Medscape
Nouvel effet secondaire du COVID-19 : la résistance aux antibiotiques
Véronique Duqueroy
19 avril 2020
France ― Le nombre de cas est en baisse et le déconfinement est aujourd’hui sur toutes les lèvres (voir encadré). S'il constitue un soulagement laissant entrevoir un retour à la vie normale, de nombreux professionnels de santé évoquent un possible effet "bombe à retardement" avec des conséquences sanitaires multiples. Outre les risques de morbidité pour les patients qui n’ont pas osé consulter malgré l’apparition de symptômes inhabituels ou alors qu’ils souffraient de maladies chroniques, un effet secondaire inattendu du Covid-19 inquiète les infectiologues : la résistance aux antibiotiques. Medscape a interrogé le Dr Benjamin Davido (Hôpital de Garches) sur les défis du post-confinement en termes d'infectiologie.
Augmentation des prescriptions antibiotiques
« En raison du nombre considérable de malades, nous prescrivons actuellement beaucoup plus d’antibiotiques que d’habitude. Il n’est donc pas exclu de voir un rebond de la résistance aux antibiotiques à l’arrêt de cette épidémie », a déclaré le Dr Davido. Les antibiotiques hospitaliers sont ainsi massivement utilisés à travers le monde pour contrer les infections pulmonaires bactériennes secondaires au Sars-CoV-2, fréquentes chez les patients Covid-19 [1]. En Chine, des données indiquent un recours à l’antibiothérapie dans 58% [2] à 95% [1] des cas. Selon une enquête internationale récente, 58% des médecins (n=1337) prescrivent de l’azithromycine ou un analogue à leurs patients atteints de Covid-19.
En France « nous utilisons larga manu des antibiotiques en raison du coronavirus. Il y a certes l’azithromycine, qui est un antibiotique à spectre relativement étroit, mais nous prescrivons également à l’hôpital d’autres antibiotiques à large spectre comme les céphalosporines IV pour qu’il n'y ait pas de perte de chance » confirme le Dr Davido. « Il va donc falloir être extrêmement vigilant. On ne prend pas en compte pour l’instant cet éventuel problème d’antibiorésistance car nous sommes en situation de crise. Ce n’est clairement pas d’actualité. C’est comme si la maladie infectieuse se résumait aujourd’hui à un seul virus… la bactérie n’existe plus. Philosophiquement, c’est intéressant. Mais j’avoue que cela me fait peur. »
« La résistance aux antibiotiques peut sembler être un faux problème car, d’une certaine façon, on saura l’annihiler parce qu’on peut toujours investir dans la production d’antibiotiques — en espérant que l’on ne va pas se retrouver dans une situation où les pays qui les fabriquent, comme l’Inde ou la Chine, seront à court de production ! »
Le milieu hospitalier est un terrain propice à l’émergence et à la propagation de pathogènes résistants. Dans les unités de soins intensifs (USI), où sont pratiqués des gestes invasifs qui peuvent constituer une porte d’entrée pour les bactéries et autres germes, le nombre de patients a explosé durant la crise sanitaire. Reste à espérer que les mesures drastiques d’hygiène et de protection, mises en place pour contrer la propagation du Sars-CoV-2 dans les services hospitaliers, auront aussi permis de limiter la circulation de bactéries résistantes.
Les circuits d’eaux et autres maladies infectieuses
Au-delà du milieu hospitalier, l’antibiorésistance pourrait également être favorisée par la mise à l’arrêt des activités et du maintien des infrastructures durant le confinement. Ainsi, le dérèglement du circuit des eaux usées et de l’eau potable peut être vecteur d’une augmentation de la résistance aux antibiotiques. Le Dr Davido rappelle que « lorsque les circuits d’eau sont touchés, cela conduit souvent à l’émergence de la résistance aux antibiotiques. Dans les territoires d’outre-mer, comme en Guadeloupe, il y a des problèmes sur les circuits d’eau potable, ce qui peut être un vecteur non seulement d’antibiorésistance, mais également d’autres maladies infectieuses comme les salmonelloses, des diarrhées infectieuses… »
« Suspendre les mesures de protection sanitaire peut favoriser d’autres épidémies. On sait qu’à Paris, il y a une résurgence des rats depuis maintenant plusieurs mois. On pourrait donc voir des maladies qui sont vectrices par les rongeurs, comme les hantavirus — il y a eu d’ailleurs quelques cas en Chine — et la leptospirose, qui se soigne plutôt bien, mais là aussi par des antibiotiques. »
D’autant plus de la présence d’ARN de Sars-CoV-2 dans les eaux usées a été confirmée ce mois-ci dans plusieurs villes aux Pays-Bas, selon une étude publiée dans le Lancet Gastroenterol Hepatol [3]. Une contamination d’origine fécale est probable, la présence d’ARN viral dans les selles ayant été observée dans plusieurs études [4]. En France, la Direction de l’Eau et de la Biodiversité a rappelé la nécessité d’assurer la continuité de la collecte et du traitement des eaux usées urbaines durant la crise du Covid-19, tout en assurant la protection de ses agents.
Un suivi des analyses des eaux usées pourrait également permettre d’alerter non seulement sur l’augmentation de l’antibiorésistance, mais aussi sur la survenue d’une deuxième vague épidémique de Covid-19, qui semble aujourd’hui de plus en plus probable.
« Lorsque le confinement sera terminé, nous allons être de nouveau exposés à une recirculation du virus, » selon le Dr Davido. « Certes le confinement a des vertus, car il nous fait gagner du temps, mais le jour où il sera levé, il faudra être prêt. Le confinement ne peut être ni infini, ni exclusif et total, et ne peut donc pas régler à lui seul une épidémie. »
Les défis du post-confinement
« Je fais partie des gens optimistes, mais je pense qu’il y aura un coût écologique, de par l’augmentation de l’utilisation d’antibiotiques hospitaliers et potentiellement par le circuit des eaux usées et potable. Il y aura également un coût médical et sociétal, avec une mortalité secondaire, notamment avec un risque cardiologique avéré et d'éventuelles séquelles respiratoires, même s’il est aujourd’hui trop tôt pour le dire. On peut imaginer qu’au lever du confinement, la France sera extrêmement affaiblie économiquement, et la pauvreté qui en découlerait pourrait elle-même être vectrice de maladies. »
La sortie du confinement devra donc s’accompagner de mesures de soutien médical, mais aussi d’une vigilance accrue quant à l’émergence de nouveaux défis sanitaires. Alors que l’Académie de médecine a rappelé que le déconfinement devrait être assorti d’un maintien des mesures barrières et du port obligatoire du masque, le Dr Davido se veut positif : « peut-être que l’après-épidémie aura des vertus, comme par exemple, se rappeler les règles de base de l’hygiène ! »
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Soutien psy aux soignants : les différentes options
Stéphanie Lavaud
20 avril 2020
France – Très éprouvés par la crise sanitaire actuelle, les soignants sont à fort risque d’épuisement. Concentrés, assimilant sans cesse de nouvelles données, apprenant de nouveaux gestes pour faire face à la maladie, tout en étant encore parfois dans l’angoisse d’être mal protégés, ils stressent à l’idée d’être infecté ou pire de contaminer leur famille ou des patients. Que ce soit dans leurs cabinets médicaux, dans les services hospitaliers ou dans les EHPAD, assurant les soins médicaux ou même accompagnant des mourants, ils sont en proie à une tension de tous les instants qui les prédispose à des craquages, burn-out, dépression et autres décompensations. Pour anticiper ces situations de détresse psychologique, de nombreux dispositifs d’aide, de soutien et d’écoute ont été mis en place à destination spécifiquement des soignants. Nous en dressons une liste non exhaustive. N’hésitez pas à y faire appel si nécessaire.
Le ministère de la santé met en place un numéro national
Face à la sur-mobilisation actuelle des médecins et des soignants, le ministère de la santé a mis en place une plateforme nationale à destination de tous, qu’ils exercent en milieu hospitalier, médico-social ou libéral ou qu’ils soient étudiants en santé et internes [1]. Objectif : pallier les situations d’isolement professionnel et de proposer une assistance psychologique.
Accessible au 0800 73 09 58 (n° vert), ce soutien prend la forme d’une cellule d’écoute ouverte 7 jours sur 7, de 10h à 22h en semaine, de 12h à 18h le week-end grâce à l’engagement de psychologues hospitaliers volontaires et bénévoles. Les appels, faut-il le préciser, sont anonymes et confidentiels.
Les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) départementales
Autre option, les différentes Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) départementales. Constituées de médecins psychiatres, de psychologues et d’infirmiers formés à la prise en charge des troubles de stress post-traumatique, elles ont été créées pour l’accompagnement immédiat et post-immédiat des personnes victimes afin de prévenir ou traiter le psycho-traumatisme ; aujourd’hui, activées et renforcées dans le cadre de l’épidémie, elles proposent une 1ère ligne de réponse territorialisée.
Leurs numéros sont mis à disposition des professionnels via les ordres et les unions régionales des professionnels de santé (URPS) pour les professionnels de santé libéraux ou les établissements de santé et médico-sociaux pour les salariés.
Le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom)
Le Cnom a rappelé que son numéro vert 0800 288 038 peut apporter un soutien psychologique aux professionnels de santé et internes en médecine pendant cette période où les soignants sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Ce numéro est opérationnel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Le Cnom précise que « le médecin ou interne en faisant la demande pourra être mis en relation avec un confrère (médecin de la commission départementale d’entraide ordinale ou médecin d’une association régionale d’entraide), avec un psychologue clinicien, ou avec un interlocuteur formé spécifiquement pour évoquer toute difficulté financière, administrative, juridique ou autre ».
Sur la plateforme nationale d’écoute de l’association SPS, des psychologues bénévoles sont joignables 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le numéro est le 0805.23.23.36. Une application mobile, Asso SPS, est également téléchargeable gratuitement sur smartphone via Apple Store (iOS) ou Google Play Store (Android).
L'association rappelle en outre que « des téléconsultations ou consultations de psychologues, médecins généralistes et psychiatres » sont disponibles « via le réseau national du risque psychosocial ». La liste départementale des professionnels est accessible sur le site de l'association.
L’association MOTS
L’association MOTS s’adresse à tous les médecins inscrits au tableau de l’Ordre. Présente dans huit régions, elle peut également constituer un soutien si vous êtes autour de Montpellier, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Limoges, Orléans, Lille, Paris, Amiens et Caen. Au numéro d’appel 24h/24 : 0 608 282 589, un médecin indépendant formé vous répond, vous écoute et vous accompagne en toute confidentialité.
Le Centre national de ressources et de résilience (CN2R)
Des fiches pratiques, des recommandations « pour préserver les équipes » et des ressources sont disponibles sur le site du CN2R.
Pour les internes d’Ile-de-France
En cas de détresse psychique nécessitant un accompagnement urgent, les internes peuvent écrire à l'adresse:
soship@gmail.com.
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COVID-19 : des manifestations neurologiques chez plus d’un tiers des patients
Batya Swift Yasgur, Aude Lecrubier
18 avril 2020
Chine — Les manifestations neurologiques seraient fréquentes en cas de Covid-19, selon une étude chinoise publiée en ligne le 10 avril dans JAMA Neurology[1]. En outre, ces atteintes seraient plus nombreuses et plus graves dans les formes sévères de Covid, comme l’indiquent ces données et une série de cas français publiées dans le NEJM[2].
Auparavant, quelques cas de symptômes neurologiques possibles de COVID-19 avaient été rapportés comme indiqué par Medscape dans un entretien avec le Dr Michel Dib (neurologue, hôpital de la Pitié-Salpêtrière).
Des manifestations neurologiques chez plus d’un tiers des patients chinois
Les chercheurs de Wuhan, en Chine, ont analysé les données de plus de 200 patients adultes atteints de COVID-19 et ont constaté que 36,4% avaient des manifestations neurologiques. Plus spécifiquement, près de la moitié des personnes atteintes d'une maladie grave présentaient des symptômes neurologiques, contre environ un tiers des personnes atteintes d'une maladie moins grave.
« Pendant l'épidémie de COVID-19, les cliniciens doivent suspecter une infection au SARS-CoV-2 lorsqu'ils voient des patients présentant des manifestations neurologiques comme diagnostic différentiel afin d'éviter un diagnostic retardé ou un diagnostic erroné et une perte de chance de traiter et de prévenir une transmission ultérieure », indiquent le Pr Bo Hu et coll. (Union Hospital, Tongji Medical College, Université des sciences et technologies de Huazhong, Wuhan, Chine).
Les cliniciens doivent suspecter une infection au SARS-CoV-2 lorsqu'ils voient des patients présentant des manifestations neurologiques. Pr Bo Hu
Données sur 214 patients
Pour évaluer si le virus peut induire des manifestations neurologiques, les chercheurs ont analysé les dossiers patients informatisés de 214 patients hospitalisés (âge moyen 52,7 +/-15,5 ans, 40,7% d’hommes), qui ont fréquenté l'un des trois centres de soins spécialisés Covid-19 à Wuhan entre le 16 janvier et le 19 février.
En s’appuyant sur les recommandations de l'American Thoracic Society, les patients ont été classés comme ayant une maladie grave ou non-grave. Sur la base de cette catégorisation, 41,1% des patients avaient une infection sévère et 58,9% avaient une infection non-grave.
Les personnes atteintes d'une infection grave étaient plus susceptibles d'être plus âgées (âge moyen 58,2 +/-15,0 vs 48,9 +/-14,7 ans; P <0,001) et d'avoir des comorbidités comme l'hypertension et moins de symptômes Covid-19 «typiques» comme la fièvre et la toux sèche.
Parmi ces patients, 83 (38,8%) avaient au moins 1 des troubles sous-jacents suivants: hypertension (51 [23,8%]), diabète (30 [14,0%]), maladie cardiaque ou cérébrovasculaire (15 [7,0%]), et tumeur maligne (13 [6,1%]).
Les symptômes les plus courants au début de la maladie étaient la fièvre (132 [61,7%]), la toux (107 [50,0%]) et l'anorexie (68 [31,8%]).
Etourdissements, maux de tête, altération du goût et de l’odorat…
Soixante-dix-huit patients (36,4%) avaient des manifestations du système nerveux: SNC (53 [24,8%]), SNP (19 [8,9%]) et lésions musculaires squelettiques (23 [10,7%]).
Chez les patients présentant des manifestations du SNC, les symptômes les plus fréquemment rapportés étaient des étourdissements (36 [16,8%]) et des maux de tête (28 [13,1%]).
Chez les patients présentant des symptômes du SNP, les symptômes les plus fréquemment rapportés étaient une altération du goût (12 [5,6%]) et de l’odorat (11 [5,1%]).
Des troubles neurologiques plus fréquents et plus graves dans les Covid sévères
Les atteintes du système nerveux étaient «significativement plus fréquentes» dans les infections sévères par rapport aux infections non-graves (45,5% vs 30,2%; P = 0,02). Elles étaient également plus graves.
Troubles neurologiques significativement plus retrouvés dans les formes sévères de la maladie
Manifestations neurologiques Infection
Sévère Infection
Non sévère P
Maladie cérébrovasculaire aiguë (AVC ischémique, hémorragie cérébrale), % 5,7 0,8 0,03
Conscience altérée, % 14,8 2,4 <0,001
Lésions musculaires squelettiques, % 19,3 4,8 <0,001
Ces données chinoises semblent confirmées par celles d’une série de cas français publiés le 15 avril dans le NEJM.
Deux unités de soins intensifs (USI) de Strasbourg ont rapporté les caractéristiques neurologiques de 58 patients hospitalisés entre le 3 mars et le 3 avril 2020 en raison d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) lié au Covid-19.
Dans cette série de cas, le SDRA lié au Covid était associé à des encéphalopathies, de l’agitation (69 %) et une confusion importantes ainsi qu’à des signes d’irritation pyramidale(67 %). Deux AVC ischémiques ont pu être diagnostiqués chez 13 patients qui ont pu avoir une IRM cérébrale.
Interrogée par Medscape édition française, le Pr Mercedes Jourdain (pôle réanimation, CHRU de Lille) a indiqué observer les même tableaux cliniques à Lille :« Comme à Strasbourg, nous voyons des symptômes neurologiques chez plus de la moitié de nos patients avec des atteintes qui sont très encéphalitiques, avec des états d’agitation sévère, et même des épisodes de comas. Ces atteintes sont visibles à l’EEG ».
Inflammation ? Immunosuppression ?
Dans l’étude chinoise, comparés aux patients atteints d'une infection non-sévère, ceux présentant une infection sévère présentaient plus d'inflammation, comme l’ont indiqué les numérations leucocytaires et neutrophiles plus élevées, des numérations lymphocytaires plus faibles et une augmentation des taux de protéine C-réactive (CRP) et de dimère D. Ils étaient également plus susceptibles d'avoir des résultats de laboratoire indiquant des lésions au niveau du foie, des reins et des muscles squelettiques.
De plus, les patients COVID-19 présentant des symptômes du SNC avaient des taux de lymphocytes et des taux de plaquettes plus bas et des taux d'azote uréique sanguin plus élevés que leurs homologues sans symptômes du SNC.
En limitant leur analyse aux patients atteints d'une maladie grave, les chercheurs ont constaté que ceux qui présentaient des symptômes du SNC présentaient également plus de signes d'inflammation, notamment des taux de lymphocytes et de plaquettes plus bas et des taux d'azote uréique sanguin plus élevés que ceux sans symptômes du SNC.
Le faible nombre de lymphocytes chez les patients présentant des symptômes du SNC « peut être le signe d'une immunosuppression chez les patients présentant des symptômes de COVID-19 et du SNC, en particulier dans le sous-groupe sévère », suggèrent les auteurs.
Les chercheurs notent que les analyses biologiques étaient similaires entre les patients présentant des symptômes du SNP et ceux sans symptômes du SNP.
Enfin, par rapport aux patients sans lésion musculaire, ceux présentant une lésion musculaire – quelle que soit la gravité de la maladie – avaient des niveaux de créatine kinase significativement plus élevés, ainsi qu'un nombre de neutrophiles plus élevé, un nombre de lymphocytes plus faible, des taux de CRP plus élevés et de D-dimère plus élevés.
Commentant l'étude pour Medscape Medical News, le Pr S. Andrew Josephson (Directeur du département de neurologie de l'Université de Californie à San Francisco, rédacteur en chef du JAMA Neurology), non- impliqué dans l'étude, a indiqué : « ce qu’il faut retenir c’est qu'il y a beaucoup de complications neurologiques de cette maladie, mais beaucoup sont assez non-spécifiques et communes aux personnes gravement atteintes de troubles viraux ».
Il y a beaucoup de complications neurologiques de cette maladie, mais beaucoup sont assez non-spécifiques. Pr S. Andrew Josephson
Il faut être conscient qu'il peut y avoir des manifestations neurologiques du COVID-19 et que de tels symptômes indiquent un besoin de soins médicaux rapides.
«Cela doit interpeler les intervenants de première ligne et les médecins qui voient des patients souffrant de troubles neurologiques pour déterminer si ceux-ci pourraient également être une manifestation de COVID», a déclaré le Pr Josephson.
Covid et symptômes neurologiques ne sont pas forcément liés
En revanche, dans un entretien avec Medscape Medical News, le Pr Robert Stevens (professeur agrégé d'anesthésiologie et de médecine de soins intensifs, Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore) a appelé à la prudence « simplement parce qu'un patient qui a un Covid -19 et présente des symptômes neurologiques ne signifie pas que ces deux phénomènes sont nécessairement liés. Au contraire ». « Ils pourraient coexister chez le même patient, il est donc trop tôt pour dire que nous savons définitivement que Covid provoque des symptômes neurologiques, bien que nous le pensions », a-t-il déclaré.
En outre, le Pr Stevens souligne que l'étude chinoise « ne fournit pas de preuves mécanistiques de l'association entre le Covid et les symptômes neurologiques ». Par ailleurs, l’étude n'a pas « systématiquement réalisé une imagerie comme l'IRM ou dosé des biomarqueurs spécifiques aux neurones ou au cerveau ».
De leur côté, les chercheurs strasbourgeois soulignent que « les données manquent pour déterminer lesquelles de ces caractéristiques neurologiques étaient dues à une encéphalopathie liée à un état critique, à des cytokines ou à l'effet de l’arrêt de médicaments, et quelles caractéristiques étaient spécifiques à l'infection par le SRAS-CoV-2 ».
Pour sa part le Pr Jourdain, souligne également que certains des symptômes neurologiques, comme l’agitation, pourraient aussi être liés en partie au stress induit par l’hospitalisation en réanimation.
L'étude chinoise a été soutenue par le programme national de recherche et de développement prioritaire de la Chine, la Fondation nationale des sciences naturelles de Chine et le projet pilote des maladies réfractaires majeures de collaboration clinique avec la médecine chinoise et occidentale. Les chercheurs et le Pr Stevens n'ont signalé aucun lien d’intérêt financier en rapport avec le sujet. Le Pr Josephson a déclaré avoir reçu des honoraires du JAMA Neurology et du Continuum Audio en dehors du travail soumis.
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COVID-19 et obésité sévère : 7 fois plus de patients ventilés
Aude Lecrubier
20 avril 2020
Lille,France— Il devient de plus en plus clair que le surpoids est l'un des principaux facteurs de risque de complications du COVID-19, comme le montre une nouvelle étude française publiée dans la revue Obesity [1].
« Les patients COVID-19 que nous avons en réanimation ont un profil différent de ceux que nous voyons habituellement. Nous avons beaucoup plus de patients en surpoids (IMC>25) », commente le Pr Mercè Jourdain (Pôle réanimation, CHU de Lille) qui a participé à l’étude.
« Dans la cohorte de patients hospitalisés dans le pôle de réanimation du CHU de Lille en 2019, à peu près la moitié était en surpoids (IMC >25 kg / m²) alors que là, 85 % des patients COVID sont en surpoids. Enfin, les patients COVID sont beaucoup plus nombreux à avoir une obésité sévère (IMC>35) et l’obésité sévère est associée à une maladie plus grave », précise-t-elle à Medscape édition française.
Les patients COVID-19 que nous avons en réanimation ont un profil différent de ceux que nous voyons habituellement Pr Mercè Jourdain
Deux fois plus d’obésité, sept fois plus de ventilation en cas d’obésité sévère
Pour analyser les caractéristiques des patients Covid-19 admis en réanimation, le Dr Arthur Simonnet et coll. (Pôle de réanimation, CHU de Lille, France) ont analysé les données de 124 patients atteints de la maladie et admis en réanimation au CHU de Lille entre le 25 février et le 5 avril 2020. Ils les ont ensuite comparées à celles d’un groupe témoin de 306 patients admis en réanimation dans le même hôpital en 2019 pour des maladies respiratoires aiguës sévères non-liées au Covid.
Il en ressort qu’au 6 avril, 60 patients atteints de Covid -19 étaient sortis de réanimation, 18 étaient décédés et 46 étaient restés dans l'unité. La majorité (73%) était des hommes et leur âge médian était de 60 ans.
« Il y a 70 % d’hommes pour 30 % de femmes alors que d’habitude nous sommes plutôt à part égale », souligne le Pr Jourdain.
Aussi, l'obésité et l'obésité sévère étaient significativement plus prévalentes chez les patients Covid-19 : 47,6% et 28,2%, respectivement versus 25,2% et 10,8% chez les patients témoins admis en réanimation en 2019 (P <0,001).
En outre, les patients Covid avec un IMC> 35 kg/m² avaient un risque sept fois plus élevé de nécessiter une ventilation mécanique (RR = 7,36; P = 0,021), par rapport à ceux avec un IMC <25 kg/m², et ce même après ajustement pour l'âge, le diabète et l'hypertension.
« Ces patients sont plus difficiles à prendre en charge mais nous n’avons pas de données indiquant qu’ils ont un moins bon pronostic en réanimation que les patients non-obèses », tempère toutefois le Pr Jourdain.
A la lumière de ces nouvelles données, les auteurs de l’étude indiquent que « les patients obèses devraient éviter toute contamination au Covid -19 en appliquant toutes les mesures de prévention pendant la pandémie actuelle », et soulignent que « les patients Covid-19 souffrant d'obésité sévère doivent être surveillés de plus près et protégés ».
Les patients Covid avec un IMC> 35 kg/m² avaient un risque sept fois plus élevé de nécessiter une ventilation mécanique.
Quels mécanismes possibles ?
A ce jour les mécanismes expliquant le lien entre le surpoids et la gravité de la maladie ne sont pas complètement élucidés mais il est probable qu’ils soient multifactoriels, explique le Pr Jourdain.
« Une partie de l’explication est surement mécanique. L’insuffisance respiratoire restrictive des patients obèses peut les rendre plus sensibles à une pneumonie parce qu’ils ont une cage thoracique « comprimée » par la graisse. Aussi, ils ont souvent un abdomen proéminent qui peut gêner la course du diaphragme. Mais, en parallèle, on sait que l’obésité sévère et la graisse, notamment, peuvent s’accompagner d’un état inflammatoire chronique avec sécrétion de cytokines. Cet état inflammatoire chronique pourrait faire le lit d’une inflammation sévère provoquée par le virus. Les médiateurs impliqués sont surement nombreux et il faut continuer à les rechercher », explique-t-elle.
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jim.fr
Publié le 20/04/2020
Une écrasante majorité de Français et de soignants estiment que l’Etat a failli
Paris, le lundi 20 avril 2020 - Le ton de ces derniers jours a été donné par le Président de la République, lundi dernier. Le gouvernement reconnait des erreurs et des retards mais affirme qu’il gère désormais la crise sanitaire au mieux. Pour s’en convaincre, Édouard Philippe a rappelé hier que l’on assiste à la lente amélioration de la situation concernant le nombre de patients admis en réanimation notamment*.
Mais, ni les Français, ni les médecins, ni les infirmiers ne semblent regarder la situation du même œil.
Ainsi, selon le dernier baromètre « Carnet de santé » réalisé par Odoxa auprès de 1003 Français et 2095 professionnels de santé hospitaliers la deuxième semaine d’avril, les Français accordent leur confiance aux soignants et non au gouvernement en ce qui concerne le dénouement de la crise.
Dans le détail, pour les soignants dans leur ensemble c’est un plébiscite : 97 % des personnes interrogées leur font confiance pour gérer l’épidémie. Au contraire, 51 % des Français manifestent leur défiance vis-à-vis du ministère de la santé et 64 % envers le gouvernement en général.
Encore plus éloquent, 76 % des Français et 81 % des hospitaliers jugent que l’État « a failli et aurait pu faire plus et mieux pour éviter cette situation ».
La crise aura en effet agi comme une preuve tangible des difficultés de l’hôpital dénoncée depuis des mois.
Ainsi, 90 % des Français et des soignants font le constat d'un manque de moyens humains et financiers et si les personnels se sentent « aimés » (76 %), les hospitaliers sont moins convaincus d’être « considérés » (52 %) et « épaulés » (48 %) par leur tutelle.
* Le nombre de nouvelles admissions de patients Covid-19 en réanimation était ainsi de 2 753 en S15 contre 4 495 en S14. Le pic des admissions en réanimation semble s’être produit vers le 8 avril.
X.B.
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Publié le 20/04/2020
La crise sanitaire a aussi révélé les failles de la collecte des données
Paris, le lundi 20 avril 2020 – La capacité à produire quotidiennement des données actualisées sur l’épidémie de covid-19 est devenu un enjeu important pour les professionnels et le grand public, comme en témoignent les conférences de presse tenues tous les soirs par Jérôme Salomon qui apparaissent comme un gage de transparence.
Or, ici aussi, les administrations sanitaires françaises ne semblaient pas prêtes à répondre à la crise mais ont manifesté une certaine réactivité. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le temps qu’il aura fallu pour disposer de premières données non hospitalières, dans les EHPAD notamment. Dans ce contexte « les autorités ont effectué un bond en avant numérique » estime le journal Le Monde, qui rappelle que « Santé publique France (…) n’a créé son compte sur le portail de données publiques data.gouv.fr que le 18 mars, au lendemain du premier jour de confinement ». Depuis, elle publie chaque jour ses statistiques actualisées, avec l’appui d’Etalab, département de la direction interministérielle du numérique.
Dans la même optique, depuis le 27 mars, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie chaque semaine, contre chaque mois auparavant, un décompte provisoire issu des données d’état civil, permettant de rendre compte d’un excès de mortalité.
Des marges d’amélioration existent encore, concernant par exemple la certification électronique des décès dont le laboratoire CEPI-DC de l’INSERM rappelle régulièrement qu’elle reste sous-utilisée.
Cette meilleure circulation des données pourrait à l’avenir avoir des conséquences positives, notamment sur une gestion des lits au niveau régional. Plusieurs initiatives individuelles ont ainsi éclos sur le territoire pour visualiser, dans une zone géographique donnée, le nombre de lits libres en temps réel.
A suivre, dans le « monde d’après ».
G.P.
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Publié le 17/04/2020
Covid-19 : faudra-t-il plusieurs périodes de distanciation sociale jusqu'en 2022 ?
Si d’aventure votre moral n’était pas suffisamment en berne, doublez votre dose d’anxiolytiques avant de lire ce qui suit. La méthode la plus efficace de lutte contre le virus du Covid-19 - tant qu'aucun vaccin n'aura été commercialisé à très grande échelle - serait d'alterner les périodes de confinement ou de distanciation sociale d'un mètre ou plus (pour éviter le débordement des hôpitaux) et de déconfinement (pour permettre au virus de circuler et d'immuniser peu à peu la population). Un peu comme le garrot que l’on desserre de temps à autre pour laisser passer un tout petit peu du venin de serpent dans l’organisme et que l’on resserre aussitôt.
Il est urgent de comprendre et d’anticiper la transmission du SARS-CoV-2
Espérant mieux approcher l’évolution de l’épidémie, une équipe de Harvard a réétudié les bêtacoronavirus OC43 et HKU1 sous l’angle des estimations de la saisonnalité, de l'immunité et de l'immunité croisée à partir de séries chronologiques provenant des États-Unis, afin de bâtir un modèle de transmission du SARS-CoV-2. Reprenant les enseignements tirés de ces deux infections à bêtacoronavirus, les auteurs prévoient que des épidémies hivernales récurrentes de SRAS-CoV-2 se produiront probablement après la première vague pandémique actuelle. En l'absence d'autres interventions, une mesure clé de l’efficacité de la distanciation sociale est le débordement ou non des capacités des services de soins intensifs/réanimation (ICU).
Des interventions supplémentaires, tout particulièrement une augmentations de la capacité des ICU et la découverte d’un traitement efficace, amélioreraient le succès de la distanciation intermittente et accéléreraient l'acquisition d'une immunité collective.
Des résurgences possibles jusqu'en 2024
Des études sérologiques longitudinales sont nécessaires de toute urgence afin de déterminer l'étendue de l’épidémie et la durée de l'immunité acquise vis-à-vis du SARS-CoV-2. Mais, même en cas d'élimination apparente, la surveillance du SARS-CoV-2 devrait être maintenue, car une résurgence pourrait être possible jusqu'en 2024, nous dit-on.
Comme toute modélisation, celle-ci repose sur une part d'aléas, puisque nous sommes en présence d’un nouveau coronavirus qui comporte encore de nombreuses inconnues, telles la durée et la qualité de l’immunité post-infection et la durée de vie du virus sur les objets.
L’histoire nous a enseigné que la plupart des modélisations s’étaient montrées trop pessimistes. Ces prévisions portent sur l’avenir aux Etats-Unis… Ouf ! Nous avons presque eu peur !
Dr Bernard-Alex Gaüzère
Références
Kissler et coll. : Projecting the transmission dynamics of SARS-CoV-2 through the postpandemic period. Science, 2020;. 10.1126/science.abb5793
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Publié le 20/04/2020
Des possibles recontaminations inquiétantes
Reykjavik, le lundi 20 avril 2020 – En Islande, pays qui teste le plus au monde, 43 % des cas de Covid-19 sont asymptomatiques. En Corée, la découverte de cas de recontaminations inquiète.
Comme l’Allemagne, la Corée du Sud ou Taiwan, l’Islande est en train de devenir un modèle de bonne conduite dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Les autorités islandaises, en lien avec des compagnies privés, ont lancé depuis deux mois une campagne de dépistage massif de la population. 6 % des 364 000 habitants de l’île ont déjà été testés, soit la plus grande proportion de personnes dépistés de toute la planète.
43 % de cas asymptomatiques en Islande
Les premiers résultats tirés de ce dépistage ont été publiés dans le New England Journal of Medecine mardi dernier. Premier enseignement, 43 % des cas de Covid-19 sont asymptomatiques. Des résultats qui concordent avec ceux obtenus à Vo, ville italienne de 3 400 habitants où tous les habitants ont été testés (ce qui démontre l’importance de tester le plus de personnes possibles). Il semblerait également que les enfants soient moins porteurs du virus que le reste de la population : 6,7 % de cas positif chez les moins de 10 ans contre 13,7 % pour le reste de la population. Un argument avancé en faveur de la réouverture des écoles.
Enfin, la réponse des autorités islandaises démontre ce que la situation des pays asiatiques laissait déjà penser : le dépistage massif de la population et l’isolement des cas positif et des cas contacts est la meilleure stratégie pour endiguer l’épidémie. Alors qu’aucune mesure de confinement similaire à celle prise en Europe n’est en vigueur sur l’île, le nombre de nouveaux cas est en chute libre depuis quinze jours et le pays ne déplore que 9 morts.
Des cas de recontaminations en Corée
En Corée du Sud, autre pays à pratiquer une politique de dépistage massif (déjà 560 000 tests réalisés), on s’inquiète de l’augmentation possible du nombre de cas de recontaminations. Déjà 179 personnes considérés comme guéris ont été testés positives, en moyenne deux semaines après la fin de leur quarantaine. Un phénomène qui semble surtout toucher les jeunes. Des cas de recontamination avaient également été détectés en février en Chine, ce qui alimente le débat majeur sur la solidité de l’immunité des personnes atteintes du Covid-19.
Les autorités coréennes émettent plusieurs hypothèses pour expliquer cette situation. Plutôt que des recontaminations, il pourrait s’agit de réactivation du virus ou tout simplement d’erreur dans les tests. Ces observations ne remettent toutefois pas en cause le ralentissement de l’épidémie observée depuis un mois au pays du Matin calme. Ce dimanche, les règles de distanciation sociale ont d’ailleurs été assouplis et les Coréens peuvent désormais à nouveau se rendre au restaurant ou pratiquer des sports collectifs.
Immunité juridique à New York
Dans l’État de New York, le plus touché par l’épidémie dans le pays (15 500 morts), on s’intéresse aussi à l’immunité judiciaire. Depuis un décret du gouverneur Andrew Cuomo pris le 23 mars dernier, tous les professionnels de santé bénéficient de l’immunité contre toute poursuite civil ou criminel pour les actes commis dans l’exercice de leur fonction.
Un médecin ne pourra notamment pas être poursuivi lorsqu’il a décidé de ne pas réanimer un patient. Les témoignages se multiplient sur les hôpitaux qui ont été contraints, au plus fort de la crise sanitaire, de trier les malades et de ne pas soigner les patients qui avaient trop peu de chances de survivre.
Toujours pas de confinement en Suède
En Suède, contrairement au reste de l’Europe, le confinement n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les seules mesures prises pour le moment sont la fermeture des lycées et l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes. Dans l’ensemble, la vie suit son cours normal. Malgré un bilan assez lourd (1 500 morts, plus que dans tous les autres pays scandinaves réunis), le gouvernement n’envisage pas de changer de stratégie. Selon Anders Tegnell, épidémiologiste en chef du royaume (ce titre existe réellement !), cette politique permettra à la Suède d’atteindre une immunité collective bien plus vite que ses voisins européens et de préserver son économie.
QH
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Publié le 19/04/2020
Taiwan, le pays qui a vaincu l’épidémie
Taipei, le dimanche 19 avril 2020 – Trois mois après le début de l’épidémie, Taiwan ne compte que 420 cas et 6 décès du coronavirus. Un succès qui embarrasse Pékin et l’OMS. Au Brésil, le président Jair Bolsonaro continue à minimiser la gravité de la situation. Zero. Le chiffre s’affiche en lettres de lumière sur la façade du plus grand hôtel de la capitale Taipei. Une manière pour les Taiwanais de fêter une nouvelle journée sans aucune nouvelle contamination au coronavirus. Depuis que le premier cas a été recensé sur l’île le 21 janvier dernier, le pays n’a recensé que 420 cas et ne déplore que 6 morts.
Pas de confinement à Taiwan
Un succès qui s’explique par une meilleure anticipation de l’épidémie, liée sans doute au mauvais souvenir de la crise du SRAS de 2003 (37 morts dans l’île). Dès le 31 décembre, alors que la Chine minimisait encore le risque épidémique à Wuhan, Taiwan mettait déjà en place le contrôle sanitaire aux frontières et la mise en quarantaine des personnes en provenance de Chine. D’autres mesures sanitaires énergiques ont été prises dans les semaines suivantes : distribution de masques à la population, quarantaine des personnes infectés et des cas contacts, traçage numérique, fermeture des lieux publics…L’île a ainsi pu contenir l’épidémie sans jamais avoir à mettre en place de confinement aussi drastique qu’en Occident. Les écoles taiwanaises n’ont ainsi jamais fermé leurs portes.
22 nouveaux cas ce dimanche
Un succès qui énerve au plus haut point Pékin et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), accusé de parti pris prochinois. L’organisation onusienne, qui a exclu Taiwan en 2016 à la demande de la Chine, aurait ignoré les alertes émises par Taipei en décembre dernier sur le risque épidémique à Wuhan. L’OMS se refuse d’ailleurs à faire le moindre commentaire sur le succès de Taiwan dans la gestion de l’épidémie, comme si l’île, revendiqué par la Chine populaire, n’existait pas. Après des mois de distanciation sociale, la vie reprend peu à peu ses droits à Taiwan. Les championnats de football et de baseball ont pu reprendre le week-end dernier. Le pays s’est même permis d’offrir 10 millions de masques à divers pays européens. Mais l’île reste sur ses gardes : 22 nouveaux cas ont été détectés ce dimanche, dont 21 marins en provenance de l’archipel des Palaos en Micronésie.
Un cocktail épidémique
Au Brésil (2 400 morts), la crise politique s’ajoute à la crise sanitaire. Ce jeudi, le président Jair Bolsonaro a limogé son très populaire ministre de la santé Luiz Henrique Mendetta avec qui il était en désaccord sur la gestion de l’épidémie. Le chef de l’Etat, qui qualifie le Covid-19 de « grippette » dénonce depuis plusieurs semaines les mesures de confinement prises dans plusieurs régions du pays, affirmant que les conséquences économiques seraient pires que l’épidémie. Il a notamment demandé la réouverture des commerces, alors que la politique sanitaire relève des Etats selon la Cour Suprême. « Il ne faut pas se débiner face au virus, il faut l’affronter la tête haute, Dieu est avec nous » a surenchérit le président lors d’une manifestation contre l’avortement organisée dans la capitale fédérale Brasilia. Bolsonaro est également un grand défendeur de la chloroquine, dont il a défendu l’efficacité dans une vidéo censuré par Facebook pour diffusion de fausses informations. En attendant un traitement, les Brésiliens se tournent vers des solutions artisanales. Sur les réseaux sociaux, la cachaça, l’eau de vie locale, est présenté comme un remède miracle, au grand désespoir des médecins. Les Brésiliens sont habitués à se réfugier dans l’alcool pour lutter contre les maladies : on raconte que c’est pour lutter contre la grippe espagnole de 1918 que des paysans des environs de Sao Paulo auraient inventé le fameux cocktail caïpirinha. La crise actuelle fera-t-elle naitre d’autres cocktails ?
Q.H.
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futura-sciences
Une étude préliminaire aurait identifié la première mutation du coronavirus
Publié le 18/04/2020 à 15h35, modifié le 20/04/2020 à 14:30
Éléonore Solé
Rédactrice scientifique
Depuis son émergence fin 2019, le SARS-CoV-2 à l'origine du Covid-19 semble avoir un génome stable. Cette caractéristique est primordiale pour le développement d'un vaccin. En effet, le vaccin permet d'acquérir une mémoire immunitaire face à un agent pathogène, mais si celui-ci mute de façon trop importante, les cellules immunitaires ne pourront plus le reconnaître.
Cependant, des chercheurs pensent avoir découvert la première mutation significative du SARS-CoV-2. Leur étude a été prépubliée dans bioRxiv en attendant l'évaluation par les pairs (peer review). Celle-ci permettra de confirmer, de nuancer, ou d'infirmer leurs conclusions. Des conclusions qui semblent valider la stabilité génomique du virus, dont le taux de mutation serait bien plus faible que celui du précédent SARS (épidémie de 2002-2003).
Par ailleurs, les chercheurs pensent avoir révélé l'état d'origine du SARS-CoV-2. Cela leur a permis d'apporter les premières preuves d'une mutation significative, qui aurait réduit l'affinité de liaison entre le SARS-CoV-2 et les récepteurs ACE2 des cellules humaines. Ce sont ces récepteurs qui seraient la porte d'entrée du virus pour infecter l'organisme. Malgré cette mutation, la protéine spike serait restée relativement bien conservée. Or, elle est l'une des clés d'attaque du virus. Si cela se révèle exact, c'est « une bonne indication pour le développement en cours d'un médicament antiviral et d'un vaccin », espèrent les chercheurs.
Toutefois, cela « sonne l'alarme » dans le cas d'une « future épidémie si plus de mutations étaient identifiées », écrivent-ils. C'est-à-dire que le vaccin qui répondra à la pandémie actuelle pourrait ne plus fonctionner dans le futur.
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Le coronavirus est encore plus contagieux avant l’apparition des symptômes
Nathalie Mayer
Journaliste
Publié le 19/04/2020
Le coronavirus responsable du Covid-19 est particulièrement contagieux. Et selon une nouvelle étude, il pourrait même être plus contagieux encore en tout début d'infection, avant même que les personnes déclarent des symptômes. Une donnée à prendre en compte pour lutter contre sa propagation.
Pour ralentir la propagation du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19, différentes mesures ont été mises en place à travers le monde. Pour les rendre plus efficaces encore, les chercheurs tentent de déterminer non seulement dans quelles conditions le virus peut se transmettre, mais aussi à quels stades de la maladie les individus sont les plus contagieux. Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l'université de Guangzhou (Chine) rapporte aujourd'hui que la contagiosité pourrait culminer avant qu'une personne déclare des symptômes.
Ces travaux portent sur 77 paires de patients infecteur/infecté admis à l'hôpital de Guangzhou entre le 21 janvier et le 14 février derniers. Ils montrent que la production de virus peut être plus forte au début de l’infection, avant que le système immunitaire n'intervienne pour éliminer les virus et produire des symptômes. Ainsi un individu devient contagieux 2,3 jours avant l'apparition des symptômes. Et sa contagiosité culmine à 0,7 jour, toujours avant l'apparition des symptômes.
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70 vaccins contre le coronavirus sont en conception dont 3 en phase clinique
Julie Kern
Rédactrice scientifique
Modifié le 16/04/2020
Que ce soit pour élaborer un traitement thérapeutique ou un vaccin, les laboratoires de recherche tournent à plein régime depuis le début de l'épidémie de Covid-19. L'OMS publie une liste des 70 vaccins à l'étude, dont 3 qui semblent prometteurs.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, le nombre de personnes infectées par le SARS-CoV-2 frôle les 2 millions. Aux quatre coins du monde, près d'un tiers de l'humanité est soumise à des mesures de confinement ou de distanciation sociale pour limiter la propagation du coronavirus.
La communauté scientifique s'est mobilisée afin de trouver la bonne formule vaccinale pour lutter contre ce virus inconnu quelques mois auparavant. Selon l'OMS, qui publie une liste des vaccins candidats, 67 ont prouvé leur efficacité in vitro et sont en phase préclinique. De plus, trois en sont au stade clinique de phase 1 et prêts à être testés sur une quarantaine de volontaires.
Trois vaccins prometteurs
Les trois vaccins les plus avancés proposent tous une approche différente.
Celui développé par l'institut de Biotechnologie de Beijing est composé d'un vecteur viral incapable de se répliquer in vivo. Les adénovirus sont des petits virus nus à ADN classiquement utilisés pour construire des vecteurs viraux. Dans ce cas, un adénovirus de type 5 est modifié génétiquement pour exprimer la protéine de surface du SARS-CoV-2. D'après le rapport de l'OMS, c'est le candidat le plus avancé et il débute les essais cliniques de stade 2. Un vaccin contre Ebola, Ad5-EBOV, reposant sur le même principe a été déjà développé par la firme.
Le deuxième vaccin est conçu par Inovio Pharmaceuticals, une société de biotechnologie américaine. Ces derniers ont opté pour un vaccin à ADN. Il ne contient aucune particule virale mais seulement des petits d'ADN circulaires qui codent pour la protéine de surface du coronavirus. La stratégie vaccinale nécessite une deuxième étape, une électroporation. Il s'agit d'induire une série de petites impulsions électriques pour faciliter l'entrée des ADN circulaires dans les cellules cibles.
Enfin, le dernier candidat est celui conçu par Moderna aux États-Unis. Toujours en lice, il a été le premier vaccin à commencer les essais cliniques. Ce vaccin contient des ARN messagers créés en laboratoire pour reproduire la protéine de surface du coronavirus, une fois traduits et arrivés dans la cellule. Ces ARN messagers sont encapsulés dans des petites bulles lipidiques qui les protègent et leur permettent d'infecter les cellules par transfection.
Depuis janvier, l'OMS coordonne les recherches scientifiques pour élaborer un vaccin au plus vite grâce à un groupe d'experts de tous horizons rassemblés pour combattre le Covid-19. Mais il faudra encore attendre plusieurs mois pour voir un vaccin être administré à grande échelle.
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Covid-19 : une contamination serait possible par voie fécale
Julien Hernandez
Rédacteur scientifique
Publié le 18/04/2020
Dans certains cas, l'infection à SARS-CoV-2 provoque des symptômes gastro-intestinaux plus ou moins variés. Un patient sur cinq serait victime de ces symptômes. De l'ARN viral a été retrouvé dans les selles des patients, ce qui rajoute une piste de contamination suspecte : la voie fécale.
Le SARS-CoV-2 qui donne la maladie Covid-19 comporte son lot de symptômes variés. Parmi eux, les symptômes gastro-intestinaux. Selon les premières données publiées dans la littérature scientifique par des équipes chinoises, 17,6 % des patients souffriraient de ce type de symptômes, plus fréquent dans les formes sévères. Pour autant, le virus se retrouverait dans les échantillons de selles dans plus de 48 % des cas chez les personnes contaminées développant des symptômes classiques.
Quasiment un patient sur quatre souffre de ces symptômes
Une récente étude, publiée dans le journal Gastroenterology, a fait le point concernant le taux de patients souffrant de symptômes gastro-intestinaux causés par l'infection au SARS-CoV-2. Premièrement, ils ont analysé eux-mêmes une cohorte de 59 patients, puis ont intégré leurs résultats en rapport avec la littérature scientifique actuellement publiée sur le sujet. Les patients souffraient tous du Covid-19 et avaient tous reçu un diagnostic biologique. Les auteurs n'ont tenu compte que des rapports de cas/séries de cas, d'études de cohorte prospective/rétrospective, d'étude de cas témoins et d'essais contrôlés randomisés dans leur méta-analyse.
Dans leur cohorte, les symptômes digestifs touchent 25 % des patients. Lorsque l'on ramène cela aux observations des différents cas rapportés dans la littérature, on observe que 17,6 % des patients sont atteints par de tels symptômes. Les cas graves sont plus sujets à développer ce type de symptômes (17,1 %) que les cas modérés, même si ces derniers ne sont pas épargnés (11,8 %). L'anorexie était le symptôme gastro-intestinal le plus courant (26,8 %), suivi de la diarrhée (12,5 %), des nausées/vomissements (10,2 %) et des douleurs/inconforts abdominaux (9,2 %).
Une nouvelle voie de contamination
Depuis la pandémie de SARS-CoV-1 au début des années 2000, on sait que les fameux récepteurs ACE2 (les portes d'entrée du SARS-CoV-2 dans l'organisme) s'expriment aussi dans le petit intestin. Depuis, on sait aussi que ces derniers jouent un rôle accru dans la modulation de l'inflammation intestinale, en tout cas chez le modèle animal, ce qui pourrait expliquer les diarrhées chez certains patients. Par ailleurs, chez les patients infectés dans cette méta-analyse, jusqu'à 48 % ont de l'ARN viral détectable dans leurs selles. Ceux atteints de diarrhées ont beaucoup plus de particules virales que les autres. Cela traduit un état de fait inquiétant : le virus pourrait se transmettre par la voie fécale.
Aussi, ce qui ne rassure pas vraiment, c'est que le virus pourrait rester latent dans l'organisme jusqu'à 33 jours après le début de la maladie même lorsqu'il n'est plus détectable dans les voies respiratoires. Un état de fait qui pourrait peut-être expliquer sa réémergence sporadique chez quelques patients en Corée du Sud. Avant que cette hypothèse soit étudiée, on peut aussi se questionner quant à la chaîne de contamination. Si le virus se transmet par voie fécale, mieux vaut avoir par précaution une propreté quotidienne irréprochable de vos toilettes, comme si vous aviez eu une gastro-entérite. Enfin une récente étude, publiée dans le journal Gut, suggère que la diarrhée devrait être considérée comme un symptôme courant du Covid-19.
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Quelle est la durée de vie du postillon, arme fatale du coronavirus ?
Publié le 18/04/2020
Comme pour la grippe ou le rhume, les postillons sont le vecteur privilégié de transmission d'Homme à Homme du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la maladie Covid-19. Ainsi, une personne saine peut être infectée par inhalation de microgouttelettes lorsque qu'un individu, porteur du virus, tousse ou parle. Mais que savons-nous de la durée de vie des postillons dans l'air ou sur une surface ?
Chaque virus a ses propres caractéristiques de transmission, qu'on peut diviser en trois grandes catégories, rappelle François Renaud, biologiste de l'évolution des maladies infectieuses : la transmission vectorielle, qui a besoin d'un vecteur, comme le moustique pour infecter (chikungunya, zika...), par contact avec les fluides humains, comme le VIH ou Ebola, et par voie aérienne et postillons, comme la rougeole, la grippe, les rhumes et le SARS-CoV-2, le virus responsable de la maladie Covid-19.
Cette dernière catégorie est « la plus difficile à contrôler », souligne auprès de l'AFP ce chercheur du CNRS au laboratoire des maladies infectieuses de Montpellier (sud-est de la France). Le SARS-CoV-2 est un filament d'ARN encapsulé qui entre dans une cellule pour s'y reproduire, et en contaminer d'autres. Il vient ensuite coloniser les cellules des voies respiratoires, sa cible privilégiée, au sein desquelles il produit des virions, particules virales infectieuses.
Les portes d'entrée et de sortie du virus
Lorsqu'une personne malade tousse ou éternue, elle « expectore une nuée de postillons qui sont autant de missiles porteurs des virions conçus au sein du système respiratoire », explique le biologiste. Ces postillons, des gouttelettes issues du système humide (mucus) de nos voies respiratoires et notre gorge, sont aussi expulsés lorsque nous parlons - en moindre quantité mais potentiellement contagieux aussi, précise Christophe Bécavin, spécialiste des mécanismes d'entrée du virus dans l'organisme. Une personne saine va donc s'infecter par inhalation des gouttelettes émises par quelqu'un de contaminé.
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Une seul postillon peut-il suffire à infecter ?
« La porte de sortie du virus, c'est la bouche, la porte d'entrée principale, ce sont les muqueuses de la bouche et du nez », résume Michaël Rochoy, médecin généraliste dans le nord de la France. Il peut aussi pénétrer par les yeux. Le Covid-19 peut également se contracter par « manuportage » : lorsqu'une gouttelette infectée tombe sur un objet, « elle y laisse une charge virale un certain temps », précise le Dr Rochoy. On s'infecte alors via la main si on la porte au niveau de nos muqueuses. Un seul postillon peut-il suffire à infecter ? « On ne sait pas, car on ignore encore quelle est la charge minimum pour attraper le Covid-19 », développe Christophe Bécavin, chercheur du CNRS à l'Institut de pharmacologie moléculaire. De même, si un postillon atterrit sur une surface, celle-ci sera infectée plus ou moins longtemps en fonction du matériau car la « qualité » du virus contenu dans la gouttelette diminue avec le temps. La charge virale dépend notamment « de la quantité de virus que vous avez en vous, or nous sommes tous différents par rapport à cette maladie », ajoute François Renaud.
Un postillon est de l'eau qui reste, grâce à la tension superficielle de l'eau, dans son état de goutte, à l'intérieur de laquelle le virus est piégé. La gouttelette commence à retomber par terre « au bout d'un à deux mètres, en moyenne, du fait de la gravité », observe Christophe Bécavin. D'où les mesures de distanciation sociale.
Le port du masque recommandé
Par précaution, de nombreux médecins, ainsi que l'Académie de médecine, recommandent le port généralisé du masque couvrant la bouche ET le nez. « Il faut partir de l'hypothèse la plus défavorable », plaide le Dr Rochoy, co-initiateur du collectif « Stop postillons ». « Car même confinés, les gens sortent faire leurs courses, ils se parlent et il ne leur est pas toujours possible de respecter les distances. Les écrans antipostillons (masques et visières) permettent de retenir les gouttelettes ; le virus va rester à l'intérieur et protéger les autres », explique ce généraliste.
« Si tout le monde en porte, c'est un effet de masse qui crée un système barrière pour couper les missiles que nous envoie ce virus », contre lequel il n'existe ni traitement ni vaccin, conclut François Renaud.
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Coronavirus : tous les masques, même chirurgicaux, seraient inefficaces
Publié le 12/04/2020 à 14h30
Céline Deluzarche
Journaliste
Alors que plusieurs villes françaises veulent imposer à leurs habitants de porter un masque lors de leurs sorties pour limiter la propagation de Covid-19, une nouvelle étude vient encore semer le doute sur sa véritable utilité. Des chercheurs sud-coréens ont mené des tests avec différents types de masques (masque en coton et masque chirurgical classique - on ne parle pas ici des masques N95 avec très haut niveau de filtration) et demandé à quatre patients de tousser sans et avec le masque. La charge virale a ensuite été mesurée à l'intérieur et à l'extérieur du masque. Résultat : « Ni les masques chirurgicaux ni les masques en coton ne filtrent efficacement le SRAS-CoV-2 lors de la toux des patients infectés », rapportent les auteurs.
Le problème réside dans la taille des particules capables de transporter le coronavirus SARS-CoV-2. Celles du SARS-CoV de l'épidémie de 2003 ont été estimées entre 0,08 et 0,14 μm. Or, de précédentes études ont montré que les particules de 0,04 à 0,2 µm peuvent pénétrer les masques chirurgicaux. L'expérience ne reflète cependant pas la capacité des masques à limiter la transmission du virus. « Il est possible qu'ils limitent quand même la distance de dissémination des gouttelettes », notent les auteurs. Si les masques ont bien une action antiprojection, ils protègent mal le porteur sain des microparticules aéroportées émises par une personne malade car celles-ci sont trop fines, rappellent d'ailleurs la plupart des infectiologues.