Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Un sondage bien profond
Article mis en ligne le 18 septembre 2010
dernière modification le 20 mars 2024

par Arnaud Bassez
Synthèse enquête nationale IADE

L’enquête nationale IADE a été publiée, il convient de la mettre en lumière car elle recèle des éléments qui méritent une analyse et une discussion. Il faut saluer ici, l’initiative de cette enquête, toujours difficile à mettre en place.

Les auteurs auraient pu y insérer le total des réponses, ce qui aurait évité le calcul par soi-même. Mais le document est représentatif car il dépasse largement le quota minimum requis.

 Parité : 60/40 pour les femmes, respectant en cela la proportion « montante » de la masculinisation de la profession IADE

 L’âge moyen majoritaire entre 35 et 55 ans, donne une médiane à 45 ans. Soit une marge de 20 ans environ jusqu’à l’âge de la retraite
3 % de plus de 55 ans n’ont pas souhaité devenir cadre. Mais la proportion reste faible.

 Forte proportion 61 % à avoir obtenu son DE après 2002, date qui est comme une borne pour la profession des « jeunes » IADE. Mais recoupé avec les classes sup à 47 % et les salaires brut inférieur à 2500 euros, on peut comprendre le hiatus que cela engendre chez les IADE post-2002.

 Provence-Alpes-Côte d’Azur n’a pas de chiffrage. On peut cependant extrapoler le nombre à 150 qui représente 6 % des réponses. Sur les 2706 calculées.
La Corse avec les 12 réponses représente 0,5 %. Il eut été bon de ne pas mettre 0%. Nos collègues Corses existent !

 Alors que les IADE sont à 34 % avec plus de 10 ans de DE, ils sont 47 % à être en classe sup alors que 58 % possèdent le DE IA depuis 10 ans au maximum. Ceci semble montrer que l’on devient IADE assez « tardivement » avec au moins 5 à 6 ans d’expérience professionnelle derrière soi. Le décret prévoit que l’on peut prétendre au concours d’entrée après 24 mois effectifs post- DE infirmier(e). Les IDE ne sont pas pressés de devenir IADE. Ce choix semble en effet se mettre en place suite à un parcours professionnel où l’on sent les limites de ses connaissances (réa, sspi) et où l’envie d’en savoir plus se fait sentir.

 Alors que la pénibilité est agitée comme la dernière de nos revendications selon les communiqués des syndicats, les IADE préfèrent classer les choses différemment :
  garder l’exclusivité
  le master
  la revalorisation salariale pensant sans doute l’obtenir avec le master (ce qui est loin d’être acquis)
  les IADE de 2002 et suivant ne sont pas la priorité des IADE dans l’ensemble. Chacun jugera.
  La pénibilité est classée dernière. Est-ce encore mobilisateur par rapport à la demande des syndicats ?


 Étrangement certains (2%) trouvent à exercer ailleurs que dans des structures publiques (majoritaires), privées, privées à but non lucratif.
Il est intéressant de savoir où se situe leur exercice en dehors de ces classifications, car même en étant à son compte, en disponibilité, il faut bien exercer quelque part. A moins que l’intérim ne soit la réponse.

 L’union intersyndicale est un point particulier qui semble mettre en exergue les errements du lâchage du SNIA toujours en mémoire, car une autre forme d’union cohabite à 22 % avec une union CGT-SUD-SNIA qui remporte « seulement » 23 % des suffrages.
A noter que 18 % envisageraient une union plus large avec l’ensemble des syndicats représentatifs des dernières élections professionnelles. Seraient-ils partisans de l’élargissement du mouvement aux autres acteurs de la santé et au-delà, même, comme ouvertement souhaité par les centrales syndicales SUD et CGT par exemple ?

Mais c’est le "sans opinion" qui étonne, et questionne sur la maturité des IADE.
Car enfin, sur un mouvement national de cette portée, il faudrait tout de même réussir à obtenir une opinion ferme sur ses choix.
Mais la profession qui se dit mature possède dans ses rangs 37 % qui n’ont aucune vision de la situation. Les suiveurs sont légion.

 Curieusement, alors que la proportion des plus de 10 ans de DEIA représente 58 % et 53 % de classe normale, les salaires bruts à moins de 2500 euros représentent 73 % ! Il y a là un problème qui ne correspond pas aux grilles de salaire. Nous retrouvons là le problème des "post 2002".


 49 % ne sont pas rattachés à un collectif IADE. Est-ce par isolement, par sensation de recevoir assez d’information et avoir le sentiment que cela suffit, ou la motivation se suffisant à elle-même, le collectif n’est pas vu comme une priorité, ou au contraire, une volonté de se démarquer vis-à-vis de ce côté grégaire qui pourrait déplaire ?

 11% se sentent peu informés du mouvement IADE. A l’heure d’Internet, des mails et du portable, il faut croire que les échanges ne fonctionnent pas. Ou que les 11 % n’ont pas les équipements leur permettant ces recherches. Pourtant, les sites IADE dans leur ensemble, relaient l’information en temps quasi réel, celle-ci est lue, parcourue, téléchargée et transite via les mails des collectifs.
Même les services de la direction centrale des renseignements généraux les lisent. Il serait dommage que nos collègues n’en profitent pas non plus.

 Écrasante majorité (96%) qui refuse le protocole Bachelot en l’état. Il s’en trouve pourtant 1% qui accepterait le protocole tel qu’il est présenté. Encore plus fort, 3 % n’ont aucune opinion. Après le printemps des IADE que l’on a connu, il serait temps de s’y mettre !

 L’union avec d’autres catégories professionnelles de l’hôpital est souhaitée par 45 %. 38 % la rejette et 17 % n’arrive pas à se décider. Cela ne penche pas nécessairement dans le sens de l’union généraliste qu’appellent de leur vœu les centrales syndicales généralistes. Car l’hésitation est assez importante.
Paradoxalement quand l’union avec d’autres catégories professionnelles de l’hôpital est souhaitée par 45 %, il n’y en a que 5 % prêt à faire des manifestations communes avec des négociations communes. "Tâche d’huile sur l’hôpital, mais chacun dans son pré carré" semble être la devise des ultra corporatistes que sont les IADE.

De plus qu’il n’y a pas de volonté franche d’être associé ou de refaire des manifestations qui épuisent. Alors quel autre type d’action pourrions nous faire ?
Les IADE sont-ils prêts à tout en la matière ?
L’exemple finlandais est-il dans toutes les mémoires ? Rien n’est moins sûr.
Pourtant on sent bien qu’il faut inventer une autre forme de grève que la manifestation traditionnelle se terminant face aux forces de l’ordre. Il en va peut-être de la survie de ce mouvement.

 Pour s’organiser, les IADE sont friands des préavis répétés. Curieusement les auteurs font intervenir dans le tableau une part du « camembert » représentant 0 %. Une part de camembert statistique représentant toujours une partie existante, il est novateur de faire intervenir comme donnée existante la notion du rien…Rappelons que l’on peut mettre des chiffres décimaux, même si le pourcentage est faible, voire non significatif.

 Beaucoup voient la difficulté de la tâche. Le gouvernement Fillon 4 mène la vie dure aux IADE et aux français dans son ensemble, et l’on voit bien la rudesse qui nous attend. 17 % de manichéens, y croient encore.
Toujours des égarés qui n’arrivent pas à s’analyser dans leur vécu face à la situation qui leur est demandé : 1 %.

Toutefois, globalement, les IADE ne veulent pas lâcher le morceau, estimant que leur colère et leur mouvement sont légitimes.

 Toujours fortement motivés pour défendre la profession, les IADE ne s’en laissent pas compter sur la démotivation. La trêve estivale n’a pas encore fait son œuvre, le questionnaire étant envoyé fin juin.

Encore une fois, les auteurs étrennent un concept mathématique en donnant une part de fromage à un libellé qui n’existe pas, puisque crédité de 0 %. Même à 0, 1 % la part est justifiée. En deçà, la chaire des sciences mathématiques du collège de France devra intervenir pour résoudre cette équation diophantienne.

 Large proportion de IADE là encore prête à durcir le mouvement, si nous n’avons pas gain de cause. Attendons un peu. Les évènements mettront bien vite ces velléités en exergue. Ou pas.
15 % n’arrivant décidément pas à se positionner clairement dans le mouvement et dans leur tête.

 Parmi les 5 % qui pensent ne pas durcir le mouvement, 32 % estiment que les MAR se débrouillent très bien tout seuls et que le mouvement IADE n’influe pas sur le programme. Voici une constatation paradoxale. La grève aurait le mérite de remettre les MAR au travail dans les salles, puisque les IADE se plaignent majoritairement d’une désertification des médecins juste après l’induction. Mais si les MAR se débrouillent sans nous, voila une position pour le moins ambiguë du corps médical vis-à-vis de nous.
Les MAR râlent de notre absence des blocs et des SMUR, mais nous "soutiennent" par les communiqués de la SFAR, du SNPHAR-e.
Soutien de principe comme le relève aisément le document sur les pratiques avancées ou les avancées dans les esprits des MAR ne sont pas pratiques mais très théoriques.

Protège-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge...

 Les structures de soins sont considérées comme trop petites et étant par la même un frein à l’expression « populaire ». Que ces 22 % se rassurent, ces petites structures n’existeront bientôt plus que dans les souvenirs. La carte de France redessinée par les ARS va sortir prochainement.

 12 % d’idéalistes font passer le patient avant toute autre considération. Etat rassurant, car le bénévolat et le statut des bonnes sœurs ont disparu de nos conceptions. (Enfin, il y a encore quelques résurgences visibles par strates isolées)

 Incurabilité des choses et des composantes invariables de la loi humaine, 27 % de ces 5 % n’arrivent toujours pas à se positionner. Elles ne veulent pas intensifier le mouvement mais n’ont aucune raison à cela. Ou alors, elles ne nous font pas partager le fruit de leur réflexion qui les a amené à cette décision. Regrettons-le. Nous aurions été ravis d’en suivre les méandres créateurs.


 Enfin, le journal le Monde nous ayant refusé une tribune gratuite, les IADE sont prêts à payer ledit journal, prouvant par là, soit un côté magnanime envers l’éditeur du quotidien pingre, soit un désir accru de soutenir le propriétaire en difficulté et d’assurer une liberté de la presse malmenée.

En conclusion

Même si certains ont déploré le fait que peu de IADE aient répondu, le taux de réponses est malgré tout éloquent et permet donc de dégager de fortes tendances.

Toutefois, gardons à l’esprit la versatilité des propos et des engagements. La vérification de tout ceci se vérifiera à l’aune des manifestations et des actes des IADE.

Remercions donc vivement les initiateurs de cette enquête. Elle a le mérite d’exister et de mettre certaines choses en perspectives, d’autres en exergue.

Et remercions les IADE d’y avoir répondu. Dans une large proportion.

En parallèle, à lire le rapport sur les conséquences salariales post-2002

Revalorisation des grilles indiciaires et reclassement (Kamel Boudjedra- Alexandre Gautreau)
Rapport sur les conséquences salariales pour les IADE diplômés après 2002

Arnaud BASSEZ

IADE

Administrateur