Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Carabins et carabines en ligne de mire
Article mis en ligne le 3 octobre 2007

par Arnaud Bassez

Les internes sont en grève afin de protester contre le projet de la réduction de la liberté d’installation sur le territoire français.

Nb : pour en savoir plus sur le conflit
 libération
 challenges
 AFP
 les échos
 la tribune
 isnih (syndicat des internes)
 isnar (autre syndicat des internes)

À la veille de l’appel à la grève totale et à une journée morte vendredi 5 octobre, la ministre de la santé de la jeunesse et des sports, Roselyne BACHELOT leur adresse une lettre que voici

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports

La Ministre

Paris le 1er octobre 2007

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

L’intervention du Président de la République, il y a une quinzaine de jours, a abordé avec un ton nouveau la question lancinante de la démographie médicale. Nos devons en effet, répondre à une forte préoccupation de nos concitoyens : garantir la qualité d’accès aux soins pour tous sur le territoire.

Certains d’entre vous en ont conclu que nous allions remettre en cause le principe de la liberté d’installation. Il n’en sera bien évidemment rien.
Le président de la République, a, en effet, rappelé la profondeur et la sincérité de notre attachement à cette liberté.

Cependant, tout le monde le sait depuis longtemps, si rien n’est fait pour inciter au rééquilibrage de la démographie médicale, la situation sera rapidement irréversible dans certaines régions. C’est à une lente mais angoissante crise sanitaire à laquelle nous devons donc aujourd’hui collectivement remédier. Est-il normal qu’il faille attendre plus d’un an pour obtenir un rendez-vous d’ophtalmologiste lorsqu’on habite certains départements du Nord et de l’Est de la France ? Est-il simplement normal qu’à Asnières, dans les Hauts-de-Seine, à 9 kilomètres de Paris, la densité d’ophtalmologistes soit inférieure de 30% à la moyenne nationale ? Est-il normal qu’il y ait 10 fois plus de cardiologues en Loire-Atlantique qu’en Mayenne, départements qui font pourtant partie de la même région ? Est-il normal que jusqu’à 4 millions de nos concitoyens disent éprouver des difficultés pour accéder à un généraliste ? Tout autant que vous, qui êtes attachés à vos patients ou à vos futurs patients, je crois que non.

Pour que le débat sur la répartition démographique médicale soit abordé sereinement, le Président de la République a souhaité que s’ouvre une concertation.

Le gouvernement propose donc, dans le projet de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008, un ensemble de mesures conduisant l’ouverture des négociations.

Ces mesures offrent de nouvelles perspectives dans l’organisation des oins : répartition médicale sur le territoire, nouveaux modes de rémunération, nouvelles organisations. ce sont des outils législatifs au service d’un mode global qui sera le fruit d’un dialogue dont il dépend de chacun de nous qu’il soit constructif. il n’y aura pas de date butoir à cette négociation, à laquelle vos représentants, les représentants des étudiants, des internes et des chefs de clinique, seront directement associés.

Nous devons construire ensemble les mécanismes d’une avancée dans le domaine de la démographie médicale, tout en répondant à vos aspirations légitimes à une meilleure pratique médicale et une bonne qualité de vie pour vous et vos familles. Cette démarche ne sera pas dissociée de celle portant sur l’amélioration des organisations, pour éviter l’exercice isolé. Dans cette perspective, même si nous discuterons de plusieurs options, aucune mesure coercitive ne sera prise pour vous diriger dans les zones de faible densité médicale ou pour vous maintenir dans la région dans laquelle vous avez fait vos études.

Les collectivités locales, dont le rôle dans l’amélioration des conditions d’installation est crucial, devront être associées, pour renouveler notre analyse.

Je suis consciente du fait que vous suivez ou avez suivi des études longues et difficiles. Je conçois que vous puissiez avoir parfois l’impression que votre génération fait face à une situation dont elle n’est pas à l’origine. Mais ce projet doit être le vôtre, car il engage l’avenir de votre profession et d e la santé des Français. Vous n’avez rien à craindre, et même tout à gagner d’une négociation sur la modernisation des conditions d’exercice dans le souci de la qualité des soins. Et nos concitoyens le demandent.

Vos représentants ont demandé à me rencontrer. Je leur proposerai, dans quelques jours, de venir à ma rencontre pour discuter de ce projet dont je viens de vous donner l’esprit.

Je vous prie de croire, Madame, Mademoiselle, Monsieur, en l’expression de ma confiance.

Roselyne BACHELOT-NARQUIN

ARNAUD BASSEZ

IADE

Administrateur

Formateur AFGSU