Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Ségo, Sarko : égaux ?
Article mis en ligne le 28 avril 2007

par Arnaud Bassez

Vu sur le JIM (journal international de médecine) qui publie une interview des deux prétendants au trône de France.

C’est le docteur Jean-Marie Le Guen député de la neuvième circonscription de Paris qui répond à la place de Ségolène Royal, tandis que Nicolas Sarkozy s’exprime par lui même.
Je ne garde de l’interview que les propos qui nous concerne directement.

(Entretien réalisé par Aurélie Haroche)

JIM : Quelles sont vos propositions quant à la revalorisation de la profession d’infirmière ?

Jean-Marie Le Guen : Il faut, comme pour tous les professions de santé, assurer la pleine reconnaissance de ce métier, quel qu’en soit le mode d’exercice. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, malgré de multiples promesses. Ce chantier doit être ouvert, dans la transparence.

Nicolas Sarkozy : Les infirmières souffrent de trois problèmes : les conditions de travail, le pouvoir d’achat et la reconnaissance sociale. Les trois sujets sont liés. Les conditions de travail ont été dégradées par les 35 heures et le pouvoir d’achat s’en est trouvé limité.

La reconnaissance au niveau bac +3 me semble incontournable. A l’hôpital, je veux permettre à celles qui veulent travailler plus pour gagner plus de le faire. Enfin, je faciliterai la possibilité pour les infirmières de devenir médecin.

JIM : Quelle est votre position sur les 35 heures à l’hôpital ?

Jean-Marie Le Guen : Elles ont provoqué des difficultés mais il ne faut pas, pour autant, céder à la démagogie, car certains secteurs rencontrent de réelles difficultés de recrutement : les personnels, largement mobilisés, n’aspirent pas, loin s’en faut, à travailler encore plus. Ils sont plutôt désireux de travailler mieux et dans de meilleures conditions.

Nicolas Sarkozy : Les 35 heures à l’hôpital ont été catastrophiques. Elles ont désorganisé les services et gelé les salaires de personnels déjà peu rémunérés.

Je veux donner aux établissements hospitaliers une souplesse dans la gestion des personnels et à ces derniers, la possibilité de travailler plus pour gagner plus lorsqu’ils le souhaitent.

JIM : La maîtrise des dépenses de santé vous semble-t-elle possible ? Pensez-vous qu’il faille mettre en place une franchise laissée à la charge du patient ? Si oui, selon quelles modalités ?

Jean-Marie Le Guen : La franchise est techniquement inepte, comme l’indiquent les économistes, y compris les plus libéraux. Elle engendrerait surtout une grave régression sociale et sanitaire. C’est sans doute pourquoi M. Sarkozy n’a cessé de changer de définition en la matière.

Non à la franchise, mais une réflexion doit s’engager sur les meilleurs modes de prise en charge

Dans l’ensemble, nous savons que les dépenses de santé sont appelées à augmenter : il faut donc réfléchir aux meilleurs modes de prise en charge, fondés sur le service médical rendu mais aussi, et d’abord, agir sur les recettes par une politique de croissance riche en emplois.

Nicolas Sarkozy : Je veux sortir de la confusion entre politique de santé et gestion des comptes de l’assurance-maladie. Je veux que nous ayons d’abord une politique de santé publique, ensuite une politique d’équilibre financier. Nous allons dépenser plus en matière de santé. C’est pourquoi il faut dépenser mieux.

Chacun doit assumer une petite part des dépenses de soins

Je n’accepte pas des gaspillages et des abus de l’ordre de sept à quinze milliards d’euros, plus que le déficit actuel de l’assurance-maladie. Je souhaite que chacun assume une petite part de ses dépenses de soins, de l’ordre de quelques euros par mois. Pour deux raisons : rappeler à chacun que si la santé n’a pas de prix, elle a un coût et sortir de la relation souvent consumériste entre les patients et les professionnels de santé créée par la gratuité des soins ; lutter contre les gaspillages en rendant chaque Français responsable de ce bien précieux qu’est la Sécurité sociale. Nos aînés nous l’ont laissée. Nous devrons la laisser à nos enfants.

JIM : Pensez-vous que la réforme hospitalière engagée par Jean-François Mattei doit aller à son terme ? Sur quel point en particulier, souhaitez-vous la modifier ? Quelle est notamment votre position sur la réorganisation des hôpitaux en pôles ?

Jean-Marie Le Guen : Comme souvent depuis 2002, ces réformes ont manqué de continuité et de moyens pratiques ; la seule « ligne » a consisté à étrangler financièrement les établissements au prétexte d’une course déraisonnable à la convergence tarifaire avec le secteur privé. En outre, la concertation s’est déroulée à une échelle des plus réduites. Ce n’est pas ma conception de la réforme et ce n’est pas ainsi que la modernisation pourra être conduite.

Nicolas Sarkozy : La réforme de l’hôpital est une priorité. Il souffre aujourd’hui d’un fonctionnement trop bureaucratique, des conséquences désastreuses des 35 heures et d’un manque d’objectifs clairs.

Je veux poursuivre la réforme de la carte hospitalière en mettant davantage en réseau les hôpitaux locaux et les grands pôles hospitaliers. Je souhaite que les établissements soient beaucoup plus autonomes, qu’ils soient dotés à leur tête d’un vrai pilote pour éviter les gaspillages et mieux répondre aux besoins sanitaires de la population, que l’on cesse d’inonder les professionnels de circulaires et qu’on leur fasse confiance pour apporter les meilleurs soins. Enfin, je veux désengorger les services d’urgences des pathologies les moins graves en favorisant leur prise en charge par la médecine de ville.

JIM : Etes-vous favorable à la fermeture des maternités réalisant moins de 300 accouchements par an ?

Jean-Marie Le Guen : Il existe désormais des normes de sécurité sanitaire qu’il faut respecter.

Nicolas Sarkozy : Oui, pour des raisons médicales évidentes. Les spécialistes de santé publique affirment que la mortalité infantile et les risques d’accidents médicaux augmentent en dessous de 300 accouchements par an.

En revanche, je ne fermerai pas les structures concernées. Je veux leur donner un autre rôle grâce à leur mise en réseau avec les établissements plus importants.

JIM : Pour finir, quelle différence par rapport à l’autre candidat voulez-vous mettre en avant vis-à-vis des professionnels de santé ?

Jean-Marie Le Guen : Je leur tiens le langage de la vérité et de l’estime. Le candidat de l’UMP se préoccupe des spécialistes les mieux rémunérés et propose d’aller encore plus loin dans le sens des dépassements tarifaires, tandis que les usagers, y compris les rmistes, se verraient de nouveau taxés, cette fois avec une franchise. Ségolène Royal a proposé un pacte de confiance aux professionnels de santé et a clairement indiqué son attachement d’une part, à un service public hospitalier fort, d’autre part à une médecine de première ligne digne d’un grand pays, fondée sur l’égalité d’accès aux soins.

Nicolas Sarkozy : Je veux rétablir la confiance des professionnels de santé dans la capacité des responsables politiques à proposer une vraie politique de santé publique, avec moins de contraintes inutiles, plus d’autonomie et de liberté pour les professionnels.

Il y aura du travail, beaucoup de travail. Travail en médecine de ville, travail à l’hôpital, travail dans les laboratoires de recherche, travail dans les zones sous-médicalisées… Mais ceux qui travaillent toucheront le fruit de leurs efforts.

N’oubliez pas le 6 mai. Aux urnes citoyens.

Arnaud BASSEZ

Administrateur