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Re: Articles sur la santé

Posté : sam. juil. 27, 2019 8:00 pm
par Arnaud BASSEZ
La loi Santé au Journal officiel
26 July 2019

C’est l’une des trois lois parues au Journal officiel du 26 juillet 2019. relative à l'organisation et à la transformation du système de santé vient de paraître au JO.

Ce projet de loi relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé avait été déposé au Parlement le 13 février 2019. Avec la procédure accélérée, son examen aura donc pris moins de cinq mois (L. n° 2019-774, 24 juill. 2019, JO 26 juill.).

Parmi les point à retenir :

la création du health data hub et la santé numérique ;
la modification des études en santé ;
la télémédecine et le télésoin.

Pour plus de détails, voici le détail de la loi :
TITRE IER - DÉCLOISONNER LES PARCOURS DE FORMATION ET LES CARRIÈRES DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ
Chapitre Ier : Réformer les études en santé et renforcer la formation tout au long de la vie

Article 1er : Rénovation de l’accès aux études médicales et suppression du numerus clausus
Article 2 : Réforme du deuxième cycle des études médicales et suppression des « épreuves classantes nationales » (ECN)
Article 3 : Habilitation du gouvernement à prendre des ordonnances pour organiser la recertification des compétences des médecins
Article 3 bis (nouveau) : Mention, dans le code de la santé publique, de l’importance d’adapter la formation initiale et continue des professionnels de santé aux évolutions technologiques, en fonction des besoins des patients et afin d’améliorer leur prise en charge

Chapitre II : Faciliter les débuts de carrières et répondre aux enjeux des territoires

Article 4 : Sécurisation du bénéfice du contrat d’engagement de service public (CESP) en cas d’évolution du zonage
Article 5 : Extension du statut de médecin adjoint
Article 5 bis (nouveau) : Maillage de chaque spécialité, ou groupe de spécialités, pris en compte dans le zonage élaboré pour attribuer les mesures d’incitation à l’installation des médecins

Chapitre III – Fluidifier les carrières entre la ville et l’hôpital pour davantage d’attractivité

Article 6 : Modernisation des conditions de l’emploi médical hospitalier

TITRE II – CRÉER UN COLLECTIF DE SOINS AU SERVICE DES PATIENTS
Chapitre Ier – Promouvoir les projets territoriaux de santé

Article 7 A (nouveau) : Reconnaissance de la promotion de la santé comme compétence à part entière des collectivités territoriales
Article 7 B (nouveau) : Réaffirmation du rôle des collectivités locales en matière de prévention et de promotion de la santé et octroi aux collectivités de la possibilité de définir des objectifs particuliers en matière de promotion de la santé spécifiques à leur territoire, dans le cadres des compétences reconnues par la loi et sous réserve d’en informer les représentants de l’Etat sur le territoire
Article 7 C (nouveau) : Création d’équipes de soins spécialisés regroupant des médecins spécialistes hors médecine générale, ayant pour mission de contribuer avec les acteurs du premier recours à la structuration des parcours de santé
Article 7 D (nouveau) : Intégration des parlementaires comme membres de droit des Conseils territoriaux de santé
Article 7 : Mobilisation des acteurs autour d’un projet de santé de territoire et validation du projet de santé des communautés professionnelles territoriales de santé par les agences régionales de santé (ARS)
Article 7 bis (nouveau) :
Possibilité octroyée aux infirmiers, dans le cadre d'une équipe de soins primaires ou d'une communauté territoriale de santé, d’adapter la posologie pour certains traitements en fonction des résultats d'analyses de biologie médicale des patients, sauf en cas d’indication contraire du médecin prescripteur et sous réserve d’une information du médecin traitant désigné par le patient
Article 7 ter (nouveau) : Sécurisation juridique de l’exercice des pédicures-podologues, en supprimant l’exclusion de toute intervention provoquant l’effusion de sang, devenue obsolète
Article 7 quater (nouveau) : Mise en œuvre du pharmacien correspondant en dehors du cadre des protocoles de coopération et inscription de cette faculté dans les compétences de droit commun des pharmaciens d’officine
Article 7 quinquies (nouveau) : Possibilité donnée aux pharmaciens d'officine, dans le cadre de démarches inscrites dans un exercice coordonné, de délivrer certains médicaments selon des protocoles établis par la Haute autorité de santé
Article 7 sexies (nouveau) : Octroi aux pharmaciens, sans l’accord exprès et préalable du prescripteur, mais conformément à la recommandation établie par l’Agence nationale de sécurité du médicament, de la possibilité de remplacer le médicament prescrit par un autre médicament lorsque le premier connaît une rupture d’approvisionnement susceptible de mettre en jeu le pronostic vital du patient ou d’entrainer une perte de chance importante pour ce dernier
Article 7 septies (nouveau) : Droit opposable au médecin traitant pour tout assuré en faisant la demande

Chapitre II – Développer une offre hospitalière de proximité, ouverte sur la ville et le secteur médico-social, et renforcer la gradation des soins

Article 8 : Cadre de définition des « hôpitaux de proximité » en associant les professionnels de ville à leur gouvernance ; Introduction dans le code de la santé publique d’un cadre de définition rénové des hôpitaux de proximité ; Suppression de la question du financement des hôpitaux de proximité du champ de l’habilitation donnée par le Parlement au gouvernement à légiférer par ordonnances ;
Ouverture de la gouvernance des hôpitaux de proximité à la médecine de ville en particulier
Article 9 : Réforme du régime des autorisations des activités de soins, dans une logique de gradation de soins

Chapitre III – Renforcer la stratégie et la gouvernance médicales au niveau du groupement hospitalier de territoire, et accompagner les établissements volontaires pour davantage d’intégration

Article 10 : Renforcement de l’intégration au sein des groupements hospitaliers de territoire
Présidence du comité stratégique du groupement hospitalier de territoire tenue par le directeur de l’établissement support et vice-présidence tenue par le président de la commission médicale de groupement ;
Prorogation des mandats des présidents et des membres élus des commissions médicales d’établissements jusqu’à la date d’institution des commissions médicales de groupement
Maintien d’une commission des usagers dans chaque établissement partie à la fusion d’établissements publics de santé

TITRE III – DÉVELOPPER L’AMBITION NUMÉRIQUE EN SANTÉ
Chapitre Ier – Innover en valorisant les données cliniques

Article 11 : Élargissement du champ du système national des données de santé à l’ensemble des données cliniques obtenues dans le cadre de soins remboursés par l’Assurance maladie pour favoriser la production et l’utilisation des données de santé et création de la Plateforme des données de santé
Intégration dans le système national des données de santé des données à caractère personnel issues d’enquêtes, lorsque celles-ci sont appariées avec les données de ce système
Octroi au groupement d’intérêt public d’une mission d’information des patients, de promotion et de facilitation de leurs droits relatifs à l’utilisation de leurs données de santé, en particulier concernant les droits d’opposition
Élargissement des exceptions au régime de protection des données de santé aux traitements mis en œuvre par l'État aux fins de conception, de suivi ou d’évaluation des politiques publiques dans le domaine de la santé, ainsi que les traitements réalisés aux fins de collecte, d’exploitation et de diffusion des statistiques dans ce domaine
Précision du cadre juridique du comité éthique et scientifique pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé, qui sera chargé de se prononcer sur l’intérêt public d’une demande d’accès aux demandes de la plateforme des données de santé.
Article 11 bis (nouveau) : Élargissement des finalités de l’utilisation du système national d’information inter-régimes de l’Assurance Maladie (SNIIRAM), contenant l’ensemble des données de remboursement

Chapitre II – Doter chaque usager d’un espace numérique de santé

Article 12 : Doter chaque usager d’un espace numérique de santé
Insertion des secteurs sociaux et médico-sociaux dans le champ des parcours de santé que l’espace numérique de santé accompagnera
Information donnée à l’usager, lorsqu’il ouvre son espace numérique de santé, sur les conditions de fonctionnement de celui-ci, conformément à l’avis de la CNIL du 31 janvier 2019 sur le projet de loi
Faculté pour le représentant légal d’accéder à l’espace numérique de santé dans les mêmes conditions que le titulaire
Élargissement des thèmes de l’application du « store santé » de l’espace numérique aux thèmes suivants : prévention, droits des usagers et offre de soins
Application des dispositions du Règlement général sur la protection des données à l’espace numérique de santé
Prise en compte, dans la conception et la mise en œuvre de l’espace numérique de santé, de l’inégal accès à internet sur le territoire français
Article 12 bis (nouveau) : Inscription des dispositifs médicaux implantables dans le dossier pharmaceutique
Article 12 ter (nouveau) : Habilitation du gouvernement à prendre par ordonnances différentes mesures visant à adapter les règles relatives aux moyens techniques d’identification et d’authentification des usagers et de acteurs du système de santé, en vue d’accompagner le développement des usages numériques

Chapitre III – Déployer pleinement la télémédecine et les télésoins

Article 13 : Autoriser les professionnels de santé non médicaux à réaliser une activité à distance
Modification du cadre juridique de la télémédecine : extension aux actes entre professionnels médicaux d’une part, professionnels paramédicaux et pharmaciens d’autre part
Suppression des précisions relatives à l’enclavement ou l’isolement géographique dans le décret qui définira les modalités de prises en charge financière du télésoin
Article 14 : Moderniser le cadre de la prescription dématérialisée
Rétablissement dans la loi de la prescription dématérialisée des arrêts de travail, faisant suite à la censure par le Conseil constitutionnel de l’article correspondant dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019

TITRE IV : MESURES DIVERSES
Chapitre Ier – Dispositions de simplification

Article 15 : Abrogations de dispositions législatives
Article 16 : Mesures de sécurisation des établissements de santé
Article 17 : Suppression des bulletins d’interruption volontaire de grossesse
Article 17 bis (nouveau) : Rapport remis au Parlement dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi sur l’amélioration de l’accompagnement pendant la grossesse
Article 18 : Mesures de simplification
Modification du cadre juridique du régime de l’autorisation des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS)
Assouplissement du droit en vigueur et alignement du niveau d’exigence avec celui du droit de l’Union européenne s’agissant de dispositions spécifiques à l’eau
Transposition des dispositions d’une directive européenne dans le domaine de l’eau à Mayotte, permettant un assouplissement des dispositions applicables
Simplification du fonctionnement des agences régionales de santé en donnant la possibilité au directeur général de l’agence de fusionner les deux commissions de coordination des politiques publiques compétentes - à la fois dans les domaines de la prévention et de la promotion de la santé, de la santé scolaire, de la santé au travail et de la protection maternelle et infantile, et dans le domaine des prises en charge et des accompagnements médico-sociaux - en une seule commission

Chapitre II – Mesures de sécurisation

Article 19 : Habilitations à légiférer par ordonnances
Création d’une agence régionale de santé à Mayotte et d’une agence régionale de santé à La Réunion, en lieu et place de l’agence de santé de l’océan Indien
Article 19 bis (nouveau) : Élargissement des ressources auxquelles le Directeur général de l’ARS peut faire appel pour contrôler le recueil des indicateurs de qualité et de sécurité des soins
Article 19 ter (nouveau) : Rénovation en profondeur du dispositif des protocoles de coopération entre professionnels de santé créé par l’article 51 de la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST) du 21 juillet 2009
Article 19 quater (nouveau) : Sécurisation de l’exercice de gestes soignants par des assistants médicaux dès lors qu’ils auraient suivi une formation qualifiante ad hoc
Article 20 : Renforcement de la préparation du système de santé pour faire face aux situations sanitaires exceptionnelles
Augmentation du nombre de réservistes auxquels les agences régionales de santé pourront faire appel en supprimant la référence aux professionnels de santé en activité
Article 21 : Rénovation des modalités de recrutement des praticiens à diplôme hors Union européenne
Octroi du bénéfice de la procédure d’autorisation d’exercice mise en place par l’article 21 aux praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE), présents dans un établissement de santé public ou un établissement de santé privé d’intérêt collectif au 31 octobre 2018 et non au 31 décembre 2018
Dispositions permettant aux praticiens à diplôme hors UE reconnus réfugiés ou apatrides de pouvoir exercer, selon des modalités d’autorisation temporaires proches de celles mises en œuvre par l’article du projet de loi relatif aux PADHUE
Modification du code du travail, de manière à pouvoir substituer la décision d’affectation du ministre chargé de la santé du praticien dans un établissement de santé à la présentation d’un « contrat de travail visé », pour permettre au praticien de solliciter une entrée en France

TITRE V – R

Re: Articles sur la santé

Posté : jeu. août 08, 2019 6:13 pm
par Arnaud BASSEZ
On appelle ça de l’hypocrisie (voire du foutage de gueule ou c'est moi ?)


Publié le 08/08/2019
Infirmiers de bloc : la "validation de l'expérience" entre en piste

Le nouveau report au 1er janvier 2020 de l’entrée en vigueur du décret de 2015 sur les compétences exclusives des IBODE (infirmiers de bloc opératoire) prévoit que les infirmières (non IBODE) puissent demander une autorisation d’exercer en bloc opératoire.

Un nouvel arrêté, paru le 31 juillet 2019, détaille les conditions de la validation de l’expérience (VAE) qui ont été retenues par les autorités.

Les infirmiers exerçant au 30 juin 2019 la fonction d’IBODE depuis au moins un an à temps plein et apportant « de manière régulière une aide à l’exposition du patient, à l’hémostase et à l’aspiration lors d’interventions chirurgicales réalisées au cours de cette même période » pourront soumettre avant le 31 octobre 2019 un dossier d’inscription à la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) de leur lieu d’exercice. Le dossier devra notamment comprendre des attestations d’établissements et de praticiens. Suite à cette inscription, si le dossier est validé, une autorisation temporaire leur sera délivrée.

Pour qu’elle devienne définitive, les infirmiers concernés devront satisfaire à une épreuve de vérification des connaissances au cours d’un oral de 20 minutes devant une commission régionale. Durant cette épreuve, le jury composé « d’un représentant de l’État », d’un chirurgien en activité et d’un IBODE appréciera « à partir des indications fournies par les documents figurant dans la demande d'inscription, son aptitude à réaliser l'aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration dans les mêmes conditions que celles applicables à l'infirmier ou l'infirmière titulaire du diplôme d’État de bloc opératoire ».

A l’issue de l’épreuve, les infirmiers pourront soit être admis, recalés ou admis avec l’obligation de suivre une formation complémentaire.

Cette formation, d’une durée de vingt et une heures sera dispensée au sein d’une école autorisée à préparer au diplôme d’État d’infirmier de bloc opératoire.

Copyright jim.fr

Re: Articles sur la santé

Posté : mar. août 20, 2019 8:58 am
par Arnaud BASSEZ
Je propose à la ministre de la santé, un bâton stérile afin de mordre dedans, le jour où nous n'aurons plus de médicaments pour l'endormir si elle doit se faire opérer.

Publié le 19/08/2019

Pénurie de médicaments : nouvelle alerte d’un collectif de médecins
Ce sont des médicaments très largement utilisés et pour des indications variées comme les corticoïdes ou au contraire des traitements ciblés comme, par exemple, ceux destinés à limiter les risques de récidive des cancers de la vessie. Ce sont des pénuries prolongées, se prolongeant parfois pendant un an ou des ruptures de stocks temporaires mais brutales. C’est en tout cas devenu le quotidien de million de malades et de professionnels de santé.

Tant les pharmaciens que les médecins et les infirmières sont régulièrement contraints aujourd’hui d’imaginer des solutions alternatives, parfois potentiellement à risque pour les patients, afin de contourner l’absence de certains médicaments ou dosages. Une enquête réalisée au début de l’année par le collectif d’associations de patients France Assos Santé indiquait ainsi qu’un Français sur quatre avait été confronté au cours des mois précédents à l’impossibilité de se procurer un médicament ou un vaccin, pour lui-même ou pour un de ses proches. On sait par ailleurs que le nombre de difficultés d’approvisionnement répertoriées par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est passé de 44 en 2008 à 868 l’année dernière.

Fragmentation et enjeux économiques

Les raisons de ces « tensions » qui se multiplient sont identifiées de longue date. La fragmentation du processus de fabrication et de production des médicaments ces dernières années n’a pu que conduire à une augmentation des risques de rupture. De la fabrication des principes actifs qui a été majoritairement délocalisée en Inde et en Chine jusqu’à la distribution en France en passant par le façonnage qui est régulièrement réalisé aux États-Unis, chaque étape peut être l’objet de défauts de matière première, d’erreurs ou de contaminations entraînant des retards ou de dysfonctionnements techniques. A cette fragmentation nécessairement dangereuse, s’ajoutent des enjeux économiques qui conduisent les industriels à se montrer souvent plus exigeants pour la production des médicaments les plus coûteux (qui peuvent par exemple bénéficier d’interventions prioritaires en cas de problèmes sur une chaine de distribution).

Gestion des problèmes et transparence

La situation n’a pas été ignorée par les pouvoirs publics qui ont mis en place différents dispositifs pour tenter de corriger les facteurs de risque de pénurie. Depuis 2012 notamment, les laboratoires ont accepté de se doter de plans de gestion de pénurie, qui permettent la mise en œuvre de réponses plus rapides en cas de tensions, quelles qu’elles soient. De la même manière, le ministre de la Santé a présenté au début de l’été une série de mesures dont l’objectif est notamment de renforcer la transparence entre les laboratoires, les autorités et le grand public.

Prévenir plutôt que guérir

Cependant, comme les chiffres en témoignent, les efforts engagés n’ont pas permis d’endiguer la progression des pénuries. Aussi, une nouvelle fois, un collectif vingt-six praticiens hospitaliers, signent dans le Journal du Dimanche (JDD) une tribune alertant les pouvoirs publics et surtout les invitant à une action forte, non plus pour gérer les pénuries mais pour les prévenir. Trois mesures s’imposent écrivent les praticiens, qui ont accepté de répondre à l’invitation de l’initiateur de la tribune le professeur Jean-Paul Vernant. D’abord, ils veulent que « soient imposées (…) la constitution et la gestion de stocks de médicaments d’intérêts thérapeutiques majeurs sous forme de produits finis ». Ces stocks permettraient en effet de répondre aux situations d’urgences en cas de dysfonctionnements sur une chaîne ou de défaut de certaines matières premières. Les auteurs du texte veulent également que « soit rapatriée en Europe la production des principes actifs », une disposition qui selon eux ne devrait avoir que peu d’impact sur le coût des médicaments. Enfin, ils préconisent que soit créé « un établissement pharmaceutique à but non lucratif, si possible européen, sinon français ». Ils invitent à cet égard à réfléchir à une initiative américaine où les médecins de 500 établissements hospitaliers indignés des pénuries toujours plus nombreuses et des augmentations brutales des prix des médicaments (en la matière les enjeux sont assez différents en France) « se sont réunis pour fonder un établissement pharmaceutique (…) produisant des médicaments passés dans le domaine public ».

Des conséquences trop souvent minimisées ?

Le ministre de la Santé dont les dernières mesures sur le sujet témoignaient d’une certaine frilosité entendra-t-elle cet appel alors qu’une première réunion du comité de pilotage dédié à la pénurie de médicaments est attendue le 5 septembre ? Peut-être se montrera-t-elle plus sensible à la nécessité d’actions plus musclées à mesure que seront publiées des données (encore parcellaires mais en cours de constitution par de nombreuses équipes, notamment en France) sur les conséquences cliniques directes de ces pénuries sur les patients, conséquences parfois minimisées mais qui sont loin d’être rarissimes.

Aurélie Haroche

Copyright jim.fr

Re: Articles sur la santé

Posté : sam. août 31, 2019 3:59 pm
par Arnaud BASSEZ
Quelques articles to improve your english. Be a regular practitioner

le jeûn est remis en doute, notamment concernant les nausées.

News > Medscape News UK
How Strong is the Case for Unrestricted Clear Fluids in Day Cases?

Peter Russell

March 15, 2019

https://www.medscape.com/viewarticle/90 ... 5198&faf=1

The case for allowing unrestricted consumption of clear fluids for many patients prior to surgery has now been demonstrated in more than 30,000 individuals at a UK hospital, specialists have said.

Guidance on pre-operative fluids fasting policy has continued to evolve, with current European guidelines encouraging intake of fluids up to 2 hours before general anaesthesia. However, theatre delays and cancellations, and patients self-imposing longer fasting times, can often significantly increase this fasting period.
Changing Policy

In October 2014, Torbay Hospital Day Surgery Unit in Devon instituted a policy in which patients were encouraged to drink clear fluids up until transfer to theatre.

A study, first published online in 2017 in the European Journal of Anaesthesiology , examined outcomes for approximately 11,500 day-case patients who received either sedation, general anaesthesia, or regional anaesthesia before and after the policy change.

The data suggested that the liberal consumption of clear fluids before the induction of scheduled day case anaesthesia reduced the rates of postoperative nausea and vomiting.

The study, covering a period between November 2013 and February 2016, represented approximately 78% of all day-case patients before the change in fluids policy and 74% after the change.

Nausea rates within 24 hours of surgery were 3.8% when fluid intake was unrestricted compared with 5.2% when patients did not drink within 2 hours of surgery.

The corresponding rates of vomiting were 2.2% after the unrestricted fluid policy was introduced compared with 2.8% before.
'Continued Success'

The first author of the study, Graham McCracken, a registrar in anaesthesia and intensive care medicine, then working for Torbay and South Devon NHS Foundation Trust, said that subsequent results since the study period had shown continued success for the policy.

He told Medscape UK: "Upwards of 30,000 patients now have gone through that policy, and we know of two cases of pulmonary aspiration of gastric contents during that time, both of which were in patients who had risk factors anyway. They both had a BMI of 35 or over and one of them possibly had a history of reflux."

He added that "we know that the normal rate for patients aspirating is about 1 in 8000 in patients similar to ours, so it's very much in keeping with normal expectancy".

Dr McCracken said the policy change at Torbay reflected an understanding of gastric physiology following research showing that the stomach empties half of its contents approximately every 12 to 15 minutes, and an acknowledgement of the comparatively greater time delay between a patient being called for surgery and the induction of anaesthesia. "It's trying to combine the pragmatic nature of theatre – of sending for patients and transfer – and gastric emptying," he said.

"Certainly, the feedback and the reaction to this paper has been almost completely positive," Dr McCracken said.
Risk is 'Virtually Nil'

An accompanying commentary to the original paper, written by three specialists in anaesthesia from the UK, Norway, and Germany, two of whom contributed to the European Society of Anaesthesiology pre-operative fasting guidelines, pointed out the limitations that not all risk factors for nausea and vomiting had been accounted for in patients included in the study, and that it was not known how many patients in the 'liberal' group had actually drunk clear fluids within the preoperative 2-hour time frame.

However, they said: "The study confirms what we know from case reports and other studies; the risks from a liberal fluid policy are virtually nil and there is no reason to postpone or cancel an otherwise low-risk patient simply because of fluids consumed within the 2-h period."

European Journal of Anaesthesiology: May 2018 - Volume 35 - Issue 5 - p 337–342doi: 10.1097/EJA.0000000000000760 PONV
§§§
Monday, April 15, 2019
Anesthesiologists Are Making More Money Than Ever
http://www.blog.greatzs.com/2019/

Despite all the concerns about the changes in the healthcare industry, physicians appear to be doing quite well. Medscape just released its latest annual report about physician compensation. For 2019, the survey shows that primary care doctors earned 21.5% more than in 2015. For specialists, the pay increase was 20%. That's well above the consumer price index and shows the fear of Obamacare may have been overblown.

Anesthesiologists are still some of the top earners in medicine. Sure we don't reach quite the heights like Cardiology or Orthopedics, but our income is still ranked in the top ten of all physicians. Medscape reports that in 2019, anesthesiologists reported an average compensation of $392,000. That compares to $358,000 back in 2015, an increase of 9.5%. While that's not the 20% increase of other specialists, it still keeps us in the upper echelon, though not in the top five as in previous surveys.

Could the reason that anesthesia income hasn't risen as much is because more women are entering the field? Another part of the survey shows that the specialties that women gravitate towards, like primary care, tend to have lower income. But that's not necessarily because of sex discrimination. The poll shows that women work about ten percent fewer hours than men. Meanwhile the top income earners like ortho and cardiology have much fewer women in their ranks. Or perhaps we are just training too many anesthesiologists for the market to bear.

To sum it up, anesthesiologists' incomes are still rising. It's not going up as quickly as other specialties but it is still a respectable compensation. And I would much prefer to be an anesthesiologist than some face disfiguring ENT surgeon any day.
§§§

Chez nous, on a des chiffres qui évolueraient entre 5 à 10%. Mais la variabilité est soumise à l'honneté des réponses.
Friday, April 12, 2019
Sadly, Anesthesiologists Are Still Abusing Drugs

A new survey has been conducted to update information first gathered in the 1990's on the incidence of drug abuse among anesthesiologists. This time, information was gathered from anesthesia residency program directors for the period 2007-2017. The rate of response for the survey was 35% with 52 directors answering the questionnaire.

What the researchers discovered is as disheartening as the earlier poll. Among 2,100 residents in the programs that responded, 3.7% had substance abuse problems. The most common drug that was used was IV opioids with 39%. This was followed by Propofol (20%), and alcohol (15.2%).

The rate of anesthesia faculty abusing drugs was 1.16%. The most common substances used were alcohol (50%), IV opioids (23.7%), and smaller percentages of prescription medications, street drugs, and anesthetic agents.

For anesthesia residents who are found to be abusing drugs, it could be the end of their anesthesia careers. While 52% of the programs will pay for treatment, 13% felt it was the resident's own responsibility for their rehab. Worse, 43.6% of programs do not allow the residents to come back to finish their training. By comparison, the programs paid for faculty treatment 70% of the time. Many programs also continued to pay faculty salary and benefits while they're on sick leave.

These numbers demonstrate that we as a profession have a long way to go to identify and help people who may become or are already addicted to drugs. The rate of resident drug abuse is twice the percentage from twenty years ago. Anesthesiologists already have the highest rate of drug abuse and suicide among medical professionals. The ASA leadership and residency program directors need to conduct more education to prevent the next generation of anesthesiologists from falling into the abyss.

Re: Articles sur la santé

Posté : sam. sept. 21, 2019 6:45 pm
par Arnaud BASSEZ
Sweet News: Dark Chocolate Tied to Lower Depression Risk

Megan Brooks

August 09, 2019


Eating dark chocolate may positively affect mood and relieve depressive symptoms, new research suggests.

However, at least one expert said that at this point, the findings, although intriguing, are no more than food for thought and should not change dietary habits.

Using data from the US National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), investigators at University College London in the United Kingdom found that individuals who reported eating any dark chocolate in two 24-hour periods had 70% lower odds of reporting clinically relevant depressive symptoms compared to their counterparts who reported no chocolate consumption.

"This study provides some evidence that consumption of chocolate, particularly dark chocolate, may be associated with reduced odds of clinically relevant depressive symptoms," lead author Sarah E. Jackson, PhD, said in a release.

The study, she added, is the first to examine the association between depression and the type of chocolate consumed.

The study was published online July 29 in Depression and Anxiety.
Mood Enhancer

Chocolate has been widely reported to have mood-enhancing properties. Several mechanisms for a relationship between chocolate and mood have been proposed.

Chocolate contains a number of psychoactive ingredients, including two analogues of anandamine, which produce effects similar to that of cannabinoid, an agent that causes feelings of euphoria from ingesting cannabis. In addition, chocolate contains several endogenous biogenic amines, as well as phenylethylamine, a neuromodulator that is believed to be important for regulating mood, the investigators note.

To learn more, the researchers analyzed NHANES survey data from 2007 to 2008 and from 2013 to 2014. The total data set included 13,626 adults.

Daily chocolate consumption was determined from two 24-hour dietary recalls. Depressive symptoms were assessed using the Patient Health Questionnaire–9.

Among study participants, 7.6% who consumed no chocolate had depressive symptoms, compared to just 1.5% of persons who ate dark chocolate. The rate of depressive symptoms in persons who ate chocolate other than dark chocolate was 6.2%.

After adjusting for multiple factors, participants who reported any dark chocolate consumption had 70% lower likelihood of reporting clinically relevant depressive symptoms compared to those who did not eat any chocolate (odds ratio [OR], 0.30; 95% confidence interval [CI], 0.21 – 0.72). However, the researchers found no significant link between any non–dark chocolate consumption and clinically relevant depressive symptoms.

In models that included the amount of chocolate consumed, participants who were in the highest quartile of chocolate intake (104 to 454 g/day) had 57% lower odds of depressive symptoms compared with those who reported no chocolate consumption (OR, 0.43; 95% CI, 0.19 – 0.96), after adjusting for the type of chocolate consumed.

These associations were evident after adjustment for age, marital status, level of education, annual household income, weight status, chronic conditions, leisure-time physical activity, smoking status, alcohol intake, total energy intake, and total sugar intake.
Inconsistent Findings

These observations, the investigators note, are in line with most experimental studies, which have shown benefits of chocolate consumption for mood, at least in the short term.

However, the findings are inconsistent with those of previous surveys that have shown positive associations between chocolate consumption and depressive symptoms.

"The discrepant results may be attributable to the adjustment in the present analyses for a wide range of covariates accounting for potential confounding," the investigators write.

Further research is needed to "clarify the direction of causation — it could be the case that depression causes people to lose their interest in eating chocolate, or there could be other factors that make people both less likely to eat dark chocolate and to be depressed," said Jackson.

"Should a causal relationship demonstrating a protective effect of chocolate consumption on depressive symptoms be established, the biological mechanism needs to be understood to determine the type and amount of chocolate consumption for optimal depression prevention and management," she added.

Commenting on the findings for Medscape Medical News, Michelle Riba, MD, clinical professor and associate director, University of Michigan Comprehensive Depression Center, Ann Arbor, told Medscape Medical News, "You wouldn't hang your hat on this study in terms of telling patients to have dark chocolate. It is not that kind of study. However, looking for adjunctive treatments and what people can do to stay healthy is important.

"The problem is, if you tell someone dark chocolate is good, likely people would eat a lot of dark chocolate and not eat their fruits and veggies. For everyone, it is important to exercise and have a good, balanced diet," added Riba.

The study had no specific funding. The authors and Riba have disclosed no relevant financial relationships.

Re: Articles sur la santé

Posté : lun. sept. 30, 2019 6:31 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 26/09/2019
Femme enceinte, dans quelle position dormir ?

Faut-il imposer aux femmes enceintes de dormir sur le côté gauche ?

Savent-elles exactement dans quelle position elles dorment ?

Ne risquons-nous pas en cas de complication de la grossesse de les culpabiliser inutilement en leur demandant, a posteriori, quelle était cette position ?

Ce sont les interrogations que soulève une étude récente menée aux États-Unis.

Cette étude observationnelle prospective et multicentrique concernait uniquement des nullipares et des grossesses uniques. Entre octobre 2010 et mai 2014, plus de 8 000 femmes ont répondu à un questionnaire concernant leur façon de dormir : « sur le côté gauche », « sur le côté droit », « sur le dos », « sur le ventre ». Ce questionnaire leur a été soumis lors de deux consultations, l’une en début de grossesse (entre 6 et 14 semaines) et l’autre en milieu de grossesse (entre 22 et 30 SA). 3 700 d’entre-elles ont, de plus, bénéficié d’un enregistrement de leur sommeil (Embletta Gold) qui précisait leur position : « majoritairement sur le dos » ou « non ».

Il n’y a pas d’association retrouvée entre les complications de la grossesse et la position pendant le sommeil

Au total, 22 % des femmes enceintes de l’étude ont présenté une complication de leur grossesse telle qu’une HTA gravidique, un RCIU, ou un enfant mort à la naissance (18 cas). Aucune association n’a pu être établie entre le fait de ne pas dormir sur le côté gauche (selon leur déclaration), ou de dormir sur le dos (selon l’enregistrement) avec ces complications de leurs grossesses.

Ces résultats viennent contredire plusieurs études antérieures, qui évaluaient un risque attribuable d’environ 10 % de mort à la naissance au fait de ne pas dormir sur le côté. Ces études cas-témoins étaient pour la plupart rétrospectives. Mais quand on demande à une femme, qui a accouché d’un enfant mort à la naissance, comment elle dormait, il peut y avoir un biais important dans sa réponse, la plupart des femmes ayant entendu dire qu’il ne fallait pas dormir sur le dos. De plus cette étude montre qu’il y a une faible corrélation entre les déclarations des femmes et les résultats des enregistrements durant le sommeil.

Pas de recommandation sûre…ni vraiment réalisable

Le fait de dormir sur le dos est soupçonné de comprimer la veine cave et l’aorte, et potentiellement de diminuer le retour veineux et le flux placentaire. Des études ont montré que le fait de dormir sur le dos ou sur le côté droit, plutôt que sur le côté gauche, pouvait diminuer l’éjection cardiaque, induire une hypotension maternelle et réduire l’oxygénation du fœtus. Il se peut aussi que le fait de dormir sur le dos accentue les troubles respiratoires du sommeil, eux aussi pourvoyeurs de perturbations vasculaires chez la femme enceinte.

En tant que facteur de risque modifiable, la position dans laquelle dorment les femmes enceintes est un thème de santé publique intéressant. Encore faudrait-il que la recommandation soit sûre, réalisable, qu’elle ne soit pas pourvoyeuse de troubles du sommeil, les mouvements durant le sommeil n’étant pas vraiment contrôlables, et qu’elle n’augmente pas l’anxiété des femmes enceintes qui se réveillent… sur le dos.

Dr Catherine Vicariot
Référence
Silver Robert M et coll. : Prospective Evaluation of Maternal Sleep Position Through 30 Weeks of Gestation and Adverse PregnancyOutcomes. Obstet Gynecol., 2019; 00: 1–10)DOI:10.1097/AOG.0000000000003458


source: jim.fr

Re: Articles sur la santé

Posté : dim. déc. 22, 2019 12:14 pm
par Arnaud BASSEZ
LA MISSION MESNIER-CARLI PROPOSE DE DÉVELOPPER LES TRANSPORTS PARAMÉDICALISÉS
PARIS, 19 décembre 2019 (APMnews) - La mission Mesnier-Carli préconise de faire évoluer les transports de soins urgents en développant les transports infirmiers inter-hospitaliers (TIIH) et en confiant des interventions Smur à des personnels paramédicaux, dans le rapport définitif de la mission conduite par Pierre Carli et Thomas Mesnier sur le pacte de refondation des urgences, remis jeudi matin à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn.

En juin, la ministre avait chargé le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, et le député Thomas Mesnier (LREM, Charente) d'une mission relative à l'amélioration de la situation dans les services d'urgence (cf dépêche du 06/06/2019 à 15:12).

Dans leur rapport définitif remis à la ministre jeudi et dont APMnews a consulté une copie, le Pr Pierre Carli et Thomas Mesnier ont formulé une série de recommandations pour la mise en oeuvre du "service d'accès aux soins" (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39), la gradation des structures de médecine d'urgence (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:52) et la formation des médecins urgentistes (cf dépêche du 19/12/2019 à 17:02).

La mission Mesnier-Carli préconise également "de mieux utiliser le temps médical à travers une organisation plus souple permettant une nouvelle offre de transport en utilisant les compétences paramédicales, pour prendre en charge des patients ne nécessitant pas une présence médicale continue au cours de leur transport".

Après avoir rappelé que "les lignes de garde Smur doivent rester prioritaires au quotidien y compris en cas de manque de médecins urgentistes", le Pr Carli et Thomas Mesnier ont relevé que les "difficultés importantes à remplir toutes les lignes de garde pour garantir une couverture territoriale en soins urgents ont conduit [...] certains établissements à prioriser le maintien du service d'accueil des urgences au détriment du Smur".

La mission Mesnier-Carli propose donc de faire évoluer les transports de soins urgents et de faire monter les transports infirmiers inter-hospitaliers (TIIH) lorsque la présence du médecin n'est pas nécessaire.

Si les TIIH sont "en augmentation constante depuis 2014", en passant de 12.755 sorties à 20.276 sorties en 2018, le rapport souligne que leur proportion "reste assez faible" au regard des 602.913 interventions primaires (prise en charge de patients en situation d'urgence médicale hors de l’hôpital) réalisées par les Smur en 2018.

Le rapport note par ailleurs que 222.100 sorties ne sont pas suivies par un transport médicalisé.

Économiser du temps médical

Le développement des TIIH présente deux avantages majeurs selon la mission Mesnier-Carli:

mobiliser les compétences soignantes pour des transports adaptés
économiser et mieux utiliser le temps médical des urgentistes pour renforcer les Samu et les services d'urgence.

Le rapport souligne la nécessité "[d']encadrer cette possibilité par des protocoles visant à déterminer clairement ses modalités d'activation et de réalisation tout en garantissant la sécurité de la prise en charge" et de territorialiser l'organisation des TIIH "pour ne pas faire reposer la charge du transport sur les établissements ne disposant que d'une seule ligne de Smur".

La mission Mesnier-Carli indique que la création des infirmiers de pratique avancée (IPA) en médecine d'urgence "permettra à terme une vision beaucoup plus large de l'intervention paramédicale, puisque ce dispositif dote l'infirmier dans des circonstances précises d'une autonomie de diagnostic et de traitement obtenue par une formation universitaire spécifique".

En cas de TIIH urgent, la régulation médicale exercée par le Samu permettrait de choisir l'équipe paramédicale adaptée aux besoins du patient : infirmier, infirmier anesthésiste (Iade) pour les patients intubés, ou IPA en médecine d'urgence.

Le rapport plaide également en faveur d'un renforcement des TIIH par "des outils nécessaires à l'élargissement de leur emploi notamment la télémédecine embarquée afin de faciliter les relations à distance avec le médecin régulateur du Samu et le Smur".

Dédoubler les Smur lors d'interventions "primo-secondaires"

La mission Mesnier-Carli propose aussi la "mise en place dès 2020 d'une possibilité de dédoublement de l'équipe Smur au cours des interventions primaires souvent alors appelées primo-secondaires".

Il s'agirait de découpler l'équipe d'intervention du Smur, composée d'un infirmier et d'un médecin, après la prise en charge du patient sur le terrain, si la situation clinique et paraclinique du patient le permet.

Le transport paramédicalisé est confié à l'infirmier Smur tandis que "le médecin reconstitue alors dès que possible une équipe Smur complète et regagne la structure d'urgence dont il dépend".

"Selon les ressources locales, l'existence de moyens TIH, les relations avec le Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et les transporteurs, des variantes organisationnelles sont possibles pour décliner cette tactique", note le rapport.

Dans le cadre des interventions primaires, le rapport ouvre la possibilité de mettre en place des équipes médicales précurseurs à l'intervention du Smur si celui-ci se trouve à plus de 30 minutes, à l'image des médecins correspondants du Samu (MCS), pour réduire les inégalités territoriales d'intervention des Smur.

gl/ab/APMnews

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Ceux qui veulent lire le rapport, c'est ici

Re: Articles sur la santé

Posté : dim. déc. 22, 2019 1:56 pm
par Arnaud BASSEZ
Alors que l'on devait harmoniser les choses et les simplifier, alors que nous sommes le seul pays d'Europe à avoir plusieurs numéros d'urgence quand les autres n'en n'ont qu'un, le 112, le couple Mesnier/Carli, nous sort le 113, un énième nouveau numéro du service d'accès aux soins

Le contenu du service d'accès aux soins (SAS) vient d'être rendu public dans la deuxième partie du rapport Carli/Mesnier, selon les informations du Quotidien du médecin le 19 décembre dernier. Son déploiement prévu pour l'été 2020 sera financé à hauteur de 78,8 à 96,9 millions d'euros. Cette nouvelle plateforme téléphonique fondée sur "un partenariat équilibré entre libéraux et professionnels de l'urgence hospitalière" fonctionnera 24 heures/24 et 7 jours/7 et aura pour objectif de désengorger les urgences. L'architecture du dispositif reposera sur l'urgence médicale ou l'urgence santé gérée par le Samu d'une part et sur l'aide médicale urgente et les soins ambulatoires non programmés d'autre part. En plus du 15 du Samu vient s'ajouter le 113 "dédié à la santé allant de l'urgence médicale au conseil médical en passant par toutes les possibilités de réponses aux besoins des patients". Côté organisationnel, sous la présence d'un superviseur, des assistants de régulation médicale (ARM) "en position de front office" recevront les appels en rotation toutes les quatre heures. Jugeant "illusoire d'imaginer que le nombre de médecins volontaires sera suffisant pour être présents au sein de la plateforme SAS 24/24", les deux rapporteurs préconisent le développement d'une régulation déportée au sein des cabinets médicaux, "voire en dehors des heures ouvrables du domicile de certains généralistes volontaires". Sur le volet Smur, pour éviter que les Smur ne deviennent les taxis de l'hôpital, dès 2020 seront généralisés les transports interhospitaliers pour transférer les patients entre les établissements. Ces TIIH seront aussi équipés d'outils de télémédecine afin de rentrer en contact plus facilement avec le médecin régulateur du Samu-centre 15 et le Smur.

source decision-sante.com

Re: Articles sur la santé

Posté : mar. déc. 31, 2019 7:16 pm
par Arnaud BASSEZ
Soignants. La pénibilité au travail est la plus élevée dans la fonction publique hospitalière (Dares)

PARIS, 26 décembre 2019 (APMnews) -

La pénibilité au travail déclarée par les salariés est plus élevée dans la fonction publique hospitalière (FPH) que dans les autres versants et le secteur privé, selon une étude de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, ministère du travail).
L'étude de la Dares, intitulée "Les expositions aux risques professionnels dans la fonction publique et le secteur privé en 2017", a été mise en ligne mardi sur le site du ministère du travail.
Les données présentées sont issues de l'enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) de 2017. Elle a été menée dans les trois versants de la fonction publique et dans le secteur privé, en collaboration avec la direction générale du travail (DGT, inspection médicale du travail) et la direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP).
Les agents et salariés, formant l'échantillon de l'enquête, ont été interrogés par leur médecin du travail ou médecin de prévention pour réaliser l'enquête.

Les expositions aux risques professionnels sont présentées par type de contraintes: physiques, organisationnelles, expositions aux agents biologiques et aux nuisances chimiques, ainsi que risques psychosociaux.
Concernant les risques psychosociaux, les agents de la FPH estiment à 57,7% souffrir d'un "manque de reconnaissance" contre 50,6% en moyenne, tous types d'employeurs confondus. Ils estiment à 18,5% faire face à des "comportements hostiles" (contre 16,6% de moyenne) et à 35,3% être en situation de job strain (stress au travail) avec une "forte demande psychologique et faible latitude décisionnelle" (contre 26,9% de moyenne).
Les hospitaliers sont également les plus exposés aux contraintes organisationnelles avec par exemple:
88,5% des agents "en contact avec le public" dont "69,1% en contact tendu avec le public même occasionnellement" (contre 49,9% de moyenne public et privé confondus)
45,6% qui travaillent "au moins 10 dimanches par an" (20,5% de moyenne)
44,5% qui estiment "devoir toujours ou souvent se dépêcher" (35% de moyenne)
37,2% qui considèrent avoir un "temps insuffisant pour effectuer correctement son travail" (28% de moyenne)
35,1% qui estiment "ne pas avoir un nombre de collègues suffisant pour effectuer correctement son travail" (20,2% de moyenne).
Concernant l'exposition aux agents biologiques, les hospitaliers sont également les plus touchés avec 72,8% exposés "à un ou plusieurs agents biologiques" (contre 24,9% de moyenne). De même pour l'exposition aux agents chimiques avec 57% des agents exposés (contre 32,3% de moyenne).
En ce qui concerne les contraintes physiques, les agents de la FPH sont encore en première ligne avec notamment 82,7% qui estiment subir des "contraintes posturales et articulaires" (contre 71,5% tous types d'employeurs confondus), 53,5% qui font de la "manutention manuelle de charges" (34,3% de moyenne) et 31,1% dans des "situations avec contraintes visuelles" (30% de moyenne).
La ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a fait valoir mi-décembre que la reconnaissance de la pénibilité serait une "avancée sociale majeure" pour la FPH (cf APM SAN8Q2KCHK), dans le cadre de la réforme des retraites.
Elle doit rencontrer les centrales syndicales mardi 7 janvier pour aborder notamment la pénibilité (cf APM SYL5Q30C6F).
Dares, Les expositions aux risques professionnels dans la fonction publique et le secteur privé en 2017

syl/nc/APMnews

Re: Articles sur la santé

Posté : jeu. janv. 09, 2020 7:52 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 08/01/2020
Moins de transfusions pour les traumatisés grâce à la vasopressine arginine

Aux États-Unis, les traumatismes constituent la principale cause de décès chez les personnes âgées de moins de 45 ans, les hémorragies représentant 72 % de la mortalité dans les 24 heures suivant la blessure. Bien que la réanimation liquidienne (dont les produits sanguins) demeure la pierre angulaire des soins, le remplacement volumique vigoureux peut entraîner des complications graves : coagulopathie, lésions pulmonaires, syndrome du compartiment abdominal. De plus, l’hémorragie massive perturbe le système neuroendocrinien responsable du maintien du tonus vasomoteur, et un choc prolongé peut conduire à un état d'hypotension réfractaire. D’où l’idée que l'apport d'hormones vasoactives pendant la réanimation pourrait limiter le besoin de transfusions agressives de produits sanguins et diminuer les complications liées à la réanimation.

Sécrétée par l'hypophyse postérieure en réponse à une hyperosmolarité ou une hypotension, la vasopressine arginine (VA) a été largement utilisée comme vasopresseur. Elle serait essentielle pendant un choc hémorragique avec la libération rapide de 10 % à 20 % des réserves totales de VA par l'hypophyse au début de la perte sanguine. Mais la sécrétion de VA diminue avec le temps, malgré une stimulation persistante et de faibles taux sont associés à une hypotension résistante aux catécholamines avec carence pendant les 48 premières heures de la réanimation, d’autant que la VA est perdue en même temps que le sang.

L’apport de petites doses d’arginine vasopressine réduit-il les besoins transfusionnels chez les patients traumatisés en état de choc hémorragique durant leur réanimation ? Question à laquelle s’est proposé de répondre un essai clinique monocentrique, randomisé, à double insu, contrôlé par placebo, portant sur des patients adultes traumatisés (âgés de 18 à 65 ans) ayant reçu au moins 6 unités de produits sanguins dans les 12 heures suivant leur blessure, essai mené du 1er mai 2013 au 31 mai 2017. Les critères d'exclusion comprenaient la réanimation cardiorespiratoire pré-hospitalière, la thoracotomie au service des Urgences, l'utilisation de corticostéroïdes, l'insuffisance rénale chronique, une coronaropathie, des lésions cérébrales traumatiques nécessitant une intervention neurochirurgicale, la grossesse et l'administration de VA avant l’inclusion.
Besoin en produits sanguins diminué de 1,4 litre en moyenne
Après l'administration d'un bolus de VA (4 unités) ou d'un placebo, les participants ont reçu la VA (≤ 0,04 U/min) ou un placebo pendant 48 heures afin de maintenir une pression artérielle moyenne d'au moins 65 mm Hg. Le critère d’évaluation principal était la mesure du volume total de produits sanguins transfusés. Les critères d'évaluation secondaires étaient la mesure des volume totaux de cristalloïdes et de vasopresseurs perfusés, les complications secondaires et la mortalité à 30 jours.

Cent blessés ont été inclus (49 dans le groupe, 51 dans le groupe placebo), essentiellement jeunes (âge médian, 27 ans et masculins (n = 93) avec traumatismes pénétrants (n = 79). Les caractéristiques des cohortes avant randomisation étaient comparables. Après 48 heures, les blessés du groupe VA nécessitaient beaucoup moins de produits sanguins (médiane, 1,4 [IQR, 0,5-2,6] vs 2,9 [IQR, 1,1-4,8] L ; p = 0,01) mais sans différence pour ce qui est des volumes de solutés cristalloïdes (médiane, 9,9 [IQR, 7,9-13,0] vs 11,0 [8,9-15,0] L ; p = 0,22) ou vasopresseurs (médiane, 400 [IQR, 0-5900] vs 1400 [IQR, 200-7600] unités équivalent ; p = 0,22). Bien que les taux de mortalité (6 sur 49 [12 %] vs 6 sur 51 [12 %] ; p = 0,94) et de complications totales (24 sur 44 [55 %] vs 30 sur 47 [64 %] ; p = 0,37) aient été semblables, le groupe VA a présenté moins de thromboses veineuses profondes (5 sur 44 [11 %] vs 16 sur 47 [34 %] ; p = 0,02).

Lors de la réanimation de patients traumatisés en état de choc hémorragique, la supplémentation en arginine vasopressine diminue notablement le volume de produits sanguins transfusés dans le 48 premières heures (moins 1,4 litres en moyenne), sans augmenter le taux de survenue des complications.

Simple, prometteur et à confirmer.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Sims CA, Holena D, Kim P, Pascual J, Smith B, Martin N, Seamon M, Shiroff A, Raza S, Kaplan L, Grill E, Zimmerman N, Mason C, Abella B, Reilly P : Effect of Low-Dose Supplementation of Arginine Vasopressin on Need for Blood Product Transfusions in Patients With Trauma and Hemorrhagic Shock: A Randomized Clinical Trial. JAMA Surg. 2019 ; publication avancée en ligne le 28 août. doi: 10.1001/jamasurg.2019.2884.

source jim.fr

Re: Articles sur la santé

Posté : jeu. janv. 16, 2020 3:09 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 06/01/2020
Avec moins de 3 mn entre les doses d’adrénaline, le pronostic de l’arrêt cardiaque est meilleur !

Aux États-Unis, chaque année, les services médicaux d'urgence prennent en charge 300 000 arrêts cardiaques extra-hospitaliers (ACEH) chez des adultes. Or depuis plus de 50 ans, l’adrénaline est l’un des piliers du traitement des arrêts cardiaques, car elle augmente la perfusion coronarienne pendant le massage cardiaque. La posologie recommandée est de 1 mg toutes les 3 à 5 minutes, basée uniquement sur l'opinion d'experts, sans autres preuves. Des intervalles de temps plus courts entre deux administrations d’adrénaline sont-ils associés à un meilleur devenir des patients ? Le sujet est d’importance pour les personnes en rythme cardiaque non choquable dont le taux de survie est très faible, et pour lesquels peu de traitements efficaces et éprouvés sont disponibles, mis à part des compressions thoraciques précoces et de bonne qualité.

A partir d’une analyse secondaire de l'essai sur les compressions thoracique continues (Resuscitation Outcomes Consortium), ont été identifiés des patients traités avec deux ou plus de deux doses d'adrénaline. L'intervalle de temps moyen entre deuxième et première dose d’adrénaline, a été défini comme la durée de la réanimation divisée par la dose totale d’adrénaline. Les intervalles de temps entre les doses ont été classés comme étant inférieurs à 3 mn, de 3 à 4 mn, 4 à moins de 5 mn, et supérieur ou égal à 5 mn. L’état neurologique à la sortie de l’hôpital a été considéré comme satisfaisant si le score modifié de l'échelle de Rankin était inférieur ou égal à 3.
Taux de survie avec un état neurologique satisfaisant plus faible qand on dépasse trois minutes
Au total 15 909 patients ont été inclus (âge médian 68 ans, intervalle interquartile de 56 à 80 ans), 35 % de femmes, 13 % d’ACEH dans un lieu public, 46 % de RCP par un témoin, 19 % avec un rythme initial choquable). L'intervalle médian d’administration de l’adrénaline a été de 4,3 minutes (intervalle interquartile de 3,5 à 5,3 minutes). Le taux de survie avec un état neurologique satisfaisant a été de 4,7 %. Comparativement à l'intervalle de temps de référence de moins de 3 minutes, des intervalles de temps entre deux administrations d’adrénaline plus longs ont été associés à un taux de survie avec état neurologique satisfaisant plus faible : intervalle de 3 à moins de 4 minutes, Odds Ratio OR ajusté 0,44 (intervalle de confiance à 95 % 0,32 à 0,60) ; 4 à moins de 5 minutes, OR ajusté 0,26 (intervalle de confiance 95 % 0,18 à 0,36) et plus de 5 minutes, OR ajusté 0,21 (intervalle de confiance 95 % 0,15 à 0,30).

Bien que s’agissant d’une analyse secondaire et rétrospective d’un autres essai, cette série très importante d'arrêts cardiaques survenus en dehors de l'hôpital, montre qu’il convient de répéter les doses de 1 mg d’adrénaline à intervalle de moins de 3 minutes, si l’on veut (modestement) influer sur le taux de survie sans complications neurologiques. Vu le très mauvais pronostic des ACEH, tout nous semble bon à prendre. A essayer, d’autant qu’aucune autre étude ne viendra étayer ou infirmer celle-ci avant des lustres.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Grunau B, Kawano T, Scheuermeyer FX, Drennan I, Fordyce CB, van Diepen S, Reynolds J, Lin S, Christenson J : The Association of the Average Epinephrine Dosing Interval and Survival With Favorable Neurologic Status at Hospital Discharge in Out-of-Hospital Cardiac Arrest. Ann Emerg Med., 2019; 74(6):797-806. doi: 10.1016/j.annemergmed.2019.04.031.

Copyright jim.fr


Retrouvez le sujet de l'arrêt cardio respiratoire sur le site

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Publié le 13/01/2020

Corriger une carence martiale, même en l'absence d'anémie, avant toute chirurgie cardiaque

La carence martiale (ferritine <100 μg/L) est fréquente chez les patients candidats à une chirurgie cardiaque. Quelles sont ses conséquence avec ou sans anémie concomitante, sur le résultat de l’intervention ?
Dans cette étude observationnelle prospective, 730 patients bénéficiant d’une chirurgie cardiaque élective ont été répartis en quatre groupes selon leur statut martial et la présence ou non d’une anémie. La mortalité, les événements indésirables graves (EIG), les événements cardiaques et cérébrovasculaires majeurs, les besoins en transfusion sanguine et la durée du séjour à l'hôpital ont été évalués à J90. L'effet de la carence martiale a tout d'abord été calculé dans des modèles ajustant uniquement pour l'anémie, puis dans deux modèles multivariés ajustant pour l'anémie soit sur l'EuroSCORE II, soit sur tout autre facteur confondant.
De nombreuses conséquences néfastes
La carence martiale a été associée à une augmentation de la mortalité à J90, de 2 à 5 % chez les patients non anémiques et de 4 à 14 % chez les patients anémiques. La régression logistique a donné un rapport de côtes de 3,5 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 % : 1,5-8,4 ; p = 0,004). L'effet a persisté dans les deux modèles multivariés. De plus, la carence martiale a été associée à une incidence accrue d'EIG, d’événements cardiaques et cérébrovasculaires majeurs, de transfusions et à des séjours prolongés à l'hôpital.

Parmi les limites de cette étude, soulignons la limite de la concentration de ferritine sérique (<100 μg/L) qui ne permet pas d’exclure formellement l’existence d’un processus inflammatoire sous-jacent infraclinique confondant, comme il en existe souvent chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque ou bénéficiant d’une chirurgie cardiaque. De plus, le dosage de l'hépcidine plasmatique n'était pas réalisable en 2014, lorsque l'étude a débuté. Il s’agit là d’une voie de recherche prometteuse car des études récentes ont révélé que l'hépcidine plasmatique est un indicateur de la carence martiale avec des valeurs élevées corrélées avec la mortalité. Par contre, la conception prospective de l’étude a permis d'accroître l'exhaustivité et l'exactitude de la collecte de données (99 %) et a contribué à réduire les facteurs confondants. De plus, le suivi était suffisamment long pour détecter les événements après la sortie de l'hôpital.
Dépistez, il en restera toujours quelque chose
Ces résultats soulignent l'importance du dépistage préopératoire de la carence martiale et de son traitement, même en l'absence d'anémie, dans l’optique d'un programme complet de gestion du sang des patients, et soulignent son importance comme sujet de recherche en chirurgie cardiaque.


Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Rössler J, Schoenrath F, Seifert B, Kaserer A, Spahn GH, Falk V, Spahn DR.Iron deficiency is associated with higher mortality in patients undergoing cardiac surgery: a prospective study. Br J Anaesth. 2020; 124(1): 25-34. doi:10.1016/j.bja.2019.09.016.



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De plus en plus d’accidents avec les trottinettes électriques
Les trottinettes électriques sont un mode de déplacement rapide et pratique, en pleine vogue urbaine aux États-Unis et en Europe. Mais quelles sont les tendances en matière de blessures et d'hospitalisation générées par ce nouveau moyen de transport ?

Le National Electronic Injury Surveillance System (NEISS) répertorie au niveau national les blessures traitées dans les services d'urgence des États-Unis. Un plan d'échantillonnage complexe a permis d’extrapoler à la population américaine le nombre de blessures et d'admissions à l'hôpital entre 2014 et 2017.
Une traumatologie galopante
Il y a eu une augmentation très forte du nombre de blessures et d’admissions de 2017 à 2018 associées à l'utilisation des trottinettes électriques. Au cours de la période d'étude, un total pondéré de 39 113 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 %, 28 151-50 074) blessures a été dénombré. L'incidence des blessures ajustée selon l'âge pour 100 000 a augmenté de façon significative de 222 %, passant de 6 (IC 95 %, 3-9) à 19 (IC à 95 %, 6-32) (p = 0,01). A également été notée une augmentation de 365 % des hospitalisations ajustées selon l'âge, soit de 0,4 (IC 95 %, 0-1,0) à 1,8 (IC à 95 %, 0-3,6) (p = 0,39). Trente-six pour cent des blessés pendant la période à l'étude étaient des femmes.

Au cours de la période étudiée, les hôpitaux urbains ont reçu la plus forte proportion de patients (78 % ; IC 95 %, 68-85) comparativement aux hôpitaux ruraux (20 % ; IC 95 %, 13-29) et aux hôpitaux pour enfants (2 % ; IC 95 %, 1-4).
Et la tête, alouette…
Bien que l'incidence des blessures ait augmenté au cours de la période à l'étude, le taux pour les différentes localisations est resté stable. En 2018, 4 707 des 14 651 blessures concernaient la tête (32 % ; IC, 95 %, 26-38). La fréquence des blessures aux membres supérieurs et inférieurs a augmenté, passant de 1 083 (IC 95 %, 537-1629) à 3 747 (IC 95 %, 1 720-5775) (p = 0,27) et de 1 721 (IC 95 %, 1 012-2430) à 4 707 (IC 95 %, 2 369-7044) (p = 0,67), respectivement. Les blessures les plus courantes pendant la période à l'étude étaient les fractures (27 % ; IC à 95 %, 23-31), les contusions et les écorchures (23 % ; IC à 95 %, 20-28) et les lacérations (14 % ; IC à 95 %, 12-18).

La proportion de blessures chez les 18 à 34 ans a augmenté de 185 %, passant de 582 sur 4 582 (13 % ; IC à 95 %, 4-31) à 5 309 sur 14 651 (36 % ; IC à 95 %, 25-50) (p< 0,001). Le nombre des admissions chez les 18 à 34 ans a également augmenté de 354 %, passant de 30 sur 313 (10 % ; IC 95 %, 2-40) à 599 sur 1374 (44 % ; IC 95 %, 20-70) (P = 0,02). A également été observée une augmentation significative des blessures chez les personnes de moins de 18 ans, mais la proportion globale par rapport aux autres groupes d'âge a diminué de 34 % au cours de la période d'étude.
Les 18 à 34 ans sont les plus exposés
Bien qu’elle ne recense pas les conduites sous l’influence de l’alcool ou d’autres drogues courantes aux États-Unis et sans casque (une étude de 2019 a révélé que seulement 4,8 % des conducteurs de trottinettes électriques blessés portaient un casque), cette enquête confirme une tendance également observée en France, à savoir une augmentation significative du nombre des blessures et des admissions entre 2014 et 2018, particulièrement au cours de la dernière année, les personnes âgées de 18 à 34 ans devenant le groupe le plus exposé. Particulièrement inquiétant, près d'un tiers des blessés ont subi un traumatisme crânien, soit plus du double du taux de blessures à la tête subies par les cyclistes.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Namiri NK et coll. : Electric Scooter Injuries and Hospital Admissions in the United States, 2014-2018. JAMA Surg., 2020; publication avancée en ligne le 8 janvier. doi: 10.1001/jamasurg.2019.5423.


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Publié le 08/01/2020
Nouveau-nés non vigoureux en liquide méconial : l’aspiration trachéale semble inutile

Le syndrome d’aspiration méconiale (SAM) est un facteur important de morbidité et mortalité néonatale. Sa prévention est centrée sur l’aspiration oro-pharyngée dès que la tête de l’enfant est dégagée mais cette pratique est discutée. L’aspiration endo-trachéale post-natale des nouveau-nés dont le liquide amniotique (LA) était épais ou particulaire mais qui se montraient vigoureux a été abandonnée en raison de l’absence de bénéfice démontré. Elle peut être envisagée pour les enfants non vigoureux mais la procédure peut être traumatique et le bénéfice incertain. Il n’a pas été démontré de différence d’évolution après aspiration de LA épais mais les enfants né à 34-36 semaines pour lesquels le passage de méconium in utero n’est pas rare n’ont pas été concernés par ces études. Pour l’heure, on assiste à une régression pour la pratique de l’aspiration dans les recommandations mais le nombre des études pour étayer cette attitude est réduit.

Des auteurs de l’université de Varanasi (Inde) ont réalisé une étude ouverte randomisée pour évaluer l’efficacité de l’aspiration endotrachéale chez les nouveau-nés non vigoureux nés dans un contexte de LA méconial. Les enfants sélectionnés avaient un âge gestationnel ≥ 34 semaines et étaient « non vigoureux » sur un ou plusieurs critères : apnées, gasps, rythme cardiaque < 100/min, hypotonie. Les critères d’exclusion étaient les malformations et les chorio-amniotites. Les nouveau-nés ont été réanimés en salle de naissance selon les protocoles habituels et avaient une aspiration naso-pharyngée du méconium. La randomisation (en enveloppes scellées) intervenait à ce moment répartissant entre les groupes aspiration endotrachéale ou non. Cette aspiration était pratiquée sous laryngoscopie jusqu’à l’absence de méconium aspiré, généralement à deux ou trois reprises. Ensuite les enfants des deux groupes bénéficiaient d’une réanimation éventuelle identique selon l’état clinique.
Même évolution avec ou sans aspiration
Parmi les 2 997 accouchements durant la période d’étude, 383 enfants sont nés avec un LA teinté et 152 étaient non vigoureux ; après exclusions, 132 cas ont été randomisés ; deux tiers dans chaque groupe étaient en détresse fœtale. Un méconium épais était constaté chez 42,4 % des enfants aspirés et 45,4 % des non aspirés ; respectivement 44 % et 41 % ont eu une tachypnée transitoire. L’incidence du syndrome d’aspiration méconiale a été comparable dans les 2 groupes, respectivement 21/66 (31,8 %) et 15/66 (22,7 %) [Risque relatif 1,4 ; intervalle de confiance à 95 % 0,79-2,47]. Les 2 groupes ne différaient pas par la fréquence des réanimations en salle de naissance, la nécessité d’un support respiratoire et des complications. Le nombre des décès a été comparable : 9 (13,6 %) et 5 (7,5 %) respectivement (NS). La durée médiane d’hospitalisation a été de 54 jours (interquartile 31-141) et 44 jours (26-102) [NS].

En conclusion, l’aspiration trachéale de routine, après une naissance à plus de 34 semaines, n’est pas utile chez les nouveau-nés non vigoureux avec un liquide amniotique teinté pour prévenir le syndrome d’inhalation méconiale.

Pr Jean-Jacques Baudon
Référence
Kumar A et coll. : Endotracheal suctioning for prevention of meconium aspiration syndrome: a randomized controlled trial. Eur J Pediatr., 2019;178:1825-1835.


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Publié le 03/01/2020
Pas besoin de plus de PEEP pour opérer les patients obèses

Jusqu’ à 18 % des opérés obèses présentent des complications respiratoires postopératoires, soit près du double des patients à poids normal ou en surpoids modéré. Des adaptations de la ventilation mécanique per opératoire, telles que l’utilisation d’un volume courant faible, d’une pression positive télé expiratoire minime (PEEP), couplée à des manœuvres de recrutement alvéolaire ont démontré leur efficacité chez des opérés non obèses, réduisant le risque de complications postopératoires majeures, tant pulmonaires qu’extra pulmonaires. L’obésité est, pour sa part, également associée à un risque accru d’atélectasies, d’altérations de la fonction respiratoire en cours d’anesthésie. Le recours à un haut niveau de PEEP, couplé à des manœuvres de recrutement alvéolaire, a été proposé à titre préventif pour ce type de patients mais le bénéfice réel de ces mesures reste incertain.
PEEP élevé avec manœuvres de recrutement alvéolaire vs PEEP faible
L’essai PROBESE (Protective Intra Operative Ventilation with Higher vs Low Levels of Positive End-Expiratory Pressure in Obese Patients) a été conçu afin de préciser l’efficacité d’une telle stratégie, au cours des 5 premiers jours de la phase postopératoire. PROBESE était un essai interventionnel, randomisé, aveugle, effectué dans des sites traitant plus de 60 patients. Pour être inclus, les patients devaient avoir un indice de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 35 et être candidats à une intervention chirurgicale (sous laparoscopie ou non) d’une durée minimale de 2 heures avec anesthésie générale. Ils devaient également avoir un risque intermédiaire de survenue de complications pulmonaires postopératoires. Étaient exclus de l’essai les patients de moins de 18 ans, ceux ayant subi antérieurement une chirurgie thoracique, ceux ayant déjà été ventilés artificiellement plus de 30 minutes dans les 30 jours précédents, ceux également ayant reçu une chimio ou une radiothérapie dans les 2 mois précédents. Faisaient aussi partie des critères d’exclusion un acte de chirurgie cardiaque ou de neuro chirurgie, la nécessité, en per opératoire, d’un décubitus latéral ou autre, une grossesse ou des comorbidités majeures. La randomisation était centralisée, 1 :1, avec permutation par blocs de 4, 6 et 8, stratifiée selon le site hospitalier des patients.

La ventilation artificielle a compris un volume courant de 7 ml/kg, associé, soit à une PEEP de 12 cm d’eau et à des mesures de recrutement alvéolaire (augmentation pas à pas du volume courant et, si nécessaire du niveau de PEEP jusqu’ à une mise en plateau de la pression entre 40 et 50 cm d’eau), soit à une PEEP faible de 4 cm d’eau. Tous les patients ont reçu une oxygénothérapie de façon à maintenir la saturation périphérique en O2 supérieure à 92 %.

Le paramètre principal étudié était un élément composite des diverses complications postopératoires possibles dans les 5 premiers jours suivant l’acte chirurgical : défaillance respiratoire allant de modérée à sévère, syndrome de détresse respiratoire aiguë, bronchospasme, infiltrats pulmonaires récents, infection, anomalies de la déglutition, épanchement pleural, atélectasie, œdème cardiopulmonaire, pneumothorax. Neuf autres paramètres ont été analysés, dont 3 ayant trait à des évènements de survenue possible en peropératoire. Diverses analyses post hoc ont porté sur la mortalité au 5e jour, les mesures complémentaires rendues nécessaires par une désaturation ou le recours aux drogues vaso actives. Les résultats ont été analysés dans plusieurs sous- groupes pré spécifiés : chirurgie laparoscopique, périphérique ou abdominale supérieure, IMC supérieur à 40, SaO2 de départ à moins de 96 %...

Durant la période allant de Juillet 2014 à Février 2016, ont été inclus et randomisés 2 013 adultes, dont la moyenne d’âge se situait à 48,8 ans (69,9 % étaient de femmes) et dont 90,1 % ont bénéficié d’une intervention de chirurgie abdominale. Le nombre de sites participants était de 77, répartis dans 23 pays. Après exclusions diverses, la cohorte finale inclut, en intention de traiter 1 976 patients et 1 829 en analyse per protocole. Le volume courant moyen délivré a été identique dans les 2 bras. Le niveau de PEEP a été respectivement de 12 cm d’eau (DS : 1,1) vs 4,0 (DS : 0,5). Dans le groupe à niveau de PEEP élevé, des manœuvres de recrutement alvéolaire ont été effectuées chez 95 % de l’ensemble des opérés. Dans l’autre groupe, elles n’ont concerné, en mesure complémentaire de sauvetage, que 11 patients (1,1 %). Comparativement à un bas niveau de PEEP, le haut niveau s’est accompagné d’une augmentation du pic de pression et de la SaO2 avec, parallèlement, diminution de la FiO2.
Même taux de complications postopératoires dans les 5 premiers jours
Des complications pulmonaires dans les 5 premiers jours post opératoires sont survenues chez 211 patients (21,3 %) du groupe PEEP forte et chez 233 patients (23,6 %) de l’autre groupe, soit une différence de -2,3 % (intervalle de confiance à 95 % IC : -5,9 à 1,4 %) ; Risque relatif RR à 0,93 (IC : 0,83-1,04) ; p = 0,23. Parmi ces complications, on note une défaillance respiratoire modérée chez, respectivement, 135 (13,7 %) vs 154 (15,6 %) des opérés, soit une différence non significative. Il en va de même pour les épanchements pleuraux, de l’ordre de 4,3 % vs 2,8 % et pour les autres événements pathologiques répertoriés. Il n’est, également, constaté aucune différence dans les divers sous-groupes pré spécifiés, ni selon les nombreux paramètres secondaires analysés. Toutefois, on relève moins de patients hypoxémiques sous haut niveau de PEEP (5,0 vs 17,6 % ; différence -8,6 % ; IC : -11,1 à 6,1 % ; p < 0,001) et, à contrario, plus d’hypotensions artérielles. Enfin, en analyse post hoc, on ne constate aucune différence dans la mortalité au 5° jour.

Ainsi est-il possible de conclure de ce travail que, chez des patients obèses devant subir une intervention chirurgicale, le recours, en per opératoire, à un haut niveau de PEEP couplé à des manœuvres de recrutement alvéolaire ne réduit pas le taux de complications pulmonaires postopératoires, par comparaison avec l’utilisation d’un faible niveau de PEEP. En théorie, un haut niveau de PEEP et des manœuvres de recrutement pourraient prévenir la survenue d’atélectasies, diminuer la pression motrice et homogénéiser la ventilation. A l’inverse, il existe un risque d’augmentation des contraintes de stress, de perturbations de l’hémodynamique et de gêne au drainage lymphatique des poumons. Des études antérieures avaient montré qu’une PEEP tendait à améliorer la fonction respiratoire durant l’intervention mais peu de données avaient concerné l’évolution postopératoire. Ce travail confirme, sous PEEP, une amélioration de l’oxygénation couplée à une tendance hypotensive durant l’acte chirurgical, sans effet dans les jours suivants, notamment quant à la survenue d’une insuffisance respiratoire, d’incidence égale dans les 2 bras, ni sur la mortalité au 5e jour post opératoire.

Cet essai a plusieurs points forts. L’échantillon des complications postopératoires examiné a été vaste ; les biais, autant que possible, minimisés. La période d’étude a été courte, réduisant les risques de modifications des pratiques cliniques en cours d’étude. Enfin, il a été multicentrique. A l’inverse, à l’évidence, les anesthésistes, en cours d’intervention, n’ont pas procédé en aveugle ; le recrutement alvéolaire a été le fait d’une augmentation progressive du volume courant ; l’essai a été pragmatique, sans tentative de titration de la PEEP pour chaque patient. Enfin, la prise en charge des complications postopératoires ultérieures a été locale et non harmonisée.

En conclusion, pour des patients obèses devant subir une intervention chirurgicale sous anesthésie générale, une stratégie de ventilation mécanique comportant un haut niveau de PEEP et des manœuvres recrutement alvéolaire, comparée à l’utilisation d’une PEEP faible, ne réduit pas l’incidence des complications pulmonaires post opératoires.

Dr Pierre margent
Référence
Bluth T et PROBESE collaborative group : Effect of Intraoperative High Positive End Expiratory Pressure (PEEP) with Recrutement Manoeuvers vs Low PEEP on Post Operatory Pulmonary Complications in Obese Patients. JAMA, 2019 321 (23), 2292-2305

Re: Articles sur la santé

Posté : dim. mars 22, 2020 6:41 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 18/03/2020
Agnès Buzyn déclenche la polémique
Paris, le mercredi 18 mars 2020 – Dans un entretien au Monde publié ce mardi, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn affirme qu’elle avait, dès décembre, alerté Matignon et l’Elysée de la gravité de l’épidémie de coronavirus. Des révélations qui créent la polémique.

« Le risque d’importation du virus depuis Wuhan est pratiquement nul (…), le risque de propagation est très faible ». Ces propos ont été tenus par Agnès Buzyn, à l’époque ministre de la Santé, le 24 janvier dernier, alors qu’aucun cas de coronavirus n’avait encore été détecté en France. Deux mois plus tard, alors que le pays a dû être placé en confinement pour stopper l’épidémie, c’est un tout autre déroulement des faits que l’ancienne ministre a livré à nos confrères du Monde dans une interview publié ce mardi.
Une candidature absurde
Avec une certaine arrogance, elle affirme aujourd’hui qu’elle a « vu la première ce qui se passait en Chine ». Selon sa version des faits, elle aurait alerté le directeur général de la santé dès le 20 décembre dernier (alors que la Chine ne comptait qu’une centaine de cas). Elle avertit ensuite le Président de la République le 11 janvier. Le 30 janvier (6 jours donc après avoir annoncé que le risque épidémique est nul en France), elle aurait indiqué au Premier Ministre que la tenue des élections municipales du 15 mars était impossible.

Pourquoi, alors, avoir accepté de remplacer au pied levé Benjamin Griveaux le 16 février et devenir la candidate LREM à Paris ? L’ancienne ministre s’empêtre dans ses explications. Selon elle, si elle a pleuré lors de son départ du ministère, c’est parce qu’elle savait qu’il y aurait un tsunami et « que les élections n’auraient pas lieu ». « On aurait du tout arrêter, c’était une mascarade » surenchérit Agnès Buzyn (terme de mascarade qu’elle a depuis dit regretter). La ministre se serait donc lancée, en connaissance de cause, dans une campagne vide de sens ? Difficile à croire.
L’union sacrée n’a pas duré
Les révélations de la candidate à la mairie de Paris (qui a terminé ce dimanche en 3ème position avec 17 % des voix) n’ont pas manqué de faire réagir l’opposition. Jean-Luc Mélenchon a ainsi parlé d’ « aveux consternants ». A sa demande, une mission d’information va être créée à l’Assemblée Nationale « sur la gestion et les conséquences de l’épidémie ». Marine Le Pen va encore plus loin : elle parle de « scandale d’État » et n’hésite pas à envisager la saisine future de la Cour de Justice (pour juger Mme Buzyn) voire de la Haute Cour (pour destituer le Président de la République !). L’union sacrée décrétée par Emmanuel Macron n’aura pas duré bien longtemps.

Même dans son propre parti, les mots sont très durs contre Agnès Buzyn. Un de ses collègues critique son « égoïsme forcené » et son attitude « déloyale ». Une autre source gouvernementale explique sans détours que ces « révélations » sont mensongères. « Elle disait qu’il n’y avait pas de risques » explique la source. Interrogé ce mardi soir sur France 2, le Premier Ministre Édouard Philippe n’a pas voulu accabler son ancienne ministre mais a défendu sa gestion de la crise. Il a notamment rappelé qu’il avait, dès le mois de janvier, organisé des réunions ministérielles sur l’épidémie.
Fin de carrière politique ?
Qu’est ce qui a donc bien pu pousser la discrète Agnès Buzyn à faire des révélations si tonitruantes et probablement en partie contraires à la vérité à ce moment si critique pour notre pays ? Le journaliste du Monde qui l’a interviewé évoque les nombreuses larmes de l’ancienne ministre. Mme Buzyn aurait-elle fait un burn-out, craquer sous la pression générée par les élections et l’épidémie ? C’est l’hypothèse émise par beaucoup de médecins.

Ce qu’elle regrette peut-être plus, c’est sans doute de n’avoir pas réellement compris l’ampleur de la catastrophe et d’avoir quitté son poste au moment le plus crucial, pour une élection qui n’intéresse plus personne.

La carrière politique d’Agnès Buzyn vient de voler en éclats, trois ans après avoir débuté.

QH

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Re: Articles sur la santé

Posté : mar. mars 24, 2020 4:54 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 23/03/2020
Mobilisation nationale pour soutenir les professionnels de santé
Paris, le lundi 23 mars 2020 – « Un certain nombre d’entre eux seront touchés, ne nous mentons pas. J’ai une pensée pour eux. Pour ceux de nos collègues qui aujourd’hui, hospitalisés luttent pour leurs vies. Pour leur famille également ». Dans son message diffusé mardi dernier, le président du Conseil de l’Ordre des médecins rappelait le risque très important auquel les praticiens sont exposés face à l’épidémie de Covid-19. Ils redoutaient, en les sachant inévitables, de multiples victimes. Les premières ont été déplorées ce week-end.

Ainsi, le ministre de la Santé a confirmé le décès d’un urgentiste de 68 ans exerçant au centre hospitalier de Compiègne. Le docteur Jean-Jacques Razafindranazy est mort ce samedi au CHU de Lille. Le praticien avait été contaminé début mars et son état s’est rapidement dégradé. L’annonce de son décès a suscité une vague d’émotion importante sur les réseaux sociaux. Hier soir, le président du Collège national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF) a à son tour signalé le décès d’un gynécologue obstétricien de Mulhouse, le docteur Jean-Marie Boeglé. « Passionné, attentionné, gentil et plein d’humour, il nous manque déjà » écrit le professeur Israël Nisand. Ce matin, la liste macabre s’est encore allongée avec l’annonce par le Républicain Lorrain du décès d’un généraliste libéral âgé de 60 ans, qui exerçait dans la petite commune de Lhopital. Ces décès rappellent que la moyenne d’âge des médecins en France les classe parmi les sujets à risque de complications.

Trois soignants en réanimation dans les hôpitaux de l’AP-HP

Combien sont-ils, ces médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes à être aujourd’hui infectés par SARS-CoV-2 ? Interrogé sur ce point ce dimanche soir, alors qu’il était l’invité de l’émission le Grand Jury (LCI, RTL, Le Monde), le ministre de la Santé, Olivier Véran n’a pas donné de réponse précise, préférant se concentrer sur l’hommage rendu au docteur Razafindranazy. Cependant, des informations partielles sont données. Ainsi, le directeur de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué que 490 personnels des établissements franciliens ont été contaminés et trois sont aujourd’hui pris en charge en réanimation.

Soutien psychologique et logistique

Difficile de ne pas répéter que cette situation impose une nouvelle fois de garantir à l’ensemble des soignants une quantité suffisante d’équipements de protection individuels (EPI) et d’autre part d’élargir les pratiques de dépistage, afin que tous les professionnels de santé puissent y avoir accès.

Parallèlement on constate une multiplication des mesures destinées à soutenir les soignants. Ainsi, la plateforme et le réseau Soins aux professionnels de santé, dédiés au repérage et à la prise en charge de la souffrance psychologique des soignants rappelle la mobilisation continue de ses services en cette période. Les 100 psychologues de l’organisation Pro Consulte restent accessibles au 0 805 23 23 36, tandis que peut également être téléchargée l’application mobile Asso SPS. Dans le même temps, les 1 000 psychologues, médecins, généralistes et psychiatres de la plateforme SPS peuvent assurer consultation et téléconsultation. Qu’il s’agisse de soutien psychologique ou de répondre à des questions diagnostiques ou logistiques, l’Ordre des médecins a également mis en place un numéro d’écoute spécifique accessible au 0800 288 038. Les dispositifs déployés pour soutenir les personnels de santé concernent également la facilitation de leur déplacement : l’Ordre des médecins a ainsi obtenu que la présentation de sa carte professionnelle puisse remplacer l’attestation dérogatoire de déplacement, tandis que la SNCF et la RATP ont annoncé le déploiement de lignes de train et de bus spécifiques pour assurer les transports des infirmiers, médecins, aides-soignants…

Préparation intense en Ile de France

Cette mobilisation s’organise alors que l’épidémie continue à progresser et que de nouvelles régions se préparent à devoir affronter un afflux de cas comparable à celui constaté dans le Grand-Est. Le dernier bilan communiqué hier fait état de 674 morts de 16 018 personnes testées positives (mais on le sait le nombre de personnes infectées est bien plus élevé). Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon a alerté : « La situation va continuer de s'aggraver ces prochains jours avant que les effets du confinement strict ne fasse ralentir l'épidémie ». Le virus circule intensément dans huit régions, dont l’Alsace. En Ile-de-France, les hôpitaux ont été confrontés à une augmentation du nombre de patients hospitalisés ces dernières 48 heures. Cependant, « Nous ne sommes pas à saturation, et continuons à essayer de faire en sorte que nous soyons plus rapides pour ouvrir des places que le virus, qui pourtant est redoutablement rapide », a indiqué hier soir le patron de l’AP-HP, Martin Hirsch. Pour renforcer encore la préparation des établissements, l’Agence régionale de Santé (ARS) et l’AP-HP ont mis en place la plateforme internet www.renforts-covid.fr pour permettre à « toute personne travaillant ou ayant travaillé dans le domaine de la santé » de se porter volontaire.

Faites appel à nous

En Ile-de-France comme ailleurs, le recensement des moyens disponibles ne doit pas méconnaître les capacités des établissements privés. Dans un communiqué publié hier, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) lance un mot d’ordre simple : « Faites appel à nous ». Si le manque de matériel de protection dans certains établissements est encore un frein à leur participation, la FHP déplore que « dans plusieurs régions, y compris parmi les plus touchées, des lits de réanimation et de soins critiques dans les cliniques restent vides ou sous-occupées ». Ainsi, dans le Grand-Est, ce samedi, alors que les hôpitaux privés compteraient 70 places disponibles, ces derniers n’avaient pas encore été « tous sollicités ».

Aurélie Haroche

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Publié le 23/03/2020

Le Parlement adopte la loi sur l’état d’urgence sanitaire

Paris, le lundi 23 mars 2020 – Après seulement quatre jours de débat et de travail en commission, le Parlement a adopté la loi qui permettra au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.

Rarement une loi aussi importante aura été adoptée aussi rapidement sous la Vème République. Quatre jours seulement après son dépôt par le gouvernement, le projet de loi d’urgence de lutte contre l’épidémie de Covid-19 a été adopté définitivement par le Parlement ce dimanche.

Au Sénat dans l’après-midi puis à l’Assemblée Nationale dans la soirée, les parlementaires ont voté à main levée dans des hémicycles presque vides, en raison des risques sanitaires. Seul LFI et le PCF ont voté contre, en opposition à certaines mesures sociales du texte.

Le Conseil Constitutionnel n’ayant pas été saisi, la loi entrera en vigueur dès ce lundi.

La France en état d’urgence sanitaire pour deux mois

La disposition phare de la loi est la mise en place d’un état d’urgence sanitaire. Une procédure qui donne un cadre juridique aux mesures prises par l’exécutif depuis une semaine, puisque qu’elle autorise le gouvernement à prendre diverses décisions attentatoires aux libertés pour lutter contre la propagation d’une épidémie, comme la fermeture des lieux publics ou le confinement de la population. Ces restrictions peuvent faire l’objet d’un recours devant le juge administratif. Leur violation est punie d’amendes et, en cas de récidives multiples, de 6 mois d’emprisonnement.

L’état d’urgence sanitaire entraîne également la mise en place d’un comité scientifique, dont les membres sont nommés par le Président de la République et les présidents des assemblées. Décrété par le gouvernement, l’état d’urgence sanitaire doit être prolongé par une loi au bout d’un mois en principe. Exceptionnellement, la loi a décrété en l’espèce un état d’urgence de deux mois.

Entorses au droit du travail

La loi habilite également le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures économiques d’aides aux entreprises. L’exécutif pourra ainsi notamment adapter le droit du travail, en permettant aux employeurs de limiter les congés de leurs employés et de déroger aux lois sur la durée du travail. Les professionnels et commerçants pourront également reporter ou échelonner les échéances de loyers, d’eau, de gaz et d’électricité.

Le Parlement a par ailleurs adopté ce vendredi une loi de finances rectificative qui prévoit un plan d’urgence de 6,25 milliards d’euros pour financer le dispositif exceptionnel de chômage partiel et la mise en place d’une garantie bancaire de l’Etat de 300 milliards d’euros.
Annulation possible du 1er tour des élections municipales
Enfin, la loi tranche la question des élections municipales. Il est prévu que le 2ème tour des élections aura lieu en juin, à une date fixée par décret au plus tard le 27 mai. Si, en raison de la situation sanitaire, le 2ème tour ne pouvait avoir lieu en juin, les électeurs seront convoqués pour les deux tours à une date ultérieure. Hormis dans les villes où le conseil municipal a été élu dès le 1er tour, dont les résultats sont acquis, le 1er tour et le vote de millions de Français seraient donc annulés.

QH

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Publié le 23/03/2020

Le Conseil d’Etat demande à l’exécutif de mieux définir les contours du confinement

Paris, le lundi 23 mars 2020 - Dans son interview accordée au Journal du Dimanche, le président de la République a affirmé que la crise épidémique actuelle était un « test pour la solidité de notre démocratie ».

Alors que le pouvoir exécutif joue son rôle, et que le pouvoir législatif continue ses activités, l’arrêt rendu par le Conseil d’Etat est une illustration supplémentaire du fait que, même dans des temps troublés, la séparation des pouvoirs reste un principe fondamental de notre Etat de droit.
Une demande de confinement total au nom du « droit à la vie »
Le 19 mars, le syndicat Jeunes Médecins a saisi le juge des référés du Conseil d’État sur le fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative. Cette procédure d’urgence permet, en temps habituel, de demander au juge de prendre une mesure nécessaire « à la sauvegarde d’une liberté fondamentale si l’administration y porte atteinte de manière grave et illégale ».

Les demandeurs estiment que les mesures de confinement actuellement appliquées par le gouvernement ne permettent pas de sauvegarder « le droit à la vie », liberté fondamentale consacrée par l’article 2 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Pour mettre fin à ce qu’ils estiment être une atteinte à ce droit, le syndicat demande donc « un confinement total de la population », qui passerait par la mise en place de mesures visant à l’interdiction totale de sortir de son lieu de confinement (sauf autorisation délivrée par un médecin), l’arrêt des transports en commun, l’arrêt des activités professionnelles « non vitales » et l’instauration d’un ravitaillement de la population.

Le syndicat demande également que le gouvernement prenne « des mesures propres à assurer la production à échelle industrielle de tests de dépistage » à destination notamment des personnels médicaux.

Une demande rejetée

Le Conseil d’État rappelle dans un premier temps que, conformément aux dispositions du Code de la santé publique, il appartient aux autorités de prendre toute mesure de nature à prévenir ou limiter les effets d’une épidémie.

Pour rejeter la demande de confinement total de la population, le juge a fait le choix de raisonner par la conséquence. Tout d’abord, il rappelle que les mesures de confinement ne sont pas définitives, et sont d’ores et déjà susceptible d’évolution (après consultation du comité scientifique).

Mais surtout, le Conseil d’État refuse de faire droit à la demande de confinement total ainsi formulée, estimant que celle-ci est difficilement réalisable (sauf à constituer une rupture d’égalité devant la loi).

Plus particulièrement, la juridiction estime que « le confinement total de la population dans certaines zones ne peut être envisagé » étant donné que « le ravitaillement à domicile de la population » est en l’état irréalisable.

La demande de confinement total est donc rejetée.
Des mesures nécessaires mais imprécises
Concernant l’état actuel des mesures de confinement, le Conseil d’État estime que si l’esprit des arrêtés ministériels et du décret du 16 mars 2020 permet de satisfaire à l’obligation de salubrité publique, l’interprétation des règles est susceptible de révéler des carences fautives de l’État.

Plus précisément, le Conseil d’État estime que les cas de dérogation au confinement sont entendus de manière beaucoup trop large.

Plusieurs cas sont mis en avant.

Tout d’abord, le décret autorise, sans autre précision quant à leur degré d’urgence, les « déplacements pour motif de santé ».

Deuxièmement, si le décret autorise les « déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l'activité physique individuelle des personnes », cette interdiction est pour le Conseil d’État entendue de manière trop large. Le Conseil pointe notamment du doigt le fait que cette interdiction « rend possible des pratiques sportives individuelles telles le jogging ». Or, en l’état, aucune précision n’est formulée sur le temps de déplacement, la fréquence, ou la proximité avec le domicile…

Enfin, le juge estime que le fonctionnement actuel des marchés ouverts « sans autre limitation que l’interdiction des rassemblements de plus de cent personnes » semble autoriser à l’heure actuelle « des déplacements et des comportements contraires à la consigne générale » de respect des mesures de distanciation sociale.

Le juge demande donc au gouvernement de prendre, dans les 48 heures, des mesures pour préciser la portée des dérogations de sortie en matière de santé et d’exercice d’une activité physique, et d’évaluer les risques du maintien des marchés ouverts.

Un test réussi

En ouverture de l’audience, le président Combrexelle a rappelé la solennité du moment : « en dépit de la crise sanitaire, la justice est une institution de la République et il est impératif qu’une telle audience puisse avoir lieu ». Le débat démocratique, contradictoire, juridique et scientifique est indiscutablement la preuve que notre système judiciaire reste un contre-pouvoir efficace.

C.H.

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Publié le 23/03/2020

Le coronavirus influe aussi sur le don du sang et d’organes

Paris, lundi le 23 mars 2020 – La collecte de sang et les transplantations d’organes doivent s’adapter à l’épidémie de coronavirus, avec des réponses différentes selon les situations et l’urgence pour les receveurs.

« La collecte de sang doit absolument se poursuivre » a rappelé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS) ce mercredi. « Elle ne peut être interrompue pendant la période de confinement ». Selon l’Etablissement français du sang (EFS), les réserves actuelles de globules rouges sont de moins de 15 jours et celles de plaquettes de moins de 3 jours. « Le SARS-Cov-2 est un virus respiratoire qui n’est pas présent dans le sang selon l’état actuel des connaissances » rappelle l’EFS.

Pas de tests pour les donneurs de sang

Considérés comme des lieux publics indispensables, les lieux de collecte de sang restent ouverts et les Français peuvent s’y rendre en remplissant une déclaration sur l’honneur indiquant qu’ils vont donner leur sang. La collecte a été adaptée à la situation : les médecins et infirmiers portent des masques et les donneurs sont placés à un mètre l’un de l’autre.

L’interrogatoire pré-don est renforcé pour détecter tous signes évocateurs d’une infection au SARS-CoV-2 chez le donneur ou son entourage. Mais il est impossible, en pratique, de tester tous les donneurs par PCR. Le don sera refusé dès lors que le donneur présente des symptômes grippaux. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande d’exclure du don pendant 28 jours toute personne ayant été en contact avec un cas suspect ou avéré de Covid-19.

Les greffes non-urgentes reportées

S’agissant des greffes d’organes, l’HCSP distingue deux situations. Lorsque la greffe n’est pas urgente et peut être différée, elle doit être reportée sine die jusqu’à la fin de la crise sanitaire. C’est notamment le cas pour les greffes rénales à partir d’un donneur vivant, où le risque de contamination pour le receveur serait trop important selon l’Agence de biomédecine.

Si la greffe est urgente, elle doit être maintenue. Le donneur vivant doit alors être testé. Pour un donneur décédé, « la conduite à tenir est fonction de la disponibilité des résultats des tests » selon la recommandation de l’HCSP. Même en l’absence de disponibilité des résultats, greffe de cœur ou de foie peuvent être maintenues.

Enfin, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommande de suspendre la collecte de selles dans le cadre des transplantations fécales. Le SARS-Cov-2 a en effet été retrouvé dans les selles de certains patients (voir notre article de ce jour Covid-19 : des symptômes digestifs près d’une fois sur deux… ), sans que l’on sache encore si une transplantation de selles infectées présente des risques pour le receveur. Par mesures de précaution, seules les transplantations urgentes sont maintenues et seulement avec des selles collectées avant le 30 janvier dernier.

QH

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Publié le 22/03/2020

L’Europe désunie face à la pandémie

Prague, le dimanche 22 mars 2020 – La République Tchèque a reconnu avoir saisi une cargaison de masques et de respirateurs provenant de Chine et à destination de l’Italie. Une nouvelle manifestation du manque de cohésion des pays européens face à l’épidémie de coronavirus.

« In varietate concordia » (unie dans la diversité). La devise de l’Union Européenne n’a jamais été autant nécessaire et aussi peu respecté qu’en ces temps d’épidémie. Alors que les appels à la solidarité se multiplient de la part des instances de l’Union, la règle du chacun pour soi règne entre les partenaires européens. Dernière illustration de la désunion, la République Tchèque a « volé » une cargaison de respirateurs et de masques de protection à destination de l’Italie.

La Tchéquie fait son mea culpa

Ce vendredi, les autorités tchèques ont en effet reconnu avoir saisi 700 000 masques ainsi que des respirateurs, envoyés par la Croix rouge de la région chinoise de Zhejiang à destination de l’Italie. Le ministre de l’Intérieur tchèque a fait son mea culpa et évoque un malentendu : les douaniers tchèques auraient cru que cette aide humanitaire avait été importé illégalement par des entreprises locales.

Les masques ont déjà été distribués dans les hôpitaux du pays, qui compte pour l’instant environ 1 000 personnes testés positif au SARS-Cov-2. En « compensation », la Chine a envoyé une nouvelle cargaison de 1 000 000 masques…qui atterrira directement en Italie cette fois ci.
« Pas un bon signe pour la solidarité européenne »
Cette affaire n’est qu’une des illustrations parmi d’autres des réflexes nationalistes qui se réveillent chez les États membres de l’Union, alors qu’il n’existe pas de politique européenne commune en matière de santé. De nombreux pays, notamment d’Europe de l’Est, ont suspendu les accords de Schengen et ont fermé les frontières. D’autres États, dont l’Allemagne, ont décidé d’interdire l’exportation de matériel médical vers des pays membres, au mépris des règles européennes et malgré les protestations de la Commission.

L’ambassadeur italien auprès de l’Union Européenne Maurizio Massari a déploré le 11 mars dernier qu’aucun pays européen n’avait répondu à l’appel de la Commission de venir en aide aux Italiens et que seul la Chine avait accepté de leur fournir du matériel médical. « Ce n’est pas un bon signe pour la solidarité européenne a-t-il conclu ».

La Chine et Cuba à la rescousse

Une lueur d’espoir tout de même : la région allemande du Bade-Wurtemberg, encore peu touchée par l’épidémie, s’est dite prête à accueillir des patients français pour soulager les hôpitaux de l’Est de la France, actuellement saturés.

Alors que les pays européens se renferment sur eux-mêmes, l’Italie, pays le plus touché par la pandémie, est obligé de faire appel à des états extérieurs à l’Union. La Chine donc, mais aussi Cuba, qui a envoyé une équipe de 52 médecins et infirmiers, ainsi que le Venezuela, appelé à l’aide par le gouverneur de Lombardie, la région qui paye le plus lourd tribut à l’épidémie. Comble de l’ironie, ce sont donc des dictatures qui doivent venir en aide à l’Europe libérale !

Q.H.

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Publié le 23/03/2020
Les autorités sanitaires mettent en garde contre les risques de la prise de chloroquine

Paris, le lundi 23 mars 2020 – Alors que les études visant à déterminer l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus se multiplient en France et dans le monde, les centres régionaux de pharmacovigilance alertent les professionnels de santé sur les effets secondaires de ce médicament.

Ce samedi, le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé que l’utilisation de la chloroquine contre le coronavirus sera expérimentée « à plus large échelle ». Plusieurs hôpitaux français ont ainsi été autorisés à utiliser cet antipaludéen et son dérivé, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), sur leurs patients.

Des études menées en France et dans le monde

Après quelques réticences, l’Inserm a également accepté d’intégrer un bras chloroquine dans son étude européenne lancée ce dimanche et qui vise à comparer l’efficacité de plusieurs traitements contre le Covid-19. D’autres pays, notamment les Etats-Unis, où le président Donald Trump ne jure désormais que par la chloroquine, s’apprêtent également à tester ce médicament.

Les recommandations du Professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, qui présente depuis plusieurs jours la chloroquine comme le traitement contre le coronavirus, semblent donc être suivies d’effets. Le ministère de la santé et les infectiologues appellent cependant à la prudence, l’étude du Professeur Raoult ayant été mené sur un nombre de cas très réduits (24 seulement). « Jamais aucun pays au monde n’a accordé une autorisation de traitement sur la base d’une étude comme celle-ci » a rappelé Olivier Véran, qui attend des résultats plus probants dans les quinze jours.

Risques de troubles du rythme

Dans ce contexte, le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (RFCRPV) a publié ce dimanche un point d’information à destination de tous les professionnels de santé sur les risques de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine. Il rappelle notamment que ces médicaments peuvent entrainer des arythmies graves, y compris à dose thérapeutique.

Un ECG doit donc être réalisé avant et pendant le traitement notamment pour évaluer le risque d’allongement de l’intervalle QTC. Le risque est bien sûr accru en cas d’associations avec d’autres médicaments susceptibles d’allonger l’intervalle QT, comme le lopinavir ou l’azithromycine. Une supplémentation en potassium doit être prescrite le cas échéant.

Une utilisation limitée aux essais thérapeutiques pour l’instant

Il est également rappelé aux médecins que la chloroquine et son dérivé présentent une marge thérapeutique étroite, avec une dose toxique qui peut être atteinte rapidement. Le point d’information donne également la liste des associations déconseillées ou qui doivent conduire à des précautions d’emploi ainsi que des effets indésirables potentiels. Le RFCRPV rappelle enfin que « l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine doit généralement être évitée pendant la grossesse ».

En conclusion, les autorités sanitaires estiment que « considérant les risques encourus pour des bénéfices cliniques inconnus » l’utilisation de la chloroquine sur des patients atteints de Covid-19 doit être réservée aux essais thérapeutiques en cours.

La prudence est donc de mise, ce qui n’a pas empêché beaucoup de Français de se rendre dans les pharmacies pour obtenir du Plaquenil. On a ainsi aperçu de nombreux habitants faire la queue devant l’IHU de Marseille dirigé par le Professeur Raoult pour se faire prescrire de la chloroquine (si leur test PCR se révélait positif).

QH

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Re: Articles sur la santé

Posté : jeu. mars 26, 2020 8:14 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 26/03/2020
Covid-19 : un plan massif pour l’hôpital après la crise

Mulhouse, le jeudi 26 mars 2020 – A l’issue d’une visite de l’hôpital de campagne déployé à Mulhouse, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est adressé à la nation. Après avoir « salué la mémoire des soignants » morts depuis le début de l’épidémie de Covid-19, appelé à l’unité et promis la « transparence », le Président de la République a fait un certain nombre d’annonces.

Il a d’abord rapporté avoir demandé au « gouvernement une réponse claire et forte de court terme pour l’ensemble des personnels soignants ». Ainsi, les heures supplémentaires seront majorées « sous forme d’une prime exceptionnelle » mais dont il n’a pas précisé le montant.

Une approximation qui suscite déjà des commentaires dans les milieux syndicaux.

Pour le plus long terme, le Chef de l’État a assuré qu’après la flambée, « un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » sera mis en œuvre pour « notre hôpital », ce qui pourrait s’avérer difficile compte tenu de la crise économique qui se profile. Sur ce dernier point, Emmanuel Macron réunira les partenaires sociaux, vendredi.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé que le personnel hospitalier aura bientôt à sa disposition un numéro d'appel afin de panser les plaies psychologiques générées par cette médecine de « catastrophe » (alors qu’existent déjà une cellule psychologique à destination du grand public et une cellule dédiée aux patients et à leurs familles).
Covid-19 : opération Résilience
Le Président a enfin annoncé, dans son discours solennel, le lancement de l’opération Résilience, distincte de l’opération Sentinelle, consacrée à « l’aide et au soutien aux populations ainsi qu’à l’appui au service public » dans les domaines sanitaires, logistiques et de la « protection ».

Dans ce cadre, le porte-hélicoptère Mistral sera déployé dans le sud de l’Océan indien, à partir de début avril quand le porte-hélicoptère Dixmude se positionnera dans la mer des Antilles « en soutien de nos territoires ultra-marins ».

Mais la mission des militaires reste floue comme en témoigne le communiqué du ministère des armées qui explique que les forces armées s’engageront « dans l’ensemble des secteurs où elles pourront apporter un soutien à la continuité de l’État » sans plus de détail.

Concernant les portes hélicoptères, leur rôle pourrait être d’accueillir des patients pour soulager les hôpitaux locaux. « Il faut voir les bateaux comme des pions de réserve, qu’on pourra exploiter le moment venu » explique l’état-major de la marine nationale.

Le Président s’est enfin engagé à faire un nouveau point de situation et d’autres annonces dans les prochains jours.

Xavier Bataille

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Re: Articles sur la santé

Posté : jeu. mars 26, 2020 8:34 pm
par Arnaud BASSEZ
Publié le 26/03/2020
Hydroxychloroquine et Covid-19 : un essai randomisé chinois négatif

Quelques travaux menés en Chine, portant sur cent patients, jugés encourageants mais in fine peu convaincants ont été le point de départ d’un emballement médiatique planétaire autour de l’hydroxychloroquine (HCQ). A ces essais, s’est ajoutée une étude ouverte marseillaise portant sur 24 patients : ses auteurs ont conclu à l’efficacité de l’HCQ au point de juger opportun de débuter ce traitement chez les patients testés positifs et de déclencher ainsi des mouvements de foule peu souhaitables voire choquants à l’entrée de leur institut…

Un essai randomisé qui a fait peu de bruit

Face à la confusion actuelle, il convient de rapporter les résultats d’un essai randomisé pilote mené en Chine et publié en ligne le 6 mars 2020 dans la revue J Zhejiang Univ (Med Sci). L’article est demeuré jusqu’à ce jour inaperçu.

Ont été inclus dans cette étude approuvée par le comité d’éthique de Shanghai (enregistrée en ligne sous le code NCT04261517), 30 patients atteints d’un Covid-19 confirmé par PCR et jugé suffisamment sévère pour justifier une hospitalisation dans une unité de soins normale. Deux groupes ont été constitués par tirage au sort. Dans le groupe traité, en plus de la prise en charge thérapeutique standard a été instauré un traitement par l’HCQ à raison de 400 mg/jour pendant 5 jours. Dans le groupe témoin, seul le traitement standard a été mis en œuvre : repos au lit, oxygénothérapie, médicaments antiviraux recommandés dans le "protocole de traitement" tels que la nébulisation d'interféron alpha, le lopinavir/ritonavir oral ou encore antibiotiques si nécessaire.

Le critère de jugement primaire était strictement biologique, en l’occurrence la disparition du mARN viral dans les écouvillonnages nasopharyngés effectués au 7ème jour après le tirage au sort.

Les deux groupes étaient comparables à l’état basal sur tous les plans : démographique, clinique, biologique et tomodensitométrique.

Résultats identiques dans les 2 groupes

Dans le groupe HCQ, un patient a développé une forme grave de la maladie en cours de traitement au point d’être hospitalisé en réanimation. Au 7ème jour, l’ARN viral avait totalement disparu chez 13 patients du groupe HCQ (86,7 %), versus 14 patients du groupe témoin (93,3 %) (p > 0,05). Le délai médian avant la négativation des prélèvements a été identique dans les 2 groupes, soit 4 jours (1-9) (HCQ) versus 2 jours (1-4) (témoins) (test U de Whitman, p > 0,05).

La disparition de la fièvre s’est faite dans les mêmes délais dans les 2 groupes, soit une journée, avec des extrêmes de respectivement (0-2) et (0-3). Sur le plan radiologique, les lésions pulmonaires évaluées par tomodensitométrie se sont aggravées dans un premier temps chez 5 patients du groupe HCQ (33,3 %) et 7 patients de l’autre groupe (46,7 %). Par la suite, elles se sont améliorées chez tous les participants, sans différence intergroupe significative. Une diarrhée, associée ou non à des perturbations du bilan hépatique, a été constatée chez 4 malades du groupe traité (26,7 %), versus 3 cas dans l’autre groupe (p > 0,05).

D’autres études contrôlées sont attendues

Cet essai randomisé n’a inclus que des formes du Covid-19 suffisamment sévères pour justifier une hospitalisation, cependant sans signes de gravité. L’évolution a été rapidement favorable chez tous les participants, à l’exception d’un (sous traitement testé) qui a été hospitalisé en unité de soins intensifs.

Il est évident que ces résultats ne sauraient mettre un terme à la bataille médiatique déclenchée par l’HCQ. D’autres études contrôlées menés sur une plus grande échelle (testant éventuellement d’autres posologies dans des formes sévères du Covid-19, encore que la dose de 400 mg/jour soit jugée thérapeutique dans les autres études publiées) sont nécessaires pour conclure, mais il faut souligner qu’elles sont en cours et que leurs résultats seront rapidement accessibles.

En attendant, cet essai randomisé qui répond aux critères scientifiques actuels et qui a fait peu de bruit peut être mis en parallèle avec l’étude ouverte du Pr Raoult qui, pour sa part, a été retentissante. Il est vrai que les études négatives font rarement la une des médias, à la différence des études positives où la méthodologie fantaisiste (soulignée par la communauté scientifique) est volontiers négligée par le grand public qui ne retient que les signaux forts.

La suite de l’histoire appartient aux études contrôlées multicentriques en cours, mais d’ores et déjà, il est licite de s’interroger sur l’opportunité et l’efficacité d’un traitement par l’HCQ chez les patients testés positifs ou atteints d’une forme peu sévère du Covid-19, compte tenu des résultats négatifs de cette étude qui, pour être pilote, n’en est pas moins randomisée.

Dr Philippe Tellier
Référence
CHEN Jun et coll. : A pilot study of hydroxychloroquine in treatment of patients with common coronavirus disease-19 (COVID-19).J Zhejiang Univ (Med Sci) 2020: publication avancée en ligne le 6 mars.

Source: jim.fr