion, à assumer ses missions. Il a ainsi accueilli au début du mois d’août l’ancien otage au Yémen Isabelle Prime pour le traditionnel bilan réalisé après une telle épreuve. Pourtant, on le sait, l’établissement doit fermer ses portes définitivement en 2016 comme l’a annoncé au mois d’octobre dernier le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Depuis, la mobilisation a été importante pour s’opposer à un tel projet, mais les médecins militaires n’ont pu déroger à leur habituelle réserve.

Cependant, alors que les interrogations subsistent sur le devenir du Val de Grâce, le contrôleur général des armées Jacques Perget et le médecin général inspecteur Yves Buisson sont sortis de leur silence pour défendre l’hôpital militaire. Dans une tribune publiée cette semaine par le site Mediapart, les deux hommes s’attristent tout d’abord de la disparition de ce symbole. Evoquant ainsi la récente prise en charge d’Isabelle Prime, ils notent : « Comme tous les régimes, la République a besoin de symboles et de rites. À ses enfants qui ont été victimes d’une prise d’otages et qui ont pu être libérés après des mois ou des années de vie dans des conditions misérables, elle réserve un protocole d’exception pour une indispensable expertise médicale évoquant l’amorce d’un rituel de purification. Héritier d’un passé religieux et monarchique, puis révolutionnaire et militaire, le Val-de-Grâce offrait des conditions incomparables pour accompagner nos malheureux compatriotes dans leur retour vers la santé ». Plus loin, ils concluent d’une sentence sans appel : « En détruisant un à un les plus beaux fleurons de la République ; c’est la France que l’on appauvrit ».

Mais les deux hommes n’iront pas jusqu’à appeler les autorités françaises à revenir sur leur décision ; ils ne peuvent sans doute aussi frontalement discuter un ordre. Néanmoins, ils refusent un éventuel avenir déshonorant pour l’ancien fleuron de la médecine militaire. Les équipes du Val-de-Grâce doivent on le sait être transférées vers les hôpitaux militaires de Percy et de Clamart. Les bâtiments historiques du Val-de-Grâce qui appartiennent à la Défense et non à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris devaient, selon un projet initial, accueillir un pôle de recherche et de formation. Cependant d’autres hypothèses ont commencé à être avancées. Ainsi l’idée de voir les locaux du Val-de-Grâce occupés par une clinique privée n’a pas été écartée. Plus récemment a fleuri la possibilité d’une transaction immobilière. Cette dernière perspective hérisse considérablement ceux qui ont servi l’établissement parisien. Jacques Perget et Yves Buisson s’insurgent : « Nous en appelons au Chef de l’État, Chef des armées, pour que la fermeture de l’hôpital du Val-de-Grâce ne soit pas marquée par l’infamie d’une transaction immobilière avantageuse, mais pour qu’elle annonce un projet ambitieux et généreux, digne de notre histoire, répondant aux défis de l’actualité et à la hauteur de notre savoir-faire : un centre international de recherche et de soins qui pourrait être consacré à une noble cause, la réparation et la réadaptation des grands blessés, victimes de la guerre, du terrorisme et des catastrophes collectives du monde moderne ».

La réponse du ministre de la Défense et surtout de François Hollande, ici interpellé d’une manière rare par deux membres de l’autorité militaire, est désormais attendue.

Léa Crébat
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. août 22, 2015 5:06 pm

AVC. Travailler plus de 55 h par semaine augmenterait les risques

Ouest-France

Selon une étude portant sur 600 000 personnes, les horaires de travail à rallonge augmentent considérablement les risques de faire un accident vasculaire cérébrale.

Selon une étude portant sur 600 000 personnes, les horaires de travail à rallonge augmentent considérablement les risques de faire un accident vasculaire cérébrale.

En analysant les données fournies par des études portant sur 600 000 personnes originaires d'Europe, des États-Unis et d'Australie, des chercheurs ont découvert que travailler plus de 55 heures par semaine augmentait de 33 % le risque de faire un AVC et de 13 % celui de développer une maladie des coronaires (les artères nourricières du cœur) par rapport à un travail hebdomadaire de 35 à 40 heures.

Ce résultat a été obtenu en suivant pendant 7 à 8 ans des hommes et des femmes qui n'avaient aucune maladie cardiovasculaire connue au début de l'étude. Il a été pondéré en tenant compte des autres facteurs de risques des maladies cardiovasculaires - tabagisme, consommation d'alcool ou sédentarité -, précise l'étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet.
Stress et horaires allongés

Ses auteurs relèvent que le risque d'AVC n'apparaît pas brutalement au-delà de 55 heures de travail hebdomadaires mais augmente parallèlement à la durée du travail : 10 % de plus chez les personnes travaillant entre 41 et 48 heures et 27 % de plus chez ceux travaillant entre 49 et 54 heures..

« Les professionnels de santé devraient être conscients du fait que de longs horaires de travail sont associés à un accroissement significatif du risque d'AVC et peut-être également de maladie coronaire » souligne le Pr Mika Kivimäki, professeur d'épidémiologie à l'University College de Londres et coordinateur de l'étude.

Le rôle joué par le stress dans plusieurs maladies cardiovasculaires dont les infarctus et les AVC a déjà fait l'objet de nombreuses études, contrairement aux horaires de travail qui n'avaient jusqu'à présent pas été étudiés avec autant de précision.
La France, en 9e position

Dans un commentaire joint à l'étude, le Dr Urban Janlert de l'université suédoise Umea rappelle pour sa part que parmi les membres de l'OCDE (Organisation pour la coopération économique et le développement), la Turquie a la plus grosse proportion de salariés travaillant plus de 50 heures hebdomadaires (43 %), alors que les Pays-Bas ont la proportion la plus faible, moins de 1 %.

Juste derrière la Turquie, on trouve le Mexique (28,8 %) et la Corée du Sud (27,1 %). La France arrive en 9e position (8,7 %) alors que l'Allemagne compte seulement 5,6 % d'employés réalisant plus de 50 heures de travail par semaine, selon des chiffres publiés en avril par l'OCDE.

Plutôt que de réduire les horaires de travail, ce qui risque d'être « difficile ou impossible » à mettre en œuvre, « la plupart d'entre nous pourrions réduire le temps passé assis, augmenter notre activité physique et améliorer notre alimentation » suggère de son côté le Dr Tim Chico, un consultant en cardiologie, non lié à l'étude.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. sept. 07, 2015 3:42 pm

Assisterons-nous à la fermeture de dizaines de services d’urgences dans les mois qui viennent ?

Carte interactive proposant de découvrir si « votre » service est concerné, interviews des maires des petites villes potentiellement ciblées, interrogations et commentaires : ce matin, la presse nationale et locale continue à réagir à l’information diffusée hier par le Figaro, concernant la pérennité des petits services d’urgences. Alors qu’a été cet été très médiatisée la fermeture temporaire de moins d’une dizaine de services et/ou de SMUR (et notamment celle de l’hôpital de Valognes), le quotidien a décidé de revenir sur les difficultés de ces petits établissements et sur les réflexions des pouvoirs publics à leur sujet. Le Figaro est notamment revenu sur les préconisations d’un rapport remis par l’ancien directeur général de la Santé, Jean-Yves Grall. Des travaux conduits par ce dernier et dont les conclusions ont été remises fin juillet au ministre de la Santé suggèrent une réorganisation territoriale des urgences, permettant notamment de distinguer différents « niveaux ». Il notait que parallèlement aux services d’urgences disposant d’un plateau technique et de spécialistes et d’antennes de service d’urgence, pourraient se mettre en place des « centres de soins non programmés » (CSNP) ou centres de soins immédiats. Les missions de ces unités labellisées par les Agences régionales de Santé (ARS) pourraient être assurées par des maisons de santé mais aussi, relevait Jean-Yves Grall par « certains services d’urgence à faible activité (˂8 à 10 000 passages par an) ». Ces derniers seraient donc « transformés en CSNP ».

La liste du Figaro

En se basant sur ces données, le Figaro a consulté la base Hospi Diag pour recenser les services d’urgences ne dépassant pas le seuil évoqué par le rapport Grall : 67 unités sont concernées. Il n’en a pas fallu plus au quotidien pour établir une liste des services qui pourraient fermer dans un futur proche. Dans les localités visées, l’inquiétude a été immédiate ; l’existence d’un rapport « officiel » ne faisant que conforter ces doutes, même si le Figaro n’a pas explicitement assuré que sa « liste » figurait dans les conclusions de l’équipe de Jean-Yves Grall.

Le gouvernement tente de gagner du temps, mais la réflexion est néanmoins engagée

Une mise au point semblait cependant nécessaire et elle ne s’est pas faite attendre : hier soir, le ministère de la Santé publiait un communiqué sévère qui précisait : « La liste mentionnée par le Figaro n’émane en aucun cas du ministère chargé de la Santé. Elle ne figure pas davantage dans le rapport remis par Jean-Yves Grall (…). Cette liste, construite par le journaliste, résulte seulement d’une extrapolation et d’une lecture partielle et erronée des conclusions du rapport » indique l’Avenue de Ségur. Sans doute espère-t-on que cette précision permettra de mettre un terme aux inquiétudes des uns et des autres. Néanmoins, s’il est vrai qu’aucune "liste" n’a été présentée, il n’en reste pas moins que les propositions de Jean-Yves Grall ont retenu l’attention du gouvernement. Le ministère de la santé affirmait ainsi le 22 juillet dernier, après avoir reçu le rapport de l’ancien directeur de la santé, qu’un groupe de travail serait « mis en place afin de préciser les modalités de mise en œuvre des recommandations retenues ». Et parmi les préconisations les plus marquantes, le ministère relevait la nécessité d’ « optimiser la prise en charge de la demande de soins non programmés au sein d’un réseau territorial » et de « réunir les médecins urgentistes au sein d’équipes territoriales uniques dans le cadre des futurs Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) ». En clair, l’idée de transformer certains "petits" services d’urgence en CSNP est très loin d’être rejetée et pourrait même au contraire s’imposer. Or, de telles évolutions ne se feront sans doute pas sans heurts et il sera difficile de faire admettre aux populations que l’évolution de leurs unités d’urgence ne vaut pas disparition. Les réactions observées lors de la fermeture des urgences de Valognes, et d’une manière générale à chaque restructuration d’une unité de soins, témoignent de la sensibilité de ce type d’opérations. Chez les professionnels, les réticences pourraient également être marquées. Les GHT sont en effet loin de faire l’unanimité, la Confédération des syndicats des médecins de France (CSMF) les ayant comparés fin juillet à « des machines infernales à broyer la médecine libérale », tandis que du côté des syndicats généraux ils ne sont guère observés avec enthousiasme. Chez les urgentistes enfin, un mélange de critique et de pragmatisme s’imposera sans doute. Critique car beaucoup estiment que le véritable enjeu n’est pas la fermeture des petits services, mais l’augmentation du nombre de médecins, grâce notamment à une plus grande attractivité de la discipline. Pragmatisme également cependant car un grand nombre de praticiens constatent que pour la bonne marche des services, la fermeture des plus petites unités accueillant le moins de patients est souvent préférable à la mise en danger de plusieurs services pour avoir voulu maintenir coûte que coûte ouvertes toutes les structures, comme en ont témoigné les médecins de Valognes.


http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/201 ... gences.pdf

Aurélie Haroche jim.fr

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Où sera installé le futur hôpital Paris Nord ?

Publié le 07/09/2015

Les locaux des hôpitaux de Bichat et de Beaujon situés respectivement dans le dix-huitième arrondissement de Paris et à Clichy se sont lentement dégradés au fil des ans. Aujourd’hui, ces établissements sont loin de répondre aux standards de confort contemporains : les chambres individuelles y sont rares et ne sont pas toujours équipées de sanitaire, les normes chauffage, électricité et incendie ne sont pas toutes respectées et certains locaux ne sont pas parfaitement adaptés à une circulation facile des patients et des professionnels. Bichat et Beaujon nécessitent donc une profonde réhabilitation. Cependant, les travaux à engager se révéleront longs et très coûteux. Aussi, est née l’idée de réunir les deux établissements et de les implanter sur un nouveau site : construire le futur hôpital Paris Nord, qui sera adossé à la faculté de médecine Denis Diderot.
Une offre hospitalière innovante sur le site Claude Bernard

Un tel projet dévoilé au printemps par l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) fait évidemment grincer des dents. D’abord, au sein des deux hôpitaux concernés : l’annonce d’un déménagement est toujours accueillie avec appréhension de la part des personnels de santé, dont beaucoup redoutent qu’il s’accompagne de restructurations dommageables aux conditions de travail. L’AP-HP bien sûr s’emploie à rassurer en répondant que « l’objectif est (…) de conforter l’offre de soins de service public au sein du territoire ». Cependant, les riverains manifestent également certaines inquiétudes. La disparition des deux établissements, dans des zones où la demande de soins est particulièrement forte, représentera-t-elle un risque pour les populations ? Là encore la maison mère veut apaiser les inquiétudes. D’abord, une « offre hospitalière innovante et de premier recours » sera maintenu sur l’actuel site Claude Bernard. « Il comportera notamment une plate forme ambulatoire au carrefour de la ville et de l’hôpital, des services de soins de suite et de réadaptation, de gériatrie, des activités tournées vers la prise en charge des maladies chroniques ainsi que le maintien des activités du secteur de psychiatrie assuré par l’hôpital Maison Blanche », détaille l’AP-HP. Par ailleurs, le futur emplacement de l’hôpital Nord sera très proche des deux établissements actuels : entre 1 et 1,5 km de Bichat et Beaujon.

Des précédents pas parfaitement rassurants

Mais quel sera ce site ? La réponse est encore incertaine comme le rappelle le Monde. Sur les vingt-six sites en compétition, deux ont été retenus : l’un à Clichy au sud de Beaujon et l’autre dans la ZAC des Docks à Saint Ouen. C’est ce dernier emplacement qui serait préféré, mais les élus de la ville ne se montreraient pas particulièrement enthousiastes à l’idée d’accueillir un chantier dont la durée s’étalera sur plusieurs années. L’attractivité que pourrait représenter un établissement hospitalier ne semble par ailleurs pas totalement apaiser les réticences.

Certains notent en effet que l’hôpital de demain pourrait être bien moins « actif » que ceux d’aujourd’hui, en raison de la diminution constante de la durée des séjours. Dès lors, sera-t-il toujours aussi intéressant pour une ville d’accueillir un établissement géant ? Par ailleurs, les derniers projets pharaoniques de l’AP-HP n’ont pas tous été des sinécures : on se souvient, comme le quotidien du soir, des multiples difficultés au moment de la construction puis de l’ouverture de l’hôpital Européen Georges Pompidou. Plus récemment, l’élaboration du nouveau centre hospitalier sud francilien a également été semée d’embûches. Surtout, le montage financier, qui suppose qu’en échange de la construction du bâtiment au frais de l’entreprise Eiffage, l’hôpital lui versera un loyer sur trente ans a été sévèrement critiqué par la Cour des comptes d’Ile de France.

Voilà qui n’est guère totalement enthousiasmant.

Aurélie Haroche

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. sept. 08, 2015 6:49 pm

BIOART-LUNG 2020 : l’espoir à pleins poumons !

Nous évoquions dans ces colonnes la semaine dernière les quatre premiers lauréats de l’appel à projets "recherche hospitalo-universitaire" lancé dans le cadre du programme d’investissements d’avenir. Parmi eux, les responsables de BIOART-LUNG 2020 suscitent aujourd’hui plus particulièrement l’attention. L’équipe du docteur Olaf Mercier (Centre hospitalier Marie Lannelongue et Laboratoire d’excellence en recherche sur le médicament et l’innovation thérapeutique) en collaboration avec le Département hospitalo universitaire Thorax Innovation (DHU Torino) se sont en effet donnés pour objectif de mettre au point un « dispositif médical implantable utilisant une source d’énergie portable favorisant l’autonomie des patients » souffrant d’insuffisance respiratoire qui ne peuvent être transplantés ou en attente de greffe. Il s’agit de permettre à ces malades de s’émanciper de la lourdeur de l’ECMO et de leur offrir plus d’autonomie, voire même la possibilité de sortir de l’hôpital.

10 kilos maximum

Ce poumon artificiel ne serait pas implanté à la place des poumons, mais resterait un dispositif portatif, qui pourrait être placé au niveau de la poitrine, sous la chemise du patient. Sa connexion avec le système respiratoire du malade pourrait se faire à l’aide « d’une petite canule placée dans une veine au niveau du cou [qui] ira jusque dans la partie droite du cœur pour faire passer le sang dans la machine afin de l’oxygéner et d’éliminer le dioxyde de carbone. Puis le sang sera réinjecté dans la partie gauche (du cœur) pour être distribué aux organes (…).L’organe artificiel agira comme une sorte de dialyse respiratoire » explique le docteur Olaf Mercier cité par plusieurs journaux. Pour l’heure, aucun prototype n’existe et de nombreux défis restent à relever, notamment celui de la miniaturisation et de l’autonomie de la batterie. Mais l’équipe d’Olaf Mercier s’est déjà fixée des objectifs ambitieux : « Je voudrais aboutir à un poumon artificiel de 10 kg maximum tenant par des bretelles et une ceinture située autour du thorax ». Les travaux en cours pourraient permettre d’envisager des premiers essais à l’horizon 2020, grâce notamment à la dotation de 5 millions d’euros récemment allouée.

Un autre projet prometteur outre-Atlantique

La très forte implication du centre Marie Lannelongue dans ce programme ne surprendra nullement ceux qui se souviennent que c’est en son sein qu’a été initié en 2011 un essai prometteur de greffes autologues de trachée. L’engagement du docteur Olaf Mercier s’inscrit également dans une volonté globale d’amélioration des soins en chirurgie pulmonaire. Ainsi, après une année auprès de l’équipe de transplantation pulmonaire de Toronto, a-t-il pu constater l’apport de la perfusion pulmonaire en cas de greffe et initier un programme en France. Soulignons enfin que d’autres équipes à travers le monde se consacrent à la mise au point d’un organe artificiel permettant d’améliorer la qualité de vie des patients en insuffisance respiratoire. Dans le Michigan, Robert Bartlett et son équipe planche ainsi sur la conception d’un poumon baptisé « Bio Lung ».

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. sept. 12, 2015 7:44 pm

merci pour l'info Nathalie.

En Essonne, un mandat d’arrêt lancé contre un faux anesthésiste
Sébastien Morelli | 08 Sept. 2015, 19h00 | le parisien

Il a exercé entre 2009 et 2011 dans les hôpitaux de Corbeil-Essonnes, Juvisy-sur-Orge et Longjumeau, sans que cela ne pose apparemment problème. Dénoncé de façon anonyme en 2011, ce faux médecin anesthésiste a été condamné ce mardi à un an de prison par le tribunal correctionnel d’Evry avec interdiction d’exercer toute profession médicale ou paramédicale pendant cinq ans.

L’homme ne s’étant pas présenté à l’audience, un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.

Ce Turc de 41 ans était en fait infirmier anesthésiste. Il a photocopié les diplômes algériens d’un de ses amis, médecin anesthésiste réanimateur, et les a falsifiés en mettant son nom à la place. Lors de l’enquête, il avait expliqué que c’était sa femme qui lui avait suggéré cette idée, assurant qu’il regrettait « amèrement ».
« Rien n’empêche de penser qu’il continue peut-être d’exercer »

Suite à la dénonciation de 2011, le Conseil de l’ordre des médecins avait été interrogé par l’employeur du prévenu qui, effectivement, n’était pas inscrit au tableau des médecins français.

« Les hôpitaux se sont contentés de ces diplômes algériens traduits en français, sans vérifier auprès du Conseil de l’ordre », s’est étonné le président du tribunal. Le magistrat s’est également inquiété du fait qu’ayant disparu, « rien n’empêche de penser qu’il continue peut-être d’exercer cette profession avec ces faux diplômes dans d’autres hôpitaux français tout aussi regardant que les établissements franciliens. »
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