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Dans les pays industrialisés, les banques de sang fonctionnent à flux tendu. Mais pour certaines maladies très particulières, ou pour les pays en voie de développement où l’organisation des soins et les infrastructures sont insuffisantes, le développement de substituts sanguins représenterait un véritable progrès.
Chaque jour en France, près de 10 000 dons de sang sont nécessaires pour couvrir les besoins médicaux.
Cela représente environ un million de patients traités chaque année grâce à la solidarité de plus de 1,6 millions de donneurs, la moitié est transfusée et l’autre soignée grâce à des produits dérivés du sang.
Mais, si notre pays est globalement auto suffisant, les banques du sang fonctionnent à flux tendu. La mise au point de substitut sanguin mobilise donc beaucoup de chercheurs en hématologie.
En ligne de mire, des produits stockables plusieurs années à température ambiante, universels et prêts à l’usage, théoriquement exempts de tout pathogène et en quantité illimitée ! De quoi faire rêver…
Depuis 1960, deux principales pistes de recherches ont été explorées :
– Des solutions contenant des transporteurs d’oxygène à base d’hémoglobine purifiée à partir de sang humain ou animal ou recombinante. L’une des entreprises leaders dans ce domaine, OPK Biotech (Etats-Unis) commercialise l’Hemopure (destiné à la médecine humaine, il n’est utilisé qu’en Afrique du Sud pour les anémies chirurgicales depuis 2001) et l’Oxyglobin utilisé en médecine vétérinaire en Europe et aux Etats-Unis.
Mais les effets secondaires importants de ces produits, notamment cardiovasculaires, freinent considérablement leur développement. Actuellement des équipes travaillent sur la seconde génération de transporteurs, à partir d’hémoglobine modifiée. Des essais de phase II/III sont en cours aux États-Unis.
– Les perfluorocarbones (PFC) ont une haute capacité de dissolution de l’O2 et du CO2. Le premier PFC approuvé pour un usage humaine (FDA, 1989) fût le Fluosol développé par Green Cross (Osaka, Japon), réservé aux témoins de Jéhovah ou pour des patients subissant une angioplastie coronaire percutanée.
Mais à cause de problèmes de stockage et d’effets secondaires trop importants, il a été retiré du marché. Des PFC de seconde génération ont ensuite été développés, un seul est actuellement autorisé en médecine humaine, le Perftec, de la firme russe Perftoran, et ce au Mexique uniquement.
Ces deux voies de recherche sont toujours explorées, mais elles se heurtent à des effets secondaires importants et des obstacles réglementaires majeurs. Des entreprises de biotechnologies ont connu la gloire puis ont totalement disparu en travaillant dans ce champ de recherche.
Depuis les années 2000, les chercheurs se sont tournés vers les cellules souches, et le formidable espoir thérapeutique qu’elles suscitent.
En 2011, en utilisant les cellules souches hématopoïetiques d’un donneur humain, des chercheurs de l’INSERM et de l’Assistance Publique ont réussi à produire en laboratoire des milliards de globules rouges de culture.
L’équipe de recherche a réussi à réinjecter par une auto transfusion, des hématies cultivées à partir de ses propres cellules souches, ils ont évalué leur survie chez l’Homme.
Au bout de cinq jours, le taux de survie des globules rouges de culture (GRc) dans la circulation sanguine du donneur était comparable à la demi-vie moyenne de 28 jours des globules rouges natifs normaux.
Ces résultats démontrent que la durée de vie et le taux de survie des cellules cultivées sont similaires à ceux des globules rouges « classiques », ce qui étaye leur validité en tant que source possible de transfusion,
C’est "une percée majeure pour la médecine transfusionnelle." constate Luc Douay, principal auteur de l’étude, directeur de l’équipe de recherche à l’hôpital Saint Antoine, qui rappelle l’importance de ces résultats : "Nous avons cruellement besoin de nouvelles sources de produits sanguins pouvant être transfusés, en particulier pour faire face à la pénurie de donneurs de sang et pour réduire le risque d’infection lié aux nouveaux virus émergeants, associé à la transfusion classique. Le développement industriel est en cours de recherche et développement. Nous espérons en disposer dans 3-4 ans pour ensuite débuter les essais cliniques."
Pour l’instant il n’est pas question de remplacer les banques du sang, qui font très bien leur travail dans nos pays développés. « Notre but est de disposer d’une réserve illimitée de globules rouges particulièrement utile pour les groupes sanguins rares ou les personnes qui ont besoin de transfusions fréquentes comme celles qui sont atteintes de drépanocytose ou de thalassémie », explique Luc Douay. Mais avant cela, les chercheurs vont devoir améliorer le rendement de leur technique et l’industrialiser.
La transfusion sanguine dans le monde en 4 chiffres :
- 65% des dons de sang sont collectés dans les pays développés, où habitent à peine 25% de la population mondiale.
- Il suffit que 1% de la population donne son sang pour couvrir les besoins d’un pays. Mais dans 73 pays, dont 71 sont des pays en développement ou en économie de transition, cette proportion est encore inférieure à ce seuil.
- En 2007, 31 pays signalaient encore recourir à des donneurs rémunérés, pour plus d’un million de dons au total.
- En 2007, 41 pays n’ont pas été en mesure de rechercher l’une ou plusieurs des infections transmissibles par transfusion dans tous les dons de sang – VIH, hépatite B, hépatite C et syphilis.
source actusoins
– Autotransfusion per- et postopératoire
En rapport : la transfusion sanguine
Les Transfusions massives Organisation et Complications
Cas particulier : les Témoins de Jéhovah
En lien, lire les inventeurs de la banque du sang et de la transfusion dans l’article eurékiade de la rubrique iliade.
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Publié le 22/04/2014
Comment positionner le nouveau né à la naissance ? Une étude de gravité…
Le délai idéal du clampage du cordon ombilical est un sujet de controverse ancien. Le clampage tardif (1 à 3 minutes après la naissance) permet la poursuite de la circulation sanguine entre le placenta et le bébé, appelée « transfusion placentaire ». En 2012, l’OMS recommandait ce clampage tardif en tenant l’enfant au niveau ou en dessous du placenta pour augmenter le taux de ferritine et diminuer le risque d’anémie néonatale, postulant que la gravité influençait la transfusion placentaire.
Chez le prématuré, il est démontré que cette pratique diminue jusqu’à 50 % le taux d’hémorragies intraventriculaires, dont on connaît le rôle dans l’augmentation du risque de déficit cognitif, d’infirmité motrice cérébrale et d’arriération mentale.
Chez le nouveau-né de poids normal à terme, le bénéfice semblant discutable, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) avait recommandé de ne pas modifier la pratique obstétricale française de clamper le cordon environ 1 minute après la naissance sans mettre l’enfant au dessous du placenta.
Le travail multicentrique de Nestor Vain et de ses collègues (Buenos Aires, Argentine), récemment publié dans le Lancet, apporte de l’eau au moulin de proposition. Les investigateurs ont réparti, de façon randomisée, les positions, pendant les 2 minutes suivant la naissance, de 391 nouveau-nés par voie basse, en bonne santé et à terme : 197 ont été maintenus au niveau du vagin et 194 ont été placés sur la poitrine ou l’abdomen de leur mère jusqu’au clampage du cordon. La transfusion placentaire a été évaluée par la comparaison du poids des nouveau-nés immédiatement à la naissance et après 2 minutes d’attente, juste après le clampage du cordon. Le changement moyen de poids a été de 56 g (intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] 50-63) dans le groupe position vaginale, versus 53 g (IC95 % 46-59) dans le groupe abdomen, donc sans différence significative entre les deux attitudes. Aucun effet indésirable sérieux n’a été constaté dans cette étude.
Puisqu’1 ml de sang pèse 1,05 g, on peut estimer que le volume de la transfusion de sang placentaire a été, en moyenne, de 50-53 ml, soit 14-15 ml/kg pour un nouveau né de 3,5 kg à la naissance. La gravité et la position du bébé avant le clampage du cordon ne semblent donc pas, dans ce travail, avoir eu une quelconque influence sur le volume de la transfusion de sang placentaire.
Lorsqu’il s’agit d’une naissance d’un nouveau-né normal à terme, les mères peuvent donc être autorisées, sans arrière-pensée d’anémie néonatale, à poser leur bébé sur leur poitrine ou leur abdomen dès la naissance, plutôt que d’attendre que les premiers soins soient donnés sur une table placée sous leurs fesses…
Dr Catherine Azoulay (source JIM.fr)
Références
Vain NE et coll. : Effect of gravity on volume of placental transfusion : a multicentre, randomised, non-inferiority trial. Lancet Lancet, 2014 ; publication avancée en ligne le 17 avril. DOI : 10.1016/S0140-6736(14)60197-5
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le 05-05-2014
Des transfusions de sang jeune pour booster le cerveau des seniors
Une cure de transfusions à base de sang de jeunes souris a eu effet revigorant sur le cerveau de souris plus âgées, selon une étude de chercheurs américains diffusée dimanche dans la revue Nature Medicine.
"Il y a sûrement quelque chose de spécial dans le sang jeune qui permet d’améliorer de nombreux aspects du vieillissement", a commenté pour l’AFP le principal signataire de l’article, Saul Villeda de l’Ecole de Médecine de l’Université de Californie à San Francisco. "Je pense qu’il est plus justifié d’étendre maintenant les recherches à l’homme", a-t-il ajouté.
Une équipe de l’Université de Californie a comparé l’effet d’injections répétées (huit en 24 jours) de plasma de souris jeunes (âgées de trois mois) et de plasma de souris âgées de 18 mois sur une population de souris elles-mêmes âgées de 18 mois (la durée de vie moyenne d’une souris est de deux ans).
Résultat : les transfusions de "sang jeune" ont eu pour effet d’améliorer les performances cognitives des souris testées, en termes de capacité à mémoriser et à apprendre des tâches, explique Nature dans un communiqué. En outre, si on dénature le "sang jeune" en le chauffant, ce qui a pour effet d’altérer la structure des protéines, avant de l’injecter aux souris vieilles, l’effet "dopant" sur les capacités cognitives ne se retrouve pas.
L’équipe a également constaté des changements dans la structure des cerveaux des souris, avec une augmentation du nombre de sites où les neurones établissent des connexions. "Nos données démontrent que l’injection de sang jeune contrecarre le vieillissement au niveau moléculaire, structurel, fonctionnel et cognitif de l’hippocampe", souligne l’étude.
source : egora et afp
Arnaud BASSEZ
IADE/ administrateur du site