Re: Articles sur la santé
Posté : mar. mai 24, 2016 6:35 pm
L’éradication des moustiques est-elle à redouter ?
Alors que la campagne pour son remplacement est désormais officiellement ouverte, la présidente de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Margaret Chan a procédé hier au lancement de la 69ème Assemblée mondiale de la santé. Son discours a notamment été dominé par l’épidémie actuelle de Zika, alors qu’il a été annoncé la semaine dernière que la souche asiatique du virus responsable de l’actuelle épidémie en Amérique latine avait été identifiée au Cap-Vert. « Nous avons encore été pris par surprise, sans vaccin et sans test de diagnostic fiable et largement disponible » a déploré Margaret Chan, soulignant que ce constat illustre d’une part la nécessité d’un nouveau programme pour les urgences sanitaires et d’autre part du renforcement de la lutte contre les moustiques, Aedes aegypti et Aedes albopictus en premier lieu.
Une victoire trop vite oubliée
Ces troubles fête qui comptent parmi les plus grands serial killers du monde avaient pourtant vu leur emprise significativement réduite dans la seconde partie du XXème siècle, à l’exception des pays d’Afrique. Ainsi, dans les Amériques, des programmes vigoureux d’élimination des vecteurs de nombreux virus avaient rencontré un franc succès : à la fin des années 60, la dengue n’était par exemple qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, pourtant, on assiste à une très forte recrudescence des maladies transmises par les moustiques et le Zika apparaît clairement être le « résultat de la politique désastreuse des années 1970 conduisant à l’abandon du contrôle des moustiques » a dénoncé Margaret Chan. En effet, « Comme c’est si souvent le cas en matière de santé publique, lorsqu’une menace sanitaire disparaît, le programme de lutte cesse d’exister. Les ressources ont diminué, les programmes de lutte n’ont plus fonctionné, les infrastructures ont été démantelées et moins de spécialistes ont été formés et dépêchés sur le terrain. Les moustiques – et les maladies qu’ils transmettent – sont revenus de plus belle alors que peu de mécanismes de défenses restaient intacts » avait déjà dénoncé il y a quelques semaines l’OMS.
Comme avant, si ce n’est mieux !
Aussi, aujourd’hui, l’agence onusienne appelle au déploiement de tous les moyens disponibles pour obtenir un véritable contrôle des moustiques. L’utilisation des techniques classiques est tout d’abord prônée avec la nécessité de se concentrer sur les gîtes larvaires : les opérations ponctuelles de démoustication, bien que spectaculaires, apportent en effet des résultats mitigés sur le long terme. Par ailleurs, l’OMS est désormais favorable aux méthodes consistant à la dissémination d’insectes génétiquement modifiés. Cette nouvelle déclaration de guerre contre les moustiques relancera sans doute les interrogations sur l’éventuelle dangerosité éthologique et écologique d’une éradication complète de ces insectes. La question est posée depuis de très nombreuses années.
La disparition totale de ces diptères apparaît tout d’abord illusoire : on compte en effet 3 500 espèces différentes de moustiques. Aussi, la biologiste Olivia Judson qui s’exprimait sur ce sujet en 2003 dans le New York Times avait considéré que tout en n’éradiquant que 1% des moustiques, l’élimination de trente types d’entre eux permettrait de sauver un million de vies. De son côté, cité sur le blog de la journaliste du Monde Audrey Garric, spécialisée dans les questions d’écologie, Frédéric Simard, entomologiste et directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement constate que « Aucune de ces espèces n’est irremplaçable. Leur disparition pourrait être compensée par l’arrivée d’autres insectes, tels les chironomes, qui profiteraient de l’espace ainsi libéré ». Enfin, en 2010 dans Nature la journaliste scientifique Janet Fang estimait que sans moustique « La vie serait comme avant – si ce n’est meilleure ».
Aurélie Haroche
Copyright © http://www.jim.fr
Alors que la campagne pour son remplacement est désormais officiellement ouverte, la présidente de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Margaret Chan a procédé hier au lancement de la 69ème Assemblée mondiale de la santé. Son discours a notamment été dominé par l’épidémie actuelle de Zika, alors qu’il a été annoncé la semaine dernière que la souche asiatique du virus responsable de l’actuelle épidémie en Amérique latine avait été identifiée au Cap-Vert. « Nous avons encore été pris par surprise, sans vaccin et sans test de diagnostic fiable et largement disponible » a déploré Margaret Chan, soulignant que ce constat illustre d’une part la nécessité d’un nouveau programme pour les urgences sanitaires et d’autre part du renforcement de la lutte contre les moustiques, Aedes aegypti et Aedes albopictus en premier lieu.
Une victoire trop vite oubliée
Ces troubles fête qui comptent parmi les plus grands serial killers du monde avaient pourtant vu leur emprise significativement réduite dans la seconde partie du XXème siècle, à l’exception des pays d’Afrique. Ainsi, dans les Amériques, des programmes vigoureux d’élimination des vecteurs de nombreux virus avaient rencontré un franc succès : à la fin des années 60, la dengue n’était par exemple qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, pourtant, on assiste à une très forte recrudescence des maladies transmises par les moustiques et le Zika apparaît clairement être le « résultat de la politique désastreuse des années 1970 conduisant à l’abandon du contrôle des moustiques » a dénoncé Margaret Chan. En effet, « Comme c’est si souvent le cas en matière de santé publique, lorsqu’une menace sanitaire disparaît, le programme de lutte cesse d’exister. Les ressources ont diminué, les programmes de lutte n’ont plus fonctionné, les infrastructures ont été démantelées et moins de spécialistes ont été formés et dépêchés sur le terrain. Les moustiques – et les maladies qu’ils transmettent – sont revenus de plus belle alors que peu de mécanismes de défenses restaient intacts » avait déjà dénoncé il y a quelques semaines l’OMS.
Comme avant, si ce n’est mieux !
Aussi, aujourd’hui, l’agence onusienne appelle au déploiement de tous les moyens disponibles pour obtenir un véritable contrôle des moustiques. L’utilisation des techniques classiques est tout d’abord prônée avec la nécessité de se concentrer sur les gîtes larvaires : les opérations ponctuelles de démoustication, bien que spectaculaires, apportent en effet des résultats mitigés sur le long terme. Par ailleurs, l’OMS est désormais favorable aux méthodes consistant à la dissémination d’insectes génétiquement modifiés. Cette nouvelle déclaration de guerre contre les moustiques relancera sans doute les interrogations sur l’éventuelle dangerosité éthologique et écologique d’une éradication complète de ces insectes. La question est posée depuis de très nombreuses années.
La disparition totale de ces diptères apparaît tout d’abord illusoire : on compte en effet 3 500 espèces différentes de moustiques. Aussi, la biologiste Olivia Judson qui s’exprimait sur ce sujet en 2003 dans le New York Times avait considéré que tout en n’éradiquant que 1% des moustiques, l’élimination de trente types d’entre eux permettrait de sauver un million de vies. De son côté, cité sur le blog de la journaliste du Monde Audrey Garric, spécialisée dans les questions d’écologie, Frédéric Simard, entomologiste et directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement constate que « Aucune de ces espèces n’est irremplaçable. Leur disparition pourrait être compensée par l’arrivée d’autres insectes, tels les chironomes, qui profiteraient de l’espace ainsi libéré ». Enfin, en 2010 dans Nature la journaliste scientifique Janet Fang estimait que sans moustique « La vie serait comme avant – si ce n’est meilleure ».
Aurélie Haroche
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