Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Remets ton masque, on l’a reconnu !
Masques FFP1, FFP2, FFP3, N95-SRAS-coronavirus-Covid-19
Article mis en ligne le 17 décembre 2006
dernière modification le 9 mars 2024

par Arnaud Bassez

Les attestations ne sont plus d’actualité. En espérant que ce soit cet article qui ne le soit plus bientôt.
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Après réactivation du couvre-feu le 22 octobre 2020 et du confinement au 30 octobre 2020, les attestations sont à nouveau requises pour pouvoir circuler.
Elles proviennent du site du ministère de l’intérieur, donc sont officielles.

30-10-2020-attestation-de-deplacement-derogatoire octobre 2020
30-10-2020-attestation-de-deplacement-derogatoire
30-10-2020-justificatif-de-deplacement-professionnel octobre 2020


 Attestation numérique

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N’est plus d’actualité, le plan blanc AP-HP étant levé depuis le 17 juin 2020, la crise sanitaire est levée au 11 juillet 2020.

Ne concerne que l’ïle-de-France

C’est la nouvelle attestation dont il faut se munir à partir du 11 mai 2020 en Île-de-France, pour se déplacer dans les transports en commun aux heures de pointe
« entre 6 h 30 et 9 h 30 et entre 16 heures et 19 heures  »

Attestation de déplacement professionnel en transport public collectif en île-de-France

Depuis le déconfinement national du 11 mai 2020, ces attestations ne sont plus nécessaires.
Les attestations de déplacements et de l’employeur (certifiées d’origine, prises sur le site interieur.gouv.fr) Annulent et remplacent les précédentes.

Attestation de déplacement dérogatoire
Attestation de déplacement professionnel

Article actualisé régulièrement


 NDLR (AB) : La chose que nous aura enseigné le covid-19, est que les recommandations de certaines sociétés savantes s’accommodent fort bien d’adaptation qu’hier on pensait iirréfragables car validées par un comité "d’experts". Il en est allé ainsi des durées de port de masques chirurgicaux et FFP2, passées de 4h à 8h, de même pour le port des blouses réutilisables, et autre matériel à usage unique réutilisé. Sans doute une leçon d’humilité pour les experts de la planète santé...

Lire en complément Prise en charge des patients suspects d’infections dues au nouveau coronavirus (HcoV-EMC, ou NCoV)

  • collectif « Stop postillons » On l’on voit le retard dans la prise de décisions, pour ...masquer le manque de masques initial.

Dispersion des particules virales selon diverses modalités d’assistance respiratoire

Il existe actuellement une préoccupation importante et justifiée concernant l’aérosolisation de particules virales lors de la mise en place des diverses méthodes d’assistance respiratoire.

Bien que les études soient limitées, voici quelques-unes des données actuellement disponibles (pour la plupart simulées) sur les distances maximales approximatives de propagation des particules :

Canule nasale à 5 L/min : 3,45 m

Masque simple à 6-12 L/min : 10 cm sans modification majeure avec l’augmentation du débit

Canule nasale à haut débit (OHDN type Optiflow) :

  1. Simulations
     à 30 L/min = 14 cm
     à 60 L/min = 20 cm
  2. Sur sujets bénévoles
    L’utilisation de l’OHDN a réduit la dispersion des aérosols lors d’une « expiration violente » par les narines.
    NB : Il n’y a pas de différence dans la dispersion des aérosols avec une respiration normale en utilisant la HFNC jusqu’à 60 L/min.

 Portée maximale de l’aérosol = 4,40 m sans OHDN (exhalation violente) et 1,90 m avec OHDN (exhalation violente).
 Les aérosols restent en suspension dans l’air pendant 23 secondes au maximum

CPAP (à 20 cmH2O) fourni par un masque oro-nasal bien ajusté (fuite par l’orifice d’échappement) : 30 cm

VNI en VSAI-PEP avec masque oro-nasal (AI 10-18/PEP 4) : dispersion maximale : 50 cm

VNI en VSAI-PEP avec masque facial complet (AI 18 /PEP 5) : 81 cm

CPAP avec Helmet (AI 20 / PEP 10) = 23 cm
(sauf si utilisation d’un casque avec coussin d’air = dispersion négligeable).

 Utilité du masque chirurgical

  • Sans oxygénothérapie : 31% des particules expirées sont projetées > 1 m et 5% des particules expirées fuient.
  • À 6 L/min d’O2 avec le masque : 6,9% des particules expirées fuient.
  • Pour l’OHDN (Débit 40 L/min) + masque : 15,9 % des particules expirées fuient.

 En résumé

  • Les données in vivo des patients réels font défaut mais le risque de propagation d’aérosol avec l’OHDN est potentiellement plus faible qu’avec une canule nasale ordinaire. Cela peut être dû à la probabilité que l’interface soit placée plus profondément, réduisant ainsi l’espace entre le conduit narinaire et la canule nasale.
  • La ventilation non invasive à pression positive avec un masque oro-nasal et une bonne étanchéité a une distance de dispersion relativement courte.
  • Un masque chirurgical placé sur les dispositifs d’assistance respiratoire diminue activement la quantité, sinon la distance, de propagation des particules.
  • L’utilisation d’un équipement de protection individuelle approprié et de chambres à pression négative, si elles sont disponibles, restent essentielle.

Dr Nicolas Peschanski
esanum.fr

Références :

-* 1- Hui DS, Chan MT, Chow B. Aerosol dispersion during various respiratory therapies : a risk assessment model of nosocomial infection to health care workers. Hong Kong Med J 2014 ; 20 : Suppl. 4, 9–13.

Hui DS, Chan MT, Chow B. Aerosol dispersion during various respiratory therapies, a risk assessment model of nosocomial infection to health care workers. Hong Kong Med J 2014
  • 2- Hui DS, Chow BK, Lo T, et al. Exhaled air dispersion during high-flow nasal cannula therapy versus CPAP via different masks. Eur Respir J 2019 ;53(4) : 1802339 - doi : 10.1183/13993003.02339-2018.
  • 3- Roberts S, Kabaliuk N, Spence C, et al. Nasal high-flow therapy and dispersion of nasal aerosols in an experimental setting. J Crit Care 2015 ; 30(4):842.
    Roberts S, Kabaliuk N, Spence C, et al. Nasal high-flow therapy and dispersion of nasal aerosols in an experimental setting.
  • 4- Hui, DS, Hall, SD, Chan, MT et al. Noninvasive positive-pressure ventilation : An experimental model to assess air and particle dispersion. Chest 2006 ; 130 : 730–40.
    Hui, DS, Hall, SD, Chan, MT et al. Noninvasive positive-pressure ventilation. An experimental model to assess air and particle dispersion.
  • 5- Hui DS, Chow BK, Lo T, et al. Exhaled air dispersion during noninvasive ventilation via helmets and a total facemask. Chest 2015 ; 147 : 1336–1343
    Hui DS, Chow BK, Lo T, et al. Exhaled air dispersion during noninvasive ventilation via helmets and a total facemask.
  • 6- Leonard S, Atwood CW, Walsh BK, et al. Preliminary findings of control of dispersion of aerosols and droplets during high velocity nasal insufflation therapy using a simple surgical mask : Implications for high flow nasal cannula. Chest 2020. Epub ahead of print. doi : 10.1016/j.chest.2020.03.043.
    Leonard S, Atwood CW, Walsh BK, et al. Preliminary findings of control of dispersion of aerosols and droplets during high velocity nasal insufflation therapy using a simple surgical mask : Implications for high flow nasal cannula

COVID-19

Soutien psychologique aux soignants

 Numéro vert du gouvernement, ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 :
0800 130 000

Cette plateforme téléphonique (appel gratuit depuis un poste fixe en France) permet d’obtenir des informations sur le Covid-19.

 Numéro vert du service d’entre aide et de soutien psychologique de la Croix Rouge française :
09 70 28 30 00 ou 0800 858 858

Des bénévoles sont disponibles 7 jours sur 7, de 10h à 22h en semaine, de 12h à 18h le week-end
Appels anonymes et confidentiels.

 Médecine du travail

AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2

AVIS relatif à l’éviction des personnels de soins prenant en charge des patients à risque ou contaminés par le SARS-COV2 (10 mars 2020)

Site du Centre national de ressources et de résilience (CN2R) : ressources, fiches et recommandations pour préserver les équipes

En cas de détresse psychique nécessitant un accompagnement urgent, les internes d’Ile-de-France peuvent écrire à cette adresse : soship@gmail.com


Instruction MINSANTE/CORRUSS n 2020_20 sur la conduite à tenir pour l’utilisation de masques FFP2 avec une date de péremption dépassée

Instruction MINSANTE/CORRUSS n°2020_20 sur la conduite à tenir pour l’utilisation de masques FFP2 avec une date de péremption dépassée

 Ne mettez pas de masque en tissu en cas de COVID-19 ou Sras... ! « Étant donné les obligations envers la santé et la sécurité au travail des travailleurs de la santé, il est important de considérer le risque potentiel lié à l’utilisation de masques en tissu. »

A cluster randomised trial of cloth masks compared with medical masks in healthcare workers
Avis SF2H relatif aux conditions de prolongation ou de réutilisation des masques chirurgicaux et des appareils de protection respiratoire de type ffP2 pour les professionnels de santé-14 mars 2020
Testin the efficacy of homemade masks would they protect in an influenza pandemic
Mesures-de-préventions-covid-19 mars 2020 (société française de médecine de catastrophe SFMC)
Handbook of COVID-19 Prevention and Treatment (Compressed)-French
Rational use of personal protective equipment for coronavirus disease 2019 (COVID-19)
Protocole de prise en charge d’un patient covid-19+ ou symptomatiue évocatrice au bloc opératoire-2020 (collectif inter bloc)
COVID-19 et période périopératoire
Masques-prévention-goutelettes-v160420
N95 respirator decontamination and reuse, current state of evidence (Wharton-Rieker)
Article de nos amis de l’AANA américaine.
  • Quel est le meilleur tissu pour les masques ?
    Aerosol Filtration Efficiency of Common Fabrics Used in Respiratory Cloth Masks
    Des scientifiques de l’Université de Chicago et du Laboratoire national d’Argonne (Etats-Unis) ont analysé l’efficacité de plusieurs types de tissus tels que le coton, la flanelle, la mousseline, la soie, ou encore le synthétique.
    Résultat : ce n’est ni le coton, ni la flanelle ou encore la soie qui ont permis de filtrer les gouttelettes émises, mais un tissu dit "hybride", autrement dit la combinaison de plusieurs matériaux. L’assemblage idéal ? Une couche de coton tissé serré, associée à deux couches de mousseline polyester-spandex, qui a permis de filtrer 80 à 99% des particules selon leur taille, et qui se rapproche ainsi des performances d’un masque N95. Lorsque la mousseline a été remplacée par de la soie ou de la flanelle, les résultats étaient similaires, signe que l’assemblage de différents tissus prime sur le choix du tissu lui-même.
    Pour une efficacité optimale, ces masques faits-maison doivent être assemblés correctement. "Nos études révèlent également que les lacunes causées par un ajustement incorrect du masque peuvent entraîner une diminution de plus de 60% de l’efficacité de la filtration", affirment les chercheurs.
  • Et quand le covid-19 fait dire tout et son contraire en peu de temps.
    Greenhalgh T et coll. Face masks for the public during the covid-19 crisis. BMJ 2020

    et son commentaire sur le forum

L’avenir des masques Quatre solutions Tech qui révolutionnent les masques

NDLR : Réponse du laboratoire Dräger à une question posée par notre service.

Le 20 mars 2020

« Voici une information sur les conditions d’utilisation des appareils d’anesthésie Dräger pour la ventilation à long terme publiée par le groupe Dräger.
Nous avons également communiqué ces informations, aux présidents de la SFAR et de la SRLF, ainsi qu’à des experts en relation avec les sociétés savantes et/ou le ministère de la santé.

En réponse aux demandes exponentielles d’établissement nous sollicitant pour avis sur l’utilisation des dispositifs d’anesthésie en cas de force majeur et dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, le Groupe Dräger publie des recommandations d’utilisation – voir pièce jointe.

Nous recommandons, en particuliers pour le mode Aide inspiratoire, d’utiliser des ventilateurs d’anesthésie dotés de caractéristiques techniques performantes de type piston de dernière génération (Primus, et Atlan), turbine (Zeus et Perseus) ou équivalent.

Nous recommandons également que les utilisateurs soient des personnels soignants ayant une expérience en anesthésie et idéalement formés sur les dispositifs.

Dans le cas où le matériel est utilisé par des personnes non familiarisées avec la pratique de l’anesthésie il y a nécessité notamment de :

  • Avoir un insufflateur à proximité immédiate de la machine d’anesthésie,
  • Être familiarisé avec le mode Man/spon
  • Régler les alarmes en fonction du patient (notamment Volume minute et CO2 expiratoire et inspiratoire + FIO2 basse)
  • Réaliser un test système à minima toutes les 72h
  • Vérifier régulièrement l’état général de l’appareil & de ses accessoires et consommables (chaux sodée, pièges à eau…)
  • Débrancher les évaporateurs d’agent halogéné
  • Porter une attention particulière aux valeurs de FIO2
  • Régler un débit de gaz frais correspondant à au moins 150% du volume minute du patient
  • Utilisation d’un très grand ballon de ventilation pour permettre la respiration spontanée sans risques
  • De se conformer aux règles en vigueur concernant l’hygiène et la prévention des infections
  • Connaitre les différences entre les modes de ventilations d’anesthésie & de réanimation

Dräger France SAS
25 rue Georges Besse
Parc de Haute Technologie d’Antony II
92182 Antony cedex
Standard : + 33 (0)1 46 11 56 00
www.draeger.fr»

COVID-19_Tuto_respi_anesthésie_en_réa_03-2020
COVID-19_Utilisation des appareils d’anesthésie Dräger pour la ventilati...
COVID-19-Check-list Utilisation des appareils d’anesthésie Dräger pour la ventilation à long terme
Synthese_COVID-19-Utilisation des appareils d’anesthésie Dräger pour la ventilation à long terme

L’équivalent avec le laboratoire Nihon Kohden

Utilisation sur patients infectés + Procédure de démontage pour désinfection et stérilisation bloc patient Leon plus Nihon Kohden

 Le laboratoire General Electrics

Informations concernant l’utilisation hors destination prévue au sein du manuel utilisateur des appareils d’anesthésie GE Healthcare pour la ventilation au long cours de réanimation
Lettre de Demandes d’informations concernant l’utilisation hors usage initialement prévu dans le manuel utilisateur des appareils d’anesthésie GE Healthcare pour la ventilation en réanimation COVID-19

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Masques, stocks et comportements : Remettons les choses à leur place.

Publié le 20 mars 2020 par Christian Sommade, Délégué Général chez Résilience France (ex HCFDC).

Nous sommes en pleine crise sanitaire et le temps de la polémique n’est pas « maintenant », mais j’ai quand même du mal à accepter de voir mettre au banc des accusés, les entreprises, organisations et personnes physiques qui ont été prévoyantes en ayant des stocks (souvent faibles) de masques de toutes natures. Il est « normal » que les personnes qui se sont préparés puissent utiliser LEURS masques, nombreuses sont les familles qui ont des personnes vulnérables, les culpabiliser n’est pas digne d’un Etat responsable, qui a été irresponsable depuis 2011, dans la préparation des grands risques sanitaires et dans la gestion de ses stocks stratégiques de masques et autres éléments. Je pense que la porte-parole du Gouvernement devrait revoir sa copie, surtout après avoir promu l’idée de la protection offerte par le masque au tout début de l’épidémie. C’est indigne, et toutes les personnes responsables que je connais partagent avec les soignants de proximité leurs faibles stocks, conscients de leur importance aujourd’hui. Il ne faut pas avoir honte de porter un masque dans les lieux publics.

Car, oui, les masque FFP2 et FFP3 protègent des particules et aérosols jusqu’à la taille du micron (0,35 pour les FFP3), ce virus a une taille de quelques petits microns (200/500 nanomètres) et on sait qu’il peut être aérosolisé sur quelques mètres et actif quelques petites heures (1-3) suivant les conditions aérauliques de l’espace dans lequel il se disperse. Le masque est donc utile dans les espaces clos, dans l’incertitude des lieux, et de leurs fréquentations par des porteurs asymptomatiques ou symptomatiques, un mètre de distance n’étant pas scientifiquement une garantie, mais il est vrai qu’on ne peut pas faire beaucoup mieux dans un lieu recevant du public. Donc, arrêtons avec « le masque ne sert à rien si vous n’êtes pas malade », bien sûr il peut éviter de tomber malade, encore faut-il savoir le mettre (masque et barbe : NON), l’enlever, en disposer avec soin, et mettre en œuvre les autres mesures barrières avec discernement. Mais bien sûr, les soignants en ont encore plus besoin que quiconque, mais c’est quand même à l’État de fournir les hôpitaux, et pas aux particuliers qui, eux, peuvent aider la médecine de ville. Les opérateurs de services essentiels ayant eux aussi besoin de masques pour leurs personnels essentiels et éviter que ceux-ci tombent malades.

Revenons à la question centrale très débattue ces jours-ci sur l’historique des commandes de masques pour les stocks stratégiques, car les explications sont assez ahurissantes, l’ayant vécue d’assez près, avec d’autres, que j’ai consulté ces derniers jours, je peux vous en donner une chronologie précise qui permettra de compléter les articles de presse qui ont relaté des éléments parfois vrais, parfois inexacts sur ce point.

En 2003, avec un industriel, les services des hauts fonctionnaires de défense du ministère de Bercy, puis de la Santé réfléchissent à doter la France d’une capacité de production de masques FFP2 et chirurgicaux en cas de pandémie, suite à l’épisode du SRAS. En 2005, les discussions démarrent avec cinq industriels pour arriver à un protocole d’accord qui sera signé en décembre 2005. Auparavant juste avant la signature, une commission d’information de l’Assemblée nationale, présidé par Jean-Marie Le Guen, en octobre 2005, entendra les différents responsables publics et privés.

Ce protocole d’accord signé par Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités, en décembre 2005 et janvier 2006 implique cinq industriels français. L’objectif est de produire de l’ordre de 600 millions de masques FFP2 pour le stock stratégique.

Ce contrat prévoit dans son article 5 : « l’entreprise assure la gestion d’un stock tampon dont le volume sera fixé à 10 % de la production annuelle hors situation de pandémie, et garantit pour les besoins de l’État sa pérennité au moyen d’une rotation dans le cadre du volume des ventes à sa clientèle privée ». Il précise également dans son article 11 : « l’État assurera le renouvellement de son stock de masques arrivés à péremption ». Ce contrat est conclu pour cinq ans, soit jusqu’en fin 2010.

Entre 2006 et 2010, les industriels français produisent des masques pour les stocks stratégiques. L’objectif de doter la France d’environ 600 millions de masques FFP2, sera bien réalisé. Les dernières commandes porteront sur 200 millions de FFP2 en fin 2008 à l’EPRUS (via l’UGAP) pour une fin de fabrication en 2010/2011. Mais en 2010, débutera les premières polémiques politiques sur le soi-disant « gaspillage de l’argent public », suite à la crise H1N1, et la politique très prudente et responsable de Madame Bachelot concernant les stocks de vaccins et de Talmiflu. Arrive également le problème de : « que faire des masques qui arrivent à date de péremption ? ».

Plusieurs industriels ont proposé d’allonger la durée d’utilisation, en testant de manière régulière des échantillons suivant la norme EN 149, qui est la norme de test de ce type de masque. Le Ministère de la Santé a été réticent au motif que la date sur la boîte est ce qu’elle est et que l’on ne peut pas distribuer, en termes d’image et de responsabilité juridique, des masques dont la date de péremption serait dépassée. Ceci est inexact, il y a certes un petit risque sur le vieillissement des élastiques, mais aucune perte d’efficacité de la capacité de filtration du masque, si celui-ci a été bien conservé, cela peut sauvé en cas de crise, même si cela reste une mesure dérogatoire .

Ces masques "périmés" servent d’ailleurs encore aujourd’hui dans cette épidémie et ils donnent satisfaction. Ce sont ces masques que j’utilise pour les personnels (30 %) qui viennent travailler sur le site du HCFRN pour assurer la réalisation des veilles et des tableaux de bord. Les industriels auront également fait d’autre propositions refusées comme celle d’utiliser des FFP2 en lieu et place de masques chirurgicaux pour utiliser les stocks...mais, refus des opérationnels qui ne voulaient pas changer leurs habitudes.

En 2011, c’est la fin de la production et le refus de commandes supplémentaires, le contrat et son article 11 sont caducs. Les industriels qui ont investi plusieurs millions d’euros dans les infrastructures et les machines ne reçoivent plus de commandes publiques (même si certaines machines ont été amorties avec la commande publique). Les chaines de fabrication ralentissent et certaines sont mis sous cloche. La plus grosse usine de France, située à Plaintel, qui aura changé de mains de Bacou-Dalloz à Sperian pour finir chez Honeywell, licenciera, et fermera définitivement ses portes en 2017/18 avec une « destruction des 5 lignes de production ». D’autres sociétés comme Paul Boyé Technologies, et d’autres, garderont heureusement certaines capacités qui sont utilisées à plein aujourd’hui, quand d’autres, de cette époque, fermeront.

A cette époque, un rapport du Haut conseil de la Santé publique a demandé le maintien des stocks de masques FFP2 pour "tous les personnels directement exposés à un risque élevé", considérant le "risque inchangé de pandémie".

Mais un nouvel arbitrage, rendu en 2013, n’a pas été favorable aux masques FFP2 jugés trop coûteux. Les quantités de FFP2, masques de protection efficaces, ont été abandonnés des stocks stratégiques et l’approvisionnement a été laissées à la discrétion des differents services publics comme privés.

L’État qui avait été prévoyant et raisonnable est devenu imprévoyant et déraisonnable, fustigeant politiquement la période de la droite, les gouvernements sous la Présidence de Monsieur Hollande et de Mme Touraine, au ministère de la Santé, abandonnent la politique de prévention et le concept de précaution sanitaire avec l’abandon des stocks stratégiques de masques, mais aussi d’autres matériels indispensables. Argent (15 millions par an environ pour les masques) ou idéologie ? Ou le fait que rien de grave ne peut nous arriver ? Il faudra que certains responsables de l’époque, à tous niveaux, fournissent des explications. C’est l’impréparation psychologique de nos élites aux grandes crises (et pas du ministre actuel qui hérite d’une situation d’impréparation de la part de ses prédécesseurs). Car non, je ne suis pas certain que le « plan » fût d’aller chercher des masques en Chine en cas de pandémie, surtout que les pandémies sont souvent venues de Chine, quand on connaît l’administration française, cela sent vraiment l’excuse de dernière minute…

Mais il faudra aussi, à l’issue de cette crise, revoir la faiblesse des politiques de sécurité sanitaire et de contre-mesures médicales modernes face à d’autres maladies et épidémies, notamment consécutifs des agents du bioterrorisme. Car il ne faut pas que la France se retrouve une nouvelle fois, face à d’autres menaces sanitaires potentiellement dévastatrices, dans la même situation d’impréparation sur le plan des protections individuelles, et des contre-mesures médicales.

Mais que s’est-il passé au début de la crise ? Car en effet, le décret qui impose la réquisition des masques date du 13 mars 2020. Or l’épidémie en Chine est nette dès la mi-janvier, Et sa propagation ne fait guère de doute pour les épidémiologistes. Nous aurions peut-être pu réfléchir à la constitution de stocks « en urgence » dès la mi-janvier. Or, il faudra attendre la troisième semaine de février pour que l’État réunisse les fabricants de masques et leur demande une proposition de fabrication. Mais les conditions juridiques sont assez exorbitantes, c’est-à-dire, une demande de fabrication, mais quasiment sans aucun engagement de l’État à honorer une quantité minimum, sur une commande cadre extrêmement importante, et ce avec des conditions juridiques peu attirantes.

Aucun fabricant ne répondra favorablement, à un moment où ils sont tous assaillis de commandes internationales, et où la Chine, et d’autres pays achètent des masques dans le monde entier à des prix très au-delà du marché national. Il faudra donc attendre le décret de réquisition du 13 mars pour passer de véritables commandes fermes auprès des industriels sur le long terme et bloquer les exportations. Un mois et demi a été perdu, un dialogue constructif aurait pu être engagé plus tôt avec les industriels, surtout avec des couts d’achats de matières premières en augmentation permanente (matière première qui vient principalement d’Allemagne). Ceci aurait permis d’être aujourd’hui moins tendu dans la livraison de ces masques, si important pour nos soignants, et pour les autres fonctions essentielles à la continuité d’activité.

Aujourd’hui, l’industrie produit et monte en puissance. Mais ne doutons pas que la demande mondiale va être encore extrêmement forte dans les mois à venir et que des initiatives d’augmentation des capacités de production France doivent d’ores et déjà être entreprises, pour augmenter nos capacités à l’été et à l’automne, en cas de résurgence du virus.

Tout le monde est très conscient des enjeux. Les pays qui réussissent à diminuer rapidement la pandémie montrent la voie : Confinement, port des protections individuelles, désinfection, tests massifs.. Surtout en fin de pandémie. Notre politique est encore parcellaire, elle nécessite probablement des ajustements qui se verront dans les jours et semaines à venir, mais ne tardons pas, surtout sur la désinfection !.

Je ne dis pas, au travers de cet article, que la crise est mal gérée en France actuellement, car cette situation est un véritable méga-choc et rien ne peut être prévu en totalité face à un évènement de cette magnitude. Le gouvernement, tous les responsables publics et privés, font leur maximum, et les grands axes de la réponse sont bons tant au plan stratégique, qu’opérationnel. Mais attention à la communication, à la cohérence (cf. mes articles précédents), à la « vérité », qui ne peut être changé au grès des circonstances, sous peine de perdre la crédibilité et la confiance dont nous avons tous besoin. Mais reconnaissons que la préparation est la clé de la gestion des grandes crises et que nous en manquons aujourd’hui. Donc, gérons en « conduite », mais ne manipulons ni les faits, ni l’histoire.

Christian Sommade – Délégué Général du HCFRN – 20 mars 2020.

PS Cet article n’engage que moi même et peut ne pas représenter l’avis des membres du HCFRN.

 NDLR : Pour bien saisir les deux bouts de la corde, il importe de lire ce que disait Mr Sommade le 30 janvier 2020 à propos du Covid-19 et des intrications chinoises, européennes et américaines. « Le Haut Comité Français pour la Résilience Nationale (HCFRN) ou Résilience France pour faire plus court, a pour objet d’aider ses membres à mieux appréhender les problématiques et solutions visant à une meilleure sécurité-sûreté et résilience des organisations publiques et privées face aux risques et aux menaces majeurs. » En effet, avec une telle anticipation des choses et une telle vision, on comprend mieux...

« Le risque d’une épidémie majeure de coronavirus en Europe reste faible »

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Publié le 21/03/2020

Masques, tests, traitements : les annonces d’Olivier Véran

Paris, le samedi 21 mars 2020 (19 h) - Le ministre de la santé, Olivier Véran a donné cet après-midi une conférence de presse (devant un seul journaliste relayant les questions de ses confrères !) durant laquelle il a fait des annonces concernant les masques, les tests et la thérapeutique.

  • Masques : la pénurie n’a pas cessé c’est sûr

Le ministre a d’abord fait le point sur le stock d’Etat des masques qui est, aujourd’hui, de 86 millions (81 millions de masques chirurgicaux, 5 millions de FFP2). En outre, le ministre a indiqué qu’une distribution était actuellement en cours auprès des établissements de santé et des professionnels de santé de ville, ainsi au total 70 millions de masques auront été délivrés depuis fin février.

Mais la pénurie ne s’arrêtera pas pour autant. Olivier Véran estime à 24 millions le nombre de masques nécessaires par semaine en France (avec les stratégies actuelles de distribution). Or, les capacités actuelles de production sont de 6 millions de masques par semaine, capacités qui seront portées à 8 millions par semaine début avril (dont une moitié de FFP2).

Pour tenter de répondre aux besoins, l’Etat a commandé 250 millions de masques qui devraient être livrés dans les prochaines semaines.

Il a également rapporté que le Président de la République avait chargé le ministère de la défense et celui de l’économie de trouver des « alternatives » soit « pour démultiplier les chaînes de production, soit pour qualifier des alternatives jetables ou réutilisables ». Ainsi, 40 prototypes seraient actuellement à l’étude.

Il a enfin promis, sur ce point, de nouvelles annonces dans les prochains jours pour augmenter les stocks de masques.

Dans ce contexte, la priorité reste « de protéger les professionnels de santé », il a ainsi affirmé entre « ceux qui veulent être rassurés et ceux qui veulent être protégés j’assume de donner la priorité aux seconds ».

Pour les autres secteurs d’activité en contact avec le public (commerce alimentaire et police en particulier), Olivier Véran a précisé que la question serait évoquée, mardi, avec le Conseil scientifique du Président de la République.

  • 18 masques par semaine et par soignant en ville

Le ministre a détaillé la distribution de masques dans les quinze jours à venir :

 Pour les médecins de ville, les biologistes médicaux, les IDEL : 18 masques par semaine et par professionnel, dont des masques FFP2 (leur proportion n’a pas été précisée) ;
 Pour les pharmaciens d’officine : 18 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel ;
 Pour les kinésithérapeutes : 6 masques par semaine et par professionnel dont des FFP2 (leur proportion n’a pas été précisée) ;
 Pour les sages-femmes : 6 masques chirurgicaux par semaine, à utiliser pour le suivi des femmes enceintes testées positives pour le SARS-CoV-2 ;
 Les chirurgiens-dentistes ont, selon les informations du ministre, eux-mêmes constitué et distribué un stock de masques ;
 Pour les prestataires de services et les distributeurs de matériels médicaux : un lot de 50 masques par semaine par entreprise ;
 Pour les auxiliaires de vie et les personnels du soin à domicile : 9 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel ;
 Pour les EHPAD et les structures médicosociales : 5 masques chirurgicaux par lit et par semaine ;
 Dans les établissements de santé : dans les services prenant en charge des cas possibles, 3 masques (dont des FFP2 en proportion inconnue) par personnel et par jour ;
 Pour les services d’hospitalisation à domicile : 2 boîtes de 50 masques par semaine et par structure ;
 Pour les transporteurs sanitaires et les centres de secours : une boîte de 50 masques chirurgicaux par semaine.

Pour les EHPAD, le ministre annonce qu’ils disposeront en outre de 500 000 masques chirurgicaux par jour (on compte environ 7 000 EHPAD en France).

En revanche, le mode de distribution de ces masques n’a pas été précisé.

  • Test : changement de doctrine

Concernant les tests par PCR, le ministre a expliqué « dans le même esprit qui a présidé à la distribution des masques, nous faisons le choix d’un usage rationnel, raisonnable, raisonné des tests ».

Pour le ministre, comme pour la grippe, il n’est pas nécessaire de réaliser systématiquement des tests.

Les publics prioritairement dépistés sont donc : les professionnels de santé symptomatiques, les personnes âgées symptomatiques, les patients présentant une difficulté respiratoire, les sujets présentant des comorbidités, les femmes enceintes, les donneurs d’organes, les donneurs de tissus.

Aujourd’hui 60 000 tests ont été réalisé (4000 par jour actuellement).

Mais désormais, la nouvelle doctrine de l’OMS est de « tester, tester, tester », et, en prévision du moment où le confinement sera levé, le ministre a annoncé que la capacité journalière de test va continuer de s’accroître et « se multiplier » (par quel coefficient ?).

Sans rentrer dans les détails, il a aussi évoqué la mise au point rapide d’un nouveau test, plus simple à utiliser.

  • Thérapeutique : le fantôme de la chloroquine

Concernant les thérapeutiques, il a promis que si un traitement faisait preuve de son efficacité, il serait disponible « sans délai », tout en respectant les exigences « scientifiques et sanitaires ».

Mais ce n’est qu’a la question d’une journaliste qu’il a évoqué la l’hydroxychloroquine, dans tous les esprits ces derniers jours.

Sur ce point, il a annoncé être en contact très régulier avec le Pr Raoult de Marseille et lui avoir toujours permis de mener ces travaux avec des autorisations délivrées « dans un délai record ». Fort de résultats encourageants, le protocole du Pr Raoult sera reproduit à plus grande échelle, dans d’autres centres hospitaliers. Des études dont les conclusions seront connues dans une quinzaine de jours et pourraient donner lieu à de nouvelles recommandations thérapeutiques.

Le bilan quotidien de l’épidémie en France n’a été connu qu’après cette conférence de presse. Il fait état de 14 459 cas testés par PCR, 1 525 patients en réanimation, 562 morts (+ 112 en 24 h versus + 78 hier). Quant au nombre de sujets contaminés, si le ministre estime qu’il y aurait entre 30 et 90 000 personnes contaminées depuis le début de l’épidémie, ce chiffre serait très inférieur à la réalité si l’on se base sur les données de Sentinelles de la semaine dernière et d’autres extrapolations.

FH Source jim.fr

Si on pouvait avoir des masques ainsi...

« Qui devait commander ces foutus masques ? » Une histoire française

Publié le 15/04/2020

« Etions-nous préparés à cette crise ? A l’évidence, pas assez ». Dans son allocution solennelle du 13 avril 2020, le Président de la République a tenu à reconnaître les insuffisances de l’État et de l’administration dans la gestion de la crise sanitaire, mais aussi leur manque d’anticipation face aux périls.

La pénurie de masques à destination des personnels soignants (hospitaliers ou libéraux), mais aussi du grand public, symboliserait à elle seule le désarmement face au Covid-19.

Et pourtant. Il y a dix ans seulement, la France pouvait compter sur un stock impressionnant de masques. En 2009, notre pays disposait de 723 millions de masques FFP2 et de plus d’1 milliard de masques chirurgicaux.

Une décennie plus tard, le stock de masques FFP2 avait tout simplement disparu.

Les enquêtes menées par divers médias (The Conversation, l’Opinion s’agissant de la période allant de 2001 à 2020, Mediapart pour les dernières semaines…) permettent de dessiner une chronologie de ce fiasco qui n’est pas simplement une faillite de l’administration, mais bien une faillite collective.
2005 - 2009 : un Etat qui s’arme face au risque épidémique
Dans le sillage de l’épidémie de SRAS en Chine (2003) et face à la menace que représente la grippe aviaire, la France se prépare à affronter une pandémie sur le territoire national.

En 2005, un « rapport sur le risque épidémique » est co-signé par le député Jean Pierre Door et la sénatrice Marie-Christine Blandin.

A l’époque, le masque est perçu (il est vrai s’agissant d’un virus différent) comme un moyen pour freiner la propagation d’une épidémie. Les parlementaires recommandent que « les personnes en contact avec le public puissent disposer de masques adaptés à la pandémie ».

Comme le souligne Arnaud Mercier, journaliste pour The Conversation, les deux parlementaires avaient alors conscience du coût important que représentait l’acquisition de millions de masques : « La mise à disposition de masques en nombre suffisant aurait certainement un coût très élevé mais, en même temps, aiderait à limiter la paralysie du pays. Vu sous cet angle, il convient de relativiser le coût ».

En conséquence, la France s’équipe massivement en masques FFP2 et chirurgicaux.
2009 : la pandémie qui n’a pas eu lieu
En amont de la crise de la grippe H1N1, la France dispose donc de stocks conséquents.

Un arrêté du 3 décembre 2009, pris sur le fondement de l’article L. 3131-1 du Code de la Santé Publique, prévoit même la possibilité de distribuer une boite de masques à chaque patient infecté par la grippe H1N1 et resté confiné chez lui, afin de limiter le risque de propagation de la maladie au sein de son foyer !

Mais voilà, le 13 janvier 2010, la France annonce officiellement la fin de l’épidémie de grippe H1N1 avec un bilan de 323 morts sur le territoire national.Cette crise va modifier de manière durable la manière dont l’Etat appréhende le risque sanitaire.

D’après un rapport parlementaire, 150 millions d’euros avaient été engagés pour l’achat de masques et les décisions prises par la ministre de la santé de l’époque, Roselyne Bachelot, font l’objet de vives critiques. Ainsi, Marine le Pen avait appelé la Ministre « à tirer les conséquences » de « son manque d’anticipation » : « Gouverner, c’est prévoir. Quand on n’est pas capable de prévoir et qu’on dépense l’argent des contribuables sans raison, car là en l’occurrence, on parle de près de 2 milliards d’euros. Il faut que les Français sachent qu’au-delà du milliard dépensé pour les vaccins, il y a aussi tout le reste : les stocks de Tamiflu qui se périment vite et les masques ».

L’opinion publique également juge très sévèrement l’action de la ministre. Dans son magazine Pièces à conviction, Elise Lucet fait de la gestion des masques un symbole de la « mauvaise gestion de l’Etat ». Les questions adressées à Roselyne Bachelot par la journaliste, dans l’émission Pièces à conviction, diffusée en 2011, appellent la ministre à faire son autocritique : « ceux qui nous gouvernent ont-ils manqué de discernement ? Le matin, quand vous vous regardez dans la glace vous ne vous dites pas à un certain moment, je me suis un peu trompée dans les prises de décision ? ».

La Cour des Comptes a également pu critiquer certains aspects de la gestion de l’épidémie, et notamment l’organisation jugée coûteuse de la campagne de vaccination de la population.

En revanche, point à souligner, la Cour des Comptes avait salué « la pertinence » de la constitution de stocks de masques et d’antiviraux dans son rapport publié le 21 mars 2011 !

On constate même à l’époque que certaines erreurs de logistiques avaient été relevées dans les rapports parlementaires sur la gestion des masques : « les calendriers de livraison font apparaître des réceptions de commandes tardives, ce qui pose la question de l’opportunité de tels achats qui, de toute évidence, allaient arriver trop tard pour la pandémie ».

2011 - Une responsabilité partagée avec les établissements de santé
Le 13 novembre 2010, Roselyne Bachelot est remplacée à son poste de ministre de la Santé par Xavier Bertrand et un changement de doctrine va être acté par l’administration française.

Ainsi, en 2011, une instruction ministérielle bouleverse la gestion des stocks. Une distinction alors est opérée entre deux types de stocks de produits de santé. L’État a pour mission de consolider un stock stratégique de médicaments et de masques qui sera géré par l’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS). Mais pour éviter les problèmes de logistique en cas d’épidémie, chaque établissement de santé où se trouvent des SAMU et des SMUR est invité à établir un stock tactique de masques, pour permettre une prise en charge rapide des épidémies.

La date de 2011 est donc très importante. A partir d’elle, la responsabilité dans la constitution des stocks était donc partagée entre l’État et les établissements hospitaliers.

Dans cette instruction ministérielle, il est ainsi précisé que l’acquisition des stocks tactiques doit être prise en charge par les établissements de santé : ce qui pose la question suivante, comment chaque établissement de santé a organisé la gestion de son propre stock entre 2011 et 2020 ?

En 2011, la France disposait encore de plus de 600 millions de masques FFP2.

Conséquence de cette distinction entre stock stratégique et tactique, une note du 27 juillet 2011 fait part de la décision « de ne pas renouveler un stock » jugé suffisant, et ceci « dans l’attente du projet de loi de finance pour l’année 2013 ».
2013 - De l’Etat stratège à l’Etat comptable
En 2012, une nouvelle majorité, socialiste, arrive au pouvoir. Et surprise ! En 2013, dans le cadre d’un changement de doctrine sanitaire, il est jugé que le rapport coût / efficacité du masque FFP2 n’est finalement plus si favorable que cela.

Pour l’administration : « le recours systématique aux masques de protection respiratoire de type FFP2 a montré ses limites en termes d’efficacité car la gêne voire la difficulté respiratoire liées à leur port, conduisent à un faible taux d’utilisation ».

Il a donc été estimé par les autorités qu’il n’était plus nécessaire d’assurer le renouvellement du stock de masques FFP2. Tout au plus, il était demandé aux établissements de décider si ils estimaient nécessaire ou non de constituer leurs propres stocks de masques FFP2. Or, la durée de vie d’un masque FFP2 étant limitée (5 ans), le stock a logiquement fondu au point de devenir inexistant.

En parallèle, la production française de masques chirurgicaux n’a fait que diminuer.

Symbole de cette nouvelle gestion, l’EPRUS fait l’objet d’une dissolution en 2016 (et ceci malgré la vague d’attentats qui a frappé la France en 2015-2016). Ses attributions sont alors fusionnées avec celles d’autres organismes au sein de l’Agence nationale de santé publique.
2020 - Trop tard pour agir
Au moment où l’épidémie de Covid-19 débute en France, où en est le fameux « stock stratégique » mis en place en 2011 ?

Le 3 mars dernier, le Ministre de la Santé Olivier Véran fait état d’une réserve de 145 millions de masques chirurgicaux.

Le piège qui se referme (et dont le ministre actuel, arrivé au pouvoir mi-février n’est [pour le coup] pas responsable) est particulièrement diabolique. D’une part, le marché mondial fait face à une très forte demande (les stocks de masques ont également fondu aux Etats-Unis !). D’autre part, la Chine, premier pays producteur de masques et premier pays frappé par l’épidémie, n’est pas en mesure de répondre à une demande soutenue. Comme le révèle Mediapart, lors des premières semaines de mars, la cellule interministérielle dédiée à l’achat des précieuses protections masques n’a pu qu’obtenir de l’Asie que 40 millions de masques.

En urgence, le gouvernement actuel est donc dans l’obligation de décréter la réquisition des masques détenus hors de l’État.

Aussi, de nombreuses entreprises ayant constitué leur propre stock (conformément à la « doctrine » des années 2010 ont dû rétrocéder aux hôpitaux défaillants leurs masques chirurgicaux et FFP2.

Les difficultés criantes d’approvisionnement dès le début de l’épidémie dans notre pays ont renforcé le sentiment de défiance des Français vis-à-vis des autorités (ces mêmes Français qui vilipendaient la politique de prévention de Roselyne Bachelot en 2009, devenue une icône des plateaux télévisés à l’occasion de la pandémie de Covid-19 !).

Il est vrai que « pour ajouter de la confusion à la confusion », la doctrine française sur l’utilité très relative du port du masque, répétée à l’envi par les représentants de l’état jusqu’à une date très récente (alignée sur celle de l’OMS et sur l’avis de nombreuses sociétés savantes), a donné l’impression que le gouvernement cherchait à « masquer une pénurie ».

Passé, présent, avenir ?
Voilà donc comment en quinze ans, les soignants se sont parfois retrouvés désarmés face à une crise sanitaire d’ampleur.

Il existe plusieurs manières de percevoir ce fiasco.

Tout d’abord, on serait tenté de dénoncer la logique budgétaire de l’État. A partir de 2009, les gouvernements successifs ont privilégié les politiques permettant de limiter les dépenses publiques.

Mais ce scandale est-il simplement un scandale d’État ? La gestion des stocks tactiques au cours de cette période devra faire l’objet d’un examen minutieux dans les mois à venir. Le transfert de compétence n’exonérant pas les établissements de santé de leur responsabilité.

Enfin, la dernière interrogation concerne sans doute notre responsabilité collective. En fustigeant la gestion de la crise de la grippe H1N1 par le ministère de Roselyne Bachelot, l’opinion publique n’a-t-elle pas « tétanisé » les gouvernements qui se sont succédé ? En effet, ce sont bien les critiques incessantes (et courtermistes) de l’opinion qui ont poussé à adjoindre au « principe de précaution sanitaire » un « principe de précaution financier ».

Charles Haroche

Source Jim.fr

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Coronavirus : le ministère de la Santé avait été alerté de la pénurie de masques dès 2018

Par Laurent Fargues le 23 avril 2020

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, avait reçu dès 2018 une note l’informant que le stock d’Etat de masques était en grande partie périmé et insuffisant. En mai 2019, l’agence Santé publique France publiait un avis de médecins experts réclamant la constitution d’un stock d’un milliard de masques.

C’est le sujet que le gouvernement risque de traîner comme un boulet au lendemain de la crise sanitaire. Celui sur lequel les députés de l’opposition vont en tout cas demander des comptes au moment de tirer le bilan de la stratégie française face au coronavirus lors de la commission d’enquête. Comment expliquer que la France, qui consacre 11% de sa richesse nationale aux dépenses de santé, ne dispose pas d’un stock de masques suffisant en cas de pandémie ? Pourquoi ne pas avoir conservé le stock d’un milliard de masques constitué par la ministre Roselyne Bachelot en 2009 ?

Depuis quelques semaines, le gouvernement et la majorité laissent entendre que la faute revient d’abord à des décisions prises sous Nicolas Sarkozy et François Hollande. "Sur les stocks, je ne ferai pas le procès de mes prédécesseurs, a ainsi déclaré Emmanuel Macron au Point, même si parfois ce serait plus facile." Mi-mars devant les députés, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a de son côté assuré que le stock d’Etat comptait un milliard de masques jusqu’en 2013 mais qu’il n’en restait plus que 150 millions en 2020. "Il a été décidé, en 2011 puis en 2013, que ce stock n’était plus indispensable, a souligné le ministre, tant les capacités de production mondiale de masques étaient élevées, notamment en Asie." Manque de chance, l’épidémie ayant frappé la Chine de plein fouet, les importations se sont révélées plus compliquées que prévu…

Opacité sur l’évolution du stock de masques depuis 2017

Pourtant, concernant l’évolution précise du stock de masques depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, le mystère demeure. Quelques jours après l’intervention d’Olivier Véran dans l’Hémicycle, l’ex-ministre de la Santé, Marisol Touraine, a en effet riposté à la mise en cause de son successeur. Elle a affirmé que le stock d’Etat de masques s’élevait encore à 750 millions de masques en 2017, lorsqu’elle a quitté le ministère, soit cinq fois plus que le chiffre avancé par son successeur début 2020. "Je ne sais pas ce qui s’est passé depuis, confie-t-elle, mais je constate que personne au gouvernement n’a depuis contesté mes chiffres, c’est donc que le ministre a les mêmes que moi." Où sont passés les 600 millions de masques qui ont cruellement manqué à la France début 2020 ? Interrogé, le ministère de la Santé reste muet sur le sujet.
En fait, selon nos informations, en 2018, le ministère de la Santé a réclamé à l’agence Santé publique France un état des lieux du stock d’Etat de masques. L’agence constate alors qu’une large majorité des masques sont périmés et décide de recourir à une entreprise externe pour les tester et établir s’ils sont encore utilisables. Résultat, selon le diagnostic de la société, sur les 750 millions de masques en réserve, seule une centaine de millions sont jugés efficaces. L’agence Santé publique France fait remonter l’information en 2018 au ministère via une note adressée au directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. "Mais cela n’avait pas conduit à reconstituer l’intégralité du stock, sans doute pour des raisons budgétaires", déplore un connaisseur du dossier.

Une recommandation de médecins d’un milliard de masques non suivie
Le 23 avril devant les députés, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a en partie confirmé ce scénario. Répondant à une question du député UDI Jean-Christophe Lagarde, il a affirmé avoir "fait analyser" les stocks en 2018 et avoir passé "une commande de 100 millions de masques" cette même année. Il a ensuite évoqué un stock de 350 millions de masques "non conformes datant des années 2000" et un stock périmé de 2019 "pour des raisons d’élastique" et donc "utilisables" de 72 millions de masques.

Reste que le stock demeurait sous-dimensionné. En 2016, le ministère de la Santé avait en effet missionné l’agence Santé publique France pour réfléchir au niveau pertinent des stocks stratégiques face à une pandémie. L’agence avait formé un groupe de médecins, pharmaciens et experts pour éclairer le choix du gouvernement. L’avis de ces experts, publié en mai 2019, est limpide. "Les recommandations d’utilisation des masques n’ont pas à être modifiées, relevait-il. En cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30% de la population française." Une recommandation pour un stock d’un milliard de masques, donc, qui est restée lettre morte.

Contacté le 17 avril, le ministère de la Santé n’avait pas répondu aux questions de Challenges le 23 avril.

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2017-2020 : comment la France a continué à détruire son stock de masques après le début de l’épidémie

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Publié le 07 mai 2020 à 11h42 - Mis à jour le 08 mai 2020 à 16h31

Source le monde.fr

Retour sur les choix faits depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, et nos informations sur la gestion chaotique des stocks.

Aux racines de la crise sanitaire française 5|5. La colère le dispute à la stupéfaction, en cette dernière semaine du mois de mars. En pleine crise du Covid-19, alors que la France est confinée, les conseillers du premier ministre, Edouard Philippe, découvrent, consternés, que depuis plusieurs semaines, des millions de masques issus des réserves étatiques, dont une part non négligeable était sans doute utilisable, sont consciencieusement brûlés… Ces fameux masques dont la population a tant besoin, et dont les stocks ont fondu dans des proportions phénoménales au fil des ans depuis 2009. Matignon fait aussitôt stopper le processus de destruction, mais l’épisode offre un saisissant raccourci de ce « désarmement sanitaire » dont le pays paie lourdement le prix aujourd’hui, et dans lequel le pouvoir actuel, notre enquête l’atteste, porte une lourde part de responsabilité.

Agnès Buzyn, qui avait quitté ses fonctions de ministre de la santé, le 16 février, pour se présenter à l’élection municipale à Paris, concentre les critiques, y compris dans son propre camp. Ses déclarations au Monde le 17 mars – elle affirme ce jour-là avoir alerté l’exécutif, dès janvier 2020, du « tsunami » épidémique à venir – n’ont pas arrangé son cas. Ainsi, certains ne se privent pas de souligner qu’à peine nommée au ministère, en mai 2017, elle avait fait l’erreur, selon eux, de propulser au poste-clé de conseiller technique chargé de la sécurité sanitaire un inconnu inexpérimenté : Jacques-Olivier Dauberton, un jeune généraliste officiant à Saint-Rémy-en-Bouzemont (Marne), un village de 518 habitants. Pour lui qui n’avait aucune formation en matière de sécurité sanitaire, il s’agissait là d’une promotion inespérée. Et pour le ministère, d’une façon de flatter les médecins libéraux. « J’ai saisi l’occasion », confiait le docteur Dauberton à Egora, une revue médicale, au printemps 2018. Celui-ci a fini par quitter le cabinet d’Agnès Buzyn en octobre 2018, un an et demi après son arrivée. Dix-huit mois durant lesquels le pays a définitivement baissé la garde sur le plan sanitaire. Sollicité par Le Monde, il affirme aujourd’hui vouloir réserver ses explications aux « différentes commissions » d’enquête à venir.

Agnès Buzyn n’est pas la seule personnalité de la « macronie » à laquelle il sera demandé de rendre des comptes, une fois la crise passée. Jérôme Salomon, par exemple, l’homme chargé, chaque soir, de donner au pays des nouvelles du « front » épidémique. Conseiller – de 2013 à 2015 – à la sécurité sanitaire de la ministre socialiste Marisol Touraine, en poste Avenue de Ségur entre 2012 et 2017, il a pris du galon au début du présent quinquennat. Le professeur Salomon a été nommé à la tête de la très stratégique Direction générale de la santé (DGS) le 8 janvier 2018, en lieu et place de Benoît Vallet.

L’ambitieux Salomon

L’ambitieux Salomon s’était rapproché dès le début de l’année 2016 d’Emmanuel Macron, dont il avait détecté très tôt l’immense potentiel. Rapidement, il lui a fait part de ses préoccupations. Le 5 septembre 2016, alors que M. Macron vient de quitter le gouvernement Valls, M. Salomon se fend même d’une note alarmiste. Exhumée des « MacronLeaks » (une fuite de documents internes à l’équipe de campagne), cette note comporte en exergue cet aphorisme de Richelieu : « On ne doit pas tout craindre, mais on doit tout préparer. » L’ex-conseiller de Marisol Touraine avertit que « la possibilité de survenue d’un événement naturel d’ampleur, avec un impact sur un grand nombre de personnes, des dommages matériels importants, un impact financier et d’image, et des capacités de réaction dépassées (…) doit être sérieusement envisagée et anticipée. La France n’est pas prête. Notre pays doit adapter ses organisations aux spécificités des crises majeures à venir ».

A cette date – et c’était encore le cas, neuf mois plus tard, au départ de Marisol Touraine du ministère –, les réserves étatiques abritent très précisément 714 millions de masques chirurgicaux. Parmi ceux-ci, 616 millions datant pour l’essentiel de 2005 et 2006, mais sans date de péremption, les 98 millions restants ayant été acquis entre 2014 et 2016. Or, en mars 2020, il n’en restera plus que 117 millions. En moins de trois ans, les stocks ont été divisés par six ! Que s’est-il passé ?

Cette question, ils sont nombreux à se la poser aujourd’hui – au point que des investigations internes ont été récemment demandées à la DGS. Parmi ceux qui s’interrogent, l’ex-premier ministre Manuel Valls : « Il y a un truc que vraiment je ne comprends pas, c’est pourquoi Salomon, qui était LE conseiller de Marisol Touraine sur ces questions et qui, semble-t-il, a alerté le candidat Macron en 2016, pourquoi quand il devient directeur général de la santé n’en tire-t-il pas les conséquences… Est-ce qu’il se préoccupe, ou pas, de savoir où on en est ? ».

« J’imagine que Mme Buzyn ne parle plus… »

Le Monde a bien tenté de joindre Jérôme Salomon, comme la DGS et le ministre lui-même, Olivier Véran, mais s’est vu opposer, soit des fins de non-recevoir, soit un silence obstiné. « Moi, je sais ce que je laisse à mon départ, martèle, de son côté, Marisol Touraine, à propos du passage de témoin du printemps 2017. Je suis absolument certaine que l’appareil d’Etat a tous les chiffres. » L’ex-ministre PS de la santé ajoute, et c’est tout sauf neutre : « Le point de contact à mon cabinet était Jérôme Salomon. »« Il s’est passé quelque chose, insiste-t-elle encore. Quand et pourquoi 600 millions de masques ont-ils disparu ? Il y a des gens qui peuvent vous répondre, j’imagine que Mme Buzyn ne parle plus… » Exact. Agnès Buzyn nous a répondu, par SMS : « Je m’exprimerai à distance de la crise quand je pourrai y voir plus clair et accéder à des documents. Je pense cependant que la DGS dispose de tout. »

Oui, mais la DGS, on l’a compris, est aux abonnés absents. A l’échelon du dessous, à savoir Santé publique France (SPF), la directrice, Geneviève Chêne, a consenti, par téléphone, à en dire (un peu) plus. Prudemment, nous mettant en attente pour consulter ses conseillers après chaque question embarrassante. « Je suis arrivée le 4 novembre 2019 », se dédouane-t-elle d’emblée. Lorsqu’on aborde le sujet ô combien sensible des quelque 600 millions de masques évanouis, elle finit par concéder : « Une partie a été détruite, entre 2017 et 2019. » Avant d’ajouter : « Le ministère et la DGS disposent de tous les éléments précis. »Décidément…

616 millions de masques chirurgicaux mis au pilon

Son prédécesseur, François Bourdillon, est plus prolixe. Nommé en juin 2016 à la tête de SPF, il se rappelle avoir reçu, en avril 2017, un courrier du patron de la DGS de l’époque, Benoît Vallet. Celui-ci lui demandait de « lancer un programme de contrôle de la qualité et de l’efficacité des 616 millions de masques acquis en 2005-2006 ». SelonLibération du 27 avril, une entreprise belge, chargée de faire passer une batterie de tests à un échantillon de quelques milliers de modèles, aurait conclu à leur non-conformité. « Au second semestre 2018, raconte au Monde M. Bourdillon, j’écris à la DGS que la grande majorité, voire la totalité des masques sont périmés et non fonctionnels. Il devait en rester, d’opérationnels, une centaine de millions. A la limite de la péremption, je ne suis même pas sûr que ça devait dépasser 2019. » La quasi-totalité des 616 millions de masques chirurgicaux datant de 2005-2006 ont ainsi été mis au pilon. Voilà donc pourquoi, depuis fin mars, Véran évoque un stock de 117 malheureux millions : les 98 millions achetés entre 2014 et 2016, plus 19 millions ayant échappé à la destruction…

Selon l’ex-patron de SPF, la pénurie serait surtout la conséquence de la doctrine élaborée en 2011 et entérinée en 2013 confiant à l’Etat la gestion des masques chirurgicaux, destinés au citoyen lambda, et aux employeurs celle des FFP2, plus filtrants, réservés aux professionnels de santé. « Le fait que les masques chirurgicaux soient destinés à la population, et que le ministère de la santé n’était pas convaincu de leur utilité pour le grand public – on l’a vu en 2020 –, je pense que ça a dû jouer dans la prise de décision de ne pas reconstituer les stocks », se désole François Bourdillon. Autrement dit, entre la doctrine décrétée en haut lieu médical et l’absence de certitudes, côté exécutif, sur leur réelle efficacité, les masques ne sont plus, désormais, un enjeu de santé publique.

Nouvelle doctrine aux effets pernicieux, lenteur administrative, absence de décision politique… un cocktail délétère. M. Bourdillon regrette des « erreurs stratégiques ». Il se souvient ainsi avoir milité, en vain, pour les masques. Il dispose alors de 150 millions d’euros de budget annuel pour faire tourner une agence de 600 personnes ; impossible, dans ces conditions, d’engager sur sa simple initiative de telles dépenses : « C’est le politique qui décide, moi je n’ai pas les réserves pour acheter des stocks de masques. » Dommage, c’est exactement ce dont aurait eu besoin le pays, début 2020.

Un ballet aérien d’Antonov vers la Chine

Résultat : dans l’urgence, des cargaisons de masques ont été commandées ces dernières semaines, « 2,25 milliards » d’après Geneviève Chêne, la directrice de SPF. Un ballet aérien d’Antonov vers la Chine a dû être mis en place à grands frais. Dire qu’entre-temps, en 2018, faute de commandes, la dernière usine française de production de masques, basée à Plaintel (Côtes-d’Armor), a fermé ses portes… Amer, son patron, Roland Fangeat, dénonce « un gâchis sanitaire et industriel. Ça a été une catastrophe pour Plaintel. L’entreprise a agonisé, alors qu’on comptait encore 200 employés en 2017 ». Preuve de son impéritie, l’Etat presse désormais Fangeat de remettre ses ateliers en route ! « A l’époque, c’était 35 centimes le masque, et là, en Chine, ça coûte combien ? Je serais curieux de savoir à quel prix ils les ont payés, on verra les économies qu’on aurait pu faire », cingle l’entrepreneur. Combien ? Au moins trois fois plus cher, a priori…

Benoît Vallet, DGS d’octobre 2013 à janvier 2018, aimerait lui aussi avoir des réponses, même s’il a sa petite idée. « C’est moi qui avais lancé en 2017 l’expertise sur les masques, pour savoir si on pouvait compter dessus », rappelle-t-il, en écho à François Bourdillon (ex-responsable de la SPF). Mais il apporte une nuance fondamentale aux propos de son ancien subordonné. Selon M. Vallet, une part substantielle des 616 millions de masques datant de 2005-2006 aurait sans doute pu être mise en circulation. D’ailleurs, observe-t-il, ils ne portaient pas de date de péremption, contrairement aux 98 millions acquis ces dernières années – « à partir de 2010, les fabricants ont pris la précaution d’indiquer une date de péremption, souvent de cinq ans, mais il n’y a pas d’obligation réglementaire », explique-t-il. Mais Benoît Vallet insiste : « Ces masques peuvent être utilisés même quand ils sont anciens, ils conservent leurs propriétés. Je n’ai jamais vu le résultat de l’expertise rentrée en 2018 puisque j’avais quitté la DGS, mais je sais qu’elle ne pouvait pas vraiment donner d’avis. »

Masques parfaitement utilisables

Preuve selon lui que, pour une bonne partie, ces 616 millions de masques auraient été parfaitement utilisables, Benoît Vallet révèle que « ces derniers mois, certains masques pas encore détruits ont à nouveau été expertisés, afin de vérifier leur qualité de filtration et s’assurer qu’ils n’avaient pas été contaminés ». M. Vallet affirme ainsi que la Direction générale de l’armement (DGA) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont été saisies dans l’urgence par le ministère de la santé afin d’évaluer la fiabilité des millions de masques épargnés par l’incinération.

« Les informations que j’ai eues, c’est que les tests sont revenus de façon favorable, ce qui va d’ailleurs permettre de les utiliser dans les prochaines semaines », confie M. Vallet, membre, depuis le 9 avril, de la Coordination pour la stratégie nationale du déconfinement. Son constat est limpide : « Ça remet en question l’idée que le stock de 616 millions était aussi dégradé que ça a pu être suggéré. D’ailleurs, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire de manière formelle que ce stock était inutilisable. » Une source proche de l’exécutif assure toutefois, au Monde,qu’au moins une partie du stock initial était inopérante car rongée par l’humidité.

L’exécutif aurait triplement fauté : en détruisant des masques encore bons à l’emploi et, dans tous les cas, en omettant de renouveler mais aussi d’augmenter les stocks
Arc-bouté sur sa marotte – l’Etat doit avoir un milliard de masques en réserve –, Benoît Vallet en vient à l’essentiel : « De toute façon, si ces masques devaient vraiment être remplacés, alors, si la doctrine reste celle du milliard, on devait, à titre de précaution, reconstituer les stocks stratégiques. » En clair, l’exécutif aurait triplement fauté : en détruisant des masques encore bons à l’emploi et, dans tous les cas, en omettant de renouveler mais aussi d’augmenter les stocks.

M. Vallet se souvient avoir demandé au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en novembre 2016, un avis sur les mesures à prendre en cas de pandémie grippale. Le HCSP rend son rapport en… mai 2019. A relire ce document, on mesure le temps perdu : « La constitution d’un stock devrait être considérée comme le paiement d’une assurance que l’on souhaite, malgré la dépense, ne jamais avoir besoin d’utiliser, elle ne saurait être assimilée à une dépense indue. » Conclusion : « En cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30 % de la population. »Vingt millions multipliés par 50 égalent le fameux milliard cher à Benoît Vallet.

« Bon de destruction »

La réaction des autorités sanitaires à ces préconisations ? Un « bon de destruction » de 60 millions de masques, en décembre 2019 ! D’autres destructions avaient eu lieu avant cette date. Et d’autres après, on le sait aujourd’hui. Pour compenser cette liquidation massive des stocks publics, on recense en contrepartie une simple commande de 100 millions de masques, passée courant 2019, dont les deux tiers devaient être livrés en… 2020. Dérisoire.

C’est un fait : le sommet de l’Etat a découvert bien trop tard l’étendue des dégâts, sans doute peu et mal informé, que ce soit par SPF, la DGS ou le ministère de la santé. Dommage collatéral de cette débâcle sanitaire : une défiance généralisée.
Car depuis de longues semaines, l’exécutif encaisse une litanie de plaintes de corporations indignées par la pénurie. Les policiers, par exemple. Encore ces derniers ignorent-ils cette note confidentielle du 10 février 2005 signée Martine Monteil, alors directrice centrale de la police judiciaire, et destinée à sa hiérarchie. Ce document, retrouvé par Le Monde, indique : « Il conviendrait de faire bénéficier l’ensemble des personnels de police d’une protection suffisante et efficace, en assurant notamment la distribution du matériel spécifique de protection : masques FFP2, gants, lunettes, combinaisons… Un stock serait à prévoir. » A prévoir, et donc, à renouveler !

« Dénuement total »

Lorsque la crise du Covid-19 a éclaté, policiers et gendarmes se sont trouvés totalement démunis, d’autant que l’Etat a réquisitionné leurs – minces – stocks au profit des soignants. « On avait une réserve qui était, pour la police et la gendarmerie, entre 1,2 et 1,3 million de masques, relève Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat SGP Police-FO. C’est complètement insuffisant. Le stock aurait dû être entre 10 et 15 millions de masques, on était très loin du compte ! En plus, ils étaient pour la plupart périmés. C’est clair, on n’avait aucun stock, aucune visibilité en la matière, rien du tout… » David Le Bars, du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), évoque lui aussi un « dénuement total ». « Je n’étais pas au courant de cette note de 2005, mais j’avais entendu parler du fait qu’il y avait eu des alertes, dit-il. Des masques, il y en avait un petit peu dans certains commissariats, quelques-uns avaient des stocks, périmés depuis une quinzaine d’années. Pareil pour les lunettes, les visières, le gel hydroalcoolique… On n’était absolument pas équipés. »

Déjà, la Cour de justice de la République, chargée d’instruire les plaintes visant les actes des ministres, est saisie. Sont ciblés des ministres, et leurs défaillances supposées. D’autres plaintes, contre X, ont été enregistrées au parquet de Paris. Au nombre de trente-deux début mai, elles ciblent la gestion déficiente du « krach » sanitaire. Aucune enquête n’a toutefois encore été ordonnée. Enfin, tandis que le Sénat mettra en place une commission d’enquête en juin, l’Assemblée nationale devrait bientôt avoir la sienne. C’est du moins ce que souhaite Damien Abad, le patron des députés LR, déjà prêt à en découdre. « Je crois qu’il y a vraiment eu un dysfonctionnement de la chaîne administrative et de la manière dont la DGS a fonctionné. Il y a eu un aveuglement collectif », déclare-t-il au Monde. Manuel Valls porte un regard acéré sur la question : « Je pense qu’il est normal que tout le monde s’explique : à quel moment il fallait agir, quel était le degré de connaissance entre le 26 février et la mi-mars… Ces quinze jours… Mais là, ça renvoie aux déclarations de Buzyn. Le risque, dans cette histoire, c’est de chercher LE coupable, mais il faut tout mettre sur la table. » Et notamment revisiter les processus de décisions.

« Une faillite de l’Etat profond »

« Je ne suis pas sûr que ce soit un scandale politique », lance Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou, à Paris, et patron de la fédération LR des Hauts-de-Seine. « C’est d’abord une faillite de l’Etat profond », développe le professeur Juvin, qui épingle « la médiocrité de la haute administration, avec des hauts fonctionnaires qui sont dans l’entre-soi, et une classe politique qui manque de caractère pour s’opposer. Or, ce que j’ai appris dès le début de mon engagement politique, c’est qu’il faut savoir dire non. Les masques, c’est un symptôme de la faillite de la politique de prévention. »
Disparu le 6 avril, le professeur d’économie Claude Le Pen avait émis, trois jours plus tôt, au cours d’un entretien téléphonique, un diagnostic accablant. Il soulignait le rôle de « la haute administration dans le désarmement », avant de fustiger « une décision publique pas identifiée, prise par des hauts fonctionnaires. Comme si la ministre n’était rien. Eux, c’est la permanence de l’Etat, avec un peu de mépris pour les ministres, pour qui il est compliqué de s’imposer à cette administration ».

Il est toujours commode de s’en prendre à l’administration, monstre anonyme et protéiforme. Mais quand le politique s’efface, les hauts fonctionnaires s’engouffrent dans la brèche. Sans compter les frilosités budgétaires ou les querelles d’ego sur fond d’acronymes nébuleux : SGDSN contre DGS, ARS contre NRBC, HCSP contre SPF… Avec cette impression tenace que le pouvoir exécutif s’est dessaisi au profit de la technostructure.

Exaspérée, Marisol Touraine plaide une nouvelle fois non coupable : « Les ministres sont des gens formidables, qui savent tout, mais parfois, il leur arrive de tourner la tête pour demander à des experts de produire des avis !,raille-t-elle. Je n’ai jamais vu que sur des sujets de ce type-là, où l’on appelle à l’expertise de professionnels, le ministre saisi dise : “Je vais faire exactement le contraire”. Sur quelle base ? » Ainsi, s’agissant du changement de doctrine initié en 2011 par le Haut Conseil de la santé publique, elle soupire : « Quand vous avez un avis émis par le HCSP, rattaché à votre ministère, qui comporte des spécialistes reconnus… »
Responsable du Haut Comité français pour la défense civile – rebaptisé Résilience nationale –, un think tank spécialisé dans l’appréhension des crises, Christian Sommade a été un témoin privilégié de la récente déroute sanitaire. Il nous accueille dans ses bureaux, proches des Invalides, et présente fièrement le « cœur du réacteur », une immense pièce au sous-sol digne de la « CTU », la cellule antiterroriste de la série américaine 24 heures chrono. Une demi-douzaine de collaborateurs sont scotchés à leurs ordinateurs, encadrés par une batterie d’écrans géants où l’on suit en temps réel la progression du Covid-19 sur la planète.

« L’arrivée de Macron, c’était, “l’administration va faire toute seule, on sait tout, on connaît tout…” Ils sont d’une arrogance terrible »

Christian Sommade, responsable du think tank Résilience nationale
L’expert ne cache pas ses craintes. « Ils ont désarmé, c’est le mot, tranche-t-il. Est-ce qu’on est protégés ? Je dirais surtout qu’on est vulnérables. Et pas seulement sur les masques. Sur la variole, on est totalement démunis. On n’a pas de culture de préparation, on improvise. » Lui aussi s’en prend à « la technostructure », qui aurait un peu plus pris ses aises depuis 2017 : « L’arrivée de Macron, c’était,“l’administration va faire toute seule, on sait tout, on connaît tout…” Ils sont d’une arrogance terrible. » M. Sommade, qui se voit comme « une sorte de lanceur d’alerte », pointe les hommes, aussi, au-delà des structures. « Sur la responsabilité du manque de masques, à cette époque-là il y avait un préfet au SDGSN, Yann Jounot, qui n’en avait rien à faire », accuse-t-il.

Le préfet Jounot, ancien coordinateur national du renseignement, a été en fonction entre 2010 et 2013au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SDGSN), l’organisme rattaché à Matignon qui a pris en main une partie de la stratégie sanitaire du pays au fil des ans. Aujourd’hui PDG du Civipol, société de conseil et de service du ministère de l’intérieur, M. Jounot n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Les critiques de M. Sommade visent également Thierry Paux, sous-directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à la Direction générale de la santé de 2008 à 2019. « Il a tout bloqué durant les dix ans où il était à la DGS », estime Christian Sommade. M. Paux, lui non plus, n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

Ahurissante hémorragie

A l’arrivée, l’Etat français a donc vu ses stocks baisser en dix ans, de 2,2 milliards de masques en 2009 à un peu plus de 100 millions en 2019. Une ahurissante hémorragie. En déléguant à la Chine, au passage, le soin d’approvisionner le pays, « et pas seulement en masques », comme le souligne Jean-Marie Le Guen. L’ex-député (PS) déplore aussi les effets néfastes de la doctrine officialisée par le SGDSN en 2013, déléguant aux employeurs la responsabilité d’acquérir des protections. Il n’est pas le seul. « Il fallait que, chaque année, le SGDSN dise à toutes les entreprises : “Vous pouvez me faire un état complet de toutes vos dates de péremption ?” Et prévoir aussi une sanction si ce n’était pas fait », tance ainsi l’ancien ministre de la santé Xavier Bertrand. Lui milite pour un retour du « politique », sur le terrain comme au sommet de l’Etat : « On ne peut pas avoir une République de scientifiques, ce n’est pas possible ! La responsabilité politique, elle ne se partage pas, elle ne se délègue pas. Or, tout le monde est tétanisé depuis l’affaire du sang contaminé. » Philippe Douste-Blazy, l’un de ses prédécesseurs, Avenue de Ségur, ne dit pas autre chose : « La technostructure est telle que plus personne ne veut prendre des risques. Or, la santé publique, ce sont des choix politiques dont dépendent des millions de vies. »

Même le macroniste (ex-PS) Jean-Louis Touraine, professeur de médecine et rapporteur de la loi santé de 2016, n’a pas de mots assez durs pour vilipender cette fuite en rase campagne, cet abandon général des postes de combat : « Il y a la haute administration et les experts ; les uns et les autres sont dangereux. Parce qu’ils sont les preneurs de décisions ou les conseilleurs, mais jamais les payeurs ! Si ça foire, ce ne sont pas eux qui seront désignés sur la place publique. Notre système fonctionne à l’envers, et Santé publique France ne me donne pas une impression très rassurante. »

Que ressort-il, au final, de cette plongée aux origines d’un fiasco historique, à l’heure où les principaux protagonistes du désarmement sanitaire se renvoient la patate chaude ? Le sentiment d’une faillite de l’Etat. Un vrai gâchis surtout, symbolisé par cette dilapidation des stocks de masques aux conséquences dramatiques.
Aujourd’hui, Xavier Bertrand réclame des enquêtes approfondies. Et réfute toute arrière-pensée bassement électoraliste : « Quand il y a des gens qui meurent, c’est quand même mieux qu’on ne joue pas aux cons, nous, les politiques ! Mais il faudra aller au bout des choses. Se serrer les coudes, c’est bien, même s’il m’arrive de serrer les dents… » Finalement, s’il devait poser une seule question, ce serait celle-ci : « Qui décide ? »

Tout est dit.

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Haut conseil de la santé publique

Stock État de masques respiratoires

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été saisi le 27 avril 2010 par le directeur général de la santé à propos de la stratégie à adopter concernant le stock de masques respiratoires que l’État doit constituer pour assurer la protection en cas de menace infectieuse (stock État).

Dans son avis, le HCSP :

  • précise que le stock État de masques respiratoires est destiné à être utilisé en situation d’émergence d’un agent à transmission respiratoire hautement pathogène et de diffusion communautaire de cet agent ;
  • résume les connaissances acquises en matière d’efficacité des moyens de protection respiratoire ;
  • propose des indications concernant le port des différents moyens de protection respiratoire pour une utilisation en population générale ou en fonction des différentes situations d’exposition professionnelle ;
  • élabore une recommandation argumentée en vue du dimensionnement du stock État en précisant notamment les différents paramètres à prendre en compte pour sa constitution et sa gestion.

Le Haut Conseil de la santé publique rappelle qu’en dehors de l’émergence d’un agent à transmission respiratoire hautement pathogène, des masques anti-projection devraient être également systématiquement proposés aux sujets atteints de maladies respiratoires infectieuses et que l’application de mesures telles que l’hygiène des mains est un complément indispensable à l’usage des masques.

Le rapport du groupe de travail est joint au présent avis.

Avis du haut conseil de la santé publique relatif à la stratégie à adopter concernant le stock d’Etat de masques respiratoires (1er juillet 2011)
Stock Etat de masques respiratoires utilisation et dimensionnement (rapport 2011)

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Le collectif « Laissons les médecins prescrire » a été créé courant mars dans le but notamment de réaliser une étude pour vérifier l’éventuelle efficacité du traitement associant l’administration précoce d’hydroxychloroquine (HCQ) et d’azithromycine (AZM) tel que proposé par le Pr Raoult à l’IHU de Marseille.

Les documents ainsi que le communiqué de presse, émanent de ce collectif. Pour un pluralité de l’information. Nous ne sommes pas associés, mais nous n’en sommes pas moins concernés par le propos.

La SOFIA n’étant constituée que de professionnels de la santé, pour elle il est clair que le mensonge proféré sur l’état des stocks pour dissimuler les erreurs de gouvernance a eu un impact sur le travail des soignants. Que l’on vienne nous démontrer le contraire, et ces lignes disparaitront. Pour le moment, elles restent.
Une société savante se doit aussi et surtout, d’informer ses adhérents et lecteurs en toute transparence. Ceci fait partie de l’ADN de ce site depuis le début.
(AB)

Que masque la pénurie de masques pendant les premiers mois de la pandémie ?

Juin 22, 2020 | Communiqués de presse

Les autorités françaises de santé persistent à dénier leur responsabilité, les mensonges et les fiascos au sujet des masques destinés à protéger la population du Covid-19 alors que volte-faces et décisions incohérentes ont ponctué leur politique. Un grand nombre d’interrogations ont donc été soulevées, que le collectif #LaissonsLesMédecinsPrescrire s’est attaché à synthétiser dans un rapport documenté de 17 pages.

Tellement de questions au sujet de la gestion des stocks…

  • Comment et pourquoi 600 millions de masques ont-ils été détruits en 2019 ?
  • Pourquoi le rapport du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique), préconisant en mai 2019 la constitution d’un stock d’un milliard de masques, n’a-t-il pas été suivi d’effet ?
  • Pourquoi le gouvernement n’a-t-il rien fait pour empêcher la mise en faillite, faute de commandes, de la dernière usine française à en fabriquer ?
  • Pourquoi la CCIL (Cellule de coordination interministérielle de logistique) a-t-elle refusé plusieurs propositions sérieuses d’importation de masques ?
  • Pourquoi Airbus a-t-il pu fournir des masques à tous ses employés à un moment où les soignants en manquaient cruellement au péril de leur vie ?
  • Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il déclaré le 18 mai : « Nous n’avons jamais été en rupture » ?

Des recommandations à géométrie variable au sujet du port des masques…

Même s’il a hérité de 20 ans de décisions sanitaires basées sur la rentabilité et d’une gestion risque-tout en ce qui concerne les stocks de masques destinés à protéger la population en cas de pandémie, le gouvernement n’a rien fait pour y remédier.

La doctrine sur l’utilisation des masques semble évoluer en fonction des stocks disponibles, et non en fonction des besoins réels :

  • Le 20 février dernier, le ministère de la santé préconisait le masque FFP2 pour tous les soignants pouvant être au contact d’une personne infectée alors que, le 17 mars, la porte-parole Sibeth Ndiaye déclarait que porter un masque « Ce n’est pas nécessaire, si on n’est pas malade ».
  • En mars, se retranchant derrière un avis de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour pallier la pénurie, les masques FFP2 sont désormais réservés aux professionnels de santé chargés des soins directs, la majorité de la population devant se contenter de masques chirurgicaux introuvables, ou confectionnés de manière artisanale.
  • Le 28 avril, le Premier ministre Édouard Philippe déclarait : « Il sera préférable dans de nombreuses circonstances de porter un masque », alors qu’au début du mois, il affirmait devant la mission d’information parlementaire qu’il n’y avait « pas de preuve que le port du masque dans la population apportera un bénéfice » et que « ce serait plutôt le contraire, à cause d’une mauvaise utilisation ».
  • Quant à Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, après avoir déclaré au mois de mars que le port du masque était inutile, il assure devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale avoir « toujours suivi les recommandations internationales » en la matière.
Communiqué de presse Gestion-des-masques
COVID-19 gestion des masques, Impéritie, mensonges, fiascos et mise en danger d’autrui. Synthèse par le Dr Alain BARATEC 28 mai 2020

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  • A voir, l’audition d’Agnès Buzyn, ex ministre de la santé, devant la commission de l’assemblée nationale. Hésitation, fourvoiement, approximation, recherche des notes... Comme un relent d’amateurisme.

L’article initial commence ici. Mais comme le covid-19 occupe la majeure partie de la place actuellement, ceci explique cela. (AB) le 19 avril 2020

La lecture d’un article sur "la technologie microbiocide interactive pour une protection respiratoire accrue contre les virus", dans la revue urgence pratique n° 79 de novembre 2006, me laisse comme un fond de pessimisme.

Cet article, excellent, écrit par le Dr Claude Lamarre, post-doctorant, du département de parasitologie et de mycologie de l’institut Pasteur, Unité des Aspergillus, compare les masques disponibles et leur inévitable classification, en relation avec une pandémie possible de SRAS ou de grippe aviaire.
Ces particules infectieuses ont un diamètre évoluant de 60 à130 nanomètres et sont très pénétrants dans les voies respiratoires.

Pour l’influenza, vecteur de la grippe, des expériences de laboratoire ont montré que la dose infectieuse minimale était de 3 particules par voie aérogène.

Pour le coronavirus, à l’origine du SRAS, de forts soupçons laissent à penser là encore qu’une faible quantité soit suffisante à la propagation de la maladie.

La concentration moyenne de bactéries contenue dans l’air d’un hôpital
serait de 350 à 700 UFC/m3 (Unités formant colonies). Dans celle d’une chambre de patient, cela peut atteindre 5000 à 7000 UFC/m3 lors des changements de literie.
Un seul éternuement peut générer jusqu’à 1 million de gouttelettes d’un diamètre inférieur à 0,1µm

(micromètre), et que jusqu’à 150 000 noyaux de gouttelettes transportant des bactéries ont été dénombrées.

Masque FFP2

Une étude récente publiée dans l’american journal of infectiology de 2006, conclue que la protection des masques de type N95 ne procurent pas nécessairement une protection adéquate contre les virus, étant donné leur taille inférieur à 0,3 µm, taille des particules de NaCl utilisées lors de la certification faite par le NIOSH (National Institute for Occupational Safety and Health).

En clair, en cas de grippe aviaire, l’infection pulmonaire serait "efficace". Le personnel médical dans son ensemble, a donc intérêt à se prémunir en choisissant un matériel adapté.

grippe aviaire

Les appareils de protection respiratoire de type demi masque filtrants sont des équipements de protection individuelle qui en Europe, relève d’une directive européenne. (89/686/CEE). La conformité de ces masques aux exigences de la norme EN 149 est attestée par le marquage CE. Selon cette norme il existe 3 classes d’efficacité pour les appareils de protection respiratoire jetables.

  • FFP1, Protection contre les poussières non fibrogènes et non toxiques
  1. L’inhalation de ces poussières ne provoque pas de maladies, mais peut irriter les voies respiratoires et dégager des odeurs désagréables
  2. Le taux de fuite total doit être inférieur ou égal à 25 %
  3. La concentration ne doit pas dépasser quatre fois la valeur limite d’exposition professionnelle

Les masques de protection respiratoire de classe FFP1 sont adaptés pour des environnements de travail dans lesquels aucun aérosol ni aucune poussière fibrogènes ou toxique n’est présent(e). Ils filtrent au moins 80 % des particules dans l’air jusqu’à une taille de 0,6 μm, et peuvent être utilisés dans la mesure où la concentration du polluant ne dépasse pas quatre fois la valeur maximale d’exposition. Les masques de classe FFP1 garantissent généralement une protection respiratoire suffisante dans le bâtiment ou l’industrie agroalimentaire.

  • FFP2, Protection contre les poussières solides et liquides, les fumées et les aérosols toxiques
  1. Les particules peuvent être fibrinogènes, ce qui signifie qu’elles peuvent irriter les voies respiratoires à court terme et diminuer l’élasticité du tissu pulmonaire sur le long terme.
  2. Le taux de fuite total doit être inférieur ou égal à 11%
  3. La concentration ne doit pas dépasser dix fois la valeur limite d’exposition professionnelle

Les masques de protection respiratoire de classe FFP2 sont adaptés pour des environnements de travail dans lesquels l’air ambiant contient des agents toxiques et mutagènes. Ils doivent filtrer au moins 94 % des particules dans l’air, dans la limite d’une taille de 0,6 μm, et peuvent être utilisés dans la mesure où la concentration en polluant sur le site ne dépasse pas dix fois la valeur limite d’exposition professionnelle. Ces masques sont notamment utilisés dans la métallurgie et l’exploitation minière. Dans ces environnements, les travailleurs sont exposés à des aérosols, vapeurs et fumées dont l’inhalation peut à long terme provoquer des maladies des voies respiratoires telles que le cancer du poumon et accroît considérablement les risques de maladies professionnelles telles que la tuberculose. Nos masques ajoutent à cette protection un système de filtre uvex innovant équipé d’une couche de carbone qui protège des odeurs nauséabondes.

  • FFP3. Protection contre les poussières, fumées et aérosols nocifs et toxiques
  1. Les masques de cette classe protègent contre les substances radioactives et cancérigènes, ainsi que contre les agents pathogènes (virus, bactéries et spores de champignons)
  2. Le taux de fuite total doit être inférieur ou égal à 5 %
  3. La concentration ne doit pas dépasser vingt fois la valeur limite d’exposition professionnelle

Les masques de classe FFP3 offrent la meilleure protection contre les affections des voies respiratoires. Avec un taux de fuite total maximal de 5 % et une protection d’au moins 99 % contre les particules, jusqu’à une taille de 0,6 μm, ils garantissent le filtrage des particules toxiques, cancérigènes et radioactives. Les masques de protection respiratoire sont utilisables dans des environnements de travail où la concentration en polluants ne dépasse pas plus de vingt fois la valeur limite d’exposition professionnelle. Ils sont notamment utilisés dans l’industrie chimique.

Cette efficacité est évaluée au moyen d’une procédure normalisée utilisant un aérosol sans activité biologique d’un diamètre moyen de 0,6µm.

L’abréviation FFP signifie « Filtering Facepiece particles » (pièce faciale filtrante).

masque type ffp2

 Un masque FFP1 arrête au moins 80 % de cet aérosol.
 Un masque FFP2 arrête au moins 94 %.
 Un masque FFP3 arrête au moins 99 % des particules en suspension.

Aux États-Unis, un masque N95 est certifié arrêter au moins 95 % des particules neutres de NaCl d’un diamètre de 0,3 µm utilisés comme aérosol standard.
Un masque P95 possède également une efficacité particulaire d’au moins 95 % et est résistant aux huiles, ce qui s’avère nécessaire dans certains milieux industriels.
un masque N99 en filtrera 99% (comme FFP3). Les masques N95 et N99 sont donc, eux aussi, efficaces contre le coronavirus.

Le gouvernement français recommande le port de masque FFP2 aux professionnels de santé en situation de pandémie, ou à défaut de FFP1 !!

ffp2

Le royaume uni lui a opté pour le FFP3 lors de la crise du SRAS.

L’OMS recommande un masque N95 (ou équivalent) lors des situations de pandémie grippales.

On peut s’étonner de ne pas d’emblée préconiser le FFP3, surtout en France.

Un laboratoire américano-canadien, a développé une technologie antimicrobienne novatrice nommée Tryosin.

C’est un polymère anionique imprégné d’iode trivalent, très stable, et qui réagit en fonction de la demande, c’est-à-dire que lorsqu’une bactérie, un virus ou une moisissure passe à proximité de la Tryosin, l’iode trivalent se libère et pénètre dans la paroi cellulaire du micro-organisme.

L’oxydation du groupe SH de l’acide aminé cystéine, entraîne la perte de capacité de liaison des chaînes latérales protéiniques par un pont disulfide, un facteur important pour la synthèse des protéines.
Des masques inventés par la société Tryosin corporation, les T-3000 et T-5000 sont constitués d’un matériel filtrant traité avec la Tryosin qui procure une protection antimicrobienne. Ces masques doivent être utilisés dans le cadre d’un programme de personnalisation de l’ajustement au visage.

Des études sur l’efficacité de filtration virale (EFV) ont été menées, comparant les masques T-3000 et les FFP2 et FFP3 à une exposition de 8 heures à du coliphage MS2, fréquemment utilisé pour ces tests.

Les résultats parlent d’eux mêmes. L’efficacité du T-3000 est largement supérieure à celle des FFP2 et FFP3, puisque la réduction de la concentration virale atteint une EFV à 99,99%,alors que les masques FFP2 et FFP3 montrent une EFV nettement inférieure et comportant d’importantes fluctuations de performance sur une base temporelle.

Dust-Mask-N95-FFP1-FFP2

la capacité de décontamination du masque T-3000 dans le temps, à été évalué par un laboratoire indépendant. Les résultats démontrent une réduction de 99,99% de la concentration bactérienne après 15 minutes de contact avec la bactérie Staphylococcus aureus.
Quant à l’évaluation toxicologique du masque T-3000, les analyses démontrent que la concentration d’iode libéré par le masque est sous le seuil de détection de la méthode, soit 1,10x10-2mg/m3, ce qui reste en deçà de la valeur limite du seuil d’exposition établie par l’Occupational Safety and Health Administration
(Administration professionnelle de sûreté et de santé), à 1.036 mg/m3

Les masques T-3000 et T-5000 procurent une protection virale supplémentaire approximativement 100 fois supérieure à celle d’un masque de type FFP2 ou FFP3.

La conclusion laisse planer un profond effroi prospectif :

Une revue de la littérature scientifique, ainsi que nos propres études nous portent à croire qu’aucune des recommandations issues des plans de préparation en cas de pandémie de grippe aviaire, n’est suffisante pour assurer la protection des agents de soins de santé contre la possibilité de contracter une infection virale par voie aérogène.

moralité : H5N1 : touché-coulé !

naufrage

Une partie de ce texte, trouvé sur le 3SM mag n° 19 du mois de décembre 2006

NB : Combien de temps dure un masque FFP2 ou FFP3 ?

Ces masques jetables (ni lavables ni réutilisables) sont valables durant 8h. Ils doivent être parfaitement positionnés autour du nez pour que l’intégralité de l’air entrant soit bien filtré. La durée est de 4h si le port est en continu.

Tout masque porté doit être jeté ensuite, et ce même s’il l’a été moins que sa durée de vie de 8h. Il ne faut jamais remettre un masque jetable qui a déjà été utilisé.

Les masques chirurgicaux sont-ils efficaces contre le coronavirus ?

Les masques chirurgicaux sont uniquement recommandés aux personnes déjà infectées par le virus, afin de stopper d’éventuels postillons infectés. Les masques chirurgicaux peuvent être portés 3h de suite maximum.

Mais pour se protéger contre le coronavirus, il faudra des masques filtrants avec valve de niveau de protection de niveau FFP2 minimum.

MOYENS DE PROTECTION

Masque FFP2

• Marquage CE obligatoire (signifie qu’il répond aux exigences de la directive européenne 89/686/CEE)
• Doit répondre à la norme EN 149 : 2001
• Efficacité (pouvoir filtrant) = 92 % ; cela entraîne une certaine résistance respiratoire
• A usage unique
• Ne doit pas être repositionné ou porté en collier
• Réservé au personnel (Il ne pourrait être donné à un patient que dans le cas d’un immunodéprimé)
• Durée d’utilisation : précisée sur la fiche technique (environ 3 – 4 h)

Il dispose, selon le modèle , d’un pince-nez permettant un ajustement au visage
L’important est l’efficacité et l’étanchéité, c.-à-d. le contact étroit entre le bord du masque et le visage réaliser le test d’étanchéité.
La soupape expiratoire a pour but de diminuer la résistance lors de l’expiration la personne infectée ne peut donc jamais disposer d’un masque avec valve rejet dans l’air du virus.

Les différents modèles de masques FFP2 :
• Bec de canard
• Coquille dure s’adapte moins facilement au visage
• Coquille à plis souples

Masque FFP3
Efficacité (pouvoir filtrant) = 98 %

Masque chirurgical II R :
• Marquage CE obligatoire ( signifie qu’il répond aux exigences de la directive européenne 93/42/CEE)
• Doit répondre à la norme EN 14683 : 2006
• La norme prévoit plusieurs classes de performances selon l’efficacité de filtration bactérienne (EFB)
Pour le masque II EFB > 98%
"R » signifie : résistance aux éclaboussures de liquides
• A une mauvaise étanchéité au visage
• Durée d’utilisation : 3 heures

Noso-Info ( 2019)
La norme européenne EN14683:2005 relative aux masques chirurgicaux a classifié les masques en quatre catégories, à savoir I, IR, II et IIR, dont l’efficacité antibactérienne, la résistance respiratoire et la résistance aux éclaboussures peut varier selon la catégorie (4).
Les masques précités prouvent notamment que les normes peuvent subir des changements au fil des ans. Ainsi, la norme EN 14683:2005 a récemment été modifiée dans la norme 14683:2014, qui prend également en compte la pureté. Lorsque des masques chirurgicaux à faible taux de contamination (≤30 UFC (unités formant colonie) par gramme de matériau) sont souhaitables pour certaines populations de patients/interventions, il convient de tenir compte de cette nouvelle norme lors d’une nouvelle demande de prix.

 Gants
• dispositifs médicaux selon la directive européenne 93/42/CEE
• marquage CE obligatoire
• doivent répondre à la norme EN 455-1,2 , 3 et 4

  • EN 455 – 1 : détection de trous
  • EN 455 – 2 + A2 :2013 propriétés physiques ( a le statut de norme belge)
  • EN 455-3 : biocompatibilité des gants
    • doivent répondre à la norme EN 374 : risques biologiques et chimiques
  • EN 374 - 1 : terminologie et performance requise
  • EN 374- 2 (2014) résistance à la pénétration
  • EN 374 – 3 : résistance à la pénétration des produits chimiques
    Remarques
    • Certains gants ont également l’enregistrement comme éléments de protection individuelle selon la directive européenne 89/686/CEE.
    • La norme européenne EN 374 est la norme pour les gants protégeant contre les substances chimiques et les micro-organismes. L’efficacité de ces gants est en général meilleure que celle des gants enregistrés seulement comme dispositifs médicaux.
    • Il existe aussi la norme ASTM F1671, norme américaine portant sur la pénétration virale test non exigé

 Le nitrile : offre des propriétés de résistance physique, chimique et d’élasticité à un plus vaste éventail de produits que le vinyle ou le latex, de sorte qu’il constitue une excellente barrière. Il est une alternative synthétique idéale pour les personnes ayant une sensibilité au latex. Son prix est le plus élevé.
 Lunettes
Lunettes et lunettes-masques (conformes à la norme NF EN 166)
 Blouses
La norme européenne NF EN 14126 « Vêtements de protection - Exigences de performances et méthodes d’essai pour les vêtements de protection contre les agents infectieux » définit 6 types de vêtements de protection, du type 1B (protection la plus complète) au type 6B.

Pour en savoir plus sur la grippe aviaire ou sur le SRAS

Le coronavirus de Wuhan

Préparation au risque épidémiologique COVID-19 (20 février 2020)
affiche-covid-19 algorithme de l’Hôpital Prince of Wales de Hong Kong
Fiche explicative masques COVID-19 (6 mars 2020)
Bien ajuster son masque pour se protéger
Infection à transmission respiratoire, quel masque porter

En savoir plus sur les masques de protection

Voir aussi le site plateforme ESA

Le site de veille sanitaire

Les plans nationaux pays par pays, (en anglais)

Plan gouvernemental de lutte contre la pandemie grippale janvier 2006
Fabricants de masque FFP2
fournisseurs de masques Ffp2 et chirurgicaux agréés par l’UGAP
producteurs de masques Ffp2 dans le monde
Plan national de prévention et de lutte contre la grippe aviaire, février 2009 4e édition
Sensibilisation recommandations, préventions et protection des personnels
annexe grippa aviaire, phase de pandémie
Pose d’un masque FFP2
grippe aviaire : population concernée
Pose d’un masque chirurgical (CCLIN Paris Nord)
Recommandations pour l’utilisation des masques médicaux
Grippe H1N1 Conduite à tenir devant un cas évocateur de grippe dans un établissement de santé
ECMO Principe Pr Janvier
synthese ecmo HAS
Lettre de Roselyne Bachelot du 13 novembre 2009 (H1N1)
2e bilan pharmacologique AFSSAPS
les effets indésirables répertoriés
vaccin panenza Pasteur
Le vaccin sans adjuvant des laboratoires Pasteur
actualisation posologie des vaccins pandémiques H1N1
notice masque ffp1 ffp2 ffp3
Pandémie de grippe aviaire. Stratégie de lutte et organisation
Virus de la grippe et pandémie grippale
place des masques dans la prévention de la transmission aéroportée en milieu de soins (D. Abiteboul)

Arnaud BASSEZ

IADE

Administrateur

Formateur AFGSU


Comment vous protéger et protéger les autres patients ?

Le virus grippal se transmet essentiellement par voie aérienne.

 Si un patient avec des signes de grippe (fièvre, toux, douleurs musculaires...), quel que soit le contexte, se présente aux urgences d’un hôpital, les mesures suivantes de protection doivent être systématiquement mises en œuvre.

L’application des mesures d’hygiène universelles (comme pour d’autres pathologies infectieuses habituellement prises en charge dans nos services) est essentielle :

* Mettre un masque chirurgical au patient qui présente une toux et de la fièvre

* Utiliser des produits hydroalcooliques pour l’hygiène des mains avant et après chaque contact avec le patient

 Devant un cas « possible » de grippe A/H1N1 pris en charge par le SAMU ou dans un service d’urgence, de maladies infectieuses ou de réanimation, les membres du personnel en contact avec le patient doivent systématiquement porter un masque de protection FFP2 et appliquer les autres mesures de protection : gants, lunettes, sur-blouse, charlotte, sur-chaussures (cf. plan gouvernemental de prévention et de lutte « pandémie grippale » /www.grippeaviaire.gouv.fr ou disponible en bas de l’article).

A ce stade, aucune autre mesure préventive n’est recommandée de façon systématique.

 L’équipe opérationnelle d’hygiène et le médecin de travail de votre hôpital sont à votre disposition pour vous donner des informations complémentaires.

Définitions des cas (d’après l’Institut de veille sanitaire)

Cas possible : patient présentant des symptômes de grippe et :

* ayant séjourné dans les 7 jours avant le début des signes dans une zone géographique épidémique pour le virus A/H1N1

* ou ayant été en contact étroit avec un cas probable ou confirmé.

Cas probable : cas possible avec un prélèvement virologique positif pour un virus de type A

Cas confirmé : cas possible avec un prélèvement virologique positif pour un virus A/H1N1 confirmé par le Centre National de Référence Grippe (Institut Pasteur).

masques

Masque de protection et d’hygiène, 6 types :

A : Masque d’hygiène, sans résistance respiratoire.

B : Masque pliable, efficace contre les grosses particules sèches et les liquides, aérosols liquides et solides, (ponçage bois, poussière quartz, polissage, particules allergènes) Classe FFP1-EN149:2001.

C : Idem à ci dessus (B), mais avec valve d’expiration.Classe FFP1-EN149:2001.

D : Masque pliable, efficace contre les polluants de faible à moyenne toxicité, aérosols liquides et solides en suspension (poussières métalliques, béton, fibre de verre, polissage...). Classe FFP2-EN149:2001

E : Idem à ci-dessus (D), mais avec valve d’expiration. Classe FFP2-EN149:2001.

F : Masque pliable avec valve efficace contre les polluants de haute toxicité et les risques biologiques, les aérosols liquides et solides en suspension (chimie, bactéries, virus, poussière radioactive légère...) Classe FFP3-EN149:2001


Protection face au virus de la grippe A ou tout autre virus

le film n’est plus disponible

Un film fruit d’un travail collaboratif des équipes du Service de pneumologie et réanimation, du Service des maladies infectieuses et tropicales, de l’équipe opérationnelle hygiène et de la direction de la communication de la Pitié-Salpêtrière est un guide des gestes simples à employer pour mettre en œuvre efficacement ces techniques de protection.


Un article vu sur le JIM

Ce que la grippe espagnole peut nous apprendre sur l’épidémie actuelle à virus A (H1N1)

Publié le 11/05/2009

En matière de pandémie grippale, l’épisode de 1918, resté dans l’histoire sous le nom de grippe espagnole, est celui qui a le plus marqué l’humanité. La grippe espagnole n’a pas été la première pandémie grippale puisqu’elle a été précédée par de nombreuses épidémies de grande ampleur (notamment celle de 1889-1891 due à un virus H2N2 qui aurait fait 6 millions de morts). Mais c’est la première qui a été suffisamment étudiée pour laisser une trace dans l’histoire de la médecine et dans l’histoire tout court.

Bien que la répétition ne soit pas une règle absolue en épidémiologie comme en économie, il est logique de rechercher dans l’histoire de la grippe espagnole des enseignements pour la pandémie de grippe A (H1N1) qui se profile depuis quelques semaines, de même que l’on scrute les causes et les conséquences de la crise de 1929 pour mieux comprendre la crise économique actuelle. Nous tenterons d’apporter notre pierre à cet édifice en abordant quelques questions fondamentales posées par la pandémie de 1918 (1).

D’où venait le virus de 1918 ?

Lorsque l’épidémie a frappé le monde à la fin de la première guerre mondiale, l’hypothèse la plus communément admise était que l’affection était liée au bacille de Pfeiffer connu à l’époque sous le nom de « bacille de l’influenza » et aujourd’hui comme Haemophilus influenzae. Mais rapidement un « virus filtrant » a été soupçonné notamment à partir d’expériences montrant que le pouvoir pathogène des crachats de malades persistait après passage par des filtres Chamberland arrêtant les bactéries. Ce n’est toutefois qu’au milieu des années 30 que le virus de la grippe fut identifié, cultivé en 1940 et observé au microscope électronique en 1943. On sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un virus A (H1N1) qui a pu être séquencé à partir de prélèvements faits sur 5 victimes de l’épidémie de 1918 et même reconstitué au laboratoire (2).

L’origine géographique du virus de 1918 n’est pas connue avec certitude. On sait que les premiers cas ont été décrits dans l’ouest des Etats-Unis en mars 1918 au camp Funston de l’armée américaine. Mais certains historiens de la médecine évoquent des cas chinois qui auraient précédé la propagation de la maladie aux Etats-Unis ou une épidémie analogue en 1916 dans un camp de soldats britanniques dans le Pas de Calais.

Sans qu’on dispose de certitudes sur ce point l’une des hypothèses le plus communément admises est que ce virus H1N1 de 1918 provenait de souches aviaires sauvages s’étant adaptées à l’homme peut être après passage chez le porc.

Le nouveau virus A (H1N1) responsable des cas actuels aurait lui aussi des séquences génétiques communes avec certains virus aviaires et porcins.
Comment s’est propagée la grippe espagnole ?

On en sait nettement plus sur cette question que sur la précédente. L’épidémie, après avoir frappé les Etats-Unis en mars 1918, a atteint la France en avril à la faveur du débarquement du corps expéditionnaire américain puis le reste de l’Europe et l’Asie et enfin l’hémisphère sud en mai. Après cette première vague du printemps 1918, la grippe espagnole est réapparue en Europe et aux Etats-Unis à l’automne.

La diffusion de l’épidémie actuelle (de l’Amérique du Nord vers l’Europe) rappelle pour l’instant celle de la grippe espagnole, le bateau ayant été remplacé par l’avion et les mouvements de troupes par le tourisme et les voyages d’affaire. La référence avec l’épisode de 1918 explique bien la crainte exprimée par certains responsables de l’OMS de voir la maladie se développer dans l’hémisphère sud durant l’hiver austral pour revenir dans l’hémisphère nord à la fin de l’automne 2009 ( Site de l’OMS. Alerte et action en cas d’épidémie et de pandémie. ).

Quelles étaient la morbidité et la mortalité de la grippe espagnole ?

Sur ce point les estimations reposent sur ce qui a été observé dans les pays occidentaux, les statistiques étant quasi inexistantes dans les régions asiatiques ou africaines touchées. Il semble que lors de la première vague de la pandémie, la contagiosité était majeure (plus de 20 % de la population atteinte) avec une mortalité relativement faible. La deuxième vague tout aussi contagieuse, a atteint des sujets épargnés par la première (ce qui démontre bien qu’il s’agissait de la même maladie) et s’est accompagnée d’une mortalité élevée tout à fait inhabituelle au cours de la grippe. Les pourcentages de décès rapportés parmi les sujets atteints oscillent entre 1 et 3 % dans certaines séries, un peu moins de 10 % dans l’armée française, 15 % dans certaines régions des Etats-Unis et même 60 % chez les Inuits d’Alaska (contre environ 1 pour 1 000 avec la grippe saisonnière).

Globalement si l’on estime qu’un milliard de sujets ont été infectés par le virus (la moitié de la population mondiale de l’époque) et que le nombre de morts s’est situé entre 20 et 100 millions, la létalité de l’affection peut-être estimée entre 2 et 10 %, ce qui laisse on le voit des marges importantes. Dans le détail, pour les pays occidentaux pour lesquels les statistiques semblent plus fiables on aurait compté environ 240 000 décès en France (0,5 % de la population), 225 000 en Grande Bretagne, 500 000 aux Etats-Unis.

Une chose est sûre, contrairement aux autres pandémies grippales (notamment celles de 1957 [à H2N2 qui aurait fait 4 millions de morts] et de 1968 [à H3N2 qui aurait tué 2 millions de personnes]) ce sont surtout les jeunes enfants et les adultes de 20 à 40 ans qui sont décédés lors de l’épidémie de 1918. Le même phénomène semble s’observer au cours de l’épisode actuel.

Deux types d’hypothèses ont été avancées pour expliquer cette mortalité exceptionnellement élevée : des complications bactériennes favorisées par les privations de la guerre et la promiscuité ambiante ou une virulence spécifique de ce virus H1N1. Le fait que la mortalité se soit considérablement accrue entre les deux vagues de l’épidémie alors que l’environnement n’avait pas évolué défavorablement est plus en faveur d’une létalité spécifique du virus sans doute acquise à l’occasion de mutations.

Selon les premières données dont on dispose sur la nouvelle grippe A (H1N1), sa contagiosité semble inférieure à celle de la grippe espagnole ou de la grippe saisonnière, puisque plus d’un mois après les premiers cas (identifiés fin mars 2009 au Texas) nous ne comptions encore qu’environ 4400 cas le 9 mai. On ne peut toutefois exclure que les méthodes actuelles de surveillance épidémiologique et virologique aient permis de capter une phase toute initiale de l’épidémie restée inapparente lors de l’épisode de 1918.

Sur la létalité de la nouvelle grippe A (H1N1) nous ne disposons de chiffres fiables que pour les Etats-Unis, le Canada et l’Europe. Les données provenant du Mexique (foyer apparent de l’épidémie) n’autorisent pas à établir un taux de mortalité, le nombre de cas confirmés biologiquement étant probablement très inférieur à la morbidité réelle. Si l’on se base sur les chiffres provenant des pays occidentaux, la mortalité apparente de l’affection est aujourd’hui plus proche de celle de la grippe saisonnière (4 décès pour un peu plus de 3000 malades au 11 mai 2009) que de celle de la deuxième vague de la grippe de 1918.

Comment la grippe espagnole a-t-elle disparu ?

Comme son origine, les causes de sa disparition en 1919-1920 demeurent incertaines. L’immunisation de la population réceptive est probablement l’un des phénomènes pouvant expliquer cette extinction. Mais est-ce le seul ?

La réaction des autorités sanitaires face à l’épidémie actuelle est-elle adaptée ?

Cette question est l’objet depuis quelques jours de débats parfois vifs dans les médias. Pour tenter d’y répondre, il est indispensable de ne pas occulter l’épisode de 1918 qui demeure le modèle de LA grande pandémie et qui rappelons-le a marqué suffisamment les responsables sanitaires pour conduire à la création de l’ancêtre de l’OMS par la Société des Nations et du ministère de la santé en France.

Avec les moyens thérapeutiques dont nous disposons (anti-viraux, antibiotiques pour combattre les surinfections, réanimation pour les formes graves) et les armes préventives que nous possédons d’ores et déjà (mesures d’isolement et de protection) ou que nous aurons sans doute dans quelques mois (vaccin) il est certain que la létalité liée à un virus identique à celui de 1918 devrait être sensiblement inférieure à celle observée au début du siècle dernier.

De plus, les plans de lutte contre la pandémie mis en place dans les pays développés devraient permettre non pas d’empêcher à coup sûr la pandémie mais d’en étaler le pic épidémique pour éviter un débordement complet de nos systèmes de santé par un afflux trop important de malades.

Mais malgré ces notes optimistes, les déclarations récentes des responsables de l’OMS (évoquant la possibilité de dizaines de millions de morts) et les mesures mises en œuvre dans les grands pays développés nous semblent tout à fait adaptées à la gravité potentielle de cette pandémie naissante (même si elle n’est pas certaine). Et en tout état de cause, plus responsables que ce à quoi nous avions assisté lors de l’affaire du sang contaminé ou de la canicule de 2003.

Dr Anastasia Roublev

1) Patrick Berche : Une histoire des microbes. Editions John Libbey Eurotext 2007. 2) Tumpey T et coll. : Characterization of the reconstructed 1918 spanish influenza pandemic virus. Science 2005 ; 310 : 77-80.


Medical Masks, N95 Respirators Provide Similar Protection

Troy Brown, RN

September 05, 2019

Source : medscape.com

Standard medical masks appear to protect outpatient healthcare personnel (HCP) against lab-confirmed influenza as well as more costly N95 respirators, a prospective study shows.

The Respiratory Protection Effectiveness Clinical Trial (ResPECT) found the incidence of laboratory-confirmed influenza was 8.2% of HCP-seasons among those who used N95 respirators and 7.2% of HCP-seasons among those who wore medical masks, a difference that was not significant.

"In addition, there were no significant differences between N95 respirators and medical masks in the rates of acute respiratory illness, laboratory-detected respiratory infections, laboratory-confirmed respiratory illness, and influenza-like illness among participants," the researchers write.

The trial, conducted during four peak viral seasons, was published online September 3 in JAMA.

Previous clinical studies have been unable to ascertain the effectiveness of N95 respirators and standard medical masks in preventing viral infections among healthcare personnel in the workplace, yet some groups have started recommending N95 use.

"In many ways, the ResPECT study was specifically designed to address limitations of earlier studies," Thomas R. Talbot, MD, MPH, Vanderbilt University School of Medicine, Nashville, Tennessee, and Hilary M. Babcock, MD, MPH, Washington University School of Medicine, St. Louis, Missouri, write in an accompanying editorial.

"The cohorts that were randomized to use medical masks and N95 respirators were similar, with no significant between-group differences in job title, vaccination status, patient population served, smoking status, use of glasses or contact lenses, and presence of children at home, minimizing the risk of bias through differential exposure risk," they add.

The investigators conducted a pragmatic, cluster randomized clinical trial among 2862 healthcare personnel at 137 outpatient study sites across seven US medical centers. During each of the four peak viral seasons from September 2011 to May 2015, they randomly matched pairs of outpatient sites, or clusters, to wear either the N95 respirator (1993 participants in 189 clusters) or the medical mask (2058 participants in 191 clusters) when in close proximity to patients, for a total of 2668 HCP-seasons.

A total of 2371 participants completed the study (5180 HCP-seasons). The researchers adjusted for covariates, including age, sex, race, occupation risk level, number of members in household younger than 5 years, season-specific flu vaccine status, proportion of daily exposures to others with respiratory illness, self-reported adherence to hand hygiene, and intervention group assignment.

The primary outcome, the incidence of laboratory-confirmed influenza infection events, was seen in 207 of 2512 HCP-seasons (8.2%) among participants in the N95 respirator group and 193 of 2668 HCP-seasons (7.2%) among the medical mask group (difference, 1.0% ; 95% confidence interval [CI], −0.5% to 2.5% ; P = .18 ; adjusted odds ratio [OR], 1.18 ; 95% CI, 0.95 - 1.45).

There were no significant differences in secondary outcomes, including acute respiratory illness, laboratory-detected respiratory infection, laboratory-confirmed respiratory illness, and influenza-like illness.

Acute respiratory illness occurred in 1556 of those in the respirator group (incidence rate [IR], 619.4 per 1000 HCP-seasons) compared with 1711 in the medical mask group (IR, 641.3 per 1000 HCP-seasons). Laboratory-detected respiratory infections were seen in 679 participants in the N95 respirator group (IR, 270.3 per 1000 HCP-seasons) and 745 in the medical mask group (IR, 279.2 per 1000 HCP-seasons).

Laboratory-confirmed respiratory illness events occurred in 371 of those in the respirator group compared with 417 of those in the medical mask group (difference, –8.6 per 1000 HCP-seasons). Influenza-like illness events occurred in 128 of those in the respirator group compared with 166 of those in the medical mask group (difference, –11.3 per 1000 HCP-seasons).

Although the study was underpowered for its prespecified primary outcome, Talbot and Babcock write, the study’s pragmatic design reflects many conditions that hospital epidemiologists currently work under : "HCP may or may not wear the PPE they are supposed to, may or may not wear it correctly if they do wear it, and may self-report higher levels of adherence to hand hygiene and PPE use than noted by independent observers," they write.

"Even though some may consider these elements of the study as weaknesses, these aspects increase the generalizability of the findings outside of a research study and provide reassurance to those making programmatic and policy decisions that, in outpatient settings under usual use conditions, there are no significant differences between medical masks and respirators for protection of HCP against respiratory viruses," the editorialists conclude.

Study author Lewis Radonovich Jr has disclosed no relevant financial relationships. The remaining authors have disclosed a number of relevant financial relationships with government organizations, pharmaceutical companies, and other companies. A complete list is available at the journal’s website.

The editorialists have disclosed no relevant financial relationships.

JAMA. Published online September 3, 2019. Abstract, Editorial


Masques : une gestion chaotique qui suscite la colère des professionnels

Publié le 19/03/2020

Le nombre de personnes infectées du coronavirus décédées ce 18 mars en France a connu une nette augmentation : 89 victimes sont déplorées, contre 27 la veille. Par ailleurs, on recense 3 626 personnes hospitalisées dont 931 dans un état grave. Si certaines informations sont encourageantes comme le fait que plus de 1 100 personnes guéries ont pu sortir de l’hôpital, l’extension de l’épidémie dans certaines régions (comme en PACA) ne peut que préoccuper. Aussi, les pouvoirs publics se préparent à de nouvelles mesures (une extension de la période de confinement est ainsi à l’étude), tandis qu’une organisation erratique demeure la règle face à la distribution des masques et des solutions hydro-alcooliques en ville.

Dix-huit masques par médecin : un rationnement qui ne dit pas son nom

La déclaration du professeur Jérôme Salomon témoigne de la fébrilité des pouvoirs publics : « Si vous bénéficiez de masques dont vous ne vous servez pas, je vous invite à les donner à votre pharmacie la plus proche. Ils serviront à tous les personnels de santé ». Cet appel confirme que la gestion des stocks est particulièrement fragile et complexe (pour utiliser des adjectifs euphémistiques). En ce début de semaine pourtant, les officines ont reçu de nouvelles livraisons destinées aux professionnels de santé, dont il apparaît déjà qu’elles sont insuffisantes. Ainsi, dix-huit masques « chirurgicaux ou FFP2 » précise l’Assurance maladie (dans les faits, les officines ont principalement reçu des masques chirurgicaux) sont réservés hebdomadairement aux médecins généralistes et spécialistes ; la même quantité est allouée aux infirmiers et aux pharmaciens. Par ailleurs, uniquement dans les zones d’exposition à risque, les kinésithérapeutes se voient allouer six masques (pour réaliser les actes prioritaires), proportion similaire à celle allouée aux sages-femmes qui doivent les réserver uniquement à la prise en charge des femmes infectées (comment les identifier ?). Dans les services d’aide et de soins à domicile, neuf masques par professionnel sont programmés (avec une fois encore invitation à se limiter aux visites prioritaires). Concernant enfin les chirurgiens-dentistes, les instructions sont moins déterminées : « une officine sera désignée dans chaque département pour leur distribuer des masques » signale l’Assurance maladie.

Passoire

Ce rationnement ne peut que susciter l’inquiétude et la colère des professionnels de santé, dont beaucoup ont signalé que ce nombre de 18 masques représente un strict minimum pour assurer une fragile protection (puisqu’il s’agit principalement de masques chirurgicaux) aux médecins et infirmiers. Contaminé par le SARS-Cov-2, le président de la Fédération des médecins de France (FMF), Jean-Paul Hamon s’est fait ces dernières heures et notamment hier soir sur LCI le porte-parole de ce sentiment d’abandon et de mépris des professionnels de santé. « Les libéraux, comme les hospitaliers, n’ont pas reçu les protections adéquates. Les masques chirurgicaux sont disponibles, mais ce sont des passoires. Cela ne protège que les personnes autour de vous quand vous toussez, ça ne protège pas le porteur de masque », déplore-t-il fustigeant encore la gestion des pouvoirs publics.

La parabole du cycliste et du soignant

Les annonces concernant l’accroissement des stocks ne sont qu’imparfaitement rassurantes et tendent pour certaines à favoriser la colère. Ainsi, a été révélée hier l’envoi d’un million de masques par la Chine ou encore le déblocage par l’armée de 5 millions de masques. Outre que ces volumes demeurent encore trop restreints pour envisager une protection optimale et confortable sur plusieurs jours de tous les soignants (qui sont plus d’un million), on peut s’interroger sur le retard de cette participation de l’armée à l’approvisionnement, alors que des interrogations sur ce point se sont multipliées ces dernières semaines. Face à ces critiques, le gouvernement répète son engagement et sa mobilisation, tout en fustigeant également certains comportements irresponsables. Jérôme Salomon a ainsi déploré hier : « Voir un cycliste avec un masque chirurgical, ça serre le cœur de tous les personnels de santé qui les croisent... ».

De son côté, Christophe Castaner a affiché la plus grande sévérité vis-à-vis des vols de masques qui ont été constatés dans de nombreux établissements : « Il y a des vols massifs, significatifs, dans les hôpitaux, dans les cliniques. Avec des vols de tout type y compris des infractions au milieu de la nuit parce que le masque a aujourd’hui une valeur » a regretté le ministre de l’Intérieur, qualifiant ces agissements d’ « infâme ». « Je ne doute pas que la justice prendra en compte le côté (…) ignoble d’organiser un commerce parallèle avec les masques de protection » a encore déclaré le ministre.
Élan de solidarité des industriels pour doper la production de gel hydroalcoolique
La pénurie ne concerne pas uniquement les masques mais également, on le sait, le gel hydroalcoolique. Pour y faire face, une collaboration a été demandée aux producteurs d’alcool qui ont été nombreux à répondre à l’appel. Ainsi, la société Pernod-Ricard a fait don de 70 000 litres d’alcool ce qui devrait permettre de produire 1,8 millions de flacons. Quelques jours auparavant, le groupe LVMH avait fait une annonce similaire en annonçant la réorientation de sa branche parfum pour la production gracieuse de gel hydroalcoolique. Parallèlement Terreos et Cristal Union, deux géants du sucre vont également consacrer une partie de leurs outils de production à la fabrication d’alcool pharmaceutique. Ces élans de solidarité sont constatés dans de nombreux autres pays.

Aurélie Haroche

Source : jim.f


Une plainte déposée contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn

Publié le 20/03/2020

Trois médecins ont déposé une plainte devant la Cour de Justice de la République (CJR) contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn pour n’avoir pas pris les mesures nécessaires à l’endiguement de l’épidémie de coronavirus.

Les révélations désastreuses de l’ancienne ministre Agnès Buzyn, qui a déclaré ce mardi à nos confrères du Monde avoir prévenu dès janvier le Président de la République et le Premier Ministre du risque d’une épidémie de coronavirus en France, ont déjà des conséquences judiciaires.

Abstention volontaire de combattre un sinistre

Ce jeudi, trois médecins (Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro), représentant le collectif de médecins nouvellement créé C19, ont déposé une plainte devant la Cour de Justice de la République contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, dénonçant leur gestion de l’épidémie. La présidente du Rassemblement National Marine Le Pen avait appelé de ses vœux une telle initiative judiciaire dès mardi.

La plainte des médecins vise l’article 223-7 du code pénal qui punit de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende « quiconque s’abstient volontairement de prendre les mesures permettant de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes ».

Une Cour de Justice très compréhensive

S’appuyant sur les déclarations de l’ancienne ministre de la santé, les plaignants estiment que le gouvernement « avait conscience du péril et disposait de moyens d’actions, qu’ils ont choisi toutefois de ne pas exercer ». Selon eux, si des mesures énergiques avaient été prises rapidement, cela « aurait sans nul doute permis de juguler l’épidémie ». Ils regrettent notamment qu’aucune « mesure particulière » n’ait été prise pour endiguer les premiers foyers infectieux dans l’Oise.

La plainte doit désormais être examinée par la commission des requêtes de la Cour de Justice de la République (seule instance habilitée à juger les infractions commises par les ministres en exercice) qui doit déterminer quelle suite judiciaire lui sera donnée. La Cour est connue pour faire preuve d’une grande indulgence envers les ministres.

Le gouvernement tente de s’expliquer

Depuis les « révélations » de Mme Buzyn, le gouvernement tente de défendre sa capacité d’anticipation et sa gestion de la crise, de manière quelque peu contradictoire. Ce mardi, Édouard Philippe a ainsi rappelé qu’il avait organisé plusieurs réunions de crise dès janvier, prouvant qu’il avait pris conscience de l’ampleur du danger.

Dès le lendemain, le ministre des comptes publics Gérald Darmanin expliquait cependant que « au mois de février, nous ne savions pas que la situation serait celle que nous connaissons aujourd’hui » et rappelait que le gouvernement s’en était remis à l’avis des scientifiques.

Bas les masques

Enfin, s’agissant de la question précise mais éminemment importante des masques de protection, le ministre de la Santé Olivier Véran a, lors des questions au gouvernement, reconnu « notre pays n’était pas préparé du point de vue des masques et du matériel de protection ».

L’État ne disposait en effet que de 150 millions de masques chirurgicaux et d’aucun stock de masques FFP2 en début d’année, contre 800 millions de chirurgicaux et 600 millions de FFP2 en 2012. Mais il semble qu’en 2013, la décision a été prise de ne pas renouveler les stocks et de s’en remettre à la capacité de production de la Chine, justement le premier pays touché par le coronavirus.

QH
Source : jim.fr


Covid-19 : profil des patients décédés en Italie

Publié le 20/03/2020

L’Italie dispose désormais de données robustes sur le profil des patients décédés, infectés par SARS-CoV-2.

L’Instituto Superiore di Sanità (qu’on pourrait comparer à notre Santé Publique France) publie ainsi aujourd’hui une étude sur les caractéristiques des patients morts avant le 17 mars 2020 (2003 patients inclus).

Il apparaît tout d’abord que l’âge médian des patients est de 80,5 ans (79,5 ans pour les hommes, 83,7 ans pour les femmes). Par ailleurs, 70 % des victimes sont des hommes.

Sur ces 2003 malades : aucun n’avait moins de 30 ans, cinq avaient entre 30 et 39 ans*, douze entre 40 et 49 ans, 56 entre 50 et 59 ans, 173 entre 60 et 69 ans, 707 entre 70 et 79 ans, 852 entre 80 et 89 ans et 198 plus de 90 ans.
Trois patients sur 2003 n’avaient pas de pathologie préexistante
Seuls 3 patients ne présentaient aucune pathologie préexistante, 25,1 % une pathologie, 25,6 % deux pathologies et 48,5 % trois pathologies.

Sans surprise, les comorbidités les plus citées sont l’HTA (76,1 %), le diabète de type 2 (35,5 %) et une cardiopathie ischémique (33 %).

Notons que l’espérance de vie en Italie était estimée à 82,54 ans en 2016.

Ces données, riche d’enseignements, pourraient inciter les autorités sanitaires à renforcer leurs recommandations vis-à-vis des plus âgés et des plus fragiles, voire même, si le confinement de ces derniers était bien respecté à un relatif relâchement des mesures d’évitement des contacts sociaux concernant les autres catégories de la population.

*tous des hommes atteints de « graves maladies préexistantes » notent les auteurs

Gabriel Poteau

Source : jim.fr


Il était une fois les masques…indéfiniment réutilisables

Publié le 28/05/2020

Tout le monde a en tête ces masques à bec d’oiseau que portaient les médecins de la peste. Ce long bec contenait des parfums et des épices, destinés à neutraliser les miasmes contenus dans l’air entourant les malades. Cette pratique est devenue toutefois marginale dès le 18ème siècle et il a fallu attendre la fin du 19ème pour voir apparaître les masques faciaux tels que nous les connaissons actuellement.

Intrigués par la pénurie de masques au moment de l’arrivée de la pandémie, deux historiens des sciences ont mené l’enquête. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer la pénurie, de la panique qui a poussé les populations à stocker des masques au brusque arrêt des échanges commerciaux internationaux, en passant par la délocalisation des usines de fabrication. Mais la reconstitution de l’histoire du masque, à laquelle se sont livré les deux auteurs, braque le projecteur sur un tout autre élément : et si l’une des raisons de la pénurie était à rechercher dans le remplacement des masques lavables par les masques à usage unique ? Car, si en 1955, le Life Magazine célébrait la société du "tout jetable" dans un article triomphalement intitulé « Throwaway Living », il se pourrait que cette culture du jetable nous ait coûté bien cher. Remontons un peu dans le temps avec nos deux chercheurs.

Les chirurgiens, convaincus par Carl Flügge, adoptent le masque

C’est en 1897 que Johann Mikulicz, chef du département de chirurgie de l’université de Breslau, décide de porter un masque pendant les interventions chirurgicales. Peu de temps auparavant, le bactériologiste Carl Flügge avait montré expérimentalement que les minuscules gouttelettes émises lorsque nous parlons contiennent des bactéries cultivables. La même année, le chirurgien français Paul Berger l’adopte aussi. Le port du masque devient alors une arme dans la stratégie de contrôle de l’infection des sites opératoires et, malgré certaines oppositions, se généralise rapidement dans les salles d’opération.

Il quittera le seul théâtre chirurgical pendant l’épidémie de peste de Mandchourie de 1910-1911 et la pandémie de grippe de 1918-19, en devenant un moyen de protection porté, voire parfois imposé, à la fois par les soignants et les patients. Le port du masque acquiert alors sa fonction de protéger aussi les soignants et non plus seulement celle d’éviter la contamination d’un site opératoire par le praticien. Le personnel médical dans sa globalité l’adopte et de nombreuses recherches se concentrent alors sur la mise au point du modèle le plus efficace. Constitués le plus souvent de plusieurs couches de coton et maintenu par une armature métallique, les masques sont lavables et l’armature stérilisable.

Les années 60 ou l’avènement du tout jetable

Mais arrivent les années 60 et l’apparition de nouvelles matières synthétiques. Le masque en tissu réutilisable sera bientôt rangé au rayon des accessoires et remplacé peu à peu par le masque à usage unique. Cette substitution s’intègre dans la transformation en profondeur des soins hospitaliers, avec l’avènement du « tout jetable » qui concerne les seringues, aiguilles, plateaux et autres instruments chirurgicaux à usage unique. Destiné à réduire les risques d’une stérilisation défectueuse, ce changement est aussi motivé par le souhait de réduire les coûts en personnel de stérilisation, à faciliter la gestion des approvisionnements, mais aussi par la nécessité de répondre à la demande pressante des soignants, largement appuyée par des campagnes de publicités agressives.

Une solution : relancer la recherche sur les masques réutilisables ?

Les auteurs ont retrouvé des études, soutenues par l’industrie, montrant que les masques synthétiques sont supérieurs aux masques en coton réutilisables. Le plus souvent toutefois, ces derniers sont absents des études comparatives. En 1975, l’une des dernières études à inclure un masque réutilisable industriel en coton conclut pourtant que celui-ci, fait de mousseline de coton et à 4 plis, est supérieur au masque jetable en papier et aux masques synthétiques. La généralisation du jetable finira malgré cela par décourager la recherche et la fabrication industrielles des masques réutilisables.

Les auteurs notent au passage que, si le ralliement récent du public aux masques faits maison a été appréciable dans certain cas, il n’a contribué que marginalement à résoudre la pénurie et ne peut, quoi qu’il en soit, remplacer des masques réutilisables soigneusement conçus, manufacturés et testés, tels qu’ils l’étaient jusque dans les années 70.

Pour les auteurs, constituer des stocks importants de masques jetables en prévision de la prochaine pandémie ne peut suffire. Il est nécessaire aussi de reconsidérer les risques de la culture du jetable. Ils souhaitent qu’il soit à nouveau possible d’affirmer, comme des chercheurs en 1918 : « Un masque peut être lavé à plusieurs reprises et utilisé indéfiniment ».

Dr Roseline Péluchon
Référence
Strasser BJ et Schlich T : A history of the medical mask and the rise of throwaway culture. Lancet, 2020 ; publication avancée en ligne le 22 mai.

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Covid-19 : plus de formes asymptomatiques grâce aux masques et peut-être une « variolisation »

Publié le 05/10/2020

Alors que le SARS-CoV-2 poursuit sa course folle, serait-il possible que l’un des piliers de la lutte - le masquage facial universel - puisse contribuer à réduire la gravité de la Covid-19, jusqu’au point de rendre les personnes asymptomatiques ? Si cette dernière hypothèse se confirmait, le masquage universel pourrait-il, comme la "variolisation", générer une immunité, freinant ainsi la propagation du virus en attendant l’avènement des vaccins ?
« En mars, quand il fait beau, prends ton manteau (et ton masque) »
Bien que très loin de nos habitudes occidentales, une bonne raison de porter le masque s’est imposée au mois de mars, lorsque des études ont commencé à décrire des taux élevés d’excrétion virale par le nez et la bouche des patients pré-symptomatiques ou asymptomatiques, à des taux équivalents à ceux des patients symptomatiques. Le 3 avril, les CDC ont donc recommandé au public le port de masques en tissu dans les zones où le taux de transmission communautaire est élevé - une recommandation qui a été suivie de manière inégale aux États-Unis.

Une relation étroite entre le port de masques par le public et la lutte contre la pandémie

Des études épidémiologiques menées dans le monde entier, en particulier dans les pays asiatiques qui s’étaient habitués au port de masques à l’échelle de la population lors de la pandémie de SRAS de 2003 (NDLR : ou depuis plus longtemps en raison des pics de pollution atmosphérique) ont montré qu’il existe une relation étroite entre le port de masques par le public et la lutte contre la pandémie. Des données récentes émanant de Boston démontrent que les infections par le SARS-CoV-2 ont diminué chez les soignants après la mise en place du masquage universel dans les hôpitaux municipaux à la fin du mois de mars.

Moindre inoculum, moindres symptômes

Le virus a la capacité de provoquer une myriade de manifestations cliniques, allant de l’absence totale de symptômes à la pneumonie, au SDRA et au décès. Des données virologiques, épidémiologiques et écologiques récentes ont conduit à l’hypothèse que le masquage facial pourrait également réduire la gravité de la maladie chez les personnes infectées, allant dans le sens d’une théorie de longue date sur la pathogénèse virale, selon laquelle la gravité de la maladie est proportionnelle à l’inoculum viral reçu. Depuis 1938, est exploré chez l’animal, le concept de la dose létale d’un virus - ou la dose à laquelle 50 % des hôtes exposés meurent (DL50).

Dans les infections virales où les réponses immunitaires de l’hôte jouent un rôle prédominant dans la pathogenèse virale, comme avec le SARS-CoV-2, un fort inoculum viral peut submerger et déréguler les défenses immunitaires innées, augmentant ainsi la gravité de la maladie. En effet, l’immunopathologie de régulation négative est l’un des mécanismes par lesquels la dexaméthasone améliore le pronostic des patients en état critique. Des doses élevées du virus administré ont conduit à des manifestations plus graves de Covid-19 sur modèle animal (hamster syrien).

Davantage de formes asymptomatiques grâce au masquage collectif ?

Le taux d’infections asymptomatiques a été estimé à 40 % par les CDC à la mi-juillet, mais ce taux serait supérieur à 80 % dans les milieux où le masquage facial universel est utilisé, ce qui fournit des preuves observationnelles de cette hypothèse. Les pays qui ont adopté le masquage général ont obtenu de meilleurs résultats en termes de taux de formes graves et de décès, ce qui, dans des pays où les tests sont limités, suggère un passage des infections symptomatiques aux infections asymptomatiques. Théorie également confirmée sur modèle animal (hamster syrien).

Le modèle humain

Lors d’une épidémie survenue sur un bateau de croisière argentin fermé, où les passagers ont reçu des masques chirurgicaux et le personnel des masques N95, le taux d’infection asymptomatique a été de 81 % versus 20 % lors des précédentes épidémies sur des bateaux de croisière sans masquage universel. Lors de deux récentes flambées dans des usines alimentaires américaines, où tous les travailleurs ont été obligés de porter des masques, la proportion d’infections asymptomatiques parmi plus de 500 personnes infectées a été de 95 %, 5 % seulement présentant des symptômes légers à modérés. Les taux de létalité dans les pays où le masquage est obligatoire ou appliqué à l’ensemble de la population sont restés faibles, même après la levée du confinement.

Élémentaire mon cher Jenner

La variolisation était un processus par lequel des personnes sensibles à la variole étaient inoculées avec du liquide infecté prélevé sur une vésicule d’une personne atteinte de variole, dans l’intention de provoquer une infection légère et une immunité ultérieure. Cette technique n’a été pratiquée que jusqu’à l’introduction du vaccin contre la variole, qui a finalement éradiqué la maladie.

En attendant le ou les vaccins, toute mesure de santé publique propre à accroître la proportion d’infections asymptomatiques par le SARS-CoV-2, pourrait à la fois rendre l’infection moins mortelle et augmenter l’immunité de la population sans provoquer de formes graves ni de décès.
Le débat porte actuellement sur les composantes humorales et cellulaires de la réponse immunitaire adaptative au virus qui permettraient de mieux estimer le niveau d’immunité plus durable des cellules T et des cellules B mémoires. Des données prometteuses suggèrent qu’une forte immunité à médiation cellulaire résulte d’une infection par le SARS-CoV-2, même légère ou asymptomatique.
D’autres études pour confirmer ou infirmer la théorie moderne de la variolisation
Afin de tester l’hypothèse selon laquelle le masquage collectif est l’une des stratégies de contrôle de la pandémie, d’autres études comparant le taux d’infection asymptomatique dans les zones avec et les zones sans masquage universel, doivent être menées. Enfin, pour tester l’hypothèse de la variolisation, il faudrait d’autres études comparant l’intensité et la durabilité de l’immunité des cellules T spécifiques, entre les personnes atteintes d’une infection asymptomatique et celles atteintes d’une infection symptomatique, portant sur le ralentissement naturel de la propagation du virus dans les zones présentant une forte proportion d’infections asymptomatiques.

En fin de compte, la lutte contre la pandémie consistera à faire baisser à la fois les taux de transmission et la gravité de la maladie. De plus en plus de preuves suggèrent que le masquage facial à l’échelle de la population pourrait profiter aux deux composantes de la réponse.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
Référence
Gandhi M, Rutherford GW : Facial Masking for Covid-19 - Potential for "Variolation" as We Await a Vaccine. N Engl J Med. 2020 ; publication avancée en ligne le 8 septembre. doi : 10.1056/NEJMp2026913.


Non, le port du masque n’entraîne pas d’hypoxie !

Publié le 04/11/2020

Il est prouvé que les masques faciaux empêchent la propagation de la Covid-19. Toutefois, alimentée par des affirmations diffusées principalement sur les réseaux sociaux, une polémique est née : elle est construite sur l’affirmation selon laquelle les masques peuvent créer une hypoxie et seraient donc dangereux.

Pour vérifier si le port d’un masque non médical est réellement associé à une modification de la saturation en oxygène, une équipe canadienne a mené un essai croisé.

Au total 25 participants, âgés de 65 ans ou plus, ont mesuré leur saturation en oxygène (SpO2) avant, pendant et après le port d’un masque. Étaient exclus les patients atteints de comorbidités cardiaques ou respiratoires s’accompagnant d’une dyspnée de repos. Les participants recevaient tous le même modèle de masque plat, jetable, à 3 couches, avec élastiques derrière les oreilles. Ils portaient le masque au repos et au cours de leurs activités quotidiennes. Une diminution de la SpO2 de 3 % ou plus est considérée comme cliniquement significative, mais pour cette étude, menée chez des personnes âgées, les auteurs ont fixé le seuil de significativité à 2 %.

Ces résultats convaincront-ils les plus réticents de l’innocuité du port du masque ? Espérons-le car les données montrent que ce dernier ne s’accompagne pas de baisse de la SpO2. La SpO2 moyenne « poolée » est en effet de 96,1 % avant, 96,5 % pendant et 96,3 % après le port du masque. Chez aucun des participants, le port du masque ne s’accompagne d’une saturation inférieure à 92 %. Les différences moyennes entre avant et pendant le port du masque sont de 0,46 %, et de 0,21 % entre pendant et après, excluant à chaque fois la probabilité d’une réduction de 2 % ou plus.

Dr Roseline Péluchon
Références
Chan NC et coll. : Peripheral Oxygen Saturation in Older Persons Wearing Nonmedical Face Masks in Community Settings. JAMA, 2020 ; Publication avancée en ligne le 30 octobre. doi:10.1001/jama.2020.21905

Source : jim.fr


Extension du domaine du masque

Publié le 06/03/2021

Leur utilité sera peut-être bientôt quelque peu reléguée grâce à la vaccination. Il n’empêche que les mois qui se sont écoulés ont entrainé un boom sans précédent pour la mise au point de nouveaux types de masques.

La course a notamment concerné les matières utilisées avec notamment l’objectif d’en améliorer tant les capacités de filtration que la respirabilité (afin par exemple de permettre la pratique d’activités physiques sportives). Mais les recherches ont également concerné la possibilité de faire de ses masques des virucides.

La petite firme israélienne qui fait du bruit

Plusieurs firmes se sont engagées dans ces développements technologiques. L’entreprise israélienne Sonovia a ainsi connu un essor prodigieux grâce à son masque biocide, dont le principe repose sur l’utilisation de nanoparticules d’oxyde de zinc (intégrées dans le tissu grâce à des ondes sonores) qui permettraient la destruction de 99 % des virus et des bactéries. A l’origine, la petite sart-up avait développé cette technologie pour la désinfection des draps ou blouses d’hôpitaux avant d’avoir au début de la pandémie l’idée de concevoir des masques l’intégrant. Le succès a été au rendez-vous avec une production pour le monde entier.

Une nouvelle citadelle

Mais la concurrence est forte. En France, des chercheurs de l’université de Lille ont mis au point un procédé, baptisé Cidaltex, qui « permet de rendre virucide la couche filtrante des masques, constituée de fibres très fines (« non tissé en polypropylène  ») sans détériorer ses propriétés filtrantes et de manière industrialisable. Il consiste à fixer sur les fibres des molécules en forme d’anneau, constituées de sucres et appelées cyclodextrines. C’est dans ces «  cages  » que viennent se piéger les molécules virucides, qui restent donc dans la couche filtrante. Cet agent antiviral est une molécule de type ammonium quaternaire (…) déjà utilisée pour ses propriétés antimicrobiennes dans des formulations pharmaceutiques telles que les solutions cutanées antiseptiques, dans des gouttes pour les yeux ou pour le nez, ou en tant que conservateur dans les cosmétiques » expliquait il y a quelque semaine le professeur Bernard Martel. Grâce à l’association avec la société française Bioserenity, le dispositif a commencé à être commercialisé. Son coût plus élevé que celui des masques chirurgicaux classiques (0,98 euros l’unité) rend difficile une commercialisation de masse, mais le système intéresse les équipes médicales.

Une arme utile

Toujours en France, Paul Boyé Technologies, spécialiste de la fabrication de tenues de protection pour l’armée a également mis au point son propre masque biocide, fort de son expérience dans ce domaine (avec la mise au point de tissus permettant d’éviter la contamination par l’anthrax par exemple). Les tests du masque Biox sont encore en cours mais sont prometteurs.

« Après des essais à l’université de Toulouse, notre masque Biox a été testé contre une souche du Covid-19 par la Direction générale de l’armement (DGA), dans un essai portant sur 1 million de masques pour vérifier le traitement pharmaceutique à grande échelle », a indiqué le président de la Société Jacques Boyé, cité par Les Echos. Efficace, le dispositif doit encore être testé pour évaluer ses effets allergéniques. Si cette évaluation ne mettait pas en évidence de risque majeur, une commercialisation pourrait intervenir dans les prochains mois. Là encore, s’il sera peut-être trop tard (et trop ambitieux) pour envisager un équipement des Français dans leur vie courante, ce type d’outils pourrait être précieux dans les établissements de santé où aujourd’hui la Covid est la première maladie nosocomiale, avec des transmissions des soignants vers les patients et inversement.

Aurélie Haroche

Source : jim.fr


The adverse skin reactions of health care workers using personal protective equipment for COVID-19

Quand la Chine se penche sur les effets des équipements de protection individuelle (EPI) portés de façon prolongées dans la journée. (12h/j durant 3 mois).

Les réactions cutanées indésirables les plus courantes chez les professionnels de santé portant des masques N95 étaient les cicatrices de l’arête nasale (68,9 %) et les démangeaisons faciales (27,9 %). Les réactions cutanées indésirables les plus courantes chez les soignants portant des gants en latex étaient la peau sèche (55,7 %), les démangeaisons (31,2 %) et les éruptions cutanées (23,0 %). Les réactions cutanées indésirables les plus courantes chez les soignants portant des vêtements de protection étaient la peau sèche (36,1 %) et les démangeaisons (34,4 %).

Lorsque la plupart des professionnels de santé portent des EPI pendant une longue période, ils subiront des réactions cutanées indésirables. L’incidence des réactions cutanées indésirables au masque N95 était de 95,1 %, celle des gants en latex était de 88,5 % et celle des vêtements de protection était de 60,7 %.


Mise au point sur les données périopératoires relatives au COVID-19 coronavirus-2 et syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2)

Liana Zucco, MD, Nadav Levy, MD, Desire Ketchandji, MD, Michael Aziz, MD, Satya Krishna Ramachandran, MD

Source : https://www.apsf.org/fr

Clause de non-responsabilité : Les lecteurs des présents articles devront étudier les informations qu’ils contiennent en prenant conseil auprès d’experts médicaux et juridiques, puis décider personnellement de la pertinence dans leur contexte spécifique et de leur conformité aux lois et règlements nationaux et fédéraux. L’APSF a mis en œuvre tous les efforts possibles pour veiller à l’exactitude des informations fournies. Cependant, ces informations sont fournies uniquement à des fins d’information et ne doivent pas être interprétées comme un avis médical ou légal. Ces articles ne doivent pas être interprétés comme représentant le soutien ou la politique de l’APSF (sauf indication contraire), des recommandations cliniques, comme remplaçant l’avis d’un médecin et la consultation d’un conseilleur juridique indépendant.
Introduction

Coronavirus COVID-19La pandémie de COVID-19 liée au coronavirus-2 responsable du syndrome respiratoire de détresse aigu sévère (SARS-CoV-2) continue à avoir un impact considérable sur la vie à travers le monde. Elle a fait subir des pressions énormes aux systèmes de santé et aux économies, avec notamment des conséquences psychologiques et sociales majeures. L’épidémie de SARS-CoV-2, qui a débuté à Wuhan, en Chine, a ensuite rapidement progressé pour devenir pandémique. Elle s’est propagée à plus de 150 pays, infectant plus de 3,1 millions de personnes, (chiffre du 29 avril 2020) avec plus d’un million de cas aux États-Unis.1,2

Les estimations actuelles suggèrent un taux de mortalité compris entre 2 et 20 % des patients hospitalisés et jusqu’à 88 % des patients nécessitant une ventilation mécanique.3–5 Le SARS-CoV-2 a un taux de reproduction de base (R0) de 2,2–2,7,6, autrement dit une seule personne infectée peut potentiellement transmettre l’infection à plus de deux personnes. Cela peut entraîner une propagation exponentielle rapide, que nous avons constatée dans les communautés à travers les États-Unis7

Étant donnée la capacité de la transmission interhumaine8–10, le SARS-CoV-2 continue à présenter un risque élevé pour tous les professionnels de santé dans le domaine périopératoire. Nous demandons solennellement aux directions des hôpitaux et aux responsables des unités de soins périopératoires de mettre en place des mesures stratégiques pour les interventions sur des patients atteints ou suspectés d’être atteints de COVID-19. L’objet de ce communiqué est de présenter des mesures de précaution dans le domaine périopératoire, reconnaissant que de telles mesures reposent sur les enseignements tirés de l’épidémie actuelle, ainsi que sur de précédentes épidémies virales.11 En particulier, nous nous intéressons aux mesures qui ont réussi ou non à limiter la transmission de pathogènes viraux (SARS-CoV-2, SARS-CoV et le coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient [MERS-CoV]) dans les domaines de la santé. Alors que les interventions non pharmacologiques restent le pilier de la lutte contre la propagation de la maladie, des expériences internationales mettent en avant le rôle important des mesures rapides de santé publique dans le combat contre une pandémie de cette ampleur.
Transmission des agents pathogènes du SARS-CoV-2

La transmission de pathogènes peut survenir entre humains par inhalation de gouttelettes respiratoires infectées, en particulier si l’exposition aux gouttelettes intervient à une distance rapprochée (6 pieds, soit 1,8 mètre) ou en présence d’une exposition continue à un nombre élevé d’aérosols dans un environnement relativement clos.12,13 La transmission peut également survenir dans le cadre de contact direct ou indirect, avec les muqueuses (c.-à-d. les yeux, le nez, la bouche) et par les voies digestives.12,14 Il existe désormais des preuves que la transmission peut intervenir à la suite d’un contact direct ou indirect avec des surfaces contaminées (fomites), pouvant prédisposer à une auto-inoculation et/ou une transmission ultérieure. À l’image d’autres coronavirus, le SARS-CoV-2 peut survivre dans l’environnement extérieur pendant environ 12 heures sur les tissus et les surfaces en carton et jusqu’à 72 heures sur des surfaces en plastique ou métalliques.11,15,16

Prévenir la transmission du SARS-CoV-2 reste l’effort de santé publique le plus efficace pour limiter l’impact. Cet effort inclut l’identification rapide des cas, le suivi des contacts, l’isolement et la mise en quarantaine des individus infectés/exposés et des soins de soutien. Nous considérons les unités de soins périopératoires comme des sites potentiels méconnus d’exposition au SARS-CoV-2. Par conséquent, des recommandations pour le milieu hospitalier devraient être mises à la disposition des professionnels de santé afin de gérer l’exposition et de mettre en œuvre des mesures pour limiter la transmission.

Enseignements tirés des épidémies antérieures decoronavirus (SARS-CoV, MERS)

L’épidémie de SARS-CoV à Toronto en 2002 et de MERS-CoV en 2012 nous ont appris que la majorité des cas étaient associés à une transmission nosocomiale, en particulier parmi les professionnels de santé exposés aux procédures génératrices d’aérosols.17 Malgré les protocoles de sécurité instaurés, l’infection confirmée par le SARS-CoV des professionnels de santé a été associée à l’intubation de patients infectés par le SARS-CoV en unités de soins intensifs, lorsque plusieurs tentatives d’intubation étaient nécessaires, et lorsque plus de trois individus étaient présents dans la salle.18 D’autres facteurs de risque sont le contact avec les patients pendant les procédures susceptibles de libérer des aérosols, notamment par nébuliseurs, appareils de ventilation en pression positive continue (CPAP), appareils de ventilation d’aide à deux niveaux de pression (BiPAP) ou oxygénothérapie nasale à haut débit.11 Cependant, des mesures renforcées et le respect du port des EPI ont permis de limiter la transmission nosocomiale lors de la deuxième vague de l’épidémie de SARS-CoV à Toronto. Des données plus récentes suggèrent que l’oxygénothérapie nasale à haut débit n’augmenterait peut-être pas la dispersion des aérosols lors d’une toux spontanée chez des volontaires en bonne santé.19

Enseignements tirés de l’épidémie actuelle (SARS-CoV-2) :

L’expérience en Chine, en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis prouve clairement que la transmission communautaire est responsable de la majorité des patients infectés.1 La prévalence de la maladie reste élevée dans diverses parties du monde, où l’absence de tests de dépistage fiables et largement disponibles représente un risque de transmission nosocomiale dans le domaine périopératoire. La période qui précède immédiatement l’apparition des symptômes est associée à une excrétion virale du SARS-CoV-2 et représente un potentiel énorme de transmission, impliquant ainsi davantage tous les patients (asymptomatiques) qui constituent un risque supplémentaire.20,21 Afin de protéger et d’assurer la sécurité des professionnels de santé et, par extension, des patients en empêchant la transmission nosocomiale du SARS-CoV-2, un effort coordonné avec le plein soutien de l’établissement est nécessaire.22

En raison de la propagation rapide de la COVID-19, la capacité des établissements de santé à se préparer à la hausse du nombre d’hospitalisations et à mettre en œuvre des stratégies d’atténuation des risques a subi la pression du temps. L’anxiété et la crainte ont fait subir des pressions supplémentaires aux soignants, en particulier en raison de la préoccupation liée aux approvisionnements insuffisants d’équipements de protection individuelle (EPI) et de l’absence de clarté des informations ou d’une réflexion harmonisée de la part des dirigeants. Nous avons appris que des messages discordants causaient la confusion, créaient des tensions et ralentissaient la mise en œuvre des protocoles. En outre, il est difficile de se tenir informé des directives en évolution constante et de les communiquer clairement à un établissement tout entier. Nous recommandons une approche harmonisée du soutien et de la communication aux membres du personnel dans votre établissement.

Transmission des pathogènes au bloc opératoire et dans l’environnement de travail des anesthésistes-réanimateurs

Au bloc opératoire, l’environnement de travail des anesthésistes-réanimateurs présente de nombreuses surfaces exposées aux gouttelettes, agissant comme des réservoirs du virus en l’absence de mesures de précaution ou de procédures de décontamination. Comme mentionné précédemment, les processus favorisant l’aérosolisation de crachats par un individu infecté dans les unités de soins périopératoires représentent une source potentielle d’exposition des professionnels de santé. Pour les anesthésistes-réanimateurs, il convient de prêter une attention particulière aux périodes pendant l’intubation et l’extubation, car elles présentent le plus haut risque d’exposition et entraînent un contact direct avec les gouttelettes respiratoires, pendant la gestion des voies respiratoires.23,24

Les espaces situés juste à l’extérieur du bloc opératoire et autour du service opératoire présentent peu de risques en termes de génération d’aérosols, tout en constituant toutefois des sources potentielles de transmission. Quel que soit le lieu, un équipement de protection individuelle (EPI) inapproprié ou mal utilisé, ainsi qu’une hygiène des mains insuffisante sont des facteurs potentiels de transmission aux professionnels de santé.25.26
Recommandations pour la pratique périopératoire de l’anesthésie chez les patients atteints de la COVID-19

En raison du potentiel de transmission du SARs-CoV-2 des patients asymptomatiques et des professionnels de santé, nous recommandons une intensification des mesures à respecter lors de la gestion périopératoire de tous les patients afin de limiter l’exposition aux sécrétions.

Hygiène des mains :

Se laver souvent les mains est l’une des mesures d’hygiène les plus importantes dans la protection contre la contamination, et celle-ci doit être activement appliquée. Des gels hydroalcooliques doivent être placés à proximité de chaque poste de travail d’anesthésie ou de l’unité de réanimation. L’hygiène des mains doit être pratiquée méticuleusement, conformément aux protocoles établis, notamment après le retrait des gants, après tout contact avec des surfaces sales ou contaminées ; avant de toucher l’appareil d’anesthésie, le chariot d’anesthésie ou son contenu et après tout contact avec le patient (par ex. mise en place du thermomètre, introduction de la sonde nasogastrique).

Équipement de protection individuelle :22,27,28

Des équipements de protection individuelle doivent être mis à la disposition de tous les soignants et doivent inclure un masque N95 (ou FFP2 en Europe) ou un appareil respiratoire à épuration d’air motorisé, une protection des yeux telle que des lunettes ou une visière, une charlotte jetable, une blouse imperméable et résistante aux projections, des surchaussures et deux paires de gants. Les charlottes jetables pour bloc opératoire limitent le risque de contamination des mains en se touchant les cheveux, susceptibles d’avoir été exposés à des gouttelettes. Il est fondamental de se laver les mains avant et après avoir enfilé ou retiré l’EPI.

Les masques N95 (FFP2) répondent pleinement aux critères d’efficacité de filtration du National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) et sont approuvés pour la protection contre la transmission par gouttelettes et par voie aérienne de 95 % des particules de taille supérieure à 0,3 micron. Les masques N95 (FFP2), qui doivent être soumis à des essais d’ajustement, offrent une protection contre la propagation du coronavirus par contact et par gouttelettes. Il est également possible d’utiliser un appareil respiratoire à épuration d’air motorisé (PAPR) à la place d’un masque N95. Il fournira une protection équivalente à un masque N95 (FFP2), mais peut être plus polyvalent en termes de tailles de visage différentes, en présence d’une barbe ou dans des scénarios d’usages multiples. Il convient de se rappeler qu’un appareil respiratoire à épuration d’air motorisé (PAPR) peut être plus difficile à mettre et à enlever sans auto-contamination et par conséquent, une observation attentive par un(e) collègue peut permettre d’atténuer ce risque. Au minimum, les masques N95 (FFP2) ou leur équivalent doivent être utilisés pour tous les cas avérés ou suspectés de COVID-19.

Les soignants et leurs établissements doivent connaître les protocoles pour mettre et enlever les EPI correctement. Il est important d’organiser des exercices de simulation d’intubation/extubation avec un EPI dans des conditions réelles (in situ). De tels exercices permettent de favoriser une utilisation appropriée de l’EPI par les soignants et d’identifier les obstacles au respect des règles. Il convient que l’établissement ait mis des mesures en place afin d’éviter les intubations en séquence rapide en urgence où l’EPI ne peut être correctement porté.

Contrôle des voies aériennes (intubation et extubation) :

Gestion des voies respiratoires COVID-19Avant l’exposition à une procédure génératrice d’aérosols ou la gestion des voies respiratoires, les soignants doivent se protéger en enfilant les EPI appropriés, décrits ci-dessus. Lors de l’intubation et de l’extubation, limitez le nombre de personnes présentes dans la salle afin de réduire le risque d’exposition inutile, sauf si les membres du personnel portent les EPI appropriés. Assurez-vous qu’un plan a été élaboré pour les cas de difficultés inopinées des voies respiratoires et que les équipements de sauvetage sont immédiatement disponibles, y compris un dispositif supraglottique et un kit d’abord chirurgical des voies aériennes.

Préparez l’équipement d’intubation à proximité du patient et planifiez sa mise au rebut afin de limiter la distance de trajet de l’équipement contaminé. Envisagez la technique du double gantage pendant l’intubation et de recouvrir la lame du laryngoscope de vos gants extérieurs tout de suite après l’intubation. Vous pouvez aussi placer le laryngoscope usagé directement dans un sachet hermétique, puis retirer la couche extérieure de gants.25

L’extubation provoque souvent une plus grande génération d’aérosols que l’intubation et elle doit être réalisée en respectant à la lettre les directives relatives aux EPI, décrites ci-dessus. Assurez-vous que les autres professionnels de santé présents dans la salle (par ex. un inhalothérapeute et un(e) infirmier(ière)) portent aussi leurs EPI. Envisagez l’utilisation de gaze ou d’une protection en tissu pour vous couvrir la bouche et le nez pendant l’extubation. Éliminez soigneusement l’équipement contaminé. Envisagez sérieusement la prophylaxie antiémétique afin de réduire le risque de vomissement et de propagation virale potentielle.

Planification du flux de travail périopératoire et formation axée sur la simulation :

Étudiez les besoins des flux de travail périopératoires spécifiques à la gestion des patients COVID-19 au sein de votre établissement.29 Il est possible qu’il soit nécessaire de revoir les flux de travail, de mettre en œuvre des check-lists et de pratiquer des tests en temps réel afin de révéler des dangers ou des lacunes dans les soins. Désignez des blocs opératoires spécifiques pour les patients COVID-19 et réduisez au minimum la contamination en retirant les contenus inutiles et en revêtant de plastique les équipements qui ne peuvent pas être déplacés. Nous recommandons de former les équipes dans le cadre d’exercices de simulation in-situ afin de les sensibiliser aux changements périopératoires pour les patients COVID-19 et favoriser le développement d’un modèle mental commun parmi les équipes soignantes.30 La formation axée sur la simulation pour mettre et enlever les EPI, l’intubation, l’extubation et la gestion d’un évènement indésirable chez un patient COVID-19 est également recommandée. Une partie des ressources en ligne de l’établissement de l’auteur peut être consultée sur le site suivant : https://www.anesthesiaeducation.net/qsi_covid19/.
Recommandations en matière de gestion des voies aériennes chez un patient atteint ou suspecté d’être atteint du coronavirus (SARS CoV-2)

Précautions générales :

Votre protection personnelle est la priorité. Un équipement de protection individuelle (EPI) doit être mis à la disposition de tous les soignants afin que toutes les précautions d’isolement des particules en suspension/gouttelettes/contact soient prises. Passez en revue les protocoles pour mettre et enlever les EPI. Anticipez, afin que le personnel dispose de suffisamment de temps pour passer l’EPI et appliquer les gestes barrières. Une grande attention est requise pour éviter l’autocontamination.

Les cas de SARS CoV-2 confirmés ou suspectés ne doivent PAS être amenés en salle d’attente ou en SSPI. Un bloc opératoire doit être dédié à ces cas et des panneaux d’avertissement doivent être apposés sur les portes pour réduire au minimum l’exposition du personnel. Les cas infectés doivent être extubés et surveillés en salle d’opération ou transférés en unité de soins intensifs, dans une chambre à pression négative. Préparez un clamp pour déconnecter les circuits.
Assurez-vous de disposer d’équipements suffisants pour le contrôle des voies respiratoires et les évènements imprévus. En outre, veillez à avoir à disposition un filtre échangeur de chaleur et d’humidité, éliminant au moins 99,97 % des particules en suspension de 0,3 micron ou de taille supérieure, ainsi qu’un clamp de sonde trachéale avant de commencer l’intubation.

Lors du contrôle des voies aériennes :

  • Portez un masque respiratoire N95 (FFP2) jetable ajusté, un masque respiratoire à adduction d’air filtré motorisé (PAPR) ou masque équivalent, une protection pour les yeux, une blouse, deux paires de gants et des chaussures de protection. Utilisez un monitorage standard du patient, comme vous le feriez pour toute induction d’anesthésie.
  • Désignez l’anesthésiste le plus expérimenté disponible pour réaliser l’intubation, si possible. Évitez de faire réaliser les intubations de patients atteints ou suspectés d’être atteints du SARS CoV-2 par des stagiaires pendant cette période.
  • Discutez le plan élaboré pour les cas de difficultés inopinées des voies respiratoires et assurez-vous que les équipements de sauvetage sont immédiatement disponibles, y compris un dispositif supraglottique et un kit d’abord chirurgical des voies aériennes.
  • Évitez les intubations fibroscopiques vigiles, sauf si expressément indiquée. Un anesthésique local en spray diffusera le virus par aérosol. Il est donc indiqué de recourir à des techniques topiques différentes. Utilisez des équipements que le professionnel pratiquant l’intubation a l’habitude d’utiliser ; l’appareil principal d’intubation recommandé est un vidéo-laryngoscope pour augmenter le succès de l’intubation.31
  • Préoxygénez pendant au moins cinq minutes avec de l’oxygène à 100 % ou jusqu’à l’obtention de la concentration recherchée de O2 en fin d’expiration.
  • Réalisez une intubation en séquence rapide (ISR) afin d’éviter la ventilation manuelle des poumons du patient. Assurez-vous de la disponibilité d’un assistant compétent pour appliquer une pression cricoïdienne. Si une ventilation manuelle est requise pendant une ISR modifiée, appliquez de petits volumes courants, en veillant à mettre en place un filtre échangeur de chaleur et d’humidité.
  • Dès l’intubation réalisée, gonflez le ballonnet de la sonde trachéale, avant d’appliquer la ventilation en pression positive.
  • Veillez à la présence d’un filtre échangeur de chaleur et d’humidité de haute qualité entre le masque/la sonde trachéale et le circuit respiratoire ou le ballon en toutes circonstances.
  • Remettez immédiatement le laryngoscope dans sa housse une fois l’intubation terminée ou placez-le dans une poche de récupération de spécimens hermétiquement fermée. Scellez l’intégralité de l’équipement d’assistance respiratoire utilisé dans un sac en plastique fermé à double zip. Il doit ensuite être enlevé pour être décontaminé et désinfecté.
  • L’extubation doit être réalisée en respectant strictement les règles de port des EPI. Envisagez l’utilisation d’une protection en tissu pour vous couvrir la bouche et le nez pendant l’extubation. Éliminez soigneusement l’équipement contaminé.
  • Après avoir retiré l’équipement de protection, rappelez-vous d’éviter de vous toucher les cheveux ou le visage avant de vous être lavé les mains.
  • Envisagez de dépister les symptômes chez les soignants impliqués dans le contrôle des voies respiratoires d’un patient COVID-19, à un niveau local ou à l’aide d’une plateforme en ligne telle que le registre à l’adresse https://intubatecovid.org.org.

Recommandations en matière de gestion des voies aériennes chez un patient atteint ou suspecté d’être atteint de COVID-19

Recommandations pour la reprise des activités opératoires non urgents et électifs

Alors que les systèmes de santé commencent à planifier la reprise des opérations non urgentes, puis des cas électifs avec l’aplatissement de la courbe d’infection du SARS-CoV-2, il reste primordial de continuer à respecter les normes les plus strictes fondées sur les faits, qu’il s’agisse de directives locales, nationales ou internationales, afin de protéger les patients et les soignants. La recrudescence de cas de COVID-19 reste une forte possibilité et une réelle inquiétude pour une multitude de raisons, notamment la variation de la disponibilité des tests, l’absence de certitude concernant l’immunité conférée par une exposition antérieure, la prévalence de la maladie, etc.32 Par conséquent, il convient d’encourager une surveillance constante, en mettant l’accent sur des efforts constants de la part du public.

En anticipation de la réouverture des services périopératoires pour les cas non urgents/électifs, nous recommandons une planification rigoureuse de la part des établissements, avec une reprise lente et échelonnée des cas non urgents, comme le suggère la Déclaration de consensus de l’American College of Surgeons (ACS), l’American Society of Anesthesiologists (ASA), l’American Hospital Association (AHA) et l’Association of Perioperative Registered Nurses (AORN) (Guide pour la reprise des chirurgies électives après la pandémie de COVID-19).33 Les politiques et les flux de travail de l’établissement pour la reprise des cas non urgents/électifs devront tenir compte de la disponibilité des tests, de la prévalence locale de la maladie, de la procédure chirurgicale et de l’indication, de la capacité de l’hôpital et de l’USI, ainsi que des besoins en effectifs. Les espaces de travail physiques devront être prévus de manière à optimiser la distanciation entre le patient et le soignant. Il faudra continuer à prendre des mesures pour poursuivre la formation et le soutien du personnel dans le cadre de la réponse globale de l’hôpital au COVID-19.34 Conformément au consensus suscité, nous défendons une approche échelonnée de la reprise des chirurgies indiquées médicalement, assujetties à des contraintes de temps.34–36 Nous privilégions des politiques et des protocoles qui hiérarchisent les besoins cliniques des patients et la capacité de l’établissement afin de limiter la concurrence pour la capacité opératoire limitée.

La base de la gestion des risques pendant la reprise après la pandémie restera le dépistage préopératoire fondé sur les symptômes. La plupart des hôpitaux ont un service dédié qui s’assure que les patients qui présentent des symptômes peuvent supporter un retard de chirurgie avec un suivi 14 jours plus tard dans la mesure du possible.

Dépistage COVID-19

Recommandations pour le dépistage préopératoire

Le dépistage préopératoire est en cours de mise en œuvre à travers le monde avec trois objectifs principaux, à savoir :

  • Repousser la chirurgie élective chez les patients qui sont symptomatiques ou qui sont testés positifs.
  • Déclencher des protocoles périopératoires pour des soins appropriés des cas confirmés ou suspects de COVID-19.
  • Conseiller sur l’utilisation appropriée des EPI et des protocoles de soins périopératoires.

Nous soutenons les recommandations du consensus de l’ASA et de l’APSF (Consensus de l’ASA et de l’APSF sur le dépistage périopératoire du virus COVID-19).37 Il conviendra d’étudier une évaluation des risques de la population qui identifie la prévalence de SARS-CoV-2.

En cas de présence locale ou régionale du SARS-CoV-2 :38

Tous les patients doivent être dépistés à la recherche de symptômes avant de se présenter à l’hôpital. Les patients qui présentent des symptômes devront être orientés vers une évaluation supplémentaire. Tous les autres patients devront subir des tests d’amplification des acides nucléiques (y compris des tests PCR) avant toute intervention chirurgicale non urgente. Les systèmes de santé peuvent envisager d’encourager les patients à se confiner dans l’attente des résultats des tests.

Du fait de la possibilité de résultats faux négatifs lors du dépistage, le personnel du bloc opératoire devra prendre des précautions pour se protéger des gouttelettes (masque chirurgical et protection des yeux) pour les patients chirurgicaux. Avant de réaliser une procédure génératrice d’aérosols, les soignants présents dans la salle devront porter un masque N95 (FFP2), une protection des yeux, des gants et une blouse.
Si un patient est testé positif au SARS-CoV-2, il conviendra de retarder les procédures chirurgicales électives jusqu’à ce que le patient ne soit pas plus infectieux et puisse prouver qu’il est guéri du COVID-19. Un patient peut être infectieux tant que :

  • Stratégie fondée sur le dépistage recommandée par le CDC
  • Absence de fièvre sans recours à des antipyrétiques
  • Amélioration des symptômes respiratoires
  • Résultats négatifs à deux tests SARS-CoV-2 réalisés dans un délai égal ou supérieur à 24 heures l’un de l’autre
  • Stratégie non fondée sur le dépistage du CDC
  • Absence de fièvre sans recours à des antipyrétiques depuis au moins 72 heures et amélioration des symptômes respiratoires
  • Au moins sept jours depuis l’apparition des symptômes.
    Il est impossible au moment présent de faire des recommandations concernant la définition d’un rétablissement suffisant des changements physiologiques causés par le SARS-CoV-2. Toutefois, une évaluation devra inclure une étude de la capacité du patient à faire de l’exercice physique (équivalents métaboliques ou METS).

En cas de présence locale ou régionale du SARS-CoV-2 minime ou inexistante :

  • Tous les patients doivent être dépistés à la recherche de symptômes avant de se présenter à l’hôpital.
  • Les patients qui présentent des symptômes devront être orientés vers une évaluation plus approfondie.

Remarques

En l’absence d’un vaccin ou d’interventions pharmacologiques éprouvées, nous recommandons de continuer à mettre l’accent sur les efforts de santé publique et les interventions non pharmacologiques dont le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les gouvernements locaux se portent garants. Nous préconisons également de continuer à tirer parti de la technologie (télémédecine) dans le cadre périopératoire, afin de faciliter la distanciation sociale et de limiter les transmissions nosocomiales.39

Recommandations en matière de gestion des voies aériennes chez un patient atteint ou suspecté d’être atteint de COVID-19
  • Le Dr. Liana Zucco est spécialiste de la qualité et de la sécurité périopératoire en matière d’anesthésie au Beth Israel Deaconess Medical Centre et candidate au master de qualité et sécurité des soins de santé de Harvard Medical School, Boston, Massachusetts.
  • Le Dr. Nadav Levy est spécialiste de la qualité et de la sécurité périopératoire en matière d’anesthésie au Beth Israel Deaconess Medical Centre et candidat au master de qualité et sécurité des soins de santé de Harvard Medical School, Boston, Massachusetts.
  • Le Dr. Desire Ketchandji est spécialiste de la réanimation dans le cadre de l’anesthésie à l’Oregon Health and Science University, Portland, Oregon.
  • Le Dr. Michael Aziz est vice-président par intérim des affaires cliniques et professeur au Service d’anesthésiologie et médecine périopératoire de l’Oregon Health and Science University, Portland, Oregon.
  • Le Dr. Satya Krishna Ramachandran est vice-président par intérim de la qualité, la sécurité et l’innovation, professeur associé d’anesthésie, du Service d’anesthésie, réanimation et traitement de la douleur du Beth Israel Deaconess Medical Center, Harvard Medical School, Boston, Massachusetts.
  • Drs Zucco, Levy, Ketchandji et Aziz ne signalent aucun conflit d’intérêts en lien avec cet article. Le Dr. Ramachandran perçoit des honoraires de Fresenius Kabi USA (conseiller scientifique).

Documents de référence

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