Articles sur la santé
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Hôpital : la bataille perdue contre l’intérim
Quentin Haroche |22 Mai 2024
Jim.fr
Paris – Le plafonnement de la rémunération de l’intérim n’a pas permis de tarir cette activité, hôpitaux et intérimaires trouvant divers moyens de contourner les nouvelles réglementations.
Le 3 avril 2023, il y a un peu plus d’un an, le Dr François Braun, alors ministre de la Santé, sifflait la fin de la récréation. L’ancien urgentiste décidait d’enfin appliquer la loi Rist, votée deux ans auparavant et de plafonner la rémunération des intérimaires. Désormais, ces médecins remplaçants, qualifiés par leurs détracteurs de « mercenaires », ne pourraient plus toucher qu’au maximum 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures, quand certains d’entre eux pouvaient parfois monnayer leurs services jusqu’à 4 000 euros avant la mise en place de ce plafond.
L’objectif de cette mesure était double : à la fois moraliser l’activité hospitalière, notamment en évitant de trop grands écarts de rémunération entre des médecins exerçant les mêmes fonctions et permettre à l’hôpital de faire des économies, l’intérim représentant un coût annuel d’1,5 milliard d’euros pour l’hôpital public. Mais le gouvernement a oublié que l’intérim permettait de répondre à un problème, celui du manque de médecins dans certains hôpitaux et que tant que ce problème ne serait pas résolu, les hôpitaux continueraient d’avoir recours aux médecins intérimaires.
Plus d’un an après la décision du Dr Braun, force est de constater que l’activité intérimaire continue ainsi d’être florissante. A l’AP-HP, le recours à l’intérim a même augmenté de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport à l’an dernier, époque où pourtant la rémunération des intérimaires n’était pas plafonnée. La hausse atteint même 145 % à l’hôpital Beaujon de Clichy. Le coût annuel serait de plusieurs dizaines de millions d’euros pour le groupe hospitalier parisien.
Les intérimaires crèvent le plafond
En manque de médecins, les hôpitaux franciliens, mais pas seulement, sont bien obligés d’avoir recours à ces coûteux collaborateurs. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à dépasser le plafond fixé par la loi Rist et imposé il y a un an, les agences régionales de Santé (ARS) accordant très largement des dérogations. A l’hôpital de Nevers par exemple, une garde de 24 heures serait payée 2 600 euros brut, soit presque le double du plafond fixé par la loi.
L’autre moyen utilisé par les hôpitaux et les médecins pour contourner ce plafond contraignant est de recourir à des contrats dits de « motif 2 ». Créé en 2022, ces contrats permettent à des hôpitaux de recruter des médecins pour de courte durée (trois ans maximum) à des salaires alléchants : le plafond de rémunération est fixé à 119 130 euros brut par an, auquel il faut ajouter une part variable dépendant d’objectifs, soit plus que les 112 416 euros bruts que touche un praticien hospitalier au treizième et dernier échelon.
En principe, ce contrat est prévu « en cas de difficultés particulières de recrutement ou d’exercice pour une activité nécessaire à l’offre de soins du territoire ». Mais en pratique, les ARS, qui doivent autoriser ces contrats, sont très peu regardants sur les motifs de leurs conclusions et ces contrats de motif 2 « sont devenus, dans certains établissements, la norme de recrutement » commente le Dr Thierry Godeau, président de la conférence nationale des présidents de CME. « Nous constatons une application trop souple et trop hétérogène des conditions pour recourir au contrat de motif de type 2 » abonde dans le même sens Zaynab Riet, déléguée générale à la Fédération hospitalière de France (FHF).
Un nouveau décret en préparation pour encadrer les contrats de motif 2
Dans certaines régions, comme la Normandie, l’Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine, le nombre de ces contrats aurait explosé ces derniers mois et environ 15 % des anciens médecins intérimaires se seraient tournés vers ce nouveau type de contrat. Si en principe les médecins en « motif 2 » doivent se voir attribués des objectifs particuliers, leurs missions sont en pratique exactement les mêmes que celles de leurs confrères. « On a un peu l’impression d’une transformation des mercenaires illégaux en mercenaires légaux » constate amèrement un chef de service interrogé par Le Monde : dans son hôpital, les médecins en contrat de motif 2, qui sont pour certains en tout début de carrière, gagnent autant que certains praticiens avec quinze ans d’ancienneté.
En décembre dernier, une première réunion entre le ministère de la Santé, les ARS et les directeurs d’hôpitaux pour trouver un moyen de réguler ces contrats n’a abouti à aucune proposition. Un an après le Dr Braun, son remplaçant au ministère de la Santé, Frédéric Valletoux, a décidé ces dernières semaines de repartir en guerre contre cette nouvelle forme d’intérim. Un décret serait en préparation pour encadrer les contrats de motif 2.
Selon ce texte, ces contrats seraient désormais réservés aux médecins inscrits à l’Ordre depuis au moins cinq ans, dureraient au minimum six mois et ne pourraient concerner que des médecins ayant des compétences hautement spécialisées, dont le recrutement est impératif pour maintenir l’offre de soins. Un projet de décret déjà critiqué par les syndicats qui répètent que tant que les racines du problème ne seront pas traitées, à savoir le manque de médecins hospitaliers et la faible attractivité des carrières, l’intérim, sous toutes ses formes, continuera àa faire recette
Quentin Haroche |22 Mai 2024
Jim.fr
Paris – Le plafonnement de la rémunération de l’intérim n’a pas permis de tarir cette activité, hôpitaux et intérimaires trouvant divers moyens de contourner les nouvelles réglementations.
Le 3 avril 2023, il y a un peu plus d’un an, le Dr François Braun, alors ministre de la Santé, sifflait la fin de la récréation. L’ancien urgentiste décidait d’enfin appliquer la loi Rist, votée deux ans auparavant et de plafonner la rémunération des intérimaires. Désormais, ces médecins remplaçants, qualifiés par leurs détracteurs de « mercenaires », ne pourraient plus toucher qu’au maximum 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures, quand certains d’entre eux pouvaient parfois monnayer leurs services jusqu’à 4 000 euros avant la mise en place de ce plafond.
L’objectif de cette mesure était double : à la fois moraliser l’activité hospitalière, notamment en évitant de trop grands écarts de rémunération entre des médecins exerçant les mêmes fonctions et permettre à l’hôpital de faire des économies, l’intérim représentant un coût annuel d’1,5 milliard d’euros pour l’hôpital public. Mais le gouvernement a oublié que l’intérim permettait de répondre à un problème, celui du manque de médecins dans certains hôpitaux et que tant que ce problème ne serait pas résolu, les hôpitaux continueraient d’avoir recours aux médecins intérimaires.
Plus d’un an après la décision du Dr Braun, force est de constater que l’activité intérimaire continue ainsi d’être florissante. A l’AP-HP, le recours à l’intérim a même augmenté de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport à l’an dernier, époque où pourtant la rémunération des intérimaires n’était pas plafonnée. La hausse atteint même 145 % à l’hôpital Beaujon de Clichy. Le coût annuel serait de plusieurs dizaines de millions d’euros pour le groupe hospitalier parisien.
Les intérimaires crèvent le plafond
En manque de médecins, les hôpitaux franciliens, mais pas seulement, sont bien obligés d’avoir recours à ces coûteux collaborateurs. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à dépasser le plafond fixé par la loi Rist et imposé il y a un an, les agences régionales de Santé (ARS) accordant très largement des dérogations. A l’hôpital de Nevers par exemple, une garde de 24 heures serait payée 2 600 euros brut, soit presque le double du plafond fixé par la loi.
L’autre moyen utilisé par les hôpitaux et les médecins pour contourner ce plafond contraignant est de recourir à des contrats dits de « motif 2 ». Créé en 2022, ces contrats permettent à des hôpitaux de recruter des médecins pour de courte durée (trois ans maximum) à des salaires alléchants : le plafond de rémunération est fixé à 119 130 euros brut par an, auquel il faut ajouter une part variable dépendant d’objectifs, soit plus que les 112 416 euros bruts que touche un praticien hospitalier au treizième et dernier échelon.
En principe, ce contrat est prévu « en cas de difficultés particulières de recrutement ou d’exercice pour une activité nécessaire à l’offre de soins du territoire ». Mais en pratique, les ARS, qui doivent autoriser ces contrats, sont très peu regardants sur les motifs de leurs conclusions et ces contrats de motif 2 « sont devenus, dans certains établissements, la norme de recrutement » commente le Dr Thierry Godeau, président de la conférence nationale des présidents de CME. « Nous constatons une application trop souple et trop hétérogène des conditions pour recourir au contrat de motif de type 2 » abonde dans le même sens Zaynab Riet, déléguée générale à la Fédération hospitalière de France (FHF).
Un nouveau décret en préparation pour encadrer les contrats de motif 2
Dans certaines régions, comme la Normandie, l’Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine, le nombre de ces contrats aurait explosé ces derniers mois et environ 15 % des anciens médecins intérimaires se seraient tournés vers ce nouveau type de contrat. Si en principe les médecins en « motif 2 » doivent se voir attribués des objectifs particuliers, leurs missions sont en pratique exactement les mêmes que celles de leurs confrères. « On a un peu l’impression d’une transformation des mercenaires illégaux en mercenaires légaux » constate amèrement un chef de service interrogé par Le Monde : dans son hôpital, les médecins en contrat de motif 2, qui sont pour certains en tout début de carrière, gagnent autant que certains praticiens avec quinze ans d’ancienneté.
En décembre dernier, une première réunion entre le ministère de la Santé, les ARS et les directeurs d’hôpitaux pour trouver un moyen de réguler ces contrats n’a abouti à aucune proposition. Un an après le Dr Braun, son remplaçant au ministère de la Santé, Frédéric Valletoux, a décidé ces dernières semaines de repartir en guerre contre cette nouvelle forme d’intérim. Un décret serait en préparation pour encadrer les contrats de motif 2.
Selon ce texte, ces contrats seraient désormais réservés aux médecins inscrits à l’Ordre depuis au moins cinq ans, dureraient au minimum six mois et ne pourraient concerner que des médecins ayant des compétences hautement spécialisées, dont le recrutement est impératif pour maintenir l’offre de soins. Un projet de décret déjà critiqué par les syndicats qui répètent que tant que les racines du problème ne seront pas traitées, à savoir le manque de médecins hospitaliers et la faible attractivité des carrières, l’intérim, sous toutes ses formes, continuera àa faire recette
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Près d’un tiers des défibrillateurs externes seraient hors service
Quentin Haroche | 29 Mai 2024
jim.fr
Selon un audit réalisé par une société de maintenance, près d’un tiers des défibrillateurs disposés dans les lieux publics sont hors service et 60 % présentent des dysfonctionnements.
On les trouve dans les supermarchés, les bureaux de poste, les gares, les aéroports et même parfois dans les églises : les défibrillateurs automatisés externes (DAE) sont partout en France. Leur installation dans les lieux publics a commencé en 2007 et s’est généralisée avec la loi du 28 juin 2018, qui a rendu l’obligatoire l’acquisition de ces appareils médicaux pour l’ensemble des établissements recevant du public (ERP). Aujourd’hui, on compte en France près de 500 000 défibrillateurs publics pouvant potentiellement sauver une vie.
Mais encore faut-il que ces appareils fonctionnent. A la demande de l’Association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs (Arlod), un audit a été menée par la société Matecir Defibril, spécialisée dans la maintenance des défibrillateurs. Plus de 6 000 appareils installés dans des lieux publics ont été inspectés par la firme, qui a ainsi pu en extrapoler des chiffres pour l’ensemble des appareils disponibles en France.
60 % des appareils présentent des dysfonctionnements
Conclusion de l’audit : près d’un tiers des appareils (32,4 %) sont hors service en raison de consommables périmés. Au total, 60 % des appareils disponibles dans les lieux publics sont soit hors service, soit présentent des dysfonctionnements qui peuvent diminuer leur efficacité. Cela peut être « des consommables qui ne fonctionnent pas ou encore la colle périmée des patchs autocollants à fixer sur la peau, permettant pourtant de transmettre l’impulsion électrique » explique le Dr Marc Noizet, président du syndicat Samu Urgences de France.
En principe, l’exploitant d’un ERP a l’obligation non seulement d’installer un DAE mais également d’en assurer la maintenance. Mais la loi de 2018 ne prévoit aucune sanction en cas de non-maintenance de l’appareil. « L’exploitant peut faire la maintenance lui-même s’il a les compétences, ou bien il peut s’adresser à des sociétés extérieures qui le font très bien mais d’autres prennent un peu d’argent pour envoyer un mail et juste passer un coup de chiffon sur le boîtier, ce n’est pas ça qui garantit que le défibrillateur va marcher » commente Bruno Thomas-Lamotte, président de l’Arlod. Il demande donc que la loi soit modifiée pour que la maintenance des défibrillateurs externes devienne une obligation sanctionnable.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, ce sont chaque année entre 40 000 et 50 000 personnes qui décèdent d’une mort subite, faute d’avoir pu bénéficier du secours d’une personne qui aurait pu l’aider grâce à un massage cardiaque ou en utilisant un défibrillateur implantable. En France, un DAE n’est utilisé en cas d’arrêt cardiaque que dans moins de 10 % de cas et le taux de survie en cas d’arrêt cardiaque n’est que de 8 %, alors qu’il serait supérieur à 20 % dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni. « Avant les défibrillateurs, il n’était que de 2 %, donc cela prouve qu’il y a un intérêt » observe Bruno Thomas-Lamotte.
Faut-il installer des DAE dans les immeubles d’habitation ?
Alors que plus des trois quart (77 %) des arrêts cardiaques ont lieu à domicile, l’Arlod milite pour que des défibrillateurs soient également installés dans les immeubles d’habitation. Mais l’installation de ces appareils ne servira à rien si les Français ne sont pas formés à les utiliser. En 2017, le gouvernement s’était fixé comme objectif que 80 % des Français soient formés aux premiers secours d’ici 2022, comme c’est le cas dans plusieurs pays Européens : selon l’Arlod, on avoisine plutôt les 50 % de personnes formées pour le moment.
Combien de personnes sont décédées ces dernières années parce que le seul défibrillateur disponible était défectueux ? Impossible à savoir, mais la presse locale se fait parfois l’écho de ce type de drame. Le 24 juin dernier à Dollon dans la Sarthe, un pompier volontaire a tenté de sauver un homme de 56 ans victime d’un arrêt cardiaque en utilisant le défibrillateur de la commune, avant de constater avec stupeur que l’appareil n’avait plus de batterie : le patient est malheureusement décédé.
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Retrait du vaccin antigrippal Efluelda : un symbole des maux du système français
Quentin Haroche | 23 Mai 2024
Prix des médicaments, inflation des agences de régulation, conflits d’intérêts… : la polémique sur le retrait du vaccin antigrippal Efluelda reflète les différents maux qui affectent le système pharmaceutique français.
Lors de la dernière campagne de vaccination contre la grippe saisonnière cet hiver, 54 % des sujets âgés de 65 ans et plus se sont fait vacciner, soit moins que les 56 % de la campagne vaccinale précédente et surtout loin de l’objectif de 75 % fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis plusieurs années, la France ne parvient pas à améliorer la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière chez les seniors. Et pour ne rien arranger à la situation, la France vient de se priver d’un de ses atouts : dans un message adressé aux pharmaciens le 23 avril dernier, la Direction générale de la Santé (DGS) a en effet informé les pharmaciens du retrait du marché du vaccin Efluelda, qui ne sera donc pas disponible pour la prochaine campagne vaccinale.
Commercialisé par le laboratoire français Sanofi, le vaccin Efluelda est un vaccin quadrivalent, protégeant contre deux souches A (H1N1 et H3N2) et deux souches B (Austria et Yamagata) du virus de la grippe et qui a la particularité d’être à haute dose : il contient 60 µg d’hémagglutinine de chacune des quatre souches virales, soit quatre fois plus que dans un vaccin antigrippal à dose standard.
Le prix des vaccins et des médicaments en débat
Si la DGS a annoncé le retrait du marché du vaccin, ce n’est pas en raison de quelconques effets secondaires, mais à la demande du laboratoire Sanofi lui-même. Le géant pharmaceutique français reproche en effet aux autorités sanitaires d’avoir voulu fixer le prix du vaccin « à un niveau inférieur aux coûts de production et de distribution de ce vaccin ». Estimant que son vaccin n’est dès lors plus suffisamment rentable et pourrait même entrainer des coûts s’il était commercialisé en France, Sanofi dit « regretter cette décision qui rend impossible la mise à disposition du vaccin ». Le laboratoire assure cependant que l’approvisionnement en vaccins antigrippe ne sera pas affecté et qu’il continuera à produire son vaccin quadrivalent à dose standard, le VaxigripTetra.
Le retrait du vaccin Efluelda relance ainsi la polémique sur les prix des médicaments. Nombreux sont ceux qui estiment que les pénuries de médicaments qui touchent régulièrement les officines françaises sont principalement dues aux prix trop bas pratiqués dans notre pays, qui poussent l’industrie pharmaceutique, dont Sanofi, à déserter le marché français. « Face caméra, le gouvernement assure tout mettre en œuvre pour garantir l’accès aux produits de santé mais dans les faits, il s’entête dans une politique tarifaire toujours plus restrictive et dans un paradigme de santé à bas coût » déplore la Fédération des syndications de pharmaciens d’officine (FSPF) dans un communiqué publié à l’annonce du retrait du vaccin Efluelda.
Mais la polémique sur le vaccin Efluelda est également scientifique. Le laboratoire Sanofi soutient en effet, études cliniques à l’appui, que son vaccin à haute dose est plus efficace que les vaccins à dose standard. Il est soutenu en cela par les principales sociétés savantes de gériatrie (SFGG, CNEG et CNPG) qui recommandent d’utiliser le vaccin Efluelda pour vacciner les sujets âgés de 65 ans et plus.
L’Académie de médecine prend le parti de l’Efluelda
Mais d’autres instances et notamment la Haute Autorité de Santé (HAS) ne partagent pas cette position. Dans son avis sur le vaccin Efluelda rendu en 2020, l’instance avait estimé qu’il n’apportait pas une protection significativement supérieure par rapport aux vaccins à dose standard. C’est pour cela que les autorités françaises se refusent à lui attribuer un prix supérieur aux autres vaccins contre la grippe. De plus, selon le collectif pour l’indépendance des professionnels de santé Formindep, les recommandations des sociétés savantes de gériatrie en faveur du vaccin Efluelda seraient biaisées, car ces sociétés n’auraient pas déclaré leurs liens d’intérêts avec Sanofi et notamment les centaines de milliers d’euros qu’elles ont reçues du laboratoire ces dernières années.
Dans ce conflit mêlant débat scientifique, économique et éthique, l’Académie de Médecine a tranché : dans un communiqué publié le 15 mai dernier, elle se désole du retrait du vaccin Efluelda, une « annonce regrettable qui compromet l’efficacité de la prochaine campagne vaccinale chez les personnes âgées » selon elle. Pour les académiciens, il n’y a pas de doute possible : le vaccin à haute dose Efluelda procure bien « une protection accrue contre les complications de la grippe et réduit le risque d’hospitalisation pour cause respiratoire ». Il s’appuie notamment sur une méta-analyse publiée dans The Lancet en 2017.
Cependant, cette prise de position n’est pas un total blanc-seing pour le produit de Sanofi (ce qui permettra d’écarter les potentielles accusations de conflits d’intérêt), puisque l’Académie de Médecine fait parallèlement sienne une récente recommandation de l’OMS invitant à abandonner les vaccins quadrivalents pour n’utiliser que des vaccins trivalents, la souche B Yamagata de la grippe ayant disparu depuis 2020. L’Académie de Médecine recommande donc que soit élaboré un vaccin trivalent à haute dose le plus vite possible, afin qu’il soit disponible pour la prochaine campagne de vaccination. L’institution appelle surtout à la reprise du dialogue entre les autorités sanitaires et le laboratoire Sanofi dans l’intérêt des patients. Un dialogue entre autorités de régulation et industrie pharmaceutique qui est de plus en plus difficile ces dernières années.
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Un anticorps monoclonal pour prévenir le paludisme
Pr Dominique Baudon | 28 Mai 2024
Le paludisme est la première endémie parasitaire mondiale. La région Afrique de l’OMS comprend à elle seule 94 % des cas ; les infections dues à l’espèce Plasmodium falciparum, celle qui tue, y sont les plus fréquentes et les plus graves. De plus, 80 % des décès sont observés chez des enfants de moins de 5 ans. Entre 2000 et 2015, l'incidence du paludisme et sa mortalité ont diminué respectivement de 27 % et de 50 %, principalement grâce à l’effort financier international ciblant la lutte antipaludique, à l’utilisation massive des moustiquaires imprégnées d ’ insecticides (pyréthrinoïdes) et des combinaisons thérapeutiques très efficaces à base d’artémisinine. Après la stabilité observée entre 2015 et 2020 (environ 550 000 décès/an), une ré-augmentation inquiétante de l'incidence et de la mortalité a été constatée, avec 241 millions de cas et 627 000 décès en 2021 [1]. Quelques explications ont été avancées : la pandémie Covid-19 qui a mobilisé les systèmes de santé relâchant la lutte antipaludique, l’émergence de souches de P. falciparum résistantes à l’artémisinine, l’apparition de résistance des anophèles aux pyréthrinoïdes.
La recherche est en plein essor afin de permettre un meilleur contrôle du paludisme. En 2021, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l'utilisation du vaccin RTS,S/AS01 chez les enfants ; elle a également approuvé récemment l'utilisation du vaccin R21/Matrix-M chez les enfants. Pourtant pour ces 2 vaccins, l’objectif fixé par l’OMS de 75 % d’efficacité pour un vaccin antipaludique n’était pas atteint.
L'OMS recommande également la chimioprévention du paludisme dans les populations à haut risque (nourrissons et jeunes enfants, enfants souffrant d'anémie sévère et femmes enceintes). Bien que cette prophylaxie soit sûre et efficace, son application est difficile du fait de schémas impliquant des administrations fréquentes.
L’anticorps monoclonal L9LS efficace dans la prévention du paludisme
Les anticorps monoclonaux constituent une nouvelle voie dans la lutte contre le paludisme et pourraient s’ajouter aux moyens déjà utilisés, afin d’améliorer la prévention des populations les plus vulnérables, en particulier les enfants.
Dans un premier essai de phase 2 conduit au Mali sur des adultes, un anticorps monoclonal à demi-vie prolongée ciblant un épitope jonctionnel conservé sur la protéine circumsporozoïte de P. falciparum (PfCSP), a été administré en perfusion intraveineuse. Aux doses de 10 mg/kg et de 40 mg/kg, son efficacité protectrice contre l'infection par P. falciparum était de 75,0 % et 88,2 %, respectivement [1].
Ces résultats ont été suivis par le développement du L9LS, anticorps monoclonal IgG1 humain à demi-vie prolongée qui cible un autre épitope PfCSP jonctionnel hautement conservé, produit par expression dans une lignée de cellules ovariennes de hamster chinois recombinantes. Il s’est avéré plus puissant que le CIS43LS dans des modèles expérimentaux précliniques ? L’un des avantages majeurs est la voie d’administration S/C [2].
Un essai randomisé de phase 2
Pour la première fois, une étude a été conduite avec l’anticorps monoclonal L9LS chez des enfants dont les résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine [ 3 ]. Cet essai clinique de phase 2 avait deux objectifs : le premier était d’évaluer l'innocuité de l'administration S/C de L9LS chez des adultes et des enfants, le deuxième était d’évaluer son efficacité dans la prévention du paludisme chez des enfants de 6 à 10 ans.
L’étude a été conduite en zone d’endémie palustre, au Mali (Kalifaboubou et Torodo). Elle a inclus deux populations de sujets en bonne santé : des adultes âgés de 18 à 55 ans et des enfants de 6 à 10 ans. Le L9LS utilisé était une formulation tamponnée à une concentration de 150 mg /millilitre. L ’essai s’est déroulé en deux périodes : (i) phase A : évaluation de l'innocuité du L9LS à trois niveaux de dose chez les adultes, puis à deux niveaux de dose chez les enfants ; (ii) phase B dans laquelle les enfants ont été randomisés dans un rapport 1:1:1, pour recevoir soit 150 mg de L9LS, soit 300 mg de L9LS, soit un placebo. Les enfants ont été suivi sur période de 6 mois après administration de l’anticorps monoclonal, de mars à août 2022, pendant la saison de transmission du paludisme.
Le crit è re principal d ’efficacité était la premi è re infection asymptomatique à P. falciparum , détectée sur un frottis sanguin effectué systématiquement au minimum toutes les 2 semaines pendant 6 mois. Le crit è re d'efficacité secondaire était la survenue d’un premier épisode de paludisme maladie clinique.
Efficacité et sécurité
Aucun problème de sécurité n'a été identifié dans la phase A de l’étude, aussi bien chez les adultes que chez les enfants, quelle que soit la dose utilisée.
Dans la phase B, 225 enfants ont été randomisés, 75 enfants étant inclus dans chacun des 3 groupes. Aucun problème de sécurité n'a été identifié cette phase B confirmant l’innocuité de l’injection S/C de l'anticorps monoclonal.
Une infection asymptomatique à P. falciparum est survenue chez 36 participants (48 %) dans le groupe 150 mg, 30 (40 %) du groupe 300 mg et chez 61 (81 %) dans le groupe placebo.
L'efficacité du L9LS contre l'infection à P. falciparum, comparé au placebo, était de 66 % à la dose de 150 mg [IC 95 %, 45 à 79] , et de 70 % [IC 95 %, 50 à 82] à la dose de 300 mg (P<0,001 pour les deux comparaisons). L’efficacité contre le paludisme clinique était de 67 % [IC 95 %, 39 à 82] à la dose de 150 mg et de 77 % [IC 95 %, 55 à 89] avec la dose de 300 mg (P<0,001 pour les deux comparaisons).
Cette étude a montré qu'une seule dose sous-cutanée de L9LS offrait une efficacité protectrice allant jusqu'à 70 % contre l'infection par P. falciparum et jusqu'à 77 % contre le paludisme maladie clinique chez les enfants âgé s de 6 à 10 ans, cela sur une période de 6 mois au cours d'une saison de transmission du paludisme. Durant cette même période, 81 % des participants du groupe placebo ont été infectés par P. falciparum, et 59 % ont présenté un paludisme maladie clinique.
En zone d’endémie palustre, chez les enfants, la vaccination contre le paludisme et la chimioprévention ont certaines limites : l’extension de la chimioprophylaxie du paludisme aux enfants de moins de 6 ans a été associée à une incidence plus élevée du paludisme chez ces enfants lors de la scolarité (après 6 ans), peut-être par acquisition tardive de l’ immunité. La vaccination des jeunes enfants avec RTS,S/AS0 ou R21/Matrix-M pourrait aussi déplacer le risque paludéen vers les enfants plus âgés. Enfin, chez les enfants d’âge scolaire ( ≥ 6 ans), la chimioprévention est peu utilisée et ils ne sont pas éligibles pour les vaccins RTS,S/AS01 ou R21/Matrix-M [ 4 ].
Ainsi selon les auteurs : « les données de notre essai soutiennent l'administration d'une dose unique de L9LS aux enfants d'âge scolaire avant la saison du paludisme en tant qu'approche permettant de réduire la charge de morbidité au sein de cette population accessible » … « Les résultats de cet essai soutiennent le développement d'anticorps monoclonaux antipaludiques dans d'autres populations à haut risque pour lesquelles l'OMS recommande la chimioprévention, notamment les nourrissons et les jeunes enfants, les enfants souffrant d'anémie grave et les femmes enceintes. Le L9LS pourrait ainsi compléter ou remplacer la chimioprévention afin d'améliorer la couverture dans ces populations ».
References
[1] OMS. World malaria report 2022. Organisation mondiale de la santé, Genève. 2022. 293 p.
Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. www.who.int/teams/global-malaria-progra ... eport-2022
[2] Kayentao K, Ongoiba A, Preston AC, et al; Mali Malaria mAb Trial Team. Safety and Efficacy of a Monoclonal Antibody against Malaria in Mali. N Engl J Med. 2022 Nov 17;387(20):1833-1842. doi: 10.1056/NEJMoa2206966.
[3] Wang LT, Pereira LS, Flores-Garcia Y, et al. A Potent Anti-Malarial Human Monoclonal Antibody Targets Circumsporozoite Protein Minor Repeats and Neutralizes Sporozoites in the Liver. Immunity. 2020 Oct 13;53(4):733-744.e8. doi: 10.1016/j.immuni.2020.08.014.
[4] Kayentao K, Ongoiba A, Preston AC, et al; Mali Malaria mAb Trial Team. Subcutaneous Administration of a Monoclonal Antibody to Prevent Malaria. N Engl J Med. 2024 May 2;390(17):1549-1559. doi: 10.1056/NEJMoa2312775
Quentin Haroche | 29 Mai 2024
jim.fr
Selon un audit réalisé par une société de maintenance, près d’un tiers des défibrillateurs disposés dans les lieux publics sont hors service et 60 % présentent des dysfonctionnements.
On les trouve dans les supermarchés, les bureaux de poste, les gares, les aéroports et même parfois dans les églises : les défibrillateurs automatisés externes (DAE) sont partout en France. Leur installation dans les lieux publics a commencé en 2007 et s’est généralisée avec la loi du 28 juin 2018, qui a rendu l’obligatoire l’acquisition de ces appareils médicaux pour l’ensemble des établissements recevant du public (ERP). Aujourd’hui, on compte en France près de 500 000 défibrillateurs publics pouvant potentiellement sauver une vie.
Mais encore faut-il que ces appareils fonctionnent. A la demande de l’Association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs (Arlod), un audit a été menée par la société Matecir Defibril, spécialisée dans la maintenance des défibrillateurs. Plus de 6 000 appareils installés dans des lieux publics ont été inspectés par la firme, qui a ainsi pu en extrapoler des chiffres pour l’ensemble des appareils disponibles en France.
60 % des appareils présentent des dysfonctionnements
Conclusion de l’audit : près d’un tiers des appareils (32,4 %) sont hors service en raison de consommables périmés. Au total, 60 % des appareils disponibles dans les lieux publics sont soit hors service, soit présentent des dysfonctionnements qui peuvent diminuer leur efficacité. Cela peut être « des consommables qui ne fonctionnent pas ou encore la colle périmée des patchs autocollants à fixer sur la peau, permettant pourtant de transmettre l’impulsion électrique » explique le Dr Marc Noizet, président du syndicat Samu Urgences de France.
En principe, l’exploitant d’un ERP a l’obligation non seulement d’installer un DAE mais également d’en assurer la maintenance. Mais la loi de 2018 ne prévoit aucune sanction en cas de non-maintenance de l’appareil. « L’exploitant peut faire la maintenance lui-même s’il a les compétences, ou bien il peut s’adresser à des sociétés extérieures qui le font très bien mais d’autres prennent un peu d’argent pour envoyer un mail et juste passer un coup de chiffon sur le boîtier, ce n’est pas ça qui garantit que le défibrillateur va marcher » commente Bruno Thomas-Lamotte, président de l’Arlod. Il demande donc que la loi soit modifiée pour que la maintenance des défibrillateurs externes devienne une obligation sanctionnable.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, ce sont chaque année entre 40 000 et 50 000 personnes qui décèdent d’une mort subite, faute d’avoir pu bénéficier du secours d’une personne qui aurait pu l’aider grâce à un massage cardiaque ou en utilisant un défibrillateur implantable. En France, un DAE n’est utilisé en cas d’arrêt cardiaque que dans moins de 10 % de cas et le taux de survie en cas d’arrêt cardiaque n’est que de 8 %, alors qu’il serait supérieur à 20 % dans les pays scandinaves et au Royaume-Uni. « Avant les défibrillateurs, il n’était que de 2 %, donc cela prouve qu’il y a un intérêt » observe Bruno Thomas-Lamotte.
Faut-il installer des DAE dans les immeubles d’habitation ?
Alors que plus des trois quart (77 %) des arrêts cardiaques ont lieu à domicile, l’Arlod milite pour que des défibrillateurs soient également installés dans les immeubles d’habitation. Mais l’installation de ces appareils ne servira à rien si les Français ne sont pas formés à les utiliser. En 2017, le gouvernement s’était fixé comme objectif que 80 % des Français soient formés aux premiers secours d’ici 2022, comme c’est le cas dans plusieurs pays Européens : selon l’Arlod, on avoisine plutôt les 50 % de personnes formées pour le moment.
Combien de personnes sont décédées ces dernières années parce que le seul défibrillateur disponible était défectueux ? Impossible à savoir, mais la presse locale se fait parfois l’écho de ce type de drame. Le 24 juin dernier à Dollon dans la Sarthe, un pompier volontaire a tenté de sauver un homme de 56 ans victime d’un arrêt cardiaque en utilisant le défibrillateur de la commune, avant de constater avec stupeur que l’appareil n’avait plus de batterie : le patient est malheureusement décédé.
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Retrait du vaccin antigrippal Efluelda : un symbole des maux du système français
Quentin Haroche | 23 Mai 2024
Prix des médicaments, inflation des agences de régulation, conflits d’intérêts… : la polémique sur le retrait du vaccin antigrippal Efluelda reflète les différents maux qui affectent le système pharmaceutique français.
Lors de la dernière campagne de vaccination contre la grippe saisonnière cet hiver, 54 % des sujets âgés de 65 ans et plus se sont fait vacciner, soit moins que les 56 % de la campagne vaccinale précédente et surtout loin de l’objectif de 75 % fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis plusieurs années, la France ne parvient pas à améliorer la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière chez les seniors. Et pour ne rien arranger à la situation, la France vient de se priver d’un de ses atouts : dans un message adressé aux pharmaciens le 23 avril dernier, la Direction générale de la Santé (DGS) a en effet informé les pharmaciens du retrait du marché du vaccin Efluelda, qui ne sera donc pas disponible pour la prochaine campagne vaccinale.
Commercialisé par le laboratoire français Sanofi, le vaccin Efluelda est un vaccin quadrivalent, protégeant contre deux souches A (H1N1 et H3N2) et deux souches B (Austria et Yamagata) du virus de la grippe et qui a la particularité d’être à haute dose : il contient 60 µg d’hémagglutinine de chacune des quatre souches virales, soit quatre fois plus que dans un vaccin antigrippal à dose standard.
Le prix des vaccins et des médicaments en débat
Si la DGS a annoncé le retrait du marché du vaccin, ce n’est pas en raison de quelconques effets secondaires, mais à la demande du laboratoire Sanofi lui-même. Le géant pharmaceutique français reproche en effet aux autorités sanitaires d’avoir voulu fixer le prix du vaccin « à un niveau inférieur aux coûts de production et de distribution de ce vaccin ». Estimant que son vaccin n’est dès lors plus suffisamment rentable et pourrait même entrainer des coûts s’il était commercialisé en France, Sanofi dit « regretter cette décision qui rend impossible la mise à disposition du vaccin ». Le laboratoire assure cependant que l’approvisionnement en vaccins antigrippe ne sera pas affecté et qu’il continuera à produire son vaccin quadrivalent à dose standard, le VaxigripTetra.
Le retrait du vaccin Efluelda relance ainsi la polémique sur les prix des médicaments. Nombreux sont ceux qui estiment que les pénuries de médicaments qui touchent régulièrement les officines françaises sont principalement dues aux prix trop bas pratiqués dans notre pays, qui poussent l’industrie pharmaceutique, dont Sanofi, à déserter le marché français. « Face caméra, le gouvernement assure tout mettre en œuvre pour garantir l’accès aux produits de santé mais dans les faits, il s’entête dans une politique tarifaire toujours plus restrictive et dans un paradigme de santé à bas coût » déplore la Fédération des syndications de pharmaciens d’officine (FSPF) dans un communiqué publié à l’annonce du retrait du vaccin Efluelda.
Mais la polémique sur le vaccin Efluelda est également scientifique. Le laboratoire Sanofi soutient en effet, études cliniques à l’appui, que son vaccin à haute dose est plus efficace que les vaccins à dose standard. Il est soutenu en cela par les principales sociétés savantes de gériatrie (SFGG, CNEG et CNPG) qui recommandent d’utiliser le vaccin Efluelda pour vacciner les sujets âgés de 65 ans et plus.
L’Académie de médecine prend le parti de l’Efluelda
Mais d’autres instances et notamment la Haute Autorité de Santé (HAS) ne partagent pas cette position. Dans son avis sur le vaccin Efluelda rendu en 2020, l’instance avait estimé qu’il n’apportait pas une protection significativement supérieure par rapport aux vaccins à dose standard. C’est pour cela que les autorités françaises se refusent à lui attribuer un prix supérieur aux autres vaccins contre la grippe. De plus, selon le collectif pour l’indépendance des professionnels de santé Formindep, les recommandations des sociétés savantes de gériatrie en faveur du vaccin Efluelda seraient biaisées, car ces sociétés n’auraient pas déclaré leurs liens d’intérêts avec Sanofi et notamment les centaines de milliers d’euros qu’elles ont reçues du laboratoire ces dernières années.
Dans ce conflit mêlant débat scientifique, économique et éthique, l’Académie de Médecine a tranché : dans un communiqué publié le 15 mai dernier, elle se désole du retrait du vaccin Efluelda, une « annonce regrettable qui compromet l’efficacité de la prochaine campagne vaccinale chez les personnes âgées » selon elle. Pour les académiciens, il n’y a pas de doute possible : le vaccin à haute dose Efluelda procure bien « une protection accrue contre les complications de la grippe et réduit le risque d’hospitalisation pour cause respiratoire ». Il s’appuie notamment sur une méta-analyse publiée dans The Lancet en 2017.
Cependant, cette prise de position n’est pas un total blanc-seing pour le produit de Sanofi (ce qui permettra d’écarter les potentielles accusations de conflits d’intérêt), puisque l’Académie de Médecine fait parallèlement sienne une récente recommandation de l’OMS invitant à abandonner les vaccins quadrivalents pour n’utiliser que des vaccins trivalents, la souche B Yamagata de la grippe ayant disparu depuis 2020. L’Académie de Médecine recommande donc que soit élaboré un vaccin trivalent à haute dose le plus vite possible, afin qu’il soit disponible pour la prochaine campagne de vaccination. L’institution appelle surtout à la reprise du dialogue entre les autorités sanitaires et le laboratoire Sanofi dans l’intérêt des patients. Un dialogue entre autorités de régulation et industrie pharmaceutique qui est de plus en plus difficile ces dernières années.
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Un anticorps monoclonal pour prévenir le paludisme
Pr Dominique Baudon | 28 Mai 2024
Le paludisme est la première endémie parasitaire mondiale. La région Afrique de l’OMS comprend à elle seule 94 % des cas ; les infections dues à l’espèce Plasmodium falciparum, celle qui tue, y sont les plus fréquentes et les plus graves. De plus, 80 % des décès sont observés chez des enfants de moins de 5 ans. Entre 2000 et 2015, l'incidence du paludisme et sa mortalité ont diminué respectivement de 27 % et de 50 %, principalement grâce à l’effort financier international ciblant la lutte antipaludique, à l’utilisation massive des moustiquaires imprégnées d ’ insecticides (pyréthrinoïdes) et des combinaisons thérapeutiques très efficaces à base d’artémisinine. Après la stabilité observée entre 2015 et 2020 (environ 550 000 décès/an), une ré-augmentation inquiétante de l'incidence et de la mortalité a été constatée, avec 241 millions de cas et 627 000 décès en 2021 [1]. Quelques explications ont été avancées : la pandémie Covid-19 qui a mobilisé les systèmes de santé relâchant la lutte antipaludique, l’émergence de souches de P. falciparum résistantes à l’artémisinine, l’apparition de résistance des anophèles aux pyréthrinoïdes.
La recherche est en plein essor afin de permettre un meilleur contrôle du paludisme. En 2021, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l'utilisation du vaccin RTS,S/AS01 chez les enfants ; elle a également approuvé récemment l'utilisation du vaccin R21/Matrix-M chez les enfants. Pourtant pour ces 2 vaccins, l’objectif fixé par l’OMS de 75 % d’efficacité pour un vaccin antipaludique n’était pas atteint.
L'OMS recommande également la chimioprévention du paludisme dans les populations à haut risque (nourrissons et jeunes enfants, enfants souffrant d'anémie sévère et femmes enceintes). Bien que cette prophylaxie soit sûre et efficace, son application est difficile du fait de schémas impliquant des administrations fréquentes.
L’anticorps monoclonal L9LS efficace dans la prévention du paludisme
Les anticorps monoclonaux constituent une nouvelle voie dans la lutte contre le paludisme et pourraient s’ajouter aux moyens déjà utilisés, afin d’améliorer la prévention des populations les plus vulnérables, en particulier les enfants.
Dans un premier essai de phase 2 conduit au Mali sur des adultes, un anticorps monoclonal à demi-vie prolongée ciblant un épitope jonctionnel conservé sur la protéine circumsporozoïte de P. falciparum (PfCSP), a été administré en perfusion intraveineuse. Aux doses de 10 mg/kg et de 40 mg/kg, son efficacité protectrice contre l'infection par P. falciparum était de 75,0 % et 88,2 %, respectivement [1].
Ces résultats ont été suivis par le développement du L9LS, anticorps monoclonal IgG1 humain à demi-vie prolongée qui cible un autre épitope PfCSP jonctionnel hautement conservé, produit par expression dans une lignée de cellules ovariennes de hamster chinois recombinantes. Il s’est avéré plus puissant que le CIS43LS dans des modèles expérimentaux précliniques ? L’un des avantages majeurs est la voie d’administration S/C [2].
Un essai randomisé de phase 2
Pour la première fois, une étude a été conduite avec l’anticorps monoclonal L9LS chez des enfants dont les résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine [ 3 ]. Cet essai clinique de phase 2 avait deux objectifs : le premier était d’évaluer l'innocuité de l'administration S/C de L9LS chez des adultes et des enfants, le deuxième était d’évaluer son efficacité dans la prévention du paludisme chez des enfants de 6 à 10 ans.
L’étude a été conduite en zone d’endémie palustre, au Mali (Kalifaboubou et Torodo). Elle a inclus deux populations de sujets en bonne santé : des adultes âgés de 18 à 55 ans et des enfants de 6 à 10 ans. Le L9LS utilisé était une formulation tamponnée à une concentration de 150 mg /millilitre. L ’essai s’est déroulé en deux périodes : (i) phase A : évaluation de l'innocuité du L9LS à trois niveaux de dose chez les adultes, puis à deux niveaux de dose chez les enfants ; (ii) phase B dans laquelle les enfants ont été randomisés dans un rapport 1:1:1, pour recevoir soit 150 mg de L9LS, soit 300 mg de L9LS, soit un placebo. Les enfants ont été suivi sur période de 6 mois après administration de l’anticorps monoclonal, de mars à août 2022, pendant la saison de transmission du paludisme.
Le crit è re principal d ’efficacité était la premi è re infection asymptomatique à P. falciparum , détectée sur un frottis sanguin effectué systématiquement au minimum toutes les 2 semaines pendant 6 mois. Le crit è re d'efficacité secondaire était la survenue d’un premier épisode de paludisme maladie clinique.
Efficacité et sécurité
Aucun problème de sécurité n'a été identifié dans la phase A de l’étude, aussi bien chez les adultes que chez les enfants, quelle que soit la dose utilisée.
Dans la phase B, 225 enfants ont été randomisés, 75 enfants étant inclus dans chacun des 3 groupes. Aucun problème de sécurité n'a été identifié cette phase B confirmant l’innocuité de l’injection S/C de l'anticorps monoclonal.
Une infection asymptomatique à P. falciparum est survenue chez 36 participants (48 %) dans le groupe 150 mg, 30 (40 %) du groupe 300 mg et chez 61 (81 %) dans le groupe placebo.
L'efficacité du L9LS contre l'infection à P. falciparum, comparé au placebo, était de 66 % à la dose de 150 mg [IC 95 %, 45 à 79] , et de 70 % [IC 95 %, 50 à 82] à la dose de 300 mg (P<0,001 pour les deux comparaisons). L’efficacité contre le paludisme clinique était de 67 % [IC 95 %, 39 à 82] à la dose de 150 mg et de 77 % [IC 95 %, 55 à 89] avec la dose de 300 mg (P<0,001 pour les deux comparaisons).
Cette étude a montré qu'une seule dose sous-cutanée de L9LS offrait une efficacité protectrice allant jusqu'à 70 % contre l'infection par P. falciparum et jusqu'à 77 % contre le paludisme maladie clinique chez les enfants âgé s de 6 à 10 ans, cela sur une période de 6 mois au cours d'une saison de transmission du paludisme. Durant cette même période, 81 % des participants du groupe placebo ont été infectés par P. falciparum, et 59 % ont présenté un paludisme maladie clinique.
En zone d’endémie palustre, chez les enfants, la vaccination contre le paludisme et la chimioprévention ont certaines limites : l’extension de la chimioprophylaxie du paludisme aux enfants de moins de 6 ans a été associée à une incidence plus élevée du paludisme chez ces enfants lors de la scolarité (après 6 ans), peut-être par acquisition tardive de l’ immunité. La vaccination des jeunes enfants avec RTS,S/AS0 ou R21/Matrix-M pourrait aussi déplacer le risque paludéen vers les enfants plus âgés. Enfin, chez les enfants d’âge scolaire ( ≥ 6 ans), la chimioprévention est peu utilisée et ils ne sont pas éligibles pour les vaccins RTS,S/AS01 ou R21/Matrix-M [ 4 ].
Ainsi selon les auteurs : « les données de notre essai soutiennent l'administration d'une dose unique de L9LS aux enfants d'âge scolaire avant la saison du paludisme en tant qu'approche permettant de réduire la charge de morbidité au sein de cette population accessible » … « Les résultats de cet essai soutiennent le développement d'anticorps monoclonaux antipaludiques dans d'autres populations à haut risque pour lesquelles l'OMS recommande la chimioprévention, notamment les nourrissons et les jeunes enfants, les enfants souffrant d'anémie grave et les femmes enceintes. Le L9LS pourrait ainsi compléter ou remplacer la chimioprévention afin d'améliorer la couverture dans ces populations ».
References
[1] OMS. World malaria report 2022. Organisation mondiale de la santé, Genève. 2022. 293 p.
Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. www.who.int/teams/global-malaria-progra ... eport-2022
[2] Kayentao K, Ongoiba A, Preston AC, et al; Mali Malaria mAb Trial Team. Safety and Efficacy of a Monoclonal Antibody against Malaria in Mali. N Engl J Med. 2022 Nov 17;387(20):1833-1842. doi: 10.1056/NEJMoa2206966.
[3] Wang LT, Pereira LS, Flores-Garcia Y, et al. A Potent Anti-Malarial Human Monoclonal Antibody Targets Circumsporozoite Protein Minor Repeats and Neutralizes Sporozoites in the Liver. Immunity. 2020 Oct 13;53(4):733-744.e8. doi: 10.1016/j.immuni.2020.08.014.
[4] Kayentao K, Ongoiba A, Preston AC, et al; Mali Malaria mAb Trial Team. Subcutaneous Administration of a Monoclonal Antibody to Prevent Malaria. N Engl J Med. 2024 May 2;390(17):1549-1559. doi: 10.1056/NEJMoa2312775
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Re: Articles sur la santé
Intubation trachéale des nouveau-nés : plutôt par le nez !
Dr Jean-Marc Retbi | 31 Mai 2024
jim.fr
Quand cela est nécessaire, on peut intuber les nouveau-nés dans la trachée en passant soit par la bouche, soit par les fosses nasales, ce qui implique l’utilisation d’une pince de Magill. La comparaison des deux voies d’intubation n’a pas suscité beaucoup de travaux. Un essai randomisé monocentrique récent suggère que l’alimentation per os peut être reprise plus précocement après une intubation nasotrachéale qu’après une intubation orotrachéale.
70 nouveau-nés opérés d’une cardiopathie congénitale
Les 70 nouveau-nés (NN) inclus dans l’essai sont des NN nés à terme opérés d’une cardiopathie congénitale sévère (classes STAT 3, 4 et 5) avant 15 jours de vie (âge médian à l’intervention : 7 jours). Par tirage au sort, ils ont été intubés par voie nasale ou par voie orale.
Du fait des exclusions et de l’intubation par la bouche de 3 NN qui auraient dû être intubés par le nez (dans deux cas du fait de l’impossibilité de franchir les fosses nasales), c’est finalement 25 NN qui ont été intubés par voie nasale et 37 NN par voie buccale, en salle d’opération.
Dans les deux groupes de NN les proportions de ventilation mécanique et d’alimentation gastrique préopératoires, les types d’interventions chirurgicales (réfection de la crosse de l’aorte, intervention palliative univentriculaire, type Norwood), et les durées de circulation extra-corporelle et clampage aortique sont similaires.
Un avantage en termes de reprise alimentaire orale
Dans le groupe intubé par le nez, la sonde gastrique d’alimentation a pu être retirée après 3 jours (Ecart InterQuartile 25-75 [EIQ 25-75] : 2-6) plus de 75% de la ration alimentaire étant prise per os, versus 6 jours (EIQ 25-75 : 4-13) dans le groupe intubé par la bouche (p = 0,02). Le retard de la reprise de l’alimentation per os en cas d’intubation par la bouche n’est pas dû à des complications type chylothorax, entérocolite ulcéro-nécrosante ou paralysie laryngée.
Un seul des 25 NN intubés par le nez (4 %) est rentré à domicile avec une sonde gastrique alors que 8 des 37 NN intubés par la bouche (22 %) sont rentrés à domicile avec une sonde gastrique ou une gastrostomie. Cependant, les durées d’hospitalisation dans les deux groupes ne sont pas différentes.
Concernant les complications liées à la voie d’intubation, il y a eu une extubation accidentelle après l’intervention dans chaque groupe et une escarre nasale après une intubation nasotrachéale.
Ainsi, après une ventilation mécanique, l’alimentation orale peut être plus rapidement complète en cas d’intubation nasotrachéale qu’en cas d’intubation orotrachéale. Compte tenu d’un moindre risque d’extubation accidentelle, la sonde nasotrachéale autorise une succion non nutritive et une sédation-analgésie plus légère et plus brève, qui a moins d’impact sur la vigilance et, s’agissant des opiacés, sur le transit intestinal.
Peut-on extrapoler ces résultats aux prématurés ventilés ? Ce serait intéressant car les prématurés ventilés ont souvent des troubles de l’oralité, une aversion alimentaire... Mais il faut être prudent : l’essai porte sur une population particulière qui n’a pas été analysée en intention de traiter….
Ceci étant, ils ne peuvent qu’inciter les néonatologistes français à persévérer dans leur habitude d’intuber les NN par voie nasale plutôt que par voie buccale, comme dans les pays anglo-saxons !
A lire l'article sur l'intubation difficile notamment sur le matériel pédiatrique
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Analgésie locale de longue durée : la bupivacaïne liposomale déçoit
Desforges Paul | 31 Mai 2024
jim.fr
L’anesthésie loco-régionale est une technique quotidiennement utilisée au bloc opératoire, en particulier en chirurgie orthopédique. La gestion des anesthésiques locaux (AL) relève d’une science le plus souvent inexacte entrainant beaucoup d’interrogations pour les praticiens. Afin de tirer les avantages pharmodynamiques de chaque produit, les médecins effectuent souvent des mélanges d’AL. Ainsi, des produits de court délai d’action sont associés à d’autres à longue durée d’action que sont la ropivacaïne ou la bupivacaïne (principalement l’énantiomère S). Cependant, en dépit des doses administrées ou des associations réalisées, la durée d’action des produits disponibles ne dépasse pas 24 heures. Afin d’améliorer la prise en charge analgésique tout en limitant la prescription d’opioïdes post-opératoire ou la mise en place de cathéters péri-nerveux, les auteurs d’une récente étude se sont intéressés à l’utilisation de la bupivacaïne liposomale. Bien que de nombreuses études récentes aient été publiée sur le sujet, les caractéristiques pharmacocinétique et pharmacodynamique (PK/PD) ne sont pas parfaitement connues.
Une étude randomisée sur 25 volontaires
Dans cette étude publiée récemment dans Anesthesiology les auteurs ont émis l’hypothèse que la bupivacaïne liposomale aurait les caractéristiques anesthésiques de la bupivacaïne mais avec une durée d’action prolongée expliquée par sa conformation intra vésiculaire lipidique (1).
Afin de tester cette hypothèse, ils ont réalisé une étude randomisée contrôlée en cross-over et en triple aveugle sur 25 volontaires sains. Les patients étaient randomisés pour recevoir un bloc du nerf ulnaire par de la bupivacaïne puis de la bupivacaïne liposomale (ou inversement) à au moins 36 jours d’intervalle (durée supérieure à 30 fois la demi-vie de la bupivacaïne liposomale). L’anesthésiste devait injecter une solution de 3 ml contenant 13,3 mg de bupivacaïne (forme liposomale) ou 15mg de bupivacaïne, sous contrôle échographique.
Le critère de jugement principal était le succès et la durée d’anesthésie du bloc sensitif réalisé. Les critères de jugement secondaires étaient le délai d’apparition du bloc sensitif, le délai d’apparition du bloc moteur et la durée du bloc moteur. Le bloc sensitif du nerf ulnaire était défini par au moins 4 des 5 territoires ulnaires bloqués tandis que le bloc moteur était objectivé par la force d’adduction du pouce.
Une efficacité imprévisible
Les résultats de l’étude retrouvent une efficacité de la bupivacaïne pour réaliser un bloc sensitif dans 100 % des cas versus 32 % pour la bupivacaïne liposomale (p<0,0001). En sus d’une efficacité moindre, la durée d’anesthésie sensitive procurée est aussi diminuée dans le groupe bupivacaïne liposomale (375 minutes versus 562 minutes pour un score à 80 (récupération sensitive notée entre 0 (pas de sensibilité) et 100 (sensibilité équivalente au bras controlatéral) ; soit p < 0,001). De plus, le délai de l’installation dans le groupe bupivacaïne liposomale est allongé (15 minutes versus 105 mn soit p < 0,0001). A noter qu’il n'est pas retrouvé de différence à la chronologie de l’injection de l’une ou de l’autre molécule. Le bloc moteur dans le groupe bupivacaïne liposomale n’a jamais été présent.
La levée du bloc sensitif dans le groupe bupivacaïne liposomale est retrouvée de manière disparate chez les 25 patients testés avec des durées évoluant de quelques minutes à 5000 minutes sans argument clairement identifiable pour une durée prolongée globale.
Alors que les études sur le sujet sont nombreuses, la bupivacaïne liposomale injectée chez le volontaire sain pour réalisation d’un bloc cubital ne remplit pas les conditions d’efficacité pour la réalisation d’une anesthésie (efficacité à 32 %) et d’une analgésie prolongée. De nouvelles études seront nécessaires pour déterminer plus précisément la place de cette molécule dans l’arsenal thérapeutique des médecins anesthésistes.
References
Zadrazil M, Marhofer P, Opfermann P, et al. Liposomal Bupivacaine for Peripheral Nerve Blockade: A Randomized, Controlled, Crossover, Triple-Blinded Pharmacodynamic Study in Volunteers. Anesthesiology. 2024 Apr 1. doi: 10.1097/ALN.0000000000004988.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les inventeurs des aiguilles de péridurale et rachianesthésie
Dr Jean-Marc Retbi | 31 Mai 2024
jim.fr
Quand cela est nécessaire, on peut intuber les nouveau-nés dans la trachée en passant soit par la bouche, soit par les fosses nasales, ce qui implique l’utilisation d’une pince de Magill. La comparaison des deux voies d’intubation n’a pas suscité beaucoup de travaux. Un essai randomisé monocentrique récent suggère que l’alimentation per os peut être reprise plus précocement après une intubation nasotrachéale qu’après une intubation orotrachéale.
70 nouveau-nés opérés d’une cardiopathie congénitale
Les 70 nouveau-nés (NN) inclus dans l’essai sont des NN nés à terme opérés d’une cardiopathie congénitale sévère (classes STAT 3, 4 et 5) avant 15 jours de vie (âge médian à l’intervention : 7 jours). Par tirage au sort, ils ont été intubés par voie nasale ou par voie orale.
Du fait des exclusions et de l’intubation par la bouche de 3 NN qui auraient dû être intubés par le nez (dans deux cas du fait de l’impossibilité de franchir les fosses nasales), c’est finalement 25 NN qui ont été intubés par voie nasale et 37 NN par voie buccale, en salle d’opération.
Dans les deux groupes de NN les proportions de ventilation mécanique et d’alimentation gastrique préopératoires, les types d’interventions chirurgicales (réfection de la crosse de l’aorte, intervention palliative univentriculaire, type Norwood), et les durées de circulation extra-corporelle et clampage aortique sont similaires.
Un avantage en termes de reprise alimentaire orale
Dans le groupe intubé par le nez, la sonde gastrique d’alimentation a pu être retirée après 3 jours (Ecart InterQuartile 25-75 [EIQ 25-75] : 2-6) plus de 75% de la ration alimentaire étant prise per os, versus 6 jours (EIQ 25-75 : 4-13) dans le groupe intubé par la bouche (p = 0,02). Le retard de la reprise de l’alimentation per os en cas d’intubation par la bouche n’est pas dû à des complications type chylothorax, entérocolite ulcéro-nécrosante ou paralysie laryngée.
Un seul des 25 NN intubés par le nez (4 %) est rentré à domicile avec une sonde gastrique alors que 8 des 37 NN intubés par la bouche (22 %) sont rentrés à domicile avec une sonde gastrique ou une gastrostomie. Cependant, les durées d’hospitalisation dans les deux groupes ne sont pas différentes.
Concernant les complications liées à la voie d’intubation, il y a eu une extubation accidentelle après l’intervention dans chaque groupe et une escarre nasale après une intubation nasotrachéale.
Ainsi, après une ventilation mécanique, l’alimentation orale peut être plus rapidement complète en cas d’intubation nasotrachéale qu’en cas d’intubation orotrachéale. Compte tenu d’un moindre risque d’extubation accidentelle, la sonde nasotrachéale autorise une succion non nutritive et une sédation-analgésie plus légère et plus brève, qui a moins d’impact sur la vigilance et, s’agissant des opiacés, sur le transit intestinal.
Peut-on extrapoler ces résultats aux prématurés ventilés ? Ce serait intéressant car les prématurés ventilés ont souvent des troubles de l’oralité, une aversion alimentaire... Mais il faut être prudent : l’essai porte sur une population particulière qui n’a pas été analysée en intention de traiter….
Ceci étant, ils ne peuvent qu’inciter les néonatologistes français à persévérer dans leur habitude d’intuber les NN par voie nasale plutôt que par voie buccale, comme dans les pays anglo-saxons !
A lire l'article sur l'intubation difficile notamment sur le matériel pédiatrique
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Analgésie locale de longue durée : la bupivacaïne liposomale déçoit
Desforges Paul | 31 Mai 2024
jim.fr
L’anesthésie loco-régionale est une technique quotidiennement utilisée au bloc opératoire, en particulier en chirurgie orthopédique. La gestion des anesthésiques locaux (AL) relève d’une science le plus souvent inexacte entrainant beaucoup d’interrogations pour les praticiens. Afin de tirer les avantages pharmodynamiques de chaque produit, les médecins effectuent souvent des mélanges d’AL. Ainsi, des produits de court délai d’action sont associés à d’autres à longue durée d’action que sont la ropivacaïne ou la bupivacaïne (principalement l’énantiomère S). Cependant, en dépit des doses administrées ou des associations réalisées, la durée d’action des produits disponibles ne dépasse pas 24 heures. Afin d’améliorer la prise en charge analgésique tout en limitant la prescription d’opioïdes post-opératoire ou la mise en place de cathéters péri-nerveux, les auteurs d’une récente étude se sont intéressés à l’utilisation de la bupivacaïne liposomale. Bien que de nombreuses études récentes aient été publiée sur le sujet, les caractéristiques pharmacocinétique et pharmacodynamique (PK/PD) ne sont pas parfaitement connues.
Une étude randomisée sur 25 volontaires
Dans cette étude publiée récemment dans Anesthesiology les auteurs ont émis l’hypothèse que la bupivacaïne liposomale aurait les caractéristiques anesthésiques de la bupivacaïne mais avec une durée d’action prolongée expliquée par sa conformation intra vésiculaire lipidique (1).
Afin de tester cette hypothèse, ils ont réalisé une étude randomisée contrôlée en cross-over et en triple aveugle sur 25 volontaires sains. Les patients étaient randomisés pour recevoir un bloc du nerf ulnaire par de la bupivacaïne puis de la bupivacaïne liposomale (ou inversement) à au moins 36 jours d’intervalle (durée supérieure à 30 fois la demi-vie de la bupivacaïne liposomale). L’anesthésiste devait injecter une solution de 3 ml contenant 13,3 mg de bupivacaïne (forme liposomale) ou 15mg de bupivacaïne, sous contrôle échographique.
Le critère de jugement principal était le succès et la durée d’anesthésie du bloc sensitif réalisé. Les critères de jugement secondaires étaient le délai d’apparition du bloc sensitif, le délai d’apparition du bloc moteur et la durée du bloc moteur. Le bloc sensitif du nerf ulnaire était défini par au moins 4 des 5 territoires ulnaires bloqués tandis que le bloc moteur était objectivé par la force d’adduction du pouce.
Une efficacité imprévisible
Les résultats de l’étude retrouvent une efficacité de la bupivacaïne pour réaliser un bloc sensitif dans 100 % des cas versus 32 % pour la bupivacaïne liposomale (p<0,0001). En sus d’une efficacité moindre, la durée d’anesthésie sensitive procurée est aussi diminuée dans le groupe bupivacaïne liposomale (375 minutes versus 562 minutes pour un score à 80 (récupération sensitive notée entre 0 (pas de sensibilité) et 100 (sensibilité équivalente au bras controlatéral) ; soit p < 0,001). De plus, le délai de l’installation dans le groupe bupivacaïne liposomale est allongé (15 minutes versus 105 mn soit p < 0,0001). A noter qu’il n'est pas retrouvé de différence à la chronologie de l’injection de l’une ou de l’autre molécule. Le bloc moteur dans le groupe bupivacaïne liposomale n’a jamais été présent.
La levée du bloc sensitif dans le groupe bupivacaïne liposomale est retrouvée de manière disparate chez les 25 patients testés avec des durées évoluant de quelques minutes à 5000 minutes sans argument clairement identifiable pour une durée prolongée globale.
Alors que les études sur le sujet sont nombreuses, la bupivacaïne liposomale injectée chez le volontaire sain pour réalisation d’un bloc cubital ne remplit pas les conditions d’efficacité pour la réalisation d’une anesthésie (efficacité à 32 %) et d’une analgésie prolongée. De nouvelles études seront nécessaires pour déterminer plus précisément la place de cette molécule dans l’arsenal thérapeutique des médecins anesthésistes.
References
Zadrazil M, Marhofer P, Opfermann P, et al. Liposomal Bupivacaine for Peripheral Nerve Blockade: A Randomized, Controlled, Crossover, Triple-Blinded Pharmacodynamic Study in Volunteers. Anesthesiology. 2024 Apr 1. doi: 10.1097/ALN.0000000000004988.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les inventeurs des aiguilles de péridurale et rachianesthésie
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Le tatouage pourrait être associé à une augmentation du risque de lymphome
Dr Roseline Peluchon | 04 Juin 2024
jim.fr
Le tatouage est longtemps resté une pratique limitée à certains groupes, comme les marins, la légion étrangère ou les bikers. Ce n’est plus du tout le cas actuellement : dans certains pays européens, 20 % de la population serait tatouée, et ce serait 30 % aux Etats-Unis. Le premier tatouage est souvent réalisé chez des personnes jeunes, ce qui implique une exposition à certains constituants chimiques de l’encre durant la presque totalité de la vie.
Car les encres utilisées pour les tatouages ne sont peut-être pas inoffensives. Elles sont des cocktails de pigments organiques et non organiques, associés à des précurseurs et sous-produits issus de la synthèse de ces pigments, et à des additifs. Les encres colorées peuvent contenir des amines aromatiques primaires (AAP), les encres noires des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), et des métaux comme l’arsenic, le cobalt, le plomb et le nickel sont présents dans les encres quelle que soit leur couleur. Or, plusieurs produits chimiques contenus dans les encres de tatouage sont classés comme cancérigènes par l’agence internationale de recherche sur le cancer.
Des ganglions lymphatiques pigmentés chez les personnes tatouées
Pendant le tatouage, l’encre est injectée dans le derme par les perforations répétées de la peau. Une partie de l’encre migre vers les ganglions lymphatiques locaux, à partir desquels est initiée une réponse immunitaire systémique. Il est estimé qu’après 6 semaines, 32 % du pigment injecté a ainsi migré. Des ganglions lymphatiques augmentés de volume et pigmentés ont été décrits chez des personnes tatouées depuis plusieurs dizaines d’années, avec des pigments colorés ou noirs, ainsi que des dépôts de particules métalliques.
Interpelée par l’augmentation de l’incidence des lymphomes en parallèle avec la mode des tatouages, une équipe suédoise a cherché à déterminer s’il existait un lien de cause à effet entre ces deux éléments. Une étude de type cas-témoin a été menée sur tous les sujets âgés de 20 à 60 ans chez lesquels avait été diagnostiqué un lymphome malin en Suède entre 2007 et 2017, soit près de 12 000 personnes. Un questionnaire leur était adressé pour vérifier si elles étaient tatouées ou non, questionnaire auquel 54 % des personnes atteintes de lymphome ont répondu (n = 1 398) et 47 % des témoins (n = 4 193).
Un risque 21 % plus élevé
Les données montrent que la prévalence du tatouage est de 21 % parmi les personnes atteintes de lymphome, et de 18 % parmi les sujets témoins (risque ajusté 1,21 ; 95 % CI 0,99 à 1,48). Le risque est supérieur chez les personnes dont le tatouage date de moins de 2 ans au moment du diagnostic de lymphome (RRa 1,81 ; 1,03 à 3,20), puis diminue et semble à nouveau augmenter quand le tatouage date de plus de 11 ans (RRa 1,19 ; 0,94 à 1,50).
Il n’est pas mis en évidence de lien entre le risque de lymphome et la surface corporelle totale recouverte. Il n’est pas non plus mis en évidence de différence de risque selon que le tatouage est noir ou en couleur. Le traitement au laser, utilisé pour faire disparaître les tatouages semble associé à une augmentation importante du risque, mais le nombre de personnes concernées est insuffisant pour en tirer des conclusions.
Enfin, deux types de lymphomes semblent plus concernés : les lymphomes diffus à grandes cellules B (RRa 1,30 ; 0,99 à 1,71) et les lymphomes folliculaires (RRa 1,29 ; 0,92 à 1,82).
Rappelons toutefois qu’un lien de causalité ne peut être affirmé à partir d’une étude épidémiologique. D’autres travaux seront donc nécessaires et, selon les auteurs, l’accroissement de la popularité de la pratique du tatouage implique une certaine urgence.
Référence :
Nielsen C, Jerkeman M, Saxne Jöud A. Tattoos as a risk factor for malignant lymphoma: a population-based case-control study. eClinicalMedicine 2024;72: 102649. https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2024.102649.
_______________________________
Encadrement des contrats de type 2 pour limiter l’intérim : soigner les symptômes mais pas le mal
Quentin Haroche | 04 Juin 2024
jim.fr
Paris – Les contrats de type 2, qui permettent de contourner le plafonnement de la rémunération des intérimaires, sont dans le viseur du gouvernement.
C’est une longue guerre d’attrition que le gouvernement mène depuis près de sept ans contre l’intérim médical, accusé à la fois de plomber les comptes déjà obérés des hôpitaux publics et de désunir les équipes médicales. Il y a d’abord eu le décret Buzyn du 24 novembre 2017 qui a plafonné le montant de la rémunération des médecins intérimaires, puis la loi Rist du 26 avril 2021 qui a imposé que l’application de ce montant soit contrôlée par le comptable public, suivie du décret Braun du 3 avril 2023 qui a enfin véritablement appliqué ce plafond, imposant que les médecins intérimaires ne soient pas payés plus que 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures.
Mais rien n’y fait : la pratique de l’intérim continue dans les hôpitaux, qui sont bien obligés de mettre au placard ces considérations morales et budgétaires et d’engager des médecins « mercenaires » comme ils sont parfois surnommés pour faire tourner leurs services. Depuis un an et le décret émis par le Dr François Braun, ancien ministre de la Santé, une pratique s’est développée pour permettre de contourner le nouveau plafond de rémunération : la signature de contrats dits de type 2.
L’intérim médical coute 147 millions d’euros par an aux hôpitaux
Créés en 2022, ces contrats permettent à des hôpitaux de recruter des médecins pour de courtes durées (trois ans maximum). Si en principe les médecins en « motif 2 » doivent se voir attribuer des objectifs particuliers, leurs missions sont en pratique exactement les mêmes que celles de leurs confrères. Mais à des niveaux de rémunération bien supérieurs, puisqu’un médecin en contrat de type 2 peut toucher jusqu’à 119 130 euros brut par an (rémunération à laquelle il faut ajouter une part variable) soit plus que les 112 416 euros que touche un praticien hospitalier au treizième et dernier échelon. « On a pu constater que dans certaines régions il y a eu une hausse du recours à ces contrats » reconnait Marie Daudé, directrice générale de l’offre de soins.
Ces contrats sont donc désormais dans le collimateur des autorités. Un décret, qui a été présenté le 13 mai dernier au conseil supérieur des professionnels médicaux, est en préparation. Il prévoit de restreindre drastiquement les conditions de conclusion des contrats de type 2 : ils seraient désormais réservés aux médecins inscrits à l’Ordre depuis au moins cinq ans et à l’exclusion des PH en disponibilité. De plus, les praticiens contractuels devront désormais être engagés pour une période d’au moins six mois et les hôpitaux ne pourront contracter qu’avec des médecins hautement spécialisés afin d’éviter une perturbation grave de la continuité de l’offre de soins sur le territoire.
Ce projet de décret rejoint les conclusions d’un récent rapport de la Cour des Comptes, publié mercredi dernier, sur les conséquences délétères de l’intérim médical. Ce rapport couvre certes la période 2017-2022, soit avant le plafonnement de la rémunération des intérimaires et l’explosion des contrats de type 2, mais constate amèrement que l’intérim pèse lourdement sur les finances des hôpitaux : en 2022, cette pratique a engendré 147 millions d’euros de dépenses et même 559 millions d’euros si l’on ajoute le coût de l’intérim déguisé que constitue le recours à des contractuels.
Les syndicats demandent de renforcer l’attractivité des carrières hospitalières
Constatant l’échec des différentes mesures mises en place ces dernières années par le gouvernement pour diminuer le coût de l’intérim, la Cour préconise de « définir de manière plus restrictive les règles de recours à certains contrats temporaires comme les contrats de motif 2 ». Elle recommande également que les groupes hospitaliers de territoire (GHT) soient chargés de mutualiser les ressources médicales au niveau d’un territoire, afin d’éviter qu’un établissement de santé soit obligé de recourir à des intérimaires alors que l’établissement voisin pourrait l’épauler.
Si la plupart des syndicats de médecins hospitaliers partagent le constat que l’intérim médical plombe les finances des hôpitaux, ils reprochent aux autorités de ne pas s’attaquer à ce qui constitue selon eux le cœur du problème : le manque de personnel à l’hôpital lié à la faible attractivité des carrières hospitalières.
En réaction au rapport de la Cour des Comptes, le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) estime ainsi que « rien dans ce rapport n’est surprenant ». « Le SNPHARE n’a cessé de déplorer l’ineptie des contrats de type 2 et le dogmatisme de la loi Rist mais surtout, le SNPHARE n’a cessé d’expliquer que le sujet, ce n’était pas l’intérim, mais l’attractivité des carrières hospitalières médicales » ajoute le syndicat, qui liste une série de propositions, déjà répétées maintes et maintes fois, pour retrouver cette attractivité : rendre les quatre années d’ancienneté après la réforme du statut des PH en 2020, revaloriser la rémunération de la permanence des soins et des heures supplémentaires et mettre enfin un juste décompte du temps de travail.
SI vous voulez voir les grilles indiciaires des PH, c'est par ici.
Dr Roseline Peluchon | 04 Juin 2024
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Le tatouage est longtemps resté une pratique limitée à certains groupes, comme les marins, la légion étrangère ou les bikers. Ce n’est plus du tout le cas actuellement : dans certains pays européens, 20 % de la population serait tatouée, et ce serait 30 % aux Etats-Unis. Le premier tatouage est souvent réalisé chez des personnes jeunes, ce qui implique une exposition à certains constituants chimiques de l’encre durant la presque totalité de la vie.
Car les encres utilisées pour les tatouages ne sont peut-être pas inoffensives. Elles sont des cocktails de pigments organiques et non organiques, associés à des précurseurs et sous-produits issus de la synthèse de ces pigments, et à des additifs. Les encres colorées peuvent contenir des amines aromatiques primaires (AAP), les encres noires des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), et des métaux comme l’arsenic, le cobalt, le plomb et le nickel sont présents dans les encres quelle que soit leur couleur. Or, plusieurs produits chimiques contenus dans les encres de tatouage sont classés comme cancérigènes par l’agence internationale de recherche sur le cancer.
Des ganglions lymphatiques pigmentés chez les personnes tatouées
Pendant le tatouage, l’encre est injectée dans le derme par les perforations répétées de la peau. Une partie de l’encre migre vers les ganglions lymphatiques locaux, à partir desquels est initiée une réponse immunitaire systémique. Il est estimé qu’après 6 semaines, 32 % du pigment injecté a ainsi migré. Des ganglions lymphatiques augmentés de volume et pigmentés ont été décrits chez des personnes tatouées depuis plusieurs dizaines d’années, avec des pigments colorés ou noirs, ainsi que des dépôts de particules métalliques.
Interpelée par l’augmentation de l’incidence des lymphomes en parallèle avec la mode des tatouages, une équipe suédoise a cherché à déterminer s’il existait un lien de cause à effet entre ces deux éléments. Une étude de type cas-témoin a été menée sur tous les sujets âgés de 20 à 60 ans chez lesquels avait été diagnostiqué un lymphome malin en Suède entre 2007 et 2017, soit près de 12 000 personnes. Un questionnaire leur était adressé pour vérifier si elles étaient tatouées ou non, questionnaire auquel 54 % des personnes atteintes de lymphome ont répondu (n = 1 398) et 47 % des témoins (n = 4 193).
Un risque 21 % plus élevé
Les données montrent que la prévalence du tatouage est de 21 % parmi les personnes atteintes de lymphome, et de 18 % parmi les sujets témoins (risque ajusté 1,21 ; 95 % CI 0,99 à 1,48). Le risque est supérieur chez les personnes dont le tatouage date de moins de 2 ans au moment du diagnostic de lymphome (RRa 1,81 ; 1,03 à 3,20), puis diminue et semble à nouveau augmenter quand le tatouage date de plus de 11 ans (RRa 1,19 ; 0,94 à 1,50).
Il n’est pas mis en évidence de lien entre le risque de lymphome et la surface corporelle totale recouverte. Il n’est pas non plus mis en évidence de différence de risque selon que le tatouage est noir ou en couleur. Le traitement au laser, utilisé pour faire disparaître les tatouages semble associé à une augmentation importante du risque, mais le nombre de personnes concernées est insuffisant pour en tirer des conclusions.
Enfin, deux types de lymphomes semblent plus concernés : les lymphomes diffus à grandes cellules B (RRa 1,30 ; 0,99 à 1,71) et les lymphomes folliculaires (RRa 1,29 ; 0,92 à 1,82).
Rappelons toutefois qu’un lien de causalité ne peut être affirmé à partir d’une étude épidémiologique. D’autres travaux seront donc nécessaires et, selon les auteurs, l’accroissement de la popularité de la pratique du tatouage implique une certaine urgence.
Référence :
Nielsen C, Jerkeman M, Saxne Jöud A. Tattoos as a risk factor for malignant lymphoma: a population-based case-control study. eClinicalMedicine 2024;72: 102649. https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2024.102649.
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Encadrement des contrats de type 2 pour limiter l’intérim : soigner les symptômes mais pas le mal
Quentin Haroche | 04 Juin 2024
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Paris – Les contrats de type 2, qui permettent de contourner le plafonnement de la rémunération des intérimaires, sont dans le viseur du gouvernement.
C’est une longue guerre d’attrition que le gouvernement mène depuis près de sept ans contre l’intérim médical, accusé à la fois de plomber les comptes déjà obérés des hôpitaux publics et de désunir les équipes médicales. Il y a d’abord eu le décret Buzyn du 24 novembre 2017 qui a plafonné le montant de la rémunération des médecins intérimaires, puis la loi Rist du 26 avril 2021 qui a imposé que l’application de ce montant soit contrôlée par le comptable public, suivie du décret Braun du 3 avril 2023 qui a enfin véritablement appliqué ce plafond, imposant que les médecins intérimaires ne soient pas payés plus que 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures.
Mais rien n’y fait : la pratique de l’intérim continue dans les hôpitaux, qui sont bien obligés de mettre au placard ces considérations morales et budgétaires et d’engager des médecins « mercenaires » comme ils sont parfois surnommés pour faire tourner leurs services. Depuis un an et le décret émis par le Dr François Braun, ancien ministre de la Santé, une pratique s’est développée pour permettre de contourner le nouveau plafond de rémunération : la signature de contrats dits de type 2.
L’intérim médical coute 147 millions d’euros par an aux hôpitaux
Créés en 2022, ces contrats permettent à des hôpitaux de recruter des médecins pour de courtes durées (trois ans maximum). Si en principe les médecins en « motif 2 » doivent se voir attribuer des objectifs particuliers, leurs missions sont en pratique exactement les mêmes que celles de leurs confrères. Mais à des niveaux de rémunération bien supérieurs, puisqu’un médecin en contrat de type 2 peut toucher jusqu’à 119 130 euros brut par an (rémunération à laquelle il faut ajouter une part variable) soit plus que les 112 416 euros que touche un praticien hospitalier au treizième et dernier échelon. « On a pu constater que dans certaines régions il y a eu une hausse du recours à ces contrats » reconnait Marie Daudé, directrice générale de l’offre de soins.
Ces contrats sont donc désormais dans le collimateur des autorités. Un décret, qui a été présenté le 13 mai dernier au conseil supérieur des professionnels médicaux, est en préparation. Il prévoit de restreindre drastiquement les conditions de conclusion des contrats de type 2 : ils seraient désormais réservés aux médecins inscrits à l’Ordre depuis au moins cinq ans et à l’exclusion des PH en disponibilité. De plus, les praticiens contractuels devront désormais être engagés pour une période d’au moins six mois et les hôpitaux ne pourront contracter qu’avec des médecins hautement spécialisés afin d’éviter une perturbation grave de la continuité de l’offre de soins sur le territoire.
Ce projet de décret rejoint les conclusions d’un récent rapport de la Cour des Comptes, publié mercredi dernier, sur les conséquences délétères de l’intérim médical. Ce rapport couvre certes la période 2017-2022, soit avant le plafonnement de la rémunération des intérimaires et l’explosion des contrats de type 2, mais constate amèrement que l’intérim pèse lourdement sur les finances des hôpitaux : en 2022, cette pratique a engendré 147 millions d’euros de dépenses et même 559 millions d’euros si l’on ajoute le coût de l’intérim déguisé que constitue le recours à des contractuels.
Les syndicats demandent de renforcer l’attractivité des carrières hospitalières
Constatant l’échec des différentes mesures mises en place ces dernières années par le gouvernement pour diminuer le coût de l’intérim, la Cour préconise de « définir de manière plus restrictive les règles de recours à certains contrats temporaires comme les contrats de motif 2 ». Elle recommande également que les groupes hospitaliers de territoire (GHT) soient chargés de mutualiser les ressources médicales au niveau d’un territoire, afin d’éviter qu’un établissement de santé soit obligé de recourir à des intérimaires alors que l’établissement voisin pourrait l’épauler.
Si la plupart des syndicats de médecins hospitaliers partagent le constat que l’intérim médical plombe les finances des hôpitaux, ils reprochent aux autorités de ne pas s’attaquer à ce qui constitue selon eux le cœur du problème : le manque de personnel à l’hôpital lié à la faible attractivité des carrières hospitalières.
En réaction au rapport de la Cour des Comptes, le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) estime ainsi que « rien dans ce rapport n’est surprenant ». « Le SNPHARE n’a cessé de déplorer l’ineptie des contrats de type 2 et le dogmatisme de la loi Rist mais surtout, le SNPHARE n’a cessé d’expliquer que le sujet, ce n’était pas l’intérim, mais l’attractivité des carrières hospitalières médicales » ajoute le syndicat, qui liste une série de propositions, déjà répétées maintes et maintes fois, pour retrouver cette attractivité : rendre les quatre années d’ancienneté après la réforme du statut des PH en 2020, revaloriser la rémunération de la permanence des soins et des heures supplémentaires et mettre enfin un juste décompte du temps de travail.
SI vous voulez voir les grilles indiciaires des PH, c'est par ici.
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Re: Articles sur la santé
Un médecin parmi les héros
Quentin Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Il y a 80 ans, le commando Kieffer, composé de 177 soldats français, débarquait en Normandie pour libérer le pays. Parmi eux, un futur professeur d’anesthésie, Guy Vourc’h.
Le 6 juin dernier, la Nation tout entière rendait hommage aux milliers de soldats qui ont débarqué en Normandie il y a 80 ans pour libérer l’Europe du joug allemand et qui se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté. Si bien sûr, ces commémorations étaient l’occasion de remercier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, qui ont contribué à la libération de notre pays, elles étaient également l’occasion de célébrer, les 177 jeunes hommes français qui sont allés au bout de leur engagement pour leur pays en participant au débarquement dans les rangs des troupes britanniques. Parmi ces hommes du commando Kieffer, on trouvait le futur Pr Guy Vourc’h, anesthésiste et membre de l’Académie de médecine.
Pas encore en Angleterre !
Né en 1919 dans la petite ville bretonne de Plomodiern, fils du Dr Antoine Vourch’, ancien combattant de 14-18 et futur député et sénateur, Guy Vourch’ débute ses études de médecine en 1936 pour pouvoir épauler son père. Mais comme tous les jeunes hommes de son âge, la guerre va venir bousculer ce parcours qui semblait tout tracé. En septembre 1939, il est mobilisé comme infirmier mais insiste pour être engagé dans une unité combattante. Après la terrible débâcle du printemps 1940, il regagne la maison familiale. Quand son père le voit passer le pas de la porte, il s’exclame « comment, tu n’es pas encore en Angleterre ? ».
« Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat »
L’Angleterre, depuis laquelle le Général de Gaulle a lancé son appel aux Français à continuer le combat, le jeune Guy Vourc’h la rejoindra quelques mois plus tard. Le 20 octobre 1940, il embarque à Douarnenez sur un modeste bateau qu’il a acheté, avec son frère Jean et quelques amis. La traversée est prévue pour ne durer que 24 heures, elle durera 11 jours (malgré ses origines bretonnes, Guy Vourc’h était, de son propre aveu, un piètre marin) et ce sont des hommes alités et « agonisants » qui sont recueillis par un cargo britannique le 31 octobre 1940.
Après avoir été versé dans un service de propagande radio, Guy Vourc’h obtient d’être enrôlé dans les commandos britanniques. Il intègre ainsi comme lieutenant le 1er bataillon de fusiliers marins commandos, plus connus sous le nom de commando Kieffer du nom de son commandant Philippe Kieffer, avec lequel le jeune Guy Vourc’h noue une amitié qui ne s’éteindra qu’en 1962 avec la mort de celui qu’on surnommait « le Pacha ».
Puis vient le jour fatidique. Le 6 juin 1944, sur la plage de Sword près de Ouistreham, Guy Vourc’h et ses hommes foulent la terre de France quatre ans après leur départ, sous le feu des mitrailleuses allemandes. Le jeune breton est blessé lors de cette journée. « Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat, cela aussi c’était la guerre » commentait-t-il. Il est rapatrié en Angleterre et ronge son frein. « Je me sens honteux d’un tel confort quand mes camarades luttent et peinent en France » écrit-il. Il retrouve finalement ses camarades de combat le 4 août, participe à la fin de la bataille de Normandie puis à un fait d’armes oublié, pourtant considéré comme l’heure de gloire du commando Kieffer : la prise de l’île de Walcheren, au large des Pays-Bas.
Un phare breton, père de l’anesthésie française
En rejoignant la Résistance, Guy Vourc’h n’a fait que participer à un élan familial. Ainsi, durant la guerre, son père, sa mère et ses cinq sœurs dirigent un réseau de résistance intérieure, tandis que ses trois frères rejoindront les Forces Françaises Libres (FFL). Un drame endeuillera la famille : Jean, le jeune frère de Guy, est tué au combat en 1944 pendant la libération de Paris. Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume.
La guerre enfin terminé, Guy Vourc’h peut de nouveau se consacrer à ses études de médecine, qu’il a dû interrompre pendant six longues années. Le Dr Vourc’h souhaite devenir anesthésiste, alors que l’anesthésie n’est pas encore reconnue en France comme une discipline médicale à part entière (elle ne le sera qu’en 1966). C’est le moment de la deuxième traversée de la Manche (plus tranquille cette fois) pour le jeune médecin, qui part étudier au prestigieux Royal College of Surgeons de Londres.
Rentré en France, où il va exercer pendant plus de 30 ans à l’hôpital Foch de Suresnes, notre héros va alors donner ses lettres de noblesse à l’anesthésie française. Il devient ainsi le premier agrégé d’anesthésie en 1958 puis le premier anesthésiste titulaire de la chaire d’anesthésie (jusque-là réservée aux chirurgiens) en 1966. Travailleur infatigable, président de la société d’anesthésie nationale, il obtient une notoriété internationale grâce à plus de 200 publications scientifiques et à son appartenance à de nombreuses sociétés savantes. Le suprême honneur survient en 1984, lorsqu’il est admis à l’Académie de médecine.
Lisant couramment le grec et le latin, amoureux de littérature anglaise, de Chateaubriand et de Mozart, le Pr Guy Vourc’h, archétype du médecin humaniste, s’est éteint en 1988 à l’âge de 69 ans après une longue bataille contre le cancer. Quatre-vingts ans après le débarquement, alors que les vétérans disparaissent, Jean-Guy, fils du Pr Vourc’h, continue d’entretenir le souvenir de ce père qui n’aimait pas parler de ses années de guerre. « Avec le temps qui passe, on réalise l’énormité de ce qu’ils ont fait et les risques qu’ils ont pris. Ils ont fait le plus difficile, gagner la guerre. A nous maintenant le plus long, essayer de maintenir la paix ».
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Si tu ne vas pas à l’IA, l’IA viendra à toi
Frédéric Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Avec l’intelligence artificielle (IA), la santé était l’autre thème majeur du 8e salon Vivatech qui s’est tenu fin mai à Paris.
La Software République* a dévoilé son concept innovant « U1st Vision », un véhicule utilitaire futuriste de Renault intégrant le module de services de santé « Health Pop-up ». Ce dernier embarque 21 outils médicaux et un avatar alimenté par l'intelligence artificielle. Le « Health Pop-up » vise à remédier aux difficultés rencontrées dans les « déserts médicaux » en offrant aux citoyens, où qu'ils se trouvent, un service mobile intégré pour la prévention, les diagnostics et le suivi des maladies. Ce module permet également des téléconsultations avec des professionnels de la santé.
Grâce à une plateforme numérique intelligente (sic), les autorités locales peuvent programmer l'arrivée de ce cabinet médical ambulant en quelques clics. « Une fois sur place, les citoyens pourront bénéficier d'un accès facilité à de nombreux services de santé préventifs et de suivi, même dans les déserts médicaux », explique la Software République.
À l’intérieur du « Health Pop-up », on trouve un lit, un bureau avec écran et divers équipements de santé : thermomètre, tensiomètre, électrocardiographe et divers appareils d’analyse. Ces dispositifs sont majoritairement fournis par l’entreprise française Withings, incluant la balance BodyScan, l'outil multi-analyse BeamO et le tensiomètre. L'objectif est de permettre à un médecin en téléconsultation de réaliser un diagnostic et de suivre des patients qui ne peuvent plus se déplacer et n’ont plus de cabinet à proximité.
C’était bien la peine de desserrer l’étau du numérus clausus !
Quentin Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Il y a 80 ans, le commando Kieffer, composé de 177 soldats français, débarquait en Normandie pour libérer le pays. Parmi eux, un futur professeur d’anesthésie, Guy Vourc’h.
Le 6 juin dernier, la Nation tout entière rendait hommage aux milliers de soldats qui ont débarqué en Normandie il y a 80 ans pour libérer l’Europe du joug allemand et qui se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté. Si bien sûr, ces commémorations étaient l’occasion de remercier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, qui ont contribué à la libération de notre pays, elles étaient également l’occasion de célébrer, les 177 jeunes hommes français qui sont allés au bout de leur engagement pour leur pays en participant au débarquement dans les rangs des troupes britanniques. Parmi ces hommes du commando Kieffer, on trouvait le futur Pr Guy Vourc’h, anesthésiste et membre de l’Académie de médecine.
Pas encore en Angleterre !
Né en 1919 dans la petite ville bretonne de Plomodiern, fils du Dr Antoine Vourch’, ancien combattant de 14-18 et futur député et sénateur, Guy Vourch’ débute ses études de médecine en 1936 pour pouvoir épauler son père. Mais comme tous les jeunes hommes de son âge, la guerre va venir bousculer ce parcours qui semblait tout tracé. En septembre 1939, il est mobilisé comme infirmier mais insiste pour être engagé dans une unité combattante. Après la terrible débâcle du printemps 1940, il regagne la maison familiale. Quand son père le voit passer le pas de la porte, il s’exclame « comment, tu n’es pas encore en Angleterre ? ».
« Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat »
L’Angleterre, depuis laquelle le Général de Gaulle a lancé son appel aux Français à continuer le combat, le jeune Guy Vourc’h la rejoindra quelques mois plus tard. Le 20 octobre 1940, il embarque à Douarnenez sur un modeste bateau qu’il a acheté, avec son frère Jean et quelques amis. La traversée est prévue pour ne durer que 24 heures, elle durera 11 jours (malgré ses origines bretonnes, Guy Vourc’h était, de son propre aveu, un piètre marin) et ce sont des hommes alités et « agonisants » qui sont recueillis par un cargo britannique le 31 octobre 1940.
Après avoir été versé dans un service de propagande radio, Guy Vourc’h obtient d’être enrôlé dans les commandos britanniques. Il intègre ainsi comme lieutenant le 1er bataillon de fusiliers marins commandos, plus connus sous le nom de commando Kieffer du nom de son commandant Philippe Kieffer, avec lequel le jeune Guy Vourc’h noue une amitié qui ne s’éteindra qu’en 1962 avec la mort de celui qu’on surnommait « le Pacha ».
Puis vient le jour fatidique. Le 6 juin 1944, sur la plage de Sword près de Ouistreham, Guy Vourc’h et ses hommes foulent la terre de France quatre ans après leur départ, sous le feu des mitrailleuses allemandes. Le jeune breton est blessé lors de cette journée. « Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat, cela aussi c’était la guerre » commentait-t-il. Il est rapatrié en Angleterre et ronge son frein. « Je me sens honteux d’un tel confort quand mes camarades luttent et peinent en France » écrit-il. Il retrouve finalement ses camarades de combat le 4 août, participe à la fin de la bataille de Normandie puis à un fait d’armes oublié, pourtant considéré comme l’heure de gloire du commando Kieffer : la prise de l’île de Walcheren, au large des Pays-Bas.
Un phare breton, père de l’anesthésie française
En rejoignant la Résistance, Guy Vourc’h n’a fait que participer à un élan familial. Ainsi, durant la guerre, son père, sa mère et ses cinq sœurs dirigent un réseau de résistance intérieure, tandis que ses trois frères rejoindront les Forces Françaises Libres (FFL). Un drame endeuillera la famille : Jean, le jeune frère de Guy, est tué au combat en 1944 pendant la libération de Paris. Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume.
La guerre enfin terminé, Guy Vourc’h peut de nouveau se consacrer à ses études de médecine, qu’il a dû interrompre pendant six longues années. Le Dr Vourc’h souhaite devenir anesthésiste, alors que l’anesthésie n’est pas encore reconnue en France comme une discipline médicale à part entière (elle ne le sera qu’en 1966). C’est le moment de la deuxième traversée de la Manche (plus tranquille cette fois) pour le jeune médecin, qui part étudier au prestigieux Royal College of Surgeons de Londres.
Rentré en France, où il va exercer pendant plus de 30 ans à l’hôpital Foch de Suresnes, notre héros va alors donner ses lettres de noblesse à l’anesthésie française. Il devient ainsi le premier agrégé d’anesthésie en 1958 puis le premier anesthésiste titulaire de la chaire d’anesthésie (jusque-là réservée aux chirurgiens) en 1966. Travailleur infatigable, président de la société d’anesthésie nationale, il obtient une notoriété internationale grâce à plus de 200 publications scientifiques et à son appartenance à de nombreuses sociétés savantes. Le suprême honneur survient en 1984, lorsqu’il est admis à l’Académie de médecine.
Lisant couramment le grec et le latin, amoureux de littérature anglaise, de Chateaubriand et de Mozart, le Pr Guy Vourc’h, archétype du médecin humaniste, s’est éteint en 1988 à l’âge de 69 ans après une longue bataille contre le cancer. Quatre-vingts ans après le débarquement, alors que les vétérans disparaissent, Jean-Guy, fils du Pr Vourc’h, continue d’entretenir le souvenir de ce père qui n’aimait pas parler de ses années de guerre. « Avec le temps qui passe, on réalise l’énormité de ce qu’ils ont fait et les risques qu’ils ont pris. Ils ont fait le plus difficile, gagner la guerre. A nous maintenant le plus long, essayer de maintenir la paix ».
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Si tu ne vas pas à l’IA, l’IA viendra à toi
Frédéric Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Avec l’intelligence artificielle (IA), la santé était l’autre thème majeur du 8e salon Vivatech qui s’est tenu fin mai à Paris.
La Software République* a dévoilé son concept innovant « U1st Vision », un véhicule utilitaire futuriste de Renault intégrant le module de services de santé « Health Pop-up ». Ce dernier embarque 21 outils médicaux et un avatar alimenté par l'intelligence artificielle. Le « Health Pop-up » vise à remédier aux difficultés rencontrées dans les « déserts médicaux » en offrant aux citoyens, où qu'ils se trouvent, un service mobile intégré pour la prévention, les diagnostics et le suivi des maladies. Ce module permet également des téléconsultations avec des professionnels de la santé.
Grâce à une plateforme numérique intelligente (sic), les autorités locales peuvent programmer l'arrivée de ce cabinet médical ambulant en quelques clics. « Une fois sur place, les citoyens pourront bénéficier d'un accès facilité à de nombreux services de santé préventifs et de suivi, même dans les déserts médicaux », explique la Software République.
À l’intérieur du « Health Pop-up », on trouve un lit, un bureau avec écran et divers équipements de santé : thermomètre, tensiomètre, électrocardiographe et divers appareils d’analyse. Ces dispositifs sont majoritairement fournis par l’entreprise française Withings, incluant la balance BodyScan, l'outil multi-analyse BeamO et le tensiomètre. L'objectif est de permettre à un médecin en téléconsultation de réaliser un diagnostic et de suivre des patients qui ne peuvent plus se déplacer et n’ont plus de cabinet à proximité.
C’était bien la peine de desserrer l’étau du numérus clausus !
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
La thérapie de choc du Nouveau Front Populaire pour la santé
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
Régulation à l’installation, investissements pour l’hôpital, pôle public du médicament…Le Nouveau Front Populaire, alliance des partis de gauche, a dégainé son programme pour la santé.
Sans doute, en annonçant une dissolution surprise le 9 juin dernier au soir des élections européennes, le Président de la République Emmanuel Macron espérait prendre de court les partis de gauche divisés lors des élections européennes. Mais ces gauches que l’on a longtemps dit irréconciliables (et peut être le sont-elles en réalité encore) ont finalement réussi à parvenir à un accord en un temps record.
Cette alliance allant du Parti socialiste (PS) à La France Insoumise (LFI), dénommée Nouveau Front Populaire (NFP), est ainsi parvenu à élaborer un programme complet en quatre jours seulement, programme présenté à la presse jeudi dernier. Au milieu des questions économiques ou internationales, la santé n’est pas ignorée par l’alliance des gauches, qui espère remporter les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain*.
La mise en place d’une « conférence de sauvetage de l’hôpital public » est une des toutes premières mesures qu’un éventuel gouvernement de gauche promet de prendre dans les 15 jours de son arrivée au pouvoir. Cette conférence sera chargée « d’éviter la saturation pendant l’été et de proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end » (rappelons qu’une telle revalorisation a déjà été mise en place depuis le 1er janvier dernier).
La gauche souhaite mettre fin à la liberté d’installation des médecins
Dans les 100 premiers jours de son arrivée au pouvoir, la gauche promet également le vote d’une « grande loi santé ». Une loi qui mettrait notamment en place la régulation de l’installation des médecins afin de lutter contre la désertification médicale. On le sait, la question de l’encadrement de la liberté d’installation des médecins est un débat de très longue date et toute idée de limitation de cette liberté est vivement critiquée par l’ensemble des syndicats de médecins. Il y a un an presque jour pour jour, le 14 juin 2023, les députés Rassemblement National et Renaissance s’étaient coalisés à l’Assemblée Nationale pour rejeter une proposition de la gauche de limiter la liberté d’installation des médecins.
Cette grande loi santé prévoirait également de « rétablir la permanence des soins des soignants libéraux dans les centres de santé », de « conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro » et de « créer un pôle public du médicament avec un renforcement des obligations de stocks » afin de lutter contre les pénuries de médicament. Sur le temps long, le NFP promet également de « lancer le rattrapage des postes manquants à l’hôpital public » en engageant un « plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et de revalorisation des métiers et des salaires ».
L’alliance des partis de gauche n’oublie pas non plus les questions sociétales en lien avec la santé. Parmi ses propositions, on trouve pêlemêle la création d’un congé menstruel, et, nettement plus polémique, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux personnes transgenres et l’augmentation des moyens alloués aux traitements de réassignation sexuelle. Pas un mot en revanche dans ce programme sur une éventuelle légalisation de l’aide à mourir, alors même que la majeure partie de la gauche soutenait le projet de loi du gouvernement visant à légaliser le suicide assisté (qui a été abandonné du fait de la dissolution).
Quatre ministres de la Santé sur la ligne de départ
Ce programme pour la santé aura au moins convaincu un Français, Aurélien Rousseau. L’ancien ministre de la Santé d’Emmanuel Macron (de juillet à décembre 2023), qui avait démissionné à la suite de l’adoption de la loi immigration, sera en effet candidat PS (et donc NFP) dans la 3ème circonscription des Yvelines.
L’ancien militant communiste revient donc à ses amours de jeunesse, mais les commentateurs politiques n’ont pas manqué de souligner que lorsqu’il était directeur de cabinet de l’ancienne Première Ministre Elisabeth Borne, Aurélien Rousseau avait participé à l’élaboration de la réforme des retraites…que le NFP se propose désormais d’abroger. « Ça montre toute sa cohérence » a ironisé Emmanuel Macron en apprenant la candidature de son ancien ministre.
Ce seront en tout quatre ministres de la Santé actuel et anciens, sur les six qu’a connus Emmanuel Macron, qui seront candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochain. L’actuel ministre Frédéric Valletoux sera ainsi candidat Horizons (qui fait partie de la coalition présidentielle) dans la 2ème circonscription de Seine-et-Marne, dans laquelle il a été élu en 2022. L’éphémère ministre Brigitte Bourguignon, qui avait dû quitter son poste après seulement six semaines en 2022 à la suite de sa défaite aux précédentes élections législatives, retente sa chance sous les couleurs de Renaissance dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, qu’elle a représentée de 2012 à 2020.
Surprise : le Dr Olivier Véran, qui fut ministre de la Santé de 2020 à 2022 durant la pandémie de Covid-19, sera également candidat sans étiquette (mais soutenu par le camp présidentiel) dans la 1ère circonscription de l’Isère, dont il est député sortant. En mars dernier, le neurologue avait pourtant créé la surprise (et la consternation) en annonçant qu’il arrêtait la politique pour se reconvertir dans la médecine esthétique, afin d’exercer dans une clinique huppée des Champs-Elysées.
A ce titre, le Dr Véran, qui n’est décidément pas un revirement près, a expliqué en marge de l’annonce de sa candidature qu’il n’exercera finalement pas la médecine esthétique et qu’il prendra un poste de consultant bénévole (en neurologie !) au CHU de Grenoble.
Il ne manquait plus que le Pr Agnès Buzyn et le Dr François Braun comme candidats pour que les ministres de la Santé d’Emmanuel Macron soient au complet.
Peut-être que le docteur Véran n'a pas réussi ses examens pour basculer de la neurologie vers la médecine esthétique... ? ça laisse augurer de la qualité de ses convictions et de sa constance dans l'exercice sollicité de la députation. Qui a dit qu'au 1er tour c'était pour les convictions et le second tour pour la gamelle ?
“En politique une absurdité n'est pas un obstacle.”
Napoléon Bonaparte
_______________________________
De l’importance de bien reconnaître les champignons…hallucinogènes
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
De plus en plus d’Américains consomment des champignons hallucinogènes, au risque de confondre certaines substances potentiellement thérapeutiques avec d’autres bien plus néfastes.
Après avoir longtemps été mises au placard, les recherches sur l’utilisation de substance hallucinogènes en psychiatrie ont connu un regain d’intérêt ces dix dernières années, à tel point que l’on a pu parler de « renaissance psychédélique ». Les recherches récentes se sont notamment concentrées sur la psilocybine, une substance hallucinogène contenue dans de nombreux champignons et qui pourrait notamment contribuer à soigner les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), l’anxiété et la dépression.
Depuis 2018, la thérapie assistée par psilocybine est considérée par la Food and Drug Administration (FDA) américaine comme une « thérapie innovante » dans le traitement de la dépression et deux Etats américains (le Colorado et l’Oregon) ont autorisé ce traitement.
Cet intérêt pour la psilocybine ne se limite pas au monde de la recherche médicale : selon un sondage, 12 % des Américains ont consommé des champignons contenant de la psilocybine en 2022, ce qui en fait la drogue hallucinogène la plus consommée dans le pays.
Mais dans cet enthousiasme pour les substances hallucinogènes potentiellement thérapeutiques, les Américains doivent bien veiller à ne pas confondre les champignons entre eux, mettent en garde des chercheurs de l’université de San Diego dans un article publié lundi dernier dans l’American Journal of Preventive Medicine (AJPM).
Un champignon peut en cacher un autre
Les auteurs s’inquiètent notamment de l’engouement des Américains pour Amanita muscaria, plus connu sous le nom d’amanite tue-mouches, très présent en Amérique du Nord et en Europe. Ils notent ainsi que les recherches Google pour l’amanite tue-mouche ont augmenté de 114 % entre 2022 et 2023 et prennent pour exemple une publicité pour des bonbons à l’amanite tue-mouche publiée sur Twitter le 9 juin 2023 qui a été vue par plus de 5,5 millions d’utilisateurs de la plate-forme en neuf mois.
Sur Internet, il est désormais très facile de se procurer des produits contenant (prétendument ou non) de l’amanite tue-mouches. Jouant sur la bonne image dont les champignons hallucinogènes contenant de la psilocybine jouissent auprès d’un certain public, les vendeurs de ces produits prétendent qu’ils permettent de diminuer l’anxiété et agissent sur la dépression.
Or, les chercheurs de l’université de San Diego rappellent que l’amanite tue-mouche, s’il est bien un champignon hallucinogène, ne contient pas de psilocybine. Son principe actif hallucinogène est le muscimole, une substance bien différente de la psilocybine. « La psilocybine est un antidépresseur qui active un cheminement neuronal déclenchant bonheur et optimisme, tandis que le muscimole est un dépresseur, similaire à l’alcool ou aux benzodiazépines » explique le Pr Eric Leas, principal auteur de l’étude. « Le muscimole a peut-être des vertus pharmacologiques mais il n’a pas les mêmes effets que la psilocybine ».
L’amanite tue-mouche, produit dangereux et pourtant en vente libre
Non seulement le muscimole n’a pas les mêmes effets anxiolytiques et antidépresseurs potentiels que la psilocybine, mais il est également bien plus dangereux. Des études ont prouvé que cette substance était potentiellement plus toxique que le fentanyl ou la cocaïne. La consommation d’amanite tue-mouche peut ainsi provoquer des vertiges, attaques de paniques, nausées, crises comitiales, coma et dans de rares cas conduire à la mort. L’an dernier, un homme de 44 ans est mort aux Etats-Unis après avoir consommé une grande quantité d’amanite tue-mouche.
Paradoxalement, malgré cette différence de dangerosité et de potentiel thérapeutique, la psilocybine est classée dans la plupart des pays du monde, dont les Etats-Unis, comme un stupéfiant dont le commerce et la consommation est illicite, alors que l’amanite tue-mouche ne fait l’objet d’aucune régulation (aux Etats-Unis, seule la Louisiane interdit sa commercialisation).
Dans la plupart des cas, les produits contenant de l’amanite tue-mouche sont vendus aux Etats-Unis comme produits alimentaires, ce qui leur permet de contourner la réglementation stricte qui s’applique aux produits pharmaceutiques.
Selon les auteurs, au vu de l’engouement de plus en plus important pour les champignons hallucinogènes aux Etats-Unis et dans le reste du monde, il est urgent que des réglementations plus strictes soient prises pour assurer la sécurité et le libre choix des consommateurs. Ils recommandent donc que les produits à base d’amanite tue-mouche soient classés comme stupéfiants, ou à tout le moins que des « précautions de bon sens » soient prises, comme l’interdiction de la vente aux mineurs, la définition d’une dose standard, la création d’emballage ne pouvant être ouvert par des enfants ou l’encadrement de la publicité, soit une réglementation qui s’applique déjà pour le cannabis récréatif.
« Les sociétés qui vendent ces produits jouent avec les limites de nos réglementations » concluent les auteurs de l’article. « Ils s’en sortent et gagnent de l’argent jusqu’à ce qu’on leur dise d’arrêter. C’est un marché où les consommateurs sont en danger et ne sont pas assez informés. Le temps pour une action vigoureuse de santé publique est venu ».
En France, la psylocybine est interdite à la commercialisation contrairement au muscimole (qui n’est pas sur la liste des stupéfiants) et à l’amanite tue mouche qui restent cependant vivement déconseillés comme on vient de le voir.
_________________________
Dissolution : les syndicats infirmiers inquiets pour l’avenir
Raphaël Lichten | 17 Juin 2024
jim.fr
Paris, le lundi 17 juin 2024 – Une « douche froide » : c’est ainsi que les syndicats et de très nombreux infirmiers et infirmières ont accueilli la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. En cause : l'avenir plus qu'incertain de très nombreux textes réclamés de longue date par la profession, et dont certains étaient en passe d'être publiés.
« La dissolution de l’Assemblée nationale est un choc, car nous avions une actualité politique importante, avec des décrets et des arrêtés qui étaient prêts et devaient être prochainement publiés », a déclaré Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l'Ordre national des infirmiers (ONI) à nos confrères d’Infirmiers.com.
Les décrets d’application de la loi Rist en question
On pense évidemment aux décrets d’application de la loi Rist, votée en 2023, relatifs à la primoprescription et à l’accès direct pour les infirmiers en pratique avancée (IPA). Les décrets portant sur la prise en charge des plaies et de la cicatrisation et celui encadrant le statut d’infirmier référent étaient également fortement attendus par les infirmiers et les infirmières.
En l’état, la dissolution n’empêche pas véritablement le gouvernement de publier ces textes, mais elle perturbe forcément le fonctionnement de l’exécutif… « Nous avons pris contact avec le cabinet [du ministère de la Santé] pour que ces trois textes soient publiés avant le 30 juin », soit avant le 1er tour des élections législatives, explique la présidente de l’Ordre. « Ce sont des mesures qui ont un impact direct en termes de santé publique », soutient-elle.
Même son de cloche du côté des syndicats. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) et l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) s’inquiètent toutes les deux d’un éventuel report de la publication de ces textes, et appellent donc le gouvernement à les faire paraître au Journal officiel dans les plus brefs délais — de préférence avant les élections, évidemment.
Quel avenir pour le CNR de la santé mentale et la loi de refonte du métier d’infirmier ?
Deuxième grande inquiétude : la réingénierie du métier d’infirmier. Combat de longue date de nombreux infirmiers et infirmières et de leurs syndicats, un projet de loi devait finalement être présenté à l’Assemblée nationale cette semaine, après une longue concertation avec les principaux intéressés.
Le texte était censé prévoir une montée en compétence plus facile, le tout en partenariat étroit avec les médecins. La définition de missions plus adaptées aux pratiques actuelles devait aussi être incluse dans le projet de loi. « Nous allons adresser une lettre ouverte aux partis politiques pour leur rappeler la nécessité de rénover la profession infirmière et insister sur le fait qu’elle est en attente de ces changements, que c’est fondamental pour elle », relate Sylvaine Mazière-Tauran, qui espère donc que ces propositions seront reprises par la nouvelle Assemblée nationale.
Enfin, et la nouvelle est forcément dure à avaler pour tous les praticiens, mais le Conseil national de refondation sur la santé mentale a lui aussi été annulé. Il devait se tenir lundi dernier, mais le ministère de la Santé a expliqué que « pour un sujet aussi important que la santé mentale des Français, le ministère ne souhaite pas maintenir un CNR qui ne pourra pas se dérouler dans de bonnes conditions ».
Pour rappel, le CNR devait inclure des ateliers et des contributions écrites pour faire remonter et valoriser les « initiatives issues des territoires et de la société civile » sur le sujet de la santé mentale, dans un contexte de crise de la psychiatrie et de hausse des troubles psychiatriques. Le ministère de la Santé a tout de même précisé que le CNR sera « reprogrammé » à une date ultérieure… sans plus de précisions.
Ce ne serait pas la première fois que la profession infirmière dans son ensemble, serait laissée pour compte. A force d'habitude, on en arrive à ne plus s'étonner. Suffit de regarder l'état de la pratique avancée chez les IADE.
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
Régulation à l’installation, investissements pour l’hôpital, pôle public du médicament…Le Nouveau Front Populaire, alliance des partis de gauche, a dégainé son programme pour la santé.
Sans doute, en annonçant une dissolution surprise le 9 juin dernier au soir des élections européennes, le Président de la République Emmanuel Macron espérait prendre de court les partis de gauche divisés lors des élections européennes. Mais ces gauches que l’on a longtemps dit irréconciliables (et peut être le sont-elles en réalité encore) ont finalement réussi à parvenir à un accord en un temps record.
Cette alliance allant du Parti socialiste (PS) à La France Insoumise (LFI), dénommée Nouveau Front Populaire (NFP), est ainsi parvenu à élaborer un programme complet en quatre jours seulement, programme présenté à la presse jeudi dernier. Au milieu des questions économiques ou internationales, la santé n’est pas ignorée par l’alliance des gauches, qui espère remporter les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain*.
La mise en place d’une « conférence de sauvetage de l’hôpital public » est une des toutes premières mesures qu’un éventuel gouvernement de gauche promet de prendre dans les 15 jours de son arrivée au pouvoir. Cette conférence sera chargée « d’éviter la saturation pendant l’été et de proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end » (rappelons qu’une telle revalorisation a déjà été mise en place depuis le 1er janvier dernier).
La gauche souhaite mettre fin à la liberté d’installation des médecins
Dans les 100 premiers jours de son arrivée au pouvoir, la gauche promet également le vote d’une « grande loi santé ». Une loi qui mettrait notamment en place la régulation de l’installation des médecins afin de lutter contre la désertification médicale. On le sait, la question de l’encadrement de la liberté d’installation des médecins est un débat de très longue date et toute idée de limitation de cette liberté est vivement critiquée par l’ensemble des syndicats de médecins. Il y a un an presque jour pour jour, le 14 juin 2023, les députés Rassemblement National et Renaissance s’étaient coalisés à l’Assemblée Nationale pour rejeter une proposition de la gauche de limiter la liberté d’installation des médecins.
Cette grande loi santé prévoirait également de « rétablir la permanence des soins des soignants libéraux dans les centres de santé », de « conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro » et de « créer un pôle public du médicament avec un renforcement des obligations de stocks » afin de lutter contre les pénuries de médicament. Sur le temps long, le NFP promet également de « lancer le rattrapage des postes manquants à l’hôpital public » en engageant un « plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et de revalorisation des métiers et des salaires ».
L’alliance des partis de gauche n’oublie pas non plus les questions sociétales en lien avec la santé. Parmi ses propositions, on trouve pêlemêle la création d’un congé menstruel, et, nettement plus polémique, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux personnes transgenres et l’augmentation des moyens alloués aux traitements de réassignation sexuelle. Pas un mot en revanche dans ce programme sur une éventuelle légalisation de l’aide à mourir, alors même que la majeure partie de la gauche soutenait le projet de loi du gouvernement visant à légaliser le suicide assisté (qui a été abandonné du fait de la dissolution).
Quatre ministres de la Santé sur la ligne de départ
Ce programme pour la santé aura au moins convaincu un Français, Aurélien Rousseau. L’ancien ministre de la Santé d’Emmanuel Macron (de juillet à décembre 2023), qui avait démissionné à la suite de l’adoption de la loi immigration, sera en effet candidat PS (et donc NFP) dans la 3ème circonscription des Yvelines.
L’ancien militant communiste revient donc à ses amours de jeunesse, mais les commentateurs politiques n’ont pas manqué de souligner que lorsqu’il était directeur de cabinet de l’ancienne Première Ministre Elisabeth Borne, Aurélien Rousseau avait participé à l’élaboration de la réforme des retraites…que le NFP se propose désormais d’abroger. « Ça montre toute sa cohérence » a ironisé Emmanuel Macron en apprenant la candidature de son ancien ministre.
Ce seront en tout quatre ministres de la Santé actuel et anciens, sur les six qu’a connus Emmanuel Macron, qui seront candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochain. L’actuel ministre Frédéric Valletoux sera ainsi candidat Horizons (qui fait partie de la coalition présidentielle) dans la 2ème circonscription de Seine-et-Marne, dans laquelle il a été élu en 2022. L’éphémère ministre Brigitte Bourguignon, qui avait dû quitter son poste après seulement six semaines en 2022 à la suite de sa défaite aux précédentes élections législatives, retente sa chance sous les couleurs de Renaissance dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, qu’elle a représentée de 2012 à 2020.
Surprise : le Dr Olivier Véran, qui fut ministre de la Santé de 2020 à 2022 durant la pandémie de Covid-19, sera également candidat sans étiquette (mais soutenu par le camp présidentiel) dans la 1ère circonscription de l’Isère, dont il est député sortant. En mars dernier, le neurologue avait pourtant créé la surprise (et la consternation) en annonçant qu’il arrêtait la politique pour se reconvertir dans la médecine esthétique, afin d’exercer dans une clinique huppée des Champs-Elysées.
A ce titre, le Dr Véran, qui n’est décidément pas un revirement près, a expliqué en marge de l’annonce de sa candidature qu’il n’exercera finalement pas la médecine esthétique et qu’il prendra un poste de consultant bénévole (en neurologie !) au CHU de Grenoble.
Il ne manquait plus que le Pr Agnès Buzyn et le Dr François Braun comme candidats pour que les ministres de la Santé d’Emmanuel Macron soient au complet.
Peut-être que le docteur Véran n'a pas réussi ses examens pour basculer de la neurologie vers la médecine esthétique... ? ça laisse augurer de la qualité de ses convictions et de sa constance dans l'exercice sollicité de la députation. Qui a dit qu'au 1er tour c'était pour les convictions et le second tour pour la gamelle ?
“En politique une absurdité n'est pas un obstacle.”
Napoléon Bonaparte
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De l’importance de bien reconnaître les champignons…hallucinogènes
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
De plus en plus d’Américains consomment des champignons hallucinogènes, au risque de confondre certaines substances potentiellement thérapeutiques avec d’autres bien plus néfastes.
Après avoir longtemps été mises au placard, les recherches sur l’utilisation de substance hallucinogènes en psychiatrie ont connu un regain d’intérêt ces dix dernières années, à tel point que l’on a pu parler de « renaissance psychédélique ». Les recherches récentes se sont notamment concentrées sur la psilocybine, une substance hallucinogène contenue dans de nombreux champignons et qui pourrait notamment contribuer à soigner les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), l’anxiété et la dépression.
Depuis 2018, la thérapie assistée par psilocybine est considérée par la Food and Drug Administration (FDA) américaine comme une « thérapie innovante » dans le traitement de la dépression et deux Etats américains (le Colorado et l’Oregon) ont autorisé ce traitement.
Cet intérêt pour la psilocybine ne se limite pas au monde de la recherche médicale : selon un sondage, 12 % des Américains ont consommé des champignons contenant de la psilocybine en 2022, ce qui en fait la drogue hallucinogène la plus consommée dans le pays.
Mais dans cet enthousiasme pour les substances hallucinogènes potentiellement thérapeutiques, les Américains doivent bien veiller à ne pas confondre les champignons entre eux, mettent en garde des chercheurs de l’université de San Diego dans un article publié lundi dernier dans l’American Journal of Preventive Medicine (AJPM).
Un champignon peut en cacher un autre
Les auteurs s’inquiètent notamment de l’engouement des Américains pour Amanita muscaria, plus connu sous le nom d’amanite tue-mouches, très présent en Amérique du Nord et en Europe. Ils notent ainsi que les recherches Google pour l’amanite tue-mouche ont augmenté de 114 % entre 2022 et 2023 et prennent pour exemple une publicité pour des bonbons à l’amanite tue-mouche publiée sur Twitter le 9 juin 2023 qui a été vue par plus de 5,5 millions d’utilisateurs de la plate-forme en neuf mois.
Sur Internet, il est désormais très facile de se procurer des produits contenant (prétendument ou non) de l’amanite tue-mouches. Jouant sur la bonne image dont les champignons hallucinogènes contenant de la psilocybine jouissent auprès d’un certain public, les vendeurs de ces produits prétendent qu’ils permettent de diminuer l’anxiété et agissent sur la dépression.
Or, les chercheurs de l’université de San Diego rappellent que l’amanite tue-mouche, s’il est bien un champignon hallucinogène, ne contient pas de psilocybine. Son principe actif hallucinogène est le muscimole, une substance bien différente de la psilocybine. « La psilocybine est un antidépresseur qui active un cheminement neuronal déclenchant bonheur et optimisme, tandis que le muscimole est un dépresseur, similaire à l’alcool ou aux benzodiazépines » explique le Pr Eric Leas, principal auteur de l’étude. « Le muscimole a peut-être des vertus pharmacologiques mais il n’a pas les mêmes effets que la psilocybine ».
L’amanite tue-mouche, produit dangereux et pourtant en vente libre
Non seulement le muscimole n’a pas les mêmes effets anxiolytiques et antidépresseurs potentiels que la psilocybine, mais il est également bien plus dangereux. Des études ont prouvé que cette substance était potentiellement plus toxique que le fentanyl ou la cocaïne. La consommation d’amanite tue-mouche peut ainsi provoquer des vertiges, attaques de paniques, nausées, crises comitiales, coma et dans de rares cas conduire à la mort. L’an dernier, un homme de 44 ans est mort aux Etats-Unis après avoir consommé une grande quantité d’amanite tue-mouche.
Paradoxalement, malgré cette différence de dangerosité et de potentiel thérapeutique, la psilocybine est classée dans la plupart des pays du monde, dont les Etats-Unis, comme un stupéfiant dont le commerce et la consommation est illicite, alors que l’amanite tue-mouche ne fait l’objet d’aucune régulation (aux Etats-Unis, seule la Louisiane interdit sa commercialisation).
Dans la plupart des cas, les produits contenant de l’amanite tue-mouche sont vendus aux Etats-Unis comme produits alimentaires, ce qui leur permet de contourner la réglementation stricte qui s’applique aux produits pharmaceutiques.
Selon les auteurs, au vu de l’engouement de plus en plus important pour les champignons hallucinogènes aux Etats-Unis et dans le reste du monde, il est urgent que des réglementations plus strictes soient prises pour assurer la sécurité et le libre choix des consommateurs. Ils recommandent donc que les produits à base d’amanite tue-mouche soient classés comme stupéfiants, ou à tout le moins que des « précautions de bon sens » soient prises, comme l’interdiction de la vente aux mineurs, la définition d’une dose standard, la création d’emballage ne pouvant être ouvert par des enfants ou l’encadrement de la publicité, soit une réglementation qui s’applique déjà pour le cannabis récréatif.
« Les sociétés qui vendent ces produits jouent avec les limites de nos réglementations » concluent les auteurs de l’article. « Ils s’en sortent et gagnent de l’argent jusqu’à ce qu’on leur dise d’arrêter. C’est un marché où les consommateurs sont en danger et ne sont pas assez informés. Le temps pour une action vigoureuse de santé publique est venu ».
En France, la psylocybine est interdite à la commercialisation contrairement au muscimole (qui n’est pas sur la liste des stupéfiants) et à l’amanite tue mouche qui restent cependant vivement déconseillés comme on vient de le voir.
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Dissolution : les syndicats infirmiers inquiets pour l’avenir
Raphaël Lichten | 17 Juin 2024
jim.fr
Paris, le lundi 17 juin 2024 – Une « douche froide » : c’est ainsi que les syndicats et de très nombreux infirmiers et infirmières ont accueilli la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. En cause : l'avenir plus qu'incertain de très nombreux textes réclamés de longue date par la profession, et dont certains étaient en passe d'être publiés.
« La dissolution de l’Assemblée nationale est un choc, car nous avions une actualité politique importante, avec des décrets et des arrêtés qui étaient prêts et devaient être prochainement publiés », a déclaré Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l'Ordre national des infirmiers (ONI) à nos confrères d’Infirmiers.com.
Les décrets d’application de la loi Rist en question
On pense évidemment aux décrets d’application de la loi Rist, votée en 2023, relatifs à la primoprescription et à l’accès direct pour les infirmiers en pratique avancée (IPA). Les décrets portant sur la prise en charge des plaies et de la cicatrisation et celui encadrant le statut d’infirmier référent étaient également fortement attendus par les infirmiers et les infirmières.
En l’état, la dissolution n’empêche pas véritablement le gouvernement de publier ces textes, mais elle perturbe forcément le fonctionnement de l’exécutif… « Nous avons pris contact avec le cabinet [du ministère de la Santé] pour que ces trois textes soient publiés avant le 30 juin », soit avant le 1er tour des élections législatives, explique la présidente de l’Ordre. « Ce sont des mesures qui ont un impact direct en termes de santé publique », soutient-elle.
Même son de cloche du côté des syndicats. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) et l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) s’inquiètent toutes les deux d’un éventuel report de la publication de ces textes, et appellent donc le gouvernement à les faire paraître au Journal officiel dans les plus brefs délais — de préférence avant les élections, évidemment.
Quel avenir pour le CNR de la santé mentale et la loi de refonte du métier d’infirmier ?
Deuxième grande inquiétude : la réingénierie du métier d’infirmier. Combat de longue date de nombreux infirmiers et infirmières et de leurs syndicats, un projet de loi devait finalement être présenté à l’Assemblée nationale cette semaine, après une longue concertation avec les principaux intéressés.
Le texte était censé prévoir une montée en compétence plus facile, le tout en partenariat étroit avec les médecins. La définition de missions plus adaptées aux pratiques actuelles devait aussi être incluse dans le projet de loi. « Nous allons adresser une lettre ouverte aux partis politiques pour leur rappeler la nécessité de rénover la profession infirmière et insister sur le fait qu’elle est en attente de ces changements, que c’est fondamental pour elle », relate Sylvaine Mazière-Tauran, qui espère donc que ces propositions seront reprises par la nouvelle Assemblée nationale.
Enfin, et la nouvelle est forcément dure à avaler pour tous les praticiens, mais le Conseil national de refondation sur la santé mentale a lui aussi été annulé. Il devait se tenir lundi dernier, mais le ministère de la Santé a expliqué que « pour un sujet aussi important que la santé mentale des Français, le ministère ne souhaite pas maintenir un CNR qui ne pourra pas se dérouler dans de bonnes conditions ».
Pour rappel, le CNR devait inclure des ateliers et des contributions écrites pour faire remonter et valoriser les « initiatives issues des territoires et de la société civile » sur le sujet de la santé mentale, dans un contexte de crise de la psychiatrie et de hausse des troubles psychiatriques. Le ministère de la Santé a tout de même précisé que le CNR sera « reprogrammé » à une date ultérieure… sans plus de précisions.
Ce ne serait pas la première fois que la profession infirmière dans son ensemble, serait laissée pour compte. A force d'habitude, on en arrive à ne plus s'étonner. Suffit de regarder l'état de la pratique avancée chez les IADE.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Adieu l’IMC, bonjour l’IRC ?
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
jim.fr
Des chercheurs chinois et américains proposent de remplacer l’indice de masse corporelle (IMC) par un indicateur qu’ils jugent plus pertinent, l’indice de rondeur corporelle (IRC).
Adopté progressivement depuis une cinquantaine d’années par les professionnels de santé, mais également par les assureurs, les législateurs ou le grand public, l’indice de masse corporelle (IMC) est devenu un indicateur de santé connu de tous. Par sa simplicité (il se calcule, rappelons-le, en divisant la masse du patient en kg par sa taille en mètre au carré), cet indice peut être obtenu facilement par tout un chacun et lui permettre de savoir rapidement s’il est en surpoids.
L’IMC a ainsi été adoptée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la plupart des institutions sanitaires pour définir la maigreur (IMC inférieur à 18,5), le surpoids (IMC compris entre 25 et 30) et l’obésité (IMC supérieur à 30). Cet indice, qui tire son origine des calculs du statisticien belge du XIXème siècle Adolphe Quetelet, est même entré dans la loi française : depuis 2015, les femmes mannequins ayant un IMC inférieur à 18 ne sont plus autorisées à participer à des défilés, afin de ne pas encourager l’anorexie.
A vos calculettes
Mais malgré son succès auprès des professionnels et du grand public, l’IMC n’est pas exempt de critiques. Il n’est tout d’abord pas adapté aux mineurs et aux plus de 65 ans. Il ne permet pas non plus de distinguer la masse graisseuse et de la masse musculaire et peut ainsi donner des résultats aberrants pour les grands sportifs, qui présenteront un IMC supérieur à 25 voir 30, synonyme d’obésité, malgré leur bonne santé physique.
Enfin, plusieurs méta-analyses ont remis en cause la corrélation entre un IMC trop élevé et la hausse du taux de mortalité, en montrant par exemple que les individus présentant un IMC entre 25 et 30 (et donc en principe en surpoids) présentaient un taux de mortalité plus faible que ceux ayant un IMC entre 18,5 et 25.
Depuis plusieurs années, les chercheurs tentent de trouvent un indice plus précis et plus satisfaisant. En 2013, la professeure de mathématique Diana Thomas a ainsi créé l’indice de rondeur corporelle (IRC). A rebours de l’IMC, ce nouvel indice ne prend plus en compte la masse du patient et préfère se concentrer sur la circonférence de sa taille.
e calcul de l’IRC est plus complexe que celui de l’IMC, puisque l’IRC est égal à 364,2 - 365,5 × √(1 - [circonférence de la taille en centimètres / 2 π] / [0,5 × la taille en mètres]). Ce calcul est censé mieux prendre en compte la rondeur du corps du patient et donc sa graisse viscérale, qui serait bien plus nocive pour la santé que la graisse sous-cutanée.
Une corrélation forte entre IRC et mortalité
Dans une nouvelle étude publiée le 5 juin dernier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), des auteurs chinois et américains plaident pour que l’IRC remplace à terme l’IMC. Ils s’appuient notamment sur une étude qu’ils ont mené sur l’évolution de l’IRC dans la population américaine entre 1998 et 2018 et la corrélation avec la mortalité.
Sur un échantillon de 33 000 adultes américains, l’étude montre en premier lieu que l’IRC est passé de 4,8 en moyenne en 1998 à 5,62 en 2018, soit une augmentation de 0,95 % par an, ce qui concorde avec la hausse constatée de la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la population américaine ces vingt dernières années. Cette hausse de l’IRC est particulièrement nette chez les femmes et les personnes âgées précisent les auteurs de l’étude.
Mais le travail publié dans le JAMA montre surtout qu’il existe une corrélation entre un niveau trop faible ou trop élevé de l’IRC et la mortalité. Par rapport aux adultes présentant un IRC compris entre 4,5 et 5,5, les personnes ayant un IRC inférieur à 3,4 présentent un risque de mortalité supérieur de 25 % et ceux ayant un IRC supérieur à 6,9 un risque de mortalité augmenté de 49 %.
Selon les signataires de l’étude, ces résultats confirment ceux d’autres travaux qui indiquent que l’IRC est un bon indicateur pour prédire le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de diabète. Ils estiment donc que, à condition que ces résultats soient confirmés dans des études ultérieures, les professionnels doivent progressivement remplacer l’IMC par l’IRC comme méthode pour évaluer les risques de morbidité et de mortalité chez leurs patients.
Difficile cependant de croire que l’IMC, qui a pour principal vertu sa simplicité, soit rapidement remplacé par un indice complexe à calculer comme l’IRC.
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La poussière du World Trade Center, facteur de risque de démence ?
Raphaël Lichten | 19 Juin 2024
jim.fr
Les auteurs d’une étude parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) sont parvenus à lier l’exposition à la poussière, par les premiers intervenants du World Trade Center, entre septembre 2001 et l’été 2002, au développement de la démence.
Une nouvelle étude, parue dans le JAMA le 12 juin dernier, semble confirmer un lien entre l’exposition aux poussières générées par l’effondrement des immeubles du World Trade Center (WTC) et la propension à développer certaines formes de démence.
Une forte exposition à la poussière et à d’autres particules
Les études ayant abordé les différentes séquelles développées par les premiers intervenants sur les lieux du World Trade Center le 11 septembre 2001 ont été très nombreuses. « Au cours des opérations de secours, les travailleurs ont fait état d’une forte exposition à la poussière et aux particules qui ont provoqué des troubles gastro-intestinaux et respiratoires aigus, ainsi qu’une diminution des fonctions pulmonaire », détaillent les auteurs de cette étude parue la semaine dernière dans le JAMA.
« L’exposition à long terme aux polluants atmosphériques inhalés, y compris les particules, a été identifiée comme un facteur de risque potentiel pour l’apparition précoce de la démence, et a été proposée comme cause de démence dans les populations affectées par le WTC », ajoutent-ils. Ils ont ainsi tenté de prouver ce lien de causalité.
Dans le détail, ils ont étudié une cohorte de 5010 intervenants vivant à Long Island (New York) entre 2014 et 2023. Toutes ces personnes ont travaillé ou se sont portées volontaires dans le sud de Manhattan, au sein de la décharge de Staten Island ou sur les quais de chargement des barges, pendant quelques heures dans les premiers jours après le 11 septembre ou bien plus longuement jusqu’à l’été 2002. Ils sont donc considérés comme « intervenants au WTC » par les auteurs.
Les participants ont rempli divers questionnaires sur leur intervention au WTC, notamment leur exposition aux particules fines et aux débris potentiellement neurotoxiques, mais également sur les équipements de protection individuelle (EPI) qu’ils ont (ou non) utilisés. Les chercheurs ont classé leur exposition en cinq catégories, allant de faible à grave.
Les chercheurs ont soumis les participants à des rendez-vous de contrôle et à une évaluation cognitive initiale puis un suivi tous les 18 mois et pendant 5 ans au total auprès de tous les participants âgés de 60 ans ou moins et qui n’étaient pas atteints de démence.
228 cas de démence identifiés
« Il y a eu 228 cas de démence identifiés au cours des 15 913,1 années-personnes de suivi », expliquent les chercheurs, qui ajoutent que « l’augmentation de la gravité de l’exposition au WTC a été associée à une augmentation progressive du taux d’incidence de la démence pour 1 000 années-personnes ».
Ainsi, selon eux, et après ajustement des facteurs démographiques, ils estiment que « chaque unité d’augmentation de la gravité de l’exposition est associée à une incidence accrue de démence ».
Les auteurs de l’étude sont d’ailleurs persuadés que l’utilisation des EPI contribuerait à empêcher le développement de la démence avant l’âge de 65 ans. « Il est absolument nécessaire de protéger les personnes qui participent aux opérations de sauvetage et de récupération après un accident industriel inattendu », soutiennent-ils enfin. « L’utilisation d’EPI aurait pu prévenir l’apparition de la démence avant l’âge de 65 ans chez les intervenants exposés. Des recherches futures sont nécessaires pour déterminer les biomarqueurs cérébraux des personnes atteintes de démence liée à l’exposition ».
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La dissolution est-elle mauvaise pour la santé mentale des Français ?
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
De nombreux psychiatres et psychologues témoignent d’une hausse de l’anxiété chez leurs patients en raison de l’incertitude politique créée par la dissolution.
En annonçant, à la surprise générale, la dissolution de l’Assemblée Nationale le 9 juin dernier et l’organisation d’élections législatives anticipées, Emmanuel Macron a déclenché une crise politique de grande ampleur et plongé le pays dans l’incertitude, puisque bien malin sera celui qui peut dire quelle sera la situation politique de la France au soir du 7 juillet prochain.
Mais en réalisant ce coup de poker politique, le Président de la République a peut-être aussi, bien malgré lui, provoqué une « épidémie » de troubles psychiques chez les Français.
De plus en plus de nos compatriotes disent en effet ressentir des troubles anxieux ou dépressifs depuis l’annonce de la dissolution. L’incertitude politique des prochaines semaines serait la source de ces perturbations psychiques. A nos confrères de France info, un homme de 60 ans explique ainsi connaitre des insomnies pour la première fois de sa vie, tandis qu’une femme raconte avoir été prise d’une crise de larmes au moment où le chef de l’Etat a annoncé la dissolution.
« C’est un peu comme une charge mentale, une musique de fond à laquelle on pense » explique une infirmière, qui se dit « anxieuse ». « Ça m’a mis un coup de stress intense » raconte quant à elle une femme de 45 ans au Parisien, expliquant se sentir « épuisée » et semblant présenter les premiers symptômes d’une dépression.
« Presque tous mes patients évoquent le sujet »
Les psychiatres et les psychologues semblent confirmer cette hausse des troubles anxieux et dépressifs dans leurs patientèles depuis le 9 juin au soir, même s’il est évidemment difficile de confirmer l’existence d’une véritable augmentation de la prévalence des troubles psychiques sur une aussi courte période.
« Pratiquement tous mes patients, à un moment donné de la consultation, évoquent ce sujet, des patients qui n’avaient jamais avant forcément abordé de questions politiques » remarque Sébastien Pélissier, psychologue à Marseille. Même constat pour le Dr Christine Barois, psychiatre à Paris. « Beaucoup de mes patients disent que le Président les précipite vers l’anxiété ».
L’inquiétude et l’anxiété est d’autant plus importante pour les personnes qui se sentent, à tort ou à raison, menacée par une éventuelle arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, comme les femmes, les immigrés, les homosexuels ou les transgenres. « Je reçois beaucoup de patients issus de la communauté LGBT qui se sentent en insécurité » indique au Parisien une psychanalyste parisienne.
« Beaucoup de personnes ont des projections d’ordre fantasmatique, c’est une majorité de femmes car elles sentent bien que les gouvernements d’extrême-droite n’ont jamais été en faveur des femmes » abonde dans le même sens Gladys Mondière, présidente de la Fédération française de psychologie.
Le premier confinement avait été bénéfique pour la santé mentale des Français
L’incertitude politique créé par la dissolution vient s’ajouter aux autres sources d’angoisse extérieures que sont la situation économique, internationale ou climatique explique le Dr Lucien Chauliac, généraliste marseillais. Une accumulation de sources d’inquiétudes qui peut donner aux personnes fragiles le sentiment d’être dépassé par les évènements.
En plus de tenter de convaincre les Français de leur apporter leurs voix, les hommes et femmes politiques, à qui ils ne restent désormais que dix jours de campagne, seraient donc également bien inspirés d’essayer de rassurer leurs électeurs et peut être aussi de formuler quelques propositions pour améliorer la santé mentale des Français qui, selon plusieurs études récentes, se dégrade ces dernières années.
Attention cependant à ne pas créer de lien trop rapide et trop simple entre des évènements imprévus et une hausse de l’anxiété dans la population.
On se souvient en effet qu’il y a quatre ans, le premier confinement, évènement pourtant hautement anxiogène, avait, selon de nombreux psychiatres, conduit dans un premier temps à une diminution du stress et de l’anxiété chez les Français.
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Retour de la Covid-19 dans une certaine indifférence
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
jim.fr
Les indicateurs épidémiologiques montrent une hausse des cas de Covid-19 depuis quelques semaines. Sans que le ministère de la Santé ne s’en émeuve plus que cela pour le moment.
Comme un vieil acteur en fin de carrière, la Covid-19 semble désormais relégué dans les seconds rôles. Après avoir bouleversé la vie de milliards d’être humains pendant deux ans, le SARS-Cov-2 est, depuis deux ans, presque totalement sorti de nos vies, à la faveur des mutations du virus qui lui ont fait perdre en virulence et de l’immunité acquise après les contaminations et les vaccinations. C’est donc presque avec étonnement que l’on constate régulièrement une remontée du nombre de cas, sans que l’épidémie ne retrouve la gravité qu’elle pouvait avoir en 2020.
Dans son dernier bulletin épidémiologique publié ce mardi, Santé Publique France (SPF) confirme ainsi que tous les indicateurs épidémiologiques de la Covid-19 sont en hausse depuis deux mois. « Les recours pour suspicion de COVID-19 continuent leur augmentation depuis huit semaines. La hausse est de plus en plus marquée, que ce soit pour les passages aux urgences (+ 52%) ou chez SOS Médecins (+ 51%), atteignant l’ensemble des classes d’âges » précise SPF. La surveillance des eaux usées permet également de constater une hausse de la circulation du SARS-COV-2 depuis environ un mois.
Une maladie toujours pas saisonnière
Déjà au début du mois de mai, les infectiologues avaient constaté la formation de foyers épidémiques lors des concerts de la chanteuse américaine Taylor Swift à Paris, qui ont réuni près de 180 000 spectateurs. La France n’est pas un cas isolé, puisque le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) fait lui aussi état d’une recrudescence de l’épidémie dans l’ensemble de l’Europe.
Comme les précédentes, la vague actuelle semble favorisée par l’apparition d’un nouveau variant, appelé KP2 et surnommé Flirt, un sous-variant de JN1, lui-même un mutant de la famille Omicron. Ce variant présenterait une capacité d’échappement immunitaire qui lui permettrait de contaminer des individus déjà contaminés ou vaccinés mais dont l’immunité a diminué avec le temps. « La remontée était prévisible et il n’y a pas d’éléments à notre connaissance indiquant que cette nouvelle vague puisse causer un impact sanitaire plus important que les deux précédentes » rassure Mircea Sofonea.
Attention à Flirt cet été
L’épidémiologiste montpelliéraine appelle cependant à la vigilance durant l’été, alors que le championnat d’Europe de football et surtout les Jeux Olympiques de Paris seront propices aux voyages internationaux et aux grands rassemblements. « Le brassage, la promiscuité et le contexte convivial favorise la transmission du SARS-Cov-2 et d’autres virus respiratoires » Mircea Sofonea. Cette vague au début de l’été prouve en tous les cas que la Covid-19 n’est pas en train de devenir une maladie saisonnière.
Cette légère reprise épidémique survient alors que la dernière campagne de vaccination contre la Covid-19, qui avait commencé le 15 avril dernier, a pris fin ce dimanche. Une campagne destinée essentiellement aux sujets âgés de 80 ans et plus et aux personnes immunodéprimées qui a été loin de faire le plein : au 13 mai dernier, on ne comptait que 62 000 vaccinations, soit 1,3 % de la population cible. Lors de la campagne vaccinale de l’automne 2023, seulement 2 % du public cible (les sujets âgés de 65 ans et plus) avaient de nouveau tendu le bras, signe d’une fatigue vaccinale qui s’installe chez nos ainées.
Le taux de vaccination va devenir impossible à connaître
Depuis ce mercredi, les pharmaciens n’ont donc plus la possibilité de commander de nouvelles doses de vaccins et devront donc, durant l’été, compter sur leur stock, « sauf situation sanitaire exceptionnelle nécessitant la mise en place d’une nouvelle campagne de vaccination avant l’automne » précise la direction générale de la Santé (DGS) dans un message DGS-Urgent adressé aux professionnels de santé ce mardi.
« Les commandes de vaccin contre la Covid-19 reprendront pour le début de la campagne vaccinale à l’automne prochain » indique la DGS. Si la dernière campagne a été réalisée avec des vaccins à ARN visant le variant XBB 1.5, majoritaire l’an dernier, les professionnels de santé devraient disposer pour l’automne prochain de vaccins à ARN de nouvelle génération visant le variant JN1.
Signe que la reprise épidémique actuelle n’inquiète pas outre-mesure le ministère de la Santé, ce dernier profite de ce DGS Urgent sur la fin de la campagne vaccinale pour annoncer la disparition à partir du 28 juin prochain du téléservice vaccin Covid. Ce dispositif permettait aux professionnels de santé d’enregistrer chaque nouvelle injection et ainsi d’assurer un suivi du taux de vaccination de la population.
Une décision qui enrage le Dr Michael Rochoy, généraliste à Outreau (connu pour avoir consulté le dossier vaccinal d’Emmanuel Macron). « Les taux de vaccination Covid sont catastrophiquement bas ? Pas de souci ! On va casser le thermomètre et supprimer la seule façon pour l’Assurance maladie et le gouvernement de connaître le taux de vaccination » ironise l’enseignant-chercheur. « On n’aura donc plus aucun indice fiable de la situation vaccinale globale de la population. Et pourtant il y a moins d’un mois l’Assurance maladie se félicitait de signer une convention avec les médecins dans laquelle figurait un indicateur « vaccination Covid des patients de plus de 65 ans ou en affection longue durée ». Un mois plus tard, le moyen de connaître cet indicateur vient de disparaître. On est gouverné par des irresponsables ».
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Une circulaire ventile 28 milliards d’euros pour les établissements de santé
Une circulaire tarifaire en voie d’être publiée vient préciser la ventilation des 28 milliards d’euros alloués aux établissements de santé en 2024. Parmi les spécialités, la psychiatrie se taille la part du lion avec 10 milliards d’euros de dotations supplémentaires, suivis des soins médicaux et de réadaptation (SMR) qui bénéficieront de 5 milliards d’euros. Environ 1,8 milliards d’euros sont consacrés à des revalorisations salariales, dont 833 millions d’euros pour la création de postes d’infirmières en pratique avancée (IPA) et 12 millions d’euros pour les primes JO.
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Le SNPHARE demande l’extension de la prime de pouvoir d’achat
Les docteurs juniors et les internes en médecine et en pharmacie ont appris le 8 juin dernier qu’ils pourront toucher une prime de pouvoir d’achat dès ce mois de juin et au plus tard en septembre. Cette prime est cependant réservée aux carabins ayant commencé leur internat avant le 30 juin 2023. Le syndicat national des praticiens hospitaliers (SNPHARE) demande donc dans un communiqué publié ce mercredi que cette prime soit étendue aux internes de la promotion 2023-2024 mais aussi aux praticiens en début de carrière ainsi qu’aux externes.
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Une épidémie de listériose liée à la consommation de fromages vegans
Dominique Baudon, MD, PhD | 19 Juin 2024
jim.fr
Les fromages vegans(vegan cheese) sont des substituts de fromages semi-doux, d’origine végétale, fabriqués à partir de divers laits (amande, noix de cajou ou de coco cru) qui imitent des fromages laitiers comme le camembert, le fromage de chèvre et le fromage bleu. Les fromages vegans (ou fromages végétaliens) sont commercialisées en tant qu’alternatives considérées comme exemptes d’agents pathogènes zoonotiques d’origine alimentaire, et en particulier sans risque de contamination par Listeria monocytogenes.
Ainsi, ils sont promus comme étant sans risque infectieux par rapport aux fromages au lait cru, et cela en particulier auprès de populations à risque (femmes enceintes, immunodéprimés…). Pourtant, ces fromages végétaliens ne subissent en général pas de pasteurisation et peuvent donc être contaminés par un environnement de production et de post production à hygiène mal contrôlée [1].
Listeria monocytogenes prolifère plus rapidement dans les laits d’origine végétale
Une étude conduite par des chercheurs de la Munster Technological University en Irlande, publiée en 2023, avait pour objectif de comparer la croissance d’agents pathogènes d’origine alimentaire (L. monocytogenes, Salmonella enterica, Bacillus subtilis) dans des produits laitiers industriels d’origine bovine et des boissons non laitières d’origine végétale (noix de coco, amande, noix de cajou) [2].
Elle a démontré que les souches bactériennes utilisées dans l'étude étaient capables de proliférer dans les boissons végétales à des taux plus élevés que dans le lait bovin, à 8 °C et 20 °C pour L. monocytogenes, et 20 °C pour S. enterica. Quant à B. subtilis il s’est développé tout aussi rapidement à 20 °Cdans le lait de bovin et dans la boisson aux amandes d’origine végétale.
En revanche, aucune différence statistiquement significative (p >0,05) n'a été observée à 4 °C et à 8 °C dans les taux de croissance entre les différents types de boissons testées pour les cocktails Listeria et Salmonella.
Les auteurs concluaient que Listeria monocytogenes proliférait plus rapidement dans les laits d’origine végétale. Les propriétés physicochimiques, comme le pH, seraient les raisons de sa croissance dans ce type de lait. Ces données suggéraient donc que les laits d’origine végétale peuvent présenter un risque important de listériose et de salmonellose.
Un foyer épidémique en Europe
L’épidémie de listérioses associée à la consommation de fromages vegans est rapportés dans Le Journal de la Recherche de l’Institut Pasteur (Paris) en date du 6 mai 2024, à la suite des conclusions d’une analyse coordonnée par le centre national de référence Listeria, Santé publique France, et la direction générale de l’alimentation, en collaboration avec des experts belges, allemands et néerlandais [1]. Les résultats de cette analyse ont été publiés dans la revue The New England Journal of Medicine en avril 2024 [3].
En France, entre avril et décembre 2022, cinq cas d’infections par la bactérie L. monocytogenes ont été décrits, dont quatre chez des femmes enceintes ayant accouché prématurément, et un chez un sujet immunodéprimé de 38 ans ayant présenté une méningoencéphalite.
A la suite, une alerte a été lancée en Europe permettant de décrire trois autres cas de listérioses : un en Belgique chez un enfant de 3 ans, un aux Pays-Bas chez un nouveau-né d’une mère infectée, et un en Allemagne chez une femme enceinte. Ces infections étaient toutes dues à la consommation de fromages vegans contaminés.
Les isolats cliniques de L. monocytogenes étaient génétiquement étroitement liés à ceux isolés des fromages végétaliens et de leur environnement de production. Les enquêtes épidémiologiques ont conclu que toutes ces infections avaient pour origine la consommation de fromage vegan, ce qui a conduit à un rappel des produits en cause ; de plus, en France, l’autorité nationale de santé publique a demandé d’informer en urgence les consommateurs, en particulier les femmes enceintes, du risque de listériose lié à la consommation de fromages vegans.
Des contaminations aux salmonelles dans des fromages végétaliens avaient déjà été décrites aux Etats-Unis [1]. Ce foyer épidémique de 8 cas de listériose détectés en Europe confirme le risque lié à la consommation de fromages d’origine végétale ; le nombre de cas de listériose ou autres pathogènes d’origine zoonotique est probablement plus important, car non détectés, et cela souligne le manque de données sur la contamination des produits vegans par des agents pathogènes d’origine alimentaire.
Selon les auteurs, « les substituts de fromage végétalien continuent d'être commercialisés de manière inappropriée comme une alternative sûre au fromage au lait cru auprès des populations à risque accru d'infections d'origine alimentaire, telles que les femmes enceintes.
Cette épidémie met en évidence à la fois le manque de données sur la contamination de ces produits par des agents pathogènes d'origine alimentaire, y compris L. monocytogenes, et la nécessité pour les fabricants de substituts de fromage végétalien de tenir compte de ce risque dans leurs processus de production ».
Références
[1] Le risque de listériose associé aux fromages vegan. Le Journal de la Recherche de l’Institut Pasteur (Paris), 6 mai 2024. https://www.pasteur.fr/fr/journal-reche ... ages-vegan
[2] Bartula K, Begley M, Latour N, Callanan M. Growth of food-borne pathogens Listeria and Salmonella and spore-forming Paenibacillus and Bacillus in commercial plant-based milk alternatives. Food Microbiol. 2023 Feb;109:104143. doi: 10.1016/j.fm.2022.104143.
[3] Leclercq A, Tourdjman M, Mattheus W, et al. Outbreak of Listeriosis Associated with Consumption of Vegan Cheese. N Engl J Med. 2024 Apr 18;390(15):1439-1440. doi: 10.1056/NEJMc2400665.
Un bon claquos vous protège de tout problème. Faites-vous votre immunité et noyez les bactéries avec un bon rouge par dessus.
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
jim.fr
Des chercheurs chinois et américains proposent de remplacer l’indice de masse corporelle (IMC) par un indicateur qu’ils jugent plus pertinent, l’indice de rondeur corporelle (IRC).
Adopté progressivement depuis une cinquantaine d’années par les professionnels de santé, mais également par les assureurs, les législateurs ou le grand public, l’indice de masse corporelle (IMC) est devenu un indicateur de santé connu de tous. Par sa simplicité (il se calcule, rappelons-le, en divisant la masse du patient en kg par sa taille en mètre au carré), cet indice peut être obtenu facilement par tout un chacun et lui permettre de savoir rapidement s’il est en surpoids.
L’IMC a ainsi été adoptée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la plupart des institutions sanitaires pour définir la maigreur (IMC inférieur à 18,5), le surpoids (IMC compris entre 25 et 30) et l’obésité (IMC supérieur à 30). Cet indice, qui tire son origine des calculs du statisticien belge du XIXème siècle Adolphe Quetelet, est même entré dans la loi française : depuis 2015, les femmes mannequins ayant un IMC inférieur à 18 ne sont plus autorisées à participer à des défilés, afin de ne pas encourager l’anorexie.
A vos calculettes
Mais malgré son succès auprès des professionnels et du grand public, l’IMC n’est pas exempt de critiques. Il n’est tout d’abord pas adapté aux mineurs et aux plus de 65 ans. Il ne permet pas non plus de distinguer la masse graisseuse et de la masse musculaire et peut ainsi donner des résultats aberrants pour les grands sportifs, qui présenteront un IMC supérieur à 25 voir 30, synonyme d’obésité, malgré leur bonne santé physique.
Enfin, plusieurs méta-analyses ont remis en cause la corrélation entre un IMC trop élevé et la hausse du taux de mortalité, en montrant par exemple que les individus présentant un IMC entre 25 et 30 (et donc en principe en surpoids) présentaient un taux de mortalité plus faible que ceux ayant un IMC entre 18,5 et 25.
Depuis plusieurs années, les chercheurs tentent de trouvent un indice plus précis et plus satisfaisant. En 2013, la professeure de mathématique Diana Thomas a ainsi créé l’indice de rondeur corporelle (IRC). A rebours de l’IMC, ce nouvel indice ne prend plus en compte la masse du patient et préfère se concentrer sur la circonférence de sa taille.
e calcul de l’IRC est plus complexe que celui de l’IMC, puisque l’IRC est égal à 364,2 - 365,5 × √(1 - [circonférence de la taille en centimètres / 2 π] / [0,5 × la taille en mètres]). Ce calcul est censé mieux prendre en compte la rondeur du corps du patient et donc sa graisse viscérale, qui serait bien plus nocive pour la santé que la graisse sous-cutanée.
Une corrélation forte entre IRC et mortalité
Dans une nouvelle étude publiée le 5 juin dernier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), des auteurs chinois et américains plaident pour que l’IRC remplace à terme l’IMC. Ils s’appuient notamment sur une étude qu’ils ont mené sur l’évolution de l’IRC dans la population américaine entre 1998 et 2018 et la corrélation avec la mortalité.
Sur un échantillon de 33 000 adultes américains, l’étude montre en premier lieu que l’IRC est passé de 4,8 en moyenne en 1998 à 5,62 en 2018, soit une augmentation de 0,95 % par an, ce qui concorde avec la hausse constatée de la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la population américaine ces vingt dernières années. Cette hausse de l’IRC est particulièrement nette chez les femmes et les personnes âgées précisent les auteurs de l’étude.
Mais le travail publié dans le JAMA montre surtout qu’il existe une corrélation entre un niveau trop faible ou trop élevé de l’IRC et la mortalité. Par rapport aux adultes présentant un IRC compris entre 4,5 et 5,5, les personnes ayant un IRC inférieur à 3,4 présentent un risque de mortalité supérieur de 25 % et ceux ayant un IRC supérieur à 6,9 un risque de mortalité augmenté de 49 %.
Selon les signataires de l’étude, ces résultats confirment ceux d’autres travaux qui indiquent que l’IRC est un bon indicateur pour prédire le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de diabète. Ils estiment donc que, à condition que ces résultats soient confirmés dans des études ultérieures, les professionnels doivent progressivement remplacer l’IMC par l’IRC comme méthode pour évaluer les risques de morbidité et de mortalité chez leurs patients.
Difficile cependant de croire que l’IMC, qui a pour principal vertu sa simplicité, soit rapidement remplacé par un indice complexe à calculer comme l’IRC.
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La poussière du World Trade Center, facteur de risque de démence ?
Raphaël Lichten | 19 Juin 2024
jim.fr
Les auteurs d’une étude parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) sont parvenus à lier l’exposition à la poussière, par les premiers intervenants du World Trade Center, entre septembre 2001 et l’été 2002, au développement de la démence.
Une nouvelle étude, parue dans le JAMA le 12 juin dernier, semble confirmer un lien entre l’exposition aux poussières générées par l’effondrement des immeubles du World Trade Center (WTC) et la propension à développer certaines formes de démence.
Une forte exposition à la poussière et à d’autres particules
Les études ayant abordé les différentes séquelles développées par les premiers intervenants sur les lieux du World Trade Center le 11 septembre 2001 ont été très nombreuses. « Au cours des opérations de secours, les travailleurs ont fait état d’une forte exposition à la poussière et aux particules qui ont provoqué des troubles gastro-intestinaux et respiratoires aigus, ainsi qu’une diminution des fonctions pulmonaire », détaillent les auteurs de cette étude parue la semaine dernière dans le JAMA.
« L’exposition à long terme aux polluants atmosphériques inhalés, y compris les particules, a été identifiée comme un facteur de risque potentiel pour l’apparition précoce de la démence, et a été proposée comme cause de démence dans les populations affectées par le WTC », ajoutent-ils. Ils ont ainsi tenté de prouver ce lien de causalité.
Dans le détail, ils ont étudié une cohorte de 5010 intervenants vivant à Long Island (New York) entre 2014 et 2023. Toutes ces personnes ont travaillé ou se sont portées volontaires dans le sud de Manhattan, au sein de la décharge de Staten Island ou sur les quais de chargement des barges, pendant quelques heures dans les premiers jours après le 11 septembre ou bien plus longuement jusqu’à l’été 2002. Ils sont donc considérés comme « intervenants au WTC » par les auteurs.
Les participants ont rempli divers questionnaires sur leur intervention au WTC, notamment leur exposition aux particules fines et aux débris potentiellement neurotoxiques, mais également sur les équipements de protection individuelle (EPI) qu’ils ont (ou non) utilisés. Les chercheurs ont classé leur exposition en cinq catégories, allant de faible à grave.
Les chercheurs ont soumis les participants à des rendez-vous de contrôle et à une évaluation cognitive initiale puis un suivi tous les 18 mois et pendant 5 ans au total auprès de tous les participants âgés de 60 ans ou moins et qui n’étaient pas atteints de démence.
228 cas de démence identifiés
« Il y a eu 228 cas de démence identifiés au cours des 15 913,1 années-personnes de suivi », expliquent les chercheurs, qui ajoutent que « l’augmentation de la gravité de l’exposition au WTC a été associée à une augmentation progressive du taux d’incidence de la démence pour 1 000 années-personnes ».
Ainsi, selon eux, et après ajustement des facteurs démographiques, ils estiment que « chaque unité d’augmentation de la gravité de l’exposition est associée à une incidence accrue de démence ».
Les auteurs de l’étude sont d’ailleurs persuadés que l’utilisation des EPI contribuerait à empêcher le développement de la démence avant l’âge de 65 ans. « Il est absolument nécessaire de protéger les personnes qui participent aux opérations de sauvetage et de récupération après un accident industriel inattendu », soutiennent-ils enfin. « L’utilisation d’EPI aurait pu prévenir l’apparition de la démence avant l’âge de 65 ans chez les intervenants exposés. Des recherches futures sont nécessaires pour déterminer les biomarqueurs cérébraux des personnes atteintes de démence liée à l’exposition ».
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La dissolution est-elle mauvaise pour la santé mentale des Français ?
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
De nombreux psychiatres et psychologues témoignent d’une hausse de l’anxiété chez leurs patients en raison de l’incertitude politique créée par la dissolution.
En annonçant, à la surprise générale, la dissolution de l’Assemblée Nationale le 9 juin dernier et l’organisation d’élections législatives anticipées, Emmanuel Macron a déclenché une crise politique de grande ampleur et plongé le pays dans l’incertitude, puisque bien malin sera celui qui peut dire quelle sera la situation politique de la France au soir du 7 juillet prochain.
Mais en réalisant ce coup de poker politique, le Président de la République a peut-être aussi, bien malgré lui, provoqué une « épidémie » de troubles psychiques chez les Français.
De plus en plus de nos compatriotes disent en effet ressentir des troubles anxieux ou dépressifs depuis l’annonce de la dissolution. L’incertitude politique des prochaines semaines serait la source de ces perturbations psychiques. A nos confrères de France info, un homme de 60 ans explique ainsi connaitre des insomnies pour la première fois de sa vie, tandis qu’une femme raconte avoir été prise d’une crise de larmes au moment où le chef de l’Etat a annoncé la dissolution.
« C’est un peu comme une charge mentale, une musique de fond à laquelle on pense » explique une infirmière, qui se dit « anxieuse ». « Ça m’a mis un coup de stress intense » raconte quant à elle une femme de 45 ans au Parisien, expliquant se sentir « épuisée » et semblant présenter les premiers symptômes d’une dépression.
« Presque tous mes patients évoquent le sujet »
Les psychiatres et les psychologues semblent confirmer cette hausse des troubles anxieux et dépressifs dans leurs patientèles depuis le 9 juin au soir, même s’il est évidemment difficile de confirmer l’existence d’une véritable augmentation de la prévalence des troubles psychiques sur une aussi courte période.
« Pratiquement tous mes patients, à un moment donné de la consultation, évoquent ce sujet, des patients qui n’avaient jamais avant forcément abordé de questions politiques » remarque Sébastien Pélissier, psychologue à Marseille. Même constat pour le Dr Christine Barois, psychiatre à Paris. « Beaucoup de mes patients disent que le Président les précipite vers l’anxiété ».
L’inquiétude et l’anxiété est d’autant plus importante pour les personnes qui se sentent, à tort ou à raison, menacée par une éventuelle arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, comme les femmes, les immigrés, les homosexuels ou les transgenres. « Je reçois beaucoup de patients issus de la communauté LGBT qui se sentent en insécurité » indique au Parisien une psychanalyste parisienne.
« Beaucoup de personnes ont des projections d’ordre fantasmatique, c’est une majorité de femmes car elles sentent bien que les gouvernements d’extrême-droite n’ont jamais été en faveur des femmes » abonde dans le même sens Gladys Mondière, présidente de la Fédération française de psychologie.
Le premier confinement avait été bénéfique pour la santé mentale des Français
L’incertitude politique créé par la dissolution vient s’ajouter aux autres sources d’angoisse extérieures que sont la situation économique, internationale ou climatique explique le Dr Lucien Chauliac, généraliste marseillais. Une accumulation de sources d’inquiétudes qui peut donner aux personnes fragiles le sentiment d’être dépassé par les évènements.
En plus de tenter de convaincre les Français de leur apporter leurs voix, les hommes et femmes politiques, à qui ils ne restent désormais que dix jours de campagne, seraient donc également bien inspirés d’essayer de rassurer leurs électeurs et peut être aussi de formuler quelques propositions pour améliorer la santé mentale des Français qui, selon plusieurs études récentes, se dégrade ces dernières années.
Attention cependant à ne pas créer de lien trop rapide et trop simple entre des évènements imprévus et une hausse de l’anxiété dans la population.
On se souvient en effet qu’il y a quatre ans, le premier confinement, évènement pourtant hautement anxiogène, avait, selon de nombreux psychiatres, conduit dans un premier temps à une diminution du stress et de l’anxiété chez les Français.
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Retour de la Covid-19 dans une certaine indifférence
Quentin Haroche | 19 Juin 2024
jim.fr
Les indicateurs épidémiologiques montrent une hausse des cas de Covid-19 depuis quelques semaines. Sans que le ministère de la Santé ne s’en émeuve plus que cela pour le moment.
Comme un vieil acteur en fin de carrière, la Covid-19 semble désormais relégué dans les seconds rôles. Après avoir bouleversé la vie de milliards d’être humains pendant deux ans, le SARS-Cov-2 est, depuis deux ans, presque totalement sorti de nos vies, à la faveur des mutations du virus qui lui ont fait perdre en virulence et de l’immunité acquise après les contaminations et les vaccinations. C’est donc presque avec étonnement que l’on constate régulièrement une remontée du nombre de cas, sans que l’épidémie ne retrouve la gravité qu’elle pouvait avoir en 2020.
Dans son dernier bulletin épidémiologique publié ce mardi, Santé Publique France (SPF) confirme ainsi que tous les indicateurs épidémiologiques de la Covid-19 sont en hausse depuis deux mois. « Les recours pour suspicion de COVID-19 continuent leur augmentation depuis huit semaines. La hausse est de plus en plus marquée, que ce soit pour les passages aux urgences (+ 52%) ou chez SOS Médecins (+ 51%), atteignant l’ensemble des classes d’âges » précise SPF. La surveillance des eaux usées permet également de constater une hausse de la circulation du SARS-COV-2 depuis environ un mois.
Une maladie toujours pas saisonnière
Déjà au début du mois de mai, les infectiologues avaient constaté la formation de foyers épidémiques lors des concerts de la chanteuse américaine Taylor Swift à Paris, qui ont réuni près de 180 000 spectateurs. La France n’est pas un cas isolé, puisque le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) fait lui aussi état d’une recrudescence de l’épidémie dans l’ensemble de l’Europe.
Comme les précédentes, la vague actuelle semble favorisée par l’apparition d’un nouveau variant, appelé KP2 et surnommé Flirt, un sous-variant de JN1, lui-même un mutant de la famille Omicron. Ce variant présenterait une capacité d’échappement immunitaire qui lui permettrait de contaminer des individus déjà contaminés ou vaccinés mais dont l’immunité a diminué avec le temps. « La remontée était prévisible et il n’y a pas d’éléments à notre connaissance indiquant que cette nouvelle vague puisse causer un impact sanitaire plus important que les deux précédentes » rassure Mircea Sofonea.
Attention à Flirt cet été
L’épidémiologiste montpelliéraine appelle cependant à la vigilance durant l’été, alors que le championnat d’Europe de football et surtout les Jeux Olympiques de Paris seront propices aux voyages internationaux et aux grands rassemblements. « Le brassage, la promiscuité et le contexte convivial favorise la transmission du SARS-Cov-2 et d’autres virus respiratoires » Mircea Sofonea. Cette vague au début de l’été prouve en tous les cas que la Covid-19 n’est pas en train de devenir une maladie saisonnière.
Cette légère reprise épidémique survient alors que la dernière campagne de vaccination contre la Covid-19, qui avait commencé le 15 avril dernier, a pris fin ce dimanche. Une campagne destinée essentiellement aux sujets âgés de 80 ans et plus et aux personnes immunodéprimées qui a été loin de faire le plein : au 13 mai dernier, on ne comptait que 62 000 vaccinations, soit 1,3 % de la population cible. Lors de la campagne vaccinale de l’automne 2023, seulement 2 % du public cible (les sujets âgés de 65 ans et plus) avaient de nouveau tendu le bras, signe d’une fatigue vaccinale qui s’installe chez nos ainées.
Le taux de vaccination va devenir impossible à connaître
Depuis ce mercredi, les pharmaciens n’ont donc plus la possibilité de commander de nouvelles doses de vaccins et devront donc, durant l’été, compter sur leur stock, « sauf situation sanitaire exceptionnelle nécessitant la mise en place d’une nouvelle campagne de vaccination avant l’automne » précise la direction générale de la Santé (DGS) dans un message DGS-Urgent adressé aux professionnels de santé ce mardi.
« Les commandes de vaccin contre la Covid-19 reprendront pour le début de la campagne vaccinale à l’automne prochain » indique la DGS. Si la dernière campagne a été réalisée avec des vaccins à ARN visant le variant XBB 1.5, majoritaire l’an dernier, les professionnels de santé devraient disposer pour l’automne prochain de vaccins à ARN de nouvelle génération visant le variant JN1.
Signe que la reprise épidémique actuelle n’inquiète pas outre-mesure le ministère de la Santé, ce dernier profite de ce DGS Urgent sur la fin de la campagne vaccinale pour annoncer la disparition à partir du 28 juin prochain du téléservice vaccin Covid. Ce dispositif permettait aux professionnels de santé d’enregistrer chaque nouvelle injection et ainsi d’assurer un suivi du taux de vaccination de la population.
Une décision qui enrage le Dr Michael Rochoy, généraliste à Outreau (connu pour avoir consulté le dossier vaccinal d’Emmanuel Macron). « Les taux de vaccination Covid sont catastrophiquement bas ? Pas de souci ! On va casser le thermomètre et supprimer la seule façon pour l’Assurance maladie et le gouvernement de connaître le taux de vaccination » ironise l’enseignant-chercheur. « On n’aura donc plus aucun indice fiable de la situation vaccinale globale de la population. Et pourtant il y a moins d’un mois l’Assurance maladie se félicitait de signer une convention avec les médecins dans laquelle figurait un indicateur « vaccination Covid des patients de plus de 65 ans ou en affection longue durée ». Un mois plus tard, le moyen de connaître cet indicateur vient de disparaître. On est gouverné par des irresponsables ».
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Une circulaire ventile 28 milliards d’euros pour les établissements de santé
Une circulaire tarifaire en voie d’être publiée vient préciser la ventilation des 28 milliards d’euros alloués aux établissements de santé en 2024. Parmi les spécialités, la psychiatrie se taille la part du lion avec 10 milliards d’euros de dotations supplémentaires, suivis des soins médicaux et de réadaptation (SMR) qui bénéficieront de 5 milliards d’euros. Environ 1,8 milliards d’euros sont consacrés à des revalorisations salariales, dont 833 millions d’euros pour la création de postes d’infirmières en pratique avancée (IPA) et 12 millions d’euros pour les primes JO.
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Le SNPHARE demande l’extension de la prime de pouvoir d’achat
Les docteurs juniors et les internes en médecine et en pharmacie ont appris le 8 juin dernier qu’ils pourront toucher une prime de pouvoir d’achat dès ce mois de juin et au plus tard en septembre. Cette prime est cependant réservée aux carabins ayant commencé leur internat avant le 30 juin 2023. Le syndicat national des praticiens hospitaliers (SNPHARE) demande donc dans un communiqué publié ce mercredi que cette prime soit étendue aux internes de la promotion 2023-2024 mais aussi aux praticiens en début de carrière ainsi qu’aux externes.
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Une épidémie de listériose liée à la consommation de fromages vegans
Dominique Baudon, MD, PhD | 19 Juin 2024
jim.fr
Les fromages vegans(vegan cheese) sont des substituts de fromages semi-doux, d’origine végétale, fabriqués à partir de divers laits (amande, noix de cajou ou de coco cru) qui imitent des fromages laitiers comme le camembert, le fromage de chèvre et le fromage bleu. Les fromages vegans (ou fromages végétaliens) sont commercialisées en tant qu’alternatives considérées comme exemptes d’agents pathogènes zoonotiques d’origine alimentaire, et en particulier sans risque de contamination par Listeria monocytogenes.
Ainsi, ils sont promus comme étant sans risque infectieux par rapport aux fromages au lait cru, et cela en particulier auprès de populations à risque (femmes enceintes, immunodéprimés…). Pourtant, ces fromages végétaliens ne subissent en général pas de pasteurisation et peuvent donc être contaminés par un environnement de production et de post production à hygiène mal contrôlée [1].
Listeria monocytogenes prolifère plus rapidement dans les laits d’origine végétale
Une étude conduite par des chercheurs de la Munster Technological University en Irlande, publiée en 2023, avait pour objectif de comparer la croissance d’agents pathogènes d’origine alimentaire (L. monocytogenes, Salmonella enterica, Bacillus subtilis) dans des produits laitiers industriels d’origine bovine et des boissons non laitières d’origine végétale (noix de coco, amande, noix de cajou) [2].
Elle a démontré que les souches bactériennes utilisées dans l'étude étaient capables de proliférer dans les boissons végétales à des taux plus élevés que dans le lait bovin, à 8 °C et 20 °C pour L. monocytogenes, et 20 °C pour S. enterica. Quant à B. subtilis il s’est développé tout aussi rapidement à 20 °Cdans le lait de bovin et dans la boisson aux amandes d’origine végétale.
En revanche, aucune différence statistiquement significative (p >0,05) n'a été observée à 4 °C et à 8 °C dans les taux de croissance entre les différents types de boissons testées pour les cocktails Listeria et Salmonella.
Les auteurs concluaient que Listeria monocytogenes proliférait plus rapidement dans les laits d’origine végétale. Les propriétés physicochimiques, comme le pH, seraient les raisons de sa croissance dans ce type de lait. Ces données suggéraient donc que les laits d’origine végétale peuvent présenter un risque important de listériose et de salmonellose.
Un foyer épidémique en Europe
L’épidémie de listérioses associée à la consommation de fromages vegans est rapportés dans Le Journal de la Recherche de l’Institut Pasteur (Paris) en date du 6 mai 2024, à la suite des conclusions d’une analyse coordonnée par le centre national de référence Listeria, Santé publique France, et la direction générale de l’alimentation, en collaboration avec des experts belges, allemands et néerlandais [1]. Les résultats de cette analyse ont été publiés dans la revue The New England Journal of Medicine en avril 2024 [3].
En France, entre avril et décembre 2022, cinq cas d’infections par la bactérie L. monocytogenes ont été décrits, dont quatre chez des femmes enceintes ayant accouché prématurément, et un chez un sujet immunodéprimé de 38 ans ayant présenté une méningoencéphalite.
A la suite, une alerte a été lancée en Europe permettant de décrire trois autres cas de listérioses : un en Belgique chez un enfant de 3 ans, un aux Pays-Bas chez un nouveau-né d’une mère infectée, et un en Allemagne chez une femme enceinte. Ces infections étaient toutes dues à la consommation de fromages vegans contaminés.
Les isolats cliniques de L. monocytogenes étaient génétiquement étroitement liés à ceux isolés des fromages végétaliens et de leur environnement de production. Les enquêtes épidémiologiques ont conclu que toutes ces infections avaient pour origine la consommation de fromage vegan, ce qui a conduit à un rappel des produits en cause ; de plus, en France, l’autorité nationale de santé publique a demandé d’informer en urgence les consommateurs, en particulier les femmes enceintes, du risque de listériose lié à la consommation de fromages vegans.
Des contaminations aux salmonelles dans des fromages végétaliens avaient déjà été décrites aux Etats-Unis [1]. Ce foyer épidémique de 8 cas de listériose détectés en Europe confirme le risque lié à la consommation de fromages d’origine végétale ; le nombre de cas de listériose ou autres pathogènes d’origine zoonotique est probablement plus important, car non détectés, et cela souligne le manque de données sur la contamination des produits vegans par des agents pathogènes d’origine alimentaire.
Selon les auteurs, « les substituts de fromage végétalien continuent d'être commercialisés de manière inappropriée comme une alternative sûre au fromage au lait cru auprès des populations à risque accru d'infections d'origine alimentaire, telles que les femmes enceintes.
Cette épidémie met en évidence à la fois le manque de données sur la contamination de ces produits par des agents pathogènes d'origine alimentaire, y compris L. monocytogenes, et la nécessité pour les fabricants de substituts de fromage végétalien de tenir compte de ce risque dans leurs processus de production ».
Références
[1] Le risque de listériose associé aux fromages vegan. Le Journal de la Recherche de l’Institut Pasteur (Paris), 6 mai 2024. https://www.pasteur.fr/fr/journal-reche ... ages-vegan
[2] Bartula K, Begley M, Latour N, Callanan M. Growth of food-borne pathogens Listeria and Salmonella and spore-forming Paenibacillus and Bacillus in commercial plant-based milk alternatives. Food Microbiol. 2023 Feb;109:104143. doi: 10.1016/j.fm.2022.104143.
[3] Leclercq A, Tourdjman M, Mattheus W, et al. Outbreak of Listeriosis Associated with Consumption of Vegan Cheese. N Engl J Med. 2024 Apr 18;390(15):1439-1440. doi: 10.1056/NEJMc2400665.
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Re: Articles sur la santé
De l’inconvénient d’avoir un jumeau maya
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
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Des généticiens ont étudié l’ADN d’enfants tués lors de sacrifices humains dans l’Amérique précolombienne et ont découvert que les jumeaux étaient des victimes de choix des prêtres de l’époque.
L’exposition actuellement organisée au musée Jacques Chirac du Quai Branly sur la civilisation aztèque consacre une large part à la pratique des sacrifices humains. Ce rituel sanglant consistant à extraire le cœur d’une victime vivante ou à la décapiter afin de « nourrir les dieux » explique une large part de la fascination qu’exerce les civilisations précolombiennes sur une partie des historiens, des ethnologues et plus largement de tous les curieux.
Pendant longtemps, ces sacrifices, visiblement très fréquents, n’ont été connus que grâce aux quelques textes religieux et témoignages des conquistadors espagnols de l’époque. Mais les progrès de la science permettent désormais d’utiliser la génétique, ou plus précisément l’archéogénétique, pour percer certains mystères de ces pratiques terrifiantes.
Dans un article publié dans la revue Nature le 12 juin dernier, des chercheurs mexicains et allemands exerçant au Max Planck Institute de Leipzig d’anthropologie évolutive racontent ainsi leur voyage scientifique au cœur de la civilisation maya (qui a occupé une partie de l’Amérique centrale pendant plusieurs milliers d’années).
Les généticiens ont réalisé une analyse ADN sur des restes de 64 enfants retrouvés près du site archéologique de Chichen Itza dans la région du Yucatan au Mexique, célèbre pour ses magnifiques pyramides et qui fut au Xème siècle la capitale de la civilisation Maya.
Deux paires de jumeaux parmi les suppliciés
Ces restes humains avaient été retrouvés en 1967 mais c’est la première fois qu’ils font l’objet d’une analyse génétique. Au vu de la localisation de ces restes près d’un centre religieux, il ne fait nul doute qu’ils ont été les victimes d’une des nombreuses cérémonies de sacrifice humain qui s’est tenue en ces lieux. En se basant sur des textes religieux et des témoignages de conquistadors, les historiens ont longtemps cru qu’il s’agissait des restes de petites filles, sacrifiées dans le cadre de rites de fertilité.
Une croyance totalement battue en brèche par l’analyse génétique menée par les chercheurs de l’Institut Max Planck. L’intégralité des 64 victimes sont en effet des garçons âgés de trois à six ans. Les généticiens ont surtout découvert que 16 des 64 victimes enterrées ensemble avaient des liens de parenté étroits (frères ou cousins), indiquant que c’étaient donc des fratries entières que les prêtres mayas sacrifiaient.
En analysant le taux de collagène des os, les chercheurs ont également pu extrapoler le régime alimentaire des sacrifiés. Les enfants génétiquement proches partageaient le même régime alimentaire, laissant penser qu’ils ont été sacrifiés ensemble selon le même rituel.
Plus intrigant encore, on compte parmi les 64 suppliciés deux paires de vrais jumeaux. Les jumeaux monozygotes ne représentant que 0,4 % de la population, les chercheurs estiment peu probable que cela soit le fruit du hasard. Ils émettent donc l’hypothèse que les jumeaux étaient des victimes particulièrement recherchées par les prêtres mayas (comme plus tard par le Dr Joseph Mengele) et qu’en l’absence de jumeaux disponibles, des frères ou des cousins étaient sacrifiés à leur place.
Les jumeaux sont en effet un thème récurrent de la mythologie maya. Dans le Popol Vuh, sorte de Bible des mayas, deux jumeaux sont sacrifiés par les dieux. La tête de l’un deux féconde une femme qui donne naissance à une paire de jumeaux, Hunapu et Xbalanque, appelés les jumeaux héroïques, des personnages récurrents de la mythologie maya.
Une sélection naturelle particulièrement meurtrière
Les chercheurs ont également comparé l’ADN des 64 sacrifiés de l’époque maya avec les résultats d’une analyse ADN menée sur 68 habitants actuels de la région. La comparaison a démontré une forte proximité génétique entre les deux groupes, démontrant que les victimes des sacrifices étaient bien originaires de la région et non, comme certains historiens ont pu le prétendre, des enfants enlevés par les mayas parmi d’autres peuples.
La seule différence génétique notable entre les enfants sacrifiés et les habitants actuels du Yucatan concernent les gènes codant le système HLA. Les Mexicains actuels présentent plus souvent que leurs ancêtres l’allèle HLA-DR4, qui offre une plus grande résistance à Salmonella enterica.
Cette bactérie fut responsable au XVIème siècle d’une épidémie particulièrement meurtrière chez les populations indigènes du Mexique, maladie appelée « cocoliztli » par les locaux. La plus forte présence de cet allèle chez les Mexicains actuels résulte donc d’un phénomène de sélection naturelle par l’épidémie.
La civilisation maya a disparu au début du XVIème siècle, victime tout à la fois des violences commises par les conquistadors espagnols et de terribles épidémies de variole, de rougeole et donc de « cocolitzli » qui ont tué 90 % de la population indigène du Mexique. Les vainqueurs espagnols ont ainsi pu imposer le catholicisme et interdire les religions locales et les sacrifices humains.
Pour le plus grand profit des jumeaux.
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Homme ou femme : qui s’envoie le mieux en l’air ?
Frédéric Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Sophie Adenot, la deuxième Française à partir dans l'espace après Claudie Haigneré, vient d'être sélectionnée pour une mission spatiale prévue en 2026. Cette annonce coïncide avec la publication d’une étude dans Nature communications sur les différences entre hommes et femmes face aux rigueurs des voyages spatiaux.
Des chercheurs américains ont analysé des données biologiques d'astronautes masculins et féminins avant, pendant et après un vol spatial. Ils ont constaté que les femmes retrouvaient plus rapidement des paramètres physiologiques normaux après leur retour sur Terre. Les analyses ont notamment révélé que plusieurs cytokines pro-inflammatoires augmentaient significativement après le vol spatial avec des différences sexospécifiques dans cette réponse immunitaire.
Les données montrent ainsi que les hommes ont une réponse immunitaire plus perturbée par le séjour dans l’espace, avec une récupération plus lente. En revanche, les femmes ont montré une meilleure capacité d'adaptation, ce qui pourrait être lié à leur système immunitaire naturellement préparé pour la grossesse. A la lecture de ces travaux, les agences spatiales pourraient donc envisager de favoriser la participation des femmes à l’exploration spatiale.
Rappelons que depuis Youri Gagarine, 676 personnes ont voyagé dans l'espace, parmi lesquelles seulement 75 femmes depuis la première cosmonaute soviétique Valentina Terechkova.
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Un médecin parmi les héros
Quentin Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Il y a 80 ans, le commando Kieffer, composé de 177 soldats français, débarquait en Normandie pour libérer le pays. Parmi eux, un futur professeur d’anesthésie, Guy Vourc’h.
Le 6 juin dernier, la Nation tout entière rendait hommage aux milliers de soldats qui ont débarqué en Normandie il y a 80 ans pour libérer l’Europe du joug allemand et qui se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté. Si bien sûr, ces commémorations étaient l’occasion de remercier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, qui ont contribué à la libération de notre pays, elles étaient également l’occasion de célébrer, les 177 jeunes hommes français qui sont allés au bout de leur engagement pour leur pays en participant au débarquement dans les rangs des troupes britanniques. Parmi ces hommes du commando Kieffer, on trouvait le futur Pr Guy Vourc’h, anesthésiste et membre de l’Académie de médecine.
Pas encore en Angleterre !
Né en 1919 dans la petite ville bretonne de Plomodiern, fils du Dr Antoine Vourch’, ancien combattant de 14-18 et futur député et sénateur, Guy Vourch’ débute ses études de médecine en 1936 pour pouvoir épauler son père. Mais comme tous les jeunes hommes de son âge, la guerre va venir bousculer ce parcours qui semblait tout tracé. En septembre 1939, il est mobilisé comme infirmier mais insiste pour être engagé dans une unité combattante. Après la terrible débâcle du printemps 1940, il regagne la maison familiale. Quand son père le voit passer le pas de la porte, il s’exclame « comment, tu n’es pas encore en Angleterre ? ».
« Quatre ans d’entraînement pour quelques minutes de combat »
L’Angleterre, depuis laquelle le Général de Gaulle a lancé son appel aux Français à continuer le combat, le jeune Guy Vourc’h la rejoindra quelques mois plus tard. Le 20 octobre 1940, il embarque à Douarnenez sur un modeste bateau qu’il a acheté, avec son frère Jean et quelques amis. La traversée est prévue pour ne durer que 24 heures, elle durera 11 jours (malgré ses origines bretonnes, Guy Vourc’h était, de son propre aveu, un piètre marin) et ce sont des hommes alités et « agonisants » qui sont recueillis par un cargo britannique le 31 octobre 1940.
Après avoir été versé dans un service de propagande radio, Guy Vourc’h obtient d’être enrôlé dans les commandos britanniques. Il intègre ainsi comme lieutenant le 1er bataillon de fusiliers marins commandos, plus connus sous le nom de commando Kieffer du nom de son commandant Philippe Kieffer, avec lequel le jeune Guy Vourc’h noue une amitié qui ne s’éteindra qu’en 1962 avec la mort de celui qu’on surnommait « le Pacha ».
Puis vient le jour fatidique. Le 6 juin 1944, sur la plage de Sword près de Ouistreham, Guy Vourc’h et ses hommes foulent la terre de France quatre ans après leur départ, sous le feu des mitrailleuses allemandes. Le jeune breton est blessé lors de cette journée. « Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat, cela aussi c’était la guerre » commentait-t-il. Il est rapatrié en Angleterre et ronge son frein. « Je me sens honteux d’un tel confort quand mes camarades luttent et peinent en France » écrit-il. Il retrouve finalement ses camarades de combat le 4 août, participe à la fin de la bataille de Normandie puis à un fait d’armes oublié, pourtant considéré comme l’heure de gloire du commando Kieffer : la prise de l’île de Walcheren, au large des Pays-Bas.
Un phare breton, père de l’anesthésie française
En rejoignant la Résistance, Guy Vourc’h n’a fait que participer à un élan familial. Ainsi, durant la guerre, son père, sa mère et ses cinq sœurs dirigent un réseau de résistance intérieure, tandis que ses trois frères rejoindront les Forces Françaises Libres (FFL). Un drame endeuillera la famille : Jean, le jeune frère de Guy, est tué au combat en 1944 pendant la libération de Paris. Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume.
La guerre enfin terminé, Guy Vourc’h peut de nouveau se consacrer à ses études de médecine, qu’il a dû interrompre pendant six longues années. Le Dr Vourc’h souhaite devenir anesthésiste, alors que l’anesthésie n’est pas encore reconnue en France comme une discipline médicale à part entière (elle ne le sera qu’en 1966). C’est le moment de la deuxième traversée de la Manche (plus tranquille cette fois) pour le jeune médecin, qui part étudier au prestigieux Royal College of Surgeons de Londres.
Rentré en France, où il va exercer pendant plus de 30 ans à l’hôpital Foch de Suresnes, notre héros va alors donner ses lettres de noblesse à l’anesthésie française. Il devient ainsi le premier agrégé d’anesthésie en 1958 puis le premier anesthésiste titulaire de la chaire d’anesthésie (jusque-là réservée aux chirurgiens) en 1966. Travailleur infatigable, président de la société d’anesthésie nationale, il obtient une notoriété internationale grâce à plus de 200 publications scientifiques et à son appartenance à de nombreuses sociétés savantes. Le suprême honneur survient en 1984, lorsqu’il est admis à l’Académie de médecine.
Lisant couramment le grec et le latin, amoureux de littérature anglaise, de Chateaubriand et de Mozart, le Pr Guy Vourc’h, archétype du médecin humaniste, s’est éteint en 1988 à l’âge de 69 ans après une longue bataille contre le cancer. Quatre-vingts ans après le débarquement, alors que les vétérans disparaissent, Jean-Guy, fils du Pr Vourc’h, continue d’entretenir le souvenir de ce père qui n’aimait pas parler de ses années de guerre. « Avec le temps qui passe, on réalise l’énormité de ce qu’ils ont fait et les risques qu’ils ont pris. Ils ont fait le plus difficile, gagner la guerre. A nous maintenant le plus long, essayer de maintenir la paix ».
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La dame de cœur
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Première femme chirurgienne cardiaque en France et fondatrice de l’association Mécénat chirurgie cardiaque, la Pr Francine Leca est décédée samedi dernier à l’âge de 86 ans.
« Quand je pense que nous n’avions pas le droit de vote quand je suis née ! » s’exclamait Francine Leca dans une interview accordée au journal l’Express en 1997. Née en 1938, Francine Leca a en effet grandi dans un monde où les femmes étaient le plus souvent reléguées à des taches domestiques, à des métiers peu qualifiés et où la médecine restait un art résolument masculin.
Décédée samedi dernier à l’âge de 86 ans, la Pr Francine Leca aura pulvérisé les barrières de genre, en devenant la première femme chirurgienne cardiaque de France.
Un coup de foudre
C’est en 1968, alors que les évènements de mai viennent de bousculer les certitudes de la société et notamment sur la place des femmes, que la vie de Francine Leca va basculer pour la première fois. Alors interne en chirurgie, la jeune femme se destine à devenir chirurgienne de la main, lorsqu’elle assiste à l’hôpital Laennec pour la première fois de sa vie à une opération à cœur ouvert, réalisée par le Pr Jean Mathey, pionnier de la chirurgie cardiaque en France.
Ce fut « le coup de foudre, le vrai, celui qui vous cloue sur place, qui vous bouleverse totalement » se rappelait le Pr Leca, qui décide alors de devenir chirurgienne cardiaque.
Seule femme dans ce milieu d’hommes, elle ne se souvient pas pour autant avoir été particulièrement victime de sexisme. « Vous croyez que les hommes se font des cadeaux entre eux ? J’ai simplement eu la chance de naître dans une famille bourgeoise où on laissait les enfants faire ce dont ils avaient envie. Je me suis accrochée c’est tout » expliquait-elle. Modeste, le Pr Leca préférait en effet ne pas trop s’épancher sur son destin pourtant exceptionnel. Celle que son père surnommait « BAR » pour « bonne à rien » devient en 1971 la première chirurgienne cardiaque en France.
Elle se spécialise alors dans les cardiopathies congénitales pédiatriques. En 1989, elle prend la succession du Pr Jean-Yves Neveux, pionnier de la greffe cardiaque pédiatrique, comme cheffe du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Laennec, puis devient cheffe du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Necker en 1999.
Le deuxième tournant de la vie du Pr Leca se dessine un matin de 1996. Ce jour-là, elle reçoit une lettre d’un professeur de français iranien, qui lui explique qu’il désire se rendre en France avec son fils, atteint d’une malformation cardiaque, qui ne peut être opérée en Iran. Quand la directrice de l’hôpital Laennec lui explique que l’assistance publique ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde, la Pr Leca ne parvient pas à se contenter de son refus.
« Je ne suis pas un ouvre-boîte »
Avec son filleul Patrice Roynette, elle fonde alors l’association Mécénat Chirurgie cardiaque, dont le but est de permettre à des enfants atteints de malformations cardiaques et vivant dans des pays pauvres de se rendre en France pour y être opérés. Le terme « mécénat » ne doit rien au hasard : le Pr Leca se décrit comme un artisan, un horloger et considère que « le cœur d’un enfant est aussi une œuvre d’art ».
Le premier enfant opéré par le Pr Leca grâce à cette association est un petit garçon moldave, dont la famille d’accueil en France sont les parents d’un enfant greffé par le Pr Leca. C’est que contrairement à beaucoup de ses confrères, le Pr Leca tente de garder le contact avec ses patients et noue parfois de profonde amitié avec eux, comme avec Olivier, l’un des tous premiers enfants qu’elle a opérés, qu’elle considère comme son propre fils.
« Je ne suis pas un ouvre-boite, j’opère mes patients et je les suis » s’amusait-elle à dire. « On ne fait pas ce métier si on n’aime pas les gens, moi j’aime profondément les gens » Difficile cependant de garder le contact avec tous ses patients quand on a, comme le Pr Leca, opéré plus de 6 000 personnes, sans compter les 4 000 enfants sauvés grâce à son association. « Pas mal, mais pas suffisant » commentait-elle modestement.
« J’ai aimé beaucoup de choses, mais ce que j’aime par-dessus-tout, c’est mon métier » disait-elle. Après avoir quitté l’hôpital en 2006, le Pr Leca a continué à opérer des enfants venus du monde entier dans le cadre de son association jusqu’en 2016, à l’âge de 78 ans.
C’est Mécénat Chirurgie cardiaque, qui restera l’œuvre de sa vie, qui a annoncé son décès samedi dernier. « Un grand merci Madame Leca. Nous allons continuer, pour vous, pour les enfants ».
Pour avoir exercé dans un des "temples" de la chirurgie cardiaque parisienne, il faut reconnaître l'esprit de pionniers qui a entouré les premiers chirurgiens cardiaques. Spécialité ultra technique, formatrice et dense, les quelques centres de chirurgie cardio thoracique de Paris et périphérie, se connaissent et se reconnaissent. Me Lecas avait sa spécificité pédiatrique et tirait son service vers l'excellence. En cela elle était respectée même par le chef de service du "temple" où j'exerçais. Il y a un pendant à mécénat chirurgie cardiaque, c'est la chaîne de l'espoir, antérieure de 2 ans
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Des généticiens ont étudié l’ADN d’enfants tués lors de sacrifices humains dans l’Amérique précolombienne et ont découvert que les jumeaux étaient des victimes de choix des prêtres de l’époque.
L’exposition actuellement organisée au musée Jacques Chirac du Quai Branly sur la civilisation aztèque consacre une large part à la pratique des sacrifices humains. Ce rituel sanglant consistant à extraire le cœur d’une victime vivante ou à la décapiter afin de « nourrir les dieux » explique une large part de la fascination qu’exerce les civilisations précolombiennes sur une partie des historiens, des ethnologues et plus largement de tous les curieux.
Pendant longtemps, ces sacrifices, visiblement très fréquents, n’ont été connus que grâce aux quelques textes religieux et témoignages des conquistadors espagnols de l’époque. Mais les progrès de la science permettent désormais d’utiliser la génétique, ou plus précisément l’archéogénétique, pour percer certains mystères de ces pratiques terrifiantes.
Dans un article publié dans la revue Nature le 12 juin dernier, des chercheurs mexicains et allemands exerçant au Max Planck Institute de Leipzig d’anthropologie évolutive racontent ainsi leur voyage scientifique au cœur de la civilisation maya (qui a occupé une partie de l’Amérique centrale pendant plusieurs milliers d’années).
Les généticiens ont réalisé une analyse ADN sur des restes de 64 enfants retrouvés près du site archéologique de Chichen Itza dans la région du Yucatan au Mexique, célèbre pour ses magnifiques pyramides et qui fut au Xème siècle la capitale de la civilisation Maya.
Deux paires de jumeaux parmi les suppliciés
Ces restes humains avaient été retrouvés en 1967 mais c’est la première fois qu’ils font l’objet d’une analyse génétique. Au vu de la localisation de ces restes près d’un centre religieux, il ne fait nul doute qu’ils ont été les victimes d’une des nombreuses cérémonies de sacrifice humain qui s’est tenue en ces lieux. En se basant sur des textes religieux et des témoignages de conquistadors, les historiens ont longtemps cru qu’il s’agissait des restes de petites filles, sacrifiées dans le cadre de rites de fertilité.
Une croyance totalement battue en brèche par l’analyse génétique menée par les chercheurs de l’Institut Max Planck. L’intégralité des 64 victimes sont en effet des garçons âgés de trois à six ans. Les généticiens ont surtout découvert que 16 des 64 victimes enterrées ensemble avaient des liens de parenté étroits (frères ou cousins), indiquant que c’étaient donc des fratries entières que les prêtres mayas sacrifiaient.
En analysant le taux de collagène des os, les chercheurs ont également pu extrapoler le régime alimentaire des sacrifiés. Les enfants génétiquement proches partageaient le même régime alimentaire, laissant penser qu’ils ont été sacrifiés ensemble selon le même rituel.
Plus intrigant encore, on compte parmi les 64 suppliciés deux paires de vrais jumeaux. Les jumeaux monozygotes ne représentant que 0,4 % de la population, les chercheurs estiment peu probable que cela soit le fruit du hasard. Ils émettent donc l’hypothèse que les jumeaux étaient des victimes particulièrement recherchées par les prêtres mayas (comme plus tard par le Dr Joseph Mengele) et qu’en l’absence de jumeaux disponibles, des frères ou des cousins étaient sacrifiés à leur place.
Les jumeaux sont en effet un thème récurrent de la mythologie maya. Dans le Popol Vuh, sorte de Bible des mayas, deux jumeaux sont sacrifiés par les dieux. La tête de l’un deux féconde une femme qui donne naissance à une paire de jumeaux, Hunapu et Xbalanque, appelés les jumeaux héroïques, des personnages récurrents de la mythologie maya.
Une sélection naturelle particulièrement meurtrière
Les chercheurs ont également comparé l’ADN des 64 sacrifiés de l’époque maya avec les résultats d’une analyse ADN menée sur 68 habitants actuels de la région. La comparaison a démontré une forte proximité génétique entre les deux groupes, démontrant que les victimes des sacrifices étaient bien originaires de la région et non, comme certains historiens ont pu le prétendre, des enfants enlevés par les mayas parmi d’autres peuples.
La seule différence génétique notable entre les enfants sacrifiés et les habitants actuels du Yucatan concernent les gènes codant le système HLA. Les Mexicains actuels présentent plus souvent que leurs ancêtres l’allèle HLA-DR4, qui offre une plus grande résistance à Salmonella enterica.
Cette bactérie fut responsable au XVIème siècle d’une épidémie particulièrement meurtrière chez les populations indigènes du Mexique, maladie appelée « cocoliztli » par les locaux. La plus forte présence de cet allèle chez les Mexicains actuels résulte donc d’un phénomène de sélection naturelle par l’épidémie.
La civilisation maya a disparu au début du XVIème siècle, victime tout à la fois des violences commises par les conquistadors espagnols et de terribles épidémies de variole, de rougeole et donc de « cocolitzli » qui ont tué 90 % de la population indigène du Mexique. Les vainqueurs espagnols ont ainsi pu imposer le catholicisme et interdire les religions locales et les sacrifices humains.
Pour le plus grand profit des jumeaux.
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Homme ou femme : qui s’envoie le mieux en l’air ?
Frédéric Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Sophie Adenot, la deuxième Française à partir dans l'espace après Claudie Haigneré, vient d'être sélectionnée pour une mission spatiale prévue en 2026. Cette annonce coïncide avec la publication d’une étude dans Nature communications sur les différences entre hommes et femmes face aux rigueurs des voyages spatiaux.
Des chercheurs américains ont analysé des données biologiques d'astronautes masculins et féminins avant, pendant et après un vol spatial. Ils ont constaté que les femmes retrouvaient plus rapidement des paramètres physiologiques normaux après leur retour sur Terre. Les analyses ont notamment révélé que plusieurs cytokines pro-inflammatoires augmentaient significativement après le vol spatial avec des différences sexospécifiques dans cette réponse immunitaire.
Les données montrent ainsi que les hommes ont une réponse immunitaire plus perturbée par le séjour dans l’espace, avec une récupération plus lente. En revanche, les femmes ont montré une meilleure capacité d'adaptation, ce qui pourrait être lié à leur système immunitaire naturellement préparé pour la grossesse. A la lecture de ces travaux, les agences spatiales pourraient donc envisager de favoriser la participation des femmes à l’exploration spatiale.
Rappelons que depuis Youri Gagarine, 676 personnes ont voyagé dans l'espace, parmi lesquelles seulement 75 femmes depuis la première cosmonaute soviétique Valentina Terechkova.
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Un médecin parmi les héros
Quentin Haroche | 14 Juin 2024
jim.fr
Il y a 80 ans, le commando Kieffer, composé de 177 soldats français, débarquait en Normandie pour libérer le pays. Parmi eux, un futur professeur d’anesthésie, Guy Vourc’h.
Le 6 juin dernier, la Nation tout entière rendait hommage aux milliers de soldats qui ont débarqué en Normandie il y a 80 ans pour libérer l’Europe du joug allemand et qui se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté. Si bien sûr, ces commémorations étaient l’occasion de remercier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, qui ont contribué à la libération de notre pays, elles étaient également l’occasion de célébrer, les 177 jeunes hommes français qui sont allés au bout de leur engagement pour leur pays en participant au débarquement dans les rangs des troupes britanniques. Parmi ces hommes du commando Kieffer, on trouvait le futur Pr Guy Vourc’h, anesthésiste et membre de l’Académie de médecine.
Pas encore en Angleterre !
Né en 1919 dans la petite ville bretonne de Plomodiern, fils du Dr Antoine Vourch’, ancien combattant de 14-18 et futur député et sénateur, Guy Vourch’ débute ses études de médecine en 1936 pour pouvoir épauler son père. Mais comme tous les jeunes hommes de son âge, la guerre va venir bousculer ce parcours qui semblait tout tracé. En septembre 1939, il est mobilisé comme infirmier mais insiste pour être engagé dans une unité combattante. Après la terrible débâcle du printemps 1940, il regagne la maison familiale. Quand son père le voit passer le pas de la porte, il s’exclame « comment, tu n’es pas encore en Angleterre ? ».
« Quatre ans d’entraînement pour quelques minutes de combat »
L’Angleterre, depuis laquelle le Général de Gaulle a lancé son appel aux Français à continuer le combat, le jeune Guy Vourc’h la rejoindra quelques mois plus tard. Le 20 octobre 1940, il embarque à Douarnenez sur un modeste bateau qu’il a acheté, avec son frère Jean et quelques amis. La traversée est prévue pour ne durer que 24 heures, elle durera 11 jours (malgré ses origines bretonnes, Guy Vourc’h était, de son propre aveu, un piètre marin) et ce sont des hommes alités et « agonisants » qui sont recueillis par un cargo britannique le 31 octobre 1940.
Après avoir été versé dans un service de propagande radio, Guy Vourc’h obtient d’être enrôlé dans les commandos britanniques. Il intègre ainsi comme lieutenant le 1er bataillon de fusiliers marins commandos, plus connus sous le nom de commando Kieffer du nom de son commandant Philippe Kieffer, avec lequel le jeune Guy Vourc’h noue une amitié qui ne s’éteindra qu’en 1962 avec la mort de celui qu’on surnommait « le Pacha ».
Puis vient le jour fatidique. Le 6 juin 1944, sur la plage de Sword près de Ouistreham, Guy Vourc’h et ses hommes foulent la terre de France quatre ans après leur départ, sous le feu des mitrailleuses allemandes. Le jeune breton est blessé lors de cette journée. « Quatre ans d’entrainement pour quelques minutes de combat, cela aussi c’était la guerre » commentait-t-il. Il est rapatrié en Angleterre et ronge son frein. « Je me sens honteux d’un tel confort quand mes camarades luttent et peinent en France » écrit-il. Il retrouve finalement ses camarades de combat le 4 août, participe à la fin de la bataille de Normandie puis à un fait d’armes oublié, pourtant considéré comme l’heure de gloire du commando Kieffer : la prise de l’île de Walcheren, au large des Pays-Bas.
Un phare breton, père de l’anesthésie française
En rejoignant la Résistance, Guy Vourc’h n’a fait que participer à un élan familial. Ainsi, durant la guerre, son père, sa mère et ses cinq sœurs dirigent un réseau de résistance intérieure, tandis que ses trois frères rejoindront les Forces Françaises Libres (FFL). Un drame endeuillera la famille : Jean, le jeune frère de Guy, est tué au combat en 1944 pendant la libération de Paris. Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume.
La guerre enfin terminé, Guy Vourc’h peut de nouveau se consacrer à ses études de médecine, qu’il a dû interrompre pendant six longues années. Le Dr Vourc’h souhaite devenir anesthésiste, alors que l’anesthésie n’est pas encore reconnue en France comme une discipline médicale à part entière (elle ne le sera qu’en 1966). C’est le moment de la deuxième traversée de la Manche (plus tranquille cette fois) pour le jeune médecin, qui part étudier au prestigieux Royal College of Surgeons de Londres.
Rentré en France, où il va exercer pendant plus de 30 ans à l’hôpital Foch de Suresnes, notre héros va alors donner ses lettres de noblesse à l’anesthésie française. Il devient ainsi le premier agrégé d’anesthésie en 1958 puis le premier anesthésiste titulaire de la chaire d’anesthésie (jusque-là réservée aux chirurgiens) en 1966. Travailleur infatigable, président de la société d’anesthésie nationale, il obtient une notoriété internationale grâce à plus de 200 publications scientifiques et à son appartenance à de nombreuses sociétés savantes. Le suprême honneur survient en 1984, lorsqu’il est admis à l’Académie de médecine.
Lisant couramment le grec et le latin, amoureux de littérature anglaise, de Chateaubriand et de Mozart, le Pr Guy Vourc’h, archétype du médecin humaniste, s’est éteint en 1988 à l’âge de 69 ans après une longue bataille contre le cancer. Quatre-vingts ans après le débarquement, alors que les vétérans disparaissent, Jean-Guy, fils du Pr Vourc’h, continue d’entretenir le souvenir de ce père qui n’aimait pas parler de ses années de guerre. « Avec le temps qui passe, on réalise l’énormité de ce qu’ils ont fait et les risques qu’ils ont pris. Ils ont fait le plus difficile, gagner la guerre. A nous maintenant le plus long, essayer de maintenir la paix ».
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La dame de cœur
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Première femme chirurgienne cardiaque en France et fondatrice de l’association Mécénat chirurgie cardiaque, la Pr Francine Leca est décédée samedi dernier à l’âge de 86 ans.
« Quand je pense que nous n’avions pas le droit de vote quand je suis née ! » s’exclamait Francine Leca dans une interview accordée au journal l’Express en 1997. Née en 1938, Francine Leca a en effet grandi dans un monde où les femmes étaient le plus souvent reléguées à des taches domestiques, à des métiers peu qualifiés et où la médecine restait un art résolument masculin.
Décédée samedi dernier à l’âge de 86 ans, la Pr Francine Leca aura pulvérisé les barrières de genre, en devenant la première femme chirurgienne cardiaque de France.
Un coup de foudre
C’est en 1968, alors que les évènements de mai viennent de bousculer les certitudes de la société et notamment sur la place des femmes, que la vie de Francine Leca va basculer pour la première fois. Alors interne en chirurgie, la jeune femme se destine à devenir chirurgienne de la main, lorsqu’elle assiste à l’hôpital Laennec pour la première fois de sa vie à une opération à cœur ouvert, réalisée par le Pr Jean Mathey, pionnier de la chirurgie cardiaque en France.
Ce fut « le coup de foudre, le vrai, celui qui vous cloue sur place, qui vous bouleverse totalement » se rappelait le Pr Leca, qui décide alors de devenir chirurgienne cardiaque.
Seule femme dans ce milieu d’hommes, elle ne se souvient pas pour autant avoir été particulièrement victime de sexisme. « Vous croyez que les hommes se font des cadeaux entre eux ? J’ai simplement eu la chance de naître dans une famille bourgeoise où on laissait les enfants faire ce dont ils avaient envie. Je me suis accrochée c’est tout » expliquait-elle. Modeste, le Pr Leca préférait en effet ne pas trop s’épancher sur son destin pourtant exceptionnel. Celle que son père surnommait « BAR » pour « bonne à rien » devient en 1971 la première chirurgienne cardiaque en France.
Elle se spécialise alors dans les cardiopathies congénitales pédiatriques. En 1989, elle prend la succession du Pr Jean-Yves Neveux, pionnier de la greffe cardiaque pédiatrique, comme cheffe du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Laennec, puis devient cheffe du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Necker en 1999.
Le deuxième tournant de la vie du Pr Leca se dessine un matin de 1996. Ce jour-là, elle reçoit une lettre d’un professeur de français iranien, qui lui explique qu’il désire se rendre en France avec son fils, atteint d’une malformation cardiaque, qui ne peut être opérée en Iran. Quand la directrice de l’hôpital Laennec lui explique que l’assistance publique ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde, la Pr Leca ne parvient pas à se contenter de son refus.
« Je ne suis pas un ouvre-boîte »
Avec son filleul Patrice Roynette, elle fonde alors l’association Mécénat Chirurgie cardiaque, dont le but est de permettre à des enfants atteints de malformations cardiaques et vivant dans des pays pauvres de se rendre en France pour y être opérés. Le terme « mécénat » ne doit rien au hasard : le Pr Leca se décrit comme un artisan, un horloger et considère que « le cœur d’un enfant est aussi une œuvre d’art ».
Le premier enfant opéré par le Pr Leca grâce à cette association est un petit garçon moldave, dont la famille d’accueil en France sont les parents d’un enfant greffé par le Pr Leca. C’est que contrairement à beaucoup de ses confrères, le Pr Leca tente de garder le contact avec ses patients et noue parfois de profonde amitié avec eux, comme avec Olivier, l’un des tous premiers enfants qu’elle a opérés, qu’elle considère comme son propre fils.
« Je ne suis pas un ouvre-boite, j’opère mes patients et je les suis » s’amusait-elle à dire. « On ne fait pas ce métier si on n’aime pas les gens, moi j’aime profondément les gens » Difficile cependant de garder le contact avec tous ses patients quand on a, comme le Pr Leca, opéré plus de 6 000 personnes, sans compter les 4 000 enfants sauvés grâce à son association. « Pas mal, mais pas suffisant » commentait-elle modestement.
« J’ai aimé beaucoup de choses, mais ce que j’aime par-dessus-tout, c’est mon métier » disait-elle. Après avoir quitté l’hôpital en 2006, le Pr Leca a continué à opérer des enfants venus du monde entier dans le cadre de son association jusqu’en 2016, à l’âge de 78 ans.
C’est Mécénat Chirurgie cardiaque, qui restera l’œuvre de sa vie, qui a annoncé son décès samedi dernier. « Un grand merci Madame Leca. Nous allons continuer, pour vous, pour les enfants ».
Pour avoir exercé dans un des "temples" de la chirurgie cardiaque parisienne, il faut reconnaître l'esprit de pionniers qui a entouré les premiers chirurgiens cardiaques. Spécialité ultra technique, formatrice et dense, les quelques centres de chirurgie cardio thoracique de Paris et périphérie, se connaissent et se reconnaissent. Me Lecas avait sa spécificité pédiatrique et tirait son service vers l'excellence. En cela elle était respectée même par le chef de service du "temple" où j'exerçais. Il y a un pendant à mécénat chirurgie cardiaque, c'est la chaîne de l'espoir, antérieure de 2 ans
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Médecins de campagne
Quentin Haroche | 25 Juin 2024
jim.fr
Ce sont au total 35 médecins qui tenteront d’être élus député lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochain. La plupart d’entre eux porteront les couleurs de la coalition présidentielle.
A la fois figure d’autorité, expert en santé et proche des citoyens, le médecin semble avoir le profil idéal pour faire un bon candidat lors d’élections législatives. L’histoire de la République est ainsi émaillée de députés médecins et durant la IIIème République, c’était jusqu’à 10 % des parlementaires qui étaient professionnels de santé.
Cette mainmise médicale sur la République s’est peut-être estompée avec les années, mais ce sont tout de même 35 médecins, dont 16 députés sortants, qui seront candidats aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain, convoquées suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale prononcée le 9 juin dernier par le Président de la République Emmanuel Macron. Après le métier d’avocat, celui de médecin est le plus représenté au Palais Bourbon.
Si les sondages donnent la coalition présidentielle largement distancée par ses adversaires du Rassemblement National (RN) et du Nouveau Front Populaire (NFP) pour ces élections, le camp macroniste conserve les faveurs des médecins candidats. Ce sont en tout 15 praticiens qui portent les couleurs des partis de la coalition Ensemble pour la République (Renaissance, Horizons, Modem) auxquels il faut ajouter deux candidats sans étiquette soutenus par le camp présidentiel.
Les médecins restent séduits par Emmanuel Macron
L’un de ces candidats sans étiquette est sans doute le médecin candidat le plus célèbre : le Dr Olivier Véran se présente pour sa réélection dans la 1ère circonscription de l’Isère. Celui qui fut ministre de la Santé durant la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2022, avait pourtant indiqué en janvier dernier lors de son départ du gouvernement qu’il quittait la politique pour se reconvertir dans la médecine esthétique. Non seulement le neurologue abandonne sa reconversion, mais il brigue donc un 4ème mandat de député.
Parmi les médecins qui porteront les couleurs de la majorité présidentielle, on compte de nombreux députés sortants, comme le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue et députée de la 1ère circonscription du Loiret, qui fut notamment à l’origine de la loi de 2021 plafonnant la rémunération des médecins intérimaires et rapporteur de la dernière réforme des retraites.
Du côté d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, on note la présence du Dr Thomas Mesnier : en 2022, cet urgentiste avait vu sa réélection invalidée avant de perdre l’élection partielle à 500 voix près seulement dans la 1ère circonscription de la Charente.
D’habitude relativement populaire chez les médecins, le parti Les Républicains (LR) « canal historique » (c’est-à-dire qui ne s’est pas rallié au RN) ne présentera que trois candidats médecins, tous députés sortants : le Pr Philippe Juvin (3ème circonscription des Hauts-de-Seine), le Dr Yannick Neuder (7ème circonscription de l’Isère) et le Dr Jean-Jacques Gaultier (4ème circonscription des Vosges). Le Pr Juvin bénéficiera d’ailleurs du désistement de la majorité présidentielle en sa faveur dans sa circonscription.
Le retour du Dr Cahuzac
Si l’on s’intéresse au NFP, alliance qui on le sait regroupe le Parti Socialiste (PS), Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Parti Communiste Français (PCF) et La France Insoumise (LFI), on retrouve quelques visages connus, comme le Dr Dominique Voynet (2ème circonscription du Doubs), ancienne ministre de l’Environnement ou le Pr Raphael Pitti (5ème circonscription des Hauts-de-Seine), anesthésiste-réanimateur connu pour avoir mené de nombreuses missions humanitaires en Ukraine et à Gaza.
Mais cette liste contient également un invité inattendu : le Dr Jérôme Cahuzac ! Le chirurgien, ancien ministre du budget, sera candidat NFP dans la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne : celui qui fut condamné en 2018 à deux ans de prison pour fraude fiscale milite donc désormais pour le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) !
En tête des sondages, le RN ne parvient en revanche pas à convaincre les praticiens engagés en politique. On compte seulement quatre médecins candidats sous les couleurs du parti d’extrême-droite, dont deux députés sortants : le Dr Joelle Mélin (9ème circonscription des Bouches-du-Rhône), experte des questions de santé au Front National depuis 30 ans (et future ministre de la Santé en cas de victoire du RN ?) et le Dr Thierry Frappé (10ème circonscription du Pas-de-Calais).
A noter enfin la candidature du Dr Paul-André Colombani, député sortant nationaliste corse, très bien parti pour être réélu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud.
On ne va pas revenir sur Véran et ses promesses de bazar, mais la fierté ne porte pas haut chez Cahuzac. Le mec qui posait la question à l'assemblée nationale sur le paradis fiscal du Delaware aux USA pour savoir si celui-ci était dans le collimateur de Bercy ou pas ? Normal, vu qu'il y avait des intérêts financiers... Bref, il faut bien occuper les chirurgiens en déshérence. le Pinoccchio de la médecine ou de la politique on ne sait plus, va t-il être élu député ? Henri Guaino le cerbère Sarkozyste disait récemment sur une chaine d'infos en continu "le peuple n'a pas toujours raison mais il a le dernier mot" Même pour le traité de Lisbonne Henri ??
Au delà de ça, il faut constater le peu de soignants par rapport aux médecins. Peut-être en province, le "statut" du médecin a encore quelque oriflammes, mais en IDF il faut le dire, le statut médical n'est plus un signe de notabilité depuis quelques temps. Mais le mal de reconnaissance, les breloques accrochées au revers du veston et sur la bio wikipédia, ça peut faire bien pour intégrer les clubs interallier, le siècle, les salons du Coste ou le racing club de France. Alors député, pourquoi pas ?
Quentin Haroche | 25 Juin 2024
jim.fr
Ce sont au total 35 médecins qui tenteront d’être élus député lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochain. La plupart d’entre eux porteront les couleurs de la coalition présidentielle.
A la fois figure d’autorité, expert en santé et proche des citoyens, le médecin semble avoir le profil idéal pour faire un bon candidat lors d’élections législatives. L’histoire de la République est ainsi émaillée de députés médecins et durant la IIIème République, c’était jusqu’à 10 % des parlementaires qui étaient professionnels de santé.
Cette mainmise médicale sur la République s’est peut-être estompée avec les années, mais ce sont tout de même 35 médecins, dont 16 députés sortants, qui seront candidats aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain, convoquées suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale prononcée le 9 juin dernier par le Président de la République Emmanuel Macron. Après le métier d’avocat, celui de médecin est le plus représenté au Palais Bourbon.
Si les sondages donnent la coalition présidentielle largement distancée par ses adversaires du Rassemblement National (RN) et du Nouveau Front Populaire (NFP) pour ces élections, le camp macroniste conserve les faveurs des médecins candidats. Ce sont en tout 15 praticiens qui portent les couleurs des partis de la coalition Ensemble pour la République (Renaissance, Horizons, Modem) auxquels il faut ajouter deux candidats sans étiquette soutenus par le camp présidentiel.
Les médecins restent séduits par Emmanuel Macron
L’un de ces candidats sans étiquette est sans doute le médecin candidat le plus célèbre : le Dr Olivier Véran se présente pour sa réélection dans la 1ère circonscription de l’Isère. Celui qui fut ministre de la Santé durant la pandémie de Covid-19 entre 2020 et 2022, avait pourtant indiqué en janvier dernier lors de son départ du gouvernement qu’il quittait la politique pour se reconvertir dans la médecine esthétique. Non seulement le neurologue abandonne sa reconversion, mais il brigue donc un 4ème mandat de député.
Parmi les médecins qui porteront les couleurs de la majorité présidentielle, on compte de nombreux députés sortants, comme le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue et députée de la 1ère circonscription du Loiret, qui fut notamment à l’origine de la loi de 2021 plafonnant la rémunération des médecins intérimaires et rapporteur de la dernière réforme des retraites.
Du côté d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, on note la présence du Dr Thomas Mesnier : en 2022, cet urgentiste avait vu sa réélection invalidée avant de perdre l’élection partielle à 500 voix près seulement dans la 1ère circonscription de la Charente.
D’habitude relativement populaire chez les médecins, le parti Les Républicains (LR) « canal historique » (c’est-à-dire qui ne s’est pas rallié au RN) ne présentera que trois candidats médecins, tous députés sortants : le Pr Philippe Juvin (3ème circonscription des Hauts-de-Seine), le Dr Yannick Neuder (7ème circonscription de l’Isère) et le Dr Jean-Jacques Gaultier (4ème circonscription des Vosges). Le Pr Juvin bénéficiera d’ailleurs du désistement de la majorité présidentielle en sa faveur dans sa circonscription.
Le retour du Dr Cahuzac
Si l’on s’intéresse au NFP, alliance qui on le sait regroupe le Parti Socialiste (PS), Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Parti Communiste Français (PCF) et La France Insoumise (LFI), on retrouve quelques visages connus, comme le Dr Dominique Voynet (2ème circonscription du Doubs), ancienne ministre de l’Environnement ou le Pr Raphael Pitti (5ème circonscription des Hauts-de-Seine), anesthésiste-réanimateur connu pour avoir mené de nombreuses missions humanitaires en Ukraine et à Gaza.
Mais cette liste contient également un invité inattendu : le Dr Jérôme Cahuzac ! Le chirurgien, ancien ministre du budget, sera candidat NFP dans la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne : celui qui fut condamné en 2018 à deux ans de prison pour fraude fiscale milite donc désormais pour le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) !
En tête des sondages, le RN ne parvient en revanche pas à convaincre les praticiens engagés en politique. On compte seulement quatre médecins candidats sous les couleurs du parti d’extrême-droite, dont deux députés sortants : le Dr Joelle Mélin (9ème circonscription des Bouches-du-Rhône), experte des questions de santé au Front National depuis 30 ans (et future ministre de la Santé en cas de victoire du RN ?) et le Dr Thierry Frappé (10ème circonscription du Pas-de-Calais).
A noter enfin la candidature du Dr Paul-André Colombani, député sortant nationaliste corse, très bien parti pour être réélu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud.
On ne va pas revenir sur Véran et ses promesses de bazar, mais la fierté ne porte pas haut chez Cahuzac. Le mec qui posait la question à l'assemblée nationale sur le paradis fiscal du Delaware aux USA pour savoir si celui-ci était dans le collimateur de Bercy ou pas ? Normal, vu qu'il y avait des intérêts financiers... Bref, il faut bien occuper les chirurgiens en déshérence. le Pinoccchio de la médecine ou de la politique on ne sait plus, va t-il être élu député ? Henri Guaino le cerbère Sarkozyste disait récemment sur une chaine d'infos en continu "le peuple n'a pas toujours raison mais il a le dernier mot" Même pour le traité de Lisbonne Henri ??
Au delà de ça, il faut constater le peu de soignants par rapport aux médecins. Peut-être en province, le "statut" du médecin a encore quelque oriflammes, mais en IDF il faut le dire, le statut médical n'est plus un signe de notabilité depuis quelques temps. Mais le mal de reconnaissance, les breloques accrochées au revers du veston et sur la bio wikipédia, ça peut faire bien pour intégrer les clubs interallier, le siècle, les salons du Coste ou le racing club de France. Alors député, pourquoi pas ?
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
La consommation de drogues illicites en hausse en France
Quentin Haroche | 26 Juin 2024
jim.fr
Les derniers chiffres de l’OFDT sur la consommation de stupéfiants en France confirme la démocratisation de la consommation de cocaïne.
Les derniers chiffres de Santé Publique France (SPF) et de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ont confirmé la baisse de la consommation d’alcool dans la population et une stagnation du tabagisme. Mais qu’en est-il pour les drogues illicites, aussi appelées stupéfiants ? On le sait, malgré les efforts fournis par nos forces de police et les magistrats, les stupéfiants sont relativement faciles d’accès dans notre pays. Une situation qui se répercute sur la consommation de ces substances psychoactives, en hausse selon les derniers chiffres de l’OFDT. L’institution spécialisée dans le suivi de la consommation des drogues a en effet révélé ce mercredi les premiers résultats de son enquête EROPP (enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes) menée auprès de près de 12 500 adultes âgés de 18 à 64 ans au cours de l’année 2023.
On y observe que le cannabis reste de loin la drogue illicite la plus consommée en France. Ce sont plus de la moitié des Français (50,4 %) qui ont consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, contre seulement 12,7 % en 1992 et 32,9 % en 2010. L’usage de cannabis au cours des douze derniers mois, après avoir longtemps augmenté, passant de 4,4 % en 1992 à 10,6 % en 2014, s’est stabilisé ces dernières années autour de 10,8 % en 2023. L’usage régulier (une fois tous les trois jours) et l’usage quotidien sont également stables et atteignent respectivement 3,4 % et 2,3 %.
Près d’un Français sur dix a déjà consommé de la cocaïne
Sans surprise, la consommation de cannabis diminue avec l’âge. Chez les 18-24 ans, 22,9 % en ont consommé au cours des douze derniers mois et 6,6 % ont une consommation régulière de cannabis ; chez les 55-64 ans on ne compte que 3,3 % de fumeurs annuel et 1,2 % de fumeurs réguliers. Cependant, depuis 2017, la consommation de cannabis a plutôt diminué chez les moins de 25 ans et au contraire augmenté chez les 55 ans et plus.
L’OFDT s’est également intéressée à la consommation des autres drogues illicites (14,6 % des Français ont déjà consommé un stupéfiant autre que le cannabis) et confirme le phénomène de démocratisation de la cocaïne : 9,4 % des Français affirment en 2023 en avoir déjà consommé, contre seulement 5,6 % en 2017. La baisse du prix de la cocaïne, liée à l’augmentation de la production, a conduit à un élargissement du cercle des consommateurs. Il ne s’agit plus d’une drogue réservée à des catégories spécifiques de la population (traders, show-business, chefs d’entreprise…), la cocaïne est désormais plus largement consommée. L’usage au cours des douze derniers mois est également en forte hausse, passant de 0,2 % en 1995 à 2,7 % en 2023.
Les hommes se droguent plus que les femmes
Autre drogue dite stimulante dont la consommation se normalise, la MDMA, ou ecstasy, stupéfiant généralement utilisé dans un contexte festif. En 2017, ils n’étaient que 5 % à en avoir déjà consommé et 1 % à en avoir pris dans l’année, contre 8,2 % en 2023 à l’avoir déjà expérimenté et 1,8 % à en avoir consommé dans l’année. Le poppers (14,9 % de Français qui l’ont expérimenté en 2023 contre seulement 8,7 % en 2017) et les champignons hallucinogènes (8 % en 2023 contre 5,3 % en 2017) connaissent également une forte hausse de leur expérimentation. Les autres drogues illicites (LSD, héroïne, crack, kétamine, 3 MMC, amphétamines, GHB) restent peu utilisées, avec moins de 5 % de la population qui les ont expérimentées.
Quel que soit le type de stupéfiant considéré, les hommes consomment plus de drogues illicites que les femmes. Au cours des douze derniers mois, les hommes sont 14,5 % à avoir consommé du cannabis, 3,9 % de la cocaïne et 2,4 % de la MDMA contre seulement 7,2 % de femmes à avoir consommé du cannabis, 1,6 % de la cocaïne et 1,3 % de la MDMA. Une plus forte appétence des hommes pour la consommation de substances psychoactives qu’on retrouve d’ailleurs pour les drogues licites que sont le tabac et l’alcool.
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De l’importance de bien reconnaitre les champignons…hallucinogènes
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
De plus en plus d’Américains consomment des champignons hallucinogènes, au risque de confondre certaines substances potentiellement thérapeutiques avec d’autres bien plus néfastes.
Après avoir longtemps été mises au placard, les recherches sur l’utilisation de substance hallucinogènes en psychiatrie ont connu un regain d’intérêt ces dix dernières années, à tel point que l’on a pu parler de « renaissance psychédélique ». Les recherches récentes se sont notamment concentrées sur la psilocybine, une substance hallucinogène contenue dans de nombreux champignons et qui pourrait notamment contribuer à soigner les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), l’anxiété et la dépression.
Depuis 2018, la thérapie assistée par psilocybine est considérée par la Food and Drug Administration (FDA) américaine comme une « thérapie innovante » dans le traitement de la dépression et deux Etats américains (le Colorado et l’Oregon) ont autorisé ce traitement.
Cet intérêt pour la psilocybine ne se limite pas au monde de la recherche médicale : selon un sondage, 12 % des Américains ont consommé des champignons contenant de la psilocybine en 2022, ce qui en fait la drogue hallucinogène la plus consommée dans le pays.
Mais dans cet enthousiasme pour les substances hallucinogènes potentiellement thérapeutiques, les Américains doivent bien veiller à ne pas confondre les champignons entre eux, mettent en garde des chercheurs de l’université de San Diego dans un article publié lundi dernier dans l’American Journal of Preventive Medicine (AJPM).
Un champignon peut en cacher un autre
Les auteurs s’inquiètent notamment de l’engouement des Américains pour Amanita muscaria, plus connu sous le nom d’amanite tue-mouches, très présent en Amérique du Nord et en Europe. Ils notent ainsi que les recherches Google pour l’amanite tue-mouche ont augmenté de 114 % entre 2022 et 2023 et prennent pour exemple une publicité pour des bonbons à l’amanite tue-mouche publiée sur Twitter le 9 juin 2023 qui a été vue par plus de 5,5 millions d’utilisateurs de la plate-forme en neuf mois.
Sur Internet, il est désormais très facile de se procurer des produits contenant (prétendument ou non) de l’amanite tue-mouches. Jouant sur la bonne image dont les champignons hallucinogènes contenant de la psilocybine jouissent auprès d’un certain public, les vendeurs de ces produits prétendent qu’ils permettent de diminuer l’anxiété et agissent sur la dépression.
Or, les chercheurs de l’université de San Diego rappellent que l’amanite tue-mouche, s’il est bien un champignon hallucinogène, ne contient pas de psilocybine. Son principe actif hallucinogène est le muscimole, une substance bien différente de la psilocybine. « La psilocybine est un antidépresseur qui active un cheminement neuronal déclenchant bonheur et optimisme, tandis que le muscimole est un dépresseur, similaire à l’alcool ou aux benzodiazépines » explique le Pr Eric Leas, principal auteur de l’étude. « Le muscimole a peut-être des vertus pharmacologiques mais il n’a pas les mêmes effets que la psilocybine ».
L’amanite tue-mouche, produit dangereux et pourtant en vente libre
Non seulement le muscimole n’a pas les mêmes effets anxiolytiques et antidépresseurs potentiels que la psilocybine, mais il est également bien plus dangereux. Des études ont prouvé que cette substance était potentiellement plus toxique que le fentanyl ou la cocaïne. La consommation d’amanite tue-mouche peut ainsi provoquer des vertiges, attaques de paniques, nausées, crises comitiales, coma et dans de rares cas conduire à la mort. L’an dernier, un homme de 44 ans est mort aux Etats-Unis après avoir consommé une grande quantité d’amanite tue-mouche.
Paradoxalement, malgré cette différence de dangerosité et de potentiel thérapeutique, la psilocybine est classée dans la plupart des pays du monde, dont les Etats-Unis, comme un stupéfiant dont le commerce et la consommation est illicite, alors que l’amanite tue-mouche ne fait l’objet d’aucune régulation (aux Etats-Unis, seule la Louisiane interdit sa commercialisation).
Dans la plupart des cas, les produits contenant de l’amanite tue-mouche sont vendus aux Etats-Unis comme produits alimentaires, ce qui leur permet de contourner la réglementation stricte qui s’applique aux produits pharmaceutiques.
Selon les auteurs, au vu de l’engouement de plus en plus important pour les champignons hallucinogènes aux Etats-Unis et dans le reste du monde, il est urgent que des réglementations plus strictes soient prises pour assurer la sécurité et le libre choix des consommateurs. Ils recommandent donc que les produits à base d’amanite tue-mouche soient classés comme stupéfiants, ou à tout le moins que des « précautions de bon sens » soient prises, comme l’interdiction de la vente aux mineurs, la définition d’une dose standard, la création d’emballage ne pouvant être ouvert par des enfants ou l’encadrement de la publicité, soit une réglementation qui s’applique déjà pour le cannabis récréatif.
« Les sociétés qui vendent ces produits jouent avec les limites de nos réglementations » concluent les auteurs de l’article. « Ils s’en sortent et gagnent de l’argent jusqu’à ce qu’on leur dise d’arrêter. C’est un marché où les consommateurs sont en danger et ne sont pas assez informés. Le temps pour une action vigoureuse de santé publique est venu ».
En France, la psylocybine est interdite à la commercialisation contrairement au muscimole (qui n’est pas sur la liste des stupéfiants) et à l’amanite tue mouche qui restent cependant vivement déconseillés comme on vient de le voir.
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Des champignons hallucinogènes pour traiter la dépression ?
Dr Pierre Margent | 16 Octobre 2023
jim;fr
De récentes études ont suggéré que la psilocybine entrainait une réponse antidépressive rapide, dépassant, de loin, sa durée de présence dans le corps humain. Toutefois, ces travaux ont fait l’objet de nombreuses réserves, laissant ouverte la question de l’utilité clinique réelle de cette drogue dans le traitement de certaines pathologies, dont les troubles dépressifs majeurs (TDM).
Un essai randomisé, en double aveugle, a comparé 2 groupes de patients dépressifs, l’un ayant pris une dose unique de psilocybine, l’autre un placebo actif, avec dans les 2 cas un soutien psychologique, afin d’analyser sur une période de 6 semaines, l’efficacité, la durée du bénéfice clinique et le profil de tolérance de la psilocybine.
Un essai randomisé multicentrique de phase 2 aux Etats-Unis
Pour être éligibles, les patients âgés de 21 à 65 ans devaient présenter un épisode de TDM durant depuis au moins 60 jours et être en bonne santé par ailleurs. Leur score à l’échelle MADRS (Montgomery-Asberg Depressive Rating Scale) était égal ou supérieur à 28 et les traitements antidépresseurs précédents n’avaient apporté qu’une amélioration modeste, inférieure à 30 %. Les critères d’exclusion comportaient des antécédents personnels ou familiaux de psychose ou de manie, un alcoolisme modéré à sévère, une toxicomanie, l’impossibilité ou l’incapacité d’arrêter des médicaments psychotropes prohibés, le recours fréquent à des drogues psychédéliques dans les 5 années précédentes, des idées ou un comportement suicidaire durant l’année écoulée.
Après une période de 7 à 35 jours pour élimination éventuelle des traitements antérieurs, les participants furent randomisés dans un rapport 1 :1 pour recevoir soit une dose unique de 25 mg de psilocybine per os, soit 100 mg de niacine (placebo) qui, comme le principe actif, provoque une réponse à type de flush. Une évaluation fut menée au 2ème, 6ème, 15ème, 29ème et 43ème jour après la prise, sous la surveillance de praticiens spécialisés en santé mentale. Le critère primaire d’évaluation a été la différence au 43ème jour des scores MARDS entre les 2 bras. Les critères secondaires furent l’efficacité précoce au 8ème jour, les variations de l’échelle SDS (Sheehan Disability Scale), la durée de réponse et de rémission quantifiées par le score MADRS. Durant la période pré thérapeutique et jusqu’ au 43ème jour, tous les effets secondaires furent notifiés.
Sur 1529 participants potentiels, 104 furent randomisés en intention de traiter ; 50 ont reçu la psilocybine et 54 la niacine. La moyenne d’âge des participants était d’environ 40 ans, la moitié était des hommes, pour 89 % caucasiens. La durée médiane de l’épisode dépressif en cours était de 53 (IQR 25-135) semaines dans le groupe actif et de 81 (26- 145) dans le groupe placebo. Le nombre médian de traitements pharmacologiques administrés préalablement était de 1 (0-2) dans chaque bras.
Une réponse précoce et soutenue
Les participants du groupe psilocybine, connurent une amélioration plus nette du score MADRS au 43ème jour en comparaison avec le groupe niacine, la différence moyenne s’établissant à -12,3 (CI -17,5 à -7,2 ; p< 0,001). Au 8ème jour après la prise médicamenteuse, l’amélioration du MADR se situait déjà à -12,0 (CI - 16,6 à – 7,4 ; p< 0,001). On retrouva, sous psilocybine, plus de patients avec une réponse soutenue, soit 20/48 (42 %) vs 5/44 (11 %), différence ajustée 30,3 (CI 13,5 à 47,1 ; p= 0,002).
Le taux de rémission durable des symptômes dépressifs semblait plus élevé avec la psilocybine, mais la différence n'était pas statistiquement significative (25 % vs 9,1 %, p =0,05). Sous psilocybine, une amélioration auto-rapportée de la symptomatologie anxieuse et dépressive, de la qualité de vie, du sentiment d’émoussement émotionnel a été notée.
Au moins un effet secondaire, généralement bénin (céphalées, nausées, troubles de la perception visuelle) avait été rapporté au 43ème jour par 44 des participants actifs (88 %) et 33 (61 %) sous placebo.
Ainsi, de cette étude de phase 2 on peut conclure qu’il existe, après la prise d’une dose unique de psilocybine, une réduction clinique significative des troubles dépressifs quantifiés par le score MADRS et que l’amélioration est soutenue dans le temps, en comparaison au placebo. Cette amélioration a été précoce, observée dès le 8ème jour, et maintenue tout au long des 6 semaines de l’essai. La psilocybine a modifié positivement le fonctionnement psychosocial, amenant une amélioration de la qualité de vie parallèlement à une diminution globale de la sévérité de la dépression, sans effet secondaire majeur, ni idées ou comportements suicidaires. Toutefois, ce travail amène plusieurs réserves. Le caractère aveugle de l’allocation n’a pas été évalué. Le recours à la niacine, en temps que placebo actif, est discutable, avec le risque d’accroitre la réponse placebo. L’évaluation finale a été tardive, au 43ème jour de l’étude. L’impact du soutien psychologique associé n’a pas été quantifié. Enfin, on doit signaler que la grande majorité des participants étaient caucasiens et d’un niveau socio-économique élevé.
En conclusion, l’administration d’une posologie unique de 25 mg de psilocybine per os pourrait constituer, en complément d’une prise en charge psychologique, un aspect nouveau et prometteur du traitement des troubles dépressifs majeurs.
References
Raison CL, et al. Single-Dose Psilocybin Treatment for Major Depressive Disorder: A Randomized Clinical Trial. JAMA. 2023 Sep 5;330(9):843-853. doi: 10.1001/jama.2023.14530.
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Etats-Unis : les risques des réseaux sociaux pour la santé mentale pris très au sérieux
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Le gouvernement américain envisagerait d’imposer sur les réseaux sociaux des messages de santé publique similaires à ceux présents sur les paquets de tabac. Certains Etats américains ont déjà pris des mesures contre les réseaux sociaux.
En 1965, le Congrès américain avait pris la décision d’imposer aux cigarettiers d’apposer sur les paquets de cigarettes des messages de santé publique, le fameux « Fumer tue » (« Smoking kills ») qui existe désormais également et depuis longtemps sur les paquets européens. Près de 60 ans plus tard, le parlement américain pourrait prendre une décision similaire pour…les réseaux sociaux. C’est la proposition faite en tous les cas par le « Surgeon general » (équivalent du ministre de la Santé) ce lundi.
Le Dr Vivek Murthy souhaite ainsi que les différents réseaux sociaux (Instagram, Facebook, X, TikTok…) soient obligés d’afficher régulièrement sur leurs plateformes un message de santé publique indiquant que l’usage prolongé des réseaux sociaux peut nuire à la santé mentale, en particulier chez les adolescents. Ce n’est pas la première fois que le ministre s’inquiète des dangers des réseaux sociaux.
En mai dernier, il avait jugé qu’ils étaient une « cause importante de la crise nationale de santé mentale des jeunes que nous traversons », alors que plusieurs études pointent du doigt une hausse des troubles anxieux et dépressifs ainsi que des tentatives de suicide chez les adolescents américains depuis plusieurs années.
Un lien de causalité qui n’est pas établie avec certitude
Jusque-là, le gouvernement fédéral s’en était tenu à émettre des recommandations vis-à-vis des sociétés gérant les réseaux sociaux, les invitant à mettre fin aux pratiques jugées les plus nocives et addictives, comme les notifications intempestives ou le déroulement infini (« infinite scroll »), qui peuvent être « prédatrices pour des cerveaux en développement et conduire à un usage excessif » commente le Dr Murthy.
Mais le médecin estime que le temps de la simple incitation est désormais passé et qu’il est l’heure de prendre des mesures plus strictes. La mise en place d’un message de santé publique est selon lui un moyen efficace de faire prendre conscience du risque à la population générale. Il en veut pour preuve que depuis la mise en place de tels messages sur les paquets de cigarettes, la prévalence du tabagisme a été divisée par quatre aux Etats-Unis.
Ces dernières années, plusieurs études ont pointé du doigt un potentiel lien entre un usage excessif des réseaux sociaux et la survenue de troubles psychiatriques, notamment chez les adolescents. Le Dr Murthy cite notamment une étude de 2019 indiquant une plus forte prévalence des troubles psychiatriques chez les adolescents passant plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux et un sondage de 2022 indiquant que 46 % des adolescents estiment que les réseaux sociaux les font se sentir moins bien à propos de leurs corps.
Aucun lien de causalité n’a cependant pu être établi avec certitude entre l’apparition des réseaux sociaux et la crise de la santé mentale qui touche les jeunes occidentaux et le sujet fait encore débat parmi les psychologues et les psychiatres.
Les Etats montrent les muscles
Le Dr Murthy dit avoir bon espoir que son projet soit adopté par le Congrès, la lutte contre les dangers des réseaux sociaux étant l’un des rares domaines où démocrates et républicains parviennent encore à se rejoindre. Mais il est fort probable que les sociétés gérant les réseaux sociaux attaquent une telle loi en justice.
« Il s’agirait d’une atteinte claire à la liberté d’expression de la part du gouvernement » estime un lobbyiste favorable aux entreprises du numérique. Comme souvent aux Etats-Unis, la question pourrait donc se résoudre devant les tribunaux.
En attendant une décision du Congrès, certains Etats ont pris les devants. En octobre dernier, l’Utah a adopté une loi rendant nécessaire une autorisation parentale pour s’inscrire sur les réseaux sociaux et interdisant l’envoi de notifications aux mineurs. Ce jeudi, l’Etat de New York a adopté une loi similaire, obligeant les réseaux sociaux à demander l’autorisation des parents pour proposer aux adolescents des « flux addictifs » et pour envoyer des notifications aux mineurs.
En octobre dernier, ce sont 41 Etats américains qui ont attaqué devant la justice fédérale la société Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram. Les Etats accusent la firme de Mark Zuckerberg d’utiliser des algorithmes spécifiques pour rendre les adolescents addicts aux réseaux sociaux. Ils s’appuient notamment sur des documents divulgués en 2021 par une ancienne ingénieure de Meta prouvant que la firme avait pleinement conscience des effets délétères des réseaux sociaux pour la santé mentale des utilisateurs.
« Nous regrettons qu’au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises à la manière d’améliorer l’utilisation de nos plateformes par les adolescents, les ministres de la justice des Etats aient choisi la voie judiciaire » s’était contenté de répondre Meta.
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Cannabis et troubles psychotiques : un risque accru chez les adolescents
Dominique Baudon, MD, PhD | 25 Juin 2024
jim.fr
Il a déjà été montré que la consommation de cannabis peut être un facteur de risque important pour l’apparition de troubles psychotiques. Une méta-analyse d'études longitudinales a en effet estimé que les consommateurs de cannabis à vie avaient un rapport de risque de 2,58 (IC à 95 % 1,08-6,13) pour les troubles psychotiques par rapport aux non-utilisateurs [1]. Cependant, les limites méthodologiques de ces études rendaient difficile l'estimation de la force de cette liaison.
De fait, les résultats qui intéressaient surtout la population adulte, s’appuyaient en grande partie sur la consommation de cannabis au cours du XXème siècle et au début du XXIème siècle, lorsque la drogue était moins puissante : la teneur (concentration, ou puissance) en delta 9-tétrahydrocannabiphorol (THC) du cannabis séché est passée en moyenne de 3 % dans les années 80 à environ 15 % aujourd'hui, certaines variétés pouvant même avoir un taux de THC de 30 %.
Une équipe de chercheurs canadiens (Toronto University, Centre for Addiction and Mental Health CAMH et Institute for Clinical Evaluative Sciences ICES), a étudié ce lien entre cannabis et troubles psychotiques chez des adolescents et jeunes adultes. Les travaux ont été publiés dans la revue Psychological Medicine en mai 2024 et ont fait l’objet d’un communiqué de presse [2, 3].
Les données d’une enquête basée sur la population en Ontario
Pour estimer l'association entre la consommation de cannabis chez les jeunes et le risque de diagnostic d'un trouble psychotique, les auteurs ont utilisé des données récentes (2009-2012), issues de l'Enquête sur la santé dans les communautés canadiennes (ESCC*), en particulier des données administratives sur la santé provenant du CAMH et de l’ICES.
La population était constituée de sujets âgés de 12 à 24 ans. La consommation de cannabis a été mesurée par questionnaire : « Avez-vous déjà consommé ou essayé de la marijuana, du cannabis ou du haschisch ? ». Les réponses possibles étaient : (i) oui, une seule fois, (ii) oui, plus d'une fois, (iii) non, (iv) je ne sais pas, (v) je refuse de répondre.
En cas de réponse « Oui », la question suivante a été posée : « L'avez-vous utilisé au cours des 12 derniers mois ? », avec comme réponses : oui, non, je ne sais pas, je refuse de répondre.
Dans le cadre de l’ESCC, les trois quarts des répondants ont eu des entretiens exclusivement en présentiel, tandis que d'autres ont participé par téléphone. Les taux de réponse étaient de 72,3 % pour 2009-2011 et de 66,4 % pour 2011-2012. L'enquête a été conçue pour assurer la surreprésentation des jeunes âgés de 12 à 19 ans.
Les répondants qui ont utilisé les services de santé pour des troubles psychotiques au cours des 6 années précédant leur date d'entrevue ou d’interview téléphonique ont été exclus, cela pour atténuer le risque de causalité inverse.
Les répondants ont été suivi jusqu'en 2018, année où le Canada a légalisé la consommation récréative de cannabis.
La cohorte a compris 11 363 sujets (dont 51 % de participants de sexe masculin) ; l’âge moyen était de 18,3 ans [15,2-21,3]. La durée de suivi maximale était de 6 à 9 ans selon le cycle de l'enquête. Cette durée a été choisie suite aux études montrant un délai moyen de 7 à 8 ans entre le début de la consommation de cannabis et l'apparition des symptômes psychotiques [4].
Trois résultats principaux ont été retenus : une visite ambulatoire, ou une consultation en urgence, ou une première hospitalisation, si cet événement était lié à un trouble psychotique. Les chercheurs ont estimé les ratios de risque spécifiques à l'âge pendant l'adolescence (12-19 ans) et l'âge adulte jeune (20-33 ans) et ont mené des analyses de sensibilité pour explorer d'autres conditions de modèle, y compris la restriction du résultat aux hospitalisations et aux visites d'urgence, afin d'augmenter la spécificité.
Une forte association avec une consommation à l’adolescence
La consommation de cannabis, par rapport à sa non-consommation, a été significativement associée à un risque 11 fois plus élevé de troubles psychotiques pour une consommation pendant l’adolescence (12-19 ans), mais pas pendant le jeune âge adulte (rapport de risque ajusté : 11,2 [IC à 95 %, 4,6-27,3] et 1,3 [0,6-2,6], respectivement).
En sélectionnant les résultats liés aux seules hospitalisations et consultations en urgence pour troubles psychotiques, la force de l'association a augmenté chez les adolescents, avec une association 26 fois plus élevée chez les consommateurs de cannabis que chez les non-utilisateurs (aHR, 26,7 [7,7-92,8]). Cependant, il n’a pas été observé de changement significatif à l'âge adulte (aHR, 1,8 [0,6-5,4]).
Certaines limites sont présentées par les auteurs. D’éventuels facteurs de confusion pouvant biaiser les résultats n’ont pas été mesurés, comme, la prédisposition génétique, les antécédents familiaux de troubles psychotiques. La possibilité d'une causalité inverse ne peut pas non plus être exclue ; il est en effet possible que les personnes ayant des "dispositions psychotiques" puissent avoir eu une plus grande consommation de cannabis.
De plus, il n’a pas été recherché de facteurs concernant le cannabis lui-même, par exemple, son mode d’utilisation, la puissance du THC, le type de produit utilisé ou la dépendance.
S’il est commun d’admettre que l’adolescence est une période de risque plus sensible que l'âge adulte pour l'effet de la consommation de cannabis sur le développement de troubles psychotiques, il existait peu de preuves épidémiologiques pour le confirmer avant cette étude conduite au Canada sur un échantillon de plus de 11 000 adolescents et jeunes adultes suivis pendant 6 à 9.
Le risque d’hospitalisation ou de consultation en urgence pour troubles psychotique était 26 fois plus élevé chez les d’adolescents ayant consommé du cannabis. Selon les auteurs, « ces résultats sont cohérents avec la théorie du développement neurologique selon laquelle les adolescents sont particulièrement vulnérables aux effets du cannabis ».
Certains pays, dont le Canada, ont opté pour la libéralisation de la consommation récréative du cannabis. Les résultats de cette étude montrent que le développement des stratégies de prévention du cannabis pour les adolescents, fondées sur des données probantes, sont justifiées, d’autant plus que les produits du cannabis commercialisés sont devenus plus largement disponibles et ont une teneur plus élevée en THC.
Les auteurs concluent : si « la grande majorité des adolescents qui consomment du cannabis ne développeront pas de trouble psychotique, selon leurs données, la plupart des adolescents qui reçoivent un diagnostic de trouble psychotique ont probablement des antécédents de consommation de cannabis ».
Enfin, la question de savoir si la consommation de cannabis est liée de manière causale aux troubles psychotiques continue d'être débattue. En particulier, de récentes études génétiques soulèvent l'incertitude quant à l'ampleur de l'association [5].
*L’objectif principal de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) est de recueillir des données relatives à la santé aux niveaux géographiques provinciaux (régions socio-sanitaires ou régions socio-sanitaires combinées), par des enquêtes transversales, estimations nationales et provinciales.
References
[1] Moore TH, Zammit S, Lingford-Hughes A, et al. Cannabis use and risk of psychotic or affective mental health outcomes: a systematic review. Lancet. 2007 Jul 28;370(9584):319-28. doi: 10.1016/S0140-6736(07)61162-3.
[2] McDonald AJ, Kurdyak P, Rehm J, et al. Age-dependent association of cannabis use with risk of psychotic disorder. Psychol Med. 2024 May 22:1-11. doi: 10.1017/S0033291724000990.
[3] News release 22 may 2024 : New evidence suggests link between teen cannabis use and psychotic disorders may be stronger than previously thought. Peer-Reviewed Publication; Institute for Clinical Evaluative Sciences. https://www.eurekalert.org/news-releases/1044795
[4] Stefanis NC, Dragovic M, Power BD, et al. Age at initiation of cannabis use predicts age at onset of psychosis: the 7- to 8-year trend. Schizophr Bull. 2013 Mar;39(2):251-4. doi: 10.1093/schbul/sbs188.
[5] Ganesh S, D'Souza DC. Cannabis and Psychosis: Recent Epidemiological Findings Continuing the "Causality Debate". Am J Psychiatry. 2022 Jan;179(1):8-10. doi: 10.1176/appi.ajp.2021.21111126.
Quentin Haroche | 26 Juin 2024
jim.fr
Les derniers chiffres de l’OFDT sur la consommation de stupéfiants en France confirme la démocratisation de la consommation de cocaïne.
Les derniers chiffres de Santé Publique France (SPF) et de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ont confirmé la baisse de la consommation d’alcool dans la population et une stagnation du tabagisme. Mais qu’en est-il pour les drogues illicites, aussi appelées stupéfiants ? On le sait, malgré les efforts fournis par nos forces de police et les magistrats, les stupéfiants sont relativement faciles d’accès dans notre pays. Une situation qui se répercute sur la consommation de ces substances psychoactives, en hausse selon les derniers chiffres de l’OFDT. L’institution spécialisée dans le suivi de la consommation des drogues a en effet révélé ce mercredi les premiers résultats de son enquête EROPP (enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes) menée auprès de près de 12 500 adultes âgés de 18 à 64 ans au cours de l’année 2023.
On y observe que le cannabis reste de loin la drogue illicite la plus consommée en France. Ce sont plus de la moitié des Français (50,4 %) qui ont consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, contre seulement 12,7 % en 1992 et 32,9 % en 2010. L’usage de cannabis au cours des douze derniers mois, après avoir longtemps augmenté, passant de 4,4 % en 1992 à 10,6 % en 2014, s’est stabilisé ces dernières années autour de 10,8 % en 2023. L’usage régulier (une fois tous les trois jours) et l’usage quotidien sont également stables et atteignent respectivement 3,4 % et 2,3 %.
Près d’un Français sur dix a déjà consommé de la cocaïne
Sans surprise, la consommation de cannabis diminue avec l’âge. Chez les 18-24 ans, 22,9 % en ont consommé au cours des douze derniers mois et 6,6 % ont une consommation régulière de cannabis ; chez les 55-64 ans on ne compte que 3,3 % de fumeurs annuel et 1,2 % de fumeurs réguliers. Cependant, depuis 2017, la consommation de cannabis a plutôt diminué chez les moins de 25 ans et au contraire augmenté chez les 55 ans et plus.
L’OFDT s’est également intéressée à la consommation des autres drogues illicites (14,6 % des Français ont déjà consommé un stupéfiant autre que le cannabis) et confirme le phénomène de démocratisation de la cocaïne : 9,4 % des Français affirment en 2023 en avoir déjà consommé, contre seulement 5,6 % en 2017. La baisse du prix de la cocaïne, liée à l’augmentation de la production, a conduit à un élargissement du cercle des consommateurs. Il ne s’agit plus d’une drogue réservée à des catégories spécifiques de la population (traders, show-business, chefs d’entreprise…), la cocaïne est désormais plus largement consommée. L’usage au cours des douze derniers mois est également en forte hausse, passant de 0,2 % en 1995 à 2,7 % en 2023.
Les hommes se droguent plus que les femmes
Autre drogue dite stimulante dont la consommation se normalise, la MDMA, ou ecstasy, stupéfiant généralement utilisé dans un contexte festif. En 2017, ils n’étaient que 5 % à en avoir déjà consommé et 1 % à en avoir pris dans l’année, contre 8,2 % en 2023 à l’avoir déjà expérimenté et 1,8 % à en avoir consommé dans l’année. Le poppers (14,9 % de Français qui l’ont expérimenté en 2023 contre seulement 8,7 % en 2017) et les champignons hallucinogènes (8 % en 2023 contre 5,3 % en 2017) connaissent également une forte hausse de leur expérimentation. Les autres drogues illicites (LSD, héroïne, crack, kétamine, 3 MMC, amphétamines, GHB) restent peu utilisées, avec moins de 5 % de la population qui les ont expérimentées.
Quel que soit le type de stupéfiant considéré, les hommes consomment plus de drogues illicites que les femmes. Au cours des douze derniers mois, les hommes sont 14,5 % à avoir consommé du cannabis, 3,9 % de la cocaïne et 2,4 % de la MDMA contre seulement 7,2 % de femmes à avoir consommé du cannabis, 1,6 % de la cocaïne et 1,3 % de la MDMA. Une plus forte appétence des hommes pour la consommation de substances psychoactives qu’on retrouve d’ailleurs pour les drogues licites que sont le tabac et l’alcool.
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De l’importance de bien reconnaitre les champignons…hallucinogènes
Quentin Haroche | 17 Juin 2024
jim.fr
De plus en plus d’Américains consomment des champignons hallucinogènes, au risque de confondre certaines substances potentiellement thérapeutiques avec d’autres bien plus néfastes.
Après avoir longtemps été mises au placard, les recherches sur l’utilisation de substance hallucinogènes en psychiatrie ont connu un regain d’intérêt ces dix dernières années, à tel point que l’on a pu parler de « renaissance psychédélique ». Les recherches récentes se sont notamment concentrées sur la psilocybine, une substance hallucinogène contenue dans de nombreux champignons et qui pourrait notamment contribuer à soigner les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), l’anxiété et la dépression.
Depuis 2018, la thérapie assistée par psilocybine est considérée par la Food and Drug Administration (FDA) américaine comme une « thérapie innovante » dans le traitement de la dépression et deux Etats américains (le Colorado et l’Oregon) ont autorisé ce traitement.
Cet intérêt pour la psilocybine ne se limite pas au monde de la recherche médicale : selon un sondage, 12 % des Américains ont consommé des champignons contenant de la psilocybine en 2022, ce qui en fait la drogue hallucinogène la plus consommée dans le pays.
Mais dans cet enthousiasme pour les substances hallucinogènes potentiellement thérapeutiques, les Américains doivent bien veiller à ne pas confondre les champignons entre eux, mettent en garde des chercheurs de l’université de San Diego dans un article publié lundi dernier dans l’American Journal of Preventive Medicine (AJPM).
Un champignon peut en cacher un autre
Les auteurs s’inquiètent notamment de l’engouement des Américains pour Amanita muscaria, plus connu sous le nom d’amanite tue-mouches, très présent en Amérique du Nord et en Europe. Ils notent ainsi que les recherches Google pour l’amanite tue-mouche ont augmenté de 114 % entre 2022 et 2023 et prennent pour exemple une publicité pour des bonbons à l’amanite tue-mouche publiée sur Twitter le 9 juin 2023 qui a été vue par plus de 5,5 millions d’utilisateurs de la plate-forme en neuf mois.
Sur Internet, il est désormais très facile de se procurer des produits contenant (prétendument ou non) de l’amanite tue-mouches. Jouant sur la bonne image dont les champignons hallucinogènes contenant de la psilocybine jouissent auprès d’un certain public, les vendeurs de ces produits prétendent qu’ils permettent de diminuer l’anxiété et agissent sur la dépression.
Or, les chercheurs de l’université de San Diego rappellent que l’amanite tue-mouche, s’il est bien un champignon hallucinogène, ne contient pas de psilocybine. Son principe actif hallucinogène est le muscimole, une substance bien différente de la psilocybine. « La psilocybine est un antidépresseur qui active un cheminement neuronal déclenchant bonheur et optimisme, tandis que le muscimole est un dépresseur, similaire à l’alcool ou aux benzodiazépines » explique le Pr Eric Leas, principal auteur de l’étude. « Le muscimole a peut-être des vertus pharmacologiques mais il n’a pas les mêmes effets que la psilocybine ».
L’amanite tue-mouche, produit dangereux et pourtant en vente libre
Non seulement le muscimole n’a pas les mêmes effets anxiolytiques et antidépresseurs potentiels que la psilocybine, mais il est également bien plus dangereux. Des études ont prouvé que cette substance était potentiellement plus toxique que le fentanyl ou la cocaïne. La consommation d’amanite tue-mouche peut ainsi provoquer des vertiges, attaques de paniques, nausées, crises comitiales, coma et dans de rares cas conduire à la mort. L’an dernier, un homme de 44 ans est mort aux Etats-Unis après avoir consommé une grande quantité d’amanite tue-mouche.
Paradoxalement, malgré cette différence de dangerosité et de potentiel thérapeutique, la psilocybine est classée dans la plupart des pays du monde, dont les Etats-Unis, comme un stupéfiant dont le commerce et la consommation est illicite, alors que l’amanite tue-mouche ne fait l’objet d’aucune régulation (aux Etats-Unis, seule la Louisiane interdit sa commercialisation).
Dans la plupart des cas, les produits contenant de l’amanite tue-mouche sont vendus aux Etats-Unis comme produits alimentaires, ce qui leur permet de contourner la réglementation stricte qui s’applique aux produits pharmaceutiques.
Selon les auteurs, au vu de l’engouement de plus en plus important pour les champignons hallucinogènes aux Etats-Unis et dans le reste du monde, il est urgent que des réglementations plus strictes soient prises pour assurer la sécurité et le libre choix des consommateurs. Ils recommandent donc que les produits à base d’amanite tue-mouche soient classés comme stupéfiants, ou à tout le moins que des « précautions de bon sens » soient prises, comme l’interdiction de la vente aux mineurs, la définition d’une dose standard, la création d’emballage ne pouvant être ouvert par des enfants ou l’encadrement de la publicité, soit une réglementation qui s’applique déjà pour le cannabis récréatif.
« Les sociétés qui vendent ces produits jouent avec les limites de nos réglementations » concluent les auteurs de l’article. « Ils s’en sortent et gagnent de l’argent jusqu’à ce qu’on leur dise d’arrêter. C’est un marché où les consommateurs sont en danger et ne sont pas assez informés. Le temps pour une action vigoureuse de santé publique est venu ».
En France, la psylocybine est interdite à la commercialisation contrairement au muscimole (qui n’est pas sur la liste des stupéfiants) et à l’amanite tue mouche qui restent cependant vivement déconseillés comme on vient de le voir.
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Des champignons hallucinogènes pour traiter la dépression ?
Dr Pierre Margent | 16 Octobre 2023
jim;fr
De récentes études ont suggéré que la psilocybine entrainait une réponse antidépressive rapide, dépassant, de loin, sa durée de présence dans le corps humain. Toutefois, ces travaux ont fait l’objet de nombreuses réserves, laissant ouverte la question de l’utilité clinique réelle de cette drogue dans le traitement de certaines pathologies, dont les troubles dépressifs majeurs (TDM).
Un essai randomisé, en double aveugle, a comparé 2 groupes de patients dépressifs, l’un ayant pris une dose unique de psilocybine, l’autre un placebo actif, avec dans les 2 cas un soutien psychologique, afin d’analyser sur une période de 6 semaines, l’efficacité, la durée du bénéfice clinique et le profil de tolérance de la psilocybine.
Un essai randomisé multicentrique de phase 2 aux Etats-Unis
Pour être éligibles, les patients âgés de 21 à 65 ans devaient présenter un épisode de TDM durant depuis au moins 60 jours et être en bonne santé par ailleurs. Leur score à l’échelle MADRS (Montgomery-Asberg Depressive Rating Scale) était égal ou supérieur à 28 et les traitements antidépresseurs précédents n’avaient apporté qu’une amélioration modeste, inférieure à 30 %. Les critères d’exclusion comportaient des antécédents personnels ou familiaux de psychose ou de manie, un alcoolisme modéré à sévère, une toxicomanie, l’impossibilité ou l’incapacité d’arrêter des médicaments psychotropes prohibés, le recours fréquent à des drogues psychédéliques dans les 5 années précédentes, des idées ou un comportement suicidaire durant l’année écoulée.
Après une période de 7 à 35 jours pour élimination éventuelle des traitements antérieurs, les participants furent randomisés dans un rapport 1 :1 pour recevoir soit une dose unique de 25 mg de psilocybine per os, soit 100 mg de niacine (placebo) qui, comme le principe actif, provoque une réponse à type de flush. Une évaluation fut menée au 2ème, 6ème, 15ème, 29ème et 43ème jour après la prise, sous la surveillance de praticiens spécialisés en santé mentale. Le critère primaire d’évaluation a été la différence au 43ème jour des scores MARDS entre les 2 bras. Les critères secondaires furent l’efficacité précoce au 8ème jour, les variations de l’échelle SDS (Sheehan Disability Scale), la durée de réponse et de rémission quantifiées par le score MADRS. Durant la période pré thérapeutique et jusqu’ au 43ème jour, tous les effets secondaires furent notifiés.
Sur 1529 participants potentiels, 104 furent randomisés en intention de traiter ; 50 ont reçu la psilocybine et 54 la niacine. La moyenne d’âge des participants était d’environ 40 ans, la moitié était des hommes, pour 89 % caucasiens. La durée médiane de l’épisode dépressif en cours était de 53 (IQR 25-135) semaines dans le groupe actif et de 81 (26- 145) dans le groupe placebo. Le nombre médian de traitements pharmacologiques administrés préalablement était de 1 (0-2) dans chaque bras.
Une réponse précoce et soutenue
Les participants du groupe psilocybine, connurent une amélioration plus nette du score MADRS au 43ème jour en comparaison avec le groupe niacine, la différence moyenne s’établissant à -12,3 (CI -17,5 à -7,2 ; p< 0,001). Au 8ème jour après la prise médicamenteuse, l’amélioration du MADR se situait déjà à -12,0 (CI - 16,6 à – 7,4 ; p< 0,001). On retrouva, sous psilocybine, plus de patients avec une réponse soutenue, soit 20/48 (42 %) vs 5/44 (11 %), différence ajustée 30,3 (CI 13,5 à 47,1 ; p= 0,002).
Le taux de rémission durable des symptômes dépressifs semblait plus élevé avec la psilocybine, mais la différence n'était pas statistiquement significative (25 % vs 9,1 %, p =0,05). Sous psilocybine, une amélioration auto-rapportée de la symptomatologie anxieuse et dépressive, de la qualité de vie, du sentiment d’émoussement émotionnel a été notée.
Au moins un effet secondaire, généralement bénin (céphalées, nausées, troubles de la perception visuelle) avait été rapporté au 43ème jour par 44 des participants actifs (88 %) et 33 (61 %) sous placebo.
Ainsi, de cette étude de phase 2 on peut conclure qu’il existe, après la prise d’une dose unique de psilocybine, une réduction clinique significative des troubles dépressifs quantifiés par le score MADRS et que l’amélioration est soutenue dans le temps, en comparaison au placebo. Cette amélioration a été précoce, observée dès le 8ème jour, et maintenue tout au long des 6 semaines de l’essai. La psilocybine a modifié positivement le fonctionnement psychosocial, amenant une amélioration de la qualité de vie parallèlement à une diminution globale de la sévérité de la dépression, sans effet secondaire majeur, ni idées ou comportements suicidaires. Toutefois, ce travail amène plusieurs réserves. Le caractère aveugle de l’allocation n’a pas été évalué. Le recours à la niacine, en temps que placebo actif, est discutable, avec le risque d’accroitre la réponse placebo. L’évaluation finale a été tardive, au 43ème jour de l’étude. L’impact du soutien psychologique associé n’a pas été quantifié. Enfin, on doit signaler que la grande majorité des participants étaient caucasiens et d’un niveau socio-économique élevé.
En conclusion, l’administration d’une posologie unique de 25 mg de psilocybine per os pourrait constituer, en complément d’une prise en charge psychologique, un aspect nouveau et prometteur du traitement des troubles dépressifs majeurs.
References
Raison CL, et al. Single-Dose Psilocybin Treatment for Major Depressive Disorder: A Randomized Clinical Trial. JAMA. 2023 Sep 5;330(9):843-853. doi: 10.1001/jama.2023.14530.
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Etats-Unis : les risques des réseaux sociaux pour la santé mentale pris très au sérieux
Quentin Haroche | 21 Juin 2024
jim.fr
Le gouvernement américain envisagerait d’imposer sur les réseaux sociaux des messages de santé publique similaires à ceux présents sur les paquets de tabac. Certains Etats américains ont déjà pris des mesures contre les réseaux sociaux.
En 1965, le Congrès américain avait pris la décision d’imposer aux cigarettiers d’apposer sur les paquets de cigarettes des messages de santé publique, le fameux « Fumer tue » (« Smoking kills ») qui existe désormais également et depuis longtemps sur les paquets européens. Près de 60 ans plus tard, le parlement américain pourrait prendre une décision similaire pour…les réseaux sociaux. C’est la proposition faite en tous les cas par le « Surgeon general » (équivalent du ministre de la Santé) ce lundi.
Le Dr Vivek Murthy souhaite ainsi que les différents réseaux sociaux (Instagram, Facebook, X, TikTok…) soient obligés d’afficher régulièrement sur leurs plateformes un message de santé publique indiquant que l’usage prolongé des réseaux sociaux peut nuire à la santé mentale, en particulier chez les adolescents. Ce n’est pas la première fois que le ministre s’inquiète des dangers des réseaux sociaux.
En mai dernier, il avait jugé qu’ils étaient une « cause importante de la crise nationale de santé mentale des jeunes que nous traversons », alors que plusieurs études pointent du doigt une hausse des troubles anxieux et dépressifs ainsi que des tentatives de suicide chez les adolescents américains depuis plusieurs années.
Un lien de causalité qui n’est pas établie avec certitude
Jusque-là, le gouvernement fédéral s’en était tenu à émettre des recommandations vis-à-vis des sociétés gérant les réseaux sociaux, les invitant à mettre fin aux pratiques jugées les plus nocives et addictives, comme les notifications intempestives ou le déroulement infini (« infinite scroll »), qui peuvent être « prédatrices pour des cerveaux en développement et conduire à un usage excessif » commente le Dr Murthy.
Mais le médecin estime que le temps de la simple incitation est désormais passé et qu’il est l’heure de prendre des mesures plus strictes. La mise en place d’un message de santé publique est selon lui un moyen efficace de faire prendre conscience du risque à la population générale. Il en veut pour preuve que depuis la mise en place de tels messages sur les paquets de cigarettes, la prévalence du tabagisme a été divisée par quatre aux Etats-Unis.
Ces dernières années, plusieurs études ont pointé du doigt un potentiel lien entre un usage excessif des réseaux sociaux et la survenue de troubles psychiatriques, notamment chez les adolescents. Le Dr Murthy cite notamment une étude de 2019 indiquant une plus forte prévalence des troubles psychiatriques chez les adolescents passant plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux et un sondage de 2022 indiquant que 46 % des adolescents estiment que les réseaux sociaux les font se sentir moins bien à propos de leurs corps.
Aucun lien de causalité n’a cependant pu être établi avec certitude entre l’apparition des réseaux sociaux et la crise de la santé mentale qui touche les jeunes occidentaux et le sujet fait encore débat parmi les psychologues et les psychiatres.
Les Etats montrent les muscles
Le Dr Murthy dit avoir bon espoir que son projet soit adopté par le Congrès, la lutte contre les dangers des réseaux sociaux étant l’un des rares domaines où démocrates et républicains parviennent encore à se rejoindre. Mais il est fort probable que les sociétés gérant les réseaux sociaux attaquent une telle loi en justice.
« Il s’agirait d’une atteinte claire à la liberté d’expression de la part du gouvernement » estime un lobbyiste favorable aux entreprises du numérique. Comme souvent aux Etats-Unis, la question pourrait donc se résoudre devant les tribunaux.
En attendant une décision du Congrès, certains Etats ont pris les devants. En octobre dernier, l’Utah a adopté une loi rendant nécessaire une autorisation parentale pour s’inscrire sur les réseaux sociaux et interdisant l’envoi de notifications aux mineurs. Ce jeudi, l’Etat de New York a adopté une loi similaire, obligeant les réseaux sociaux à demander l’autorisation des parents pour proposer aux adolescents des « flux addictifs » et pour envoyer des notifications aux mineurs.
En octobre dernier, ce sont 41 Etats américains qui ont attaqué devant la justice fédérale la société Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram. Les Etats accusent la firme de Mark Zuckerberg d’utiliser des algorithmes spécifiques pour rendre les adolescents addicts aux réseaux sociaux. Ils s’appuient notamment sur des documents divulgués en 2021 par une ancienne ingénieure de Meta prouvant que la firme avait pleinement conscience des effets délétères des réseaux sociaux pour la santé mentale des utilisateurs.
« Nous regrettons qu’au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises à la manière d’améliorer l’utilisation de nos plateformes par les adolescents, les ministres de la justice des Etats aient choisi la voie judiciaire » s’était contenté de répondre Meta.
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Cannabis et troubles psychotiques : un risque accru chez les adolescents
Dominique Baudon, MD, PhD | 25 Juin 2024
jim.fr
Il a déjà été montré que la consommation de cannabis peut être un facteur de risque important pour l’apparition de troubles psychotiques. Une méta-analyse d'études longitudinales a en effet estimé que les consommateurs de cannabis à vie avaient un rapport de risque de 2,58 (IC à 95 % 1,08-6,13) pour les troubles psychotiques par rapport aux non-utilisateurs [1]. Cependant, les limites méthodologiques de ces études rendaient difficile l'estimation de la force de cette liaison.
De fait, les résultats qui intéressaient surtout la population adulte, s’appuyaient en grande partie sur la consommation de cannabis au cours du XXème siècle et au début du XXIème siècle, lorsque la drogue était moins puissante : la teneur (concentration, ou puissance) en delta 9-tétrahydrocannabiphorol (THC) du cannabis séché est passée en moyenne de 3 % dans les années 80 à environ 15 % aujourd'hui, certaines variétés pouvant même avoir un taux de THC de 30 %.
Une équipe de chercheurs canadiens (Toronto University, Centre for Addiction and Mental Health CAMH et Institute for Clinical Evaluative Sciences ICES), a étudié ce lien entre cannabis et troubles psychotiques chez des adolescents et jeunes adultes. Les travaux ont été publiés dans la revue Psychological Medicine en mai 2024 et ont fait l’objet d’un communiqué de presse [2, 3].
Les données d’une enquête basée sur la population en Ontario
Pour estimer l'association entre la consommation de cannabis chez les jeunes et le risque de diagnostic d'un trouble psychotique, les auteurs ont utilisé des données récentes (2009-2012), issues de l'Enquête sur la santé dans les communautés canadiennes (ESCC*), en particulier des données administratives sur la santé provenant du CAMH et de l’ICES.
La population était constituée de sujets âgés de 12 à 24 ans. La consommation de cannabis a été mesurée par questionnaire : « Avez-vous déjà consommé ou essayé de la marijuana, du cannabis ou du haschisch ? ». Les réponses possibles étaient : (i) oui, une seule fois, (ii) oui, plus d'une fois, (iii) non, (iv) je ne sais pas, (v) je refuse de répondre.
En cas de réponse « Oui », la question suivante a été posée : « L'avez-vous utilisé au cours des 12 derniers mois ? », avec comme réponses : oui, non, je ne sais pas, je refuse de répondre.
Dans le cadre de l’ESCC, les trois quarts des répondants ont eu des entretiens exclusivement en présentiel, tandis que d'autres ont participé par téléphone. Les taux de réponse étaient de 72,3 % pour 2009-2011 et de 66,4 % pour 2011-2012. L'enquête a été conçue pour assurer la surreprésentation des jeunes âgés de 12 à 19 ans.
Les répondants qui ont utilisé les services de santé pour des troubles psychotiques au cours des 6 années précédant leur date d'entrevue ou d’interview téléphonique ont été exclus, cela pour atténuer le risque de causalité inverse.
Les répondants ont été suivi jusqu'en 2018, année où le Canada a légalisé la consommation récréative de cannabis.
La cohorte a compris 11 363 sujets (dont 51 % de participants de sexe masculin) ; l’âge moyen était de 18,3 ans [15,2-21,3]. La durée de suivi maximale était de 6 à 9 ans selon le cycle de l'enquête. Cette durée a été choisie suite aux études montrant un délai moyen de 7 à 8 ans entre le début de la consommation de cannabis et l'apparition des symptômes psychotiques [4].
Trois résultats principaux ont été retenus : une visite ambulatoire, ou une consultation en urgence, ou une première hospitalisation, si cet événement était lié à un trouble psychotique. Les chercheurs ont estimé les ratios de risque spécifiques à l'âge pendant l'adolescence (12-19 ans) et l'âge adulte jeune (20-33 ans) et ont mené des analyses de sensibilité pour explorer d'autres conditions de modèle, y compris la restriction du résultat aux hospitalisations et aux visites d'urgence, afin d'augmenter la spécificité.
Une forte association avec une consommation à l’adolescence
La consommation de cannabis, par rapport à sa non-consommation, a été significativement associée à un risque 11 fois plus élevé de troubles psychotiques pour une consommation pendant l’adolescence (12-19 ans), mais pas pendant le jeune âge adulte (rapport de risque ajusté : 11,2 [IC à 95 %, 4,6-27,3] et 1,3 [0,6-2,6], respectivement).
En sélectionnant les résultats liés aux seules hospitalisations et consultations en urgence pour troubles psychotiques, la force de l'association a augmenté chez les adolescents, avec une association 26 fois plus élevée chez les consommateurs de cannabis que chez les non-utilisateurs (aHR, 26,7 [7,7-92,8]). Cependant, il n’a pas été observé de changement significatif à l'âge adulte (aHR, 1,8 [0,6-5,4]).
Certaines limites sont présentées par les auteurs. D’éventuels facteurs de confusion pouvant biaiser les résultats n’ont pas été mesurés, comme, la prédisposition génétique, les antécédents familiaux de troubles psychotiques. La possibilité d'une causalité inverse ne peut pas non plus être exclue ; il est en effet possible que les personnes ayant des "dispositions psychotiques" puissent avoir eu une plus grande consommation de cannabis.
De plus, il n’a pas été recherché de facteurs concernant le cannabis lui-même, par exemple, son mode d’utilisation, la puissance du THC, le type de produit utilisé ou la dépendance.
S’il est commun d’admettre que l’adolescence est une période de risque plus sensible que l'âge adulte pour l'effet de la consommation de cannabis sur le développement de troubles psychotiques, il existait peu de preuves épidémiologiques pour le confirmer avant cette étude conduite au Canada sur un échantillon de plus de 11 000 adolescents et jeunes adultes suivis pendant 6 à 9.
Le risque d’hospitalisation ou de consultation en urgence pour troubles psychotique était 26 fois plus élevé chez les d’adolescents ayant consommé du cannabis. Selon les auteurs, « ces résultats sont cohérents avec la théorie du développement neurologique selon laquelle les adolescents sont particulièrement vulnérables aux effets du cannabis ».
Certains pays, dont le Canada, ont opté pour la libéralisation de la consommation récréative du cannabis. Les résultats de cette étude montrent que le développement des stratégies de prévention du cannabis pour les adolescents, fondées sur des données probantes, sont justifiées, d’autant plus que les produits du cannabis commercialisés sont devenus plus largement disponibles et ont une teneur plus élevée en THC.
Les auteurs concluent : si « la grande majorité des adolescents qui consomment du cannabis ne développeront pas de trouble psychotique, selon leurs données, la plupart des adolescents qui reçoivent un diagnostic de trouble psychotique ont probablement des antécédents de consommation de cannabis ».
Enfin, la question de savoir si la consommation de cannabis est liée de manière causale aux troubles psychotiques continue d'être débattue. En particulier, de récentes études génétiques soulèvent l'incertitude quant à l'ampleur de l'association [5].
*L’objectif principal de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) est de recueillir des données relatives à la santé aux niveaux géographiques provinciaux (régions socio-sanitaires ou régions socio-sanitaires combinées), par des enquêtes transversales, estimations nationales et provinciales.
References
[1] Moore TH, Zammit S, Lingford-Hughes A, et al. Cannabis use and risk of psychotic or affective mental health outcomes: a systematic review. Lancet. 2007 Jul 28;370(9584):319-28. doi: 10.1016/S0140-6736(07)61162-3.
[2] McDonald AJ, Kurdyak P, Rehm J, et al. Age-dependent association of cannabis use with risk of psychotic disorder. Psychol Med. 2024 May 22:1-11. doi: 10.1017/S0033291724000990.
[3] News release 22 may 2024 : New evidence suggests link between teen cannabis use and psychotic disorders may be stronger than previously thought. Peer-Reviewed Publication; Institute for Clinical Evaluative Sciences. https://www.eurekalert.org/news-releases/1044795
[4] Stefanis NC, Dragovic M, Power BD, et al. Age at initiation of cannabis use predicts age at onset of psychosis: the 7- to 8-year trend. Schizophr Bull. 2013 Mar;39(2):251-4. doi: 10.1093/schbul/sbs188.
[5] Ganesh S, D'Souza DC. Cannabis and Psychosis: Recent Epidemiological Findings Continuing the "Causality Debate". Am J Psychiatry. 2022 Jan;179(1):8-10. doi: 10.1176/appi.ajp.2021.21111126.
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Re: Articles sur la santé
JOP : la polyclinique du village olympique prend forme
Raphaël Lichten | 04 Juillet 2024
jim.fr
La polyclinique du village des athlètes est presque prête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. Elle devrait ouvrir ses portes le 18 juillet, soit une semaine avant le début officiel des Jeux.
« On est sur une ébauche de clinique », reconnaît auprès du Monde le Dr Philippe Le Van, directeur médical du Cojop (Comité d’organisation des Jeux) Paris 2024.
La structure, d’une superficie totale de 3500 m², s’est installée dans les locaux préexistants d’une école de kinésithérapie et d’ostéopathie. Exit donc les étudiants et place aux athlètes, qui seront 15 000 au total : 10 500 athlètes pour les Jeux olympiques et 4500 pour les Jeux paralympiques.
700 consultations quotidiennes sont prévues pendant les Jeux olympiques
La polyclinique, qui a été créée via un accord entre Paris 2024 et l’AP-HP, se veut être un centre de soins multidisciplinaire à même de répondre à une grande variété de problèmes médicaux que pourraient rencontrer les athlètes.
Elle dispose de trois étages, où les sportifs pourront réaliser des consultations en cardiologie, gynécologie, ophtalmologie, médecine du sport, kinésithérapie, odontologie et premiers soins.
Une pharmacie d’appoint et deux camions équipés de machines IRM, postés à l’arrière de l’établissement et qui permettront de réaliser jusqu’à 70 examens par jour, ont même été prévus.
Au total, environ 700 consultations quotidiennes sont anticipées pendant toute la durée des JOP, essentiellement dans le service de kinésithérapie.
En revanche, la polyclinique ne traitera pas certaines urgences, comme les arrêts cardiaques ou les fractures ouvertes. C’est l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris, qui s’occupera de ces cas graves.
Des soins gratuits pour tous les athlètes
La polyclinique est aussi et surtout animée par une certaine idée de l’égalité à la française, avec un accès aux soins gratuits pour tous les athlètes.
Ainsi, tous auront la possibilité de profiter des espaces de récupération prévus, dont des bains froids. Le Dr Le Van explique justement que la structure entend offrir certains services à ceux qui « n’ont pas les moyens ou la technologie de le faire habituellement ». « L’égalité n’est pas possible puisqu’il y a des pays plus fortunés, qui ont plus de moyens », ajoute-t-il auprès de nos confrères du Monde. « Ce qu’on essaye de faire ici, c’est l’équité, que les gens aient les mêmes armes que les autres ».
Outre la récupération, les athlètes pourront aussi réaliser un bilan de santé. La question se pose essentiellement pour les athlètes paralympiques, dont seulement 30 à 40 % bénéficient d’un encadrement médical, contre 70 à 80 % pour les athlètes olympiques.
« Parfois, on voit des prothèses d’athlètes paralympiques qui ne sont pas au niveau de celles qui sont faites dans les pays plus favorisés. Et c’est le moment où il y a une remise à niveau pour ces personnes », témoigne ainsi le docteur Philippe Le Van. « Ceux qui en ont le plus besoin ont peu d’encadrements », confirme-t-il.
Des consultations d’urologie et de dermatologie sont d’ailleurs prévues spécifiquement pour les Jeux paralympiques, qui auront lieu entre fin août et mi-septembre.
Enfin, les athlètes olympiques comme paralympiques n’auront pas à s’inquiéter de la facture. Tout est financé par le Cojop. Le coût de fonctionnement de la polyclinique avait été évalué à 3,8 millions d’euros par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, en 2023.
__________________
Législatives : Valletoux et Rousseau qui rient, Véran qui pleure
Quentin Haroche | 08 Juillet 2024
Plusieurs personnalités du monde de la santé jouaient leur avenir politique lors de ces élections législatives.
Les commentateurs politiques et les Français en général se souviendront sans doute longtemps de ce 2èmetour des élections législatives et de cette soirée électorale complètement folle. Alors que les sondages prédisaient la victoire du Rassemblement National (RN) et une majorité au moins relative, c’est contre toute-attente le Nouveau Front Populaire (NFP), alliance des partis de gauche (LFI, EELV, PCF, PS) qui a remporté ces élections, avec 180 députés. Derrière, la coalition présidentielle Ensemble a limité la casse avec 163 sièges, tandis que le RN ne remporte « que » 143 sièges et que la droite (LR et ses alliés) semble pouvoir jouer les « faiseurs de Roi » avec 66 députés. Alors qu’aucune formation politique n’est en mesure de gouverner seule, les prochaines semaines devraient être riches en tractation et bien malin celui qui pourra prédire la suite des évènements.
Plusieurs personnalités du monde de la santé s’étaient présentées au suffrage lors de ces élections législatives anticipées, à commencer par l’actuel ministre de la Santé Frédéric Valletoux. Dans la 2ème circonscription de Seine-et-Marne, l’ancien maire de Fontainebleau a été confortablement réélu (60 % des voix) et pourrait donc conserver son poste de ministre encore quelques semaines (voir plus) tant il sera difficile de former un gouvernement dans la configuration politique actuelle.
Aurélien Rousseau élu sous les couleurs du NFP
D’autres anciens ministres de la Santé d’Emmanuel Macron étaient également candidats ce dimanche. Ancienne ministre des Professionnels de santé puis ministre de la Santé par intérim (pendant trois semaines), Agnès Firmin Le-Bodo a été confortablement réélue (66,2 %) dans la 7ème circonscription de Seine-Maritime. Prédécesseur de Frédéric Valletoux au ministère, Aurélien Rousseau avait choisi de se présenter sous les couleurs du… NFP dans la 7ème circonscription des Yvelines : pari gagnant puisqu’il entre pour la première fois au Palais Bourbon (39,1 % des voix).
C’est fini en revanche pour le Dr Olivier Véran. Celui qui fut ministre de la Santé durant la pandémie de Covid-19 a été battu par un candidat NFP (42,4 % contre 40,2 %) dans la 1ère circonscription de l’Isère où il était député depuis 12 ans. Lui qui avait annoncé vouloir quitter le monde politique (pour la médecine esthétique puis la neurologie en bénévolat !) avant de finalement présenter sa candidature semble désormais définitivement hors-jeu. Il pourra donc désormais se consacrer pleinement à la neurologie (ou à la médecine esthétique on ne sait plus très bien).
De nombreux autres médecins étaient candidats à ces élections législatives sous les couleurs de différents partis. Pour le RN, en plus du Dr Thierry Frappé, élu au 1er tour, le Dr Joelle Mélin a été réélue dans la 9ème circonscription du Bouches-du-Rhône (58 %). La coalition présidentielle Ensemble envoie six médecins à l’Assemblée Nationale. Parmi eux, on compte notamment le Dr Stéphanie Rist, rapporteuse de la dernière réforme des retraites, réélue dans la 1ère circonscription du Loiret (67,7 %) ou le Dr Geneviève Darrieussecq, ancienne ministre des Personnes handicapées, réélue dans la 1ère circonscription des Landes (56,8 %).
Seulement 12 médecins élus députés
Bien qu’elle ait remporté le plus grand nombre de députés, la coalition NFP ne compte qu’un seul médecin dans ses rangs : le Dr Dominique Voynet, ancienne ministre de l’Environnement, élue dans la 2ème circonscription du Doubs (60 %). Connue pour ses actions humanitaires à Gaza et en Ukraine, le Pr Raphael Pitti n’a lui pas réussi à se faire élire dans la 5ème circonscription des Hauts-de-Seine (44 %). A noter également la défaite de la sage-femme Caroline Fiat, experte santé dans les rangs de La France Insoumise (LFI), qui a été battue dans son fief de la 6ème circonscription de Meurthe-et-Moselle par un candidat RN.
Alors qu’il semblait bien mal parti au 1er tour, le Dr Yannick Neuder a été réélu sous les couleurs de LR dans la 7ème circonscription de l’Isère (54,3 %). Il rejoint ainsi le Pr Philippe Juvin, élu au 1er tour, dans le club très fermé des députés médecins de droite. Enfin, pour compléter le tableau, notons que le Dr Paul-André Colombani, régionaliste corse, a été réélu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud (59,2 %).
Cette Assemblée Nationale à la composition historique se démarque donc également par son nombre très faible de médecins : seulement 12 praticiens ont été élus députés ce dimanche.
C'est sûr que ça va bien changer les choses... N'oublions pas Cahuzac, qui s'est fait éliminer dès le 1er tour.
_______________
Jour de carence : efficace pour les finances, inoffensif pour la santé
Frédéric Haroche | 19 Juillet 2024
En plein cœur des congés d’été, peut-être pour s’éviter un tollé des syndicats de l’éducation nationale, l’INSEE publie une intéressante étude sur l’effet de la mise en place d’un jour de carence* (soit un jour non indemnisé) pour arrêt maladie chez les fonctionnaires de l’Education nationale.
Rappelons, comme le fait l’INSEE qu’en France « plusieurs réformes ont successivement supprimé (1er janvier 2012), réintroduit (1er janvier 2014), puis de nouveau supprimé (1er janvier 2018) l’indemnisation du premier jour de congé de maladie des agents de la fonction publique ».
Le retour du jour de carence des fonctionnaires en 2018 s’est inscrit dans un contexte de hausse du nombre de jours de congés pour maladie chez les personnels du secteur public de l’Éducation nationale entre 2013 et 2017 : il est passé en moyenne de 6,4 jours en 2013 à 7,4 jours en 2017. En outre, on observe dans les périodes d'application du jour de carence (2012-2013 et 2018-2019) que le nombre de jours de congés pour maladie ordinaire est inférieur à celui des périodes sans jour de carence qui les précèdent.
Le nombre d'épisodes d'absence pour maladie est également plus bas durant les périodes d’application du jour de carence, avec environ 0,68 épisode par agent en moyenne, contre 0,86 en dehors de ces périodes. « Ces résultats suggèrent ainsi que le jour de carence influence la fréquence et, dans une moindre mesure, le nombre de jours cumulé de congés de maladie ordinaire » détermine l’institution statistique.
Une piste d’économie à l’automne ?
Les chiffres montrent que le nombre d'épisodes de congé maladie est inférieur de 23 % et le nombre de jours de congé maladie de 5 % en moyenne pour l’ensemble des personnels du secteur public de l’Éducation nationale. Cette différence s’explique par la diminution forte et significative de l'effet du jour de carence sur le nombre d’arrêts avec la durée de l'arrêt maladie : l’effet estimé est de -44 % pour les épisodes d’un jour, -26 % pour les épisodes de deux jours, -25 % pour les épisodes de trois jours, -12 % pour les épisodes de 4 à 7 jours, -4 % pour les épisodes de 8 à 14 jours et -1 % pour les épisodes de 15 jours à 3 mois. Il n’est, logiquement, pas significatif pour les épisodes de plus de 3 mois.
On pourrait néanmoins s’inquiéter de voir des personnes malades travailler, notamment en période d’épidémie de maladies infectieuses. Sur ce point, les enquêtes Emploi de 2013 à 2019 et l'enquête Conditions de travail de 2016 appariée aux données de l'Assurance maladie sur la période 2012-2017 permettent d’examiner l’effet du jour de carence sur la santé perçue et le recours aux soins (délivrances de médicaments, visites médicales, hospitalisations).
La comparaison entre les salariés du secteur public et ceux du secteur privé ne révèle pas d'effet significatif de cette réforme sur l’état de santé, tel que mesuré dans les enquêtes et les données administratives, ainsi que sur les dépenses de santé associées.
Toutefois l’INSEE considère que « des données complémentaires seraient nécessaires pour évaluer l’effet de cette mesure sur la santé à plus long terme, ainsi que sur la productivité individuelle et collective, et notamment sur les performances scolaires des élèves ».
Quoiqu’il en soit, cette étude de l’INSEE ne manquera pas d’être scrutée à la loupe à l’automne par la représentation nationale qui aura à voter l’un des budgets les plus difficiles de ces dernières années. L’alignement du nombre de jour de carence de la fonction publique avec le privé pourrait ainsi être en discussion.
*vs 3 jours dans le privé
A quand un jour de carence pour les députés ?
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La moitié des Européens en surcharge pondérale, la France bonne élève
Raphaël Lichten | 19 Juillet 2024
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier un dossier sur la prévalence du surpoids et de l’obésité en Europe et sur les politiques publiques de prévention mises en place dans différents pays.
Ce dossier se fonde sur les données de l’European Health Interview Survey 2019 (EHIS 2019), une enquête de population générale qui vise à mesurer l’état de santé et ses déterminants, notamment les habitudes de vie — que ce soit en termes d’alimentation, d’activité physique, de consommation d’alcool ou de tabac… — ainsi que le renoncement ou le recours aux soins de santé.
Un Européen sur deux est surpoids ou obèse
La principale information qui ressort de l’EHIS 2019 est que le surpoids et l’obésité touchent environ la moitié (51 %) de la population de l’Union européenne à 27.
Des disparités sont cependant importantes en fonction des pays, puisque beaucoup de pays de l’Est — mais pas seulement — enregistrent des taux d’obésité plus élevés. Les pays les plus touchés sont ainsi Malte (65 %), la Hongrie (59 %) ainsi que la Roumanie (57 %). En France, 15 % de la population est obèse et 31 % en surpoids.
Des inégalités apparaissent également selon le genre, l’âge et le revenu. Ainsi, les hommes ont une probabilité plus importante d’être en surcharge pondérale, tandis que les femmes ont un risque d’obésité plus élevé.
Les personnes âgées, quant à elles, ont une probabilité plus importante d’être en surcharge pondérale ou obèse.
En termes de revenus, les personnes les moins aisées sont davantage touchées par l’obésité. Cependant, le surpoids touche aussi les hommes aisés.
Les données font aussi ressortir un constat intéressant : ce sont les personnes diplômées du supérieur et celles qui, sans surprise, ont une activité physique régulière, qui sont moins souvent en surcharge pondérale. On relève encore que la consommation quotidienne de soda augmente significativement le risque d’obésité — mais pas celui de la surcharge pondérale.
Quelles politiques publiques pour lutter contre l’obésité ?
Ces facteurs de risque constituent évidemment des leviers sur lesquels les pouvoirs publics peuvent agir pour lutter contre l’obésité. La Drees note que les principales politiques publiques visent à sensibiliser la population (en particulier les individus les plus défavorisés) et à encourager des modes de vie plus sains.
Du côté de l’alimentation, en plus des initiatives promouvant la consommation de fruits et de légumes, l’étiquetage nutritionnel est obligatoire dans certains pays.
La Drees indique d’ailleurs qu’une « abondante littérature scientifique sur le sujet (…) suggère que les mesures les plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l’obésité sont l’interdiction de la publicité pour des PGSS (produits trop gras, salés ou sucrés) visant les enfants et les adolescents, l’étiquetage nutritionnel des aliments et la taxation des boissons sucrées ».
En revanche, l’efficacité des campagnes d’information semble plus incertaine, tout comme celle des ateliers de gestion du budget alimentaire, souvent perçus comme infantilisants ou intrusifs.
Enfin, du côté de l’alimentation, et c’est un sujet que nous avons souvent évoqué dans les colonnes du JIM, c’est principalement l’opposition des industriels du lobby agroalimentaire qui peut constituer un frein majeur, notamment à l’affichage des étiquettes nutritionnelles.
Raphaël Lichten | 04 Juillet 2024
jim.fr
La polyclinique du village des athlètes est presque prête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. Elle devrait ouvrir ses portes le 18 juillet, soit une semaine avant le début officiel des Jeux.
« On est sur une ébauche de clinique », reconnaît auprès du Monde le Dr Philippe Le Van, directeur médical du Cojop (Comité d’organisation des Jeux) Paris 2024.
La structure, d’une superficie totale de 3500 m², s’est installée dans les locaux préexistants d’une école de kinésithérapie et d’ostéopathie. Exit donc les étudiants et place aux athlètes, qui seront 15 000 au total : 10 500 athlètes pour les Jeux olympiques et 4500 pour les Jeux paralympiques.
700 consultations quotidiennes sont prévues pendant les Jeux olympiques
La polyclinique, qui a été créée via un accord entre Paris 2024 et l’AP-HP, se veut être un centre de soins multidisciplinaire à même de répondre à une grande variété de problèmes médicaux que pourraient rencontrer les athlètes.
Elle dispose de trois étages, où les sportifs pourront réaliser des consultations en cardiologie, gynécologie, ophtalmologie, médecine du sport, kinésithérapie, odontologie et premiers soins.
Une pharmacie d’appoint et deux camions équipés de machines IRM, postés à l’arrière de l’établissement et qui permettront de réaliser jusqu’à 70 examens par jour, ont même été prévus.
Au total, environ 700 consultations quotidiennes sont anticipées pendant toute la durée des JOP, essentiellement dans le service de kinésithérapie.
En revanche, la polyclinique ne traitera pas certaines urgences, comme les arrêts cardiaques ou les fractures ouvertes. C’est l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris, qui s’occupera de ces cas graves.
Des soins gratuits pour tous les athlètes
La polyclinique est aussi et surtout animée par une certaine idée de l’égalité à la française, avec un accès aux soins gratuits pour tous les athlètes.
Ainsi, tous auront la possibilité de profiter des espaces de récupération prévus, dont des bains froids. Le Dr Le Van explique justement que la structure entend offrir certains services à ceux qui « n’ont pas les moyens ou la technologie de le faire habituellement ». « L’égalité n’est pas possible puisqu’il y a des pays plus fortunés, qui ont plus de moyens », ajoute-t-il auprès de nos confrères du Monde. « Ce qu’on essaye de faire ici, c’est l’équité, que les gens aient les mêmes armes que les autres ».
Outre la récupération, les athlètes pourront aussi réaliser un bilan de santé. La question se pose essentiellement pour les athlètes paralympiques, dont seulement 30 à 40 % bénéficient d’un encadrement médical, contre 70 à 80 % pour les athlètes olympiques.
« Parfois, on voit des prothèses d’athlètes paralympiques qui ne sont pas au niveau de celles qui sont faites dans les pays plus favorisés. Et c’est le moment où il y a une remise à niveau pour ces personnes », témoigne ainsi le docteur Philippe Le Van. « Ceux qui en ont le plus besoin ont peu d’encadrements », confirme-t-il.
Des consultations d’urologie et de dermatologie sont d’ailleurs prévues spécifiquement pour les Jeux paralympiques, qui auront lieu entre fin août et mi-septembre.
Enfin, les athlètes olympiques comme paralympiques n’auront pas à s’inquiéter de la facture. Tout est financé par le Cojop. Le coût de fonctionnement de la polyclinique avait été évalué à 3,8 millions d’euros par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, en 2023.
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Législatives : Valletoux et Rousseau qui rient, Véran qui pleure
Quentin Haroche | 08 Juillet 2024
Plusieurs personnalités du monde de la santé jouaient leur avenir politique lors de ces élections législatives.
Les commentateurs politiques et les Français en général se souviendront sans doute longtemps de ce 2èmetour des élections législatives et de cette soirée électorale complètement folle. Alors que les sondages prédisaient la victoire du Rassemblement National (RN) et une majorité au moins relative, c’est contre toute-attente le Nouveau Front Populaire (NFP), alliance des partis de gauche (LFI, EELV, PCF, PS) qui a remporté ces élections, avec 180 députés. Derrière, la coalition présidentielle Ensemble a limité la casse avec 163 sièges, tandis que le RN ne remporte « que » 143 sièges et que la droite (LR et ses alliés) semble pouvoir jouer les « faiseurs de Roi » avec 66 députés. Alors qu’aucune formation politique n’est en mesure de gouverner seule, les prochaines semaines devraient être riches en tractation et bien malin celui qui pourra prédire la suite des évènements.
Plusieurs personnalités du monde de la santé s’étaient présentées au suffrage lors de ces élections législatives anticipées, à commencer par l’actuel ministre de la Santé Frédéric Valletoux. Dans la 2ème circonscription de Seine-et-Marne, l’ancien maire de Fontainebleau a été confortablement réélu (60 % des voix) et pourrait donc conserver son poste de ministre encore quelques semaines (voir plus) tant il sera difficile de former un gouvernement dans la configuration politique actuelle.
Aurélien Rousseau élu sous les couleurs du NFP
D’autres anciens ministres de la Santé d’Emmanuel Macron étaient également candidats ce dimanche. Ancienne ministre des Professionnels de santé puis ministre de la Santé par intérim (pendant trois semaines), Agnès Firmin Le-Bodo a été confortablement réélue (66,2 %) dans la 7ème circonscription de Seine-Maritime. Prédécesseur de Frédéric Valletoux au ministère, Aurélien Rousseau avait choisi de se présenter sous les couleurs du… NFP dans la 7ème circonscription des Yvelines : pari gagnant puisqu’il entre pour la première fois au Palais Bourbon (39,1 % des voix).
C’est fini en revanche pour le Dr Olivier Véran. Celui qui fut ministre de la Santé durant la pandémie de Covid-19 a été battu par un candidat NFP (42,4 % contre 40,2 %) dans la 1ère circonscription de l’Isère où il était député depuis 12 ans. Lui qui avait annoncé vouloir quitter le monde politique (pour la médecine esthétique puis la neurologie en bénévolat !) avant de finalement présenter sa candidature semble désormais définitivement hors-jeu. Il pourra donc désormais se consacrer pleinement à la neurologie (ou à la médecine esthétique on ne sait plus très bien).
De nombreux autres médecins étaient candidats à ces élections législatives sous les couleurs de différents partis. Pour le RN, en plus du Dr Thierry Frappé, élu au 1er tour, le Dr Joelle Mélin a été réélue dans la 9ème circonscription du Bouches-du-Rhône (58 %). La coalition présidentielle Ensemble envoie six médecins à l’Assemblée Nationale. Parmi eux, on compte notamment le Dr Stéphanie Rist, rapporteuse de la dernière réforme des retraites, réélue dans la 1ère circonscription du Loiret (67,7 %) ou le Dr Geneviève Darrieussecq, ancienne ministre des Personnes handicapées, réélue dans la 1ère circonscription des Landes (56,8 %).
Seulement 12 médecins élus députés
Bien qu’elle ait remporté le plus grand nombre de députés, la coalition NFP ne compte qu’un seul médecin dans ses rangs : le Dr Dominique Voynet, ancienne ministre de l’Environnement, élue dans la 2ème circonscription du Doubs (60 %). Connue pour ses actions humanitaires à Gaza et en Ukraine, le Pr Raphael Pitti n’a lui pas réussi à se faire élire dans la 5ème circonscription des Hauts-de-Seine (44 %). A noter également la défaite de la sage-femme Caroline Fiat, experte santé dans les rangs de La France Insoumise (LFI), qui a été battue dans son fief de la 6ème circonscription de Meurthe-et-Moselle par un candidat RN.
Alors qu’il semblait bien mal parti au 1er tour, le Dr Yannick Neuder a été réélu sous les couleurs de LR dans la 7ème circonscription de l’Isère (54,3 %). Il rejoint ainsi le Pr Philippe Juvin, élu au 1er tour, dans le club très fermé des députés médecins de droite. Enfin, pour compléter le tableau, notons que le Dr Paul-André Colombani, régionaliste corse, a été réélu dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud (59,2 %).
Cette Assemblée Nationale à la composition historique se démarque donc également par son nombre très faible de médecins : seulement 12 praticiens ont été élus députés ce dimanche.
Il va finalement dire que non mais la médecine esthétique c'est super bien, qu'il veut apporter son aide aux femmes et aux hommes qui en ont besoin. Le plus dur c'est d'être crédible.C’est fini en revanche pour le Dr Olivier Véran. Il pourra donc désormais se consacrer pleinement à la neurologie (ou à la médecine esthétique on ne sait plus très bien)
Médecin de droite... pléonasme.Il rejoint ainsi le Pr Philippe Juvin, élu au 1er tour, dans le club très fermé des députés médecins de droite.
Cette Assemblée Nationale à la composition historique se démarque donc également par son nombre très faible de médecins : seulement 12 praticiens ont été élus députés ce dimanche.
C'est sûr que ça va bien changer les choses... N'oublions pas Cahuzac, qui s'est fait éliminer dès le 1er tour.
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Jour de carence : efficace pour les finances, inoffensif pour la santé
Frédéric Haroche | 19 Juillet 2024
En plein cœur des congés d’été, peut-être pour s’éviter un tollé des syndicats de l’éducation nationale, l’INSEE publie une intéressante étude sur l’effet de la mise en place d’un jour de carence* (soit un jour non indemnisé) pour arrêt maladie chez les fonctionnaires de l’Education nationale.
Rappelons, comme le fait l’INSEE qu’en France « plusieurs réformes ont successivement supprimé (1er janvier 2012), réintroduit (1er janvier 2014), puis de nouveau supprimé (1er janvier 2018) l’indemnisation du premier jour de congé de maladie des agents de la fonction publique ».
Le retour du jour de carence des fonctionnaires en 2018 s’est inscrit dans un contexte de hausse du nombre de jours de congés pour maladie chez les personnels du secteur public de l’Éducation nationale entre 2013 et 2017 : il est passé en moyenne de 6,4 jours en 2013 à 7,4 jours en 2017. En outre, on observe dans les périodes d'application du jour de carence (2012-2013 et 2018-2019) que le nombre de jours de congés pour maladie ordinaire est inférieur à celui des périodes sans jour de carence qui les précèdent.
Le nombre d'épisodes d'absence pour maladie est également plus bas durant les périodes d’application du jour de carence, avec environ 0,68 épisode par agent en moyenne, contre 0,86 en dehors de ces périodes. « Ces résultats suggèrent ainsi que le jour de carence influence la fréquence et, dans une moindre mesure, le nombre de jours cumulé de congés de maladie ordinaire » détermine l’institution statistique.
Une piste d’économie à l’automne ?
Les chiffres montrent que le nombre d'épisodes de congé maladie est inférieur de 23 % et le nombre de jours de congé maladie de 5 % en moyenne pour l’ensemble des personnels du secteur public de l’Éducation nationale. Cette différence s’explique par la diminution forte et significative de l'effet du jour de carence sur le nombre d’arrêts avec la durée de l'arrêt maladie : l’effet estimé est de -44 % pour les épisodes d’un jour, -26 % pour les épisodes de deux jours, -25 % pour les épisodes de trois jours, -12 % pour les épisodes de 4 à 7 jours, -4 % pour les épisodes de 8 à 14 jours et -1 % pour les épisodes de 15 jours à 3 mois. Il n’est, logiquement, pas significatif pour les épisodes de plus de 3 mois.
On pourrait néanmoins s’inquiéter de voir des personnes malades travailler, notamment en période d’épidémie de maladies infectieuses. Sur ce point, les enquêtes Emploi de 2013 à 2019 et l'enquête Conditions de travail de 2016 appariée aux données de l'Assurance maladie sur la période 2012-2017 permettent d’examiner l’effet du jour de carence sur la santé perçue et le recours aux soins (délivrances de médicaments, visites médicales, hospitalisations).
La comparaison entre les salariés du secteur public et ceux du secteur privé ne révèle pas d'effet significatif de cette réforme sur l’état de santé, tel que mesuré dans les enquêtes et les données administratives, ainsi que sur les dépenses de santé associées.
Toutefois l’INSEE considère que « des données complémentaires seraient nécessaires pour évaluer l’effet de cette mesure sur la santé à plus long terme, ainsi que sur la productivité individuelle et collective, et notamment sur les performances scolaires des élèves ».
Quoiqu’il en soit, cette étude de l’INSEE ne manquera pas d’être scrutée à la loupe à l’automne par la représentation nationale qui aura à voter l’un des budgets les plus difficiles de ces dernières années. L’alignement du nombre de jour de carence de la fonction publique avec le privé pourrait ainsi être en discussion.
*vs 3 jours dans le privé
A quand un jour de carence pour les députés ?
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La moitié des Européens en surcharge pondérale, la France bonne élève
Raphaël Lichten | 19 Juillet 2024
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de publier un dossier sur la prévalence du surpoids et de l’obésité en Europe et sur les politiques publiques de prévention mises en place dans différents pays.
Ce dossier se fonde sur les données de l’European Health Interview Survey 2019 (EHIS 2019), une enquête de population générale qui vise à mesurer l’état de santé et ses déterminants, notamment les habitudes de vie — que ce soit en termes d’alimentation, d’activité physique, de consommation d’alcool ou de tabac… — ainsi que le renoncement ou le recours aux soins de santé.
Un Européen sur deux est surpoids ou obèse
La principale information qui ressort de l’EHIS 2019 est que le surpoids et l’obésité touchent environ la moitié (51 %) de la population de l’Union européenne à 27.
Des disparités sont cependant importantes en fonction des pays, puisque beaucoup de pays de l’Est — mais pas seulement — enregistrent des taux d’obésité plus élevés. Les pays les plus touchés sont ainsi Malte (65 %), la Hongrie (59 %) ainsi que la Roumanie (57 %). En France, 15 % de la population est obèse et 31 % en surpoids.
Des inégalités apparaissent également selon le genre, l’âge et le revenu. Ainsi, les hommes ont une probabilité plus importante d’être en surcharge pondérale, tandis que les femmes ont un risque d’obésité plus élevé.
Les personnes âgées, quant à elles, ont une probabilité plus importante d’être en surcharge pondérale ou obèse.
En termes de revenus, les personnes les moins aisées sont davantage touchées par l’obésité. Cependant, le surpoids touche aussi les hommes aisés.
Les données font aussi ressortir un constat intéressant : ce sont les personnes diplômées du supérieur et celles qui, sans surprise, ont une activité physique régulière, qui sont moins souvent en surcharge pondérale. On relève encore que la consommation quotidienne de soda augmente significativement le risque d’obésité — mais pas celui de la surcharge pondérale.
Quelles politiques publiques pour lutter contre l’obésité ?
Ces facteurs de risque constituent évidemment des leviers sur lesquels les pouvoirs publics peuvent agir pour lutter contre l’obésité. La Drees note que les principales politiques publiques visent à sensibiliser la population (en particulier les individus les plus défavorisés) et à encourager des modes de vie plus sains.
Du côté de l’alimentation, en plus des initiatives promouvant la consommation de fruits et de légumes, l’étiquetage nutritionnel est obligatoire dans certains pays.
La Drees indique d’ailleurs qu’une « abondante littérature scientifique sur le sujet (…) suggère que les mesures les plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l’obésité sont l’interdiction de la publicité pour des PGSS (produits trop gras, salés ou sucrés) visant les enfants et les adolescents, l’étiquetage nutritionnel des aliments et la taxation des boissons sucrées ».
En revanche, l’efficacité des campagnes d’information semble plus incertaine, tout comme celle des ateliers de gestion du budget alimentaire, souvent perçus comme infantilisants ou intrusifs.
Enfin, du côté de l’alimentation, et c’est un sujet que nous avons souvent évoqué dans les colonnes du JIM, c’est principalement l’opposition des industriels du lobby agroalimentaire qui peut constituer un frein majeur, notamment à l’affichage des étiquettes nutritionnelles.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
L’anesthésie péridurale réduit la morbidité maternelle sévère
Joël Pitre, Dr | 17 Juillet 2024
jim.fr
La morbidité maternelle sévère augmente au niveau mondial. Hormis le bénéfice sur la gestion de la douleur, les preuves des avantages de l’analgésie péridurale chez les femmes à risque de MMS étaient peu solides, jusqu’à cette étude de cohorte.
La morbidité maternelle sévère (MMS) est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme la survenue, pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la délivrance, d’un état pathologique mettant en jeu le pronostic vital maternel mais avec survie de la patiente. Aux Etats-Unis, 21 pathologies telles que l’infarctus du myocarde, l’éclampsie, la nécessité d’une hystérectomie… survenant lors de l’admission pour un accouchement sont reconnues par les CDCs (Centers for Disease Control and Prevention) en tant que MMS (1).
Au Royaume-Uni, l’incidence de la MMS a presque doublé entre 2009 et 2018 passant de 0,9 % à 1,7 % des accouchements, probablement parce que les parturientes sont plus âgées, plus souvent obèses, avec davantage de comorbidités et qu’elles ont plus souvent des césariennes (2).
Aux Pays-Bas, l’incidence de la MMS de 6,4/1000 pour les accouchements par césarienne contre 3,9/1000 pour les accouchements par voie basse (3). Selon différentes études, le taux de parturientes nécessitant une hospitalisation en réanimation pour des complications du péri-partum se situe entre 0,12 et 2,2 % des accouchements, et représente entre 0,04 et 4,5 % des admissions en réanimation.
Chez les femmes enceintes à haut-risque de MMS, en particulier en cas de naissances multiples, d’obésité morbide (IMC ≥ 40 kg/m2) et/ou de comorbidités, l’analgésie péridurale (AP) pendant le travail est souvent conseillée et relève alors d’une indication médicale en raison de ses avantages physiologiques et de la possibilité d’offrir une anesthésie rapide en cas d’urgence.
Mais si les avantages de l’AP sont reconnus, les études de qualité sont peu nombreuses, avec un suivi limité dans le temps après l’accouchement (4) ou focalisé sur le risque de l’hémorragie de la délivrance (5). Si les médecins doivent informer leurs patientes à risque de MMS de l’intérêt de l’AP, la décision finale appartient aux femmes. Et certaines inégalités vis-à-vis de l’information sont criantes, en particulier pour les femmes issues des minorités ethniques (6).
Toutes les naissances en Ecosse pendant 13 ans
Des chercheurs se sont intéressés à l’ensemble des naissances en Ecosse sur une période de 13 ans, en croisant les informations extraites de six bases de données (7). Entre 2007 et 2019, toutes les femmes entrant en travail entre 24+0 semaines d’aménorrhée et 42+6 semaines ont été incluses.
Les auteurs ont délibérément clôturé le recueil des cas avant la pandémie Covid-19. Ont été exclues les observations sans précision du type d’accouchement, du nom de l’enfant ou de l’existence d’une éventuelle analgésie (n = 38 705 ; 5,5 %) comme celles d’accouchements par césarienne programmée dans la mesure où ces femmes n’avaient par définition pas le choix de recevoir ou non une AP (n = 92 060 ; 13,2 %).
L’AP durant le travail était définie par une ponction lombaire épidurale à n’importe quel moment du travail une fois que celui-ci avait commencé. Dans le groupe des femmes sans AP lors du travail, certaines pouvaient avoir une délivrance sous AP ou sous anesthésie générale ce qui témoigne de l’imprévisibilité du travail et des chemins que celui-ci peut prendre.
Le critère principal de jugement était la MMS définie comme la survenue d’au moins 1 des 21 conditions définies par les CDCs ou une admission en Unité de Soins Critiques (USC) entre l’accouchement et 42 jours après ce dernier. L’admission en USC était rajoutée aux critères de MMS car la définition des CDCs ne prend pas en compte certaines complications (comme l’asthme sévère et la comitialité).
Les critères secondaires étaient la morbidité sévère justifiant d’une admission en USC avec morbidité respiratoire (ventilation artificielle, trachéotomie, SDRA, complications respiratoires post-anesthésiques) dans les 42 jours suivant l’accouchement. Seul le premier évènement générateur de MMS était enregistré.
Après exclusions, 567 216 femmes entrant en travail étaient enrôlées dans l’étude dont 39 601 (7 %) accouchaient prématurément (< 37 semaines). Une AP était réalisée pendant le travail chez 125 024 (22 %) parturientes. Une MMS était observée chez 2 412 femmes (4,3/1000 [IC 95 % 4,1-4,4]).
Une réduction de 35 % de la MMS
L’AP était associée à une réduction du risque de 35 % de survenue d’une MMS (RRa 0,65 [0,50-0,85] ; p = 0,001), et de 54 % de survenue d’une MMS et d’une admission en USC (RRa 0,4 [0,29-0,73] ; p = 0,001). La différence n’était pas significative concernant la morbidité respiratoire (RRa 0,42 [0,16-1,15] ; p = 0,09), probablement en raison d’une insuffisance d’évènements (200 vs 41) et d’un intervalle de confiance large.
En analyse de sous-groupe, l’AP était associée avec une plus grande réduction de MMS (p < 0,001) pour les patientes ayant une indication médicale d’AP (0,50 [0,4-0,72]) par rapport à celles sans indication médicale (0,67 [0,43-1,03]), pour les patientes accouchant prématurément (p < 0,001) et celles accouchant prématurément et ayant une indication médicale d’AP (p < 0,001). Concernant la prématurité, le bénéfice de l’AP était constant, que la prématurité soit modérée ou extrême, et quelle que soit la cause de prématurité (spontanée ou iatrogène).
Cette étude confirme de façon indiscutable la réduction de risque de MMS grâce à l’AP. L’accès à celle-ci doit être facilité pour toutes les femmes entrant en travail, en particulier celles à haut-risque de morbidité sévère. Par ailleurs les auteurs insistent pour que toutes les femmes (et en particulier celles issues de milieux socio-économiques défavorisés et/ou de minorités ethniques) soient informées du bénéfice à attendre de l’AP non seulement lors du travail et de l’accouchement mais aussi à distance car près de 15 % des complications peuvent être qualifiées de tardives. Même si ces résultats proviennent d’une étude de cohorte non prospective, ils sont suffisamment parlants pour une application clinique pratique.
References
Centers for Disease Control and Prevention. Severe maternal morbidity. Severe Maternal Morbidity | Maternal Infant Health | CDC May 14, 2024.
Masterson JA, Adamestam I, Beatty M, et al. Severe maternal morbidity in Scotland. Anaesthesia. 2022;77:971-80. doi:10.1111/anae.15798 5
Van Dillen J, Mesman JA, Zwart JJ, Bloemenkamp KW, van Roosmalen J. Introducing maternal morbidity audit in the Netherlands. BJOG 2010 Mar;117(4):416-21. doi: 10.1111/j.1471-0528.2009.02480.x. Epub 2010 Jan 26.
Guglielminotti J, Landau R, Daw J, Friedman AM, Chihuri S, Li G. Use of labor neuraxial analgesia for vaginal delivery and severe maternal morbidity. JAMA Netw Open 2022;5:e220137. doi:10.1001/ jamanetworkopen.2022.0137 9
Driessen M, Bouvier-Colle MH, Dupont C, et al. Postpartum hemorrhage resulting from uterine atony after vaginal delivery: factors associated with severity. Obstet Gynecol. 2011;117:21-31. doi:10.1097/ AOG.0b013e318202c845
Zwart JJ, Jonkers MD, Richters A, et al. Ethnic disparity in severe acute maternal morbidity: a nationwide cohort study in the Netherlands. Eur J Public Health. 2011 Apr;21(2):229-34. PubMed PMID: 20522516. Epub 2010/06/05. Eng
Kearns RJ, Kyzayeva A, Halliday LOE, et al. Epidural analgesia during labour and severe maternal morbidity: population based study. BMJ. 2024 May 22;385:e077190. doi: 10.1136/bmj-2023-077190.
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Les anesthésies générales impactent-elles le développement de l’enfant ?
Paul Desforges | 16 Juillet 2024
De manière générale, la prise en charge des patients pédiatriques souffre d’un manque patent de littérature médicale. Les explications résident dans la diversité des patients et des pathologies mais aussi dans le désintérêt de nombreux acteurs privés avec des autorisations de mise sur le marché pour les médicaments le plus souvent réservées aux adultes. Ainsi les recommandations rédigées par sociétés savantes de pédiatrie sont souvent extrapolées de la prise en charge des adultes.
Cependant, la pédiatrie présente des particularités. Ainsi la question de l’impact de l’anesthésie générale sur le neurodéveloppement des enfants se pose. Les données actuelles concernant l’exposition à une anesthésie générale unique dans l’enfance paraissent rassurantes [1][2]. En revanche, l’impact d’anesthésies générales répétées chez l’enfant n’a été que très peu étudié.
L’essai ACFBAL : des enfants atteints de mucoviscidose exposés à des AG répétées précoces
Les auteurs de l’étude CF-GAIN publiée dans le Lancet Respiratory Med se sont intéressés à cette question [3]. Pour réaliser cet essai multicentrique randomisé en ouvert, les auteurs ont analysé une cohorte de patients inclus dans l’étude ACFBAL (Australasian Cystic Fibrosis Bronchoalveolar Lavage) [4].
L’étude ACFBAL, publiée dans le JAMA en 2011, analysait des patients atteints de mucoviscidose, maladie génétique rare conduisant à une insuffisance respiratoire précoce. L’objectif était de guider la stratégie antibiotique sur des prélèvements respiratoires profonds répétés par lavage bronchoalvéolaire (LBA) des enfants âgés de moins de 6 mois jusqu’à 5 ans.
Les auteurs de l’étude ACFBAL ont comparé, les enfants répartis dans un groupe expérimental (LBA réguliers sous anesthésie générale [AG]) et un groupe contrôle (stratégie non guidée par les LBA, les AG étant effectuées seulement lors d’exacerbations). Aucune différence de résultats respiratoires et nutritionnels n’a été observée.
L’étude CF-GAIN : évaluer le neurodéveloppement à l’âge de 12 ans
Pour l’étude CF-GAIN, les auteurs ont analysé 97 participants à ACFBAL, soit 52 dans le groupe AG répétées et 45 dans le groupe standard.
Le critère de jugement principal de CF-GAIN était un critère composite associant des mesures standardisées de la fonction intellectuelle, de la mémoire, de l’attention, de la fonction exécutive ainsi que de la régulation émotionnelle et comportementale, renseignées via le score CPT-II. Ce critère était analysé à l’âge de 12 ans. Les critères secondaires comprenaient la fonction intellectuelle, d'autres mesures neurocomportementales et l'imagerie cérébrale comme critère exploratoire.
Dans le groupe AG répétées, les enfants avaient, en médiane bénéficié de : (i) à l’âge de 2 ans : 2 AG (EI : 1-3) vs 0 dans le groupe standard, (ii) à la fin de ACFBAL : 6 (EI : 4-9,5) vs 2 (1-4), (iii) à la fin de CF-GAIN : 10 AG (6,5-14,5) pour seulement 4 dans le groupe standard (3,0-7,0). Le temps cumulé passé sous AG est concordant, avec une durée médiane de 180 minutes dans le groupe AG répétées (EI : 140-285) versus 48 minutes dans le groupe standard (EI : 30-122).
Concernant le critère de jugement principal, les résultats de l’étude ne mettent pas évidence de différence significative entre les deux groupes : CPT II à 51 (DS 8,1) dans le groupe AG répétées versus 53 (DS 8,8) dans le groupe standard, avec une différence moyenne de -1,7 (IC 95% : -5,2 à 1,7 soit p=0,32).
Les résultats concernant les critères de jugements secondaires corroborent ceux retrouvés du critère principal avec notamment l’absence de surrisque retrouvé dans le sous-groupe de patient exposé avant l’âge de 2 ans à des AG répétées, l’absence de surrisque selon la durée passée sous AG, l’absence de différence en volume cérébral et séquence de diffusion à l’IRM et l’absence de différence sur les critères neurocognitifs ou comportementaux.
En dépit d’un effectif restreint et d’une population très sélectionnée, les résultats de cette étude convergent pour valider le critère sécuritaire d’anesthésies générales répétées chez des enfants atteints de mucoviscidose jusqu’à l’âge de 5 ans concernant le neurodéveloppement. De nouvelles études seront nécessaires pour extrapoler ces résultats à la population générale.
References
[1] Zhou P, Zhang C, Huang G, et al. The effect of sevoflurane anesthesia for dental procedure on neurocognition in children: a prospective, equivalence, controlled trial. BMC Pediatr 2021;21:177. https://doi.org/10.1186/s12887-021-02649-5.
[2] McCann ME, de Graaff JC, Dorris L, et al. Neurodevelopmental outcome at 5 years of age after general anaesthesia or awake-regional anaesthesia in infancy (GAS): an international, multicentre, randomised, controlled equivalence trial. Lancet 2019;393:664–77. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)32485-1.
[3] Wainwright CE, Vidmar S, Anderson V, et al. Long-term outcomes of early exposure to repeated general anaesthesia in children with cystic fibrosis (CF-GAIN): a multicentre, open-label, randomised controlled phase 4 trial. Lancet Respir Med 2024:S2213-2600(24)00170-X. https://doi.org/10.1016/S2213-2600(24)00170-X.
[4] Wainwright CE, Vidmar S, Armstrong DS, et al. Effect of bronchoalveolar lavage-directed therapy on Pseudomonas aeruginosa infection and structural lung injury in children with cystic fibrosis: a randomized trial. JAMA 2011;306:163–71. https://doi.org/10.1001/jama.2011.954.
Joël Pitre, Dr | 17 Juillet 2024
jim.fr
La morbidité maternelle sévère augmente au niveau mondial. Hormis le bénéfice sur la gestion de la douleur, les preuves des avantages de l’analgésie péridurale chez les femmes à risque de MMS étaient peu solides, jusqu’à cette étude de cohorte.
La morbidité maternelle sévère (MMS) est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme la survenue, pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la délivrance, d’un état pathologique mettant en jeu le pronostic vital maternel mais avec survie de la patiente. Aux Etats-Unis, 21 pathologies telles que l’infarctus du myocarde, l’éclampsie, la nécessité d’une hystérectomie… survenant lors de l’admission pour un accouchement sont reconnues par les CDCs (Centers for Disease Control and Prevention) en tant que MMS (1).
Au Royaume-Uni, l’incidence de la MMS a presque doublé entre 2009 et 2018 passant de 0,9 % à 1,7 % des accouchements, probablement parce que les parturientes sont plus âgées, plus souvent obèses, avec davantage de comorbidités et qu’elles ont plus souvent des césariennes (2).
Aux Pays-Bas, l’incidence de la MMS de 6,4/1000 pour les accouchements par césarienne contre 3,9/1000 pour les accouchements par voie basse (3). Selon différentes études, le taux de parturientes nécessitant une hospitalisation en réanimation pour des complications du péri-partum se situe entre 0,12 et 2,2 % des accouchements, et représente entre 0,04 et 4,5 % des admissions en réanimation.
Chez les femmes enceintes à haut-risque de MMS, en particulier en cas de naissances multiples, d’obésité morbide (IMC ≥ 40 kg/m2) et/ou de comorbidités, l’analgésie péridurale (AP) pendant le travail est souvent conseillée et relève alors d’une indication médicale en raison de ses avantages physiologiques et de la possibilité d’offrir une anesthésie rapide en cas d’urgence.
Mais si les avantages de l’AP sont reconnus, les études de qualité sont peu nombreuses, avec un suivi limité dans le temps après l’accouchement (4) ou focalisé sur le risque de l’hémorragie de la délivrance (5). Si les médecins doivent informer leurs patientes à risque de MMS de l’intérêt de l’AP, la décision finale appartient aux femmes. Et certaines inégalités vis-à-vis de l’information sont criantes, en particulier pour les femmes issues des minorités ethniques (6).
Toutes les naissances en Ecosse pendant 13 ans
Des chercheurs se sont intéressés à l’ensemble des naissances en Ecosse sur une période de 13 ans, en croisant les informations extraites de six bases de données (7). Entre 2007 et 2019, toutes les femmes entrant en travail entre 24+0 semaines d’aménorrhée et 42+6 semaines ont été incluses.
Les auteurs ont délibérément clôturé le recueil des cas avant la pandémie Covid-19. Ont été exclues les observations sans précision du type d’accouchement, du nom de l’enfant ou de l’existence d’une éventuelle analgésie (n = 38 705 ; 5,5 %) comme celles d’accouchements par césarienne programmée dans la mesure où ces femmes n’avaient par définition pas le choix de recevoir ou non une AP (n = 92 060 ; 13,2 %).
L’AP durant le travail était définie par une ponction lombaire épidurale à n’importe quel moment du travail une fois que celui-ci avait commencé. Dans le groupe des femmes sans AP lors du travail, certaines pouvaient avoir une délivrance sous AP ou sous anesthésie générale ce qui témoigne de l’imprévisibilité du travail et des chemins que celui-ci peut prendre.
Le critère principal de jugement était la MMS définie comme la survenue d’au moins 1 des 21 conditions définies par les CDCs ou une admission en Unité de Soins Critiques (USC) entre l’accouchement et 42 jours après ce dernier. L’admission en USC était rajoutée aux critères de MMS car la définition des CDCs ne prend pas en compte certaines complications (comme l’asthme sévère et la comitialité).
Les critères secondaires étaient la morbidité sévère justifiant d’une admission en USC avec morbidité respiratoire (ventilation artificielle, trachéotomie, SDRA, complications respiratoires post-anesthésiques) dans les 42 jours suivant l’accouchement. Seul le premier évènement générateur de MMS était enregistré.
Après exclusions, 567 216 femmes entrant en travail étaient enrôlées dans l’étude dont 39 601 (7 %) accouchaient prématurément (< 37 semaines). Une AP était réalisée pendant le travail chez 125 024 (22 %) parturientes. Une MMS était observée chez 2 412 femmes (4,3/1000 [IC 95 % 4,1-4,4]).
Une réduction de 35 % de la MMS
L’AP était associée à une réduction du risque de 35 % de survenue d’une MMS (RRa 0,65 [0,50-0,85] ; p = 0,001), et de 54 % de survenue d’une MMS et d’une admission en USC (RRa 0,4 [0,29-0,73] ; p = 0,001). La différence n’était pas significative concernant la morbidité respiratoire (RRa 0,42 [0,16-1,15] ; p = 0,09), probablement en raison d’une insuffisance d’évènements (200 vs 41) et d’un intervalle de confiance large.
En analyse de sous-groupe, l’AP était associée avec une plus grande réduction de MMS (p < 0,001) pour les patientes ayant une indication médicale d’AP (0,50 [0,4-0,72]) par rapport à celles sans indication médicale (0,67 [0,43-1,03]), pour les patientes accouchant prématurément (p < 0,001) et celles accouchant prématurément et ayant une indication médicale d’AP (p < 0,001). Concernant la prématurité, le bénéfice de l’AP était constant, que la prématurité soit modérée ou extrême, et quelle que soit la cause de prématurité (spontanée ou iatrogène).
Cette étude confirme de façon indiscutable la réduction de risque de MMS grâce à l’AP. L’accès à celle-ci doit être facilité pour toutes les femmes entrant en travail, en particulier celles à haut-risque de morbidité sévère. Par ailleurs les auteurs insistent pour que toutes les femmes (et en particulier celles issues de milieux socio-économiques défavorisés et/ou de minorités ethniques) soient informées du bénéfice à attendre de l’AP non seulement lors du travail et de l’accouchement mais aussi à distance car près de 15 % des complications peuvent être qualifiées de tardives. Même si ces résultats proviennent d’une étude de cohorte non prospective, ils sont suffisamment parlants pour une application clinique pratique.
References
Centers for Disease Control and Prevention. Severe maternal morbidity. Severe Maternal Morbidity | Maternal Infant Health | CDC May 14, 2024.
Masterson JA, Adamestam I, Beatty M, et al. Severe maternal morbidity in Scotland. Anaesthesia. 2022;77:971-80. doi:10.1111/anae.15798 5
Van Dillen J, Mesman JA, Zwart JJ, Bloemenkamp KW, van Roosmalen J. Introducing maternal morbidity audit in the Netherlands. BJOG 2010 Mar;117(4):416-21. doi: 10.1111/j.1471-0528.2009.02480.x. Epub 2010 Jan 26.
Guglielminotti J, Landau R, Daw J, Friedman AM, Chihuri S, Li G. Use of labor neuraxial analgesia for vaginal delivery and severe maternal morbidity. JAMA Netw Open 2022;5:e220137. doi:10.1001/ jamanetworkopen.2022.0137 9
Driessen M, Bouvier-Colle MH, Dupont C, et al. Postpartum hemorrhage resulting from uterine atony after vaginal delivery: factors associated with severity. Obstet Gynecol. 2011;117:21-31. doi:10.1097/ AOG.0b013e318202c845
Zwart JJ, Jonkers MD, Richters A, et al. Ethnic disparity in severe acute maternal morbidity: a nationwide cohort study in the Netherlands. Eur J Public Health. 2011 Apr;21(2):229-34. PubMed PMID: 20522516. Epub 2010/06/05. Eng
Kearns RJ, Kyzayeva A, Halliday LOE, et al. Epidural analgesia during labour and severe maternal morbidity: population based study. BMJ. 2024 May 22;385:e077190. doi: 10.1136/bmj-2023-077190.
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Les anesthésies générales impactent-elles le développement de l’enfant ?
Paul Desforges | 16 Juillet 2024
De manière générale, la prise en charge des patients pédiatriques souffre d’un manque patent de littérature médicale. Les explications résident dans la diversité des patients et des pathologies mais aussi dans le désintérêt de nombreux acteurs privés avec des autorisations de mise sur le marché pour les médicaments le plus souvent réservées aux adultes. Ainsi les recommandations rédigées par sociétés savantes de pédiatrie sont souvent extrapolées de la prise en charge des adultes.
Cependant, la pédiatrie présente des particularités. Ainsi la question de l’impact de l’anesthésie générale sur le neurodéveloppement des enfants se pose. Les données actuelles concernant l’exposition à une anesthésie générale unique dans l’enfance paraissent rassurantes [1][2]. En revanche, l’impact d’anesthésies générales répétées chez l’enfant n’a été que très peu étudié.
L’essai ACFBAL : des enfants atteints de mucoviscidose exposés à des AG répétées précoces
Les auteurs de l’étude CF-GAIN publiée dans le Lancet Respiratory Med se sont intéressés à cette question [3]. Pour réaliser cet essai multicentrique randomisé en ouvert, les auteurs ont analysé une cohorte de patients inclus dans l’étude ACFBAL (Australasian Cystic Fibrosis Bronchoalveolar Lavage) [4].
L’étude ACFBAL, publiée dans le JAMA en 2011, analysait des patients atteints de mucoviscidose, maladie génétique rare conduisant à une insuffisance respiratoire précoce. L’objectif était de guider la stratégie antibiotique sur des prélèvements respiratoires profonds répétés par lavage bronchoalvéolaire (LBA) des enfants âgés de moins de 6 mois jusqu’à 5 ans.
Les auteurs de l’étude ACFBAL ont comparé, les enfants répartis dans un groupe expérimental (LBA réguliers sous anesthésie générale [AG]) et un groupe contrôle (stratégie non guidée par les LBA, les AG étant effectuées seulement lors d’exacerbations). Aucune différence de résultats respiratoires et nutritionnels n’a été observée.
L’étude CF-GAIN : évaluer le neurodéveloppement à l’âge de 12 ans
Pour l’étude CF-GAIN, les auteurs ont analysé 97 participants à ACFBAL, soit 52 dans le groupe AG répétées et 45 dans le groupe standard.
Le critère de jugement principal de CF-GAIN était un critère composite associant des mesures standardisées de la fonction intellectuelle, de la mémoire, de l’attention, de la fonction exécutive ainsi que de la régulation émotionnelle et comportementale, renseignées via le score CPT-II. Ce critère était analysé à l’âge de 12 ans. Les critères secondaires comprenaient la fonction intellectuelle, d'autres mesures neurocomportementales et l'imagerie cérébrale comme critère exploratoire.
Dans le groupe AG répétées, les enfants avaient, en médiane bénéficié de : (i) à l’âge de 2 ans : 2 AG (EI : 1-3) vs 0 dans le groupe standard, (ii) à la fin de ACFBAL : 6 (EI : 4-9,5) vs 2 (1-4), (iii) à la fin de CF-GAIN : 10 AG (6,5-14,5) pour seulement 4 dans le groupe standard (3,0-7,0). Le temps cumulé passé sous AG est concordant, avec une durée médiane de 180 minutes dans le groupe AG répétées (EI : 140-285) versus 48 minutes dans le groupe standard (EI : 30-122).
Concernant le critère de jugement principal, les résultats de l’étude ne mettent pas évidence de différence significative entre les deux groupes : CPT II à 51 (DS 8,1) dans le groupe AG répétées versus 53 (DS 8,8) dans le groupe standard, avec une différence moyenne de -1,7 (IC 95% : -5,2 à 1,7 soit p=0,32).
Les résultats concernant les critères de jugements secondaires corroborent ceux retrouvés du critère principal avec notamment l’absence de surrisque retrouvé dans le sous-groupe de patient exposé avant l’âge de 2 ans à des AG répétées, l’absence de surrisque selon la durée passée sous AG, l’absence de différence en volume cérébral et séquence de diffusion à l’IRM et l’absence de différence sur les critères neurocognitifs ou comportementaux.
En dépit d’un effectif restreint et d’une population très sélectionnée, les résultats de cette étude convergent pour valider le critère sécuritaire d’anesthésies générales répétées chez des enfants atteints de mucoviscidose jusqu’à l’âge de 5 ans concernant le neurodéveloppement. De nouvelles études seront nécessaires pour extrapoler ces résultats à la population générale.
References
[1] Zhou P, Zhang C, Huang G, et al. The effect of sevoflurane anesthesia for dental procedure on neurocognition in children: a prospective, equivalence, controlled trial. BMC Pediatr 2021;21:177. https://doi.org/10.1186/s12887-021-02649-5.
[2] McCann ME, de Graaff JC, Dorris L, et al. Neurodevelopmental outcome at 5 years of age after general anaesthesia or awake-regional anaesthesia in infancy (GAS): an international, multicentre, randomised, controlled equivalence trial. Lancet 2019;393:664–77. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)32485-1.
[3] Wainwright CE, Vidmar S, Anderson V, et al. Long-term outcomes of early exposure to repeated general anaesthesia in children with cystic fibrosis (CF-GAIN): a multicentre, open-label, randomised controlled phase 4 trial. Lancet Respir Med 2024:S2213-2600(24)00170-X. https://doi.org/10.1016/S2213-2600(24)00170-X.
[4] Wainwright CE, Vidmar S, Armstrong DS, et al. Effect of bronchoalveolar lavage-directed therapy on Pseudomonas aeruginosa infection and structural lung injury in children with cystic fibrosis: a randomized trial. JAMA 2011;306:163–71. https://doi.org/10.1001/jama.2011.954.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Les infirmières en première ligne pour réduire la mortalité hospitalière
Geneviève Perennou | 25 Juillet 2024
jim.fr
Les infirmières jouent un rôle essentiel auprès des patients afin de détecter précocement toute détérioration de leur état de santé. Cet élément clé est influencé par les caractéristiques de l'environnement hospitalier : l'environnement architectural, les niveaux de dotation en personnel et les qualifications professionnelles.
Le taux de mortalité est un indicateur important de la qualité des soins prodigués, et peut varier selon divers facteurs. Parmi ceux-ci, on compte les caractéristiques du personnel soignant, telles que l'effectif, l'expérience et les compétences professionnelles. Les procédures de soins infirmiers, comme la détection de la dégradation de l'état de santé et l'intensification des soins, peuvent également exercer une influence.
Cependant, la plupart des recherches en soins infirmiers sur la mortalité des patients se concentrent sur les caractéristiques des patients et les variables structurelles liées aux soins infirmiers, en ignorant les processus de soins infirmiers. Ces derniers sont importants car ils relient l'environnement de soins aux résultats pour les patients, mais leur évaluation est difficile.
Certaines études ont utilisé les soins omis comme indicateur des processus de soins infirmiers et ont montré que les soins omis sont liés à la dotation en personnel infirmier, l'expérience du personnel, les modes de travail et les perceptions des infirmières quant à un environnement de travail défavorable.
Bien que des preuves suggèrent un lien entre soins omis et mortalité, les mécanismes ne sont pas clairs. Il est établi que la détection précoce d’une aggravation de l’état clinique et l'intensification du traitement réduisent le risque de décès, et une surveillance inadéquate des patients peut entraîner un retard du repérage de l’évolution négative, retardant ensuite l'initiation d'un traitement approprié.
Une étude quantitative : plus de 300 infirmières, près de 65 000 soins
Une étude quantitative multi-sources a porté sur 304 infirmières (femmes : 84,5%, âge moyen 34,4 ans, infirmières diplômées : 93,4%) de 16 services. Elle comportait une enquête transversale auprès du personnel et des données rétrospectives extraites des dossiers médicaux.
Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour examiner l'association entre l’environnement de pratique infirmière, dotation en personnel infirmier, soins omis et escalade des soins, et aggravation des patients et mortalité à 30 jours, en tenant compte du regroupement des épisodes par patient à l'aide d'équations d'estimation généralisées.
Les données sur l’aggravation des patients ont été collectées pour 30 011 événements et 63 847 soins. Chaque patient supplémentaire par infirmière (OR = 1,22 [IC à 95%, 1,04-1,43]) et davantage de soins omis lors de la surveillance des patients (OR = 1,13 [1,03-1,23]) ont été associés à un risque plus élevé de mortalité à 30 jours. L'utilisation d'un système de réponse aux urgences cliniques a réduit le risque de mortalité (OR = 0,82 [0,76-0,89]).
Une analyse de sous-groupe excluant les unités de soins gériatriques a identifié une augmentation de 38 % de la mortalité à 30 jours pour chaque patient supplémentaire par infirmière (OR = 1,38 [1,15-1,65]). L'environnement de pratique infirmière était également significativement associé à la mortalité (OR = 0,79 [0,72-0,88]) lorsque les services de gériatrie étaient exclus.
La mortalité des patients peut être réduite en augmentant les niveaux de dotation en personnel infirmier et en améliorant l'environnement de travail. Les infirmières jouent un rôle pivot dans la sécurité des patients et l'amélioration des processus de soins infirmiers, pour minimiser les soins omis liés à la surveillance des patients et assurer un examen clinique en temps opportun pour les patients se détériorant, réduit la mortalité hospitalière.
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Hôpital : ce n’est pas Waterloo, mais ce n’est pas Arcole
Frédéric Haroche | 25 Juillet 2024
jim.fr
La DREES vient de publier son panorama des établissements de santé basé sur des chiffres arrêtés au 31 décembre 2022. Si certaines données peuvent apparaître rassurantes sur le temps long, on observe les stigmates d’une crise profonde et récente avec la désaffection des personnels infirmiers et l’effondrement des finances des hôpitaux publics.
Une tendance lourde : fermeture d’établissements, baisse du nombre de lits
Au 31 décembre 2022, la France compte 2 976 structures hospitalières disposant de capacités d’accueil en hospitalisation complète (comptées en lits) ou partielle (comptées en places), services de santé des armées (SSA) compris. Au total, elles offrent une capacité d’accueil de 374 300 lits et 85 000 places. Ces établissements sont regroupés en 136 GHT (groupements hospitaliers de territoire).
On observe, sur une période de 10 ans, ce que beaucoup de soignants pressentent dans leur exercice quotidien : une diminution du nombre d’établissements et de lits. Tout secteur confondu (public, privé à but lucratif et privé à but non lucratif), on constate la fermeture de près de 150 établissements et de 40 000 lits.
Pire, sur un temps plus long, ce sont près de 80 000 lits qui ont été fermés en 20 ans. En revanche, le nombre de « places », correspondant à la montée en charge de l’hospitalisation de jour et de la chirurgie ambulatoire a lui augmenté de 18 000 unités.

Personnel : les infirmières ne répondent plus
Cette diminution du nombre de lits coïncide paradoxalement avec une forte augmentation des effectifs médicaux et infirmiers. Entre fin 2003 et 2022, le nombre de personnel médical (médecins, pharmaciens, odontologues, sage-femmes, internes et FFI) est passé de 101 975 à 144 617.
Une progression qui s’est poursuivie la dernière année de l’étude (2022) avec + 1,8 % en 2022. En revanche, symbole de la crise de ces dernières années encore accentuée par la Covid, si les effectifs d’infirmiers ont augmenté de 20 % entre 2003 et 2013, ils ont stagné depuis et même baissé de 2 % depuis 2020 malgré une augmentation des rémunérations de 5 % de ces professionnels depuis la crise sanitaire pour s’établir à 2 634 € nets mensuel en moyenne (vs 6 224 € pour les médecins).
Bérézina financière
Du côté des finances, c’est une véritable Bérézina. En 2022 et 2023, la situation financière des hôpitaux publics s’est fortement dégradée avec un déficit de 1,7 milliard d’euros en 2023 et 1,3 milliards d’euros en 2022 contre 0,8 milliards d’euros avant la crise sanitaire.
Dans ce contexte, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet s’inquiète de l’instabilité gouvernementale. Dans une interview accordée à l’AFP il prévient « si nous n'avons pas de gouvernement, pas d'interlocuteur, une Assemblée morcelée en trois blocs, on risque d'avoir à reconduire le PLFSS de 2024, ce qui serait très dommageable pour l'ensemble du système de santé. (…) Il faut que le président de la République, au-delà des contingences politiques nomme un gouvernement capable de travailler le plus rapidement possible ».
Il a aussi appelé à nommer un ministre de la Santé « de plein exercice », et non un ministre délégué, la Santé devant « être une priorité de l’État".
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Loi Rist : les IPA dénoncent des « positions corporatistes d’un autre temps »
Raphaël Lichten | 25 Juillet 2024
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et l’Unipa ont échangé par communiqués interposés concernant plusieurs projets de règlements et d’arrêtés visant à appliquer la loi Rist, élargissant les compétences des infirmières en pratique avancée (IPA).
Le conflit entre infirmières en pratique avancée et médecins n’en finit décidément pas. Dans un communiqué publié le 18 juillet dernier, l’Unipa (Union nationale des infirmiers en pratique avancée) a répondu aux précédentes communications de l’Ordre national des médecins, qui contestait les projets de décret d’application de la loi Rist.
Selon l’Ordre, ceux-ci outrepasseraient à la fois l’esprit de la loi qu’ils sont censés appliquer, mais aussi les prérogatives d’un gouvernement d’affaires courantes.
Une contestation de la primoprescription des IPA
« Le Gouvernement va au-delà de la loi », martèle le Dr François Arnault, président de l’Ordre des médecins. Celui-ci ne respecte pas le « contrat moral » passé avec les médecins, qui, comme on s’en souvient, s’étaient très largement mobilisés lors de l’adoption de la loi Rist.
Ces derniers critiquent en effet vivement que les décrets d’application actuellement en préparation. Ces textes précisent les conditions de l’accès direct des patients aux IPA ainsi que la prescription initiale que pourront réaliser ces derniers.
Dans le détail, un des projets d’arrêté liste en annexe un certain nombre de produits et de prestations soumis à prescription médicale obligatoire que les IPA pourront prescrire, comme le paracétamol, les arrêts de travail de moins de 3 jours, le transport sanitaire ou encore l’amoxicilline dans certains cas.
Les textes réglementaires prévoient d’autres possibilités de primoprescription. Ainsi, dans le cadre de certains domaines d’intervention — pathologies chroniques stabilisées, prévention et pathologies courantes en soins primaires —, les IPA pourront prescrire (sans diagnostic médical préalable) des traitements antihypertenseurs ou encore des statines.
Autant de dispositions inacceptables pour le Cnom, qui a d’ores et déjà annoncé sa volonté d’user de « tous les recours légaux » pour obtenir l’annulation ou la modification de ces textes. Le Dr Arnault a d’ailleurs expliqué que, selon lui, la promulgation de ces textes n’entre en aucun cas dans la gestion des affaires courantes.
Des « positions corporatistes d’un autre temps »
Sans surprise, l’Unipa soutient de son côté le gouvernement et les textes en question. Selon le syndicat, ces projets de règlements « font partie intégrante des affaires courantes, la loi ayant été promulguée depuis plus d’un an ».
L’Unipa a également dénoncé des « positions corporatistes d’un autre temps » de la part de l’Ordre des médecins, et a rappelé que les textes et la loi Rist ont été élaborés en concertation avec les représentants des organisations médicales.
Le syndicat n’en démord donc pas : « Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux », précise l’Unipa, qui explique que de telles compétences sont justement destinées à « améliorer la prise en charge des patients dans des domaines spécifiques ».
Enfin, l’Union des infirmiers en pratique avancée appelle à « cesser d’attiser les peurs » et à reconnaître que les IPA agissent en « complémentarité avec les médecins pour pallier les inégalités d’accès aux soins ». « Ceux qui aujourd’hui s’opposent aux mesures nécessaires d’accès aux soins des patients, seront comptables demain des retards de prise en charge des Françaises et Français avec des conséquences dramatiques pour la santé de ces populations, notamment les plus précaires », affirme, en conclusion, l’Unipa.
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La poudre « Sniffy » interdite cette semaine
Fin mai, le gouvernement s’était inquiété du succès rencontré par « Sniffy ». Cette poudre blanche, au nom provocateur, devant être inhalée par le nez, présentée comme énergisante, est en effet vendue depuis quelques mois sur Internet et dans certains bureaux de tabac. Commercialisée par une entreprise marseillaise, CBD Higbuy, cette poudre ne contiendrait que des produits légaux « à 90 % naturels » : caféine, créatine, taurine, maltodextrine, bêta-alanine, arginine et citrulline. Ce cocktail détonant permettrait un « regain d’énergie instantané ». Un marketing corrosif a fait le reste : « Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c’est totalement conforme à la loi » promettait en effet l’entreprise. Mais la plaisanterie a tourné court quand les autorités se sont inquiétées de cette « banalisation » de l’image de la cocaïne. Les spécialistes de l’addiction ont également manifesté leur préoccupation. « C’est extrêmement dangereux (…) Il faut prendre une mesure d’urgence et envoyer un message de fermeté très clair pour protéger les Français, d’autant que ce type de produit peut donner de mauvaises idées à d’autres » avait ainsi considéré le Pr Amine Benyamina le chef du service d’addictologie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif et vice-président d’Association Addictions France. Deux mois plus tard et en dépit de la turbulence gouvernementale, le ministre de la Santé, Catherine Vautrin a annoncé qu’elle venait de signer un arrêté d’interdiction de la poudre Sniffy. « Ma crainte, c’est celle d’une très mauvaise habitude, parce qu’une poudre blanche que vous commencez à sniffer, c’est parfaitement addictif, et le lien avec des produits illicites est évident », a déclaré le ministre alors qu’elle visitait l’hôpital Necker à Paris. La mesure d’interdiction devrait être publiée ce week-end.
Des pharmacies ouvertes en Seine-Saint-Denis pendant les JO !
Plus de 1,8 million d’euros :
c’est le montant des fraudes et indemnités indument perçues par un médecin généraliste, versées par l’Assurance maladie et des assurances privées entre 2014 et 2020. En effet, le praticien s’était déclaré en arrêt maladie… mais il continuait en réalité à exercer au sein de ses deux cabinets dans le Boulonnais (Pas-de-Calais). Parallèlement, le praticien a également multiplié les fraudes en déclarant comme remboursables des actes qui ne l’étaient nullement. La gravité de cette escroquerie explique la sévérité de la justice : l’homme a été condamné à un an de prison ferme et à trois ans avec sursis par le tribunal de Boulogne-sur-Mer ce mardi 23 juillet. Il devrait rembourser 100 000 euros à la CPAM de la Côte d’Opale tandis qu’il est interdit d’exercer en libéral. Depuis son placement sous contrôle judiciaire en 2022, il exerçait cependant déjà en tant que salarié et non plus en libéral. Poursuivie pour des fais similaires, son épouse, kinésithérapeute devra rembourser 223 000 euros à ses assureurs et a été condamnée à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
Geneviève Perennou | 25 Juillet 2024
jim.fr
Les infirmières jouent un rôle essentiel auprès des patients afin de détecter précocement toute détérioration de leur état de santé. Cet élément clé est influencé par les caractéristiques de l'environnement hospitalier : l'environnement architectural, les niveaux de dotation en personnel et les qualifications professionnelles.
Le taux de mortalité est un indicateur important de la qualité des soins prodigués, et peut varier selon divers facteurs. Parmi ceux-ci, on compte les caractéristiques du personnel soignant, telles que l'effectif, l'expérience et les compétences professionnelles. Les procédures de soins infirmiers, comme la détection de la dégradation de l'état de santé et l'intensification des soins, peuvent également exercer une influence.
Cependant, la plupart des recherches en soins infirmiers sur la mortalité des patients se concentrent sur les caractéristiques des patients et les variables structurelles liées aux soins infirmiers, en ignorant les processus de soins infirmiers. Ces derniers sont importants car ils relient l'environnement de soins aux résultats pour les patients, mais leur évaluation est difficile.
Certaines études ont utilisé les soins omis comme indicateur des processus de soins infirmiers et ont montré que les soins omis sont liés à la dotation en personnel infirmier, l'expérience du personnel, les modes de travail et les perceptions des infirmières quant à un environnement de travail défavorable.
Bien que des preuves suggèrent un lien entre soins omis et mortalité, les mécanismes ne sont pas clairs. Il est établi que la détection précoce d’une aggravation de l’état clinique et l'intensification du traitement réduisent le risque de décès, et une surveillance inadéquate des patients peut entraîner un retard du repérage de l’évolution négative, retardant ensuite l'initiation d'un traitement approprié.
Une étude quantitative : plus de 300 infirmières, près de 65 000 soins
Une étude quantitative multi-sources a porté sur 304 infirmières (femmes : 84,5%, âge moyen 34,4 ans, infirmières diplômées : 93,4%) de 16 services. Elle comportait une enquête transversale auprès du personnel et des données rétrospectives extraites des dossiers médicaux.
Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour examiner l'association entre l’environnement de pratique infirmière, dotation en personnel infirmier, soins omis et escalade des soins, et aggravation des patients et mortalité à 30 jours, en tenant compte du regroupement des épisodes par patient à l'aide d'équations d'estimation généralisées.
Les données sur l’aggravation des patients ont été collectées pour 30 011 événements et 63 847 soins. Chaque patient supplémentaire par infirmière (OR = 1,22 [IC à 95%, 1,04-1,43]) et davantage de soins omis lors de la surveillance des patients (OR = 1,13 [1,03-1,23]) ont été associés à un risque plus élevé de mortalité à 30 jours. L'utilisation d'un système de réponse aux urgences cliniques a réduit le risque de mortalité (OR = 0,82 [0,76-0,89]).
Une analyse de sous-groupe excluant les unités de soins gériatriques a identifié une augmentation de 38 % de la mortalité à 30 jours pour chaque patient supplémentaire par infirmière (OR = 1,38 [1,15-1,65]). L'environnement de pratique infirmière était également significativement associé à la mortalité (OR = 0,79 [0,72-0,88]) lorsque les services de gériatrie étaient exclus.
La mortalité des patients peut être réduite en augmentant les niveaux de dotation en personnel infirmier et en améliorant l'environnement de travail. Les infirmières jouent un rôle pivot dans la sécurité des patients et l'amélioration des processus de soins infirmiers, pour minimiser les soins omis liés à la surveillance des patients et assurer un examen clinique en temps opportun pour les patients se détériorant, réduit la mortalité hospitalière.
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Hôpital : ce n’est pas Waterloo, mais ce n’est pas Arcole
Frédéric Haroche | 25 Juillet 2024
jim.fr
La DREES vient de publier son panorama des établissements de santé basé sur des chiffres arrêtés au 31 décembre 2022. Si certaines données peuvent apparaître rassurantes sur le temps long, on observe les stigmates d’une crise profonde et récente avec la désaffection des personnels infirmiers et l’effondrement des finances des hôpitaux publics.
Une tendance lourde : fermeture d’établissements, baisse du nombre de lits
Au 31 décembre 2022, la France compte 2 976 structures hospitalières disposant de capacités d’accueil en hospitalisation complète (comptées en lits) ou partielle (comptées en places), services de santé des armées (SSA) compris. Au total, elles offrent une capacité d’accueil de 374 300 lits et 85 000 places. Ces établissements sont regroupés en 136 GHT (groupements hospitaliers de territoire).
On observe, sur une période de 10 ans, ce que beaucoup de soignants pressentent dans leur exercice quotidien : une diminution du nombre d’établissements et de lits. Tout secteur confondu (public, privé à but lucratif et privé à but non lucratif), on constate la fermeture de près de 150 établissements et de 40 000 lits.
Pire, sur un temps plus long, ce sont près de 80 000 lits qui ont été fermés en 20 ans. En revanche, le nombre de « places », correspondant à la montée en charge de l’hospitalisation de jour et de la chirurgie ambulatoire a lui augmenté de 18 000 unités.

Personnel : les infirmières ne répondent plus
Cette diminution du nombre de lits coïncide paradoxalement avec une forte augmentation des effectifs médicaux et infirmiers. Entre fin 2003 et 2022, le nombre de personnel médical (médecins, pharmaciens, odontologues, sage-femmes, internes et FFI) est passé de 101 975 à 144 617.
Une progression qui s’est poursuivie la dernière année de l’étude (2022) avec + 1,8 % en 2022. En revanche, symbole de la crise de ces dernières années encore accentuée par la Covid, si les effectifs d’infirmiers ont augmenté de 20 % entre 2003 et 2013, ils ont stagné depuis et même baissé de 2 % depuis 2020 malgré une augmentation des rémunérations de 5 % de ces professionnels depuis la crise sanitaire pour s’établir à 2 634 € nets mensuel en moyenne (vs 6 224 € pour les médecins).
Bérézina financière
Du côté des finances, c’est une véritable Bérézina. En 2022 et 2023, la situation financière des hôpitaux publics s’est fortement dégradée avec un déficit de 1,7 milliard d’euros en 2023 et 1,3 milliards d’euros en 2022 contre 0,8 milliards d’euros avant la crise sanitaire.
Dans ce contexte, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet s’inquiète de l’instabilité gouvernementale. Dans une interview accordée à l’AFP il prévient « si nous n'avons pas de gouvernement, pas d'interlocuteur, une Assemblée morcelée en trois blocs, on risque d'avoir à reconduire le PLFSS de 2024, ce qui serait très dommageable pour l'ensemble du système de santé. (…) Il faut que le président de la République, au-delà des contingences politiques nomme un gouvernement capable de travailler le plus rapidement possible ».
Il a aussi appelé à nommer un ministre de la Santé « de plein exercice », et non un ministre délégué, la Santé devant « être une priorité de l’État".
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Loi Rist : les IPA dénoncent des « positions corporatistes d’un autre temps »
Raphaël Lichten | 25 Juillet 2024
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et l’Unipa ont échangé par communiqués interposés concernant plusieurs projets de règlements et d’arrêtés visant à appliquer la loi Rist, élargissant les compétences des infirmières en pratique avancée (IPA).
Le conflit entre infirmières en pratique avancée et médecins n’en finit décidément pas. Dans un communiqué publié le 18 juillet dernier, l’Unipa (Union nationale des infirmiers en pratique avancée) a répondu aux précédentes communications de l’Ordre national des médecins, qui contestait les projets de décret d’application de la loi Rist.
Selon l’Ordre, ceux-ci outrepasseraient à la fois l’esprit de la loi qu’ils sont censés appliquer, mais aussi les prérogatives d’un gouvernement d’affaires courantes.
Une contestation de la primoprescription des IPA
« Le Gouvernement va au-delà de la loi », martèle le Dr François Arnault, président de l’Ordre des médecins. Celui-ci ne respecte pas le « contrat moral » passé avec les médecins, qui, comme on s’en souvient, s’étaient très largement mobilisés lors de l’adoption de la loi Rist.
Ces derniers critiquent en effet vivement que les décrets d’application actuellement en préparation. Ces textes précisent les conditions de l’accès direct des patients aux IPA ainsi que la prescription initiale que pourront réaliser ces derniers.
Dans le détail, un des projets d’arrêté liste en annexe un certain nombre de produits et de prestations soumis à prescription médicale obligatoire que les IPA pourront prescrire, comme le paracétamol, les arrêts de travail de moins de 3 jours, le transport sanitaire ou encore l’amoxicilline dans certains cas.
Les textes réglementaires prévoient d’autres possibilités de primoprescription. Ainsi, dans le cadre de certains domaines d’intervention — pathologies chroniques stabilisées, prévention et pathologies courantes en soins primaires —, les IPA pourront prescrire (sans diagnostic médical préalable) des traitements antihypertenseurs ou encore des statines.
Autant de dispositions inacceptables pour le Cnom, qui a d’ores et déjà annoncé sa volonté d’user de « tous les recours légaux » pour obtenir l’annulation ou la modification de ces textes. Le Dr Arnault a d’ailleurs expliqué que, selon lui, la promulgation de ces textes n’entre en aucun cas dans la gestion des affaires courantes.
Des « positions corporatistes d’un autre temps »
Sans surprise, l’Unipa soutient de son côté le gouvernement et les textes en question. Selon le syndicat, ces projets de règlements « font partie intégrante des affaires courantes, la loi ayant été promulguée depuis plus d’un an ».
L’Unipa a également dénoncé des « positions corporatistes d’un autre temps » de la part de l’Ordre des médecins, et a rappelé que les textes et la loi Rist ont été élaborés en concertation avec les représentants des organisations médicales.
Le syndicat n’en démord donc pas : « Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux », précise l’Unipa, qui explique que de telles compétences sont justement destinées à « améliorer la prise en charge des patients dans des domaines spécifiques ».
Enfin, l’Union des infirmiers en pratique avancée appelle à « cesser d’attiser les peurs » et à reconnaître que les IPA agissent en « complémentarité avec les médecins pour pallier les inégalités d’accès aux soins ». « Ceux qui aujourd’hui s’opposent aux mesures nécessaires d’accès aux soins des patients, seront comptables demain des retards de prise en charge des Françaises et Français avec des conséquences dramatiques pour la santé de ces populations, notamment les plus précaires », affirme, en conclusion, l’Unipa.
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La poudre « Sniffy » interdite cette semaine
Fin mai, le gouvernement s’était inquiété du succès rencontré par « Sniffy ». Cette poudre blanche, au nom provocateur, devant être inhalée par le nez, présentée comme énergisante, est en effet vendue depuis quelques mois sur Internet et dans certains bureaux de tabac. Commercialisée par une entreprise marseillaise, CBD Higbuy, cette poudre ne contiendrait que des produits légaux « à 90 % naturels » : caféine, créatine, taurine, maltodextrine, bêta-alanine, arginine et citrulline. Ce cocktail détonant permettrait un « regain d’énergie instantané ». Un marketing corrosif a fait le reste : « Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c’est totalement conforme à la loi » promettait en effet l’entreprise. Mais la plaisanterie a tourné court quand les autorités se sont inquiétées de cette « banalisation » de l’image de la cocaïne. Les spécialistes de l’addiction ont également manifesté leur préoccupation. « C’est extrêmement dangereux (…) Il faut prendre une mesure d’urgence et envoyer un message de fermeté très clair pour protéger les Français, d’autant que ce type de produit peut donner de mauvaises idées à d’autres » avait ainsi considéré le Pr Amine Benyamina le chef du service d’addictologie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif et vice-président d’Association Addictions France. Deux mois plus tard et en dépit de la turbulence gouvernementale, le ministre de la Santé, Catherine Vautrin a annoncé qu’elle venait de signer un arrêté d’interdiction de la poudre Sniffy. « Ma crainte, c’est celle d’une très mauvaise habitude, parce qu’une poudre blanche que vous commencez à sniffer, c’est parfaitement addictif, et le lien avec des produits illicites est évident », a déclaré le ministre alors qu’elle visitait l’hôpital Necker à Paris. La mesure d’interdiction devrait être publiée ce week-end.
Des pharmacies ouvertes en Seine-Saint-Denis pendant les JO !
Plus de 1,8 million d’euros :
c’est le montant des fraudes et indemnités indument perçues par un médecin généraliste, versées par l’Assurance maladie et des assurances privées entre 2014 et 2020. En effet, le praticien s’était déclaré en arrêt maladie… mais il continuait en réalité à exercer au sein de ses deux cabinets dans le Boulonnais (Pas-de-Calais). Parallèlement, le praticien a également multiplié les fraudes en déclarant comme remboursables des actes qui ne l’étaient nullement. La gravité de cette escroquerie explique la sévérité de la justice : l’homme a été condamné à un an de prison ferme et à trois ans avec sursis par le tribunal de Boulogne-sur-Mer ce mardi 23 juillet. Il devrait rembourser 100 000 euros à la CPAM de la Côte d’Opale tandis qu’il est interdit d’exercer en libéral. Depuis son placement sous contrôle judiciaire en 2022, il exerçait cependant déjà en tant que salarié et non plus en libéral. Poursuivie pour des fais similaires, son épouse, kinésithérapeute devra rembourser 223 000 euros à ses assureurs et a été condamnée à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
La canicule menace-t-elle le Marathon ?
Quentin Haroche | 30 Juillet 2024
jim.fr
La France s’apprête à vivre son premier épisode caniculaire de l’année, en plein Jeux Olympiques de Paris.
Quatre jours après que la pluie est venue quelque peu gâcher la cérémonie d’ouverture le long de la seine des Jeux Olympiques de Paris, ce sont désormais les fortes chaleurs qui pourraient perturber les festivités. Pour la première fois cet été et après plusieurs semaines de météo morose, Météo France a déclenché son alerte canicule. 56 départements, soit presque les deux-tiers sud de l’Hexagone, dont Paris, ont été placés en vigilance orange ce mardi. 45 départements le seront encore ce mercredi.
Les températures devraient dépasser les 35°C dans une grande partie de la France et même avoisiner les 40°C comme à Bordeaux (38°C) ou à Montélimar (38°C). Durant la nuit de mardi à mercredi, le thermomètre ne devrait pas passer en dessous des 22°C, ce qui empêchera les organismes de récupérer des fortes chaleurs de la journée. Les températures devraient redevenir plus acceptables à partir de jeudi.
5 000 morts dû aux fortes chaleurs l’été dernier
Comme à chaque épisode caniculaire, la réponse des autorités, qui ont tiré toutes les leçons de la terrible canicule de 2003 (plus de 15 000 morts liés à une impréparation totale), est désormais bien huilée. Le gouvernement a déclenché son numéro vert qui permet à tout un chacun d’obtenir des renseignements sur la meilleure manière de se protéger de la chaleur.
Le ministère de la Santé rappelle sur son site les précautions de mise en cas de fortes chaleurs, notamment pour les les plus fragiles (femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées…) : rester au frais, boire de l’eau régulièrement, éviter de boire de l’alcool, ne pas faire de sport aux heures les plus chaudes de la journée etc.
On le sait, ces épisodes de fortes chaleurs peuvent avoir de lourdes conséquences en termes de morbidité et de mortalité. En février dernier, Santé Publique France (SPF) avait tiré le bilan de l’été 2023, le plus chaud jamais enregistré et au cours duquel la France avait été touché par quatre épisodes caniculaires. L’agence a estimé à 5 000 le nombre de décès attribuables à la chaleur durant l’été dernier, dont 1 500 durant les épisodes caniculaires, soit 10 % de la mortalité toute cause confondue.
Environ 20 000 recours à des soins d’urgence en lien avec la chaleur avaient été enregistrés, avec une multiplication par deux des passages aux urgences pour coup de chaud durant les épisodes caniculaires et par trois des consultations SOS Médecins. La moitié des passages aux urgences et les trois quarts des décès concernaient des patients de plus de 75 ans. Environ 10 600 hospitalisations en lien avec la température ont été recensées durant le dernier été.
Ces données ont confirmé la nécessité d’une « stratégie d’adaptation au changement climatique renforcée, au niveau national et territorial, afin d’anticiper l’intensification de l’exposition à ces phénomènes météorologiques » avait conclu SPF, qui promettait de se montrer particulièrement vigilant au risque caniculaire durant les Jeux Olympiques de Paris.
Quand la chaleur perturbait le marathon…en 1924
Pour le moment, aucune épreuve sportive n’a été reportée en raison des fortes chaleurs. « Les athlètes ont l’habitude » commente le ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valletoux, assurant que les organisateurs évaluent « avec chaque fédération l’opportunité de maintenir ou de décaler les épreuves ». Par soucis écologique, le village olympique a été conçu sans climatisation, les organisateurs assurant que l’isolation permet de maintenir une température agréable dans les chambres. Insuffisant pour les athlètes, qui ont commandé 2 500 climatiseurs pour équiper les quelques 7 000 chambres du village. Tant pis pour la planète.
Si ces épisodes caniculaires sont évidemment favorisés et renforcés par le réchauffement climatique, ils sont loin d’être nouveaux. Déjà les précédents Jeux Olympiques de Paris, il y a exactement un siècle en 1924, avaient été perturbés par une canicule inédite. Durant l’épreuve de marathon, seuls 11 des 58 participants sont allés au bout de la course et l’un d’eux a dû être hospitalisé pour un coup de chaleur.
Espérons que l’histoire ne se répète pas un siècle plus tard.
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Une grève des médecins hospitaliers au Portugal
Près de 70 % des médecins hospitaliers portugais ont participé à une grève ces mardi et mercredi, qui, malgré le service minimum mis en place, a grandement perturbé l’accès aux soins. Les praticiens lusitaniens exigent notamment une hausse de leur rémunération, alors qu’ils figurent parmi les médecins les moins bien payés d’Union Européenne. Ils ont des raisons d’espérer : depuis son arrivée au pouvoir en mars dernier, le nouveau gouvernement a augmenté les salaires de nombreux fonctionnaires.
Il est noter que si les policiers ont obtenu 1900 euros de prime, ainsi que de nombreux autres fonctionnaires, qui évoluent entre 500 euros (« accroissement temporaire d’activité » et « contrainte » ponctuelle sur les congés), 1 000 euros (« accroissement temporaire d’activité » et contrainte « soutenue ») et 1 500 euros (mobilisation « particulièrement élevée, dans la durée » et « forte limitation » des jours de congé) ainsi que d'autres mesures d’accompagnement durant la période des Jeux olympiques et paralympiques, les soignants n'ont rien obtenu, si ce n'est pour certains services impactés (urgences, voire réa) un report de leur congés sans contrepartie aucune.Il n'y a pas à dire, en matière de non défense de leurs intérêts, les soignants sont toujours médaille d'or.
Quentin Haroche | 30 Juillet 2024
jim.fr
La France s’apprête à vivre son premier épisode caniculaire de l’année, en plein Jeux Olympiques de Paris.
Quatre jours après que la pluie est venue quelque peu gâcher la cérémonie d’ouverture le long de la seine des Jeux Olympiques de Paris, ce sont désormais les fortes chaleurs qui pourraient perturber les festivités. Pour la première fois cet été et après plusieurs semaines de météo morose, Météo France a déclenché son alerte canicule. 56 départements, soit presque les deux-tiers sud de l’Hexagone, dont Paris, ont été placés en vigilance orange ce mardi. 45 départements le seront encore ce mercredi.
Les températures devraient dépasser les 35°C dans une grande partie de la France et même avoisiner les 40°C comme à Bordeaux (38°C) ou à Montélimar (38°C). Durant la nuit de mardi à mercredi, le thermomètre ne devrait pas passer en dessous des 22°C, ce qui empêchera les organismes de récupérer des fortes chaleurs de la journée. Les températures devraient redevenir plus acceptables à partir de jeudi.
5 000 morts dû aux fortes chaleurs l’été dernier
Comme à chaque épisode caniculaire, la réponse des autorités, qui ont tiré toutes les leçons de la terrible canicule de 2003 (plus de 15 000 morts liés à une impréparation totale), est désormais bien huilée. Le gouvernement a déclenché son numéro vert qui permet à tout un chacun d’obtenir des renseignements sur la meilleure manière de se protéger de la chaleur.
Le ministère de la Santé rappelle sur son site les précautions de mise en cas de fortes chaleurs, notamment pour les les plus fragiles (femmes enceintes, jeunes enfants, personnes âgées…) : rester au frais, boire de l’eau régulièrement, éviter de boire de l’alcool, ne pas faire de sport aux heures les plus chaudes de la journée etc.
On le sait, ces épisodes de fortes chaleurs peuvent avoir de lourdes conséquences en termes de morbidité et de mortalité. En février dernier, Santé Publique France (SPF) avait tiré le bilan de l’été 2023, le plus chaud jamais enregistré et au cours duquel la France avait été touché par quatre épisodes caniculaires. L’agence a estimé à 5 000 le nombre de décès attribuables à la chaleur durant l’été dernier, dont 1 500 durant les épisodes caniculaires, soit 10 % de la mortalité toute cause confondue.
Environ 20 000 recours à des soins d’urgence en lien avec la chaleur avaient été enregistrés, avec une multiplication par deux des passages aux urgences pour coup de chaud durant les épisodes caniculaires et par trois des consultations SOS Médecins. La moitié des passages aux urgences et les trois quarts des décès concernaient des patients de plus de 75 ans. Environ 10 600 hospitalisations en lien avec la température ont été recensées durant le dernier été.
Ces données ont confirmé la nécessité d’une « stratégie d’adaptation au changement climatique renforcée, au niveau national et territorial, afin d’anticiper l’intensification de l’exposition à ces phénomènes météorologiques » avait conclu SPF, qui promettait de se montrer particulièrement vigilant au risque caniculaire durant les Jeux Olympiques de Paris.
Quand la chaleur perturbait le marathon…en 1924
Pour le moment, aucune épreuve sportive n’a été reportée en raison des fortes chaleurs. « Les athlètes ont l’habitude » commente le ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valletoux, assurant que les organisateurs évaluent « avec chaque fédération l’opportunité de maintenir ou de décaler les épreuves ». Par soucis écologique, le village olympique a été conçu sans climatisation, les organisateurs assurant que l’isolation permet de maintenir une température agréable dans les chambres. Insuffisant pour les athlètes, qui ont commandé 2 500 climatiseurs pour équiper les quelques 7 000 chambres du village. Tant pis pour la planète.
Si ces épisodes caniculaires sont évidemment favorisés et renforcés par le réchauffement climatique, ils sont loin d’être nouveaux. Déjà les précédents Jeux Olympiques de Paris, il y a exactement un siècle en 1924, avaient été perturbés par une canicule inédite. Durant l’épreuve de marathon, seuls 11 des 58 participants sont allés au bout de la course et l’un d’eux a dû être hospitalisé pour un coup de chaleur.
Espérons que l’histoire ne se répète pas un siècle plus tard.
Il y a donc 4500 chambres non climatisées à priori2 500 climatiseurs pour équiper les quelques 7 000 chambres du village.
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Une grève des médecins hospitaliers au Portugal
Près de 70 % des médecins hospitaliers portugais ont participé à une grève ces mardi et mercredi, qui, malgré le service minimum mis en place, a grandement perturbé l’accès aux soins. Les praticiens lusitaniens exigent notamment une hausse de leur rémunération, alors qu’ils figurent parmi les médecins les moins bien payés d’Union Européenne. Ils ont des raisons d’espérer : depuis son arrivée au pouvoir en mars dernier, le nouveau gouvernement a augmenté les salaires de nombreux fonctionnaires.
Il est noter que si les policiers ont obtenu 1900 euros de prime, ainsi que de nombreux autres fonctionnaires, qui évoluent entre 500 euros (« accroissement temporaire d’activité » et « contrainte » ponctuelle sur les congés), 1 000 euros (« accroissement temporaire d’activité » et contrainte « soutenue ») et 1 500 euros (mobilisation « particulièrement élevée, dans la durée » et « forte limitation » des jours de congé) ainsi que d'autres mesures d’accompagnement durant la période des Jeux olympiques et paralympiques, les soignants n'ont rien obtenu, si ce n'est pour certains services impactés (urgences, voire réa) un report de leur congés sans contrepartie aucune.Il n'y a pas à dire, en matière de non défense de leurs intérêts, les soignants sont toujours médaille d'or.
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Re: Articles sur la santé
source jim.fr
JO : Carlos Yulo décroche l’or…et des coloscopies gratuites
Les différentes délégations olympiques sont plus ou moins généreuses avec leurs athlètes qui parviennent à décrocher la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Paris. Certaines offrent de l’argent (plus de 700 000 euros pour les champions de Hong-Kong), d’autres rien du tout (comme la Suède), d’autres des cadeaux en nature. Double champion olympique en gymnastique, le Philippin Carlos Yulo va être couvert de cadeaux : il reçoit un appartement, 15 700 euros de bon d’achats dans une chaine de supermarchés, de la nourriture mais surtout des coloscopies gratuites à vie ! Agé de seulement 24 ans, le gymnaste ne devrait cependant pas « profiter » de ce cadeau insolite avant plusieurs décennies.
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La Chine inaugure son premier « hôpital » reposant entièrement sur l’IA
Raphaël Lichten | 02 Août 2024
Ni médecin, ni infirmière et pas plus de patient … Ou du moins, aucun en chair et en os ! Comme le rapporte le journal chinois Global Times, la Chine s’apprête à ouvrir une ville-hôpital reposant sur l’intelligence artificielle, où des patients virtuels sont pris en charge par une IA médicalisée.
Cet établissement, nommé Agent Hospital, a d’abord pour objectif de former les professionnels de santé dans un environnement simulé.
10 000 « patients » traités en quelques jours
Dans le détail, dans ce monde virtuel, tous les médecins, infirmières et patients sont pilotés par des agents intelligents dotés d’un grand modèle de langage (LLM), capables d’apprendre, de comprendre et de générer des textes et des réponses. Ces IA interagissent entre elles de manière autonome. Selon le Global Times, les professionnels de santé virtuels de cet hôpital particulier peuvent prendre en charge jusqu’à…. 10 000 patients en quelques jours seulement !
Le journal chinois rapporte que les intelligences artificielles agissant en tant que praticien ont atteint un taux de précision de 93,06 % sur l’ensemble de données MedQA (les questions de l’examen d’aptitude à la profession de médecin aux États-Unis) concernant les maladies respiratoires. Ces agents virtuels sont ainsi capables de simuler l’ensemble du processus allant du diagnostic au traitement.
Un avantage pour la formation des médecins ?
La ville-IA Agent Hospital a pour l’heure une vocation pédagogique. Selon Liu Yang, doyen de l’Institute for AI Industry Research, l’hôpital virtuel pourrait transformer la manière dont les médecins prennent en charge les patients. L’un des atouts considérables d’Agent Hospital en matière de formation est en effet sa capacité à générer une immense variété de patients virtuels et de cas.
« Les étudiants en médecine peuvent proposer en toute confiance des plans de traitement sans craindre de causer du tort à des patients réels en raison d’une erreur de jugement », explique ainsi Liu Yang. « Cette formation par simulation permet aux étudiants en médecine de s’exercer à la fois en conditions réelles et dans un environnement sans risque ».
Mais au-delà, l’hôpital-IA devrait aussi être utilisé pour traiter des patients réels grâce à des services de télémédecine assurés par des médecins virtuels. Le niveau de confiance des malades sera-t-il plus que virtuel ? Réponse dans quelques mois : Agent Hospital devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année.
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Micmac au Conseil de l’Ordre de Paris
Quentin Haroche | 09 Août 2024
La candidature de deux médecins au conseil de l’Ordre de Paris a été déclarée irrecevable, décision annulée par le tribunal administratif. Les concernés dénoncent un règlement de compte.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) n’avait pas besoin de cela. Depuis quelques années, l’institution censée défendre les intérêts des médecins ploie déjà sous le poids des polémiques en tout genre. Elle est notamment accusée de se montrer trop sévère avec les médecins qui critiquent les médecines alternatives (les membres du collectif NoFakeMed ont récemment été sanctionnés pour avoir dénoncé l’inefficacité de l’homéopathie) ainsi qu’avec ceux qui dénoncent des cas de maltraitance sur leurs patients et au contraire trop clémente avec les praticiens qui enfreignent les règles (notamment les agresseurs sexuels).
Des accusations de gabegie financière sont également régulièrement portées à l’encontre de l’Ordre. Et pour couronner le tout, voici que sa principale antenne départementale, le conseil de l’Ordre de Paris, se retrouve au cœur d’un improbable micmac.
L’affaire remonte au 11 janvier dernier. Le conseil de l’Ordre de la capitale s’apprête alors à organiser l’élection des représentants des médecins parisiens, qui doivent être renouvelés de moitié. Le président du conseil départemental, le Dr Jean-Jacques Avrane, rejette alors les candidatures du Dr Stéphane Tala (généraliste, candidat titulaire) et du Dr Ieva Sliesoraityte (ophtalmologiste, candidate suppléante). Motif : le Dr Tala est de nationalité camerounaise, alors même que seuls les médecins européens peuvent être candidats à l’Ordre. Un mois plus tard, le 11 février, l’élection a lieu, a priori sans accroc.
« L’Ordre a fait n’importe quoi ! »
Mais le 10 mai suivant, coup de tonnerre : le tribunal administratif de Paris, saisi par le binôme de médecins dont la candidature a été rejetée, annule l’élection et ordonne au conseil de l’ordre parisien d’organiser une nouvelle élection dans les six mois, où les deux médecins pourront cette fois candidater. Il se trouve en effet que le Dr Tala a été naturalisé français en 2014. Le fait que ce dernier n’ait pas de lui-même communiquer au CNOM les documents prouvant sa nationalité française « est sans incidence sur l’éligibilité des requérants » indique le tribunal.
Pour Maître Bernard de Froment, avocat du binôme de médecin contacté par nos confrères du Quotidien du Médecin, « l’Ordre a fait n’importe quoi ». Selon lui, c’était bien aux instances parisiennes, lorsqu’ils ont reçu la candidature d’un médecin inscrit à l’Ordre comme étant de nationalité camerounaise, de vérifier qu’il respectait bien les conditions de nationalité. « Pourquoi l’Ordre n’a-t-il donc pas vérifié auprès du Dr Tala sa nationalité puisqu’elle est une condition sine qua non et qu’il a, en plus, envoyé sa candidature en amont de la clôture des inscriptions ? » s’offusque l’avocat.
Le binôme de médecins victime d’une vengeance personnelle ?
Le comportement de l’Ordre est d’autant plus suspect qu’il a attendu le 11 janvier, soit la date de clôture des candidatures, pour informer le Dr Tala de l’irrecevabilité de sa candidature, sans donc lui laisser le temps d’apporter la preuve de sa naturalisation. S’agit-il d’une simple erreur administrative de l’Ordre ou l’acte est-il délibéré ?
Selon le Dr Sliesoraityte, ce serait en réalité elle qui serait visée à travers cette imbroglio administratif. Il se trouve en effet qu’elle est actuellement en conflit avec une amie proche d’un éminent membre de l’ordre, une affaire actuellement pendante devant la chambre disciplinaire du conseil de l’Ordre. Une sombre histoire de rachat de cabinet médical (le Dr Sliesoraityte n’hésite pas à parler d’escroquerie) qui « donne un parfum un peu particulier autour de cette affaire » souligne Maître Froment. « L’idée de l’Ordre était clairement d’exclure l’ophtalmo colistière » selon le juriste.
Le conseil de l’Ordre a fait appel de la décision du tribunal administratif de Paris. Entre temps, il a averti ce lundi les 27 000 médecins parisiens que les nouvelles élections auraient lieu fin novembre et que la date limite de dépôt des candidatures était fixée au 20 septembre. Les Dr Tala et Sliesoraityte ont bien l’intention de se présenter de nouveau et de remporter le suffrage. Histoire d’écorner encore un peu plus l’image de l’Ordre.
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Le transport sanitaire, nouvelle piste d’économie de la CNAM
Quentin Haroche | 09 Août 2024
Dans son dernier rapport « charges et produits », la CNAM avance quelques pistes pour réaliser des économies sur le transport sanitaire.
Recherche économies désespérément. On le dit et on le répète : les comptes de la Sécurité Sociale sont dangereusement dans le rouge. Selon la dernière loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2024, le déficit de la Sécurité Sociale devrait s'élever à 10,5 milliards d’euros cette année mais la commission des comptes de la Sécurité Sociale estime d’ores et déjà que le déficit réel devrait plutôt avoisiner les 16,6 milliards d’euros.
Depuis plusieurs mois, l’Assurance Maladie refait ses comptes et cherche des pistes d’économie. On a déjà longuement évoqué dans ses colonnes les débats sur une éventuelle réforme de la prise en charge des arrêts maladie ou les efforts de la CNAM pour renforcer la politique anti-fraude. Mais dans son dernier rapport « charges et produits » rendu en juillet dernier, l’Assurance Maladie évoque une autre piste d’économie : le transport sanitaire.
« Est-il possible de continuer à dépense 5,7 milliards d’euros par an pour le transport sanitaire ? » s’interrogeait déjà le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en mars dernier. Les chiffres de l’énarque n’étaient en réalité plus à jour : le transport des patients vers les lieux de soins a en réalité coûté 6,3 milliards d’euros à la CNAM pour 6,4 millions de personnes transportées en 2023.
Le covoiturage sanitaire, une source d’économie très décrié
Ces dépenses, qui augmentaient annuellement d’environ 4 % depuis 2016, ont connu un bond en 2023 avec une hausse de 9,3 % du coût total du transport sanitaire. Ceci s’explique notamment par l’inflation et la hausse du prix du carburant qui a provoqué une hausse du prix du transport par ambulance et par taxi tandis que le prix du transport par véhicule sanitaire léger (VSL) est lui resté stable. Le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de patients en affection de longue durée (ALD), qui bénéficient d’un remboursement intégral de leur transport sanitaire (et qui représentent 90 % des dépenses de transport) expliquent également cette accélération de la hausse.
La dernière LFSS a déjà avancé quelques pistes pour diminuer le coût des transports sanitaire. Elle a notamment ouvert la porte à un remboursement différencié selon le transport sanitaire utilisé. Un patient doit ainsi en principe toujours privilégier le transport le moins coûteux compatible avec son état de santé, sous peine de voir sa prise en charge diminuée. Pour le moment, la règle n’est pas encore en vigueur, les décrets d’application n’ayant pas encore été pris.
Pour la CNAM, la principale source d’économie réside dans le covoiturage sanitaire. Pour le moment, seul 19 % des transports sanitaires concernent plusieurs patients en même temps mais la CNAM espère faire du covoiturage la « pratique de référence ». Elle se fixe comme objectif que le covoiturage représente un tiers du transport sanitaire en 2024 et la moitié en 2026.
La CNAM vise 110 millions d’euros d’économie
Pour arriver à cet objectif, plusieurs solutions sont envisagées : remboursement différencié pour les patients, incitation à la prescription du covoiturage sanitaire pour les médecins de ville (une telle incitation est déjà prévue dans la dernière convention médicale) et hospitaliers, bonus/malus pour les transporteurs sanitaires qui privilégieront le covoiturage sanitaire… Une telle solution est cependant très mal vue par ces derniers : en décembre dernier, de nombreux taxis ont manifesté et ont organisé des opérations escargots pour protester contre la généralisation du covoiturage sanitaire.
Toujours pour faire des économies sur le transport sanitaire, l’Assurance Maladie veut mieux coordonner la prescription des transports sanitaires, en incitant les hôpitaux à utiliser des plateformes de commande de transports (un CHU sur deux ne dispose d’aucun outil spécifique de gestion des transports sanitaires déplore la CNAM). Enfin, une fois n’est pas coutume, la Caisse veut améliorer la qualité de la facturation, pour mieux lutter contre la fraude.
Au total, l’Assurance Maladie pense que ces différentes mesures peuvent permettre d’économiser 110 millions d’euros par an sur le transport sanitaire. « Maîtriser l’évolution des dépenses de transports est un enjeu central pour le système de santé et qui s’impose désormais au regard du niveau historique de dépenses atteint en 2023 » peut-on lire dans le rapport « charges et produits ». Mais la CNAM le sait bien : tout dépendra de l’orientation politique du futur gouvernement, de sa volonté ou non de rétablir les comptes de la Sécurité Sociale et de sa capacité à faire adopter la futur LFSS.
Quand on voit des "ambulances" qui ne sont que des véhicules comme les nôtres, on se pose en effet la question du moins coûtant à la société. Surtout quand le patient vient de loin.
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Jeux Olympiques et Coca-Cola, un partenariat pas très sain ?
Quentin Haroche | 09 Août 2024
A l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, des experts en santé publique dénoncent le partenariat entre l’évènement sportif et la marque de sodas sucrés Coca-Cola.
A Paris cet été, dans la ville de l’amour, les Jeux Olympiques et la marque américaine Coca-Cola vont célébrer leurs 96 ans de mariage. Cela fait en effet depuis les Jeux Olympiques de 1928 que la marque de soda sucré est le partenaire privilégié de cet évènement sportif planétaire, allant même jusqu’à obtenir l’organisation des Jeux de 1996 à Atlanta, fief de la marque. Dans les rues de Paris et sur les sites olympiques, difficile de louper le sigle de l’une des sociétés les plus célèbres du monde ainsi que les camionnettes rouges qui vendent les différents produits de la marque.
Un partenariat qui n’est pas du goût de tout le monde. Dans un éditorial à paraître dans la rubrique « Global Health » du British Medical Journal (BMJ), deux spécialistes de la santé publique membres de l’ONG Vital Strategies appellent ni plus ni moins le Comité international olympique (CIO) à cesser son partenariat presque centenaire avec la marque américaine. « En coupant les liens avec Coca-Cola, le CIO pourrait envoyer un message puissant sur le lien entre les Jeux Olympiques et la santé » écrivent les deux experts.
Vital Strategies dénonce une entreprise de « sportwashing »
Pour les auteurs, il y a en effet un paradoxe pour une compétition sportive, qui, par définition, promeut la santé par le sport, à s’associer avec une société qui vend des boissons sucrées qui favorisent le diabète et l’obésité. « En continuant à s’associer avec Coca-Cola, les Jeux Olympiques se rendent complices de l’intensification d’une épidémie mondiale de mauvaise alimentation » écrivent les deux expertes. Selon une étude publiée en mars dernier dans The Lancet, plus d’un milliard d’adultes est obèse dans le monde et ce nombre est en augmentation constante.
Les deux membres de l’ONG Vital Strategies accusent ainsi Coca-Cola de mener une politique de « sportwashing » : en s’associant à un évènement sportif généralement considéré comme positif, la société américaine tente de faire oublier que son activité a un impact négatif sur la santé publique mondiale ainsi que sur l’environnement, Coca-Cola étant régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour réduire la pollution plastique provoquée par ses bouteilles.
La collaboration entre Coca-Cola et les Jeux Olympiques force également les athlètes à « implicitement promouvoir des boissons sucrées mauvaises pour la santé », ce qu’ils n’auraient pas forcément fait de leur propre initiative, ajoutent les deux auteurs. Elles appellent donc les sportifs à s’exprimer publiquement contre le partenariat entre les Jeux Olympiques et des entreprises de malbouffe.
Elles prennent notamment l’exemple du joueur de foot Cristiano Ronaldo qui, lors d’une conférence de presse en 2021, avait repoussé une bouteille de Coca-Cola devant lui, ce qui avait provoqué une chute vertigineuse du cours de l’action de l’entreprise. Un signe, selon les auteurs, que les sportifs pourraient utiliser leur influence pour combattre l’entreprise américaine (même si tous les athlètes n’ont pas l’aura de Cristiano Ronaldo).
Les triathlètes misent sur le Coca-Cola
Ce n’est pas la première fois que l’ONG Vital Strategies s’en prend à Coca-Cola et à son utilisation du sport pour redorer son image. Le 8 juillet dernier, elle a ainsi lancé une pétition pour « bannir les boissons sucrées du monde du sport ». « Les boissons sucrées favorisent largement l’augmentation des taux d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardiaques : si le CIO continue d’être sponsorisé par Coca-Cola, comment va-t-il tenir sa promesse de promouvoir une société saine par le sport ? » pouvait-on lire dans le texte de la pétition.
En réaction à cet éditorial et à cette polémique, la compagnie Coca-Cola s’est contentée de répondre qu’elle « adaptait en permanence sa gamme de produits en réduisant les sucres ajoutés ». Sans surprise, le CIO a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de rompre son partenariat séculaire avec Coca-Cola, partenariat dont il est « incroyablement fier ». « A Paris, Coca-Cola fournit une gamme complète de produits : eau, thé, café, jus de fruits, boissons gazeuses, il y a beaucoup d’options sans sucre » assure Anne-Sophie Voumard, directrice du marketing aux Jeux de Paris.
Et qu’en pensent les athlètes ? Tous ne semblent pas être aussi virulent contre la fameuse marque de soda. Après les compétitions de nage en eaux libre (triathlon et natation marathon), on a ainsi pu voir de nombreux athlètes boire du Coca-Cola à la sortie de l’eau.
Un moyen selon eux de se prémunir contre une infection à l’E.coli et d’éventuels problèmes intestinaux liés à la qualité supposément douteuse (une autre polémique que nous avons longuement évoquée) de l’eau de la Seine, la fameuse boisson sucrée étant réputée, à tort ou à raison, pour diminuer les symptômes d’une infection intestinale. Le Coca-Cola ne serait donc pas si mauvais pour la santé et pour les performances sportives, question de point de vue.
Ce qui est bien avec les JO, ce sont les convictions des autorités politiques qui ont organisées les festivités avec les sponsors du monde entier. Un a retenu mon attention, dans le paquet des 60 enseignes (rien que ça...) AIRBNB. Il est en effet étonnant que Paris se soit entouré de ce sponsor qu'elle combattait encore il a peu . Mais l'argent n'a pas d'odeur. Tout comme la constance des valeurs et la rigueur dans la politique de la ville.
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L’autophagie, un nettoyage cellulaire pour vieillir en bonne santé ?
Dominique Baudon, MD, PhD | 31 Juillet 2024
Des chercheurs ont reproduit le mécanisme de l’autophagie stimulé par le jeûne intermittent. Ce processus qui élimine les déchets cellulaires et pourrait « nettoyer » les neurones des agrégats de protéines pathogènes dans des maladies neurodégénératives, perd en efficacité avec l’âge. En décryptant ce processus, il pourrait être envisagé de le stimuler et peut-être guérir ces maladies.
L’autophagie est une voie de recyclage cellulaire permettant aux cellules humaines de se débarrasser de leurs déchets. Elle a pour fonction essentielle de dégrader les composants cellulaires endommagés et/ou indésirables. Au cours de l'autophagie, les déchets cellulaires (organelles, agrégats protéiques, ribosomes, complexes multienzymatiques…) sont séquestrés dans des « autophagosomes », véritables sacs poubelle, puis transportés vers les lysosomes, sorte d’usine de traitement des déchets, pour la dégradation [1].
Des études antérieures ont suggéré que la protéine lysosomique TECPR1 coordonne les dernières étapes de l'autophagie en favorisant la fusion des autophagosomes avec les lysosomes [2].
L’autophagie occupe une position clé dans le catabolisme cellulaire et est interconnectée avec de nombreuses autres voies cellulaires. Un déclin et/ou un dysfonctionnement de l’autophagie se produisent au cours du vieillissement contribuant à l’apparition, dans la population âgée, de maladies, notamment le cancer, les maladies neuro dégénératives, les maladies métaboliques et immunitaires [1]
Le décryptage des mécanismes de l’autophagie pourrait permettre d’envisager une stimulation de ce processus et peut-être guérir, un jour, des pathologies, en particulier des maladies neurodégénératives dans lesquelles on observe la production d’agrégats de protéines autour des neurones. Mais, la manière dont les cellules produisent les autophagosomes, ces sacs poubelles, restait un mystère.
Autophagie et jeûne intermittent
L’équipe de chercheurs du laboratoire « Biochimie des membranes et transport» de l’Institut Pasteur a percé ce secret en reproduisant le mécanisme de l’autophagie stimulé par le jeûne intermittent[1, 3, 4]. L’autophagie ne dégrade pas seulement les déchets cytoplasmiques, elle dégrade également le matériel cytoplasmique dans les cellules en réponse au jeûne.
Les effets sur la santé du jeûne intermittent, caractérisé par des pauses de 12 à 16 heures entre les repas,sont largement étudiés. Plusieurs études suggèrent qu’il réduit le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et de cancer.Il pourrait même prolonger la durée de vie. Ces effets positifs sont liés à des processus biochimiques, dont l’autophagie, induits dans les cellules par la privation de nourriture [4, 5].
Dans leur étude [1, 3], les scientifiques font référence au jeûne intermittent 16/8 qui consiste à jeûner chaque jour durant 16 heures et à se nourrir durant une fenêtre de 8 heures. Toutefois, pour obtenir des effets positifs, ce régime alimentaire devrait être maintenu en permanence.
Les chercheurs ont utilisé deux approches différentes pour étudier l’autophagie : la première permettant de reconstituer la formation des autophagosomes in vitro dans un microtube à partir de composants purifiés, la deuxième combinant la biologie cellulaire, la biochimie, l’analyse biophysique et les études structurales dans des cellules en culture.
Les chercheurs ont découvert que les « cellules affamées » par le jeûne produisent un conteneur composé de protéines, qui forme une coque pour stabiliser la membrane. Dans le cas de l’autophagie, les « sacs poubelles » cellulaires ont la forme d’un bol, ce qui leur permet de collecter et d’enfermer les déchets. La formation de ces bols membranaires dépend d’un échafaudage protéique qui s’assemble à la surface de la membrane.
Les chercheurs « ont identifié les éléments de l’échafaudage et décodé la manière dont ils sont assemblés pour reproduire les sacs poubelles cellulaires ». Ils ont pu reconstruire des sac poubelles cellulaires in vitro et ont révélé « la structure et la fonction des composants de l’échafaudage protéique qui forme la poubelle ».
Autophagie et maladies neurodégénératives
De nombreuses maladies neurodégénératives peuvent être liées à une autophagie altérée qui provoque une accumulation d’agrégats de protéines, dont, par exemple, l’alpha-synucléine et Tau dans les maladies d’Alzheimer et de Parkinson [6].
Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que cette autophagie altérée pouvait être inversée. Ils ont identifié une voie de l’autophagie spécialisée, l’aggréphagie, qui, en dégradant les agrégats de protéines dans les cellules neurales, contrecarre la neurodégénérescence en protégeant les cellules neurales de la cytotoxicité et de la mort cellulaire. Ils ont montré que les autophagosomes qui transportent les agrégats de protéines vers les lysosomes possèdent une petite protéine semblable à l’ubiquitine, la LC3C qui fournit une identité à ces autophagosomes.
La destination des autophagosomes marqués LC3C est définie par le TECPR1 lysosomal. Ainsi TECPR1 interagit sélectivement avec LC3C pour recruter des agrégats de protéines contenant des autophagosomes [3].
Pour les auteurs, si les niveaux de protéines TECPR1 dans les cellules neurales étaient restaurés, l’activité autophagique dans ces cellules serait augmentée et conduirait à une meilleure élimination des agrégats de protéines, protégeant les cellules neurales de la cytotoxicité et de la mort cellulaire. « Nos résultats démontrent que la neurodégénérescence peut être traitée en augmentant sélectivement les niveaux de TECPR1 ».
Conclusion des auteurs : envisager la guérison des maladies liées à l’âge
Selon l’équipe de recherche de l’Institut Pasteur :« Notre découverte ouvre la voie à l’identification de médicaments qui activent l’autophagie en induisant la formation de sacs poubelles». Les chercheurs espèrent « utiliser des médicaments pour traiter des patients souffrant des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson ».
JO : Carlos Yulo décroche l’or…et des coloscopies gratuites
Les différentes délégations olympiques sont plus ou moins généreuses avec leurs athlètes qui parviennent à décrocher la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Paris. Certaines offrent de l’argent (plus de 700 000 euros pour les champions de Hong-Kong), d’autres rien du tout (comme la Suède), d’autres des cadeaux en nature. Double champion olympique en gymnastique, le Philippin Carlos Yulo va être couvert de cadeaux : il reçoit un appartement, 15 700 euros de bon d’achats dans une chaine de supermarchés, de la nourriture mais surtout des coloscopies gratuites à vie ! Agé de seulement 24 ans, le gymnaste ne devrait cependant pas « profiter » de ce cadeau insolite avant plusieurs décennies.
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La Chine inaugure son premier « hôpital » reposant entièrement sur l’IA
Raphaël Lichten | 02 Août 2024
Ni médecin, ni infirmière et pas plus de patient … Ou du moins, aucun en chair et en os ! Comme le rapporte le journal chinois Global Times, la Chine s’apprête à ouvrir une ville-hôpital reposant sur l’intelligence artificielle, où des patients virtuels sont pris en charge par une IA médicalisée.
Cet établissement, nommé Agent Hospital, a d’abord pour objectif de former les professionnels de santé dans un environnement simulé.
10 000 « patients » traités en quelques jours
Dans le détail, dans ce monde virtuel, tous les médecins, infirmières et patients sont pilotés par des agents intelligents dotés d’un grand modèle de langage (LLM), capables d’apprendre, de comprendre et de générer des textes et des réponses. Ces IA interagissent entre elles de manière autonome. Selon le Global Times, les professionnels de santé virtuels de cet hôpital particulier peuvent prendre en charge jusqu’à…. 10 000 patients en quelques jours seulement !
Le journal chinois rapporte que les intelligences artificielles agissant en tant que praticien ont atteint un taux de précision de 93,06 % sur l’ensemble de données MedQA (les questions de l’examen d’aptitude à la profession de médecin aux États-Unis) concernant les maladies respiratoires. Ces agents virtuels sont ainsi capables de simuler l’ensemble du processus allant du diagnostic au traitement.
Un avantage pour la formation des médecins ?
La ville-IA Agent Hospital a pour l’heure une vocation pédagogique. Selon Liu Yang, doyen de l’Institute for AI Industry Research, l’hôpital virtuel pourrait transformer la manière dont les médecins prennent en charge les patients. L’un des atouts considérables d’Agent Hospital en matière de formation est en effet sa capacité à générer une immense variété de patients virtuels et de cas.
« Les étudiants en médecine peuvent proposer en toute confiance des plans de traitement sans craindre de causer du tort à des patients réels en raison d’une erreur de jugement », explique ainsi Liu Yang. « Cette formation par simulation permet aux étudiants en médecine de s’exercer à la fois en conditions réelles et dans un environnement sans risque ».
Mais au-delà, l’hôpital-IA devrait aussi être utilisé pour traiter des patients réels grâce à des services de télémédecine assurés par des médecins virtuels. Le niveau de confiance des malades sera-t-il plus que virtuel ? Réponse dans quelques mois : Agent Hospital devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année.
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Micmac au Conseil de l’Ordre de Paris
Quentin Haroche | 09 Août 2024
La candidature de deux médecins au conseil de l’Ordre de Paris a été déclarée irrecevable, décision annulée par le tribunal administratif. Les concernés dénoncent un règlement de compte.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) n’avait pas besoin de cela. Depuis quelques années, l’institution censée défendre les intérêts des médecins ploie déjà sous le poids des polémiques en tout genre. Elle est notamment accusée de se montrer trop sévère avec les médecins qui critiquent les médecines alternatives (les membres du collectif NoFakeMed ont récemment été sanctionnés pour avoir dénoncé l’inefficacité de l’homéopathie) ainsi qu’avec ceux qui dénoncent des cas de maltraitance sur leurs patients et au contraire trop clémente avec les praticiens qui enfreignent les règles (notamment les agresseurs sexuels).
Des accusations de gabegie financière sont également régulièrement portées à l’encontre de l’Ordre. Et pour couronner le tout, voici que sa principale antenne départementale, le conseil de l’Ordre de Paris, se retrouve au cœur d’un improbable micmac.
L’affaire remonte au 11 janvier dernier. Le conseil de l’Ordre de la capitale s’apprête alors à organiser l’élection des représentants des médecins parisiens, qui doivent être renouvelés de moitié. Le président du conseil départemental, le Dr Jean-Jacques Avrane, rejette alors les candidatures du Dr Stéphane Tala (généraliste, candidat titulaire) et du Dr Ieva Sliesoraityte (ophtalmologiste, candidate suppléante). Motif : le Dr Tala est de nationalité camerounaise, alors même que seuls les médecins européens peuvent être candidats à l’Ordre. Un mois plus tard, le 11 février, l’élection a lieu, a priori sans accroc.
« L’Ordre a fait n’importe quoi ! »
Mais le 10 mai suivant, coup de tonnerre : le tribunal administratif de Paris, saisi par le binôme de médecins dont la candidature a été rejetée, annule l’élection et ordonne au conseil de l’ordre parisien d’organiser une nouvelle élection dans les six mois, où les deux médecins pourront cette fois candidater. Il se trouve en effet que le Dr Tala a été naturalisé français en 2014. Le fait que ce dernier n’ait pas de lui-même communiquer au CNOM les documents prouvant sa nationalité française « est sans incidence sur l’éligibilité des requérants » indique le tribunal.
Pour Maître Bernard de Froment, avocat du binôme de médecin contacté par nos confrères du Quotidien du Médecin, « l’Ordre a fait n’importe quoi ». Selon lui, c’était bien aux instances parisiennes, lorsqu’ils ont reçu la candidature d’un médecin inscrit à l’Ordre comme étant de nationalité camerounaise, de vérifier qu’il respectait bien les conditions de nationalité. « Pourquoi l’Ordre n’a-t-il donc pas vérifié auprès du Dr Tala sa nationalité puisqu’elle est une condition sine qua non et qu’il a, en plus, envoyé sa candidature en amont de la clôture des inscriptions ? » s’offusque l’avocat.
Le binôme de médecins victime d’une vengeance personnelle ?
Le comportement de l’Ordre est d’autant plus suspect qu’il a attendu le 11 janvier, soit la date de clôture des candidatures, pour informer le Dr Tala de l’irrecevabilité de sa candidature, sans donc lui laisser le temps d’apporter la preuve de sa naturalisation. S’agit-il d’une simple erreur administrative de l’Ordre ou l’acte est-il délibéré ?
Selon le Dr Sliesoraityte, ce serait en réalité elle qui serait visée à travers cette imbroglio administratif. Il se trouve en effet qu’elle est actuellement en conflit avec une amie proche d’un éminent membre de l’ordre, une affaire actuellement pendante devant la chambre disciplinaire du conseil de l’Ordre. Une sombre histoire de rachat de cabinet médical (le Dr Sliesoraityte n’hésite pas à parler d’escroquerie) qui « donne un parfum un peu particulier autour de cette affaire » souligne Maître Froment. « L’idée de l’Ordre était clairement d’exclure l’ophtalmo colistière » selon le juriste.
Le conseil de l’Ordre a fait appel de la décision du tribunal administratif de Paris. Entre temps, il a averti ce lundi les 27 000 médecins parisiens que les nouvelles élections auraient lieu fin novembre et que la date limite de dépôt des candidatures était fixée au 20 septembre. Les Dr Tala et Sliesoraityte ont bien l’intention de se présenter de nouveau et de remporter le suffrage. Histoire d’écorner encore un peu plus l’image de l’Ordre.
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Le transport sanitaire, nouvelle piste d’économie de la CNAM
Quentin Haroche | 09 Août 2024
Dans son dernier rapport « charges et produits », la CNAM avance quelques pistes pour réaliser des économies sur le transport sanitaire.
Recherche économies désespérément. On le dit et on le répète : les comptes de la Sécurité Sociale sont dangereusement dans le rouge. Selon la dernière loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2024, le déficit de la Sécurité Sociale devrait s'élever à 10,5 milliards d’euros cette année mais la commission des comptes de la Sécurité Sociale estime d’ores et déjà que le déficit réel devrait plutôt avoisiner les 16,6 milliards d’euros.
Depuis plusieurs mois, l’Assurance Maladie refait ses comptes et cherche des pistes d’économie. On a déjà longuement évoqué dans ses colonnes les débats sur une éventuelle réforme de la prise en charge des arrêts maladie ou les efforts de la CNAM pour renforcer la politique anti-fraude. Mais dans son dernier rapport « charges et produits » rendu en juillet dernier, l’Assurance Maladie évoque une autre piste d’économie : le transport sanitaire.
« Est-il possible de continuer à dépense 5,7 milliards d’euros par an pour le transport sanitaire ? » s’interrogeait déjà le ministre de l’Economie Bruno Le Maire en mars dernier. Les chiffres de l’énarque n’étaient en réalité plus à jour : le transport des patients vers les lieux de soins a en réalité coûté 6,3 milliards d’euros à la CNAM pour 6,4 millions de personnes transportées en 2023.
Le covoiturage sanitaire, une source d’économie très décrié
Ces dépenses, qui augmentaient annuellement d’environ 4 % depuis 2016, ont connu un bond en 2023 avec une hausse de 9,3 % du coût total du transport sanitaire. Ceci s’explique notamment par l’inflation et la hausse du prix du carburant qui a provoqué une hausse du prix du transport par ambulance et par taxi tandis que le prix du transport par véhicule sanitaire léger (VSL) est lui resté stable. Le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de patients en affection de longue durée (ALD), qui bénéficient d’un remboursement intégral de leur transport sanitaire (et qui représentent 90 % des dépenses de transport) expliquent également cette accélération de la hausse.
La dernière LFSS a déjà avancé quelques pistes pour diminuer le coût des transports sanitaire. Elle a notamment ouvert la porte à un remboursement différencié selon le transport sanitaire utilisé. Un patient doit ainsi en principe toujours privilégier le transport le moins coûteux compatible avec son état de santé, sous peine de voir sa prise en charge diminuée. Pour le moment, la règle n’est pas encore en vigueur, les décrets d’application n’ayant pas encore été pris.
Pour la CNAM, la principale source d’économie réside dans le covoiturage sanitaire. Pour le moment, seul 19 % des transports sanitaires concernent plusieurs patients en même temps mais la CNAM espère faire du covoiturage la « pratique de référence ». Elle se fixe comme objectif que le covoiturage représente un tiers du transport sanitaire en 2024 et la moitié en 2026.
La CNAM vise 110 millions d’euros d’économie
Pour arriver à cet objectif, plusieurs solutions sont envisagées : remboursement différencié pour les patients, incitation à la prescription du covoiturage sanitaire pour les médecins de ville (une telle incitation est déjà prévue dans la dernière convention médicale) et hospitaliers, bonus/malus pour les transporteurs sanitaires qui privilégieront le covoiturage sanitaire… Une telle solution est cependant très mal vue par ces derniers : en décembre dernier, de nombreux taxis ont manifesté et ont organisé des opérations escargots pour protester contre la généralisation du covoiturage sanitaire.
Toujours pour faire des économies sur le transport sanitaire, l’Assurance Maladie veut mieux coordonner la prescription des transports sanitaires, en incitant les hôpitaux à utiliser des plateformes de commande de transports (un CHU sur deux ne dispose d’aucun outil spécifique de gestion des transports sanitaires déplore la CNAM). Enfin, une fois n’est pas coutume, la Caisse veut améliorer la qualité de la facturation, pour mieux lutter contre la fraude.
Au total, l’Assurance Maladie pense que ces différentes mesures peuvent permettre d’économiser 110 millions d’euros par an sur le transport sanitaire. « Maîtriser l’évolution des dépenses de transports est un enjeu central pour le système de santé et qui s’impose désormais au regard du niveau historique de dépenses atteint en 2023 » peut-on lire dans le rapport « charges et produits ». Mais la CNAM le sait bien : tout dépendra de l’orientation politique du futur gouvernement, de sa volonté ou non de rétablir les comptes de la Sécurité Sociale et de sa capacité à faire adopter la futur LFSS.
Quand on voit des "ambulances" qui ne sont que des véhicules comme les nôtres, on se pose en effet la question du moins coûtant à la société. Surtout quand le patient vient de loin.
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Jeux Olympiques et Coca-Cola, un partenariat pas très sain ?
Quentin Haroche | 09 Août 2024
A l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, des experts en santé publique dénoncent le partenariat entre l’évènement sportif et la marque de sodas sucrés Coca-Cola.
A Paris cet été, dans la ville de l’amour, les Jeux Olympiques et la marque américaine Coca-Cola vont célébrer leurs 96 ans de mariage. Cela fait en effet depuis les Jeux Olympiques de 1928 que la marque de soda sucré est le partenaire privilégié de cet évènement sportif planétaire, allant même jusqu’à obtenir l’organisation des Jeux de 1996 à Atlanta, fief de la marque. Dans les rues de Paris et sur les sites olympiques, difficile de louper le sigle de l’une des sociétés les plus célèbres du monde ainsi que les camionnettes rouges qui vendent les différents produits de la marque.
Un partenariat qui n’est pas du goût de tout le monde. Dans un éditorial à paraître dans la rubrique « Global Health » du British Medical Journal (BMJ), deux spécialistes de la santé publique membres de l’ONG Vital Strategies appellent ni plus ni moins le Comité international olympique (CIO) à cesser son partenariat presque centenaire avec la marque américaine. « En coupant les liens avec Coca-Cola, le CIO pourrait envoyer un message puissant sur le lien entre les Jeux Olympiques et la santé » écrivent les deux experts.
Vital Strategies dénonce une entreprise de « sportwashing »
Pour les auteurs, il y a en effet un paradoxe pour une compétition sportive, qui, par définition, promeut la santé par le sport, à s’associer avec une société qui vend des boissons sucrées qui favorisent le diabète et l’obésité. « En continuant à s’associer avec Coca-Cola, les Jeux Olympiques se rendent complices de l’intensification d’une épidémie mondiale de mauvaise alimentation » écrivent les deux expertes. Selon une étude publiée en mars dernier dans The Lancet, plus d’un milliard d’adultes est obèse dans le monde et ce nombre est en augmentation constante.
Les deux membres de l’ONG Vital Strategies accusent ainsi Coca-Cola de mener une politique de « sportwashing » : en s’associant à un évènement sportif généralement considéré comme positif, la société américaine tente de faire oublier que son activité a un impact négatif sur la santé publique mondiale ainsi que sur l’environnement, Coca-Cola étant régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour réduire la pollution plastique provoquée par ses bouteilles.
La collaboration entre Coca-Cola et les Jeux Olympiques force également les athlètes à « implicitement promouvoir des boissons sucrées mauvaises pour la santé », ce qu’ils n’auraient pas forcément fait de leur propre initiative, ajoutent les deux auteurs. Elles appellent donc les sportifs à s’exprimer publiquement contre le partenariat entre les Jeux Olympiques et des entreprises de malbouffe.
Elles prennent notamment l’exemple du joueur de foot Cristiano Ronaldo qui, lors d’une conférence de presse en 2021, avait repoussé une bouteille de Coca-Cola devant lui, ce qui avait provoqué une chute vertigineuse du cours de l’action de l’entreprise. Un signe, selon les auteurs, que les sportifs pourraient utiliser leur influence pour combattre l’entreprise américaine (même si tous les athlètes n’ont pas l’aura de Cristiano Ronaldo).
Les triathlètes misent sur le Coca-Cola
Ce n’est pas la première fois que l’ONG Vital Strategies s’en prend à Coca-Cola et à son utilisation du sport pour redorer son image. Le 8 juillet dernier, elle a ainsi lancé une pétition pour « bannir les boissons sucrées du monde du sport ». « Les boissons sucrées favorisent largement l’augmentation des taux d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardiaques : si le CIO continue d’être sponsorisé par Coca-Cola, comment va-t-il tenir sa promesse de promouvoir une société saine par le sport ? » pouvait-on lire dans le texte de la pétition.
En réaction à cet éditorial et à cette polémique, la compagnie Coca-Cola s’est contentée de répondre qu’elle « adaptait en permanence sa gamme de produits en réduisant les sucres ajoutés ». Sans surprise, le CIO a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de rompre son partenariat séculaire avec Coca-Cola, partenariat dont il est « incroyablement fier ». « A Paris, Coca-Cola fournit une gamme complète de produits : eau, thé, café, jus de fruits, boissons gazeuses, il y a beaucoup d’options sans sucre » assure Anne-Sophie Voumard, directrice du marketing aux Jeux de Paris.
Et qu’en pensent les athlètes ? Tous ne semblent pas être aussi virulent contre la fameuse marque de soda. Après les compétitions de nage en eaux libre (triathlon et natation marathon), on a ainsi pu voir de nombreux athlètes boire du Coca-Cola à la sortie de l’eau.
Un moyen selon eux de se prémunir contre une infection à l’E.coli et d’éventuels problèmes intestinaux liés à la qualité supposément douteuse (une autre polémique que nous avons longuement évoquée) de l’eau de la Seine, la fameuse boisson sucrée étant réputée, à tort ou à raison, pour diminuer les symptômes d’une infection intestinale. Le Coca-Cola ne serait donc pas si mauvais pour la santé et pour les performances sportives, question de point de vue.
Ce qui est bien avec les JO, ce sont les convictions des autorités politiques qui ont organisées les festivités avec les sponsors du monde entier. Un a retenu mon attention, dans le paquet des 60 enseignes (rien que ça...) AIRBNB. Il est en effet étonnant que Paris se soit entouré de ce sponsor qu'elle combattait encore il a peu . Mais l'argent n'a pas d'odeur. Tout comme la constance des valeurs et la rigueur dans la politique de la ville.
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L’autophagie, un nettoyage cellulaire pour vieillir en bonne santé ?
Dominique Baudon, MD, PhD | 31 Juillet 2024
Des chercheurs ont reproduit le mécanisme de l’autophagie stimulé par le jeûne intermittent. Ce processus qui élimine les déchets cellulaires et pourrait « nettoyer » les neurones des agrégats de protéines pathogènes dans des maladies neurodégénératives, perd en efficacité avec l’âge. En décryptant ce processus, il pourrait être envisagé de le stimuler et peut-être guérir ces maladies.
L’autophagie est une voie de recyclage cellulaire permettant aux cellules humaines de se débarrasser de leurs déchets. Elle a pour fonction essentielle de dégrader les composants cellulaires endommagés et/ou indésirables. Au cours de l'autophagie, les déchets cellulaires (organelles, agrégats protéiques, ribosomes, complexes multienzymatiques…) sont séquestrés dans des « autophagosomes », véritables sacs poubelle, puis transportés vers les lysosomes, sorte d’usine de traitement des déchets, pour la dégradation [1].
Des études antérieures ont suggéré que la protéine lysosomique TECPR1 coordonne les dernières étapes de l'autophagie en favorisant la fusion des autophagosomes avec les lysosomes [2].
L’autophagie occupe une position clé dans le catabolisme cellulaire et est interconnectée avec de nombreuses autres voies cellulaires. Un déclin et/ou un dysfonctionnement de l’autophagie se produisent au cours du vieillissement contribuant à l’apparition, dans la population âgée, de maladies, notamment le cancer, les maladies neuro dégénératives, les maladies métaboliques et immunitaires [1]
Le décryptage des mécanismes de l’autophagie pourrait permettre d’envisager une stimulation de ce processus et peut-être guérir, un jour, des pathologies, en particulier des maladies neurodégénératives dans lesquelles on observe la production d’agrégats de protéines autour des neurones. Mais, la manière dont les cellules produisent les autophagosomes, ces sacs poubelles, restait un mystère.
Autophagie et jeûne intermittent
L’équipe de chercheurs du laboratoire « Biochimie des membranes et transport» de l’Institut Pasteur a percé ce secret en reproduisant le mécanisme de l’autophagie stimulé par le jeûne intermittent[1, 3, 4]. L’autophagie ne dégrade pas seulement les déchets cytoplasmiques, elle dégrade également le matériel cytoplasmique dans les cellules en réponse au jeûne.
Les effets sur la santé du jeûne intermittent, caractérisé par des pauses de 12 à 16 heures entre les repas,sont largement étudiés. Plusieurs études suggèrent qu’il réduit le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral et de cancer.Il pourrait même prolonger la durée de vie. Ces effets positifs sont liés à des processus biochimiques, dont l’autophagie, induits dans les cellules par la privation de nourriture [4, 5].
Dans leur étude [1, 3], les scientifiques font référence au jeûne intermittent 16/8 qui consiste à jeûner chaque jour durant 16 heures et à se nourrir durant une fenêtre de 8 heures. Toutefois, pour obtenir des effets positifs, ce régime alimentaire devrait être maintenu en permanence.
Les chercheurs ont utilisé deux approches différentes pour étudier l’autophagie : la première permettant de reconstituer la formation des autophagosomes in vitro dans un microtube à partir de composants purifiés, la deuxième combinant la biologie cellulaire, la biochimie, l’analyse biophysique et les études structurales dans des cellules en culture.
Les chercheurs ont découvert que les « cellules affamées » par le jeûne produisent un conteneur composé de protéines, qui forme une coque pour stabiliser la membrane. Dans le cas de l’autophagie, les « sacs poubelles » cellulaires ont la forme d’un bol, ce qui leur permet de collecter et d’enfermer les déchets. La formation de ces bols membranaires dépend d’un échafaudage protéique qui s’assemble à la surface de la membrane.
Les chercheurs « ont identifié les éléments de l’échafaudage et décodé la manière dont ils sont assemblés pour reproduire les sacs poubelles cellulaires ». Ils ont pu reconstruire des sac poubelles cellulaires in vitro et ont révélé « la structure et la fonction des composants de l’échafaudage protéique qui forme la poubelle ».
Autophagie et maladies neurodégénératives
De nombreuses maladies neurodégénératives peuvent être liées à une autophagie altérée qui provoque une accumulation d’agrégats de protéines, dont, par exemple, l’alpha-synucléine et Tau dans les maladies d’Alzheimer et de Parkinson [6].
Les chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que cette autophagie altérée pouvait être inversée. Ils ont identifié une voie de l’autophagie spécialisée, l’aggréphagie, qui, en dégradant les agrégats de protéines dans les cellules neurales, contrecarre la neurodégénérescence en protégeant les cellules neurales de la cytotoxicité et de la mort cellulaire. Ils ont montré que les autophagosomes qui transportent les agrégats de protéines vers les lysosomes possèdent une petite protéine semblable à l’ubiquitine, la LC3C qui fournit une identité à ces autophagosomes.
La destination des autophagosomes marqués LC3C est définie par le TECPR1 lysosomal. Ainsi TECPR1 interagit sélectivement avec LC3C pour recruter des agrégats de protéines contenant des autophagosomes [3].
Pour les auteurs, si les niveaux de protéines TECPR1 dans les cellules neurales étaient restaurés, l’activité autophagique dans ces cellules serait augmentée et conduirait à une meilleure élimination des agrégats de protéines, protégeant les cellules neurales de la cytotoxicité et de la mort cellulaire. « Nos résultats démontrent que la neurodégénérescence peut être traitée en augmentant sélectivement les niveaux de TECPR1 ».
Conclusion des auteurs : envisager la guérison des maladies liées à l’âge
Selon l’équipe de recherche de l’Institut Pasteur :« Notre découverte ouvre la voie à l’identification de médicaments qui activent l’autophagie en induisant la formation de sacs poubelles». Les chercheurs espèrent « utiliser des médicaments pour traiter des patients souffrant des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson ».
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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