Articles sur la santé

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Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » jeu. août 28, 2025 6:30 pm

Arboviroses : une nouvelle « normalité » pour l’Europe
Quentin Haroche | 21 Août 2025
jim.fr


Les maladies transmises par les moustiques sont en forte augmentation en Europe en 2025 et pourraient devenir endémiques dans les prochaines années.
Une menace plane sur l’Europe…une menace de 5 millimètres. Les arboviroses, les maladies transmises par les moustiques, ont longtemps été cantonnées aux régions tropicales de la planète et le nombre de cas autochtones sur le Vieux Continent était habituellement résiduel. Mais le réchauffement climatique a changé la donne et le moustique tigre, qui véhicule la dengue, le chikungunya et le virus Zika, prolifère désormais en Europe.

« Des facteurs environnementaux tels que l’augmentation des températures, des étés plus longs, des hivers plus doux et des changements dans la pluviométrie créent des conditions favorables pour que les moustiques prolifèrent et transmettent des virus » s’inquiète ainsi le centre européen de contrôle des maladies ECDC ce mercredi, à l’occasion de la journée mondiale du moustique (qui a lieu le 20 août en hommage à la découverte du rôle du moustique dans la transmission du paludisme par le Dr Ronald Ross le 20 août 1897).

Ce sont ainsi désormais 16 pays d’Europe (dont la France) qui sont colonisés par le moustique tigre, qu’on retrouve désormais dans plus de 350 régions européennes, contre seulement une centaine il y a dix ans. « Combiné avec l’augmentation des voyages internationaux, cela augmente le risque d’épidémies locales » alerte l’ECDC.
La France et l’Italie sont les plus touchés

Selon le dernier bilan publié par Santé Publique France (SPF) ce mercredi, 154 cas autochtones de chikungunya ont été signalés en France depuis le 1er mai, soit 39 cas supplémentaires en une semaine, du jamais vu en France hexagonale. Si l’immense majorité des cas se situe dans le sud de la France, deux cas ont été recensés à Dijon et deux autres en Alsace, « une situation exceptionnelle à cette latitude » commente l’ECDC.

La France est de loin le pays d’Europe le plus touché par le chikungunya, puisque seule l’Italie a enregistré sept cas autochtones. Cela s’explique par l’importation d’un grand nombre de cas dans notre pays (près de 1 000 depuis le 1er mai), en lien avec l’épidémie dans la Réunion et par la prolifération du moustique tigre : 81 départements hexagonaux sont colonisés par cet insecte. Seul le nord-est de la France est pour le moment épargné mais « j'ai le regret d'annoncer aux personnes qui vivent dans ces départements qu'elles seront également touchées » prévient au micro de France info Didier Fontenille, entomologiste.

La France a également enregistré 13 cas autochtones de dengue (deux cas supplémentaires en une semaine) et 13 cas de fièvre du Nil occidental (six cas supplémentaires), dont deux en région parisienne, du jamais vu. En Europe, l’ECDC a comptabilisé au total 335 cas autochtones de virus du Nil occidental dans huit pays différents, causant la mort de 19 personnes. Avec 274 cas, l’Italie est de loin le pays le plus touché.
La « nouvelle normalité »

Toutes les agences sanitaires, qu’elles soient françaises ou européennes, s’inquiètent de cette montée des arboviroses. Pour SPF, « le nombre de foyers de transmission illustre le risque important de transmission autochtone de ces virus en France hexagonale ». L’ANRS-Maladies infectieuses émergentes, qui publie également un communiqué ce 20 août, évoque quant à elle « la menace précoce des arboviroses en France hexagonale » et estime probable qu’une épidémie d’arboviroses survienne en métropole dans les cinq ans.
L’ECDC estime enfin que « l’Europe entre dans une nouvelle phase où des épisodes plus long, plus répandu et plus intense de transmission de maladies par les moustiques deviennent la nouvelle normalité ». L’agence européenne incite ainsi les habitants des régions concernés par la prolifération des moustiques porteurs de maladie à se protéger contre ces nuisibles via des méthodes physiques (vêtements couvrants, moustiquaires…), en utilisant des insecticides et en évitant de créer des points d’eau stagnante.

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Arboviroses : les moustiques remontent vers le nord
Quentin Haroche | 14 Août 2025

Pour la première fois, des cas de fièvre du Nil occidental ont été identifiés en Ile-de-France. L’Alsace et la Bourgogne ont également recensé des cas de chikungunya.
Du Nil à la Seine, en quelques battements d’ailes de moustiques : à plusieurs milliers de kilomètres des rives du fleuve dont il tire son nom, le virus du Nil occidental a pour la première fois été détecté en Ile-de-France. L’Agence régionale de Santé (ARS) a en effet indiqué dans un communiqué publié ce mercredi avoir identifié ces dernières semaines deux cas autochtones de cette arbovirose en Seine-Saint-Denis. « Il s’agit des premières identifications de transmission locale vectorielle du virus West Nile en Île-de-France » commente l’ARS.

Proche de ceux de la fièvre jaune, de la dengue, du Zika et de l’encéphalite japonaise, le virus du Nil occidental est transmis par le moustique Culex, le plus commun en France métropolitaine. Il ne peut cependant se transmettre d’humain à humain, ni via un moustique ayant piqué une personne infectée.

115 cas autochtones de chikungunya en 2025

Ce sont en effet les oiseaux qui constituent le réservoir naturel du virus. Si la maladie était d’abord principalement cantonnée en Afrique et au Moyen-Orient, elle a commencé à toucher l’Europe en 2010. En France, les rares cas humains et équins étaient pour le moment cantonnés au sud-est de la France. Cinq cas autochtones ont d’ailleurs été recensés en région PACA depuis le début de l’année.
Si les personnes touchées sont asymptomatiques dans 80 % des cas, ce virus peut provoquer divers symptômes tels que de la fièvre, des céphalées, une asthénie ou des nausées. Dans de rares cas (environ 1 %), la fièvre du Nil occidental peut provoquer des troubles neurologiques graves potentiellement mortels, les personnes âgées de plus de 60 ans étant davantage à risque.

L’apparition de ce virus dans une région aussi septentrionale intervient dans un contexte de forte augmentation du nombre de cas d’arboviroses autochtones. Selon le dernier bilan de Santé Publique France (SPF), publié ce mercredi, 23 foyers de contamination autochtones par le chikungunya, virus transmis par le moustique tigre, ont été recensés depuis mai dernier, cumulant 115 cas de chikungunya, du jamais vu en métropole. Si la majorité des cas ont été recensés dans le sud-est de la France, des contaminations ont eu lieu à Dijon et en Alsace. La propagation du virus de la dengue, également transmis par le moustique tigre, est plus modeste : six foyers épidémiques ont été recensés, cumulant 11 cas autochtones, tous dans le sud de la France.

Bientôt des épidémies d’arboviroses en métropole ?

La prolifération à des niveaux inédits du chikungunya en France métropolitaine est favorisée par l’importation de nombreux cas (914 cas importés depuis le 1er mai), notamment depuis la Réunion. L’île a en effet été frappée au printemps dernier par une importante épidémie, qui aura touché plus de 20 % de la population et causé la mort de vingt personnes. Mais le fait que des cas autochtones aient, pour la première fois, été identifiés au nord de la Loire, montre bien que le moustique tigre, apparu dans nos contrées en 2004, gagne du terrain à la faveur du réchauffement climatique. Longtemps cantonné au sud de l’hexagone, il est désormais présent dans 81 départements métropolitains (seule la Bretagne et la Normandie sont épargnées).
Au vu de cette prolifération galopante du moustique tigre, qui concerne toute l’Europe et de l’accélération du réchauffement climatique, beaucoup d’experts estiment que ce n’est qu’une question de temps avant que la métropole ne connaisse à son tour d’importantes épidémies de chikungunya ou de dengue. En 2024, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estimait ainsi probable qu’une épidémie survienne dans les cinq prochaines années tandis qu’en mai dernier, une étude publiée dans The Lancet estimait que le risque d’épidémie en Europe allait être multiplié par cinq d’ici 2060.

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Greffe d’organes de porc génétiquement modifié : et maintenant le poumon
26 Août 2025
jim.fr


Une équipe chinoise est parvenu à réaliser la première greffe d’un poumon de porc génétiquement modifié sur un homme en état de mort cérébrale.
Il y avait la course à l’espace entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique, il y a désormais la course à la xénogreffe d’organes de porc génétiquement modifiés entre les USA et la Chine. Les médecins américains avaient tiré les premiers en réussissant deux greffes de cœur de porc et trois de rein, toutes les opérations s’étant soldés par le décès du patient ou le retrait de l’organe. Mais les médecins chinois s’investissent désormais de plus en plus dans le domaine. En mars dernier, l’université militaire médicale de Xian annonçait ainsi avoir réalisé la première greffe d’un foie de porc génétiquement modifié sur un patient en état de mort cérébrale.

Ce lundi, ce sont des chercheurs de l’université de Canton qui relatent dans un article paru dans Nature Medicine avoir mené la première greffe d’un poumon de porc génétiquement modifié, réalisé chez un homme de 39 ans en état de mort encéphalique. Avant cette première opération chez l’humain, les chirurgiens chinois ont réalisé des opérations similaires chez des singes non humains avec des résultats prometteurs.

Le poumon a fonctionné normalement pendant neuf jours

Pour rendre le poumon porcin fonctionnel chez l’homme et éviter le rejet, les chercheurs chinois ont réalisé six modifications génétiques sur cet organe, trois consistant à inhiber des gènes porcins et trois pour y insérer des gènes humains. Ils ont également administré au défunt un riche cocktail d’immunosuppresseurs (rituximab, eculizumab, tofacitinib…).
« Le xéno-greffon pulmonaire a maintenu sa viabilité et sa fonctionnalité pendant les 216 heures de la période de suivi, sans signes de rejet hyper-aigu ni d’infection » se félicitent les chercheurs chinois. « Un œdème sévère, ressemblant à une dysfonction primaire du greffon, a été observé 24 heures après la transplantation, probablement dû à une lésion d’ischémie-reperfusion. Un rejet médié par les anticorps semble avoir contribué aux dommages du xénogreffon aux 3ème et 6ème jour post-opératoire, avec une récupération partielle au neuvième jour » détaillent-ils.

Les médecins n’ont pas non plus identifié de signe de transmission de pathogènes porcins ou d’infection post-transplantation, malgré quelques marqueurs d’inflammation dans le sang du receveur. Les auteurs de l’étude estiment ainsi que l’organe aurait pu continuer à fonctionner encore plusieurs jours, mais ils ont dû interrompre l’expérience à la demande de la famille du défunt (on a connu les médecins chinois moins respectueux des règles éthiques entourant la transplantation).

Seulement 400 greffes de poumons humains par an en France

« Il y a encore une dizaine d’années, nous pensions que la greffe à l’homme d’organes porcins ne serait jamais possible, il existait des barrières infranchissables pour cette rencontre entre deux hôtes d’espèces étrangères : tout a été rendu possible particulièrement grâce à CRISPR-Cas9 » commente pour Le Figaro Isabelle Schwartz-Cornil, virologue à l’université Paris-Saclay.
L’exploit est d’autant plus remarquable que la greffe de poumon, même entre deux humains, est une opération particulièrement difficile. « Le poumon a un lit vasculaire très important, c’est l’organe qui présente le plus d’échanges gazeux avec les cellules sanguines et c’est le seul organe solide greffé qui soit en contact immédiat et direct avec l’environnement et l’air extérieur » explique le Pr Edouard Sage, chef du service de transplantation pulmonaire de l’hôpital Foch. « C’est un peu l’antinomie de la transplantation ».
Si la xénogreffe d’organes de porc génétiquement modifié n’en est qu’à ses balbutiements et qu’il faudra sans doute attendre des années avant qu’elle ne devienne une opération courante (si elle le devient un jour), l’espoir est que les porcs deviennent un jour une source alternative d’organes, compensant le manque chronique de greffons humains. « Actuellement en France, on fait aux alentours de 400 transplantations par an » indique le Pr Sage. « On ne connaît pas complètement le besoin théorique, mais une étude un peu ancienne avait montré qu’il en faudrait le double. Et avoir un vivier de greffons nous permettrait de transplanter des patients pour lesquels aujourd’hui on s’autocensure, par exemple des patients âgés insuffisants respiratoires ».

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Place au genou bionique ostéointégré
Anne-Céline Rigaud | 28 Août 2025

Un prototype de genou bionique directement ancré dans l'os et contrôlé par les signaux musculaires permet aux patients amputés de retrouver des capacités motrices avancées : montée d'escaliers et évitement d'obstacles.
Les premières ébauches de remplacement du corps après amputation ont émergé il y a plusieurs siècles, les prothèses des membres inférieurs évoluant par la suite vers des conceptions mécaniques qui privilégient la locomotion cyclique. Aujourd’hui, les prothèses des membres inférieurs les plus avancées disponibles dans le commerce restent amovibles et se limitent à reproduire des mouvements préprogrammés et des schémas de marche répétitifs. Cependant, des études récentes montrent que le fait de fournir même une quantité modeste d’informations neuromusculaires à la prothèse par le biais d’une interface non invasive peut restaurer des capacités essentielles telles que l’adaptation au terrain, l’évitement d’obstacles ou la production d’énergie biomimétique. Une équipe MIT (Massachusetts Institute of Technology ) travaillant sur le sujet depuis 2010 a développé une prothèse novatrice ostéointégrée pour amputés fémoraux qui incorpore des tissus durs et mous modifiés ainsi que du matériel implanté de façon permanente à l'os du fémur via une tige en titane.

De la prothèse mécanique à l'intégration bionique

Cette prothèse baptisée e-OPRA (prothèse mécanoneurale ostéointégrée) est associée à une plateforme d’amputation bionique intégrée et à un couplage biomimétique entre la signalisation neuromusculaire et le mouvement articulaire pour améliorer le contrôle. D’autres prothèses récentes ont appliqué l’EMG de surface à partir de la neuromusculature résiduelle pour calculer proportionnellement un couple de sortie du genou prothétique. Ces stratégies de contrôle direct se rapprochent de la fonction physiologique mais sont sensibles au bruit introduit par la transpiration cutanée ou les impacts, artéfacts évités en utilisant des électrodes intramusculaires implantées.

En plus de servir de conduit pour le signal, l’implant élimine le besoin d’une emboîture prothétique en facilitant la fixation mécanique à la prothèse. Enfin, les muscles résiduels des sujets ne sont pas disposés d’une manière identique à la physiologie normale : c’est une interface myoneuronale agoniste-antagoniste (AMI) qui entre en jeu. Concrètement, la technique consiste à reconnecter deux muscles antagonistes entre eux via des électrodes pour permettre de réintégrer les informations sur le couplage étirement/contraction entre muscles antagonistes synchrones, dans l’objectif de délivrer au patient un retour sensoriel proprioceptif afin de mieux évaluer la position de la prothèse.
Des résultats cliniques prometteurs

Deux patients présentant une amputation transfémorale conventionnelle préexistante ont été implantés chirurgicalement avec ce prototype. Leurs performances (OMP, n = 2) ont été comparées à celles de deux cohortes témoin de sujets ayant subi une amputation transfémorale conventionnelle : l’une possédant une prothèse avec interface AMI mais sans le système implantaire e-OPRA (AMI, n = 8), et l’autre une sans AMI ni système implantaire e-OPRA (CTL, n = 7).

Les différents groupes ont été évalués sur diverses tâches : capacité à générer des informations de contrôle dans une tâche d’atteinte sans contact (par des tests proprioceptifs yeux fermés), mouvements assis-debout en chaine fermée et ouverte, exercices d’obstacle. Les sujets OMP ont significativement dépassé les sujets CTL en termes de pourcentage moyen de réussite dans les différents exercices.

Toutes les cohortes ont également été évaluées sur la montée et descente des escaliers. Seuls les sujets avec e-OPRA ont pu effectuer cette tâche en alternant les pieds, contrairement aux témoins (mais avec assistance de la main courante). Dernière épreuve, conçue pour évaluer la capacité de chaque sujet dans une situation exigeante sur le plan cognitif et physique : éviter des obstacles placés sur l’axe du membre amputé lors d’une marche sur tapis roulant. Dans cette discipline, la cohorte avec e-OPRA a montré une capacité significativement meilleure à éviter les obstacles par rapport aux sujets contrôles en comparant à la vitesse de marche la plus rapide testée de 0,8 m/sec.
Les résultats de cette expérience suggèrent que l’ostéointégration associée à l’interface AMI représente une solution efficace et prometteuse pour la proprioception et le contrôle du membre inférieur dans certaines tâches physiques. Les capacités démontrées par la prothèse myoneurale ostéointégrée suggèrent qu’une intégration anatomique plus poussée, plutôt qu’une simple emboiture, pourrait faire progresser la fonctionnalité et la réadaptation après la perte d’un membre.
Qui plus est, le prototype semble améliorer l’incarnation prothétique en favorisant l’agentivité et l’appropriation, comme l’ont montré des questionnaires post-exercices relatifs au ressenti délivrés aux participants des différents groupes de l’essai. Les auteurs postulent que les capacités démontrées par la prothèse myoneurale ostéointégrée fournissent des preuves qu'une intégration anatomique plus poussée avec la prothèse, plutôt que le maintien d'une séparation artificielle, est nécessaire pour progresser vers une fonction physiologique, une incarnation et un potentiel de réhabilitation après la perte d'un membre.

Affaire à suivre donc, sachant que si ces résultats se confirment, les prototypes pourraient émerger sur le marché au plus tôt dans 5 ans...

References
Shu T, Levine D, Yeon SH, et al. Tissue-integrated bionic knee restores versatile legged movement after amputation. Science. 2025 Jul 10;389(6756):eadv3223. doi: 10.1126/science.adv3223.


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Prix des implants orthopédiques : le CEPS tombe sur un os
Juliette Seblon | 26 Août 2025

Le Comité économique des produits de santé (CEPS) prévoit une baisse de 11 % des prix des prothèses orthopédiques sur trois ans. Une telle perspective inquiète et ulcère les chirurgiens orthopédistes qui devraient de nouveau aborder cette question lors du prochain congrès de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) cet automne. Pour les spécialistes, la conséquence première de cette diminution des prix devait être une pénurie de certaines références.
Cette situation est d’autant plus déplorée qu’elle s’inscrit dans un contexte paradoxal, signalé par le Pr Patrice Mertl, président du congrès et chef du service de chirurgie orthopédique au CHU d’Amiens : la France pratique déjà des tarifs inférieurs à la moyenne européenne et pourtant les implants orthopédiques figurent parmi les cibles prioritaires des mesures d’économies.

Un enjeu de souveraineté industrielle et d’innovation
Pour la SOFCOT, la réduction tarifaire ne représente pas uniquement une contrainte budgétaire. Elle risque d’affaiblir l’ensemble de la filière industrielle, en accentuant la pression sur les marges, en freinant les investissements en recherche et développement et en compromettant la pérennité de certaines gammes de dispositifs. À terme, cela pourrait compromettre la souveraineté technologique française, alors que certains modèles de prothèses de reprise sont déjà difficiles à obtenir.

A ces perspectives préoccupantes, s’ajoute le fait que les stocks hospitaliers sont souvent gérés en flux tendus, ce qui expose les établissements à des ruptures en cas de tension sur l’approvisionnement international. Le pays le moins rémunérateur devient mécaniquement le moins prioritaire pour les fabricants en cas de tension ; un mécanisme que l’on voit également à l’œuvre en ce qui concerne les médicaments.
Repenser les leviers d’optimisation des dépenses
Consciente des impératifs économiques, la SOFCOT propose d’explorer d’autres sources d’économies que la baisse unilatérale du prix des implants, qui ne représente qu’environ 15 % du coût global d’une prise en charge orthopédique (estimée entre 12 000 € pour une hanche et 15 000 € pour un genou). Parmi les leviers suggérés figurent :

- le strict respect des recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), notamment concernant le nombre de séances de rééducation ;

- un usage raisonné des matériaux les plus coûteux, comme la céramique, à éviter chez les patients de plus de 65 ans, ce qui pourrait générer jusqu’à 3,5 millions d’euros d’économies ;

– et l’instaurant d’un reste à charge symbolique (10 €), qui permettrait d’économiser près de 17 millions d’euros.
Maintenir la qualité des soins sans fragiliser l’accès
Dans un pays vieillissant, où 186 000 prothèses de hanche et 141 000 prothèses de genou ont été posées dans l’Hexagone en 2023, c’est la qualité des soins et le maintien de l’autonomie des patients âgés qui sont en jeu. Les dispositifs médicaux implantables (DMI) sont au cœur de nombreuses stratégies chirurgicales en orthopédie et leur disponibilité conditionne directement les capacités opératoires. Pour les professionnels, il est crucial de garantir l’accès équitable aux implants de qualité, sans compromettre l’innovation ni fragiliser un secteur déjà soumis à d’importants défis réglementaires et industriels.

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Le Mans : le Samu mis en cause dans une mort par pneumothorax
Quentin Haroche | 26 Août 2025

La famille d’un jeune homme de 24 ans décédé à la suite d’un pneumothorax accuse le SAMU contacté à deux reprises par le patient.
Il était environ 22 heures, ce 28 janvier à Mamers près du Mans, lorsqu’Estéban Vermeersch, jeune apprenti boulanger de 24 ans, commence à se plaindre d’une douleur thoracique et de difficulté à respirer. A peine 48 heures plus tard, le jeune homme décède au centre hospitalier du Mans où il a été transféré. Entre les deux, trois appels au SAMU et ce que sa famille estime être une inaction médicale. C’est désormais à la justice de se pencher sur cette période de 48 heures fatidique : la famille d’Estéban Vermeersch a en effet annoncé ce lundi qu’elle portait plainte pour homicide involontaire contre le SAMU du Mans.

C’est à 22h32 exactement que le jeune homme et sa mère ont appelé pour la première fois le Centre 15 du Mans ce 28 janvier. Selon l’enregistrement de ces appels, que BFM TV a réussi à se procurer, Estéban Vermeersch explique au médecin régulateur du SAMU qu’il a « l’impression de respirer à moitié, comme si les poumons ne se remplissaient pas ».

De la difficulté d’établir un diagnostic par téléphone

Le jeune homme indique également ressentir des douleurs thoraciques, qui augmente lorsqu’il respire profondément ou essaye de se lever. Le médecin régulateur diagnostique alors une douleur musculaire. « Ça ne m'inquiète pas du tout en tout cas », conseillant simplement au jeune homme de prendre un médicament antalgique.
Le lendemain à 14h43, Estéban Vermeersch appelle de nouveau le SAMU. Son état s’est fortement dégradé ces dernières heures : il est cyanosé, a de plus en plus de mal à respirer, n’arrive plus à se lever et a vomi plusieurs fois dans la nuit. Après un échange de plusieurs minutes, le médecin régulateur arrive à la même conclusion que son confrère la veille. « Ça n'a pas l'air d'être quelque chose de cardiaque, ça évoque plutôt quelque chose de musculaire » conclut le praticien qui conseille cependant à la mère du jeune homme de le conduire aux urgences pour y être « rassuré ».

Quelques minutes plus tard, alors qu’il s’apprête à partir pour les urgences avec sa mère, Estéban Vermeersch est victime d’un arrêt cardiaque. Sa mère appelle de nouveau le SAMU et réalise sur son fils un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des pompiers. Le jeune homme est transféré d’urgence à l’hôpital du Mans où on diagnostique un pneumothorax. Il décède le lendemain.

L’hôpital du Mans s’abstient de tout commentaire pour le moment

Selon la famille d’Estéban Vermeersch, il ne fait nul doute que c’est l’erreur de diagnostic des deux médecins régulateurs et l’inaction du SAMU qui est à l’origine du décès du jeune homme. Maître Vincent Sehier, l’avocat de la famille, fait ainsi état de « plusieurs manquements » du SAMU dans cette affaire. « On aurait très facilement pu le sauver et très rapidement : le taux de décès d'un patient jeune qui présente un pneumothorax est proche de 0 % » lorsqu’il est rapidement pris en charge commente le juriste. « Je ne comprends pas qu’on puisse laisser un jeune de 24 ans, crever dans son lit comme ça sans rien faire, sans se déplacer. Lui obtenir justice, c'est ça que je veux. C’est une victime du Samu. Ils ne l’ont pas écouté, ils ne nous ont pas écoutés » commente la sœur d’Esteban.
De son côté, le centre hospitalier du Mans, dont dépend le SAMU, indique ne pas pouvoir commenter les circonstances du décès d’Estéban. Il indique qu’une rencontre entre les proches de la victime et le corps médical a été organisée en avril dernier « dans le cadre de la procédure de médiation prévue par la loi » et que la famille a « déposé une demande d'indemnisation, qui est aujourd'hui en cours d'instruction auprès de la Commission de conciliation et d'indemnisation ». Selon les formules consacrées, l’établissement indique « prendre acte de l’intention de la famille de saisir la justice », promet de collaborer avec la justice et assure que les pensées des soignants « vont à la famille et aux proches du défunt, confrontés à ce décès tragique ».
Cette tragique erreur diagnostique sera une piqure de rappel pour tous les praticiens confrontés à une douleur thoracique chez un sujet jeune qui n’est pas toujours musculosquelettique mais parfois liée à une urgence véritable comme une embolie pulmonaire, une dissection de l’aorte…ou un penumothorax.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Message par Arnaud BASSEZ » sam. sept. 06, 2025 1:00 pm

Grande armée, grande diarrhée
Frédéric Haroche | 05 Septembre 2025
jim.fr

Paris – Vous n’en dormez plus la nuit. Pourquoi la retraite de Russie fut elle une telle débâcle, vous interrogez-vous, et refaites, in petto, cent fois le scénario de la Berezina. Une pré-publication pourrait vous rendre le sommeil. Alors que depuis deux siècles, la débâcle napoléonienne lors de la retraite de Russie en 1812 a été expliquée par le froid, la faim et le typhus, une étude paléogénétique menée sur des soldats exhumés à Vilnius propose une relecture de ces évènements dramatiques. L’analyse de l’ADN ancien extrait de treize dents de grognards bien conservées révèle la présence de Salmonella enterica Paratyphi C et de Borrelia recurrentis, deux agents infectieux largement négligés jusqu’à présent dans l’historiographie.

En 2001, une fosse commune contenant les restes de plus de 3 000 soldats de la Grande Armée avait été découverte à Vilnius, sur la route du repli de Moscou. Les corps, retrouvés avec leurs uniformes et parfois leurs chevaux, mais sans trace de blessures de guerre, suggéraient une mortalité non liée aux combats. Pour tenter d’élucider cette énigme, l’équipe dirigée par Rémi Barbieri (Université Paris Cité, Institut Pasteur) a appliqué les techniques de séquençage de l’ADN ancien.

L’analyse a permis d’identifier Salmonella enterica de la lignée Paratyphi C, responsable de la fièvre paratyphoïde. Cette infection digestive sévère, proche de la fièvre typhoïde comme son nom l’indique, se transmet par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. Les témoignages d’époque rapportant la consommation de denrées conservées dans de la saumure, telles que des betteraves salées, dans un contexte d’hygiène catastrophique, rendent cette hypothèse particulièrement plausible. Les chercheurs ont également mis en évidence Borrelia recurrentis, agent d’une fièvre récurrente transmise par les poux de corps. Cette infection se manifeste par des poussées fébriles cycliques, accompagnées de douleurs musculaires, d’une fatigue extrême et parfois de délires, et pouvait aisément terrasser un organisme déjà affaibli par la faim et le froid.

À l’inverse, aucune trace n’a été retrouvée de Rickettsia prowazekii, agent du typhus, ni de Bartonella quintana, responsable de la fièvre des tranchées, longtemps soupçonnés à partir des descriptions cliniques d’époque.

Reste à savoir comme pour la taille du nez de Cléopâtre, si cette épidémie n’avait pas eu lieu, toute la face du monde en eût été changée.

References

Barbieri R et al. : Paratyphoid Fever and Relapsing Fever in 1812 Napoleon’s Devastated Army. BioRxiv 2025.07.12.664512; doi: https://doi.org/10.1101/2025.07.12.664512

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Qui rêve de vivre éternellement ?
Quentin Haroche | 05 Septembre 2025
jim.fr

Les présidents russes et chinois ont été surpris en pleine discussion futuriste.

C’est une véritable démonstration de puissance à laquelle se sont livrées les forces armées chinoises ce mercredi à Pékin. A l’occasion des 80 ans de la victoire sur le Japon, l’armée chinoise a fait défiler des milliers de soldats, de chars et de missiles sur la place Tian’anmen. A cette occasion, le président chinois Xi Jinping avait convié deux de ses homologues dictateurs, le président russe Vladimir Poutine et le président nord-coréen Kim Jong-un.

On dit parfois que l’on aimerait être une petite souris pour pouvoir épier les conservations entre les grands de ce monde. Cette fois, c’est grâce à un micro de la télévision chinoise resté ouvert que l’on a pu retranscrire la conversation lors d’une marche publique, ce mercredi, entre Xi Jinping et Vladimir Poutine (par traducteurs interposés). Et loin de discuter de questions militaires ou stratégiques, les deux chefs d’Etat, tous deux âgés de 72 ans, ont surtout parlé de progrès de la médecine et de vieillissement.

« Aujourd’hui, à 70 ans, on est encore un enfant » avance le chef du parti communiste chinois comme pour lancer la conversation. A cette phrase anodine, le maître du Kremlin répond qu’« avec le développement de la biotechnologie, des organes humains peuvent être transplantés continuellement, que les gens peuvent rajeunir en vieillissant, et pourraient même devenir immortels ». Ce à quoi le leader chinois répond, sans broncher, que « certains prédisent que pendant le siècle en cours, il pourrait être possible de vivre jusqu’à 150 ans ».

Quand le maître du Kremlin rêve de vie éternelle

La teneur quelque peu lunaire de cette conversation a été confirmée par Vladimir Poutine lui-même lors d’une conférence de presse. « C’est en allant au défilé que le Président a parlé de cela » a-t-il expliqué, avant d’ajouter que « les moyens modernes, tant au niveau de l’amélioration de la santé que médicaux, et même toutes sortes d’interventions chirurgicales liées au remplacement d’organes, permettent à l’humanité d’espérer qu’une vie active plus longue sera envisageable, bien différente de ce que l’on connaît aujourd’hui ».

On sait que le président russe est particulièrement attentif à sa santé et qu’il avait vécu quasiment reclus durant la pandémie de Covid-19, afin de ne pas être contaminé. La volonté de freiner le vieillissement et d’accéder à une vie éternelle (ou du moins très longue) n’est pas une simple idée en l’air pour le dictateur. L’an dernier, le gouvernement russe a ainsi lancé un nouveau programme de recherche consacré aux « technologies de préservation de la santé ». Le programme vise à développer « des technologies qui retardent le vieillissement des cellules et plus largement des innovations qui augmentent la longévité » a expliqué la vice-présidente du gouvernement Tatiana Golikova.

Selon une enquête menée par le média russe d’opposition Meduza, Vladimir Poutine serait notamment influencé sur cette question par Milkhail Kovalchuk, un généticien russe controversé (et frère du principal conseiller de Poutine), convaincu qu’il existe un moyen d’accéder à la vie éternelle. Président de l’Institut Kurchatov de recherche nucléaire, il aurait notamment convaincu le président russe d’investir massivement dans un projet d’édition d’organes artificiels.

Une vieille tradition chinoise

Après plus dix ans de recherche, la technologie de l’impression d’organes n’en est cependant qu’à ses balbutiements, malgré la présence de plusieurs sociétés spécialisées dans ce domaine et massivement subventionnées par le gouvernement russe. Le remplacement d’organes à grande échelle « est du grand délire » estime d’ailleurs le Pr Eric Boulanger, spécialiste du vieillissement, pour qui la meilleure piste pour le ralentir est celle de la génétique.

La quête de la vie éternelle n’est pas nouvelle chez les chefs d’Etat. On raconte que Qin Shi Huangdi, premier empereur de Chine (et par conséquent lointain prédécesseur de Xi Jinping) aurait lancé des expéditions à travers le monde pour trouver un élixir d’immortalité. Sur les conseils d’un magicien, qui lui avait promis qu’il pourrait vivre ainsi plus de 10 000 ans, l’empereur aurait même consommé du mercure, ce qui a finalement probablement accéléré son décès. Plus près de nous, Joseph Staline, pour lequel Vladimir Poutine ne cache pas son admiration, se serait intéressé à la possibilité de retarder le vieillissement via des transfusions régulières (sans aller jusqu’au bout de son intuition semble-t-il).

L’intérêt pour la longévité de Xi Jinping et Vladimir Poutine montre en tous les cas que les deux dictateurs, au pouvoir depuis respectivement douze et vingt-cinq ans, ne sont pas prêts à abandonner les manettes de leur pays. Le premier a mis fin à la limite de deux mandats présidentiels tandis que le second a révisé la Constitution plusieurs fois pour l’autoriser à rester au pouvoir jusqu’en 2036.

Mais que les Ukrainiens, les Ouighours et autres peuples opprimés se rassurent : c’est deux là ne manqueront pas de mourir, comme disait l’autre.

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31 ans et pas encore toutes ses dents
Quentin Haroche | 29 Août 2025
jim.fr


A 31 ans, Thaddeus Daniel Pierce, un Américain habitant l’Etat de l’Ohio, est toujours incapable de marcher, de parler ou de manger par lui-même. Plus étonnant encore, il mesure seulement 50 centimètres et a pratiquement le même âge que ses parents. Né le 26 juillet dernier, Thaddeus Daniel Pierce est en effet issu d’un embryon conçu et congelé 31 ans avant sa naissance. Un nouveau record issu d’une histoire quelque peu étrange, qui mêle prouesse scientifique et conservatisme religieux.

La « vie » de Thaddeus Daniel Pierce commence en mai 1994 lorsque Linda Archerd, une Américaine 31 ans, conçoit avec son mari quatre embryons dans le cadre d’une procédure de fécondation in vitro (FIV). Un embryon est implanté chez la jeune femme, qui donne naissance à une petite fille et les trois autres embryons sont congelés, dans l’espoir de pouvoir être implantés plus tard.

Quand fanatisme et prouesse scientifique font bon ménage

Mais les années passent, Linda divorce et elle atteint la ménopause sans avoir fait implanter ses embryons. Autre problème, la conservation des embryons lui coute plusieurs milliers de dollars par an non pris en charge par la collectivité, libéralisme oblige. La solution consisterait alors à détruire les embryons ou à en faire don à la science ou à un couple anonyme. Mais, chrétienne convaincue, Linda refuse ces solutions. Elle considère que ses trois embryons sont, depuis leur conception, des êtres humains à part entière, « des enfants en attente d’une famille ».

C’est en 2022 qu’elle entend parler de l’ « adoption d’embryon ». Pratique usitée aux Etats-Unis par des cliniques de fertilité qui ne cachent pas leurs profondes convictions religieuses, cette procédure permet à la « mère » des embryons de choisir les parents « d’adoption » de ces futurs enfants. Linda confie alors sa progéniture à l’agence d’adoption d’embryon Nightlight Christian Adoptions, en précisant bien qu’elle souhaite que les futurs parents soient américains, chrétiens et blancs. « Je ne voulais pas que mes embryons quittent le pays et qu’ils soient chrétiens était vraiment très important pour moi » raconte Linda à la MIT Technology Review, qui rapporte cette histoire.

L’agence d’adoption entre alors en contact avec la clinique de FIV Rejoice Fertility, basée dans le Tennessee et dirigée par le Dr John Gordon. Protestant conservateur, ce médecin s’est fixé comme but de trouver des parents d’adoption aux milliers d’embryons congelés à travers les Etats-Unis, afin d’éviter leur destruction. « Nous avons certains principes directeurs, qui nous viennent de notre foi » explique le praticien. « Nous pensons que chaque embryon mérite de vivre et que les seuls embryons qui ne deviennent pas des enfants sont ceux à qu’il n’est pas donné l’opportunité d’être transféré à une mère ».

Dix ans de moins que son neveu

En 2024, la clinique trouve les parents idéaux pour les embryons de Linda Archer : Lindsey et Tim Pierce, un couple marié originaire de l’Ohio. Ils sont blancs, chrétiens et tentent désespérément de concevoir un enfant depuis sept ans. Après que Linda a donné sa bénédiction, les trois embryons sont implantés dans l’utérus de Lindsey le 14 novembre 2024. Un seul se développera pour devenir un fœtus. Et le 26 juillet, après 31 ans de congélation, Thaddeus Daniel Pierce voit le jour.

« La première chose que j’ai remarqué quand Lindsey m’a envoyé des photos du bébé et à quel point il ressemble à sa sœur quand elle était un bébé ». Le petit Thaddeus a en effet une sœur biologique de 30 ans de plus que lui et même un neveu de 10 ans son aîné ! La clinique de fertilité du Dr Gordon détenait déjà le record du plus vieux bébé au monde depuis 2022, lorsqu’elle avait permis la naissance de Lydia et Timothy Ridgeway, des jumeaux issus d’embryons congelés depuis 30 ans. La naissance de Thaddeus établit donc un nouveau record, ce qui n’émeut pas sa mère Lindsey. « Nous n’avons pas fait ça pour battre un record, nous voulions juste avoir un enfant » commente celle qui est devenue la mère du plus vieux bébé au monde.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. sept. 16, 2025 5:48 pm

Réveil du patient en pleine intervention : l'anesthésiste lourdement condamné

Stéphanie Tamburini
macsf.fr

Le 02.06.2025



Un anesthésiste a été très lourdement condamné au pénal pour s’être absenté de la salle d’opération alors que l’anesthésie n’était pas stable. Le patient, incomplètement endormi, a ressenti l’ensemble des actes opératoires sans pouvoir réagir. Cette décision sévère de la chambre criminelle de la Cour de cassation est l’occasion de rappeler à quelles conditions un anesthésiste peut quitter le bloc opératoire, pendant une intervention sous anesthésie générale.

Un réveil en pleine intervention et un anesthésiste absent

Un patient subit une néphrectomie sous anesthésie générale. En tout début d’intervention, l’anesthésiste constate une hypotension artérielle qui le conduit à décider d’une suspension momentanée de l'arrivée de gaz anesthésiant.

L’intervention se poursuit mais le patient se réveille et ressent alors l'ensemble des actes opératoires. Incapable d’effectuer le moindre mouvement, il ne peut alerter l’équipe médicale et paramédicale.

Ce n’est qu’en constatant une hypertension artérielle et une majoration des saignements que le chirurgien comprend que la situation est anormale.

A ce moment, l’anesthésiste est absent du bloc opératoire, introuvable et injoignable. Une infirmière anesthésiste est alors appelée en urgence. Elle constate dès son arrivée que le débit du gaz anesthésiant était fermé.

Une plainte est déposée pour blessures involontaires

Dans le cadre de l'enquête préliminaire, l’expert nommé conclut que le réveil du patient est la conséquence d'une faute de l’anesthésiste. Celui-ci ne pouvait s'absenter du bloc opératoire que de manière très brève, en avisant les autres soignants, et uniquement si l'anesthésie était stable, conditions qui n'ont pas été respectées en l'espèce.

L’anesthésiste est reconnu coupable par le tribunal correctionnel, puis par la cour d’appel qui le condamne à six mois d'emprisonnement avec sursis, trois ans d'interdiction professionnelle, et se prononce sur les intérêts civils. Le praticien se pourvoit alors en cassation.

De lourdes sanctions pénales

Pour sa défense, l’anesthésiste faisait valoir que les dispositions du Code de la santé publique applicables (articles D. 6124-91 à D. 6124-103), qui imposent une surveillance anesthésique continue pendant l’intervention, ne créent des obligations qu'à la charge des seuls établissements de santé, et non à celle des médecins anesthésistes, pris personnellement.

Dans un arrêt du 8 juin 2022, la Cour de cassation rejette le pourvoi et confirme les condamnations.

Deux articles du Code de la santé publique sont bien applicables aux médecins anesthésistes :

l'article D. 6124-93 met à la charge des médecins anesthésistes l'obligation de participer à l'élaboration de la programmation des interventions ;
l'article D. 6124-94 dispose pour sa part que l'anesthésie est mise en œuvre sous la responsabilité d'un médecin anesthésiste-réanimateur, qui doit assurer une surveillance clinique continue à l'aide des moyens mis à sa disposition par l'établissement.


De plus, il incombe au médecin anesthésiste, sous la responsabilité duquel l'anesthésie est pratiquée, d'assurer, directement ou en fournissant des directives à ses assistants, un contrôle permanent des données fournies par les instruments afin d'adapter la stratégie anesthésique.

En l’espèce, l’anesthésiste s’est absenté de la salle d'opération sans prévenir quiconque, alors qu'il venait pourtant de constater une hypotension artérielle, qui avait motivé la suspension momentanée de l'arrivée de gaz anesthésiant. La situation du patient était donc précaire et devait faire l’objet d'une vigilance constante.

La violation délibérée des obligations particulières de prudence qui lui incombaient est donc bien établie. La condamnation à six mois d'emprisonnement avec sursis, trois ans d'interdiction professionnelle, et sur les intérêts civils est donc confirmée par la chambre criminelle de la Cour de cassation.

Et l’établissement ?

On ignore les raisons pour lesquelles l’anesthésiste s’est absenté de la salle et n’a pu être joint au moment des complications. Si cette absence s’était expliquée par un effectif insuffisant ou une organisation défaillante du service, la responsabilité pénale de l’établissement aurait pu également être recherchée.

En l’espèce, ce n’était vraisemblablement pas le cas.

Une décision logique, bien que sévère

L’anesthésiste a été condamné en raison de l’absence de surveillance continue au cours de l’intervention, ce comportement constituant une faute délibérée.

Cette faute est particulière et se distingue de la faute caractérisée, souvent invoquée à l’encontre des professionnels de santé.

La faute caractérisée suppose d’avoir exposé autrui à un risque d’une particulière gravité, que l’auteur ne pouvait ignorer. Mais elle n’implique pas d’élément intentionnel.
La faute délibérée suppose, à l'inverse, que l’auteur connaissait l’existence de l’obligation mais ne l’a volontairement pas respectée.

Le fait que les juges aient retenu la faute délibérée plutôt que la faute caractérisée explique la sévérité des sanctions prononcées.

Si la décision est donc sévère, elle est aussi logique au regard du cadre réglementaire applicable à la surveillance anesthésique. Ce cadre résulte :

de l’article D. 6124-94 du code de la santé publique ;
des recommandations de la SFAR concernant « la surveillance des patients en cours d'anesthésie » (2e édition - Juin 1989 - Janvier 1994), « Toute anesthésie générale, locorégionale, ou sédation susceptible de modifier les fonctions vitales doit être effectuée et surveillée par ou en présence d'un médecin anesthésiste-réanimateur qualifié. (...) Si le médecin anesthésiste-réanimateur est amené à quitter la salle d'opération, il confie la poursuite de l'anesthésie à un autre médecin anesthésiste-réanimateur qualifié. S'il la confie à un médecin anesthésiste-réanimateur en formation ou à un(e) infirmier(e) anesthésiste, il reste responsable de l'acte en cours et peut intervenir sans délai » ;
des recommandations de la SFAR de janvier 1995 sur le rôle de l’IADE : « Le médecin anesthésiste-réanimateur peut lui confier la surveillance du patient en cours d'anesthésie à la condition expresse de rester à proximité immédiate et de pouvoir intervenir sans délai ».
des recommandations du Conseil National de l’Ordre des Médecins de décembre 2001 concernant les relations entre anesthésistes réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes et professionnels de santé : « le médecin anesthésiste peut confier à l’IADE, temporairement, sous sa propre responsabilité, la surveillance d’un patient anesthésié, ne constituant pas un risque particulier, et à condition qu’il soit à tout moment immédiatement joignable et disponible à proximité de la salle d’opération ».


Le Code de la santé publique et les recommandations n’imposent pas à l’anesthésiste de rester physiquement au bloc pendant toute la durée de l’intervention. La « surveillance continue » visée par les textes peut être exercée par d’autres professionnels, par exemple un IADE. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’en pratique, un anesthésiste peut être amené à intervenir sur plusieurs salles d’opération simultanément.

Mais si l’anesthésiste n’est pas présent, il doit respecter certaines conditions :

ne s’absenter que si l’état du patient est stable : ce n’était pas le cas en l’espèce, puisqu’il avait dû fermer momentanément l’arrivée du gaz anesthésiant en raison d’une hypotension dès le début de l’intervention ;
être disponible rapidement et assurer une intervention sans délai en cas de problème : là encore, ce n’était pas le cas en l’espèce puisque quand le chirurgien a relevé les premiers signes inquiétants (hypertension et saignements), l’anesthésiste s’est avéré introuvable et injoignable.
des recommandations de la SFAR de janvier 1995 sur le rôle de l’IADE : « Le médecin anesthésiste-réanimateur peut lui confier la surveillance du patient en cours d'anesthésie à la condition expresse de rester à proximité immédiate et de pouvoir intervenir sans délai ».
Définition de la proximité immédiate ?
J'ai connu un mar qui prenait ses gardes depuis chez lui...

des recommandations du Conseil National de l’Ordre des Médecins de décembre 2001 concernant les relations entre anesthésistes réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes et professionnels de santé : « le médecin anesthésiste peut confier à l’IADE, temporairement, sous sa propre responsabilité, la surveillance d’un patient anesthésié, ne constituant pas un risque particulier, et à condition qu’il soit à tout moment immédiatement joignable et disponible à proximité de la salle d’opération ».
Définition du temporairement ? Si c'est juste après avoir poussé 3 seringues et se barrer dans la salle de repos, ou faire de l'anesthésie de couloir, voire d'aller dans son bureau ou faire des consultations, pour ne revenir que 4 heures après quand le patient est en SSPI...
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » dim. sept. 21, 2025 4:27 pm

Hypothermie et arrêt cardiaque : le mythe de la protection neurologique
Dr Bernard-Alex Gauzere | 17 Septembre 2025
jim.fr


Une étude remet en question l'intérêt des réanimations prolongées chez les patients hypothermiques victimes d'arrêt cardiaque extrahospitalier sans témoin.

Les preuves scientifiques justifiant les réanimations prolongées lors d’arrêts cardiaques hypothermiques hors milieu hospitalier reposent essentiellement sur des études de cas et des cohortes descriptives rapportant des réanimations réussies après immersion en eau froide ou ensevelissement sous une avalanche, généralement en présence de témoins. Or, les urgentistes sont souvent confrontés à une réalité clinique différente : des patients présentant un arrêt cardiaque associé à une hypothermie, mais sans antécédent identifiable d'immersion, d'avalanche ou d'exposition apparente au froid.

Le scénario habituel est celui d'un patient « découvert inconscient au sol » en arrêt cardiaque, parfois à l'extérieur ou dans un logement insuffisamment chauffé, et présentant une température corporelle abaissée. Dans ce contexte, la pertinence d’efforts de réanimation prolongés demeure incertaine et constitue un véritable dilemme éthique et pratique pour les urgentistes, qui doivent trouver un équilibre entre le pronostic, la monopolisation des ressources et la perturbation du service d'urgence, ainsi que les attentes de la famille...

Une étude a comparé le pronostic des victimes d'arrêt cardiaque hors milieu hospitalier en hypothermie à celui des patients en normothermie, « trouvés à terre » après un arrêt sans témoin, et nécessitant des compressions thoraciques continues aux urgences.

L’analyse secondaire d’une base de données prospective américaine

Cette analyse secondaire des données de l’Epistry 3 du Resuscitation Outcomes Consortium a porté sur des patients âgés de 15 ans ou plus, victimes d'un arrêt cardiaque extra-hospitalier, transportés à l'hôpital par les services médicaux et ayant nécessité des compressions thoraciques continues ou répétées aux urgences.

Conformément aux directives actuelles en matière de réanimation, les patients dont la température centrale initiale était inférieure à 30 °C ont été considérés comme hypothermiques ; ceux dont la température était comprise entre 35 °C et 38 °C ont été classés comme normothermiques. Ont été exclus les patients dont la température initiale a été enregistrée plus de 30 minutes après leur arrivée. La survie à l'admission, la survie à la sortie de l'hôpital et la survie avec un bon état neurologique (échelle de Rankin modifiée ≤ 2) ont été comparées chez les patients hypothermiques et normothermiques. Des analyses de sensibilité ont exploré d'autres seuils d'hypothermie.

L’hypothermie vraie est rare et n’est pas associée à un meilleur pronostic

Les patients victimes d'arrêt cardiaque extrahospitalier sans témoin, qui ne répondent pas aux interventions préhospitalières, sont rarement transportés par les services médicaux d'urgence. Parmi ceux qui le sont, peu bénéficient d'une réanimation continue aux urgences, et seule une minorité (environ 5 %) présente une véritable hypothermie. L'analyse primaire a porté sur 22 patients hypothermiques et 416 patients normothermiques.

Le pronostic chez les patients hypothermiques et normothermiques n’a pas différé de manière significative : le taux de survie à l'admission à l'hôpital était de 13,6 % vs 28,6 % (différence de −15 % [IC 95 % : −30,0 % à +0,01 %]) ; le taux de survie à la sortie de l'hôpital était de 4,6 % vs 3,1 % (différence +1,4 % [−4,2 % à +13,3 %]) ; le taux de survie avec un bon état neurologique était de 4,6 % vs 1,2 % (différence +3,4 % [−5,4 % à +12,1 %]). L'utilisation d'autres seuils pour définir l'hypothermie n'a pas modifié les résultats de manière significative.

La survie demeure exceptionnelle chez les adultes en hypothermie victimes d'arrêt cardiaque extrahospitalier découverts inanimés, sans témoin de l'événement initial, et transportés aux urgences en l'absence de récupération d'activité cardiaque spontanée. Cette analyse démontre que ces patients ne présentent pas de taux de survie significativement supérieurs, ni d'amélioration du pronostic neurologique, comparativement aux patients victimes d'arrêt cardiaque extrahospitalier en normothermie dans des conditions similaires.

Cette étude comporte plusieurs limites

La principale limite réside dans le caractère rétrospectif et secondaire de cette analyse, portant sur des données collectées à d'autres fins. Il ne s'agit donc pas spécifiquement d'une étude dédiée aux soins préhospitaliers. Par conséquent, ces conclusions ne sauraient orienter les décisions prises sur le terrain par les services médicaux d'urgence concernant l'initiation ou la poursuite des manœuvres de réanimation.

Par ailleurs, la température centrale aux urgences n’était pas systématiquement renseignée dans la base de données Epistry 3. Une étude prospective de plus grande envergure, portant spécifiquement sur l’arrêt cardiaque et l’hypothermie serait souhaitable. Néanmoins, avec près de 67 000 tentatives de réanimation, Epistry 3 est le plus grand ensemble de données prospectives disponibles sur les arrêts cardiaques extrahospitaliers.

Enfin, l’impossibilité de corréler les données météorologiques locales (Canada, États-Unis) aux cas individuels a limité l’évaluation de l'influence potentielle des conditions environnementales - température extérieure, précipitations - sur les résultats.

References
Wyatt CR, Perez AS, Garofalo MP, Brown LH. Found down, pulseless and cold: Outcomes following unwitnessed hypothermic cardiac arrest. Am J Emerg Med. 2025 Sep;95:83-88. doi: 10.1016/j.ajem.2025.05.035.

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L’hôpital de Château-Thierry épinglé pour sa gestion calamiteuse

La chambre régionale des Hauts de France a publié le 8 septembre dernier un rapport accablant sur la gestion financière de l’hôpital de Château-Thierry. Cet établissement présente en effet un déficit de 7,7 millions d’euros, notamment en raison de rémunération en excès à hauteur de 4,5 millions. Un chef de pôle était ainsi rémunéré plus de 14 000 euros par mois et quatre médecins auraient reçu plus de 400 000 euros pour des gardes qu’ils n’ont pas effectuées. L’hôpital aurait laissé également des médecins mener des consultations ne relevant pas de leurs spécialités.

Bah ce n'est pas grave. L'IA va remplacer le mar pour les consultations si l'on en croit les marchands de logiciel de Hoopcare qui au congrés de la SFAR 2025 ont mis en avant leur dernier bébé. On refuse aux IADE la consultation mais on met en avant une IA pour la faire. Ou comment déshumaniser encore plus l'hôpital et un acte qui a besoin de la présence humaine pour expliquer et rassurer. J'ai toujours pensé que les IADE avaient un rôle à prendre pour développer les consultations pédagogiques, éducatives en parallèle à celles des mar.

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Les hôpitaux sur le pied de guerre
Quentin Haroche | 27 Août 2025
jim.fr


Dans un contexte international tendu, le ministère de la Santé a ordonné aux établissements de santé de se tenir prêt à une guerre de haute intensité.

Les directeurs des 17 agences régionales de Santé (ARS) que comptent notre pays ont dû être quelque peu surpris, voire inquiets à la lecture de l’instruction que leur a adressé leur ministre de tutelle Catherine Vautrin le 18 juillet dernier. Dans cette note, dont le Canard Enchainé révèle le contenu dans son édition de ce mercredi, la ministre demande en effet à ces hauts fonctionnaires de s’assurer que le système de santé soit prêt, d’ici mars prochain, à faire face à un « engagement majeur ». Comprenez par cet euphémisme que le gouvernement craint que la France se retrouve impliqué dans ce que les militaires appellent une guerre de « haute intensité ».

Alors que la guerre en Ukraine dure depuis déjà plus de trois ans, l’idée que notre pays puisse être engagé dans un tel conflit dans un avenir proche ne relève en effet plus totalement de la politique fiction. Si la France et ses alliés occidentaux devaient être engagés dans une guerre en Europe (au hasard à la suite d’une agression russe), les hôpitaux devraient se tenir prêts à prendre en charge des centaines voir des milliers de soldats français et étrangers blessés au combat.

Le service de santé des armées n’est pas prêt à un éventuel conflit majeur

Dans son instruction ministérielle, Catherine Vautrin demande que soit mis en place des centres médicaux spécialisés dans les blessures de guerre qui seront activés en cas de conflit. Situés près des gares et des aéroports, ces centres doivent pouvoir prendre en charge 100 patients par jour et même 250 blessés quotidiens pendant trois jours lors de « pics d’activité » (sic).

De par sa position géographique, la France pourrait, dans le cadre d’un conflit européen, servir de base arrière à une coalition internationale. Le gouvernement souhaite donc que les hôpitaux français soient prêts à prendre en charge les milliers de soldats étrangers qui pourraient transiter par notre pays (le ministère chiffre les besoins à entre 100 000 et 500 000 hommes à accueillir pendant 6 mois !). Ces hommes « jeunes et aptes au combat » auront besoin de soins médicaux, mais surtout d’actes de prévention, tels que dépistage et vaccination indique la note.

Le gouvernement sait que sur la question de la prise en charge médicale des blessés de guerre, la France part de loin. En 2023, la Cour des Comptes avait conclu dans un rapport que le service de santé des armées (SSA) était « dans l’incapacité aussi bien sur le plan humain que matériel de soutenir l’hypothèse d’engagements majeurs ». Et lors d’un exercice militaire réalisé en 2021, les médecins militaires français s’étaient montrés incapables de prendre en charge les 1 100 blessés virtuels par jour d’une guerre de haute intensité hypothétique.

Préparer les esprits à une guerre

Catherine Vautrin espère donc que, en cas de conflit, les médecins civils viendront prêter main forte à leurs confrères qui sont sous les drapeaux. Les hôpitaux civils devront notamment « récupérer » tous les patients civils actuellement pris en charge dans les huit hôpitaux militaires que comptent notre pays pour qu’ils puissent se consacrer entièrement à la prise en charge des soldats blessés.

Le gouvernement insiste également sur l’importance de préparer immédiatement les esprits à l’éventualité que notre pays soit engagé dans un conflit majeur. Les directeurs d’ARS sont ainsi priés « dès à présent de sensibiliser la communauté soignante aux contraintes d’un temps de guerre marqué par la raréfaction des ressources, l’augmentation des besoins et la survenue d’éventuelles rétroactions sur notre territoire ». Une œuvre de sensibilisation qui concerne également le reste de la population : il est ainsi prévu que tous les Français reçoivent à l’automne prochain une sorte de guide de survie pour préparer à l’éventualité d’un conflit majeur ou d’une catastrophe naturelle.

Enfin, le ministère de la Santé n’oublie pas le nerf de la guerre (c’est le cas de le dire), à savoir l’argent. Il espère ainsi que la prise en charge des soldats étrangers alliés aboutira à une « indemnisation des établissements et professionnels de santé mobilisés pour les soins réalisés ».

Et si une bonne guerre était la solution pour combler le trou de la Sécu ?

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Ce que la médecine a appris à Hiroshima
Quentin Haroche | 06 Août 2025


Les bombardements atomiques sur le Japon ont eu des conséquences sanitaires au long cours, mais moins graves que ce qui pouvait être originellement craint.

Il y a exactement 80 ans, le 6 août 1945, l’humanité entrait dans une nouvelle ère : l’âge atomique, où l’Homme possède une puissance de destruction quasi infinie. Ce jour-là, pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine larguait une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima, trois jours avant d’en lancer une autre sur la ville de Nagasaki. Si le nombre exact de victimes n’a jamais été connu, on estime que les deux seules utilisations de l’arme atomique sur des cibles civiles ont causé la mort d’entre 150 000 et 200 000 personnes.

L’immense majorité des victimes de ces atrocités sont morts dans les premiers jours, voire dans les premières heures qui ont suivi les bombardements, soit en raison du souffle de l’explosion, soit emportés par les incendies, soit tués par un syndrome d’irradiation aigue. Mais très rapidement après les bombardements, les médecins et scientifiques se sont intéressés aux conséquences sanitaires au long terme de cette attaque sans précédent et au devenir des survivants, appelés hibakushas au Japon, dont certains ont été exposés à des radiations.

Hausse de l’incidence des leucémies et des cancers chez les survivants

Dès 1946, les Etats-Unis (qui occupaient alors le Japon) ont mis en place une commission spéciale, l’Atomic Bomb Casualty Commission (« la commission sur les victimes de la bombe atomique ») afin de mener des études sur les survivants des bombardements. Ces études ont cependant été menées le plus souvent sans le consentement des victimes et les médecins américains avaient pour seul but d’étudier les conséquences des bombardements, sans venir en aide aux victimes. En 1975, cette commission américaine fut remplacée par la Fondation de recherche sur les effets des radiations, un organisme nippo-américain basé à Hiroshima et plus respectueux des règles de l’éthique médicale.

La Fondation mène ainsi depuis des décennies des études au long cours sur les survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki et leurs survivants : une cohorte de 94 000 hibakusha a ainsi été mise sur pied.

Ces études ont ainsi pu mettre en lumière, dès les années 1950, une plus forte incidence des cancers et des leucémies chez les survivants des bombardements atomiques, qui s’est maintenue plusieurs décennies après la fin de la guerre, comme le montre une étude de la Fondation de 2017. Des études plus spécifiques sur les effets des radiations in utero, menées sur environ 3 600 Japonais qui étaient dans le ventre de leurs mères au moment des bombardements, ont pu établir que ces radiations ont pu provoquer des effets neurologiques durables (retards mentaux, microcéphalies…).

Pas d’effets nocifs sur la descendance des survivants

Les effets au long cours des bombardements atomiques restent cependant relativement limités, comparativement aux dévastations et aux dizaines de milliers de morts qui ont eu lieu dans les heures qui ont suivi les attaques. Sur les cinquante années qui ont suivi la catastrophe, les chercheurs ont identifié « seulement » 94 cas de leucémies mortelles dus aux radiations et 848 cas de cancers mortels. De plus, contrairement à ce qui était craint dans les années suivant les bombardements, aucun effet sur la santé n’a été relevé dans la descendance des survivants, selon une étude publiée dans The Lancet en 2015

« On imagine généralement que ces survivants ont souffert d’une incidence très élevée de cancers et d’autres affections, que leur vie en a été fortement écourtée et que leurs enfants ont présenté une forte fréquence de malformations et plus généralement de mutations dues à l’irradiation de leurs parents. En réalité, un suivi à très long terme (plus de 60 ans) a été effectué sur une grande cohorte de survivants et a montré un effet mesurable mais relativement limité pour ceux qui avaient reçu une dose significative de radiations » résumait ainsi en 2018 le biologiste Bertrand Jordan, chercheur à l’Inserm.

L’impact des bombardements sur l’espérance de vie des survivants est ainsi considéré comme négligeable : par exemple, Mitoyo Kawate, l’une d’entre eux a vécu jusqu’à 114 ans et aura été brièvement doyenne de l’humanité. Cet effet sanitaire au long cours moins dramatique que prévu peut s’expliquer par plusieurs éléments : décès très rapide des personnes les plus exposées aux radiations, irradiation ponctuelle et non au long cours, faibles retombées radioactives…

Comme chaque année, cette journée du 6 août a été marquée par des commémorations dans la ville d’Hiroshima, durant lesquels les participants ont appelé au désarmement nucléaire mondial. En espérant que les médecins ne disposeront plus jamais d’une cohorte aussi importante de survivants d’attaques atomiques.

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Service des Armées : vers un plasma lyophilisé valide trois ans

Jean-Bernard Gervais
source medscape

13 août 2025



Le 22 mai dernier, à l’occasion de ses 80 ans, le centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) a présenté ses productions et ses dernières innovations thérapeutiques, notamment le plasma lyophilisé PLYO, plasma de l'urgence militaire et civile en cas de choc hémorragique, une spécificité française, qui devrait faire l’objet d’améliorations prochaines.

Le conflit russo-ukrainien nous a poussé à réfléchir sur de nouvelles approches transfusionnelles Dr Lataillade

Centre de transfusion sanguine des armées

« Le Centre de transfusion sanguine des armées a été créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale lors des campagnes d'Afrique du Nord avec la création des organismes de réanimation et de transfusion à Tunis et Alger. Le médecin commandant Jean Julliard et le médecin commandant Stora ont dirigé ces initiatives, formant les bases du concept de réanimation, de transfusion et du métier de médecin transfuseur », a rappelé le médecin chef des services Jean-Jacques Lataillade directeur du centre de transfusion sanguine des armées, lors d'une conférence de presse.

« À la fin de la guerre, une structure mixte de transfusion civilo-militaire a été créée à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. En novembre 1945, cette structure s'est scindée en deux établissements : le centre national de transfusion sanguine pour les civils et le service central de transfusion et de réanimation de l'armée pour les militaires, renommé CTSA en 1972 sous Jean Julliard », a-t-il poursuivi.

Les principales missions du CTSA sont « le soutien transfusionnel de nos forces sur le territoire national, notamment le soutien de nos hôpitaux militaires, ainsi que le soutien de nos forces en opérations extérieures ».


Clamart reste le seul centre de production de plasma lyophilisé, très apprécié par les armées étrangères Dr Jean-Jacques Lataillade

Plasma universel

Aussi, dans le cadre des opérations militaires, « nous préparons des produits plus spécifiques, tel le plasma lyophilisé qui est un plasma universel. Il se conserve à température ambiante pendant deux ans et peut être transporté sans chaîne du froid jusqu'au blessé ».

Le plasma lyophilisé est un produit (conditionné sous forme de poudre dans des flacons en verre) originaire des Etats-Unis, comme l’explique le Dr Jean-Jacques Lataillade : « Au début des années 50, le commandant Henaff introduit en France la technologie de lyophilisation du plasma, une technique maîtrisée initialement par les Américains lors des campagnes d'Afrique du Nord. Cependant, les Américains n'ont pas maintenu cette expertise, ce qui fait qu'aujourd'hui, nous lyophilisons du plasma pour eux à Clamart. Le CTSA a préservé cette compétence et l'a développée, malgré les exigences sécuritaires accrues résultant notamment de l'affaire du sang contaminé. Actuellement, il reste le seul centre de production de plasma lyophilisé, très apprécié par les armées étrangères. »

C’est en effet en 1949 que la première production de plasma cryodesséché (PC) est lancé par le CTSA qui devient le premier centre de production européen. Mais, du fait de l’affaire du sang contaminé et des risques de transmission du virus HIV par des produits sanguins labiles (PSL), la production de PC est arrêtée. Ce n’est qu’en 2012 que le produit prend la dénomination de plasma lyophilisé avec l’acronyme PLYO.
Etant universel, le PLYO est compatible quel que soit le groupe sanguin du receveur.
Transport et stockage facilité

Ses avantages ? Le PLYO se reconstitue très vite en moins de trois minutes, contrairement au plasma congelé qui nécessite une décongélation de 30 minutes. Par ailleurs, sa température de conservation, comprise entre +2° et +25° et sa péremption de deux ans le rend facilement transportable et stockable. Enfin, étant universel, le PLYO est compatible quel que soit le groupe sanguin du receveur.

« Actuellement, dans le monde, le seul autre fabricant « reconnu » de plasma lyophilisé est la Croix-Rouge allemande. Mais il comporte un groupe sanguin, avec des règles de délivrance restrictives respectant les compatibilités ABO », précise le service de santé des armées.
Nous travaillons également à augmenter la durée de péremption de ce plasma lyophilisé, en passant de 2 à 3 ans Dr Lataillade


Guerre russo-ukrainienne

La guerre russo-ukrainienne a ravivé l’intérêt de l’armée française pour le PLYO, précise le Dr Lataillade : « Nous sommes passés de combats asymétriques de guérilla à des combats de haute intensité, avec un large changement d'échelle. Le conflit russo-ukrainien nous a poussé à réfléchir sur de nouvelles approches transfusionnelles, une nouvelle doctrine et de nouveaux produits. Bien que notre participation soit incertaine, nous préparons nos capacités de production pour proposer ces nouveaux produits. Par exemple, nous développons une nouvelle technique de lyophilisation du plasma, plus agile et plus rapide à mettre en œuvre. Nous travaillons également à augmenter la durée de péremption de ce plasma lyophilisé, qui est actuellement de 2 ans. Notre objectif est de la porter à 3 ans. »

Aussi, la technique de lyophilisation pourrait s’appliquer à d’autres produits sanguins labiles, ajoute le Dr Lataillade : « Nous travaillons actuellement sur la production de plaquettes à partir de cultures de cellules souches. Cela augmenterait considérablement le volume de production et permettrait de conserver les plaquettes à 4°C ou même lyophilisées, ce qui n'est pas possible aujourd'hui. »

Dernière particularité, le PLYO reste un produit sanguin labile (PSL), contrairement à d’autres plasmas lyophilisés : « La particularité de notre plasma lyophilisé réside dans le fait qu'il reste un produit sanguin. Il n'est pas considéré comme un médicament contrairement à ceux produits par certaines sociétés pharmaceutiques à l'échelle mondiale. Ainsi, notre plasma lyophilisé, étant un produit sanguin, est beaucoup plus opérationnel et directement accessible aux centres de transfusion. »

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La golden hour des blessés de guerre
Joël Pitre, Dr | 12 Avril 2024


En traumatologie grave, le délai pré-hospitalier de prise en charge est crucial. Le bénéfice du concept de golden hour, est admis même si les preuves sont rares. Cette étude en apporte de nouvelles, qui pourraient être étendues à la traumatologie civile.

Les accidents sont la première cause de mortalité aux Etats-Unis entre l’âge de 1 et 44 ans et se classent en cinquième position dans le monde en termes de vies perdues. Des registres civils et militaires existent depuis de nombreuses années aux Etats-Unis et servent de base de données à de nombreux travaux de recherche mais malgré ces efforts on ignore encore comment éviter un certain nombre de morts. En accord avec l’adage militaire selon lequel « on ne laisse personne derrière », nombre de travaux de recherche ont porté sur le délai d’évacuation des blessés.

Mais ils comportent de nombreux biais dont la non-prise en compte de la mortalité pré-hospitalière ou post-opératoire précoce, l’absence d’identification précise des blessures et des causes de décès et enfin le biais de temps immortel qui dans les études de cohorte est source de confusion entre les groupes de patients (les survivants étant par définition mieux suivis que les décédés) du fait du délai variable à la mise en route du traitement. Il semble logique que le délai de prise en charge soit une donnée essentielle tant en traumatologie civile que militaire, mais la réalisation d’études prospectives n’est pas envisageable en raison des contraintes éthiques, logistiques et économiques.

En 2009, le secrétariat de la défense américain a exigé que tout militaire blessé en Afghanistan et relevant d’une chirurgie soit pris en charge et opéré en moins d’une heure. C’est le concept de l’heure dorée (golden hour). L’expérience des conflits récents et les données issues du Joint Trauma System (JTS) sont rapportées par l’agence de santé de la défense des Etats-Unis. Elles pourraient permettre de trancher définitivement quant à l’importance de l’heure dorée.

Une étude de cohorte rétrospective sur plus de 5 000 militaires blessés

Cette étude rétrospective portait sur les blessures de militaires américains issues du registre du JTS, observées lors des conflits d’Afghanistan et d’Irak, entre janvier 2007 et décembre 2015. Tous les décès faisaient l’objet d’une autopsie et d’un bilan radiographique complet permettant d’en établir avec certitude les causes. Pour six régions du corps (tête et cou, face, thorax, abdomen et pelvis, extrémités et bassin, autres), un score de gravité des blessures (Abbreviated Injury Scale, AIS) allant de 1 (blessure mineure) à 6 (sévérité maximum, habituellement fatale) était établi.

En cas de lésions multiples, le score ISS (Injury Severity Score) additionnait les scores AIS des 3 régions les plus atteintes. Sinon un score de 75 était retenu en cas d’AIS = 6. Quatre horaires étaient retenus : horaire de blessure, d’évacuation vers la première équipe chirurgicale, de début de la première chirurgie et de décès.

Etaient inclues les blessures survenues chez des militaires, présumés vivants au moment de la demande d’évacuation, pour lesquels les informations sur les soins pré-hospitaliers et le transport étaient disponibles, et ayant soit un score IAS ≥ 2 soit décédés en phase pré-hospitalière. Les patients blessés étaient séparés en deux groupes.

Le premier incluait les patients relevant d’une chirurgie d’urgence (damage control surgery) : thoracotomie, laparotomie, hémostase de plaie vasculaire, débridement de plaies AIS ≥ 3, transfusions multiples, amputation de membre, fasciotomie, fixateur externe, neurochirurgie d’urgence. Le second groupe comprenait les blessures d’indication chirurgicale non urgente ou initiée seulement après transfert depuis le premier niveau de prise en charge.

Les critères d’analyse principaux étaient la survie à 24 h et 30 jours après la blessure. Les analyses étaient stratifiées en prenant compte différentes variables : âge, date, score ISS, région principalement atteinte, mécanisme (explosion, arme à feu, chute, écrasement, accident de voiture…), type de blessure principale (pénétration, traumatisme fermé, ….), pays (Afghanistan, Irak), présence d’un état de choc, type de prise en charge initiale (antenne chirurgicale ou structure hospitalière), procédures de réanimation pré-chirurgicales (transfusion, intubation/trachéotomie, drainage thoracique, massage cardiaque…).

La cohorte comprenait 5 269 militaires blessés dont 1 578 n’ayant pas eu besoin de chirurgie et vivants à 30 jours. L’âge médian était de 24 ans, le sexe masculin dans 97 % des cas, et il s’agissait de blessures au combat dans 68 % des cas.

Les avantages d’un transfert en moins d’une heure

A 30 jours, 728 patients (14 %) étaient décédés dont 68 % dans l’heure qui suivait la blessure et 90 % dans les 4 heures. Un score AIS 6 était observé chez 198 patients (4 %), blessures considérées habituellement comme fatales du fait de la sévérité.

Une ou des procédure(s) de réanimation étai(en)t entreprise(s) pour 1 172 des 3 691 patients chirurgicaux et chez seulement 68 des 1 578 patients non opérés et vivants à 30 jours.

La mortalité selon Kaplan-Meier était de 13 % au premier jour et augmentait de moins d’1 % ensuite jusqu’au 30ème jour.

Les horaires étaient disponibles pour 2 362 (45 %) des patients de la cohorte. Pour eux, le taux de mortalité montait rapidement à 10 % 1 heure après la blessure, puis à 13 % à 4 heures, et enfin à 14 % 11 heures après pour ne plus se modifier ensuite.

Quand l’évacuation vers une structure chirurgicale était réalisée en moins d’une heure, la mortalité à 24 h était réduite de 66 % (RR 0,34, IC 95 : 0,14-0,82, p = 0,02) et cela même en excluant de la comparaison les blessures systématiquement fatales (RR 0,20, IC 95 : 0,05-0,90, p = 0,04). Pour les cas relevant d’une chirurgie urgente, un délai d’une heure ou moins réduisait la mortalité de 60 % par rapport aux situations ayant eu un délai plus long pour la chirurgie (RR 0,40 ; IC 95 : 0,2 - 0,81, p = 0,01) y compris en excluant de l‘analyse les cas les plus graves (ISS ≥ 60, ISS ≥ 50 et AIS = 6). Ces résultats étaient indépendants d’éventuelles procédures de réanimation pré-hospitalières ou du délai d’attente de la chirurgie au sein de la structure.

Les auteurs concluent que le transport vers une unité chirurgicale en moins d’une heure permet plus rapidement : 1) le diagnostic précis des blessures et de la sévérité de l’hémorragie, 2) la mise en route des mesures appropriées de réanimation et 3) la réalisation du tri chirurgical si indiqué.

De la traumatologie militaire à la traumatologie civile ?

L’extension de ces résultats à la traumatologie civile est tentante car la recherche dans ce domaine peut être biaisée, en particulier par des effectifs moins importants, des protocoles différents et la non prise en compte de la mortalité pré-hospitalière. Les autopsies ne sont pas non plus systématiques. Sur la période étudiée, il n’a pas été possible de déterminer si la réalisation des transfusions avait pu retarder l’évacuation et donc augmenter la mortalité.

Néanmoins depuis 2015, la possibilité de transfuser est étendue aux zones de combat avec du sang total conservé au froid et des équipes de relevage formées aux manœuvres de réanimation. Par ailleurs les zones de conflits ont vu le déploiement de petites équipes chirurgicales mobiles rompues aux techniques de damage control surgery ainsi que le pré-positionnement d’hélicoptères pour évacuation sanitaire.

En pratique civile, on peut estimer qu’environ 30 000 américains décèdent chaque année avant d’arriver à l’hôpital et les ¾ de ces décès pré-hospitaliers sont évitables par une chirurgie précoce. Le vieil adage (« on ne laisse personne derrière ») et l’expérience des conflits peuvent aider la pratique civile en développant l’apprentissage des gestes de secours et l’analyse systémique des causes de décès (2).

References

1 - Shackelford SA, Del Junco DJ, Mazuchowski EL, et al. The Golden Hour of Casualty Care: Rapid Handoff to Surgical Team is Associated With Improved Survival in War-injured US Service Members. Ann Surg. 2024 Jan 1;279(1):1-10. doi: 10.1097/SLA.0000000000005787.
2- Rasmussen TE, Coleman DM. Leave No One Behind: Invited Commentary on Association of Time From Injury to Initial Hospital Arrival, Emergency Trauma Surgery, and Survival in U.S. Military Casualties. Ann Surg. 2024 Jan 1;279(1):11-12. doi: 10.1097/SLA.0000000000006115.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. sept. 22, 2025 6:49 pm

Procès Péchier : deux « lanceurs d’alerte » à l’origine de l’affaire
Quentin Haroche | 18 Septembre 2025
jim.fr


La cour d’assises de Besançon s’est penchée sur l’origine de l’affaire Péchier et sur les deux médecins qui les premiers ont lancé l’alerte.

Depuis le début du procès du Dr Frédéric Péchier le 8 septembre dernier, la cour d’assisses du Doubs à Besançon a des allures de congrès d’anesthésiologie. Depuis dix jours, les blouses blanches se succèdent en effet à la barre pour tenter d’éclairer le comportement et les actes de leur confrère, accusé d’avoir empoisonné trente patients âgés entre 2008 et 2017, conduisant à la mort de 12 d’entre eux. L’audition de deux médecins a notamment permis de revenir sur le cas qui a lancé toute l’affaire : celui de Sandra Simard.

Ce 11 janvier 2017, l’intervention du dos que cette patiente de 36 ans devait subir à la clinique Saint-Vincent de Besançon ne présentait a priori aucune difficulté particulière. « Tous les voyants étaient au vert » se souvient le Dr Anne-Sophie Balon, auditionnée par la cour d’assises ce mercredi et qui était chargée de l’anesthésie à l’époque. Mais à 8h56 très exactement ce matin-là, la patiente fait un arrêt cardiaque inexpliqué : l’anesthésiste âgée à l’époque de 34 n’avait encore jamais connu d’arrêt cardiaque chez l’un de ses patients…et aucun autre depuis.

Une intervention providentielle…et très suspecte

« Je commence la réanimation, je la masse, je demande le cardiologue de garde et personne d’autre » raconte l’anesthésiste. C’est alors que le Dr Frédéric Péchier fait son entrée dans la salle d’opération. « Il arrive avant le cardiologue de garde, injecte, ce que je comprends être a posteriori, du gluconate de calcium et quitte la salle » raconte l’anesthésiste. « C’est usuel qu’on ne s’adresse pas d’abord à vous pour décider d’un acte médical ? », l’interroge la présidente de la cour d’assises. « Non, normalement, on discute, on échange des informations capitales » lui répond l’anesthésiste. Inhabituel ou pas, le geste du Dr Péchier améliore l’état de la patiente, qui est transférée au CHU de Besançon. Elle s’en sortira après cinq jours de coma.

Intriguée par cet « évènement indésirable grave » inexpliqué, comme dit le jargon médical, le Dr Balon décide alors de « demander un œil extérieur », celui du Pr Sébastien Pili-Floury, chef de la réanimation au CHU de Besançon. Auditionné pour sa part jeudi dernier, l’anesthésiste se souvient avoir été tout de suite intrigué par l’affaire. « Quand j’ai vu l’électro, ça a été comme une évidence pour moi. J’ai vu apparaître un tracé typique d’hyperkaliémie massive » explique-t-il aux magistrats, qui l’interrompent régulièrement pour demander des explications d’ordre médical.« J’ai dit à Anne-Sophie : va récupérer tout ce qui a été administré à la patiente, y compris les poches de soluté, et fais doser le potassium. Je lui ai dit de prévenir la direction de la clinique de ce qu’elle allait faire, et de rester très discrète ».

Martine David, l’infirmière avec qui le Dr Péchier partageait régulièrement des pauses cigarettes, est mise sur le coup. Elle part récupérer les porches de soluté à la déchetterie. « On a suivi le camion de tri des déchets, ça peut paraître un peu folklorique mais ça semblait important » a-t-elle expliqué à la barre. Une fois les poches récupérées, le Dr Balon les fait analyser : elles contiennent cent fois la dose de potassium attendue. « Cette intoxication ne peut pas être accidentelle ? » lui demande une des avocates générales. « Non » répond le Dr Balon. « Est-ce le résultat d’un empoisonnement ? » ; « Oui » affirme l’anesthésiste.

Un seul avocat à la barre

L’arrêt cardiaque de Sandra Simard poussera le parquet de Besançon a mené une enquête. Deux mois plus tard, le Dr Péchier est placé en garde à vue. Une arrestation que le Dr Balon vivra comme un « soulagement ». Pour elle et pour l’accusation, le fait que le Dr Péchier ait immédiatement injecté du gluconate de calcium à la patiente ce matin de janvier 2017 est la preuve qu’il était bien à l’origine de l’empoisonnement. Ce produit est en effet indiqué en cas d’hyperkaliémie. Or, rien n’indiquait ce jour là que la patiente présentait un taux de potassium trop élevé.

Durant l’instruction, le Dr Péchier a accusé le Dr Balon d’avoir pollué les poches de potassium a posteriori pour dissimuler une erreur médicale dont elle serait responsable. « On peut tout envisager, y’a pas de souci » commente le Dr Balon. « Le professeur Pili-Floury est mon complice du coup vu qu’il me met sur la piste ? ». Ce mercredi à la barre, Maître Randall Schwerdorffer, avocat du Dr Péchier, n’a pas repris cette accusation quelque peu fantaisiste. A la place, le pénaliste a relancé le débat sur le caractère incongru ou non de l’utilisation du gluconate de calcium, transformant l’espace de quelques minutes la salle d’audience de la cour d’assises en staff de réanimation.

Le ténor du barreau est désormais le seul maître à bord de ce dossier tentaculaire. Les deux autres avocats du Dr Péchier ont en effet jeté l’éponge, l’un un mois avant le procès pour des raisons financières, l’autre ce lundi en plein procès en raison de désaccord sur la stratégie de défense employée. Le procès du Dr Péchier est prévu pour durer jusqu’au 19 décembre.

Pour les faits qui lui sont reprochés, l’anesthésiste encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Alors, il ne faut exagérer comme j'ai pu le lire dans un groupe facebook où un IADE disait qu'il fallait s'attendre à rassurer "nos" patients. (Comme si les patients étaient à nous...). Évoquons cette affaire pour ajouter à la rassurance...

Que dire alors des patients qui vont se faire opérer quand on voit la mise examen d'un chirurgien ou la condamnation d'un autre à vingt ans de réclusion criminelle , pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes sur une période de 25 ans.
Est-ce qu'on arrête tout acte chirurgical pour autant ? Est-ce que les patients arrivent à reculons au bloc ? A ce jour, pas un patient que j'ai pu prendre en charge, ne m'a parlé ou montré une quelconque crainte sur le déroulé de l'anesthésie qu'il allait avoir. On peut agiter un chiffon rouge, ou on peut raison garder. Tout dépend de la perception de la société et des patients que l'on a. Même si ils ne sont pas les nôtres.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. sept. 24, 2025 4:57 pm

Responsabilité des professionnels de santé : une justice trop sévère ?
Quentin Haroche | 24 Septembre 2025
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Dans son dernier bilan annuel, une société d’assurance médicale regrette un « niveau de sévérité des magistrats inédit » vis-à-vis des professionnels de santé.

On entend parfois parler dans le débat public, à tort ou à raison, d’un laxisme excessif de la justice française, sous-entendu pénale. Il semble cependant que les professionnels de santé, à qui il peut arriver de se retrouver au tribunal pour avoir manqué à leurs obligations, ne bénéficient pas de cette tendance à la mansuétude des juges, si tant est qu’elle existe.

C’est en tout cas le constat que dresse la MACSF, principal assureur des professionnels de santé en France, dans son dernier bilan annuel sur la responsabilité médicale, publié ce mardi. Premier enseignement (et bonne nouvelle) que l’on peut tirer de ce bilan de l’année 2024 : la sinistralité est en baisse pour les professionnels de santé. Ainsi, malgré une augmentation de 2,65 % du nombre de professionnels assurés, la MACSF a enregistré 5 % de dommages en moins en 2024.

Sur les quelques 4 000 dommages corporels qui lui ont été signalés, 46 % émanent de chirurgiens-dentistes et 45 % de médecins. Ce sont 1 % des médecins assurés qui ont fait l’objet d’une déclaration de sinistre en 2024 (contre seulement 0,03 % des infirmières par comparaison). Le taux de sinistralité des médecins varie cependant grandement selon les spécialités. Ainsi, pour les neurochirurgiens, faire l’objet d’une déclaration de sinistre est presque la norme : les trois-quarts d’entre eux (74 %) ont été mis en cause.

Dix condamnations à plus d’un million d’euros

Au total, 294 décisions de justice civile impliquant 517 professionnels et établissements de santé ont été rendues en 2024. Mais bien que le nombre de décisions soit en baisse de 15 % sur un an, le coût total d’indemnisation est stable, autour des 62 millions d’euros. Il faut dire que dans 75 % des cas (+ 5 points par rapport à 2023), le professionnel de santé poursuivi est condamné à indemniser la victime. D’où l’accusation de « sévérité inédite » portée par la MACSF à l’encontre des magistrats.

Le bilan de la MASCF nous apprend que des indemnisations au montant mirobolant, qu’on croit être l’apanage des tribunaux américains, existent également dans nos contrées. A dix reprises en 2024, la justice française a ainsi octroyé des indemnisations supérieures à 1 million d’euros à des victimes d’erreurs médicales, sans compter les aménagements nécessaires au handicap du patient.

Dans son bilan, la MACSF revient ainsi sur les trois indemnisations les plus importantes octroyées par les tribunaux français en 2024. Une sage-femme et un gynécologue qui ont tardé à réaliser une césarienne lors d’un accouchement, laissant l’enfant avec de lourdes séquelles neurologiques, ont ainsi été condamnés à verser, pour 50 % chacun, 4,7 millions d’euros. Pour avoir mal pris en charge une infection à staphylocoque, qui a laissé le patient tétraplégique, un médecin généraliste et un rhumatologue ont été condamnés solidairement à payer 5 millions d’euros, sans compter les coûts des aménagements ultérieurs. Enfin, la palme revient à un pédiatre qui n’a pas diagnostiqué à temps une maladie métabolique chez un nourrisson, le laissant lourdement handicapé : il devra lui verser 7,3 millions d’euros, là aussi sans compter les frais ultérieurs.

Trois ans de prison avec sursis pour un chef de service incapable de réaliser une trachéotomie

Si les poursuites civiles sont fréquentes, les décisions au pénal sont beaucoup plus rares. Seulement 14 professionnels de santé sont passés devant des juridictions correctionnelles en 2024 et seulement six d’entre eux ont été condamnés, dont cinq à de la prison avec sursis.

Une infirmière a ainsi écopé de deux ans d’emprisonnement avec sursis pour avoir accidentellement provoqué la mort d’un patient en lui injectant 50 mg de morphine au lieu des 5 mg prescrit. Elle avait ensuite falsifié le dossier pour faire croire à une erreur de l’interne. Ce dernier a tout de même été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour avoir réalisé la prescription oralement. Dans une autre affaire, un urgentiste a été condamné à trois ans de prison avec sursis : bien que chef de service, il s’était montré incapable de réaliser une trachéotomie rapidement, entrainant le décès du patient.

Ces décisions de justice relativement sévères confirment une tendance ancienne en jurisprudence : les magistrats auront généralement tendance à privilégier le patient profane par rapport au médecin sachant et à considérer que l’essentiel est d’indemniser la victime, peu importe la gravité de l’erreur du professionnel de santé et sa bonne foi. Et ce au grand dam des médecins…et de leurs assureurs.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. sept. 27, 2025 11:38 am

Rebelle avec une cause
Quentin Haroche | 26 Septembre 2025
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Pour la deuxième fois, la journaliste chinoise Zhang Zhan, qui avait documenté le confinement de Wuhan en 2020, a été condamnée à quatre ans de prison pour avoir critiqué le régime communiste.

Pour la militante des droits de l’Homme Zhang Zhan l’histoire se répète cruellement. Samedi dernier, elle a connu une journée en tout point similaire à celle du 28 décembre 2020, près de cinq ans plus tôt. Le même tribunal de Pudong, dans la banlieue de Shanghai. Le même chef d’accusation extrêmement flou de « provocation au trouble à l’ordre public », utilisé par le régime chinois pour faire taire les dissidents. Le même secret entourant le procès, puisque les journalistes et diplomates étrangers qui ont tenté d’y assister ont tous été refoulés par la police. Et au final, si l’on en croit Amnesty International et Reporters Sans Frontières (car les autorités chinoises n’ont publié aucune confirmation) la même peine : quatre ans de prison.

Telle est la vie que Zhang Zhan, journaliste de 42 ans originaire de la province du Shaanxi, s’est choisie : celle de martyr de la liberté d’expression, dans un pays classé 178ème sur 180 dans le classement de la liberté de la presse par RSF. Chrétienne pratiquante, Zhang Zhan ne réfuterait pas la terminologie de martyr. « C’était la volonté de Dieu que j’agisse, pour que le monde entier sache la vérité » avait-elle dit lors de sa première condamnation à de la prison en 2020.

Car la journaliste n’en est pas à son premier fait d’arme et son opposition à la dictature communiste remonte à loin. Avocate de formation, elle est radiée du barreau en 2018 pour avoir participé au mouvement Weiquan, où « mouvement des avocats aux pieds nus », qui dénonçait les violations des droits de l’homme commises par le système judiciaire chinois. Qu’à cela ne tienne, Zhang Zhan va se reconvertir en journaliste indépendante. En 2019, elle est brièvement arrêtée pour avoir couvert les manifestations prodémocratie à Hong Kong.

Documenter la pandémie et le chaos

Mais c’est la pandémie de Covid-19 qui va changer son destin. Le 1er février 2020, alors que des milliers d’habitants de Wuhan, épicentre de l’épidémie, fuient la ville qui vient d’être confinée par les autorités, Zhang Zhan fait le chemin inverse et se rend dans la mégapole de 11 millions d’habitants.

Alors que le gouvernement chinois explique, à qui veut bien l’entendre, que la situation sanitaire est sous contrôle, Zhang Zhan va documenter pendant trois mois, à travers des vidéos amateurs diffusées sur les réseaux sociaux, le chaos qui règne dans la cité et la gestion autoritaire du confinement par les autorités. Dans ses vidéos, la journaliste en herbe montre des couloirs d’hôpitaux saturés de malades, les crématoriums qui tournent à plein régime (réfutant ainsi la thèse officielle selon laquelle seulement 4 000 personnes sont mortes de la Covid-19 en Chine lors de la première vague), les magasins aux échoppes vides, les morts dans la rue, etc.

Zhang Zhan donne également la parole aux habitants de Wuhan, qui racontent les conditions drastiques du confinement (au plus fort de l’épidémie, les habitants n’étaient même pas autorisés à sortir de chez eux) et la répression qui s’abat sur ceux qui osent critiquer le régime. Zhang Zhan rendra également hommage au Dr Li Wenliang, l’un des premiers médecins à avoir alerté sur la situation sanitaire à Wuhan en décembre 2019 et qui sera arrêté pour cela par la police chinoise (le Dr Wenliang est mort de la Covid-19 le 7 février 2020).

Le 13 mai 2020, Zhang Zhan poste sa 122ème et dernière vidéo depuis son arrivée à Wuhan. « Mon sentiment est que les autorités gèrent cette ville uniquement par l’intimidation et la menace » déclare-t-elle devant la gare principale. « C’est vraiment la tragédie de ce pays ». Le lendemain, la journaliste disparait. Les autorités chinoises mettront un mois à avouer que Zhang Zhan a été arrêtée.

Rendez-vous en 2028 pour continuer le combat

Le calvaire commence alors pour la militante. Selon Amnesty International, la journaliste a été torturée à plusieurs reprises. Elle commence une grève de la faim pour dénoncer sa détention arbitraire. Qu’à cela ne tienne : la police chinoise la nourrit de force via une sonde naso-gastrique et elle est attachée en permanence pour l’empêcher de la retirer. Ce n’est qu’après plusieurs mois de détention que son chef d’inculpation exact, la « provocation au trouble à l’ordre public » lui est signifié. Elle est notamment accusée d’avoir prétendu que les citoyens de Wuhan devaient payer pour se faire tester et qu’ils étaient nourris avec de la nourriture avariée (Zhang Zhan a toujours affirmé que ces faits étaient véridiques).

Le 28 décembre 2020, Zhang Zhan est condamnée à quatre ans de prison par le tribunal de Pudong. Elle mène plusieurs grèves de la faim en 2021, passant tout près de la mort durant l’été, avant de finalement recommencer à s’alimenter. Malgré les nombreux appels à la clémence émanant d’ONG et de l’Union Européenne, les autorités chinoises se montrent sans pitié : Zhang Zhan est libéré le 13 mai 2024, exactement quatre ans jour pour jour après son arrestation.

Un individu normal aurait alors abandonné ce combat perdu d’avance pour la démocratie, échaudée par ces quatre années de prison. Pas Zhang Zhan. Dès sa sortie de prison, elle reprend ses vidéos pour dénoncer les abus du régime et venir en soutien à d’autres militants injustement emprisonnés.

En août 2024, trois mois à peine après sa libération, Zhang Zhan est de nouveau emprisonnée. Le même cycle infernal reprend pour la journaliste : elle est de nouveau inculpée de « provocation au trouble à l’ordre public », débute à nouveau une grève de la faim, est de nouveau nourrie de force. Et selon toute vraisemblance, elle a donc de nouveau été condamnée à quatre ans de prison samedi dernier.

Le sort de Zhang Zhan nous rappelle le prix que doivent payer les journalistes dans certains pays pour informer leurs concitoyens sur la réalité sanitaire du pays. Rendez-vous donc en 2028 pour Zhang Zhan pour continuer le combat.

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Couvre-feu numérique : vous en rêviez (ou pas), des Japonais l’ont fait
Frédéric Haroche | 26 Septembre 2025


Toyoake – Le 4 septembre dernier, l’Assemblée nationale a dévoilé son rapport sur « les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs ». Les députés y recommandaient la mise en place d’un « couvre-feu numérique » : « la mise en place d’horaires limitatifs pour les utilisateurs des réseaux sociaux âgés de 15 à 18 ans, excluant une utilisation nocturne (…) c’est-à-dire de 22 h 00 à 8 h 00 ».

Chimérique et liberticide pour les uns, salutaire pour les autres, cette mesure n’a pas encore vu le jour en France. En revanche, au Japon, la ville de Toyoakea adopté, ce 22 septembre, un arrêté municipal exhortant ses 67 000 habitants à ne pas utiliser les « écrans » plus de deux heures par jour. Cette règle, qui entrera en vigueur le 1ᵉʳ octobre, s’appliquera aux smartphones, tablettes et aux consoles de jeux vidéo. Elle ne concerne toutefois pas les usages jugés nécessaires, comme les études ou le travail.

Selon les élus, la décision découle d’un constat clair : les appareils connectés perturbent profondément la vie, et en particulier celles des enfants. « En passant des heures sur leur portable, ils manquent souvent de sommeil ou ont un rythme de vie inversé ». Résultat : absences scolaires, retards répétés et fatigue chronique, imputés à une addiction aux smartphones. Si aucune statistique locale n’existe, la dernière étude nationale a montré que les Japonais de 15 à 59 ans passent en moyenne 5 h 20 en ligne chaque jour, dont seulement deux heures consacrées aux études ou au travail. Le reste relève du divertissement. La mairie juge ce temps d’écran excessif, nuisible à la santé mentale et, surtout, à la qualité comme à la quantité du sommeil.

L’arrêté reste toutefois non contraignant : il n’est assorti d’aucune sanction. Masafumi Koki, maire de la ville, a précisé dans le quotidien Asahi Shimbun qu’il souhaite avant tout offrir « une occasion » aux familles de vérifier l’usage que font leurs enfants des smartphones et d’en discuter ensemble, afin qu’ils ne perturbent pas leur sommeil. L’État japonais s’intéresse lui aussi à la question. Comme le rappelle le Nihon Keizai Shimbun, le ministère de l’Éducation a identifié l’usage excessif des smartphones comme l’un des facteurs expliquant la baisse récente des résultats scolaires au primaire et au collège. Sans surprise, la mesure de Toyoake a déclenché un vif débat… sur les réseaux sociaux.

Quand la Chine s’endormira…

Sous d’autres latitudes, les autorités tentent également de réguler l’usage numérique des jeunes. En Chine, la législation impose déjà que les terminaux mobiles cessent par défaut de fournir des services aux mineurs entre 22 h 00 et 6 h 00. Les parents ou tuteurs peuvent toutefois déroger à cette règle après vérification. Le dispositif s’applique à tous les terminaux connectés (téléphones, tablettes, etc.) et à toutes les applications (jeux, réseaux sociaux, plateformes vidéo). Un mécanisme anticontournement a même été prévu : toute désactivation du mode mineur ou réinitialisation des paramètres exige une validation parentale, empêchant ainsi les mineurs de le faire seuls. Aux États-Unis, l’Utah a imposé depuis 2024 un couvre-feu numérique de 22 h 30 à 6 h 30 sur les réseaux sociaux, sous supervision parentale. La loi confère aussi aux parents un contrôle renforcé sur la vie numérique de leurs enfants : création de comptes, accès aux messageries privées, etc.

Le rapport parlementaire français pourrait ainsi marquer une première étape dans la régulation d’outils qui, s’ils offrent un formidable accès à la connaissance, servent trop souvent de caisse de résonance à des contenus aussi médiocres que chronophages. Cependant, les données scientifiques tendant à établir un lien entre l’utilisation des écrans et différents problèmes de santé manquent clairement de solidité.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. oct. 02, 2025 6:22 pm

02.10.2025
source : securite-sociale.fr


Le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) a adopté un rapport établissant un état des lieux des dépassements d’honoraires des médecins. Ce rapport est accompagné d’une synthèse et d’études inédites en annexes.
La hausse des dépassements d’honoraires s’accélère

Le montant total des dépassements d’honoraires des médecins spécialistes atteint 4,3 Mds€ en 2024, en forte accélération depuis 2019 (+5% par an en valeur réelle, hors inflation). Cette dynamique résulte :

d’une hausse de la part du secteur 21 parmi les spécialistes : en 2024, 56% des spécialistes sont en secteur 2 contre 37% en 2000. Aujourd’hui, lorsqu’ils s’installent, les trois quarts des jeunes spécialistes choisissent le secteur 2 : la proportion était des deux tiers en 2017.
mais aussi, depuis 2020, de la hausse des taux de dépassements et de la baisse de la part d’activité à tarifs opposables des professionnels en secteur 2, à rebours de la décennie 2010 où les taux de dépassements avaient baissé et où la part d’activité à tarifs opposables avait progressé.

Ces facteurs devraient conduire à ce que la dynamique des montants de dépassements se poursuive dans les années à venir.

Les dépassements, une part souvent importante des revenus des médecins

Les dépassements d’honoraires représentent aujourd’hui plus du tiers des revenus professionnels pour certaines spécialités.
Les dépassements représentent une part plus importante des revenus dans certaines spécialités dont les revenus sont plus faibles en moyenne, alors qu’ils tiennent une place bien moindre dans les revenus des certaines spécialités techniques et souvent intensives en capital, dont les revenus sont pourtant les plus élevés. Pour partie, la dynamique des dépassements joue un rôle de compensation de l’érosion des revenus tirés des tarifs opposables dans certaines spécialités.

Des situations très contrastées au sein de chaque spécialité

Les dépassements ne s’expliquent toutefois pas intégralement par les inadéquations tarifaires auxquelles sont confrontées certaines spécialités. En effet, au sein de toutes les spécialités, on constate une très forte dispersion des taux de dépassement pratiqués. 10% (et parfois près de 20%) de spécialistes appliquant les dépassements les plus élevés dépassent souvent le double des dépassements moyens de leur spécialité. A titre d’exemple pour les 6 700 chirurgiens en secteur 2, les dépassements sont en moyenne de 58 % des « tarifs sécu ». Mais pour 10 % d’entre eux, le dépassement est de 184 %, c’est-à-dire que le tarif facturé représente presque trois fois le « tarif sécu ».
La propension des spécialistes à appliquer des dépassements élevés :

croît avec l’âge des praticiens,
croît avec le niveau de vie du territoire sur lequel ils exercent : les niveaux de dépassements sont ainsi particulièrement élevés dans les grandes métropoles ;
et est d’autant plus forte que les médecins en secteur 1 sont moins nombreux sur leur territoire et dans leur spécialité.

On constate, pour l’ensemble des spécialités, que les praticiens appliquant les dépassements les plus élevés ont une activité plus réduite que leurs confrères.
La possibilité d’appliquer des dépassements d’honoraires élevés facilite l’installation dans les zones métropolitaines à niveau de vie élevé, où de fait la part de spécialistes en secteur 2 est nettement plus élevée. Les dépassements d’honoraires contribuent donc à aggraver les inégalités territoriales dans la répartition des spécialistes.

Les dépassements d’honoraires peuvent induire un reste à charge élevé pour les patients

Par exemple, pour une intervention de prothèse totale de la hanche, près de la moitié des patients s’acquittent de dépassements (630 € en moyenne et plus de 1000 € dans 10% des cas). De plus sur l’ensemble de l’épisode de soins qui entoure cette intervention, près de 80% des patients2 sont exposés à au moins un dépassement. En cumul, cela fait alors 700 € en moyenne et plus de 1400 euros pour 10% de ces patients.
Les dépassements d’honoraires des médecins sont pris en charge à environ 40% par les complémentaires santé, et représentent au total 14% du reste à charge des ménages.
Les ménages les plus modestes couverts par la complémentaire santé solidaire (C2S)3 sont en théorie protégés contre les dépassements puisque les praticiens ont l’interdiction de leur facturer des dépassements d’honoraires. Mais l’effectivité de cette protection est atténuée par le fait que beaucoup d’assurés ne font pas valoir leurs droits. Pour les autres assurés, y compris en affection de longue durée (ALD), la prise en charge par les complémentaires santé est variable selon le type de contrat et rarement intégrale. Les contrats d’entreprise, qui couvrent surtout des salariés du secteur privé et leurs ayant-droits offrent des garanties généralement supérieures que les contrats individuels, plus fréquents parmi les personnes âgées et les personnes sans emploi.

Une exposition aux dépassements inégale et non lisible

L’exposition aux dépassements est très inégale entre les assurés : elle varie selon le lieu (dépassement par patient 4 fois plus élevé à Paris qu’en moyenne nationale), et selon la consommation de soins : les 70-79 ans paient deux fois plus de dépassements que les 30-39 ans.
Les dépassements progressent avec le niveau de vie. Mais les patients habitant des communes modestes se trouvent aussi exposés à des dépassements d’honoraires, du fait du faible nombre de médecins en secteur 1, sans que cela résulte de choix des patients.
Les dépassements d’honoraires sont variables, non prévisibles et suscitent chez beaucoup de patients une incompréhension face à un système difficilement lisible. Les trois quarts de la population vivant en France estiment que les dépassements d’honoraires pratiqués par certains médecins ne sont pas justifiés.

Après ce rapport consacré à l’état des lieux, le HCAAM va poursuivre ses travaux pour examiner des propositions de réformes envisageables.

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Malgré leurs promesses, les banques françaises continueraient d’investir dans le tabac
Quentin Haroche | 02 Octobre 2025
jim.fr


Les principales banques françaises détiendraient près de 3 milliards d’euros en actions dans l’industrie du tabac, sept ans après avoir annoncé se désengager du secteur.

A l’époque, cela avait été vu comme une grande victoire dans la lutte contre le tabagisme. A l’initiative de l’ONG australienne Tobacco Free Portfolio et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les principales banques de la planète s’étaient engagées à ne plus investir dans l’industrie du tabac. Les quatre principaux établissements bancaires français, à savoir le Crédit Agricole, la Société Générale, BNP Paribas et le groupe BPCE, ont tous signé cette charte. Encore aujourd’hui, la Société Générale affirme ainsi sur son site qu’elle « exclut de son univers d’investissement les producteurs de tabac ».

Mais comme dit la maxime, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Sept ans après la signature de la charte, une enquête menée par l’organisme d’investigation Profundo et publiée par l’Alliance contre le tabac (ACT) ce jeudi montre que les banques françaises ont continué à « alimenter et à miser sur ce commerce mortifère » selon les mots de l’association. Pire, ces investissements discutables ont augmenté.

Le Crédit Agricole champion de l’investissement dans le tabac

En effet, dans une précédente enquête datant de novembre 2023, l’ACT avait indiqué que les banques françaises accordaient 5,3 milliards de dollars de crédits à l’industrie du tabac auquel s’ajoutait 733 millions d’euros d’investissements. Depuis, si la pratique des crédits a cessé, les investissements ont fortement augmenté. Les quatre principales banques françaises détiennent ainsi pour 2,8 milliards de titres boursiers dans l’industrie du tabac, soit une augmentation de 280 % entre novembre 2023 et mai 2025.

Ces investissements concernent principalement Philippe Morris International (1,4 milliard de dollars), British American Tobacco (860 millions de dollars) et Imperial Brands (441 millions). « Si la hausse de l’appréciation des cours des actions des cigarettiers peut en partie justifier ce phénomène (+ 89 % pour PMI entre novembre 2023 et mai 2025, + 64 % pour Imperial Brand et + 41 % pour BAT), c’est avant tout l’achat de nouvelles actions par les institutions financières qui explique une telle hausse » commente l’ACT.

Parmi les banques françaises, c’est le Crédit Agricole qui investit le plus massivement dans l’industrie du tabac, avec un portefeuille d’actions de plus d’1 milliard d’euros dans ce domaine (+ 587 % depuis novembre 2023), suivi de BNP Paribas (597 millions de dollars d’actifs dans le tabac, + 497 % en 18 mois), de la Société Générale (437 millions de dollars) et du groupe BPCE (430 millions de dollars, + 41 %).

Les banques récusent tout investissement direct dans l’industrie du tabac

« Durant ces dernières années, nous avons vu nos établissements financiers multiplier les prises de parole pour affirmer leur volonté de se désengager de l’industrie du tabac. On aurait pu penser que les choses allaient dans le bon sens mais la réalité est toute autre : jugeant à nouveau les cigarettiers comme un placement financier rentable, les institutions n’ont pas hésité à investir massivement dans ce commerce mortifère, bafouant tous leurs engagements » dénonce Marion Catellin, directrice de l’ACT. Plus globalement l’ACT regrette que le monde de la finance continue de voir l’industrie du tabac comme un placement anodin. Dans un numéro de mai dernier, le journal Les Echos conseillait ainsi aux « amateurs de gros dividendes » d’investir dans British American Tobacco.

En réponse aux accusations de l’ACT, les banques françaises expliquent que ces investissements ne sont qu’indirects. Certains de leurs clients détiennent en effet des produits boursiers, souvent complexes, qui peuvent contenir des actions de sociétés du tabac. Un argument qui, évidemment, ne convainc par l’ACT. « Au-delà de compromettre tous les efforts de santé publique mis en œuvre pour contrer cette industrie, ces acteurs trahissent leurs consommateurs » dénonce Marion Catellin.« L’ACT appelle les instances de régulation des marchés financiers à se saisir de ce sujet pour prononcer les sanctions adéquates afin que les engagements pris soient respectés et que cesse enfin le soutien financier aux cigarettiers
».

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L’épidémie de Covid-19 continue de progresser
Quentin Haroche | 02 Octobre 2025
jim.fr


Les derniers chiffres publiés par Santé Publique France (SPF) ce mercredi confirme la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 observée depuis plusieurs semaines. En ville, le nombre de consultations de SOS Médecins en lien avec la Covid-19 a augmenté de 16 % lors de la semaine du 22 septembre. A l’hôpital, les passages aux urgences de patients âgés de 75 ans et plus pour suspicion de Covid-19 sont également en hausse (+ 24 %). « Il y a suffisamment d’éléments pour parler de 15ème vague » estime l’épidémiologiste Mircea Sofonea.
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. oct. 08, 2025 5:09 pm

L’hôpital de Fréjus récolte 50 000 euros grâce à un emprunt citoyen

Face au manque de financement public, de plus en plus d’hôpitaux ont recours à l’emprunt citoyen pour financer leurs activités. Après l’hôpital d’Evreux fin septembre, c’est celui de Fréjus qui annonce ce mardi avoir récolté 50 000 euros grâce à un emprunt citoyen. Une cinquantaine de personnes, en majorité originaire de la région, ont prêté de l’argent à un taux de 3 % à l’établissement. Cette somme aidera l’hôpital à acheter une gamma caméra.

Encore un peu de patience et ce sera des organismes type Ramsay, Elsan, Vivalto Santé, Almaviva qui financeront les hôpitaux publics. Et s'en sera fini du public à terme.

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«Opération Bruxelles» : le projet détonnant des spécialistes de bloc
Quentin Haroche | 08 Octobre 2025
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Pour protester contre les attaques visant le secteur 2, les spécialistes de Bloc appellent à s’exiler pendant une semaine à Bruxelles.

Départ en car depuis Paris, visite de Bruxelles, conférence, réservations dans un hôtel 4 étoiles, petits déjeuners, le tout organisé par une agence de voyage pour entre 870 et 1180 euros par personne : le programme affiché par l’Union des chirurgiens de France (UCDF) sur son site internet ressemble a priori à celui d’un séminaire voire à une semaine de vacances. Ce n’est pourtant pas à des congés entre confrères que le syndicat de chirurgiens invite ses membres à participer, mais bien à un mouvement de grève.

Dénommé « Opération Bruxelles » (un nom digne d’un film d’espionnage des années 1970), cet exil organisé par l’UCDF et soutenu par le syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) et Avenir Spé-Le Bloc aura lieu du 11 au 14 janvier prochain. « Il s’agit pour nous d’arrêter toutes nos activités et de quitter la France pour nous retrouver à Bruxelles » explique l’UCDF dans un communiqué publié ce lundi.

Un exil temporaire pour défendre le secteur 2

Pourquoi partir à l’étranger et ne pas mener une grève classique depuis la France ? Tout simplement pour pouvoir échapper aux réquisitions qui ne manqueraient pas d’être ordonnées en cas de grève. L’UCDF ne s’en cache pas, l’objectif est de « créer, du vendredi 9 au jeudi 15 janvier 2026, une situation sanitaire politiquement insupportable, quel que soit le gouvernement en place ».

Les chirurgiens et gynécologues-obstétriciens libéraux entendent ainsi protester contre les nombreuses attaques qui visent actuellement le secteur 2. C’est un rapport publié par le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) jeudi dernier qui a mis le feu aux poudres. Dans ce document, la CNAM s’inquiète de l’augmentation du montant total des dépassements d’honoraires (+ 5 % en valeur réelle depuis 2019) et du fait que le secteur 2 soit devenu la norme chez les spécialistes (56 % d’entre eux bénéficient désormais de cette liberté tarifaire contre 37 % en 2000). Dans ce rapport, les chirurgiens et les gynécologues-obstétriciens étaient particulièrement pointés du doigt, puisque ce sont les deux spécialités où le recours au secteur 2 est le plus fréquent : 86 % des chirurgiens libéraux et 78 % des gynécologues-obstétriciens libéraux pratiquent le dépassement d’honoraire.

Mais les syndicats craignent d’autres attaques contre leur liberté tarifaire dans les prochains jours. Un rapport parlementaire commandé par l’ancien Premier Ministre François Bayrou sur les dépassements d’honoraires doit bientôt être publié et l’UCDF s’attend à « un nouveau déferlement d’attaques démagogiques ». Le syndicat rappelle par ailleurs que le magazine UFC-Que Choisir réclame régulièrement la fermeture de l’accès au secteur 2 aux nouveaux médecins et une obligation pour les médecins libéraux en secteur 2 d’adhérer au dispositif d’OPTAM.

Un précédent en 2005

« S’il subsistait encore des doutes sur la gravité de la situation, ils sont désormais levés » commente ainsi l’UCDF, qui évoque « une menace réelle et immédiate qui pèse sur le secteur 2 ». « N’attendez pas les débats parlementaires et le vote du PLFSS 2026 : il sera alors trop tard pour agir » poursuit le syndicat.

La participation à l’opération Bruxelles est ouverte à tous spécialistes de bloc (chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens) libéraux, soit environ 20 000 praticiens. L’UCDF espère convaincre au moins 3 000 médecins de participer à cet exil temporaire. Et le syndicat ne lésine pas sur les moyens pour attirer les praticiens : un webinaire sera organisé ce jeudi, ainsi qu’une conférence de presse nationale le 23 octobre prochain. « L’enjeu est une mobilisation massive autour de l’opération Bruxelles, afin de peser concrètement sur les décisions politiques (…) et d’établir un rapport de force indiscutable et bien réel avec les pouvoirs publics » conclut le syndicat.

Ce n’est pas la première fois que des médecins organisent un exil temporaire pour tenter de mettre la pression sur les pouvoirs publics. En 2005, 350 chirurgiens s’étaient ainsi rendus pendant quatre jours en Angleterre pour protester contre la politique menée à l’époque par le ministre de la Santé Xavier Bertrand.

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La pythie de Delphes est de retour !
Frédéric Haroche | 03 Octobre 2025
jim.fr


Heidelberg - Et si une intelligence artificielle pouvait anticiper notre avenir médical ? C’est l’ambition de Delphi-2M, un nouveau modèle d’IA générative présenté par une équipe allemande dans Nature. Inspirée de l’architecture des grands modèles de langage comme ChatGPT, cette IA a été entraînée à partir des données de santé anonymisées de 400 000 volontaires britanniques de la UK Biobank, puis validée sur celles de 1,9 million de patients danois. Son objectif : apprendre la « grammaire » des maladies humaines pour mieux prédire leur survenue.

Le nom Delphi-2M fait bien sûr référence à l’oracle de Delphes. Ici, l’IA ne prédit pas un destin unique mais des probabilités statistiques : elle estime la probabilité qu’un individu développe une pathologie donnée, parfois plus de dix ans à l’avance. Plus de 1 000 maladies sont concernées, des cancers aux maladies cardiovasculaires. En outre, Delphi-2M génère des « trajectoires de santé synthétiques », sortes de vies parallèles virtuelles où se succèdent différents diagnostics. Ces simulations permettent non seulement d’affiner les prédictions individuelles mais aussi de créer de nouvelles données pour tester des scénarios de santé publique impossibles à expérimenter dans la réalité.

Selon Moritz Gerstung (Centre allemand de recherche contre le cancer) co-auteur de l’étude, le modèle est « particulièrement performant » pour les pathologies à évolution régulière comme certains cancers, l’infarctus du myocarde ou la septicémie. En revanche, ses performances sont moindres pour les maladies mentales, infectieuses ou les complications obstétricales, dont la survenue est plus imprévisible. Les chercheurs soulignent aussi les limites de leur base de données : la UK Biobank surreprésente des patients blancs, âgés et en relativement bonne santé. Les enfants, adolescents et certaines minorités y sont sous-représentés, ce qui limiterait la généralisation des résultats.

Bien que Delphi-2M ne soit « pas encore prêt pour une utilisation clinique », les auteurs estiment que de tels outils pourraient à terme transformer la médecine préventive. En repérant précocement des signaux faibles, ils aideraient à prioriser les examens, personnaliser la surveillance et optimiser l’allocation de ressources dans des systèmes de santé sous pression.
Mais cette avancée soulève aussi des enjeux éthiques : quelle place donner à des prédictions probabilistes dans les décisions médicales ? Comment éviter que ces informations soient utilisées par des assureurs ou employeurs pour sélectionner certains individus ou les écarter ?

Si la promesse semble immense, reste à savoir si patients et soignants sont prêts à consulter leur « oracle numérique ».

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Procès Péchier : l’accusé vacille mais ne fléchit pas
Quentin Haroche | 08 Octobre 2025
jim.fr


La cour d’assises s’est penchée sur les trois empoisonnements survenus à la polyclinique de Besançon en 2009 lorsque le Dr Frédéric Péchier y a brièvement exercé. Malgré des éléments troublants, l’accusé clame toujours son innocence.

Un procès aux assises peut parfois avoir des allures de combat de boxe. Ces derniers jours, au procès du Dr Frédéric Péchier, médecin anesthésiste accusé d’avoir commis 30 empoisonnements dont 12 mortels sur des patients entre 2008 et 2017, l’accusation a porté des attaques puissantes contre la défense. Mais malgré la violence des coups, l’accusé, qui risque la réclusion criminelle a perpétuité, n’a pas mis le genou à terre.

La cour d’assises de Besançon s’est récemment penchée sur une période décisive de l’affaire, l’année 2009, au cours de laquelle le Dr Péchier a, pendant six mois, quitté la clinique Saint-Vincent où il a exercé la majeure partie de sa carrière pour venir travailler à la Polyclinique de Besançon. Et durant ces six mois, trois patients ont présenté des arrêts cardiaques inexpliqués durant leur anesthésie.

Comme l’a encore une fois rappelé l’accusation, ce genre d’arrêt cardiaque brutal ne survient, selon la littérature médicale, qu’une à deux fois tous les un million d’anesthésies. Alors trois cas en seulement six mois dans la même clinique, « c’est statistiquement impossible » déclare le Dr Jacques Pignard.

Des débats techniques qui tournent à l’avantage de l’accusation

Cet anesthésiste, qui exerçait à l’époque à la Polyclinique de Besançon, fait partie des nombreux témoins à charge qui se sont succédé ces derniers jours à la barre de la cour d’assises. Malgré les 16 années écoulées, c’est encore avec émotion qu’il se souvient de patients sauvés in extremis grâce à ses massages cardiaques. Désormais, le Dr Pignard est convaincu de la culpabilité du Dr Péchier. Mais à l’époque, « à aucun moment je ne pouvais imaginer que c’était un confrère » explique-t-il. Avec le recul, le Dr Pignard regrette que ses alertes (il avait averti l’ARS et le parquet d’un possible empoisonnement) n’aient pas été entendues. « Tout le monde était au courant, jusqu’au procureur, et personne n’a tilté » regrette-t-il.

Comme à plusieurs reprises depuis le début du procès, qui s’est ouvert le 8 septembre dernier, la cour d'assises a pris des allures de congrès d’anesthésie. L’accusation et la défense se sont écharpées sur le point de savoir si la poche de perfusion de Nicole Deblock, l’une des victimes à la polyclinique de Besançon, qui contenait des doses anormalement élevées de potassium et d’adrénaline, a pu être polluée accidentellement. Impossible explique l’accusation, qui a fait témoigner deux pontes de l’anesthésie, le Pr Emmanuel Samain, ancien chef du service de réanimation du CHU de Besançon et le Pr Pierre Diemunsch, chef du service de réanimation du CHU de Strasbourg. « C’est extrêmement peu probable, c’est quasiment impossible : il y aurait eu aussi un reflux de sang, et la poche aurait été teintée par ce sang, cela ne me parait pas possible » commente le Pr Diemunsch quand on l’interroge sur l’hypothèse de la défense selon laquelle la poche a pu être polluée par une remontée accidentelle de l’adrénaline.

Le Dr Péchier reste droit dans ses bottes

Les parties se sont également opposées sur un autre point technique, à savoir s’il était possible de polluer les poches de perfusion en avance. Le Dr Péchier, qui n’était pas présent à la Polyclinique de Besançon lors de deux des trois empoisonnements qu’on lui reproche, estime que c’est impossible. Les policiers ont tenté l’expérience, dont les résultats, filmés, ont été projetés dans la salle d’audience ce lundi. Et dans ce petit film, les jurés ont pu découvrir que même des policiers sans expérience médicale pouvaient, sans difficulté, polluer des poches de perfusion sans laisser aucune trace, balayant ainsi les arguments de la défense.

Ces débats techniques ont finalement abouti à une passe d’armes particulièrement intense entre l’accusation et le Dr Péchier ce mardi. « Vous avez déjà reconnu qu’il y avait trois empoisonnements (à la clinique Saint-Vincent), on n’est pas dans la fiction ! » lui lance l’avocate générale. « Non, c’est de la médecine, et malheureusement, ça arrive » rétorque l’accusé, soulevant des murmures d’indignation dans l’assistance.

La seconde avocate générale prend alors le relais. « On a l’impression que vous nous prenez tous pour des idiots, Monsieur Péchier ! » assène-t-elle. « 2008, clinique Saint-Vincent, deux morts à quatre jours d’intervalle. Deux empoisonnements. Vous partez en janvier 2009 à la Polyclinique de Besançon, trois arrêts cardiaques inexpliqués, si ce n’est par des intoxications à des produits cardio-toxiques. Vous quittez la Polyclinique, vous revenez à la clinique Saint-Vincent. De nouveaux arrêts cardiaques inexpliqués, qui se poursuivent jusqu’à janvier 2017. Est-ce que, Monsieur Péchier, tout cela ne ramène pas un seul dénominateur commun ? ». Pas de quoi briser l’assurance du Dr Péchier. « Non, je suis désolé » répond-t-il calmement. Je n’ai rien à dire de plus que ce que j’ai dit depuis le départ. Et je maintiens tous mes propos. ». La séance est suspendue.

Le verdict est attendu pour le 19 décembre prochain.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. oct. 14, 2025 6:05 pm

Des cliniques privées accusées de facturations d’actes d’anesthésie fictifs

L’association AC Anti-Corruption a annoncé ce vendredi avoir déposé plainte auprès du parquet de Paris après avoir reçu plusieurs signalements de facturation d’actes d’anesthésie fictifs par des cliniques privées. Pris en charge pour une opération de la cataracte, les patients se sont vus facturés des actes d’anesthésie de 211 euros, alors même qu’on leur avait simplement apposé sur l’œil un gel anesthésiant, sans présence d’un médecin anesthésiste (ce qui à proprement parlé constitue bien une anesthésie ophtalmologique).

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Réaction contrastée des syndicats à la nomination du Dr Stéphanie Rist

Le Dr Stéphanie Rist est devenue ce dimanche la 9ème ministre de la Santé depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Les syndicats de médecins libéraux ont réagi de manière contrastée à la nomination de celle qui avait notamment porté la loi Rist II de 2023 créant l’accès direct aux infirmières en pratique avancée (IPA). La CSMF se réjouit de la nomination d’une « personnalité incontournable » tandis qu’Avenir Spé Le Bloc salue « l’expérience de l’ancienne rapporteuse du budget de la Secu ». A l’opposée, la SML la qualifie d’ « égérie des IPA » et l’UFML parle d’une « ministre fantoche ».
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. oct. 16, 2025 11:52 am

14 OCTOBRE 2025
Une étude comparant le sugammadex et la néostigmine éclaire leur utilisation respective

De nouvelles recherches suggèrent que le sugammadex n'est pas supérieur à la néostigmine pour réduire le risque de complications pulmonaires postopératoires (CPP) après une bronchoscopie, mais qu'il devrait néanmoins être utilisé lorsqu'une inversion rapide du bloc neuromusculaire est nécessaire.

À la grande surprise de l'équipe de recherche, le sugammadex n'a pas entraîné moins de complications que la néostigmine après une bronchoscopie diagnostique ou thérapeutique, lorsque les blocs neuromusculaires sont inversionnés ; le sugammadex a néanmoins été considéré comme la meilleure option pour traiter les patients à risque élevé, comme les personnes obèses (Br J Anaesth 2025 ; 135[1] : 197-205).

Dans la cohorte rétrospective, les investigateurs ont examiné les patients ayant subi une anesthésie générale avec bloqueurs neuromusculaires entre juillet 2016 et juin 2022. L'étude a porté sur 6 123 patients ayant subi 8 557 bronchoscopies (sugammadex, n = 3 830 ; néostigmine, n = 4 727).

Les résultats montrent que l'incidence non pondérée des CPP était de 2,2 % (n = 85) chez les patients traités par sugammadex, contre 2,0 % (n = 93) chez ceux traités par néostigmine. Après pondération des CPP, le taux d'incidence s'élevait à 2,7 % pour le groupe sugammadex, mais diminuait à 1,9 % pour le groupe néostigmine.

Globalement, le sugammadex était associé à un risque accru de CPP (rapport de cotes [RC] : 1,44 ; IC à 95 % : 1,02-2,05 ; p = 0,038). Cependant, le traitement n’était pas associé à un risque accru d’hypoxémie (RC : 0,98 ; IC à 95 % : 0,81-1,20 ; p = 0,878).

Dans une interview accordée à Anesthesiology News, le Dr Ehab Farag, chercheur principal et professeur d’anesthésiologie au Cleveland Clinic Lerner College of Medicine et directeur de la recherche clinique en anesthésiologie à la Cleveland Clinic, a expliqué qu’au début de l’étude, les chercheurs s’attendaient à une supériorité du sugammadex.

« Notre hypothèse principale était que l’utilisation du sugammadex pouvait réduire l’incidence des complications pulmonaires postopératoires par rapport à la néostigmine », a-t-il déclaré. À notre grande surprise, nous avons constaté que la moyenne pondérée des complications pulmonaires postopératoires complètes était de 2,7 % pour le sugammadex et de 1,9 % pour la néostigmine, ce qui était statistiquement significatif, mais d'une portée clinique limitée. Lorsque nous avons obtenu les résultats, nous avons été surpris et avons examiné les données à plusieurs reprises pour nous assurer de leur exactitude, mais les données sont les données.

Le Dr Farag a déclaré que les résultats éclairaient la manière dont les deux médicaments devraient être utilisés et le rôle de chacun dans l'arsenal thérapeutique de l'anesthésiste. Il a également expliqué que, dans l'étude, les patients proches de la guérison étaient traités par la néostigmine, tandis que ceux présentant un risque plus élevé étaient traités par le sugammadex, ce qui pourrait expliquer certains des résultats de l'étude.

« Utilisez la néostigmine lorsque le patient est sur le point de se rétablir complètement », a déclaré le Dr Farag. « Si vous disposez de moins de temps, le sugammadex est le médicament de choix.»

Elizabeth A.M. Le Dr Frost, professeur clinicien d'anesthésiologie à l'Icahn School of Medicine du Mount Sinai, à New York, a déclaré que, bien que ces résultats soient surprenants, ils présentent un intérêt pour l'identification et le traitement des CPP : les deux médicaments sont efficaces.

« Les complications étaient relativement légères en termes d'obstruction des voies aériennes supérieures et ont été facilement prises en charge par l'administration d'oxygène nasal ou oral au patient, ce qui a permis une amélioration de son état », a déclaré Frost. « En réalité, seules une ou deux complications graves de la pneumonie ont été observées.»

L'étude souligne également la nécessité de mener des études complémentaires afin d'évaluer davantage les effets associés à l'utilisation du sugammadex.

« En fin de compte, avons-nous besoin d'études supplémentaires ? C'est mon avis sur l'article. Dans l'ensemble, il n'a pas donné les résultats escomptés, mais a simplement apporté une petite amélioration », a-t-elle conclu. Je ne pense pas que nous ayons besoin de nouveaux médicaments. Je pense que nous disposons d'un médicament, le sugammadex, qui permet une inversion très rapide du blocage neuromusculaire.

Par Kenny Walter

Farag et Frost sont membres du comité de rédaction d'Anesthesiology News.


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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. oct. 30, 2025 4:15 pm

Chirurgie : les Français passent de plus en plus sur le billard
Quentin Haroche | 28 Octobre 2025
jim/fr

Le nombre d’opérations chirurgicales réalisées chaque année a été multiplié par trois en un demi-siècle. L’opération de la cataracte est de loin la plus fréquente.

Le temps que vous vous leviez, preniez votre café et commencez votre lecture du JIM, ce sont des centaines de personnes qui auront été opérées un peu partout en France. Selon les derniers chiffres publiés par la CNAM, plus de 9 millions d’opérations chirurgicales ont été réalisées dans les hôpitaux et cliniques françaises en 2024, soit environ 1 000 par heure. Par comparaison, on ne comptait que 3 millions d’opérations par an au début des années 1980.

Une hausse du nombre d’opérations qui s’explique à la fois par le vieillissement de la population et par les progrès de la chirurgie, qui permettent désormais de réaliser des interventions plus rapides et surtout beaucoup moins contraignantes et douloureuses pour les patients.

Plus de 3 000 opérations de la cataracte par jour

L’opération de la cataracte, la plus fréquente en France, illustre bien ce phénomène. Le nombre d’interventions a explosé ces dernières années, passant de 400 000 opérations en 1998 à plus d’1,1 million en 2024 (soit plus de 3 000 par jour). La quasi-totalité des opérations de la cataracte (98 %) se font désormais en ambulatoire. « Dans les années 70, on gardait les gens hospitalisés pendant plusieurs jours » explique à France info le Pr Antoine Rousseau, ophtalmologue à l’hôpital des Quinze-Vingt. « La standardisation des techniques chirurgicales actuelles permet maintenant d'opérer de plus en plus de patients, de plus en plus précocement. On n'attend pas que la gêne visuelle soit majeure, on les opère dès qu'il y a un inconfort visuel lié à la cataracte ».

Autres conséquences du vieillissement, la pose de stents coronaires (deuxième opération la plus pratiquée) et les interventions pour les prothèses de genou (plus de 400 000 par an) et de hanche (plus de 200 000) sont également en forte augmentation ces dernières décennies. Les progrès de la chirurgie expliquent également la hausse du nombre d’ablation des amygdales, qui concernent plus de 100 000 enfants par an. « Il y a quelques années, lorsque l'on faisait de l'amygdalectomie totale, les enfants avaient des douleurs qui pouvaient durer 5 à 10 jours » explique le Pr Michel Mondain, président du Conseil national professionnel ORL. Désormais, de nouvelles techniques, dont notamment l’amygdalectomie partielle, ont permis « une réduction drastique des douleurs » ajoute le chirurgien.

A l’inverse, certaines opérations autrefois banales deviennent de plus en plus rares. On estime ainsi que dans les années 1980, 300 000 personnes par an subissaient une appendicectomie. « À l'époque, l'école française disait, devant toute suspicion d'appendicite, il faut opérer » témoigne le Pr Hubert Johanet, vice-président de l’académie de chirurgie, qui se rappelle que le diagnostic se faisait essentiellement par l’examen clinique et la prise de sang. Aujourd’hui, l’imagerie permet de réaliser des diagnostics plus précis. Surtout, « depuis environ une quinzaine d'année, des protocoles ont démontré que l'on pouvait traiter l'appendicite avec des antibiotiques » explique le Pr Johanet. Résultat, ce sont désormais moins de 70 000 appendicectomies qui sont réalisées chaque année en France (même si le débat sur le traitement de l’appendicite non compliquée de l’enfant est toujours en cours).

80 % de chirurgie en ambulatoire, un objectif qui agace

Au total, près des deux tiers (64,5 %) des opérations chirurgicales sont réalisées en ambulatoire en France. On reste donc encore loin de l’objectif fixé par les autorités de 80 % d’interventions en ambulatoire. Surtout, le rythme de progression de l’ambulatoire a fortement ralenti ces dernières années. Le taux de chirurgie en ambulatoire est ainsi passé de 47 % en 2013 à 58,5 % en 2019, mais n’a donc progressé que de 6 points depuis. « Au rythme actuel de progression ambulatoire, il faudra attendre 2043 pour rejoindre le taux cible de 80% » s’inquiétait la CNAM dans sa lettre VISUCHIR de juillet dernier.

Sans surprise, les cliniques privées ont un taux de chirurgie ambulatoire bien supérieur (74 %) à celui des centres hospitaliers publics (53 %) ou des CHU (42 %), notamment parce que les cliniques privées prennent en charge les trois-quarts (76 %) des opérations ophtalmologiques, qui sont presque toujours réalisées en ambulatoire.

La CNAM estime que si l’ensemble des établissements de santé calquait ses pratiques sur celles des 20 % d’établissements pratiquant le plus de chirurgie ambulatoire, ce sont 82 % des interventions qui pourraient être conduites en ambulatoire, soit près de 1,3 millions d’opérations à « potentiel ambulatoire ». Des données et des impératifs qui agacent quelque peu certains chirurgiens, qui estiment que tout ne peut pas se réduire à des statistiques. « 82 %, c’est un mauvais message » estime la Pr Karine Nouette-Gaulain, coprésidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire (Afca).« Ce chiffre punitif n’est pas pertinent, pas tenable et énerve tout le monde » poursuit l’anesthésiste. Même son de cloche du côté du SNPHARE qui il y a un an dénonçait « l’affichage d’un objectif rendu aussi incantatoire qui tend à faire culpabiliser les médecins et les établissements qui ne l’atteindraient pas »

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"J'ai survécu, mais je n'ai pas retrouvé ma vie" : le syndrome post-soins intensifs
Geneviève Perennou | 28 Octobre 2025
jim.fr


Une méta-synthèse de 38 études qualitatives décrit les séquelles durables du syndrome post-soins intensifs à travers les témoignages de 479 patients, 196 familles et 122 soignants.

Après une hospitalisation en soins intensifs, de nombreux patients et leurs proches s’attendent à un retour rapide à la normale, mais la réalité est souvent toute autre. Le syndrome post-soins intensifs (SPSI) désigne les séquelles physiques, cognitives et émotionnelles durables qui affectent la vie des patients et de leur entourage, une problématique souvent méconnue. La convalescence ne se résume pas à une guérison physique, mais inclut également la reconstruction de l'identité, l'adaptation à de nouvelles limites et le soutien aux familles éprouvées dans cette épreuve.

Une méta-synthèse portant sur 38 études qualitatives réalisées dans le cadre du système de santé anglais (NHS) a été menée afin de synthétiser les données sur les expériences de rétablissement post-hospitalier après un séjour en soins intensifs.
Cette étude a examiné les témoignages de 479 patients, 196 membres de la famille et 122 professionnels de santé. Les 38 études ont permis de différencier les expériences des patients (20 études), des dyades patients-familles (11 études), des familles isolées (6 études) et du personnel soignant (5 études). Quatre thèmes ont été dégagés pour décrire les expériences des survivants de soins intensifs, des membres de leur famille et du personnel impliqué dans leurs soins : « J'ai survécu, mais je ne me suis pas épanoui », « Les soins de santé étaient là pour me sauver la vie, mais pas pour mon rétablissement à long terme », « Je suis un fardeau pour ma famille, et ils ressentent le poids de m'avoir à charge » et « Mon corps ne fonctionne toujours pas comme avant ».

Objectif survie, mais pas seulement

Les patients, bien qu’immensément reconnaissants d'être en vie, sont confrontés à des limitations physiques et émotionnelles qui altèrent considérablement leur qualité de vie. Ce décalage entre la simple survie et l’épanouissement, souvent ignoré par les soignants qui considèrent la survie comme l’objectif final, révèle qu’il est essentiel de permettre à ces personnes, non seulement de survivre, mais de mener ensuite une vie pleine de sens, malgré les séquelles.

Après la sortie de l’hôpital, les patients et leurs familles peuvent connaître un sentiment d’abandon, avec des difficultés d’accès aux soins de réadaptation ou au suivi médical, ce qui génère frustration et incertitude. Face à cette désorganisation, certains patients n’ayant pas d’alternative se tournent vers des soins privés, exacerbant ainsi les inégalités dans l'accès à la réadaptation et au suivi.

Des aidants peu préparés

Le fardeau invisible des proches représente un autre aspect majeur du rétablissement. Les membres de la famille deviennent des aidants sans préparation ni soutien, subissant une charge physique et émotionnelle importante. Ils voient souvent leurs propres besoins ignorés, ce qui a un impact non seulement sur la santé du patient, mais également sur la leur car ils assument seuls une responsabilité lourde et invisible, tant sur le plan émotionnel que pratique.

Enfin, les séquelles physiques constituent un défi majeur pour les patients. Bien après leur sortie de l’hôpital, ces derniers peuvent présenter des douleurs chroniques et une perte de force musculaire qui peut perdurer pendant des années. Ces limitations physiques impactent profondément leur capacité à reprendre une vie normale, avec des conséquences financières et professionnelles considérables. Le corps, autrefois un allié, devient une contrainte permanente, et la pression sociale, associée à des attentes irréalistes de guérison, exacerbe la souffrance des patients qui se sentent souvent incompris.

Les auteurs notent plusieurs limites. Tout d’abord, la distinction entre déficiences physiques et problématiques biopsychosociales a été difficile à réaliser, modifiant ainsi l'orientation de l'étude. Par ailleurs, certaines études incluaient des entretiens réalisés à distance de l'hospitalisation, ce qui a pu introduire un biais de mémoire. Les entretiens dyadiques (patient et famille) peuvent également avoir limité l’expression des émotions négatives. De plus, les pays à faible ou moyen revenus sont sous-représentés, ainsi qu'un manque de données sur l'origine ethnique et le statut socio-économique, ce qui pourrait restreindre la généralisation des résultats.

Vers une prise en charge repensée

La convalescence après une maladie grave n'est pas un retour linéaire à la normale. C'est un parcours long et difficile qui transforme en profondeur la vie des patients et de leur famille. Les quatre problématiques révélées par cette vaste synthèse de recherche obligent à regarder au-delà de l'acte de sauver une vie pour s’interroger sur la qualité de cette vie sauvée.

Face à ces réalités, la question n'est plus seulement de savoir comment sauver des vies, mais comment aider les patients à se reconstruire. Comment notre système de santé peut-il mieux accompagner ces patients survivants et leurs proches sur le long chemin de la convalescence ?

References

King E, Gustafson O, Williams A, et al. Recovery After Critical Illness: A Meta-Ethnography of Patient, Family and Staff Perspectives. J Adv Nurs. 2025 Oct 2. doi: 10.1111/jan.70189.


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Quand trop d'alarmes nuisent aux soins en USI
Geneviève Perennou | 21 Octobre 2025
jim.fr


Une étude sur 70 infirmiers d'USI révèle un niveau de fatigue modéré à élevé liée aux alarmes. Ces alertes, souvent fausses, compromettent la sécurité des patients et perturbent les soins.

L’exposition répétée à un grand nombre d’alarmes provenant des dispositifs de surveillance ou de traitement des patients peut fatiguer le personnel soignant, entraînant une désensibilisation progressive et des réglages inappropriés des appareils, compromettant la sécurité des patients. Les infirmiers des unités de soins intensifs sont particulièrement exposés, ces services concentrant de multiples alarmes destinées à réduire le délai de réaction face à des variations critiques ou à des défaillances techniques.Cependant, la majorité des alarmes, entre 74 et 99 %, seraient fausses ou cliniquement peu pertinentes (1), augmentant la surcharge cognitive et la fatigue du personnel. Ainsi, bien que les alarmes soient conçues pour améliorer la réactivité, leur fréquence excessive et leur faible valeur clinique peuvent paradoxalement nuire à l'efficacité des soins.

Des alarmes fréquentes, qui interrompent les soins

Une étude transversale a été menée auprès de 70 infirmiers en soins intensifs (USI) pour évaluer cette fatigue. Deux outils ont été utilisés : un questionnaire spécialisé (le Charité Alarm Fatigue Questionnaire - CAFQa) et une auto-évaluation par échelle visuelle analogique (de 0 à 100 %). La population était majoritairement expérimentée : 87 % des participants avaient plus d’un an d’expérience en USI et 84 % travaillaient plus de huit jours par mois.

Le score moyen CAFQa était de 17,7 (± 5,5) sur 36, indiquant une fatigue modérée à élevée, tandis que la fatigue autoévaluée atteignait 47 (± 22 %). Une corrélation significative a été observée entre les deux mesures (r = 0,52 ; p < 0,0001), et aucune différence n’a été notée selon l’expérience ou le nombre de jours travaillés, suggérant que cette fatigue touche tous les soignants, indépendamment de ces facteurs.

Deux tiers des participants ont rapporté que les alarmes étaient trop fréquentes et que 63 % d’entre elles ne correspondaient pas à un danger réel pour le patient. Identifier la source et l’urgence des alarmes était complexe lorsqu’elles étaient uniquement sonores ou visuelles. De plus, les alarmes interrompaient souvent le travail, perturbaient l’administration des traitements et provoquaient une confusion chez 56 % des soignants. Les recommandations sur la gestion des alarmes étaient rarement mises à jour ou diffusées : seuls 11 % des infirmiers disposaient d’un protocole clair.

Limites et perspectives


Certaines limites sont à prendre en compte : l’étude est transversale, repose sur un effectif restreint, limité à un seul hôpital universitaire. La population était homogène en termes d’expérience et de charge de travail, ce qui a empêché l’analyse de sous-groupes. Des recherches longitudinales, sur des échantillons plus larges et diversifiés, seraient nécessaires pour confirmer et généraliser ces résultats.

Néanmoins, cette étude confirme que la fatigue liée aux alarmes reste un problème important en soins intensifs, pouvant affecter la sécurité des patients et la qualité des soins. Elle souligne la nécessité de développer des formations ciblées, de standardiser les protocoles et d’optimiser les réglages des dispositifs pour réduire la surcharge d’alarmes, afin d’améliorer à la fois le bien-être du personnel et la sécurité des patients.

References

Cvach M. Monitor alarm fatigue: an integrative review. Biomed Instrum Technol. 2012 Jul-Aug;46(4):268-77. doi: 10.2345/0899-8205-46.4.268.

Hohenwallner A, Ufelmann M, Ellermeyer A, et al. Assessment of alarm fatigue among intensive care unit nurses: a cross-sectional study. BMC Nurs. 2025 Sep 2;24(1):1157. doi: 10.1186/s12912-025-03781-8.


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L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les infirmières aux urgences ?
Geneviève Perennou | 09 Octobre 2025
jim.fr


En comparant les décisions d’infirmières des urgences avec trois modèles d'IA, l'IA surpasse l'humain 7 fois sur 10, en particulier pour la concordance aux recommandations, mais manque de nuance. L'IA, une aide précieuse qui ne remplace pas le jugement clinique.

La prise de décision clinique constitue une compétence essentielle dans les services d’urgences, elle exige une évaluation rapide et précise. Avec l’intégration croissante de l’intelligence artificielle générative (IAG) dans le domaine de la santé, quel est son potentiel comme outil d’aide à la décision clinique ?

Une étude observationnelle prospective : les décisions de 82 infirmiers comparées à celles de l’IA

Cette étude compare les décisions cliniques de 82 infirmiers exerçant aux urgences (49 en Italie, 33 en Israël) avec celles de différents modèles d’IAG (Claude‑3.5, ChatGPT‑4.0 et Gemini‑1.5). Chaque participant évaluait la gravité, les décisions d’hospitalisation et le choix des examens de 5 cas cliniques standardisés. L’influence des caractéristiques démographiques et professionnelles sur la précision des décisions était analysée. Leurs décisions ont été comparées à celles des modèles d’IAG à l’aide d’une grille structurée.

Quand l’IA surpasse l’humain

Les modèles d’intelligence artificielle ont montré une précision globale supérieure et un alignement plus fort avec les recommandations d’experts. Cependant, des divergences notables sont apparues pour les décisions d’hospitalisation et l’évaluation de la gravité.
Par exemple, pour le cas clinique n°2, l’IAG a évalué la gravité à 1, tandis que les infirmiers l’ont notée respectivement à 1,98 et 2,23 (p < 0,01). Dans le cas n°1, seulement 4,1 % des infirmiers italiens ont recommandé l’hospitalisation contre 30,3 % des Israéliens, alors que tous les modèles d’IAG l’ont préconisée.
Les infirmiers ont montré une plus grande variabilité, reflet de l’intuition clinique et du raisonnement contextuel. Les variables démographiques n’ont pas significativement influencé la précision des décisions.
Globalement, les modèles d’IAG ont surpassé les infirmiers 7 fois sur 10, avec une cohérence interne élevée et une forte concordance avec les recommandations expertes. Les infirmiers italiens ont obtenu de meilleures performances que leurs homologues israéliens, mais tous les participants humains ont montré plus de variabilité, illustrant l’adaptation au contexte clinique. Claude‑3.5 et ChatGPT‑4.0 ont été plus constants, tandis que Gemini‑1.5 variait davantage selon les cas.

L’irremplaçable jugement clinique

Chez les infirmiers, les corrélations indiquent que l’évaluation de la gravité et la décision d’hospitalisation sont fortement liées, révélant un raisonnement clinique sensible au contexte. Les modèles d’intelligence artificielle ont suivi une approche plus standardisée, avec tendance à surévaluer la gravité et recommander systématiquement l’hospitalisation, ce qui reflète un biais conservateur visant à minimiser les risques, mais susceptible d’engorger les ressources.

Ces résultats suggèrent que l’intelligence artificielle peut structurer et uniformiser certains aspects de la prise de décision, mais qu’elle ne remplace pas le jugement humain, indispensable pour intégrer le contexte, les préférences des patients et les dimensions éthiques. L’intégration de l’intelligence artificielle en soins infirmiers nécessite donc une supervision humaine, des garde-fous éthiques et une formation à la « littératie en intelligence artificielle ».
Plusieurs limites doivent être notées : recours à des cas simulés, absence de randomisation des scénarios et possible influence des facteurs culturels ou organisationnels nationaux. Des études longitudinales en contexte clinique réel sont nécessaires pour confirmer la pertinence et les implications de l’intelligence artificielle dans les soins infirmiers.

Les modèles de type LLM peuvent égaler, voire dépasser, la performance d’infirmiers expérimentés dans des scénarios standardisés. Cependant, leur rigidité et leur manque de sensibilité contextuelle confirment le rôle irremplaçable du jugement humain. L’avenir semble résider dans une approche hybride, combinant robustesse algorithmique et expertise adaptative des infirmiers, dans un cadre éthique et pédagogique approprié.

References

Levin C, Zaboli A, Turcato G, Saban M. Nursing judgment in the age of generative artificial intelligence: A cross-national study on clinical decision-making performance among emergency nurses. Int J Nurs Stud. 2025 Sep 12;172:105216. doi: 10.1016/j.ijnurstu.2025.105216.
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