Pourquoi la proposition de l'intersyndicale est un piège ?

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Éric DELMAS

Pourquoi la proposition de l'intersyndicale est un piège ?

Message par Éric DELMAS » jeu. oct. 07, 2010 4:32 pm

Hier, après la proposition misérable et infamante que la ministre avait osé présenter aux organisations syndicale présentes au ministère, la CFDT s'est retirée de la discussion et les autres centrales se sont réunies en intersyndicale pour faire une proposition différente.
Combien eut-il été préférable pour la profession que toutes laissent leur chaise vide afin de montrer à la ministre ce que méritait sa proposition.
Malheureusement, comme souvent dans ces cas là, l'intersyndicale (CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, SNCH, Sud et UNSA) s'est sentie en position d 'apparaître comme la voie de résolution du conflit.
Elle a donc fait une proposition dont l'emballage aurait pu être considéré comme flatteur même si le contenu est sans intérêt.
L'idée de la NBI pour valoriser la profession IADE n'est pas neuve. En 1991 déjà nous étions tombés dans ce panneau et ce piège s'est refermé sur nous pendant dix longues années.
Pour les plus jeunes, qu'est-ce donc que cette NBI (nouvelle bonification indiciaire) ?
D'abord, comme je viens de le dire, elle n'est pas nouvelle, ensuite c'est une bonification en demi-teinte et elle s'apparente plus à une prime (comme le veut le ministère) qu'à une revalorisation indiciaire.
Certes, me direz-vous c'est transitoire en attendant que nous ayons le master et que, comme par automatisme, notre grille de salaire se mette à grimper aux rideaux.
Excusez le vieux singe que je suis, mais le provisoire transitoire temporaire qui dure des lustres j'en ai connu des wagons entiers. La vignette auto, le péage des autoroutes, la CRDS, etc.
Donc, reste cette NBI qui n'est rien d'autre qu'une prime qui offre l'avantage notoire d'être imposable (merci le saut de tranche pour certains), mais qui est soumis à condition pour la prise en compte dans le calcul de la pension de retraite.
En effet, cette condition prorata temporis impose que la prise en compte de la prime sera indexé sur le temps pendant lequel vous l'aurez perçue. Or, plus de la moitié des IADE est largement sur le versant descendant de sa carrière. Ceux-là n'auront donc que 0 à 40% de la prime pris en compte dans le calcul de la pension. Je vous accorde que la différence en terme de pension perçue ne sera pas très sensible parce que 75% (en attendant qu'on en vienne aux 60% des 25 meilleures années) de 40% de 100 €, ça vous fait regretter d'avoir arrêté les sucettes ou la clope pour mieux visualiser le montant mirobolant que cela vous offre.
Quant à ceux pour qui elle pourrait donner lieu à un espoir de la voir intégralement intégrée dans la pension (c'est-à-dire ceux qui débutent), ils vont s'apercevoir que pour la transformer en grille de salaire digne de ce nom il va falloir ramer longtemps. Ah le transitoire longue durée !
Pendant ce temps le ministère continuera de faire la sourde oreille en disant que l'on a obtenu une augmentation en 2010 et que nous sommes des ingrats comme il justifie en 2010 le fait que notre grille soit la moins revalorisée de toutes les grilles infirmières et cadre au motif que nous avions arraché de vraies grilles de spécialité en 2001 (après deux années d'action soit dit en passant).
Voilà le panneau dans lequel les syndicats généralistes nous font tomber, du moins si nous cessons un mouvement qui commence à inquiéter fortement nos dirigeants politiques en terme de contagion, ce qui explique la violence redoublée de vendredi et les mesures haineuses prises contre les personnels arrêtés.
Car il ne faudrait pas qu'après les grèves générales qui s'annoncent, le milieu hospitalier, puis toute la santé, en vienne à se mobiliser et, surtout, il serait dramatique que les infirmiers dans leur ensemble ne valident pas le marché de dupe que l'on appelle reclassement et qui en échange d'une pichenette financière va faire reculer bon nombre de collègues dans leur déroulement de carrière tout en leur ajoutant de cinq à huit années de travail supplémentaire et ce dans l'unique but d'empêcher que 55% de la profession ne prenne sa retraite à compter de 2012.
Et oui, si tout le monde refuse ce protocole, les hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, etc. se videront en moins de dix ans à la vitesse grand V et là, il n'y aura pas d'autre choix que de mettre sur la table un vrai choix de société en matière de santé comme cela s'est fait en Scandinavie, en Angleterre et au Canada.
Mais les infirmiers sont toujours assez cons, pensent nos têtes bien pleines soutenues par le grand capital cosmétique ou non, pour accepter de gober des mouches de la taille d'un éléphant.
À vous de leur donner raison. Pour moi c'est tout vu.

Éric DELMAS, IADE Carcassonne


PS : Vu que je suis persona non grata sur certains forums et sites, j'autorise toute publication de mon texte, à titre gracieux bien entendu. Faut pas abuser quand même !
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