Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

La Grosse Bertha
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » jeu. mai 11, 2017 9:25 am

yves benisty a écrit :Un post spécial “The water is wide”...


....ça n'est pas ma version préférée, mais ça permet de parler d'un instrument qui semble né d'une union illicite, la harpe guitare ((harp guitar) ; si je vous dis que le final est grandiose, peut-être que vous écouterez jusqu'au bout...
J'aime bien la version "dépouillée" d'Eva CASSIDY avec une voix angélique et une guitare nylon tout aussi efficace.

La magie d'une telle chanson est que quiconque la reprend, dans la mesure où il la respecte et lui apporte sa contribution, n'est jamais perdant!

Concernant cette version à la guitare-harpe, je pense qu'ici seulement quelques instruments sont sonorisés (capturés) et la foultitude des autres pris en ambiance, avec des instruments très différents pour gagner en richesse harmonique, pour le reste, c'est effectivement impressionnant et du plus bel effet, tous ces guitaristes harpées ((smog on the water)! Mais je ne suis pas dupe sur le fait que cela n'a rien n'a voir avec, par exemple, un ensemble harpes et guitares! Mais ça le fait, indéniablement, au moins pour l’œil!

une autre exemple d'apport de basses profondes apportées par la guitare-harpe par Stephen BENNETT, au style puritain affranchi, tiens, cela me rappelle un respi de réa!

Concernant cette union illicite comme vous dites, je dirais que c'est tout l'art du luthier que de conjuguer, de réaliser par rapport à une demande, deux instruments en un seul dont on sait pertinemment que la partie Harpe ne servira secondairement, qu'a apporter des basses profondes voire pincer plusieurs cordes accordées en accord ouvert, à la mélodie exécutée à la guitare avec une caisse de résonance ad hoc et en mettant en avant un "design" très orienté folklore médiéval celtique.
Grosso modo la même chose pourrait être obtenu du point de vue étendue sonore avec une guitare double manche avec soit une partie basse, voire baryton, mais aussi une guitare à 8 ou 10 cordes. Le terme guitare-Harpe peut apparaître un peu excessif, mais on est dans un domaine où indéniablement un tel instrument apportera quelque chose, que cela soit cosmétique, culturel, retro et novateur à la fois, voire un effet contre nature!

Il ne faut pas oublier qu'un artiste est souvent "amoureux" de son instrument, plaqué contre lui, qu'ils font corps, vibrant ensemble, que l'ensemble est propice à l'émotion et la création, il ressort que l'instrumentiste va en tirer forcément des choses qu'il lui appartient éventuellement de communiquer à celles ou ceux qui y seront sensibles.

J'avais presque oublié Dan Ar Braz... pourtant j'avais acheté à l'époque où il est sorti son magnifique album "Héritage des Celtes"...
Il a grandement contribué à promouvoir le genre.

Bon ce n'est pas très "roots", pour les puristes, mais jusque là la musique celtique qui s'exprimait quasi uniquement par la voie traditionnelle en France, ne m'émouvait que très moyennement! Comme quoi...

borders of salt, nonobstant un tempo plus lent, j'y trouve avec "the water is wide" un petit air de famille dans plusieurs passages (vers O'45 etc)! Les arrangements traduisent à mon sens une combinaison alchimique et cosmique, des éléments en harmonie, en fait rien ne doit être laissé au hasard....même dans sa version "live" on entend encoreles vagues alors qu'elle n'y sont plus ou presque....

Yves Benisty a écrit:

Si on écoute Dirty old town, que ça soit dans sa version originale ou dans celle de The Pogues, il y a indéniablement un air de parenté. À noter qu'il existe une version française de “Dirty old town”, Vieille ville de merde, chantée par Gilles Servat.


Et comme par hasard, y a dans cette chanson des ingrédients d'une autre de racines complètement différentes, et dans un tout autre style! (enfin c'est mon avis!)

Une chanson classée dans les 5OO meilleures au monde selon le magazine "Rolling STone"!

Le folklore irlandais serait-il précurseur du Rock A Billy (contraction Rock & Hillbilly) voire du Rock tout court? :?: :idea: 8)

écoutons les premières mesures voire les premiers mots et la diction...

Blueberry Hill

versus Dirty old town

Yves Benisty a écrit:
Et on peut en trouver plein d'autres. On dirait que tous les musiciens et chanteurs ayant un lien proche ou éloigné avec l'Écosse, l'Irlande ou l'Angleterre l'ont joué. Par exemple Mark Knopfler l'enregistre à la mort de Chet Atkins.


Chet ATKINS, une grande perte pour le monde de la guitare et dont on ne parle que par le truchement de ses élèves plus célèbres! George Harrison, Dadi...

Heureusement que les artistes (live at Secret Policeman's Third Ball 1987) se souviennent de leurs maîtres mais aussi... de leurs élèves ou héritiers avec un émouvant "Imagine"...on lit toute l'émotion à reprendre un titre légendaire issu quelque part d'un groupe qu'il aura grandement influencé par sa technique instrumentale et ses guitares de prédilection.

Imagine
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Message par yves benisty » sam. mai 13, 2017 12:14 pm

La Grosse Bertha a écrit :[...] la guitare-harpe par Stephen BENNETT, au style puritain affranchi, tiens, cela me rappelle un respi de réa!
Joli ! ;-) (la musique aussi...).
La Grosse Bertha a écrit :[...] une guitare à 8 ou 10 cordes. Le terme guitare-Harpe peut apparaître un peu excessif, mais on est dans un domaine où indéniablement un tel instrument apportera quelque chose, que cela soit cosmétique, culturel, retro et novateur à la fois, voire un effet contre nature!
La guitare à dix cordes est très rarement utilisée. Elle présente plusieurs intérêts, pouvoir jouer des pièces écrites pour luth, téorbe, violoncelle, sans transposition, et disposer de cordes qui même si elles ne sont pas jouées enrichissent le son. Narciso Yepes a beaucoup joué de cet instrument, mais à un moment de sa carrière, il s'y est senti enfermé.

Les guitares à sept cordes sont plus fréquentes, que ça soit en guitare classique ou en guitare électrique.
La Grosse Bertha a écrit :J'avais presque oublié Dan Ar Braz...
Ah oui, c'est du solide, bien fait, très agréable à écouter.
La Grosse Bertha a écrit :Le folklore irlandais serait-il précurseur du Rock A Billy (contraction Rock & Hillbilly) voire du Rock tout court?

écoutons les premières mesures voire les premiers mots et la diction...

Blueberry Hill
C'est vrai, on sent un lien de parenté. Ensuite, il est difficile de faire la part des choses entre les influences dans lesquelles on puise, et celles qui passent par diffusion passive ;-)

Pendant qu'on en parle, comment avez-vous fait pour donner un lien vers une vidéo YT à un moment précis de cette vidéo ?
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » sam. mai 13, 2017 5:14 pm

Pendant qu'on en parle, comment avez-vous fait pour donner un lien vers une vidéo YT à un moment précis de cette vidéo ?
clic droit sur la vidéo, choisir l'option copier l'url à partir de etc...

j'ignore si la procédure fonctionne avec tous les OS et navigateurs, j'ai W10, Goût gueule de n°atomique 24 (-;
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Message par yves benisty » sam. mai 13, 2017 11:49 pm

Alors c'est l'occasion de mettre en œuvre cette fonctionnalité...

L'histoire commence en 1956. Elle commence avec Louis Gasté, ou Loulou pour les intimes, et également connu pour avoir été l'époux de Jacqueline Enté, plus connue sous le pseudonyme de Line Renaud. Pour la musique d'un film (« Le feu aux poudres »), Louis Gasté écrit une chanson, Pour toi, chantée par Dario Moreno.

En 1974, Maurício Alberto Kaiserman, plus connu sous le pseudonyme de Moris Albert, enregistre Feelings, qui devient rapidement un tube interplanétaire. Je ne vais pas citer les centaines de versions, mais maintenant que vous m'avez appris à choper l'url d'une vidéo, je propose quand même celle associant un géant de la guitare avec la Grande dame du jazz (ou en version originale “The first lady of song”), Ella Fitzgerald et Joe Pass.

En 1975, Moshé Brand (plus connu sous le pseudonyme de Mike Brant) en enregistre une adaptation en français, Dis-lui. Ça va donner lieu à un succès énorme, amplifié par le fait que ça fait partie des dernières chansons enregistrées par Mike Brant (et donc un succès posthume pour l'artiste).

Louis Gasté fera un procès pour qu'on lui reconnaisse la paternité de ce morceau, procès qui durera une dizaine d'années, t il obtiendra gain de cause. Moris Albert n'a jamais remboursé les droits d'auteur, et il a disparu des écrans radar. Il y a peu de procès en plagiat musical qui aboutissent. Un autre exemple célèbre est celui d'un morceau composé par un africain du Sud zoulou. Mais ça, c'est une autre histoire...
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. mai 22, 2017 7:27 pm

messieurs, voici certainement une des conversations les plus intéressantes que j'ai pu suivre ici.
J'ai appris quelques noms. Remémoré quelques chansons, (merci !).
C'est du pointu ici. Je garde mes distances. A chacun son niveau. Moi je me pose et j'apprends...
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » mar. mai 23, 2017 8:02 pm

J'essaie de faire bonne figure! :D

Là je cherche comme un fou un vieux bouquin de partitions de guitare Jazz que mon fils a du me piquer et où il y a "Feelings" dedans...avant de continuer...

A l'époque il me fallait descendre sur Paname pour trouver du matos qui tienne la route et des partitions, quartier Pigalle, je crois que ce bouquin je l'ai acheté chez Charly's un truc comme ça, début années 8O...entre le moulin rouge et la pédale du coin...
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » sam. mai 27, 2017 1:19 pm

Un post spécial pour un tube interplanétaire, Mbube, ici dans sa version originale en 1939 par son auteur, Solomon Linda, et son groupe The Evening Birds. Mbube, en zoulou, c'est le lion. Ce morceau deviendra rapidement un tube en Afrique du Sud, et son auteur ne sera rémunéré qu'une misère uniquement pour l'avoir enregistré (et pas par la suite, malgré les lois sur les droits d'auteur). Nous sommes en 1939, dans un petit studio d'enregistrement en mono (et il n'y avait qu'un micro, autour duquel se réunissaient tous les chanteurs).

Après la guerre, Alan Lomax, musicologue, évoque ce titre avec son ami Pete Seeger, et celui-ci l'adopte (et l'adapte, en 1952), sous le titre de Wimoweh. Cette version est une des nombreuses interprétations avec le groupe “The Weavers”, groupe incontournable dont faisait partie Pete Seeger, lors d'une énième ré-union (The Weavers a chanté principalement de 1948 à 1958, et fut blacklisté par la chasse aux sorcières organisée par Joseph McCarthy à l'époque de la peur du rouge ; mais tout ça, c'est une autre histoire...). Pete Seeger chantait régulièrement cette chanson en public, en faisant chanter au public les différentes phrases musicales en simultané.

À l'époque, Pete Seeger pose la question de la rémunération de l'auteur, et on lui répond que les maisons de disques vont s'arranger entre elles. Il envoie un chèque à Solomon Linda, et c'est probablement la seule rémunération qu'il recevra. Solomon Linda mourra dans la misère.

L'industrie de la chanson étazunienne s'empare de ce morceau, fait écrire des nouvelles paroles (“The lion sleeps tonight”, paroles signées George Weiss. Dans les années soixante, de nombreuses versions dans de nombreuses langues vont voir le jour, la plus connue en France étant probablement celle chantée par Henri Salvador, « Le lion est mort ce soir ».

Comme vous le savez, les films Walt Disney ont également utilisé ce tube pour le film « Le roi lion ». Les filles de l'auteur ont fait un procès interminable avec de multiples rebondissements qui s'est terminé en leur faveur et a donné lieu à une (maigre) compensation financière. Et il ne s'agit que des droits d'auteur liés à la musique du film.

Au total, Solomon Linda, paysan analphabète, s'est fait rouler. Il est mort dans la misère à environ 50 ans, sa veuve n'avait pas de quoi lui payer une pierre tombale, mais il aura fait chanter la Terre entière...
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » lun. mai 29, 2017 1:18 pm

yves benisty a écrit :Alors c'est l'occasion de mettre en œuvre cette fonctionnalité...

L'histoire commence en 1956. Elle commence avec Louis Gasté, ou Loulou pour les intimes, et également connu pour avoir été l'époux de Jacqueline Enté, plus connue sous le pseudonyme de Line Renaud. Pour la musique d'un film (« Le feu aux poudres »), Louis Gasté écrit une chanson, Pour toi, chantée par Dario Moreno.

En 1974, Maurício Alberto Kaiserman, plus connu sous le pseudonyme de Moris Albert, enregistre Feelings, qui devient rapidement un tube interplanétaire. Je ne vais pas citer les centaines de versions, mais maintenant que vous m'avez appris à choper l'url d'une vidéo, je propose quand même celle associant un géant de la guitare avec la Grande dame du jazz (ou en version originale “The first lady of song”), Ella Fitzgerald et Joe Pass.
Ya pas photo comme on dit, N'empêche que cette version de Feelings est indémodable....Celle d'Ella Fitzgerald et Joe Pass est très jazz intimiste et vaut effectivement le détour! :wink: .
yves benisty a écrit :En 1975, Moshé Brand (plus connu sous le pseudonyme de Mike Brant) en enregistre une adaptation en français, Dis-lui. Ça va donner lieu à un succès énorme, amplifié par le fait que ça fait partie des dernières chansons enregistrées par Mike Brant (et donc un succès posthume pour l'artiste).
Magnifique version enregistrée juste avant son décès en effet, je me rappelle qu'elle a été présentée en avant première et oeuvre posthume par Michel DRUCKER, je n'ai pas retrouvé ce petit moment de nostalgie dans les archives de l'INA...
Cette version n'est pas trop dénaturée par la production, au contraire l'oreille avertie du guitariste vintage, remarque immédiatement les arpèges traités avec du phasing voire flanging, précurseurs de l'effet "chorus" plus discret mais utilisé plus tard par à peu près tous les guitaristes et jusqu'à...saturation...voire abandon!
yves benisty a écrit :Louis Gasté fera un procès pour qu'on lui reconnaisse la paternité de ce morceau, procès qui durera une dizaine d'années, t il obtiendra gain de cause. Moris Albert n'a jamais remboursé les droits d'auteur, et il a disparu des écrans radar. Il y a peu de procès en plagiat musical qui aboutissent.
Du peu que je me souvienne, pour cause d'absence de convention, ou je ne sais quoi, il fut un temps pas si lointain où il était titanesque d'attaquer en justice un ressortissant américain et surtout d'exiger une réparation, pour quoi que ce soit! Pourtant il y en a une pour les droits d'auteurs.

Bon sur ces entrefaits mes efforts de recherche ont été couronnés de succès car j'ai extirpé d'un destin anachorétique ma première vraie méthode de guitare (hormis celle de Marcel DADI)avec son disque sinusoïdal souple carré 33T, c'est grâce à des morceaux de cette qualité, pas du tout jazz ascétique, que cette musique est notamment venue donner des couleurs à ce qui se faisait dans d'autres registres.

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Mine de rien cette méthode a juste 37 printemps!

Bon un petit coup de Fred SOKOLOW qui a pondu ce beau bouquin en solfège et partitions, à qui je donne et au moins à à double titre, un dix! :wink:

https://youtu.be/klTsPePoTQo?t=155
yves benisty a écrit :Un post spécial pour un tube interplanétaire, Mbube, ici dans sa version originale en 1939 par son auteur, Solomon Linda, et son groupe The Evening Birds. Mbube, en zoulou, c'est le lion. Ce morceau deviendra rapidement un tube en Afrique du Sud, et son auteur ne sera rémunéré qu'une misère uniquement pour l'avoir enregistré (et pas par la suite, malgré les lois sur les droits d'auteur). Nous sommes en 1939, dans un petit studio d'enregistrement en mono (et il n'y avait qu'un micro, autour duquel se réunissaient tous les chanteurs).
...sans oublier cette version de POW WOW, victoires de la musique 1993, ...

Les droits d'auteurs de chansons...., sans mauvais esprit de ma part, c'est parfois une jungle juridique où la loi du plus fort prévaut et l'emporte, ça l'air d'y ressembler dans ce cas précis, et pour laquelle on troquerait bien la métaphore du Lion contre celle du Requin.

Il faut noter que la France s'est doté d'une interface efficace entre artistes créateurs distributeurs, professionnels et public (donc édition), et distingue notamment droits d'auteurs, de compositeurs, d'édition...Comme la première version de SOLOMON ne comporte pas de paroles au sens "lyrics" si ce n'est des vocalises, elle pourrait passer gratos dans les supermarchés ou les ascenseurs, du moins en France et à conditions que cette particularité soit encore en vigueur.
C'est pour cette raison que les grandes surfaces diffusent des reprises horribles, avec un instrument en guise de mélodie vocale, justifiant l'appellation caractéristique peu enviable de "musique de supermarché"!

Une version sympa, où l’interprète surjoue un peu sans parler des insertions sublimianimales :twisted: ...mais en ne tendant que les oreilles, c'est agréable! Et ce d'autant plus que le son des cordes sort à la façon d'un piano tout en farppantt rythmiquement la caisse de l'autre main ...
Modifié en dernier par La Grosse Bertha le dim. juin 04, 2017 8:58 am, modifié 1 fois.
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » sam. juin 03, 2017 10:42 am

La Grosse Bertha a écrit :Bon un petit coup de Fred SOKOLOW qui a pondu ce beau bouquin en solfège et partitions, à qui je donne et au moins à à double titre, un dix! :wink:

https://youtu.be/klTsPePoTQo?t=155
Bonne technique, tout ça avec trois doigts... J'adore cette chanson, on peut développer à loisir. Ça sort en 1923, ça peut évoquer ceux qui faisaient fortune et qui dégringolaient aussi vite lors de la prohibition. Cette chanson explose avec Bessie Smith en 1929, et ça colle tout à fait avec les problèmes de la grande crise. Mais cette chanson n'a pas d'époque, elle évoque une vérité intemporelle :

Quand vous êtes tout en haut, vos amis savent qui vous êtes Quand vous êtes au fond, vous savez qui sont vos amis...

Il en existe à ma connaissance deux adaptations en français, une par et pour Hugues Aufray, « Personne te connaît quand tu tombes dans le trou » (je n'ai pas trouvé de vidéo), dans son disque Caravane en 1981. C'est plutôt bien fait, mais je n'accroche pas au son.

Dans un autre style, Nino Ferrer l'adapte en 1967 (sur le 45 T de Le téléphon), ça donne Le millionnaire. C'est pas mal, ça montre encore une fois que Nino Ferrer sait tout faire.

Parmi les innombrables versions, Je vous propose celle de Colette Magny, une grande dame du blues française. Entre États-Unis et France, une très bonne interprétation du plus français des étazuniens, Joe Dassin. C'est plutôt bon, et ça montre (pour ceux qui l'ignoreraient encore) que Joe Dassin aussi sait faire pas mal de choses. Les plus grands se sont intéressés à ce titre, j'aime bien la version de Eric Clapton. Pour décortiquer les accords, on peut regarder ici. Et enfin, une version qui me laisse sans voix ;-) (et non, le morceau n'est pas de Bessie Smith, mais de Jimmy Cox).
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » sam. juin 10, 2017 10:48 am

yves benisty a écrit :
https://youtu.be/klTsPePoTQo?t=155
Bonne technique, tout ça avec trois doigts...
moi qui n'ai jamais utilisé d'onglet ailleurs qu'au pouce, j'ai été surpris de voir qu'il utilise le dos de l'accessoire pour les autres doigt!
yves benisty a écrit : Parmi les innombrables versions, Je vous propose celle de Colette Magny, une grande dame du blues française.
là je découvre, j'ignorais que cette dame sévissait dans nos contrées! Super!

Celle de Joe DASSIN effectivement tient la root, avec cette accompagnement "piano bar"...nous sommes très loin de la variété sirupeuse...

Question Slow Hand, Mister Clapton...j'ai trouvé une autre version sous un nom d'emprunt Derek & The Dominos...*
yves benisty a écrit : Et enfin, une version qui me laisse sans voix ;-) (et non, le morceau n'est pas de Bessie Smith, mais de Jimmy Cox)
.

Pour reprendre une boutade d'un homme politique du made in France, la plus grosse confusion de la dame, c'est son mari...donc pour ma part no comment!
yves benisty a écrit : Pour décortiquer les accords, on peut regarder ici
le problème est qu'au bout du quatrième accord un part en en ré mineur

et l'autre??? en fa majeur doigté do en barré!

et pourtant les deux sonnent correctement!

La raison est que l'accord de fa majeur est constitué des mêmes notes que le ré min 7, et là il a un peu transgressé la règle plus ou moins involontairement mais ça ne s'entend pas!

Cette subtilité de la construction des accords fait qu'un accord en mineur septième peut se substituer à un autre parfaitement majeur en respectant l'intervalle et sonne d'ailleurs moins "plat"!


Je vous propose un morceau "dérivé" du premier interprété par un ancien scarabée, en version Anthology, plus intimiste que la production très étazunienne :wink: studio de 1974...

et pour revenir ponctuellement au sujet de départ, voilà un petit florilège blues
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » sam. juin 10, 2017 7:28 pm

La Grosse Bertha a écrit :moi qui n'ai jamais utilisé d'onglet ailleurs qu'au pouce, j'ai été surpris de voir qu'il utilise le dos de l'accessoire pour les autres doigt!
J'en avais entendu parlé plus que vu, et surtout pour jouer du picking sur une douze cordes.

Colette Magny, ça vaut le coup d'écouter sa voix profonde dans les années soixante. Son disque mythique, c'est Melocoton (en réalité « Les tuileries ») en 1965. On y trouve un texte de Victor Hugo qu'elle a mis en musique, Les tuileries. Ça ne fait pas de bruit à l'époque, mais c'est repris par Yves Montand et plus récemment par Camélia Jordana et Bertrand Belin, preuve que ça ne vieillit pas trop mal (et c'est une super chanson de marche). Un autre standard du blues, St. James infirmary. Elle chante aussi des chansons engagées en français, comme Les gens de la moyenne. C'est l'époque où on chantait des chansons à texte lourd de sens... Depuis, les chanteurs ont compris que ça ne faisait plus recette.
La Grosse Bertha a écrit :le problème est qu'au bout du quatrième accord un part en en ré mineur

et l'autre??? en fa majeur doigté do en barré!

et pourtant les deux sonnent correctement!

La raison est que l'accord de fa majeur est constitué des mêmes notes que le ré min 7, et là il a un peu transgressé la règle plus ou moins involontairement mais ça ne s'entend pas!
Ce sont des tonalités relatives, c'est-à-dire que la mineure est la sœur de la majeure, et on passe de l'une à l'autre sans modifier l'armure (les dièses et bémols à la clef). Zut, ça me replonge plus de trente ans en arrière... Aujourd'hui, si je parle de passer de la majeure à la mineure, on risque de me regarder de travers...

En guitare, j'aime beaucoup utiliser le doigté de Do majeur 7 (C7) décalé en 5e case, pour faire un Mi majeur 7 (E7) qui mélange les cordes frettées et les cordes jouées à vide. Et mon petit chéri, c'est le même doigté en 3e case, pour réaliser un Ré majeur 7-9 (D7-9).
La Grosse Bertha a écrit :Je vous propose un morceau "dérivé" du premier interprété par un ancien scarabée, en version Anthology, plus intimiste que la production très étazunienne
Ah oui, il ne s'ennuie pas sur ce coup-là, John. Mais bon, le résultat tient la route.
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » mar. juin 13, 2017 4:13 pm

yves benisty a écrit :Mais cette chanson n'a pas d'époque, elle évoque une vérité intemporelle :

Quand vous êtes tout en haut, vos amis savent qui vous êtes Quand vous êtes au fond, vous savez qui sont vos amis...
Je l'ai troué en version anglaise :

When you're up, your friends know who you are. When you're down, you know who your friends are

Quand tu amènes l'apéro, tu as plein d'amis. Mais combien t'aident à nettoyer l'évier dans lequel tu as vomi ? ;-)


Je vous propose quelques lignes sur une autre chanson étazunienne que j'aime beaucoup, Sixteen tons, écrite par Merle Travis en 1946 et ici dans la version des Platters. J'aime beaucoup ces chansons qui racontent une histoire, et qui sont le témoin de faits de société. À cette époque, les mineurs étaient payés en grande partie en bons d'achats valables dans les magasins des compagnies minières. Ces compagnies disposaient également de logements pour les mineurs, et de dispensaires. Bref, le mineur était prisonnier, la mine vivait en circuit fermé. Autre pratique totalement ahurissante, lors d'une grève de mineurs, les patrons de la mine avaient conclu un accord avec le shérif pour qu'il fasse travailler les prisonniers dans les mines, cassant ainsi la grève. Cette histoire est racontée par Pete Seeger mais je ne retrouve pas le morceau.

Je vous propose une version un peu différente, par The Weavers, groupe mythique des années 1948 à 1958 (mais ils ont fait quelques “come back”). Le “lead vocal” est tenu par Fred Hellerman, également guitariste du groupe. Mais les quatre chantent, Ronnie Gilbert soprano, Lee Hays basse, et Pete Seeger, encore lui (et il joue du banjo).

Cette chanson a été adaptée (encore ;-) en 1956 en français par Jacques Larue pour Jean Bertola, chanteur français qui a eu une petite carrière de chanteur, pianiste, auteur-compositeur, mais qui est surtout connu pour avoir chanté les inédits de Brassens. Eddy Mitchell lui redonne une jeunesse en 2009 dans son disque Grand écran. Ce disque propose des reprises et adaptations de musiques de film, en l'occurrence “Joe versus the volcano”.
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par La Grosse Bertha » mer. juin 14, 2017 5:11 pm

yves benisty a écrit :
En guitare, j'aime beaucoup utiliser le doigté de Do majeur 7 (C7) décalé en 5e case, pour faire un Mi majeur 7 (E7) qui mélange les cordes frettées et les cordes jouées à vide. Et mon petit chéri, c'est le même doigté en 3e case, pour réaliser un Ré majeur 7-9 (D7-9)
Perso et comme disent les d'jeuns je kiffe sur un doigté qu'utilse souvent Stevie Ray VAUGHAN (SRV) un accord de transition le plus souvent en mi ça donne ça


E- 12
B- 9
G- 11
D- 12
A- X
E- 0


le résultat doit être un E7/F# ??? exemple avec cette sympa progression d'accords de transition qui va avec ici

et sinon j'aime bien ce doigté de descente arpégée blues en mi en faisant sonner les mi à vide en glissant de la case 3 puis 2 puis 1 et un mi final avec des pull off fait avec l'index ( G"/G etc)

E- 0
B- 3
G- 4
D- 6
A- 5
E- 0

yves benisty a écrit :
Quand tu amènes l'apéro, tu as plein d'amis. Mais combien t'aident à nettoyer (l’évier) le studio dans lequel tu as vomi ? ;-)
Ah je vois....dans le genre parodique il y a aussi celle-ci

Bon comme j'ai un tour de retard je continuerai plus tard!
Ouf suis A la retraite! Avec 1688 balles! Snif!
Un petit qu'à fait le matin est une bonne entrée en matière pour la journée...
yves benisty
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » jeu. juin 15, 2017 3:26 pm

yves benisty a écrit :Autre pratique totalement ahurissante, lors d'une grève de mineurs, les patrons de la mine avaient conclu un accord avec le shérif pour qu'il fasse travailler les prisonniers dans les mines, cassant ainsi la grève. Cette histoire est racontée par Pete Seeger mais je ne retrouve pas le morceau.
Ça y est, j'ai retrouvé l'histoire, c'est “Coal Creek rebellion”. Et la, ou plutôt les chansons qui vont avec.
Plus on est de fous, moins il y a de riz (proverbe chinois).
yves benisty
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Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!

Message par yves benisty » dim. juin 25, 2017 2:00 pm

Bonjour,

Je vais tenter de vous raconter une histoire, l'histoire d'une chanson.

Nous sommes en 1979. Joe Dassin travaille avec un auteur compositeur interprète, guitariste et harmoniciste, Tony Joe White. À cette époque, Joe Dassin enregistre des titres très blues, country, qui lui correspondent très bien. Un vrai retour aux sources pour celui qui était un peu considéré comme un amuseur. Il songe à conquérir le public des États-Unis.

Joe Dassin reprend Polk salad Annie, le tube de Tony Joe White. Il demande à ses paroliers, Pierre Delanoë et Claude Lemesle, de lui écrire des adaptations. High sheriff of Calhoun Parrish devient La fille du shérif (la vidéo n'est pas terrible, c'est probablement un faux direct et un vrai play-back). “The change” devient « La saison du blues », Lustful Earl and the married woman devient Joe Macho. Tony Joe participe aux enregistrements, à la guitare ou à l'harmonica. Joe Dassin enregistre également les chansons en version originale, par exemple High sheriff of Calhoun Parrish.

Dans la même veine, le même style, Joe Dassin compose une musique sur un texte de Claude Lemesle, Le marché aux puces. Le sujet est classique, un amour qui n'en finit pas de finir :

Notre lit n’est qu’un lieu où nos corps se reposent
On est presque content de partir le matin
Et nos vies se sont faites à leur métamorphose
Ell’s n’étaient pas grand-chose, ell’s n’ont plus l’air de rien

Ça sonne pas mal. Tony Joe White décide de l'adapter en anglais, et ça donne The guitar don’t lie. Ça n'est pas une traduction, mais on reste dans l'ambiance. Et c'est vraiment bon.

Des années plus tard, Johnny Hallyday découvre ce titre et demande à Étienne Roda-Gil de lui écrire des paroles en français. Et ça donne La guitare fait mal. Sur cette vidéo, on voit deux choses, que Johnny a de bons musiciens, et qu'il est probable que ce qu'il joue à la guitare ne soit pas retransmis pendant le concert (et tant mieux). Ça sort en 1991, mais il en existe une bonne version à Bercy avec Luther Allison à la guitare (et lui aussi, il est bon).

Voili voilà, j'ai trouvé cette histoire de chanson en français adaptée en anglais puis réadaptée en français assez amusante. Si vous aimez cette ambiance, tout le disque “Blue country” de Joe Dassin, sorti en 1979, vaut le coup d'oreille.
Plus on est de fous, moins il y a de riz (proverbe chinois).
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