Re: Un grand Monsieur s'en est allé...encore un!
Posté : lun. juil. 03, 2017 3:23 pm
Bon, aujourd’hui, un opus spécial sur une de mes chansons fétiche... Une petite promenade musicale à la rencontre des adaptations (mais pas seulement)…
Il était une fois un gamin né du côté de Chicago, dans une famille juive de la classe moyenne. Le chemin normal pour lui, c’est l’université, et il y croise d’ailleurs une certaine Hillary Rodham, qui sera plus connue plus tard sous son nom d’épouse, Hillary Clinton. Mais il y a un problème : ce jeune homme aime la musique. Il en joue (plutôt bien), il écrit des chansons, et il finit par abandonner ses études pour se consacrer à la musique.
Ce gamin, qui a grandi, c’est Steve Goodman. Il joue avec des amis, il joue seul, il écrit des chansons qui s’inspirent de la vie de tous les jours, un voyage en train par exemple. Ça devrait vous rappeler quelque chose. Le son n’est pas très propre, la mousse du micro lui fait comme un nez de clown, mais la partie de guitare est géniale. On dirait que la musique lui sort du ventre.
Un jour, un ami lui suggère de présenter cette chanson à Arlo Guthrie. Quand je parle d’Arlo Guthrie en France, personne ne connaît, pas plus que son père, Woody Guthrie. Aux États-Unis, la chanson de Woody Guthrie “This land is your land” est aussi connue que l’hymne national (et certains ont d’ailleurs suggéré d’en faire l’hymne national).
La rencontre entre Steve Goodman, quidam de la chanson, et Arlo Guthrie, qui s’était déjà fait un prénom, se passe à Chicago. Arlo la raconte lors d’un concert, ça se passe dans un bar. Un ami d’Arlo lui dit qu’il connaît quelqu’un qui voudrait lui chanter une chanson. Arlo n’est pas très chaud, c’est après un concert, il a envie de se détendre et il répond « qu’est-ce qui te fait penser que j’aime les chansons ? Je hais les chansons ! ». Son ami insiste et Arlo dit à Steve « paye-moi une bière, et tant que je ne l’ai pas terminée, tu peux chanter ce que tu veux ». La version originale de l’histoire est ici.
Cette chanson, chantée par Arlo Guthrie obtient un succès énorme. Elle marchait déjà bien avec Steve Goodman, mais là ça marche vraiment fort. Bien souvent, on attribue la paternité de la chanson à Arlo Guthrie, mais à chaque fois qu’il la chante en public, il cite son auteur. Il en existe des dizaines de versions par des dizaines d’interprètes. Si vous ne faites pas encore une indigestion à cette chanson (vous l’aurez compris, c’est une de mes chansons fétiches), vous pouvez écouter les versions de Willie Nelson, Judy Collins, John Denver, Johnny Cash…
Cette chanson arrive aux oreilles de Joe Dassin, et elle lui plaît. À cette époque, une des façons de faire des tubes, c’était de revenir des États-Unis, du Royaume Uni ou d’ailleurs avec une pile de 45 tours, de les écouter à la chaîne, de sentir le tube et de demander à un adaptateur de coller des paroles en français dessus. C’est ce que fait Joe Dassin, il parle de cette chanson à un de ses paroliers, Claude Lemesle (encore deux personnes qui se sont rencontrées au Centre Américain à Paris). À cette époque, Claude Lemesle vient de se séparer de Vava (c’est le surnom de Michèle Cherdel, elle a aussi eu une histoire avec un des membres du Big Bazar de Michel Fugain, et elle est mêlée de près à une affaire de pingouin judoka d’Alaska).
Claude Lemesle raconte des années plus tard qu’ils se sont pour ainsi dire séparés au restaurant, et que la serveuse qui les connaissait a dit en les voyant quitter le restaurant « Salut les amoureux ! »
Richelle Dassin, la sœur de Joe, a également participé à cette adaptation, et cette chanson faisait partie des chansons préférées de Joe.
Voilà, l’essentiel de l’histoire est là, mais on pourrait y ajouter des épisodes. Par exemple, Roger Mason, encore un étasunien émigré en France qui fréquentait le Centre Américain, et encore un fameux guitariste, a fait une adaptation de “City of New Orleans”, avec des paroles beaucoup plus fidèles à la version originale, ça a donné « Le vieux train de la Louisiane ».
Ça ne pouvait pas marcher, et ça n’a d’ailleurs pas marché... Ça sort cinq ans après une chanson qui a fait un tube, ça n’est pas une chanson d’amour un peu tristounette, et en France les trains n’ont pas la même symbolique qu’aux États-Unis.
Voili voilà, une bal(l)ade vite fait. On a dit de cette chanson “City of New Orleans” que c’était “a fucking good train song”. Ah, les trains et leur symbolique, et la place des “train songs” dans la chanson étazunienne…
Quelques exemples, mais uniquement de chansons qui ont donné lieu à des adaptations :
9 to 5 (je vous laisse deviner qui a adapté cette chanson).
Hobo’s lullaby (l’adaptation est peu connue, La berceuse du clochard, par Graeme Allwright).
Freight train, j’en ai déjà parlé, et son adaptation par Joe Dassin (il en a fait deux).
Five hundred miles. Trouver l’adaptation en français ne devrait pas être difficile...
Il était une fois un gamin né du côté de Chicago, dans une famille juive de la classe moyenne. Le chemin normal pour lui, c’est l’université, et il y croise d’ailleurs une certaine Hillary Rodham, qui sera plus connue plus tard sous son nom d’épouse, Hillary Clinton. Mais il y a un problème : ce jeune homme aime la musique. Il en joue (plutôt bien), il écrit des chansons, et il finit par abandonner ses études pour se consacrer à la musique.
Ce gamin, qui a grandi, c’est Steve Goodman. Il joue avec des amis, il joue seul, il écrit des chansons qui s’inspirent de la vie de tous les jours, un voyage en train par exemple. Ça devrait vous rappeler quelque chose. Le son n’est pas très propre, la mousse du micro lui fait comme un nez de clown, mais la partie de guitare est géniale. On dirait que la musique lui sort du ventre.
Un jour, un ami lui suggère de présenter cette chanson à Arlo Guthrie. Quand je parle d’Arlo Guthrie en France, personne ne connaît, pas plus que son père, Woody Guthrie. Aux États-Unis, la chanson de Woody Guthrie “This land is your land” est aussi connue que l’hymne national (et certains ont d’ailleurs suggéré d’en faire l’hymne national).
La rencontre entre Steve Goodman, quidam de la chanson, et Arlo Guthrie, qui s’était déjà fait un prénom, se passe à Chicago. Arlo la raconte lors d’un concert, ça se passe dans un bar. Un ami d’Arlo lui dit qu’il connaît quelqu’un qui voudrait lui chanter une chanson. Arlo n’est pas très chaud, c’est après un concert, il a envie de se détendre et il répond « qu’est-ce qui te fait penser que j’aime les chansons ? Je hais les chansons ! ». Son ami insiste et Arlo dit à Steve « paye-moi une bière, et tant que je ne l’ai pas terminée, tu peux chanter ce que tu veux ». La version originale de l’histoire est ici.
Cette chanson, chantée par Arlo Guthrie obtient un succès énorme. Elle marchait déjà bien avec Steve Goodman, mais là ça marche vraiment fort. Bien souvent, on attribue la paternité de la chanson à Arlo Guthrie, mais à chaque fois qu’il la chante en public, il cite son auteur. Il en existe des dizaines de versions par des dizaines d’interprètes. Si vous ne faites pas encore une indigestion à cette chanson (vous l’aurez compris, c’est une de mes chansons fétiches), vous pouvez écouter les versions de Willie Nelson, Judy Collins, John Denver, Johnny Cash…
Cette chanson arrive aux oreilles de Joe Dassin, et elle lui plaît. À cette époque, une des façons de faire des tubes, c’était de revenir des États-Unis, du Royaume Uni ou d’ailleurs avec une pile de 45 tours, de les écouter à la chaîne, de sentir le tube et de demander à un adaptateur de coller des paroles en français dessus. C’est ce que fait Joe Dassin, il parle de cette chanson à un de ses paroliers, Claude Lemesle (encore deux personnes qui se sont rencontrées au Centre Américain à Paris). À cette époque, Claude Lemesle vient de se séparer de Vava (c’est le surnom de Michèle Cherdel, elle a aussi eu une histoire avec un des membres du Big Bazar de Michel Fugain, et elle est mêlée de près à une affaire de pingouin judoka d’Alaska).
Claude Lemesle raconte des années plus tard qu’ils se sont pour ainsi dire séparés au restaurant, et que la serveuse qui les connaissait a dit en les voyant quitter le restaurant « Salut les amoureux ! »
Richelle Dassin, la sœur de Joe, a également participé à cette adaptation, et cette chanson faisait partie des chansons préférées de Joe.
Voilà, l’essentiel de l’histoire est là, mais on pourrait y ajouter des épisodes. Par exemple, Roger Mason, encore un étasunien émigré en France qui fréquentait le Centre Américain, et encore un fameux guitariste, a fait une adaptation de “City of New Orleans”, avec des paroles beaucoup plus fidèles à la version originale, ça a donné « Le vieux train de la Louisiane ».
Ça ne pouvait pas marcher, et ça n’a d’ailleurs pas marché... Ça sort cinq ans après une chanson qui a fait un tube, ça n’est pas une chanson d’amour un peu tristounette, et en France les trains n’ont pas la même symbolique qu’aux États-Unis.
Voili voilà, une bal(l)ade vite fait. On a dit de cette chanson “City of New Orleans” que c’était “a fucking good train song”. Ah, les trains et leur symbolique, et la place des “train songs” dans la chanson étazunienne…
Quelques exemples, mais uniquement de chansons qui ont donné lieu à des adaptations :
9 to 5 (je vous laisse deviner qui a adapté cette chanson).
Hobo’s lullaby (l’adaptation est peu connue, La berceuse du clochard, par Graeme Allwright).
Freight train, j’en ai déjà parlé, et son adaptation par Joe Dassin (il en a fait deux).
Five hundred miles. Trouver l’adaptation en français ne devrait pas être difficile...