IADE : quel statut et pour quoi faire ?

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Éric DELMAS

IADE : quel statut et pour quoi faire ?

Message par Éric DELMAS » sam. déc. 16, 2006 9:33 pm

Excusez-moi de m'exprimer ici à propos de discussions que vous tenez sur laryngo mais, comme j'y suis interdit à vie - pour crime de lèse majesté - je viens en discuter ici.

Aujourd'hui nous sommes une des spécialités infirmières reconnue pour son excellent niveau de formation et de compétence et soumis à la seule chaine hiérarchique infirmière.

L'envie d'aller dans le pré d'à côté pour y goûter une herbe plus verte et plus tendre en a chatouillé plus d'un d'entre-nous. J'en parle à l'aise, j'ai moi-même défendu l'idée d'un statut médical à compétences limitées pour les IADE.

Le projet berland m'a fait changer d'avis car, je suis de nature paranoïaque et je ne veux pas lâcher la proie pour l'ombre.
Le statut médical nous ferait tomber de Charybde en Scylla. Échanger une hiérarchie infirmière qui peine à nous comprendre pour une hiérarchie médicale qui rêve de nous asservir et de nous laminer pour demeurer le seul interlocuteur possible face aux politiques ? Non, merci.
L'édito de M. meistelmann dans le dernier Oxymag ne fait que renforcer mes angoisses à ce sujet.

Quant à devenir une énième profession para-médicale, je n'en vois pas l'intérêt.
Quelle serait notre hiérarchie alors ? Comment nous faire valoir à moins de 8000 face à plus d'un millions de professionnels de santé quand nous nous plaignons de notre petittesse face aux 460 000 infirmiers ?
Patrick GRIVIAUD
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Message par Patrick GRIVIAUD » mar. déc. 19, 2006 6:55 pm

Je suis plutôt pour un statut de profession médicale à compétences limitées, car c'est ce qui colle le plus je trouve à notre exercice quotidien, et ce n'est pas du tout pour imiter les sages-femmes.
Leur exemple nous montre d'ailleurs que ça n'est pas la solution.

Le vrai problème se tient ailleurs que dans tel ou tel statut, il tient au fait que le pouvoir médical est décisionnaire en tout, quand laissera-t-on dans ce pays les professionnels responsables travailler et décider pour eux-même ce qu'ils estiment être le mieux ?
Pourquoi le corps médical serai-t-il le seul garant de la santé des gens ?
En tant qu'IADE nous avons une excellente formation qui nous permet de savoir ce que nous pouvons ou non faire et dans quelles conditions (on nous répète assez pendant nos études qu'il faut connaitre nos limites !).

Plus que les statuts, ce sont les mentalités de ce pays qu'il faut changer et en premier lieu arrêter de faire croire aux patients que ce qui est fait par un médecin est forcément mieux fait que par un "non-médecin".
Modifié en dernier par Patrick GRIVIAUD le mar. déc. 19, 2006 10:01 pm, modifié 2 fois.
Éric DELMAS

Message par Éric DELMAS » mar. déc. 19, 2006 8:06 pm

J'adhère à votre propos mais, je le trouve contradictoire avec l'option que vous proposez.
Si nous devenons profession médicale à compétence limitée, nous deviendrons assujettis au corps médical compétent, c'est à dire aux MAR.
Donc, cela ne fera que renforcer leur mainmise sur nos compétences et leur donnera les moyens d'organiser notre "incompétence" pour mieux s'opposer au pouvoir politique et administratif.
Rappelons-nous les propos de la SFAR en 2000 concernant les ALR.
Ce que veulent les MAR c'est être les seuls interlocuteurs possible de l'État afin de pouvoir imposer leurs solutions, dans lesquelles rien n'est prévu pour les IADE.
Relisons l'histoire de notre spécialité et rappelons-nous que si nous avons failli disparaître, ce fut toujours à l'initiative des MAR. Voulez-vous courir ce risque encore une fois ? Moi, non.
Patrick GRIVIAUD
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Message par Patrick GRIVIAUD » mar. déc. 19, 2006 10:03 pm

Je ne crois qu'il y ait quoi que ce soit de contradictoire, relisez bien :wink: (puisqu'on se vouvoie).
Éric DELMAS

Message par Éric DELMAS » mar. déc. 19, 2006 10:20 pm

En clair, j'ai dû mal comprendre.
Tu dis que le meilleur statut serait celui de profession médicale à compétence limitée mais, que vu le comportement des MAR ce n'est pas vraiment possible ?
Si c'est le cas, je suis d'accord.
D'où l'idée de rester infirmiers mais, de profiter au mieux des avancées permises par le projet Berland en obtenant que les délégations de tâches médicales qui sont notre lot quotidien soient enfin actées et se retrouvent dans notre statut (prescription, pratique et non participe, évaluation, formation complémentaire) et dans notre salaire (fin de la classe sup, master, etc.).
personnaz
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quel statut et pourquoi faire

Message par personnaz » mer. déc. 20, 2006 5:17 pm

il me parait effectivement dangereux de vouloir se séparer du corps infirmier(pourtant je ne l'aime pas beaucoup tant il prône le nivèlement par le bas), parceque actuellement les aspirations et les compétences réelles des iade sont trop hétérogènes bien peu sont désireux de quitter le giron des mar, fort peu sont prèts à accepter des délégations d'actes,à s'investir pour booster leur formation personnelle et devenir Responsables de plus de prérogatives. Dans mon équipe de près de 30 iade moins de 10en ont le désir. Ne rêvons pas nous avons en face de nous un corps médical qui symbolise le pouvoir depuis des siècles et qui n'est pas disposer à nous signer des chèques en blanc; c'est donc uniquement par l'excellence de nos compétences et par notre engagement que nous parviendrons à être crédibles. Si tel est le cas le site de la sofia devrait exploser grace aux inscriptions!!!!!
Laissez moi retirer mon masque et vous souhaiter à tous ainsi qu'à la future société savante de joyeuses fêtes Dominique
Michaël ROCH
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Message par Michaël ROCH » jeu. déc. 21, 2006 7:33 am

Je suis diplômé d'octobre 2006 et j'ai l'impression que les jeunes IADE ont ce désir d'autonomie.
Il ne faut pas renier le rôle des MAR, on a besoin d'eux comme eux ont besoin de nous.

Les IADE ont des personnalités plus affirmées que les IDE (question d'âge, d'expérience et de formation probablement...).

La délégation d'acte sera peut-être obtenue par le départ des MAR en retraite dans les prochaines années.
C'est à ce moment aussi que l'on devra être présent et mettre en avant le sérieux de notre formation.
Éric DELMAS

Message par Éric DELMAS » jeu. déc. 21, 2006 7:58 am

Le désir d'autonomie nous l'avons tous. J'ai connu l'époque où les IADE réalisaient toutes les ALR, posaient les KT centraux et les Swan, autant dire que les revirements des dix dernières années ne m'ont pas satisfait.
Pour autant, le fait de quitter le corps infirmier n'apportera pas plus d'autonomie et n'est plus justifié depuis le rapport Berland.
Ce qu'il faut c'est que leSNIA et le CEEIADE arrêtent leur politique autiste et prennent leur pleine responsabilité.
D'une part les IADE sont formés en théorie à l'école et en pratique sur le terrain, soit en stage, soit en exercice.
Personnellement, les masques laryngés et la plupart des drogues que j'utilise sont apparus après mon DE. Devrais-je m'interdire de les utiliser ?
Donc, il faut que le référentiel formation réintègre toutes les anesthésies dans notre compétence. On peut tolérer des restrictions (comme la péridurale obstétricale si particulière) mais, il faut considérer l'IADE comme le vrai spécialiste qu'il est et non comme un porte tampon.
Il faut que le SNIA rattrape son retard vis à vis de la commission Berland et lance en accord avec les MAR des expérimentations permettant aux IADE d'assurer seuls des anesthésies de patients ASA 1 et 2 pour des chirurgies courtes, ce qui implique une autorisation de diagnostic et de prescription.
De même l'IADE doit être autorisé à valider les sorties de SSPi et le recours aux stupéfiants dans ce cadre et au bloc.
Il en va de même de la réanimation per-opératoire, sous réserve d'avoir un MAR joignable.
Enfin, reconnaissons aux IADE une compétence en réanimation pré-hospitalière avec capacité à appliquer des protocoles pré-établis ce qui implique une certaine autonomie de diagnostic et un droit de prescription réduit aux produits de première urgence.

Voilà des moyens simples de résoudre les situations actuelles et à venir sans mettre le patient en danger et sans nier la compétence médicale.
Pour nos collègues peu désireux de s'investir dans ces activités, il reste des patients ASA 3 et 4 qu'ils pourront gérer avec le MAR comme aujourd'hui.
Michaël ROCH
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Message par Michaël ROCH » jeu. déc. 21, 2006 11:59 am

Les propositions de la commission Berland ne fâchent personne: les IADE sont toujours para-médicaux et les MAR ont toujours leur activité de prescription et leur ascendant (légitime) sur nous.

C'est, effectivement, à mon sens, le meilleur compromis.

Restent les problèmes suivants: durée de la phase d'expérimentation, évaluation de cette expérimentation, projet de loi, décret d'application sans parler des différentes échéances électorales en 2007 et 2008.
Éric DELMAS

Message par Éric DELMAS » jeu. déc. 21, 2006 1:41 pm

Concernant les IADE, on pourrait déjà se demander si la formation de deux ans ne vaut pas capacité à gérer pas mal de choses et réfléchir ensuite sur d'éventuelles nécessités de formation ou d'expérimentations complémentaires.
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Message par Michaël ROCH » ven. déc. 22, 2006 5:14 pm

Je pense que notre formation nous permet déjà de gérer bon nombre de situations.
Un décret plus explicite clarifierait grandement les différentes interprétations que les uns et les autres en font.
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. déc. 23, 2006 9:09 pm

Michaël ROCH a écrit :Je suis diplômé d'octobre 2006 et j'ai l'impression que les jeunes IADE ont ce désir d'autonomie.
Il est possible aussi que la tempérance des anciens comme Eric et moi (hé oui le temps est un voleur d'espérance...) impose une réflexion avant tout.

Sans aucun doute, il faut aller dans le sens qu'Eric propose, et j'y adhère ABSOLUMENT et TOTALEMENT. (un vrai velcro !)
Ce que je crois, Michael c'est que ton engagement est salutaire, mais qu'il sera certainement tempéré par ton expérience. car à mon sens, il ne m'apparait pas que les jeunes IADE se sentent suffisamment armés pour gérer seul un patient. (au début).
à titre perso, j'ai commencé à être à l'aise au bout de 6 mois.
Le DE est un permis.
Il ne donne pas l'expérience.

Il faudrait peut-être une période "probatoire" pour acquérir ce qui fait définitivement la différence entre un bon IADE et un bon IADE expérimenté. Je ne dis ça que pour le bien de la profession, et ne conteste absolument pas ta valeur intrinsèque de IADE, que cela soit bien compris, Michael.

mais pour le reste, il faut aboutir à ce que les IADE aient cette possibilité de gérer leur patient au mieux et que cela soit reconnu statutairement et financièrement.
Et je rejoints tes positions sur le sujet.

Mais je vois mal les MAR accepter de venir quand ça merde, alors qu'on s'en passerait quand tout va bien.
Ils perdraient immanquablement une part importante de leur travail.
La reconnaissance immédiate du patient.

Pourtant, sortir un ASA 43 NYHA 76 en vie, voila qui est très gratifiant à mon sens.
Le problème : personne ne le voit.
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Message par Michaël ROCH » dim. déc. 24, 2006 5:13 am

J'ai tout à fait conscience de mon inexpérience et de mes limites actuelles.
Ton idée de période probatoire, Arnaud, est effetivement à creuser.
En effet, on pourrait imaginer un "système de validation d'autonomie" au terme d'un période d'évaluation, un peu ce qui se fait pour les ISP.

C'est vrai que mon désir d'autonomie grandit lorsque je bosse avec un MAR aux techniques d'induction anesthésique plus que discutables...
Dans ces moments là, je me dis que je ferai facilement aussi bien... et surtout pas pire!
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Message par Philibien bruno » dim. déc. 24, 2006 3:28 pm

experience ou non ; Lors de mon passage en ecole IADE. j'ai été evalué en clinique, avec une serie de 3 patients (extractions dentaires multiples )et seul acteur de l'anesthesie. De plus le jour du DE , certains de mes collegues ont eté évalués pour des IVG (3ou+).Et toujour seul acteur de l'anesthesie. il y avait un mar mais dans le jury.
Je pense que durant la formation il faut travailler sur l'interet de la complementarité du travail iade et mar. Mais aussi sur le fait que l'on doit etre capable de s'organiser, de repondre à une ergonomie de travail, ainsi qu'a une connaissance specifique pour endormir un sujet ASA1 ou 2 pour une chirurgie classique aprés avoir éte évalué par un MAR en consultation.
Ps un stage en clinique me parait indispensable durant ces 2 années de spé.

Cela permet de voir les differents types d'organisation.et il en faut une pour eviter des derives.
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 25, 2006 12:45 pm

philibien a écrit :Et toujour seul acteur de l'anesthesie. il y avait un mar mais dans le jury.
Moi aussi, il y avait un MAR et une IADE. et j'ai tout fait.
Mais ça ce passe toujours comme ça il me semble.
Un stagiaire qui passe son DE.
Il fait tout.
le jury (qui fait partie de la maison) intervient au cas où...
Je pense que durant la formation il faut travailler sur l'interet de la complementarité du travail iade et mar. Mais aussi sur le fait que l'on doit etre capable de s'organiser, de repondre à une ergonomie de travail, ainsi qu'a une connaissance specifique pour endormir un sujet ASA1 ou 2 pour une chirurgie classique aprés avoir éte évalué par un MAR en consultation.

Je crois que c'est ce que j'ai appris durant ma formation.
cela voudrait-il dire que la formation est différente selon l'endroit où elle est enseignée ?
Ps un stage en clinique me parait indispensable durant ces 2 années de spé. Cela permet de voir les differents types d'organisation.et il en faut une pour eviter des derives.
Oui.
mais avec une bonne formation, on peut supposer que tu n'accepte pas ces dérives.
Moi j'ai un DE IA;
Je n'en ai pas un autre de rechange.
Si j'estime qu'il y a une dérive, je n'y adhère pas, m'en retire, voire le dénonce.
Encore faut-il s'entendre sur le mot dérive.
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