Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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L’étiquetage des seringues
tendre vers une sécurité optimale
Article mis en ligne le 23 décembre 2011
dernière modification le 17 septembre 2022

par Axelle Ben Abdallah-Meilliez

Merci à notre collègue Axelle BEN ABDALLAH-MEILLIEZ, pour nous avoir transmis son travail lors du congrès de la SFAR de septembre 2010

Le poster de notre collègue a reçu le premier prix des communications IADE du congrès de la SFAR 2010

Introduction

La Société Française d’Anesthésie Réanimation (SFAR) a publié des recommandations en novembre 2006 afin de favoriser « un système uniforme d’étiquetage des seringues » et préconise « des codes internationaux de couleurs et de trames correspondant aux différentes classes pharmacologiques » [1]

Dans un contexte d’accréditations et de certifications, et où l’évaluation des pratiques professionnelles au bloc opératoire préoccupe de nombreux professionnels, nous avons réalisé un travail sur l’étiquetage des seringues pour évaluer les pratiques d’identification des seringues en anesthésie, au bloc opératoire, influent sur le risque d’une erreur d’administration pour le patient ?

Matériel et Méthodes

Il y a peu d’études sur les erreurs d’administration médicamenteuses en anesthésie et pourtant, la SFAR a déjà publié des recommandations justifiées par «  la fréquence élevée des erreurs médicamenteuses, leur gravité potentielle, leur caractère évitable et leur faible acceptabilité ».

L’enquête nationale réalisée par le CHU de Poitiers en 2007 [2] met en évidence l’utilisation des étiquettes de couleurs par près de la moitié des 1255 établissements sondés, mais peu d’établissements utilisent le code international.

Sur la base d’observations personnelles, nous avons élaboré un questionnaire adressé aux infirmiers anesthésistes (IADE) de quatre établissements publics de la région Parisienne. 47 questionnaires ont pu être analysés.

Résultats

  • 12% déclarent ne pas identifier systématiquement leurs seringues (soit 6/47). En moyenne, 5 seringues sont préparées à l’avance pour anticiper l’anesthésie suivante.
  • L’identification des seringues est principalement faite par les étiquettes commerciales, le sparadrap, et enfin le marqueur à même la seringue.
  • Pour uniformiser les pratiques 70% souhaitent un équipement spécifique sur leur chariot d’anesthésie pour l’étiquetage des seringues (33/47).
  • 83% mentionnent le nom commercial, 40% la dénomination commune internationale (DCI) et 91% notent la dilution/concentration.
  • 72% des IADE ont été témoins d’une erreur d’administration de médicaments, 11.5% seraient dues à une absence ou une erreur d’étiquetage.
  • L’induction semble être le moment où le risque aurait une place prépondérante. Les répercussions de ces erreurs sont déclarées à 47% inexistantes ou sans conséquence pour le patient car les professionnels de santé ont compensé ces erreurs ; il s’en suit tout de même 18% d’augmentation du temps de séjour en salle de réveil.
  • Seuls 9% des incidents donnent lieu à des déclarations écrites, les supports n’ont pas été précisés.

Discussion

47 questionnaires ne sont pas nécessairement représentatifs d’une pratique nationale, mais ils peuvent évoquer une tendance, on notera que :

 Les étiquettes avec le code couleurs international sont peu utilisées (36%), ce qui correspond à l’étude réalisée par le CHU de Poitiers.

 L’utilisation de la DCI (recommandation SFAR) semble plus développée à 40% (contre 18% pour l’étude du CHU de Poitiers) et la dilution concentration semble être plus notée à 91% (contre 38% pour l’étude du CHU de Poitiers).

 Les équipements à disposition pour les IADE sont peu existants, malgré un réel besoin.
 Les erreurs d’administration en anesthésie existent, et semblent minimisées. Les moyens de réajustement de ces erreurs semblent méconnus ou inexistants (recueil d’événements indésirables, staff de réorganisation…)

Ces erreurs ne sont pas toutes liées à un défaut d’étiquetage (rangement dans les chariots d’anesthésie, inattention …).

L’étiquetage des seringues et la sécurité en anesthésie poster
L’étiquetage des seringues et la sécurité en anesthésie (poster)

[1] Recommandations SFAR nov 2006

prévention des erreurs médicamenteuses en anesthésie. recommandations de la SFAR novembre 2006
Preconisations-2016- Prévention des erreurs médicamenteuses en anesthésie reanimation SFAR-SFPC-version-finale-25-oct-2016
Preconisations-2016- Prévention des erreurs médicamenteuses en anesthésie reanimation SFAR-SFPC-texte-court-preco-erreurs-med-2016

[2] Enquête nationale sur le marquage des seringues d’anesthésie en France Ann Fr Anesth Réanim 2008 ; 27 : 384-389

Axelle BEN ABDALLAH-MEILLIEZ (IADE)


En rapport avec le sujet

Erreurs médicamenteuses
Harmonisation de l’étiquetage des ampoules de solutions injectables de médicaments (ansm-ex afssaps)
Pr Dan Benhamou. Prise en charge médicamenteuse

 La SFAR veut nous en faire voir de toutes les couleurs (article de la SOFIA du 7 novembre 2006)

 Gestion du risque en anesthésie et réanimation (Pr Jean Marty)

Gestion du risque en anesthésie et réanimation (Pr Jean Marty)

 Un DES sans doute définitif sur le sujet

Contribution à l’améllioration de la sécurisation du processus du médicament en anesthésiologie

Erreurs médicamenteuses en anesthésie : bilan et analyse des signalements reçus à l’Afssaps

A. Rivière a, V. Piriou b , D. Durand a, A. Arnoux a, A. Castot-Villepelet c

  • a Service de l’évaluation et de la surveillance du risque et de l’information sur le médicament, direction de l’évaluation des médicaments et des produits biologiques, agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), 143/147, boulevard Anatole-France, 93285 Saint-Denis cedex, France
  • b Service d’anesthésie-réanimation, centre hospitalier Lyon-Sud, hospices civils de Lyon, université Claude-Bernard Lyon-1, chemin du Petit-Revoyer, 69495 Pierre-Bénite, France
  • c Coordination des vigilances, Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, 35, rue de la Gare, 75019 Paris, France

Résumé

 Objectif

Ce travail a consisté à réaliser un bilan et une analyse des signalements d’erreurs et de risques d’erreurs médicamenteuses liés aux solutés injectables utilisés en anesthésie et rapportés à l’Afssaps entre les années 2005 et 2010.

 Type d’étude

Étude descriptive.

 Méthodes

Les données sont issues du fichier « Erreurs et risques d’erreurs médicamenteuses » qui rassemble tous les signalements reçus par la Cellule erreurs médicamenteuses de l’Afssaps depuis sa mise en place en mars 2005.

 Résultats

Sur 263 signalements analysés, 159 (61 %) rapportaient un risque d’erreur médicamenteuse, 76 (29 %) notifiaient une erreur avérée et 28 (11 %) étaient relatifs à une erreur médicamenteuse potentielle. Parmi les 76 signalements d’erreurs avérées, 47 (61 %) ont entraîné un effet indésirable. Les principales conséquences ont été d’ordre hémodynamique, respiratoire et neurologique. La majorité des erreurs potentielles et avérées sont survenues lors de l’administration même du médicament (65 %). Cependant, il a également été relevé des erreurs de délivrance (14 %), de rangement (15 %) ou de préparation (4 %). Il a été relevé dans 69 % des cas des erreurs de médicament, dans 26 % des cas des erreurs de dose, dans 3 % des cas des erreurs de voie d’administration et dans 2 % des cas des erreurs de patient. Dans la majorité des cas (84 %), une similitude des conditionnements a été mise en cause.

 Conclusion

Cette étude a montré que la similitude des conditionnements est à l’origine de nombreux signalements à la Cellule erreurs médicamenteuses. Les résultats obtenus soulignent l’importance de la présentation des étiquetages des solutés injectables. De ce fait, une démarche d’harmonisation des étiquetages des solutés injectables a été mise en œuvre par l’Afssaps, dans le but d’améliorer la lisibilité et la compréhension de ceux-ci.


Erreur d’administration de spécialités utilisées en anesthésie réanimation au bloc opératoire

Les petits conditionnements de solution injectable : lire toujours et encore les étiquetages

Les médicaments utilisés en anesthésie réanimation sont des médicaments à marge thérapeutique étroite : la dose minimale efficace est très proche de la dose maximale tolérable par l’organisme. Ils peuvent être utilisés dans un contexte d’urgence.

Les erreurs médicamenteuses sont liées essentiellement à :

  • des confusions entre deux conditionnements
  • une mauvaise lecture ou interprétation de l’étiquetage.

Mesures correctives

La réflexion menée par l’Agence sur l’harmonisation et l’optimisation de la lisibilité de l’étiquetage des petits conditionnements de solution injectable a conduit à l’élaboration de recommandations.
Ces recommandations ont été appliquées, en plusieurs étapes, à une liste définie de substances actives, et visent notamment à :

  • améliorer la lisibilité des étiquettes
  • harmoniser le mode d’expression du dosage (concentration en substance active) et du contenu en volume.

Cette démarche contribue ainsi à prévenir les erreurs médicamenteuses, en réduisant les risques de confusion lors de l’administration des médicaments.
Vers de nouvelles mesures

Les professionnels du secteur de l’anesthésie-réanimation souhaitent des mesures complémentaires pour sécuriser la préparation et l’administration des médicaments qu’ils utilisent.

Ils proposent des étiquetages de couleur semblables à ce qui est déjà en place pour les seringues préparées extemporanément au bloc opératoire (norme ISO 26825 :2008 - Étiquettes apposées par l’utilisateur sur les seringues contenant des médicaments utilisés pendant l’anesthésie). Cette norme définit ainsi un code couleur par classe pharmacologique pour les médicaments utilisés en anesthésie-réanimation.

Ce principe pourrait être repris pour l’étiquetage des ampoules ou petits flacons et le code couleur appliqué sous la forme d’un encadré ou d’un bandeau.

L’ANSM a débuté une réflexion sur ce sujet en partenariat avec un groupe pluridisciplinaire de professionnels de santé ainsi que les fabricants.

L’ANSM rappelle

  • la nécessité d’être particulièrement vigilant lors de la manipulation des petits conditionnements de solution injectable
  • la nécessité d’une lecture attentive des étiquetages.

De manière générale, la maîtrise des risques de confusion doit s’appuyer sur la poursuite des efforts entrepris pour améliorer la lisibilité de l’étiquetage, mais aussi sur des actions telles que

  • la formation des personnels soignants
  • l’organisation de la chaîne de stockage et de distribution des produits au sein des établissements.

Erreur d’administration de gaz à usage médical

Nature du gaz = voir l’étiquette et non la couleur de la bouteille

Le dossier thématique sur les gaz à usage médical apporte un certain nombre d’informations, notamment sur les erreurs d’identification des bouteilles de gaz.

L’identification de la nature du gaz au moyen de la couleur de la bouteille peut conduire à des confusions entre des bouteilles contenant des gaz différents.
Cette confusion est à l’origine d’incidents qui peuvent être graves pour les patients comme pour les utilisateurs.
Elle peut en effet amener à :

  • administrer un gaz dangereux pour le patient : le risque d’asphyxie doit notamment être pris en compte
  • ne pas traiter et soulager le patient qui ne reçoit pas le gaz prévu : confusion notamment entre le mélange protoxyde d’azote-oxygène et l’oxygène.

Une confusion peut également se produire entre le gaz à usage médical et le même gaz de qualité technique (risque d’impuretés toxiques).

Lire l’étiquette est le seul moyen d’identifier le gaz

  • Le code couleur de la bouteille sert au fabricant de gaz et aux services d’incendie et de secours pour identifier des risques, par grandes catégories de gaz, et non chaque gaz.
  • Des gaz différents peuvent avoir le même code couleur ou des codes qui se ressemblent.
  • Les codes couleurs peuvent changer au cours du temps avec l’évolution de la normalisation.
  • Enfin, le code couleur ne concerne pas toutes les parties de la bouteille, en fonction du statut du gaz.

L’Agence rappelle

A la réception, à la distribution et avant toute utilisation d’une bouteille :

  • lire attentivement l’étiquette pour identifier et s’assurer de la nature du gaz,
  • la couleur de la bouteille ne doit jamais être utilisée pour identifier la nature du gaz.

Lors du branchement, ne jamais

  • forcer le raccord
  • utiliser de raccord intermédiaire
  • utiliser la bouteille si le raccord fuit

L’utilisation en toute sécurité des gaz à usage médical nécessite une formation préalable.
Les documents destinés aux utilisateurs leur permettent de connaître les recommandations de transport, de stockage de manutention, d’utilisation et de réglage des récipients de gaz et des dispositifs qui y sont fixés.

Changement de couleur des bouteilles de gaz - Information professionnels de santé (16-07-2012)
Risques et précautions d’emploi liés à l’utilisation des gaz à usage médical - Mise au point (16-07-2012)

A lire en rapport avec le sujet
Mélange équimolaire protoxyde d’azote-oxygène (MEOPA) et protoxyde d’azote et la recommandation (pas toujours connue) au sujet de l’obus de MEOPA


Au bloc, les étiquettes se dotent de super-pouvoirs écologiques

Publié le 16/09/2022

Le CH d’Auxerre modifie depuis le début de l’année l’étiquetage des dispositifs médicaux utilisés au bloc. L’objectif : donner aux soignants une idée du coût économique et environnemental des interventions… et leur permettre de faire le bon choix !

Et si de tous petits autocollants avaient l’énorme pouvoir de réduire l’empreinte écologique des blocs opératoires ? C’est l’idée un peu folle qu’ont eue les soignants du CH d’Auxerre. Depuis le premier semestre 2022, les arsenaux (c’est comme cela qu’on appelle les réserves dans le jargon chirurgical) de l’établissement bourguignon se sont bardés de nouvelles étiquettes indiquant non seulement le nom des dispositifs médicaux, mais aussi des informations telles que le prix qu’ils ont coûté à l’hôpital, leur provenance, leur poids ou encore le pourcentage de leur masse qui est valorisable dans des filières de tri vertueuses. L’idée étant que, tel un consommateur se fiant au NutriScore pour trancher entre deux boîtes de petits pois, chirurgiens et infirmiers puissent choisir leur matériel en toute connaissance de cause.

« Dans nos équipes, de plus en plus de gens sont mal à l’aise avec le fait de ne pas pouvoir appliquer à l’hôpital les bonnes pratiques environnementales qu’ils ont chez eux », constate le Dr Baptiste Borraccino, chirurgien viscéral et digestif au CH d’Auxerre qui se trouve à l’initiative du projet. Et celui-ci est formel : en sélectionnant les bons dispositifs médicaux, et sans faire aucune concession sur la qualité des soins, il est possible de réduire drastiquement le poids environnemental des interventions.

Jusqu’à 33 % de déchets en moins

Avec les équipes de l’établissement, il a ainsi pu calculer que le coût d’une sleeve gastrectomie pouvait passer, en fonction des dispositifs médicaux utilisés, de 1862 € à 1091 € (-41 %). Le poids des déchets générés pouvait quant à lui passer de 4,7 à 3,4 kg (-28 %). Des chiffres du même type sont observés pour la sigmoïdectomie (-33 % pour le prix et -16 % pour les déchets), ou pour la cholécystectomie (respectivement -48 % et -33 %).

Pour l’instant, une centaine de références ont pu être réétiquetées, sur les 3 000 que compte le bloc, indique le chirurgien. « C’est un gros travail, les industriels ne nous donnent pas l’info, on doit donc tout faire nous-mêmes », souligne-t-il, ajoutant qu’une collaboration venait justement de démarrer avec le prestataire de déchet de l’hôpital, « qui va prendre nos dispositifs médicaux et les analyser ».

Reste bien sûr, à évaluer tout cela. « Les retours sont positifs, mais pour l’instant, nous n’avons pas encore pu évaluer l’impact, il faudra pour cela attendre que nous ayons pu étiqueter davantage de dispositifs », explique le Bourguignon. Mais celui-ci compte bien mener une évaluation rigoureuse, et surtout diffuser l’information pour voir si d’autres blocs pourraient suivre l’exemple auxerrois. Une vidéo est d’ailleurs en préparation sur le sujet, et l’initiative a même reçu cette année un « Prix de la transition écologique » de la part de la Fédération hospitalière de France (FHF). Voilà des étiquettes qui savent faire parler d’elles !

Cet article est republié à partir du site What’s up Doc.

Adrien Renaud
source : jim.fr

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AB


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