Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Ces noms que l’on utilise
Article mis en ligne le 21 février 2009
dernière modification le 25 mars 2022

par Arnaud Bassez

Dans la pratique quotidienne, nous employons des noms propres, devenus pour nous des noms communs. On appelle ce procédé une antonomase

Mais qui sont ces personnes dont on use du patronyme pour désigner un objet, une technique ou autre ?

D’où viennent-ils, et que faisaient-ils ?

Voici une modeste tentative de réponse, en utilisant les noms propres les plus souvent employés en anesthésie. 23 sont répertoriés.

Voir aussi les scores

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ALLEN

Test d’Allen
ou manœuvre d’Allen

Description :
Compression des artères radiales et cubitales jusqu’à obtenir une décoloration de la main, puis levée de la compression cubitale et observation de la revascularisation de la main.

test d’Allen

Ce test est utilisé en vue de mettre un cathéter dans l’artère radiale afin d’avoir une surveillance accrue de la pression artérielle au décours d’une chirurgie lourde ou en présence d’un patient classé ASA III ou IV.

Edgar Van Nuys Allen
Médecin américain, né en 1900 à Cozad, comté de Dawson, Nebraska. Mort en 1961.

Edgar Van Nuys Allen

Il est né le 22 Juin 1900 à Cozad, Dawson, Nebraska County, États-Unis, ses parents étaient Charles et Susan Edgar (Morrow) Allen.

Son ancêtre maternel est d’origine hollandaise (Van Nuys ou Vannuys).
En 1651, Aucke Van Nuys émigre des Pays-Bas vers les colonies d’Amérique du Nord, pour s’installer à New Amsterdam (rebaptisée plus tard New York).

Leurs descendants ont migré vers l’ouest ; Isaac Van Nuys s’est installé en Californie, dans une région qu’il nomme Van Nuys, en l’honneur de sa famille. Ce quartier dans la région de San Fernando Valley de Los Angeles porte encore ce nom Allen qui est d’origine irlandaise et écossaise.

Il a grandi comme un « garçon de ferme », avec ses cinq frères et soeurs (Edith, Dorothy, Frank. Ralph, et Hortense qui a ensuite travaillé avec lui comme diététicienne en chef à la clinique Mayo).
Bien que Allen ait rapidement décidé que l’agriculture n’était pas faite pour lui, il croyait que « ... de grandir dans une communauté agricole du Midwest donne à l’homme un bon début ..."

Il s’est inscrit à l’Université du Nebraska, où il a obtenu son baccalauréat ès arts, puis un Master et Doctorat en médecine et fut membre de l’équipe d’athlétisme couronnée championne du Missouri Valley pour son succès dans la course de 1 mile.

En tant qu’étudiant en premier cycle, Allen, incertain de sa future profession, prit les conseils d’un ami en passant par le laboratoire d’anatomie où les étudiants disséquaient les chats.
Il a été immédiatement enthousiaste.
Allen s’est distingué lors de ses études à l’école de médecine, en recevant des notes élevées dans toutes les matières.

Edgar Van Nuys Allen était professeur de médecine à la clinique Mayo de Rochester, Minnesota. Spécialiste en médecine cardiovasculaire, il édite un des premiers livres de vulgarisation sur les maladies vasculaires périphériques (Edgar van Nuys Allen and others with associates in the Mayo Clinic and Mayo Foundation : Peripheral vascular diseases.)

En 1960 il reçut avec Albert Lasker, une récompense pour ses travaux sur le dicumerol. En 1941 il publia un article sur l’administration de cet anticoagulant chez l’homme.

Il a présenté son « test de compression" pour diagnostiquer l’occlusion artérielle oblitérante thromboangéite ou la maladie de Buerger.

Il a fait des recherches approfondies sur le développement du dicumerol, un anticoagulant produit à partir de la coumarine.
En 1946, il écrit « maladie vasculaire périphérique" considérée comme étant "... la Bible dans sa spécialité pendant un certain temps ...".
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il servit comme colonel dans le Corps d’Etat médical de l’armée américaine.

Il meurt d’une pneumonie, le 14 Juin 1961 à Rochester. Il est enterré au cimetière de Glenwood à Mankato Blue Earth County, Minnesota, États – Unis.

CHARRIERE

Système de calibrage des sondes d’aspiration, des cathéters.

Joseph-Frédéric-Benoît Charrière

Joseph Frederic Benoit Charrière

Joseph Frédéric Benoît Charrière est né en suisse le 19 mars 1803, à Cerniat, dans le canton de Fribourg et décède le 28 avril 1876 à Paris. Fils d’Etienne Charrière, receveur à Paris et de Madeleine Elisa Berrurier, fille de Joseph-Simon, marchand boucher à Paris.

Il arrive à Paris en 1816 pour apprendre la coutellerie et entame un apprentissage de quatre ans comme affûteur-repasseur chez le coutelier Vincent, au 34/35 cour St Jean de Latran, dont il reprendra l’entreprise à la mort accidentelle de ce dernier en 1820. Il se spécialise dans les instruments de chirurgie. Il est vite remarqué pour sa qualité instrumentale par des chirurgiens comme Dupuytren, Civiale, Ségalas qui lui offrent leurs patronages et de nouvelles voies de création pour de nombreux instruments. Il créé à leur demande de nouveaux instruments, adaptés à leurs besoins spécifiques. Charrière n’hésite pas à fréquenter l’hôpital et à assister aux interventions pour mieux appréhender les besoins de ses clients.

Il quitte en 1833 l’atelier situé cour Saint-Jean-de-Latran pour le 9 (actuel 7 bis) de la rue de l’Ecole de Médecine dans le quartier des Cordeliers. En 1834, le rapport de l’exposition publique des produits de l’industrie, considère que la maison Charrière est la plus grande fabrique française d’instruments de chirurgie.
Il s’initie à Sheffield et à Londres en 1837 aux techniques de trempe des lames en acier coulé. Il y a pour Charrière plus de préjugés que de données exactes sur la qualité des tranchants anglais. Il fait même croire à certains chirurgiens que ses lames sont importées d’Angleterre, avant de leur démontrer qu’elles sont de sa fabrication.

Charrière va confectionner trois catégories d’instruments :
 ceux confectionnés sur les indications des chirurgiens.
 ceux exécutés sur une seule indication principale, donc de réalisation plus difficile.
 ceux inventés complètement par Charrière : tels que bouts de sein et biberons en ivoire flexible (éloge du jury de l’exposition de l’industrie en 1939, éloges de l’académie royale de médecine), la pompe simple à courant régulier pour diverses injections et lavements (supprimant les difficultés de nettoyage et l’introduction d’air dans l’intestin), instruments de sauvetage aux noyés et asphyxiés, la scie à molette et trépan s’engrenant par la circonférence des lames, appareil à extraire les corps étrangers, appareil de fracture à bras construit pour le Duc de Nemours, instruments d’ophtalmologie, de lithotritie...

En 1842 il installe un deuxième magasin en face du premier, au 6 rue de l’Ecole de médecine. Il acquiert la nationalité française en 1844. Il participe aux développement des instruments de l’anesthésie, discipline nouvelle venue des États-Unis, qui permet d’accroître progressivement les temps opératoires, avec des interventions toujours plus complexes, rendues possibles par la suppression de la douleur opératoire. Aux nouveaux besoins des chirurgiens et des anesthésistes, Charrière répond par de nouveaux appareils et instruments. La qualité des productions Charrière est récompensée par de nombreux prix (expositions nationales et internationales).

Les besoins étant immenses, les commandes venant des hôpitaux, de l’armée, mais aussi de l’étranger, les établissements Charrière vont connaître un développement important : 90 ouvriers (payés 3 à 9 francs par jour) dans les ateliers rue de l’Ecole de Médecine (où sont finalisées les instruments fabriqués dans les établissements de coutellerie de Nogent, notamment ceux de son gendre Eugène Vitry), et de 150 à 200 dans divers petits ateliers familiaux à Paris et en Province auxquels Charrière sous-traite une partie de la fabrication. Chaque ouvrier étant spécialisé dans un type d’appareil précis, l’expérience acquise permet de livrer des instruments de très grande qualité. Charrière a également fait baisser les prix des instruments : un appareil de lithotritie vendu de 500 à 1000 francs était proposé par Charrière pour 70 francs, à qualité équivalente.

Le catalogue de la maison Charrière était important et ses clients nombreux.

 Depuis 1825

  • fabrication de 95 % d’instruments chirurgicaux nouveaux sur les indications des chirurgiens.
  • pour le conseil général des hospices : appareils à prothèses.

 Depuis 1830

pour le ministère de la guerre, fabrication de :

  • tous les modèles de types de caisses d’instruments destinés aux services des hôpitaux militaires.
  • sacs d’ambulance pour l’infanterie.
  • sacoches pour la cavalerie.
  • gibernes-trousses des officiers de santé et des vétérinaires militaires.
  • boites de secours pour les poudrières de l’état.

Pour le ministère de la marine :

  • modèles types des caisses et demi-caisses d’instruments et appareils pour les hôpitaux maritimes et les bâtiments de l’état.
  • trousses et caisses de secours pour les asphyxiés.

Pour le ministère de l’intérieur :

  • caisses d’instruments pour le service des maisons centrales, de force et de correction.

Pour l’administration des postes :

  • modèles types de caisses et demi-caisses d’instruments et ustensiles pour le service des paquebots-postes.

 Seul fournisseur officiel de la faculté de médecine de Paris (mention sur notice de 1844 et catalogue de 1863).
 Fabricants d’instruments et appareils de chirurgie et de médecine en tous genres, pulvérisation d’eau, orthopédie, bandages herniaires, chirurgie vétérinaire, coutellerie fine, etc..
 Présent à l’exposition nationale de l’industrie en 1839.

Charrière fut le premier à utiliser le maillechort pour la fabrication de ses instruments.

Parmi les employés de Charrière, on trouve de futurs fabricants de matériels médicaux, tels que Georges Lüer (Paris), Louis Mathieu (Paris), Joseph Leiter (Vienne), Camillus Nyrop (Copenhague).

En 1844, Charrière constitue une collection historique d’instruments anciens et modernes, formant l’arsenal complet de la chirurgie instrumentale, rassemblée à grands frais par ses soins et classée par ordre d’opérations. Cette collection fut regroupée dans une pièce spéciale, dans des vitrines, et mise à la disposition des Professeurs de la faculté de médecine, et des étudiants.

En 1852 Joseph-Frédéric Charrière confia la direction de la société à son fils Jules, qui décéda en 1865. L’entreprise est alors reprise par deux employés de Charrière, Louis Robert et Anatole Collin, et devient la maison Collin en 1876.

L’entreprise Collin sera rachetée en 1957 par la société Gentile, qui fermera ses portes en 1972.

Frédéric Charrière décédera à Paris en 1876.

Prix obtenus par la société Charrière :
 1834 : médaille d’argent, exposition de l’industrie nationale.
 1835 : médaille d’or, exposition de Toulouse.
 1836 : Académie des sciences, prix Monthyon, pour le perfectionnement de divers instruments de chirurgie.
 1839 : médaille d’or, exposition de l’industrie nationale. (première récompense de ce type décernée pour des instruments de chirurgie)

Officier de la Légion d’honneur en 1851.

 Les tailles

On a donné son nom à l’unité de mesure du diamètre des sondes urologiques (1 Charr. = 1/3 mm).

De là découle le "French gauge" ou le French catheter scale, 1 French = 1 Ch. = 1/3 mm. utilisée dans sa forme abrégée .
Un "introducteur 9F" désignera un dispositif de 3 mm de diamètre extérieur, plutôt que d’un CH 9.

Le système de calibrage des aiguilles hypodermiques, cathéters, sondes et fils de suture est basé sur le système anglais de mesure de l’épaisseur du fil de fer. En l’absence de normes officielles, les fabricants définirent des calibres directement corrélés avec les procédés de tréfilage. Ce système a été standardisé vers 1884. Chaque taille du calibrage était exprimée en multiples de 0,001 inches, soit 0.0254 mm.

Joseph-Frédéric-Benoit Charrière a uniformisé l’incrément entre les tailles des calibres (1/3 de mm). Ce système fut connu sous le nom de « French Gauge ». Au début du XX ème siècle, ce calibrage a été modifié par l’adoption du « Système d’Unités International ».

Calibrage des aiguilles hypodermiques

§§§

Son élève Georges Lüer s’installera à Paris, à son compte au 6 rue Antoine-Dubois et au 2 rue de l’ecole de médecine, à quelques mètres de la boutique de son ancien employeur, et prospérera à son tour.

Son activité dans les matériels chirurgicaux était réputée pour l’excellente qualité de la trempe des instruments. Qualité des tranchants des instruments de renommée mondiale.
Notamment des instruments d’ophtalmologie classiques (couteaux à cataracte, aiguilles, curettes, pinces, ciseaux).
En 1849, un jury d’exposition disait : "un examen approfondi de la trempe et du tranchant de ces instruments nous a prouvé leur qualité et leur supériorité. Ainsi, nous avons vu les instruments les plus délicats, tels que l’aiguille à cataracte, après avoir incisé et enlevé des parcelles d’ivoire ou de corne, rester intacts et pénétrer le canepin comme s’ils venaient d’être affilés".

  • Nouveauté 1910 :
    blépharostat du Dr Pley (maintien les paupières ouvertes), boite à tatouage avec série complète de couleurs pour le tatouage coloré de la cornée, écarteurs pour le sac lacrymal, aspirateur stérilisable du Pr Lapersonne (aspiration des masses molles de la cataracte), seringue stérilisable à double effet du Dr Aubaret pour aspiration et injection simultanées dans la chambre antérieur de l’œil, releveurs injecteurs de la paupière.

appareils d’optiques : ophtalmoscopes, boite de verres pour recherche de l’acuité visuelle, palettes d’essai pour skiascopie, etc...

  • Matériels médicaux :
    seringues en cristal (a révolutionné les injections médicamenteuses hypodermiques, intramusculaires, intraveineuses, autrefois craintes en raison du risque d’infection) (chiffres de vente 500 000 pièces).

Son entreprise sera présente à l’exposition internationale de Bruxelles 1910.

CHVOSTEK

vu dans les états de tétanie et d’anxiété.

Le signe de Chvostek : recherché en percutant un point situé à mi-distance du lobule de l’oreille et de la commissure labiale, consiste en une contraction en éclair du releveur de la lèvre supérieure. La contraction peut diffuser au releveur de l’aile du nez et à l’orbiculaire des paupières ou même de l’hémiface.

Signe de Chvostek
Signe de Chvostek d’un I) de type B) de type II (extrait de signes de l’hypocalcémie : Chvostek et les signes de Trousseau, FL urbain, 2000)

Connu aussi comme :

 Le signe de Weiss (Nathan Weiss)
 Le tremor de Chvostek
 Le signe de Schultze-Chvostek

Trois signes analogues doivent être recherchés :
1. le signe de Weiss par percussion de l’angle externe de l’orbite permet d’obtenir une contraction très nette de l’orbiculaire.

2. le signe d’Escherich par percussion de la commissure labiale, on obtient une contraction très nette de l’orbiculaire.

3. le signe de Lust : flexion dorsale et relèvement du pied en abduction par percussion du col du péroné. C’est un signe de grande valeur.

František Chvostek

Médecin militaire autrichien, né le 21 mai 1835 à Mistek, en Moravie.

František Chvostek étudia à l’académie militaire médico-chirurgicale Joseph, où il reçut son doctorat en 1861. Jusqu’à 1863 il était affecté dans un régiment pour servir dans la première garnison à Vienne.

De 1863 à 1867 il fut l’assistant d’Adalbert Duchek (1824-1882) et de 1868 à 1871 il travailla sur l’électrothérapie à l’académie médicale militaire.

En 1871 il prend la direction de la clinique médicale Duchek, jusqu’à sa fermeture en 1874. Puis il travailla comme chef du département de médecine interne de l’hôpital militaire jusqu’à sa mort dans 1884 le 16 novembre 1884 à Vienne.

Chvostek était un médecin consciencieux, enthousiaste et humaniste, largement connu dans de nombreux cercles.
Il pratiqua plusieurs disciplines, et fut un écrivain actif. (F. Chvostek : Beitrag zur Tetanie. Wiener medizinische Presse, 1876)

De 1863 à sa mort, il publia 136 articles couvrant le champ entier de la médecine interne. Il fut aussi membre du comité militaire sanitaire, pour qui il écrivit des rapports annuels.

CORMACK-LEHANE

Ce sont deux médecins anesthésistes qui exerçaient en obstétrique.

Cormack Lehane

Ils ont défini une classification de visualisation de la glotte. (Cormack RS, Lehane J. Difficult tracheal intubation in obstetrics. Anaesthesia1984 ; 39 : 1105-11)

Il est essentiel d’allouer un score de visualisation de la glotte lorsqu’on a effectué la laryngoscopie afin de savoir si des difficultés d’intubation ont été rencontrées, ce qui orientera une stratégie de prise en charge en vue d’une anesthésie future.

Score de Cormack et Lehane.

Grade 1 : la glotte est vue en totalité ; l’intubation est considérée comme facile.

Cormack 1

Grade 2 : seule la moitié postérieure de la glotte est visible mais l’intubation reste facile.

Cormack 2

Grade 3 : seule une petite partie de la glotte et les cartilages aryténoïdes sont visibles ; signe une intubation plus difficile

Cormack 3

Grade 4 : on n’aperçoit que la base de la langue et la partie supérieure de l‘épiglotte ; signe une intubation très difficile ou impossible

Cormack 4
Cormack-Lehane, claissification revisited. Br. J. Anaesth.-2010-Cormack-867-8

DIGBY LEIGH

valve de ventilation à faible résistance et sans réinhalation.

Morton Digby Leigh (1904-1975)

Morton Digby Leigh

Le Dr Morton Digby Leigh a été proclamé " Père de l’anesthésie pédiatrique " au Canada. Il a apporté ses importantes contributions à une époque où un certain nombre de médecins d’avant-garde avaient établi la spécialité mais la plupart des anesthésiques étaient administrés par des généralistes, des pédiatres ou des infirmières insuffisamment formés. Si l’anesthésie des adultes enregistrait de lents progrès, peu accordaient une attention particulière aux enfants.

En 1938, le Dr Leigh se joignait aux docteurs Wesley Bourne et Harold Randall Griffith à Montréal en tant que troisième et plus jeune membre du " grand triumvirat " de l’anesthésie canadienne. Ce groupe eut un impact énorme sur les orientations futures de la spécialité, se distinguant par leur dévouement au service clinique, l’enseignement et la recherche, la constitution de sociétés professionnelles et de nombreuses publications dans les revues savantes. Ils répondirent au rôle accru de l’anesthésie durant la guerre et aux besoins d’une expansion sans précédent des services cliniques qui a suivi. Dans son parcours de carrière, le Dr Leigh n’a jamais cessé de prôner le professionnalisme de l’anesthésie et la reconnaissance de la sous-spécialité qu’est l’anesthésie pédiatrique.

Morton Leigh est né à Jersey, dans les îles Anglo normandes, le 23 Septembre 1904. Il a grandi en Colombie-Britannique, au Canada et a obtenu son baccalauréat de l’Université de la Colombie-Britannique en 1927. Il est diplômé en médecine à l’Université McGill, de Montréal, en 1932, il obtint plus tard sa certification en anesthésie accordée par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Il a été honoré du titre d’agrégé de l’American Board of Anesthesiology en 1942, et de chargé de cours de la Faculté d’anesthésistes du Collège royal de médecine de Grande-Bretagne et Irlande en 1950. Après avoir obtenu son diplôme, le Dr Leigh a passé deux ans d’internat à l’hôpital général de Montréal et entrepris sa formation dans la spécialité de chirurgie pédiatrique au Chidren’s Memorial Hospital (auj. hôpital de Montréal pour enfants).

Pendant une certain temps, le Dr Leigh a exercé la médecine en ville mais il fut encouragé par le Dr Wesley Bourne à se spécialiser en anesthésie. Par suite, il se transférera à l’université du Wisconsin en 1936 pour y effectuer une résidence en anesthésie de trois ans, sous la direction du Dr Ralph Waters. Il revint à Montréal en 1939, en qualité de maître de recherche en pharmacologie, avant de devenir anesthésiste en chef à l’hôpital de Montréal pour enfants en 1940, lors du départ à l’arméed du Dr HP Mitchell, son prédécesseur. Le Dr Graham Ross, chirurgien thoracique nouvellement nommé, se taillait une réputation internationale et insista pour avoir à ses côtés un anesthésiste pédiatrique bien formé. Il trouva, dans la personne du Dr Leigh, quelqu’un qui catalysait les activités de service clinique, d’enseignement et de recherche du service hospitalier. L’utilisation sûre des techniques d’anesthésie spinale et locale chez les enfants se signala et le Dr Leigh mit au point une valve sans réinhalation pour un usage pédiatrique, qui est resté populaire pendant de nombreuses années : la valve de Digby Leigh, qui se caractérise par une faible résistance au flux aérique de l’ordre de 2 grammes. (Celle de Ruben est de l’ordre de 10 grammes).

Adaptée par ses successeurs à plusieurs reprises, elle est devenue connue sous le nom de la vanne Stephen-Slater

Valve de Stephen-Slater

Le style personnel adopté par le Dr Leigh pour l’enseignement de l’anesthésie pédiatrique était enjôleur, drôle et provocateur : transmis de sa voix nasillarde caractéristique, il lui valut une formidable réputation d’enseignant. Il fut alors chargé d’instituer des programmes d’enseignement en anesthésie cliniques aux étudiants de l’Université McGill du premier cycle de l’université McGill, aux internes et aux collègues cliniciens. En 1940, un cours de deux ans de formation théorique et pratique en anesthésie dirigé par les docteurs Bourne et Leigh et dispensé aux hôpitaux St Mary’s et Children’s Memorial, fut mis sur pied, à l’intention des diplômés ayant achevé au moins un an d’internat et " de ceux qui désirent se spécialiser dans un domaine en expansion rapide ". Plus tard, le Dr Leigh écrivit au bibliothécaire du Wood Library Museum que

Mon premier résident me fut envoyé par l’université McGill. Une fois par semaine ce solitaire et moi-même nous nous réunissions pour parler de nos cas intéressants. J’ai invité des résidents d’autres hôpitaux à se joindre à nous et quelques-uns vinrent... autour de 1943 ; lorsque la Marine canadienne, l’Armée et la Force aérienne décidèrent d’envoyer des médecins pour se former en anesthésie, j’avais eu heureusement la possibilité d’élaborer un cours de formation de trois mois... où chacun des résidents s’alternait dans différents hôpitaux pendant une quinzaine de jours. Le groupe s’étoffa au point que la société Ciba se laissa persuader de nous laisser la salle de conférences de son immeuble du centre-ville. Des cas intéressants furent présentés de tout Montréal. Le Dr Griffith se joignit au Dr Bourne et à moi-même. Des anesthésistes vinrent de toutes les régions du Canada pour des périodes de formation plus longues et un cours de diplôme d’une durée de trois ans fut constitué. N’étant pas reconnus par l’université McGill, le Dr Bourne et moi avons crée le Collège d’anesthésie de Montréal... "

Les réunions ont donné aux étudiants anglophones et francophones de Montréal l’occasion de se retrouver régulièrement et établi l’approche que McGill privilégie toujours pour sa série de cours de formation médicale continue. La formation des spécialistes en anesthésie assurée en temps de guerre devint en 1945 un cours de trois ans sanctionné par un diplôme qui est demeuré le modèle des programmes de résidence au cours des cinquante dernières années. Le Dr Leigh a été un membre actif de l’American Society of Anesthesiologists. Il traita de " L’acidose en anesthésie " à l’assemblée annuelle de la société tenue à Montréal en 1941 et devint président de son comité sur les films anesthésiques en 1946. La Société des anesthésistes de Montréal élut le Dr Leigh aux fonctions de secrétaire-trésorier de l’exécutif en 1941 et il rejoignit les docteurs Cousineau, Rochette, Wesley Bourne et Harold Griffith en tant que membre fondateur de la Société canadienne des anesthésistes en 1943.

Malgré sa stature et le succès qu’il avait connu à Montréal, le Dr Leigh ne pouvait résister au défi de carrière que posait un retour dans l’Ouest du Canada. En 1947, il a fait retour à Vancouver comme directeur de l’anesthésie au Vancouver General Hospital et professeur agrégé clinique au département de chirurgie. Il avait pour mandat de réorganiser le département par l’acquisition de nouveaux équipements, l’introduction de techniques anesthésiques modernes et la possibilité offerte à des cliniciens et des enseignants qualifiés de s’adapter aux développements rapides de l’anesthésie. Un programme d’enseignement supérieur devait être mis également au point en prévision de l’examen de spécialiste du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Des plans pour une nouvelle École de médecine exigeaient une réponse aux besoins du programme des étudiants en médecine.

Son proche collaborateur, le Dr Kay Belton, se déplaça avec lui et les médecins qui avaient suivi le cours d’anesthésie à McGill durant leur séjour dans les Forces armées revinrent comme spécialistes pour doter son département. Deux parmi les premiers diplômés du cours achevé en 1948, les docteurs DH McIntyre et E Webb, rejoignirent l’effectif du Dr Leigh à Vancouver.

Le Dr Leigh a organisé le département universitaire d’anesthésie à partir des services cliniques existants du Vancouver General Hospital et des hôpitaux pour nourrissons et enfants.

L’intubation endotrachéale, les relaxants musculaires et l’anesthésie spinale n’avaient été utilisés que rarement et la plupart comptaient toujours sur le masque à éther ouvert, parfois le Thiopental intraveineux pour l’induction, l’écarteur de Boyle Davis pour des amygdalectomies, l’Avertin pour la neurochirurgie et le Cyclopropane pour l’anesthésie thoracique. Pendant ce temps, il remplaça l’ancien équipement d’anesthésie dans les dix-neuf locaux d’anesthésie de l’hôpital, ouvrit une salle de réveil et encouragea l’introduction de techniques anesthésiques modernes. Le Dr Leigh a amélioré considérablement la qualité des soins cliniques et a été à l’origine des programmes de formation des étudiants en médecines et de résidence qui se prolongent jusqu’à nos jours.

En 1948, le Dr Leigh et son coauteur Kay Belton publièrent "Pediatric Anesthesiology", le premier manuel consacré aux problèmes de l’anesthésie des enfants" Dans Current Researches in Anesthesia and Analgesia, le Dr JJ Carroll et lui-même ont décrit l’Organisation d’un département d’anesthésiologie dans un grand hôpital d’enseignement" en 1949 et "La pratique de l’anesthésiologie en groupe privé" en 1953.

Toutefois, après avoir passé sept ans à Vancouver, le Dr Leigh fut désenchanté de ses perspectives universitaires et déçu de n’avoir pu achever son rêve personnel de création d’un département d’anesthésie distinct. En conséquence, il accepta en 1954 l’offre de devenir directeur de l’anesthésie à l’hôpital pour enfants de Los Angeles et professeur d’anesthésiologie à l’University of Southern California. Il revint alors à l’exercice de l’anesthésie pédiatrique à temps complet et continua de faire des contributions à la littérature pédiatrique. Il a été l’auteur d’au moins quarante publications sur des sujets traitant de l’anesthésie pédiatrique, tels que l’anesthésie endotrachéale avec Avertin pour la chirurgie de la fente palatine et la bradycardie suivant la succinylcholine chez les enfants, avant sa retraite en 1970.

Le Dr Leigh fut le chef de file d’une élite de médecins canadiens qui ont fait de l’anesthésie pédiatrique un art aussi bien qu’une science.

Dans les dernières années de sa vie, il tomba gravement malade et décéda d’un cancer à Palm Springs, le 5 septembre 1975.

d’après Joan C Bevan, MD
Toronto, ON

EINTHOVEN

Triangle d’Einthoven

Triangle équilatéral formé par les électrodes situées sur les deux avant-bras et la jambe gauche, et au centre duquel se situe approximativement le cœur.
Ces électrodes permettent l’enregistrement de dérivations frontales DI, DII et DIII avec DI + DIII = DII.

Ce triangle est le standard conventionnel pour étudier l’activité électrique du cœur sous des angles différents et calculer son axe électrique dans le plan frontal.

Einthoven

Willem Einthoven est né le 21 mai 1860, à Semarang, sur l’île de Java, dans les anciennes Indes orientales néerlandaises (actuelle Indonésie). Son père Jacob Einthoven, né et éduqué à Groningen, aux Pays-Bas, était un officier médical de l’armée des Indes, qui devint plus tard la paroisse médecin à Semarang. Sa mère s’appelait Louise M.M.C. de Vogel, fille du Directeur des Finances des Indes. Willem était le fils aîné, et le troisième enfant d’une famille de trois filles et trois garçons.

À l’âge de six ans, Einthoven perd son père. Quatre ans plus tard, sa mère décida de retourner avec ses six enfants aux Pays-Bas, où la famille s’installe à Utrecht.

Après avoir passé le "Burgerschool Hogere" (école secondaire), il entra en 1878 à l’université d’Utrecht comme étudiant en médecine, avec l’intention de suivre les traces de son père. Son exceptionnelle capacité, cependant, a commencé à se développer dans un sens tout différent. Après avoir été assistant de l’ophtalmologiste Hermann Snellen dans le renommé hôpital de l’oeil "Gasthuis voor Ooglidders", il a fait deux études, qui toutes deux ont suscité un vif intérêt.

La première a été effectuée après qu’Einthoven ait gagné son « candidaat » diplôme approximativement équivalent au Bachelor of science), sous la direction de l’anatomiste W. Koster, et qu’il avait titré « quelques Remarques sur le mécanisme de l’articulation du coude ».

Plus tard, il travailla en étroite association avec le grand physiologiste Franciscus Cornelis Donders, sous la direction duquel il entreprit sa deuxième étude, qui a été publié en 1885 en même temps que sa thèse de doctorat : "Kleurverschil porte Stereoscopie." (Stéréoscopie par les variations de couleurs).

L’un des professeurs d’ Einthoven était le physicien Christoph Hendrik Diederik Buys Ballot, qui a découvert la loi bien connue en matière de météorologie. (En météorologie, la loi de Buys-Ballot affirme qu’un observateur situé dans l’hémisphère nord qui se place dos au vent a la dépression à sa gauche et l’anticyclone à sa droite. La position des zones de pressions est inversée dans l’hémisphère sud.)

Cette même année 1885, il est nommé successeur de A. Heynsius, Professeur de physiologie à l’Université de Leiden, après avoir été qualifié comme médecin généraliste en janvier 1886. Son discours inaugural a été intitulé « De leer der specifieke energieen » (La théorie des énergies spécifiques). Ses premiers travaux importants à Leiden ont été publié en 1892 : « Über die Wirkung der Bronchialmuskeln nach einer neuen Méthode untersucht, und über asthme nervosum » (Sur la fonction des muscles bronchiques une enquête par une nouvelle méthode, et sur l’asthme nerveux), une étude d’un grand mérite, mentionné comme « une grande œuvre » dans Nagel "Physiologie Handbuch der".

A cette époque, il commença ses recherche en optique, l’étude de la matière qui l’occupait depuis toujours. Certaines publications dans ce domaine sont les suivantes : "Eine einfache physiologische Erklärung für verschiedene geometrisch-optische Täuschungen "(Une simple explication physiologique pour diverses illusions optiques géométriques) en 1898 ; "Die Hébergement des menschlichen Auges" (L’hébergement de l’œil humain) en 1902 ; "La forme et l’ampleur de la réponse électrique de l’oeil à une stimulation par la lumière à des intensités différentes ", avec W.A Jolly en 1908.

Jusqu’à présent, ses talents n’avaient pas encore été exploités à leurs maximums. Cette occasion vint lorsqu’il commença la tâche d’enregistrer avec précision le bruit du cœur, à l’aide d’un électromètre capillaire. Dans cette perspective, il a enquêté sur les principes théoriques de cet instrument, et mis au point des méthodes d’obtention de la stabilité nécessaire, et de corriger mathématiquement les erreurs dans les enregistrements des résultats en raison de l’inertie de l’instrument. Ayant constaté ces méthodes, il décida de procéder à une analyse approfondie de l’électrocardiogramme d’Augustus Désiré Waller, une étude classique pour son domaine de compétence.

Cette enquête amena Einthoven à intensifier ses recherches. Pour éviter de complexes corrections mathématiques, il mis au point le galvanomètre à corde qui ne comportait pas ces calculs.

Bien que le principe en lui-même fût évident, et les applications pratiques de celui-ci fait dans d’autres domaines d’études, l’instrument devait être précis et affiné pour le rendre utilisable pour les physiologistes, ce qui pris trois années de travail laborieux. À la suite de cela, un galvanomètre était produit qui pourrait être utilisé dans les sciences médicales ainsi qu’en technologie, un instrument qui était incomparable dans sa capacité d’adaptation et la vitesse d’ajustement.

Il a ensuite, avec P. Battaerd, entrepris l’étude des bruits cardiaques, suivie par la recherche dans les courants rétiniens avec WA Jolly qui lui avait commencé plus tôt avec H. K. Haas.
Il a étudié l’électrocardiogramme sous tous ses aspects avec de nombreux élèves et avec des scientifiques venus lui rendre visite. C’est cette dernière recherche qui lui valu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1924.
De plus, il apporta une très grande contribution à l’étude des nerfs périphériques et du système sympathique.

Dans les dernières années de sa vie, les problèmes d’acoustique et les études en rapport avec ce sujet, entrèrent dans sa sphère d’intérêt. La construction du phonographe à cordes (1923) pourrait être considérée comme une conséquence de ceci.
Einthoven possédait le don de pouvoir se consacrer entièrement à un champ d’étude particulier. (Son génie était en fait plus orienté vers la physique que la physiologie.) En conséquence, il a pu faire des recherches de pointes dans presque n’importe quel sujet qui l’intéressait et pour mener à bien son travail à sa conclusion logique.

Einthoven croyait beaucoup en l’éducation physique. En tant qu’étudiant, il était un sportif passionné, exhortant à plusieurs reprises ses camarades à « ne pas laisser le corps périr ». (Il a été président de l’union de gymnastique et d’escrime, et fut l’un des fondateurs du club d’aviron des étudiants d’Utrecht.) Sa première étude sur l’articulation du coude est le résultat d’une fracture du poignet qu’il se fit en pratiquant l’un de ses sports favoris, et au cours de la période de confinement involontaire suite à cette fracture, son intérêt a été éveillé dans les mouvements de la main de pronation et de supination et les fonctions de l’articulation de l’épaule et du coude.

Le galvanomètre a conduit d’innombrables chercheurs à étudier la fonction et les maladies du muscle cardiaque. Le laboratoire de Leyde est devenu un lieu de pèlerinage, visité par des scientifiques de par le monde. En cela, l’humanité souffrante doit beaucoup à Einthoven.

Dans électrocardiographie le galvanomètre à cordes est l’outil le plus fiable. Bien qu’il ait été remplacé par des types portables et par des modèles utilisant des techniques d’amplification utilisées dans la communication radio (Einthoven s’est toujours méfié de l’utilisation de condensateurs, craignant la distorsion des courbes), les cardiogrammes du galvanomètre sont resté la norme de référence dans de nombreux cas à ce jour.

Einthoven fut membre de l’Académie royale néerlandaise des sciences, dont il ne manqua presque aucune réunion. Il a souvent pris part à des débats, et ses critiques acerbes trouvèrent fréquemment les faiblesses dans bien des lectures.

Einthoven a épousé en 1886 Jeanne Louise Frédérique de Vogel, une cousine, sœur du Dr W.Th. de Vogel, ancien directeur de la Dienst Volksgezondheid (Service public de santé) des Indes orientales néerlandaises.

Il eut quatre enfants :

  • Augusta (né en 1887), qui a été mariée à R. Clevering, un ingénieur ;
  • Louise (née en 1889), marié à J.A.R Terlet, pasteur émérite ;
  • Willem (1893-1945), un brillant ingénieur en électrotechnique qui était responsable de l’élaboration du vide dans le galvanomètre à cordes et son utilisation dans la communication sans fil, et qui fut directeur du Laboratoire de Radio à Bandung, Java,
  • Johanna (né en 1897), qui devint médecin.

Einthoven est décédé le 29 Septembre 1927, après de longues souffrances.

D’après : MLA : "Willem Einthoven - Biographie". Nobelprize.org. Copyright © La Fondation Nobel

Pour les passionnés de l’ECG

  • Une page web simple, mais qui permet de bien comprendre l’axe électrique du cœur
  • A lire l’article sur les inventions notamment l’ECG
Naming of the waves in the ECG with a brief account of their genesis. J Willis Hurst

FINK

Hypoxie dite de " diffusion " ou " effet Fink ". Après inhalation d’un mélange contenant 80 % de protoxyde d’azote, la ventilation à l’air s’accompagne d’une baisse de PaO2 de 10-15 mmHg pendant environ 5 min, du fait de la dilution de l’air alvéolaire par le protoxyde d’azote quittant les tissus.

Bernard Raymond Fink (1914 - 2000)

Fink

Né le 25 mai 1914, à Londres, en Angleterre, Bernard Raymond Fink, a été élevé à Anvers, en Belgique. À 22 ans, le Dr Fink a obtenu des diplômes en physiologie, médecine et chirurgie à l’Université de Londres. De 1939 à 1949, il a complété sa formation médicale en Afrique du Sud. Après quelques mois en tant que chercheur de l’Université de Cornell, le Dr Fink a terminé en tant que résident en anesthésiologie au Beth Israel hospital de New York en 1952. Laissant l’Université de Columbia après 12 ans comme professeur agrégé, il arrive en tant que professeur à l’Université de Washington en 1964.

Fink, a été la voix de l’originalité. Un membre fondateur de l’Association internationale pour l’étude de la douleur et l’Association d’Histoire en anesthésie, le Dr Fink a servi comme secrétaire de la première et en tant que président de la dernière. La vanne de Fink permet la pratique ventilatoire contrôlée avec un circuit sans ré inhalation. Il a conçu des extensions intelligentes à la lame de Macintosh, à la valve des voies respiratoires de Connell et la valve de Waters.

Fink écrivit plus de 120 articles originaux sur la diffusion de l’anoxie, les antécédents médicaux, la douleur, la régulation respiratoire, l’électromyographie, la toxicité de l’anesthésique, le métabolisme cellulaire, les anesthésiques locaux et de la conduction nerveuse.
L’ASA a décerné son Prix d’excellence en recherche au Dr Fink en 1987.

Bernard Raymond Fink a donné des conférences dans sept langues à 17 nations sur les cinq continents.
Sa maîtrise des langues étrangères fut un atout qu’il cultiva durant ses années de soumissions d’articles aux revues Anesthesiology, Anesthesiology Review, Pain, Regional et à la bibliothèque du Wood museum.. Ses traductions de Claude Barnard et Pirogoff lui valurent le Prix David Little du meilleur livre en 1990 et en 1993.

Le Dr Fink a été la voix de la voix elle-même. Son chef-d’œuvre, le larynx humain : une étude fonctionnelle, vendue en 1975. et co-écrit avec RJ Demarest, bio mécanicien du larynx. Cette étude gagnera le Prix 1978-1979 du Meilleur livre d’une Fondation d’anesthésie. Il fut un conférencier invité à l’American Laryngological Association et la Société internationale de primatologie, il a écrit des dizaines de documents sur le larynx. Pendant des années, il a apporté la preuve que le larynx et la parole sont des facteurs déterminants dans l’évolution de l’homme et des primates.

Enfin, le Dr Fink a été la voix de la vaillance. Entre 1947 et 1949, en Afrique du Sud à la mission méthodiste Moroka, il a prêché contre l’apartheid. En 1989, il a mis en garde contre l’utilisation des données des chercheurs nazis, en leur rappelant que les expériences tentées sur des prisonniers sans leur consentement pleinement éclairé ne devaient être poursuivis. Sa voix courageuse et sa diligence ont été saluées par des prix par the American Society of Regional Anesthesia, the American Pain Society et l’ASA.

Le 30 Octobre 2000, Bernard Raymond Fink, a succombé à une insuffisance rénale.

(d’après George S. Bause, M.D.
Honorary Curator, Wood Library-Museum of Anesthesiology
)

GUEDEL

Inventeur de la canule oro-pharyngée qui porte son nom.

Arthur E. Guedel était un médecin anesthésiste américain, né le 13 juin 1883 à Cambridge City (Indiana, États-Unis).

Arthur Guedel

Il réussit l’examen d’entrée au Medical College of Indiana en 1903, dont il sort major de promotion en 1908. Il fait son internat à l’hôpital d’Indianapolis où il s’intéresse et pratique l’anesthésie avec de l’éther et du chloroforme, puis s’installe en médecine générale libérale en 1909 et dispense ses services, aux hôpitaux de région d’Indianapolis.

Durant la Première Guerre mondiale, il fait partie des forces expéditionnaires américaines en France, où il pratique et enseigne l’anesthésie, notamment aux infirmières.

Pour permettre à ces professionnels d’évaluer exactement la profondeur de l’anesthésie, Guedel créa un guide des étapes et signes physiques de l’anesthésie à l’éther, connu sous le nom de stades de Guedel.

Cette classification se répandit dans le monde entier en s’appuyant sur des signes cliniques :
le tonus musculaire, les paramètres respiratoires et les signes oculaires.

 stade 1 : analgésie, le rythme α sur l’électroencéphalo­gramme est peu à peu remplacé par des rythmes rapides.
 stade 2 : agitation ou stade de délire, relativement bref, marque le début de la perte de conscience, mais les réactions aux stimulus extérieurs sont très vives. Il peut se produire des vomissements, une syncope vagale, un accès de fibrillation ventriculaire.
 stade 3 : anesthésie chirurgicale qui se subdivise en 4 plans

  1. Au 1 er plan la ventilation devient ample, il y a une légère hypocapnie, le réflexe oculopalpébral subsiste, les mouvements des globes oculaires s’intensifient puis s’atténuent.
  2. Au 2 e plan, la diminution du volume courant signe le début de la paralysie des muscles intercostaux, les mouvements oculaires cessent, l’évolution du diamètre pupillaire sert de repère.
  3. Au 3 e plan, la ventilation diminue, elle est assurée uniquement par le diaphragme, le reflexe palpébral disparaît, la pupille commence à se dilater.
  4. Stade 4 : paralysie respiratoire. Le 4 e stade correspond à un coma profond aboutissant très vite à l’arrêt cardiaque, si une ventilation artificielle efficace n’est pas très rapidement mise en œuvre : les pupilles sont complètement dilatées, la ventilation est arrêtée, il n’y a plus aucun réflexe, le cœur s’arrête enfin. Ce 4 ème plan du 3 ème stade de Guedel a été rangé de façon exclue en dehors du stade chirurgical.

Après la guerre, Guedel reprend son cabinet, mais a également commencé à concevoir et améliorer du matériel d’anesthésie, notamment des canules des voies aériennes pharyngées et des tubes endotrachéaux.

Il poursuivra cette activité (avec l’écriture et la recherche) tout le reste de sa carrière.

C’est Magill qui le premier réalise l’intubation proprement dite dans les années 20

Puis en 1928, Guedel part en Californie, et peu de temps après, devient professeur d’anesthésiologie à l’University of Southern California, à Los Angeles.
En 1928, il introduit l’usage de la sonde trachéale et met au point la sonde à ballonnet que nous utilisons de nos jours. Il démontre la fiabilité du système par immersion pendant quatre heures d’un animal anesthésié.

Il continue son exercice libéral, et publie son livre Inhalation Anesthesia en 1937, améliorant ainsi considérablement l’enseignement des étudiants.

Il prend sa retraite en 1940 pour raisons de santé, et devient le premier américain à se voir décerner la prestigieuse médaille Hickman de la Royal Society of Medicine à Londres en 1941 pour ses travaux sur l’anesthésiologie.

Marié durant cinquante ans à Florence Dorothy Guedel dont il aura deux filles : Marian Guedel Hart et Gretchen Guedel Shuman.

Il mourra à Los Angeles en 1956.

Le Arthur E. Guedel Memorial Anesthesia Center est un centre de conservation de l’histoire de l’anesthésie. On peut le visiter.

Henry Jay HEIMLICH

né Henry Judah Heimlich, en 1920 à Wilmington, Delaware – mort le 17 décembre 2016, des suites d’une crise cardiaque à Cincinnati (Ohio).

La "manoeuvre de Heimlich", inventée par ce chirurgien thoracique en 1974, consiste à se placer derrière la personne victime d’une fausse route et à provoquer l’expulsion du corps étranger par une forte pression dans le creux de l’estomac (voir ci-dessous). Elle aurait permis d’éviter quelque 100.000 décès.

Henry J HEIMLICH

Chirurgien thoracique formé au Cornell Medical College en 1943. Il est à l’origine de diverses inventions dont une technique de remplacement œsophagien, la célèbre valve anti-retour utilisée lors du drainage thoracique en 1964 (très utilisée durant la guerre du Vietnam),

Valve d’Heimlich

la méthode de désobstruction des voies aériennes supérieures en 1974,

et en 1980 un dispositif d’oxygénation intra-trachéal (MicroTrach)

La manœuvre d’Heimlich

Manoeuvre d’Heimlich

C’est une méthode de désobstruction des voies aériennes supérieures réalisable sur l’adulte et l’enfant de plus de 1 an. En cas de triade évocatrice d’inhalation (pas de toux, suffocation, main à la gorge), on réalise dans un premier temps 5 tapes dans le dos.

En cas d’échec, la méthode consiste à comprimer les poumons par le bas.

On se place derrière la victime, un pied entre ses 2 jambes. On met le poing fermé vers le haut dans le creux de l’estomac, au dessus du nombril et sous les côtes. On place l’autre main sur le poing et en écartant bien les avant-bras, on exerce des tractions violentes vers soi et vers le haut, afin de pousser les viscères sous les poumons, en comprimant le diaphragme contre les bases pulmonaires.

La compression abdominale sur une victime allongée ne sera réalisée qu’en cas d’inconscience rapide ; toutefois, les compressions cardiaques ne devront pas être retardées.

Sur un obèse ou une femme enceinte, on réalisera des compressions thoraciques en étant positionné de la même façon.

Sur un nourrisson, on appuiera sur le manubrium (partie large du sternum). Les muscles abdominaux de l’enfant de cet âge n’étant pas apte à supporter la puissance de la manœuvre faite chez un adulte.

Sur soi-même on fera de même ou l’on tentera sur un coin de table ou le montant d’une chaise. On peut aussi se donner des coups de poing sur le sternum.

Heimlich (méfiez-vous des apparences)

A signaler la [manœuvre de la table

Étouffement, on passe à table.

En France, on considère que près de 4 000 personnes meurent chaque année des suites d’une fausse-route alimentaire. Elles surviennent le plus souvent chez des enfants et des personnes âgées. Ces dernières sont particulièrement exposées en raison de la fréquence des affections neurologiques, des troubles de la déglutition, et des traitements sédatifs associés.

Il existe des recommandations internationales permettant de faire face à ces fausse-routes alimentaires. La manœuvre de Heimlich est connue de tous mais peut s’avérer inopérante chez les patients âgés.

Une équipe montpelliéraine a proposé dans American Journal of Medecine en 2010 et plus récemment dans la revue de Médecine Interne en 2011 une nouvelle méthode permettant d’expulser un corps étranger chez une personne âgée. Cette méthode nommée “manœuvre de la table” consiste à « allonger la victime en position ventrale et déclive sur une table avec la tête et les bras pendants en dehors de la table et à lui donner des claques dans le dos avec la paume de la main entre les deux omoplates ». Le patient est protégé d’une chute par le sauveteur qui le tient par l’épaule avec sa seconde main ou par un second sauveteur qui tient la victime par les chevilles.

Cette méthode a été utilisée de manière empirique avec succès chez 2 patients âgés après une manœuvre de Heimlich inefficace. Les claques dans le dos sont plus efficaces quand le patient est en position ventrale, laquelle augmente significativement la pression intra-thoracique ce qui est nécessaire pour déloger le corps étranger. La position déclive du sujet favorise l’expulsion de l’aliment et limite la migration de celui-ci vers les voies aériennes distales. Cette manœuvre dérivée de celle de Mofenson utilisée chez l’enfant de moins de 1 an pourrait donc être proposée en cas d’échec de la manœuvre d’Heimlich. Il est cependant nécessaire de l’employer chez d’autres patients sous contrôle médical avant de la diffuser plus largement.

Dr Christian Geny (source JIM)

NB : Il est à noter, que le fils d’Henry Heimlich, prétend sur son site web que son père serait un mythomane, avide de gloire, et qu’il aurait spolié nombre de ses collègues afin d’être le seul à apparaitre dans la lumière des projecteurs. Il avance que la manœuvre serait plus nocive qu’utile et qu’elle serait l’invention de Edward A Patrick.

La polémique est relayée par divers articles.

Articles en anglais, mais des outils de traduction sont à votre disposition sur le net.

A noter, un événement comme un pied de nez à l’Histoire. Car si Heimlich est supposé être un menteur, il n’a pas pour autant la mémoire défaillante, suite à ce qui est arrivé ci dessous :

Le Dr Heimlich a utilisé la méthode Heimlich pour la première fois

L’homme a mis au point une technique de premiers secours pour venir en aide à une victime qui étouffe. Dans sa maison de retraite, le Dr Heimlich a pu vérifier que sa méthode du même nom fonctionne.

Il a donné son nom à un geste qui sauve, mais ne l’avait pas encore pratiqué lui-même. Le Dr Henry Heimlich a pratiqué sa technique de secourisme pour la première fois de sa vie à 96 ans. Il est intervenu dans la maison de retraite de Cincinnati (Etats-Unis) où il passe ses vieux jours pour sauver une pensionnaire âgée de 87 ans qui s’était étouffée en mangeant un hamburger. C’est ce qu’a annoncé vendredi 28 mai un porte-parole de l’établissement.

Il aura dû attendre ses 96 ans ! Le Dr Henry Heimich rendu célèbre par sa technique éponyme a pu la mettre en pratique pour la première fois lundi 23 mai 2016 rapporte le Cincinatti Enquirer. C’est sur l’une des pensionnaires de la maison de retraite où il passe ses vieux jours, à Cincinatti (Etats-Unis), qu’il a prodigué le geste qui sauve, élaboré en 1974.

Patty Ris, 87 ans, étant en train de s’étouffer en mangeant un hamburger, raconte Francetv Info. Le médecin américain à la retraite est intervenu pour déloger le morceau coincé qui empêchait la vieille femme de respirer.

[...]

C’est ainsi que s’est terminée l’histoire de la pensionnaire qui faisait une fausse route -un morceau du hamburger est passé par la trachée et non par l’œsophage. "Avoir sauvé cette fille m’a fait me sentir formidablement bien", dit-il. "Je savais que cela fonctionnait partout dans le monde, j’ai juste ressenti de la satisfaction."Elle s’est ensuite remise très rapidement", confie Heimlich au Cincinatti Enquirer. Avant de préciser : "J’ai pu me rendre compte à quel point c’était merveilleux d’avoir mis au point cette technique qui a permis de sauver tant de vies".

source : lexpress.fr & francetvinfo.fr/

 Décidément la manœuvre dite d’Heimlich (voir un peu plus haut, l’article sur la table) suscite pas mal d’études. En voici une autre.

Vers une manœuvre de Heimlich revisitée ?

Publié le 24/07/2017, source jim.fr

L’obstruction des voies respiratoires due à l’inhalation accidentelle d’un corps étranger est une cause commune de décès, en particulier chez les personnes âgées. La manœuvre de Heimlich est une intervention bien connue de premiers secours en ce cas. Le conseil européen de réanimation recommande en cas d’asphyxie par inhalation de corps étranger chez un adulte conscient la réalisation d’une combinaison de tapes dans le dos et de compressions abdominales par la méthode de Heimlich, sans ordre préférentiel.

Certains experts sont cependant réservés sur l’emploi de la manœuvre de Heimlich, du fait de complications décrites (fractures costales, perforation de l’estomac, du jéjunum ou de l’œsophage . . .). D’autre part, une pression externe exercée sur l’abdomen est nécessairement transmise par le diaphragme, indépendamment de sa direction : il n’y a donc aucune raison théorique à orienter la pression vers le haut.

Quatre types de compressions

Afin d’explorer ces questions, une équipe de physiologistes a testé différentes manœuvres expulsives :

  1. -une compression horizontale. L’opérateur se place derrière la victime, les poings joints placés au-dessus du nombril. Il tire en arrière en commençant par une force moyenne et en augmentant progressivement l’intensité, jusqu’à ce que la pression maximale acceptable par le sujet soit atteinte.
  2. -Une manœuvre de Heimlich « classique » avec une direction de force ascendante.
  3. -L’auto-compression : dans ce cas le participant place ses propres mains dans la position standard pour la manœuvre abdominale et exerce des poussées en augmentant la force maximale.
  4. -La compression avec une chaise : le participant se positionne au-dessus du dossier d’une chaise, en utilisant la gravité, le poids corporel et les bras pour une force supplémentaire, et permet ainsi à l’arrière de la chaise de pousser dans son abdomen.

Manœuvre de la chaise

Toutes ces manœuvres ont été effectuées par quatre chercheurs de physiologie, adultes âgés en médiane de 56,5 ans et d’indice de masse corporelle médians de 25,9 kg/m2. Des cathéters à ballonnet œsophagien et gastrique ont été placés pour enregistrer les pressions générées.

Les pressions les plus élevées avec la manœuvre de la chaise

La direction avec laquelle la compression abdominale est effectuée (Heimlich ou pression horizontale comme dans la première description) n’affecte pas les pressions intrathoraciques : la pression œsophagienne est de 57 (± 17 cm) H2O pour la manœuvre de Heimlich et de 53 (± 11 cm) H2O pour la poussée abdominale horizontale (p = 0,7).

Les compressions abdominales auto-administrées produisent des pressions similaires à celles effectuées par une autre personne. La manœuvre effectuée à l’aide du dossier de chaise génère des pressions plus élevées que les autres manœuvres : la pression œsophagienne atteint 115 (± 27 cm) H2O (p = 0,008 par rapport à la manœuvre de Heimlich).

Les compressions abdominales « autoadministrées » apparaissent physiologiquement aussi efficaces que la manœuvre de Heimlich pour générer des pressions intrathoraciques expulsives, et les compressions à l’aide de la chaise sont capables de produire les pressions les plus hautes. Les auteurs conseillent donc cette séquence de manœuvres en cas d’inhalation de corps étranger chez un adulte.

Dr B. Jourdain

RÉFÉRENCE
Pavitt MJ et coll. : Choking on a foreign body : a physiological study of the effectiveness of abdominal thrust manoeuvres to increase thoracic pressure Thorax June 2017 ; 72 (6) : 576-578.

KOROTKOV

Nikolaï Sergeievitch Korotkov (1874 Koursk- 1920 Léningrad)

Nikolai Sergeievitch Korotkov

Chirurgien vasculaire russe, ayant exercé à l’Université de Moscou, puis dans l’armée en particulier en Chine lors de la révolution des Boxers en 1900. Il est célèbre pour l’invention de la technique de mesure de la pression artérielle par l’auscultation des bruits de la circulation sanguine (« bruits de Korotkoff »).

Né dans une famille de marchands, il fit ses études à Koursk puis est entré à la Faculté de Médecine de Kharkov en 1893, et ensuite à celle de Moscou à partir de 1895. Il en sortit en 1898, avec les honneurs.

Après avoir été interne à Moscou, il partit faire son service militaire en 1900 en Extrême-Orient, et notamment en Chine lors de la révolte des Boxers. Entré dans la Croix-Rouge, il parcourut la Sibérie, Ceylan, le Japon, et Singapour, avant de revenir à Moscou. Il fut décoré de l’ordre de Sainte-Anne pour son aide aux soldats blessés. Il se lança dans la recherche, et traduisit le « Die Chirurgische Diagnostik » d’Eduard Albert. Il entra en 1903 à l’Académie de Médecine militaire à Saint-Pétersbourg comme assistant-chirurgien. Pendant la guerre russo-japonaise, il fut chirurgien principal d’une des sections de la Croix-Rouge, à Kharbine, où il commença à s’intéresser à la chirurgie vasculaire.

Revenu à Saint-Pétersbourg en avril 1905, il travailla sur sa thèse de doctorat, mais acquit la célébrité pour sa présentation de sa méthode de mesure de la pression sanguine à l’Académie de Médecine Impériale. Il obtint le titre de docteur en 1910. Il devint ensuite chirurgien dans les mines d’or de Lensk. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut affecté aux services d’aide aux invalides à Tsarskoïe Selo.

Après la Révolution d’octobre, il devint médecin en chef de l’Hôpital Metchnikov de Pétrograd jusqu’à sa mort en 1920.

Il est enterré au cimetière Bogoslovskoïe de Pétrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg).

NB : Le choix d’un brassard de tensiomètre : choisir un brassard de taille=2/3 du bras, pas moins, pas plus.

Mesure de la Pression Artérielle en 1918

Mr Emile Spengler, fabricant du premier Sphygmomanomètre de Vaquez-Laubry utilise l’appareil qui deviendra un standard et reste encore utilisé en routine de nos jours.

LITTMANN

David Littmann (1906-1981)

David Littmann

Cardiologue allemand, naturalisé américain, professeur à Harvard Medical School. Entre 1955 et 1961 son objectif est de créer le stéthoscope le plus léger et plus fin possible et avec une acoustique de meilleure qualité que les modèles usuels. Il fonde Cardiosonics avec Gus MACHLUP en 1961, afin de commercialiser son modèle. La société sera rachetée en 1967 par 3M, qui commercialise toujours la ligne de stéthoscopes Littmann

C’est à Georges P CAMMANN, que l’on doit la conception, en 1852 du premier véritable stéthoscope binaural utilisable en pratique clinique.

MACINTOSH

Robert Reynolds Macintosh

Robert Reynolds Macintosh

Laryngoscope et lame

En 1943, Robert (il deviendra plus tard Sir Robert) Reynolds Macintosh professeur d’anesthésie, à l’université d’Oxford, Angleterre, publia un article dans le Lancet (Macintosh RR. A new laryngoscope. Lancet 1:205, 1943.) sur son invention : une lame incurvée entièrement nouvelle, pour la laryngoscopie directe. En moins d’une page, il décrivit la lame et la nouvelle technique de laryngoscopie.

Le design de la lame avait été conçu spécifiquement pour une élévation indirecte de l’épiglotte.
Le laryngoscope de Macintosh, fut dessiné après un bâillon de bouche de Boyle-Davis en 1941.

Lors d’une ablation de langue Macintosh fut impressionné par la manière que ce bâillon de bouche éleva indirectement l’épiglotte et exposa l’ouverture laryngée.

Richard Salt technicien en chef aîné du département souda une lame de Davis sur une poignée de laryngoscope pour faire le premier prototype. Macintosh expérimenta un éventail de courbures des lames en développant la version finale pour la pratique clinique.

Macintosh nota à la fin de sa première description de sa nouvelle lame, qu’il était possible de la fabriquer par la Medical Industrial Equipment Limited (Londres, Angleterre). La production commença rapidement. En 1943 il demanda à la Longworth Scientific Instrument Company Limited basée à Abington en Angleterre, de devenir producteur commercial. La fusion des compagnies donnera plus tard, la société Penlon Limited.
La Foregger Company (New York City, New York) commercialisa également la nouvelle lame en 1943. Macintosh donna un des ses modèles récents à Richard Foregger le fils du fondateur de la société du même nom, anesthésiste dans l’armée des États-Unis.

Laryngoscope de macintosh

Bien que le citant comme inventeur, la compagnie Foregger Company dépose immédiatement pour le territoire américain, un brevet sur l’ensemble de lame, à l’encontre de Macintosh. Ceci fut accordé pour le marché nord américain l’année suivante de manière erronée sous le nom de Mac Intosh au lieu de Macintosh. Robert Reynolds Macintosh refusa toute rémunération pour le brevet.

La lame était initialement fabriquée en une seule taille, pour les adultes et correspondait à la taille 3. Plus tard, à la demande des anesthésistes qui rencontraient des difficultés avec la taille standard, on ajouta une lame plus grande. Des tailles pour la pédiatrie furent aussi fabriquées, mais macintosh les dénonça comme anatomiquement fausses, et généralement pas nécessaire.

Il y avait du matériel pédiatrique disponible dans le commerce infiniment meilleur pour les enfants en bas âge telles que le laryngoscope de Seward avec une bride renversée, le laryngoscope infantile d’Oxford de Bryce-Smith, ou plus tard, le laryngoscope de Robertshaw.

La courbe de la lame dans la conception originale avait eu un léger aplatissement dans sa portion médiane. Avec la fabrication des lames faites d’acier inoxydable, cet aplatissement disparut et la lame eut une forme entièrement incurvée. Il est vain de répertorié toutes les modification apportées au fil du temps à la lame :
 piles amovibles afin de faciliter le nettoyage
 partie distale becquée (lame de Mac Coy)

Laryngoscope de Mc Coy
Laryngoscope de Mc Coy


 fibres optiques dans la lame, (le standard actuel dans la production).

Laryngoscope de macintosh LED

Toutefois, en 1854 Manuel Patricio Rodriguez Garcia (1805-1906), chanteur baryton de profession, inventa un laryngoscope pour pouvoir observer ses cordes vocales quand il chantait. Puis Ludwig Turck (1808-1868) reprend les travaux faits par Garcia, mais abandonne car il ne se sert que de la lumière du soleil. En 1858, Johann Nepomuk Czermàk (1828-1873) reprend les travaux de Turck et invente le laryngoscope avec lumière artificielle.

MAGILL

Sir Ivan Whiteside Magill (1888-1986)

Sir Ivan Magill

Né en Irlande, il obtint son diplôme de médecine en 1913. Il exercera sa première anesthésie lors de la première guerre mondiale. Puis il travaillera au Royal Brompton hospital et au Westminster Hospital dans le service de chirurgie maxilo-faciale.

De part cette spécialité, il s’intéressa à l’introduction d’une sonde par voie naso-trachéale qui était la plus pertinente.

L’introduction de la sonde dans la trachée étant parfois difficile, il inventa une pince courbe, encore utilisée de nos jours.

pince de Magill

Sa dernière anesthésie, il la pratiqua en 1972, à l’âge de 84 ans...!

Pêcheur en rivière, il pêcha une truite de 2,5 kilos à l’âge de 98 ans. Ce fut pour lui, une de ses plus grandes fiertés.

Le département académique d’anesthésie fut établit à l’hôpital de Westminster à Londres en 1966, quand (Sir) Geoffrey Organe devint le premier professeur d’anesthésie d’une école de médecine.

En 1970 il s’appela le Magill department et fut inauguré en présence de Magill, qui lui avait donné ses lettres de noblesse par ses travaux et recherches.

En 1998, il changea de nom pour devenir le Magill Department of Anaesthesia, Intensive Care & Pain Management. Il est une division du Surgery, Oncology, Reproductive Biology and Anaesthetics (SORA)

MALLAMPATI

classification prédictive des difficultés d’intubation

Mallampati

Anesthésiste canadien, originaire de l’Inde, Seshagiri Rao Mallampati fait paraître un article dans le journal de la société canadienne d’anesthésie un article sur « A clinical sign to predict difficult tracheal intubation : a prospective study. » Après avoir fait des études de médecine au Andhra Medecine College de Visakhapatnam, il exerce en tant que chef de service d’anesthésie du département ORL de l’hôpital Brigham & Womens Hospital, affilié à l’université d’Harvard, dans laquelle il occupe un poste de professeur assistant.

La classification qui porte son nom n’est pas toujours fiable. Car un patient classé Mallampati 4 peut parfaitement être Cormack-Lehane 1 à l’intubation.

classe de Mallampati

MARIE-FOIX

manœuvre de Marie-Foix ou de Pierre Marie-Foix ou manœuvre de Bekhterev-Marie-Foix

Charles Foix
Médecin interniste et neurologue français né le 1er février 1882 à Salies-de-Béarn, (Basses-Pyrénées) ; mort le 22 mars 1927.

Charles Foix

Charles Foix natif du Béarn, fut l’élève de Pierre Marie à La Salpêtrière. Connu pour l’étendue de ses connaissances et la rigueur de ses méthodes déductives, il décrivit divers syndromes caractérisés par des thromboses artérielles localisées, tel le syndrome latéral du bulbe. Il s’intéressa aussi au mésencéphale et publia avec Jean Nicolesco (1895-1957) un important traité d’anatomie et de la vascularisation de cette région. En 1921, il participa à la localisation de l’origine de la maladie de Parkinson au niveau de la Substantia Nigra. Avec Frédéric Lewy il dessina les inclusions cytoplasmiques toujours caractéristiques de cette pathologie et encore nommées corps de Lewy. Son nom est associé à l’élucidation de l’origine de la myoclonie du voile du palais. Il mourut prématurément à 45 ans.

Pierre Marie
Médecin neurologue français, né le 9 septembre 1853 à Paris et mort le 13 avril 1940 à Paris.

Pierre Marie en 1890

Pierre Marie devint interne à 25 ans dans le service du professeur Charcot alors au sommet de sa carrière et fit partie des 32 internes de Charcot (dans lesquels figurent Gilles de la Tourette, Babinski, Marie, Foix, Richer). Il participa a la description d’entités nouvellement isolées comme l’atrophie musculaire progressive en 1886, l’acromégalie en 1886, l’osteoartropathie hypertrophique en 1890, l’heredoataxie cérébelleuse en 1893, la spondylose ankylosante en 1898. Il obtint ainsi une réputation internationale.

En 1897, il obtint la direction du service de Bicêtre ou il explora en particulier les différentes formes d’aphasie. En 1918, a 65 ans, il fut nomme a la chaire de neurologie, créée par Charcot. En collaboration avec Charles Foix et d’autres, il publia différents travaux préparatoires consacres aux séquelles neurologiques de la guerre. Associe à Edouard Brissaud il fonde en 1893 la revue neurologique.

la manœuvre de Marie-Foix est une manipulation pour exciter un réflexe de flexion dans tous les points d’articulation au niveau des extrémités inférieures par une flexion passive et lente des orteils et des pieds. On utilise principalement cette manœuvre en anesthésie en exerçant une pression appuyée derrière la branche montante de la mandibule.

(P. Marie, C. Foix :
Sur le retrait réflexe du membre inférieur provoqué par la flexion forcée des orteils.
Revue neurologique, Paris, 1910, 26 : 121.

P. Marie, C. Foix :
Les réflexes d’automatisme médullaire.
Revue neurologique, Paris, 1912, 23 : 657.
)

MENDELSON

Curtis Lester Mendelson, Obstétricien, cardiologue américain, né le 4 Septembre 1913. New York City.

Curtis Lester Mendelson

Syndrome de Mendelson

Syndrome caractérisé par une broncho-réaction à l’inhalation du contenu gastrique au cours de l’anesthésie générale ou d’une perte de conscience, en raison de l’abolition des réflexes laryngés. Les principales caractéristiques cliniques, qui se manifestent dans un délai de deux à cinq heures après l’anesthésie, se composent d’une cyanose, dyspnée, respiration sifflante pulmonaire, crépitant, râles, diminution de la concentration artérielle en oxygène, et tachycardie. L’ œdème pulmonaire peut provoquer une mort subite ou entrainer des complications pulmonaires. Elle se produit principalement en association avec l’anesthésie obstétricale.

Mendelson avait trouvé cette complication dans 0,15 % des 44016 accouchements qu’il étudia.

(C. L. Mendelson :
The aspiration of stomach contents into the lungs during obstetric anesthesia.
American Journal of Obstetrics and Gynecology, St. Louis, 1946, 52 : 191-205.
)

Curtis Lester Mendelson a étudié à l’Université Cornell à Ithaca, État de New York, où il a complété ses études médicales en 1938. Il a ensuite reçu sa formation clinique au New York Hospital, un hôpital affilié fortement avec l’université Cornell, et a tout de suite consacré ses efforts en vue de sa spécialité, la gynécologie et l’obstétrique. Il a servi dans cet hôpital de 1938 à 1959.

Entre 1932 et 1945, 66 cas d’inhalations ont eu lieu en chirurgie obstétrique à l’Hôpital de New York. Depuis l’inhalation est évidente dans de nombreux cas, mais ces complications pulmonaires donnèrent différents diagnostics plus ou moins sérieux.

Afin d’élucider le problème, Mendelson a commencé à collaborer avec une collègue, Mai William, qui était en charge de la clinique pédiatrique au New York Hospital. Il étudia les répercutions des maladies rhumatismales sur les valves cardiaques.

Mendelson s’intéressa au cas des jeunes femmes souffrant de cette pathologie et qui ayant atteint l’âge mûr, étaient enceintes.

Mendelson reconnu qu’il avait à réaliser un travail plus approfondi en cardiologie et par la suite travailla dans un certain nombre de cliniques aux États-Unis, à l’obtention d’une licence en tant que spécialiste en cardiologie. Grâce à ses nouvelles connaissances acquises et de la coopération avec les chirurgiens thoraciques, le travail de Mendelson a contribué de manière significative à améliorer le pronostic pour les femmes enceintes présentant des anomalies de valve.

En 1941, Curtis Mendelson épouse Marie Krause, qui était une diététicienne. N’ayant pas d’enfants, le couple se consacrent à leur carrière. Mendelson s’est intéressé à l’aviation et a obtenu un certificat de pilote. Malgré sa brillante carrière, il a toutefois décidé de quitter New York pour une autre vie.

En 1959, lui et sa femme s’envolèrent pour les Antilles. Ils eurent le coup de foudre pour Abaco Islands, un petit groupe d’îles des Bahamas.
Mendelson estima qu’il avait trouvé son paradis, et l’année d’après, les Mendelson s’installèrent sur Green Turtle Cay, une petite île de l’Abaco, peuplée de 700 habitants, sans dispensaire, pas même un médecin.

Mendelson est devenu un médecin à la fois pour les habitants et leurs animaux domestiques, et lui et sa femme apprécièrent énormément la vie ici. En 1961, le New York Hospital regrettingly accepta sa démission en tant que professeur d’obstétrique et de gynécologie, et à l’âge de seulement 46 années Mendelson abandonna sa carrière pour une vie totalement différente.

Sur son ile, Mendelson continua à écrire et en 1960 il publia une étude sur des maladies cardiaques pendant la grossesse. Dans le même temps, sa femme écrivit sur la nutrition et la santé. Mendelson estima que ce n’était pas un chef-d’œuvre, mais rapidement, dû revoir son jugement. Le livre de sa femme devint un succès, et finalement apparu dans au moins neuf éditions. Alors que son propre livre ne fut vendu que sur la première édition.

Outre l’aviation, un autre de ses passe-temps favori fut la natation. Il a été membre de l’English Channel Swimming Association. A 55 ans il tenta la traversée de la Manche à la nage, mais après 5 heures, il dû renoncer en raison d’une mer agitée. En 1969, il recommence. Il parvient après 12 heures de nage à apercevoir les falaises de Douvres, mais l’hypothermie le force à abandonner. En 1970 il fit sa dernière tentative de traversée entre la France et l’Angleterre.

Mendelson passa également dans l’histoire de la pêche pour avoir capturé un marlin bleu de 3,65 m (12 pieds) et pesant 225.889 kg (498 Livres) sur son petit bateau de 3 mètres (10 pieds)

Il est même devenu un représentant des Bahamas à l’Association internationale de la pêche amateur et le capitaine de l’équipe des Bahamas au tournoi international de pêche au thon. Son portrait a été placé sur la page centrale du « National Geographic » en février 1967.

Épicurien, tenant du carpe diem d’Horace, Curtis Mendelson servi les habitants de son île paradisiaque jusqu’en 1990 puis à l’âge de 77 ans, il déménagea à West Palm Beach en Floride. Il décède en 2002, laissant l’image d’un homme à la vie bien remplie, contrastée et faisant fi des conventions sociales pour vivre pleinement son existence.

MOFENSON

Lynne Meryl MOFENSON, médecin pédiatre américain, spécialisée dans le traitement et la prévention de l’infection HIV chez l’enfant, chef du département de pédiatrie du National Institute of Child Health and Human Development, Bethesda, MD.

Lynne Meryl Mofenson

la manœuvre de Mofenson est la méthode de désobstruction des voies aériennes supérieures utilisable chez le nourrisson. On s’assied ou s’accroupit, et l’on place le bébé à califourchon sur notre avant-bras en maintenant sa tête avec la main. L’avant bras est placé sur la cuisse, en laissant la tête du bébé plus basse que le corps. On donne ensuite des claques sur le dos entre les omoplates, avec le plat de la main ouverte.

Manoeuvre de Mofenson

Si la manœuvre est inefficace après 5 claques, il faut essayer les compressions thoraciques dites manœuvre d’Heimlich. Si la méthode marche, il faut récupérer l’objet dans la bouche du bébé.

Manoeuvre de Mofenson et d’Heimlich nourisson

On conduira l’enfant aux urgences afin de s’assurer qu’il ne subsiste pas de résidus ou d’autres corps étrangers dans les bronches.

QUINCKE

Heinrich Irenaeus QUINCKE est né le 26 août 1842 à Frankfurt an der Oder en Allemagne, dans le Land de Brandebourg et mort le 19 mai 1922 à Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main).

Heinrich Quincke

Il est le second fils de Hermann Quincke ; son frère ainé George Hermann (1834-1924) était déjà un médecin célèbre. La famille s’établit à Berlin. Il étudie la médecine à Heidelberg, Würzburg et Berlin.

Heinrich Quincke a été l’élève de Virchow, du physiologiste et anatomiste von Kölliker, et de Hermann Helmholtz. Il obtient son doctorat en 1863 à l’université de Berlin. En 1865, il travaille avec le physiologiste Ernst von Brücke Wilhelm Ritter à l’université de Vienne et en 1866, pendant un an il est l’assistant du fameux chirurgien Berlinois Robert Ferdinand Wilms (1824-1880) au Diakonissenhaus Bethanien. Avec Ernst Roos il distingue Entamoeba histolytica d’Escherichia coli.

De 1867 à 1871, il a été adjoint avec Friedrich Theodor von Frerichs (1819-1885) à la Charité à Berlin, avec qui il collabore pendant 6 ans sur l’anatomie et la physiologie du liquide céphalo-rachidien chez les chiens. Quincke intègre la médecine interne à Berlin en 1870, et semble avoir considérablement impressionné ses collègues scientifiques, notamment en étant le premier a décrire un patient présentant un anévrisme de l’artère hépatique dès sa première année d’intégration.

En 1873, il est appelé à l’université de Berne comme professeur de médecine interne et cinq ans plus tard à l’université de Kiel où il reste jusqu’à sa retraite en 1908, en tant que professeur émérite.

Il a également été le premier à nommer poïkilocytose le syndrome que l’on retrouve dans l’anémie pernicieuse et en a signalé l’association avec le cancer gastrique chez un patient en 1876.

Chaque matin, il faisait de l’équitation dans la forêt voisine de son domicile. Il donnait l’image d’un gentleman, mais pédant, tatillon, pressé et très "dangereux" lorsqu’il s’agissait d’une discussion animée dans laquelle il ne lâchait rien.

Titulaire d’une chaire de médecine pendant 30 ans, il s’est retiré à Francfort am Main jusqu’à la fin de son existence, pour y poursuivre ses études de neurologie et y donner des conférences. Parmi ses contributions à la littérature médicale, il faut retenir sa description de l’œdème qui porte son nom, l’étude des mécanismes de régulation de la température du corps. La pulsation du lit de l’ongle ou « signe de Quincke » (Quinck’scher Kapillarpuls) est l’un des signes cliniques de l’insuffisance aortique qu’il a décrit

Il a ensuite travaillé sur les syndromes de la méningite et l’anosmie, les lésions traumatisantes du cerveau, et sur l’hyperthermie dans les lésions du cordon. Il a enquêté sur les mécanismes de contrôle de la température du corps et postule l’existence d’un centre de la chaleur. Il a décrit l’anosmie dans les traumatismes du cerveau et a noté l’hypothermie survenant dans les lésions de la moelle cervicale supérieure.

En 1890, il standardise la ponction lombaire. Si Augustus Karl Gustav Bier a effectué la première ponction lombaire, c’est à Heinrich Quincke que nous devons la réalisation de la première rachianesthésie. L’aiguille de Quincke reste d’ailleurs associée à cette technique. Suite à ses travaux sur la physiologie du liquide céphalo-rachidien, il a estimé que les bébés présentant une hydrocéphalie pouvaient peut-être bénéficier d’une amélioration clinique par la suppression d’une certaine quantité de liquide céphalo-rachidien.

Comme il avait étudié en 1872 l’anatomie et la physiologie liée au liquide céphalo-rachidien chez les chiens en injectant du sulfure de mercure dans l’espace sous-arachnoïdien , ses connaissances sur le sujet étaient assez vastes pour l’encourager à insérer une aiguille fine avec un stylet dans l’espace intervertébral lombaire d’un nourrisson, une procédure dont il pensait qu’elle pouvait causer des blessures légères au fibres nerveuses mais sans provoquer de paralysie.

Suite à cette première ponction, il a reconnu son potentiel de diagnostic dès 1891 il pris des mesures de pression précises au début et à la fin de la procédure. Il a également mesuré le taux des protéines et les valeurs de glycorachie normale (à peu près égale à 60% de la glycémie), et a décrit l’hypoglycorachie se produisant dans le LCR dans la méningite purulente. Il a diagnostiqué une méningite tuberculeuse en démontrant la présence de bacilles tuberculeux dans le LCR et a été la première personne à percer le ventricule latéral pour obtenir le LCR chez les nourrissons atteints d’hydrocéphalie.

Lorsqu’il rapporte la technique au Congrès de Wiesbaden en 1891 il suscite peu de commentaires. Cependant, au fil des ans, il a la satisfaction de voir que la ponction pour prélever et analyser le LCR devient la démarche de diagnostic de première intention dans les troubles neurologiques.

En 1893 il décrit ce qui est actuellement connu comme l’hypertension intracrânienne idiopathique, qu’il dénomme à l’époque "serous meningitis" ou méningite séreuse

Malgré tout ses apports, Quincke passe à la postérité pour la description d’un phénomène accompagnant une allergie importante.

L’œdème de Quincke (appelé également : Angio-œdème, ou angiœdème, Œdème angioneurotique, Œdème Allergique, Allergie entraînant un œdème des voies respiratoires et de la gorge) est une forme particulière d’urticaire associé à un œdème. De survenue brutale, il s’étend en profondeur, de la peau vers les tissus sous-cutanés, et même vers les muqueuses.
Souvent localisé au niveau du visage, l’œdème peut, dans une forme aggravée, toucher les voies aérodigestives supérieures (gorge, larynx) et en quelques minutes, être à l’origine d’un étouffement avec chute de la pression artérielle et perte de connaissance. Ce phénomène est appelé choc anaphylactique et nécessite une prise en charge urgente. 90% des décès par choc anaphylactique ont lieu dans les 5 premières minutes.

Il s’agit d’une manifestation d’hypersensibilité immédiate due à la libération de médiateurs vaso-actifs (histamine, sérotonine, prostaglandines, leucotriènes…).
La ré-introduction d’un allergène chez un patient déjà sensibilisé va induire une chute des résistances vasculaires périphériques (hypovolémie relative), une augmentation de la perméabilité des capillaires (hypovolémie absolue).

L’œdème de Quincke est lié à une allergie alimentaire, médicamenteuse, ou à une sensibilisation aux venins d’hyménoptères (abeille, guêpe, frelon).

Ces signes justifient l’appel à un service d’urgence.

A noter également la position de Quincke :

Le patient est allongé avec la partie supérieure du corps en déclive, le pied du lit étant surélevé. Cette position était utilisée pour faciliter l’expectoration du contenu des bronchioles dans les syndromes obstructifs par ou lors d’un abcès du poumon. Cette position aurait d’abord été mentionné par le docteur Edgar Apolant, gérant la clinique diététique et thermale de Bad Kissingen dans le district de Basse-Franconie (Unterfranken), au nord de l’État libre de Bavière.

Bien qu’interniste, Quincke s’intéressa beaucoup à la chirurgie du poumon dès 1874. Il meurt chez lui, entouré par ses livres.

  • ↑ Quincke HI, « Über akutes umschriebenes Hautödem », dans Monatsh Prakt Derm, vol. 1, 1882, p. 129-131
  • ↑ (de) Quincke HI, « Beobachtungen ueber Capillar- und Venenpuls », dans Berl klin Wochenschr, vol. 5, 1868, p. 337-359
  • ↑ (en) Quincke HI, Verhandlungen des Congresses für Innere Medizin, Wiesbaden, vol. 10, 1891, p. 321-331
  • ↑ (en) Quincke HI, Die Technik der Lumbalpunktion, Berlin & Vienna, 1902
  • ↑ Quincke HI, « Meningitis serosa », dans Samml Klin Vortr, vol. 67, 1893, p. 655

SELDINGER

Technique de ponction vasculaire sur guide et cathéter

Technique de Seldinger
Sven-Ivar Seldinger

Sven-Ivar Seldinger est né le 19 avril 1921, dans la petite ville de Mora en Dalécarlie la partie nord de la Suède . Il était, et est resté, profondément enracinée dans son environnement parental. Ses ancêtres avaient fondé l’atelier mécanique de Mora et étaient considérés comme “des ”génies techniques."

Après des études préliminaires dans les écoles locales, il étudia la médecine au Karolinska Institutet à Stockholm (1940-1948). Dès le début, Sven-Ivar fit une profonde impression sur ses camarades en raison de son intelligence, son indépendance, et souvent sa façon rigoureuse de s’exprimer. Un des camarades de classe Sven-Ivar à l’école médicale dira : « Nous sommes vite devenus des amis très proches. Sven-Ivar a commencé sa formation en radiologie avant moi. C’est lui qui m’a incité à le suivre dans ce domaine. Par conséquent, il a eu une influence décisive sur mon choix de la profession. »

Après avoir complété sa formation médicale initiale en 1948, Seldinger eut un intérêt précoce pour la radiologie. Sa formation en radiologie diagnostique a commencé en 1950 à la Sjukhuset Karolinska. Cette clinique universitaire à l’Hôpital Karolinska est devenue sa sphère d’action pour près de deux décennies où il était un membre du personnel jusqu’en 1966. Au cours de ces années à Stockholm, il a été très productif.

C’est là, en 1952 qu’il eut l’idée de sa méthode sur le cathétérisme percutané et montra dans des expériences comment elle pourrait être utilisée pour atteindre toutes les artères du corps humain à partir de la voie fémorale.

Réalisant le potentiel de son innovation, le dr Seldinger l’appliqua à
la première localisation d’un adénome parathyroïdien par artériographie et
la première angiographie rénale sélective par voie fémorale. Il l’a utilisé pour perforer le canal cholédoque pour la cholangiographie et à la perforation du foie et la rate pour la phlébographie portale. Il a été parmi les premiers à entreprendre par voie percutanée la cholangiographie transhépatique en 1962. Sven-Ivar Seldinger s’est également intéressé à l’hémodynamique de la veine porte et la réduction de l’hypertension portale par l’administration de vasopressine. Ses premières contributions, publiées principalement dans
Acta Radiologica, l’identifièrent comme l’un des pionniers de l’intervention radiologique.

Le Dr Seldinger a soutenu sa thèse sur la « cholangiographie transhépatique percutanée » à Stockholm en 1966. A la suite de cet examen il fut nommé au titre de docent (habilitation universitaire) en radiologie en 1967. Seldinger retourna à Mora, son village natal, pour devenir chef du département de radiologie diagnostique de l’hôpital de Mora Lasarett, où il poursuivit sa pratique.

Son travail n’a pas échappé à l’attention. Il a donné des conférences en Europe, en Afrique, et aux États-Unis.

En 1975, il a reçu le prix Saint-Valentin de la New York Academy of Medicine, il est membre d’honneur
de l’association suédoise de radiologie médicale et de l’association
allemande Roentgen.
Mais sa principale distinction est sa technique de cathétérisme connue partout dans le monde comme la méthode de Seldinger qui consiste à introduire un cathéter par voie percutanée dans les vaisseaux. Cette nouvelle voie d’abord, évitant la dénudation des vaisseaux, eut un impact majeur sur le développement de l’angiographie dans son ensemble.

Il est inutile de décrire ici les éléments essentiels de cette technique, qui est bien connu de tous les radiologues, cardiologues, anesthésistes, chirurgiens d’aujourd’hui.

Technique de Seldinger ponction jugulaire

A quarante-cinq ans, Sven-Ivar Seldinger publie sa méthode dans Acta Radiologica.

Sven-Ivar Seldinger : Catheter replacement of the needle in percutaneous arteriography (a new technique). Acta Radiologica, Stockholm, 1953, 39 : 368-376.

Un grand nombre de rapports sur l’utilisation réussie de la nouvelle technique ont été publiés pendant plusieurs années Seldinger était le nom le plus fréquemment mentionné dans la littérature scientifique toutes catégories confondues.

Le manque de considération que les pionniers rencontrent fréquemment, tomba également sur Seldinger. Son chef au département de radiologie à l’Institut Karolinska ne croyait pas en cette invention et cette nouvelle technique ainsi que l’évidence des conséquences que toutes les artères du corps humain pourraient être atteintes par cette simple procédure. De même il pensait que le sujet était insuffisant pour constituer la base d’une thèse. Donc Seldinger dû travailler sur un deuxième projet, le développement de la cholangiographie percutanée.

Néanmoins, ses contributions ont été reconnues au cours du temps, et il serait impossible de rendre compte de toutes les récompenses et les honneurs qu’il a reçus. Un de ceux qui ont rendu Seldinger particulièrement heureux était un article couvrant onze pages dans le numéro de Janvier 1984 de l’American Journal of Roentgenology titré : “Hommage à Sven-Ivar Seldinger

A tribute to Sven-Ivar Seldinger

Dans ce contexte, Herbert Abrams écrivait ce qui suit au sujet des contributions de Seldinger :

« Dans le mouvement de l’angiographie et de la médecine diagnostique, probablement aucune contribution n’a pesé plus lourd que la technique développée par Sven Seldinger. Pour un degré majeur, son élégance et son utilité dans sa simplicité même, et bien que Seldinger a été modeste au sujet de sa contribution, il a fallu à la fois l’ingéniosité et la créativité pour mener une angiographie dans une nouvelle période et une nouvelle scène. Chacun d’entre nous en radiologie reconnaîtra notre grande dette à Seldinger pour sa vision. Sa contribution déplaça le champ d’application dans une direction nouvelle et excitante et a laissé une empreinte indélébile sur l’imagerie médicale et de la médecine diagnostique et thérapeutique. »

Seldinger a raconté l’histoire de sa découverte, alors qu’il était encore jeune résident à l’Institut Karolinska en 1952. Ce qui suit est une citation de "une feuille hors de l’Histoire de l’angiographie” (In : Pionniers en angiographie, M.E. Silvestre, F. Abecasis, J.A. Veiga-Pires eds. Elseviers Science Publishers [Biomedical Division], 1987)

Seldinger écrit, après avoir donné un bref compte rendu sur l’état de l’art radiologique dans les années 1950 :

« Ainsi, il y avait évidemment un besoin pour un procédé amélioré pour l’aortographie par voie percutanée, et l’une des exigences à la solution a été une augmentation de l’alésage du cathéter. Une telle augmentation serait sensiblement bénéfique. Conformément à la loi de Poiseuille, le taux d’écoulement à travers un tube long et étroit de (tous les autres facteurs étant constant), est approximativement proportionnel à la puissance 4 du diamètre. Lorsqu’il est doublé, le temps d’injection pourrait être divisé par 16 ! Il existe un instrument de ponction, du nom de Cournaud, constitué par une aiguille de ponction pointue dans une canule émoussée externe, le bord dépassant la canule de un ou deux millimètres. Une alternative est d’utiliser un cathéter flexible au lieu de la canule, mais il serait certainement difficile à gérer une aiguille interne, d’un demi-mètre de long. J’évitais ce problème en coupant un trou latéral sur un cathéter en polyéthylène à un niveau tel qu’une aiguille biseautée de longueur convenable, dépasse de l’extrémité du cathéter par un ou deux millimètres lorsqu’il est inséré à travers elle. Après un certain moulage du cathéter et une incision rapide dans la peau, cet instrument peut être inséré dans l’artère par ponction percutanée. Certains des inconvénients évidents sont inhérents à cette technique. Par exemple, les cathéters à parois minces étaient tellement flexibles qu’il était parfois impossible de les faire avancer plus loin dans le vaisseau. Cette difficulté peut être surmontée : lorsque la position intravasculaire a été obtenu, l’aiguille peut être retirée du trou latéral et remplacé par un fil métallique semi-souple qui a été introduit à travers toute la longueur du cathéter pour la soutenir. Après une tentative infructueuse d’utiliser cette technique j’étais déçu et triste, j’avais trois objets dans ma main : une aiguille, un fil et d’un cathéter et ... en une fraction de seconde je me suis rendu dans quel ordre je dois les utiliser : L’aiguille dedans, le guide dedans, l’aiguille dehors, le cathéter sur le guide, le cathéter dedans, le cathéter avance, le guide est ôté.
On m’a demandé comment cette idée m’est venue et je cite Phocion, le grec. “J’ai eu une grave crise du sens « commun” »
.

Avec la « chance des débutants » la première angiographie utilisant cette technique a été un succès. Une artériographie sous-clavière, avec une exposition unique, le cathéter introduit par l’artère brachiale après la ponction au niveau du coude a révélé un adénome parathyroïdien médiastinal, en vain recherché par le chirurgien lors d’une exploration ex-opératoire. "

Sven-Ivar avait une apparence modeste et un peu boudeuse, qui n’ont pas toujours attirée les personnes qui l’ont rencontré. Ceux qui l’approchèrent apprécièrent sa sincérité, son honnêteté, et sa sollicitude pour les autres. Il était fidèle en amitié.

Sven-Ivar Seldinger est décédé dans sa maison de Mora le 21 février 1998, laissant son épouse Britt-Lis, ses filles Mari, Nina, et Mona, leurs familles, et ses nombreux amis et collègues.

Sa technique lui survit pour longtemps.

SELLICK

Brian Arthur Sellick (1918–1996)

Brian Arthur Sellick

Brian Sellick est né à Dorking, à la fin de la Grande Guerre. Il a d’abord travaillé à l’hôpital de Middlesex à Londres et rejoint la Réserve des volontaires de la navale royale au cours de la 2ème guerre mondiale. Après la guerre, il reprend du service à l’Hôpital Middlesex.

Il fut l’un des premiers anesthésistes pour la chirurgie cardiaque et a été l’initiateur de l’introduction de l’hypothermie en anesthésie pour la chirurgie cardiaque.

Tout en travaillant au Middlesex Hospital, de Londres, il a développé une méthode d’application de la pression cricoïde lors de l’induction de l’anesthésie afin d’éviter l’inhalation.

Il a démontré l’efficacité de la manœuvre à l’aide d’un cadavre.

L’estomac était rempli de liquide et le cadavre a ensuite été placé dans la position de Trendelenburg. Avec la pression cricoïde, la régurgitation de liquide dans le pharynx pouvait être évitée. Il a aussi mis au point la manœuvre du "reverse Sellick", utilisé comme une aide au passage des tubes ou des sondes dans l’œsophage, en soulevant le cricoïde pour faciliter l’intromission de la sonde gastrique dans l’œsophage.

Au fil des ans, la manœuvre a été évaluée et des modifications recommandées, notamment le travail de Vanner et Duggan sur la nécessité d’abaisser la haute pression recommandé par Sellick (44 newtons) jusqu’à 30 newtons.

Le déplacement du piston de 50 à 33 ml génère une pression de 30 Newtons.

 La manœuvre

Technique décrite en 1961 par Sellick BA et publiée dans le Lancet (B. A. Sellick :
Cricoid pressure to control regurgitation of stomach contents during induction of anaesthesia : preliminary communication. The Lancet. 1961, 2 : 404-406.
)

Sellick

Elle a pour but de prévenir la régurgitation du contenu gastrique et œsophagien vers le pharynx et son inhalation bronchique et alvéolaire lors de l’induction anesthésique.

Elle consiste à appliquer une force sur le cartilage cricoïde qui va alors comprimer l’extrémité supérieure de l’œsophage contre le corps vertébral de la vertèbre cervicale sous-jacente. L’appui se fait sur le cartilage Cricoïde et non sur la pomme d’Adam, car le cartilage cricoïde est circulaire.
L’amplitude de la force doit être d’environ 3 kg. Cette force est suffisante pour prévenir la régurgitation et met à l’abri de la rupture œsophagienne.

En cas de vomissements, il faut arrêter cet appui, afin d’éviter l’hyper pression gastrique et œsophagienne.

Schmidt A (Acta Anaesth Scand 2001) a montré que 69 % des médecins ne connaissaient pas le niveau de pression à atteindre, et que des forces supérieures à 60 Newtons (6 kg) étaient exercées par 61 % des médecins dans son étude.

On peut trouver une équivalence en appuyant ses doigts sur l’arête de son nez, jusqu’à entraîner une douleur ou on peut estimer la pression à l’aide d’une seringue de 50 ml, remplie d’air et obstruée à son extrémité : pour déplacer le piston jusqu’au repère 38 (ml) il faut appliquer une force de 2 kg, pour atteindre 33 (ml) il faut une pression de 3 kg. (Flucker CJ (The 50-millilitre syringue as an inexpensive training aide in the application of cricoïd pressure, Eur J Anaesth. 2000 ; 17(7) 443-7)

“En 2008, 22 articles avaient été publiés dans la littérature, parmi ceux-ci, Ralph & Wareham. (Anaesthesia 1991 ;46:40-1) Décrivent un cas de rupture œsophagienne lors de la pratique de la manœuvre de Sellick chez un patient éveillé.

La manœuvre de Sellick peut parfois perturber les conditions d’intubation, Snider (The "BURP" maneuver worsens the glottic view when applied in combination with cricoid pressure. Can J Anaesth. 2005 Jan ;52(1):100-4) écrivent que la manœuvre de Sellick ne perturbe pas les conditions d’intubation dans 65 % des cas, que par contre la manœuvre de Sellick seule détériore la visualisation de la glotte dans 12,5 % des cas (p = 0,279), et que la manœuvre de Sellick associée au BURP (Backward, Upward, Rightward Pressure) détériore la visualisation glottique dans 30 % des cas. notre conclusion est donc qu’il faut savoir arrêter la manœuvre de Sellick lorsque celle-ci compromet les conditions d’intubation sous laryngoscopie directe.” (source intubation.fr)

La manœuvree de Sellick. faut-il encore la faire ?
Manoeuvre de Sellick, la controverse

Elle doit être utilisée avec la séquence

 pré-oxygénation

 manœuvre de Sellick

 induction rapide par voie intraveineuse (Thiopental, Célocurine®, dit le gold standard, mais il est préféré le propofol actuellement)

 intubation trachéale et vérification de la position de la sonde d’intubation, ballonnet gonflé.

Théorie de la manœuvre de Sellick (réalisée par un aide).

Maintenir le cartilage entre le pouce et le majeur, tandis que l’index appuie sur le cartilage. Avant la perte de conscience totale, la pression sera de l’ordre de 2 kg.
Après la perte de conscience totale, la pression sera de 3 kg et ne sera relâchée qu’une fois certain de l’intubation trachéale, ballonnet gonflé, auscultation pulmonaire effectuée.

manoeuvre de Sellick

Complications

 risque de rupture de l’œsophage

 risque de rupture du cartilage

 difficulté d’intubation si la pression est trop forte

 risque d’aggravation de lésions laryngées, vertébrales et/ou cervicales préexistantes

si l’intubation trachéale est difficile : ne pas relâcher la pression mais changer la direction de compression. Si la difficulté persiste, il faudra bien arrêter la manœuvre.

s’il faut ventiler, ne pas relâcher la pression pendant la ventilation au masque.

Si la ventilation est impossible, arrêter la manœuvre.

si régurgitation : augmenter la pression à 4 kg.

si vomissement : diminuer la pression à 2 kg, aspirer voire intuber l’œsophage.

si intubation impossible et ventilation impossible, appliquer les techniques de sauvetage disponibles dans chaque structure.

A garder en mémoire, lors des fasiculations induites par la célocurine, le sphincter oesophagien s’ouvre. Certains médecins ne sont pas adeptes de cette pratique car elle ne protège pas contre cette ouverture à 100 %.

SWAN-GANZ

sonde de mesure des pressions intra-cardiaques

Harold James Charles Swan (dit Jeremy)

Jeremy Swan

Cardiologue américain, né en 1922 à Sligo en Irlande. Fils de deux médecins généralistes, il fut élève à l’école de Caste Rock, avant de faire ses études au collège Saint Vincent à Dublin. Mais ses études furent interrompues rapidement par une méningite qui le plongea dans le coma. La pénicilline n’était pas encore disponible, mais sa mère lui donna des médicaments contenant du sulfure, ce qui le guérit.

A l’école médicale de l’hôpital saint Thomas, il fut conidéré par ses camarades comme un génie, et en effet, on lui permit de passer ses examens après six mois au lieu des deux années habituelles.
Après six mois en tant que chirurgien de traumatologie il fit deux ans de service militaire avec l’armée de l’air royale, principalement affecté à un hôpital militaire en Irak.

De retour à saint Thomas, il passa trois ans comme conférencier de physiologie et fut nommé professeur pour ses premiers travaux sur la cathéterisation et la pharmacologie cardiaques, sous la direction d’Henry Barcroft, une figure historique en physiologie cardiaque.

Personne ne s’étonna quand il fit partit de la fuite des cerveaux qui rejoignit la clinique Mayo du Minnesota, où il devint le collaborateur du docteur Earl Wood, très en pointe sur la physiologie cardiaque.

Il devint directeur du laboratoire de cathéterisation. Il définit les problèmes des maladies cardiaques congénitales et développa des techniques pour mesurer le débit et détecter les shunts des deux cavités cardiaques. Il établit bientôt sa réputation de chercheur scientifique et clinicien prolifique et innovant et publia plus de cent articles durant cette période.

On ne s’étonnera pas qu’il fût courtisé par de nombreux hôpitaux et universités, mais il choisit le petit hôpital des cèdres du Liban, connu maintenant sous le nom de Clinique Privée du Cèdre du Sinaï (Cedars-Sinai Hospital), un établissement à but non lucratif de Los Angeles.

Il y vint en 1965, y restera vingt-deux ans, et publiera encore trois cents articles couvrant tous les aspects de la cardiologie, ainsi qu’en 1968 alors qu’il est devenu chef de service de cardiologie du Cedars-Sinai Medical Center, la description du dispositif qui porte son nom et que l’on peut décrire comme un cathéter flexible, avec à son extrémité un ballonnet gonflable, utilisé pour mesurer les pressions dans les cavités droites (oreillette droite et ventricule droit), l’artère pulmonaire et les capillaires pulmonaires (ballonnet gonflé).

sonde de Swan-Ganz

Il expliqua comment lui vint l’idée, en observant la voile d’un bateau sur la baie de Santa Monica. Il se demanda quelle pouvait être la pression qui s’exerçait sur la voile, et si on pouvait la mesurer en continue afin de rendre la navigation plus efficace.

C’est le déclic. Une idée le frappe soudain : si on pouvait fixer une voile à l’extrémité du cathéter, il serait alors facilement porté par le flux sanguin et se fixerait là où on veut qu’il se fixe, à savoir le capillaire pulmonaire.

Enthousiaste, Jeremy Swan, s’empresse de soumettre cette idée au chef de son laboratoire d’hémodynamique qui se montre sceptique et ironique : la voilure, qu’il compare au parapluie de Mary Poppins, ne manquera pas de s’emmêler dans les cordages de la tricuspide.
Jeremy Swan ne se décourage pas. Il rencontre les ingénieurs de la firme Edwards, leader mondial de la fabrication des cathéters, et leur propose d’équiper un cathéter d’une voile. Sa suggestion est accueillie avec froideur : de l’avis quasi-unanime, la mission paraît impossible, on ne pourra pas fabriquer un cathéter muni d’une voile.

La situation semble bloquée.

C’est alors qu’un des ingénieurs suggère de remplacer la voile par un ballon. Cela change tout. Car, fixer un ballon à l’extrémité d’un cathéter, la firme Edwards sait le faire ! A partir d’un cathéter pédiatrique, elle fabrique quelques prototypes, à une seule lumière, dont l’extrémité est munie d’un ballon.

Jeremy Swan inventa le cathéter cardiaque de Swan-Ganz et fut un précurseur de la cardiologie durant quarante ans. Il était un peu considéré comme un franc-tireur visionnaire.

Son dispositif, fabriqué en 1968 avec le directeur d’un laboratoire d’expérimentation animale, un nommé William Ganz, révolutionna la chirurgie cardiaque en permettant le monitorage de débit cardiaque et des pressions capillaires pulmonaires sur des patients en état critique. Ceci a énormément aidé à améliorer la survie des patients cardiaques, les victimes de brûlures sévères, de SDRA et autres pathologies.

Mais avant de soigner des patients, il fallait faire des essais sur des animaux...via le laboratoire de Ganz.
Dès le premier essai via la veine jugulaire du chien, victoire ! Le cathéter se positionne d’emblée dans l’artère pulmonaire. Ganz dotera le prototype d’une seconde lumière pour affiner la mesure des pressions.

Étape décisive, il reste, à tester ce nouveau cathéter chez l’homme.

James Forrester, chef de l’unité de soins intensifs, s’en chargera, en 1969, sur un patient hospitalisé pour IDM aigu. L’instant est historique. Mais, lorsque le cathéter parvient au ventricule droit, il déclenche une tachycardie ventriculaire (TV) impressionnante dont l’opérateur se souvient encore aujourd’hui.

La TV, heureusement transitoire a été provoquée par le contact du bout rigide de la sonde avec le myocarde ventriculaire droit ; elle va cesser spontanément aussitôt que le cathéter, porté par son ballon, aura été entrainé par le flux sanguin dans l’artère pulmonaire puis dans le capillaire pulmonaire, permettant de recueillir et mesurer la fameuse wedge pressure !

Suite à cet événement qui aurait pu être tragique, le ballon sera positionné différemment : il quittera l’extrémité du cathéter pour l’envelopper sur toute sa longueur.

Ultérieurement, s’appuyant sur ses travaux menés en Tchécoslovaquie, Ganz va encore améliorer le cathéter, le dotant d’une thermistance logée dans une troisième lumière, ce qui permettra, pour la première fois, le monitoring continu, au lit du patient, du débit cardiaque et de la pression capillaire bloquée et leur corrélation avec le tableau clinique.

Le cathéter de Swan-Ganz, vendu à plus de 25 millions d’exemplaires, s’imposera dans les Unités de soins intensifs du monde entier.

Jeremy Swan reçut beaucoup de distinctions aux Etats-Unis et dans le monde, notamment un doctorat honorifique du Trinity College de Dublin en 1996, où existe une fondation à son nom pour l’enseignement de l’éthique médical. Il fut un mentor pour toute une génération de cardiologue américain, et ceux d’autres pays qui venaient lui rendre visite.

Enfin à la retraite, il s’installa à Pasadena, où il continua d’écrire et fut invité à donner des conférences, a effectué du travail médico-légal. Il était directeur de deux compagnies fabriquant des dispositifs cardiaques.
Il était membre du Royal College de médecine, et président du collège américain de cardiologie en 1973.

Il mourut dans son hôpital du Cèdre du Sinaï, des suites d’un infarctus, le 7 février 2005.

William Ganz est né en 1919 à Kosice dans l’actuelle Slovaquie.

William Ganz

Il s’est inscrit à l’ école de médecine de l’Université Charles à Prague, en Tchécoslovaquie, en 1938. Lorsque le nazisme occupe la Tchécoslovaquie deux ans plus tard, les étudiants sont tous dispersés dans leurs régions d’origine. L’école de médecine ferme en 1940. Ganz, qui était juif, a été envoyé dans un camp de travail en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Il devait être envoyé à Auschwitz en 1944, mais il s’est échappé et à réussi à se cacher, comme il le disait " j’ai refusé l’offre et suis entré dans la clandestinité."

Après la Seconde Guerre mondiale, Ganz sort major de sa promotion, diplômé de l’Université Charles en 1947.

Ganz a travaillé en Tchécoslovaquie, sous l’ère communiste, dont "l’orthodoxie" le décevra. En 1966, privilège rare, Ganz est autorisé à partir en vacances en Italie avec sa femme Magda, et ses deux fils, Peter et Tomas, tous deux futurs médecins.
Au lieu de cela, la famille se rend à Vienne, en Autriche, où ils obtiennent un visa pour les Etats-Unis. Ganz avait des parents à Los Angeles, ce qui a permis à la famille d’entrer aux États-Unis. Ganz a obtenu un poste au Cedars-Sinai Medical Center, où il est resté pour le reste de sa carrière.
Outre le cathéter conçu avec le Dr Jeremy Swan, Ganz a joué un rôle dans le développement de la thrombolyse.

Il collabore à la mise au point de la sonde.
Professeur de médecine de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), à l’école de médecine et doyen de recherche à l’hôpital Cedars-Sinai Medical Center.

En 1995, Ganz reçut le prix Walter Bleifeld Memorial, pour son travail de recherche clinique.

Le premier à démontrer qu’un cathéter peut être placé en toute sécurité dans le coeur fut un chirurgien allemand, Werner Forssmann (1904-1979) qui fit l’expérience sur lui même.

Un cathéter analogue à celui de Swan-Ganz, fut développé initialement en 1953 et utilisé sur des chiens par les docteurs Michael Lategola et Hermann Rahn (1912-1990).

Swan et Ganz introduisirent leur sonde dans la pratique clinique en 1970.

Sa femme, Magda, décéde en 2005.

William Ganz décède à l’âge de 90 ans, le 11 novembre 2009.

NDA : La légende prétend que Ganz aurait déposé l’invention à son unique profit.
Je n’en n’ai pas la preuve formelle.

TRENDELENBURG

Friedrich Trendelenburg né à Berlin, le 24 mai 1844, était un chirurgien allemande, fils du philosophe Friedrich Adolf Trendelenburg.

Trendelenburg étudia la médecine à l’université de Glasgow et à l’université d’Edimbourg, en écosse. Il compléta ses études à Berlin, sous la direction de Bernhard von Langenbeck, et reçut son doctorat en 1866. il pratiqua la médecine à Rostock et Bonn, et en 1895 il devint chirurgien chef à Leipzig.

Trendelenburg

La position qui porte son nom, fut utilisée la première fois en 1881 lors d’une opération abdominale.
Elle consiste à incliner le patient jusqu’à ce que la tête soit plus basse que les pieds. Le patient est sur un plan incliné et élevée, habituellement d’environ 45 °, avec la tête en bas et les jambes et les pieds sur le bord de la table. Elle est utilisé dans les opérations abdominales, afin de refouler les organes abdominaux vers le diaphragme. Cette position est aussi généralement utilisé dans le traitement du choc, mais si il y a une blessure à la tête associée, la tête ne doit pas être maintenue plus bas que le tronc.

La première description de la position de Trendelenburg a été donnée par un de ses élèves, Willy Meyer (1854-1932), dans Archiv für Chirurgie klinische, Berlin, 1885, 31 : 495-525.

position de trendelenburg

Il inventa également la canule de Trendelenburg, utilisée pour la chirurgie du larynx pour prévenir la déglutition du sang au cours de l’opération.

Trendelenburg s’intéressa à la chirurgie d’ablation des embols pulmonaires. Son étudiant
Martin Kirschner, réussit la première embolectomie pulmonaire en 1924, peu de temps avant la mort de Trendelenburg.

Trendelenburg inventa le traitement des varices par la ligature de la veine saphène.
Le test de Trendelenburg, décrit aussi bien un test pour les veines variqueuses qu’un test employé lors des luxations congénitales de la hanche, pour en apprécier la mobilité.

Le test de percussion de Brodie-Trendelenburg et utilisé pour apprécié la compétence des valvules des veines superficielles.

Trendelenburg s’intéressa à l’histoire de la chirurgie. Il fonda la société allemande de chirurgie en 1872.
Il décéde le 15 décembre 1924, d’un cancer de la machoire, à l’âge de 80 ans.

A lire l’article sur les positions opératoires

TUOHY

Edward Boyce Tuohy

Médecin américain, né en 1908 et mort en 1959, exerçant à la mayo clinic.

Edward Boyce Tuohy

inventeur d’une aiguille de péridurale.

Histoire de l’anesthésie rachidienne et péridurale

L’idée d’une administration d’anesthésiques par voie épidurale débuta au début du XXe siècle en 1901 par deux médecins français, Jean-Anthanase Sicard un radiologue et Fernand Cathelin.

Sicard décrivit l’injection diluée d’une solution de cocaïne à travers le hiatus sacré pour traiter les patients souffrants d’une sciatique sèvère. Indépendamment, de son côté, Cathelin rapporta des travaux similaires, trois semaines après. Il reconnut que les injections de cocaïne pouvaient être utilisées pour la chirurgie.

En 1921, un chirurgien espagnol Fidel Page, décrivit une approche lombaire de l’anesthésie épidurale. Il mourut après la publication de ses travaux, et son idée fut sans suite jusqu’à 1933, grâce à un chirurgien italien, Archile Mario Dogliotti, qui ressuscita et popularisa le concept. Dogliotti réussi une chirurgie abdominale avec une seule injection d’un anesthésique par voie lombaire.

Pour nombre d’historiens, la pratique régulière de la péridurale date depuis son article.

Cependant ce serait oublier l’obstétricien roumain Eugene Aburel, qui en 1931, injecta de la chinocaine à travers une soie urétérale pour bloquer le plexus lombo-sacré lors du travail d’une femme enceinte.

Aburel mérite d’être cité pas seulement pour l’usage d’une approche lombo-sacrée, mais également pour suggérer une méthode pour obtenir un bloc péridural continu.

Aux Etats-Unis, Hingson et Edwards montrèrent le potentiel d’une péridurale en continu.
Travaillant à l’hôpital de Staten Island pendant la seconde guerre mondiale, ils utilisèrent cette technique sur 33 parturientes en 1942. Ils s’inspirèrent d’une méthode développée pour l’anesthésie rachidienne en continu par un anesthésiste américain, W. T. Lemmon.

Deux ans plus tard, en 1944, Hingson publia un second article en collaboration avec le chirurgien James Southworth. Il y est décrit une approche lombaire pour l’anesthésie lombaire en continue. Cette fois, Hingson utilisa une aiguille de fort calibre, l’aiguille rachidienne de Barker (15 gauge) et une soie urétérale avancée, « non pas dans, mais vers l’espace péridural ».

C’était la même approche qu’Aburel avait fait quelques années auparavant, avec un succès moindre, puisqu’ils n’obtinrent une anesthésie satisfaisante que sur 10 des 16 patients traités. Placer la pointe de l’aiguille dans l’espace péridural, et réussir à positionner correctement le cathéter était un défi en lui-même.

La résolution de ce problème est à porter au crédit de Manuel Martinez Curbelo, un anesthésiste Cubain, qui améliora un dispositif qu’utilisait un médecin à la Mayo clinic en 1947 pour faire de blocs rachidien en continu : Edward B. Tuohy

Tuohy était un anesthésiste enthousiaste, fervent partisan des blocs nerveux. Il influença bon nombre par son implication précoce dans des sociétés académiques, et en tant que président de l’American Society of Anesthesiologists (ASA).

Tuohy connaissait les travaux de Paget et Dogliotti sur les blocs périduraux, mais il était d’avantage intéressé par l’anesthésie rachidienne en continu, pour lesquelles il utilisait une aiguille de Barker de 15 gauge et un cathéter en soie n° 4.

Plus tard il remplaça l’aiguille de Barker par une aiguille dessinée par Ralph L. Huber (1890 –1953) de l’Université de l’Oregon.
L’aiguille de Huber avait une extrémité directionnelle, qui permit aux anesthésistes de diriger le cathéter pendant qu’ils sortaient le bout de l’aiguille.

Huber, un dentiste de Seattle, avait un don pour les inventions. Au cours de sa carrière il conçu un système de cinématographie tridimensionnelle et un stéthoscope spécial qui permettait à une femme d’écouter le battement de coeur de son propre foetus.

Mais il est plus connu pour ses travaux sur les aiguilles hypodermiques.

Tuohy ajouta un stylet, espérant de ce fait diminuer le risque de carrotage de la peau. Mais ce fut Curbelo, et pas Tuohy qui trouva comment la direction de l’aiguille facilitait le placement du cathéter péridural.

En 1949, deux ans après sa visite à la mayo clinic, Curbelo publia un article décrivant comment il utilisa une aiguille de Tuohy de 16 gauge, avec un cathéter de 3.5 F pour une anesthésie segmentaire lombaire en continu.

aiguille de Tuohy (laboratoire Gamida)

D’autres médecins apportèrent leur modification, mais sans le même succès dans le dessin.
Charles E.Flowers, un obstétricien important, contemporain de Hingson et travaillant à l’université John Hopkins, proposa différentes aiguilles.

Il fut le premier probablement à changer l’aiguille de Tuohy-Huber en émoussant le biseau et en concevant le stylet entrant dans l’aguille. Il pensa que le bout mousse, réduirait les risques de ponction dure-mèrienne. Il pensa aussi que le stylet dans l’aiguille favoriserait le passage de la peau. Mais cela ne fonctionna pas, et l’aiguille avait tendance à se plier rendant le geste difficile voire impossible pour monter le cathéter ou pour ôter le stylet.

Robert Hustead, un collègue d’Hopkins appela la modification de Flowers, « la technique cauchemar ». Cependant, l’idée de Flowers d’un bout émoussé retint l’attention et devint une partie des autres perfectionnements d’aiguille fait par Crawford, Weiss, Sprotte, et Hustead lui-même.

L’aiguille de Hustead

Robert Hustead pratiqua l’anesthésie en tant qu’étudiant de l’Université de Yale (1952–1954).
Après un apprentissage, il délivra de l’anesthésie la nuit et les week end en maternité et suite de couches, durant 2 ans de son internat.

En tant que « résident » sous l’autorité de Nicholas M. Greene, Hustead fit ses propres modifications de l’aiguille de Tuohy-Huber en utilisant une aiguille plus pointue et changea l’angle du biseau. Le résultat fut une ouverture d’aiguille qui n’excéda pas 2.7 millimètres de longueur, avec un angle du biseau d’aiguille de 12°-15°. Il rendit l’extrémité de l’aiguille moins tranchante pour diminuer les risques de section du cathéter, quand on ôte l’aiguille.

Il lui fallut attendre 1965, pour qu’une société (Monoject) fabrique une aiguille suivant ses spécifications.
Hustead, tout comme Hingson, était un fervent défenseur de l’anesthésie péridurale pour les parturientes.
Il fonda la Société pour l’anesthésie obstétricale et périnatale.

En 1956, Hustead rencontra B.Crawford lors d’un meeting national de l’ASA.

L’aiguille de Crawford

Né à Brookfield, Missouri (en 1921), O. B. Crawford fut formé à l’anesthésie à Chattanooga, au Tennessee et il pratiqua à Springfield, dans le Missouri. En 1964, il fut élu second vice-président de l’ASA.
Crawford préférait une aiguille à bout droit. A cette fin il développa une aiguille de Quincke avec une avec un biseau extrêmement court, et émoussé. Le biseau était très plat (60°) si on le mesure de l’axe longitudinal de l’aiguille) et Crawford l’utilisa pour identifier l’espace péridural avec l’aiguille retournée.

Quand l’aiguille de Crawford est insérée dans l’espace péridural thoracique, avec une direction céphalique d’environ 60° par rapport au dos du patient, l’ouverture de l’aiguille est parallèle aux ligaments longitudinaux, ainsi peu susceptible de perforer la dure-mère. Après identification de l’espace péridural, il tourne le biseau à 180°, afin d’amener le biseau dans la position qui permettra au cathéter de se placer idéalement dans la bonne direction.

Crawford a également préféré la méthode de la goutte pendante, pour identifier l’espace épidural. Dans un article édité en 1951, il a décrit 677 cas chirurgicaux, la plupart du temps les thoracoplasties, dans lesquels il avait employé les blocs épiduraux cervicaux ou thoraciques comme anesthésique unique.

Une autre personne apprécia cette méthode et il apporta une modification à l’aiguille de Tuohy-Huber : Jess B.Weiss.

L’aiguille de Weiss

Il ajouta des ailettes afin de favoriser la tenue de l’aiguille, lors de la péridurale. Ceci lui permettait aussi de progresser plus lentement et d’apprécier l’aspiration de la goutte de sérum physiologique lors de sa pénétration dans l’espace péridural.

Weiss devint également président de l’ASA.

En 1960, Hustead rencontra Weiss. Ils devinrent bons amis, mais ni l’un ni l’autre ne se rallièrent à la conception de l’autre parce qu’elles favorisaient une approche diffrente de l’espace épidural.

L’aiguille de Sprotte

Le dernier changement significatif vint d’une tout autre « tradition ».

En 1989, Jürgen Sprotte, un allemand de Würzburg, en Bavière, réussit à mettre en application la technique continue de cathéter en combinaison avec une aiguille à pointe crayon.

Né en 1945 à Heigenbrücken en Allemagne, Sprotte étudia la médecine à Munich et fut formé à l’anesthésie à l’université de Würzburg, où il rejoignit l’équipe en 1977. Sprotte apporta plusieurs contributions.

En 1979, il développa une aiguille pour la ponction rachidienne, similaire à l’aiguille conçue par Hart et Whitacre mais avec un changement notable, dans sa géométrie. L’aiguille de Whitacre d’origine a une configuration cylindrique courte.

aiguille de Sprotte (document laboratoire Gamida)

Sprotte utilisa un bout olive. D’après lui, ce bout minimisait les risques de dommages, car son aiguille écarte les fibres au lieu de les couper. En 1987, Sprotte expérimenta son aiguille pour l’anesthésie péridurale.
Il ajouta une cale en plastique spécial à l’intérieur de l’aiguille, qui dirigerait un cathéter épidural vers le trou latéral de l’aiguille. Bien qu’il ait employé une géométrie à bec différente, cette aiguille de Sprotte Spéciale a le bout très émoussé de la conception originale de Crawford, de Hustead, et de Weiss.

aiguille de Sprotte (document laboratoire Gamida)

D’autres aiguilles.

Bien d’autres aiguilles ont été proposées.
Pour une raison ou une autre, elles ont fait l’objet de moins d’attention et sont brièvement mentionnées.

  • L’aiguille de Wagner (1957)
  • L’aiguille de Cheng (1958)
  • L’aiguille de Crawley (1968)
  • L’aiguille de Foldes (1973)
  • L’aiguille de Bell (1975)

Toutes des variantes de l’aiguille initiale de Huber

 L’aiguille de Cheng est la plus remarquable. Ce fut en effet la première à indiquer les centimètres pour apprécier la profondeur. Malheureusement, cette aiguille fut décrite comme « encombrante » à utiliser.

Elle n’est pas disponible de nos jours.

 Citons l’aiguille de Brace, une variante de celle de Crawford,

 L’aiguille à péridurale de Lutz(1963), avec une pointe crayon pour une seule ponction.

 L’aiguille de Scott (1985), une aiguille de Tuohy avec un embout Luer lock.

 Et l’aiguille d’Eldor (1993), dessinée pour faire simultanément une anesthésie péridurale et rachidienne.

péri-rachi séquentielle (document laboratoire Braun)

Les cathéters périduraux

Les premières avancées techniques furent la diminution de la taille des cathéters au cours des ans en rapport avec les aiguilles.

L’idée de Tuohy d’utiliser un cathéter en soie laqué pour l’anesthésie spinale continue a été stimulée par son collègue neurochirurgien, le docteur Love, qui utilisa ce cathéter pour des drainages sous-arachnoïdiens à la Mayo Clinic.
Love utilisait des cathéter urétéraux de taille 5 F avec une aiguille de 13 gauge de Barker.

En 1944, Tuohy utilisait une aiguille de Barker de 15 gauge et un cathéter de 4F. Quelques années après, Curbelo préconisa d’utiliser un cathéter de 3.5F avec une aiguille de Tuohy de16 gauge.
Les cathéters en soie étaient bouillis plutôt qu’autoclavés pour éviter leur destruction. Ce qui entraina nombre de complications infectieuses lors de leurs séries de patients.

L’utilisation de cathéter s en plastique fut décrite la première fois par Flowers en 1949. Le premier polymère à être introduit comme bio matériel fut le polyéthylène. Il fut rapidement remplacé par le chlorure polyvinylique.

Les polymères les plus récents sont le nylon, le téflon, le polyuréthane et le silicone.

Les pierres blanches historiques dans le développement clinique de l’anesthésie péridurale continue avec cathéter

1899 démonstration réussie d’une anesthésie rachidienne, en Allemagne. August Bier

1901 injection locale dans la région sacrée d’anesthésique, pour traiter la douleur chronique. (France) Jean-Anthanase Sicard

1921 anesthésie péridurale à injection unique (publiée en Espagne) Fidel Page et Mirave

1933 anesthésie péridurale à injection unique (publiée aux Etats-Unis) Archile Mario Dogliotti

1938 anesthésie péridurale lombaire continue (Roumanie) Eugen Bogdan Aburel

1944 anesthésie péridurale lombaire continue (Etats-Unis) Robert A. Hingson

1949 premier article d’une anesthésie péridurale lombaire (publié aux Etats-Unis) Manuel Martinez Curbelo


Une épopée historique sur le sujet est à lire en langue de Cervantès.

Pour les passionné(e)s de la rachianesthésie, à lire la thèse du docteur Faust Comparaison de l’anesthésie rachidienne isobare ou hypobare pour la chirurgie de la prothèse totale de la hanche en position de décubitus latéral

Comparaison de l’anesthésie rachidienne isobare ou hypobare pour la chirurgie de la prothèse totale de la hanche en position de décubitus latéral. Thèse du dr Alexandre Faust (Université de Genève)

Lire également la thèse du docteur Vequaud sur le même sujet

La rachianesthésie
thèse du dr Vequaud 2005
(trouvée sur un site web )
Spinal anesthesia technique
En langue de Shakespeare... Parce que bien fait. Et pour éprouver votre anglais.

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Dans la même veine, lire l’article sur les inventions du quotidien professionnel Eurékiade.

Un site qui suit la même ligne que l’article présent, mais sans rapport avec l’anesthésie : les noms propres devenus communs

NDLR : Dans cette vidéo, à la 50eme minute, un intervenant, le Dr Laurent Delaunay (MAR à Annecy) parle d’une technique pour rendre la bupivacaïne hyperbare en isobare toujours intéressante à savoir.


Arnaud BASSEZ

IADE

Formateur AFGSU

Administrateur