Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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L’Empire contre-attaque
Article mis en ligne le 2 octobre 2010
dernière modification le 18 mars 2024

par Arnaud Bassez

Je suis ton pire !

1er octobre 2010.

Annoncée prématurément comme le D day IADE, la journée qui allait tout casser, cette journée allait en effet tenir certaines de ses promesses.

Encore une fois, les IADE ont déjoué les autorités en gardant un secret jalousement gardés par les détenteurs du lieu final.

12 h 45 : Avenue des Champs-Elysées, Paris, à l’angle de l’avenue Georges V.

Un coup de corne de brume sort les casaques de leur sac à dos où elles dormaient patiemment.

1000 IADE envahissent la plus belle avenue du monde et bloquent à nouveau la circulation. Hé oui, on récidive !!
Mais la faiblesse du nombre, démontre les assignations abusives qui ont plu sur la corporation IADE.
Sur un établissement parisien, sur un effectif de 14 IADE, 12 assignations !!
Et les IADE de deux établissements de l’APHP ont perdu en référé au tribunal administratif. Un autre établissement hors APHP gagne, sur vice de forme.

Aucune force de l’ordre, les IADE ont le bénéfice de l’effet de surprise et nous sommes partis pour une heure de blocage total.

13 h : Le comité d’accueil arrive sous forme de gendarmes lourdement équipés.
Les médias nationaux sont là, RTL, Bfm, Itv, LCI-TF1, France 3 entre autre.

Les IADE s’installent et mangent sur le pavé parisien.

Mais les Champs-Elysées se bloquent devant et derrière. Pas moins de 8 camionnettes de gendarmeries empêchent tout reflux vers l’arc de triomphe. Idem pour aller vers la Concorde.

13 h 45 : Une ouverture "non concertée" se fait sur la rue Washington et les IADE se ruent vers ce passage. Ils déferlent vers la rue du faubourg saint Honoré avant de s’enfermer rue de la Boétie devant les locaux de l’UMP. Cette ouverture aura des conséquences fâcheuses entre collectifs et les centrales syndicales qui avaient négocié une sortie accompagnée sur l’avenue Georges V. On peut même affirmer que le déballage de linge sale sera à l’origine de l’arrêt du mouvement IADE.

Au bout de la rue de la Boétie, un CRS voit arriver un train de IADE. Un gazage par ce CRS un peu agité face aux IADE qui courent vers lui, provoque une pagaille. Des passants sont gazés et s’écroulent au sol, des IADE sont aussi gazés. Comment appelle t-on ça ? Une bavure ? Un lâchage de nerfs ?

Il est rare d’entendre un CRS engueuler ses collègues en les traitant de "débiles". Mais bon, si c’est le chef qui le dit...

Un caméraman de notre confrère d’actusoins sera molesté, sa caméra détruite et lui menotté 15 minutes pour avoir filmé la démocratie française dans son expression la plus subtile : le matraquage des soignants et soignantes !

 NDLR (AB) Les vidéos ne sont plus disponibles à a diffusion. Regrettons-le.

C’est beau la démocratie en action !

C’est courageux comme acte, frapper un soignant. Et à la Courneuve, tu fais quoi ? (Oui j’utilise aussi le tutoiement) (AP Photo Remy de la Mauviniere)
AHH des IADE viens m’aider Bébert j’ai peur !!!

Au son de "Bachelot démission" les IADE se font prendre à un piège. Ils ne peuvent plus refluer et ont perdu la visibilité médiatique des Champs-Élysées.
Pas moins de 17 camionnettes de gendarmerie et de CRS bloqueront la rue. Les tenues sont sorties. Armures, protège-tibias, menottes en plastique, gaz lacrymogènes, flashball.

On ne rigole plus. Les IADE sont des terroristes !

Il faut bien justifier le plan vigipirate rouge "renforcé". Notion qui n’existe pas...

Le personnel de la poste, nous apporte un soutien sympathique par l’envoi et l’envol de tracts lancés depuis les hauteurs du bâtiment.

Le temps passe, et le rendez-vous initialement prévu de 14 h30 est compromis car nous sommes toujours coincés devant l’UMP.

Une conversation avec un policier des RG donne l’ampleur de la situation : Il ne sait pas pourquoi il est là et ne connait pas notre colère. Pourtant il applaudit à notre mouvement et à notre imagination.

15 h30 : Les choses se débloquent et les IADE peuvent partir vers le ministère de la santé, bien encadrés par les forces de l’ordre qui les repoussent vers la station de métro la plus proche.
En parallèle, les CRS et les gendarmes partent vers le ministère, sirènes hurlantes.

On se retrouve donc devant le ministère de l’amer Bachelot, celle qui prétend que notre mouvement "l’amuse" !

Herses anti-émeutes, blocage encore et toujours. L’ambiance pluvieuse n’est pas riante.

Les IADE motivés, excédés, font preuve pourtant de patience.

Des fumigènes donnent un peu de couleur à cette terne journée.

Pourtant les régions sont là. Elles s’égrènent au fil des annonces.

16 H 35 Une délégation est reçue au ministère.
Pour autant, nous déchanterons très vite, car Olivier Youinou et Bruno Franceschi viendront nous dire que Mr Vaynes (encore lui) n’est pas mandaté.

Clairement, le ministère se moque des IADE et Roselyne Bachelot préfère recevoir le président de la fédération française de football dont on connait les exploits récents.

La délégation repart, mais rien n’avance. Le statu quo est amorcé et rien ne bouge. Le slogan "la dingue est en métropole" se confirme.

Les forces de l’ordre, très énervées et fébriles, font une incursion dans le mouvement IADE et à coups de gaz et de matraquages réitérés, sortent des collègues, 15 au total. 3 en comparution immédiate, pour violence à agent. (Cette comparution immédiate sera refusée par le tribunal de grande instance de Paris). Nos collègues passeront devant la juridiction le
18 novembre pour le 1er d’entre eux, les deux autres le 1er décembre.

Le tout orchestré par notre connaissance redondante de la gare Montparnasse. Un policier particulièrement zélé et haineux vis-à-vis de notre corporation. Vous le verrez sur les photos.

Alors que j’étais interviewé avec un collègue, nous recevrons une bonne dose de gaz, ainsi que les deux journalistes.

gaz à tous les étages ! (Photos Jiemel)

On verra un IADE le visage en sang.

Un élu du parti de gauche, François Delapierre, viendra nous encourager.

La délégation toujours au ministère, ressort très rapidement. Mais elle décide une action inédite : elle occupe délibérément les locaux en se barricadant !

19 H 200 IADE restent dehors. Les autres ont pris des trains ou des assignations.

20 H 30 le GIPN déloge nos 10 collègues du ministère à coup de bélier. Protégés par des "matelas" pare-balles, le GIPN ( 50 policiers en tout !!) ont plaqués nos collègues au mur, pendant que derrière, les cow boys fixaient les dangereux IADE armés de leur seule pugnacité (à l’adresse des RG qui liraient ceci, je rappelle que pugnacité signifie combativité), avec des flash balls pointés sur eux.
Puis ils sont sortis un par un, filmés avec contrôle d’identité, et plainte sera déposée individuellement pour occupation illégale et destruction de bien public... Ils sortent toujours encadré par notre "ami" de la gare de Montparnasse.

Les médias diffusent en boucle les événements de la journée.
Les IADE n’ont rien obtenu.

Bilan :

 SOFIA antipolice

 Nous venons de vivre notre octobre rouge.
 La mobilisation dans la rue a clairement montré ses limites.
Le rapport de force n’est plus là. Il ne suffit plus de se battre contre les forces de l ’ordre qui ont reçu des consignes : les IADE sont des personna non grata. Ils peuvent être cassés comme du petit bois.
15 IADE arrêtés manu militari. 3 en comparution immédiate.
A suivre de près, leur passage au tribunal bientôt.

 Les assignations sont abusives. Partout et elles ne sont pas légitimes. Pour autant, si le directeur décide qu’il faille 5 IADE par salle, le tribunal tranchera toujours en sa faveur. Même si nous sommes très loin des conditions de samedis dimanches et fériés.

 Il va falloir penser la grève autrement. En tapant là où ça fait mal. Le porte-monnaie.

les médias
 Le parisien
 Le nouvel observateur
 France 2
 Le monde

116 articles relataient la journée. Un passage en boucle sur ITV, Bfm et LCI.

Le gouvernement contre-attaque très fort, trop fort sur les IADE. Les démonstrations de force ne sont pas à l’avantage des CRS et des gendarmes. Pourtant madame Bachelot ne s’est pas précipitée pour dénoncer des actes très violents, inadmissibles sur des personnes vouées à la défense des soins envers la population de France.

La démocratie ça s’encadre a dit un écrivain. Encadrée de cette manière, on peut légitimement douter de la qualité démocratique de notre pays envers une profession très peu portée vers la violence, et dont l’exaspération légitime n’est pas prise en considération.

Le pays semble plongé dans une radicalisation de l’ordre public envers quiconque. Les abords de l’Elysée ressemble à un camp retranché. On ne peut plus passer sur certains trottoirs.

Le mot d’ordre est "on tape d’abord, on ne discute pas ensuite !"

Les états d’âme de stars du ballon rond, semblent bien plus porteuses que les bleus à l’âme des soignants hautement qualifiés et hautement méprisés que sont les IADE de France.

Regrettons-le.

En espérant qu’un jour la France nous regrette.
Quand nous ne serons plus là.

Devise des CRS : On frappe d’abord, on ne discute pas ensuite. En même temps pour discuter, il faut avoir un peu de culture...
Le SNPHAR-E est choqué du traitement fait aux IADE

"
Les vidéos de notre confrère actusoins

Arnaud BASSEZ

IADE

Administrateur