Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Réanimation cardio-repiratoire nouveaux guidelines 2005-2010
Article mis en ligne le 30 novembre 2006
dernière modification le 18 juin 2012

par Arnaud Bassez

A lire les nouvelles recommandations ILCOR 2010-2015


Les recommandations 2005-2010, de la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) sont basées d’après celles de l’ILCOR (International Liaison Committee on Resuscitation) et de l’ERC European Resuscitation Council.

Chaque pays du fait de son particularisme (géographique,spécificité du système de santé, économique, matériels disponibles, personnes formées) a donc édicté ses propres adaptations. Ces données sont le fruit de la SFAR, la SRLF (société de réanimation de langue française), le SAMU de France, la SFMU (société française des médecins d’urgence), le CFRC (conseil français de réanimation cardio-pulmonaire).

La différence entre adultes et enfants, disparait. Les manœuvres sont entreprises au plus vite devant l’absence de signes de vie : 30 compressions thoraciques et 2 insufflations. soit le rythme 30/2 à la place du 15/2.

Le rythme de compression est de 100/minute pour tout le monde.

massage cardiaque externe

Le cas particulier de l’enfant est "à trois niveaux"

80 % des arrêts cardiorespiratoires sont d’origines anoxiques chez l’enfant. Il faut donc relancer la ventilation avant la compression thoracique, ce qui donne :

Chez le nourrisson (moins de 2 ans)

Le docteur Jean Lavaud, du SAMU pédiatrique 75, préconise :

5 insufflations au départ, 10 compressions thoraciques (dépression de 1cm), 3 ventilations, soit le ratio 10/3

Voir l’article dédié à la spécificité de la réanimation cardio-pulmonaire de l’enfant

Cette préconisation, toutefois, n’est pas référencée dans les recommandations internationales de l’ILCOR.

à 2 secouristes ou sur un enfant de 3 à 8 ans

5 insufflations au départ, 15 compressions thoraciques suivies de 2 insufflations et recommencement sur le rythme 15/2.

à 1 secouriste ou sur un enfant de + de 8 ans

5 insufflations au départ, 30 compressions thoraciques suivies de 2 insufflations et recommencement sur le rythme 30/2.

Si la victime est inconsciente, ne bouge pas et ne répond pas, si la respiration est anormale (gasp) ou absente, si le pouls carotidien est absent, on commence sans délai la réanimation cardio pulmonaire.

Il a été démontré qu’un massage cardiaque sur une personne dont le coeur bat encore n’est pas délétère. Par contre le retard à la mise en oeuvre des manoeuvres de réanimation obère les chances de survie.

Pourquoi 30 compressions et une insufflation sur 1 seconde ?

La réanimation doit commencer par le massage cardiaque externe (MCE).
 l’organisme dispose d’une réserve de sang oxygéné qui ne circule pas, mais qui va circuler du fait du massage.
 les besoins en O2 sont diminués car le débit cardiaque est bas.
De plus, les études ont montré que le MCE doit être entrepris en priorité si l’arrêt cardiaque remonte à + de 5 minutes.
Enfin, masser un cœur génère une pression qui est longue à monter.
Elle s’écroule instantanément à l’arrêt du MCE. Il faut donc recommencer, ce qui peut aggraver le pronostic si on arrête trop souvent.
C’est pourquoi le processus passe à 30 compressions, sans vérification des pouls carotidiens ou fémoraux.
De plus, il faut entre chaque défibrillation, recourir au MCE, car il améliorerait la défibrillation. de plus le cœur même défibrillé, peut être en rythme non perfusant. D’où la nécessité de le masser même battant, après le 1er choc.

Voici ce qu’il convient de faire dorénavant

 Une RCP initiale de 2 minutes quand l’arrêt cardiaque date de 4 à 5 minutes.
 Les défibrillateurs externes automatisés (comprenant défibrillateur semi automatique (DSA) et défibrillateur entièrement automatique (DEA)) : l’énergie biphasique est maintenant recommandée à raison de 150 à 200 Joules pour le 1er choc et les suivants. L’énergie exacte dépendra de l’impédance du patient et sera calculée par le défibrillateur.

DSA laboratoire Survalink

 Les défibrillateurs monophasiques restent à 360 Joules d’emblée. Il semble que l’on oublie le mémento 4 Joules/kilo. Leur efficacité est moindre que la défibrillation biphasique.

Un seul choc entre deux minutes de RCP.
On refait un deuxième choc si besoin, par analyse automatique du défibrillateur, avant de recommencer la RCP sur 2 minutes, après contrôle du pouls et/ou de la reprise d’une ventilation. On refait un troisième choc si nécessaire, après ces 2 minutes de RCP et l’on continue les manœuvres (RCP + DSA si besoin) jusqu’à l’arrivée d’une équipe médicale (à l’extérieur) ou d’un médecin (à l’hôpital).

Le rythme de compression est de 100/minute.

Le médicament d’élection reste l’adrénaline pour la France, alors que les américains préfèrent la vasopressine, bien que celle-ci n’est pas démontrée de supériorité définitive au vu de la littérature actuelle.

Le bouche à bouche n’est plus recommandé (sauf dans le domaine du privé (son propre conjoint, son enfant...), dans la mesure où la RCP permet la circulation de sang oxygéné. Cependant il existe des masques munis de valve unidirectionnelle dont le coût avoisine 3 € pour faire face à certains problèmes légitimes d’hygiène et de protection.

life for 2

masque life for 2 (site Medistore.fr)

ou pocket mask

pocket mask (laboratoire Laerdal)

Des cas avérés de transmission de tuberculose ou d’herpès ont été décrits après une technique de bouche à bouche.

Pour le personnel soignant disposant de matériel de ventilation (masque et ballon dit "BAVU" (ballon auto-remplisseur à valve unidirectionnelle), il convient de l’utiliser en première intention.

Dans le cas d’un arrêt cardiaque en dehors de toute structure médicalisée, le MCE devra être entrepris d’emblée, sans se préoccuper de ventilation.
Si l’arrêt cardiaque est d’origine hypoxique et que le bouche à bouche n’est pas envisageable (personne inconnue, vomis...) il est préférable de prévenir et de masser que de ne rien faire.

La phrase à retenir et à enseigner est appeler le 15 -masser-défibriller.

Il convient de combler le retard accumuler par la France, concernant l’implantation des DSA.
Les pays anglo-saxons ont largement diffusés ces appareils dans les endroits à haute fréquentation (aéroport, hôtel, centre commerciaux, casino, avions... ).
Les résultats laissent peu de place au doute : en France, le taux de récupération à l’arrêt cardiaque est entre 2 à 5 %. Il est de 30 à 50 % dans les pays équipés de DSA ou DA accessibles au grand public...!

DEA/ECG AT101 easy Schiller

La ville pilote de Montbard dans la côte d’or a montré l’intérêt de ces appareils. 40 % de la population de cette ville est formé aux gestes d’urgence. La ville de Hyères dans le var, s’est équipée de 8 DSA. Cabourg en a acheté 14 au printemps dernier, Issy les Moulineaux (92) s’engage sur la même voie. Ainsi que d’autres villes.

La formation du grand public doit se faire par des formations de courtes durées. Des formations de 30 minutes avec un mannequin individuel et un encadrement facilitateur personnalisé ont été faites. Elles permettent une pratique maximale en un minimum de temps.

Le mannequin est ensuite ramené au domicile, ce qui entraine un effet demultiplicateur auprès des familles de sujets présentant un risque d’ACR puisqu’un élève formé en forme à son tour 3 en moyenne.

4 sessions de 30 minutes avec un formateur permettent de former 96 élèves qui en formeront 290 en utilisant le "kit" à domicile.

Au Danemark, le projet de formation en 30 minutes à l’école, basé sur le volontariat (50 % d’inscrits) et couvert par la presse et la télévision a permis de former en 1 semaine 35 000 élèves âgés de 12 à 14 ans dans 806 écoles.
Un CD était associé au kit de formation incitant les formés à former leur entourage.
Au total environ 135 000 membres de la famille, de l’entourage proche ont été informés en une semaine.

à lire cette étude (en anglais)

Lire la revue des SAMU Tome XXIX décembre 2007 qui reprend les publications du 4e forum de l’urgence conseil Français de réanimation cardiopulmonaire (Nîmes 14-15 novembre 2007)

L’utilisation d’un défibrillateur manuel est un acte médical. (circulaire du 6 janvier 1962) Mais le Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004, stipule dans son article R. 4311-9 : L’infirmier ou l’infirmière est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment :

7° Utilisation d’un défibrillateur manuel ;

L’arrivée des DSA a permis au personnel non médical de pouvoir utiliser ce matériel :
Décret n° 98-239 du 27 mars 1998 (article 2) complété par le Décret n° 2000-648 du 3 juillet 2000 modifiant le décret no 98-239 du 27 mars 1998.

Les textes dans leur globalité se trouvent ici

le coeur sur la main

Souvenons nous que chaque minute qui passe, en cas de fibrillation ventriculaire, diminue les chances de survie de 7 à 10 %.

Les arrêts cardiocirculatoires extra hospitaliers surviennent plus souvent à domicile (75 à 80 % des cas) que sur la voie publique (10 %) sur le lieu du travail ( 1 à 2 %) ou dans des stades, gymnases, piscines, tennis, golfs (1 à 2 %). D’autres lieux sont aussi à prendre en considération : les maisons de retraite, les cabinets médicaux, les grands magasins, les mairies et salles des fêtes, les gares et aéroports, les trains et avions (2 %)

Ils surviennent dans 70 % des cas devant témoins, mais en France moins de 20 % entreprennent des manœuvres de réanimation.

Le délai moyen d’appel aux unités mobiles de secours est de 5 minutes. Il s’ajoute le temps de déplacement de ces secours (en moyenne 10 minutes), le temps d’intervention au domicile étant 2 fois plus long que sur la voie publique.


(Chiffre du rapport du groupe de travail de la commission IV (maladies cardiovasculaires) Académie Nationale de Médecine, Paris 06

Pour assurer une meilleure prise en charge extra hospitalière des arrêts cardiocirculatoires, l’Académie Nationale de Médecine recommande :

  La formation du plus grand nombre de personnes aux premiers secours.

 formation obligatoire, initiale et continue des médecins, pharmaciens, paramédicaux et agents de la fonction publique ( Attestation de Formation aux Gestes de premiers Secours et d’Urgence (AFGSU)

 formation courte et répétée (avec support audiovisuel) pour un public élargi, avec délivrance d’une attestation, notamment

 dans les écoles

 lors de la journée citoyenne

 dans les centres sportifs

 dans les lieux publics

 pour les proches des sujets à risque

 lors de la préparation à l’examen du permis de conduire et des stages de récupération des points.

 Une grande diffusion des défibrillateurs automatisés externes (avec maintenance périodique obligatoire des appareils) reliés à un appel au SAMU, et facilement accessibles dans

 les lieux publics

 les lieux de forte densité résidentielle

 les lieux de travail

 les centres commerciaux

 les pharmacies

 les centres sportifs

 les aéroports et les gares

 les moyens de transport (avions, bateaux, trains)

 L’information du public et son éducation, très largement diffusées et répétées par différents supports écrits et audiovisuels.

 Élargissement des autorisations existantes pour l’utilisation du défibrillateur automatique, permettant l’emploi des appareils par le grand public.

 Évaluation des stratégies, sur plusieurs années par le SAMU et les centres hospitaliers en coordination avec les autres professionnels avec mise en place d’un registre national

 évaluation de l’information et de la formation par les témoins
 pratique de la réanimation rudimentaire par les témoins
 diffusion et utilisation des défibrillateurs automatiques
 délais et modalités des diverses interventions extra hospitalières et hospitalières
 efficacité de la prise en charge des arrêts cardiocirculatoires (chaîne de survie).

Pour en savoir plus sur l’European Resuscitation Council (ERC) et son guidelines (en anglais)

Un bon complément sur le DSA

voir aussi l’article de la SOFIA et les vidéothèques associées sur le DSA

l’article de la SOFIA sur l’AFGSU

La législation

une vue du matériel disponible (non exhaustif)

Une vidéo qui montre la gestuelle à suivre lors d’un arrêt cardiorespiratoire.

Voir l’article sur le premier massage cardiaque de l’Histoire.

Enfin, l’habitude d’arrêter le massage cardiaque pendant le choc électrique au prétexte d’un risque d’électrisation du sauveteur n’aurait pas lieu d’être devant les travaux de Lloyd et col. (en anglais).

Le Dr Michael Lloyd et ses collègues de l’Emory University Hospital à Atlanta et ses collègues ont donc voulu évaluer la sûreté pour le secouriste du maintien du contact direct avec le patient pendant la délivrance d’un choc.

L’étude a été menée auprès de 43 patients nécessitant une cardioversion programmée pour une fibrillation atriale ou un flutter persistant ou devant recevoir un examen électrophysiologique invasif avec une cardioversion ou une défibrillation externe.

Pendant la délivrance des chocs, l’un des co-investigateurs devait mimer une compression thoracique, en plaçant la paume de ses mains, portant des gants médicaux en polyéthylène, en contact direct avec le torse nu du patient et en appuyant de la même façon, à côté de l’électrode délivrant les chocs.

Aucun choc n’a été perceptible pour l’investigateur effectuant la fausse compression.

Les différences de potentiel maximales entre le poignet et la cuisse de l’investigateur allaient de 0,28 à 14 V et le courant de fuite moyen passant dans le corps de l’investigateur à chaque phase de l’onde de choc était de 283 µA.

"Ceci est en dessous de plusieurs standards de sécurité recommandés pour le courant de fuite", notent les auteurs.

"Les secouristes effectuant des compressions thoraciques pendant la défibrillation externe biphasique sont exposés à de faibles niveaux de courant de fuite. Ces résultats soutiennent la faisabilité de compressions thoraciques ininterrompues pendant la délivrance de chocs, ce qui peut améliorer l’efficacité de la défibrillation et de la ressuscitation cardiocérébrale", concluent les auteurs.

Il faut toutefois noter que cette étude possède des biais, notamment les gants que portaient les secouristes.
Il faut donc plus d’investigation pour pouvoir déterminer quels types de gants protègent ou pas.

En conséquence, le principe de précaution s’impose, et il faut continuer à s’écarter et ne pas toucher la victime lors du choc électrique externe.

 A garder à l’esprit, les recommandations de l’ILCOR restent incontournables dans leur légitimité :

NOUVELLES MANŒUVRES DE RÉANIMATION CARDIO-PULMONAIRE ET AMÉLIORATION DU DEVENIR DES PATIENTS.

Michael Kellum, étal.

Ce remarquable travail multi-centrique intégrant des données américaines et italiennes met en exergue l’intérêt des modifications de la prise en charge des arrêts cardio-respiratoires tels qu’édictés par les recommandations.

Une analyse des arrêts faite dans les centres ayant accepté l’étude fait ressortir un taux de survie initiale de 20%, avec une évolution neurologique favorable dans 15% des cas. Ceci au cours des trois années ayant précédé les recommandations 2005.

Au cours des trois années ayant suivi l’édiction de nouveaux protocoles, notamment avec une emphase portée sur la durée des compressions thoraciques, la survie est passée à 47%, avec une évolution neurologique favorable de 39 %.

Annals of Emergency Medicine Vol.52. N°3 ; 244-255

À lire : Massage ou Défibrillation ?


Pris sur le site de la SFAR

Associer des insufflations à des compressions thoraciques pour réanimer un arrêt cardiaque extra-hospitalier par un premier témoin, c’est réellement 0 % de survie en plus …

La mort subite reste une importante cause de décès dans les pays industrialisés, affectant chaque année près de 350.000 personnes aux Etats-Unis et plus de 700.000 en Europe [1]. Plus de 50 ans après la démonstration de l’intérêt du bouche à bouche en 1958 par Peter Safar [2], puis des compressions thoraciques par Kouwenhoven et al. en 1960 [3], deux études randomisées viennent de donner un sérieux coup de grâce à la ventilation dans la réanimation initiale de l’arrêt cardiaque, tandis que la compression thoracique continue, appuyée, rapide (100 fois par min) reste bien la pierre angulaire de la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) de base en attendant l’arrivée d’un défibrillateur (si possible disponible en lieu public), puis d’une équipe médicalisée.

La RCP a connu de nombreuses évolutions au fil des années. Plusieurs études animales ont bien démontré que toute interruption des compressions thoraciques [4 - 6] ou toute hyperventilation [7] étaient délétères. Chez le chien, la saturation artérielle en oxygène persiste longtemps à un niveau correct après induction d’un arrêt circulatoire par fibrillation ventriculaire et réalisation d’une RCP par compressions thoraciques seules [8]. Certaines études humaines retrouvent une survie similaire des arrêts cardiaques extra-hospitaliers, que la RCP soit réalisée avec ou sans insufflations. Déjà en 2000, les équipes de Seattle randomisent des patients victimes d’arrêt cardiaque en lieu public pour recevoir une RCP par les premiers témoins comportant soit des compressions thoraciques seules, soit associées à du bouche à bouche rapidement « enseignée » à distance par la régulation médicale. Aucune différence en terme de survie n’y est observée dans ce dernier groupe [9]. Dans une vaste étude observationnelle conduite de l’autre côté du Pacifique, au Japon (SOS Kanto), des résultats assez semblables sont colligés sur plus de 4000 victimes [10]. Des résultats semblables sont aussi rapportés par les Suédois [11]. Aujourd’hui encore cependant, les recommandations internationales indiquent que la RCP doit associer des compressions thoraciques à des insufflations orales ou instrumentales [12, 13].

Deux articles du New England Journal of Medicine [14, 15], regroupant respectivement 1941 et 1276 patients en Suède, à Seattle et Londres, jettent un nouveau pavé dans la mare, à l’heure où se finalisent les prochaines recommandations internationales de l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR), dont la publication est prévue avant la fin de l’année, et qui seront présentées au prochain congrès du Conseil Français de Réanimation Cardio-Pulmonaire (CFRC) les 15 et 16 décembre 2010 à Lille (http://www.forumurgence.org/). Dans ces deux études prospectives, les patients ayant présenté un arrêt cardiaque extrahospitalier ont été randomisés pour bénéficier d’une RCP de base soit par compressions thoraciques seules continues (sans insufflations), soit par RCP associant compressions thoraciques et insufflations selon les recommandations (mais avec une alternance 15/2 anciennement recommandée, 30/2 étant maintenant celles indiquée). Leur conclusion est sans appel : la survie des patients est similaire que la RCP soit réalisée avec ou sans insufflation. Une tendance à une meilleure survie est même observée avec une RCP par compressions thoraciques seules chez les patients en arrêt cardiaque de cause cardiaque avec un rythme initial en fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire. Il est d’ailleurs notable que toutes les études (les actuelles, comme la première de 2000) retrouvent cette tendance non significative, possiblement par un manque de puissance.

Ces derniers résultats, associés à la difficulté, à « la répugnance » et au risque à réaliser un bouche-à bouche, incitent à penser que la RCP par compressions thoraciques seules (plus facile à enseigner, à mémoriser et à réaliser) pourrait en augmentant l’incitation des premiers témoins à réaliser une RCP, ainsi augmenter les chances de survie des arrêts cardiaques extrahospitaliers.

Au vu de ces résultats, faut-il encore enseigner le bouche-à-bouche au grand public ? La technique est difficile, car elle nécessite une parfaite étanchéité et des voies aériennes libres. Elle induit des insufflations stomacales et distensions gastriques qui majorent les difficultés des insufflations et exposent au risque d’inhalation. Elle répugne le grand public, n’est pas sans risque dans la transmission de maladies infectieuses, et l’interposition d’un écran facial entre la bouche du sauveteur et celle de la victime ne minore pas le risque infectieux, tout en diminuant grandement l’efficacité des insufflations réalisées. Certaines études récentes semblent démontrer de plus un effet délétère de l’hyperoxie dans la réanimation des patients en arrêt cardiaque [16].

La RCP « classique » associant compressions thoraciques et insufflations doit donc garder sa place pour la réanimation des arrêts cardiaques « hypoxiques », mais doit être clairement rediscutée pour la réanimation des arrêts cardiaques extrahospitaliers lorsqu’une cause cardiaque est suspectée. Elle devrait permettre une simplification de l’enseignement du grand public, probablement une augmentation du taux de réalisation d’une RCP sur une victime en arrêt cardiaque, puis on l’espère une augmentation de la survie, associée bien sûr à l’installation plus importante de défibrillateurs en lieu public, et une formation plus grande de la population (grâce à des modules de formation de courte durée).

[1] Jonas A & al. Cardiopulmonary Resuscitation History. Circulation 2006 ; 114 : 2839-49.

[2] Safar P & al. Ventilation Efficacy of Mouth-to-Mouth Artificial Respiration. Journal of the American Medical Association 1958 ; 167 : 335-41.

[3] Kouwenhoven WB & al. Closed chest cardiac massage. JAMA 1960 ; 173 : 1064-7.

[4] Kern KB et al. Circulation 2001 ; 104 : 2465 – 70.

[5] Kern KB et al. Circulation 2002 ; 105 : 645 – 9.

[6] Ewy GA & al. Improved neurological outcome with continuous chest compressions compared with 30:2 compressions-to-ventilations cardiopulmonary resuscitation in a realistic swine model of out-of-hospital cardiac arrest. Circulation 2007 ;116:2525-30.

[7] Hyperventilation-induced hypotension during cardiopulmonary resuscitation. Circulation 2004 ;109:1960-5.

[8] Chandra NC et al. Circulation 1994 ; 90 : 3070 - 5

[9] Hallstrom A & al. Cardiopulmonary resuscitation by chest compression alone or with mouth-to-mouth ventilation. N Engl J Med 2000 ; 342(21) : 1546-53.

[10]SOS-KANTO study group. Cardiopulmonary resuscitation by bystanders with chest compression only (SOS-KANTO) : an observational study. Lancet 2007 ; 369 : 920–26

[11] Bohm K, Rosenqvist M, Herlitz J, Hollenberg J, Svensson L. Survival is similar after standard treatment and chest compression only in out-of-hospital bystander cardiopulmonary resuscitation. Circulation 2007 ;116:2908-12.

[12] Circulation 2005, American Heart Association Guidelines for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care , Volume 112, Issue 24 Supplement ; December 13, 2005.

[13] Resuscitation, Volume 112, Issue 24 Supplement ; December 13, 2005.

[14] Rea TD & al. CPR with chest compression alone or with rescue breathing. N Engl J Med 2010 ; 363 : 423-33.

[15] Svensson L & al. Compression-only CPR or standard CPR in out-of-hospital cardiac arrest. N Engl JMed 2010 ; 363 : 434-42.

[16] Kilgannon JH & al. Association between arterial hyperoxia following resuscitation from cardiac arrest and in-hospital mortality. JAMA 2010 ; 303 : 2165-71.

[16] Sun HY et al. Hypoxic postconditioning reduces cardiomyocyte loss by inhibiting ROS generation and intracellular Ca2+ overload. Am J Physiol Heart Circ Physiol 2005 ; 288 : H1900-H1908.


Le particularisme et l’exception culturelle française nous font vivre avec plusieurs numéros de téléphone pour appeler les services d’urgence.
 Le 15 SAMU (dès qu’il y a une victime)
 Le 18 pompiers (secouristes, soldats du feu)
 Le 17 police protection des personnes et des biens, balisage des zones, sécurité.
 Le 112 numéro européen

Il serait plus que temps d’en sortir, et d’uniformiser un seul et unique numéro. Le 112 est le plus approprié.

Historique du 112

 Réglementation :

Le numéro d’urgence européen 112 a été créé par une décision du Conseil en date du 29 juillet 1991. Il était demandé à tous les États-Membres de mettre en place le numéro d’urgence européen 112.

La principale réglementation concernant le 112 est la Directive Service Universel qui a été adoptée en mars 2002. Cette directive détaille les obligations concernant le 112 :

* Gratuité : Les Etats-Membres doivent s’assurer que les utilisateurs de téléphones fixes et portables, y compris les téléphones payants, soient en mesure d’appeler le 112 gratuitement.

* Non discrimination : Les appels au 112 doivent être réceptionnés et traités de manière appropriée, sans considération du fait que ce soit le 112 ou un numéro national qui ait été composé. Quelques Etats-Membres (Suède, Danemark et Pays-Bas) ont fait du 112 leur principal numéro d’urgence quand pour la plupart des pays le 112 fonctionne en parallèle avec les numéros d’urgence nationaux.

* Localisation de l’appelant : Les Etats-Membres doivent également garantir aux services d’urgence la possibilité de localiser la personnes appelant le 112. En cas d’urgence, cela peut se révéler d’une grande importance dans une situation où la personne est dans l’impossibilité de fournir sa localisation précise, notamment dans le cas d’un appel depuis un téléphone portable ou/et pendant un voyage à l’étranger.

* Augmenter la connaissance du 112 : Tous les pays de l’UE doivent informer les citoyens (nationaux ou visiteurs) de l’existence du 112 et des circonstances dans lesquelles il est approprié de l’utiliser.

La réforme en cours des Télécoms. Dans le cadre de la large réforme des règles en matières de télécommunication, la Commission européenne a récemment proposé la réforme Télécom. La priorité est essentiellement l’amélioration de l’accès au 112 pour les personnes handicapées.

 Statistiques récentes

L’Eurobaromètre N°262 sur le numéro d’urgence européen 112, publié en février 2009, nous fournit des données récentes concernant la connaissance du 112 par les européens, leur accès à l’information sur le numéro d’urgence et leur opinion sur l’utilité d’un tel numéro.

 L’utilité du numéro d’urgence européen 112

* Une large majorité des citoyens européens (94%) était totalement d’accord, ou tendait à être d’accord, sur l’utilité d’avoir un numéro d’urgence disponible partout dans l’UE. Les personnes interrogées au Royaume-Uni était les moins convaincues de la valeur d’un tel numéro (87% tendait à être d’accord ou était totalement d’accord).

* 9 citoyens européens sur 10 étaient d’accord (totalement d’accord ou tendait à être d’accord) pour dire que l’accès, via le 112, aux services d’urgence pour les utilisateurs handicapés devrait être amélioré, mais les réponses variaient selon les pays, de 75% aux Pays-Bas à 97% en Grèce.

 Information sur le numéro d’urgence européen 112

* Un peu plus de 6 citoyens européens sur 10 n’étaient pas d’accord sur le fait que les gens étaient suffisamment informés de l’existence du numéro d’urgence européen 112. Dans seulement 3 pays de l’UE (République Tchèque, Roumanie et Luxembourg), plus de la moitié des personnes interrogées pensaient que les gens étaient bien informés.

* Bien que les Etats-Membres soient obligés d’informer les citoyens de l’existence du numéro d’urgence européen 112, presque 7 personnes interrogées sur 10 (69%) disaient n’avoir reçu aucune information dans les 1é mois précédents et seulement 1 sur 5 (21%) disait avoir vu ou entendu de l’information à propos du 112.

* La proportion de personnes interrogées qui disaient avoir reçu de l’information sur le 112 en tant que numéro d’urgence européen dans les 12 mois précédents allait de 7% au Royaume-Uni et en Grèce à 60% en Bulgarie.

* Sur ces personnes interrogées, 4 sur 5 (81%) nomment les médias (télévisions, radio, journaux, internet) comme leur principale source d’information concernant le numéro d’urgence européen 112. Seulement 1 personne sur 10 (9%) a fait mention des opérateurs téléphoniques comme leurs sources d’information.

 Connaissance du numéro d’urgence européen 112

* La population est n’est généralement pas familière du 112 comme numéro d’urgence européen. Seulement 1 personne interrogée sur 4 (24%) pouvait spontanément identifier le 112 comme le numéro à appeler en cas d’urgence n’importe où dans l’UE. Une plus large proportion de citoyens (45%) disait qu’elle appellerait le 112 pour une urgence dans leur propre pays.

* La connaissance du 112, en tant que numéro à appeler en cas de situation d’urgence partout dans l’UE, variait beaucoup selon le pays d’origine de la personne interrogée (de 3% en Italie à 58% en République Tchèque). La proportion de personnes interrogées qui mentionnent le 112 pour les urgences dans leur propre pays allait de 1% en Grèce à 98% en Suède.

* Avoir connaissance de l’existence du 112 comme un numéro d’urgence à appeler dans son propre pays ne signifie pas nécessairement que les personnes interrogées savaient qu’il s’agissait du numéro d’urgence européen.

(toutes les données proviennent de l’Eurobaromètre N°262)
pdf Eurobaromètre N° 262 - Le numéro d’urgence européen 112 (Uniquement disponible en anglais) (546KB)

Flash Eurobarometer 262 The European Emergency Number 112

 Mise en œuvre du numéro d’urgence européen 112

En juin 2008, le comité Communication (COCOM) de la Commission européenne a publié un rapport de synthèse sur la mise en œuvre du numéro d’urgence européen 112 (DG INFSO/B2).

En tant que mesure de suivi de la Déclaration Écrite du Parlement Européen sur le 112 adoptée le 6 septembre 2007, l’objectif de ce document de travail était de rassembler autant de données que possible sur le fonctionnement du 112 dans les États-Membres.

Le Rapport analyse les informations fournies par 24 États-Membres en réponse au questionnaire (document COCOM07-47 Final) adressé par le COCOM sur la mise en œuvre du numéro d’urgence européen 112.

Le Rapport analyse les sujets suivants :

* Des problématiques générales comme le nombre de numéros d’urgence dans chaque État-Membre, des statistiques sur les appels, les informations sur les faux appels et les plaisanteries, le routage des appels et les structures des centres d’appel de la protection civile, l’accès aux numéros d’urgence ;
- Le traitement des appels ;
- La localisation des appels ;
- La promotion du 112.

Communication committee 08-17 FINAL Implementation of the European emergency number 112 Summary Report (anglais)
Annexe to Communication Committee 08 17 FINAL Country Overview Tables

Vous pouvez joindre le numéro d’urgence européen 112 dans tous les États-Membres de l’Union Européenne et dans les pays tiers suivants :

Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, République Tchèque, Danemark, Estonie, Iles Féroé, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, République de Macédoine, Malte, Monaco, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Vatican et le Royaume-Uni.

Vous pouvez également joindre les services d’urgence en composant le 112 dans les pays suivants :

Turquie, Russie (dans certaines régions, dans tout le pays en 2012) et Israël où le 112 fonctionne aussi pour toutes les urgences depuis les téléphones mobiles.

Comment appeler le 112 ?

1. Tout d’abord : Gardez votre sang-froid !

Il est impératif que vous puissiez donner des informations cruciales concernant la situation d’urgence.

2. Si vous pouvez, appelez vous même.

Quand une personne est directement impliquée dans la situation d’urgence, le mieux est qu’elle appelle elle-même. Les appels faits par des intermédiaires peuvent différer l’arrivée des secours.
Donc si vous le pouvez, mettez vous en sécurité et appelez.

3. Composez uniquement les trois chiffres 1-1-2 sur le clavier du téléphone et pressez la touche "Appeler", ou composez le 112 sur le cadran du téléphone. Vous n’avez à composer aucun code de pays, ville ou localité avant le 112 ;

4. Attendez jusqu’à ce qu’un opérateur réponde à votre appel. Soyez patient ! S’il n’y a aucune réponse après plusieurs tonalités, n’interrompez pas votre appel et n’essayez pas d’appeler de façon répétée. Chaque appel répété est considéré comme nouveau et est placé à la fin de la liste des appels en attente, le temps d’attente peut ainsi être rallongé ;

5. Présentez-vous puis exposez brièvement et clairement ce qui se produit et qui est impliqué ;

6. Indiquez la localisation (si possible une adresse précise) où l’assistance d’urgence est nécessaire. Si possible, expliquez le chemin le plus facile pour atteindre l’endroit. Si un accident se produit dans un endroit différent de celui où vous appelez, indiquez le également ;

7. Répondez brièvement et clairement à toutes les questions posées. Veuillez comprendre que des réponses claires et précises à toutes les questions sont nécessaires pour déterminer l’assistance immédiate appropriée ;

8. Suivez le conseil donné par l’opérateur ;

9. Ne raccrochez que lorsque l’opérateur vous l’indique ;

10. Si possible, essayez de conserver votre ligne téléphonique libre après la conversation. Un opérateur aura peut-être besoin de vous contacter à nouveau pour obtenir des informations complémentaires sur l’accident ou pour vous donner des conseils supplémentaires ;

11. Si la situation d’urgence change (que ce soit pire ou mieux), appelez à nouveau le 112 et dite le.

Attention !

Beaucoup de gens appellent parfois le 112 pour prévenir du même accident ou urgence. Ne soyez pas surpris si l’opérateur vous demande seulement si vous avez des informations complémentaires utiles et met fin à la conversation. Il agit de cette manière pour éviter les données en double, pour libérer plus rapidement la ligne et pour garantir une réponse rapide au prochain appel d’urgence

Le site du 112

 A écouter La recommandation formalisée d’expert sur l’arrêt cardiaque (Pr Carli 2007)


Il serait bien de s’entraîner régulièrement à la réanimation cardiopulmonaire !

Dans la plupart des services hospitaliers, le personnel infirmier n’a que peu l’occasion de pratiquer une réanimation cardiopulmonaire (RCP), en dehors de la formation continue annuelle ou bisannuelle.

Plusieurs études ont pourtant montré que les connaissances sur la pratique de la RCP diminuent au-delà de 2 mois après la formation. Une méta-analyse de 53 études sur le maintien des compétences a montré que l’absence de pratique durant un an entraîne la perte de 92 % de la compétence initiale.

Seules quelques études ont évalué la qualité des compétences en RCP des infirmier(e)s, mais il apparaît que celle-ci, tout comme celles des autres soignants, ne permettent pas toujours de réaliser correctement une RCP, notamment en ce qui concerne la profondeur des compressions thoraciques.

Les mannequins et autres dispositifs d’aide à la pratique d’une RCP sont des outils intéressants pour le maintien des compétences à réaliser une RCP adéquate. Ils permettent de rafraîchir les connaissances acquises antérieurement (formation initiale et continue) et d’accroître l’expérience professionnelle. Sur les mannequins, les limites correctes de compression et de ventilation sont programmées, une aide corrective auditive ou visuelle indique au soignant le niveau de sa performance.

Skorning et coll. ont testé un nouveau dispositif visuel d’aide à la RCP, qui prend en compte la profondeur et le rythme des compressions thoraciques. Le petit dispositif est placé entre la poitrine du patient et la paume du soignant. Il indique, au moyen d’un jeu de couleurs, la profondeur et le rythme des compressions. Parmi les 93 soignants qui ont participé à l’étude, seulement 45 % ont réalisé une profondeur de compression correcte sur un mannequin sans ce dispositif. Après un entraînement sur un mannequin équipé du dispositif, ce pourcentage passe à 73 %. En ce qui concerne le rythme des compressions thoraciques adéquat, le pourcentage passe de 62 à 95 % grâce à la mise en place du dispositif.

Dans un hôpital américain, une approche d’entraînement à la RCP appelée Rolling Refreshers a été mise en place dans le service de pédiatrie. Une valise contenant un mannequin et un défibrillateur avec un dispositif automatique de correction est mise à disposition en permanence en accès libre dans une salle du service. Les compétences en RCP sont significativement améliorées pour les infirmier(e)s qui effectuent un entraînement au minimum 2 fois par mois.

Dr Estelle Deniaud Boüet (source JIM)

Oermann, MH et coll. : Competence in CPR. Am J Nurs., 2012 ; 112 : 43-46.

Arnaud BASSEZ

Administrateur

IADE

Formateur AFGSU /enseignant CESU