Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. nov. 14, 2016 8:01 pm

Il n'y a pas de petite anesthésie. Mais quand en plus elle est délivrée par un praticien dont ce n'est pas l'activité principale voire exclusive, voilà ce qui se passe.

Les dentistes albertains n'ont plus le droit d'anesthésier en même temps qu'ils opèrent
PUBLIÉ LE MERCREDI 2 NOVEMBRE 2016

source : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/812 ... re-hopital

Les dentistes albertains ne sont plus autorisés à pratiquer des sédations ou des anesthésies générales en même temps qu'ils pratiquent des chirurgies dentaires, a annoncé l'Association et le collège dentaires de l'Alberta.

Cette décision survient après qu'une fillette de 4 ans, Amber Athwal, eut subi de graves lésions cérébrales permanentes en septembre après avoir été privée d'oxygène lors d'une anesthésie dans une clinique dentaire d'Edmonton.

La ministre de la Santé, Sarah Hoffman, prévoit rencontrer la famille de la petite fille mercredi, à l'hôpital où elle se trouve toujours. Dans un communiqué envoyé mardi, Sarah Hoffman dit soutenir la décision de l'Association et du collège dentaires de modifier sa politique en matière d'anesthésie.

L'Association et le collège mènent toujours une enquête, rappelle-t-elle, même si l'organisme a souligné le fait que cela faisait déjà un an qu'il examine les règles concernant l'anesthésie. Deux mois plus tard, aucune date n'a encore été donnée pour savoir quand seront livrées les conclusions.

D'après le chef du Parti libéral et médecin David Swann, il n'y a aucun doute toutefois que ce changement de politique est une réaction à la tragédie qui a touché la fillette et sa famille. « Nous devrions avoir plus de réponses d'ici quelques mois et un plan pour que cela ne se reproduise plus jamais », a-t-il ajouté.

Il souhaite également que l'organisme rende publiques les conclusions de cet examen, puisque l'affaire a suscité un « intérêt national ».

Avec l'Ontario, l'Alberta était l'une des deux seules provinces à autoriser un dentiste à pratiquer les deux procédures en même temps. L'Ontario est également en train de réviser ses règles.

_____________________

On s'en doutait largement, mais bon, puisqu'il a fallu une étude pour le vérifier...

ÊTRE SOUS ANESTHÉSIE GÉNÉRALE, EST-CE DORMIR ?
Par K.J. Le 10 nov 2016
source : http://www.science-et-vie.com/article/e ... ormir-7257

L'expression "endormir" est un abus de langage ! Sous anesthésie générale, le patient bascule directement dans un état de conscience minimale.

"Je vais vous endormir et je vous retrouve après l'opération en salle de réveil." C'est avec ces mots que le médecin rassure le patient avant de lui administrer de quoi l'anesthésier entièrement.

Mais pour être tout à fait précis, le spécialiste devrait plutôt dire : "Je vais vous plonger dans le coma, mais ne vous inquiétez pas, il est réversible."

De quoi angoisser pas mal de patients avant de les envoyer sur le "billard". Pourtant, c'est bien la conclusion à laquelle est parvenue en 2010 une équipe de chercheurs américains.

L'anesthésie générale équivaut à un coma pharmacologique

Après trois années passées à comparer les caractéristiques de l'anesthésie générale, à savoir la perte de conscience, de sensibilité à la douleur, des fonctions respiratoire, motrice et thermorégulatrice et l'amnésie, avec les états de sommeil et de coma, leur constat a été sans appel : l'anesthésie générale est un coma pharmacologique, pas un sommeil !

Pour preuve, alors que le dormeur traverse plusieurs phases, passant du sommeil léger au sommeil plus profond et inversement, sous anesthésie générale, le patient est directement plongé dans un état spécifique, identique à celui des comateux, et il y est chimiquement maintenu. Le cerveau devient alors très calme et l'activité des neurones est grandement réduite.

—K.J.
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. nov. 19, 2016 3:20 pm

Publié le 18/11/2016
Quelques mesures promises au personnel infirmier

Paris, le vendredi 18 novembre 2016 - La journée de mobilisation infirmière du 8 novembreà l’appel du collectif de 17 organisations infirmières (en parallèle de la CGT, FO et SUD) a connu un grand succès, avec notamment 10 000 infirmières et étudiantes ayant défilé à Paris de la gare Montparnasse au ministère de la Santé. En fin de journée,une délégation de sept représentants infirmiers a été reçue par des membres du cabinet de Marisol Touraine, une reprise de dialogue dont se félicite le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC).
Du négatif

La ministre « présentera à la fin du mois de novembre aux infirmiers et à l’ensemble des professionnels de santé, une stratégie nationale qui déclinera des actions concrètes pour améliorer la qualité de vie au travail, en concertation avec les professionnels », une réponse qui constitue pour le syndicat « un cautère sur une jambe de bois ». Celui-ci demande un moratoire sur les plans d’économies dans les hôpitaux, qui sont la cause de la souffrance au travail, des polyvalences imposées et de l’augmentation des charges de travail.

« Nous n’avons pas eu de réponse sur la prise en compte de la pénibilité », regrette aussi le SNPI, qui revendiquait que la pénibilité de la profession soit reconnue par un départ anticipé en retraite (bonification d’un an tous les 10 ans, et catégorie active pour tous les infirmiers hospitaliers).
Du positif

Pour autant « cinq avancées pour la profession infirmières » ont été enregistrées au sortir de la réunion.

Premier point, concernant la pratique avancée, « les travaux conduisant à la construction du référentiel d’activités, de compétences et de formation débuteront en décembre 2016 » avec les organisations infirmières, indique le syndicat infirmier,alors que depuis la promulgation de la loi Santé en janvier, qui a créé cette nouvelle filière, il ne s’était rien passé.

Le deuxième point a trait à la demande des infirmiers de bloc opératoire (IBODE) et des puéricultrices de réingéniérie de leur formation. Elle sera relancée en décembre avec le Comité de Suivi de la Grande

Conférence de Santé, et sera finalisée, ont promis les conseillers ministériels, alors qu’il ne s’est rien passé depuis la « grande conférence de la santé » du 11 février. Le Cabinet de Marisol Touraine a également « tranché en faveur d’un master pour les IBODE et les puéricultrices », processus à l’arrêt depuis 2009, faute d’arbitrage ministériel sur la durée des études, souligne le SNPI.A l’heure actuelle seule la formation des infirmières anesthésistes (IADE) a été graduée master 2 et sa traduction n’est pas encore effective !

Les possibilités de vaccination des infirmiers contre la grippe seront élargies, avec l’abrogation des textes qui le restreignaient. Enfin, « le décret d’actes et de prescriptions des dispositifs médicaux par les infirmiers va évoluer », et « la liste des dispositifs médicaux pouvant être prescrits par les infirmiers sera complétée », ce qui correspond à une forte attente, explique le syndicat infirmier, le décret d’acte infirmier n’ayant pas évolué depuis 2002.

En parallèle, interpellée cinq fois à l’Assemblée et au Sénat par des parlementaires soutenant les infirmières, Marisol Touraine a indiqué que le gouvernement engage « un travail de fond » pour que les compétences des infirmières « en matière de vaccinations, et plus généralement de pratiques avancées soient mieux reconnues, pour que la sécurité dans l’exercice de leurs missions soit garantie ».

Les infirmier(e) seront attentif(ve)s à la concrétisation de ces annonces qui, insuffisantes pour leurs revendications, n’empêcheront pas de nouvelles journées d'action prévues début 2017, comme déjà signalé sur JIM.fr.

Dominique Monnier



----

Attractivité des carrières hospitalières : timides avancées

Deux arrêtés relatifs à l'attractivité des carrières hospitalières ont été publiés au Journal officiel.

Le premier prévoit la création d'une nouvelle plage horaire de temps de travail en fin de journée pour les praticiens hospitaliers qui se trouvent au bloc opératoire, dans les services d'imagerie et de radiothérapie ou qui assurent des activités postopératoires, des explorations fonctionnelles ou des consultations externes.

Le dispositif porte sur les activités médicales programmées uniquement. Au-delà d’un horaire qui établit la fin de journée (qui sera fixé par négociation dans chaque établissement), le décompte des activités se fait en heures. S’il travaille quatre heures consécutives, les heures sont converties en une demi-journée. Si ce temps de travail est, par contre, fractionné sur plusieurs débuts de soirée, une durée de cinq heures cumulées est nécessaire pour comptabiliser une demi-journée de travail supplémentaire.

Les activités éligibles à ce nouveau format horaire, incompatibles avec les gardes et les astreintes, seront arrêtées par les directeurs d'établissements après concertation.

Le second arrêté augmente la rémunération de l'astreinte de jour et de temps de travail additionnel de jour (la notion de temps additionnel de nuit est supprimée).

FH
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Message par yves benisty » mar. nov. 22, 2016 3:59 pm

L'anesthésie générale équivaut à un coma pharmacologique
[...]
Pour preuve
Que se passerait-il si on fendait le bide à un patient pendant qu'il dort ?
Plus on est de fous, moins il y a de riz (proverbe chinois).
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Message par La Grosse Bertha » mar. nov. 22, 2016 9:24 pm

yves benisty a écrit :
L'anesthésie générale équivaut à un coma pharmacologique
[...]
Pour preuve
Que se passerait-il si on fendait le bide à un patient pendant qu'il dort ?
On peut nuancer tout ça et le chat retombera sur ses pattes!

Que se passerait-il si le coma était dû à un morphinomimétique? Le ventre se défendrait (seul) du moins c'est ce que dirait le chir!

Donc il suffirait d'ajouter un relaxant musculaire puissant et le bide pourrait être fendu, sans que l'opérateur se fende en commentaires désobligeants, tout en respectant du coup l'image du "coma pharmacologique".
Dans les années 80 la chir cardiaque se faisait d'ailleurs par "analgésie pure" avec du fentanyl largua manu (et du pancuronium ne serait ce que pour la rigidité thoracique induite) si je me souviens bien.
C'est aussi grace ou à cause de cette technique anesthésique qu'ont été mis en évidence les problèmes de relargage du morphinomimetique.
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. nov. 23, 2016 7:40 pm

yves benisty a écrit :
L'anesthésie générale équivaut à un coma pharmacologique
[...]
Pour preuve
Que se passerait-il si on fendait le bide à un patient pendant qu'il dort ?
Et bien ce sont les travaux (assez contestés par certains MAR) du Pr De Koch en Belgique. La méthode OFA (opioid free anesthesia), où tout morphinique est absent.
il semble toutefois qu'il y ait quelques biais d'après ce que j'en sais (MAR ayant étudié en Belgique dans son service).
On en a parlé à Caen, lors du congrès du ciarcr 2016. Pour les tenants de la chose, il n'y a pas de douleur qui remonte au cerveau quand celui-ci dort par des drogues anesthésiques.
Il n'y a que des manifestations sympathiques ou parasympathiques, qui doivent être gérées par des vasoconstricteurs, ou des vasodilatateurs, de la lidocaïne, du kétalar, de la dexaméthasone, de la dexmédétomidine...bref tout sauf des morphiniques.

Je n'ai pas d'avis sur la question, je commence à lire des articles. Ce que j'en entends, comme souvent, il y a les pour et les contre. Le biais semblerait être des injections de morphiniques faites "sans le dire". Ce qui fout par terre la théorie bien évidemment.
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Message par La Grosse Bertha » jeu. nov. 24, 2016 7:08 am

C'est une sorte de négationnisme...
Ach ja!!! Che propose de la Naloxone pour être zuhr qu'il niais pas la mointre entorphine qui traîne...

Le type qui me ferait une anesthesie comme ça il a intérêt à ce que je ne me réveille pas...le pire c'est que ça a existé pas loin de notre CHR dans une petite structure qui a fermé depuis, le MAR n'utilisait jamais de morphinique, juste de la clonidine...

Allez aujourd'hui c'est fête...Une petite protection neuro végétative avec du droperidol, de l'atropine, un tit bêta bloquant, un tiroir de catapressan, une pointe de Kétamine, un zest d'hypnovel pour l'amnésie des fois qu'il se rappelle d'avoir eu mal...ah oui j'oubliais un kg d'IPP...et un soupçon de lidocaine.

Durée de séjour réduite, les patients se sauvent...

Consult psy pour le post op, ou on continue les hypnotiques?

Effectivement une seringue de suf dans la poche au cas où...

Dépenser plus pour souffrir plus...

Put....!!!! :roll:
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. déc. 16, 2016 6:05 pm

Le Pr Even radié de l'Ordre

L’Ordre national des médecins a radié le Pr Even au terme d’une procédure qui faisait suite à la parution en septembre 2015 de son livre « Corruption et crédulité en médecine ». Pour l’institution, les propos tenus dans ce livre contreviennent à l'article 31 du code de déontologie qui stipule que « tout médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ».

Tais-toi quand tu parles. Et d'ailleurs je crois en avoir trop dit...
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. déc. 21, 2016 11:57 am

Le Monde.fr
ÉDITION GLOBALE

28 novembre 2016
Santé : alerte sur l’hôpital public

Trois milliards et demi d’euros en moins sur trois ans pour les hôpitaux. Suite à des années de restrictions budgétaires, les hôpitaux doivent encore se serrer la ceinture. Et cette coupe réglée se passe quasiment à l’insu des usagers qui, pour l’instant, ont intégré le discours officiel : si les hôpitaux sont en déficit, c’est qu’ils sont mal gérés. Par ailleurs, ils persistent à penser que nos hôpitaux français sont parmi les meilleurs mondiaux.

Or de nombreux lits sont supprimés, la souffrance des personnels dans leur travail est maintenant patente. Si beaucoup de syndicats se sont groupés lors de la grève du 8 novembre dernier, ce n’est pas un hasard. Un tel regroupement ne s’était pas vu depuis longtemps.

En fait, ce que les usagers ignorent, c’est que ce rationnement est organisé par l’Etat car tous les leviers financiers sont dans les mains des ARS (agences régionales de santé), elles-mêmes aux ordres du ministère de la Santé (et du budget). Le directeur n’a quasiment aucune marge de manœuvre. Il est devenu un simple exécutant des consignes de l’ARS.

Deux mots pour comprendre le principal financement des hôpitaux : la T2A (Tarification A l’Activité). L’Etat a mis en place un découpage des activités de soins (ceux qui s’y prêtent, essentiellement les soins techniques) et leur a attribué un tarif. Les hôpitaux (et les cliniques privées) doivent compter sur ces tarifs pour établir leur budget. Le soin relationnel, pourtant si fondamental, est laissé pour compte. Chaque acteur de soin gère ce temps relationnel comme il peut, sachant qu’il ne rapportera rien à l’établissement. Les ARS ont dit aux hôpitaux : augmentez l’activité, vous réduirez votre déficit. Beaucoup d’hôpitaux ont joué le jeu mais les ARS ont maintenant sifflé la fin de la partie. Elles jouent désormais sur deux tableaux : diminution des tarifs et réduction des effectifs. En effet, la T2A s’est révélée un véritable leurre car, devant l’augmentation d’activité mise en place par les acteurs pour réduire le déficit, les ARS annoncent qu’en raison des contraintes budgétaires (l’enveloppe qui leur est allouée est fermée) les tarifs T2A vont baisser, cette année encore, de 1 % ; ce qui veut dire que pour une même activité (mêmes nombres d’actes, même nombre de séjours etc.), les recettes de l’hôpital sont réduites d’autorité de 1 %.

Le deuxième volet, récent mais très alarmant, c’est la réduction du personnel. En effet, geler les grilles de salaires, mutualiser les achats, regrouper des services, toutes ces réformes sont déjà faites et atteignent leur limite. Ce sont les salaires qui coûtent cher, il faut donc s’en prendre aux ressources humaines. Il faut diminuer la masse salariale, mais en toute discrétion (grâce notamment à la multitude de contrats précaires, facilement révocables, mis en place par la politique frileuse de ces dernières années), par le non-remplacement des départs, par la « mutualisation », c’est-à-dire demander à ceux qui restent de faire, en plus de leur travail, celui de ceux qui sont partis.

Le vocabulaire des discours officiels est d’ailleurs consternant d’hypocrisie, formulée dans la langue du « politiquement correct » : optimisation, plan de performance, efficience, mutualisation, modernisation, pour finalement ne désigner qu’une seule réalité : gérer la pénurie.

Des soins trop rapides, réalisés par un personnel épuisé, deviennent de médiocre qualité. Mais les soignants ne peuvent même pas invoquer la nécessité d’une prise en charge « de qualité » et de « sécurité des soins » (démarche obligatoire très louable mais très chronophage et non budgétée) pour demander davantage de personnel, car cet argument peut se retourner contre eux. En effet il peut alimenter le cynisme des décideurs et leur rouleau compresseur sur la casse du service public de santé. Certains affirment, la main sur le cœur : il vaut mieux moins d’hôpitaux plus sécures que trop d’hôpitaux insécures. Il faut donc fermer des services et si possible des hôpitaux.

L’informatisation généralisée des soins, loin d’être un gain de temps, demande une présence énorme sur l’ordinateur. Tous les patients le constatent : les infirmières sont plus souvent sur leur écran qu’au lit du malade, sacrifiant leur temps à la « traçabilité ». Ces injonctions paradoxales – faire plus et mieux avec moins – rendent les soignants vraiment malades. Cela tourne à une maltraitance organisée. Ce constat est vrai aussi pour les maisons de retraite publiques (EHPAD publics) où les soignants n’en peuvent plus.

On a déjà « optimisé » presque tout de qui pouvait l’être. Le ministère a créé récemment les Groupement hospitalier de territoire (GHT), pour, dit-il, « fluidiser » le parcours du patient et rendre l’accès aux soins plus égalitaire. Pour les médecins c’est en fait une mutualisation supplémentaire : ils seront priés de consulter aussi dans les hôpitaux voisins, tout cela pour éviter de nouvelles embauches.

Finalement à l’hôpital, les directeurs ne peuvent envisager aucun investissement nouveau, sauf les travaux de mise aux normes que voudront bien financer les ARS. Leur vision est seulement celle de leurs tableaux trimestriels, car ils ont deux à trois ans pour prouver qu’ils peuvent mettre en place des économies drastiques. Aucune vision de leur hôpital dans 10 ans n’est possible.

Alors que faire ? Les acteurs et les usagers doivent se réveiller avant qu’une anesthésie très progressive ne les tue. Rétablir aussi de la démocratie, car elle a largement abandonné le domaine de la santé depuis plusieurs années.

En 1996 les ordonnances « Juppé » et la loi de financement ont aligné les dépenses de santé sur le modèle des autres dépenses budgétaires. L’enveloppe nationale est fixée chaque année par les députés : c’est l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM), budget qui finance aussi les hôpitaux et distribue à chaque ARS sa quote-part, enveloppe fermée qui ne peut être dépassée. Depuis plusieurs années le taux d’augmentation de l’ONDAM est très souvent inférieur à l’inflation.

Mais la législation la plus délétère, et de loin, pour les hôpitaux est assurément la loi HPST, dite loi Bachelot. Créée pour « moderniser » l’hôpital, mettre en place un « vrai patron », selon les mots de Nicolas Sarkozy, pour le gérer « comme une entreprise » cette loi a été promulguée en 2009. Au-delà de ces intentions, mensongères pour les raisons expliquées plus haut, faisant croire qu’un hôpital peut être « rentable », elle a considérablement diminué la démocratie à l’hôpital. Les instances n’ont plus aucun pouvoir. Le conseil d’administration a été remplacé par un conseil de surveillance, où les élus, les médecins, les syndicats sont peu représentés, et n’ont qu’un seul pouvoir, celui de mécontenter le directeur et l’ARS, quand ce conseil s’oppose aux injonctions budgétaires, car l’ARS fera quand même ce qu’elle avait prévu. (cf. l’hôpital de Lavaur). Même chose pour les autres instances, la Commission médicale d’établissement (CME), le Comité technique d’établissement (CTE), que beaucoup de membres désertent car leur présence ne change rien.

Marisol Touraine a persisté dans cette politique de coups de rabot et n’a pas rétabli davantage de démocratie. Elle a commandé le rapport Couty qui, en 2013, voulait ce rétablissement, mais il a été enterré.

En février dernier, écœuré, Thomas Dietrich a démissionné avec fracas de son poste de secrétaire de la Conférence nationale de santé (CNS), instance consultative ouverte aux patients, pour dénoncer la « vaste mascarade » que constitue selon lui la « démocratie en santé ».

Or il faut affirmer haut et fort que les soins aux malades n’ont pas vocation à être rentables financièrement, même si chacun est d’accord pour que chaque dépense soit gérée au mieux, avec pertinence et économie.

Je ne suis pas économiste mais je vois, de là où je suis, le désastre humain que ces coupes claires répétées, de droite ou de gauche, entraînent, et je sais que la « santé » de l’économie ne peut justifier tous ces reculs. Le culte qui lui est rendu permet tous les reniements démocratiques (regardons les 49-3 récents.). Elle recouvre le politique jusqu’à l’étouffer. L’ogre financier devient un dieu monstrueux qui, tel Cronos, dévore ses enfants pour leur conserver un père.

A l’hôpital de Vernon où je travaille, des lignes de gardes sont supprimées, des services viennent de fermer alors que cette petite ville de 25 000 habitants est dans l’Eure. Ce département est particulièrement sinistré en matière de santé car il est le 90e département (ex-æquo avec la Guyane) pour le nombre de praticiens, de kinés et d’infirmières par habitant. Ici, les postes de soignants sont sacrifiés, mais pas les postes de sous-directions diverses et de « contrôleurs de gestion » qui, eux, se portent bien.

Tout se passe comme si les politiques publiques étaient en priorité au service de la dette, certes considérable. Cette dette est dite « souveraine », mais en réalité ce sont les financiers qui sont souverains. Les faillites des banques sont désormais protégées par les états.

Il est donc indispensable que les citoyens – tous tôt ou tard usagers des services de santé – soient informés de ces réalités, certes complexes, et se dressent pour arrêter cette machine infernale en marche sur le service public de santé depuis des années.

Jérôme Bultel, praticien hospitalier, médecin chef de service, gériatre à l’Hôpital de Vernon (Eure).
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. déc. 23, 2016 9:23 pm

AVC : un Britannique victime du "syndrome du coiffeur"
par Stéphany Gardier

Un coiffeur britannique aurait été condamné à verser 90 000 livres sterling à un client, victime d'un AVC après un passage au bac à shampoing.

Publié le 23.12.2016 pourquoidocteur.fr


Pour réduire les risques d’accident vasculaire cérébral (AVC), vous saviez déjà qu’il fallait équilibrer votre alimentation, essayer d’avoir une activité physique régulière et réduire votre consommation d'alcool. Plus récemment, on a appris qu’il serait plus sûr d’éviter les zones où la pollution atmosphérique sévit. Mais faudrait-il aussi éviter d’aller chez son coiffeur ? C’est ce que certains ne manqueront pas de se demander après avoir pris connaissance de l’histoire de Dave Tyler, relatée par le site du Huffington Post.

Âgé de 45 ans, Dave habite Brighton en Angleterre. Et son coiffeur viendrait de lui verser 90 000 livres sterling d’indemnités. Un montant conséquent, qui s’explique par le fait que 5 ans après sa dernière visite chez le coiffeur, Dave vit encore avec des séquelles. Pas d’erreur de manipulation de ciseaux en cause, encore moins de brûlure au sèche-cheveux. C’est au bac à shampoing que le drame s’est en fait noué. A l’insu de tous les protagonistes.

C’est en pleine forme et sur ses deux jambes que Dave est en effet sorti de son rendez-vous. Satisfait ou non de sa nouvelle coupe, ça, l’histoire ne le dit pas. Mais deux jours plus tard, en pleine réunion, le père de famille d’effondre et est transporté en urgence à Londres, à l'hôpital national de neurologie et de neurochirurgie. Là, il se voit poser une question déconcertante : « Êtes-vous allé récemment chez le coiffeur ? ».

Face à ce jeune quadra en pleine santé, qui ne présentait a priori pas de facteurs de risque d’AVC, les médecins britanniques suspectent être en présence d’un cas de « syndrome du coiffeur » ! La position très particulière du cou sur le bac à shampoing pourrait en effet être à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques. La flexion du cou, parfois prolongée, peut en effet exercer une pression trop forte sur une des artères irriguant le cerveau. La formation d’un caillot sanguin peut également être à l’origine de l’AVC.

Amateurs de massages capillaires, rassurez-vous, les cas restent rares. Trois seraient connus à ce jour. Il peut cependant être prudent lors de votre prochain passage au bac de vérifier que vous êtes correctement installé, et ne pas hésiter à ajuster votre position pour être le plus confortable possible. Une serviette roulée entre le bac et votre cou permettra également de le protéger. C'est d'ailleurs pour ne pas avoir suffisamment protégé son client que le coiffeur de Dave Tyler aurait été condamné, selon le Times.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 26, 2016 5:49 pm

source http://www.stripes.com/nurse-anesthetis ... s-1.445864

By NIKKI WENTLING | STARS AND STRIPES Published: December 23, 2016

A new rule allowing advanced practice nurses to work without doctor supervision at Department of Veterans Affairs hospitals drew praise from a host of groups representing health care providers — with the exception of one.

Certified Registered Nurse Anesthetists were the only group of advanced practice nurses excluded from the rule. According to the VA, they were omitted because there is not a shortage of anesthesiology providers.

But leaders of the American Association of Nurse Anesthetists say continued supervision unnecessarily slows down treatment and leads to the VA paying two people for one job. With one more month of public comment before the rule goes into effect, the association – and hundreds of CRNAs writing into the VA – are putting up a final fight to prove their case.

“We think the VA has made a big mistake,” said Dr. Cheryl Nimmo, a CRNA and president of the American Association of Nurse Anesthetists. “Instead of two providers and one patient, you could have two providers with two patients. But, unfortunately, the veterans are going to see a lot of wait times for essential procedures.”
related articles


The rule giving APNs full-practice authority will go into effect Jan. 13. That’s also the last day the public can comment on the change.

When rule was finalized Dec. 13, it drew a blitz of comments on the Federal Register, from CRNAs disappointed they were not included in the rule change, to anesthesiologists praising the VA for making sure quality of care wasn’t compromised. Nearly 3,600 new public comments have been posted since it was announced that CRNAs would not be included.

In an initial comment period, from May through July, the VA received more than 104,000 comments opposing giving CRNAs full-practice authority. The American Society of Anesthesiologists lobbied heavily against CRNAs being allowed to work autonomously. The association established a website to facilitate comments to the Federal Register, the VA said, and it called the comments “not substantive.”

An additional 46,000 comments expressed support of the rule.

In his statement, VA Undersecretary for Health David Shulkin said he wanted to hear more comments about the VA’s decision to exclude CRNAs. The comments will be taken under consideration for future rules, Shulkin said, and won’t result in a change to the current one.

“In the meantime, we owe it to veterans to increase access to care in areas where we know we have immediate and broad access challenges,” he said.

The VA said its reason for not including CRNAs was that veterans do not face problems with accessing anesthesiology.

Nimmo pushed back against that claim.

She pointed to a Rand study published last year that interviewed VA medical facility directors. According to the study, directors cited a shortage of specialty providers within the VA, including those in anesthesiology.

The VA currently employs 940 physician anesthesiologists and 937 CRNAs.

“VA does believe that evidence exists that there is not currently a shortage of anesthesiologists that critically impacts access to care,” the rule reads.

Jeff Plagenhoef, president of the American Society of Anesthesiologists, celebrated the finalized rule last week, saying surgery and anesthesia are “inherently dangerous, requiring physician leadership.”

He said physician anesthesiologists complete more postgraduate education and hours of clinical training.

Nimmo and Bruce Schoneboom, a CRNA and the American Association of Nurse Anesthetists’ director of education, balked at that argument.

“We are very highly educated; many of us have doctoral degrees,” Nimmo said. “We are capable and educated and do all kinds of anesthesia techniques.”

Schoneboom, a retired colonel, was educated as a CRNA through the Army. In 2006, he commanded a surgical team at Forward Operating Base Salerno, just outside of Khost, Afghanistan.

Being only 10 miles away from Pakistan, where the Taliban would seek haven between attacks, Schoneboom and his team “saw a lot of trauma,” he said.

He and one other CRNA provided all anesthesiology for wounded soldiers.

“For combat anesthesia, CRNAs are the primary providers, and you have to be able to do it all,” he said.

Back in the United States, Schoneboom would be unable at some VA medical facilities to work as a CRNA without supervision.

“It’s so upsetting to a lot of us who are prior military that the VA can’t figure out how to use their assets to their best extent,” Schoneboom said. “We’ve taken care of military members our entire careers, and a lot of us would like to go work in the VA. But we don’t want to go there if we can’t do all we were trained to do.”

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Message par Arnaud BASSEZ » ven. janv. 06, 2017 12:18 am

Publié le 05/01/2017

Les mouvements de grève infirmiers se multiplient dans toute la France

Nous l’avons régulièrement souligné, l’année 2016 a été l’occasion pour les professionnels de santé de lever le voile sur la souffrance que beaucoup ressentent aujourd’hui dans l’exercice de leur métier, notamment à l’hôpital. Les infirmières, touchées par plusieurs suicides pour lesquels la responsabilité au moins partielle des contraintes professionnelles a été mise en évidence, se sont particulièrement mobilisées.

Au-delà des revalorisations salariales, les infirmières ont été nombreuses à évoquer leur désarroi face à l’impossibilité d’accorder du temps et une prise en charge de qualité aux patients. Les restrictions d’effectif les empêchent en effet de plus en plus de donner du sens à leur métier, favorisent le sentiment de "bâcler" leur tâche, quand ne s’y ajoutent pas une gestion des plannings qui renforce l’impression de n’être qu’une variable d’ajustement. L’évocation du malaise des infirmières était le thème central de la grande grève du 8 novembre dernier, qui a donné lieu à des manifestations dans toute la France. Les réponses données par Marisol Touraine à cette mobilisation, qui se sont notamment concentrées sur une meilleure reconnaissance des compétences des infirmières, ne sont pas considérées comme suffisantes aux yeux d’un grand nombre d'associations professionnelles. Aussi quatorze organisations d’infirmières hospitalières et libérales appellent aujourd’hui à une nouvelle journée d’action le 24 janvier prochain. Une manifestation aura notamment lieu entre la Gare Montparnasse et le ministère de la Santé afin de délivrer à Marisol Touraine une piqûre de rappel sur le "malaise soignant".

Opérations coups de poings

Parallèlement à cette mobilisation nationale, plusieurs hôpitaux de France font face depuis quelques semaines à une épidémie de grèves, organisées en premier lieu par les personnels infirmiers. Partout ce sont les mêmes revendications d’une amélioration des moyens afin de pouvoir offrir aux patients une prise en charge de meilleure qualité qui s’expriment. Les opérations organisées sont parfois spectaculaires et fortement symboliques.

Ainsi, début décembre, les infirmières du CHU Gabriel-Montpied à Clermont-Ferrand avaient pendant quelques minutes bloqué l’accès à certaines salles en s’allongeant au sol, figurant un cimetière de professionnels de santé. « L’hôpital tue ses soignants » a par ailleurs dénoncé pendant plusieurs jours une banderole barrant l’entrée des urgences. Cette opération fut le point d’orgue d’une grève débutée fin octobre afin de dénoncer un sous-effectif chronique.

Une symbolique proche avait été choisie par les infirmières de Pontoise qui dans les derniers jours de décembre projetaient de réaliser un saut à l’élastique depuis un pont de Cergy. Si un arrêté préfectoral a finalement interdit cette manifestation symbolique, les infirmières se préparent aujourd’hui à une grève illimitée qui pourrait débuter lundi pour dénoncer un plan de réduction du personnel inquiétant.

Les salariés de la clinique de l’Ormeau à Tarbes ont choisi pour leur part d’exprimer leur colère par l’occupation de locaux publics, qu’il s’agisse du siège de l’Agence régionale de Santé, de l’aéroport de Tarbes ou hier de la gare de Matabiau à Toulouse. Si le conflit implique ici un employeur privé, les infirmières mobilisées depuis près de deux mois pressent les pouvoirs publics d’intervenir, alors que les propositions avancées par la direction demeurent toujours très en deçà des revendications, notamment salariales.

La qualité des soins en question

Si les opérations spectaculaires de ce type sont rares, les débrayages de quelques heures par jour, plus classiques deviennent de plus en plus fréquents. Nîmes, dont le service des urgences du CHU n’avait plus connu de grève depuis plusieurs années, voit ainsi ces dernières semaines se répéter les cessations d’activité ponctuelles. L’incompréhension persiste entre la direction qui affirme avoir pu négocier une augmentation salariale de 3 % chaque année et les représentants des personnels qui font le constat d’un manque d’effectifs dans la plupart des services. Même dialogue de sourd à Clamart, où les infirmières poursuivent leur grève depuis plus d’un mois.

L’épuisement est au cœur des discours. « J’ai une conscience professionnelle, je fais mon travail. Mais quand je rentre à la maison, je pleure » expliquait ainsi il y a quelques jour une infirmière aux urgences psychiatriques aux journalistes de BFM TV. La jeune femme qui évoque elle aussi le manque d’effectif dénonce l’absence de soutien de l’encadrement de la direction. Une de ses consœurs constate par ailleurs les répercussions sur les malades. « Les patients sont inquiets, ils ont l’impression de ne pas être pris en charge » analyse-t-elle en citant le recours plus fréquent à la contention comme symbole d’une dégradation de la qualité des soins.

On pourrait encore citer dans cet inventaire des grèves suivies ces dernières semaines, les infirmières de l’Hôpital Haut-Lévêque à Bordeaux qui à la fin de l’année ont accueilli sans conviction la proposition de la direction de réaliser une « enquête pour objectiver la charge de travail des aides soignants, afin de mettre à plat son organisation ». Enfin, à Tenon, les infirmières se sont mobilisées à la fin du mois de décembre pour dénoncer un projet qui risque selon elles de transformer la maternité en usine à bébés.

Ces différents exemples illustrent l’ampleur du malaise qui touche aujourd’hui les infirmières et qui au-delà des revendications pour elles-mêmes concernent le bien être des patients et la qualité des soins. Un message dont on espère qu’il sera enfin entendu le 24 janvier prochain.

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Message par Arnaud BASSEZ » ven. janv. 06, 2017 9:06 pm

Les actes exclusifs des infirmiers de bloc opératoire sont reconnus par le Conseil d’État

Le Conseil d’Etat a rendu le 7 décembre 2016 une décision très attendue par l’ensemble de la profession infirmière, confirmant les actes exclusifs des infirmiers de bloc opératoire diplômés d'État (Ibode). L’exclusivité de certains actes est néanmoins repoussée au 31 décembre 2017.

Pour mémoire, le décret n° 2015-74 du 27 janvier 2015 a permis l’accès des Ibode à de nouveaux actes et activités qu’ils exercent en exclusivité. Pour ce faire, ils doivent suivre une formation complémentaire avant la fin 2020. Un arrêté du ministre de la Santé en a fixé la durée à 49 heures sur une période n'excédant pas cinq mois.

Le texte posait une série de difficultés, explique notamment la FHP MCO (Fédération de l’hospitalisation privée Médecine chirurgie obstétrique). Elles sont liées à la fois à son impact sur les aides-opératoires non infirmiers et sur les infirmiers non-Ibode qui interviennent au bloc opératoire, et à son application à effet immédiat sur le fonctionnement des blocs, qui devait correspondre sans délai à la situation décrite dans le décret à la date de son entrée en vigueur le 20 janvier 2015.

L’Union des chirurgiens de France (UCDF) a contesté ce décret gouvernemental et ses arrêtés d’application devant le Conseil d’Etat. Il en a demandé l’annulation intégrale au Conseil d'Etat pour excès de pouvoir.
Reconnaissance des actes exclusifs des ibode

Le recours a été rejeté par l’instance qui a tranché le 7 décembre dernier en validant la plupart des dispositions créant l’exclusivité des actes pour les Ibode. Sa délibération rejette la quasi-totalité des requêtes de l’UCDF. Dans son délibéré, le Conseil d’État estime que les articles du Code de la santé publique concernés par cette nouvelle réglementation « ne font pas obstacle à ce que le pouvoir réglementaire réserve certains actes, du fait de la spécialisation qu’ils requièrent, à des infirmiers et infirmières titulaires d’un diplôme de spécialité ». Ces actes exclusifs ne contredisent pas, selon les magistrats, la directive européenne 2005/36/CE relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles.

La décision du Conseil d’État précise également le rôle des aides-opératoires et aides-instrumentistes par rapport aux Ibode. « En permettant aux aides-opératoires et aux aides-instrumentistes d’accomplir des actes d’assistance auprès d’un chirurgien, le législateur n’a pas entendu leur attribuer la qualification d’infirmier ou d’infirmière ; s’il attribue une compétence exclusive aux Ibode pour accomplir certains actes et activités, le décret attaqué n’a ni pour objet, ni pour effet de retirer aux aides opératoires et aux aides-instrumentistes toute possibilité d’assister le chirurgien au cours des interventions chirurgicale », détaille le délibéré.
Report de l’exclusivité de certains actes

Le Conseil d’Etat repousse cependant au 31 décembre 2017 l'entrée en vigueur de l'exclusivité confiée aux Ibode concernant l'aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration.

Il procède à une annulation partielle du décret, au motif qu’il prévoit que l'Ibode soit le seul professionnel non médecin habilité, « au cours d'une intervention chirurgicale, en présence du chirurgien, [à] apporter une aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration ». « Ces actes pouvaient auparavant, au moins pour partie, être accomplis par les infirmiers [non-Ibode] voire parles aides-opératoires », relève le Conseil d'Etat. Or, le décret « fait peser la réalisation de ces actes, à la date de son entrée en vigueur [le 30 janvier 2015], sur les seuls chirurgiens, puis sur un nombre dans les premiers temps limité d'infirmiers de bloc opératoire ayant reçu la formation requise ».« Le texte est entaché d'une erreur manifeste d'appréciation faute de prévoir des mesures transitoires », considère la Conseil d’Etat.

Il ne remet pas en cause l’exclusivité confiée aux Ibode pour l’installation chirurgicale du patient, la mise en place et la fixation des drains sus-aponévrotiques, la fermeture sous-cutanée et cutanée, ainsi que les actes d’assistance "d’une particulière technicité" listés par arrêtés.

« L’UCDF peut se féliciter d’avoir permis au Conseil d’Etat de limiter l’exercice professionnel d’aides-opératoires non infirmiers aux seuls actes d’hémostase, d’aide à l’exposition, et à l’aspiration. L’Unaibode y veillera ! », commente ironiquement l’Union Nationale des Associations d’Infirmièr(e)s de Bloc Opératoire Diplômé(e)s d’Etat (Unaibode).

Conseil d'Etat, arrêt n°389036 du 7 décembre 2016 :
Décret n° 2015-74 du 27 janvier 2015 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence exclusive des infirmiers de bloc opératoire

Dominique Monnier jim.fr
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Message par Sylvain COELHO » sam. janv. 07, 2017 4:20 pm

Pendant ce temps nous on sera bientôt réduits à être seulement des remplisseurs de tiroirs :!: :!:
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. janv. 14, 2017 6:40 pm

Présidentielle 2017Soignants à l'hôpital : la tentation Front National

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Vaut-il mieux confier la direction des hôpitaux à des médecins ?

Boston, le jeudi 5 janvier 2017 – Selon un éditorial paru le 27 décembre dernier dans la Harvard Business Review (1), il serait préférable de confier la direction des hôpitaux à des médecins.
Qui sont les meilleurs entraîneurs de NBA ?

Plusieurs « études » semblent étayer cette thèse. En premier lieu, le classement des hôpitaux de l’U.S. News & World Report (2) place aux deux premiers rangs la Mayo Clinic de Rochester et la Cleveland Clinic, qui sont toutes deux dirigées par des médecins depuis leur fondation. Il est également à noter que ce palmarès permet de constater que les « scores de qualité hospitalière » sont en moyenne 25 % plus élevés dans les établissements gérés par des professionnels de santé comparativement à ceux dirigés par des administrateurs. Si ces constatations ne suffisaient pas à établir une corrélation, les auteurs rappellent les travaux publiés en 2015 par Tsai et Coll (3) qui concluaient, notamment, à un lien entre l’efficience d’un établissement de santé et l’expérience clinique de son directeur. Ils signalent également d’autres études, plus générales, qui mettent en avant le fait que d'avoir un patron spécialisé dans le cœur de métier d’une entreprise est associé à une meilleure satisfaction au travail et à une faible intention de quitter son emploi. Aux auteurs de l’article de s’interroger alors s’il ne vaut pas mieux confier une équipe de NBA à un ancien basketteur…
Peut-on inventer le pontage aorto-coronarien avec un directeur issu de l’ENSP ?

Ils se sont également penchés sur les raisons qui font des directeurs d’hôpitaux ayant la double casquette manager/médecin de meilleur chef d’établissement. Selon eux cela apporte une crédibilité et une compréhension accrues. Le docteur Toby Cosgrove, directeur de la Cleveland Clinic met ainsi en avant la crédibilité « naturelle » dont il dispose auprès de ses pairs. Il estime par ailleurs que les médecins seraient plus enclins à favoriser la créativité de leurs collègues et à permettre à des idées novatrices d’éclore. Il prend ainsi en exemple le premier pontage aorto-coronarien réalisé à la Cleveland Clinic en 1967 par le Dr René Favalori. La Mayo Clinic, quant à elle, explique dans sa charte de valeurs qu’elle se doit d’être dirigée par des médecins pour « assurer une attention constante sur l’enjeu principal : les besoins du patient ».

Les auteurs déplorent néanmoins que peu de praticiens soient formés au management, bien qu’aux Etats-Unis se développent depuis plusieurs années, notamment à l’école de médecine de l’université de Yale, des doubles cursus médecine et administration d’hôpital.
Faire diriger un hôpital par un médecin au pays de Descartes

Le Dr Hakim Chabane, qui est à la fois urgentiste et directeur en poste dans l’Océan Indien est l’un des seuls médecins à être également diplômé de l’Ecole nationale de santé publique (ENSP), qui permet d'accéder aux fonctions de directeur en France. Interrogé par nos confrères de What’s Up Doc, un magazine destiné aux jeunes médecins, il explique : « Les médecins ont une meilleure vision stratégique grâce à la connaissance du besoin des patients (…). Connaître l’avenir des techniques médicales est plus accessible aux médecins de formation qu’aux directeurs d’hôpitaux ». Il reconnait néanmoins que « les médecins ne sont pas forcément de bons managers et travaillent mieux en compagnie d’un adjoint administratif ». Autre son de cloche chez les professionnels de l’administration hospitalière, ainsi, Clara de Bort, directrice de la Réserve sanitaire, interviewée par les mêmes avance « En quoi la crédibilité médicale prévaudrait-elle sur une capacité à correctement arbitrer ? (…) Ce ne sont pas les mêmes métiers. (…) J’en ai vu [des médecins] qui étaient incapables d’évaluer le personnel nécessaire pour leur projet (…) Il y a certaines dimensions que les médecins n’ont pas en tête, comme le droit. » Il sera difficile de trancher, notamment sur le point de savoir si une présence médicale à la tête des hôpitaux, aurait une influence positive ou négative sur la gestion des conflits de personne, là où le recours à des administrateurs n’est pas toujours un gage de neutralité.


1 J Stoller et coll : Why The Best Hospitals Are Managed by Doctors. Harvard Business Review. Publication en ligne le 27 décembre 2016.
2 fondé en 1933, il est le troisième magazine d’actualités le plus lu aux Etats-Unis
3 TC TSAI et coll Hospital board and management practices are strongly related to hospital performance on clinical quality metrics. Health Aff (Millwood). 2015 Aug;34(8):1304-11

Frédéric Haroche

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Don d'organes : une controverse présumée !

Paris, le samedi 7 janvier 2017 - La France a opté il y a quarante ans pour le principe du consentement présumé pour régir son système de prélèvement d’organes. Si les inscriptions au registre national des refus sont très limitées, les défauts de prélèvement associés à une opposition sont nombreux (ils concernent 30 % des cas où un prélèvement est envisagé). Les familles expriment en effet régulièrement leur opposition à l’intervention : soit elles relaient ainsi la conviction de la personne décédée, soit elles agissent dans l’ignorance de cette dernière, soit elles mettent en avant leur propre refus (lié à des raisons philosophiques, religieuses ou au choc du deuil). Faire évoluer cette situation représente un levier essentiel pour augmenter le nombre d’organes disponibles.

Cependant, les campagnes d’information sur le sujet, invitant notamment les Français à évoquer la question avec leurs proches (ce qui contribuerait de l’avis de beaucoup à accroître le taux de prélèvement si l’on en croit les sondages qui affirment que la majorité des Français sont favorables au don de leurs organes) ne sont pas parvenues à faire évoluer significativement la situation. Aussi, par le biais de la loi de Santé, le principe du consentement présumé a été renforcé. Toute personne ne s’étant pas opposée au don de ses organes est donneur. Pour faire connaître son opposition, l’inscription au registre des refus est facilitée via une procédure en ligne bientôt accessible. Il sera également possible de transmettre un écrit à ses proches. Enfin, ces derniers pourront faire état de la position hostile du défunt en retransmettant de manière circonstanciée et par écrit les conditions dans lesquelles ils ont recueilli son avis. « Cette exigence de l’écrit vise à l’évidence à responsabiliser la famille, à lui faire prendre la mesure des conséquences d’une éventuelle opposition et à l’obliger à mener une réflexion réelle, détachée du premier choc du deuil et de la demande de don » analyse le blog Liberté, Libertés chéries (qui s’intéresse comme son nome l'indique à la question des libertés publiques).

Enthousiasme, pragmatisme et déception

Ces nouvelles règles sont entrées en vigueur en ce début du mois de janvier et font (comme il y a deux ans lors de l’examen du texte) couler beaucoup d’encore. Les voix les plus satisfaites sont moins nombreuses que celles clamant leur hostilité.

Sur le blog de France Adot, on se félicite de cette évolution, en insistant sur le fait que contrairement à ce que laisse supposer la présentation de certains médias, le consentement présumé ne vient pas d’être imposé mais a été choisi il y quarante ans. Un anniversaire que l’association a d’ailleurs dûment célébré. De manière plus pragmatique, un médecin sur le blog Boulevard Voltaire aux accents souvent contestataires pointe certains des bénéfices possibles, non sans nuance. « La nouvelle loi rendra-t-elle cette annonce moins pénible ? Peut-être un peu (un tout petit peu). Le fait est que les parents ne seront donc plus mis à contribution pour décider. Mais le médecin devra parler avec égards pour mettre les parents devant le fait accompli. Il pourra, simplement, se retrancher derrière la loi pour annoncer (car c’est la moindre des choses) qu’un prélèvement d’organes aura lieu avant que le corps ne soit remis à la famille. C’est donc pour les receveurs que la loi va être favorable, et c’est pour eux qu’on peut vraiment se réjouir de cette dernière. Quant aux familles, pour déminer le problème de don d’organes, il serait plus simple que nos jeunes expriment spontanément leur position à leurs proches sur cette question s’ils venaient à décéder (car ce sont nos jeunes adultes qui sont des donneurs potentiels, ne nous voilons pas les yeux).Ne faisons pas de la mort un sujet tabou » exhorte-t-il.

D’autres, paraissant plutôt favorables au renforcement du consentement présumé, doutent cependant de la portée de la mesure. « La réforme intervenue en janvier est finalement relativement modeste. On peut regretter que le décret affirme une présomption, tout en prévoyant des procédures la mettant en échec. Ces hésitations montrent que le droit avance sur ces questions à petits pas, en essayant de faire changer les mentalités plutôt qu'en imposant des dispositifs susceptibles de susciter des conflits. Mais, pour changer les mentalités, il n'est peut être pas nécessaire de se référer à des contraintes juridiques. Il suffirait peut-être que chacun, ne serait-ce qu'un instant, s'imagine non pas dans le rôle du donneur mais dans celui du receveur » écrit ainsi l’auteur de Liberté, Libertés chéries.

Monstre juridique ?

Cette évocation de l’aspect juridique pourrait être le point de rencontre entre partisans et opposants. Plusieurs blogueurs constatent en effet que les complexités juridiques pourraient être nombreuses. « Le décret est muet sur les effets juridiques de cette intervention de la famille. S’il est vrai qu’il vise à mettre en œuvre une présomption, on ne voit pas pourquoi on autoriserait l’intervention familiale pour ne pas en tenir compte » observe le blog Liberté Libertés Chéries. De son côté, le blog Do You Law hébergé par Libération, pour sa part plus clairement opposé au renforcement du consentement présumé redoutait au moment de l’adoption du texte un « nouveau bourbier législatif » en aggravant le « régime juridique du consentement présumé ». Il ajoutait plus loin que : « Les nouvelles formulations risquent en effet de susciter des situations dramatiques d’opposition entre les familles et le corps médical. (…) Médecins et députés peuvent affirmer, comme ils le clament depuis 1976, que le consentement présumé ne participe aucunement d’un mouvement de "nationalisation des corps", le principe même et son application suscitent une réelle inquiétude du grand public ».

Une mauvaise réponse

Pour l’auteur de ces lignes, monstre juridique, la réforme pourrait en outre être une mauvaise réponse à un réel enjeu. « La chose paraît enfin d’autant plus absurde que l’étude de l’efficacité comparée des différents modèles de législation en matière de prélèvements d’organes (consentement présumé / consentement exprès) démontre assez clairement que le modèle législatif importe peu. (…). Les études d’éthique et de sociologie médicale ont montré depuis longtemps que ce qui fait vraiment la différence, c’est d’une part la formation de l’ensemble des personnels médicaux intervenant dans le processus (depuis le constat et l’annonce du décès jusqu’à la réalisation du prélèvement) et d’autre part la sensibilisation du public. De nombreux éléments invitent à considérer qu’il y a là des leviers d’action essentiels. D’abord, la disparité du taux de refus des familles à l’échelle du territoire : le fait qu’il soit ici (Ile de France) aux alentours de 40 % et là (Bretagne) au niveau de 20 % va bien dans le sens d’une grande sensibilité de l’acceptation des prélèvements par les familles à la qualité du dialogue avec les équipes médicales, laquelle dépend nécessairement, en amont, de la formation de ces dernières » constatait-il.

En écho à ces observations, un collaborateur du blog Contrepoints juge aujourd’hui : « Maximiser la collecte aurait pu se faire, dans l’ancien cadre, en informant mieux les donneurs potentiels et leurs proches, en les laissant libre d’adhérer, de donneur d’eux-mêmes ».
La confiance minée des familles

Autre voie évoquée par les opposants au renforcement du consentement présumé : l’élargissement d’autres méthodes de prélèvement. Il y a deux ans, un journaliste de la Croix notait ainsi sur son blog : « L’amendement est d’autant plus malencontreux que l’Agence de la Biomédecine autorise depuis quelques années des prélèvements d’organes selon des protocoles quasiment inconnus de la population. Des prélèvements ont désormais lieu sur le corps de personnes victimes d’arrêt cardiaque inopiné. Il est prévu aussi, dans des cas où une décision d’arrêt de traitement médical aurait été prise, d’attendre l’arrêt du cœur pour ensuite, très rapidement, prélever des organes. Il est de la plus haute importance que la population soit persuadée que l’arrêt de traitement est alors décidé pour éviter une obstination déraisonnable, et non pas pour faciliter les prélèvements. Mais on perçoit facilement combien cette question est délicate. Des doutes distillés à ce propos dans la population susciteraient la méfiance de nos concitoyens, et mettraient en danger la cause des greffes d’organes. Le manque d’informations en ce domaine est regrettable, surtout dans un pays "présumant" le consentement. De plus, la confiance de la population ne peut être considérée comme définitivement acquise. Un des signes en est l’extrême timidité de l’Agence de la Biomédecine à évoquer ces nouveaux modes de prélèvement. Ce n’est donc pas le moment de mettre à distance les familles et d’exprimer ainsi une défiance à leur égard ».

A l’instar de cette dernière observation, le risque de miner la confiance entre le corps médical et les familles est régulièrement évoqué sur ces blogs. « Il paraît en effet crucial de prendre en considération les conditions d’acceptabilité des usages médicaux et sociaux du corps humain. Les récents développements de l’affaire Lambert, sur un autre terrain, l’ont rappelé à l’envi : au-delà du fond, les procédures sont déterminantes qui, devant associer l’ensemble des intéressées, doivent être conçues pour que chacun-e ait le sentiment d’avoir été écouté et pris en compte (…). En ce sens, si l’instauration d’une décision médicale collégiale d’arrêt des soins en fin de vie ne passe pas, on serait bien inspiré d’en tirer des leçons en matière de prélèvements d’organes post mortem. Est-il pertinent de supprimer toute référence dans la loi à l’obligation faite aux médecins de "recueillir le témoignage des familles" ? » écrivait par exemple le blogueur de Do You Law.

Sur Contrepoints, l’équation est posée de manière plus frontale : « Appliquer strictement cet amendement sans déstabiliser l’équilibre de confiance déjà bien fragile, après toutes les affaires (sang contaminé, implant…) que l’on connaît, entre la société et les acteurs de la médecine semble impossible ». Dans un esprit proche, certains font remarquer que la notion même de consentement, entouré pourtant habituellement de tant d’égards, apparaît bafouée. Sur le blog catholique Le salon beige, un collaborateur écrit : « En médecine consentir ne se résume pas à un "c’est comme vous voulez docteur", ou à un silence. Aussi, le consentement présumé me semble très opportuniste car, en réalité, très peu de personnes donnent un consentement positif. Comme tel, il est contraire aux bonnes pratiques médicales ordinaires. Est-il même pertinent de parler de don ? ».

Comme le laissent transparaître cette dernière remarque, c’est fréquemment la crainte de dérives (souvent fantasmées) qui fait prendre la plume aux opposants à la réforme. Ainsi, sur Contrepoints affirme-t-on que « les organes sont assimilés à des biens recyclables allant d’un donneur à un ou plusieurs receveurs par l’intermédiaire des institutions », avant de s’inquiéter que des arrêts de soin ne soient précipités pour accélérer des prélèvements. « Il pourrait être très facile de favoriser la survenue rapide de l’arrêt cardiaque au profit d’un prélèvement d’organe ou encore abandonner tout simplement la dead donor rule (la règle du donneur mort » va même jusqu’à suggérer l’auteur de Contrepoints.

L’ampleur des commentaires suscités par l’adoption des décrets d’application, qui sont aussi vifs et nombreux que lors des débats législatifs témoigne du fait que le gouvernement a pour l’heure manqué son travail d’explication (la confusion était la règle lors de l’adoption du texte, il est vrai).
Pour le constater, vous pouvez vous rendre sur les blogs de :

Liberté, Libertés chéries, http://libertescheries.blogspot.fr/2017 ... de-la.html

France Adot : https://blog.france-adot.org/don-dorgan ... _20161221/

Boulevard Voltaire : http://www.bvoltaire.fr/jeanpierrecanti ... cin,303657

Do you law : http://doyoulaw.blogs.liberation.fr/201 ... -dorganes/

Contrepoints : https://www.contrepoints.org/2016/12/29 ... s-efficace

Ethique du soin : http://ethique-soin.blogs.la-croix.com/ ... 015/03/31/

Le salon beige : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog ... -sile.html

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. févr. 15, 2017 12:25 pm

Publié le 10/02/2017
AG avant 3 ans : un danger pour le cerveau ?

Depuis plus de 15 ans, les potentiels effets délétères à long terme des anesthésiques généraux (AG) chez le jeune enfant ou chez le fœtus via la femme enceinte sont un sujet d’inquiétude et de recherche. A tel point qu’aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) s’est fendue sur ce sujet de 3 débats publics destinés à informer le public et les médecins et à promouvoir le dialogue et la discussion bénéfices-risques entre parents et médecins.

Du cerveau du lombric à celui du jeune enfant

Les données des expérimentations in vitro et animales montrent, du lombric au primate non humain, que tous les AG, y compris les antagonistes de N-methyl-d-aspartate (NMDA) et les agonistes de l’acide gamma-aminobutyrique, ont des effets neuro-anatomiques immédiats et à long terme (1).

Mais en clinique humaine, les preuves peinent à se montrer avec des données rassurantes sur les expositions courtes et uniques aux AG. D’autre part, les effets délétères neuro-dévelopementaux à long terme observés lors des anesthésies générales longues (> 3 heures) ou itératives chez les enfants de moins de 3 ans, sont d’appréciation difficile en raison de nombreux facteurs confondants, tels l’inflammation du cerveau du prématuré ou l’hypoxémie chronique du cerveau de l’enfant porteur d’une cardiopathie congénitale cyanogène.

Du parapluie au parasol, en attendant Marisol

En décembre 2016, sans attendre les résultats de 2 études en cours dont les résultats seront connus pour l’une en 2017 (Mayo Anesthesia Safety in Kids) (2) et pour l’autre dans plusieurs années (Recognition Memory Study), la FDA a pris médecins et chercheurs de court, en émettant un avis de tempête sur le développement cérébral de l’enfant de moins de 3 ans, en cas d’anesthésies longues (> 3 heures) ou répétées, ainsi que chez la femme enceinte lors du 3ème trimestre (3).

Cet avertissement va entraîner une modification d’indication de 11 AG agissant sur les récepteurs GABA ou NMDA, y compris les gaz anesthésiques (sévoflurane) et les AG intraveineux (propofol, kétamine, barbituriques, benzodiazépines). En ouvrant ainsi, non pas un parapluie mais un vaste parasol, cette décision sème une belle panique parmi le corps médical et les parents des 1,5 million à 2 millions de jeunes enfants anesthésiés chaque année dans le monde hyper-judiciarisé américain ! Maigre consolation, seuls les morphiniques et la dexmédétomidine ne seraient pas susceptibles d’altérer le cerveau de l’animal, mais ils ne sauraient à eux seuls suffire pour un acte de longue durée.

Entre peste et choléra, mon cerveau balance

C’est ainsi que les médecins et les gestionnaires de risques du Texas Children’s Hospital (43 000 anesthésies annuelles, 13 000 chez des moins de 3 ans, 1 300 durant plus de 3 heures, deux tiers pour des cardiopathies congénitales menaçant l’existence à court terme, 1 400 anesthésies itératives, 2 000 pour des IRM) ont dû rapidement modifier leurs pratiques (4). Désormais chez les enfants de moins de 3 ans avec des anesthésies prévues d’une durée supérieure à 3 heures, ou des anesthésies itératives, les parents sont informés des conséquences réelles ou supposées sur le cerveau de leur futur petit Donald, ainsi que de la possibilité ou non de reporter l’acte après l’âge de 3 ans.

Or, à l’exception des rares actes pouvant être pratiqués sous anesthésie locorégionale (chirurgie abdominale basse ou des membres inférieurs), les chirurgies lourdes, urgentes et indispensables requièrent les AG incriminés par la FDA. D’où la crainte que la prise de position récente de la FDA ne se traduise par des pertes de chances parmi les femmes enceintes et les enfants de moins de 3 ans, bien plus préjudiciables que les hypothétiques effets sur le développement cérébral de l’enfant.

Qu’en sera t-il chez nous ? Chats échaudés craignant encore l’eau froide, quelle sera la difficile position des autorités de santé si promptes à déployer le sacro-saint principe de précaution ? Quoi qu’il en soit, voici une raison de plus pour promouvoir le dialogue entre soignants et soignés, autour de la balance des bénéfices et des risques, et surtout d’en garder trace écrite.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

RÉFÉRENCES
1) Sanders RD, Hassell J, Davidson AJ, Robertson NJ, Ma D. : Impact of anaesthetics and surgery on neurodevelopment: an update. Br J Anaesth 2013; 110: Suppl 1: i53-i72.

2) Pinyavat T, Warner DO, Flick RP, et coll. : Summary of the update session on clinical neurotoxicity studies. J Neurosurg Anesthesiol., 2016; 28: 356-60.

3) Drug Safety Communication”(http://www.fda.gov/Drugs/DrugSafety/ucm532356.htm)

4) Andropoulos DB, Greene MF. : Anesthesia and Developing Brains - Implications of the FDA Warning. N Engl J Med. 2017 ; publication avancée en ligne le 8 février. doi: 10.1056/NEJMp1700196.
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