Edit du 29 avril 2022
Les IBODE obtiennent le passage à 24 mois de formation.
Décret n° 2022-732 du 27 avril 2022 relatif aux modalités de délivrance du diplôme d’Etat d’infirmier de bloc opératoire et à l’attribution du grade de master
Arrêté du 27 avril 2022 relatif à la formation conduisant au diplôme d’Etat d’infirmier de bloc opératoire
Mise en place de la nouvelle formation à la rentrée 2022, avec une universitarisation de la formation de 4 semestres validés par l’obtention de 120 ECTS (crédits européens) et un Diplôme d’État reconnu au grade Master à partir de juin 2024.
Cet arrêté introduit la possibilité de faire cette formation en alternance chez l’employeur ou avec un contrat d’apprentissage, chose impossible pour notre formation. Heureusement.
VAE, VAP et VES : les différences
- La VAE : Validation des Acquis de l’Expérience
Certainement le plus connu, la VAE valide avant tout un passé professionnel et personnel.
En effet, instituée par décret en 2002, cette procédure permet aux personnes qui accumulent au moins un an d’expérience dans une activité professionnelle salariée (CDI, CDD, intérim), non salariée, bénévole ou de volontariat, sans pour autant avoir de diplôme correspondant à leur activité professionnelle exercée, d’obtenir un diplôme, un titre professionnel ou un certificat de qualification professionnelle sans avoir à reprendre des études.
- La VAP : Validation des Acquis Professionnels
Instituée par le décret de 1985, la VAP ne délivre aucun diplôme, titre ou certification.
Elle sert avant tout de laissez-passer vers l’enseignement supérieur pour ceux qui souhaitent reprendre leurs études alors même qu’ils ne possèdent pas les diplômes nécessaires à l’entrée. La condition requise est de posséder une expérience professionnelle en accord avec le programme d’études supérieures envisagé. Contrairement à la VAE, la formation constitue un passage obligé dans le cadre de la VAP.
- La VES : Validation des Études Supérieures
Dans le cas de la validation des études supérieures (VES), la personne a la faculté de faire reconnaître en tout ou partie les études préalablement suivies en France (si la formation n’a pas été sanctionnée par un diplôme d’Etat par exemple) ou à l’étranger.
Elle mixe un peu de la VAE et de la VAP puisqu’elle permet soit d’accéder à une inscription en diplôme supérieur soit d’obtenir un diplôme d’Etat reconnu.
Source : cnfdi-entreprises.com
On devrait toujours lire les revues des IBODE lorsque l’on est IADE.
Parce que l’on y apprend des informations parfois intéressantes.
Celles que j’ai lues me montrent clairement que le côté je panse donc j’essuie, des IBODE se transforme en je pense donc je vais être.
Et si nous n’y prenons garde, nous risquons fort d’être les dindons de la farce, face à la corporation IBODE.
Je m’explique :
Lecture de la revue interbloc n° 4 tome XXIX octobre-décembre 2010.
– La formation des infirmières de bloc opératoire diplômées d’État, de 1971 à nos jours, page 252-253
– Quelles sont les perspectives pour la profession IBODE ? page 266 et 267.
Afin de savoir d’où l’on part, il convient de remonter la source, tel Stanley parti retrouver Livingstone.
Profession IBODE I presume ?
La formation des IBODE en 1971 à 2001
1971 : décret n° 71-388 du 21 mai 1971 portant création d’un certificat d’aptitude aux fonctions d’infirmier de salle d’opération
Formation | |
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Théorie | 500 heures |
Enseignement clinique | 1000 heures |
TOTAL | 1500 heures |
Formation théorique | |
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Formation des infirmier(e)s de bloc opératoire | |
Hygiène hospitalière | 100 heures |
Administration, législation et santé publique | 30 heures |
Anesthésie réanimation et autres pratiques | 15 heures |
Techniques chirurgicales | 260 heures |
Technologie chirurgicale | 90 heures |
Technologie nouvelle | 5 heures |
Formation pratique | |
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Stages obligatoires | |
6 semaines | chirurgie orthopédique, traumatologique |
6 semaines | chirurgie viscérale et digestive |
3 semaines | chirurgie cardio-vasculaire et thoracique ou chirurgie vasculaire périphérique |
3 semaines | urologie |
3 semaines | neurochirurgie |
Stages optionnels | 5 semaines | gynécologie, ORL et stomatologie, OPH, chirurgie plastique et réparatrice, chirurgie infantile |
Évaluations : validation de chaque stage, 3 mises en situation professionnelle
De 1971 à 2001, les blocs évoluent, la technique aussi. La formation de 10 mois semble inadaptée. Les cours sont dispensés sur du temps de stage ou sur des semaines de 40 heures.
1992 : Décret n°92-48 du 13 janvier 1992 modifiant le décret n° 71-388 du 21 mai 1971 portant création d’un certificat d’aptitude aux fonctions d’infirmier de salle d’opération.
La formation évolue pour tenir compte de la loi des 35 heures, les congés légaux, l’enseignement théorique de 30 heures par semaine, le temps de formation autogéré de 30 heures par semaine, le suivi individuel pédagogique de 30 heures, le TIP, les TD...
On ajoute du temps d’enseignement théorique et clinique pour
– former des infirmiers de bloc opératoire pluridisciplinaire et polyvalents.
– tenir compte de l’évolution des blocs opératoires
L’AEEIBO propose au ministère plusieurs schéma de formation sur 12, 18 ou 24 mois.
En 2001, le Décret n°2001-928 du 4 octobre 2001 modifiant le décret n° 71-388 du 21 mai 1971 portant création d’un diplôme d’Etat d’infirmier de bloc opératoire officialise la formation en 18 mois.
La formation des IBODE de 2001 à nos jours
Formation | ||
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Théorie | 870 heures | 29 semaines de 30 heures |
Suivi pédagogique | 30 heures | 1 semaine |
Enseignement clinique | 1365 heures | 39 semaines de 35 heures |
Formation autogérée | 30 heures | 1 semaine |
Total | 2295 heures | 70 semaines |
Formation théorique : 4 modules
Module 1 | 120 heures | Hygiène hospitalière et prévention des infections nosocomiales |
Module 2 | 120 heures | L’infirmier de bloc opératoire et l’environnement technologique |
Module 3 | 330 heures | L’infirmier de bloc opératoire et la prise en charge de l’opéré au cours des différents actes chirurgicaux |
Module 4 | 300 heures | L’infirmier de bloc opératoire dans la maîtrise de sa fonction |
Évaluation : validation de chaque module
Formation pratique
Stages obligatoires | |
2 x 4 semaines | Chirurgie ostéo-articulaire : orthopédie, traumatologie, rachis, stomatologie, chirurgie de la main |
2 x 4 semaines | Chirurgie viscérale : digestif, urologie, gynécologie |
2 semaines | Hygiène hospitalière |
1 semaine | Stérilisation centralisée |
1semaine | Endoscopie |
Stages optionnels | |
19 semaines | Fonction du projet de l’élève et de l’école (Dans au moins 3 secteurs) 2 semaines au minimum |
A comparer avec la formation des IADE qui en quelques mots tient à ceci :
Durée de 24 mois ou 3670 heures, elle inclut 700 heures d’enseignement théorique, de travaux pratiques et de travaux dirigés et 70 semaines de stage, 4 semaines de travail personnel et 10 semaines de congé annuel.
IADE | IBODE |
---|---|
Durée de la formation : 3670 heures | Durée de la formation : 2295 heures |
Théorie, TP et TD 700 heures | Théorie 870 heures |
Stages 2450 heures (70 semaines) | Stages 1365 heures (39 semaines, dont 19 optionnelles) |
Travail personnel 4 semaines | Formation autogérée 30 heures & Suivi pédagogique 30 heures |
S’ajoute 10 semaines de congé annuel.
Pour le détail, cf le document PDF
Pour autant, s’affronter à coups d’heures de théories ou de pratiques ne sert pas à grand chose, si ce n’est à démontrer la différence de rôle de chacune des deux professions, ce que l’on savait déjà.
Le "risque" à mon sens vient d’ailleurs.
Il vient d’un activisme souterrain que mène la profession IBODE.
La Profession des IBODE a su créer sa société savante, quand d’autres IADE prétendent que la SFAR doit nous reconnaître pour que nous puissions exister, oubliant sans doute la possibilité de nous prendre tout simplement en charge nous même ! Il y eu une tentative ici même, mais nous ne referons pas l’Histoire.
Parallèlement la profession IBODE avance et se structure.
La SOFERIBO a vu le jour à la suite de l’assemblée générale de l’Unaibode du mois de mai 2008. Initiée par l’association nationale, elle en est le conseil Scientifique. Elle a pour finalité la promotion de la production et de l’utilisation des savoirs en science infirmière dans le champ du bloc opératoire. Elle impulse une dynamique de réflexion et d’anticipation nécessaire au fonctionnement de toute communauté scientifique.
A noter qu’un MAR (PU-PH) siègeait au conseil scientifique à sa création…
La profession IBODE intègre l’EORNA.
En contrepartie, qu’apporte l’IFNA à la profession IADE ? Surtout lorsque cette fédération a un tel moteur que l’AANA qui obtient l’émancipation des "IADE" américains vis-à-vis de la corporation médicale. (récemment le gouverneur Schwarzenegger a accordé la "liberté" d’action sans présence de médecins aux IADE de Californie). Un regard sur la vision de l’IFNA prête presque à rire devant le décalage avec la réalité française.
Si le master est accordé à la profession IBODE, le cursus de formation passera à 24 mois ou plutôt à 4 semestres universitaires. C’est inéluctable, il ne peut en être autrement.
Nul ne peut nier l’apport d’une formation supplémentaire, qualifiante.
"La VAE (validation des acquis de l’expérience) qui dépendait de la réingéniérie et des référentiels de compétence et de formation va devenir une réalité en 2011 pour les IDE en bloc opératoire".
Les pratiques avancées ne seront pas validées dans le parcours VAE, toutefois.
Ce module sera obligatoire et sera délivré dans les écoles d’IBODE pour obtenir le DE IBODE.
Le travail de préparation continue : les IBODE demandent la suppression des deux ans minimum d’exercice professionnel, qui contredise la formation même du master.
Le master reconnaîtra de facto l’exclusivité de l’IBODE ; exclusivité d’actes, présence obligatoire en salle d’intervention, cohérence avec la loi HPST.
L’obtention du master IBODE supprimera les deux années d’exercice préalable qui n’existe pas dans le cursus universitaire du LMD.
Et voila les IBODE, toujours derrière les IADE, qui prendront un train d’avance sur le train des IADE, et ce malgré notre appétence pour les rails...
Il nous faudrait donc réfléchir également à la disparition de ces deux années minimum d’exercice professionnel auxquelles curieusement nous semblons attachés.
En soi elles n’ont aucune justification, car elles ne forment pas à la profession.
On argumentera que les deux ans permettent d’exercer, de se familiariser avec les techniques avant de se demander si l’on souhaite avancer encore ou pas. Mais est-ce nécessaire ?
La formation IADE au bout de 10 ou 15 ans voire 20 ans d’exercice IDE a t-elle un sens ?
Probablement, mais la motivation pour cette spécialité et l’engagement demandé sont tels, que l’on ne devient pas IADE par le fruit du hasard.
Se remettre dans un cursus et un rythme scolaire tel que celui de la formation IADE n’est pas simple, passé un certain âge ou un laps de temps certain.
Il faudrait cependant repenser les études d’IDE à la base, afin d’intégrer la découverte des métiers possibles dès les débuts de la formation.
On peut aussi penser à valider des modules de formation. Modules qui donneraient la possibilités de passer vers la formation d’IADE au bout des trois ans de formation d’IDE sans attendre ses 2 ans minimum.
Car même s’il faut 7 ans pour faire un IADE, (3+2+2), cette coupure n’est pas tenable face aux exigences du LMD.
C’est pourquoi il faudrait insister sur la présentation des métiers spécialisés durant la formation des IDE afin de leur faire choisir un parcours dès l’école et enchaîner ainsi les 5 années de cours et de pratique qui déboucheront sur le master.
Et rendre les stages au bloc et dans les SMUR obligatoires.
A terme il nous faudra en passer par là, pour être inattaquable sur le plan du LMD.
Alors bougeons-nous.
Le salut des IADE ne viendra pas des médecins, encore moins de leur société savante.
Souhaitons donc que nos collègues IBODE obtiennent ce qu’elles doivent obtenir. Mais défions-nous de tout mépris, car elles pourraient nous damer le pion et obtenir le M plus facilement que nous ne le pensions.
L’ennemi se déguise parfois en géranium, mais on ne peut s’y tromper, car tandis que le géranium est à nos fenêtres, l’ennemi est à nos portes.
[Pierre Desproges]
– NDLR : Le sujet est rattrapé par l’actualité. Il semble que le dossier master se débloque plus vite que l’on ne le croyait initialement.
Puissais-je me tromper sur l’article présent. Franchement je le souhaite.
– NDLR (Edit du 31 janvier 2020) finalement j’avais raison avec 8 ans d’avance.
L’Arrêté du 28 janvier 2020 modifiant l’arrêté du 22 octobre 2001 relatif à la formation conduisant au diplôme d’Etat d’infirmier de bloc opératoire, supprime la condition d’exercice de deux années minimum en qualité d’infirmier ou de sage-femme pour être admis en formation d’infirmier de bloc opératoire (Ibode).
L’accès à la formation restera conditionnée à la sélection sur épreuves, mais il ne sera plus nécessaire de justifier de deux ans d’exercice en qualité d’IDE ou de sage-femme pour y postuler.
L’arrêté est applicable à compter de la rentrée d’octobre 2020.
Il précise : « dans le cas où le candidat n’est pas encore titulaire du diplôme d’Etat d’infirmier ou de sage-femme, il doit fournir une attestation d’inscription en dernière année d’études conduisant à l’un de ces deux diplômes. En cas de succès au concours, l’admission définitive du candidat est subordonnée à la justification par celui-ci qu’il est titulaire de l’un des diplômes précités. A défaut, il perd le bénéfice du concours. »
— -
Master and servant
- There’s a new game
- We like to play you see
- A game with added reality
- You treat me like a dog
- Get me down on my knees
- We call it master and servant
(Dépêche mode)
IBODE : l’interminable dossier des compétences exclusives
Publié le 14/03/2022
Depuis plusieurs années, le gouvernement tente de définir les compétences exclusives des IBODE. Cependant, cette volonté se heurte à l’inquiétude des chirurgiens libéraux qui redoutent de devoir renoncer à l’assistance d’infirmières, en raison d’un nombre insuffisant d’IBODE formé chaque année.
Dans le dernier épisode en date, le Conseil d’Etat a annulé les mesures transitoires qui avaient été décidées par le gouvernement, saisi par l’Union des chirurgiens de France et le syndicat Le Bloc qui craignaient que ces dispositions les empêchent de continuer à exercer en toute légalité. Le ministère de la Santé a donc revu sa copie. Mais une fois encore, les chirurgiens sont préoccupés.
Dans un communiqué publié vendredi, la Fédération de l’hospitalisation privée et les syndicats médicaux jugent que le nouveau dispositif « ne correspond pas aux réalités de terrain et ne permet pas de résoudre les difficultés auxquelles les établissements de santé sont confrontés aujourd’hui et auxquelles ils devront répondre demain. Le nouveau dispositif transitoire envisagé place les établissements de santé face à une alternative intenable : choisir entre la fermeture de blocs opératoires ou faire pratiquer à des infirmiers des actes qu’ils n’ont pas le droit de faire », écrivent les organisations.
Une situation anxiogène pour tout le monde
Elles rappellent en effet que les établissements de santé sont confrontés à une importante pénurie de professionnels et que la formation de nouveaux IBODE demeure à un niveau totalement insuffisant (710 par an) pour répondre aux besoins annuels estimés (3000). Aussi, la Fédération de l’hospitalisation privée espère du gouvernement qu’il reverra encore sa copie. « Ce dossier des IBODE n’en finit pas malgré nos propositions ; c’est anxiogène pour tout le monde. D’abord pour les chirurgiens dans les blocs opératoires mais aussi pour les directeurs d’établissements et pour les infirmiers eux-mêmes. Il faut qu’un nombre suffisant d’IBODE soit formé et en attendant, il est indispensable que le nombre de professionnels nécessaires soit autorisé à exercer en bloc opératoire. Après le retard de prise en charge des patients en raison du Covid, il serait dramatique que des blocs opératoires ferment juste en raison de textes réglementaires qui ignorent la réalité du terrain au préjudice des patients ! » s’impatiente Lamine Gharbi, le président de la FH.
M.P.
jim.fr
Le blues des IBODE
Publié le 13/10/2022
Dans une tribune, une IBODE dénonce la « mort programmée » de ces « soignants de l’ombre ».
Depuis quelques années, les infirmiers de bloc opératoire diplômés d’état (IBODE) sont au cœur d’un débat apparemment sans fin sur leurs compétences exclusives. D’un côté, les principaux intéressés demandent que tous les infirmiers exerçant en bloc opératoire soient des IBODE, comme c’est le cas dans plusieurs pays occidentaux, afin de reconnaitre la spécificité de leur formation (pour devenir IBODE, un infirmier doit suivre une formation spécifique de 18 mois, allongée à 24 mois depuis la rentrée 2022) et de garantir des soins de qualité.
Mais de l’autre, cette exigence justifiée se heurte à une crainte toute aussi légitime portée elle par les syndicats de chirurgiens, celle que l’exclusivité accordée aux IBODE ne mette en péril la continuité des soins, ces infirmiers spécialisés n’étant pas assez nombreux pour faire tourner tous les blocs opératoires de France.
Le débat sans fin des compétences exclusives
Entre ces deux impératifs, le gouvernement tente maladroitement de ménager la chèvre et le chou, en multipliant les décrets qui reconnaissent certaines compétences exclusives aux IBODE tout en permettant à des infirmiers généralistes « faisant fonction d’IBODE » d’exercer au bloc après une formation de seulement 21 heures.
Pour ne rien arranger à la complexité de l’affaire, plusieurs de ces décrets, qui se veulent transitoires, ont été annulés par la justice administrative ces dernières années.
Aujourd’hui, les IBODE en ont marre de ces débats interminables et de ce qu’ils vivent comme un manque de considération et le font savoir. Dans une tribune publiée ce mercredi sur le site d’information Huffington Post et relayée par le collectif Inter-Blocs, Isabelle Comas, IBODE depuis mai 2021, alerte sur la « mort programmée » de sa spécialité.
La tribune commence par rappeler l’importance du travail des quelques 7 000 IBODE que compte la France et leur engagement au service des patients. « Nous sommes les seuls professionnels à vous accompagner tout au long de votre parcours opératoire » écrit Isabelle Comas, s’adressant directement aux patients, « nous exerçons le jour, la nuit, les week-ends, les jours fériés, H24, 365 jours par an ! ».
Améliorer l’attractivité du métier d’IBODE, un impératif
Dans son texte, Isabelle Comas dénonce le manque de reconnaissance dont elle souffre avec ses collègues. « Notre profession n’est pas reconnue, ni par nos instances, ni par nos employeurs ou proches collaborateurs ». Revenant sur l’éternel débat des compétences exclusives, elle estime que « l’apparition d’un système de formation particulier qui a permis de renforcer les connaissances, de développer des compétences, aurait dû conduire à terme à ce qu’il n’y ait que des IBODE dans les blocs opératoires », évoquant notamment des pays comme le Canada ou la Suisse, où seuls les IBODE peuvent exercer au bloc opératoire.
Pour concilier exclusivité d’exercice et continuité des soins, l’infirmière estime nécessaire de former et recruter plus d’IBODE, ce qui « passe forcément par une meilleure attractivité du métier en termes de salaire, d’articulation entre la vie de famille et la vie professionnelle et de cadre de travail ». Isabelle Comas se dit d’ailleurs déçue des primes et augmentations de salaire obtenues lors des accords du Ségur, qui n’ont pas « atteint les attentes minimums des IBODE ».
Le tableau dressé par l’infirmière n’est pas réjouissant. « Aujourd’hui, de nombreuses opérations sont reportées ou annulées, engendrant un retard de prise en soin et une perte significative de chance pour le patient (…) les IBODE sont épuisés, écœurés et les effectifs trop réduits » écrit-elle, parlant d’une « fuite de nombreux IBODE, aussi bien en secteur public que privé ».
Grégoire Griffard
jim.fr
IBODE : le Collectif inter-blocs demande une formation en alternance pour les IDE des blocs
20 décembre 2022
Une solution à la difficulté de former suffisamment d’Ibode (Infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État) pour respecter leur exclusivité d’actes réside, selon le Collectif inter-blocs, dans une formation en alternance des IDE (Infirmiers diplômés d’État) qui y travaillent déjà. En cette fin d’année 2022, il a rédigé une proposition de loi en ce sens.
IBODE : le Collectif inter-blocs demande une formation en alternance pour les IDE des blocs
Le Collectif inter-blocs (CIB) poursuit ses démarches pour faire avancer une de ses priorités -100% d’Ibode au bloc avec exclusivité de fonction- à travers une proposition de formation Ibode en alternance pour les IDE qui travaillent déjà dans les blocs opératoires.
Le cœur de la proposition de loi du CIB consiste à instaurer une obligation de formation pour tous les IDE – non Ibode - travaillant dans les blocs opératoires.
Pour former « en masse » ces IDE, il propose un nouveau cadre de formation, en alternance, adapté au niveau d’expérience et d’ancienneté.
- Pour les infirmiers ayant moins de cinq ans d’expérience au bloc, la formation porterait sur toutes les compétences du référentiel de formation Ibode et s’étendrait sur cinq ans.
- Pour ceux qui ont entre cinq et quinze ans d’expérience, le CIB propose une formation théorique sur les blocs de compétences 1, 2 et 3, étendue sur trois ans.
- Et pour les IDE travaillant au bloc depuis plus de 15 ans, un examen de validation porterait sur les cinq blocs de compétences du référentiel Ibode. Ces IDE expérimentés pourraient compléter leurs connaissances en alternance sur les compétences non validées.
Les cours théoriques pourraient se dérouler à 50% en distanciel. Et sauf dispense, les stages pourraient être effectués, en présence d’un encadrant Ibode, dans des structures privées ou publiques différentes ou pas du lieu d’exercice des IDE.
Proposition de loi
Le CIB est assisté dans la rédaction de sa proposition de loi par le député (LFI) de Haute-Garonne Hadrien Clouet. Il la portera avec d’autres députés au sein de la commission des Affaires sociales puis devant l’Assemblée, indique Grégory Chakir, porte-parole du CIB.
Cette proposition de loi vise à atteindre l’objectif de 100 % d’Ibode dans les blocs, prévu dans les textes mais inatteignable aujourd’hui du fait du trop petit nombre d’IDE formés à la spécialité Ibode.
Selon le CIB, la formation Ibode n’est pas suffisamment attrayante pour les IDE (le diplôme Ibode n’est pas assez valorisé et la formation de 24 mois en présentiel contraignante) comme pour les établissements (elle leur coûte financièrement et ils doivent se séparer d’un IDE pendant deux ans), et surtout elle n’est obligatoire que pour pratiquer les actes exclusifs...
« Si on se fixe sur le master, il faudra attendre 40 ans » pour avoir 100% d’Ibode dans les blocs, souligne Gregory Chakir, alors que la formation en alternance proposée par le CIB n’est destinée à ne fonctionner que pendant cinq ans.
La formation en alternance que propose le collectif est « une mesure d’urgence pour former rapidement des personnes qui ont de l’expérience et en terminer avec la juxtaposition de professions au bloc », indique Gregory Chakir.
Plus globalement, l’obligation de formation prévue dans cette proposition de loi devrait, insiste-t-il, « mettre fin aux mesures transitoires, un bourbier juridique pour les Ibode et les IDE ».
Flou juridique
Alors que la formation Ibode (4 semestres, grade master) est théoriquement obligatoire depuis 2015 pour exercer au bloc, des mesures dites transitoires visent à permettre aux IDE qui n’ont pas suivi la formation Ibode de réaliser certains des actes exclusifs aux Ibode, tant que suffisamment d’Ibode n’auront pas été formés.
Régulièrement, des décrets sont publiés pour allonger la période transitoire en question et aménager le cadre d’exercice des IDE, reportant d’autant l’application réelle de l’exclusivité d’actes des Ibode.
Un nouveau décret est attendu depuis avril 2022, délai donné en décembre 2021 par le conseil d’État au gouvernement pour revoir sa copie et permettre à plus d’IDE de réaliser les « actes exclusifs ».
Depuis avril, donc des infirmières et infirmiers non-Ibode « sont amenés à effectuer des dépassements de tâches » et se trouvent ainsi « en insécurité juridique », pointe Grégory Chakir.
Une version du projet de décret qui a circulé il y a plusieurs mois ne comprend toujours pas d’obligation de formation et viserait à élargir encore les actes pouvant être réalisés par les IDE...
S’il est publié tel quel, le CIB se prépare à le contester devant le conseil d’État. Il n’a pas connaissance en tout cas d’une date de parution. La période de flou juridique se poursuit donc...
Le collectif a envoyé sa proposition de loi à la DGOS et demandé une audience à sa nouvelle directrice, Marie Daudé, mais c’est le « silence radio ».
Géraldine Langlois
actusoins.com
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Arnaud BASSEZ
IADE/enseignant CESU
Administrateur