Articles sur la santé
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Re: Articles sur la santé
Affaire Péchier : l’anesthésiste renvoyé devant la cour d’assises pour 30 empoisonnements
Quentin Haroche | 06 Août 2024
Sept années d’une instruction hors norme résumé en un document de 369 pages : ce lundi, les juges d’instruction de Besançon en charge de l’affaire ont signé l’ordonnance de mise en accusation qui renvoie le Dr Frédéric Péchier devant la cour d’assises de Besançon. Cet anesthésiste-réanimateur est accusé d’avoir, entre 2008 et 2017, pollué les poches de perfusion de 30 de ses patients dans les deux cliniques où il exerçait dans le but de provoquer des arrêts cardiaques chez ces derniers. Douze de ses supposées victimes sont décédés. Pour ces faits, le Dr Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Cette affaire « sans précédent » et « totalement unique » dans les annales de la justice française, selon les termes employés par le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux, a débuté en 2017, lorsqu’une infirmière exerçant à la clinique Saint-Vincent de Besançon alerte les autorités sur le cas de trois patients victimes d’arrêts cardiaques inexpliqués lors d’opérations en apparence anodine.
L’enquête permet rapidement d’établir que les poches de perfusion des patients ont été intentionnellement pollués : elles contiennent des doses de potassium cent fois supérieures aux prescriptions. Les policiers découvrent alors le dénominateur commun entre ces différents patients : le Dr Frédéric Péchier. Celui-ci exerce dans deux cliniques de la région de Besançon. L’anesthésiste-réanimateur est immédiatement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Il clame son innocence depuis le début de l’affaire
C’est le début d’une instruction particulièrement longue et difficile, durant laquelle de nouveaux cas d’empoisonnement seront régulièrement rajoutés au dossier. Ce sont au total 32 cas d’arrêts cardiaque inexpliqués qui vont être imputés à Frédéric Péchier, dont 12 mortels (deux accusations vont finalement être abandonnées). Selon la thèse de l’accusation, le Dr Péchier aurait empoisonné ses patients pour un motif plus qu’inhabituel : provoquer un arrêt cardiaque et les sauver par la suite, prouvant ainsi ses talents de réanimateur. Il aurait été motivé par la volonté de discréditer ses confrères, dans un contexte de conflit ouvert avec ses derniers.
Depuis le début de l’instruction, le Dr Péchier clame son innocence et se dit victime d’une machination orchestrée par ses confrères. Il y a « un pacte de médecins anti-Péchier au sein des cliniques Saint-Vincent et de la Polyclinique de Franche-Comté pour lui faire porter le chapeau plutôt que d’admettre les dysfonctionnements dans leur façon de travailler » ont expliqué les avocats de la défense au juge d’instruction en décembre dernier.
Le Dr Péchier estime que l’intégralité de ces supposés empoisonnements ne sont que des accidents, des « évènements indésirables graves » (EIG) dans le jargon hospitalo-administratif. La défense rappelle régulièrement que, de l’aveu même de l’accusation, il n’existe aucune preuve matérielle reliant le Dr Péchier à la pollution de ces poches de perfusion, mais seulement des « faisceaux d’éléments concordants » et des « suspicions fortes ».
Pas de procès avant 2025 !
Placé sous contrôle judiciaire et interdit d’exercer la médecine, le Dr Péchier n’a plus aucun revenu et a dû retourner vivre chez ses parents à Poitiers. Malgré les demandes récurrentes de l’accusation, il n’a jamais été placé en détention provisoire, une situation très rare dans une affaire criminelle de cette importance. Il a pour sa part plusieurs fois demandé à pouvoir exercer de nouveau la médecine, sans forcément être au contact des patients, en vain. En 2021, il a tenté de mettre fin à ses jours, laissant une lettre dans lequel il clamait une nouvelle fois son innocence.
« On n’est pas étonné, c’était annoncé depuis le départ » a déclaré Maître Lee Takhedmit, l’un des avocats du Dr Péchier, à l’annonce de la mise en accusation de son client. La défense a désormais dix jours pour faire appel de l’ordonnance du juge d’instruction. « On est satisfait qu’il y ait enfin le procès, on l’attend depuis très longtemps » a réagi pour sa part le mari d’une des présumées victimes. Mais les parties civiles devront se montrer encore patientes.
Aucune date n’a encore été fixée pour le procès, qui ne devrait de toute façon pas avoir lieu avant 2025, soit 17 ans après le premier empoisonnement !
Je repense au snphar-e et sa campagne de dénigrement de la pratique avancée pour les IADE (après avoir pourtant reconnu que l'exercice des IADE s'inscrivait bien dans la pratique avancée...mais bon, on ne va demander trop de cohérence à ce syndicat résolument anti IADE.) En effet, le snphar-e avait tenté une serie de vidéos dont la première reprenait des extraits des affaires judiciaires impliquant des iADE. La vidéo avait très vite été éditée devant le boomerang prévisible. Comme si les MAR étaient exempts de toute faute. (on évoque le cas d'Orthez juste pour voir ??). Voila une triste affaire qui remet les pendules à l'heure si nécessaire. Le procédé initial étant particulièrement scabreux.
Quentin Haroche | 06 Août 2024
Sept années d’une instruction hors norme résumé en un document de 369 pages : ce lundi, les juges d’instruction de Besançon en charge de l’affaire ont signé l’ordonnance de mise en accusation qui renvoie le Dr Frédéric Péchier devant la cour d’assises de Besançon. Cet anesthésiste-réanimateur est accusé d’avoir, entre 2008 et 2017, pollué les poches de perfusion de 30 de ses patients dans les deux cliniques où il exerçait dans le but de provoquer des arrêts cardiaques chez ces derniers. Douze de ses supposées victimes sont décédés. Pour ces faits, le Dr Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Cette affaire « sans précédent » et « totalement unique » dans les annales de la justice française, selon les termes employés par le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux, a débuté en 2017, lorsqu’une infirmière exerçant à la clinique Saint-Vincent de Besançon alerte les autorités sur le cas de trois patients victimes d’arrêts cardiaques inexpliqués lors d’opérations en apparence anodine.
L’enquête permet rapidement d’établir que les poches de perfusion des patients ont été intentionnellement pollués : elles contiennent des doses de potassium cent fois supérieures aux prescriptions. Les policiers découvrent alors le dénominateur commun entre ces différents patients : le Dr Frédéric Péchier. Celui-ci exerce dans deux cliniques de la région de Besançon. L’anesthésiste-réanimateur est immédiatement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Il clame son innocence depuis le début de l’affaire
C’est le début d’une instruction particulièrement longue et difficile, durant laquelle de nouveaux cas d’empoisonnement seront régulièrement rajoutés au dossier. Ce sont au total 32 cas d’arrêts cardiaque inexpliqués qui vont être imputés à Frédéric Péchier, dont 12 mortels (deux accusations vont finalement être abandonnées). Selon la thèse de l’accusation, le Dr Péchier aurait empoisonné ses patients pour un motif plus qu’inhabituel : provoquer un arrêt cardiaque et les sauver par la suite, prouvant ainsi ses talents de réanimateur. Il aurait été motivé par la volonté de discréditer ses confrères, dans un contexte de conflit ouvert avec ses derniers.
Depuis le début de l’instruction, le Dr Péchier clame son innocence et se dit victime d’une machination orchestrée par ses confrères. Il y a « un pacte de médecins anti-Péchier au sein des cliniques Saint-Vincent et de la Polyclinique de Franche-Comté pour lui faire porter le chapeau plutôt que d’admettre les dysfonctionnements dans leur façon de travailler » ont expliqué les avocats de la défense au juge d’instruction en décembre dernier.
Le Dr Péchier estime que l’intégralité de ces supposés empoisonnements ne sont que des accidents, des « évènements indésirables graves » (EIG) dans le jargon hospitalo-administratif. La défense rappelle régulièrement que, de l’aveu même de l’accusation, il n’existe aucune preuve matérielle reliant le Dr Péchier à la pollution de ces poches de perfusion, mais seulement des « faisceaux d’éléments concordants » et des « suspicions fortes ».
Pas de procès avant 2025 !
Placé sous contrôle judiciaire et interdit d’exercer la médecine, le Dr Péchier n’a plus aucun revenu et a dû retourner vivre chez ses parents à Poitiers. Malgré les demandes récurrentes de l’accusation, il n’a jamais été placé en détention provisoire, une situation très rare dans une affaire criminelle de cette importance. Il a pour sa part plusieurs fois demandé à pouvoir exercer de nouveau la médecine, sans forcément être au contact des patients, en vain. En 2021, il a tenté de mettre fin à ses jours, laissant une lettre dans lequel il clamait une nouvelle fois son innocence.
« On n’est pas étonné, c’était annoncé depuis le départ » a déclaré Maître Lee Takhedmit, l’un des avocats du Dr Péchier, à l’annonce de la mise en accusation de son client. La défense a désormais dix jours pour faire appel de l’ordonnance du juge d’instruction. « On est satisfait qu’il y ait enfin le procès, on l’attend depuis très longtemps » a réagi pour sa part le mari d’une des présumées victimes. Mais les parties civiles devront se montrer encore patientes.
Aucune date n’a encore été fixée pour le procès, qui ne devrait de toute façon pas avoir lieu avant 2025, soit 17 ans après le premier empoisonnement !
Je repense au snphar-e et sa campagne de dénigrement de la pratique avancée pour les IADE (après avoir pourtant reconnu que l'exercice des IADE s'inscrivait bien dans la pratique avancée...mais bon, on ne va demander trop de cohérence à ce syndicat résolument anti IADE.) En effet, le snphar-e avait tenté une serie de vidéos dont la première reprenait des extraits des affaires judiciaires impliquant des iADE. La vidéo avait très vite été éditée devant le boomerang prévisible. Comme si les MAR étaient exempts de toute faute. (on évoque le cas d'Orthez juste pour voir ??). Voila une triste affaire qui remet les pendules à l'heure si nécessaire. Le procédé initial étant particulièrement scabreux.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Infirmier(e)s, dites-moi quel poste vous exercez, je vous dirai qui vous êtes
Geneviève Perennou | 12 Août 2024
jim.fr
Les infirmier(e)s anesthésistes (IADE) et de bloc opératoire (IBODE) doivent intégrer activement l’arrivée d’innovations technologiques (informatique, robotique, intelligence artificielle et imagerie) dans leur pratique quotidienne. De plus, exercer dans ce contexte requiert une combinaison unique de compétences spécialisées, de capacité à gérer la pression, d'adaptabilité, de respect des protocoles, de travail d'équipe et de résilience émotionnelle. Le recrutement doit privilégier des candidats capables de s’adapter à cet univers grâce à des traits spécifiques de personnalité et l’aptitude à adopter ces nouvelles technologies.
Une enquête menée auprès de 823 infirmiers IADE et IBODE
Une recherche menée aux Pays-Bas a examiné les caractéristiques personnelles des IADE (n= 360) et des IBODE (n= 463) pour identifier les types de personnalités les plus appropriés au sein des blocs opératoires. Pour établir une base de comparaison, des informations sur la personnalité ont été recueillies auprès d'un échantillon représentatif (n= 827) de la population néerlandaise (Panel LISS, NDP). Les réponses des participants au modèle Big Five (BFI-2) ont été utilisées pour évaluer leur personnalité selon cinq dimensions : extraversion, agréabilité, conscience, réactivité émotionnelle négative et ouverture d'esprit, chacune étant évaluée à l'aide de douze questions. En complément de ces cinq dimensions principales, la personnalité individuelle a également été classée en quinze sous-catégories, appelées « facettes ».
Des différences significatives sur plusieurs dimensions de personnalité en comparaison à la population générale
Les résultats mettent en évidence des différences significatives entre les groupes étudiés sur plusieurs dimensions de personnalité du modèle Big Five. Les infirmiers anesthésistes et de bloc opératoire ont obtenu des scores nettement inférieurs sur la dimension du névrosisme (émotions négatives) par rapport à la population générale (1,23 ± 0,52 pour les infirmiers anesthésistes, 1,15 ± 0,52 pour les infirmiers de bloc opératoire, contre 3,06 ± 0,25 pour la population générale, p < 0,001). Ils ont également présenté des scores plus faibles en extraversion (2,61 ± 0,53 et 2,66 ± 0,53 respectivement, contre 3,13 ± 0,22, p < 0,001) et en ouverture d'esprit (2,49 ± 0,52 et 2,46 ± 0,58 respectivement, contre 3,03 ± 0,25, p < 0,001).
Plus spécifiquement, les infirmiers anesthésistes se sont distingués par des scores significativement différents de la population générale sur l'extraversion (t = -23,76, p < 0,001), le caractère consciencieux (t = -3,09, p = 0,002), le névrosisme (t = -82,10, p < 0,001) et l'ouverture d'esprit (t = -24,37, p < 0,001). Les infirmiers de bloc opératoire ont montré des différences significatives sur toutes les dimensions par rapport à la population générale, y compris l'agréabilité (t = 9,51, p < 0,001) et le caractère consciencieux (t = 2,53, p = 0,012).
L'étude a également analysé les traits de personnalité à un niveau plus détaillé, en examinant 15 facettes. Les infirmiers anesthésistes se sont caractérisés comme étant responsables, stables émotionnellement, organisés et respectueux. Les infirmiers de bloc opératoire ont été décrits comme créatifs, assertifs, stables émotionnellement et productifs.
Des corrélations faibles mais significatives ont été observées entre certaines variables démographiques (sexe, âge, expérience professionnelle) et les dimensions de personnalité. Par exemple, pour les infirmiers anesthésistes, l'âge était corrélé positivement avec l'extraversion (ρ = 0,18, p = 0,001), le caractère consciencieux (ρ = 0,12, p = 0,022), le névrosisme (ρ = 0,22, p < 0,001) et l'ouverture d'esprit (ρ = 0,29, p < 0,001).
Les traits de personnalité sont des construits complexes influencés par de multiples facteurs
Ces résultats quantitatifs indiquent que les infirmiers anesthésistes et de bloc opératoire néerlandais présentent un profil de personnalité spécifique, adapté aux exigences de leur environnement de travail hautement technique et stressant. Cependant, l'interprétation de ces résultats nécessite une grande prudence. Il est important de savoir que les traits de personnalité sont des construits complexes, influencés par une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et situationnels. Bien que des tendances puissent être observées au sein de professions spécifiques, les différences individuelles restent significatives. De plus, ces traits de personnalité sont influencés par de multiples facteurs qui peuvent évoluer au fil du temps. Par ailleurs, la littérature sur les traits de personnalité spécifiques à ces professions est limitée, rendant difficile l'établissement d'un cadre théorique solide.
La méthodologie par enquête, bien que permettant une large collecte de données, présente également des limites inhérentes telles que les biais d'auto-déclaration et d'échantillonnage.
Cette étude souligne l'importance de considérer les traits de personnalité dans la formation et la pratique infirmière spécialisée, tout en appelant à des recherches supplémentaires pour approfondir la compréhension des liens entre personnalité, performance professionnelle et adaptation technologique dans les soins infirmiers spécialisés.
References
Vermeulen MAP, Hill JM, van Vilsteren B, et al. Personality characteristics of Dutch nurse anesthetists and surgical nurses when compared to the normative Dutch population, a quantitative survey study. Appl Nurs Res. 2024 Apr;76:151781. doi: 10.1016/j.apnr.2024.151781.
______________________
Internat : 1 500 postes en moins pour la rentrée 2024
Quentin Haroche | 13 Août 2024
jim.fr
La promotion qui débutera son internat à la rentrée 2024 se verra proposer 1 500 postes de moins que l’année précédente à cause de la réforme du « concours » de l’internat.
En avril dernier, le Premier Ministre Gabriel Attal a affiché sa volonté de fortement augmenter le nombre d’étudiants en médecine formés chaque année, pour le faire passer d’environ 10 000 actuellement à plus de 16 000 d’ici 2027. L’objectif affiché était ainsi de pouvoir combler le déficit actuel de médecins d’ici une décennie.
Mais, à rebours de cette volonté d’augmenter le nombre de carabins, le nombre de postes ouverts aux nouveaux internes à la rentrée 2024 va drastiquement diminuer. Seulement 7 974 postes seront ouverts aux néo-internes, contre 9 484 à la rentrée 2023, soit plus de 1 500 postes en moins.
Comment expliquer cette baisse importante du nombre de postes, à l’heure où de nombreux hôpitaux se plaignent du manque de bras dans les services ? Le nombre de postes a tout simplement suivi la tendance de celui des internes : la promotion 2024 comptera en effet environ un millier d’internes de moins que celle de l’année précédente.
Une baisse qui s’explique cette fois par l’entrée en vigueur durant l’année 2023-2024 du nouveau « concours » de l’internat. Fini les ECN : les internes ont du cette fois passer deux nouvelles épreuves pour déterminer leur rang de classement.
En octobre dernier, les carabins ont ainsi planché sur des épreuves dématérialisées nationales (EDN), examen écrit proche de feu les ECN. Puis, en mai, les futurs internes ont passé les examens d’objectifs structurés (ECOS), des épreuves orales censées évaluer les connaissances pratiques des internes.
Les néo-internes dénoncent une situation qu’ils jugent injuste
Une réforme qui a visiblement fait peur aux étudiants de deuxième cycle, qui ont été nombreux à préférer redoubler leur cinquième année de médecine plutôt que de devoir faire partie de la promotion « crash-test », la première à avoir passé la nouvelle monture du concours. En 2023, plus de 7 % des étudiants de cinquième année ont ainsi redoublé, contre seulement 3 % habituellement, soit environ 650 redoublements stratégiques.
Ajoutez à cela que la nouvelle mouture du concours de l’internat comprend désormais des notes éliminatoires et qu’environ 300 étudiants ont échoué à valider leur sixième année d’étude et vous obtenez donc environ un millier d’internes en moins.
Cette diminution du nombre de postes ouverts passe très mal chez ces néo-internes, qui ont le sentiment d’être victimes d’une situation dont ils ne sont pas responsables. Une pétition lancée jeudi dernier et réclamant l’ouverture de postes d’internat supplémentaires a déjà recueilli près de 5 000 signatures d’internes mais également de médecins solidaires de leurs futurs confrères.
« À titre indicatif et non exhaustif, les postes de chirurgie plastique et reconstructrice ont été diminués de moitié, tandis que la médecine générale à Bordeaux l’a été de 20% » peut-on lire dans la pétition, lancée par un collectif d’internes. « Les rangs limites pour accéder à la plupart des spécialités ont bondi de 1 000 places au moins : par exemple, un étudiant qui souhaite faire un internat de chirurgie digestive à Paris doit être aujourd’hui classé parmi les premiers 23 % de sa promotion, contre 35 % l’année passée, cette différence est inacceptable » poursuit le texte.
« Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira. Après six ou sept ans d’études acharnées, on ne nous permet pas choisir notre métier » conclut la pétition.
Une procédure d’appariement très complexe
Pour accéder à l’un de ces moins de 8 000 postes ouverts, les internes vont devoir passer par une procédure d’appariement particulièrement complexe. Fini en effet le système relativement simple du choix de spécialité et d’affectation selon le rang. Les étudiants vont désormais être classés dans 13 classements différents selon 13 groupes de spécialités prédéterminés. Les étudiants formuleront ensuite des vœux de spécialité et de lieu d’exercice et seront affectés par un algorithme selon ces vœux et leurs différents classements.
Un arrêté publié le 28 juillet dernier est venu préciser le calendrier de cette procédure. Elle aura bien lieu en septembre comme prévu, malgré les nombreuses rumeurs de retard qui ont circulé parmi les étudiants. « Tout est maintenu et honnêtement on n’a pas le choix car il nous faut des internes l’année prochaine » a expliqué le Pr Benoit Veber, président de la conférence des doyens de médecine, selon une formulation peu encourageante.
Une première phase de test, non obligatoire, aura lieu du 3 au 14 août pour permettre aux étudiants « d’apprendre à utiliser l’algorithme » explique le doyen. Une procédure blanche aura ensuite lieu du 23 août au 6 septembre pour permettre aux étudiants de tester leur affection et d’ajuster leurs vœux en conséquence.
La procédure d’appariement définitive aura ensuite lieu entre du 6 au 9 septembre et les résultats divulgués le 10 septembre. Pour les étudiants qui n’auront été affectés à aucun poste, deux tours d’appariement supplémentaires auront lieu du 10 au 12 septembre. Et enfin, ces milliers d’étudiants pourront entrer dans la carrière médicale.
Les IADE aimeraient bien râler aussi contre le niveau qui baisse dramatiquement. Quand on voit une IADE diplômée alors qu'elle était 15e sur liste complémentaire, une autre qui n'a dû son salut qu'à l'augmentation des places inopinées dans son école d'IADE alors qu'elle n'était pas acceptée initialement et qu'il s'est avéré effectivement que son niveau était proche du mauvais en stage et aux validation des UE avec moult repêchages et passages chez le directeur de l'école, ou alors une autre IDE de sspi qui s'agace de ne pas trouver de financement pour la "réussite de son concours" alors qu'elle est 35e sur liste complémentaire... ! J'ai déjà évoqué la baisse des notes de 10 à 9.5 pour avoir un peu d'étudiants dans l'école...pour ne pas faire le plein finalement. Tout ceci est bien beau, mais les écoles ont la responsabilités des IDE qu'elles acceptent dans leur rang. Les IADE ne peuvent pas faire le travail de filtre que les écoles doivent faire. Il semble qu'il y ait un comité d'entente pour ça. Mais peut-être est-il trop occupé à siéger dans un cnp fantôme.
Geneviève Perennou | 12 Août 2024
jim.fr
Les infirmier(e)s anesthésistes (IADE) et de bloc opératoire (IBODE) doivent intégrer activement l’arrivée d’innovations technologiques (informatique, robotique, intelligence artificielle et imagerie) dans leur pratique quotidienne. De plus, exercer dans ce contexte requiert une combinaison unique de compétences spécialisées, de capacité à gérer la pression, d'adaptabilité, de respect des protocoles, de travail d'équipe et de résilience émotionnelle. Le recrutement doit privilégier des candidats capables de s’adapter à cet univers grâce à des traits spécifiques de personnalité et l’aptitude à adopter ces nouvelles technologies.
Une enquête menée auprès de 823 infirmiers IADE et IBODE
Une recherche menée aux Pays-Bas a examiné les caractéristiques personnelles des IADE (n= 360) et des IBODE (n= 463) pour identifier les types de personnalités les plus appropriés au sein des blocs opératoires. Pour établir une base de comparaison, des informations sur la personnalité ont été recueillies auprès d'un échantillon représentatif (n= 827) de la population néerlandaise (Panel LISS, NDP). Les réponses des participants au modèle Big Five (BFI-2) ont été utilisées pour évaluer leur personnalité selon cinq dimensions : extraversion, agréabilité, conscience, réactivité émotionnelle négative et ouverture d'esprit, chacune étant évaluée à l'aide de douze questions. En complément de ces cinq dimensions principales, la personnalité individuelle a également été classée en quinze sous-catégories, appelées « facettes ».
Des différences significatives sur plusieurs dimensions de personnalité en comparaison à la population générale
Les résultats mettent en évidence des différences significatives entre les groupes étudiés sur plusieurs dimensions de personnalité du modèle Big Five. Les infirmiers anesthésistes et de bloc opératoire ont obtenu des scores nettement inférieurs sur la dimension du névrosisme (émotions négatives) par rapport à la population générale (1,23 ± 0,52 pour les infirmiers anesthésistes, 1,15 ± 0,52 pour les infirmiers de bloc opératoire, contre 3,06 ± 0,25 pour la population générale, p < 0,001). Ils ont également présenté des scores plus faibles en extraversion (2,61 ± 0,53 et 2,66 ± 0,53 respectivement, contre 3,13 ± 0,22, p < 0,001) et en ouverture d'esprit (2,49 ± 0,52 et 2,46 ± 0,58 respectivement, contre 3,03 ± 0,25, p < 0,001).
Plus spécifiquement, les infirmiers anesthésistes se sont distingués par des scores significativement différents de la population générale sur l'extraversion (t = -23,76, p < 0,001), le caractère consciencieux (t = -3,09, p = 0,002), le névrosisme (t = -82,10, p < 0,001) et l'ouverture d'esprit (t = -24,37, p < 0,001). Les infirmiers de bloc opératoire ont montré des différences significatives sur toutes les dimensions par rapport à la population générale, y compris l'agréabilité (t = 9,51, p < 0,001) et le caractère consciencieux (t = 2,53, p = 0,012).
L'étude a également analysé les traits de personnalité à un niveau plus détaillé, en examinant 15 facettes. Les infirmiers anesthésistes se sont caractérisés comme étant responsables, stables émotionnellement, organisés et respectueux. Les infirmiers de bloc opératoire ont été décrits comme créatifs, assertifs, stables émotionnellement et productifs.
Des corrélations faibles mais significatives ont été observées entre certaines variables démographiques (sexe, âge, expérience professionnelle) et les dimensions de personnalité. Par exemple, pour les infirmiers anesthésistes, l'âge était corrélé positivement avec l'extraversion (ρ = 0,18, p = 0,001), le caractère consciencieux (ρ = 0,12, p = 0,022), le névrosisme (ρ = 0,22, p < 0,001) et l'ouverture d'esprit (ρ = 0,29, p < 0,001).
Les traits de personnalité sont des construits complexes influencés par de multiples facteurs
Ces résultats quantitatifs indiquent que les infirmiers anesthésistes et de bloc opératoire néerlandais présentent un profil de personnalité spécifique, adapté aux exigences de leur environnement de travail hautement technique et stressant. Cependant, l'interprétation de ces résultats nécessite une grande prudence. Il est important de savoir que les traits de personnalité sont des construits complexes, influencés par une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et situationnels. Bien que des tendances puissent être observées au sein de professions spécifiques, les différences individuelles restent significatives. De plus, ces traits de personnalité sont influencés par de multiples facteurs qui peuvent évoluer au fil du temps. Par ailleurs, la littérature sur les traits de personnalité spécifiques à ces professions est limitée, rendant difficile l'établissement d'un cadre théorique solide.
La méthodologie par enquête, bien que permettant une large collecte de données, présente également des limites inhérentes telles que les biais d'auto-déclaration et d'échantillonnage.
Cette étude souligne l'importance de considérer les traits de personnalité dans la formation et la pratique infirmière spécialisée, tout en appelant à des recherches supplémentaires pour approfondir la compréhension des liens entre personnalité, performance professionnelle et adaptation technologique dans les soins infirmiers spécialisés.
References
Vermeulen MAP, Hill JM, van Vilsteren B, et al. Personality characteristics of Dutch nurse anesthetists and surgical nurses when compared to the normative Dutch population, a quantitative survey study. Appl Nurs Res. 2024 Apr;76:151781. doi: 10.1016/j.apnr.2024.151781.
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Internat : 1 500 postes en moins pour la rentrée 2024
Quentin Haroche | 13 Août 2024
jim.fr
La promotion qui débutera son internat à la rentrée 2024 se verra proposer 1 500 postes de moins que l’année précédente à cause de la réforme du « concours » de l’internat.
En avril dernier, le Premier Ministre Gabriel Attal a affiché sa volonté de fortement augmenter le nombre d’étudiants en médecine formés chaque année, pour le faire passer d’environ 10 000 actuellement à plus de 16 000 d’ici 2027. L’objectif affiché était ainsi de pouvoir combler le déficit actuel de médecins d’ici une décennie.
Mais, à rebours de cette volonté d’augmenter le nombre de carabins, le nombre de postes ouverts aux nouveaux internes à la rentrée 2024 va drastiquement diminuer. Seulement 7 974 postes seront ouverts aux néo-internes, contre 9 484 à la rentrée 2023, soit plus de 1 500 postes en moins.
Comment expliquer cette baisse importante du nombre de postes, à l’heure où de nombreux hôpitaux se plaignent du manque de bras dans les services ? Le nombre de postes a tout simplement suivi la tendance de celui des internes : la promotion 2024 comptera en effet environ un millier d’internes de moins que celle de l’année précédente.
Une baisse qui s’explique cette fois par l’entrée en vigueur durant l’année 2023-2024 du nouveau « concours » de l’internat. Fini les ECN : les internes ont du cette fois passer deux nouvelles épreuves pour déterminer leur rang de classement.
En octobre dernier, les carabins ont ainsi planché sur des épreuves dématérialisées nationales (EDN), examen écrit proche de feu les ECN. Puis, en mai, les futurs internes ont passé les examens d’objectifs structurés (ECOS), des épreuves orales censées évaluer les connaissances pratiques des internes.
Les néo-internes dénoncent une situation qu’ils jugent injuste
Une réforme qui a visiblement fait peur aux étudiants de deuxième cycle, qui ont été nombreux à préférer redoubler leur cinquième année de médecine plutôt que de devoir faire partie de la promotion « crash-test », la première à avoir passé la nouvelle monture du concours. En 2023, plus de 7 % des étudiants de cinquième année ont ainsi redoublé, contre seulement 3 % habituellement, soit environ 650 redoublements stratégiques.
Ajoutez à cela que la nouvelle mouture du concours de l’internat comprend désormais des notes éliminatoires et qu’environ 300 étudiants ont échoué à valider leur sixième année d’étude et vous obtenez donc environ un millier d’internes en moins.
Cette diminution du nombre de postes ouverts passe très mal chez ces néo-internes, qui ont le sentiment d’être victimes d’une situation dont ils ne sont pas responsables. Une pétition lancée jeudi dernier et réclamant l’ouverture de postes d’internat supplémentaires a déjà recueilli près de 5 000 signatures d’internes mais également de médecins solidaires de leurs futurs confrères.
« À titre indicatif et non exhaustif, les postes de chirurgie plastique et reconstructrice ont été diminués de moitié, tandis que la médecine générale à Bordeaux l’a été de 20% » peut-on lire dans la pétition, lancée par un collectif d’internes. « Les rangs limites pour accéder à la plupart des spécialités ont bondi de 1 000 places au moins : par exemple, un étudiant qui souhaite faire un internat de chirurgie digestive à Paris doit être aujourd’hui classé parmi les premiers 23 % de sa promotion, contre 35 % l’année passée, cette différence est inacceptable » poursuit le texte.
« Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira. Après six ou sept ans d’études acharnées, on ne nous permet pas choisir notre métier » conclut la pétition.
Une procédure d’appariement très complexe
Pour accéder à l’un de ces moins de 8 000 postes ouverts, les internes vont devoir passer par une procédure d’appariement particulièrement complexe. Fini en effet le système relativement simple du choix de spécialité et d’affectation selon le rang. Les étudiants vont désormais être classés dans 13 classements différents selon 13 groupes de spécialités prédéterminés. Les étudiants formuleront ensuite des vœux de spécialité et de lieu d’exercice et seront affectés par un algorithme selon ces vœux et leurs différents classements.
Un arrêté publié le 28 juillet dernier est venu préciser le calendrier de cette procédure. Elle aura bien lieu en septembre comme prévu, malgré les nombreuses rumeurs de retard qui ont circulé parmi les étudiants. « Tout est maintenu et honnêtement on n’a pas le choix car il nous faut des internes l’année prochaine » a expliqué le Pr Benoit Veber, président de la conférence des doyens de médecine, selon une formulation peu encourageante.
Une première phase de test, non obligatoire, aura lieu du 3 au 14 août pour permettre aux étudiants « d’apprendre à utiliser l’algorithme » explique le doyen. Une procédure blanche aura ensuite lieu du 23 août au 6 septembre pour permettre aux étudiants de tester leur affection et d’ajuster leurs vœux en conséquence.
La procédure d’appariement définitive aura ensuite lieu entre du 6 au 9 septembre et les résultats divulgués le 10 septembre. Pour les étudiants qui n’auront été affectés à aucun poste, deux tours d’appariement supplémentaires auront lieu du 10 au 12 septembre. Et enfin, ces milliers d’étudiants pourront entrer dans la carrière médicale.
Les IADE aimeraient bien râler aussi contre le niveau qui baisse dramatiquement. Quand on voit une IADE diplômée alors qu'elle était 15e sur liste complémentaire, une autre qui n'a dû son salut qu'à l'augmentation des places inopinées dans son école d'IADE alors qu'elle n'était pas acceptée initialement et qu'il s'est avéré effectivement que son niveau était proche du mauvais en stage et aux validation des UE avec moult repêchages et passages chez le directeur de l'école, ou alors une autre IDE de sspi qui s'agace de ne pas trouver de financement pour la "réussite de son concours" alors qu'elle est 35e sur liste complémentaire... ! J'ai déjà évoqué la baisse des notes de 10 à 9.5 pour avoir un peu d'étudiants dans l'école...pour ne pas faire le plein finalement. Tout ceci est bien beau, mais les écoles ont la responsabilités des IDE qu'elles acceptent dans leur rang. Les IADE ne peuvent pas faire le travail de filtre que les écoles doivent faire. Il semble qu'il y ait un comité d'entente pour ça. Mais peut-être est-il trop occupé à siéger dans un cnp fantôme.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
L’hôpital tiendra-t-il avec 1 500 internes en moins ?
Quentin Haroche | 20 Août 2024
jim.fr
Plus de 1 500 internes manqueront à l’appel à la rentrée de septembre. Les hôpitaux craignent de manquer de bras tandis que la gauche dénonce la mauvaise gestion du gouvernement.
C’est un effet papillon administratif : une décision prise en 2019 qui provoque une crise hospitalière et politique plus de cinq ans après. Il y a cinq ans, le gouvernement a adopté une réforme du deuxième cycle des études de médecine. Entrée en vigueur en 2021, cette réforme a véritablement pris forme à l’année universitaire 2023-2024 avec la mise en place d’un nouveau « concours » de l’internat. Mais, conséquence inattendue de la réforme, cette décision va aboutir à une forte diminution des effectifs des internes à la rentrée de septembre prochain : 1 510 internes manqueront à l’appel.
Rappelons le cœur du problème, déjà évoqué dans les colonnes du JIM. La nouvelle mouture de l’examen de fin de deuxième cycle a remplacé les épreuves classantes nationales (ECN) par un examen en deux étapes : d’abord un écrit relativement classique en octobre, les épreuves dématérialisées nationales (EDN), puis un or al en mai, les examens cliniques d’objectifs structurés (ECOS).
Mais, méfiants face à ce changement des règles du jeu, ce sont plusieurs centaines d’externes qui ont préféré redoubler leur cinquième année en 2023 plutôt que de faire partie de la promotion « crash-test », la première à devoir passer ce nouvel examen. Ajoutez à cela le fait que le nouveau concours comprend désormais des notes éliminatoires et vous obtenez une promotion de néo-internes de moins de 8 000 membres, contre près de 9 500 à l’accoutumée.
Une baisse des effectifs qui s’est répercutée sur le nombre de postes proposés. L’arrêté qui fixe la répartition des postes d’internes pour la rentrée 2024, publié le 9 juillet dernier, n’a ouvert que 7 974 postes, contre 9 484 en septembre 2023, soit une baisse de 16 %. Toutes les spécialités ne sont pas touchées pareillement : la chirurgie pédiatrique ne perd aucun interne, la médecine d’urgence voit ses effectifs diminuer de 16 %, la gynécologie médicale de 19 % tandis que la chirurgie plastique devra faire avec 50 % d’internes en moins.
« Une très grosse source d’inquiétude pour l’ensemble des internes »
Les internes de la promotion « crash-test », qui devront attendre le 10 septembre prochain et la fin d’une procédure d’appariement particulièrement complexe pour connaitre leur sort, protestent depuis plusieurs semaines contre cette situation. Non seulement ils craignent de ne pas tous pouvoir obtenir la spécialité et la ville qu’ils souhaitent, mais ils redoutent surtout que, en raison du manque d’effectifs, leur charge de travail devienne insurmontable. Une situation qui inquiète également les médecins et les internes déjà en exercice à l’hôpital.
« C’est une très grosse source d’inquiétude pour l’ensemble des internes » reconnait Marine Loty, présidente du syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP). « Les médecins séniors, déjà en sous-effectif, risquent de ne pas pouvoir compenser les manques. Dans ce contexte, nous craignons que nos conditions de travail se détériorent davantage, que nos charges de travail s’alourdissent et que nos horaires s’amplifient. Nous travaillons déjà en moyenne 59 heures par semaine, nous ne pouvons pas faire plus ! ».
Même son de cloche du côté du Dr Marc Noizet, président du syndicat SAMU-Urgences de France, qui rappelle que, dans les hôpitaux universitaires, les internes représentent 40 % des effectifs et que la diminution de leur nombre « aura nécessairement un impact » sur l’activité hospitalière.
Dans les hôpitaux, l’administration hospitalière se prépare pour tenter de limiter la casse et les conséquences de cette baisse d’effectifs. « Nous sommes en train de travailler avec l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France pour préparer au mieux la commission de répartition qui aura lieu entre le 20 et le 25 septembre » explique Marine Loty« L’idée est d’avoir une répartition la plus homogène possible sur le territoire, mais avec 215 postes en moins en Île-de-France, c’est un véritable casse-tête, pour le moment, tout le monde se prépare un peu à l’aveugle et on sait déjà que la balance va être très compliquée à faire ».
Le gouvernement dénonce une fausse polémique
La question a pris un tournant politique ces derniers jours, la gauche voyant dans cette baisse des effectifs d’internes une nouvelle preuve du supposé manque de considération du gouvernement pour l’hôpital public. « Est-ce que vraiment la France, qui avait un système de santé d’excellence, qui faisait la fierté des Français, peut se permettre d’avoir 15 000 médecins en moins ? La réponse est non » a ainsi assené la candidate au poste de Première Ministre Lucie Castets ce lundi (avant de corriger son erreur sur le nombre d’internes en moins).
Déjà en avril, un groupe de travail à l’Assemblée Nationale avait alerté le gouvernement sur « les futurs ravages du nouveau concours de l’internat ». « A l’été 2024, dans les hôpitaux français, combien d’internes manqueront à l’appel ? » s’interrogeait alors le député LFI Damien Maudet.
Sur X et dans le journal Ouest France auquel il a accordé une interview ce mardi, le ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valletoux répond à ces critiques et dénonce une fausse polémique. « C’est une petite manipulation de la vérité » réagit ainsi le ministre concernant un article du journal Libération sur le sujet.
« Les gouvernements ont toujours ajusté le nombre de postes d'internes au nombre d'étudiants qui passent et réussissent leurs examens. 1 500 d'entre eux ont fait le choix de ne pas présenter l'examen. La faute du gouvernement forcément ? » assène-t-il sur le réseau social X.
Le gouvernement a assuré que, si besoin est, les hôpitaux pourront faire appel à des médecins étrangers pour renforcer les effectifs, alors même que le statut administratif de ces praticiens à diplômes étrangers (PADHUE) est particulièrement nébuleux. « Nous aurons très certainement un effet rebond l’an prochain avec plus de candidats car les redoublants passeront le concours » assure en outre le ministère de la Santé. Rendez-vous donc en septembre 2025.
Sans compter sur le fait
qu'au 1 er décembre 2022, la France comptait 374.290 lits d'hospitalisation, soit 1,8 % de moins qu'un an plus tôt, selon un nouveau bilan de la Drees. Le nombre de places en hospitalisation « partielle » - sans nuit passée sur place - a en revanche augmenté.
et comme cela devient une habitude, les urgences sont impactées. St Avold en Moselle, Pessac en Gironde, Lusac et Montaigu en Vendée, Manosque en Haute-Provence etc.
L'agence Radio France a pu faire ce mercredi une carte de la fermeture des services d'urgences dans les hôpitaux de France, grâce aux informations de nos confrères du réseau local France Bleu. Cet état des lieux met en lumière une situation très compliquée en ce moment.
Les étés se suivent et se ressemblent à l'hôpital public. Toujours sous tension, faute de personnel suffisant, et alors que l'activité est plus forte avec les vacanciers dans les régions touristiques. Dans la Sarthe, en Charente-Maritime ou en Moselle, nombreux sont les services d'urgences à devoir fermer, au moins temporairement, sur ces vacances d'été. La liste est longue, et non exhaustive.
Urgences ouvertes uniquement le matin
Dans le Vaucluse, les urgences de l'hôpital de Carpentras sont ouvertes uniquement le matin (de 8h30 à 13h30) depuis mardi et pour les trois prochains mois, rapporte France Bleu Vaucluse. Seules les urgences vitales et les urgences gynécologiques et obstétricales seront admises.
À Saintes, en Charente-Maritime, l'hôpital a dû donner un nouveau tour de vis pour le mois d'août. Depuis le 12 août, les urgences pédiatriques sont ainsi fermées de 17h à 9h du matin, mais aussi les week-ends et jours fériés.
Pour la première fois, les urgences de Laval seront ouvertes uniquement six nuits en septembre, assure France Bleu Mayenne. Dans un communiqué, l’association de citoyens contre les déserts médicaux rappelle qu’en juillet, le service a été fermé 22 nuits au total, et 18 pour le mois d'août.
"Certains, notamment des médecins, reviennent sur leur temps de congés"
En Dordogne, les urgences de l’hôpital de Sarlat sont fermées depuis mardi jusqu'à jeudi 8h30, prévient France Bleu Périgord. Cette fermeture temporaire a été décidée faute d'urgentiste, les deux médecins étant en arrêt maladie. Le directeur de l'Agence régionale de santé, Didier Couteaud, décrit une situation compliquée. "C'est à Sarlat mais c'est aussi à Bergerac et c'est à Périgueux. On a eu beaucoup de départs cette année. Certains, notamment des médecins, reviennent sur leur temps de congés pour assurer et faire en sorte que l'on ait le moins de fermetures possibles", détaille-t-il à France Bleu Périgord.
"Les urgences sont en train de souffrir voire de s'écrouler"
De nombreux services d'urgences recommandent également aux patients d'appeler le 15 avant de se déplacer. La situation est préoccupante pour Pierre Schwob, président du collectif Inter Urgences, même si certains territoires se portent mieux que d'autres. "La particularité cette année c'est que nous accueillons les Jeux olympiques, donc à Paris nous avons eu cette chance de ne pas avoir trop de fermetures de lits au niveau des services des urgences. En revanche, Paris n'est pas la France et sur tout ce qui est littoral, les urgences sont en train de souffrir voire de s'écrouler", explique-t-il. "À partir du moment où un service d'urgence ne peut plus répondre à son objectif, c'est-à-dire, d'ouverture 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, c'est déjà qu'il y a un problème."
"30 heures passées sur un brancard"
Du côté des autorités, on assure que la situation des ressources humaines dans les hôpitaux s'améliore. Un point de vue que ne partagent sans doute pas les soignants du CHU de Brest qui ont dressé hier un mur de la honte, où ils dénoncent les délais d'attente. Un exemple parmi tant d'autres : "Madame Q, 75 ans, 30 heures passées sur un brancard."
(source radiofrance.fr)
___________________
PH : plus nombreux, plus jeunes, plus féminins
Quentin Haroche | 20 Août 2024
jim.fr
Selon les dernières statistiques du CNG, le nombre de PH a augmenté de 13,5 % ces dix dernières années. Les femmes sont désormais majoritaires dans la profession.
C’est un chiffre qui en étonnera peut-être certains. On entend en effet régulièrement (et le JIM s’en fait régulièrement l’écho dans ses colonnes) que l’hôpital manquerait de médecins, ce qui expliquerait les grandes difficultés des établissements, et notamment des services d’urgences, à faire face à l’afflux de patients. Les syndicats de médecins hospitaliers répètent également souvent, que le statut de praticien hospitalier (PH) n’attirerait plus les jeunes médecins.
Pourtant, si l’on en croit le dernier rapport du centre national de gestion (CNG) publié ce lundi, le nombre de PH a augmenté de 13,5 % ces dix dernières années. Dans le détail, on comptait exactement 48 552 PH au 1er janvier 2024. Le taux de croissance annuel est de 1,3 % mais l’augmentation du nombre de PH s’est accélérée ces deux dernières années avec une augmentation de 6,8 % (alors même que les alertes sur une perte d’attractivité du statut de PH se multipliaient).
Comment expliquer le décalage entre ces chiffres et l’impression générale d’une baisse des effectifs dans les hôpitaux ? La réponse réside peut-être dans le nombre des PH en disponibilité. Celui-ci a explosé, passant de 1 080 en 2014 à 6 551 en 2024, soit une augmentation de 228 % en une décennie. Ce sont ainsi 11,6 % des PH qui sont désormais en disponibilité, contre seulement 4,2 % en 2014.
Le nombre de PH en détachement a également augmenté, mais moins fortement (+ 15,6 % en dix ans). Les sorties définitives du corps des PH sont également en augmentation, avec notamment une forte hausse des démissions, qui sont passées de 238 en 2014 à 401 en 2024 (+ 68,4 %). Le CNG assure cependant que le solde des entrées et des sorties a toujours été largement positif ces dix dernières années et qu’il n’a jamais été aussi élevé en 2023, avec un solde de 2 173 PH supplémentaires.
Les femmes majoritaires chez les PH (sauf chez les hauts salaires)
Le CNG s’est également intéressé au profil des PH. La dernière décennie a été marquée par une accélération de la féminisation de la profession. Les femmes sont ainsi désormais majoritaires parmi les PH, constituant 55,6 % des effectifs du corps contre 46,9 % en 2014. Ce sont logiquement les générations les plus jeunes de PH qui sont les plus féminisées, les hommes restant majoritaires au-delà de 60 ans : 62,6 % des PH de moins de 50 ans sont des femmes mais 61,2 % de ceux de plus de 60 ans sont des hommes.
La féminisation du corps dépend également grandement des spécialités : on retrouve le plus de femmes en biologie (67 %) ou en psychiatrie (62 %) tandis que les hommes restent largement majoritaires en chirurgie (63 %). La palme revient à la gynécologie médicale, spécialité quasiment exclusivement féminine (95 % de femmes). Mais féminisation ne rime pas forcément avec égalité salariale : les hommes sont ainsi majoritaires (56 %) parmi les PH se situant entre le 10ème et le 13ème échelon de rémunération.
La dernière décennie a également été marquée par un léger rajeunissement des PH. L’âge moyen est ainsi de 49 ans (49,8 ans en 2014) et l’âge médian de 48,5 ans (49,2 ans en 2023). Plus d’un quart des PH (26,9 %) ont moins de 40 ans contre seulement 20,6 % en 2020. A l’autre bout du spectre générationnel, un peu plus de 1 000 PH (2,2 % des effectifs) ont dépassé l’âge limite de départ à la retraite de 67 ans. L’âge moyen d’entrée est de 36,7 ans ce qui assure environ 30 ans d’exercice, les PH partant à la retraite en moyenne à 65,8 ans.
Un tiers des postes de PH sont vacants
S’agissant de la répartition par spécialité, les trois quarts des PH exercent une spécialité médicale ou chirurgicale. En médecine, les urgences (17,8 % des PH de médecine), la médecine générale (13,1 %), l’anesthésie-réanimation (12,9 %) et la pédiatrie (10 %) se partagent plus de la moitié des effectifs. En chirurgie, la gynécologie-obstétrique (27,4 % des chirurgiens dont 45,4 % des chirurgiennes), l’orthopédie (16,1 %) et la chirurgie viscérale et digestive (11,4 %) se taillent la part du lion.
Enfin, le CNG s’est intéressé à la densité de PH. La France compte 71 PH pour 100 000 habitants (contre 66,9 en 2021) mais, comme pour les médecins libéraux, les inégalités territoriales sont importantes. Les régions les plus dotées sont la Réunion (85 PH pour 100 000 habitants), la Bretagne (81 PH) et la Martinique (79 PH) tandis que l’Occitanie (61 PH), la Guyane (36 PH) et Mayotte (31 PH) manquent de médecins.
Même si la plupart de ces chiffres poussent plutôt à l’optimise quant aux effectifs des hôpitaux, rappelons tout de même pour conclure quelques réalités moins reluisantes dont les syndicats se font régulièrement l’écho : le nombre de candidats au concours de PH a diminué de 17 % entre 2022 et 2023 et un tiers des postes de PH sont vacants à l’hôpital.
Quentin Haroche | 20 Août 2024
jim.fr
Plus de 1 500 internes manqueront à l’appel à la rentrée de septembre. Les hôpitaux craignent de manquer de bras tandis que la gauche dénonce la mauvaise gestion du gouvernement.
C’est un effet papillon administratif : une décision prise en 2019 qui provoque une crise hospitalière et politique plus de cinq ans après. Il y a cinq ans, le gouvernement a adopté une réforme du deuxième cycle des études de médecine. Entrée en vigueur en 2021, cette réforme a véritablement pris forme à l’année universitaire 2023-2024 avec la mise en place d’un nouveau « concours » de l’internat. Mais, conséquence inattendue de la réforme, cette décision va aboutir à une forte diminution des effectifs des internes à la rentrée de septembre prochain : 1 510 internes manqueront à l’appel.
Rappelons le cœur du problème, déjà évoqué dans les colonnes du JIM. La nouvelle mouture de l’examen de fin de deuxième cycle a remplacé les épreuves classantes nationales (ECN) par un examen en deux étapes : d’abord un écrit relativement classique en octobre, les épreuves dématérialisées nationales (EDN), puis un or al en mai, les examens cliniques d’objectifs structurés (ECOS).
Mais, méfiants face à ce changement des règles du jeu, ce sont plusieurs centaines d’externes qui ont préféré redoubler leur cinquième année en 2023 plutôt que de faire partie de la promotion « crash-test », la première à devoir passer ce nouvel examen. Ajoutez à cela le fait que le nouveau concours comprend désormais des notes éliminatoires et vous obtenez une promotion de néo-internes de moins de 8 000 membres, contre près de 9 500 à l’accoutumée.
Une baisse des effectifs qui s’est répercutée sur le nombre de postes proposés. L’arrêté qui fixe la répartition des postes d’internes pour la rentrée 2024, publié le 9 juillet dernier, n’a ouvert que 7 974 postes, contre 9 484 en septembre 2023, soit une baisse de 16 %. Toutes les spécialités ne sont pas touchées pareillement : la chirurgie pédiatrique ne perd aucun interne, la médecine d’urgence voit ses effectifs diminuer de 16 %, la gynécologie médicale de 19 % tandis que la chirurgie plastique devra faire avec 50 % d’internes en moins.
« Une très grosse source d’inquiétude pour l’ensemble des internes »
Les internes de la promotion « crash-test », qui devront attendre le 10 septembre prochain et la fin d’une procédure d’appariement particulièrement complexe pour connaitre leur sort, protestent depuis plusieurs semaines contre cette situation. Non seulement ils craignent de ne pas tous pouvoir obtenir la spécialité et la ville qu’ils souhaitent, mais ils redoutent surtout que, en raison du manque d’effectifs, leur charge de travail devienne insurmontable. Une situation qui inquiète également les médecins et les internes déjà en exercice à l’hôpital.
« C’est une très grosse source d’inquiétude pour l’ensemble des internes » reconnait Marine Loty, présidente du syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP). « Les médecins séniors, déjà en sous-effectif, risquent de ne pas pouvoir compenser les manques. Dans ce contexte, nous craignons que nos conditions de travail se détériorent davantage, que nos charges de travail s’alourdissent et que nos horaires s’amplifient. Nous travaillons déjà en moyenne 59 heures par semaine, nous ne pouvons pas faire plus ! ».
Même son de cloche du côté du Dr Marc Noizet, président du syndicat SAMU-Urgences de France, qui rappelle que, dans les hôpitaux universitaires, les internes représentent 40 % des effectifs et que la diminution de leur nombre « aura nécessairement un impact » sur l’activité hospitalière.
Dans les hôpitaux, l’administration hospitalière se prépare pour tenter de limiter la casse et les conséquences de cette baisse d’effectifs. « Nous sommes en train de travailler avec l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France pour préparer au mieux la commission de répartition qui aura lieu entre le 20 et le 25 septembre » explique Marine Loty« L’idée est d’avoir une répartition la plus homogène possible sur le territoire, mais avec 215 postes en moins en Île-de-France, c’est un véritable casse-tête, pour le moment, tout le monde se prépare un peu à l’aveugle et on sait déjà que la balance va être très compliquée à faire ».
Le gouvernement dénonce une fausse polémique
La question a pris un tournant politique ces derniers jours, la gauche voyant dans cette baisse des effectifs d’internes une nouvelle preuve du supposé manque de considération du gouvernement pour l’hôpital public. « Est-ce que vraiment la France, qui avait un système de santé d’excellence, qui faisait la fierté des Français, peut se permettre d’avoir 15 000 médecins en moins ? La réponse est non » a ainsi assené la candidate au poste de Première Ministre Lucie Castets ce lundi (avant de corriger son erreur sur le nombre d’internes en moins).
Déjà en avril, un groupe de travail à l’Assemblée Nationale avait alerté le gouvernement sur « les futurs ravages du nouveau concours de l’internat ». « A l’été 2024, dans les hôpitaux français, combien d’internes manqueront à l’appel ? » s’interrogeait alors le député LFI Damien Maudet.
Sur X et dans le journal Ouest France auquel il a accordé une interview ce mardi, le ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valletoux répond à ces critiques et dénonce une fausse polémique. « C’est une petite manipulation de la vérité » réagit ainsi le ministre concernant un article du journal Libération sur le sujet.
« Les gouvernements ont toujours ajusté le nombre de postes d'internes au nombre d'étudiants qui passent et réussissent leurs examens. 1 500 d'entre eux ont fait le choix de ne pas présenter l'examen. La faute du gouvernement forcément ? » assène-t-il sur le réseau social X.
Le gouvernement a assuré que, si besoin est, les hôpitaux pourront faire appel à des médecins étrangers pour renforcer les effectifs, alors même que le statut administratif de ces praticiens à diplômes étrangers (PADHUE) est particulièrement nébuleux. « Nous aurons très certainement un effet rebond l’an prochain avec plus de candidats car les redoublants passeront le concours » assure en outre le ministère de la Santé. Rendez-vous donc en septembre 2025.
Sans compter sur le fait
qu'au 1 er décembre 2022, la France comptait 374.290 lits d'hospitalisation, soit 1,8 % de moins qu'un an plus tôt, selon un nouveau bilan de la Drees. Le nombre de places en hospitalisation « partielle » - sans nuit passée sur place - a en revanche augmenté.
et comme cela devient une habitude, les urgences sont impactées. St Avold en Moselle, Pessac en Gironde, Lusac et Montaigu en Vendée, Manosque en Haute-Provence etc.
L'agence Radio France a pu faire ce mercredi une carte de la fermeture des services d'urgences dans les hôpitaux de France, grâce aux informations de nos confrères du réseau local France Bleu. Cet état des lieux met en lumière une situation très compliquée en ce moment.
Les étés se suivent et se ressemblent à l'hôpital public. Toujours sous tension, faute de personnel suffisant, et alors que l'activité est plus forte avec les vacanciers dans les régions touristiques. Dans la Sarthe, en Charente-Maritime ou en Moselle, nombreux sont les services d'urgences à devoir fermer, au moins temporairement, sur ces vacances d'été. La liste est longue, et non exhaustive.
Urgences ouvertes uniquement le matin
Dans le Vaucluse, les urgences de l'hôpital de Carpentras sont ouvertes uniquement le matin (de 8h30 à 13h30) depuis mardi et pour les trois prochains mois, rapporte France Bleu Vaucluse. Seules les urgences vitales et les urgences gynécologiques et obstétricales seront admises.
À Saintes, en Charente-Maritime, l'hôpital a dû donner un nouveau tour de vis pour le mois d'août. Depuis le 12 août, les urgences pédiatriques sont ainsi fermées de 17h à 9h du matin, mais aussi les week-ends et jours fériés.
Pour la première fois, les urgences de Laval seront ouvertes uniquement six nuits en septembre, assure France Bleu Mayenne. Dans un communiqué, l’association de citoyens contre les déserts médicaux rappelle qu’en juillet, le service a été fermé 22 nuits au total, et 18 pour le mois d'août.
"Certains, notamment des médecins, reviennent sur leur temps de congés"
En Dordogne, les urgences de l’hôpital de Sarlat sont fermées depuis mardi jusqu'à jeudi 8h30, prévient France Bleu Périgord. Cette fermeture temporaire a été décidée faute d'urgentiste, les deux médecins étant en arrêt maladie. Le directeur de l'Agence régionale de santé, Didier Couteaud, décrit une situation compliquée. "C'est à Sarlat mais c'est aussi à Bergerac et c'est à Périgueux. On a eu beaucoup de départs cette année. Certains, notamment des médecins, reviennent sur leur temps de congés pour assurer et faire en sorte que l'on ait le moins de fermetures possibles", détaille-t-il à France Bleu Périgord.
"Les urgences sont en train de souffrir voire de s'écrouler"
De nombreux services d'urgences recommandent également aux patients d'appeler le 15 avant de se déplacer. La situation est préoccupante pour Pierre Schwob, président du collectif Inter Urgences, même si certains territoires se portent mieux que d'autres. "La particularité cette année c'est que nous accueillons les Jeux olympiques, donc à Paris nous avons eu cette chance de ne pas avoir trop de fermetures de lits au niveau des services des urgences. En revanche, Paris n'est pas la France et sur tout ce qui est littoral, les urgences sont en train de souffrir voire de s'écrouler", explique-t-il. "À partir du moment où un service d'urgence ne peut plus répondre à son objectif, c'est-à-dire, d'ouverture 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, c'est déjà qu'il y a un problème."
"30 heures passées sur un brancard"
Du côté des autorités, on assure que la situation des ressources humaines dans les hôpitaux s'améliore. Un point de vue que ne partagent sans doute pas les soignants du CHU de Brest qui ont dressé hier un mur de la honte, où ils dénoncent les délais d'attente. Un exemple parmi tant d'autres : "Madame Q, 75 ans, 30 heures passées sur un brancard."
(source radiofrance.fr)
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PH : plus nombreux, plus jeunes, plus féminins
Quentin Haroche | 20 Août 2024
jim.fr
Selon les dernières statistiques du CNG, le nombre de PH a augmenté de 13,5 % ces dix dernières années. Les femmes sont désormais majoritaires dans la profession.
C’est un chiffre qui en étonnera peut-être certains. On entend en effet régulièrement (et le JIM s’en fait régulièrement l’écho dans ses colonnes) que l’hôpital manquerait de médecins, ce qui expliquerait les grandes difficultés des établissements, et notamment des services d’urgences, à faire face à l’afflux de patients. Les syndicats de médecins hospitaliers répètent également souvent, que le statut de praticien hospitalier (PH) n’attirerait plus les jeunes médecins.
Pourtant, si l’on en croit le dernier rapport du centre national de gestion (CNG) publié ce lundi, le nombre de PH a augmenté de 13,5 % ces dix dernières années. Dans le détail, on comptait exactement 48 552 PH au 1er janvier 2024. Le taux de croissance annuel est de 1,3 % mais l’augmentation du nombre de PH s’est accélérée ces deux dernières années avec une augmentation de 6,8 % (alors même que les alertes sur une perte d’attractivité du statut de PH se multipliaient).
Comment expliquer le décalage entre ces chiffres et l’impression générale d’une baisse des effectifs dans les hôpitaux ? La réponse réside peut-être dans le nombre des PH en disponibilité. Celui-ci a explosé, passant de 1 080 en 2014 à 6 551 en 2024, soit une augmentation de 228 % en une décennie. Ce sont ainsi 11,6 % des PH qui sont désormais en disponibilité, contre seulement 4,2 % en 2014.
Le nombre de PH en détachement a également augmenté, mais moins fortement (+ 15,6 % en dix ans). Les sorties définitives du corps des PH sont également en augmentation, avec notamment une forte hausse des démissions, qui sont passées de 238 en 2014 à 401 en 2024 (+ 68,4 %). Le CNG assure cependant que le solde des entrées et des sorties a toujours été largement positif ces dix dernières années et qu’il n’a jamais été aussi élevé en 2023, avec un solde de 2 173 PH supplémentaires.
Les femmes majoritaires chez les PH (sauf chez les hauts salaires)
Le CNG s’est également intéressé au profil des PH. La dernière décennie a été marquée par une accélération de la féminisation de la profession. Les femmes sont ainsi désormais majoritaires parmi les PH, constituant 55,6 % des effectifs du corps contre 46,9 % en 2014. Ce sont logiquement les générations les plus jeunes de PH qui sont les plus féminisées, les hommes restant majoritaires au-delà de 60 ans : 62,6 % des PH de moins de 50 ans sont des femmes mais 61,2 % de ceux de plus de 60 ans sont des hommes.
La féminisation du corps dépend également grandement des spécialités : on retrouve le plus de femmes en biologie (67 %) ou en psychiatrie (62 %) tandis que les hommes restent largement majoritaires en chirurgie (63 %). La palme revient à la gynécologie médicale, spécialité quasiment exclusivement féminine (95 % de femmes). Mais féminisation ne rime pas forcément avec égalité salariale : les hommes sont ainsi majoritaires (56 %) parmi les PH se situant entre le 10ème et le 13ème échelon de rémunération.
La dernière décennie a également été marquée par un léger rajeunissement des PH. L’âge moyen est ainsi de 49 ans (49,8 ans en 2014) et l’âge médian de 48,5 ans (49,2 ans en 2023). Plus d’un quart des PH (26,9 %) ont moins de 40 ans contre seulement 20,6 % en 2020. A l’autre bout du spectre générationnel, un peu plus de 1 000 PH (2,2 % des effectifs) ont dépassé l’âge limite de départ à la retraite de 67 ans. L’âge moyen d’entrée est de 36,7 ans ce qui assure environ 30 ans d’exercice, les PH partant à la retraite en moyenne à 65,8 ans.
Un tiers des postes de PH sont vacants
S’agissant de la répartition par spécialité, les trois quarts des PH exercent une spécialité médicale ou chirurgicale. En médecine, les urgences (17,8 % des PH de médecine), la médecine générale (13,1 %), l’anesthésie-réanimation (12,9 %) et la pédiatrie (10 %) se partagent plus de la moitié des effectifs. En chirurgie, la gynécologie-obstétrique (27,4 % des chirurgiens dont 45,4 % des chirurgiennes), l’orthopédie (16,1 %) et la chirurgie viscérale et digestive (11,4 %) se taillent la part du lion.
Enfin, le CNG s’est intéressé à la densité de PH. La France compte 71 PH pour 100 000 habitants (contre 66,9 en 2021) mais, comme pour les médecins libéraux, les inégalités territoriales sont importantes. Les régions les plus dotées sont la Réunion (85 PH pour 100 000 habitants), la Bretagne (81 PH) et la Martinique (79 PH) tandis que l’Occitanie (61 PH), la Guyane (36 PH) et Mayotte (31 PH) manquent de médecins.
Même si la plupart de ces chiffres poussent plutôt à l’optimise quant aux effectifs des hôpitaux, rappelons tout de même pour conclure quelques réalités moins reluisantes dont les syndicats se font régulièrement l’écho : le nombre de candidats au concours de PH a diminué de 17 % entre 2022 et 2023 et un tiers des postes de PH sont vacants à l’hôpital.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
La réalité virtuelle dans la gestion de la douleur et la rééducation des brûlés
Geneviève Perennou | 26 Août 2024
jim.fr
Les soins des plaies et la rééducation sont des procédures fréquentes dans le traitement des brûlures, souvent accompagnées de douleurs. La distraction est une stratégie non pharmacologique couramment utilisée par les professionnels de santé pour gérer l'anxiété et soulager la douleur. La réalité virtuelle offre une forme de distraction immersive, transportant les patients dans un monde alternatif et sollicitant plusieurs sens.
Cette étude a entrepris une revue systématique et une méta-analyse pour évaluer l'efficacité de la réalité virtuelle (RV) en tant qu'outil non pharmacologique pour soulager la douleur lors des changements de pansements pour brûlures et améliorer les exercices fonctionnels après cicatrisation. Au total, 21 essais impliquant 1 226 participants ont été inclus. Les essais ont utilisé 17 outils différents pour mesurer divers paramètres.
Un effet significatif sur la douleur
Les interventions ont montré une réduction significative de l'intensité de la douleur la plus intense, avec un effet standardisé (SMD) de -1,78 chez les enfants et -0,96 chez les adultes. De plus, l'intensité de l'inconfort lié à la douleur a également diminué (SMD = -0,84 chez les enfants et -0,74 chez les adultes). La RV a significativement augmenté l'intensité de l'expérience ludique chez les adultes (SMD = 1,57), mais cet effet n'a pas été observé chez les enfants (SMD = 0,50 ; p = 0,914).
Une hétérogénéité élevée a été observée dans les résultats (I² allant jusqu'à 98,4 %), suggérant que des facteurs tels que l'âge, l'objectif des interventions RV, et l'utilisation de médicaments analgésiques ont pu influencer les résultats.
Les résultats de cette étude corroborent ceux d'une recherche antérieure de Czech et al. (2022), qui a également constaté que la RV réduit efficacement l'inconfort et améliore l'expérience globale lors des soins aux personnes ayant des brûlures.
Des protocoles à harmoniser
Les résultats de l'étude montrent que les interventions en réalité virtuelle sont prometteuses comme stratégies analgésiques non pharmacologiques pour les soins des plaies et la kinésithérapie chez les patients brûlés. Lorsqu'elles sont utilisées seules ou combinées avec des méthodes traditionnelles, la kinésithérapie enrichie par RV améliore significativement les résultats des patients par rapport aux approches conventionnelles.
La RV réduit l'inconfort et le temps passé à ruminer la douleur lors des soins. L'analyse des sous-groupes révèle des résultats positifs cohérents chez les enfants et les adultes, sauf pour l'augmentation de l'intensité de l'expérience ludique chez les enfants.
En résumé, la RV a démontré son potentiel pour améliorer ces résultats par rapport aux interventions sans RV. Cependant, des biais de publication et des variations méthodologiques doivent être pris en compte lors de l'interprétation des résultats. L'étude souligne la nécessité de normaliser les protocoles d'intervention RV et d'étudier davantage les différences d'âge pour optimiser l'efficacité de ces interventions.
References
Lou J, Li J, Fan Y, et al. Effects of Virtual Reality on Analgesia in Wound Care and Physical Therapy for Burn Patients: A Systematic Review and Meta-analysis. Pain Manag Nurs. 2024 Aug;25(4):377-388. doi: 10.1016/j.pmn.2024.03.002.
______________________
Santé cardiométabolique : les effets protecteurs du cacao
Dominique Baudon, MD, PhD | 26 Août 2024
jim.fr
Les recherches sur la relation entre les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et certaines conditions métaboliques défavorables, telles par exemple l'obésité, le diabète de type 2 et la dyslipidémie, sont importantes pour proposer des stratégies de lutte contre ces maladies.
L'étude de Framingham a été pionnière et constitue la base de la stratification actuelle du risque cardiométabolique qui comprend l'âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC), la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique, la glycémie à jeun ou le diabète de type 2, le cholestérol total, le cholestérol à lipoprotéines de haute densité (HDL-c) et le tabagisme (1).
De nombreuses recherche ont étudié les moyens pour normaliser ces marqueurs et réduire le risque lié aux maladies cardiométaboliques. Certaines de ces interventions impliquent des régimes nutritionnels adéquats qui peuvent avoir un impact positif sur ces indicateurs. En particulier, la consommation d'aliments contenant des substances bioactives, telles que les polyphénols, a été associée à des améliorations des principaux indicateurs de maladies cardiovasculaires (2).
Des effets positifs dans les études épidémiologiques
Theobroma cacao, connu sous le nom de cacao, est un fruit riche en polyphénols, principalement des flavonoïdes, mais aussi en Vit B3, qui ont des effets cardiovasculaires bénéfiques. Divers mécanismes potentiels par lesquels le cacao pourrait améliorer la santé cardiovasculaire ont été suggérés, y compris l'activation de l'oxyde nitrique et des effets antioxydants/anti-inflammatoires. Cela peut expliquer les effets positifs, montrés dans des études épidémiologiques, sur la fonction endothéliale et sur la réduction de la pression artérielle et des marqueurs de résistance à l'insuline et aux lipides sanguins (3).
Cependant, l'impact de la consommation de cacao sur la réduction des marqueurs de risque cardiométabolique (du score de risque de Framingham) n'a pas encore été établi, car les résultats des essais cliniques randomisés (ECR) sont controversés. En outre, la quantité, la fréquence et la forme de l'apport en cacao et en polyphénols qui pourraient fournir ces avantages n'ont pas été précisément établies.
Une revue systématique de la littérature avec méta-analyse
Une équipe de chercheurs Brésiliens a conduit une étude avec pour objectif principal d’évaluer chez des adultes avec et sans comorbidités, l’effet de l'apport alimentaire en cacao sur plusieurs indicateurs (mesures anthropométriques, profils lipidiques et glycémiques). (4) L’hypothèse initiale était que le cacao avait des propriétés phénoliques adéquates pour exercer des effets cardioprotecteurs sur ces indicateurs.
Il s’est agit d’une revue systématique avec méta-analyse d’ECR. Les bases de données utilisées étaient MEDLINE (PubMed), EMBASE, Web of Science, Cochrane, LILACS et SciELO. Le protocole d'étude a été élaboré sur la base des recommandations du PRISMA et de la méthodologie Cochrane pour les revues systématiques.
Les études éligibles étaient des ECR incluant des adultes en bonne santé ou ayant reçu un diagnostic d'hypertension artérielle, et/ou de diabète de type 2, et/ou de dyslipidémie, et/ou de surpoids/obésité, et/ou d’infarctus du myocarde. Ont été exclues, les études avec des sujets ayant reçu des traitements autres que pour des maladies cardiométaboliques, les femmes enceintes et ménopausées, les études sur des affections autres que celles liées à la santé cardiométabolique telles que le cancer.
L’apport en cacao a été le suivant :supplément d'extrait de cacao sous forme de capsules, ou chocolat noir à teneur en cacao de 70 % et plus. La consommation s’est étendue sur un minimum de 4 semaines, avec une durée moyenne de l'intervention de 12 semaines (4 à 24 semaines), et une quantité quotidienne de cacao comprise entre 1,4 et 50,0 grammes.
La comparaison a été faite, (i) avec un groupe placebo, et (ii) avec un groupe consommant du chocolat noir à teneur en cacao inférieur à 70 % ou du chocolat blanc/chocolat au lait.
Les indicateurs de résultats initiaux et de suivi ont été :
Indicateur de l'obésité centrale : le poids corporel (kg), l’IMC (kg/m2), ou le tour de taille ou de l'abdomen (cm).
Autres indicateurs : cholestérol total (mg/dL), LDL-c (mg/dL), triglycérides (mg/dL), HDL-c (mg/dL), glycémie à jeun (mg/dL) avec HbA1c et pression artérielle systolique et diastolique (PAS/PAD).
Le risque de biais des ECR a été évalué à l'aide de l'outil Cochrane risk of bias (RoB) . La force des preuves a été évaluée à l'aide de l'outil Grade of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation (GRADE) qui évalue la confiance dans les estimations de l'effet apparié et classe l'effet du traitement dans une méta-analyse (confiance élevée, modérée, faible et très faible).
Diminution du cholestérol total, du LDL-c , de la glycémie à jeun et de la pression artérielle
Finalement, 31 études ont été incluses, pour un total de 1986 participants, 1 110 (56 %) dans le groupe d'intervention et 876 (44 %) dans le groupe témoin. Parmi elles, 13 ont impliqué des participants en bonne santé ; les autres études comprenaient des sujets avec différentes pathologies (syndrome métabolique, dyslipidémie, hypertension artérielle, diabète de type 2).
La consommation de cacao n'a montré aucun effet sur les indicateurs suivants : poids corporel, IMC, tour de taille ou d’abdomen, triglycérides, HDL-c, HbA1c.
Il a été noté une diminution des : cholestérol total (-8,35 mg/dL [IC à 95 % -14,01 à -2,69]), du LDL-c (-9,47 mg/dL [-13,75 à -5,20]), glycémie à jeun (-4,91 mg/dL [-8,29 à -1,52]), de la PAS (–2,52 mmHg [-4,17 à -0,88]) et de la PAD (-1,58 mmHg [-2,54 à -0,62]).
Ainsi, la consommation de cacao a montré des effets protecteurs sur des marqueurs de risque cardiométabolique qui ont un impact clinique en termes de réduction du risque cardiovasculaire. Les auteurs ont conclu que la consommation de cacao comme complément alimentaire dans des capsules d'extrait de cacao ou des produits au chocolat noir a un effet protecteur sur certains marqueurs de risque cardiométabolique évalués dans cette analyse.
Selon eux, des ECR à long terme et multicentriques bien conçus sont nécessaires « pour confirmer ou réfuter nos conclusions ». En outre, « les effets positifs du cacao doivent être démontrés dans les essais cliniques évaluant les événements cardiovasculaires dans les populations dans le cadre de la prévention primaire et secondaire ».
Compte tenu de ces résultats, les auteurs « suggèrent que la consommation de cacao riche en polyphénol pourrait faire partie d'une stratégie visant à promouvoir la santé cardiovasculaire ».
References
(1) Mahmood SS, Levy D, Vasan RS, Wang TJ. The Framingham Heart Study and the epidemiology of cardiovascular disease: a historical perspective. Lancet. 2014 Mar 15;383(9921):999-1008. doi: 10.1016/S0140-6736(13)61752-3.
(2) Bahramsoltani R, Ebrahimi F, Farzaei MH, et al. Dietary polyphenols for atherosclerosis: A comprehensive review and future perspectives. Crit Rev Food Sci Nutr. 2019;59(1):114-132. doi: 10.1080/10408398.2017.1360244.
(3) Corti R, Flammer AJ, Hollenberg NK, Lüscher TF. Cocoa and cardiovascular health. Circulation. 2009 Mar 17;119(10):1433-41. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.108.827022.
(4) Arisi TOP, da Silva DS, Stein E, et al. Effects of Cocoa Consumption on Cardiometabolic Risk Markers: Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Nutrients. 2024 Jun 18;16(12):1919. doi: 10.3390/nu16121919.
Voici le genre d'étude que j'aime particulièrement. Le résultat se pose comme une prévention des risques. C'est important la prophylaxie...
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Marseille : des étudiants en médecine recalés à cause d’une règle ubuesque
Quentin Haroche | 26 Août 2024
jim.fr
Marseille – 23 étudiants en première année de médecine ont déposé un recours contre une règle d’harmonisation des notes qui les a empêché d’accéder en deuxième année de médecine.
Voilà quatre ans désormais que la réforme de la première année de médecine est entrée en vigueur à la rentrée 2020…et quatre ans qu’elle multiplie les couacs et essuie de virulentes critiques. Redoublement interdit puis autorisé, nombre de places ouvertes en deuxième année peu clair, examens mal organisés, oraux jugés injustes…les polémiques se sont multipliées ces dernières années.
L’université de la Sorbonne a récemment connu un imbroglio juridique concernant l’attribution des places en deuxième année de médecine, qui s’est finalement terminé par une décision du tribunal administratif de Paris le 13 juillet dernier. L’Université d’Aix-Marseille connait actuellement une polémique encore plus ubuesque, qui devrait elle aussi se terminer devant le tribunal.
Rappelons que, depuis la réforme, il existe désormais deux voies d’accès pour ceux qui souhaiteraient embrasser des études de médecine : le parcours d’accès spécifique santé (PASS), sorte de première année classique et une licence d’accès santé (LAS), où les étudiants suivent en majorité un cursus différent de la médecine. Pour l’année universitaire 2023-2024, l’Université d’Aix-Marseille ne comptait ainsi pas moins de 57 LAS différents, dans lesquelles les élèves étudiaient des domaines aussi différents que la biologie, l’histoire ou la géographie…mais avec l’espoir d’entrer en médecine.
Une certaine vision de l’équité
Sur les centaines d’élèves inscrits en LAS, 46 avaient fait le choix de s’inscrire dans une licence IFSI (institut de soins infirmiers), un choix en apparence logique, puisqu’il s’agit d’une des licences les plus proches de la médecine. Une licence exigeante puisque les élèves y ont l’obligation de réaliser 935 heures de stage infirmier dans l’année, soit 24 heures de garde par semaine. Malgré ces contraintes, les élèves de cette licence infirmière se sont surpassés cette année : le dernier élève de la promotion a obtenu 13,5/20 de moyenne.
De quoi, a priori, s’assurer le droit d’entrer en deuxième année de médecine, ou du moins la possibilité de passer les oraux d’admission. C’était sans compter la vision quelque peu particulière que l’Université Aix-Marseille a de l’équité. La direction a en effet décidé de procéder à une « harmonisation » des notes entre les différentes licences afin que des étudiants de toutes les licences, y compris celles sans aucun rapport avec la médecine et dans lesquels les étudiants étaient mal notés, aient une chance d’aller en deuxième année de médecine. Une harmonisation qui a pénalisé les brillants étudiants d’IFSI : seuls huit d’entre eux ont été admis en deuxième année de médecine et huit ont pu passer les oraux.
« Je suis passé de 16,23 de moyenne à 12, cela m’a vraiment fait baisser dans le classement » témoigne un des élèves de la licence IFSI. « J’ai eu 15,5 au premier semestre, on m’a enlevé 5,3 points, je me retrouve à 10,2 points, ce qui ne me laisse aucune chance d’avoir médecine » témoigne une autre. Le 3 juin dernier, les élèves d’IFSI ont manifesté devant l’hôpital de la Timone à Marseille contre cette harmonisation qu’ils jugent injuste et ont adressé une lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, lui demandant d’intervenir.
Mais la direction de la faculté défend sa décision. « Ce système permet d'assurer l'équité entre les 57 mentions de LAS2/LAS3 qui rentrent dans ce processus d'harmonisation, soit une cohorte de 469 étudiants ayant candidaté à l'accès sélectif » leur a répondu le Pr Georges Leonetti, doyen de la faculté d’Aix-Marseille, dans un courrier en date du 5 juin dernier.
Pour faire médecine, mieux vaut un bon infirmier qu’un mauvais historien
Bien décidé à ne pas se voir voler leur rêve de devenir médecin, 23 étudiants d’IFSI, soit la moitié de la promotion, ont saisi le tribunal administratif. « On ne prend pas les meilleurs au concours, mais les meilleures de chaque LAS » résume leur avocat Maître Marc Bellanger. « La licence IFSI est la formation la plus proche des études de médecine et pourtant elle se retrouve pénalisée » ajoute-t-il.
Le système d’harmonisation utilisée par l’Université d’Aix-Marseille aboutit en effet à privilégier des étudiants « médiocres » en histoire ou en philosophie sur de bons élèves en soins infirmiers. La décision du tribunal administratif de Marseille sur cette situation kafkaïenne est attendue pour ce mercredi.
Cet imbroglio administratif met une nouvelle fois en lumière les faiblesses de la réforme PASS/LAS, qui avait pourtant l’ambition de mettre fin au gâchis humain que constituait la première année de médecine et de diversifier les profils dans les études médicales. Récemment, la conférence des doyens a préconisé le retour à un bon vieux concours de fin d’année commun aux étudiants de PASS et de LAS, seul moyen selon eux d’évaluer de manière « juste et lisible » le niveau des élèves. Et de mettre fin aux tambouilles administratives à laquelle se livrent les Universités.
Les réformes c'est comme pour l'informatique : quand tout marche bien, il ne faut toucher à rien.
Geneviève Perennou | 26 Août 2024
jim.fr
Les soins des plaies et la rééducation sont des procédures fréquentes dans le traitement des brûlures, souvent accompagnées de douleurs. La distraction est une stratégie non pharmacologique couramment utilisée par les professionnels de santé pour gérer l'anxiété et soulager la douleur. La réalité virtuelle offre une forme de distraction immersive, transportant les patients dans un monde alternatif et sollicitant plusieurs sens.
Cette étude a entrepris une revue systématique et une méta-analyse pour évaluer l'efficacité de la réalité virtuelle (RV) en tant qu'outil non pharmacologique pour soulager la douleur lors des changements de pansements pour brûlures et améliorer les exercices fonctionnels après cicatrisation. Au total, 21 essais impliquant 1 226 participants ont été inclus. Les essais ont utilisé 17 outils différents pour mesurer divers paramètres.
Un effet significatif sur la douleur
Les interventions ont montré une réduction significative de l'intensité de la douleur la plus intense, avec un effet standardisé (SMD) de -1,78 chez les enfants et -0,96 chez les adultes. De plus, l'intensité de l'inconfort lié à la douleur a également diminué (SMD = -0,84 chez les enfants et -0,74 chez les adultes). La RV a significativement augmenté l'intensité de l'expérience ludique chez les adultes (SMD = 1,57), mais cet effet n'a pas été observé chez les enfants (SMD = 0,50 ; p = 0,914).
Une hétérogénéité élevée a été observée dans les résultats (I² allant jusqu'à 98,4 %), suggérant que des facteurs tels que l'âge, l'objectif des interventions RV, et l'utilisation de médicaments analgésiques ont pu influencer les résultats.
Les résultats de cette étude corroborent ceux d'une recherche antérieure de Czech et al. (2022), qui a également constaté que la RV réduit efficacement l'inconfort et améliore l'expérience globale lors des soins aux personnes ayant des brûlures.
Des protocoles à harmoniser
Les résultats de l'étude montrent que les interventions en réalité virtuelle sont prometteuses comme stratégies analgésiques non pharmacologiques pour les soins des plaies et la kinésithérapie chez les patients brûlés. Lorsqu'elles sont utilisées seules ou combinées avec des méthodes traditionnelles, la kinésithérapie enrichie par RV améliore significativement les résultats des patients par rapport aux approches conventionnelles.
La RV réduit l'inconfort et le temps passé à ruminer la douleur lors des soins. L'analyse des sous-groupes révèle des résultats positifs cohérents chez les enfants et les adultes, sauf pour l'augmentation de l'intensité de l'expérience ludique chez les enfants.
En résumé, la RV a démontré son potentiel pour améliorer ces résultats par rapport aux interventions sans RV. Cependant, des biais de publication et des variations méthodologiques doivent être pris en compte lors de l'interprétation des résultats. L'étude souligne la nécessité de normaliser les protocoles d'intervention RV et d'étudier davantage les différences d'âge pour optimiser l'efficacité de ces interventions.
References
Lou J, Li J, Fan Y, et al. Effects of Virtual Reality on Analgesia in Wound Care and Physical Therapy for Burn Patients: A Systematic Review and Meta-analysis. Pain Manag Nurs. 2024 Aug;25(4):377-388. doi: 10.1016/j.pmn.2024.03.002.
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Santé cardiométabolique : les effets protecteurs du cacao
Dominique Baudon, MD, PhD | 26 Août 2024
jim.fr
Les recherches sur la relation entre les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et certaines conditions métaboliques défavorables, telles par exemple l'obésité, le diabète de type 2 et la dyslipidémie, sont importantes pour proposer des stratégies de lutte contre ces maladies.
L'étude de Framingham a été pionnière et constitue la base de la stratification actuelle du risque cardiométabolique qui comprend l'âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC), la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique, la glycémie à jeun ou le diabète de type 2, le cholestérol total, le cholestérol à lipoprotéines de haute densité (HDL-c) et le tabagisme (1).
De nombreuses recherche ont étudié les moyens pour normaliser ces marqueurs et réduire le risque lié aux maladies cardiométaboliques. Certaines de ces interventions impliquent des régimes nutritionnels adéquats qui peuvent avoir un impact positif sur ces indicateurs. En particulier, la consommation d'aliments contenant des substances bioactives, telles que les polyphénols, a été associée à des améliorations des principaux indicateurs de maladies cardiovasculaires (2).
Des effets positifs dans les études épidémiologiques
Theobroma cacao, connu sous le nom de cacao, est un fruit riche en polyphénols, principalement des flavonoïdes, mais aussi en Vit B3, qui ont des effets cardiovasculaires bénéfiques. Divers mécanismes potentiels par lesquels le cacao pourrait améliorer la santé cardiovasculaire ont été suggérés, y compris l'activation de l'oxyde nitrique et des effets antioxydants/anti-inflammatoires. Cela peut expliquer les effets positifs, montrés dans des études épidémiologiques, sur la fonction endothéliale et sur la réduction de la pression artérielle et des marqueurs de résistance à l'insuline et aux lipides sanguins (3).
Cependant, l'impact de la consommation de cacao sur la réduction des marqueurs de risque cardiométabolique (du score de risque de Framingham) n'a pas encore été établi, car les résultats des essais cliniques randomisés (ECR) sont controversés. En outre, la quantité, la fréquence et la forme de l'apport en cacao et en polyphénols qui pourraient fournir ces avantages n'ont pas été précisément établies.
Une revue systématique de la littérature avec méta-analyse
Une équipe de chercheurs Brésiliens a conduit une étude avec pour objectif principal d’évaluer chez des adultes avec et sans comorbidités, l’effet de l'apport alimentaire en cacao sur plusieurs indicateurs (mesures anthropométriques, profils lipidiques et glycémiques). (4) L’hypothèse initiale était que le cacao avait des propriétés phénoliques adéquates pour exercer des effets cardioprotecteurs sur ces indicateurs.
Il s’est agit d’une revue systématique avec méta-analyse d’ECR. Les bases de données utilisées étaient MEDLINE (PubMed), EMBASE, Web of Science, Cochrane, LILACS et SciELO. Le protocole d'étude a été élaboré sur la base des recommandations du PRISMA et de la méthodologie Cochrane pour les revues systématiques.
Les études éligibles étaient des ECR incluant des adultes en bonne santé ou ayant reçu un diagnostic d'hypertension artérielle, et/ou de diabète de type 2, et/ou de dyslipidémie, et/ou de surpoids/obésité, et/ou d’infarctus du myocarde. Ont été exclues, les études avec des sujets ayant reçu des traitements autres que pour des maladies cardiométaboliques, les femmes enceintes et ménopausées, les études sur des affections autres que celles liées à la santé cardiométabolique telles que le cancer.
L’apport en cacao a été le suivant :supplément d'extrait de cacao sous forme de capsules, ou chocolat noir à teneur en cacao de 70 % et plus. La consommation s’est étendue sur un minimum de 4 semaines, avec une durée moyenne de l'intervention de 12 semaines (4 à 24 semaines), et une quantité quotidienne de cacao comprise entre 1,4 et 50,0 grammes.
La comparaison a été faite, (i) avec un groupe placebo, et (ii) avec un groupe consommant du chocolat noir à teneur en cacao inférieur à 70 % ou du chocolat blanc/chocolat au lait.
Les indicateurs de résultats initiaux et de suivi ont été :
Indicateur de l'obésité centrale : le poids corporel (kg), l’IMC (kg/m2), ou le tour de taille ou de l'abdomen (cm).
Autres indicateurs : cholestérol total (mg/dL), LDL-c (mg/dL), triglycérides (mg/dL), HDL-c (mg/dL), glycémie à jeun (mg/dL) avec HbA1c et pression artérielle systolique et diastolique (PAS/PAD).
Le risque de biais des ECR a été évalué à l'aide de l'outil Cochrane risk of bias (RoB) . La force des preuves a été évaluée à l'aide de l'outil Grade of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation (GRADE) qui évalue la confiance dans les estimations de l'effet apparié et classe l'effet du traitement dans une méta-analyse (confiance élevée, modérée, faible et très faible).
Diminution du cholestérol total, du LDL-c , de la glycémie à jeun et de la pression artérielle
Finalement, 31 études ont été incluses, pour un total de 1986 participants, 1 110 (56 %) dans le groupe d'intervention et 876 (44 %) dans le groupe témoin. Parmi elles, 13 ont impliqué des participants en bonne santé ; les autres études comprenaient des sujets avec différentes pathologies (syndrome métabolique, dyslipidémie, hypertension artérielle, diabète de type 2).
La consommation de cacao n'a montré aucun effet sur les indicateurs suivants : poids corporel, IMC, tour de taille ou d’abdomen, triglycérides, HDL-c, HbA1c.
Il a été noté une diminution des : cholestérol total (-8,35 mg/dL [IC à 95 % -14,01 à -2,69]), du LDL-c (-9,47 mg/dL [-13,75 à -5,20]), glycémie à jeun (-4,91 mg/dL [-8,29 à -1,52]), de la PAS (–2,52 mmHg [-4,17 à -0,88]) et de la PAD (-1,58 mmHg [-2,54 à -0,62]).
Ainsi, la consommation de cacao a montré des effets protecteurs sur des marqueurs de risque cardiométabolique qui ont un impact clinique en termes de réduction du risque cardiovasculaire. Les auteurs ont conclu que la consommation de cacao comme complément alimentaire dans des capsules d'extrait de cacao ou des produits au chocolat noir a un effet protecteur sur certains marqueurs de risque cardiométabolique évalués dans cette analyse.
Selon eux, des ECR à long terme et multicentriques bien conçus sont nécessaires « pour confirmer ou réfuter nos conclusions ». En outre, « les effets positifs du cacao doivent être démontrés dans les essais cliniques évaluant les événements cardiovasculaires dans les populations dans le cadre de la prévention primaire et secondaire ».
Compte tenu de ces résultats, les auteurs « suggèrent que la consommation de cacao riche en polyphénol pourrait faire partie d'une stratégie visant à promouvoir la santé cardiovasculaire ».
References
(1) Mahmood SS, Levy D, Vasan RS, Wang TJ. The Framingham Heart Study and the epidemiology of cardiovascular disease: a historical perspective. Lancet. 2014 Mar 15;383(9921):999-1008. doi: 10.1016/S0140-6736(13)61752-3.
(2) Bahramsoltani R, Ebrahimi F, Farzaei MH, et al. Dietary polyphenols for atherosclerosis: A comprehensive review and future perspectives. Crit Rev Food Sci Nutr. 2019;59(1):114-132. doi: 10.1080/10408398.2017.1360244.
(3) Corti R, Flammer AJ, Hollenberg NK, Lüscher TF. Cocoa and cardiovascular health. Circulation. 2009 Mar 17;119(10):1433-41. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.108.827022.
(4) Arisi TOP, da Silva DS, Stein E, et al. Effects of Cocoa Consumption on Cardiometabolic Risk Markers: Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Nutrients. 2024 Jun 18;16(12):1919. doi: 10.3390/nu16121919.
Voici le genre d'étude que j'aime particulièrement. Le résultat se pose comme une prévention des risques. C'est important la prophylaxie...
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Marseille : des étudiants en médecine recalés à cause d’une règle ubuesque
Quentin Haroche | 26 Août 2024
jim.fr
Marseille – 23 étudiants en première année de médecine ont déposé un recours contre une règle d’harmonisation des notes qui les a empêché d’accéder en deuxième année de médecine.
Voilà quatre ans désormais que la réforme de la première année de médecine est entrée en vigueur à la rentrée 2020…et quatre ans qu’elle multiplie les couacs et essuie de virulentes critiques. Redoublement interdit puis autorisé, nombre de places ouvertes en deuxième année peu clair, examens mal organisés, oraux jugés injustes…les polémiques se sont multipliées ces dernières années.
L’université de la Sorbonne a récemment connu un imbroglio juridique concernant l’attribution des places en deuxième année de médecine, qui s’est finalement terminé par une décision du tribunal administratif de Paris le 13 juillet dernier. L’Université d’Aix-Marseille connait actuellement une polémique encore plus ubuesque, qui devrait elle aussi se terminer devant le tribunal.
Rappelons que, depuis la réforme, il existe désormais deux voies d’accès pour ceux qui souhaiteraient embrasser des études de médecine : le parcours d’accès spécifique santé (PASS), sorte de première année classique et une licence d’accès santé (LAS), où les étudiants suivent en majorité un cursus différent de la médecine. Pour l’année universitaire 2023-2024, l’Université d’Aix-Marseille ne comptait ainsi pas moins de 57 LAS différents, dans lesquelles les élèves étudiaient des domaines aussi différents que la biologie, l’histoire ou la géographie…mais avec l’espoir d’entrer en médecine.
Une certaine vision de l’équité
Sur les centaines d’élèves inscrits en LAS, 46 avaient fait le choix de s’inscrire dans une licence IFSI (institut de soins infirmiers), un choix en apparence logique, puisqu’il s’agit d’une des licences les plus proches de la médecine. Une licence exigeante puisque les élèves y ont l’obligation de réaliser 935 heures de stage infirmier dans l’année, soit 24 heures de garde par semaine. Malgré ces contraintes, les élèves de cette licence infirmière se sont surpassés cette année : le dernier élève de la promotion a obtenu 13,5/20 de moyenne.
De quoi, a priori, s’assurer le droit d’entrer en deuxième année de médecine, ou du moins la possibilité de passer les oraux d’admission. C’était sans compter la vision quelque peu particulière que l’Université Aix-Marseille a de l’équité. La direction a en effet décidé de procéder à une « harmonisation » des notes entre les différentes licences afin que des étudiants de toutes les licences, y compris celles sans aucun rapport avec la médecine et dans lesquels les étudiants étaient mal notés, aient une chance d’aller en deuxième année de médecine. Une harmonisation qui a pénalisé les brillants étudiants d’IFSI : seuls huit d’entre eux ont été admis en deuxième année de médecine et huit ont pu passer les oraux.
« Je suis passé de 16,23 de moyenne à 12, cela m’a vraiment fait baisser dans le classement » témoigne un des élèves de la licence IFSI. « J’ai eu 15,5 au premier semestre, on m’a enlevé 5,3 points, je me retrouve à 10,2 points, ce qui ne me laisse aucune chance d’avoir médecine » témoigne une autre. Le 3 juin dernier, les élèves d’IFSI ont manifesté devant l’hôpital de la Timone à Marseille contre cette harmonisation qu’ils jugent injuste et ont adressé une lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, lui demandant d’intervenir.
Mais la direction de la faculté défend sa décision. « Ce système permet d'assurer l'équité entre les 57 mentions de LAS2/LAS3 qui rentrent dans ce processus d'harmonisation, soit une cohorte de 469 étudiants ayant candidaté à l'accès sélectif » leur a répondu le Pr Georges Leonetti, doyen de la faculté d’Aix-Marseille, dans un courrier en date du 5 juin dernier.
Pour faire médecine, mieux vaut un bon infirmier qu’un mauvais historien
Bien décidé à ne pas se voir voler leur rêve de devenir médecin, 23 étudiants d’IFSI, soit la moitié de la promotion, ont saisi le tribunal administratif. « On ne prend pas les meilleurs au concours, mais les meilleures de chaque LAS » résume leur avocat Maître Marc Bellanger. « La licence IFSI est la formation la plus proche des études de médecine et pourtant elle se retrouve pénalisée » ajoute-t-il.
Le système d’harmonisation utilisée par l’Université d’Aix-Marseille aboutit en effet à privilégier des étudiants « médiocres » en histoire ou en philosophie sur de bons élèves en soins infirmiers. La décision du tribunal administratif de Marseille sur cette situation kafkaïenne est attendue pour ce mercredi.
Cet imbroglio administratif met une nouvelle fois en lumière les faiblesses de la réforme PASS/LAS, qui avait pourtant l’ambition de mettre fin au gâchis humain que constituait la première année de médecine et de diversifier les profils dans les études médicales. Récemment, la conférence des doyens a préconisé le retour à un bon vieux concours de fin d’année commun aux étudiants de PASS et de LAS, seul moyen selon eux d’évaluer de manière « juste et lisible » le niveau des élèves. Et de mettre fin aux tambouilles administratives à laquelle se livrent les Universités.
Les réformes c'est comme pour l'informatique : quand tout marche bien, il ne faut toucher à rien.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Les cadres de direction dans le public perçoivent plus de 7 000 euros nets
Jean-Bernard Gervais | Publié 5 août 2024
Univadis
Dans son dernier rapport « Les Établissements de santé en 2022 », la Direction de la recherche de l'évaluation et des statistiques (Drees) fait un focus sur les salaires versés dans les établissements de santé, publics, privés lucratifs et privés non lucratifs. Bonne nouvelle pour les professionnels de santé, ils ont fortement augmenté en 2019 (+6,4 %) et en 2020 (4,5 %). Si bien qu'en 2021, le salaire moyen net dans le secteur hospitalier (tous secteurs confondus) s'élève à 2 604 euros. Cette hausse des salaires entre 2020 et 2021 est due principalement aux accords de revalorisation salariale, dits Ségur de la santé, signés en juillet 2020.
Ségur de la santé
Comme le rappelle la Drees, le personnel non médical hospitalier a bénéficié d'un « complément de traitement indiciaire » de 183 euros net mensuels pour le secteur public et privé non lucratif, et de 160 euros pour le secteur privé lucratif à partir de décembre 2020. Les médecins hospitaliers publics ont pour leur part obtenu une revalorisation de leur indemnité d'engagement de service public exclusif portée à 700 euros à compter de septembre 2020, puis de 1 010 euros bruts mensuels à partir de décembre 2021.
Moins de 6 000 euros pour le personnel médical
Ainsi, le personnel médical (qui comprend les médecins, les sages-femmes, mais aussi les chirurgiens-dentistes) a perçu en 2021 un salaire moyen net de 5 784 euros. Mais il faut distinguer le salaire moyen net des sages-femmes de l'ordre de 3 025 euros de celui des autres professionnels médicaux, qui s'élève à 6 216 euros. La rémunération moyenne nette des personnels soignants non médicaux (infirmiers, aides-soignants…) est de 2 309 euros, celle du personnel technique de 2 477 euros, celle du personnel administratif de 2 219 euros et celle du personnel ouvrier de 2 186 euros. Les cadres de direction affichaient en 2021 un salaire net moyen de 7 392 euros et les cadres de gestion de 4 177 euros.
Salaires plus élevés dans le public
Cependant, les salaires nets moyens varient en fonction des secteurs : ils ont tendance à être plus élevés dans le secteur public que dans le privé. « En 2021, le salaire mensuel net s’établit en moyenne à 2 665 euros dans le secteur public, à 2 561 euros dans le secteur privé à but non lucratif et à 2 241 euros dans le secteur privé à but lucratif », établit la Drees. Par catégorie de personnel, le salaire net moyen du personnel médical est moins élevé dans le secteur public (5 813 euros) que dans le secteur privé non lucratif (6 149 euros). C'est néanmoins dans le secteur privé lucratif que le salaire net moyen du personnel médical est le plus faible (4 738 euros). Néanmoins, dans les cliniques, les médecins exercent majoritairement en libéral et les salaires versés sont souvent couplés avec des revenus libéraux.
Écarts de salaire importants dans le privé
Les écarts de salaires, mesurés par le rapport entre les 10 % de salaires les plus élevés et les 10% de salaire les moins élevés (dit rapport interdécile), sont plus importants dans le secteur privé non lucratif (2,6), suivis par les secteurs privé lucratif (2,3) et public (2,2). La Drees ajoute que « c’est parmi les professions les plus qualifiées que les salaires sont les plus dispersés : le rapport interdécile pour le personnel médical est de 3,0 chez les salariés des hôpitaux publics et de 3,7 à 5,1 chez ceux du secteur privé (respectivement non lucratif et lucratif) ; il s’élève à 3,3 pour les cadres de gestion dans les hôpitaux publics, à 2,4 dans le secteur privé à but non lucratif, et à 2,6 dans le secteur privé à but lucratif ».
Progression des salaires
La progression des salaires avec l'âge est moindre dans le secteur privé que dans le secteur public : le salaire net moyen d'un salarié de moins de 30 ans du secteur public est de 1 976 euros pour finir à 2 746 euros pour les plus de 60 ans. Pour le privé à but non lucratif, on passe de 2 001 euros à 2 725 euros, et dans le privé lucratif de 1 986 euros à 2 484 euros.
Pas de parité
La parité n'est pas non plus à l'ordre du jour : le salaire net moyen des femmes est inférieur de 20,9 % à celui des hommes dans le secteur hospitalier (de 20,2 % dans les hôpitaux publics, de 25,0 % dans les établissements privés à but non lucratif et de 16,6 % dans les cliniques privées). Selon la Drees, cet écart de rémunération s'explique par la nature des emplois occupés : « 17,2 % des hommes occupent des postes de la filière médicale – la mieux rémunérée – contre 6,6 % des femmes seulement (dont un peu moins d’un quart en tant que sages-femmes). Les femmes exercent plus souvent des emplois de la filière soignante : 29,4 % d’entre elles sont infirmières et 34,6 % sont aides-soignantes ou agentes des services hospitaliers, contre respectivement 17,0 % et 20,9 % des hommes. »
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La variole du singe se transmet-elle par gouttelette ?
Quentin Haroche | 28 Août 2024
jim.fr
Genève – L’OMS a indiqué que le virus de la variole du singe pouvait se transmettre par gouttelettes, relançant un vieux débat sur la manière dont se transmettent les agents pathogènes.
La variole du singe (ou mpox) a été découverte en 1958 (le premier cas humain a été décrit en 1970) et pourtant ce virus reste encore relativement méconnu. Il faut dire qu’avant l’épidémie de 2022 en Occident, le virus était majoritairement cantonné à l’Afrique (et les scientifiques occidentaux ont parfois la fâcheuse tendance à se désintéresser de cette partie du monde). L’épidémie d’il y a deux ans, et celle qui touche actuellement l’Afrique centrale et qui a poussé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclenché l’état d’urgence internationale il y a deux semaines, ont poussé les scientifiques à s’intéresser à ce virus et notamment à son mode de transmission.
On se souvient qu’en 2022, le fait que de nombreux hommes homosexuels soient touchés par le virus avait permis de comprendre qu’il était transmissible par voie sexuelle (même si cela a été très discuté dans la communauté scientifique). Ce mardi, le Dr Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, a indiqué que le virus de la variole du singe pouvait également se transmettre par des gouttelettes, bien que cela constituait une voie de transmission « mineure ».
Quand l’OMS refusait de croire que le SARS-Cov-2 se transmettait par les airs
Selon l’agence onusienne, le virus de la variole du singe se transmet essentiellement par contact étroit, notamment lors de rapport sexuel. Mais « si vous parlez à quelqu'un de près, si vous respirez sur lui, si vous êtes physiquement proche de lui, il est possible que les gouttelettes, si vous avez des lésions, se propagent à quelqu'un d'autre » a expliqué, de manière un peu floue, la porte-parole de l’OMS lors d’une conférence de presse au siège de l’institution.« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement la dynamique de la transmission » a-t-elle ajouté.
Qui dit transmission des gouttelettes dit potentielle contamination des surfaces. L’OMS estime ainsi que si une personne qui présente des coupures ou des abrasions ou qui se touche ensuite des muqueuses sans se laver les mains, touche une surface qui a été touchée par une personne porteuse du virus, elle peut être contaminée à son tour.
L’agence onusienne recommande donc le nettoyage des surfaces et des objets et un lavage minutieux des mains en présence d’une personne contaminée. En France, depuis l’épidémie de 2022, il est recommandé de laver minutieusement le domicile de toute personne contaminée. Concernant le masque, l’OMS le recommande pour les professionnels de santé et toute personne en contact avec un malade, mais le juge (pour le moment) inutile en population générale.
Des interrogations et des atermoiements qui rappellent les grandes heures de la pandémie de Covid-19. Au début de la crise en 2020, l’OMS considérait que le SARS-Cov-2 ne pouvait se transmettre que par gouttelettes et jugeait que ceux qui prétendaient que le virus pouvait se transmettre par les airs répandaient de « fausses informations ».
L’OMS recommandait donc de respecter des distances de sécurité, de se laver les mains et de laver les surfaces (recommandations qui ont été suivies par des milliard d’être humains) et a, pendant plusieurs mois, jugé inutile le port généralisé du masque en population. Il aura fallu attendre le 30 avril 2021 pour que l’OMS reconnaisse timidement son erreur et accepte que le SARS-Cov-2 puisse se transmettre par les airs. Entre temps, de nombreux pays (dont la France) avaient déconseillé le port du masque en population générale…avant de le rendre obligatoire.
L’Espagne envoie 500 000 doses en Afrique
En avril dernier, après deux ans et demi de travaux, un groupe d’experts réuni par l’OMS avait finalement décidé d’abandonner la vieille distinction entre les agents pathogènes se transmettant par gouttelette et ceux se transmettant par les airs. L’OMS distingue désormais les maladies se transmettant par « transmission aéroportée » ou « inhalation » de celles se transmettant par « déposition directe ».
L’épidémie actuelle de variole du singe, portée par le nouveau variant clade 1b, est pour le moment cantonnée en Afrique centrale, où l’on compte depuis le début de l’année 19 000 cas et plus de 550 morts. Ce lundi, le directeur général de l’OMS le Dr Thedros Ghebreyesus a assuré que « l’épidémie pouvait être maitrisée et stoppée » si la communauté internationale s’en donnait les moyens. Il estime ainsi l’investissement nécessaire pour stopper la propagation du virus à 135 millions de dollars sur les six prochains mois. L’OMS va donc lancer un appel aux dons auprès des Etats et de ses partenaires.
En attendant, les pays occidentaux multiplient les promesses d’envoi de vaccins vers l’Afrique. Ce mardi, le gouvernement espagnol a annoncé qu’il allait envoyer 500 000 doses, soit 20 % de sa réserve de vaccins contre la variole du singe, aux pays d’Afrique centrale et a exhorté ses partenaires européens à faire de même. Il ne sert à rien de « garder les vaccins là où il n’y a pas de problèmes » a expliqué le ministère de la santé espagnol.
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Les Padhue attendent toujours un décret pour travailler
La loi Valletoux du 27 décembre 2023 prévoyait de permettre d’accorder une autorisation d’exercice provisoire de deux ans, appelé PACT, aux médecins à diplôme non européen (PADHUE) qui n’avaient pas validé l’épreuve de validation des connaissances (EVC). Huit mois plus tard, le décret d’application n’a toujours pas été pris et les PADHUE s’impatientent. Dans une tribune publiée ce mardi, le Dr Christophe Prudhomme, syndicaliste CGT, appelle le gouvernement à mettre fin à cette « situation inacceptable » alors que de nombreux hôpitaux manquent de bras et ont besoin de cette main d’œuvre étrangère.
Ce qui est drôle, ou pathétique selon, c'est que ces mêmes padhue se permettent d'être hostiles à la pratique avancée des IADE. Ingérence ou atavisme médical de se mêler des affaires des autres ?
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Violence contre les soignants : les syndicats appellent l’Etat à un sursaut
Quentin Haroche | 28 Août 2024
jim.fr
Marseille – L’agression d’une généraliste dans son cabinet a suscité l’émoi chez les médecins. Les syndicats demandent au gouvernement des mesures d’urgence.
« Il y aura un avant et un après ». Le Dr Said Ouichou espère que du bon peut sortir du pire des drames. Le généraliste marseillais avait organisé jeudi dernier une manifestation de soutien à une de ses consœurs victime d’une agression. La jeune généraliste de 35 ans, installée depuis à peine un mois dans les quartiers nord de Marseille, a été rouée de coups le 12 août dernier dans son cabinet par deux de ses patientes, au simple motif qu’elle refusait de leur délivrer une ordonnance pour une tierce personne.
Ce jeudi, ce sont une centaine de médecins, élus locaux mais également simples citoyens qui se sont réunis dans les rues de la cité phocéenne pour exprimer leur solidarité avec la victime de cette agression.
« Je suis agréablement surpris par le soutien qui a été apporté » commente le Dr Ouichou.« C’était très émouvant. Les habitants du 15eont répondu présent. C’était pour nous très important d’avoir cette prise de conscience de la part des habitants. La mobilisation s’est déroulée sans aucune fausse note, tout le monde était d’accord pour dire que ça ne va pas et qu’il faut faire quelque chose ». Le Dr Ouichou se sent particulièrement touché par la question : lui-même avait dû fermer son cabinet dans les quartiers nord il y a deux ans après avoir été victime de plusieurs agressions.
Des médecins menacent de porter plainte contre l’Etat
L’agression de cette généraliste a ému bien au-delà de Marseille. Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a réitéré son « soutien indéfectible aux médecins victimes de violence » tandis que l’ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo a également fait part de sa solidarité. Mais l’émotion a rapidement laissé place à la colère. Près d’un an après que le gouvernement ait présenté un plan comprenant diverses mesures pour améliorer la sécurité des soignants (mise en place de dispositifs d’alerte, facilitation des dépôts de plainte, formation des soignants…), les syndicats estiment que l’Etat n’en fait pas assez pour protéger les professionnels de santé.
« Faut-il attendre un drame pour que de vrais mesures soient prises ? » s’interroge ainsi le collectif pour une médecine libre et indépendante (Comeli) dans un communiqué publié jeudi dernier en marge de la manifestation de soutien à la généraliste agressée. Les médecins dénoncent « la banalisation et la répétition de faits similaires » et appellent à « de vraies mesures de l’Etat ». Tout en saluant le soutien exprimé par le CNOM, ils reprochent un certain immobilisme à l’institution et lui demandent de s’associer systématiquement aux plaintes des soignants.
Dans le détail, ils appellent de leur vœux l’adoption définitive d’une proposition de loi déposée par la droite en janvier, qui prévoyait notamment que l’employeur pourrait porter plainte à la place du soignant. La loi avait été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée Nationale en mars mais n’a pas encore été examinée par le Sénat. Si rien n’est fait, le collectif menace de « porter plainte contre un Etat incapable d’assurer notre protection ».
Les syndicats unis contre la violence faite aux soignants
Signe de l’importance de la situation et du ras-le-bol des médecins, la totalité des syndicats de médecins libéraux (CSMF, MG France, Avenir Spé-Le Bloc, UFML, FMF, SML) ainsi que les syndicats d’internes et de jeunes médecins (ISNI, Jeunes Médecins, Reagjir) et le collectif Médecins pour demain ont publié ce mardi un communiqué commun pour dénoncer « une situation alarmante et inacceptable ».
Les syndicats rappellent ainsi que les violences contre les soignants sont en augmentation, avec une hausse de 23 % des incidents rapportés au CNOM entre 2022 et 2021 (même si l’on ne peut pas exclure que cela soit dû à un taux de déclaration plus élevé).
« Il est impératif que les autorités gouvernementales prennent des mesures urgentes pour les protéger »écrivent les syndicats. « Le renforcement de la sécurité dans les établissements de santé publics, privés et les cabinets libéraux, l'application de sanctions exemplaires contre les agresseurs, et la mise en place de campagnes de sensibilisation sont des actions nécessaires mais pas suffisantes pour garantir la sécurité des soignants ». Pour les syndicats, l’apparente hausse de la violence contre les soignants n’est que la conséquence de la crise du système de santé.
« Le manque de volonté d’investissement dans la santé entraîne une pénurie de soignants et par conséquent des délais de consultations allongés, une pénurie de médicaments, un manque de lits à l’hôpital, tout cela provoquant inexorablement une montée de l’agressivité » peut-on lire dans le communiqué. « Les médecins ne peuvent payer le tribut du délabrement du système de santé tout en le subissant de plein fouet ».
A Marseille, la généraliste agressée n’a toujours pas repris ses consultations et hésite à fermer son cabinet. « Elle m’a dit qu’elle réfléchissait encore, cela dépendra sûrement des moyens qui seront mis en place, mais j’espère de tout cœur qu’elle reviendra » confie le Dr Ouichou. Une de ses agresseuses présumées a été interpellée ce lundi et devrait être jugée en comparution immédiate rapidement.
A lire l'article de la SOFIA sur la violence sur personnel de santé
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Gaz hilarant : le nombre d’accidents explose
Raphaël Lichten | 28 Août 2024
jim.fr
Paris, le mercredi 28 août 2024 — Devenu de plus en plus fréquent dans les soirées françaises, mais aussi au sein des foyers, le protoxyde d’azote (aussi appelé gaz hilarant) est devenu l’un des stupéfiants les plus consommés en France.
Selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), le gaz hilarant est devenu l’un des produits stupéfiants préférés des Français, juste derrière le cannabis et le poppers. En effet, en 2023, 6,7 % des adultes (le plus souvent de moins de 35 ans) ont consommé du protoxyde d’azote. Parallèlement, 11,7 % des 18 – 24 ans et 12,5 % des 25 – 34 ans l’ont déjà essayé au moins une fois dans leur vie.
Des consommateurs aux jambes paralysées
Le protoxyde d’azote, qui est parfaitement légal à la vente, est utilisé à des fins récréatives à l’aide de bonbonnes ou de cartouche, et provoque un sentiment d’euphorie et des distorsions sensorielles. Les effets ne durent que quelques minutes à peine, et pourtant, les conséquences peuvent être particulièrement graves. « Des complications en lien avec l’usage détourné de protoxyde d’azote sont rapportées dès les années 1990 », raconte ainsi le directeur de l’OFDT, Guillaume Airagnes.
Elles concernent surtout les usagers réguliers, comme Chaïma, une jeune fille de 27 ans interrogée par nos confrères du Parisien, qui a temporairement perdu l’usage de ses jambes après une très lourde consommation quotidienne et qui a duré plusieurs années. « J’ai consommé du gaz hilarant à très forte dose. Je me faisais livrer des cartons entiers par un dealer trouvé sur Snapchat. J’en consommais un par jour, c’est-à-dire six bonbonnes de 666 g, parfois douze », raconte-t-elle aux journalistes du Parisien. « Je ne faisais que ça de la journée. Quoi qu’on en dise, c’est une drogue, ça rend accro ! ».
Vertiges, chutes, brûlures par le froid…
Plus largement, les risques liés à la consommation du protoxyde d’azote tournent essentiellement autour du manque d’oxygène, des brûlures par le froid, des pertes de connaissance, des vertiges et des chutes. Mais l’utilisation répétée peut aussi entraîner des atteintes neurologiques graves, parfois irréversibles.
Des conséquences d’autant plus inquiétantes que le stupéfiant est de plus en plus consommé en France. « Nous avions moins de 10 notifications par an avant 2018 », explique ainsi la Pr Caroline Victorri-Vigneau, responsable du réseau national d’addictovigilance. « Nous avons atteint les 350 par an en 2021-2022 et maintenant, nous sommes à plus de 450. Les sujets ont en moyenne 22 ans et moins d’un sur 10 est mineur », détaille-t-elle.
La professeure indique d’ailleurs que si l’usage était essentiellement festif initialement, il a eu tendance à se transformer. « On voit aussi de plus en plus de cas où l’effet recherché est de fuir la réalité », affirme-t-elle. La majorité (75 %) des accidents graves implique d’ailleurs des bonbonnes de 15 kg appelées « réservoirs », qui permettent de remplir jusqu’à… 2000 ballons.
A lire l'article de la SOFIA sur le protoxyde d'azote
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Infirmières temporaires : le manque de personnel reste mortel
Geneviève Perennou | 29 Août 2024
jim.fr
Une étude de cohorte s’est penchée sur l'influence de la composition des équipes soignantes sur le risque de décès des patients en soins aigus. Elle met en évidence plusieurs associations significatives entre les caractéristiques du personnel soignant et le risque de mortalité.
Bien que de nombreuses recherches soulignent l'impact positif d'un effectif hospitalier suffisant d'infirmiers diplômés d'État (IDE) sur la mortalité des patients et la satisfaction du personnel, d'autres facteurs tels que la composition, les compétences et l'expérience de l'équipe soignante influencent également la sécurité et l'efficacité des soins. La littérature scientifique a démontré qu'une proportion moindre d'IDE est généralement associée à des résultats moins favorables pour les patients, sans pour autant réduire les coûts, tandis que le recours au personnel intérimaire, bien que courant, présente des risques liés à la familiarité réduite avec l'environnement de soins.
Plus de 600 000 admissions étudiées
Une étude de cohorte s’est penchée sur l'influence de la composition des équipes soignantes sur le risque de mortalité des patients hospitalisés en soins aigus. Les données de 626 313 admissions (185 unités de soins de 4 trusts du NHS en Grande-Bretagne, dont 319 518 personnes âgées ≥ 65 ans [51,0 %], et 55,6 % de femmes) ont été incluses dans cette recherche.
Le risque de décès était accru lorsque les patients étaient exposés à un sous-effectif infirmier (rapport de risque ajusté [aHR], 1,08 ; IC à 95 % 1,07-1,09) et aide-soignant (aHR, 1,07 ; IC à 95 %, 1,06-1,08). Une augmentation de 10 % de la proportion d'infirmiers temporaires était associée à une augmentation de 2,3 % du risque de décès, sans différence entre le personnel d'agence (aHR, 1,023 ; IC à 95 %, 1,01-1,04) et le personnel hospitalier roulant (aHR, 1,02 ; IC à 95 %, 1,01-1,04). Parallèlement, une augmentation de 10 % de la proportion d’AS d'agence était associée à une augmentation de 4 % du risque de décès (aHR, 1,04 ; IC à 95 %, 1,02-1,06).
Cette étude de cohorte montre que la présence d’un faible effectif est associée à un risque de décès des patients nettement plus élevé. La présence d’infirmières et d’aides-soignantes plus expérimentées est associée à une réduction de ce risque. Cette recherche a également examiné les équilibres entre un faible effectif et la présence de personnel temporaire. Bien que les avantages d'un effectif suffisant soient plus importants que les risques liés au personnel temporaire, les bénéfices d'un effectif plus important sont alors réduits. Dans le cas des AS intérimaires employées par des agences, ces bénéfices sont même négligeables.
Ce travail présente plusieurs points forts, notamment l'utilisation de données longitudinales objectives pour examiner l'association entre la variation de l'effectif et le risque de décès, ainsi que l'inclusion de nombreuses unités de soins diversifiées. Cependant, l'étude a des limites, comme l'impossibilité d'établir une relation de cause à effet en raison de son caractère observationnel. L'utilisation de l'effectif moyen observé comme référence est influencée par des facteurs autres que les besoins des patients.
Dans cette étude de cohorte, une augmentation statistiquement significative du risque de décès est observée chez les patients les jours de sous-effectif infirmier ou lors de la présence de proportions élevées de personnel temporaire. Lorsque le sous-effectif était évité grâce à l'utilisation de personnel temporaire, le risque était réduit mais restait élevé par rapport au niveau de référence. Ces résultats suggèrent que le risque de décès associé à un sous-effectif infirmier n'est que partiellement atténué par l'utilisation de personnel temporaire pour combler les pénuries.
References
Griffiths P, Saville C, Ball J, et al ; Workforce Health Outcomes Study Group. Nursing Team Composition and Mortality Following Acute Hospital Admission. JAMA Netw Open. 2024 Aug 1;7(8):e2428769. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.28769.
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Anaphylaxie : une mise à jour des recommandations pour la pratique
Pr Guy Dutau | 29 Août 2024
jim.fr
Plusieurs estimations montrent que l'anaphylaxie est de plus en plus fréquente, en particulier chez les enfants, mais, fort heureusement le nombre de décès par anaphylaxie n'excède pas 1 à 2 % des anaphylaxies sévères. Depuis plusieurs années des recommandations internationales précises ont été publiées (1-4), en particulier sur l'utilisation des stylos auto-injecteurs d'adrénaline, mais elles sont loin d'être toujours fidèlement suivies. L'article de Golden et coll. vient à point nommé pour mettre à jour ces recommandations. Il se concentre sur 7 domaines dans lesquels il existe de nouvelles preuves. (5)
Des critères diagnostiques révisés
Les critères diagnostiques de l'anaphylaxie ont été révisés et les modes de présentation de d'anaphylaxie sont définis. De plus, la tryptase sérique doit être mesurée chez les patients présentant des antécédents d'anaphylaxie récurrente, idiopathique ou sévère, d'anaphylaxie au venin d'hyménoptère ou avec une mastocytose suspectée. Elle est importante pour le diagnostic de l’anaphylaxie et pour identifier les anomalies sous-jacents des mastocytes.
Quelques points particuliers doivent être soulignés : I) chez les nourrissons et les jeunes enfants, les symptômes spécifiques à l'âge peuvent différer de ceux des enfants plus âgés et des adultes ; II) l'âge du patient n'est pas corrélé à la gravité de la réaction ; III) même si l'anaphylaxie peut inaugurer l'allergie, il est peu probable que l'anaphylaxie soit la réaction initiale à un allergène lors de la première exposition.
Différents contextes communautaires nécessitent des mesures spécifiques pour la prévention et le traitement de l'anaphylaxie
La prescription et l'utilisation optimales des dispositifs d'adrénaline auto-injectable nécessitent des conseils et une formation spécifiques des patients, de l'entourage et des soignants, y compris quand et comment administrer l'auto-injecteur d'adrénaline et si ou quand il faut appeler les numéros des urgences (15 ou autres numéros d'unités spécialisées). Si l'adrénaline est utilisée rapidement, l'activation immédiate des services médicaux d'urgence peut ne pas être nécessaire, si la réponse du patient est rapide, complète et durable.
Bêtabloquant et inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine
Les bêtabloquants et les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine ont été précédemment considérés comme contre-indiqués chez les patients à haut risque d'anaphylaxie en raison du risque accru d'anaphylaxie sévère. Cependant, pour la plupart des indications médicales, le risque d'arrêt ou de changement de traitement par un bêtabloquant ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine peut dépasser le risque d'anaphylaxie plus grave si le traitement est poursuivi, en particulier chez les patients présentant une anaphylaxie par piqûre d'insecte.
La recherche d'une mastocytose, y compris par une biopsie de la moelle osseuse, doit être envisagée chez les patients adultes présentant une anaphylaxie grave par piqûre d'insecte ou une anaphylaxie idiopathique récidivante.
Après une anaphylaxie périopératoire, une nouvelle anesthésie doit résulter d'une prise de décision partagée, en fonction des antécédents et des résultats de l'évaluation diagnostique avec des tests cutanés ou des tests in vitro lorsqu'ils sont disponibles, y compris, si cela est nécessaire, un test de provocation en milieu spécialisé.
References
Weiler CR, Schrijvers R, Golden DBK. Anaphylaxis: Advances in the Past 10 Years. J Allergy Clin Immunol Pract. 2023 Jan;11(1):51-62. doi: 10.1016/j.jaip.2022.09.019.
Lieberman P, Nicklas RA, Randolph C, et al. Anaphylaxis--a practice parameter update 2015. Ann Allergy Asthma Immunol. 2015 Nov;115(5):341-84. doi: 10.1016/j.anai.2015.07.019.
Shaker MS, Wallace DV, Golden DBK, et al. Anaphylaxis-a 2020 practice parameter update, systematic review, and Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluation (GRADE) analysis. J Allergy Clin Immunol. 2020 Apr;145(4):1082-1123. doi: 10.1016/j.jaci.2020.01.017.
Dribin TE, Schnadower D, Wang J, et al. Anaphylaxis knowledge gaps and future research priorities: A consensus report. J Allergy Clin Immunol. 2022 Mar;149(3):999-1009. doi: 10.1016/j.jaci.2021.07.035.
Golden DBK, Wang J, Waserman S, Akin C, et al. Anaphylaxis: A 2023 practice parameter update. Ann Allergy Asthma Immunol. 2024 Feb;132(2):124-176. doi: 10.1016/j.anai.2023.09.015.
Jean-Bernard Gervais | Publié 5 août 2024
Univadis
Dans son dernier rapport « Les Établissements de santé en 2022 », la Direction de la recherche de l'évaluation et des statistiques (Drees) fait un focus sur les salaires versés dans les établissements de santé, publics, privés lucratifs et privés non lucratifs. Bonne nouvelle pour les professionnels de santé, ils ont fortement augmenté en 2019 (+6,4 %) et en 2020 (4,5 %). Si bien qu'en 2021, le salaire moyen net dans le secteur hospitalier (tous secteurs confondus) s'élève à 2 604 euros. Cette hausse des salaires entre 2020 et 2021 est due principalement aux accords de revalorisation salariale, dits Ségur de la santé, signés en juillet 2020.
Ségur de la santé
Comme le rappelle la Drees, le personnel non médical hospitalier a bénéficié d'un « complément de traitement indiciaire » de 183 euros net mensuels pour le secteur public et privé non lucratif, et de 160 euros pour le secteur privé lucratif à partir de décembre 2020. Les médecins hospitaliers publics ont pour leur part obtenu une revalorisation de leur indemnité d'engagement de service public exclusif portée à 700 euros à compter de septembre 2020, puis de 1 010 euros bruts mensuels à partir de décembre 2021.
Moins de 6 000 euros pour le personnel médical
Ainsi, le personnel médical (qui comprend les médecins, les sages-femmes, mais aussi les chirurgiens-dentistes) a perçu en 2021 un salaire moyen net de 5 784 euros. Mais il faut distinguer le salaire moyen net des sages-femmes de l'ordre de 3 025 euros de celui des autres professionnels médicaux, qui s'élève à 6 216 euros. La rémunération moyenne nette des personnels soignants non médicaux (infirmiers, aides-soignants…) est de 2 309 euros, celle du personnel technique de 2 477 euros, celle du personnel administratif de 2 219 euros et celle du personnel ouvrier de 2 186 euros. Les cadres de direction affichaient en 2021 un salaire net moyen de 7 392 euros et les cadres de gestion de 4 177 euros.
Salaires plus élevés dans le public
Cependant, les salaires nets moyens varient en fonction des secteurs : ils ont tendance à être plus élevés dans le secteur public que dans le privé. « En 2021, le salaire mensuel net s’établit en moyenne à 2 665 euros dans le secteur public, à 2 561 euros dans le secteur privé à but non lucratif et à 2 241 euros dans le secteur privé à but lucratif », établit la Drees. Par catégorie de personnel, le salaire net moyen du personnel médical est moins élevé dans le secteur public (5 813 euros) que dans le secteur privé non lucratif (6 149 euros). C'est néanmoins dans le secteur privé lucratif que le salaire net moyen du personnel médical est le plus faible (4 738 euros). Néanmoins, dans les cliniques, les médecins exercent majoritairement en libéral et les salaires versés sont souvent couplés avec des revenus libéraux.
Écarts de salaire importants dans le privé
Les écarts de salaires, mesurés par le rapport entre les 10 % de salaires les plus élevés et les 10% de salaire les moins élevés (dit rapport interdécile), sont plus importants dans le secteur privé non lucratif (2,6), suivis par les secteurs privé lucratif (2,3) et public (2,2). La Drees ajoute que « c’est parmi les professions les plus qualifiées que les salaires sont les plus dispersés : le rapport interdécile pour le personnel médical est de 3,0 chez les salariés des hôpitaux publics et de 3,7 à 5,1 chez ceux du secteur privé (respectivement non lucratif et lucratif) ; il s’élève à 3,3 pour les cadres de gestion dans les hôpitaux publics, à 2,4 dans le secteur privé à but non lucratif, et à 2,6 dans le secteur privé à but lucratif ».
Progression des salaires
La progression des salaires avec l'âge est moindre dans le secteur privé que dans le secteur public : le salaire net moyen d'un salarié de moins de 30 ans du secteur public est de 1 976 euros pour finir à 2 746 euros pour les plus de 60 ans. Pour le privé à but non lucratif, on passe de 2 001 euros à 2 725 euros, et dans le privé lucratif de 1 986 euros à 2 484 euros.
Pas de parité
La parité n'est pas non plus à l'ordre du jour : le salaire net moyen des femmes est inférieur de 20,9 % à celui des hommes dans le secteur hospitalier (de 20,2 % dans les hôpitaux publics, de 25,0 % dans les établissements privés à but non lucratif et de 16,6 % dans les cliniques privées). Selon la Drees, cet écart de rémunération s'explique par la nature des emplois occupés : « 17,2 % des hommes occupent des postes de la filière médicale – la mieux rémunérée – contre 6,6 % des femmes seulement (dont un peu moins d’un quart en tant que sages-femmes). Les femmes exercent plus souvent des emplois de la filière soignante : 29,4 % d’entre elles sont infirmières et 34,6 % sont aides-soignantes ou agentes des services hospitaliers, contre respectivement 17,0 % et 20,9 % des hommes. »
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La variole du singe se transmet-elle par gouttelette ?
Quentin Haroche | 28 Août 2024
jim.fr
Genève – L’OMS a indiqué que le virus de la variole du singe pouvait se transmettre par gouttelettes, relançant un vieux débat sur la manière dont se transmettent les agents pathogènes.
La variole du singe (ou mpox) a été découverte en 1958 (le premier cas humain a été décrit en 1970) et pourtant ce virus reste encore relativement méconnu. Il faut dire qu’avant l’épidémie de 2022 en Occident, le virus était majoritairement cantonné à l’Afrique (et les scientifiques occidentaux ont parfois la fâcheuse tendance à se désintéresser de cette partie du monde). L’épidémie d’il y a deux ans, et celle qui touche actuellement l’Afrique centrale et qui a poussé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclenché l’état d’urgence internationale il y a deux semaines, ont poussé les scientifiques à s’intéresser à ce virus et notamment à son mode de transmission.
On se souvient qu’en 2022, le fait que de nombreux hommes homosexuels soient touchés par le virus avait permis de comprendre qu’il était transmissible par voie sexuelle (même si cela a été très discuté dans la communauté scientifique). Ce mardi, le Dr Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, a indiqué que le virus de la variole du singe pouvait également se transmettre par des gouttelettes, bien que cela constituait une voie de transmission « mineure ».
Quand l’OMS refusait de croire que le SARS-Cov-2 se transmettait par les airs
Selon l’agence onusienne, le virus de la variole du singe se transmet essentiellement par contact étroit, notamment lors de rapport sexuel. Mais « si vous parlez à quelqu'un de près, si vous respirez sur lui, si vous êtes physiquement proche de lui, il est possible que les gouttelettes, si vous avez des lésions, se propagent à quelqu'un d'autre » a expliqué, de manière un peu floue, la porte-parole de l’OMS lors d’une conférence de presse au siège de l’institution.« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement la dynamique de la transmission » a-t-elle ajouté.
Qui dit transmission des gouttelettes dit potentielle contamination des surfaces. L’OMS estime ainsi que si une personne qui présente des coupures ou des abrasions ou qui se touche ensuite des muqueuses sans se laver les mains, touche une surface qui a été touchée par une personne porteuse du virus, elle peut être contaminée à son tour.
L’agence onusienne recommande donc le nettoyage des surfaces et des objets et un lavage minutieux des mains en présence d’une personne contaminée. En France, depuis l’épidémie de 2022, il est recommandé de laver minutieusement le domicile de toute personne contaminée. Concernant le masque, l’OMS le recommande pour les professionnels de santé et toute personne en contact avec un malade, mais le juge (pour le moment) inutile en population générale.
Des interrogations et des atermoiements qui rappellent les grandes heures de la pandémie de Covid-19. Au début de la crise en 2020, l’OMS considérait que le SARS-Cov-2 ne pouvait se transmettre que par gouttelettes et jugeait que ceux qui prétendaient que le virus pouvait se transmettre par les airs répandaient de « fausses informations ».
L’OMS recommandait donc de respecter des distances de sécurité, de se laver les mains et de laver les surfaces (recommandations qui ont été suivies par des milliard d’être humains) et a, pendant plusieurs mois, jugé inutile le port généralisé du masque en population. Il aura fallu attendre le 30 avril 2021 pour que l’OMS reconnaisse timidement son erreur et accepte que le SARS-Cov-2 puisse se transmettre par les airs. Entre temps, de nombreux pays (dont la France) avaient déconseillé le port du masque en population générale…avant de le rendre obligatoire.
L’Espagne envoie 500 000 doses en Afrique
En avril dernier, après deux ans et demi de travaux, un groupe d’experts réuni par l’OMS avait finalement décidé d’abandonner la vieille distinction entre les agents pathogènes se transmettant par gouttelette et ceux se transmettant par les airs. L’OMS distingue désormais les maladies se transmettant par « transmission aéroportée » ou « inhalation » de celles se transmettant par « déposition directe ».
L’épidémie actuelle de variole du singe, portée par le nouveau variant clade 1b, est pour le moment cantonnée en Afrique centrale, où l’on compte depuis le début de l’année 19 000 cas et plus de 550 morts. Ce lundi, le directeur général de l’OMS le Dr Thedros Ghebreyesus a assuré que « l’épidémie pouvait être maitrisée et stoppée » si la communauté internationale s’en donnait les moyens. Il estime ainsi l’investissement nécessaire pour stopper la propagation du virus à 135 millions de dollars sur les six prochains mois. L’OMS va donc lancer un appel aux dons auprès des Etats et de ses partenaires.
En attendant, les pays occidentaux multiplient les promesses d’envoi de vaccins vers l’Afrique. Ce mardi, le gouvernement espagnol a annoncé qu’il allait envoyer 500 000 doses, soit 20 % de sa réserve de vaccins contre la variole du singe, aux pays d’Afrique centrale et a exhorté ses partenaires européens à faire de même. Il ne sert à rien de « garder les vaccins là où il n’y a pas de problèmes » a expliqué le ministère de la santé espagnol.
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Les Padhue attendent toujours un décret pour travailler
La loi Valletoux du 27 décembre 2023 prévoyait de permettre d’accorder une autorisation d’exercice provisoire de deux ans, appelé PACT, aux médecins à diplôme non européen (PADHUE) qui n’avaient pas validé l’épreuve de validation des connaissances (EVC). Huit mois plus tard, le décret d’application n’a toujours pas été pris et les PADHUE s’impatientent. Dans une tribune publiée ce mardi, le Dr Christophe Prudhomme, syndicaliste CGT, appelle le gouvernement à mettre fin à cette « situation inacceptable » alors que de nombreux hôpitaux manquent de bras et ont besoin de cette main d’œuvre étrangère.
Ce qui est drôle, ou pathétique selon, c'est que ces mêmes padhue se permettent d'être hostiles à la pratique avancée des IADE. Ingérence ou atavisme médical de se mêler des affaires des autres ?
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Violence contre les soignants : les syndicats appellent l’Etat à un sursaut
Quentin Haroche | 28 Août 2024
jim.fr
Marseille – L’agression d’une généraliste dans son cabinet a suscité l’émoi chez les médecins. Les syndicats demandent au gouvernement des mesures d’urgence.
« Il y aura un avant et un après ». Le Dr Said Ouichou espère que du bon peut sortir du pire des drames. Le généraliste marseillais avait organisé jeudi dernier une manifestation de soutien à une de ses consœurs victime d’une agression. La jeune généraliste de 35 ans, installée depuis à peine un mois dans les quartiers nord de Marseille, a été rouée de coups le 12 août dernier dans son cabinet par deux de ses patientes, au simple motif qu’elle refusait de leur délivrer une ordonnance pour une tierce personne.
Ce jeudi, ce sont une centaine de médecins, élus locaux mais également simples citoyens qui se sont réunis dans les rues de la cité phocéenne pour exprimer leur solidarité avec la victime de cette agression.
« Je suis agréablement surpris par le soutien qui a été apporté » commente le Dr Ouichou.« C’était très émouvant. Les habitants du 15eont répondu présent. C’était pour nous très important d’avoir cette prise de conscience de la part des habitants. La mobilisation s’est déroulée sans aucune fausse note, tout le monde était d’accord pour dire que ça ne va pas et qu’il faut faire quelque chose ». Le Dr Ouichou se sent particulièrement touché par la question : lui-même avait dû fermer son cabinet dans les quartiers nord il y a deux ans après avoir été victime de plusieurs agressions.
Des médecins menacent de porter plainte contre l’Etat
L’agression de cette généraliste a ému bien au-delà de Marseille. Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a réitéré son « soutien indéfectible aux médecins victimes de violence » tandis que l’ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo a également fait part de sa solidarité. Mais l’émotion a rapidement laissé place à la colère. Près d’un an après que le gouvernement ait présenté un plan comprenant diverses mesures pour améliorer la sécurité des soignants (mise en place de dispositifs d’alerte, facilitation des dépôts de plainte, formation des soignants…), les syndicats estiment que l’Etat n’en fait pas assez pour protéger les professionnels de santé.
« Faut-il attendre un drame pour que de vrais mesures soient prises ? » s’interroge ainsi le collectif pour une médecine libre et indépendante (Comeli) dans un communiqué publié jeudi dernier en marge de la manifestation de soutien à la généraliste agressée. Les médecins dénoncent « la banalisation et la répétition de faits similaires » et appellent à « de vraies mesures de l’Etat ». Tout en saluant le soutien exprimé par le CNOM, ils reprochent un certain immobilisme à l’institution et lui demandent de s’associer systématiquement aux plaintes des soignants.
Dans le détail, ils appellent de leur vœux l’adoption définitive d’une proposition de loi déposée par la droite en janvier, qui prévoyait notamment que l’employeur pourrait porter plainte à la place du soignant. La loi avait été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée Nationale en mars mais n’a pas encore été examinée par le Sénat. Si rien n’est fait, le collectif menace de « porter plainte contre un Etat incapable d’assurer notre protection ».
Les syndicats unis contre la violence faite aux soignants
Signe de l’importance de la situation et du ras-le-bol des médecins, la totalité des syndicats de médecins libéraux (CSMF, MG France, Avenir Spé-Le Bloc, UFML, FMF, SML) ainsi que les syndicats d’internes et de jeunes médecins (ISNI, Jeunes Médecins, Reagjir) et le collectif Médecins pour demain ont publié ce mardi un communiqué commun pour dénoncer « une situation alarmante et inacceptable ».
Les syndicats rappellent ainsi que les violences contre les soignants sont en augmentation, avec une hausse de 23 % des incidents rapportés au CNOM entre 2022 et 2021 (même si l’on ne peut pas exclure que cela soit dû à un taux de déclaration plus élevé).
« Il est impératif que les autorités gouvernementales prennent des mesures urgentes pour les protéger »écrivent les syndicats. « Le renforcement de la sécurité dans les établissements de santé publics, privés et les cabinets libéraux, l'application de sanctions exemplaires contre les agresseurs, et la mise en place de campagnes de sensibilisation sont des actions nécessaires mais pas suffisantes pour garantir la sécurité des soignants ». Pour les syndicats, l’apparente hausse de la violence contre les soignants n’est que la conséquence de la crise du système de santé.
« Le manque de volonté d’investissement dans la santé entraîne une pénurie de soignants et par conséquent des délais de consultations allongés, une pénurie de médicaments, un manque de lits à l’hôpital, tout cela provoquant inexorablement une montée de l’agressivité » peut-on lire dans le communiqué. « Les médecins ne peuvent payer le tribut du délabrement du système de santé tout en le subissant de plein fouet ».
A Marseille, la généraliste agressée n’a toujours pas repris ses consultations et hésite à fermer son cabinet. « Elle m’a dit qu’elle réfléchissait encore, cela dépendra sûrement des moyens qui seront mis en place, mais j’espère de tout cœur qu’elle reviendra » confie le Dr Ouichou. Une de ses agresseuses présumées a été interpellée ce lundi et devrait être jugée en comparution immédiate rapidement.
Pléonasme... A partir du moment où c'est immédiat, c'est par conséquent rapide.comparution immédiate rapidement.
A lire l'article de la SOFIA sur la violence sur personnel de santé
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Gaz hilarant : le nombre d’accidents explose
Raphaël Lichten | 28 Août 2024
jim.fr
Paris, le mercredi 28 août 2024 — Devenu de plus en plus fréquent dans les soirées françaises, mais aussi au sein des foyers, le protoxyde d’azote (aussi appelé gaz hilarant) est devenu l’un des stupéfiants les plus consommés en France.
Selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), le gaz hilarant est devenu l’un des produits stupéfiants préférés des Français, juste derrière le cannabis et le poppers. En effet, en 2023, 6,7 % des adultes (le plus souvent de moins de 35 ans) ont consommé du protoxyde d’azote. Parallèlement, 11,7 % des 18 – 24 ans et 12,5 % des 25 – 34 ans l’ont déjà essayé au moins une fois dans leur vie.
Des consommateurs aux jambes paralysées
Le protoxyde d’azote, qui est parfaitement légal à la vente, est utilisé à des fins récréatives à l’aide de bonbonnes ou de cartouche, et provoque un sentiment d’euphorie et des distorsions sensorielles. Les effets ne durent que quelques minutes à peine, et pourtant, les conséquences peuvent être particulièrement graves. « Des complications en lien avec l’usage détourné de protoxyde d’azote sont rapportées dès les années 1990 », raconte ainsi le directeur de l’OFDT, Guillaume Airagnes.
Elles concernent surtout les usagers réguliers, comme Chaïma, une jeune fille de 27 ans interrogée par nos confrères du Parisien, qui a temporairement perdu l’usage de ses jambes après une très lourde consommation quotidienne et qui a duré plusieurs années. « J’ai consommé du gaz hilarant à très forte dose. Je me faisais livrer des cartons entiers par un dealer trouvé sur Snapchat. J’en consommais un par jour, c’est-à-dire six bonbonnes de 666 g, parfois douze », raconte-t-elle aux journalistes du Parisien. « Je ne faisais que ça de la journée. Quoi qu’on en dise, c’est une drogue, ça rend accro ! ».
Vertiges, chutes, brûlures par le froid…
Plus largement, les risques liés à la consommation du protoxyde d’azote tournent essentiellement autour du manque d’oxygène, des brûlures par le froid, des pertes de connaissance, des vertiges et des chutes. Mais l’utilisation répétée peut aussi entraîner des atteintes neurologiques graves, parfois irréversibles.
Des conséquences d’autant plus inquiétantes que le stupéfiant est de plus en plus consommé en France. « Nous avions moins de 10 notifications par an avant 2018 », explique ainsi la Pr Caroline Victorri-Vigneau, responsable du réseau national d’addictovigilance. « Nous avons atteint les 350 par an en 2021-2022 et maintenant, nous sommes à plus de 450. Les sujets ont en moyenne 22 ans et moins d’un sur 10 est mineur », détaille-t-elle.
La professeure indique d’ailleurs que si l’usage était essentiellement festif initialement, il a eu tendance à se transformer. « On voit aussi de plus en plus de cas où l’effet recherché est de fuir la réalité », affirme-t-elle. La majorité (75 %) des accidents graves implique d’ailleurs des bonbonnes de 15 kg appelées « réservoirs », qui permettent de remplir jusqu’à… 2000 ballons.
A lire l'article de la SOFIA sur le protoxyde d'azote
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Infirmières temporaires : le manque de personnel reste mortel
Geneviève Perennou | 29 Août 2024
jim.fr
Une étude de cohorte s’est penchée sur l'influence de la composition des équipes soignantes sur le risque de décès des patients en soins aigus. Elle met en évidence plusieurs associations significatives entre les caractéristiques du personnel soignant et le risque de mortalité.
Bien que de nombreuses recherches soulignent l'impact positif d'un effectif hospitalier suffisant d'infirmiers diplômés d'État (IDE) sur la mortalité des patients et la satisfaction du personnel, d'autres facteurs tels que la composition, les compétences et l'expérience de l'équipe soignante influencent également la sécurité et l'efficacité des soins. La littérature scientifique a démontré qu'une proportion moindre d'IDE est généralement associée à des résultats moins favorables pour les patients, sans pour autant réduire les coûts, tandis que le recours au personnel intérimaire, bien que courant, présente des risques liés à la familiarité réduite avec l'environnement de soins.
Plus de 600 000 admissions étudiées
Une étude de cohorte s’est penchée sur l'influence de la composition des équipes soignantes sur le risque de mortalité des patients hospitalisés en soins aigus. Les données de 626 313 admissions (185 unités de soins de 4 trusts du NHS en Grande-Bretagne, dont 319 518 personnes âgées ≥ 65 ans [51,0 %], et 55,6 % de femmes) ont été incluses dans cette recherche.
Le risque de décès était accru lorsque les patients étaient exposés à un sous-effectif infirmier (rapport de risque ajusté [aHR], 1,08 ; IC à 95 % 1,07-1,09) et aide-soignant (aHR, 1,07 ; IC à 95 %, 1,06-1,08). Une augmentation de 10 % de la proportion d'infirmiers temporaires était associée à une augmentation de 2,3 % du risque de décès, sans différence entre le personnel d'agence (aHR, 1,023 ; IC à 95 %, 1,01-1,04) et le personnel hospitalier roulant (aHR, 1,02 ; IC à 95 %, 1,01-1,04). Parallèlement, une augmentation de 10 % de la proportion d’AS d'agence était associée à une augmentation de 4 % du risque de décès (aHR, 1,04 ; IC à 95 %, 1,02-1,06).
Cette étude de cohorte montre que la présence d’un faible effectif est associée à un risque de décès des patients nettement plus élevé. La présence d’infirmières et d’aides-soignantes plus expérimentées est associée à une réduction de ce risque. Cette recherche a également examiné les équilibres entre un faible effectif et la présence de personnel temporaire. Bien que les avantages d'un effectif suffisant soient plus importants que les risques liés au personnel temporaire, les bénéfices d'un effectif plus important sont alors réduits. Dans le cas des AS intérimaires employées par des agences, ces bénéfices sont même négligeables.
Ce travail présente plusieurs points forts, notamment l'utilisation de données longitudinales objectives pour examiner l'association entre la variation de l'effectif et le risque de décès, ainsi que l'inclusion de nombreuses unités de soins diversifiées. Cependant, l'étude a des limites, comme l'impossibilité d'établir une relation de cause à effet en raison de son caractère observationnel. L'utilisation de l'effectif moyen observé comme référence est influencée par des facteurs autres que les besoins des patients.
Dans cette étude de cohorte, une augmentation statistiquement significative du risque de décès est observée chez les patients les jours de sous-effectif infirmier ou lors de la présence de proportions élevées de personnel temporaire. Lorsque le sous-effectif était évité grâce à l'utilisation de personnel temporaire, le risque était réduit mais restait élevé par rapport au niveau de référence. Ces résultats suggèrent que le risque de décès associé à un sous-effectif infirmier n'est que partiellement atténué par l'utilisation de personnel temporaire pour combler les pénuries.
References
Griffiths P, Saville C, Ball J, et al ; Workforce Health Outcomes Study Group. Nursing Team Composition and Mortality Following Acute Hospital Admission. JAMA Netw Open. 2024 Aug 1;7(8):e2428769. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.28769.
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Anaphylaxie : une mise à jour des recommandations pour la pratique
Pr Guy Dutau | 29 Août 2024
jim.fr
Plusieurs estimations montrent que l'anaphylaxie est de plus en plus fréquente, en particulier chez les enfants, mais, fort heureusement le nombre de décès par anaphylaxie n'excède pas 1 à 2 % des anaphylaxies sévères. Depuis plusieurs années des recommandations internationales précises ont été publiées (1-4), en particulier sur l'utilisation des stylos auto-injecteurs d'adrénaline, mais elles sont loin d'être toujours fidèlement suivies. L'article de Golden et coll. vient à point nommé pour mettre à jour ces recommandations. Il se concentre sur 7 domaines dans lesquels il existe de nouvelles preuves. (5)
Des critères diagnostiques révisés
Les critères diagnostiques de l'anaphylaxie ont été révisés et les modes de présentation de d'anaphylaxie sont définis. De plus, la tryptase sérique doit être mesurée chez les patients présentant des antécédents d'anaphylaxie récurrente, idiopathique ou sévère, d'anaphylaxie au venin d'hyménoptère ou avec une mastocytose suspectée. Elle est importante pour le diagnostic de l’anaphylaxie et pour identifier les anomalies sous-jacents des mastocytes.
Quelques points particuliers doivent être soulignés : I) chez les nourrissons et les jeunes enfants, les symptômes spécifiques à l'âge peuvent différer de ceux des enfants plus âgés et des adultes ; II) l'âge du patient n'est pas corrélé à la gravité de la réaction ; III) même si l'anaphylaxie peut inaugurer l'allergie, il est peu probable que l'anaphylaxie soit la réaction initiale à un allergène lors de la première exposition.
Différents contextes communautaires nécessitent des mesures spécifiques pour la prévention et le traitement de l'anaphylaxie
La prescription et l'utilisation optimales des dispositifs d'adrénaline auto-injectable nécessitent des conseils et une formation spécifiques des patients, de l'entourage et des soignants, y compris quand et comment administrer l'auto-injecteur d'adrénaline et si ou quand il faut appeler les numéros des urgences (15 ou autres numéros d'unités spécialisées). Si l'adrénaline est utilisée rapidement, l'activation immédiate des services médicaux d'urgence peut ne pas être nécessaire, si la réponse du patient est rapide, complète et durable.
Bêtabloquant et inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine
Les bêtabloquants et les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine ont été précédemment considérés comme contre-indiqués chez les patients à haut risque d'anaphylaxie en raison du risque accru d'anaphylaxie sévère. Cependant, pour la plupart des indications médicales, le risque d'arrêt ou de changement de traitement par un bêtabloquant ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine peut dépasser le risque d'anaphylaxie plus grave si le traitement est poursuivi, en particulier chez les patients présentant une anaphylaxie par piqûre d'insecte.
La recherche d'une mastocytose, y compris par une biopsie de la moelle osseuse, doit être envisagée chez les patients adultes présentant une anaphylaxie grave par piqûre d'insecte ou une anaphylaxie idiopathique récidivante.
Après une anaphylaxie périopératoire, une nouvelle anesthésie doit résulter d'une prise de décision partagée, en fonction des antécédents et des résultats de l'évaluation diagnostique avec des tests cutanés ou des tests in vitro lorsqu'ils sont disponibles, y compris, si cela est nécessaire, un test de provocation en milieu spécialisé.
References
Weiler CR, Schrijvers R, Golden DBK. Anaphylaxis: Advances in the Past 10 Years. J Allergy Clin Immunol Pract. 2023 Jan;11(1):51-62. doi: 10.1016/j.jaip.2022.09.019.
Lieberman P, Nicklas RA, Randolph C, et al. Anaphylaxis--a practice parameter update 2015. Ann Allergy Asthma Immunol. 2015 Nov;115(5):341-84. doi: 10.1016/j.anai.2015.07.019.
Shaker MS, Wallace DV, Golden DBK, et al. Anaphylaxis-a 2020 practice parameter update, systematic review, and Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluation (GRADE) analysis. J Allergy Clin Immunol. 2020 Apr;145(4):1082-1123. doi: 10.1016/j.jaci.2020.01.017.
Dribin TE, Schnadower D, Wang J, et al. Anaphylaxis knowledge gaps and future research priorities: A consensus report. J Allergy Clin Immunol. 2022 Mar;149(3):999-1009. doi: 10.1016/j.jaci.2021.07.035.
Golden DBK, Wang J, Waserman S, Akin C, et al. Anaphylaxis: A 2023 practice parameter update. Ann Allergy Asthma Immunol. 2024 Feb;132(2):124-176. doi: 10.1016/j.anai.2023.09.015.
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Re: Articles sur la santé
Instillation de ropivacaïne : et la cœlioscopie fait moins mal !
Dr Joël Pitre | 03 Septembre 2024
jim.fr
La chirurgie cœlioscopique digestive (CCD) est moins douloureuse que la chirurgie par voie ouverte. En cœlioscopie, la douleur provient principalement d’une inflammation survenant précocement dans les premières heures qui suivent l’insufflation intra-péritonéale (ou pneumopéritoine). Le but est de créer un espace de travail par l’insufflation de gaz carbonique mais ce dernier est cause d’une acidose viscérale, migratrice. Les douleurs irradient très souvent vers les épaules, en particulier avec la verticalisation rapide facilitée par la cœlioscopie.
Après CCD, différents moyens sont utilisés pour réduire la douleur comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la réduction de la pression d’insufflation et la réalisation de procédures analgésiques par TAP block (bloc abdominal transverse) et infiltration des micro-incisions. Le but est en effet de réduire autant que possible le recours aux opiacés, à l’origine d’effets secondaires comme les nausées et vomissements post-opératoires, de sédation excessive et de prolongation de séjour hospitalier.
Plusieurs études ont relevé récemment la facilité avec laquelle les opiacés sont prescrits après des interventions banales, pourtant le plus souvent en ambulatoire et par voie mini-invasive. Cette libéralité est non seulement source de coûts, d’effets secondaires mais aussi de risque de dépendance. Dans le cadre de la réhabilitation rapide après chirurgie (RRAC), l’instillation intra-péritonéale d’analgésiques comme la ropivacaïne a été rapportée dans plusieurs études portant sur la CCD avec des résultats contradictoires.
Instillation intra-péritonéale versus autre technique analgésique
Des auteurs tunisiens et français ont réalisé une revue de la littérature avec méta-analyse d’essais prospectifs, randomisés et contrôlés (EPRC). Quatre bases de données ont été exploitées, en remontant sur une vingtaine d’années jusqu’en 2021, sans restriction de langue. Seules les EPRC enrôlant plus de 10 patients et comparant l’instillation de ropivacaïne à un placebo ou à l’absence d’instillation étaient retenues.
Ces études étaient rigoureusement sélectionnées en évaluant leur qualité et le risque de biais selon des critères pré-établis, consensuels et validés. L’hétérogénéité entre les études était mesurée de façon multifactorielle et gradée selon l’index de dispersion (I2) en absente, modérée (25% < I2< 50%) ou significative (I2> 50%).
Le critère de jugement principal était la consommation en équivalents intra-veineux de morphine dans les 24 premières heures. Les critères secondaires étaient les scores de douleurs évalués sur échelle visuelle analogique, le taux de nausées et vomissements post-opératoires (NVPO), la durée du séjour hospitalier, le taux de scapulalgie et le taux de complications (convulsions, infections pariétales et intra-abdominales).
La méta-analyse retenait finalement 24 EPRC parmi 680 publications soit une cohorte de 1 705 patients, dont 862 patients dans le groupe instillation intra-péritonéale (GIP) et 843 dans le groupe témoin (GT).
Réduction de la consommation d’opiacés
Chez les patients du GIP, on observait une réduction de la consommation totale d'opiacés au cours des 24 premières heures post-opératoires (différence moyenne (DM) = -21,93, IC 95% [-27,64, -16,23], p < 0,01), réduction entachée d’une forte hétérogénéité au sein des études (I² = 94%). En analyse de sous-groupes, cette réduction était néanmoins observée pour quatre types de CCD (cholécystectomie, sleeve gastrectomie, appendicectomie et colectomie) ce qui réduisait l’hétérogénéité.
On observait également au sein des patients du GIP une diminution des scores de douleur à 4 heures, 8 heures, 12 heures et 24 heures, une diminution de la durée du séjour hospitalier (DM = -0,20, IC 95% [-0,36, -0,05], p < 0,01) avec une hétérogénéité faible (I2 = 33%), de la scapulalgie (DM = 0,18, IC 95% [0,07, 0,44], p < 0,01) avec une forte hétérogénéité (I2 = 69%) et des NVPO (DM = 0,47, IC 95% [0,29, 0,77], p < 0,01) avec une faible hétérogénéité (I2 = 48%). Les données concernant les complications étaient insuffisantes pour pouvoir conclure de façon robuste malgré une tendance à l’innocuité dans les EPRC ayant relevé ces critères.
Dans l’analyse critique de leur travail, les auteurs soulignent l’hétérogénéité des protocoles et des mesures entre les études qui limite la portée des résultats de leur méta-analyse. Notons néanmoins la qualité du travail méthodologique qui modère un peu cette limitation avec des analyses de sous-groupe et des graphiques en entonnoir (funnel-plot) assez démonstratifs.
L'instillation intrapéritonéale de ropivacaïne semble être une composante efficace des stratégies multimodales de gestion de la douleur après CCD, réduisant significativement la consommation d'opiacés et améliorant notablement les marqueurs de récupération post-opératoire.
References
Daghmouri MA, Chaouch MA, Deniau B, et al. Efficacy and safety of intraperitoneal ropivacaine in pain management following laparoscopic digestive surgery: A systematic review and meta-analysis of RCTs. Medicine (Baltimore). 2024 Jul 19;103(29):e38856. doi: 10.1097/MD.0000000000038856.
C'est bien de valider par des études ce que nous faisons tous les jours depuis des années.
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Dégénérescence de bioprothèse aortique : comment la remplacer ?
Dr Robert Haiat | 03 Septembre 2024
jim.fr
En présence d’un rétrécissement aortique (RA) sévère, symptomatique, la mise en place d’une bioprothèse aortique au moyen d’un TAVR (transcatheter aortic valve replacement) est vivement recommandée surtout chez les patients à haut risque chirurgical ou âgés de plus de 75 ans.
Cependant, dans les 15 années qui suivent son insertion (par chirurgie ou par TAVR) la bioprothèse risque de dégénérer. Quelle stratégie thérapeutique choisir alors : Valve in Valve (VinV) -TAVR (mise en place d’une nouvelle valve par TAVR) ou remplacement chirurgical (chirurgie redux) ?
Nouveau TAVR ou chirurgie redux ?
Moiz Nasir et coll. ont réalisé une méta-analyse destinée à comparer l’évolution à court et moyen terme après VinV-TAVR et après chirurgie aortique redux visant à remplacer la valve aortique.
Pour ce faire, ils ont réalisé une revue systématique des données recueillies jusqu’en août 2023 dans les bases électroniques Cochrane Central, Scopus et Medline. L’étude a finalement porté sur 24 études regroupant 25 216 patients ; le suivi moyen était de 16,4 mois.
La méta-analyse a montré que dans le groupe VinV-TAVR, il existait une diminution significative : de la mortalité à 30 jours (OR 0,50 ; P < 0,00001), de la survenue d’une fibrillation atriale de novo (OR 0,34 ; P = 0,002), de saignements majeurs (OR 0,28 ; P < 0,00001).
Il n’a pas été trouvé de différence entre les 2 groupes thérapeutiques quant à la mortalité à un an, quant à la survenue d’un accident vasculaire cérébral, d’un infarctus du myocarde, quant à la valeur de la fraction d’éjection ventriculaire gauche post-opératoire et de la surface efficace de l’orifice aortique.
Dans le groupe VinV-TAVR il a été noté une augmentation significative des fuites para-valvulaires, des insuffisances aortiques et du gradient aortique moyen.
En conclusion, en cas de dégénérescence de la bioprothèse aortique implantée par TAVR ou intervention chirurgicale, la procédure de VinV-TAVR est une option valable à court terme chez les patients à haut risque chirurgical, âgés de plus de 75 ans ou ayant de multiples comorbidités. En l’absence de complications cardiovasculaires, cette procédure réduit les complications péri-opératoires et la mortalité à 30 jours. VinV-TAVR et chirurgie redux se sont accompagnées du même taux de complications à court et moyen terme.
References
Nasir MM, Ikram A, Usman M, et al. Valve-in-Valve Transcatheter Aortic Valve Replacement Versus Redo-Surgical Aortic Valve Replacement in Patients With Aortic Stenosis: A Systematic Review and Meta-analysis. Am J Cardiol. 2024 Aug 15;225:151-159. doi: 10.1016/j.amjcard.2024.04.057.
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Les médecins (et notamment les femmes) se suicident-ils plus que les autres ?
Dr Roseline Peluchon | 03 Septembre 2024
jim.fr
Paris - Plusieurs rapports ont fait état d’une augmentation des taux de suicide chez les médecins. Une méta-analyse réalisée en 2004 montrait par exemple un taux de suicide plus élevé chez les médecins que dans le reste de la population. Les données étant très variables selon les pays, une équipe autrichienne a tenté d’y voir plus clair et réalisé une revue systématique et la méta-analyse de 39 études publiées entre 1960 et mars 2024. Il s’agit d’études observationnelles rapportant des taux de mortalité par suicide standardisés par âge, ou les taux de suicide pour 100 000 médecins-année comparés aux taux dans la population générale.
Il apparaît en premier lieu que le taux de suicide est plus élevé chez les femmes médecins que dans la population générale (RR 1,76 ; 95 % CI 1,40 à 2,21). Ce n’est pas le cas chez les hommes (1,05 ; 0,90 à 1,22), suggérant un taux moyen inférieur à celui tiré de la précédente méta-analyse sur le sujet, suscitée.
Les auteurs notent toutefois une hétérogénéité importante dans les différentes données selon les pays ou les régions et rappellent une méta-analyse précédente, comparant les médecins à d’autres professions similaires en termes de statut socio-économique et qui donnait des résultats différents, avec un taux de suicide des hommes supérieur à celui des autres professionnels (1,81 ; 1,55 à 2,12).
Outre cette mise en relief de l’hétérogénéité des données, cette étude illustre aussi la nécessité de poursuivre les recherches sur ce sujet afin de renforcer l’efficacité de la prévention. Il est nécessaire de garder à l’esprit que les conditions d’exercice spécifiques à chaque population de médecins, peuvent influencer le risque et les facteurs de résilience à des degrés supérieurs à ce qui était préalablement établi. D’autres facteurs, comme il a été montré lors la pandémie de Covid-19, peuvent aussi avoir un fort impact sur le risque de suicide.
References
Zimmermann C. et coll. : Suicide rates among physicians compared with the general population in studies from 20 countries: gender stratified systematic review and meta-analysis
BMJ 2024;386:e078964, https://www.bmj.com/content/386/bmj-2023-078964
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Mpox : les recommandations de la HAS inchangées
Quentin Haroche | 03 Septembre 2024
jim.fr
Paris – La HAS a décidé de maintenir ses recommandations vaccinales concernant la variole du singe mais recommande l’administration d’une dose de rappel.
On prend les mêmes et on recommence. Sollicité par le gouvernement (démissionnaire) pour revoir les recommandations vaccinales concernant la variole du singe (ou mpox), la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de ne pas toucher à la stratégie vaccinale adoptée en 2022. La découverte d’un nouveau variant de cette zoonose, le clade 1b, visiblement plus contagieux et létal que le clade II qui circule en Europe depuis 2022, n’a visiblement pas ébranlé outre mesure la HAS.
Pour rappel, le gouvernement a décidé de saisir la HAS pour qu’elle révise ses recommandations vaccinales après que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a décrété une urgence de santé publique de portée internationale. La décision de l’OMS a été prise en réaction à l’épidémie actuelle de mpox en Afrique centrale (plus de 20 000 cas et 600 morts depuis le début de l’année) et à la crainte que le nouveau variant ne se répande à travers le monde. Depuis le déclenchement de cette alerte, seuls deux cas liés au clade 1b ont été confirmés hors d’Afrique, l’un en Suède, l’autre en Thaïlande.
Les recommandations vaccinales actuelles concernant la variole du singe avaient été établies lors de l’épidémie de 2022, alors que le virus circulait quasi exclusivement chez des hommes homosexuels. Le mpox continue à circuler en France, mais les cas sont rares : seulement 126 contaminations ont été recensées par Santé Publique France (SPF) depuis le début de l’année.
L’apparition du clade 1b, qui n’a toujours pas été isolé en France, aurait pu inciter la HAS a changé de position : selon les données en provenance d’Afrique, ce variant touche également les femmes et les enfants et ne se transmet pas exclusivement par voie sexuelle. Beaucoup s’attendait donc à ce que la HAS recommande notamment de vacciner les professionnels de santé ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec un patient.
Tel n’a donc pas été le choix final de la HAS. « A l’issue de son évaluation et alors que le mode de transmission par contact intime/sexuel est majoritairement observé quel que soit le clade, la HAS considère que les cibles de cette vaccination restent inchangées depuis ses précédentes recommandations » explique la HAS pour justifier ce statu quo.
Les deux stratégies vaccinales adoptées en 2022, l’une préventive, l’autre réactive, sont donc reconduites. A titre préventif, les personnes éligibles sont les hommes homosexuels, les personnes transgenres ayant des partenaires sexuels multiples, les prostituées, les professionnels des lieux de rencontre sexuelle et les partenaires de ces individus. A titre réactif, peuvent être vaccinées toutes les personnes ayant eu un contact à risque, ce qui inclut les professionnels de santé, ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec un patient.
Des aspects pratiques inchangés
Le vaccin recommandé est toujours le MVA-BN (Imvanex en Europe) du laboratoire danois Bavarian Nordic. En principe, la vaccination se fait en deux doses espacées de 28 jours. Cependant, les personnes ayant déjà été immunisées contre la variole classique durant leur enfance (soit celles nées avant 1980) n’auraient besoin que d’une seule dose du vaccin.
Les modalités de la vaccination restent également identiques. Le vaccin utilisé est toujours le MVA-BN (Imvanex en Europe) du laboratoire danois Bavarian Nordic. En principe, la vaccination se fait en deux doses espacées de 28 jours. Cependant, les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole classique durant leur enfance (soit les personnes nées avant 1980) n’auraient besoin que d’une seule dose du vaccin.
La HAS recommande dans certains cas l’administration d’une dose de rappel
A l’inverse, les personnes immunodéprimées doivent recevoir trois doses du vaccin, à 28 jours d’intervalle, qu’elles aient été vaccinées contre la variole ou non. Mais il n’est pas recommandé de vacciner les personnes ayant contracté la variole du singe, qui bénéficient d’une immunité naturelle.
La vaccination réactive doit idéalement se faire dans les quatre jours suivant le contact à risque. A noter que le vaccin Imvanex n’ayant pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette population, l’éventuelle vaccination des mineurs doit être décidée au cas par cas.
Seul changement dans la stratégie vaccinale : la HAS recommande que les personnes vaccinées durant la campagne de vaccination de 2022 reçoivent une dose de rappel (à l’exception des sujets immunocompétents vaccinés contre la variole classique). « Les études disponibles montrent une diminution importante des anticorps neutralisants dans les deux années suivant une primovaccination à deux doses » note la HAS pour justifier cette recommandation. La dose de rappel doit « idéalement » être administrée au moins deux ans après la primovaccination. En 2022-2023, plus de 160 000 personnes ont été vaccinées contre la variole du singe en France, un record en Europe.
Même deux ans après l’épidémie de 2022, la variole du singe reste un virus relativement méconnu et l’apparition d’un nouveau variant ne fait que compliquer les choses. La HAS est donc consciente que les connaissances scientifiques sur la maladie peuvent évoluer à tout moment et « se réserve la possibilité d’ajuster ses recommandations à la lueur de ces nouvelles données ».
Il n’est ainsi toujours pas établi avec certitude que le vaccin Imvanex soit efficace contre le nouveau variant. Les premières remontées d’information depuis l’Afrique centrale, où une campagne de vaccination va bientôt être lancée, devraient permettre de lever les derniers doutes.
Cette histoire de variant, de vaccin dont on n'est pas sûr de l'efficacité sur le nouveau variant...ça me rappelle quelque chose...Ne me soufflez pas ça va me revenir.
Dr Joël Pitre | 03 Septembre 2024
jim.fr
La chirurgie cœlioscopique digestive (CCD) est moins douloureuse que la chirurgie par voie ouverte. En cœlioscopie, la douleur provient principalement d’une inflammation survenant précocement dans les premières heures qui suivent l’insufflation intra-péritonéale (ou pneumopéritoine). Le but est de créer un espace de travail par l’insufflation de gaz carbonique mais ce dernier est cause d’une acidose viscérale, migratrice. Les douleurs irradient très souvent vers les épaules, en particulier avec la verticalisation rapide facilitée par la cœlioscopie.
Après CCD, différents moyens sont utilisés pour réduire la douleur comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la réduction de la pression d’insufflation et la réalisation de procédures analgésiques par TAP block (bloc abdominal transverse) et infiltration des micro-incisions. Le but est en effet de réduire autant que possible le recours aux opiacés, à l’origine d’effets secondaires comme les nausées et vomissements post-opératoires, de sédation excessive et de prolongation de séjour hospitalier.
Plusieurs études ont relevé récemment la facilité avec laquelle les opiacés sont prescrits après des interventions banales, pourtant le plus souvent en ambulatoire et par voie mini-invasive. Cette libéralité est non seulement source de coûts, d’effets secondaires mais aussi de risque de dépendance. Dans le cadre de la réhabilitation rapide après chirurgie (RRAC), l’instillation intra-péritonéale d’analgésiques comme la ropivacaïne a été rapportée dans plusieurs études portant sur la CCD avec des résultats contradictoires.
Instillation intra-péritonéale versus autre technique analgésique
Des auteurs tunisiens et français ont réalisé une revue de la littérature avec méta-analyse d’essais prospectifs, randomisés et contrôlés (EPRC). Quatre bases de données ont été exploitées, en remontant sur une vingtaine d’années jusqu’en 2021, sans restriction de langue. Seules les EPRC enrôlant plus de 10 patients et comparant l’instillation de ropivacaïne à un placebo ou à l’absence d’instillation étaient retenues.
Ces études étaient rigoureusement sélectionnées en évaluant leur qualité et le risque de biais selon des critères pré-établis, consensuels et validés. L’hétérogénéité entre les études était mesurée de façon multifactorielle et gradée selon l’index de dispersion (I2) en absente, modérée (25% < I2< 50%) ou significative (I2> 50%).
Le critère de jugement principal était la consommation en équivalents intra-veineux de morphine dans les 24 premières heures. Les critères secondaires étaient les scores de douleurs évalués sur échelle visuelle analogique, le taux de nausées et vomissements post-opératoires (NVPO), la durée du séjour hospitalier, le taux de scapulalgie et le taux de complications (convulsions, infections pariétales et intra-abdominales).
La méta-analyse retenait finalement 24 EPRC parmi 680 publications soit une cohorte de 1 705 patients, dont 862 patients dans le groupe instillation intra-péritonéale (GIP) et 843 dans le groupe témoin (GT).
Réduction de la consommation d’opiacés
Chez les patients du GIP, on observait une réduction de la consommation totale d'opiacés au cours des 24 premières heures post-opératoires (différence moyenne (DM) = -21,93, IC 95% [-27,64, -16,23], p < 0,01), réduction entachée d’une forte hétérogénéité au sein des études (I² = 94%). En analyse de sous-groupes, cette réduction était néanmoins observée pour quatre types de CCD (cholécystectomie, sleeve gastrectomie, appendicectomie et colectomie) ce qui réduisait l’hétérogénéité.
On observait également au sein des patients du GIP une diminution des scores de douleur à 4 heures, 8 heures, 12 heures et 24 heures, une diminution de la durée du séjour hospitalier (DM = -0,20, IC 95% [-0,36, -0,05], p < 0,01) avec une hétérogénéité faible (I2 = 33%), de la scapulalgie (DM = 0,18, IC 95% [0,07, 0,44], p < 0,01) avec une forte hétérogénéité (I2 = 69%) et des NVPO (DM = 0,47, IC 95% [0,29, 0,77], p < 0,01) avec une faible hétérogénéité (I2 = 48%). Les données concernant les complications étaient insuffisantes pour pouvoir conclure de façon robuste malgré une tendance à l’innocuité dans les EPRC ayant relevé ces critères.
Dans l’analyse critique de leur travail, les auteurs soulignent l’hétérogénéité des protocoles et des mesures entre les études qui limite la portée des résultats de leur méta-analyse. Notons néanmoins la qualité du travail méthodologique qui modère un peu cette limitation avec des analyses de sous-groupe et des graphiques en entonnoir (funnel-plot) assez démonstratifs.
L'instillation intrapéritonéale de ropivacaïne semble être une composante efficace des stratégies multimodales de gestion de la douleur après CCD, réduisant significativement la consommation d'opiacés et améliorant notablement les marqueurs de récupération post-opératoire.
References
Daghmouri MA, Chaouch MA, Deniau B, et al. Efficacy and safety of intraperitoneal ropivacaine in pain management following laparoscopic digestive surgery: A systematic review and meta-analysis of RCTs. Medicine (Baltimore). 2024 Jul 19;103(29):e38856. doi: 10.1097/MD.0000000000038856.
C'est bien de valider par des études ce que nous faisons tous les jours depuis des années.
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Dégénérescence de bioprothèse aortique : comment la remplacer ?
Dr Robert Haiat | 03 Septembre 2024
jim.fr
En présence d’un rétrécissement aortique (RA) sévère, symptomatique, la mise en place d’une bioprothèse aortique au moyen d’un TAVR (transcatheter aortic valve replacement) est vivement recommandée surtout chez les patients à haut risque chirurgical ou âgés de plus de 75 ans.
Cependant, dans les 15 années qui suivent son insertion (par chirurgie ou par TAVR) la bioprothèse risque de dégénérer. Quelle stratégie thérapeutique choisir alors : Valve in Valve (VinV) -TAVR (mise en place d’une nouvelle valve par TAVR) ou remplacement chirurgical (chirurgie redux) ?
Nouveau TAVR ou chirurgie redux ?
Moiz Nasir et coll. ont réalisé une méta-analyse destinée à comparer l’évolution à court et moyen terme après VinV-TAVR et après chirurgie aortique redux visant à remplacer la valve aortique.
Pour ce faire, ils ont réalisé une revue systématique des données recueillies jusqu’en août 2023 dans les bases électroniques Cochrane Central, Scopus et Medline. L’étude a finalement porté sur 24 études regroupant 25 216 patients ; le suivi moyen était de 16,4 mois.
La méta-analyse a montré que dans le groupe VinV-TAVR, il existait une diminution significative : de la mortalité à 30 jours (OR 0,50 ; P < 0,00001), de la survenue d’une fibrillation atriale de novo (OR 0,34 ; P = 0,002), de saignements majeurs (OR 0,28 ; P < 0,00001).
Il n’a pas été trouvé de différence entre les 2 groupes thérapeutiques quant à la mortalité à un an, quant à la survenue d’un accident vasculaire cérébral, d’un infarctus du myocarde, quant à la valeur de la fraction d’éjection ventriculaire gauche post-opératoire et de la surface efficace de l’orifice aortique.
Dans le groupe VinV-TAVR il a été noté une augmentation significative des fuites para-valvulaires, des insuffisances aortiques et du gradient aortique moyen.
En conclusion, en cas de dégénérescence de la bioprothèse aortique implantée par TAVR ou intervention chirurgicale, la procédure de VinV-TAVR est une option valable à court terme chez les patients à haut risque chirurgical, âgés de plus de 75 ans ou ayant de multiples comorbidités. En l’absence de complications cardiovasculaires, cette procédure réduit les complications péri-opératoires et la mortalité à 30 jours. VinV-TAVR et chirurgie redux se sont accompagnées du même taux de complications à court et moyen terme.
References
Nasir MM, Ikram A, Usman M, et al. Valve-in-Valve Transcatheter Aortic Valve Replacement Versus Redo-Surgical Aortic Valve Replacement in Patients With Aortic Stenosis: A Systematic Review and Meta-analysis. Am J Cardiol. 2024 Aug 15;225:151-159. doi: 10.1016/j.amjcard.2024.04.057.
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Les médecins (et notamment les femmes) se suicident-ils plus que les autres ?
Dr Roseline Peluchon | 03 Septembre 2024
jim.fr
Paris - Plusieurs rapports ont fait état d’une augmentation des taux de suicide chez les médecins. Une méta-analyse réalisée en 2004 montrait par exemple un taux de suicide plus élevé chez les médecins que dans le reste de la population. Les données étant très variables selon les pays, une équipe autrichienne a tenté d’y voir plus clair et réalisé une revue systématique et la méta-analyse de 39 études publiées entre 1960 et mars 2024. Il s’agit d’études observationnelles rapportant des taux de mortalité par suicide standardisés par âge, ou les taux de suicide pour 100 000 médecins-année comparés aux taux dans la population générale.
Il apparaît en premier lieu que le taux de suicide est plus élevé chez les femmes médecins que dans la population générale (RR 1,76 ; 95 % CI 1,40 à 2,21). Ce n’est pas le cas chez les hommes (1,05 ; 0,90 à 1,22), suggérant un taux moyen inférieur à celui tiré de la précédente méta-analyse sur le sujet, suscitée.
Les auteurs notent toutefois une hétérogénéité importante dans les différentes données selon les pays ou les régions et rappellent une méta-analyse précédente, comparant les médecins à d’autres professions similaires en termes de statut socio-économique et qui donnait des résultats différents, avec un taux de suicide des hommes supérieur à celui des autres professionnels (1,81 ; 1,55 à 2,12).
Outre cette mise en relief de l’hétérogénéité des données, cette étude illustre aussi la nécessité de poursuivre les recherches sur ce sujet afin de renforcer l’efficacité de la prévention. Il est nécessaire de garder à l’esprit que les conditions d’exercice spécifiques à chaque population de médecins, peuvent influencer le risque et les facteurs de résilience à des degrés supérieurs à ce qui était préalablement établi. D’autres facteurs, comme il a été montré lors la pandémie de Covid-19, peuvent aussi avoir un fort impact sur le risque de suicide.
References
Zimmermann C. et coll. : Suicide rates among physicians compared with the general population in studies from 20 countries: gender stratified systematic review and meta-analysis
BMJ 2024;386:e078964, https://www.bmj.com/content/386/bmj-2023-078964
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Mpox : les recommandations de la HAS inchangées
Quentin Haroche | 03 Septembre 2024
jim.fr
Paris – La HAS a décidé de maintenir ses recommandations vaccinales concernant la variole du singe mais recommande l’administration d’une dose de rappel.
On prend les mêmes et on recommence. Sollicité par le gouvernement (démissionnaire) pour revoir les recommandations vaccinales concernant la variole du singe (ou mpox), la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de ne pas toucher à la stratégie vaccinale adoptée en 2022. La découverte d’un nouveau variant de cette zoonose, le clade 1b, visiblement plus contagieux et létal que le clade II qui circule en Europe depuis 2022, n’a visiblement pas ébranlé outre mesure la HAS.
Pour rappel, le gouvernement a décidé de saisir la HAS pour qu’elle révise ses recommandations vaccinales après que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a décrété une urgence de santé publique de portée internationale. La décision de l’OMS a été prise en réaction à l’épidémie actuelle de mpox en Afrique centrale (plus de 20 000 cas et 600 morts depuis le début de l’année) et à la crainte que le nouveau variant ne se répande à travers le monde. Depuis le déclenchement de cette alerte, seuls deux cas liés au clade 1b ont été confirmés hors d’Afrique, l’un en Suède, l’autre en Thaïlande.
Les recommandations vaccinales actuelles concernant la variole du singe avaient été établies lors de l’épidémie de 2022, alors que le virus circulait quasi exclusivement chez des hommes homosexuels. Le mpox continue à circuler en France, mais les cas sont rares : seulement 126 contaminations ont été recensées par Santé Publique France (SPF) depuis le début de l’année.
L’apparition du clade 1b, qui n’a toujours pas été isolé en France, aurait pu inciter la HAS a changé de position : selon les données en provenance d’Afrique, ce variant touche également les femmes et les enfants et ne se transmet pas exclusivement par voie sexuelle. Beaucoup s’attendait donc à ce que la HAS recommande notamment de vacciner les professionnels de santé ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec un patient.
Tel n’a donc pas été le choix final de la HAS. « A l’issue de son évaluation et alors que le mode de transmission par contact intime/sexuel est majoritairement observé quel que soit le clade, la HAS considère que les cibles de cette vaccination restent inchangées depuis ses précédentes recommandations » explique la HAS pour justifier ce statu quo.
Les deux stratégies vaccinales adoptées en 2022, l’une préventive, l’autre réactive, sont donc reconduites. A titre préventif, les personnes éligibles sont les hommes homosexuels, les personnes transgenres ayant des partenaires sexuels multiples, les prostituées, les professionnels des lieux de rencontre sexuelle et les partenaires de ces individus. A titre réactif, peuvent être vaccinées toutes les personnes ayant eu un contact à risque, ce qui inclut les professionnels de santé, ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec un patient.
Des aspects pratiques inchangés
Le vaccin recommandé est toujours le MVA-BN (Imvanex en Europe) du laboratoire danois Bavarian Nordic. En principe, la vaccination se fait en deux doses espacées de 28 jours. Cependant, les personnes ayant déjà été immunisées contre la variole classique durant leur enfance (soit celles nées avant 1980) n’auraient besoin que d’une seule dose du vaccin.
Les modalités de la vaccination restent également identiques. Le vaccin utilisé est toujours le MVA-BN (Imvanex en Europe) du laboratoire danois Bavarian Nordic. En principe, la vaccination se fait en deux doses espacées de 28 jours. Cependant, les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole classique durant leur enfance (soit les personnes nées avant 1980) n’auraient besoin que d’une seule dose du vaccin.
La HAS recommande dans certains cas l’administration d’une dose de rappel
A l’inverse, les personnes immunodéprimées doivent recevoir trois doses du vaccin, à 28 jours d’intervalle, qu’elles aient été vaccinées contre la variole ou non. Mais il n’est pas recommandé de vacciner les personnes ayant contracté la variole du singe, qui bénéficient d’une immunité naturelle.
La vaccination réactive doit idéalement se faire dans les quatre jours suivant le contact à risque. A noter que le vaccin Imvanex n’ayant pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette population, l’éventuelle vaccination des mineurs doit être décidée au cas par cas.
Seul changement dans la stratégie vaccinale : la HAS recommande que les personnes vaccinées durant la campagne de vaccination de 2022 reçoivent une dose de rappel (à l’exception des sujets immunocompétents vaccinés contre la variole classique). « Les études disponibles montrent une diminution importante des anticorps neutralisants dans les deux années suivant une primovaccination à deux doses » note la HAS pour justifier cette recommandation. La dose de rappel doit « idéalement » être administrée au moins deux ans après la primovaccination. En 2022-2023, plus de 160 000 personnes ont été vaccinées contre la variole du singe en France, un record en Europe.
Même deux ans après l’épidémie de 2022, la variole du singe reste un virus relativement méconnu et l’apparition d’un nouveau variant ne fait que compliquer les choses. La HAS est donc consciente que les connaissances scientifiques sur la maladie peuvent évoluer à tout moment et « se réserve la possibilité d’ajuster ses recommandations à la lueur de ces nouvelles données ».
Il n’est ainsi toujours pas établi avec certitude que le vaccin Imvanex soit efficace contre le nouveau variant. Les premières remontées d’information depuis l’Afrique centrale, où une campagne de vaccination va bientôt être lancée, devraient permettre de lever les derniers doutes.
Cette histoire de variant, de vaccin dont on n'est pas sûr de l'efficacité sur le nouveau variant...ça me rappelle quelque chose...Ne me soufflez pas ça va me revenir.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Spray nasal d’adrénaline pour l’anaphylaxie : l’EMA donne un avis positif
Peter Russell
AUTEURS ET DÉCLARATIONS 28 août 2024
Amsterdam, Pays-Bas – L’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) a recommandé que le premier traitement d’urgence des réactions allergiques soit administré sous forme de spray nasal et non d’injection.
Eurneffy (adrénaline) devrait recevoir une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’anaphylaxie et l’anaphylaxie idiopathique ou déclenchée par l’effort. C’est ce qu’a décidé le Comité des médicaments à usage humain (Committee for Medicinal Products for Human Use, CHMP) de l’EMA lors de sa réunion de juin.
L’anaphylaxie est la forme la plus grave de réaction allergique. Elle se produit souvent dans les minutes qui suivent l’exposition à un allergène, généralement un aliment, un médicament ou une piqûre d’insecte. Tout retard dans le diagnostic et le traitement peut entraîner une obstruction des voies aériennes ou un collapsus cardiovasculaire, qui peuvent être fatals.
Le traitement par épinéphrine, également connue sous le nom d’adrénaline, diminue la réaction anaphylactique en se liant aux récepteurs adrénergiques, en inhibant l’élargissement des vaisseaux sanguins et la perméabilité des vaisseaux sanguins induits par l’histamine au cours de l’anaphylaxie. L’adrénaline détend également les muscles lisses des poumons. Cela permet d’améliorer la circulation sanguine et de faciliter la respiration.
Retards de traitement
Bien que les auto-injecteurs d’adrénaline soient très efficaces en tant que traitement d’urgence lorsqu’ils sont utilisés correctement, le CHMP a expliqué que certains patients et soignants retardent ou omettent d’administrer le traitement. Cela peut être dû à la peur de l’aiguille, à la question de savoir s’ils ont besoin d’une formation médicale pour pratiquer une injection, ou au fait que le dispositif ne soit pas accessible.
L’efficacité et la sécurité d’Eurneffy (Ars Pharmaceuticals) ont été évaluées chez 537 personnes en bonne santé âgées de 19 à 55 ans ayant participé à 14 études cliniques. Ces essais ont comparé Eurneffy à des médicaments où l’adrénaline est injectée par voie intramusculaire. Ils ont évalué la pression artérielle et la fréquence cardiaque, ainsi que la manière dont le médicament est absorbé, modifié et éliminé par l’organisme.
Ces résultats ont démontré que l’adrénaline en spray nasal est absorbée rapidement par la muqueuse nasale et distribuée dans l’organisme, avec des effets comparables à ceux des produits administrés par injection intramusculaire, selon le CHMP.
Aucun événement indésirable significatif n’a été rapporté dans les essais cliniques. Les effets secondaires les plus fréquents étaient similaires à ceux des injections et comprenaient des nausées, des céphalées, des irritations de la gorge et des sensations vertigineuses. En outre, une gêne nasale et un écoulement nasal ont été associés à l’utilisation du spray.
Le comité a recommandé que des mesures supplémentaires de minimisation des risques, y compris des vidéos de formation et d’autres supports éducatifs numériques, soient mises à la disposition des patients, des soignants et des professionnels de santé afin d’éviter une utilisation inappropriée du dispositif.
La décision finale sur l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne sera prise par la Commission européenne.
Cet article a été traduit de Medscape.com en utilisant plusieurs outils éditoriaux, y compris l’IA, dans le cadre du processus. Le contenu a été revu par la rédaction d'Univadis.fr avant publication.
Les quatre produits commercialisés en France en 2024, (adrénaline auto-injectable) sont : Anapen (150, 300, 500 microgrammes), Epipen (150, 300 microgrammes), Jext (150 et 300 microgrammes), Emerade (150 µg, 300 µg et 500 µg).
Trois formes intranasales d’adrénaline sont déjà bien avancées, dont Neffy, d’ARS Pharma, Epinephrine Spray de Bryn Pharma (ainsi que le spray nasal HIKMA de Insys therapeutics), et Oxero du laboratoire Oragoo contenant pour sa part de la poudre sèche.
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Adrénaline dans l'anaphylaxie : des auto-injecteurs aux nouvelles voies d'administration
Nathalie Raffier
medscape.com
15 mai 2024
Paris, France _ Alors que l'anaphylaxie requiert une administration immédiate d'adrénaline par auto-injection, son usage n'est pas optimal. Par conséquent, le développement de nouvelles formulations d'adrénaline telles que l'intranasale, la sublinguale et la transcutanée vise à faciliter leur utilisation et à réduire les retards persistants dans l'administration par les patients et les soignants.
Un panorama des recherches était présenté au 19e Congrès francophone d'allergologie (CFA, 16 au 19 avril 2024, Paris) [1].
L'anaphylaxie est une réaction sévère d'hypersensibilité immédiate potentiellement fatale, présentant des formes cliniques très variables et dynamiques. Elle nécessite une reconnaissance rapide pour un traitement sans délai par adrénaline intramusculaire (au niveau du tiers moyen de la face antéro-latérale de la cuisse)[2].
On pourrait croire ce réflexe acquis, mais en France, alors que le nombre de prescriptions d'adrénaline auto-injectable (AAl) augmente depuis une décennie, atteignant 965 944 unités en 2022, ce traitement relevant pourtant de la 1ère intention [3], reste sous-utilisé. Anapen (150, 300, 500 microgrammes), Epipen (150, 300 microgrammes), Jext (150 et 300 microgrammes), Emerade (150 µg, 300 µg et 500 µg) sont les quatre produits commercialisés en France en 2024.
« Seulement 17,3 % des personnes se présentant au Services d'Accueil des Urgences (SAU) de la région Lorraine l'ont utilisée en 2015, illustre la Dre Catherine Neukirch (GHU NUP, site Bichat Claude Bernard, APHP), avec des taux de 11,3 % pour les enfants et 20,3 % pour les adultes [4]. »
L'incidence de l'anaphylaxie augmente, la mortalité reste faible
Environ 0,3 % (95 % CI : 0,1-0,5) de la population connaîtra un épisode d'anaphylaxie au cours de sa vie. Son incidence en Europe, toutes causes confondues, est estimée entre 1,5 et 7,9 cas pour 100 000 habitants par an [5]. Bien que celle-ci soit en augmentation, la mortalité associée reste faible, variant entre 0,05 et 0,51 par million par an pour les médicaments, entre 0,03 et 0,32 par million par an pour les aliments, et entre 0,09 et 0,13 par million par an pour les venins d'hyménoptères.
Ces facteurs contribuent à une sous-utilisation de l'adrénaline par les patients et les soignants
Un retard persistant dans l'administration de l'adrénaline auto-injectable
Les données du Registre européen des anaphylaxies [6] confirment que l'anaphylaxie se manifeste rapidement après l'exposition à l'allergène : 55 % des cas surviennent en moins de 10 minutes et 80 % en moins de 30 minutes. En outre, une réaction biphasique, pouvant survenir jusqu'à 72 heures après l'exposition, est observée dans moins de 5 % des cas.
Alors que le retard dans l'utilisation de l'adrénaline expose à un risque accru de morbidité et de mortalité, l’AAl permet de réduire considérablement le risque d'erreurs par rapport aux traitements manuels impliquant l'ampoule, l'aiguille et la seringue, ainsi que les risques associés à la panique. Cependant, les freins à l’utilisation de l’adrénaline sont multiples, à commencer par les formes cliniques d’anaphylaxie trompeuses notamment sans manifestations cutanées et urticariennes avec seulement un bronchospasme aigu, un œdème laryngé isolé sans atteinte digestive ni chute tensionnelle, ni problème respiratoire par ailleurs, etc.
D’autres limites existent [7], dont les difficultés techniques d'utilisation et la possibilité d'une administration incorrecte, la nécessité de tailles d'aiguilles adaptées pour les patients atteints d’obésité en particulier, la phobie des aiguilles, les effets adverses potentiels des injections d'adrénaline, le défaut de port de deux auto-injecteurs sur soi, les contraintes liées à la durée de conservation et au transport encombrant, ainsi que le besoin de formation et d'entraînement pour une utilisation adéquate.
« Ces facteurs contribuent à une sous-utilisation de l'adrénaline par les patients et les soignants, fait remarquer Catherine Neukirch, entraînant des retards dans son utilisation lorsque nécessaire. »
L’adrénaline, souvent injectée en dehors de l’anaphylaxie
A propos des réactions aux auto-injecteurs d'adrénaline, une analyse parue en 2023 [8] d’après les données de pharmacovigilance de 30 centres régionaux français sur une période allant de 1984 à 2022, comprenait 42 cas rapportés (âge moyen 33 ans, 26% d'enfants), un nombre probablement sous-estimé. 40% des utilisations d’AAI ont eu lieu au moment de l'anaphylaxie. Les 60% restants étaient déclenchés en dehors des réactions. Les principales causes étaient des injections accidentelles, principalement dans les doigts, et des cas de non-déclenchement de l'auto-injecteur, ce qui souligne l’importance de l’éducation thérapeutique du patient.
Quels critères pour le traitement par adrénaline ?
C’est en 2015 que l’European Medicines Agency a requis des études pharmacologiques pour les adrénalines injectables chez le volontaire sain [9]. Celles-ci portent sur les mesures échographiques de vérification du bolus injecté, la pharmacocinétique (absorption, distribution, métabolisme et excrétion), la pharmacodynamique (« effet du médicament et le mécanisme de son action dans le corps » avec précisément l’évaluation des effets cardio-vasculaires (pressions artérielles systolique et diastolique, fréquence cardiaque).
Parmi les informations colligées avec les différents produits, des études par échographie ont montré notamment une localisation différente du bolus d’adrénaline, c’est-à-dire dans le muscle en cas d’IMC normal et en majorité dans le tissu adipeux en cas d’IMC indiquant un surpoids et une obésité. Un constat pour lequel les conséquences restent inconnues.
Dans une étude avec l’Anapen 500 μg, les femmes en surpoids ou obèses ont présenté des profils PK/PD (pharmacocinétique-pharmacodynamique) différents de ceux des hommes de poids normal, avec une augmentation de l'aire sous la courbe (0-240 min) et des changements marqués dans la courbe temporelle de la fréquence cardiaque [10].
L'administration intramusculaire de 0,5 mg produit des effets pharmacocinétiques rapides chez les sujets de poids normal, en surpoids ou obèses, avec néanmoins dans ce dernier cas un retard pour le 2nd pic/biphasique, peut-être dû à une vasoconstriction locale initiale due à l’adrénaline, suggèrent les auteurs [10,11].
Autre information, le pic plasmatique précoce survient à 5-10 minutes pour les auto-injecteurs d’adrénaline, avec une vitesse plus rapide pour l’Anapen et l’Epipen.
De plus, il est souligné que la taille des aiguilles n'est pas le facteur le plus important, ce serait plutôt la force et la vitesse d'injection, lesquelles peuvent varier en fonction de l'AAI.
Aussi, la concentration plasmatique d'adrénaline optimale pour traiter l'anaphylaxie n'est pas connue ; les études n’ayant pu être conduite en période d’anaphylaxie. Sur le plan de la pharmacocinétique, une petite série a découvert que l'augmentation de l'épaisseur de la peau/ muscle retardait l'absorption de l’AAI Epipen [11].
De nouvelles formes intranasales d'adrénaline à l’étude
Afin de favoriser l’utilisation rapide de l’adrénaline, et de convaincre les personnes réticentes à transporter et à utiliser des dispositifs d'injection, des formes intranasales, sublinguales ou transcutanées ont été imaginées, en cours de développement.
Trois formes intranasales d’adrénaline sont déjà bien avancées, dont Neffy, d’ARS Pharma, Epinephrine Spray de Bryn Pharma (ainsi que le spray nasal HIKMA de Insys therapeutics), et Oxero du laboratoire Oragoo contenant pour sa part de la poudre sèche.
La comparaison des effets pharmacocinétiques entre l’adrénaline intranasale Neffy versus AAl montre des effets pharmacocinétiques, pharmacodynamiques satisfaisants [12].
Dans une étude de phase 1, randomisée en cross-over portant sur 42 adultes sains, comparant les effets pharmacocinétiques des adrénalines Neffy (2 mg) et Epipen (0,3 mg), ainsi que de l'épinéphrine 0,3 mg par voie intramusculaire (IM), plusieurs observations ont été faites : pour une seule dose, la concentration maximale (C max) de Neffy était inférieure à celle d'Epipen.
Cependant, lors de doses répétées administrées à 10 minutes d'intervalle, la C max de Neffy était supérieure à celle d'Epipen. A ce stade, les réponses pharmacodynamiques sont au moins comparables que celles des produits injectables approuvés.
Une comparaison des effets pharmacodynamiques, tels que les PAS et PAD ainsi que la FC, entre l'adrénaline Neffy et les auto-injecteurs d'adrénaline (AAl) a conclu à un profil pharmacodynamique de Neffy comparable à celui d'Epipen et même supérieur à celui de l'épinéphrine administrée par voie intramusculaire.
En cas d’antécédents de rhinite allergique, la Cmax d’adrénaline paraît augmentée avec un Tmax réduit. L’hypotension artérielle n’empêche pas l’absorption de Neffy [13]. Neffy est examiné en ce moment par les autorités sanitaires américaines et européennes.
A propos du spray nasal en poudre d'adrénaline, l'absorption intranasale de l'adrénaline en poudre sèche apparaît plus rapide que celle de l'Epipen, offrant ainsi un avantage clinique dans la fenêtre thérapeutique courte pour le traitement de l'anaphylaxie [13].
Dans cet essai en ouvert réalisé chez 12 adultes atteints de rhinite allergique saisonnière sans asthme, les données pharmacocinétiques, pharmacodynamiques et la sécurité de l'adrénaline ont été comparées entre le FMXIN002 (1,6 mg et 3,2 mg) administré par voie intranasale avec/sans un challenge allergénique nasal et l'Epipen par voie IM (0,3 mg). A noter, sur le plan pharmacocinétique, il existe une variabilité entre les sujets. Cependant, le FMXIN002 nasal présente un temps jusqu'au pic plasmatique (T max) plus court, une concentration maximale (C max) doublée après le pic de réaction allergénique, et une aire sous la courbe plus élevée dans les 8 heures suivant l'administration par rapport à l'Epipen. Sur le plan pharmacodynamique, les effets sont comparables à ceux de l'Epipen, se manifestant de 15 minutes à 4 heures après l'administration. La tolérance est bonne, avec des effets secondaires légers et locaux. La poudre semble de déposer un peu mieux dans la cavité nasale. Celle-ci reste stable pendant 6 mois à des conditions de température de 40°C et d'humidité relative de 75%, ainsi que pendant 2 ans à des conditions de température de 25°C et d'humidité relative de 60%.
Ces résultats suggèrent que le film sublingual d'adrénaline pourrait être prometteur dans des situations réelles
Film sublingual d'adrénaline, les études sont prometteuses
L’AQST-109 est un film sublingual que l’on place sous la langue, permettant une administration rapide de l’épinéphrine 1 (une prodrogue de l’adrénaline). Le produit est de la taille d’un timbre-poste, pèse moins de 30 grammes et se dissout au contact de la langue.
L'étude EPIPHAST II était une étude de phase 1, multipériodes, en cross-over, menée auprès de 24 adultes en bonne santé (âgés de 24 à 49 ans) randomisés pour recevoir soit AQST-109 12 mg, soit 0,3 mg d'adrénaline IM manuelle au cours des deux premières périodes, et tous ont reçu 0,3 mg d'EpiPen dans la dernière période [7].
Concernant les paramètres pharmacocinétiques l'EpiPen 0,3 mg a entraîné une Cmax plus élevée que l'AQST-109 12 mg. L'AQST-109 12 mg a eu le Tmax médian le plus rapide de 12 minutes. Les AUC de l'AQST-109 12 mg étaient comprises entre celles de l'EpiPen 0,3 mg et de l'adrénaline IM manuelle 0,3 mg.
Des augmentations précoces de la PAS, de la PAD et de la fréquence cardiaque ont été observées avec l'AQST-109 12 mg. Les changements étaient plus marqués avec l'AQST-109 12 mg malgré une Cmax plus élevée avec l'EpiPen 0,3 mg.
La partie 3 de l'étude EPIPHAST a évalué l'impact de l'exposition alimentaire (sandwich au beurre de cacahuète) sur la pharmacocinétique de l'AQST-109 12 mg chez 24 adultes en bonne santé. La présence de résidus alimentaires buccaux n'a pas affecté de manière significative les paramètres pharmacodynamiques, et aucun événement indésirable lié au traitement n'a été signalé.
Les chercheurs ont conclu que l'absorption de l'AQST-109 12 mg ne serait pas altérée par des situations « réelles » si elle était utilisée pendant les repas. « Ces résultats suggèrent que le film sublingual d'adrénaline pourrait être prometteur dans des situations réelles, poursuit la Dre Catherine Neukirch, notamment en cas d'allergie alimentaire avec une ingestion récente de l’aliment allergisant. »
De l’adrénaline propulsée au travers de la peau
A noter aussi qu’une forme transcutanée d'adrénaline, utilisant le dispositif Zeneo développé par la société française Crossject à Dijon, se présente sous la forme d'un auto-injecteur, ne nécessitant pas d'aiguille. Ce projet, financé par l'Union européenne, utilise un générateur de gaz propulsant le médicament à très haute vitesse à travers la peau, en seulement 50 millisecondes. Cette méthode permet une conservation prolongée du médicament.
Références
19e congrès francophone d'allergologie (16 au 19 avril 2024, Paris Palais des congrès, Porte maillot). M7- 17 avril : Session du groupe de travail SFA : Anaphylaxie Adrénaline dans l’anaphylaxie : des autoinjecteurs aux nouvelles voies d'administration
Golden DBK, Wang J, Waserman S, et al. Anaphylaxis: A 2023 practice parameter update. Ann Allergy Asthma Immunol. 2024 Feb;132(2):124-176.
Muraro A, Worm M, Alviani C, et al; European Academy of Allergy and Clinical Immunology, Food Allergy, Anaphylaxis Guidelines Group. EAACI guidelines: Anaphylaxis (2021 update). Allergy. 2022 Feb;77(2):357-377.
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Lieberman JA, Oppenheimer J, Hernandez-Trujillo VP, Blaiss MS. Innovations in the treatment of anaphylaxis: A review of recent data. Ann Allergy Asthma Immunol. 2023 Aug;131(2):185-193.e10.
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Duvauchelle T, Robert P, Donazzolo Y, et al. Bioavailability and Cardiovascular Effects of Adrenaline Administered by Anapen Autoinjector in Healthy Volunteers. J Allergy Clin Immunol Pract. 2018 Jul-Aug;6(4):1257-1263.
Duvauchelle T, Robert P, Donazzolo Y, et al. Bioavailability and cardiovascular effects of adrenaline administered by Anapen 500 μg auto-injector in healthy volunteers. Br J Clin Pharmacol. 2023 Mar;89(3):1012-1019.
Turner PJ, Muraro A, Roberts G. Pharmacokinetics of adrenaline autoinjectors. Clin Exp Allergy. 2022 Jan;52(1):18-28.
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Sparapani S, Authier S, Lowenthal R, Tanimoto S. The impact of anaphylaxis on the absorption of intranasal epinephrine in anaesthetized non-naive beagle dogs. J Allergy Clin Immunol Glob. 2023 Aug 30;2(4):100165.
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Liens d’intérêts de la Dre Catherine Neukirch : Viatris, Stallergènes, ALK, Astrazeneca, Sanofi, GSK, Novartis
A lire l'article sur l'anaphylaxie et les allergies latex et autres
Peter Russell
AUTEURS ET DÉCLARATIONS 28 août 2024
Amsterdam, Pays-Bas – L’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) a recommandé que le premier traitement d’urgence des réactions allergiques soit administré sous forme de spray nasal et non d’injection.
Eurneffy (adrénaline) devrait recevoir une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’anaphylaxie et l’anaphylaxie idiopathique ou déclenchée par l’effort. C’est ce qu’a décidé le Comité des médicaments à usage humain (Committee for Medicinal Products for Human Use, CHMP) de l’EMA lors de sa réunion de juin.
L’anaphylaxie est la forme la plus grave de réaction allergique. Elle se produit souvent dans les minutes qui suivent l’exposition à un allergène, généralement un aliment, un médicament ou une piqûre d’insecte. Tout retard dans le diagnostic et le traitement peut entraîner une obstruction des voies aériennes ou un collapsus cardiovasculaire, qui peuvent être fatals.
Le traitement par épinéphrine, également connue sous le nom d’adrénaline, diminue la réaction anaphylactique en se liant aux récepteurs adrénergiques, en inhibant l’élargissement des vaisseaux sanguins et la perméabilité des vaisseaux sanguins induits par l’histamine au cours de l’anaphylaxie. L’adrénaline détend également les muscles lisses des poumons. Cela permet d’améliorer la circulation sanguine et de faciliter la respiration.
Retards de traitement
Bien que les auto-injecteurs d’adrénaline soient très efficaces en tant que traitement d’urgence lorsqu’ils sont utilisés correctement, le CHMP a expliqué que certains patients et soignants retardent ou omettent d’administrer le traitement. Cela peut être dû à la peur de l’aiguille, à la question de savoir s’ils ont besoin d’une formation médicale pour pratiquer une injection, ou au fait que le dispositif ne soit pas accessible.
L’efficacité et la sécurité d’Eurneffy (Ars Pharmaceuticals) ont été évaluées chez 537 personnes en bonne santé âgées de 19 à 55 ans ayant participé à 14 études cliniques. Ces essais ont comparé Eurneffy à des médicaments où l’adrénaline est injectée par voie intramusculaire. Ils ont évalué la pression artérielle et la fréquence cardiaque, ainsi que la manière dont le médicament est absorbé, modifié et éliminé par l’organisme.
Ces résultats ont démontré que l’adrénaline en spray nasal est absorbée rapidement par la muqueuse nasale et distribuée dans l’organisme, avec des effets comparables à ceux des produits administrés par injection intramusculaire, selon le CHMP.
Aucun événement indésirable significatif n’a été rapporté dans les essais cliniques. Les effets secondaires les plus fréquents étaient similaires à ceux des injections et comprenaient des nausées, des céphalées, des irritations de la gorge et des sensations vertigineuses. En outre, une gêne nasale et un écoulement nasal ont été associés à l’utilisation du spray.
Le comité a recommandé que des mesures supplémentaires de minimisation des risques, y compris des vidéos de formation et d’autres supports éducatifs numériques, soient mises à la disposition des patients, des soignants et des professionnels de santé afin d’éviter une utilisation inappropriée du dispositif.
La décision finale sur l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne sera prise par la Commission européenne.
Cet article a été traduit de Medscape.com en utilisant plusieurs outils éditoriaux, y compris l’IA, dans le cadre du processus. Le contenu a été revu par la rédaction d'Univadis.fr avant publication.
Les quatre produits commercialisés en France en 2024, (adrénaline auto-injectable) sont : Anapen (150, 300, 500 microgrammes), Epipen (150, 300 microgrammes), Jext (150 et 300 microgrammes), Emerade (150 µg, 300 µg et 500 µg).
Trois formes intranasales d’adrénaline sont déjà bien avancées, dont Neffy, d’ARS Pharma, Epinephrine Spray de Bryn Pharma (ainsi que le spray nasal HIKMA de Insys therapeutics), et Oxero du laboratoire Oragoo contenant pour sa part de la poudre sèche.
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Adrénaline dans l'anaphylaxie : des auto-injecteurs aux nouvelles voies d'administration
Nathalie Raffier
medscape.com
15 mai 2024
Paris, France _ Alors que l'anaphylaxie requiert une administration immédiate d'adrénaline par auto-injection, son usage n'est pas optimal. Par conséquent, le développement de nouvelles formulations d'adrénaline telles que l'intranasale, la sublinguale et la transcutanée vise à faciliter leur utilisation et à réduire les retards persistants dans l'administration par les patients et les soignants.
Un panorama des recherches était présenté au 19e Congrès francophone d'allergologie (CFA, 16 au 19 avril 2024, Paris) [1].
L'anaphylaxie est une réaction sévère d'hypersensibilité immédiate potentiellement fatale, présentant des formes cliniques très variables et dynamiques. Elle nécessite une reconnaissance rapide pour un traitement sans délai par adrénaline intramusculaire (au niveau du tiers moyen de la face antéro-latérale de la cuisse)[2].
On pourrait croire ce réflexe acquis, mais en France, alors que le nombre de prescriptions d'adrénaline auto-injectable (AAl) augmente depuis une décennie, atteignant 965 944 unités en 2022, ce traitement relevant pourtant de la 1ère intention [3], reste sous-utilisé. Anapen (150, 300, 500 microgrammes), Epipen (150, 300 microgrammes), Jext (150 et 300 microgrammes), Emerade (150 µg, 300 µg et 500 µg) sont les quatre produits commercialisés en France en 2024.
« Seulement 17,3 % des personnes se présentant au Services d'Accueil des Urgences (SAU) de la région Lorraine l'ont utilisée en 2015, illustre la Dre Catherine Neukirch (GHU NUP, site Bichat Claude Bernard, APHP), avec des taux de 11,3 % pour les enfants et 20,3 % pour les adultes [4]. »
L'incidence de l'anaphylaxie augmente, la mortalité reste faible
Environ 0,3 % (95 % CI : 0,1-0,5) de la population connaîtra un épisode d'anaphylaxie au cours de sa vie. Son incidence en Europe, toutes causes confondues, est estimée entre 1,5 et 7,9 cas pour 100 000 habitants par an [5]. Bien que celle-ci soit en augmentation, la mortalité associée reste faible, variant entre 0,05 et 0,51 par million par an pour les médicaments, entre 0,03 et 0,32 par million par an pour les aliments, et entre 0,09 et 0,13 par million par an pour les venins d'hyménoptères.
Ces facteurs contribuent à une sous-utilisation de l'adrénaline par les patients et les soignants
Un retard persistant dans l'administration de l'adrénaline auto-injectable
Les données du Registre européen des anaphylaxies [6] confirment que l'anaphylaxie se manifeste rapidement après l'exposition à l'allergène : 55 % des cas surviennent en moins de 10 minutes et 80 % en moins de 30 minutes. En outre, une réaction biphasique, pouvant survenir jusqu'à 72 heures après l'exposition, est observée dans moins de 5 % des cas.
Alors que le retard dans l'utilisation de l'adrénaline expose à un risque accru de morbidité et de mortalité, l’AAl permet de réduire considérablement le risque d'erreurs par rapport aux traitements manuels impliquant l'ampoule, l'aiguille et la seringue, ainsi que les risques associés à la panique. Cependant, les freins à l’utilisation de l’adrénaline sont multiples, à commencer par les formes cliniques d’anaphylaxie trompeuses notamment sans manifestations cutanées et urticariennes avec seulement un bronchospasme aigu, un œdème laryngé isolé sans atteinte digestive ni chute tensionnelle, ni problème respiratoire par ailleurs, etc.
D’autres limites existent [7], dont les difficultés techniques d'utilisation et la possibilité d'une administration incorrecte, la nécessité de tailles d'aiguilles adaptées pour les patients atteints d’obésité en particulier, la phobie des aiguilles, les effets adverses potentiels des injections d'adrénaline, le défaut de port de deux auto-injecteurs sur soi, les contraintes liées à la durée de conservation et au transport encombrant, ainsi que le besoin de formation et d'entraînement pour une utilisation adéquate.
« Ces facteurs contribuent à une sous-utilisation de l'adrénaline par les patients et les soignants, fait remarquer Catherine Neukirch, entraînant des retards dans son utilisation lorsque nécessaire. »
L’adrénaline, souvent injectée en dehors de l’anaphylaxie
A propos des réactions aux auto-injecteurs d'adrénaline, une analyse parue en 2023 [8] d’après les données de pharmacovigilance de 30 centres régionaux français sur une période allant de 1984 à 2022, comprenait 42 cas rapportés (âge moyen 33 ans, 26% d'enfants), un nombre probablement sous-estimé. 40% des utilisations d’AAI ont eu lieu au moment de l'anaphylaxie. Les 60% restants étaient déclenchés en dehors des réactions. Les principales causes étaient des injections accidentelles, principalement dans les doigts, et des cas de non-déclenchement de l'auto-injecteur, ce qui souligne l’importance de l’éducation thérapeutique du patient.
Quels critères pour le traitement par adrénaline ?
C’est en 2015 que l’European Medicines Agency a requis des études pharmacologiques pour les adrénalines injectables chez le volontaire sain [9]. Celles-ci portent sur les mesures échographiques de vérification du bolus injecté, la pharmacocinétique (absorption, distribution, métabolisme et excrétion), la pharmacodynamique (« effet du médicament et le mécanisme de son action dans le corps » avec précisément l’évaluation des effets cardio-vasculaires (pressions artérielles systolique et diastolique, fréquence cardiaque).
Parmi les informations colligées avec les différents produits, des études par échographie ont montré notamment une localisation différente du bolus d’adrénaline, c’est-à-dire dans le muscle en cas d’IMC normal et en majorité dans le tissu adipeux en cas d’IMC indiquant un surpoids et une obésité. Un constat pour lequel les conséquences restent inconnues.
Dans une étude avec l’Anapen 500 μg, les femmes en surpoids ou obèses ont présenté des profils PK/PD (pharmacocinétique-pharmacodynamique) différents de ceux des hommes de poids normal, avec une augmentation de l'aire sous la courbe (0-240 min) et des changements marqués dans la courbe temporelle de la fréquence cardiaque [10].
L'administration intramusculaire de 0,5 mg produit des effets pharmacocinétiques rapides chez les sujets de poids normal, en surpoids ou obèses, avec néanmoins dans ce dernier cas un retard pour le 2nd pic/biphasique, peut-être dû à une vasoconstriction locale initiale due à l’adrénaline, suggèrent les auteurs [10,11].
Autre information, le pic plasmatique précoce survient à 5-10 minutes pour les auto-injecteurs d’adrénaline, avec une vitesse plus rapide pour l’Anapen et l’Epipen.
De plus, il est souligné que la taille des aiguilles n'est pas le facteur le plus important, ce serait plutôt la force et la vitesse d'injection, lesquelles peuvent varier en fonction de l'AAI.
Aussi, la concentration plasmatique d'adrénaline optimale pour traiter l'anaphylaxie n'est pas connue ; les études n’ayant pu être conduite en période d’anaphylaxie. Sur le plan de la pharmacocinétique, une petite série a découvert que l'augmentation de l'épaisseur de la peau/ muscle retardait l'absorption de l’AAI Epipen [11].
De nouvelles formes intranasales d'adrénaline à l’étude
Afin de favoriser l’utilisation rapide de l’adrénaline, et de convaincre les personnes réticentes à transporter et à utiliser des dispositifs d'injection, des formes intranasales, sublinguales ou transcutanées ont été imaginées, en cours de développement.
Trois formes intranasales d’adrénaline sont déjà bien avancées, dont Neffy, d’ARS Pharma, Epinephrine Spray de Bryn Pharma (ainsi que le spray nasal HIKMA de Insys therapeutics), et Oxero du laboratoire Oragoo contenant pour sa part de la poudre sèche.
La comparaison des effets pharmacocinétiques entre l’adrénaline intranasale Neffy versus AAl montre des effets pharmacocinétiques, pharmacodynamiques satisfaisants [12].
Dans une étude de phase 1, randomisée en cross-over portant sur 42 adultes sains, comparant les effets pharmacocinétiques des adrénalines Neffy (2 mg) et Epipen (0,3 mg), ainsi que de l'épinéphrine 0,3 mg par voie intramusculaire (IM), plusieurs observations ont été faites : pour une seule dose, la concentration maximale (C max) de Neffy était inférieure à celle d'Epipen.
Cependant, lors de doses répétées administrées à 10 minutes d'intervalle, la C max de Neffy était supérieure à celle d'Epipen. A ce stade, les réponses pharmacodynamiques sont au moins comparables que celles des produits injectables approuvés.
Une comparaison des effets pharmacodynamiques, tels que les PAS et PAD ainsi que la FC, entre l'adrénaline Neffy et les auto-injecteurs d'adrénaline (AAl) a conclu à un profil pharmacodynamique de Neffy comparable à celui d'Epipen et même supérieur à celui de l'épinéphrine administrée par voie intramusculaire.
En cas d’antécédents de rhinite allergique, la Cmax d’adrénaline paraît augmentée avec un Tmax réduit. L’hypotension artérielle n’empêche pas l’absorption de Neffy [13]. Neffy est examiné en ce moment par les autorités sanitaires américaines et européennes.
A propos du spray nasal en poudre d'adrénaline, l'absorption intranasale de l'adrénaline en poudre sèche apparaît plus rapide que celle de l'Epipen, offrant ainsi un avantage clinique dans la fenêtre thérapeutique courte pour le traitement de l'anaphylaxie [13].
Dans cet essai en ouvert réalisé chez 12 adultes atteints de rhinite allergique saisonnière sans asthme, les données pharmacocinétiques, pharmacodynamiques et la sécurité de l'adrénaline ont été comparées entre le FMXIN002 (1,6 mg et 3,2 mg) administré par voie intranasale avec/sans un challenge allergénique nasal et l'Epipen par voie IM (0,3 mg). A noter, sur le plan pharmacocinétique, il existe une variabilité entre les sujets. Cependant, le FMXIN002 nasal présente un temps jusqu'au pic plasmatique (T max) plus court, une concentration maximale (C max) doublée après le pic de réaction allergénique, et une aire sous la courbe plus élevée dans les 8 heures suivant l'administration par rapport à l'Epipen. Sur le plan pharmacodynamique, les effets sont comparables à ceux de l'Epipen, se manifestant de 15 minutes à 4 heures après l'administration. La tolérance est bonne, avec des effets secondaires légers et locaux. La poudre semble de déposer un peu mieux dans la cavité nasale. Celle-ci reste stable pendant 6 mois à des conditions de température de 40°C et d'humidité relative de 75%, ainsi que pendant 2 ans à des conditions de température de 25°C et d'humidité relative de 60%.
Ces résultats suggèrent que le film sublingual d'adrénaline pourrait être prometteur dans des situations réelles
Film sublingual d'adrénaline, les études sont prometteuses
L’AQST-109 est un film sublingual que l’on place sous la langue, permettant une administration rapide de l’épinéphrine 1 (une prodrogue de l’adrénaline). Le produit est de la taille d’un timbre-poste, pèse moins de 30 grammes et se dissout au contact de la langue.
L'étude EPIPHAST II était une étude de phase 1, multipériodes, en cross-over, menée auprès de 24 adultes en bonne santé (âgés de 24 à 49 ans) randomisés pour recevoir soit AQST-109 12 mg, soit 0,3 mg d'adrénaline IM manuelle au cours des deux premières périodes, et tous ont reçu 0,3 mg d'EpiPen dans la dernière période [7].
Concernant les paramètres pharmacocinétiques l'EpiPen 0,3 mg a entraîné une Cmax plus élevée que l'AQST-109 12 mg. L'AQST-109 12 mg a eu le Tmax médian le plus rapide de 12 minutes. Les AUC de l'AQST-109 12 mg étaient comprises entre celles de l'EpiPen 0,3 mg et de l'adrénaline IM manuelle 0,3 mg.
Des augmentations précoces de la PAS, de la PAD et de la fréquence cardiaque ont été observées avec l'AQST-109 12 mg. Les changements étaient plus marqués avec l'AQST-109 12 mg malgré une Cmax plus élevée avec l'EpiPen 0,3 mg.
La partie 3 de l'étude EPIPHAST a évalué l'impact de l'exposition alimentaire (sandwich au beurre de cacahuète) sur la pharmacocinétique de l'AQST-109 12 mg chez 24 adultes en bonne santé. La présence de résidus alimentaires buccaux n'a pas affecté de manière significative les paramètres pharmacodynamiques, et aucun événement indésirable lié au traitement n'a été signalé.
Les chercheurs ont conclu que l'absorption de l'AQST-109 12 mg ne serait pas altérée par des situations « réelles » si elle était utilisée pendant les repas. « Ces résultats suggèrent que le film sublingual d'adrénaline pourrait être prometteur dans des situations réelles, poursuit la Dre Catherine Neukirch, notamment en cas d'allergie alimentaire avec une ingestion récente de l’aliment allergisant. »
De l’adrénaline propulsée au travers de la peau
A noter aussi qu’une forme transcutanée d'adrénaline, utilisant le dispositif Zeneo développé par la société française Crossject à Dijon, se présente sous la forme d'un auto-injecteur, ne nécessitant pas d'aiguille. Ce projet, financé par l'Union européenne, utilise un générateur de gaz propulsant le médicament à très haute vitesse à travers la peau, en seulement 50 millisecondes. Cette méthode permet une conservation prolongée du médicament.
Références
19e congrès francophone d'allergologie (16 au 19 avril 2024, Paris Palais des congrès, Porte maillot). M7- 17 avril : Session du groupe de travail SFA : Anaphylaxie Adrénaline dans l’anaphylaxie : des autoinjecteurs aux nouvelles voies d'administration
Golden DBK, Wang J, Waserman S, et al. Anaphylaxis: A 2023 practice parameter update. Ann Allergy Asthma Immunol. 2024 Feb;132(2):124-176.
Muraro A, Worm M, Alviani C, et al; European Academy of Allergy and Clinical Immunology, Food Allergy, Anaphylaxis Guidelines Group. EAACI guidelines: Anaphylaxis (2021 update). Allergy. 2022 Feb;77(2):357-377.
Pouessel G, Petitpain N, Tanno LK, Gautier S; Collaborators of the Anaphylaxis Working Group of the French Allergy Society. Adverse drug reactions from adrenaline auto-injectors: Analysis of the French pharmacovigilance database. Clin Exp Allergy. 2023 Sep;53(9):955-958.
Tanno LK, Caminati M, Pouessel G, Senna G, Demoly P. Epidemiology of anaphylaxis: is the trend still going up? Curr Opin Allergy Clin Immunol. 2023 Oct 1;23(5):349-356.
Worm M, Moneret-Vautrin A, Scherer K, et al. First European data from the network of severe allergic reactions (NORA). Allergy. 2014 Oct;69(10):1397-404.
Lieberman JA, Oppenheimer J, Hernandez-Trujillo VP, Blaiss MS. Innovations in the treatment of anaphylaxis: A review of recent data. Ann Allergy Asthma Immunol. 2023 Aug;131(2):185-193.e10.
Pouessel G, Petitpain N, Tanno LK, Gautier S; Collaborators of the Anaphylaxis Working Group of the French Allergy Society. Adverse drug reactions from adrenaline auto-injectors: Analysis of the French pharmacovigilance database. Clin Exp Allergy. 2023 Sep;53(9):955-958.
Duvauchelle T, Robert P, Donazzolo Y, et al. Bioavailability and Cardiovascular Effects of Adrenaline Administered by Anapen Autoinjector in Healthy Volunteers. J Allergy Clin Immunol Pract. 2018 Jul-Aug;6(4):1257-1263.
Duvauchelle T, Robert P, Donazzolo Y, et al. Bioavailability and cardiovascular effects of adrenaline administered by Anapen 500 μg auto-injector in healthy volunteers. Br J Clin Pharmacol. 2023 Mar;89(3):1012-1019.
Turner PJ, Muraro A, Roberts G. Pharmacokinetics of adrenaline autoinjectors. Clin Exp Allergy. 2022 Jan;52(1):18-28.
Casale TB, Ellis AK, Nowak-Wegrzyn A, et al. Pharmacokinetics/pharmacodynamics of epinephrine after single and repeat administration of neffy, EpiPen, and manual intramuscular injection. J Allergy Clin Immunol. 2023 Dec;152(6):1587-1596.
Sparapani S, Authier S, Lowenthal R, Tanimoto S. The impact of anaphylaxis on the absorption of intranasal epinephrine in anaesthetized non-naive beagle dogs. J Allergy Clin Immunol Glob. 2023 Aug 30;2(4):100165.
Tal Y, Ribak Y, Rubin L, et al. Fast Acting, Dry Powder, Needle-Free, Intranasal Epinephrine Spray: A Promising Future Treatment for Anaphylaxis. J Allergy Clin Immunol Pract. 2023 Oct;11(10):3047-3054.
Liens d’intérêts de la Dre Catherine Neukirch : Viatris, Stallergènes, ALK, Astrazeneca, Sanofi, GSK, Novartis
A lire l'article sur l'anaphylaxie et les allergies latex et autres
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Re: Articles sur la santé
Comment prévenir le stress post-traumatique chez les infirmières en USI ?
Geneviève Perennou | 06 Septembre 2024
jim.fr
Les infirmières exerçant en services de soins intensifs (USI) sont confrontées à des événements traumatisants tels que des réanimations, des décès, des agressions verbales et des dilemmes éthiques. Cette exposition répétée peut engendrer de l'anxiété, une dépression, un burn-out, ainsi qu'un trouble de stress post-traumatique (TSPT), qui se manifeste par des symptômes d'intrusion, d'évitement et d'hypervigilance.
Les études montrent qu'une proportion significative d'infirmières en USI présente des symptômes de TSPT, avec des taux variant de 20 % aux États-Unis à 39,9 % en Corée. Le développement des symptômes de TSPT est influencé par des facteurs tant personnels qu'environnementaux. Une vulnérabilité personnelle joue un rôle prépondérant dans les situations de stress chronique.
Parmi les facteurs identifiés, on trouve l'expérience d'événements traumatisants, le soutien social, le soutien de l’encadrement, une personnalité de type D (caractérisée par des émotions négatives et une inhibition sociale), et la résilience. La flexibilité cognitive, définie comme la capacité à percevoir des situations complexes comme contrôlables et à générer des explications alternatives, pourrait être un facteur protecteur contre le TSPT. Les infirmières dotées d'une grande flexibilité cognitive sont mieux équipées pour faire face aux événements traumatisants cumulatifs, utilisant l'intelligence émotionnelle et la pensée critique pour recadrer les situations difficiles.
Une enquête coréenne auprès de 153 infirmières d’USI
Dans cette étude, la sévérité des symptômes de TSPT mesuré par le questionnaire IES-RK (Impact of Event Scale-Revised Korean version) chez 153 infirmières d’USI (femmes 93 %, âge médian 29,9 ans) a atteint un score moyen de 26,50 sur un total de 88, dépassant le seuil de 25 et indiquant la présence de symptômes de TSPT complets chez 45,1 % de ce personnel. Il apparait que les infirmières des USI présentent davantage de TSPT plus élevé que les infirmières exerçant aux urgences (20,4 %) ou en services classiques (29,7 %).
En tenant compte de la prévalence du TSPT dans la population générale, qui varie de 1 % à 14 % aux États-Unis et de 4,7 % en Corée, il apparait que les infirmières des USI sont exposées à un risque significativement plus élevé de développer un TSPT que la population générale.
Les facteurs d’influence significatif dans le développement d’un TSPT dans cette étude étaient multiples. L'expérience d'événements traumatisants s'est avérée être le facteur le plus déterminant dans le développement des symptômes de TSPT. L’existence d’une flexibilité cognitive, notamment ses sous-dimensions d'alternative et de contrôle, a également montré une influence significative.
Paradoxalement, les infirmières présentant des symptômes de TSPT plus élevés ont tendance à utiliser davantage d'alternatives mais moins de contrôle dans leur approche cognitive. Le soutien des collègues, particulièrement l'alliance de confiance, s'est révélé être le troisième facteur influent. Dans l'environnement hautement stressant des USI, la coopération et le soutien mutuel entre collègues jouent un rôle crucial dans la réduction du stress et de la dépression.
Cette étude souligne l'importance de mettre en place des interventions ciblées pour prévenir et atténuer les symptômes de TSPT chez les infirmières des USI. Des programmes visant à renforcer la flexibilité cognitive, à promouvoir le soutien entre collègues, et à fournir un soutien psychologique professionnel sont fortement recommandés.
Bien que l'étude présente certaines limites, notamment en termes de généralisation des résultats, elle offre une base solide pour le développement de futures recherches et interventions dans le domaine de la santé mentale des professionnels de santé.
References
Kim S, Im Y. Factors Related to Post-traumatic Stress Disorder Symptoms Among Intensive Care Unit Nurses. Asian Nurs Res (Korean Soc Nurs Sci). 2024 May;18(2):159-166. doi: 10.1016/j.anr.2024.04.009.
Si on étudiant les conditions de travail des infirmières de tous services ainsi que les spécialisées, il est à craindre que ce soit 100% qui souffrent de ce TPST. Vu comment on est traité depuis des années par les gouvernements successifs.
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Danone retire le Nutri-score de ses yaourts à boire
L’entreprise agroalimentaire Danone a annoncé ce mercredi qu’elle allait progressivement supprimer sur ses yaourts à boire l’étiquetage Nutri-score, qui informe les clients sur les qualités nutritionnelles d’un produit, sept ans après avoir été l’une des premières entreprises à l’avoir utilisé. Une décision prise suite à la modification du mode de calcul l’an dernier, qui a entrainé une dégradation de la note de nombreux produits Danone. « C’est lamentable et extrêmement choquant de voir que Danone abandonne le Nutri-Score lorsque les règles du jeu établies par des scientifiques ne lui plaisent plus » a commenté le Pr Serge Hercberg, nutritionniste et inventeur du Nutri-score.
On peut penser que le sucre contenu là dedans ne plaide pas en la faveur du "produit". Déduction faite du sucre naturel du lait, une bouteille contient maintenant l’équivalent de 14 morceaux de sucre !
Face à ça, un réflexe simple : on va voir ailleurs.
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Quand l'IA permet de déterminer l'âge gestationnel
Michael van den Heuvel | 06 Septembre 2024
jim.fr
Grâce à un échographe peu coûteux et à l’IA, des médecins sans connaissances spécifiques en échographie peuvent estimer l'âge gestationnel avec autant de précision que leurs collègues disposant d'une formation appropriée et d'un équipement coûteux.
C'est particulièrement vrai entre la 14ème et la 37ème semaine de grossesse, comme le montre une étude de cohorte menée par le Dr Jeffrey S. A. Stringer de la UNC School of Medicine, UNC GlobalWomen's Health, Chapel Hill, USA, et coll., dont les résultats ont été publiés dans le JAMA.
Le Dr Stringer explique : « Dans les régions où l'échographie n'était pas disponible auparavant, les patientes peuvent désormais obtenir des estimations précises et en temps réel de l'âge de leur grossesse, ce qui est essentiel pour détecter les grossesses à risque et mettre en place un traitement approprié ».
Il espère que « les prestataires de soins de santé dans les régions éloignées ou mal desservies pourront offrir des diagnostics de niveau expert sans formation approfondie, ce qui pourrait éventuellement améliorer les résultats pour la mère et le nouveau-né ». On se rapproche ainsi un peu plus de l'objectif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de déterminer par échographie l'âge gestationnel, pour toutes les femmes enceintes.
Pourquoi connaitre l'âge gestationnel ?
L'âge gestationnel fournit aux médecins des indications pour le dépistage du diabète gestationnel ou pour décider s'il convient d'administrer des corticostéroïdes ou du sulfate de magnésium en cas de risque d'accouchement prématuré. Enfin, en fonction de cet âge gestationnel, les professionnels de santé peuvent décider s'il convient de déclencher un accouchement.
C'est pourquoi l'OMS conseille à toutes les femmes enceintes de passer au moins une échographie avant la 24ème semaine de grossesse. Seulement, cette recommandation n'est pas appliquée dans de nombreux pays à revenu faible ou moyen. Pourtant, avec du matériel d'échographie bon marché et des algorithmes d'intelligence artificielle (AI) pour l'analyse des images, il est possible d'examiner bien plus de femmes.
Le Dr Stringer et ses collègues présentent des résultats sur la précision diagnostique d'un algorithme. Ils ont équipé un appareil peu coûteux, fonctionnant sur batterie, d'un logiciel d'IA.
Une étude portant sur 400 femmes enceintes aux États-Unis et en Afrique
Au total, 400 futures mères de Lusaka, en Zambie, et de Chapel Hill, en Caroline du Nord, ont participé à cette étude prospective. Elles avaient un déroulement de grossesse normal et se trouvaient au premier trimestre selon l'examen initial par échographie trans-vaginale.
Dans le cadre de l'étude elle-même, des médecins ont examiné des femmes enceintes à l'aide de l'appareil mobile et de l'algorithme d'IA (test d’index). A cela s'ajoutaient des examens réalisés par des médecins experts en échographie qui ont utilisé des appareils hautement spécialisés et utilisés en clinique (standard de l'étude).
Les chercheurs ont défini comme fenêtre temporelle primaire la zone comprise entre le début de la semaine 14 et la fin de la semaine 27. Le choix de cette fenêtre est basé sur les données de plus de 100 000 grossesses en Zambie : 85 % des femmes ont pris leur 1er rendez-vous d'examen jusqu'à la fin de la semaine 14, à la semaine 27, elles étaient 97 %. Ces données ne s'appliquent pas nécessairement à tous les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le dispositif d'IA était à la hauteur des médecins expérimentés
Dans la fenêtre de temps primaire, l'appareil d'IA était égal aux médecins avec une expertise en échographie et un appareil hautement spécialisé, avec une erreur absolue moyenne de 3,2 jours contre 3,0 jours (différence de 0,2 jour, IC à 95 % : -0,1 à 0,5 jour). Leurs résultats s'appliquent à différents sous-groupes de l'étude, comme les femmes de Zambie et de Caroline du Nord ou les femmes ayant un indice de masse corporelle élevé.
« Dans la période de 14 à 27 semaines durant laquelle la plupart des femmes des pays à revenu faible ou intermédiaire se présentent pour la première fois, le test de l'indice répondait aux critères d'équivalence statistique avec un échographiste qualifié utilisant un appareil hautement spécialisé », résument les auteurs.
Ils ont également constaté que « le test d'index répondait également aux critères d'équivalence dans une fenêtre secondaire entre 28 et 36 semaines de grossesse, alors que les résultats n'étaient pas concluants à partir de 37 semaines de grossesse ».
Quelles sont les limites de l'étude ?
Les auteurs font état de plusieurs limitations. Ils ont inclus des femmes dont la grossesse se déroulait normalement. Les résultats ne permettent pas de tirer des conclusions sur les grossesses à haut risque. De plus, malgré la stratégie consistant à recruter des femmes de pays très différents, la question de savoir si les résultats peuvent être généralisés reste ouverte.
Les femmes enceintes dont le fœtus présentait des anomalies ont été exclues de l'étude conformément au protocole. On igonre dans quelle mesure l'outil d'IA permet de tirer des conclusions sur l'âge gestationnel dans leur cas.
Cet article a été publié sur le site d'Univadis.de et traduit initialement sur le site MediQuality
References
Stringer JSA, Pokaprakarn T, Prieto JC, et al. Diagnostic Accuracy of an Integrated AI Tool to Estimate Gestational Age From Blind Ultrasound Sweeps. JAMA. 2024 Aug 27;332(8):649-657. doi: 10.1001/jama.2024.10770.
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Chine : des virus inconnus et dangereux découverts dans un élevage d’animaux à fourrure
Quatre ans après le début de l’épidémie de Covid-19, qui serait partie d’un marché aux poissons à Wuhan en Chine, des chercheurs chinois ont identifié 125 virus différents chez des animaux à fourrure élevés dans des fermes en Chine. Dans cette étude publiée dans Nature ce mercredi, les scientifiques rapportent que 36 de ces virus étaient jusque-là inconnus et que 39 d’entre eux présentent un risque élevé de transmission à l’Homme. Rendez-vous dans trois mois pour le prochain confinement…
Same players shoot again...
Geneviève Perennou | 06 Septembre 2024
jim.fr
Les infirmières exerçant en services de soins intensifs (USI) sont confrontées à des événements traumatisants tels que des réanimations, des décès, des agressions verbales et des dilemmes éthiques. Cette exposition répétée peut engendrer de l'anxiété, une dépression, un burn-out, ainsi qu'un trouble de stress post-traumatique (TSPT), qui se manifeste par des symptômes d'intrusion, d'évitement et d'hypervigilance.
Les études montrent qu'une proportion significative d'infirmières en USI présente des symptômes de TSPT, avec des taux variant de 20 % aux États-Unis à 39,9 % en Corée. Le développement des symptômes de TSPT est influencé par des facteurs tant personnels qu'environnementaux. Une vulnérabilité personnelle joue un rôle prépondérant dans les situations de stress chronique.
Parmi les facteurs identifiés, on trouve l'expérience d'événements traumatisants, le soutien social, le soutien de l’encadrement, une personnalité de type D (caractérisée par des émotions négatives et une inhibition sociale), et la résilience. La flexibilité cognitive, définie comme la capacité à percevoir des situations complexes comme contrôlables et à générer des explications alternatives, pourrait être un facteur protecteur contre le TSPT. Les infirmières dotées d'une grande flexibilité cognitive sont mieux équipées pour faire face aux événements traumatisants cumulatifs, utilisant l'intelligence émotionnelle et la pensée critique pour recadrer les situations difficiles.
Une enquête coréenne auprès de 153 infirmières d’USI
Dans cette étude, la sévérité des symptômes de TSPT mesuré par le questionnaire IES-RK (Impact of Event Scale-Revised Korean version) chez 153 infirmières d’USI (femmes 93 %, âge médian 29,9 ans) a atteint un score moyen de 26,50 sur un total de 88, dépassant le seuil de 25 et indiquant la présence de symptômes de TSPT complets chez 45,1 % de ce personnel. Il apparait que les infirmières des USI présentent davantage de TSPT plus élevé que les infirmières exerçant aux urgences (20,4 %) ou en services classiques (29,7 %).
En tenant compte de la prévalence du TSPT dans la population générale, qui varie de 1 % à 14 % aux États-Unis et de 4,7 % en Corée, il apparait que les infirmières des USI sont exposées à un risque significativement plus élevé de développer un TSPT que la population générale.
Les facteurs d’influence significatif dans le développement d’un TSPT dans cette étude étaient multiples. L'expérience d'événements traumatisants s'est avérée être le facteur le plus déterminant dans le développement des symptômes de TSPT. L’existence d’une flexibilité cognitive, notamment ses sous-dimensions d'alternative et de contrôle, a également montré une influence significative.
Paradoxalement, les infirmières présentant des symptômes de TSPT plus élevés ont tendance à utiliser davantage d'alternatives mais moins de contrôle dans leur approche cognitive. Le soutien des collègues, particulièrement l'alliance de confiance, s'est révélé être le troisième facteur influent. Dans l'environnement hautement stressant des USI, la coopération et le soutien mutuel entre collègues jouent un rôle crucial dans la réduction du stress et de la dépression.
Cette étude souligne l'importance de mettre en place des interventions ciblées pour prévenir et atténuer les symptômes de TSPT chez les infirmières des USI. Des programmes visant à renforcer la flexibilité cognitive, à promouvoir le soutien entre collègues, et à fournir un soutien psychologique professionnel sont fortement recommandés.
Bien que l'étude présente certaines limites, notamment en termes de généralisation des résultats, elle offre une base solide pour le développement de futures recherches et interventions dans le domaine de la santé mentale des professionnels de santé.
References
Kim S, Im Y. Factors Related to Post-traumatic Stress Disorder Symptoms Among Intensive Care Unit Nurses. Asian Nurs Res (Korean Soc Nurs Sci). 2024 May;18(2):159-166. doi: 10.1016/j.anr.2024.04.009.
Si on étudiant les conditions de travail des infirmières de tous services ainsi que les spécialisées, il est à craindre que ce soit 100% qui souffrent de ce TPST. Vu comment on est traité depuis des années par les gouvernements successifs.
____________________
Danone retire le Nutri-score de ses yaourts à boire
L’entreprise agroalimentaire Danone a annoncé ce mercredi qu’elle allait progressivement supprimer sur ses yaourts à boire l’étiquetage Nutri-score, qui informe les clients sur les qualités nutritionnelles d’un produit, sept ans après avoir été l’une des premières entreprises à l’avoir utilisé. Une décision prise suite à la modification du mode de calcul l’an dernier, qui a entrainé une dégradation de la note de nombreux produits Danone. « C’est lamentable et extrêmement choquant de voir que Danone abandonne le Nutri-Score lorsque les règles du jeu établies par des scientifiques ne lui plaisent plus » a commenté le Pr Serge Hercberg, nutritionniste et inventeur du Nutri-score.
On peut penser que le sucre contenu là dedans ne plaide pas en la faveur du "produit". Déduction faite du sucre naturel du lait, une bouteille contient maintenant l’équivalent de 14 morceaux de sucre !
Face à ça, un réflexe simple : on va voir ailleurs.
__________________
Quand l'IA permet de déterminer l'âge gestationnel
Michael van den Heuvel | 06 Septembre 2024
jim.fr
Grâce à un échographe peu coûteux et à l’IA, des médecins sans connaissances spécifiques en échographie peuvent estimer l'âge gestationnel avec autant de précision que leurs collègues disposant d'une formation appropriée et d'un équipement coûteux.
C'est particulièrement vrai entre la 14ème et la 37ème semaine de grossesse, comme le montre une étude de cohorte menée par le Dr Jeffrey S. A. Stringer de la UNC School of Medicine, UNC GlobalWomen's Health, Chapel Hill, USA, et coll., dont les résultats ont été publiés dans le JAMA.
Le Dr Stringer explique : « Dans les régions où l'échographie n'était pas disponible auparavant, les patientes peuvent désormais obtenir des estimations précises et en temps réel de l'âge de leur grossesse, ce qui est essentiel pour détecter les grossesses à risque et mettre en place un traitement approprié ».
Il espère que « les prestataires de soins de santé dans les régions éloignées ou mal desservies pourront offrir des diagnostics de niveau expert sans formation approfondie, ce qui pourrait éventuellement améliorer les résultats pour la mère et le nouveau-né ». On se rapproche ainsi un peu plus de l'objectif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de déterminer par échographie l'âge gestationnel, pour toutes les femmes enceintes.
Pourquoi connaitre l'âge gestationnel ?
L'âge gestationnel fournit aux médecins des indications pour le dépistage du diabète gestationnel ou pour décider s'il convient d'administrer des corticostéroïdes ou du sulfate de magnésium en cas de risque d'accouchement prématuré. Enfin, en fonction de cet âge gestationnel, les professionnels de santé peuvent décider s'il convient de déclencher un accouchement.
C'est pourquoi l'OMS conseille à toutes les femmes enceintes de passer au moins une échographie avant la 24ème semaine de grossesse. Seulement, cette recommandation n'est pas appliquée dans de nombreux pays à revenu faible ou moyen. Pourtant, avec du matériel d'échographie bon marché et des algorithmes d'intelligence artificielle (AI) pour l'analyse des images, il est possible d'examiner bien plus de femmes.
Le Dr Stringer et ses collègues présentent des résultats sur la précision diagnostique d'un algorithme. Ils ont équipé un appareil peu coûteux, fonctionnant sur batterie, d'un logiciel d'IA.
Une étude portant sur 400 femmes enceintes aux États-Unis et en Afrique
Au total, 400 futures mères de Lusaka, en Zambie, et de Chapel Hill, en Caroline du Nord, ont participé à cette étude prospective. Elles avaient un déroulement de grossesse normal et se trouvaient au premier trimestre selon l'examen initial par échographie trans-vaginale.
Dans le cadre de l'étude elle-même, des médecins ont examiné des femmes enceintes à l'aide de l'appareil mobile et de l'algorithme d'IA (test d’index). A cela s'ajoutaient des examens réalisés par des médecins experts en échographie qui ont utilisé des appareils hautement spécialisés et utilisés en clinique (standard de l'étude).
Les chercheurs ont défini comme fenêtre temporelle primaire la zone comprise entre le début de la semaine 14 et la fin de la semaine 27. Le choix de cette fenêtre est basé sur les données de plus de 100 000 grossesses en Zambie : 85 % des femmes ont pris leur 1er rendez-vous d'examen jusqu'à la fin de la semaine 14, à la semaine 27, elles étaient 97 %. Ces données ne s'appliquent pas nécessairement à tous les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le dispositif d'IA était à la hauteur des médecins expérimentés
Dans la fenêtre de temps primaire, l'appareil d'IA était égal aux médecins avec une expertise en échographie et un appareil hautement spécialisé, avec une erreur absolue moyenne de 3,2 jours contre 3,0 jours (différence de 0,2 jour, IC à 95 % : -0,1 à 0,5 jour). Leurs résultats s'appliquent à différents sous-groupes de l'étude, comme les femmes de Zambie et de Caroline du Nord ou les femmes ayant un indice de masse corporelle élevé.
« Dans la période de 14 à 27 semaines durant laquelle la plupart des femmes des pays à revenu faible ou intermédiaire se présentent pour la première fois, le test de l'indice répondait aux critères d'équivalence statistique avec un échographiste qualifié utilisant un appareil hautement spécialisé », résument les auteurs.
Ils ont également constaté que « le test d'index répondait également aux critères d'équivalence dans une fenêtre secondaire entre 28 et 36 semaines de grossesse, alors que les résultats n'étaient pas concluants à partir de 37 semaines de grossesse ».
Quelles sont les limites de l'étude ?
Les auteurs font état de plusieurs limitations. Ils ont inclus des femmes dont la grossesse se déroulait normalement. Les résultats ne permettent pas de tirer des conclusions sur les grossesses à haut risque. De plus, malgré la stratégie consistant à recruter des femmes de pays très différents, la question de savoir si les résultats peuvent être généralisés reste ouverte.
Les femmes enceintes dont le fœtus présentait des anomalies ont été exclues de l'étude conformément au protocole. On igonre dans quelle mesure l'outil d'IA permet de tirer des conclusions sur l'âge gestationnel dans leur cas.
Cet article a été publié sur le site d'Univadis.de et traduit initialement sur le site MediQuality
References
Stringer JSA, Pokaprakarn T, Prieto JC, et al. Diagnostic Accuracy of an Integrated AI Tool to Estimate Gestational Age From Blind Ultrasound Sweeps. JAMA. 2024 Aug 27;332(8):649-657. doi: 10.1001/jama.2024.10770.
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Chine : des virus inconnus et dangereux découverts dans un élevage d’animaux à fourrure
Quatre ans après le début de l’épidémie de Covid-19, qui serait partie d’un marché aux poissons à Wuhan en Chine, des chercheurs chinois ont identifié 125 virus différents chez des animaux à fourrure élevés dans des fermes en Chine. Dans cette étude publiée dans Nature ce mercredi, les scientifiques rapportent que 36 de ces virus étaient jusque-là inconnus et que 39 d’entre eux présentent un risque élevé de transmission à l’Homme. Rendez-vous dans trois mois pour le prochain confinement…
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Re: Articles sur la santé
Quel myope célèbre était « plus populaire que Jésus » ?
Quentin Haroche | 06 Septembre 2024
jim.fr
Brisbane – Pour beaucoup de ses fans, l’image de John Lennon, le génial leader des Beatles, est indissociable de ses petites lunettes rondes. Le charismatique chanteur les portait durant les dernières années des Beatles et sa carrière solo, ces lunettes faisaient partie intégrante de son style alliant nonchalance anglaise et psychédélisme hippie.
Mais lorsqu’on se replonge dans les images de la « Beatlemania », les premières années de la carrière du groupe entre 1963 et 1966 où leur popularité était à leur paroxysme (ce qui fera dire à John Lennon qu’ils étaient « plus populaires que Jésus »), on remarque que John Lennon ne portait à l’époque pas de lunettes.
« J’ai toujours été un fan des premières années des Beatles donc j’ai l’image d’un John Lennon sans lunettes » commente Stephen Vincent, professeur d’ophtalmologie à l’université du Queensland à Brisbane en Australie. L’auteur de « In my Life » et « Come Together » est-il devenu myope avec l’âge ? Portait-il des lentilles ? C’est pour répondre à ses questions fondamentales que le Pr Vincent a associé ses deux grandes passions : l’ophtalmologie et les Beatles.
Help me à faire tenir mes lentilles
Dans un article intitulé « You’ve got to hide your myopia away » (les fans des Beatles auront la référence) publié le 21 juin dernier, le Pr Vincent revient ainsi sur l’historique des problèmes de vue du leader des Beatles. Premier enseignement de cette étude, John Lennon souffrait d’une forte myopie dès l’adolescence. Son ami Paul McCartney se souvient ainsi d’une scène en 1958 à Liverpool où celui qui n’était alors qu’un adolescent anonyme de 18 ans avait confondu une crèche de Noel avec...des joueurs de cartes.
Mais si John Lennon portait déjà des lunettes à l’époque, il détestait les montrer en public. « Normalement, s’il y avait des filles aux alentour, il les enlevait tout de suite » se souvient Paul McCartney. « Il ne faut pas gâcher notre image » répétait John Lennon, le look des Beatles jouant une part importante dans leur popularité dans les premières années du groupe.
Le Pr Vincent a pu déterminer que John Lennon a commencé à porter des lentilles de contact en 1963. Comme le rappelle le praticien australien, les lentilles cornéennes ont été inventés en 1948 et il est probable que le chanteur des Beatles portait des lentilles rigides en polymethylmethacrylate (PMMA), les plus modernes disponibles à l’époque.
Mais selon les proches du chanteur au début des années 60 John Lennon perdait régulièrement ses lentilles. Cela pouvait notamment être due à la vie turbulente que les Beatles menaient à l’époque, notamment quand ils étaient chahutés par des fans en furie (John Lennon a notamment perdu ses lentilles après avoir reçu en pleine tête…des bonbons jetés par des fans). Mais le Pr Vincent a une autre explication : selon une prescription pour des lunettes datant de 1971, John Lennon présentait également un astigmatisme.
« Lorsqu'une lentille cornéenne rigide à surface arrière sphérique est adaptée à une cornée torique qui est plus raide le long du méridien vertical que du méridien horizontal (la définition de l’astigmatisme), cela peut entraîner une lentille de contact instable et mobile qui peut être complètement éjectée de l'œil » analyse le Pr Vincent, qui abandonne ici ses habits de fan pour reprendre ceux d’ophtalmologiste.
Imagine un monde sans myopie
Mais le point le plus passionnant de l’étude du Pr Vincent concerne une étrange croyance de John Lennon. L’ophtalmologue du chanteur dans les années 1970 se souvient en effet que ce dernier lui parlait souvent de ses anciennes lentilles, affirmant qu’il ne pouvait les garder « dans mes foutus yeux que quand j’étais défoncé ». Les Beatles ont en effet été de grands consommateurs de cannabis, surtout entre 1965 et 1966, la période où John Lennon portait des lentilles. « Nous fumions de la marijuana au petit-déjeuner à l’époque, personne ne pouvait nous parler » racontait John Lennon à propos du tournage du film « Help ! » en 1965.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la croyance de John Lennon que le cannabis lui permettait de garder ses lentilles en place n’était pas infondée. « C’est surement du au ptosis induit par la consommation de cannabis » explique le Pr Vincent.
« Il semble que la position détendue ou abaissée de la paupière supérieure de John lorsqu'il était défoncé corrige la mauvaise adaptation potentielle de la lentille de contact le long du méridien vertical, peut-être en fournissant un ajustement de la fixation de la paupière pour maintenir la lentille en place et en réduisant l'interaction entre le bord de la paupière et le bord de la lentille » suppose le Pr Vincent.
Fort heureusement (ou malheureusement c’est selon votre avis), il n’est plus nécessaire de fumer du cannabis pour faire tenir ses lentilles de contact. Les lentilles souples, portées désormais par des millions de personnes dans le monde, ont en effet été inventées en 1971 et sont moins propices à tomber. Trop tard pour John Lennon, qui s’est réconcilié avec les lunettes en 1966 et c’est justement en 1971 qu’il écrira son plus grand tube, « Imagine », qui fut notamment chanté 53 ans plus tard lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
Quentin Haroche | 06 Septembre 2024
jim.fr
Brisbane – Pour beaucoup de ses fans, l’image de John Lennon, le génial leader des Beatles, est indissociable de ses petites lunettes rondes. Le charismatique chanteur les portait durant les dernières années des Beatles et sa carrière solo, ces lunettes faisaient partie intégrante de son style alliant nonchalance anglaise et psychédélisme hippie.
Mais lorsqu’on se replonge dans les images de la « Beatlemania », les premières années de la carrière du groupe entre 1963 et 1966 où leur popularité était à leur paroxysme (ce qui fera dire à John Lennon qu’ils étaient « plus populaires que Jésus »), on remarque que John Lennon ne portait à l’époque pas de lunettes.
« J’ai toujours été un fan des premières années des Beatles donc j’ai l’image d’un John Lennon sans lunettes » commente Stephen Vincent, professeur d’ophtalmologie à l’université du Queensland à Brisbane en Australie. L’auteur de « In my Life » et « Come Together » est-il devenu myope avec l’âge ? Portait-il des lentilles ? C’est pour répondre à ses questions fondamentales que le Pr Vincent a associé ses deux grandes passions : l’ophtalmologie et les Beatles.
Help me à faire tenir mes lentilles
Dans un article intitulé « You’ve got to hide your myopia away » (les fans des Beatles auront la référence) publié le 21 juin dernier, le Pr Vincent revient ainsi sur l’historique des problèmes de vue du leader des Beatles. Premier enseignement de cette étude, John Lennon souffrait d’une forte myopie dès l’adolescence. Son ami Paul McCartney se souvient ainsi d’une scène en 1958 à Liverpool où celui qui n’était alors qu’un adolescent anonyme de 18 ans avait confondu une crèche de Noel avec...des joueurs de cartes.
Mais si John Lennon portait déjà des lunettes à l’époque, il détestait les montrer en public. « Normalement, s’il y avait des filles aux alentour, il les enlevait tout de suite » se souvient Paul McCartney. « Il ne faut pas gâcher notre image » répétait John Lennon, le look des Beatles jouant une part importante dans leur popularité dans les premières années du groupe.
Le Pr Vincent a pu déterminer que John Lennon a commencé à porter des lentilles de contact en 1963. Comme le rappelle le praticien australien, les lentilles cornéennes ont été inventés en 1948 et il est probable que le chanteur des Beatles portait des lentilles rigides en polymethylmethacrylate (PMMA), les plus modernes disponibles à l’époque.
Mais selon les proches du chanteur au début des années 60 John Lennon perdait régulièrement ses lentilles. Cela pouvait notamment être due à la vie turbulente que les Beatles menaient à l’époque, notamment quand ils étaient chahutés par des fans en furie (John Lennon a notamment perdu ses lentilles après avoir reçu en pleine tête…des bonbons jetés par des fans). Mais le Pr Vincent a une autre explication : selon une prescription pour des lunettes datant de 1971, John Lennon présentait également un astigmatisme.
« Lorsqu'une lentille cornéenne rigide à surface arrière sphérique est adaptée à une cornée torique qui est plus raide le long du méridien vertical que du méridien horizontal (la définition de l’astigmatisme), cela peut entraîner une lentille de contact instable et mobile qui peut être complètement éjectée de l'œil » analyse le Pr Vincent, qui abandonne ici ses habits de fan pour reprendre ceux d’ophtalmologiste.
Imagine un monde sans myopie
Mais le point le plus passionnant de l’étude du Pr Vincent concerne une étrange croyance de John Lennon. L’ophtalmologue du chanteur dans les années 1970 se souvient en effet que ce dernier lui parlait souvent de ses anciennes lentilles, affirmant qu’il ne pouvait les garder « dans mes foutus yeux que quand j’étais défoncé ». Les Beatles ont en effet été de grands consommateurs de cannabis, surtout entre 1965 et 1966, la période où John Lennon portait des lentilles. « Nous fumions de la marijuana au petit-déjeuner à l’époque, personne ne pouvait nous parler » racontait John Lennon à propos du tournage du film « Help ! » en 1965.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la croyance de John Lennon que le cannabis lui permettait de garder ses lentilles en place n’était pas infondée. « C’est surement du au ptosis induit par la consommation de cannabis » explique le Pr Vincent.
« Il semble que la position détendue ou abaissée de la paupière supérieure de John lorsqu'il était défoncé corrige la mauvaise adaptation potentielle de la lentille de contact le long du méridien vertical, peut-être en fournissant un ajustement de la fixation de la paupière pour maintenir la lentille en place et en réduisant l'interaction entre le bord de la paupière et le bord de la lentille » suppose le Pr Vincent.
Fort heureusement (ou malheureusement c’est selon votre avis), il n’est plus nécessaire de fumer du cannabis pour faire tenir ses lentilles de contact. Les lentilles souples, portées désormais par des millions de personnes dans le monde, ont en effet été inventées en 1971 et sont moins propices à tomber. Trop tard pour John Lennon, qui s’est réconcilié avec les lunettes en 1966 et c’est justement en 1971 qu’il écrira son plus grand tube, « Imagine », qui fut notamment chanté 53 ans plus tard lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
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Re: Articles sur la santé
Naloxone et arrêts cardiaques extra-hospitaliers… en Californie
Dr Bernard-Alex Gauzere | 10 Septembre 2024
jim.fr
Aux États-Unis, les deux dernières décennies, ont été marquées par une proportion croissante d’arrêts cardiaques extrahospitaliers secondaires à un « surdose médicamenteux ». L'incidence de ces arrêts cardiaques extrahospitaliers associés aux opiacés (ACEH-AO) est passée de moins de 1 % de tous les ACEH en 2000 à entre 7 % et 14 % à la fin des années 2010, jusqu’à représenter 17,4 % des ACEH pris en charge par les services médicaux d'urgence dans le comté de San Francisco.
La physiopathologie de l’ACEH-AO implique l'hypopnée qui conduit à l'hypoxie, qui à son tour provoque une réduction progressive du débit cardiaque, une hypotension, une bradycardie, et finalement, l'arrêt cardiaque. Cette progression graduelle vers l'arrêt cardiaque offre davantage de possibilités de traitement, comme que la ventilation assistée et l'antagonisme compétitif des récepteurs opioïdes par la naloxone.
La naloxone est-elle bénéfique lors de l’ACEH-AO ?
Alors qu’il est admis que la naloxone est bénéfique en cas d'overdose sans arrêt cardiaque concomitant, l’est-elle lors de l’ACEH-AO ? La naloxone inverse l'apnée et l'altération de la conscience associées aux opioïdes. Elle exerce également des effets sur la pression artérielle et le rythme cardiaque qui confèrent une plausibilité biologique à son utilisation dans le cas d’ACEH-AO. La principale hypothèse actuelle est que la naloxone inverse la dépression myocardique liée aux opioïdes et stimule la libération de catécholamines, avec pour conséquence une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
Aucune étude prospective n'a été menée pour évaluer l'efficacité de la naloxone dans l’ACEH-AO, ou dans l’ACEH indifférencié en général. La naloxone est-elle associée à une amélioration des taux de retour continu à la circulation spontanée (RCCS) et de survie à la sortie de l'hôpital ?
Lacune comblée par ces auteurs qui ont évalué l'association entre l'administration de naloxone et le devenir des patients présentant un ACEH-AO, dans une étude de cohorte rétrospective d’adultes ayant présenté un ACEH non traumatique dans 3 comtés de Californie du Nord entre 2015 et 2023. Les données ont été analysées à l'aide de modèles basés sur le score de propension. Le résultat principal était la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital ; le résultat secondaire était RCCS.
Meilleurs résultats avec la naloxone
Parmi les 8 195 patients avec ACEH (âge médian [IQR], 65 [51-78] ans ; 5 540 hommes [67,6 %] ; 1 304 Asiatiques, Hawaïens natifs ou insulaires du Pacifique [15,9 %] ; 1 119 Noirs [13,7 %] ; 2 538 Blancs [31,0 %]), 715 (8,7 %) ont été considérés par les cliniciens comme ayant un ACEH-AO.
La naloxone a été administrée à 1 165 patients (14,2 %) et a été associée à une augmentation du RCCS en utilisant à la fois l'appariement par propension du plus proche voisin (différence de risque absolu [DAR], 15,2 % ; IC à 95 %, 9,9 %-20,6 %) et l'ajustement par régression pondérée par la propension inverse (DAR, 11,8 % ; IC à 95 %, 7,3 %-16,4 %). La naloxone a également été associée à une augmentation de la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital en utilisant à la fois l'appariement par propension du plus proche voisin (DAR, 6,2 % ; IC à 95 %, 2,3 %-10,0 %) et l'ajustement par régression pondérée par la propension inverse (DAR, 3,9 % ; IC à 95 %, 1,1 %-6,7 %). Dans un modèle de régression évaluant la modification de l'effet entre la naloxone et les ACEH-AO, la naloxone a été associée à une amélioration de la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital, tant dans le groupe des ACEH-AO, (OR, 2,48 ; IC à 95 %, 1,34-4,58) que dans celui des ACEH non AO (OR, 1,35 ; IC à 95 %, 1,04-1,77).
Plusieurs limites liées à la nature observationnelle de l’étude
La principale limite de cette étude est le biais de sélection, en ce sens qu'il n'y a pas de précision sur la manière dont les cliniciens ont pris la décision d'administrer ou non de la naloxone. Le biais de sélection, dans lequel les cliniciens des Urgences étaient plus susceptibles d'administrer de la naloxone aux patients soupçonnés de présenter un ACEH-AO, pourrait avoir influencé les résultats, car il a été constaté que cette population avait de meilleurs résultats cliniques que les patients avec un ACEH non AO.
De même, les patients plus jeunes ayant moins de comorbidités étaient plus susceptibles de recevoir de la naloxone et sont indépendamment plus susceptibles de survivre jusqu'à la sortie de l'hôpital. En revanche, la naloxone était plus susceptible d'être administrée aux patients ayant des rythmes non choquables, négativement associés à la survie.
Étant donné le manque de données cliniques sur l'efficacité de la naloxone dans les cas d’ACEH liés à un « surdosage médicamenteux » et d’ACEH en général, ces résultats nécessitent une évaluation plus poussée, y compris prospective, de la naloxone dans la prise en charge des arrêts cardiaques.
Quoi qu’il en soit, en dehors du contexte bien particulier du mésusage des opioïdes aux États-Unis, dans le doute, un peu de naloxone pourrait ne pas faire de mal, chez nous…
References
Dillon DG, Montoy JCC, Nishijima DK, et al. Naloxone and Patient Outcomes in Out-of-Hospital Cardiac Arrests in California. JAMA Netw Open. 2024 Aug 1;7(8):e2429154. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.29154.
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Anaphylaxie aux États-Unis : encore des disparités dans la mortalité
Pr Guy Dutau | 10 Septembre 2024
jim.fr
La fréquence de l'anaphylaxie varie selon les pays avec une prévalence au cours de la vie comprise entre 1,6 % et 5,1 %. Bien que l'anaphylaxie soit une réaction allergique aiguë potentiellement mortelle, le taux de mortalité est relativement faible, estimé à moins de 1 %. Toutefois, des études récentes ont révélé une augmentation de la prévalence de l'anaphylaxie, alors même que les informations récentes sont assez limitées concernant le taux de mortalité.
Une analyse épidémiologique entre 1999 et 2020
Les auteurs ont étudié les taux de mortalité par anaphylaxie aux États-Unis entre 1999 et 2020, et les ont exprimés sous forme de taux de mortalité standardisé selon l'âge (TMSA) pour 1 million d'habitants. Ils se sont appuyés sur la base de données CDC WONDER contenant les données des certificats de décès des résidents américains. Chaque certificat de décès contenait une seule cause sous-jacente de décès et jusqu'à 20 causes multiples de décès. Des données démographiques ont été également incluses.
Les données ont été analysées entre 1999 et 2020. Les codes CIM10 suivants ont été utilisés : T78.0 (choc anaphylactique dû à une réaction alimentaire indésirable), T78.2 (choc anaphylactique, non précisé), T80.5 (choc anaphylactique dû à une vaccination) et T88.6 (choc anaphylactique dû à l'effet indésirable d'un médicament donné). Les codes ICD1C avaient déjà été utilisés dans la recherche sur l'épidémiologie de l'anaphylaxie.
Les auteurs ont stratifié le sexe et l’origine ethnique, uniquement par blanc et noir. D'autres groupes n'ont pas été inclus en raison de leur faible nombre. Les auteurs ont utilisé l'analyse de régression Joinpoint* pour évaluer le changement dans la pente linéaire de la tendance de la mortalité au fil du temps, et le calcul de la variation annuelle estimée en pourcentage (VAEP) pour chaque tendance en ajustant une ligne de régression.
Des disparités en fonction du sexe et de l'ethnie
Finalement, il y a eu 5 208 décès liés à l'anaphylaxie entre 1999 et 2020, soit une moyenne de 260,4 décès par an. Les taux de mortalité standardisés par âge se situaient entre 0,6 et 0,9 par million chaque année. Une tendance biphasique a été identifiée : de 1999 à 2002, il y a eu une tendance non significative à la baisse, la VAEP était de -9,8 (IC à 95 % -20 à 1,6 ; p = 0,086). De 2002 à 2020, il y a eu une tendance à la hausse ; la VAEPC était de 1,7 (IC à 95 % 0,9 à 2,4 ; p = 0,0001).
Ces résultats sont probablement associés à plusieurs facteurs tels qu'un bas niveau socio-économique dans certaines couches de la population, les difficultés d'accès aux soins et, aussi, la sévérité plus importante de certains symptômes allergiques (en particulier l'asthme) dans le sexe féminin.
* Joinpoint est un logiciel statistique pour l'analyse des tendances à l'aide de modèles de points de jointure, c'est-à-dire des modèles où plusieurs lignes différentes sont reliées entre elles aux « points de jointure ».
References
Salciccioli I, Bhatt P, Shalhoub J, et al. Persistent sex and race disparities in United States anaphylaxis mortality from 1999 to 2020. Allergy. 2024 Aug;79(8):2255-2258. doi: 10.1111/all.16088.
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Excision : un trafic de clitoris sur fond de mysticisme et de religion en Côte d’Ivoire
Raphaël Lichten | 10 Septembre 2024
jim.fr
Paris – Dans plusieurs régions de Côte d’Ivoire, l’excision — illégale depuis 1998 — entraîne un macabre trafic de clitoris, transformés en poudre et vendus pour de prétendus pouvoirs religieux ou mystiques.
« J’avais trop envie d’être un grand chef », confie un ancien féticheur ivoirien à nos confrères de l’AFP, qui ont mené une vaste enquête sur un étrange et macabre trafic de glands de clitoris excisés en Côte d’Ivoire. Une fois séchés, ils sont transformés en une sorte de poudre noire, qui est alors revendue et utilisée, notamment par des féticheurs. « J’ai mis ça sur mon corps et mon visage pendant trois ans, tous les trois mois environ », explique l’ex-féticheur, qui était alors consulté comme sorcier et guérisseur dans la région de Touba, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire.
Plus de 100 euros le clitoris
Le cas de cet ancien féticheur repenti est loin d’être rare. « Cet organe est utilisé pour faire des philtres d’amour, avoir de l’argent ou accéder à de hautes fonctions politiques » dans de nombreuses régions de Côte d’Ivoire, explique ainsi Labe Gneble, directeur de l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (Onef).
Le clitoris est ainsi revendu aux alentours de 75 000 francs CFA, soit 114 euros.
Si les origines de ce commerce sont mal comprises, la plupart des acteurs locaux — associations, travailleurs sociaux, anciens féticheurs et exciseuses, chercheurs — sont convaincus qu’il est un des obstacles les plus importants à la lutte contre l’excision en Côte d’Ivoire.
« Quand elles coupent le clitoris, [les exciseuses] le font d’abord sécher pendant un mois ou deux », puis elles le « pilent avec des cailloux », détaille ainsi l’ex-féticheur interviewé par l’AFP. En résulte une sorte de poudre noire, mélangée à des feuilles, des racines, des écorces, ou encore du beurre de karité.
Si l’excision est elle-même illégale, les méthodes utilisées par certains pour se procurer les clitoris des jeunes filles excisées sont encore plus véreuses. « Des gens se faisaient passer pour les parents des filles et repartaient avec le clitoris », raconte une ancienne exciseuse à nos confrères.
Une véritable omerta sur le trafic d’organe
Si les faits sont assez connus des communautés locales, les poursuites sont rares — pour ne pas dire inexistantes. « Les gens ne donnent pas d’informations sur les choses sacrées », regrette le lieutenant de police N’Guessan Yosso, qui travaille à Touba.
Les exciseuses, quant à elles, sont craintes — certains habitants pensent qu’elles seraient habitées par des esprits maléfiques. Les pouvoirs publics nationaux font, eux aussi, semble-t-il, la sourde oreille. L’AFP explique ainsi que les conclusions d’une étude portant sur la question avaient été envoyées au ministère de la Femme ivoirien en 2021, qui n’avait pas donné suite.
Le problème est d’autant plus grave qu’il ne se limite pas à la région de Touba. Dans le district du Denguélé, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire, les « poudres de clitoris » sont utilisées par les agriculteurs, qui les mélangent à leurs semences pour améliorer la production de leurs champs. Dans le centre ouest, les clitoris réduits en poudre sont utilisés comme aphrodisiaques.
Ce marché noir est indubitablement « une des raisons de la survivance des mutilations génitales féminines » dans le pays, soutiennent la fondation Djigui et l’Onef, deux organisations qui luttent contre les mutilations génitales féminines en Côte d’Ivoire.
Le taux de prévalence de l’excision y est certes largement inférieur à la Guinée voisine, qui dépasse les 90 %, mais il reste élevé — il est évalué à 28 % au niveau national, et dépasse même les 50 % dans certaines régions, en dépit d’une interdiction assez ancienne.
Dr Bernard-Alex Gauzere | 10 Septembre 2024
jim.fr
Aux États-Unis, les deux dernières décennies, ont été marquées par une proportion croissante d’arrêts cardiaques extrahospitaliers secondaires à un « surdose médicamenteux ». L'incidence de ces arrêts cardiaques extrahospitaliers associés aux opiacés (ACEH-AO) est passée de moins de 1 % de tous les ACEH en 2000 à entre 7 % et 14 % à la fin des années 2010, jusqu’à représenter 17,4 % des ACEH pris en charge par les services médicaux d'urgence dans le comté de San Francisco.
La physiopathologie de l’ACEH-AO implique l'hypopnée qui conduit à l'hypoxie, qui à son tour provoque une réduction progressive du débit cardiaque, une hypotension, une bradycardie, et finalement, l'arrêt cardiaque. Cette progression graduelle vers l'arrêt cardiaque offre davantage de possibilités de traitement, comme que la ventilation assistée et l'antagonisme compétitif des récepteurs opioïdes par la naloxone.
La naloxone est-elle bénéfique lors de l’ACEH-AO ?
Alors qu’il est admis que la naloxone est bénéfique en cas d'overdose sans arrêt cardiaque concomitant, l’est-elle lors de l’ACEH-AO ? La naloxone inverse l'apnée et l'altération de la conscience associées aux opioïdes. Elle exerce également des effets sur la pression artérielle et le rythme cardiaque qui confèrent une plausibilité biologique à son utilisation dans le cas d’ACEH-AO. La principale hypothèse actuelle est que la naloxone inverse la dépression myocardique liée aux opioïdes et stimule la libération de catécholamines, avec pour conséquence une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
Aucune étude prospective n'a été menée pour évaluer l'efficacité de la naloxone dans l’ACEH-AO, ou dans l’ACEH indifférencié en général. La naloxone est-elle associée à une amélioration des taux de retour continu à la circulation spontanée (RCCS) et de survie à la sortie de l'hôpital ?
Lacune comblée par ces auteurs qui ont évalué l'association entre l'administration de naloxone et le devenir des patients présentant un ACEH-AO, dans une étude de cohorte rétrospective d’adultes ayant présenté un ACEH non traumatique dans 3 comtés de Californie du Nord entre 2015 et 2023. Les données ont été analysées à l'aide de modèles basés sur le score de propension. Le résultat principal était la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital ; le résultat secondaire était RCCS.
Meilleurs résultats avec la naloxone
Parmi les 8 195 patients avec ACEH (âge médian [IQR], 65 [51-78] ans ; 5 540 hommes [67,6 %] ; 1 304 Asiatiques, Hawaïens natifs ou insulaires du Pacifique [15,9 %] ; 1 119 Noirs [13,7 %] ; 2 538 Blancs [31,0 %]), 715 (8,7 %) ont été considérés par les cliniciens comme ayant un ACEH-AO.
La naloxone a été administrée à 1 165 patients (14,2 %) et a été associée à une augmentation du RCCS en utilisant à la fois l'appariement par propension du plus proche voisin (différence de risque absolu [DAR], 15,2 % ; IC à 95 %, 9,9 %-20,6 %) et l'ajustement par régression pondérée par la propension inverse (DAR, 11,8 % ; IC à 95 %, 7,3 %-16,4 %). La naloxone a également été associée à une augmentation de la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital en utilisant à la fois l'appariement par propension du plus proche voisin (DAR, 6,2 % ; IC à 95 %, 2,3 %-10,0 %) et l'ajustement par régression pondérée par la propension inverse (DAR, 3,9 % ; IC à 95 %, 1,1 %-6,7 %). Dans un modèle de régression évaluant la modification de l'effet entre la naloxone et les ACEH-AO, la naloxone a été associée à une amélioration de la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital, tant dans le groupe des ACEH-AO, (OR, 2,48 ; IC à 95 %, 1,34-4,58) que dans celui des ACEH non AO (OR, 1,35 ; IC à 95 %, 1,04-1,77).
Plusieurs limites liées à la nature observationnelle de l’étude
La principale limite de cette étude est le biais de sélection, en ce sens qu'il n'y a pas de précision sur la manière dont les cliniciens ont pris la décision d'administrer ou non de la naloxone. Le biais de sélection, dans lequel les cliniciens des Urgences étaient plus susceptibles d'administrer de la naloxone aux patients soupçonnés de présenter un ACEH-AO, pourrait avoir influencé les résultats, car il a été constaté que cette population avait de meilleurs résultats cliniques que les patients avec un ACEH non AO.
De même, les patients plus jeunes ayant moins de comorbidités étaient plus susceptibles de recevoir de la naloxone et sont indépendamment plus susceptibles de survivre jusqu'à la sortie de l'hôpital. En revanche, la naloxone était plus susceptible d'être administrée aux patients ayant des rythmes non choquables, négativement associés à la survie.
Étant donné le manque de données cliniques sur l'efficacité de la naloxone dans les cas d’ACEH liés à un « surdosage médicamenteux » et d’ACEH en général, ces résultats nécessitent une évaluation plus poussée, y compris prospective, de la naloxone dans la prise en charge des arrêts cardiaques.
Quoi qu’il en soit, en dehors du contexte bien particulier du mésusage des opioïdes aux États-Unis, dans le doute, un peu de naloxone pourrait ne pas faire de mal, chez nous…
References
Dillon DG, Montoy JCC, Nishijima DK, et al. Naloxone and Patient Outcomes in Out-of-Hospital Cardiac Arrests in California. JAMA Netw Open. 2024 Aug 1;7(8):e2429154. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.29154.
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Anaphylaxie aux États-Unis : encore des disparités dans la mortalité
Pr Guy Dutau | 10 Septembre 2024
jim.fr
La fréquence de l'anaphylaxie varie selon les pays avec une prévalence au cours de la vie comprise entre 1,6 % et 5,1 %. Bien que l'anaphylaxie soit une réaction allergique aiguë potentiellement mortelle, le taux de mortalité est relativement faible, estimé à moins de 1 %. Toutefois, des études récentes ont révélé une augmentation de la prévalence de l'anaphylaxie, alors même que les informations récentes sont assez limitées concernant le taux de mortalité.
Une analyse épidémiologique entre 1999 et 2020
Les auteurs ont étudié les taux de mortalité par anaphylaxie aux États-Unis entre 1999 et 2020, et les ont exprimés sous forme de taux de mortalité standardisé selon l'âge (TMSA) pour 1 million d'habitants. Ils se sont appuyés sur la base de données CDC WONDER contenant les données des certificats de décès des résidents américains. Chaque certificat de décès contenait une seule cause sous-jacente de décès et jusqu'à 20 causes multiples de décès. Des données démographiques ont été également incluses.
Les données ont été analysées entre 1999 et 2020. Les codes CIM10 suivants ont été utilisés : T78.0 (choc anaphylactique dû à une réaction alimentaire indésirable), T78.2 (choc anaphylactique, non précisé), T80.5 (choc anaphylactique dû à une vaccination) et T88.6 (choc anaphylactique dû à l'effet indésirable d'un médicament donné). Les codes ICD1C avaient déjà été utilisés dans la recherche sur l'épidémiologie de l'anaphylaxie.
Les auteurs ont stratifié le sexe et l’origine ethnique, uniquement par blanc et noir. D'autres groupes n'ont pas été inclus en raison de leur faible nombre. Les auteurs ont utilisé l'analyse de régression Joinpoint* pour évaluer le changement dans la pente linéaire de la tendance de la mortalité au fil du temps, et le calcul de la variation annuelle estimée en pourcentage (VAEP) pour chaque tendance en ajustant une ligne de régression.
Des disparités en fonction du sexe et de l'ethnie
Finalement, il y a eu 5 208 décès liés à l'anaphylaxie entre 1999 et 2020, soit une moyenne de 260,4 décès par an. Les taux de mortalité standardisés par âge se situaient entre 0,6 et 0,9 par million chaque année. Une tendance biphasique a été identifiée : de 1999 à 2002, il y a eu une tendance non significative à la baisse, la VAEP était de -9,8 (IC à 95 % -20 à 1,6 ; p = 0,086). De 2002 à 2020, il y a eu une tendance à la hausse ; la VAEPC était de 1,7 (IC à 95 % 0,9 à 2,4 ; p = 0,0001).
Ces résultats sont probablement associés à plusieurs facteurs tels qu'un bas niveau socio-économique dans certaines couches de la population, les difficultés d'accès aux soins et, aussi, la sévérité plus importante de certains symptômes allergiques (en particulier l'asthme) dans le sexe féminin.
* Joinpoint est un logiciel statistique pour l'analyse des tendances à l'aide de modèles de points de jointure, c'est-à-dire des modèles où plusieurs lignes différentes sont reliées entre elles aux « points de jointure ».
References
Salciccioli I, Bhatt P, Shalhoub J, et al. Persistent sex and race disparities in United States anaphylaxis mortality from 1999 to 2020. Allergy. 2024 Aug;79(8):2255-2258. doi: 10.1111/all.16088.
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Excision : un trafic de clitoris sur fond de mysticisme et de religion en Côte d’Ivoire
Raphaël Lichten | 10 Septembre 2024
jim.fr
Paris – Dans plusieurs régions de Côte d’Ivoire, l’excision — illégale depuis 1998 — entraîne un macabre trafic de clitoris, transformés en poudre et vendus pour de prétendus pouvoirs religieux ou mystiques.
« J’avais trop envie d’être un grand chef », confie un ancien féticheur ivoirien à nos confrères de l’AFP, qui ont mené une vaste enquête sur un étrange et macabre trafic de glands de clitoris excisés en Côte d’Ivoire. Une fois séchés, ils sont transformés en une sorte de poudre noire, qui est alors revendue et utilisée, notamment par des féticheurs. « J’ai mis ça sur mon corps et mon visage pendant trois ans, tous les trois mois environ », explique l’ex-féticheur, qui était alors consulté comme sorcier et guérisseur dans la région de Touba, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire.
Plus de 100 euros le clitoris
Le cas de cet ancien féticheur repenti est loin d’être rare. « Cet organe est utilisé pour faire des philtres d’amour, avoir de l’argent ou accéder à de hautes fonctions politiques » dans de nombreuses régions de Côte d’Ivoire, explique ainsi Labe Gneble, directeur de l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (Onef).
Le clitoris est ainsi revendu aux alentours de 75 000 francs CFA, soit 114 euros.
Si les origines de ce commerce sont mal comprises, la plupart des acteurs locaux — associations, travailleurs sociaux, anciens féticheurs et exciseuses, chercheurs — sont convaincus qu’il est un des obstacles les plus importants à la lutte contre l’excision en Côte d’Ivoire.
« Quand elles coupent le clitoris, [les exciseuses] le font d’abord sécher pendant un mois ou deux », puis elles le « pilent avec des cailloux », détaille ainsi l’ex-féticheur interviewé par l’AFP. En résulte une sorte de poudre noire, mélangée à des feuilles, des racines, des écorces, ou encore du beurre de karité.
Si l’excision est elle-même illégale, les méthodes utilisées par certains pour se procurer les clitoris des jeunes filles excisées sont encore plus véreuses. « Des gens se faisaient passer pour les parents des filles et repartaient avec le clitoris », raconte une ancienne exciseuse à nos confrères.
Une véritable omerta sur le trafic d’organe
Si les faits sont assez connus des communautés locales, les poursuites sont rares — pour ne pas dire inexistantes. « Les gens ne donnent pas d’informations sur les choses sacrées », regrette le lieutenant de police N’Guessan Yosso, qui travaille à Touba.
Les exciseuses, quant à elles, sont craintes — certains habitants pensent qu’elles seraient habitées par des esprits maléfiques. Les pouvoirs publics nationaux font, eux aussi, semble-t-il, la sourde oreille. L’AFP explique ainsi que les conclusions d’une étude portant sur la question avaient été envoyées au ministère de la Femme ivoirien en 2021, qui n’avait pas donné suite.
Le problème est d’autant plus grave qu’il ne se limite pas à la région de Touba. Dans le district du Denguélé, au nord-ouest de la Côte d’Ivoire, les « poudres de clitoris » sont utilisées par les agriculteurs, qui les mélangent à leurs semences pour améliorer la production de leurs champs. Dans le centre ouest, les clitoris réduits en poudre sont utilisés comme aphrodisiaques.
Ce marché noir est indubitablement « une des raisons de la survivance des mutilations génitales féminines » dans le pays, soutiennent la fondation Djigui et l’Onef, deux organisations qui luttent contre les mutilations génitales féminines en Côte d’Ivoire.
Le taux de prévalence de l’excision y est certes largement inférieur à la Guinée voisine, qui dépasse les 90 %, mais il reste élevé — il est évalué à 28 % au niveau national, et dépasse même les 50 % dans certaines régions, en dépit d’une interdiction assez ancienne.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Le ministre de la Santé se fait attendre
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Michel Barnier a promis que le nouveau gouvernement serait connu la semaine prochaine. Le Pr Philippe Juvin semble tenir la corde pour occuper le poste de ministre de la Santé.
Le 16 juillet dernier, Frédéric Valletoux, tout comme l’ensemble du gouvernement, a déposé sa démission comme ministre de la Santé. Deux mois plus tard, celui qui s’occupe des « affaires courantes » (il a notamment géré les Jeux Olympiques et Paralympiques et la menace de la variole du singe) attend toujours son successeur. La faute à une situation politique particulièrement complexe et inédite issue des élections législatives et aux atermoiements du Président Emmanuel Macron pour nommer un Premier Ministre.
Depuis le 5 septembre dernier, Matignon a désormais un nouveau locataire en la personne de Michel Barnier. Le plus vieux Premier Ministre de l’histoire de la Vème République a promis ce mercredi que le nouveau gouvernement (et donc le nouveau ministre de la Santé) serait connu dès la semaine prochaine. Sans aucune majorité à l’Assemblée Nationale, l’ancien député RPR devrait essentiellement nommer des ministres issus de son camp politique ainsi que de l’ancienne majorité présidentielle, tout en essayant (mais cela s’annonce mal parti) de débaucher quelques personnalités de centre gauche.
Valletoux se verrait bien rempiler
Une situation politique qui limite la liste des candidats potentiels pour occuper le poste de ministre de la Santé. Frédéric Valletoux, bien sûr, pourrait rempiler. Ancien membre de Les Républicains (LR), désormais à Horizons, proche de l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe, l’ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF) pourrait faire le lien entre LR et les macronistes. Les noms du Dr Yannick Neuder (cardiologue et député LR), de Corinne Imbert (pharmacienne et sénatrice LR), du Dr Stéphanie Rist (rhumatologue et auteur de plusieurs lois sur la santé à l’Assemblée Nationale) ou d’Arnaud Robinet (président de la FHF et maire de Reims) sont également cités.
Mais c’est pour le moment le Pr Philippe Juvin qui semble tenir la corde. Le chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), ancien maire de La Garenne-Colombes pendant 21 ans et actuellement député des Hauts-de-Seine coche en effet plusieurs cases. Il est d’abord un homme de terrain, qui connait ses dossiers, continue d’exercer à l’hôpital et n’hésite pas à s’engager personnellement (il a notamment servi en Afghanistan, soigné des blessés de l’attentat du 13 novembre et participé à la lutte contre la pandémie de Covid-19).
Mais c’est surtout son positionnement politique qui le place au centre du jeu. Bien qu’il soit toujours resté à LR, le Pr Juvin est en effet considéré depuis plusieurs années comme « Macron-compatible ». Depuis son arrivée à l’Assemblée Nationale en 2022, il prône un rapprochement entre le parti de droite et le chef de l’Etat. En juillet dernier, il a ainsi été réélu en profitant de l’absence de candidat macroniste contre lui aux législatives. Certes, il était opposé à Michel Barnier lors de la primaire présidentielle de LR en 2021. Mais Barnier et Juvin, arrivés respectivement avant-dernier et dernier de cette élection, ne devraient pas s’en tenir rigueur.
Philippe Juvin contre la bureaucratie
Depuis son arrivée au Palais Bourbon en 2022, le Pr Juvin s’est fortement engagé sur les questions liées à la santé. Contrairement à beaucoup de ses camarades de droite, il est opposé à toute politique de rigueur et prône un renforcement des moyens de l’hôpital public. Sur le front de la médecine libérale, on se souvient que c’est lui qui fut à l’origine de l’exonération de cotisations pour les praticiens libéraux en cumul emploi-retraite en 2023 (mesure qui n’a cependant pas été reconduite en 2024). Ces derniers mois, il a été l’un des parlementaires les plus engagés contre la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, n’hésitant pas à mettre en avant son expérience de médecin et à évoquer la mort de son père.
Son nouveau cheval de bataille est la lutte contre la bureaucratie. Dans une vidéo postée dimanche dernier sur le réseau social X, il montre aux internautes le temps fou et inutile qu’il passe à devoir « coder » les causes d’hospitalisation de ses patients : une simple chute peut correspondre à des centaines d’items différents dans les grimoires de la Sécurité Sociale.
« Les charges administratives qui incombent aux soignants font partie des choses qu’il faut faire évoluer, nous passons beaucoup de temps devant notre ordinateur plutôt que devant les patients » explique l’urgentiste, qui milite pour un mouvement de simplification administrative et une plus grande utilisation de l’intelligence artificielle. « Le temps médical est précieux, je ne comprends pas pourquoi on ne facilite pas le travail des soignants alors que l’on manque de médecin ». Voilà qui pourrait être une des premières missions de l’éventuel futur ministre de la Santé, si le Pr Juvin venait à être nommé au gouvernement.
Quelle que soit l’identité du futur ministre de la Santé, il sera déjà le sixième à occuper ce poste dans le second mandat présidentiel d’Emmanuel Macron, deux ans seulement après sa réélection. Les derniers ministres de la Santé n’ont eu en moyenne que quelques mois de longévité. Et au vu de la situation politique particulièrement chaotique, le nouveau ministre risque lui aussi de devoir travailler sur un siège éjectable.
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Le génie dans la peau
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Baltimore – Un jeune homme de 15 ans, qui a eu l’idée d’un savon contre le mélanome, est devenu la nouvelle coqueluche du monde scientifique américain.
Les équipes du laboratoire de santé publique de l’université de John Hopkins à Baltimore, l’un des plus grands centres de recherche des Etats-Unis, auront un collègue un peu particulier cette année. Alors que la plupart des membres de ce laboratoire sont des chercheurs chevronnés, Heman Bekele, 15 ans seulement, travaillera cette année avec eux. Le jeune homme n’a pas encore terminé le lycée et il est pourtant déjà à la tête de son propre projet scientifique : la création d’un savon contre le mélanome.
Né en Ethiopie, dont il a émigré avec ses parents à l’âge de quatre ans pour les Etats-Unis, Heman Bekele n’a qu’un seul souvenir de sa vie africaine : celle d’ouvriers travaillant sous un soleil de plomb sans aucune protection. Une vision qui a sans doute guidé sa volonté de trouver un moyen de combattre le cancer de la peau. A l’âge de 7 ans, ses parents lui offrent un kit de chimiste en herbe pour Noel. Sa passion pour la chimie est née.
Scientifique depuis sa plus tendre enfance
Il se souvient avoir tenté toutes sortes d’expériences dans sa chambre d’enfant. « Je mélangeais du savon, du détergent et divers produits ménagers » raconte-il au journal américain Time Magazine. « Je les cachais sous mon lit pour voir ce qu’il se passait si je laissais couver ça toute la nuit, je mélangeais tout totalement au hasard ».
Même si ce type de recettes a été essayé par beaucoup d’autres bambins, déjà enfant, Heman Bekele nourrit de solides ambitions. Il se persuade ainsi qu’en mélangeant de l’aluminium et de l’hydroxyde de sodium, il pourra produire une quantité infinie d’énergie et résoudre les problèmes de la planète. « Mais j’ai failli déclencher un incendie » se remémore-t-il.
Le scientifique en herbe n’est pas freiné par ses échecs d’enfants. Alors que les adolescents de son âge s’intéressent aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux, lui se passionne pour les traitements contre le cancer de la peau. Il s’intéresse ainsi à l’imiquimod, un médicament prescrit contre certains mélanomes. Le médicament est administré sous forme de crème, mais le jeune Bekele s’est demandé s’il pouvait mettre au point un autre mode d’administration plus simple et surtout moins cher, alors qu’une dose d’imiquimod coûte 40 000 dollars aux Etats-Unis.
« Je me suis demandé : qu’est-ce que tout le monde utilise quel que soit son niveau socio-économique ? » raconte-t-il. « Presque tout le monde utilise du savon et de l’eau pour se laver, alors un savon est probablement la meilleure solution ».
Petit à petit, le jeune homme fait progresser son idée de savon contre le mélanome. Pour que l’imiquimod ne soit pas tout simplement éliminé par l’eau au moment de l’utilisation du savon, il a l’idée d’associer cette molécule avec des nanoparticules lipidiques, qui resteraient attachées à la peau quand le patient se rincerait après s’être savonné.
Un savon sur les rails
L’idée tape dans l’œil du monde scientifique. En octobre 2023, le jeune homme remporte le « 3M Young scientist challenge », une compétition organisée par la société 3M dans laquelle des lycéens doivent présenter une idée d’invention scientifique. Heman Bekele remporte 25 000 dollars, une très belle somme pour un adolescent de 15 ans, mais évidemment insuffisante pour poursuivre son projet de savon thérapeutique.
En février dernier, lors d’un congrès sur le mélanome à Washington, il fait la connaissance du Pr Vito Rebecca, chercheuse à l’université John Hopkins. La scientifique prend le jeune homme sous son aile et l’invite à poursuivre ses recherches au sein de la prestigieuse université américaine.
Elu « enfant de l’année » par le Time Magazine le 15 août dernier, Heman Bekele poursuit, avant même cette consécration médiatique, ses recherches et participe à la promotion de son projet. En juin, il a dû mener une présentation devant 8 000 personnes lors d’un congrès à Boston. « C’était stressant mais aussi amusant » raconte le jeune homme plein de ressources. Il a bien conscience qu’il faudra de nombreuses années pour que son savon thérapeutique voit le jour, s’il voit le jour. Mais à 15 ans, Heman Bekele n’est pas pressé et garde la tête sur les épaules.
« Tout le monde aurait pu faire ce que j’ai fait, j’ai juste eu une idée, je l’ai travaillée et j’ai pu la rendre concrète » analyse-t-il. Il invite tous les jeunes garçons et filles de son âge à nourrir le même esprit d’innovation. « Nous n’aurons jamais trop de nouvelles idées dans ce monde. Continuez d’inventer. Continuez de réfléchir à des manières de changer notre monde et de le rendre meilleur ».
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Quelle célèbre boisson gazeuse peut vous conduire à l’hôpital ?
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Un curieux cas clinique nous rappelle les dangers de certaines boissons sucrées.
Les médecins du service de médecine interne du centre hospitalier de Polynésie française à Tahiti se souviendront sans doute longtemps de ce cas clinique, survenu en juillet 2023 et publié dans la Revue de médecine interne le 17 juillet dernier. Pas pour son issue, finalement plutôt heureuse, mais pour son côté quelque peu saugrenu.
Le patient est un homme de 44 ans, maçon, sans antécédent médical particulier. Il est hospitalisé pour de sévères myalgies aux quadriceps et aux épaules. « Les déficits musculaires sont évalués à 3/5 aux quadriceps, 3/5 aux adducteurs, 4/5 aux releveurs des pieds » notent les médecins tahitiens dans leur cas clinique. Le patient n’arrive plus à s’asseoir, à se mettre debout et même à marcher avec deux béquilles. Il présente également des difficultés à déboucher une bouteille et à porter ses mains à sa bouche.
Un patient sans aucun vice…ou presque
Le bilan biologique fait état d’une hypokaliémie (2,7 mmol/L), d’une hypophosphorémie (0,67 mmol/L) et d’un taux de CPK très supérieur à la normale, mesuré à 820 unités internationales par litre. Un taux de CPK correspondant à une rhabdomyolyse, expliquent les internistes tahitiens, c’est à dire à une dégradation du tissu musculaire squelettique cause des myalgies présentées par le patient. Les examens permettent néanmoins d’éliminer toute cause infectieuse. Malgré son hypokaliémie, l’électrocardiogramme (ECG) du patient est tout à fait normal.
C’est finalement l’interrogatoire du patient qui va permettre aux internistes de trouver la solution. L’homme indique qu’il ne consomme ni alcool, ni tabac, ni stupéfiant. Il n’a en réalité qu’un seul vice : le Coca-Cola. Le patient boit plus de trois litres par jour de la célèbre boisson sucrée américaine ! Les médecins comprennent alors que le tableau clinique du patient correspond en tous points à celui d’une intoxication chronique au Coca-Cola, mis à part l’hypophosphorémie, jamais décrite dans les autres cas d’intoxication au Coca-Cola.
C’est notamment la caféine contenue en dose importante dans le Coca-Cola qui peut conduire à une hypokaliémie sévère en cas de consommation excessive. La caféine stimule en effet l’activité de la pompe sodium-potassium et facilite l’influx de potassium dans le milieu intracellulaire. Le fructose et le glucose contenus dans le Coca-Cola participent également à cette hypokaliémie.
Le succès de la médecine à l’ancienne
Bien que rares, les cas d’hypokaliémie sévère induite par une consommation sévère de Coca-Cola ne sont pas inédits dans la littérature médicale. Une poignée de cas a été rapporté de part le monde ces trente dernières années, concernant à chaque fois des patients buvant plus de trois litres par jour. En 2021, le CHU de Limoges avait ainsi rapporté le cas d’une patiente de 54 ans paralysée des quatre jambes : les deux à cinq litres de Coca-Cola zéro qu’elle buvait chaque jour avait provoqué une hypokaliémie sévère.
Mais la palme revient au cas de cet homme australien rapporté par la presse anglo-saxonne en 2004 : l’homme avait fini par développer une hypokaliémie en raison de ses parties de chasse aux kangourous, au cours desquelles il avait l’habitude de boire jusqu’à quatre lites de Coca-Cola en une après-midi.
Quant à notre patient tahitien, la réhydratation et l’administration d’une supplémentation en potassium et en phosphate ont permis de faire disparaitre les myalgies et de lui rendre l’usage de ses membres en seulement 48 heures. Il a ainsi pu être renvoyé chez lui, avec la forte recommandation de limiter sa consommation de Coca-Cola. Pour le Dr Frédéric Franconieri, ce cas clinique constitue surtout un rappel de l’efficacité de la médecine à l’ancienne et de l’importance de l’interrogatoire du patient. « Rien ne sert de faire beaucoup d’examens complémentaires coûteux, irradiants ou invasifs quand le patient nous offre le diagnostic sur un plateau » conclut l’interniste.
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Une chaude évacuation sanitaire pas tout à fait en bon ordre
Frédéric Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné dévoile une affaire pour le moins cocasse : l'évacuation sanitaire d'une floppée de CRS déployés en Nouvelle-Calédonie, officiellement pour cause de « plusieurs dizaines » de cas de maladie. Mais selon le palmipède, la cause de ces rapatriements serait tout sauf classique : nos courageux défenseurs de l’ordre auraient, selon la publication, « abusé des coups de trique », et ce à tel point que ces as de la carabine auraient contracté une « chaude pisse carabinée » (re-sic).
Le journal raconte que la source de cette petite épidémie, qui aurait pris des allures de débâcle sanitaire, se situerait dans une boîte de nuit située juste à côté de l’hôtel où les CRS étaient logés. Cet établissement, qualifié avec une pointe d’ironie par le Canard de « haut lieu du Nouméa by night », aurait, toujours selon l’hebdomadaire centenaire, été transformé en « bordel militaire de campagne ».
Il faut dire que l’ambiance y était manifestement survoltée, puisque l'afflux de visiteuses nocturnes dans les chambres des CRS n'aurait pas manqué de susciter l'indignation de la direction de l’hôtel, peu habituée à voir son établissement devenir le théâtre de tels va-et-vient.
Au comble de l’incongruité, un CRS, visiblement peu soucieux de la discrétion, aurait même été surpris en petite tenue dans les couloirs, donnant ainsi lieu à une scène digne d'un vaudeville. Cette petite escapade impromptue ne serait pas restée sans conséquences : l'individu en question a été sanctionné par sa hiérarchie, dans une tentative de calmer les ardeursde ses camarades en uniforme.
Évidemment, la police nationale, avec la légendaire froideur de l'administration, a immédiatement rejeté ces allégations « en bloc », se rangeant ainsi derrière une stratégie de communication des plus minimalistes, imitant à merveille la tradition de discrétion de la grande muette.
Les nouvelles recrues envoyées sur le Caillou, quant à elles, seraient désormais mises en garde de manière plus explicite sur les risques particuliers de leur mission, entre deux rappels sur le maniement des armes et les consignes de maintien de l’ordre.
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Michel Barnier a promis que le nouveau gouvernement serait connu la semaine prochaine. Le Pr Philippe Juvin semble tenir la corde pour occuper le poste de ministre de la Santé.
Le 16 juillet dernier, Frédéric Valletoux, tout comme l’ensemble du gouvernement, a déposé sa démission comme ministre de la Santé. Deux mois plus tard, celui qui s’occupe des « affaires courantes » (il a notamment géré les Jeux Olympiques et Paralympiques et la menace de la variole du singe) attend toujours son successeur. La faute à une situation politique particulièrement complexe et inédite issue des élections législatives et aux atermoiements du Président Emmanuel Macron pour nommer un Premier Ministre.
Depuis le 5 septembre dernier, Matignon a désormais un nouveau locataire en la personne de Michel Barnier. Le plus vieux Premier Ministre de l’histoire de la Vème République a promis ce mercredi que le nouveau gouvernement (et donc le nouveau ministre de la Santé) serait connu dès la semaine prochaine. Sans aucune majorité à l’Assemblée Nationale, l’ancien député RPR devrait essentiellement nommer des ministres issus de son camp politique ainsi que de l’ancienne majorité présidentielle, tout en essayant (mais cela s’annonce mal parti) de débaucher quelques personnalités de centre gauche.
Valletoux se verrait bien rempiler
Une situation politique qui limite la liste des candidats potentiels pour occuper le poste de ministre de la Santé. Frédéric Valletoux, bien sûr, pourrait rempiler. Ancien membre de Les Républicains (LR), désormais à Horizons, proche de l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe, l’ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF) pourrait faire le lien entre LR et les macronistes. Les noms du Dr Yannick Neuder (cardiologue et député LR), de Corinne Imbert (pharmacienne et sénatrice LR), du Dr Stéphanie Rist (rhumatologue et auteur de plusieurs lois sur la santé à l’Assemblée Nationale) ou d’Arnaud Robinet (président de la FHF et maire de Reims) sont également cités.
Mais c’est pour le moment le Pr Philippe Juvin qui semble tenir la corde. Le chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), ancien maire de La Garenne-Colombes pendant 21 ans et actuellement député des Hauts-de-Seine coche en effet plusieurs cases. Il est d’abord un homme de terrain, qui connait ses dossiers, continue d’exercer à l’hôpital et n’hésite pas à s’engager personnellement (il a notamment servi en Afghanistan, soigné des blessés de l’attentat du 13 novembre et participé à la lutte contre la pandémie de Covid-19).
Mais c’est surtout son positionnement politique qui le place au centre du jeu. Bien qu’il soit toujours resté à LR, le Pr Juvin est en effet considéré depuis plusieurs années comme « Macron-compatible ». Depuis son arrivée à l’Assemblée Nationale en 2022, il prône un rapprochement entre le parti de droite et le chef de l’Etat. En juillet dernier, il a ainsi été réélu en profitant de l’absence de candidat macroniste contre lui aux législatives. Certes, il était opposé à Michel Barnier lors de la primaire présidentielle de LR en 2021. Mais Barnier et Juvin, arrivés respectivement avant-dernier et dernier de cette élection, ne devraient pas s’en tenir rigueur.
Philippe Juvin contre la bureaucratie
Depuis son arrivée au Palais Bourbon en 2022, le Pr Juvin s’est fortement engagé sur les questions liées à la santé. Contrairement à beaucoup de ses camarades de droite, il est opposé à toute politique de rigueur et prône un renforcement des moyens de l’hôpital public. Sur le front de la médecine libérale, on se souvient que c’est lui qui fut à l’origine de l’exonération de cotisations pour les praticiens libéraux en cumul emploi-retraite en 2023 (mesure qui n’a cependant pas été reconduite en 2024). Ces derniers mois, il a été l’un des parlementaires les plus engagés contre la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, n’hésitant pas à mettre en avant son expérience de médecin et à évoquer la mort de son père.
Son nouveau cheval de bataille est la lutte contre la bureaucratie. Dans une vidéo postée dimanche dernier sur le réseau social X, il montre aux internautes le temps fou et inutile qu’il passe à devoir « coder » les causes d’hospitalisation de ses patients : une simple chute peut correspondre à des centaines d’items différents dans les grimoires de la Sécurité Sociale.
« Les charges administratives qui incombent aux soignants font partie des choses qu’il faut faire évoluer, nous passons beaucoup de temps devant notre ordinateur plutôt que devant les patients » explique l’urgentiste, qui milite pour un mouvement de simplification administrative et une plus grande utilisation de l’intelligence artificielle. « Le temps médical est précieux, je ne comprends pas pourquoi on ne facilite pas le travail des soignants alors que l’on manque de médecin ». Voilà qui pourrait être une des premières missions de l’éventuel futur ministre de la Santé, si le Pr Juvin venait à être nommé au gouvernement.
Quelle que soit l’identité du futur ministre de la Santé, il sera déjà le sixième à occuper ce poste dans le second mandat présidentiel d’Emmanuel Macron, deux ans seulement après sa réélection. Les derniers ministres de la Santé n’ont eu en moyenne que quelques mois de longévité. Et au vu de la situation politique particulièrement chaotique, le nouveau ministre risque lui aussi de devoir travailler sur un siège éjectable.
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Le génie dans la peau
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Baltimore – Un jeune homme de 15 ans, qui a eu l’idée d’un savon contre le mélanome, est devenu la nouvelle coqueluche du monde scientifique américain.
Les équipes du laboratoire de santé publique de l’université de John Hopkins à Baltimore, l’un des plus grands centres de recherche des Etats-Unis, auront un collègue un peu particulier cette année. Alors que la plupart des membres de ce laboratoire sont des chercheurs chevronnés, Heman Bekele, 15 ans seulement, travaillera cette année avec eux. Le jeune homme n’a pas encore terminé le lycée et il est pourtant déjà à la tête de son propre projet scientifique : la création d’un savon contre le mélanome.
Né en Ethiopie, dont il a émigré avec ses parents à l’âge de quatre ans pour les Etats-Unis, Heman Bekele n’a qu’un seul souvenir de sa vie africaine : celle d’ouvriers travaillant sous un soleil de plomb sans aucune protection. Une vision qui a sans doute guidé sa volonté de trouver un moyen de combattre le cancer de la peau. A l’âge de 7 ans, ses parents lui offrent un kit de chimiste en herbe pour Noel. Sa passion pour la chimie est née.
Scientifique depuis sa plus tendre enfance
Il se souvient avoir tenté toutes sortes d’expériences dans sa chambre d’enfant. « Je mélangeais du savon, du détergent et divers produits ménagers » raconte-il au journal américain Time Magazine. « Je les cachais sous mon lit pour voir ce qu’il se passait si je laissais couver ça toute la nuit, je mélangeais tout totalement au hasard ».
Même si ce type de recettes a été essayé par beaucoup d’autres bambins, déjà enfant, Heman Bekele nourrit de solides ambitions. Il se persuade ainsi qu’en mélangeant de l’aluminium et de l’hydroxyde de sodium, il pourra produire une quantité infinie d’énergie et résoudre les problèmes de la planète. « Mais j’ai failli déclencher un incendie » se remémore-t-il.
Le scientifique en herbe n’est pas freiné par ses échecs d’enfants. Alors que les adolescents de son âge s’intéressent aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux, lui se passionne pour les traitements contre le cancer de la peau. Il s’intéresse ainsi à l’imiquimod, un médicament prescrit contre certains mélanomes. Le médicament est administré sous forme de crème, mais le jeune Bekele s’est demandé s’il pouvait mettre au point un autre mode d’administration plus simple et surtout moins cher, alors qu’une dose d’imiquimod coûte 40 000 dollars aux Etats-Unis.
« Je me suis demandé : qu’est-ce que tout le monde utilise quel que soit son niveau socio-économique ? » raconte-t-il. « Presque tout le monde utilise du savon et de l’eau pour se laver, alors un savon est probablement la meilleure solution ».
Petit à petit, le jeune homme fait progresser son idée de savon contre le mélanome. Pour que l’imiquimod ne soit pas tout simplement éliminé par l’eau au moment de l’utilisation du savon, il a l’idée d’associer cette molécule avec des nanoparticules lipidiques, qui resteraient attachées à la peau quand le patient se rincerait après s’être savonné.
Un savon sur les rails
L’idée tape dans l’œil du monde scientifique. En octobre 2023, le jeune homme remporte le « 3M Young scientist challenge », une compétition organisée par la société 3M dans laquelle des lycéens doivent présenter une idée d’invention scientifique. Heman Bekele remporte 25 000 dollars, une très belle somme pour un adolescent de 15 ans, mais évidemment insuffisante pour poursuivre son projet de savon thérapeutique.
En février dernier, lors d’un congrès sur le mélanome à Washington, il fait la connaissance du Pr Vito Rebecca, chercheuse à l’université John Hopkins. La scientifique prend le jeune homme sous son aile et l’invite à poursuivre ses recherches au sein de la prestigieuse université américaine.
Elu « enfant de l’année » par le Time Magazine le 15 août dernier, Heman Bekele poursuit, avant même cette consécration médiatique, ses recherches et participe à la promotion de son projet. En juin, il a dû mener une présentation devant 8 000 personnes lors d’un congrès à Boston. « C’était stressant mais aussi amusant » raconte le jeune homme plein de ressources. Il a bien conscience qu’il faudra de nombreuses années pour que son savon thérapeutique voit le jour, s’il voit le jour. Mais à 15 ans, Heman Bekele n’est pas pressé et garde la tête sur les épaules.
« Tout le monde aurait pu faire ce que j’ai fait, j’ai juste eu une idée, je l’ai travaillée et j’ai pu la rendre concrète » analyse-t-il. Il invite tous les jeunes garçons et filles de son âge à nourrir le même esprit d’innovation. « Nous n’aurons jamais trop de nouvelles idées dans ce monde. Continuez d’inventer. Continuez de réfléchir à des manières de changer notre monde et de le rendre meilleur ».
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Quelle célèbre boisson gazeuse peut vous conduire à l’hôpital ?
Quentin Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Un curieux cas clinique nous rappelle les dangers de certaines boissons sucrées.
Les médecins du service de médecine interne du centre hospitalier de Polynésie française à Tahiti se souviendront sans doute longtemps de ce cas clinique, survenu en juillet 2023 et publié dans la Revue de médecine interne le 17 juillet dernier. Pas pour son issue, finalement plutôt heureuse, mais pour son côté quelque peu saugrenu.
Le patient est un homme de 44 ans, maçon, sans antécédent médical particulier. Il est hospitalisé pour de sévères myalgies aux quadriceps et aux épaules. « Les déficits musculaires sont évalués à 3/5 aux quadriceps, 3/5 aux adducteurs, 4/5 aux releveurs des pieds » notent les médecins tahitiens dans leur cas clinique. Le patient n’arrive plus à s’asseoir, à se mettre debout et même à marcher avec deux béquilles. Il présente également des difficultés à déboucher une bouteille et à porter ses mains à sa bouche.
Un patient sans aucun vice…ou presque
Le bilan biologique fait état d’une hypokaliémie (2,7 mmol/L), d’une hypophosphorémie (0,67 mmol/L) et d’un taux de CPK très supérieur à la normale, mesuré à 820 unités internationales par litre. Un taux de CPK correspondant à une rhabdomyolyse, expliquent les internistes tahitiens, c’est à dire à une dégradation du tissu musculaire squelettique cause des myalgies présentées par le patient. Les examens permettent néanmoins d’éliminer toute cause infectieuse. Malgré son hypokaliémie, l’électrocardiogramme (ECG) du patient est tout à fait normal.
C’est finalement l’interrogatoire du patient qui va permettre aux internistes de trouver la solution. L’homme indique qu’il ne consomme ni alcool, ni tabac, ni stupéfiant. Il n’a en réalité qu’un seul vice : le Coca-Cola. Le patient boit plus de trois litres par jour de la célèbre boisson sucrée américaine ! Les médecins comprennent alors que le tableau clinique du patient correspond en tous points à celui d’une intoxication chronique au Coca-Cola, mis à part l’hypophosphorémie, jamais décrite dans les autres cas d’intoxication au Coca-Cola.
C’est notamment la caféine contenue en dose importante dans le Coca-Cola qui peut conduire à une hypokaliémie sévère en cas de consommation excessive. La caféine stimule en effet l’activité de la pompe sodium-potassium et facilite l’influx de potassium dans le milieu intracellulaire. Le fructose et le glucose contenus dans le Coca-Cola participent également à cette hypokaliémie.
Le succès de la médecine à l’ancienne
Bien que rares, les cas d’hypokaliémie sévère induite par une consommation sévère de Coca-Cola ne sont pas inédits dans la littérature médicale. Une poignée de cas a été rapporté de part le monde ces trente dernières années, concernant à chaque fois des patients buvant plus de trois litres par jour. En 2021, le CHU de Limoges avait ainsi rapporté le cas d’une patiente de 54 ans paralysée des quatre jambes : les deux à cinq litres de Coca-Cola zéro qu’elle buvait chaque jour avait provoqué une hypokaliémie sévère.
Mais la palme revient au cas de cet homme australien rapporté par la presse anglo-saxonne en 2004 : l’homme avait fini par développer une hypokaliémie en raison de ses parties de chasse aux kangourous, au cours desquelles il avait l’habitude de boire jusqu’à quatre lites de Coca-Cola en une après-midi.
Quant à notre patient tahitien, la réhydratation et l’administration d’une supplémentation en potassium et en phosphate ont permis de faire disparaitre les myalgies et de lui rendre l’usage de ses membres en seulement 48 heures. Il a ainsi pu être renvoyé chez lui, avec la forte recommandation de limiter sa consommation de Coca-Cola. Pour le Dr Frédéric Franconieri, ce cas clinique constitue surtout un rappel de l’efficacité de la médecine à l’ancienne et de l’importance de l’interrogatoire du patient. « Rien ne sert de faire beaucoup d’examens complémentaires coûteux, irradiants ou invasifs quand le patient nous offre le diagnostic sur un plateau » conclut l’interniste.
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Une chaude évacuation sanitaire pas tout à fait en bon ordre
Frédéric Haroche | 13 Septembre 2024
jim.fr
Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné dévoile une affaire pour le moins cocasse : l'évacuation sanitaire d'une floppée de CRS déployés en Nouvelle-Calédonie, officiellement pour cause de « plusieurs dizaines » de cas de maladie. Mais selon le palmipède, la cause de ces rapatriements serait tout sauf classique : nos courageux défenseurs de l’ordre auraient, selon la publication, « abusé des coups de trique », et ce à tel point que ces as de la carabine auraient contracté une « chaude pisse carabinée » (re-sic).
Le journal raconte que la source de cette petite épidémie, qui aurait pris des allures de débâcle sanitaire, se situerait dans une boîte de nuit située juste à côté de l’hôtel où les CRS étaient logés. Cet établissement, qualifié avec une pointe d’ironie par le Canard de « haut lieu du Nouméa by night », aurait, toujours selon l’hebdomadaire centenaire, été transformé en « bordel militaire de campagne ».
Il faut dire que l’ambiance y était manifestement survoltée, puisque l'afflux de visiteuses nocturnes dans les chambres des CRS n'aurait pas manqué de susciter l'indignation de la direction de l’hôtel, peu habituée à voir son établissement devenir le théâtre de tels va-et-vient.
Au comble de l’incongruité, un CRS, visiblement peu soucieux de la discrétion, aurait même été surpris en petite tenue dans les couloirs, donnant ainsi lieu à une scène digne d'un vaudeville. Cette petite escapade impromptue ne serait pas restée sans conséquences : l'individu en question a été sanctionné par sa hiérarchie, dans une tentative de calmer les ardeursde ses camarades en uniforme.
Évidemment, la police nationale, avec la légendaire froideur de l'administration, a immédiatement rejeté ces allégations « en bloc », se rangeant ainsi derrière une stratégie de communication des plus minimalistes, imitant à merveille la tradition de discrétion de la grande muette.
Les nouvelles recrues envoyées sur le Caillou, quant à elles, seraient désormais mises en garde de manière plus explicite sur les risques particuliers de leur mission, entre deux rappels sur le maniement des armes et les consignes de maintien de l’ordre.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Un risque élevé d’épidémie de dengue dans l’hexagone dans les cinq prochaines années
Raphaël Lichten | 17 Septembre 2024
jim.fr
Le risque d’épidémie de dengue, de chikungunya et de Zika est de plus en plus élevé, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a publié un communiqué sur le sujet en fin de semaine dernière. La cause est simple : le moustique tigre a été détecté dans plus de 78 départements de la France hexagonale.
L’Anses a mené une expertise à la demande de la Direction générale de la santé (DGS) pour estimer la probabilité d’apparition, en France hexagonale, d’épidémies d’arboviroses transmises par les moustiques, ainsi que leurs impacts sanitaires, sociaux et économiques.
Compte tenu de l’augmentation des cas de dengue ces dernières années (66 cas autochtones ont été rapportés en 2022), l’Anses a choisi de se focaliser sur les virus transmis par le moustique tigre.
Le risque d’épidémie dans les années à venir est assez probable
Sur une échelle allant de 0 à 9, les deux expertes mandatées par l’Anses estiment que le risque d’épidémie d’arbovirose (tous virus confondus) a une probabilité de 6 ou 7 dans les cinq prochaines années. « On parle d’épidémie à partir du moment où il n’est pas possible de relier toutes les personnes infectées à un foyer. Cela veut dire que les transmissions échappent au dispositif de contrôle », rappelle Émeline Barrès, de la Direction d’évaluation des risques à l’Anses, l’une des deux coordonnatrices de l’expertise.
Jusqu’alors, les cas autochtones de virus transmis par le moustique tigre en Hexagone étaient tous des « foyers localisés » et il avait toujours été possible de retracer l’origine des contaminations. La situation pourrait donc devenir hors de contrôle si on en croit les expertes de l’Anses.
L’agence rappelle d’ailleurs que l’apparition d’une épidémie dépend de nombreux facteurs, comme la présence du moustique tigre sur le territoire, des conditions climatiques favorables à leur reproduction (cumul de jours chauds sur une période donnée, précipitations), de l’arrivée de personnes infectées en provenance de zones où circulent les virus, de l'efficacité (ou non) des mesures de lutte contre les moustiques tigres…
Un risque de tension sur le système de santé ?
La gestion des moyens de prévention et de contrôle inquiète d’ailleurs l’Anses, qui estime qu’en cas d’épidémie, ceux-ci pourraient être rapidement saturés. « Certains acteurs impliqués dans le suivi et la lutte anti-vectorielle que nous avons interrogés au cours de l’expertise nous ont confié qu’ils auraient été débordés si des cas supplémentaires étaient survenus ces dernières années », explique ainsi Véronique Raimond, économiste de la santé au sein de la Direction Sciences sociales, économie et société de l’Anses, l’autre coordinatrice de l’expertise.
En effet, que les cas soient importés ou autochtones, la gestion des infections au Zika, à la dengue ou au chikungunya requiert des moyens très importants.
D’une part, il s’agit de mener une enquête pour retracer tous les contacts de la personne infectée au cours des 10 jours précédents. D’autre part, les autorités doivent contrôler les lieux visités par le malade afin d’éliminer les moustiques tigres présents.
« L’augmentation du nombre de cas avec les moyens actuels conduirait à une dégradation de la qualité des opérations, mais aussi des conditions de travail des personnes impliquées dans la surveillance », souligne ainsi l’Anses, qui indique que, dans un tel cas, une priorisation deviendrait nécessaire.
De même, le système de santé pourrait lui aussi connaître de graves difficultés en cas d’épidémie majeure. La situation serait d’autant plus catastrophique si une épidémie d’arbovirose coïncidait avec une autre — un cas loin d’être farfelu, sachant que les Antilles ont dû affronter une double épidémie de dengue et de Covid-19 en 2020…
En conclusion, l’Anses recommande essentiellement de mieux former les professionnels de santé pour qu’ils connaissent les facteurs de risque et signaux d’alerte des formes graves d’arbovirose. L’agence préconise également de « valoriser les expériences » des départements et des régions d’outre-mer pour mieux anticiper les conséquences d’une épidémie d’arbovirose en Hexagone.
Quant à l'épidémie de dingues à l'hôpital, les différents ministres de la santé ont prouvé qu'on était contaminé.
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Affections de longue durée : vers la fin de la prise en charge à 100 % ?
Raphaël Lichten | 17 Septembre 2024
jim.fr
Dans deux rapports publiés ces derniers jours, les inspections générales des finances (IGF) et des affaires sociales (Igas) ont recommandé de réformer le dispositif relatif aux ALD (affections de longue durée).
Le sujet est explosif et il pourrait bien être débattu au Parlement dès cette fin d’année, à l’occasion du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
À travers deux rapports publiés récemment, l’IGF et l’Igas ont étudié le dispositif ALD, qui concerne 13,7 millions de personnes en France — soit environ 20 % de la population.
Un système protecteur, mais peu contrôlé par la Cnam
Tout d’abord, les auteurs du rapport rappellent le fonctionnement du dispositif ALD. 29 pathologies sont prises en charge — diabète, maladies cardiovasculaires, cancers, maladies psychiatriques… Le but est que les patients soient protégés face aux restes à charge élevés et puissent donc continuer à se faire soigner. Ils sont effectivement dispensés du ticket modérateur.
Or, évidemment, avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes d’ALD ne fait que croître, avec un coût important pour les finances publiques. « La soutenabilité financière [du dispositif ALD] n’est pas assurée », soutiennent les auteurs du rapport. En effet, si, en 2021, le coût de l’ALD s’élevait à 12,3 milliards de dollars, ils estiment qu’il atteindra 15 à 16 milliards d’euros d’ici à 2030 (pour environ 16 millions de bénéficiaires).
En parallèle, les deux inspections indiquent que le dispositif a été très peu modifié depuis 1986 et qu’il est assez peu contrôlé par l’Assurance maladie. De plus, la reconnaissance d’une ALD n’est pas « toujours conditionnée à la sévérité de la pathologie et au coût du traitement ».
Plusieurs recommandations pour alléger le dispositif
Les deux inspections ont donc été chargées, par le gouvernement de Gabriel Attal, d'imaginer plusieurs pistes de réforme pour réaliser des économies à court et moyen terme sans dénaturer le dispositif.
Elles proposent ainsi de faire évaluer les franchises sur les transports pour économiser environ 90 à 123 millions d'euros chaque année.
Les deux inspections ont également recommandé de mettre fin à l'exonération du ticket modérateur sur certains actes et produits. Cela ne concernerait que les médicaments « à service médical rendu faible », des cures thermales, ou encore des médicaments non spécifiques à la pathologie reconnue comme ALD. Les auteurs estiment que cette mesure rapporterait jusqu'à 148 millions d'euros chaque année.
Autre proposition, potentiellement polémique : assujettir les indemnités journalières (en totalité ou en partie) des patients en ALD à l'impôt sur le revenu… Une piste qui sera difficile à faire accepter, mais qui pourrait rapporter entre 300 et 600 millions d'euros.
Deux axes de réforme à long terme
L'IGF et l'Igas imaginent deux axes possibles à long terme pour le régime ALD. D'une part, il serait possible de créer une ALD à deux niveaux, où seuls les soins de prévention seraient pris en charge à 100 %, et uniquement pour les affections les moins graves. Cette idée permettrait de réaliser jusqu'à 600 millions d'euros d'économies.
Le second axe, qui risque d'être fort impopulaire, consisterait tout simplement à supprimer le système ALD pour le remplacer par un reste à charge universel pour tous les patients, qu'ils aient une ALD reconnue ou non. Ce « reste à charge universel » aurait un maximum, proposé à 1000 euros par an dans le rapport. Cela permettrait de réaliser une économie de 800 millions d'euros, mais cette réforme serait défavorable à… 82 % des patients ALD par rapport à la situation actuelle !
Dans tous les cas, le gouvernement et les parlementaires devront trancher. Pour Corinne Imbert, sénatrice LR interrogée par Public Sénat, le PLFSS risque d'être « très compliqué » cette année, mais elle craint que l'on ne puisse échapper à des réflexions y compris très controversées sur le sujet des ALD. « Par devoir de responsabilité, il faut étudier des pistes, et le Parlement ensuite se prononcera », affirme-t-il à nos confrères.
Du côté des associations, ces deux rapports ont évidemment été très mal reçus. « Les personnes en ALD sont celles qui accusent déjà le plus de reste à charge », s'emporte ainsi France Assos Santé. « Ce sont aussi les premières confrontées aux dépassements d’honoraires qui explosent – et pour lesquels rien n’est fait – et aux frais déjà non remboursés dans le cadre de l’ALD ».
Le réseau d'associations réclame ainsi, pour conclure, d'en finir avec les solutions de facilité, ainsi qu'une « véritable politique de santé publique pour permettre une réelle efficience et pertinence des soins et des parcours ainsi qu’une politique bien plus stricte en matière de règlementation et de taxation des produits néfastes pour la santé ».
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Urgences : « tout va très bien madame la marquise » ? Pas si sûr…
Frédéric Haroche | 17 Septembre 2024
jim.fr
En plein cœur de l’été, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux se félicitait d’une amélioration de la situation des urgences par rapport à 2023. Il avait ainsi affirmé qu’« une cinquantaine d’hôpitaux seulement sont en tension » et que la situation dans les services d’urgence étaient « un peu mieux que l’été dernier ». Après la FHF qui avait déjà rivé son clou au ministre démissionnaire début septembre, c’est au tour du syndicat SAMU-Urgences de France (SAMU-UDF) de dédire l’Avenue de Ségur, fort de son enquête annuelle.
En préambule, SAMU-UDF souligne que son enquête déclarative annuelle est rendue obligatoire par le silence assourdissant de la DGOS : « il reste toujours aussi surprenant que la DGOS, qui pourtant dispose de ces données pour les demander régulièrement aux ARS, ne les partage pas » écrit le syndicat.
En pratique, les médecins urgentistes de toute la France ont été incités à répondre par formulaire en ligne et 453 praticiens se sont pliés au jeu, représentant 331 établissements sièges de service d’urgences (SU), soit environ 48 % de la totalité des SU du territoire national. Tous les départements sont représentés, y compris outre-mer.
60 % des services d’urgence ont réduit la voilure pendant l’été
Parmi les 331 établissements représentés dans l’enquête, 6 sur 10 déclarent avoir fermé au moins une ligne médicale (c’est-à-dire un guichet d’accueil). Le plus souvent de façon « continue », sinon « fréquente » ou simplement « ponctuelle » et parmi eux 18 % ont dû fermer plusieurs lignes. Soit 202 fermetures, contre 163 l’an dernier.
Ces fermetures étaient pour 41% continues, 37% fréquentes, 21% ponctuelles.
Parmi les 244 SU répondants à cette question, 82 ont mis en place la régulation médicale d’accès, comme mesure d’adaptation vis-à-vis de ressources humaines insuffisantes afin de diminuer la pression liée à l’activité. Sur la même période on constate une augmentation du nombre de passage d’urgence de plus de 3% en 2024 versus l’été 2023 (SPF - données du réseau OSCOUR®).
Pour le syndicat, ce volet de l’enquête « met en évidence une dégradation majeure du fonctionnement des SU, allant à l’encontre de la communication ministérielle », il souligne également que si la situation a été moins catastrophique qu’attendu, c’est au prix d’un nombre considérable d’heures de temps additionnel (heures supplémentaires).
¼ des hôpitaux ont fermé des lits de réa
Concernant le volet réanimation de l’étude : 23% des établissements étudiés dans cette enquête ont fermé des lits de réanimation de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles.
Pour SUdF, les prétendues leçons de la pandémie Covid sur la nécessité d’un nombre de places en soins intensifs « sont déjà oubliées par les tutelles et le gouvernement ».
Concernant les lits MCO : 65% des établissements ont fermé des lits de médecine ou de chirurgie de manière durable cet été (en plus des fermetures estivales habituelles et programmées).
Au total, ce sont plus de 1500 lits supplémentaires qui ont été fermés dans les établissements participant à cette enquête, alors même que l’activité ne connait pas de baisse dans le SU durant la période estivale, avec un besoin de lit d’hospitalisation qui reste stable.
La tension sur l’aval des urgences a donc été clairement plus importante cet été en comparaison aux années précédentes, entrainant une augmentation du nombre de patients attendant dans des brancards dans les services d’urgences.
« Résignation dans l’indifférence générale »
Un total de 221 SMUR ont participé à cette enquête, représentant 51% des SMUR du territoire national.
Parmi ceux-ci : 127 SMUR ont fermé au moins une fois une ligne SMUR durant l’été et au total, ce sont 174 lignes SMUR qui ont été fermées dont 48 fermetures fréquentes ou continues Ces fermetures concernent 80 départements.
Parmi les répondants, 101 n’ont qu’une seule ligne SMUR dont dix pourcents d’entre-eux ont dû fermer cette ligne, laissant le secteur sans aucune réponse SMUR pour répondre à l’urgence vitale.
De cette enquête, SAMU-UDF retient que le fonctionnement en mode dégradé des structures de médecine d’urgence est devenu “habituel” : moins de médecins présents pour accueillir un nombre de patients toujours plus important, moins de médecins dans les SMUR, moins de lits pour hospitaliser les patients à partir des services d’urgences.
Pour SAMU-UDF, ce qui a changé depuis 2023, ce n’est pas une quelconque amélioration, mais l’installation d’une « résignation des professionnels dans l'indifférence la plus générale ».
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Vécu des patients conscients pendant une intervention chirurgicale
Geneviève Perennou | 16 Septembre 2024
jim.fr
De nos jours, le nombre et la complexité des interventions chirurgicales ont évolué grâce aux progrès techniques. Ces progrès favorisent la stabilisation et la récupération des patients, grâce à un meilleur contrôle des voies respiratoires, et une meilleure gestion de la douleur, des nausées et des vomissements. La durée des séjours hospitaliers, le risque infectieux et les coûts se sont réduits.
Ces progrès ont également permis à un nombre croissant de patients de bénéficier d’une intervention chirurgicale sous anesthésie locale ou régionale, tout en restant conscients pendant la phase peropératoire. L'anxiété préopératoire est courante, et pendant la procédure, le corps des patients est souvent dénudé.
L’accompagnement infirmier joue un rôle important dans la manière dont les patients perçoivent cette expérience, ces derniers devant trouver un équilibre entre l'espoir d'une amélioration de leur santé et la gestion de la perte de contrôle dans un environnement inconnu et hautement technologique. Il existe un besoin croissant de comprendre les expériences vécues associées à cette pratique.
Une étude phénoménologique
Au total, 14 patients (âge moyen 63 ans) ont été recrutés dans des services de chirurgie suédois (ORL, gynécologie, orthopédie et chirurgie vasculaire) en utilisant une stratégie d'échantillonnage ciblée. À travers une analyse phénoménologique-herméneutique des entretiens narratifs, deux thèmes principaux ont émergé :
Thème 1 : Être entre les mains d’autrui
Les participants ont décrit un sentiment de vulnérabilité et de perte de contrôle dans l'environnement inconnu du bloc opératoire.
Le fait de rester conscient pendant l’intervention a conduit à un sentiment de dépendance et de perte de repères et de l'identité personnelle. Lors des demandes du chirurgien, certaines actions ont pris du sens lorsqu'elles ont été expliquées par des informations adéquates.
Les participants ont vécu un inconfort physique, notamment de la douleur liée à l'anesthésie ou à l'intervention chirurgicale elle-même. Il a fallu supporter l'inconfort, qu'il soit inattendu ou anticipé.
Thème 2 : Gérer l'inévitable pour des préoccupations de santé futures
Malgré les difficultés, les participants ont cherché à accepter la situation et à se concentrer sur les bénéfices potentiels de l'intervention chirurgicale.
La confiance envers l'équipe chirurgicale était essentielle pour les participants, qui cherchaient réconfort et soutien.
Les patients ont compté sur le soutien continu des professionnels de santé pour gérer leur expérience et renforcer leur propre résilience.
Les résultats révèlent la vulnérabilité des patients confrontés à l'incertitude, entraînant une désorientation et une perte d'identité personnelle. Le personnel du bloc opératoire doit être conscient que les patients souhaitent être reconnus en tant qu'individus. Il est également important que l’aide apportée pour maintenir leur identité dans l'environnement du bloc les aide à accepter la situation, malgré un sentiment de vulnérabilité et de dépendance.
Cet environnement, en effet, suscite des sentiments mitigés, mais la technologie présente renforce le sentiment de sécurité des patients. Quant aux soins infirmiers, l'étude souligne l’importance des apports d’informations opportunes pour gérer l’anxiété des patients.
En conclusion, l'étude souligne l'importance des soins centrés sur la personne et de l'implication du patient dans ses propres soins pour améliorer l'expérience chirurgicale et promouvoir son bien-être global.
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Hôpital : vers 3 jours de carence pour arrêt maladie ?
Frédéric Haroche | 16 Septembre 2024
jim.fr
Le nombre d’arrêts maladies a connu une hausse généralisée dans la fonction publique et le secteur privé, à partir de 2020. Mais après une période 2014-2019 au cours de laquelle ces absences se situaient à des niveaux comparables dans les deux secteurs (environ 8 jours par an), elles s’élèvent en 2022 à 14,5 jours par agent dans la fonction publique et à 11,7 jours dans le secteur privé par salarié. En outre des différences sont observées entre les trois branches de la fonction publique, les absences étant plus fréquentes dans la fonction publique territoriale et hospitalière que dans la fonction publique d’Etat.
Dans ce contexte, Gabriel Attal avait confié à l’Inspection générale des affaires sociales et à l’Inspection générale des finances une mission pour étudier des pistes de réduction du nombre d'arrêts de travail pour raison de santé. Ces institutions ont publié leur rapport la semaine dernière.
Notons en préambule, que les caractéristiques des agents (âge, sexe, état de santé) et de leurs emplois (type de contrat, catégorie socio-professionnelle, diplôme) expliquent une grande partie de l’écart entre les taux d’absence du secteur privé et du secteur public. A structures d’emplois et caractéristiques d’agents identiques, la fonction publique de l’Etat, la fonction publique hospitalière et le secteur privé seraient au même niveau d’absentéisme et l’écart entre la fonction publique territoriale et le privé ne serait que la moitié de celui observé.
Plus d’un milliard d’économies possibles
La mission a examiné deux leviers incitatifs pour réduire les absences de courte durée pour raison de santé et chiffré les économies budgétaires qu’ils permettraient de réaliser : l’instauration de deux ou trois jours de carence et la diminution du taux de remplacement de la rémunération des agents publics en arrêt de travail de courte durée. Concernant ce second point, la mise en place d’un taux de remplacement à 90 % de la rémunération en arrêt maladie en lieu et place du plein traitement actuellement en vigueur permettrait jusqu’à 900 M€ d’économies dont 300 à l’hôpital.
Déjà, la réintroduction dans la fonction publique en 2018 d’un jour de carence, a rempli son objectif de réduction des arrêts de courte durée et a représenté des économies budgétaires de 134 M€ en 2023 pour le budget de l’État. L’instauration de deux ou trois jours de carence permettrait également d’amplifier ces économies (jusqu’à 289 M€ pour 3 jours de carence, dont 54 à l’hôpital). Soulignons également, qu’une étude de l’INSEE publiée en juillet, avait mis en évidence que le jour de carence à l’éducation nationale n’avait pas eu d’effet sanitaire néfaste.
Au-delà de ces mesures incitatives, d’autres leviers ont été identifiés : une politique de prévention plus volontariste et un accompagnement renforcé des parcours professionnels, d’une part, une meilleure mobilisation des contrôles médicaux et administratifs des arrêts de travail d’autre part.
Des données qui seront scrutées à la loupe par Michel Barnier qui a fait part de sa volonté de remettre de l’ordre dans la comptabilité nationale.
Raphaël Lichten | 17 Septembre 2024
jim.fr
Le risque d’épidémie de dengue, de chikungunya et de Zika est de plus en plus élevé, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui a publié un communiqué sur le sujet en fin de semaine dernière. La cause est simple : le moustique tigre a été détecté dans plus de 78 départements de la France hexagonale.
L’Anses a mené une expertise à la demande de la Direction générale de la santé (DGS) pour estimer la probabilité d’apparition, en France hexagonale, d’épidémies d’arboviroses transmises par les moustiques, ainsi que leurs impacts sanitaires, sociaux et économiques.
Compte tenu de l’augmentation des cas de dengue ces dernières années (66 cas autochtones ont été rapportés en 2022), l’Anses a choisi de se focaliser sur les virus transmis par le moustique tigre.
Le risque d’épidémie dans les années à venir est assez probable
Sur une échelle allant de 0 à 9, les deux expertes mandatées par l’Anses estiment que le risque d’épidémie d’arbovirose (tous virus confondus) a une probabilité de 6 ou 7 dans les cinq prochaines années. « On parle d’épidémie à partir du moment où il n’est pas possible de relier toutes les personnes infectées à un foyer. Cela veut dire que les transmissions échappent au dispositif de contrôle », rappelle Émeline Barrès, de la Direction d’évaluation des risques à l’Anses, l’une des deux coordonnatrices de l’expertise.
Jusqu’alors, les cas autochtones de virus transmis par le moustique tigre en Hexagone étaient tous des « foyers localisés » et il avait toujours été possible de retracer l’origine des contaminations. La situation pourrait donc devenir hors de contrôle si on en croit les expertes de l’Anses.
L’agence rappelle d’ailleurs que l’apparition d’une épidémie dépend de nombreux facteurs, comme la présence du moustique tigre sur le territoire, des conditions climatiques favorables à leur reproduction (cumul de jours chauds sur une période donnée, précipitations), de l’arrivée de personnes infectées en provenance de zones où circulent les virus, de l'efficacité (ou non) des mesures de lutte contre les moustiques tigres…
Un risque de tension sur le système de santé ?
La gestion des moyens de prévention et de contrôle inquiète d’ailleurs l’Anses, qui estime qu’en cas d’épidémie, ceux-ci pourraient être rapidement saturés. « Certains acteurs impliqués dans le suivi et la lutte anti-vectorielle que nous avons interrogés au cours de l’expertise nous ont confié qu’ils auraient été débordés si des cas supplémentaires étaient survenus ces dernières années », explique ainsi Véronique Raimond, économiste de la santé au sein de la Direction Sciences sociales, économie et société de l’Anses, l’autre coordinatrice de l’expertise.
En effet, que les cas soient importés ou autochtones, la gestion des infections au Zika, à la dengue ou au chikungunya requiert des moyens très importants.
D’une part, il s’agit de mener une enquête pour retracer tous les contacts de la personne infectée au cours des 10 jours précédents. D’autre part, les autorités doivent contrôler les lieux visités par le malade afin d’éliminer les moustiques tigres présents.
« L’augmentation du nombre de cas avec les moyens actuels conduirait à une dégradation de la qualité des opérations, mais aussi des conditions de travail des personnes impliquées dans la surveillance », souligne ainsi l’Anses, qui indique que, dans un tel cas, une priorisation deviendrait nécessaire.
De même, le système de santé pourrait lui aussi connaître de graves difficultés en cas d’épidémie majeure. La situation serait d’autant plus catastrophique si une épidémie d’arbovirose coïncidait avec une autre — un cas loin d’être farfelu, sachant que les Antilles ont dû affronter une double épidémie de dengue et de Covid-19 en 2020…
En conclusion, l’Anses recommande essentiellement de mieux former les professionnels de santé pour qu’ils connaissent les facteurs de risque et signaux d’alerte des formes graves d’arbovirose. L’agence préconise également de « valoriser les expériences » des départements et des régions d’outre-mer pour mieux anticiper les conséquences d’une épidémie d’arbovirose en Hexagone.
Quant à l'épidémie de dingues à l'hôpital, les différents ministres de la santé ont prouvé qu'on était contaminé.
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Affections de longue durée : vers la fin de la prise en charge à 100 % ?
Raphaël Lichten | 17 Septembre 2024
jim.fr
Dans deux rapports publiés ces derniers jours, les inspections générales des finances (IGF) et des affaires sociales (Igas) ont recommandé de réformer le dispositif relatif aux ALD (affections de longue durée).
Le sujet est explosif et il pourrait bien être débattu au Parlement dès cette fin d’année, à l’occasion du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
À travers deux rapports publiés récemment, l’IGF et l’Igas ont étudié le dispositif ALD, qui concerne 13,7 millions de personnes en France — soit environ 20 % de la population.
Un système protecteur, mais peu contrôlé par la Cnam
Tout d’abord, les auteurs du rapport rappellent le fonctionnement du dispositif ALD. 29 pathologies sont prises en charge — diabète, maladies cardiovasculaires, cancers, maladies psychiatriques… Le but est que les patients soient protégés face aux restes à charge élevés et puissent donc continuer à se faire soigner. Ils sont effectivement dispensés du ticket modérateur.
Or, évidemment, avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes d’ALD ne fait que croître, avec un coût important pour les finances publiques. « La soutenabilité financière [du dispositif ALD] n’est pas assurée », soutiennent les auteurs du rapport. En effet, si, en 2021, le coût de l’ALD s’élevait à 12,3 milliards de dollars, ils estiment qu’il atteindra 15 à 16 milliards d’euros d’ici à 2030 (pour environ 16 millions de bénéficiaires).
En parallèle, les deux inspections indiquent que le dispositif a été très peu modifié depuis 1986 et qu’il est assez peu contrôlé par l’Assurance maladie. De plus, la reconnaissance d’une ALD n’est pas « toujours conditionnée à la sévérité de la pathologie et au coût du traitement ».
Plusieurs recommandations pour alléger le dispositif
Les deux inspections ont donc été chargées, par le gouvernement de Gabriel Attal, d'imaginer plusieurs pistes de réforme pour réaliser des économies à court et moyen terme sans dénaturer le dispositif.
Elles proposent ainsi de faire évaluer les franchises sur les transports pour économiser environ 90 à 123 millions d'euros chaque année.
Les deux inspections ont également recommandé de mettre fin à l'exonération du ticket modérateur sur certains actes et produits. Cela ne concernerait que les médicaments « à service médical rendu faible », des cures thermales, ou encore des médicaments non spécifiques à la pathologie reconnue comme ALD. Les auteurs estiment que cette mesure rapporterait jusqu'à 148 millions d'euros chaque année.
Autre proposition, potentiellement polémique : assujettir les indemnités journalières (en totalité ou en partie) des patients en ALD à l'impôt sur le revenu… Une piste qui sera difficile à faire accepter, mais qui pourrait rapporter entre 300 et 600 millions d'euros.
Deux axes de réforme à long terme
L'IGF et l'Igas imaginent deux axes possibles à long terme pour le régime ALD. D'une part, il serait possible de créer une ALD à deux niveaux, où seuls les soins de prévention seraient pris en charge à 100 %, et uniquement pour les affections les moins graves. Cette idée permettrait de réaliser jusqu'à 600 millions d'euros d'économies.
Le second axe, qui risque d'être fort impopulaire, consisterait tout simplement à supprimer le système ALD pour le remplacer par un reste à charge universel pour tous les patients, qu'ils aient une ALD reconnue ou non. Ce « reste à charge universel » aurait un maximum, proposé à 1000 euros par an dans le rapport. Cela permettrait de réaliser une économie de 800 millions d'euros, mais cette réforme serait défavorable à… 82 % des patients ALD par rapport à la situation actuelle !
Dans tous les cas, le gouvernement et les parlementaires devront trancher. Pour Corinne Imbert, sénatrice LR interrogée par Public Sénat, le PLFSS risque d'être « très compliqué » cette année, mais elle craint que l'on ne puisse échapper à des réflexions y compris très controversées sur le sujet des ALD. « Par devoir de responsabilité, il faut étudier des pistes, et le Parlement ensuite se prononcera », affirme-t-il à nos confrères.
Du côté des associations, ces deux rapports ont évidemment été très mal reçus. « Les personnes en ALD sont celles qui accusent déjà le plus de reste à charge », s'emporte ainsi France Assos Santé. « Ce sont aussi les premières confrontées aux dépassements d’honoraires qui explosent – et pour lesquels rien n’est fait – et aux frais déjà non remboursés dans le cadre de l’ALD ».
Le réseau d'associations réclame ainsi, pour conclure, d'en finir avec les solutions de facilité, ainsi qu'une « véritable politique de santé publique pour permettre une réelle efficience et pertinence des soins et des parcours ainsi qu’une politique bien plus stricte en matière de règlementation et de taxation des produits néfastes pour la santé ».
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Urgences : « tout va très bien madame la marquise » ? Pas si sûr…
Frédéric Haroche | 17 Septembre 2024
jim.fr
En plein cœur de l’été, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux se félicitait d’une amélioration de la situation des urgences par rapport à 2023. Il avait ainsi affirmé qu’« une cinquantaine d’hôpitaux seulement sont en tension » et que la situation dans les services d’urgence étaient « un peu mieux que l’été dernier ». Après la FHF qui avait déjà rivé son clou au ministre démissionnaire début septembre, c’est au tour du syndicat SAMU-Urgences de France (SAMU-UDF) de dédire l’Avenue de Ségur, fort de son enquête annuelle.
En préambule, SAMU-UDF souligne que son enquête déclarative annuelle est rendue obligatoire par le silence assourdissant de la DGOS : « il reste toujours aussi surprenant que la DGOS, qui pourtant dispose de ces données pour les demander régulièrement aux ARS, ne les partage pas » écrit le syndicat.
En pratique, les médecins urgentistes de toute la France ont été incités à répondre par formulaire en ligne et 453 praticiens se sont pliés au jeu, représentant 331 établissements sièges de service d’urgences (SU), soit environ 48 % de la totalité des SU du territoire national. Tous les départements sont représentés, y compris outre-mer.
60 % des services d’urgence ont réduit la voilure pendant l’été
Parmi les 331 établissements représentés dans l’enquête, 6 sur 10 déclarent avoir fermé au moins une ligne médicale (c’est-à-dire un guichet d’accueil). Le plus souvent de façon « continue », sinon « fréquente » ou simplement « ponctuelle » et parmi eux 18 % ont dû fermer plusieurs lignes. Soit 202 fermetures, contre 163 l’an dernier.
Ces fermetures étaient pour 41% continues, 37% fréquentes, 21% ponctuelles.
Parmi les 244 SU répondants à cette question, 82 ont mis en place la régulation médicale d’accès, comme mesure d’adaptation vis-à-vis de ressources humaines insuffisantes afin de diminuer la pression liée à l’activité. Sur la même période on constate une augmentation du nombre de passage d’urgence de plus de 3% en 2024 versus l’été 2023 (SPF - données du réseau OSCOUR®).
Pour le syndicat, ce volet de l’enquête « met en évidence une dégradation majeure du fonctionnement des SU, allant à l’encontre de la communication ministérielle », il souligne également que si la situation a été moins catastrophique qu’attendu, c’est au prix d’un nombre considérable d’heures de temps additionnel (heures supplémentaires).
¼ des hôpitaux ont fermé des lits de réa
Concernant le volet réanimation de l’étude : 23% des établissements étudiés dans cette enquête ont fermé des lits de réanimation de manière durable cet été, en plus des fermetures estivales habituelles.
Pour SUdF, les prétendues leçons de la pandémie Covid sur la nécessité d’un nombre de places en soins intensifs « sont déjà oubliées par les tutelles et le gouvernement ».
Concernant les lits MCO : 65% des établissements ont fermé des lits de médecine ou de chirurgie de manière durable cet été (en plus des fermetures estivales habituelles et programmées).
Au total, ce sont plus de 1500 lits supplémentaires qui ont été fermés dans les établissements participant à cette enquête, alors même que l’activité ne connait pas de baisse dans le SU durant la période estivale, avec un besoin de lit d’hospitalisation qui reste stable.
La tension sur l’aval des urgences a donc été clairement plus importante cet été en comparaison aux années précédentes, entrainant une augmentation du nombre de patients attendant dans des brancards dans les services d’urgences.
« Résignation dans l’indifférence générale »
Un total de 221 SMUR ont participé à cette enquête, représentant 51% des SMUR du territoire national.
Parmi ceux-ci : 127 SMUR ont fermé au moins une fois une ligne SMUR durant l’été et au total, ce sont 174 lignes SMUR qui ont été fermées dont 48 fermetures fréquentes ou continues Ces fermetures concernent 80 départements.
Parmi les répondants, 101 n’ont qu’une seule ligne SMUR dont dix pourcents d’entre-eux ont dû fermer cette ligne, laissant le secteur sans aucune réponse SMUR pour répondre à l’urgence vitale.
De cette enquête, SAMU-UDF retient que le fonctionnement en mode dégradé des structures de médecine d’urgence est devenu “habituel” : moins de médecins présents pour accueillir un nombre de patients toujours plus important, moins de médecins dans les SMUR, moins de lits pour hospitaliser les patients à partir des services d’urgences.
Pour SAMU-UDF, ce qui a changé depuis 2023, ce n’est pas une quelconque amélioration, mais l’installation d’une « résignation des professionnels dans l'indifférence la plus générale ».
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Vécu des patients conscients pendant une intervention chirurgicale
Geneviève Perennou | 16 Septembre 2024
jim.fr
De nos jours, le nombre et la complexité des interventions chirurgicales ont évolué grâce aux progrès techniques. Ces progrès favorisent la stabilisation et la récupération des patients, grâce à un meilleur contrôle des voies respiratoires, et une meilleure gestion de la douleur, des nausées et des vomissements. La durée des séjours hospitaliers, le risque infectieux et les coûts se sont réduits.
Ces progrès ont également permis à un nombre croissant de patients de bénéficier d’une intervention chirurgicale sous anesthésie locale ou régionale, tout en restant conscients pendant la phase peropératoire. L'anxiété préopératoire est courante, et pendant la procédure, le corps des patients est souvent dénudé.
L’accompagnement infirmier joue un rôle important dans la manière dont les patients perçoivent cette expérience, ces derniers devant trouver un équilibre entre l'espoir d'une amélioration de leur santé et la gestion de la perte de contrôle dans un environnement inconnu et hautement technologique. Il existe un besoin croissant de comprendre les expériences vécues associées à cette pratique.
Une étude phénoménologique
Au total, 14 patients (âge moyen 63 ans) ont été recrutés dans des services de chirurgie suédois (ORL, gynécologie, orthopédie et chirurgie vasculaire) en utilisant une stratégie d'échantillonnage ciblée. À travers une analyse phénoménologique-herméneutique des entretiens narratifs, deux thèmes principaux ont émergé :
Thème 1 : Être entre les mains d’autrui
Les participants ont décrit un sentiment de vulnérabilité et de perte de contrôle dans l'environnement inconnu du bloc opératoire.
Le fait de rester conscient pendant l’intervention a conduit à un sentiment de dépendance et de perte de repères et de l'identité personnelle. Lors des demandes du chirurgien, certaines actions ont pris du sens lorsqu'elles ont été expliquées par des informations adéquates.
Les participants ont vécu un inconfort physique, notamment de la douleur liée à l'anesthésie ou à l'intervention chirurgicale elle-même. Il a fallu supporter l'inconfort, qu'il soit inattendu ou anticipé.
Thème 2 : Gérer l'inévitable pour des préoccupations de santé futures
Malgré les difficultés, les participants ont cherché à accepter la situation et à se concentrer sur les bénéfices potentiels de l'intervention chirurgicale.
La confiance envers l'équipe chirurgicale était essentielle pour les participants, qui cherchaient réconfort et soutien.
Les patients ont compté sur le soutien continu des professionnels de santé pour gérer leur expérience et renforcer leur propre résilience.
Les résultats révèlent la vulnérabilité des patients confrontés à l'incertitude, entraînant une désorientation et une perte d'identité personnelle. Le personnel du bloc opératoire doit être conscient que les patients souhaitent être reconnus en tant qu'individus. Il est également important que l’aide apportée pour maintenir leur identité dans l'environnement du bloc les aide à accepter la situation, malgré un sentiment de vulnérabilité et de dépendance.
Cet environnement, en effet, suscite des sentiments mitigés, mais la technologie présente renforce le sentiment de sécurité des patients. Quant aux soins infirmiers, l'étude souligne l’importance des apports d’informations opportunes pour gérer l’anxiété des patients.
En conclusion, l'étude souligne l'importance des soins centrés sur la personne et de l'implication du patient dans ses propres soins pour améliorer l'expérience chirurgicale et promouvoir son bien-être global.
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Hôpital : vers 3 jours de carence pour arrêt maladie ?
Frédéric Haroche | 16 Septembre 2024
jim.fr
Le nombre d’arrêts maladies a connu une hausse généralisée dans la fonction publique et le secteur privé, à partir de 2020. Mais après une période 2014-2019 au cours de laquelle ces absences se situaient à des niveaux comparables dans les deux secteurs (environ 8 jours par an), elles s’élèvent en 2022 à 14,5 jours par agent dans la fonction publique et à 11,7 jours dans le secteur privé par salarié. En outre des différences sont observées entre les trois branches de la fonction publique, les absences étant plus fréquentes dans la fonction publique territoriale et hospitalière que dans la fonction publique d’Etat.
Dans ce contexte, Gabriel Attal avait confié à l’Inspection générale des affaires sociales et à l’Inspection générale des finances une mission pour étudier des pistes de réduction du nombre d'arrêts de travail pour raison de santé. Ces institutions ont publié leur rapport la semaine dernière.
Notons en préambule, que les caractéristiques des agents (âge, sexe, état de santé) et de leurs emplois (type de contrat, catégorie socio-professionnelle, diplôme) expliquent une grande partie de l’écart entre les taux d’absence du secteur privé et du secteur public. A structures d’emplois et caractéristiques d’agents identiques, la fonction publique de l’Etat, la fonction publique hospitalière et le secteur privé seraient au même niveau d’absentéisme et l’écart entre la fonction publique territoriale et le privé ne serait que la moitié de celui observé.
Plus d’un milliard d’économies possibles
La mission a examiné deux leviers incitatifs pour réduire les absences de courte durée pour raison de santé et chiffré les économies budgétaires qu’ils permettraient de réaliser : l’instauration de deux ou trois jours de carence et la diminution du taux de remplacement de la rémunération des agents publics en arrêt de travail de courte durée. Concernant ce second point, la mise en place d’un taux de remplacement à 90 % de la rémunération en arrêt maladie en lieu et place du plein traitement actuellement en vigueur permettrait jusqu’à 900 M€ d’économies dont 300 à l’hôpital.
Déjà, la réintroduction dans la fonction publique en 2018 d’un jour de carence, a rempli son objectif de réduction des arrêts de courte durée et a représenté des économies budgétaires de 134 M€ en 2023 pour le budget de l’État. L’instauration de deux ou trois jours de carence permettrait également d’amplifier ces économies (jusqu’à 289 M€ pour 3 jours de carence, dont 54 à l’hôpital). Soulignons également, qu’une étude de l’INSEE publiée en juillet, avait mis en évidence que le jour de carence à l’éducation nationale n’avait pas eu d’effet sanitaire néfaste.
Au-delà de ces mesures incitatives, d’autres leviers ont été identifiés : une politique de prévention plus volontariste et un accompagnement renforcé des parcours professionnels, d’une part, une meilleure mobilisation des contrôles médicaux et administratifs des arrêts de travail d’autre part.
Des données qui seront scrutées à la loupe par Michel Barnier qui a fait part de sa volonté de remettre de l’ordre dans la comptabilité nationale.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.
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Re: Articles sur la santé
Le massage soulage-t-il la douleur ?
Anne-Céline Rigaud | 19 Septembre 2024
jim.fr
Alors que le retrait du terme « masseur » à la dénomination des kinésithérapeutes (soutenu par des représentants ordinaux) a fait débat pendant l’été, c’est pour passer au crible de l’Evidence Based Medicine que le massage est abordé ici. Le massage thérapeutique est un outil de prise en charge populaire et habituel pour soulager la douleur.
Il englobe une gamme de techniques d’intensité et de durées variables dispensées par des thérapeutes formés. Pour aller au-delà de sa popularité et de sa pratique ancienne, une équipe répond, à partir d’articles publiés entre 2018 et 2023, à la question : « Quelle est la qualité des preuves concernant les résultats de la massothérapie sur la douleur dans les revues systématiques de la littérature ? »
Des niveaux de preuve modérés, au mieux
Cette revue systématique a identifié 129 revues systématiques dans une recherche dans la littérature. Parmi celles-ci, 41 ont évalué la certitude ou la qualité des preuves de leurs conclusions, couvrant 13 problèmes de santé. Les études sur la massothérapie sportive, l’ostéopathie, les ventouses sèches ou les aiguilles sèches et la massothérapie interne (pour les douleurs du plancher pelvien) ont été exclues, tout comme les techniques de massothérapie auto-administrées.
Dans l’ensemble de ces revues, aucune conclusion n’a été jugée comme étant d’un niveau de confiance élevé, 7 conclusions ont été classées d’un niveau de confiance modéré, et toutes les autres conclusions ont été classées avec un niveau de confiance faible ou très faible. Toutes les conclusions évaluées avec un niveau de confiance modéré ont conclu que la massothérapie avait des associations bénéfiques avec la douleur.
Dans cette revue systématique sur la massothérapie, bien que les effets indésirables associés à la technique soient rares, les preuves retrouvées restent limitées. Il existe des affections (lombalgie, après chirurgie du cancer du sein, fibromyalgie, douleurs myofasciales) pour lesquelles les auteurs de la revue ont conclu à l’existence de données probantes (d’un niveau de confiance modéré) associées à l’effet du massage sur la douleur.
La plupart des autres articles ont rapporté des données probantes d’un niveau de confiance faible ou très faible. De plus il existe encore un manque de clarté dans la durée des bénéfices et dans la détermination de ce qu’est la massothérapie. Par exemple, l’acupression était parfois considérée comme de l’acupuncture et d’autres fois comme de la massothérapie, selon la définition de l’auteur.
Enfin, il existe une problématique sur le placebo utilisé dans les études sélectionnées (à savoir la massothérapie factice), qui ne peut être totalement neutre et inactif. Il semblerait plus probant de comparer la massothérapie avec d’autres traitements accessibles dont les avantages sont reconnus afin que tout résultat bénéfique supplémentaire puisse être mieux objectivé et analysé.
References
Mak S, Allen J, Begashaw M, et al. Use of Massage Therapy for Pain, 2018-2023: A Systematic Review. JAMA Netw Open. 2024 Jul 1;7(7):e2422259. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.22259.
Je renvoie cependant à la lecture de ce livre de Joseph Kessel "Les mains du miracle". Une histoire vraie. Un livre d'exception.
__________________
Sur quels circuits neuronaux repose l’effet placebo ?
Pr Dominique Baudon | 19 Septembre 2024
jim.fr
Un placebo (du latin placebo, je plairai) est une « préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo » (Dictionnaire Larousse). Cet effet décrit le résultat positif d’une substance ou d’un acte thérapeutique qui n’a aucune action spécifique sur le trouble (pathologie, symptôme) qu’il vise à soulager.
Il est causé notamment par l’espérance que le patient peut avoir sur l’efficacité du traitement. La réalité de l’existence de l'effet placebo fait consensus : en moyenne, selon les études, un tiers des sujets ressentent l'effet bénéfique d'un traitement, indépendamment de son efficacité réelle. L'effet placebo atteint même les 70 % dans certaines études sur la dépression, sur la douleur et les nausées, se révélant ainsi aussi efficace que certains médicaments prescrits contre ces pathologies et symptômes.
Mais la façon dont l’effet placebo se manifeste dans le cerveau fait débat parmi les chercheurs, les résultats des travaux pour localiser ce mécanisme dans les réseaux neuronaux étant contradictoires. La faute à des études n'incluant que peu de participants et focalisées sur une seule région cérébrale.
Cependant, les mécanismes commencent à être mieux compris. Des expériences d’imagerie ont montré que l’administration d’un placebo déclenche des modifications de l’activité cérébrale et conduit à la production de molécules favorisant un sentiment de bien-être, comme des endorphines ou de la dopamine [1].
L’implication des circuits impliqués dans la perception de la douleur
De nombreuses études antérieures avaient montré que les placebos activent la région corticale préfrontale conduisant à la libération de molécules analgésiques (des opioïdes) capables de réduire la douleur. Néanmoins, les résultats étaient très hétérogènes selon les individus et ne permettait pas de déterminer des zones systématiquement activées.
Des chercheurs de l'hôpital universitaire d’Essen (Allemagne) et du Dartmouth College (Etats-Unis) avaient publiés en 2021 les premières conclusions de leurs travaux montrant l’implication de certaines zones du cerveau [2]. Ils ont effectué une méta-analyse portant sur la majorité des recherches en neuro-imagerie menées jusqu'à présent sur la question (20 études, 603 adultes sains ; études expérimentales de neuroimagerie fonctionnelle de la douleur évoquée dans des conditions placebo et témoins appariées à l'intensité du stimulus).
Ils ont montré que les traitements placebo, comparés aux traitements contrôles, entrainaient des réductions de l'activité liée à la douleur, en particulier dans des régions du cortex insulaire, du thalamus et de l’habenula. Par ailleurs, les zones du thalamus importantes dans la perception nociceptive sont celles qui sont justement le plus affectées par le placebo.
Les auteurs concluaient que les traitements par placebo « affectent l'activité liée à la douleur dans plusieurs zones du cerveau, ce qui peut refléter des changements dans la nociception et/ou d'autres processus affectifs et de prise de décision entourant la douleur… L'hétérogénéité entre les études suggère que l'analgésie placebo est un phénomène à multiples facettes impliquant de multiples mécanismes cérébraux qui diffèrent d'une étude à l’autre » [2].
L’effet placebo chez la souris
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Naturepar des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord (Etats-Unis), vient préciser les circuits neuronaux activés dans le cortex, montrant comment fonctionne l’effet placebo, et comment on pourrait le cibler [3].Dans ce travail, un test comportemental générant un soulagement de la douleur de type placebo a été créé sur un modèle murin.
Les chercheurs ont entrainé des souris pour ne plus ressentir de la douleur dans un contexte normalement douloureux. Pour cet "apprentissage", les souris étaient placées dans un dispositif comprenant deux cages dont le sol était, pour l’une à une température normale acceptable (30°C), et pour l’autre à 48°C générant une douleur aux pattes.
Les souris habituées à évoluer dans les cages 30°C ont été placées pendant trois jours dans les cages 48°C. Il y a eu dans cette phase expérimentale plusieurs passages d’un même lot de souris dans les deux types de cage. Ainsi, pendant cette période de conditionnement, les souris apprenaient à associer une des deux cages à la douleur, et l’autre à l’absence de douleur.
Après cette période d’apprentissage, le sol de la cage 30°C était porté à 48°C. Les chercheurs ont étudié la réaction des souris dans la cage qui était censée être indolore malgré sa nouvelle température à 48°C. Les souris y montraient moins de signes de douleur que dans la cage maintenue en permanence à 48°C. Cet effet placebo persistait pendant au moins une semaine.
Les chercheurs ont ensuite étudié le cerveau de ces souris, en utilisant l'imagerie calcique in vivo, permettant de mesurer l'activité neuronale avec une résolution cellulaire, et des enregistrements électrophysiologiques sur tranches de cerveau, pour comprendre les mécanismes responsables de cette diminution de la douleur.
Une connexion entre le cortex et le cervelet
Ils ont mis en évidence un circuit neuronal impliquant des neurones du cortex cingulaire antérieur rostral (rACC) se projetant vers le noyau pontique (rACC→Pn) un noyau pré-cérébelleux non associé à la perception de la douleur), puis qui se connectent avec le cervelet (qui joue un rôle dans l’apprentissage et le conditionnement). Ces neurones qui connectent le cortex cingulaire antérieur et le noyau Pn du tronc cérébral, s’activaient progressivement lors de la phase de conditionnement.
Les neurones pontiques activés expriment des récepteurs opiacés et peuvent donc être activés également par des opioïdes endogènes, tels que les endorphines. Finalement, ces neurones activaient les cellules de Purkinje dans le cervelet, fournissant des preuves au niveau cellulaire d'un rôle du cervelet dans la modulation cognitive de la douleur. De plus, l’inhibition de la voie rACC→Pn a perturbé l'analgésie placebo et a diminué les seuils de douleur, tandis que l'activation a provoqué l'analgésie en l'absence de conditionnement placebo.
Selon les auteurs, ces résultats ouvrent la possibilité de cibler cette voie cortico-ponto-cérébelleuse préfrontale avec des médicaments ou une neurostimulation, pour traiter la douleur. Ils concluent : « Nos résultats ouvrent la porte à la possibilité de cibler cette nouvelle voie neuronale de la douleur afin de traiter les personnes différemment, mais d’une façon potentiellement plus efficace».
References
[1] INSERM, publié le 18/12/2023. https://www.inserm.fr/c-est-quoi/sans-b ... placebo/#-
[2] Zunhammer M, Spisák T, Wager TD, Bingel U; Placebo Imaging Consortium. Meta-analysis of neural systems underlying placebo analgesia from individual participant fMRI data. Nat Commun. 2021 Mar 2;12(1):1391. doi: 10.1038/s41467-021-21179-3.
[3] Chen C, Niehaus JK, Dinc F, et al. Neural circuit basis of placebo pain relief. Nature. 2024 Aug;632(8027):1092-1100. doi: 10.1038/s41586-024-07816-z.
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Urgences : la fraude des tableaux de garde qui secoue l’AP-HP
Frédéric Haroche | 19 Septembre 2024
jim.fr
Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné dénonce des « magouilles » qui se dérouleraient au SAMU de Paris. Cette fraude, organisée par des urgentistes, consisterait à s’inscrire au tableau de gardes (mais sans réelle participation), pour bénéficier de davantage de rémunération de temps additionnel (heures supplémentaires).
« L’affaire » aurait éclaté au cours de l’été 2023 selon le palmipède, au moment où le Pr Pierre Carli passait la main au Pr Frédéric Adnet à la tête du SAMU parisien. A sa prise de fonction, les autorités sanitaires lui auraient demandé de « mettre son nez dans les anciennes pratiques mandarinales » selon l’hebdomadaire satirique.
La pêche serait plutôt mince, un seul médecin aurait été épinglé et sommé de rembourser plusieurs milliers d’euros. « Un montant ridicule eu égard à la triche » retorque sous couvert d’anonymat un autre urgentiste de Necker.
La polémique rebondit quand deux médecins d’un SMUR du 93 saisissent le tribunal administratif pour réclamer d’être payés pour leur temps additionnel. Ils arguent que ces heures ont été payées à leurs confrères et réclament chacun plus de 300 000 € de réparation ! Une mission a alors été diligentée par l’APHP, qui a remis son rapport le 18 juin dernier.
Le volatile rapporte : « des urgentistes bidouillent le tableau de présence. Un médecin, par exemple, s’inscrit comme présent alors qu’il ne l’est pas, autorisant un collègue à enchainer les gardes sans repos, jusqu’à 72 heures d’affilée, avant que celui-ci ne rende la pareille au premier. Ces petits arrangements permettent aux blouses blanches de concentrer leur travail sur quelques jours, afin de libérer des plages horaires pour leurs activités annexes. Ainsi au moins quatre toubibs exerçaient auprès d’autres employeurs sans avoir déclaré leur situation à l’AP-HP ».
Suite à ce rapport, dans une note en plein cœur de l’été, l’AP-HP s’inquiétait que le non-respect du repos de sécurité ait pu mettre en danger des patients. Frédéric Valletoux, ministre démissionnaire de la santé, s’en est même inquiété auprès du Canard, confirmant ainsi l’ampleur de la fraude. Sur France Info, le président de la commission des commissions médicales de l’AP-HP, le Pr Remi Salomon fulmine : « Il faut mettre de l’ordre, ce n’est pas acceptable ».
Dans ce cadre, un nouveau logiciel pour les tableaux de garde a été mise en place censément plus sécurisé, mais désormais l’AP-HP s’interroge, cette pratique relevée dans certains SAMU d’île de France est-elle généralisée ? Ainsi, alors que l’AP-HP parlait au départ de pratiques concernant un « très petit nombre de professionnels », Christophe Prud’homme urgentiste à l'hôpital Avicenne (AP-HP, Bobigny) et représentant de la CGT santé et action sociale reconnait quant à lui « un certain nombre de dérives » auprès de nos confrères d’APM News. Il tempère cependant : s’il « faut dénoncer les dérives », il faut aussi « dénoncer le problème systémique (manque de moyens, de personnels NDLR) et que l'on y trouve une réponse ».
no comment...
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La crise des titulaires n’en finit pas à l’hôpital
Raphaël Lichten | 19 Septembre 2024
jim.fr
Il manque encore et toujours des titulaires à l’hôpital public. Bien qu’il soit encadré, l’intérim a continué sa folle progression, augmentant de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023 au sein des hôpitaux de l’AP-HP.
Infirmiers, médecins, psychiatres… On manque de tout à l’hôpital ! La crise des titulaires n’en finit plus de durer. Pour combler les postes vacants, les directions sont amenées bon an mal an à recourir à l’intérim. Une solution de fortune bien connue des hôpitaux, mais qui a un coût évident sur les finances des établissements, mais aussi sur leur organisation.
Des dizaines de millions d’euros déboursés
Au printemps dernier, la direction de l’AP-HP avait déjà indiqué que son recours aux intérimaires avait augmenté de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023.
Certains établissements faisaient même état de chiffres hallucinants, comme l’hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine), qui rapportait une hausse de 145 % ! Un recours aux contrats d’intérim qui coûterait des dizaines de millions d’euros en plus des budgets prévus, selon nos confrères de France Info.
La Cour des comptes a justement publié un rapport sur la question fin juillet dernier.
Les magistrats financiers y expliquaient que ce recours accru aux contrats d’intérim traduisait une « fragilité » et une « dépendance » des hôpitaux, en particulier aux urgences et dans les secteurs de la gynécologie-obstétrique et de la pédiatrie.
Une limite fixée à 1390 € pour une garde de 24 heures… en théorie seulement
Les médecins ainsi recrutés pour faire de l’intérim n’hésitent d’ailleurs pas à négocier avec les hôpitaux, sachant qu’ils sont indispensables à leur bon fonctionnement. Des rémunérations parfois élevées et qui pèsent « lourdement » sur la situation financière des hôpitaux, confirme la Cour des comptes, qui évoque même des « sur-rémunérations » ayant augmenté de 72 % entre 2017 et 2021.
La législation encadre pourtant la rémunération de l’intérim médical en France, notamment la loi Rist (entrée en vigueur en 2023), qui prévoit qu’un médecin intérimaire ne peut pas être payé plus de 1390 euros bruts pour une garde de 24 heures. Mais ces plafonds sont souvent largement dépassés, et l’encadrement est resté limité, de l’aveu des ARS et de la Cour des comptes, qui critique d’ailleurs l’empilement des dispositifs.
Les magistrats de la Rue Cambon suggèrent de définir de façon plus stricte les règles de recours à certains contrats temporaires et de suivre méticuleusement, pour chaque établissement, le recours à ces emplois temporaires.
Enfin, en plus des évidents dérapages budgétaires, l’intérim a aussi des conséquences d’un point de vue organisationnel. « Les contractuels sont nécessaires, mais en avoir trop, cela déstabilise les hôpitaux qui ont besoin d’équipes stables », souligne ainsi la Dr Anne Geffroy-Wernet auprès du Monde, qui juge d’ailleurs la tendance « extrêmement alarmante ». La médecin, par ailleurs présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E), estime, en conclusion, que le « choc d’attractivité » promis par le gouvernement n’a pas eu lieu.
re no comment...
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L’Espagne condamnée par la Cour européenne après la requête d’un témoin de Jéhovah transfusé
C’est un cas d’école classique quant à la frontière entre responsabilité médicale et liberté individuelle. L’affaire remonte à juillet 2017. Alors qu’elle devait subir une intervention (dont la nature n’est pas précisée par le jugement), Rosa Edelmira Pindo Mulla transmet trois documents à l’équipe médicale (directives anticipées, procuration de longue durée et formulaire de consentement éclairé) où elle indique expressément son refus de subir « une transfusion sanguine de quelque nature que ce soit (sang total, globules rouges, globules blancs, plaquettes ou plasma) quel que soit son état de santé, même si sa vie était en danger, mais qu’elle acceptait tout traitement médical n’impliquant pas l’usage de sang ». Cependant, après l’intervention réalisée en juin 2018, Rosa Edelmira Pindo Mulla est victime d’une hémorragie. Les médecins qui la prennent en charge à l’hôpital de Madrid où elle vient d’être transférée, apprenant qu’elle est Témoin de Jéhovah, saisissent le juge de permanence quant à la possibilité de la transfuser. Ce dernier autorise « toute intervention médicale nécessaire pour lui sauver la vie ». Plusieurs transfusions sanguines sont donc réalisées. S’ils ne contestent pas que cette prise en charge fût indispensable pour lui sauver la vie, les magistrats de la Cour européenne des droits de l’homme viennent de considérer que les praticiens avaient violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme relatif au respect de la vie privée et familiale et l’article 9 dédié à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Aussi, l’Espagne devra-t-elle verser à la plaignante, d’origine équatorienne, 26 000 euros (dommage moral et frais de justice).
Comment les juges retournent un jugement ...d'un juge (pléonasme) pour faire retomber la faute sur les praticiens ayant expressément demandé une protection légale que les juges de la CEDH n'appliquent que sur leur collègue espagnol qui n'est pas mis en cause, alors qu'il a bien autorisé et validé la demande de l'équipe médicale, toujours pris dans l'étau du devoir de sauver et de celui de respecter la volonté des patients.
Anne-Céline Rigaud | 19 Septembre 2024
jim.fr
Alors que le retrait du terme « masseur » à la dénomination des kinésithérapeutes (soutenu par des représentants ordinaux) a fait débat pendant l’été, c’est pour passer au crible de l’Evidence Based Medicine que le massage est abordé ici. Le massage thérapeutique est un outil de prise en charge populaire et habituel pour soulager la douleur.
Il englobe une gamme de techniques d’intensité et de durées variables dispensées par des thérapeutes formés. Pour aller au-delà de sa popularité et de sa pratique ancienne, une équipe répond, à partir d’articles publiés entre 2018 et 2023, à la question : « Quelle est la qualité des preuves concernant les résultats de la massothérapie sur la douleur dans les revues systématiques de la littérature ? »
Des niveaux de preuve modérés, au mieux
Cette revue systématique a identifié 129 revues systématiques dans une recherche dans la littérature. Parmi celles-ci, 41 ont évalué la certitude ou la qualité des preuves de leurs conclusions, couvrant 13 problèmes de santé. Les études sur la massothérapie sportive, l’ostéopathie, les ventouses sèches ou les aiguilles sèches et la massothérapie interne (pour les douleurs du plancher pelvien) ont été exclues, tout comme les techniques de massothérapie auto-administrées.
Dans l’ensemble de ces revues, aucune conclusion n’a été jugée comme étant d’un niveau de confiance élevé, 7 conclusions ont été classées d’un niveau de confiance modéré, et toutes les autres conclusions ont été classées avec un niveau de confiance faible ou très faible. Toutes les conclusions évaluées avec un niveau de confiance modéré ont conclu que la massothérapie avait des associations bénéfiques avec la douleur.
Dans cette revue systématique sur la massothérapie, bien que les effets indésirables associés à la technique soient rares, les preuves retrouvées restent limitées. Il existe des affections (lombalgie, après chirurgie du cancer du sein, fibromyalgie, douleurs myofasciales) pour lesquelles les auteurs de la revue ont conclu à l’existence de données probantes (d’un niveau de confiance modéré) associées à l’effet du massage sur la douleur.
La plupart des autres articles ont rapporté des données probantes d’un niveau de confiance faible ou très faible. De plus il existe encore un manque de clarté dans la durée des bénéfices et dans la détermination de ce qu’est la massothérapie. Par exemple, l’acupression était parfois considérée comme de l’acupuncture et d’autres fois comme de la massothérapie, selon la définition de l’auteur.
Enfin, il existe une problématique sur le placebo utilisé dans les études sélectionnées (à savoir la massothérapie factice), qui ne peut être totalement neutre et inactif. Il semblerait plus probant de comparer la massothérapie avec d’autres traitements accessibles dont les avantages sont reconnus afin que tout résultat bénéfique supplémentaire puisse être mieux objectivé et analysé.
References
Mak S, Allen J, Begashaw M, et al. Use of Massage Therapy for Pain, 2018-2023: A Systematic Review. JAMA Netw Open. 2024 Jul 1;7(7):e2422259. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2024.22259.
Je renvoie cependant à la lecture de ce livre de Joseph Kessel "Les mains du miracle". Une histoire vraie. Un livre d'exception.
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Sur quels circuits neuronaux repose l’effet placebo ?
Pr Dominique Baudon | 19 Septembre 2024
jim.fr
Un placebo (du latin placebo, je plairai) est une « préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo » (Dictionnaire Larousse). Cet effet décrit le résultat positif d’une substance ou d’un acte thérapeutique qui n’a aucune action spécifique sur le trouble (pathologie, symptôme) qu’il vise à soulager.
Il est causé notamment par l’espérance que le patient peut avoir sur l’efficacité du traitement. La réalité de l’existence de l'effet placebo fait consensus : en moyenne, selon les études, un tiers des sujets ressentent l'effet bénéfique d'un traitement, indépendamment de son efficacité réelle. L'effet placebo atteint même les 70 % dans certaines études sur la dépression, sur la douleur et les nausées, se révélant ainsi aussi efficace que certains médicaments prescrits contre ces pathologies et symptômes.
Mais la façon dont l’effet placebo se manifeste dans le cerveau fait débat parmi les chercheurs, les résultats des travaux pour localiser ce mécanisme dans les réseaux neuronaux étant contradictoires. La faute à des études n'incluant que peu de participants et focalisées sur une seule région cérébrale.
Cependant, les mécanismes commencent à être mieux compris. Des expériences d’imagerie ont montré que l’administration d’un placebo déclenche des modifications de l’activité cérébrale et conduit à la production de molécules favorisant un sentiment de bien-être, comme des endorphines ou de la dopamine [1].
L’implication des circuits impliqués dans la perception de la douleur
De nombreuses études antérieures avaient montré que les placebos activent la région corticale préfrontale conduisant à la libération de molécules analgésiques (des opioïdes) capables de réduire la douleur. Néanmoins, les résultats étaient très hétérogènes selon les individus et ne permettait pas de déterminer des zones systématiquement activées.
Des chercheurs de l'hôpital universitaire d’Essen (Allemagne) et du Dartmouth College (Etats-Unis) avaient publiés en 2021 les premières conclusions de leurs travaux montrant l’implication de certaines zones du cerveau [2]. Ils ont effectué une méta-analyse portant sur la majorité des recherches en neuro-imagerie menées jusqu'à présent sur la question (20 études, 603 adultes sains ; études expérimentales de neuroimagerie fonctionnelle de la douleur évoquée dans des conditions placebo et témoins appariées à l'intensité du stimulus).
Ils ont montré que les traitements placebo, comparés aux traitements contrôles, entrainaient des réductions de l'activité liée à la douleur, en particulier dans des régions du cortex insulaire, du thalamus et de l’habenula. Par ailleurs, les zones du thalamus importantes dans la perception nociceptive sont celles qui sont justement le plus affectées par le placebo.
Les auteurs concluaient que les traitements par placebo « affectent l'activité liée à la douleur dans plusieurs zones du cerveau, ce qui peut refléter des changements dans la nociception et/ou d'autres processus affectifs et de prise de décision entourant la douleur… L'hétérogénéité entre les études suggère que l'analgésie placebo est un phénomène à multiples facettes impliquant de multiples mécanismes cérébraux qui diffèrent d'une étude à l’autre » [2].
L’effet placebo chez la souris
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Naturepar des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord (Etats-Unis), vient préciser les circuits neuronaux activés dans le cortex, montrant comment fonctionne l’effet placebo, et comment on pourrait le cibler [3].Dans ce travail, un test comportemental générant un soulagement de la douleur de type placebo a été créé sur un modèle murin.
Les chercheurs ont entrainé des souris pour ne plus ressentir de la douleur dans un contexte normalement douloureux. Pour cet "apprentissage", les souris étaient placées dans un dispositif comprenant deux cages dont le sol était, pour l’une à une température normale acceptable (30°C), et pour l’autre à 48°C générant une douleur aux pattes.
Les souris habituées à évoluer dans les cages 30°C ont été placées pendant trois jours dans les cages 48°C. Il y a eu dans cette phase expérimentale plusieurs passages d’un même lot de souris dans les deux types de cage. Ainsi, pendant cette période de conditionnement, les souris apprenaient à associer une des deux cages à la douleur, et l’autre à l’absence de douleur.
Après cette période d’apprentissage, le sol de la cage 30°C était porté à 48°C. Les chercheurs ont étudié la réaction des souris dans la cage qui était censée être indolore malgré sa nouvelle température à 48°C. Les souris y montraient moins de signes de douleur que dans la cage maintenue en permanence à 48°C. Cet effet placebo persistait pendant au moins une semaine.
Les chercheurs ont ensuite étudié le cerveau de ces souris, en utilisant l'imagerie calcique in vivo, permettant de mesurer l'activité neuronale avec une résolution cellulaire, et des enregistrements électrophysiologiques sur tranches de cerveau, pour comprendre les mécanismes responsables de cette diminution de la douleur.
Une connexion entre le cortex et le cervelet
Ils ont mis en évidence un circuit neuronal impliquant des neurones du cortex cingulaire antérieur rostral (rACC) se projetant vers le noyau pontique (rACC→Pn) un noyau pré-cérébelleux non associé à la perception de la douleur), puis qui se connectent avec le cervelet (qui joue un rôle dans l’apprentissage et le conditionnement). Ces neurones qui connectent le cortex cingulaire antérieur et le noyau Pn du tronc cérébral, s’activaient progressivement lors de la phase de conditionnement.
Les neurones pontiques activés expriment des récepteurs opiacés et peuvent donc être activés également par des opioïdes endogènes, tels que les endorphines. Finalement, ces neurones activaient les cellules de Purkinje dans le cervelet, fournissant des preuves au niveau cellulaire d'un rôle du cervelet dans la modulation cognitive de la douleur. De plus, l’inhibition de la voie rACC→Pn a perturbé l'analgésie placebo et a diminué les seuils de douleur, tandis que l'activation a provoqué l'analgésie en l'absence de conditionnement placebo.
Selon les auteurs, ces résultats ouvrent la possibilité de cibler cette voie cortico-ponto-cérébelleuse préfrontale avec des médicaments ou une neurostimulation, pour traiter la douleur. Ils concluent : « Nos résultats ouvrent la porte à la possibilité de cibler cette nouvelle voie neuronale de la douleur afin de traiter les personnes différemment, mais d’une façon potentiellement plus efficace».
References
[1] INSERM, publié le 18/12/2023. https://www.inserm.fr/c-est-quoi/sans-b ... placebo/#-
[2] Zunhammer M, Spisák T, Wager TD, Bingel U; Placebo Imaging Consortium. Meta-analysis of neural systems underlying placebo analgesia from individual participant fMRI data. Nat Commun. 2021 Mar 2;12(1):1391. doi: 10.1038/s41467-021-21179-3.
[3] Chen C, Niehaus JK, Dinc F, et al. Neural circuit basis of placebo pain relief. Nature. 2024 Aug;632(8027):1092-1100. doi: 10.1038/s41586-024-07816-z.
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Urgences : la fraude des tableaux de garde qui secoue l’AP-HP
Frédéric Haroche | 19 Septembre 2024
jim.fr
Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné dénonce des « magouilles » qui se dérouleraient au SAMU de Paris. Cette fraude, organisée par des urgentistes, consisterait à s’inscrire au tableau de gardes (mais sans réelle participation), pour bénéficier de davantage de rémunération de temps additionnel (heures supplémentaires).
« L’affaire » aurait éclaté au cours de l’été 2023 selon le palmipède, au moment où le Pr Pierre Carli passait la main au Pr Frédéric Adnet à la tête du SAMU parisien. A sa prise de fonction, les autorités sanitaires lui auraient demandé de « mettre son nez dans les anciennes pratiques mandarinales » selon l’hebdomadaire satirique.
La pêche serait plutôt mince, un seul médecin aurait été épinglé et sommé de rembourser plusieurs milliers d’euros. « Un montant ridicule eu égard à la triche » retorque sous couvert d’anonymat un autre urgentiste de Necker.
La polémique rebondit quand deux médecins d’un SMUR du 93 saisissent le tribunal administratif pour réclamer d’être payés pour leur temps additionnel. Ils arguent que ces heures ont été payées à leurs confrères et réclament chacun plus de 300 000 € de réparation ! Une mission a alors été diligentée par l’APHP, qui a remis son rapport le 18 juin dernier.
Le volatile rapporte : « des urgentistes bidouillent le tableau de présence. Un médecin, par exemple, s’inscrit comme présent alors qu’il ne l’est pas, autorisant un collègue à enchainer les gardes sans repos, jusqu’à 72 heures d’affilée, avant que celui-ci ne rende la pareille au premier. Ces petits arrangements permettent aux blouses blanches de concentrer leur travail sur quelques jours, afin de libérer des plages horaires pour leurs activités annexes. Ainsi au moins quatre toubibs exerçaient auprès d’autres employeurs sans avoir déclaré leur situation à l’AP-HP ».
Suite à ce rapport, dans une note en plein cœur de l’été, l’AP-HP s’inquiétait que le non-respect du repos de sécurité ait pu mettre en danger des patients. Frédéric Valletoux, ministre démissionnaire de la santé, s’en est même inquiété auprès du Canard, confirmant ainsi l’ampleur de la fraude. Sur France Info, le président de la commission des commissions médicales de l’AP-HP, le Pr Remi Salomon fulmine : « Il faut mettre de l’ordre, ce n’est pas acceptable ».
Dans ce cadre, un nouveau logiciel pour les tableaux de garde a été mise en place censément plus sécurisé, mais désormais l’AP-HP s’interroge, cette pratique relevée dans certains SAMU d’île de France est-elle généralisée ? Ainsi, alors que l’AP-HP parlait au départ de pratiques concernant un « très petit nombre de professionnels », Christophe Prud’homme urgentiste à l'hôpital Avicenne (AP-HP, Bobigny) et représentant de la CGT santé et action sociale reconnait quant à lui « un certain nombre de dérives » auprès de nos confrères d’APM News. Il tempère cependant : s’il « faut dénoncer les dérives », il faut aussi « dénoncer le problème systémique (manque de moyens, de personnels NDLR) et que l'on y trouve une réponse ».
no comment...

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La crise des titulaires n’en finit pas à l’hôpital
Raphaël Lichten | 19 Septembre 2024
jim.fr
Il manque encore et toujours des titulaires à l’hôpital public. Bien qu’il soit encadré, l’intérim a continué sa folle progression, augmentant de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023 au sein des hôpitaux de l’AP-HP.
Infirmiers, médecins, psychiatres… On manque de tout à l’hôpital ! La crise des titulaires n’en finit plus de durer. Pour combler les postes vacants, les directions sont amenées bon an mal an à recourir à l’intérim. Une solution de fortune bien connue des hôpitaux, mais qui a un coût évident sur les finances des établissements, mais aussi sur leur organisation.
Des dizaines de millions d’euros déboursés
Au printemps dernier, la direction de l’AP-HP avait déjà indiqué que son recours aux intérimaires avait augmenté de 26 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023.
Certains établissements faisaient même état de chiffres hallucinants, comme l’hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine), qui rapportait une hausse de 145 % ! Un recours aux contrats d’intérim qui coûterait des dizaines de millions d’euros en plus des budgets prévus, selon nos confrères de France Info.
La Cour des comptes a justement publié un rapport sur la question fin juillet dernier.
Les magistrats financiers y expliquaient que ce recours accru aux contrats d’intérim traduisait une « fragilité » et une « dépendance » des hôpitaux, en particulier aux urgences et dans les secteurs de la gynécologie-obstétrique et de la pédiatrie.
Une limite fixée à 1390 € pour une garde de 24 heures… en théorie seulement
Les médecins ainsi recrutés pour faire de l’intérim n’hésitent d’ailleurs pas à négocier avec les hôpitaux, sachant qu’ils sont indispensables à leur bon fonctionnement. Des rémunérations parfois élevées et qui pèsent « lourdement » sur la situation financière des hôpitaux, confirme la Cour des comptes, qui évoque même des « sur-rémunérations » ayant augmenté de 72 % entre 2017 et 2021.
La législation encadre pourtant la rémunération de l’intérim médical en France, notamment la loi Rist (entrée en vigueur en 2023), qui prévoit qu’un médecin intérimaire ne peut pas être payé plus de 1390 euros bruts pour une garde de 24 heures. Mais ces plafonds sont souvent largement dépassés, et l’encadrement est resté limité, de l’aveu des ARS et de la Cour des comptes, qui critique d’ailleurs l’empilement des dispositifs.
Les magistrats de la Rue Cambon suggèrent de définir de façon plus stricte les règles de recours à certains contrats temporaires et de suivre méticuleusement, pour chaque établissement, le recours à ces emplois temporaires.
Enfin, en plus des évidents dérapages budgétaires, l’intérim a aussi des conséquences d’un point de vue organisationnel. « Les contractuels sont nécessaires, mais en avoir trop, cela déstabilise les hôpitaux qui ont besoin d’équipes stables », souligne ainsi la Dr Anne Geffroy-Wernet auprès du Monde, qui juge d’ailleurs la tendance « extrêmement alarmante ». La médecin, par ailleurs présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E), estime, en conclusion, que le « choc d’attractivité » promis par le gouvernement n’a pas eu lieu.
re no comment...
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L’Espagne condamnée par la Cour européenne après la requête d’un témoin de Jéhovah transfusé
C’est un cas d’école classique quant à la frontière entre responsabilité médicale et liberté individuelle. L’affaire remonte à juillet 2017. Alors qu’elle devait subir une intervention (dont la nature n’est pas précisée par le jugement), Rosa Edelmira Pindo Mulla transmet trois documents à l’équipe médicale (directives anticipées, procuration de longue durée et formulaire de consentement éclairé) où elle indique expressément son refus de subir « une transfusion sanguine de quelque nature que ce soit (sang total, globules rouges, globules blancs, plaquettes ou plasma) quel que soit son état de santé, même si sa vie était en danger, mais qu’elle acceptait tout traitement médical n’impliquant pas l’usage de sang ». Cependant, après l’intervention réalisée en juin 2018, Rosa Edelmira Pindo Mulla est victime d’une hémorragie. Les médecins qui la prennent en charge à l’hôpital de Madrid où elle vient d’être transférée, apprenant qu’elle est Témoin de Jéhovah, saisissent le juge de permanence quant à la possibilité de la transfuser. Ce dernier autorise « toute intervention médicale nécessaire pour lui sauver la vie ». Plusieurs transfusions sanguines sont donc réalisées. S’ils ne contestent pas que cette prise en charge fût indispensable pour lui sauver la vie, les magistrats de la Cour européenne des droits de l’homme viennent de considérer que les praticiens avaient violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme relatif au respect de la vie privée et familiale et l’article 9 dédié à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Aussi, l’Espagne devra-t-elle verser à la plaignante, d’origine équatorienne, 26 000 euros (dommage moral et frais de justice).
Comment les juges retournent un jugement ...d'un juge (pléonasme) pour faire retomber la faute sur les praticiens ayant expressément demandé une protection légale que les juges de la CEDH n'appliquent que sur leur collègue espagnol qui n'est pas mis en cause, alors qu'il a bien autorisé et validé la demande de l'équipe médicale, toujours pris dans l'étau du devoir de sauver et de celui de respecter la volonté des patients.
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Re: Articles sur la santé
Risques médicaux : les dommages corporels en hausse en 2023
Raphaël Lichten | 26 Septembre 2024
jim.fr
Comme chaque année, la Mutuelle d’assurance du corps de santé français (MACSF) a publié son panorama annuel des risques médicaux, marqué, cette année, par une hausse des dommages corporels.
Chirurgie, médecine généraliste, ophtalmologie… Quelles spécialités médicales sont les plus exposés au risque médico-légal ? Comme chaque année, la MACSF a publié son panorama 2023 du risque, revenant également sur les décisions de justice rendues en 2023.
Les risques des professionnels en 2023
Tout d’abord, la MACSF indique qu’il y a eu une hausse des déclarations en 2023, notamment concernant les dommages corporels : +4,71 % par rapport à 2022. Mais ce chiffre est en réalité lié à l’augmentation du nombre de sociétaires professionnels de santé couverts par la MACSF en responsabilité civile professionnelle (RCP), en hausse dans des proportions similaires sur un an (+4,10 %).
Le taux de sinistralité est donc stable : il est de 0,74 % en 2023 (contre 0,76 % il y a 2 ans).
En revanche, tous les professionnels de santé ne sont pas égaux face au risque. Ainsi, les médecins ne représentent que 30 % du portefeuille total des assurés, mais concentrent près de la moitié (45 %) des déclarations corporelles reçues. Les médecins généralistes sont d’ailleurs ceux ayant adressé le plus de déclarations, suivis par les chirurgiens orthopédiques et traumatologiques et les ophtalmologistes.
De même, l’exposition au risque médico-légal est très hétérogène et dépend fortement des spécialités médicales. « Depuis plusieurs années, les chirurgiens sont les plus fréquemment mis en cause », souligne ainsi la MACSF. Les trois spécialités les plus concernées sont effectivement la neurochirurgie, la chirurgie générale et la chirurgie orthopédique.
Concernant les autres professions, le taux de sinistralité est là encore assez inégal. Il est très faible chez les infirmiers (0,03 %) et les sages-femmes (0,17 %) et significativement plus important chez les vétérinaires (10,47 %) ou les chirurgiens dentaires (6,48 %).
Des magistrats toujours sévères à l’encontre des professionnels de santé
Le niveau de décisions de justice en 2023 est en baisse par rapport à l’année précédente : la MACSF a recensé 357 décisions de justice rendues (346 civiles et 11 pénales) l’année dernière, soit une baisse de 16 % par rapport à 2022.
Au total, cela représente 608 professionnels de santé et établissements de soins poursuivis, dont 588 au civil et 20 au pénal.
En revanche, les magistrats sont toujours aussi sévères : 70 % des décisions civiles prononcent la condamnation d’un professionnel de santé mis en cause. Au pénal, cependant, seuls 36 % des décisions ont mené à une condamnation en 2023.
Comme les années précédentes, les trois spécialités les plus poursuivies au civil sont la chirurgie, la médecine générale et l’anesthésie — réanimation. « Au sein de la chirurgie, les trois spécialités les plus poursuivies sont la chirurgie orthopédique, particulièrement concernée par le risque infectieux, la chirurgie maxillo-faciale concernée en 2023 quasi exclusivement par des interventions portant sur la sphère, et la neurochirurgie, spécialité pour laquelle les complications des interventions donnent lieu à de lourdes conséquences », détaillent ainsi l’assureur français.
Les indemnisations allouées par les juridictions civiles sont d’ailleurs largement en hausse en 2023, atteignant 62 millions d’euros — soit une nette hausse de 34 % en un an ! Un chiffre d’autant plus impressionnant quand on se rappelle que le nombre de décisions civiles a diminué.
Enfin, les patients continuent cependant toujours de préférer les procédures des commissions de conciliation et d’indemnisation (CCI) par rapport aux voies juridictionnelles. 828 saisines de CCI ont été réalisées en 2023 (-24 %) pour 1228 professionnels de santé poursuivis (-10 %). Au total, 21 % des professionnels de santé mis en cause en CCI sont considérés comme fautifs.
L'article est en ligne ici
Raphaël Lichten | 26 Septembre 2024
jim.fr
Comme chaque année, la Mutuelle d’assurance du corps de santé français (MACSF) a publié son panorama annuel des risques médicaux, marqué, cette année, par une hausse des dommages corporels.
Chirurgie, médecine généraliste, ophtalmologie… Quelles spécialités médicales sont les plus exposés au risque médico-légal ? Comme chaque année, la MACSF a publié son panorama 2023 du risque, revenant également sur les décisions de justice rendues en 2023.
Les risques des professionnels en 2023
Tout d’abord, la MACSF indique qu’il y a eu une hausse des déclarations en 2023, notamment concernant les dommages corporels : +4,71 % par rapport à 2022. Mais ce chiffre est en réalité lié à l’augmentation du nombre de sociétaires professionnels de santé couverts par la MACSF en responsabilité civile professionnelle (RCP), en hausse dans des proportions similaires sur un an (+4,10 %).
Le taux de sinistralité est donc stable : il est de 0,74 % en 2023 (contre 0,76 % il y a 2 ans).
En revanche, tous les professionnels de santé ne sont pas égaux face au risque. Ainsi, les médecins ne représentent que 30 % du portefeuille total des assurés, mais concentrent près de la moitié (45 %) des déclarations corporelles reçues. Les médecins généralistes sont d’ailleurs ceux ayant adressé le plus de déclarations, suivis par les chirurgiens orthopédiques et traumatologiques et les ophtalmologistes.
De même, l’exposition au risque médico-légal est très hétérogène et dépend fortement des spécialités médicales. « Depuis plusieurs années, les chirurgiens sont les plus fréquemment mis en cause », souligne ainsi la MACSF. Les trois spécialités les plus concernées sont effectivement la neurochirurgie, la chirurgie générale et la chirurgie orthopédique.
Concernant les autres professions, le taux de sinistralité est là encore assez inégal. Il est très faible chez les infirmiers (0,03 %) et les sages-femmes (0,17 %) et significativement plus important chez les vétérinaires (10,47 %) ou les chirurgiens dentaires (6,48 %).
Des magistrats toujours sévères à l’encontre des professionnels de santé
Le niveau de décisions de justice en 2023 est en baisse par rapport à l’année précédente : la MACSF a recensé 357 décisions de justice rendues (346 civiles et 11 pénales) l’année dernière, soit une baisse de 16 % par rapport à 2022.
Au total, cela représente 608 professionnels de santé et établissements de soins poursuivis, dont 588 au civil et 20 au pénal.
En revanche, les magistrats sont toujours aussi sévères : 70 % des décisions civiles prononcent la condamnation d’un professionnel de santé mis en cause. Au pénal, cependant, seuls 36 % des décisions ont mené à une condamnation en 2023.
Comme les années précédentes, les trois spécialités les plus poursuivies au civil sont la chirurgie, la médecine générale et l’anesthésie — réanimation. « Au sein de la chirurgie, les trois spécialités les plus poursuivies sont la chirurgie orthopédique, particulièrement concernée par le risque infectieux, la chirurgie maxillo-faciale concernée en 2023 quasi exclusivement par des interventions portant sur la sphère, et la neurochirurgie, spécialité pour laquelle les complications des interventions donnent lieu à de lourdes conséquences », détaillent ainsi l’assureur français.
Les indemnisations allouées par les juridictions civiles sont d’ailleurs largement en hausse en 2023, atteignant 62 millions d’euros — soit une nette hausse de 34 % en un an ! Un chiffre d’autant plus impressionnant quand on se rappelle que le nombre de décisions civiles a diminué.
Enfin, les patients continuent cependant toujours de préférer les procédures des commissions de conciliation et d’indemnisation (CCI) par rapport aux voies juridictionnelles. 828 saisines de CCI ont été réalisées en 2023 (-24 %) pour 1228 professionnels de santé poursuivis (-10 %). Au total, 21 % des professionnels de santé mis en cause en CCI sont considérés comme fautifs.
L'article est en ligne ici
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Re: Articles sur la santé
Passer de 24 à 15 h d’oxygène quotidien, c’est possible !
Isabelle Catala | 27 Septembre 2024
jim.fr
L'oxygénothérapie au long cours sur 24 heures ne fait pas mieux en termes de mortalité et d’hospitalisations qu’une durée réduite chez les patients atteints d’hypoxémie sévère. Moins de contraintes en perspective selon les résultats de l’étude REDOX, présentés au congrès de l'European Respiratory Society (ERS) et publiés dans The New England Journal of Medicine.
L'oxygénothérapie de longue durée (OLD) est l'un des traitements de l'hypoxémie sévère chronique. Ses indications actuelles se fondent sur les résultats de deux essais publiés dans les années 1980 (1,2). Si la durée de 24 h par jour est celle initialement adoptée, dès 2016, des études tendaient à suggérer qu'une durée de 15 h par jour pouvait être une option acceptable et bénéfique, ce qui permettait d'augmenter la mobilité et de réduire l'isolement social (3).
Alors 15 ou 24 h d'OLD ? Josephin Sundh (Orebro, Suède) a présenté à l’ERS les résultats de l'essai contrôlé randomisé de phase IV REDOX (The Registry Based Treatment Duration and Mortality in Long-Term Oxygen Therapy), dont l'objectif était d'étudier l'impact de la réduction de l'OLD à 15h par jour sur le risque d'hospitalisation et de décès de toute cause à un an (4). Ils ont été simultanément publiés dans le NEJM (5).
Cet essai multicentrique était basé sur le registre suédois d'insuffisance respiratoire, Swedevox. Dans cette étude, l'ensemble des participants avait reçu une primo-prescription d'OLD pour une hypoxémie chronique sévère, définie par une PaO2 inférieure à 55mmHg, ou une saturation inférieure à 80 % en air ambiant, ou une PaO2 inférieure à 60mmHg en air ambiant associée à des signes d'insuffisance cardiaque ou à une polyglobulie. Ils ont été randomisés en deux groupes (1:1) : OLD 24 h ou OLD 15 h par jour.
Analyser les symptômes
Parmi les 241 patients inclus, 59 % étaient des femmes, l'âge moyen était de 76 ans et les principales causes d'hypoxémie chronique étaient la BPCO (71 %) et la fibrose pulmonaire (14 %).
Dans le groupe OLD 15 h par jour (n = 117), l'oxygénothérapie était interrompue uniquement en journée. Le critère d'évaluation principal était une combinaison d’hospitalisation ou de décès, toutes causes confondues, dans un délai d’un an. Les critères secondaires comprenaient les hospitalisations et la mortalité (toutes causes confondues, de cause respiratoire ou cardiaque) à 3 et 12 mois, ainsi que les symptômes rapportés par les patients (dyspnée, asthénie, bien-être, préférence concernant la durée d'oxygénothérapie) grâce à des questionnaires complétés à 3 et 12 mois.
BPCO ou non
À 12 mois de suivi, le taux d'hospitalisations ou de décès était de 124,7 pour 100 personnes-années parmi les patients recevant de l'oxygène sur 24 heures et de 124,5 pour 100 personnes-années pour ceux traités sur 15 heures.
Le risque d'hospitalisation ou de décès à 1 an dans le groupe OLD 24 h/j n'était pas inférieur à celui du groupe OLD 15 h/j (HR 0,99 ; IC à 95 %, 0,72-1,36). Les résultats étaient similaires après ajustement sur l'âge et le sexe. Il n'existait pas non plus de différence entre les groupes concernant l'incidence des hospitalisations, les décès toutes causes, les symptômes rapportés par les patients et les évènements indésirables. De même, les analyses en sous-groupes ont montré un résultat similaire dans la population de patients avec une PaO2 < 55mmHg, atteints de BPCO ou dans la population sans BPCO associée.
Dans un éditorial associé et publié dans le NEJM, Darren Taichman et Jeffrey Drazen font observer que l'OLD même en n'étant proposée que 15 heures par jour reste néanmoins une contrainte (6). La moitié des patients se déclarent en effet limités dans leurs déplacements, avec un impact notable sur leur qualité de vie. Pour ces deux éditorialistes, des traitements plus courts, basés sur des systèmes portatifs correspondant aux besoins des patients, pourraient aider à alléger la charge des patients souffrant de maladie respiratoire hypoxémique.
Cet article a d’abord été publié que le site de MediQuality.net
References
1. Long term domiciliary oxygen therapy in chronic hypoxic cor pulmonale complicating chronic bronchitis and emphysema. Report of the Medical Research Council Working Party. Lancet. 1981 Mar 28;1(8222):681-6.
2. Continuous or nocturnal oxygen therapy in hypoxemic chronic obstructive lung disease: a clinical trial. Nocturnal Oxygen Therapy Trial Group. Ann Intern Med. 1980 Sep;93(3):391-8. doi: 10.7326/0003-4819-93-3-391.
3. Ahmadi Z, Sundh J, Bornefalk-Hermansson A, Ekström M. Long-Term Oxygen Therapy 24 vs 15 h/day and Mortality in Chronic Obstructive Pulmonary Disease. PLoS One. 2016 Sep 20;11(9):e0163293. doi: 10.1371/journal.pone.0163293.
4. Sundh J. Long-term oxygen therapy 24 or 15 hours/day and outcomes: a multicenter, registry-based, randomized, clinical trial, session Best abstracts in clinical practice Communication orale O4566. https://live.ersnet.org/programme/session/92986. Congrès ERS 2024, 7 au 11 septembre 2024, Vienne.
5. Ekström M, Andersson A, Papadopoulos S, et al ; REDOX Collaborative Research Group. Long-Term Oxygen Therapy for 24 or 15 Hours per Day in Severe Hypoxemia. N Engl J Med. 2024 Sep 19;391(11):977-988. doi: 10.1056/NEJMoa2402638.
6. Taichman DB, Drazen JM. Making Long-Term Oxygen Therapy Less Burdensome. N Engl J Med. 2024 Sep 19;391(11):1050-1051. doi: 10.1056/NEJMe2410129.
Isabelle Catala | 27 Septembre 2024
jim.fr
L'oxygénothérapie au long cours sur 24 heures ne fait pas mieux en termes de mortalité et d’hospitalisations qu’une durée réduite chez les patients atteints d’hypoxémie sévère. Moins de contraintes en perspective selon les résultats de l’étude REDOX, présentés au congrès de l'European Respiratory Society (ERS) et publiés dans The New England Journal of Medicine.
L'oxygénothérapie de longue durée (OLD) est l'un des traitements de l'hypoxémie sévère chronique. Ses indications actuelles se fondent sur les résultats de deux essais publiés dans les années 1980 (1,2). Si la durée de 24 h par jour est celle initialement adoptée, dès 2016, des études tendaient à suggérer qu'une durée de 15 h par jour pouvait être une option acceptable et bénéfique, ce qui permettait d'augmenter la mobilité et de réduire l'isolement social (3).
Alors 15 ou 24 h d'OLD ? Josephin Sundh (Orebro, Suède) a présenté à l’ERS les résultats de l'essai contrôlé randomisé de phase IV REDOX (The Registry Based Treatment Duration and Mortality in Long-Term Oxygen Therapy), dont l'objectif était d'étudier l'impact de la réduction de l'OLD à 15h par jour sur le risque d'hospitalisation et de décès de toute cause à un an (4). Ils ont été simultanément publiés dans le NEJM (5).
Cet essai multicentrique était basé sur le registre suédois d'insuffisance respiratoire, Swedevox. Dans cette étude, l'ensemble des participants avait reçu une primo-prescription d'OLD pour une hypoxémie chronique sévère, définie par une PaO2 inférieure à 55mmHg, ou une saturation inférieure à 80 % en air ambiant, ou une PaO2 inférieure à 60mmHg en air ambiant associée à des signes d'insuffisance cardiaque ou à une polyglobulie. Ils ont été randomisés en deux groupes (1:1) : OLD 24 h ou OLD 15 h par jour.
Analyser les symptômes
Parmi les 241 patients inclus, 59 % étaient des femmes, l'âge moyen était de 76 ans et les principales causes d'hypoxémie chronique étaient la BPCO (71 %) et la fibrose pulmonaire (14 %).
Dans le groupe OLD 15 h par jour (n = 117), l'oxygénothérapie était interrompue uniquement en journée. Le critère d'évaluation principal était une combinaison d’hospitalisation ou de décès, toutes causes confondues, dans un délai d’un an. Les critères secondaires comprenaient les hospitalisations et la mortalité (toutes causes confondues, de cause respiratoire ou cardiaque) à 3 et 12 mois, ainsi que les symptômes rapportés par les patients (dyspnée, asthénie, bien-être, préférence concernant la durée d'oxygénothérapie) grâce à des questionnaires complétés à 3 et 12 mois.
BPCO ou non
À 12 mois de suivi, le taux d'hospitalisations ou de décès était de 124,7 pour 100 personnes-années parmi les patients recevant de l'oxygène sur 24 heures et de 124,5 pour 100 personnes-années pour ceux traités sur 15 heures.
Le risque d'hospitalisation ou de décès à 1 an dans le groupe OLD 24 h/j n'était pas inférieur à celui du groupe OLD 15 h/j (HR 0,99 ; IC à 95 %, 0,72-1,36). Les résultats étaient similaires après ajustement sur l'âge et le sexe. Il n'existait pas non plus de différence entre les groupes concernant l'incidence des hospitalisations, les décès toutes causes, les symptômes rapportés par les patients et les évènements indésirables. De même, les analyses en sous-groupes ont montré un résultat similaire dans la population de patients avec une PaO2 < 55mmHg, atteints de BPCO ou dans la population sans BPCO associée.
Dans un éditorial associé et publié dans le NEJM, Darren Taichman et Jeffrey Drazen font observer que l'OLD même en n'étant proposée que 15 heures par jour reste néanmoins une contrainte (6). La moitié des patients se déclarent en effet limités dans leurs déplacements, avec un impact notable sur leur qualité de vie. Pour ces deux éditorialistes, des traitements plus courts, basés sur des systèmes portatifs correspondant aux besoins des patients, pourraient aider à alléger la charge des patients souffrant de maladie respiratoire hypoxémique.
Cet article a d’abord été publié que le site de MediQuality.net
References
1. Long term domiciliary oxygen therapy in chronic hypoxic cor pulmonale complicating chronic bronchitis and emphysema. Report of the Medical Research Council Working Party. Lancet. 1981 Mar 28;1(8222):681-6.
2. Continuous or nocturnal oxygen therapy in hypoxemic chronic obstructive lung disease: a clinical trial. Nocturnal Oxygen Therapy Trial Group. Ann Intern Med. 1980 Sep;93(3):391-8. doi: 10.7326/0003-4819-93-3-391.
3. Ahmadi Z, Sundh J, Bornefalk-Hermansson A, Ekström M. Long-Term Oxygen Therapy 24 vs 15 h/day and Mortality in Chronic Obstructive Pulmonary Disease. PLoS One. 2016 Sep 20;11(9):e0163293. doi: 10.1371/journal.pone.0163293.
4. Sundh J. Long-term oxygen therapy 24 or 15 hours/day and outcomes: a multicenter, registry-based, randomized, clinical trial, session Best abstracts in clinical practice Communication orale O4566. https://live.ersnet.org/programme/session/92986. Congrès ERS 2024, 7 au 11 septembre 2024, Vienne.
5. Ekström M, Andersson A, Papadopoulos S, et al ; REDOX Collaborative Research Group. Long-Term Oxygen Therapy for 24 or 15 Hours per Day in Severe Hypoxemia. N Engl J Med. 2024 Sep 19;391(11):977-988. doi: 10.1056/NEJMoa2402638.
6. Taichman DB, Drazen JM. Making Long-Term Oxygen Therapy Less Burdensome. N Engl J Med. 2024 Sep 19;391(11):1050-1051. doi: 10.1056/NEJMe2410129.
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