De retour sur le devant de l’actualité, le virus Ebola et son cousin Marburg, imposent à chacun des professionnels de santé exposés potentiellement à des patients porteurs, de se prémunir afin d’éviter toute contagion.
A savoir
Une personne qui ne présente aucun des symptômes de la maladie n’est pas contagieuse, la contagiosité coïncidant avec l’apparition des symptômes de la maladie.
- Les personnes asymptomatiques de retour de la zone à risque doivent surveiller quotidiennement leur température. Toute fièvre supérieure ou égale à 38°C doit être considérée comme suspecte et la personne doit immédiatement se signaler au Centre 15 en rappelant son exposition.
- Aucune mesure d’éviction n’est requise.
- En l’absence de contact, le fait d’être assis à proximité d’un malade atteint de maladie à virus Ebola ne constitue pas une situation à risque de transmission.
Ceci étant, voici quelques données pour vous aider dans votre recherche d’informations.
Ces documents n’étant pas exhaustifs.
– NB :
Certains documents sont repris de l’article sur Biotox, Piratome, Piratox issu de la rubrique Triade consacrée aux Accidents collectifs, attentats, gestion des risques, catastrophes naturelles, NRBC, Biotox, Piratome, Piratox, Plan ORSEC, PCS, PPI, CARE, EPRUS, réserve sanitaire
SOMMAIRE
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Le 23 mars 2014, l’Organisation mondiale de la Santé publiait la notification officielle d’une flambée de maladie à virus Ebola en Guinée sur son site Web.
Le 8 août, elle déclarait l’épidémie « urgence de santé publique de portée internationale ».
A l’origine
D’après les chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement.
interrogeant les habitants de village en village, tout semble démarrer au marché. En effet, durant leurs migrations, les chauves-souris frugivores comme Hypsignathus monstrosus et Epomops franqueti, en abondance, sont chassées et leur viande revendue sur les marchés.
Le début de l’épidémie 2013-2014
Tout a commencé en Guinée : l’épidémie a continué à couver – sans être détectée – pendant plus de trois mois.
Le 26 décembre 2013, dans un village reculé de Guinée, Meliandou, un petit garçon de 2 ans est tombé malade, frappé par une étrange maladie dont les symptômes étaient de la fièvre, des selles noires et des vomissements. Il devait mourir deux jours plus tard. Une étude rétrospective des cas menée par l’OMS identifiera plus tard cet enfant comme le premier cas de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Les circonstances entourant sa maladie étaient de mauvais augure.
Au cours des longues années de guerre civile qui ont ravagé le pays, les ressources naturelles étaient exploitées par des entreprises minières ou forestières. L’écologie de cette zone de forêts denses a ainsi été modifiée. Les chauves-souris frugivores qui, selon la plupart des scientifiques, seraient le réservoir naturel du virus se sont rapprochées des établissements humains.
– En zone forestière
Il est fort probable que les chasseurs, dont la sécurité alimentaire et la survie dépendent du gibier chassé, ont tué des animaux sauvages infectés – très certainement des singes, des antilopes des bois ou des écureuils. (Les études menées par l’OMS sur les origines des précédentes flambées de maladies à virus Ebola ont souvent permis de trouver des primates ou d’autres animaux sauvages morts dans la jungle ou la forêt.) Les épouses des chasseurs ont préparé la viande pour les repas familiaux.
Personne ne le savait encore mais le virus Ebola venait de trouver une résidence de choix dans une population hautement vulnérable.
Le village de Meliandou est situé dans ce que l’on désigne aujourd’hui comme la « zone rouge » de la flambée : une zone forestière en forme de triangle dont les frontières sont la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. Les trois pays ont été profondément appauvris et leurs infrastructures de santé gravement endommagées pendant les années de guerre civile.
La pauvreté est omniprésente. La majeure partie de la population n’a pas d’emploi salarié stable. La recherche d’un travail contribue aux constants mouvements de population de part et d’autre de frontières extrêmement poreuses – des conditions optimales pour un virus extrêmement contagieux.
Plus tard – en mai cette année – après que l’agent étiologique de la maladie a été identifié, une enquête rétrospective de l’OMS sur le premier cas, dirigée par le Dr Pierre Formenty, l’un des principaux experts OMS de l’Ebola, a suivi avec précision les 14 premiers cas de la maladie.
– Aucun indice convaincant concernant les premiers cas
Comme l’a fait observer le Dr Formenty, ces premiers cas n’ont donné aucun indice solide ou convaincant, qu’il s’agisse des caractéristiques cliniques de la maladie ou du schéma de sa transmission, ou tout simplement de l’agent étiologique possible, tout particulièrement dans un pays où les signaux sont brouillés par tant d’autres maladies meurtrières.
Mais la maladie était mortelle, il n’était pas permis d’en douter : les 14 patients étaient décédés, la plupart dans les quelques jours qui avaient suivi l’apparition des symptômes. Les expositions à haut risque devenaient claires (s’occuper d’un proche malade, préparer un corps avant la sépulture ou assister une femme lors de son accouchement) mais à nouveau n’ont pas donné d’indices décisifs. L’alerte aurait pu être déclenchée si l’un des médecins ou responsables de la santé dans le pays avait auparavant été témoin d’un cas d’Ebola. Mais non, aucun n’en avait vu. Personne n’a donc tiré le signal d’alarme qui aurait alerté le gouvernement ou la communauté internationale de la santé publique.
Comme l’a indiqué le Dr Formenty, il était impossible pour quelqu’un n’ayant pas l’expérience du virus Ebola de deviner dès ce stade qu’il s’agissait là de la cause. L’enquête menée par l’OMS a aussi révélé une particularité qui allait devenir un élément moteur déterminant de l’évolution de la flambée en Guinée et ailleurs : les mouvements très rapides de population entre les villages et la capitale de la Guinée et au delà de la frontière avec la Sierra Leone. Sinistre présage de ce qui était à venir, l’un de ces premiers cas est décédé en Sierra Leone.
Les villageois étaient effrayés et désemparés, leurs médecins aussi. La région est connue pour ses flambées de choléra et de nombreuses autres maladies infectieuses. Bien que les cas de paludisme aient reculé au cours des dernières années, cette maladie à la prévalence persistante est toujours responsable du plus grand nombre de décès dans le pays. Les autorités sanitaires étaient en état d’alerte mais l’agent étiologique n’était toujours pas flagrant, camouflé par des symptômes semblables à ceux de nombreuses autres maladies endémiques. La flambée continuait cependant de se répandre, alors que son agent étiologique restait dissimulé.
– Le virus se propage vers d’autres zones
Des enquêtes rétrospectives ultérieures de l’OMS ont révélé comment le premier groupe de cas survenus à Meliandou avait amorcé la propagation du virus vers d’autres lieux. Les transmissions en chaîne déclenchées par la maladie et le décès de deux sages-femmes ont plongé davantage de villages dans une situation critique.
Les premiers cas de cette flambée :
Des cas ont commencé à apparaître dans un hôpital de Gueckedou – une ville de la même zone rouge. Dans cet hôpital, les premières suspicions des médecins présents se sont portées sur le choléra. Sur les échantillons provenant des neuf patients ayant été testés, sept ont été confirmés positifs pour le choléra. Cela ne ressemblait pas tout à fait au choléra, mais les tests utilisés étaient sensibles et spécifiques, et – une fois de plus – le virus Ebola a échappé à la détection.
Tandis que l’enquête se poursuivait, des liens ont commencé à apparaître entre des décès étranges survenus dans différents endroits. Les points des zones rouges étaient reliés les uns aux autres. Un agent pathogène unique était sans doute responsable, mais lequel ?
Heureusement, le personnel de Médecins sans frontières (MSF) était déjà dans le pays, répondant à une grave flambée de paludisme. Plus tard, les médecins de MSF s’adapteraient rapidement pour prendre en charge les soins cliniques d’un nombre croissant de patients atteints par le virus Ebola.
Au début du mois de mars, les autorités sanitaires de Guinée, le personnel de MSF et l’OMS savaient que quelque chose d’étrange et de très inquiétant était en train de se produire, mais nul ne savait quoi exactement. Plus de trois mois après ce décès survenu à la fin de décembre, le virus Ebola n’apparaissait sur aucun écran-radar, en tant que présumé coupable de ces étranges décès en Afrique de l’Ouest.
Profondément inquiète, MSF a envoyé un rapport à la mi-mars à l’un de ses investigateurs les plus expérimentés et les plus avisés, dans ses bureaux à Genève. Cet expert a immédiatement suspecté une fièvre hémorragique, peut-être due au virus Marburg (la plus grande flambée épidémique de l’histoire a eu lieu en Angola en 2004-2005), voire au virus Ebola – un phénomène totalement nouveau pour cette partie du monde.
– Diagnostiqué par l’Institut Pasteur de Paris
Le ministère de la santé a envoyé des échantillons à l’Institut Pasteur de Paris. Les premiers résultats sidérants sont arrivés : l’agent étiologique était bien le virus Ebola.
Qui aurait pu deviner qu’une maladie aussi bien connue, jusque-là confinée en Afrique centrale et au Gabon, surgirait dans une autre partie éloignée du continent ?
Les nouvelles issues des analyses virologiques ultérieures étaient encore plus alarmantes : il s’agissait d’Ebola Zaïre, la plus mortelle des cinq espèces distinctes de virus Ebola.
L’OMS a notifié officiellement la flambée épidémique de maladie à virus Ebola sur son site Web le 23 mars. À cette date, l’OMS avait déjà envoyé des équipements de protection individuelle à Conakry et activé son centre de pointe pour le suivi en temps réel et l’action en cas d’épidémie. Les premières équipes médicales, sous l’égide du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN- Global Outbreak Alert and Response Network (GOARN)), arrivaient sur le terrain le 25 mars.
Dans le même temps, la propagation du virus se poursuivait inexorablement. Les mauvaises nouvelles empiraient encore tandis que le virus réussissait à entrer dans Conakry et que les premiers cas – qui se sont rapidement multipliés – étaient confirmés dans la ville le 27 mars. À Conakry et ailleurs, de nouveaux cas surgissaient, comme autant d’étincelles sur des herbes sèches.
Le feu de brousse s’était déclaré. À ce moment-là, les flammèches allumées par les nouvelles chaînes de transmission ne pouvaient plus être maîtrisées, alors même que les équipes médicales étrangères déployées par le GOARN et d’autres partenaires ne cessaient d’arriver.
Le tableau pathologique a ensuite été dramatique bien que la riposte globale aux niveaux national et international ait pris de l’ampleur et que la pression pour stopper le virus ait gagné en intensité. À trois reprises au moins, les perspectives d’un contrôle à l’échelon national ont semblé encourageantes et le compte à rebours laissant espérer une période de 21 jours (équivalant à la période d’incubation) sans un seul cas a commencé.
Chacun a retenu sa respiration tandis que la Guinée se préparait à entrer dans la deuxième période de 21 jours sans aucun cas d’Ebola requise pour que l’OMS puisse déclarer la fin d’une flambée de la maladie. Chaque fois, la vigilance se relâchait et le sentiment d’urgence s’estompait tandis que les autorités sanitaires locales supposaient en avoir fini avec cette flambée.
Le pays n’y est jamais arrivé. Lorsque l’échéance approchait, de nouveaux cas apparaissaient soudain dans des villages et cités où le virus semblait avoir été maîtrisé. Dans d’autres cas, le virus se frayait un chemin vers des zones auparavant épargnées.
Certains observateurs ont avancé que ces hauts et bas tragiques dans la maîtrise apparente du virus suivis par de nouveaux embrasements démontrent simplement l’agressivité atteinte par ce virus Ebola Zaïre. Plus probablement, ces évènements représentent des réintroductions du virus en Guinée – dont les frontières sont notoirement poreuses – à partir des importantes flambées qui sévissent au Libéria et en Sierra Leone voisins.
– Un contrôle du virus difficile
Cette explication plus réaliste laisse penser que le contrôle du virus en Guinée ne pourra pas être possible tant que le nombre de cas dus à la maladie dans les pays voisins n’aura pas diminué. Compte tenu de l’évolution actuelle, il est malheureusement fort peu probable que cela se produise dans un proche avenir.
source OMS
EBOLA
Ebola est une maladie infectieuse épidémique très contagieuse à transmission à déclaration obligatoire due à un virus de la famille de Filoviridae, le virus Ebola. Le virus circule parmi les chauve-souris mangeuses de fruits, considérées comme l’hôte naturel d’Ebola, dont elles ne développent pas la maladie. D’autres mammifères comme les grands singes, les antilopes ou les porcs-épics peuvent le véhiculer puis le transmettre à l’homme.
Elle se traduit par une fièvre importante accompagnée de saignements internes et extériorisées.
Ce saignement pouvant intéresser toutes les parties du corps humain. La chauve souris semble être le principal réservoir. En effet cet animal héberge le virus dans son organisme et n’en meurt pas. Le virus se transmet à travers la peau et les muqueuses. Le malade et le cadavre sont tous dangereux.
Tous les liquides de l’organisme humain peuvent transmettre la maladie : le sang, les morves, les urines, la sueur, le sperme (le convalescent peut transmettre le virus par le sperme même 7 semaines après la fin des symptômes).
Contrairement à la grippe, ce virus ne peut se transmettre par voie aérienne. Aussi Ebola est-il moins contagieux que de nombreuses autres maladies virales. Mais ce virus est redoutable en raison de son "taux de létalité" très élevé : il tue en moyenne la moitié des personnes qu’il atteint, selon l’OMS.
- D’où vient le nom Ebola ?
La maladie (virus de la famille des filoviridae (filovirus), porte le nom d’une rivière dans la localité de Yambuku en République Démocratique du Congo (RDC) (ex-Zaïre) où elle a été découverte en 1976. Le virus s’était propagé à environ 55 villages situés autour des rives de la rivière Ebola. Depuis cette date, 30 vagues épidémiques ont secoué certains pays d’Afrique. Il s’agit, en Afrique Centrale, de la RDC, du Soudan, du Congo, du Gabon ; En Afrique de l’Est, de l’Ouganda, du Soudan ; et en Afrique de l’Ouest, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Liberia.
- Quels sont les différents sous types d’Ebola ?
Il y en a 5, à savoir : le sous-type Zaïre, le sous-type Soudan, le sous-type Gabon, le sous-type Côte d’Ivoire et le sous-type Reston.
- A quoi le virus Ebola est-il sensible ?
Le virus Ebola est sensible à l’eau de javel, au formol et au chauffage à 60°C pendant une heure
- Quels sont les éléments favorisant cette maladie ?
Le contact avec les victimes d’Ebola, y compris les rites funéraires et le contact avec les effets personnels du malade ou du défunt sont les éléments favorisant cette maladie. Cependant, en milieu de soins, le contact avec un cas vivant ou mort sans équipements de protection, le transport ou le transfert des malades, l’examen, le soin, les prélèvements, le non-respect des mesures d’hygiène, comme l’hygiène des mains, les matériels et équipements médicaux, les déchets médicaux sont aussi des éléments favorisant cette maladie.
- Comment se manifeste donc Ebola ?
La pénétration du virus dans l’organisme (peau, muqueuse) se fait par voie sanguine et lymphatiques. Ainsi que par l’infection des monocytes, l’envahissement de plusieurs organes, les troubles de la coagulation, les hémorragies internes et extériorisées (état de choc, décès).
- Quels sont les diagnostics cliniques de la maladie ?
Les diagnostics cliniques de la maladie sont : l’incubation de 2 à 21 jours, la fièvre, les signes hémorragiques, l’éruption masculo-papuleuse, l’atteinte multi-viscérale, l’état de choc, tout malade ou décès présentant ou ayant présenté une température de 38°C depuis plus de 72 heures et de moins de 2 semaines.
- Quels sont les diagnostics différentiels de la maladie ?
Il s’agit des étiologies infectieuses et des étiologies non infectieuses. Pour ce qui concerne le premier cas, c’est-à-dire les étiologies infectieuses, il s’agit du paludisme, de la fièvre typhoïde ou de la leptospirose et autres fièvres hémorragiques, les hépatites virales. Pour ce qui concerne l’étiologie non infectieuse, on parle d’intoxication.
- Quelles sont les conduites à tenir devant un cas d’Ebola en unité habilitée ?
Le port obligatoire des équipements spéciaux, avant tout contact ; éviter les voies veineuses, la réhydratation Ringer lactate, l’apport glucosé, l’antipyrétique (paracétamol), la transfusion (sang, facteurs de coagulation), la prise en charge d’un état de choc, la surveillance…
- Qu’est ce qu’il ne faut pas faire en cas d’Ebola en unité habilitée ?
Il ne faut pas examiner le malade, faire les prélèvements, faire des soins sans les équipements ; faire transférer les malades dans un autre service non habilité, l’injection IM, les gestes invasifs ; donner au malade de l’acide acétyle salicylique ; amener les matériels ou équipements hors unité, sont des choses à ne pas faire.
- Quelles sont les mesures de préventions contre Ebola ?
L’hygiène individuelle des mains ; éviter tout contact avec les malades, cadavres ou ses effets sans protection ; ne pas se rendre en zone épidémique ; désinfecter le domicile des malades/décès ; désinfecter l’unité de soins, sont des mesures préventives contre la maladie.
– A l’endroit de la population générale :
- ne pas se rendre en zone d’épidémie.
- éviter le contact avec un malade d’Ebola ou ses effets.
- éviter la manipulation de la viande fraiche d’animaux sauvages comme le singe, les antilopes, le cochon et la chauve souris.
- appeler les équipes spécialisées pour l’enterrement des décès d’Ebola.
- ne pas transférer les morts d’Ebola d’une ville vers une autre.
– A l’endroit du personnel de Santé et des stagiaires en Médecine.
En plus de ces mesures sus mentionnées, le personnel médical doit redoubler de vigilance :
- ne pas examiner ou procéder à des prélèvements sans équipements de protection adéquats.
- se désinfecter avant et après tout geste médical.
- devant un cas d’épidémie, chaque malade doit avoir son matériel médical.
- Quelles sont les maladies virales qui ont pour signes communs hémorragies internes/externes et état de choc ?
Le Flaviviridae, Bunyaviridae, Arenaviridae, Filoviridae (Ebola, Marburg) sont des maladies virales qui ont pour signes communs les hémorragies internes/externes et l’état de choc.
- Existe t-il un traitement contre la maladie ?
De nos jours, il n’existe aucun traitement contre le virus Ebola. Cependant, un vaccin est en cours d’expérimentation sur des singes et le résultat est assez encourageant.
Pr Sounkalo Dao Enseignant chercheur et Professeur chargé des cours d’infectiologie à la Faculté de médecine et d’odontostomatologie de Bamako
- NDLR sur la rivière Ebola (AB) : Il existe différents affluents de la rivière Ebola, tels que Inkisi, Zadi, Kwango, Sankuru, Bornou, Arahouimi etc et cette rivière constitue la frontière entre la République démocratique du Congo et la République du Congo. Elle est longue de 225 km. Bien que cette rivière soit officiellement nommée Ebola, on se réfère toujours au fleuve Congo ou fleuve Zaïre. Presque personne ne l’appelle par son nom : Ebola. De plus, personne n’ose se baigner dans ses eaux, alors que le virus ne se transmet pas par voie fluviale.
La rivière Ebola était un acteur très important de la vie économique avant août 1976. Elle avait une valeur touristique enviable. Cependant, le nom de la rivière est devenu célèbre après la mort de Mabalo Lokela, un directeur d’école qui fut la toute première victime du virus, et d’une religieuse belge qui a attiré l’attention d’un médecin belge Peter Piot (l’homme qui a découvert le virus). Mabalo Lokela était en tournée avec un petit groupe d’une mission de Yambuku quand il a contracté la maladie.
Le premier cas identifié a été découvert à Yambuku, environ à 96 km de la rivière Ebola. La maladie aurait pu être nommée “virus de la maladie Yambuku”, mais a été nommée d’après la rivière, dont le seul « crime » était d’être sur la carte de la République démocratique du Congo où Peter Piot et son équipe cherchaient une rivière. Piot et ses collègues ont appris beaucoup de choses sur le virus à Yambuku, mais n’ont pas voulut lui associer le nom. "Nous ne voulions pas le nommer d’après le village, Yambuku, parce que c’est tellement stigmatisant," dira plus tard Peter Piot à la BBC. "Vous ne voulez pas être associé à cela." L’équipe a décidé de nommer le virus d’après une rivière. Ils avaient une carte du Congo, et la rivière la plus proche qu’ils pouvaient voir était la rivière Ebola. Et c’est ainsi que la rivière donna son nom à une maladie stigmatisante.
d’après thecable.ng
MARBURG
– Principaux faits
- Le virus de Marburg provoque chez l’être humain une fièvre hémorragique sévère.
- Lors des flambées de fièvre hémorragique de Marburg, on a observé des taux de létalité de 24% à 88%.
- On considère que Rousettus aegypti, une roussette de la famille des Ptéropodidés, est l’hôte naturel du virus de Marburg. Cette chauve-souris transmet à l’homme le virus qui se propage ensuite dans la population par transmission interhumaine.
- Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique ni de vaccin.
Le virus Marburg est l’agent causal de la fièvre hémorragique de Marburg, une maladie dont le taux de létalité peut atteindre 88%. La fièvre de Marburg a été détectée pour la première fois en 1967, lors de flambées survenues simultanément à Marburg, qui lui a donné son nom, et à Francfort (Allemagne), ainsi qu’à Belgrade (Serbie).
Les virus Marburg et Ebola appartiennent tous deux à la famille des Filoviridés (filovirus). Bien qu’elles soient provoquées par deux virus différents, les deux maladies sont similaires sur le plan clinique. Toutes deux sont rares et ont la capacité de provoquer des flambées spectaculaires, avec un taux de létalité élevé.
Deux grandes flambées survenues simultanément en 1967 en Allemagne (à Marburg et Francfort) et en Serbie (à Belgrade) ont entraîné la reconnaissance initiale de la maladie. Elles étaient liées à des travaux en laboratoire sur des singes verts africains (Cercopithecus aethiops) importés d’Ouganda. Par la suite, on a signalé des flambées et des cas sporadiques en Angola, en République démocratique du Congo, au Kenya, en Afrique du Sud (chez une personne ayant voyagé peu avant au Zimbabwe) et en Ouganda. En 2008, deux cas indépendants ont été notifiés chez des voyageurs ayant visité une grotte abritant des colonies de roussettes (Rousettus) en Ouganda.
– Transmission
À l’origine, l’infection chez l’homme résulte d’une exposition prolongée dans des mines ou des grottes abritant des colonies de roussettes.
La transmission est avant tout interhumaine et résulte de contacts rapprochés avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées. Les rites funéraires au cours desquels les proches du défunt sont en contact direct avec son corps peuvent jouer un rôle important dans la transmission de Marburg. La transmission par du sperme infecté peut se produire pendant une période allant jusqu’à sept semaines après la guérison.
On a observé la transmission à des agents de santé s’occupant de patients atteints, lors de contacts rapprochés sans prendre les précautions correctes de lutte anti-infectieuse. La transmission par du matériel d’injection contaminé ou par des piqûres accidentelles s’associe à une atteinte plus grave, une dégradation rapide de l’état physique et peut-être une mortalité plus élevée.
– Signes et symptômes
La période d’incubation (le délai entre l’infection et l’apparition des symptômes) va de 2 à 21 jours.
La maladie provoquée par le virus Marburg s’installe brutalement, avec une fièvre élevée, de fortes céphalées et un état de malaise sévère. Les myalgies et les douleurs sont des manifestations courantes. Une diarrhée aqueuse profuse, des douleurs et des crampes abdominales, des nausées et des vomissements peuvent apparaître au troisième jour. La diarrhée peut persister une semaine. On décrit souvent les patients à ce stade comme ayant l’aspect de « fantômes », avec des yeux profondément enfoncés, un visage inexpressif et une léthargie extrême. Lors de la flambée européenne en 1967, on a observé chez la plupart des malades une éruption cutanée non prurigineuse entre le deuxième et le septième jour après l’apparition des symptômes.
De nombreux patients développent des manifestations hémorragiques sévères entre le cinquième et le septième jour et les cas mortels présentent en général des hémorragies sous une forme ou une autre, avec le plus souvent de multiples localisations. L’observation de sang frais dans les vomissures ou les selles s’accompagne souvent de saignements du nez, des gencives et du vagin. Les saignements spontanés aux points de ponction veineuse (pour administrer des liquides ou prélever des échantillons sanguins) peuvent être particulièrement problématiques. Pendant la phase intense de la maladie, on observe une forte fièvre. L’atteinte du système nerveux central peut entraîner des états confusionnels, de l’irritabilité et de l’agressivité. On a signalé de temps à autre des orchites à un stade tardif de la maladie (quinzième jour).
Dans les cas mortels, le décès intervient 8 à 9 jours après l’apparition des symptômes et il est en général précédé d’une perte de sang abondante et d’un choc.
– Diagnostic
Les diagnostics différentiels sont en général les suivants : paludisme, typhoïde, shigellose, choléra, leptospirose, rickettsiose, peste, fièvre récurrente, méningite, hépatite et autres fièvres virales hémorragiques.
Le diagnostic définitif des infections à virus Marburg ne peut être posé qu’en laboratoire, au moyen d’un certain nombre de tests :
- titrage immunoenzymatique (ELISA) ;
- recherche des antigènes ;
- réaction de neutralisation sur sérum ;
- PCR avec transcriptase inverse (RT-PCR) ;
- isolement du virus sur culture cellulaire.
Les analyses des échantillons cliniques s’accompagnent d’un risque biologique extrême et ne sont faites que dans des conditions de confinement maximum.
– Traitement et vaccin
Les cas graves requièrent des soins intensifs, ces patients nécessitant souvent l’administration de solutés d’électrolytes en intraveineuse ou par voie orale pour les réhydrater.
Il n’existe ni traitement spécifique, ni vaccin. Plusieurs vaccins candidats sont à l’essai, mais on risque de devoir attendre encore plusieurs années avant que l’un d’entre eux ne soit disponible. De nouveaux traitements médicamenteux ont donné des résultats prometteurs au cours d’études en laboratoire et ils sont en cours d’évaluation.
– Hôtes naturels du virus Marburg
En Afrique, on considère que les roussettes de la famille des Ptéropodidés, notamment les espèces appartenant au genre Rousettus aegyptiacus, sont les hôtes naturels du virus Marburg. Il ne semble pas pathogène pour ces animaux. Par conséquent, sa répartition géographique pourrait se superposer à celle des roussettes.
– Virus Marburg chez l’animal
Des singes verts d’Afrique (Cercopithecus aethiops), importés d’Ouganda ont été à l’origine de l’infection chez l’homme lors de la première flambée.
Des inoculations expérimentales de différents virus Ebola sur le porc ont été rapportées et montrent que cet animal est sensible aux infections à filovirus et excrète le virus. Les porcs devraient donc être considérés comme des hôtes amplificateurs potentiels au cours des flambées. Bien qu’avec aucun autre animal domestique l’association avec des flambées de filovirus n’ait été confirmée, tous devraient être considérés, à titre de précaution et jusqu’à preuve du contraire, comme des hôtes amplificateurs potentiels.
– Prévention
Mesures de précaution pour les élevages de porc en zones d’endémie
Des mesures de précaution sont nécessaires dans les élevages de porc en Afrique pour éviter que ces animaux ne soient infectés par contact avec les roussettes. Il y aurait alors potentiellement une amplification du virus, qui pourrait provoquer des flambées ou y contribuer.
Réduction du risque infectieux pour l’homme
En l’absence de traitement efficace et de vaccin, la sensibilisation aux facteurs de risque et les mesures individuelles de protection pouvant être prises pour réduire l’exposition de l’homme au virus sont les seuls moyens de diminuer le nombre des cas et des décès.
Lors des flambées de fièvre hémorragique de Marburg, les messages de santé publique pour la réduction du risque doivent être axés sur :
- La diminution du risque de transmission de la chauve-souris à l’homme résultant de l’exposition prolongée dans des mines ou dans des grottes abritant des colonies de roussettes. Lors des activités liées au travail ou à la recherche ou pendant les visites touristiques dans les mines ou les grottes où il y a des roussettes, les personnes doivent porter des gants et d’autres vêtements de protection adaptés (y compris des masques).
- La diminution du risque de transmission interhumaine dans la communauté résultant du contact direct ou rapproché avec des patients infectés, notamment leurs liquides biologiques. Il faut éviter les contacts physiques rapprochés avec des patients ayant une fièvre de Marburg. Des gants et un équipement de protection individuel adapté doivent être portés pour soigner les malades à domicile. Il faut régulièrement se laver les mains après avoir rendu visite aux malades dans les hôpitaux, ou après les avoir soignés à domicile.
Les communautés touchées doivent s’efforcer d’informer la population de la nature de la maladie elle-même, comme des mesures nécessaires pour endiguer la flambée, y compris pendant les enterrements. En cas de décès dû à la fièvre de Marburg, le corps doit être enterré rapidement, dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire.
– Lutte contre l’infection dans les établissements de soins
La transmission interhumaine du virus Marburg est liée en premier lieu au contact direct avec le corps et les liquides biologiques et l’on a signalé des cas de transmission lorsque la dispensation des soins a été effectuée sans prendre des mesures suffisantes de lutte anti infectieuse.
Les agents de santé s’occupant de patients ayant une infection présumée ou confirmée par le virus Marburg doivent appliquer les précautions de lutte anti-infectieuse pour éviter toute exposition avec le sang ou les liquides corporels et tout contact non protégé avec un environnement susceptible d’être contaminé. Les soins à ces patients requièrent donc des mesures de lutte spécifiques et le renforcement des précautions habituelles, notamment l’hygiène des mains, le port d’un équipement de protection individuel (EPI), les pratiques pour la sécurité des injections et l’enterrement des victimes dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire.
Le personnel des laboratoires est également exposé. Les échantillons prélevés sur des cas présumés, homme ou animal, doivent être manipulés par du personnel formé et analysés dans des laboratoires dotés d’un équipement suffisant.
– Action de l’OMS
L’OMS s’est impliquée à chaque fois en fournissant une expertise et de la documentation pour aider à enquêter sur les flambées et à les combattre.
Les recommandations pour la lutte anti-infectieuse au moment de soigner des patients atteints d’une fièvre hémorragique de Marburg présumée ou confirmée sont données par : Interim infection control recommendations for care of patients with suspected or confirmed filovirus (Ebola, Marburg) Haemorrhagic Fever, paru en mars 2008.
L’OMS a publié un aide-mémoire sur les précautions standard à appliquer pour les soins de santé. Celles-ci visent à réduire le risque de transmission des agents pathogènes, dont ceux véhiculés par le sang. Leur application universelle aiderait à éviter la plupart des cas de transmission lors d’expositions à du sang ou à des liquides biologiques. Ces précautions sont préconisées pour les soins et le traitement de tous les patients, quel que soit leur état infectieux perçu ou confirmé. Elles englobent le niveau de base de la lutte anti-infectieuse et comportent l’hygiène des mains, le port d’un équipement de protection individuel, le fait d’éviter les contacts directs avec le sang et les liquides biologiques, la prévention des blessures par piqûre ou avec des instruments tranchants ou pointus et un ensemble de contrôles de l’environnement.
source OMS
Fièvre de LASSA
La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique causée par un Arénavirus, le virus Lassa. Celui-ci est endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, où il infecte de 100 à 300 000 personnes par an dont 5 à 6 000 succombent. Il n’existe à ce jour aucun vaccin contre ce virus qui représente non seulement un problème de santé publique, mais qui de plus fait partie des agents potentiellement utilisables pour le bioterrorisme.
Les arénavirus sont enveloppés avec un aspect bisegmentés et granulaire. Ils sont tous les agents pathogènes des rongeurs, chez lesquels ils ne provoquent pas de symptômes de la maladie. Il y a 11 membres de la famille des arénavirus, tous divisés en 2 groupes plutôt arbitraires : Vieux Monde et Nouveau Monde.
Lassa est un virus ancien, même si la distinction est là encore assez arbitraire car il est existe beaucoup de réactivité croisée des virus en raison des épitopes communs trouvés sur leur protéine de nucléocapside. Lassa est le plus étroitement lié à LCMV (virus de la chorioméningite lymphocytaire), représenté par le test de fixation du complément. Pour cette raison, LCMV est couramment utilisé comme un modèle dans les études de la fièvre de Lassa. Le virus de Lassa est un virus à ARN négatif, ce qui signifie que son génome ne participe pas directement à la synthèse des protéines.
– Symptômes
Le tableau clinique de la fièvre de Lassa est variable, depuis l’infection asymptomatique, très fréquente (80% des cas) à une fièvre hémorragique foudroyante. La maladie débute 6 à 21 jours après l’infection par des signes cliniques peu spécifiques : fièvre, vomissements, nausées, douleurs abdominales, céphalées, myalgies, arthralgies, asthénie. Dans les cas sévères, les symptômes s’aggravent ensuite, avec l’apparition d’œdèmes, de signes hémorragiques, d’épanchements péricardiques et pleuraux, et plus rarement d’encéphalites.
En raison de cette longue période d’incubation, c’est l’un des virus les plus « importés » dans le monde. Les voyageurs ne tombent malades que des semaines après l’exposition au virus, ce qui a conduit à la propagation du virus à la fois aux États-Unis, à Chicago en 1989, et en Allemagne, les pays les mieux documentés sur les cas de sa propagation. Le virus a été isolé à partir de sang humain jusqu’à 19 jours après l’infection et de l’urine jusqu’à 32 jours après l’infection. Le virus peut être excrété dans l’urine de patients pendant trois à neuf semaines après le début de la maladie et peut se propager par le sperme jusqu’à trois mois.
Parce que les symptômes de la fièvre de Lassa sont non spécifiques et difficiles à différencier entre ceux du paludisme, la fièvre jaune et d’autres fièvres hémorragiques, le diagnostic définitif nécessite des tests ELISA et PCRen laboratoire.
Le patient décède dans un contexte de choc hypotensif et hypovolémique et de défaillances rénale et hépatique.
La fièvre de Lassa est d’une extrême gravité pour la femme enceinte, conduisant fréquemment au décès de la mère et systématiquement à celui du fœtus.
-Des séquelles possibles chez les survivants
Chez les patients qui survivent à l’infection, la fièvre disparait environ 10 jours après le début des symptômes, mais grande fatigue, malaise et vertiges peuvent persister plusieurs semaines. Un tiers de ces patients présentent de graves séquelles : surdité uni ou bilatérale, temporaire ou définitive qui se produit pour un tiers des patients, myocardite, perte de cheveux, perte de coordination, des syndromes psychiatriques (comme la manie, la dépression, la démence, la psychose et les troubles du sommeil).
-Épidémiologie
Un virus endémique en Afrique de l’Ouest
Le virus Lassa doit son nom à la ville du Nigeria où il a été isolé pour la première fois en 1969 chez une infirmière tombée malade après avoir prodigué des soins, et qui en mourut, après avoir contaminé deux autres personnels soignants.
La fièvre de Lassa est endémique au Nigeria, en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, où des flambées épidémiques surviennent régulièrement. L’incidence de la maladie a augmenté ces dernières années, du fait des troubles politiques ayant entraîné un afflux de réfugiés dans les zones touchées. Bien qu’aucun cas n’ait été décrit en Côte d’Ivoire et au Ghana, ces pays pourraient potentiellement être également touchés par le virus. Enfin, la fièvre de Lassa est la fièvre hémorragique la plus fréquemment importée dans les pays du Nord, avec plus de vingt cas recensés depuis 1969.
– Un petit rongeur domestique, réservoir du virus
Le principal réservoir du virus Lassa est un petit rongeur péri-domestique appelé Mastomys natalensis, le "rat à mamelles multiples" dont il existe au moins deux espèces de vecteurs : Mastomys huberti et Mastomys erythroleucus. Ces rongeurs se reproduisent à des taux très élevés et aiment vivre à proximité immédiate de l’homme, en particulier là où la nourriture est conservée. Le contact avec le virus peut se produire par le biais des aliments infectés, l’inhalation de particules virales dans l’air, et même par la consommation de Mastomys comme source de nourriture. Le virus se transmet à l’homme par contact avec les excréments de l’animal (urines, fèces). Un grand nombre de ces rongeurs vivent à proximité, voire à l’intérieur des habitations, et leur taux d’infection peut aller jusqu’à 80%.
Les contacts entre l’homme et le réservoir infecté sont donc très fréquents dans les villages. Le virus peut également se transmettre d’homme à homme, principalement dans un contexte hospitalier, par contacts cutané-muqueux avec les fluides biologiques d’un patient ( le sang, les tissus, les sécrétions ou d’excrétions d’une personne infectée).
– Traitement et vaccin
Un antiviral disponible mais inadapté au terrain
Il n’existe à ce jour qu’une seule molécule ayant montré une efficacité contre le virus Lassa. Il s’agit de la ribavirine, un antiviral à large spectre contre les virus à ARN utilisé en particulier pour le traitement de l’hépatite C.
Malheureusement, ce traitement ne représente pas une solution satisfaisante au problème que pose la fièvre de Lassa dans les pays endémiques : pour être efficace, la ribavirine doit être administrée très précocement après l’infection. Or les signes cliniques du début de la maladie sont similaires à ceux observés pour d’autres pathologies, comme le paludisme ou la dysenterie, très fréquentes dans ces zones du globe. L’implication du virus Lassa n’est donc souvent envisagée que plusieurs jours après l’apparition des symptômes, et la ribavirine, dans les rares cas où elle est disponible sur le terrain, est le plus souvent administrée trop tardivement pour être efficace.
– Des candidats vaccins prometteurs à l’étude
Des recherches sont actuellement menées afin de mettre au point un vaccin contre la fièvre de Lassa. Quelques candidats vaccins ayant montré une efficacité chez le primate sont à l’étude. Ils ont été pour la plupart élaborés à partir de vecteurs viraux atténués exprimant les glycoprotéines de surface et/ou la nucléoprotéine du virus Lassa. La protection induite par ces vaccins chez le singe semble dépendre de l’induction de réponses lymphocytaires cytotoxiques. Les mécanismes immunitaires mis en jeu chez l’homme survivant à la fièvre de Lassa étant probablement similaires, ces stratégies vaccinales sont prometteuses.
source : site de l’Institut Pasteur et bio.davidson.edu
Voir la fiche technique du virus de Lassa sur le très bon site de l’Agence de la santé publique du Canada
Current Molecular Epidemiology of Lassa Virus in Nigeria
6 Nigerian health workers test positive to Lassa fever
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- A lire
Le site du ministère des affaires sociales, de la santé et des droits de la femme, publie une page dédiée aux professionnels de santé à propos du virus Ebola.
– Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie
– Le laboratoire P4 de l’INSERM Jean Mérieux Depuis janvier 2004 la Fondation Mérieux a transféré à l’Inserm la totale responsabilité du fonctionnement technique du P4 Jean Mérieux / Inserm, et des activités scientifiques qui y sont conduites.
Le laboratoire P4 Jean Mérieux est un laboratoire de haut confinement dédié à l’étude des agents pathogène de classe 4 (Ebola, Marburg, Lassa, Junin, Machupo, Guanarito, Sabia, Crimée-Congo, Nipah, Hendra…). Le niveau de sécurité biologique qui y est appliqué est de 4, niveau le plus élevé.
Les chercheurs y travaillent équipés d’un scaphandre maintenu en surpression pour les protéger de toute contamination. Le laboratoire est lui-même maintenu en dépression afin de protéger l’environnement. De plus, tous les déchets produits sont totalement inactivés et l’air extrait est purifié par un système de double filtration absolue. Ce laboratoire est encore aujourd’hui la structure de ce niveau de confinement offrant la plus grande capacité d’expérimentation en Europe.
– Un très bon site de l’Agence de la santé publique du Canada sur le référencement des virus les plus pathogènes.
– Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies
– Centres pour le contrôle et la prévention des maladies
– Un très bon site sur les maladies tropicales. Assez complet. Plus de cent maladies recensées.
– Quand les biologistes jouent à nous faire peur
Comment on transporte un malade d’Ebola
A lire en complément la rubrique consacrée aux Accidents collectifs, attentats, gestion des risques, catastrophes naturelles, NRBC, Biotox, Piratome, Piratox, Plan ORSEC, PCS, PPI, CARE, EPRUS, réserve sanitaire
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Retrouvez l’actualité sur l’épidémie d’EBOLA au fil de cette page.
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Ebola : le défi sanitaire
le 25 août 2014
Le New England Journal of Medicine publie en édition avancée en ligne, ce 20 août 2014, un article de Frieden, Damon, Bell, Kenyon et Nichol du Centre américain de contrôle des maladies (CDC Atlanta). Ceux-ci, très impliqués dans la lutte contre le virus Ebola, font le constat que le nombre de malades dépasse à ce jour celui de la totalité de toutes les précédentes épidémies avec plus de mille morts dont de nombreux soignants. La propagation à Lagos au Nigéria dont la population est équivalente à celle cumulée de la Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria les inquiète particulièrement. Au regard de la mobilité des populations dans la région et du trafic aérien, le virus peut atteindre, selon eux, d’autres pays proches et bien au-delà.
Une mobilisation internationale
Pour protéger les USA et le reste du monde, le CDC américain travaille de façon intensive avec de nombreux partenaires pour arrêter l’épidémie à sa source en Afrique. Malgré cette aide aux quatre pays touchés, le risque persiste car chaque mois, plusieurs milliers de voyageurs partent et viennent de ces régions vers les USA, l’Europe, le reste de l’Afrique et l’Asie. Tant qu’Ebola se propage dans ces régions, les cliniciens devront être vigilants et rapidement isoler tout malade présentant des signes pendant les 21 jours de leur retour de la zone infestée. Trois mesures essentielles ont stoppé les précédentes épidémies et peuvent aussi arrêter celle-ci : identifier les cas index et les cas contacts ; isoler et traiter les malades ; assurer le suivi des cas contacts avec leur isolement dès l’apparition d’une fièvre, ce qui est essentiel et nécessite une mobilisation de la société avec une éducation à la santé.
Trois mesures simples contre Ebola, ce formidable ennemi
Premièrement afin d’éviter toute transmission au personnel de santé, il convient d’instituer une hygiène hospitalière méticuleuse dans les établissements sanitaires. En deuxième lieu une information et une aide aux populations pour se défaire des procédures funéraires traditionnelles doivent être mises en place pour les protéger des contacts avec les fluides corporels des patients décédés. Enfin en troisième lieu, il s’agit d’éviter le contact et la consommation de viandes provenant de la chasse dans les forêts et plus spécifiquement avec les chauves-souris, probable réservoir primaire du virus Ebola. Cela nécessite une augmentation des ressources économiques pour se procurer d’autres sources de protéines plus facilement. A ces mesures il faut ajouter l’accélération de la recherche d’un vaccin et de traitements efficaces.
Une épidémie n’importe où est un danger pour chacun
Le gouvernement américain associé avec l’OMS, d’autres acteurs gouvernementaux ou non, lancent l’agenda de sécurité sanitaire global qui a pour objectif de mieux protéger le monde contre les crises sanitaires liées à des micro-organismes émergents, ou ré-émergents. La tragique épidémie de l’Ouest Africain est une illustration de l’importance d’augmenter la sécurité sanitaire globale. Ebola est un rappel douloureux qu’une épidémie n’importe où peut être un risque pour chacun. Aider les pays à développer leur système de santé pour stopper la survenue d’une épidémie avant qu’elle ne devienne une urgence sanitaire est un impérieux devoir moral.
Dr Francis Leroy JIM.fr
RÉFÉRENCES
Frieden TR et coll. : Ebola 2014 - New Challenges, New Global Response and Responsibility. N Engl J Med., 2014 ; publication avancée en ligne le 20 août.
Ebola : l’étoffe des héros
Publié le 01/09/2014
Pour la plus part d’entre nous l’épidémie d’Ebola qui se développe en Afrique de l’Ouest reste une préoccupation lointaine. Presque une maladie rare comme le soulignent certains, puisqu’elle n’a tué "que" moins de 2 000 personnes jusqu’ici, ce qui est statistiquement bien peu au regard des millions de morts dues chaque année à des affections facilement curables à moindre coût comme le paludisme ou les diarrhées infectieuses.
Mais, même si cette épidémie ne menaçait pas d’une catastrophe sanitaire plusieurs pays d’Afrique comme le laisse penser son évolution très mal contrôlée, elle interpelle directement tous les professionnels de santé du monde. En ce qu’elle jette une lumière crue sur ce que nous avions oublié depuis plus de 50 ans : le risque (assumé) du métier de soignant.
Une infirmière prend la plume
Cette menace mortelle qui plane sur tous ceux qui prennent en charge les patients est attestée par le fait que sur les 1552 décès recensés au 28 août 2014, 8 % sont des médecins, des infirmières ou des membres du personnel de santé. Le démontre de façon plus frappante encore, la mort, avant même la publication dans Science, de 6 des signataires d’un article sur l’identification du virus en Sierra Leone au printemps de cette année.
Au delà de ces chiffres, un témoignage publié en ligne le 27 août 2014 par le New England Journal of Medicine nous permet de prendre réellement conscience des conditions extraordinaires, au sens étymologique du terme, dans lesquelles se propage Ebola et de l’abnégation des équipes sanitaires qui luttent contre l’épidémie.
Anja Woltz est une infirmière coordinatrice dans l’hôpital de campagne de Médecins sans Frontière (MSF) de Kailahun, localité située en Sierra Leone à peu de distance des frontières de la Guinée et du Liberia, c’est à dire à l’épicentre de l’épidémie.
Elle décrit avec sobriété son activité quotidienne dans ce "lazaret" de 80 lits où elle travaille depuis 8 semaines.
Une tenue de protection à retirer toutes les 40 minutes
L’activité y est dominée par des mesures de prévention maximale du risque de contamination, tant entre les patients simplement suspects d’infection à Ebola et ceux chez qui elle est confirmée, qu’entre les malades, les fluides corporels, les déchets sanitaires, les cadavres et les soignants qui sont, on l’a vu, les premières victimes d’Ebola.
Les deux piliers de la prévention de la transmission du virus sont l’organisation du centre en diverses zones à risque croissant et l’utilisation systématique par le personnel dans les zones à haut risque d’un équipement de protection individuelle (EPI).
Cette tenue comprend plusieurs couches, des lunettes, deux masques et deux paires de gants jetables superposées, des gants et des bottes épaisses, un lourd tablier...Devant être portée sans aucune exception dans les zones à haut risque, l’EPI est enfilé dans une salle d’habillage ad hoc sous la supervision d’un membre de l’équipe qui doit vérifier méticuleusement que pas un millimètre carré de peau ne pourrait être exposé à un contact avec des fluides corporels de patients. Compte tenu des conditions climatiques équatoriales il est recommandé de ne pas dépasser 40 minutes avec cet équipement de protection individuelle.
Un parcours à la Buzzati
A coté d’une zone dite à faible risque qui regroupe notamment la pharmacie, les vestiaires, le laboratoire, les tentes destinées aux réunions, le centre comprend un zone d’isolement à haut risque. Celle-ci est subdivisée en diverses tentes, pour les cas suspects (qui présentent une fièvre et trois symptômes de la maladie au moins), les cas probables qui ont de plus eu un contact avec un malade d’Ebola ou son cadavre et les cas confirmés (par une PCR pratiquée dans le laboratoire et dont les résultats sont connus le jour même ou le lendemain). Bien sûr tout est mis en œuvre pour éviter les contacts entre les patients des différentes tentes (même s’il s’agit de membres d’une même famille !). Parmi les tentes réservées aux Ebola confirmés, l’une reçoit les patients les plus sévèrement atteints dont le pronostic à court terme est mauvais. Et une dernière la morgue qui accueillait deux nouveaux corps, le jour où cet article a été écrit. Comme dans la nouvelle de Dino Buzzati, "Un cas intéressant", les patients passent ainsi d’une tente à l’autre en fonction de critères cliniques et biologiques, définis par les spécialistes de la maladie mais bien difficiles à leur expliquer.
Dans toutes leurs activités, pour minimiser les risques de contamination des cas suspects par les malades probables ou confirmés, les soignants cheminent également toujours des tentes les moins à risque vers celles des cas confirmés.
Faute de traitement spécifique les soins se réduisent à des mesures symptomatiques minimales (hydratation, oxygénation, nutrition, antibiothérapie en cas d’infections bactériennes, antalgiques...). Et l’accompagnement des malades est souvent limité par le nombre de patients pris en charge (8 entrants par exemple la veille de la rédaction de l’article) et par l’équipement de protection qui empêche tout contact rapproché et peut être vécu comme terrorisant, notamment par les enfants.
Une épidémie masquée
Dans cette atmosphère de Peste noire et de fin du monde, Anja Woltz partage avec nous cependant quelques moments d’espoir. Lorsqu’un sujet suspect est reconnu indemne grâce à une PCR négative et quitte le centre et surtout quand un malade confirmé peut-être considéré comme guéri après 3 jours sans symptômes et une PCR redevenue négative. Ces sorties de patients guéris donnent lieu à des chants et à des danses qui soutiennent le moral des soignants.
Cette expérience prenante de la lutte quotidienne des équipes soignantes contre l’épidémie n’empêche pas Anja Wolz de prendre de la hauteur et de pointer du doigt les insuffisances des structures sanitaires locales et de la réaction internationale.
Pour illustrer son propos il lui suffit de signaler que pour un district de 470 000 habitants, le ministère de la santé ne dispose que de 4 ambulances pour aller chercher les cas suspects dans les villages, d’ailleurs dans des conditions loin d’assurer l’isolement strict des patients entre eux. Et que le nombre de sujets contacts identifiés la semaine précédant la publication (250) par l’équipe est bien inférieur à celui qui était théoriquement attendu en fonction du nombre de cas confirmés puisqu’il aurait dû être supérieur à 1 500 si les enquêtes épidémiologiques avaient été complètes...
Ainsi pour Anja Woltz ce que nous savons aujourd’hui de l’épidémie n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon les témoignages de patients et ses contacts avec les équipes se rendant dans les villages un grand nombre de malades y décèdent dans des tableaux cliniques très évocateurs d’Ebola, hors des structures sanitaires, sans bien sûr confirmation biologique et sans être comptabilisés dans les statistiques nationales qui servent à l’OMS pour établir ses bilans réguliers.
A quelques heures d’avion de notre confort et de nos débats sur le mode de délivrance des médicaments, des équipes de soignants voyagent ainsi dans le temps au péril de leur vie et revivent le quotidien de la lutte contre les grandes épidémies de peste, de variole ou de typhus des siècles passés.
Chapeau !
Dr Anastasia Roublev JIM.fr
RÉFÉRENCES
Wolz A. : Face to face with Ebola-An emergency care center in Sierra Leone. N Engl J Med., 2014 ; publication avancée en ligne le 27 août. DOI : 10.1056/NEJMp1410179.
1) Gire S et coll. : Genomic surveillance elucidates Ebola virus origin and transmission during the 2014 outbreak. Science 2014, publication avancée en ligne le 28 août. DOI : 10.1126/science.1259657.
Le sujet était mis en ligne sur le forum le 29 août 2014
Ebola à Dallas : une erreur impitoyable ?
Simulation de prise en charge d’un patient Ebola aux Etats-Unis
Dallas, le jeudi 2 octobre 2014
« Ironie du sort » constate le Docteur Edward Goodman, épidémiologiste au Texas Health Presbyterian Hospital de Dallas qui depuis le 28 septembre accueille le premier patient infecté par le virus Ebola diagnostiqué hors d’Afrique. « Nous avions un plan en place depuis quelques temps concernant la marche à suivre face à un patient avec une suspicion d’Ebola. Ironie du sort, nous avons tenu une réunion de toutes les parties concernées une semaine avant que ce malade ne se représente. Nous étions bien préparés à prendre en charge ce patient ». S’agit-t-il d’une déclaration sincère ou d’une analyse un brin « ironique » de la situation ? Car de fait, depuis que le 30 septembre les CDC ont confirmé le diagnostic d’un premier cas d’Ebola sur leur sol, les controverses vont bon train outre Atlantique. On s’y interroge sur l’erreur commise au Texas Health Presbyterian Hospital et plus généralement sur les lacunes de la préparation des équipes médicales.
L’Amérique est-elle vraiment prête ?
Nous l’avons en effet rapidement évoqué hier : ce patient, arrivé à Dallas le 20 septembre après avoir quitté Monrovia la veille et effectué deux escales l’une à Bruxelles l’autre à Washington a présenté les premiers symptômes de l’infection le 24 septembre. Le lendemain (et non le 26 comme annoncé précédemment), il s’est rendu aux urgences du Texas Health Presbyterian Hospital souffrant de fièvre et de douleurs abdominales mais sans vomissement et diarrhée et a été renvoyé chez lui quelques heures plus tard avec le diagnostic d’infection virale bénigne. Ce n’est que trois jours plus tard, alors que les symptômes se sont aggravés et qu’il est conduit à l’hôpital en ambulance, qu’une infection par le virus Ebola est enfin suspectée.
Or, à l’infirmière de triage, le 25 septembre, le patient avait précisé qu’il était originaire du Liberia et qu’il rendait visite à sa sœur. Mais cette information n’a pas été transmise au reste de l’équipe médicale. « Si le médecin du service d’urgence avait interrogé cette personne sur ses antécédents de voyage et que celle-ci lui avait dit revenir d’Afrique de l’Ouest, cela aurait tiré une énorme sonnette d’alarme » est pourtant convaincu le directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) Anthony Fauci qui s’exprimait sur le sujet hier, avant d’ajouter cependant : « Il est vraiment important de s’assurer que les médecins sont bien conscients que nous avons un problème, qu’il y a une épidémie en Afrique et que des personnes vont voyager aux Etats-Unis sans aucun symptôme ». Outre le rappel du directeur du NIAID, cette erreur alimente les critiques et les inquiétudes. Pour le journaliste canadien Christian Latreille (Radio Canada), il ne fait ainsi aucun doute que « Les Américains ont échoué à leur premier test concernant la présence du virus Ebola sur leur territoire » et conclue : « Les Etats-Unis peuvent se vanter d’assurer les meilleurs soins de santé au monde, mais sans la première ligne qui transmet l’information correctement, les risques de propagation, même en Amérique, de ce virus mortel sont bien réels ».
Des enfants, des ambulanciers et un nouveau cas suspect
Outre ces critiques très sévères, ces quatre jours durant lesquels le patient, présentant des symptômes, n’a pas été isolé, accroissent les difficultés pour rechercher les sujets éventuellement exposés au virus. Pour l’heure, les autorités ont identifié dix-huit personnes placées sous surveillance. Parmi elles, cinq sont des enfants et adolescents scolarisés dans quatre établissements différents de Dallas dont le lycée Emmett J. Conrad de Dallas où le proviseur a choisi d’alerter les familles.
Ces enfants ont été priés de demeurer chez eux et sont étroitement surveillé. Les trois professionnels qui ont pris en charge le patient lors de son transfert en ambulance le 28 septembre font également l’objet d’une grande vigilance : si les premiers tests réalisés se sont révélés négatifs, ils ont été priés de ne pas quitter leur domicile avant la fin de la période d’incubation de 21 jours. Enfin, l’un des proches du malade est actuellement également hospitalisé en quarantaine au Texas Health Presbyterian : bien que les tests ne l’aient pas encore confirmé, il pourrait s’agir d’un second cas d’infection par le virus Ebola et le premier cas de transmission de la maladie hors d’Afrique. Si les CDC ne se sont pas encore exprimés sur ce point, des recherches ont déjà été entamées pour retrouver les sujets avec lesquels ce second malade éventuel a été en contact.
Contaminé pour avoir tenté de secourir une femme enceinte
Soulignons enfin que des informations plus complètes ont été données sur le premier patient et sur la façon dont il a été probablement contaminé par le virus Ebola. Thomas Eric Ducan, libérien, voyage aux Etats-Unis pour rendre visite à sa famille et notamment à sa sœur. Cinq jours avant son arrivée aux Etats-Unis, il a tenté de venir en aide à une jeune femme enceinte de sept mois contaminée par la fièvre Ebola. En l’absence d’ambulance, Thomas Eric Ducan a conduit Marthalene Williams, 19 ans, à l’hôpital en taxi. Cependant, l’établissement n’a pu accueillir la jeune femme faute de place. Thomas Ducan a donc raccompagné la malade chez elle, a même aidé à la porter jusqu’à sa chambre, où elle est morte quelques heures plus tard.
Aurélie Haroche JIM.fr
La pire épidémie du virus Ebola de l’histoire
Amanda L. Chan 08/10/2014, Huffington post
La pire épidémie du virus Ebola de l’histoire, actuellement répandu en Afrique de l’Ouest, a fait près de 3400 victimes, selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. Les décès sont survenus en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée et au Nigeria. Et un premier cas a été détecté cette semaine hors d’Afrique, en Europe.
La souche Zaïre du virus Ebola qui est impliquée dans l’épidémie actuelle avait atteint un taux de mortalité de 90% par le passé. Néanmoins, le taux de mortalité actuelle est inférieur. Selon le Docteur Nahid Bhadelia, directrice du contrôle des infections au laboratoire national des maladies infectieuses émergentes de l’université de Boston, cela s’explique car "ces 90% correspondent à des situations où aucun traitement n’est administré". "À l’heure actuelle, on note une mortalité de 60% avec un traitement symptomatique", déclare-t-elle au HuffPost US.
Mais comment fonctionne exactement le virus Ebola connu pour entraîner des symptômes graves, comme des saignements au niveau des yeux et des oreilles, allant jusqu’à la mort ?
Le Docteur Bhadelia explique pourquoi l’organisme avait tant de difficultés à vaincre ce virus mortel.
- Comment le virus Ebola pénètre-t-il dans l’organisme en premier lieu ?
Selon le Docteur Bhadelia, le virus Ebola ne se transmet pas par l’air. Vous devez être en contact avec lui d’une certaine façon pour être exposé à un risque d’infection. On peut être contaminé en cas d’exposition à un animal porteur du virus (comme une chauve-souris ou un primate), à des fluides corporels d’un humain infecté et symptomatique, mais aussi à des éléments contaminés par le virus. Les gens qui "prodiguent des soins à un membre de leur foyer... lorsqu’ils nettoient les vomissements ou la diarrhée, ils sont en contact (avec le virus) et sont contaminés par ces fluides, explique-t-elle. Ce virus rentre dans votre organisme par le nez, la bouche, etc."
Le virus Ebola peut également survivre à l’extérieur de l’hôte pendant une période considérable (deux jours) à température ambiante. "Voilà pourquoi le contrôle de l’infection est aussi important, déclare le Docteur Bhadelia. Si vous stérilisez le matériel, si vous disposez de désinfectants et si vous pouvez nettoyer tous ces environnements et isoler parfaitement les patients, l’épidémie ne gagnerait jamais du terrain". Elle ajoute que les endroits avec un contrôle de l’infection et une infrastructure médicale adaptés ne sont exposés à "aucun risque d’épidémie" de ce pathogène.
- Que se passe-t-il dans l’organisme après l’infection ?
Une fois que le virus Ebola s’introduit dans l’organisme, il rentre dans les cellules du corps et se reproduit. "Puis, les cellules éclatent, ce qui crée cette protéine qui cause des dégâts", explique le Docteur Bhadelia. La protéine est appelée "glycoprotéine du virus Ebola" et se fixe aux cellules à l’intérieur des vaisseaux sanguins. Ceci accroît leur perméabilité, entraînant ainsi des écoulements de sang. "Le virus perturbe la capacité de l’organisme à coaguler et épaissir le sang", indique-t-elle. Même les patients sans symptômes hémorragiques apparents souffriront de ces saignements des vaisseaux pouvant finalement conduire à l’état de choc et, au final, à la mort.
Le virus Ebola se caractérise aussi par sa capacité à échapper aux défenses naturelles de l’organisme : il bloque le signalement effectué aux cellules appelées "neutrophiles", des globules blancs chargés d’alerter le système immunitaire. Ebola infectera alors les cellules immunitaires et passera dans d’autres parties de l’organisme : le foie, les reins, la rate et le cerveau.
Chaque fois que l’une des cellules est infectée par le virus Ebola et éclate répandant ainsi son contenu, la présence des particules du virus active des molécules appelées "cytokines". Dans un organisme sain, ces substances sont chargées de provoquer une réaction inflammatoire pour que le corps sache qu’il est attaqué. Le Docteur Bhadelia explique que, dans le cas d’un patient atteint par le virus Ebola, "la libération (de cytokines) est tellement importante qu’elle provoque des symptômes analogues à ceux de la grippe", qui sont le premier signe du virus Ebola.
- A quoi ressemblent les symptômes ?
Le virus Ebola commence généralement par des symptômes analogues à ceux de la grippe. Même s’il est connu pour des symptômes hémorragiques graves (saignement des yeux, etc.), ces derniers ne seront pas ressentis par tout le monde. "En réalité, seulement 20% des gens présenteront (ces symptômes graves)", déclare le Docteur Bhadelia. "Certaines personnes peuvent succomber à la maladie avant qu’elle n’atteigne ce stade, d’autres peuvent avoir des saignements mineurs, d’autres encore peuvent juste avoir les gencives qui saignent ou des bleus."
Les symptômes analogues à ceux de la grippe surviennent généralement aux premiers stades de la maladie, avant que la personne ne devienne plus malade et commence à avoir des symptômes plus graves : vomissements, diarrhée et pression artérielle basse. Les hémorragies importantes ont lieu vers la fin de la maladie. Les gens qui décèdent des suites d’une infection par le virus Ebola finissent généralement par mourir d’une défaillance de plusieurs organes et d’un état de choc. "L’état de choc est provoqué par les saignements. Votre corps saigne à différents endroits et le sang s’écoule de vos vaisseaux sanguins, explique le Docteur Bhadelia. Même si (vous ne présentez pas) de caractéristiques hémorragiques, vous perdez quand même du sang."
- Comment est-il possible que certaines personnes aient survécu à cette infection mortelle ?
Cela s’explique principalement par deux choses. La première est la santé générale de la personne : son système immunitaire et sa capacité à se rétablir rapidement suite à une infection virale. La deuxième est la façon dont elle a été contaminée. Selon le Docteur Bhadelia, la guérison est plus probable si l’exposition n’était pas grave : la personne a peut-être été en contact avec une personne qui était seulement au début de la maladie. La quantité de virus dans les fluides corporels n’était donc pas encore très élevée.
De plus, on sait que le virus Ebola a besoin d’un marqueur connu qui aide à le transporter de la surface à l’intérieur des cellules. Les chercheurs ont découvert dans des essais en laboratoire que les lignées cellulaires de certaines personnes ne comportaient pas ce marqueur ou qu’il pouvait avoir muté d’une certaine façon empêchant le virus de pénétrer les cellules. Le Docteur Bhadelia explique que les recherches à ce sujet en sont encore à leurs débuts et les connaissances sur le comportement du virus évoluent encore.
Néanmoins, les découvertes de ce genre ouvrent la voie à des traitements potentiels. Le Docteur Bhadelia déclare qu’à l’heure actuelle, les recherches visent à mettre au point des soins qui fonctionnent de différentes façons. Parmi celles-ci, on compte le fait d’empêcher le virus de se reproduire une fois qu’il est dans la cellule. "En fait, cela permet de mettre un terme au processus et d’éviter que le virus ne copie inlassablement son matériel génétique pour créer de nouveaux virus", indique le Docteur Bhadelia. Une autre idée est d’aider le système immunitaire à réagir rapidement contre le virus Ebola en l’exposant à une version atténuée. De cette façon, "il peut lutter efficacement. Donc, lorsque le véritable virus se présente, le système immunitaire n’est pas contourné, comme il l’est régulièrement." Enfin, une autre solution est de créer des anticorps spécifiques contre le virus pour "donner au système immunitaire un élan venant de l’extérieur".
Ebola : scandale national en Espagne et catastrophe internationale
Madrid, le mercredi 8 octobre 2014
Plusieurs professionnels de santé travaillant au sein de l’hôpital Carlos III à Madrid ont quitté leur poste un peu plus d’un quart d’heure hier après-midi pour se rassembler aux abords de l’établissement. Cette manifestation improvisée avait pour objectif de dénoncer de graves manquements dans la prise en charge par l’établissement des deux missionnaires infectés par le virus Ebola en Afrique et rapatriés en Espagne. Manquements qui auraient contribué à la contamination d’une aide soignante. Ne cachant pas leur colère, les infirmières ont réclamé la démission du ministre de la Santé, Ana Mato.
Un centre de référence qui ne faisait plus réellement référence
A leur instar, une partie de la communauté médicale espagnole ainsi que de l’opposition considère que cette transmission du virus Ebola n’est pas uniquement le résultat d’une erreur individuelle (encore à déterminer) mais bien la manifestation d’un défaut de préparation, soit un véritable scandale national. Il faut dire que les révélations se sont multipliées hier. Outre l’utilisation probable, évoquée par plusieurs journaux dont El Pais, de combinaisons insuffisamment protectrices (et en particulier non ventilées), les soupçons se portent également sur les compétences du service et de son personnel. L’hôpital Carlos III est en effet loin de l’image du centre de référence d’excellence que l’on avait bien voulu dépeindre au moment de l’arrivée du premier missionnaire le 7 août dernier. Cible des restrictions budgétaires imposées par le gouvernement pour faire face à la crise, Carlos III a vu son activité considérablement évoluer ces derniers mois, n’accueillant plus que les hospitalisations de moyenne et longue durée. Le service spécialisé en maladies infectieuses épidémiques ou pandémiques n’avait pas échappé à cette mutation. « Avec les coupes budgétaires liées à la crise, le service de santé de la région a décidé que l’hôpital n’allait plus être la référence en matière de traitement des épidémies, parce qu’il ne remplissait pas les exigences nécessaires pour cela. Mais quand est arrivé le premier missionnaire infecté, il a été rouvert à la va-vite en une journée, alors qu’on nous disait qu’il fallait y faire des travaux », explique aux journalistes présents devant les portes de l’établissement José Cano, délégué syndical du syndicat des infirmiers Satse, malgré le mot d’ordre de la direction de l’hôpital de ne pas faire de commentaire à la presse.
L’Espagne victime d’une certaine folie des grandeurs ?
Avant même l’arrivée du premier missionnaire, ces critiques se faisaient déjà entendre et le président d’un des principaux syndicats de médecins avait déjà alerté sur l’absence en Espagne de centres suffisamment armés pour faire face à la prise en charge d’un cas d’Ebola dans des conditions optimales. Des réserves qui n’avaient pas été entendues par un gouvernement voulant sans doute affirmer au monde entier son audace et ses capacités face à l’épidémie.
Quinze minutes de préparation à un protocole de protection extrêmement minutieux
Ces précisions sur la situation complexe du centre Carlos III expliquent les défauts de formation du corps médical, évoqués par de nombreux intervenants ces dernières vingt-quatre heures. « Bien avant le premier cas d’Ebola en Espagne, nous avions demandé une formation, un entraînement et des simulations pour se préparer à de possibles cas. Mais nous n’avons jamais eu de réponse, et lorsque le premier missionnaire infecté a été rapatrié tout a été fait rapidement, avec beaucoup d’improvisation et de négligence, et nous avons reçu des formations de quinze minutes », assure ainsi José Cano cité par le Monde. Or, la préparation est essentielle rappelle l’ensemble des spécialistes. Les volontaires de la Croix Rouge reçoivent ainsi en général une préparation pendant huit jours avant d’être envoyés sur le terrain, tandis que les experts s’accordent pour affirmer qu’un minimum de 48 heures est requis pour assurer un niveau minimum de sécurité. En effet, la moindre erreur peut être fatale, comme semble le démontrer le cas actuel et les difficultés sont accrues pour les personnels hospitaliers les plus exposés à certains déchets organiques, dont les aides soignantes.
Des symptômes qui ne mettent pas la puce à l’oreille des responsables de l’hôpital
Enfin, les critiques se concentrent sur la faiblesse du suivi des personnels médicaux ayant été en contact avec les missionnaires infectés par Ebola pris en charge à Madrid avant de succomber. Il se limiterait en effet à un simple coup de téléphone quotidien, doublé apparemment d’une absence de vigilance assez marquée. Ainsi, dans le cas de l’aide soignante, la presse a révélé hier qu’elle a prévenu l’hôpital qu’elle souffrait de fièvre et d’une sensation de malaise général dès le 30 septembre, jour de l’apparition des symptômes. Mais l’alerte n’a été donnée que six jours plus tard, quand elle a effectivement consulté.
Pour le directeur de Carlos III, cette accusation ne serait cependant pas recevable, les symptômes décrits ne permettant pas selon lui de suspecter une contamination par le virus ! Ces différents éléments attisent la colère mais aussi la peur des personnels soignants alors que trois autres personnes ont été hospitalisées hier : le mari de l’aide-soignante, un ingénieur d’origine nigériane et une infirmière dont les tests pour le virus Ebola sont pour l’heure tous négatifs. Leur déception et leur amertume sont d’autant plus fortes que le service public hospitalier espagnol est confronté depuis des années aux restrictions et aux difficultés budgétaires.
Situation « calamiteuse »
Alors qu’en Espagne, la contamination de cette aide soignante est donc en passe de devenir un scandale national, en Afrique, la situation demeure hors de contrôle. Pourtant, comme le relèvent inquiets plusieurs membres de Médecins sans frontières (MSF) au Liberia, on assiste de plus en plus à un déni de la maladie. En dépit de la présence du virus sur l’ensemble du territoire, beaucoup de Libériens, en particulier dans la capitale, ont en effet décidé de reprendre une « vie normale » et d’ignorer une grande partie des multiples recommandations répétées régulièrement ces derniers semaines. Une telle situation fait résonner d’un écho plus sombre encore les déclarations du chercheur Peter Piot, l’un des découvreurs du virus Ebola. Dans un entretien accordé au quotidien britannique « The Gardian », le spécialiste se désole : « Je n’avais jamais imaginé qu’une situation aussi calamiteuse puisse arriver ».
Aujourd’hui, alors que les moyens manquent cruellement pour réussir une recherche efficace de l’ensemble des sujets ayant été en contact avec des patients infectés (notamment dans les quartiers surpeuplés de Monrovia), il estime : « Nous n’avons pas d’autres choix que de tout tenter, je dis bien tout. (…) Cela apparaît évident pour tout le monde qu’il ne s’agit plus seulement d’une épidémie mais bien d’une catastrophe humanitaire. Nous n’avons pas seulement besoin de personnel de santé mais aussi d’une excellente logistique, de camions, de jeeps et de denrées alimentaires. Une telle épidémie peut déstabiliser des régions entières » insiste-t-il.
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : rien de comparable depuis le Sida, pour le patron des CDC
Publié le 10/10/2014
Les événements tel celui qui s’est déroulé hier à Cergy confirment l’inquiétude croissante au sein de la population française mais également l’extrême vigilance des autorités face au risque représenté par l’arrivée du virus Ebola sur notre territoire. Un bâtiment de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales de Cergy Pontoise (Val d’Oise) a en effet été confiné pendant quelques heures, après que deux adolescents africains, ayant récemment transité par la Guinée et consultant les services sociaux, se soient plaints en son sein d’une sensation de malaise et de symptômes grippaux. L’alerte a été finalement levée après la réalisation d’examens médicaux ayant permis de lever le doute.
Contrôles à l’arrivée : pas en France
L’affaire confirme que la sensibilisation de ces dernières semaines a su favoriser l’acquisition de réflexes au sein des administrations françaises. Elle suggère également que les Français vont être plus attentifs à la mise en place de dispositifs permettant le plus possible d’éviter l’éventuelle diffusion du virus. Or parmi les méthodes pouvant être employées, figurent les contrôles des passagers en provenance des pays touchés à leur arrivée dans les aéroports internationaux.
On le sait, hier, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada ont annoncé qu’ils allaient renforcer ce type de contrôles. La France cependant pourrait ne pas suivre cette voie. Une telle mesure « apparaît simple et de bon sens » a reconnu le ministre de la Santé, Marisol Touraine sur I-Télé. Cependant, à ses yeux, c’est en priorité sur le contrôle au départ qu’il faut mettre l’accent (semblant considérer pour l’heure que cette action doive exclure l’autre). « Les contrôles à l’arrivée, vous savez, d’abord on peut ne pas avoir de symptômes, on peut venir d’une autre destination (…). Ne faisons pas comme si le contrôle à l’arrivée était la solution miracle » a-t-elle encore ajouté, ne manquant pas d’étonner certains observateurs.
Alerte maximum dans la Grande Pomme
Tandis qu’à Paris, on considère que l’heure est encore à faire des choix entre telle ou telle stratégie, à New York, on préfère ne rien laisser au hasard. La grande pomme se prépare plus qu’aucune autre grande ville occidentale dans le monde à l’arrivée d’un cas d’Ebola. Aussi, les exercices se multiplient au sein des hôpitaux de la ville qui ont dû faire face cette semaine à de faux patients… afin de tester leur réaction. L’objectif est notamment d’éviter que ne se reproduise l’erreur commise à Dallas, où le premier patient diagnostiqué hors d’Afrique (et mort ce jeudi) a été pris en charge avec deux jours de retard. De même, les standardistes du « 911 » ont été formés pour poser les questions permettant de repérer d’éventuels malades.
Les hôpitaux occidentaux parfois impuissants face à Ebola
Si une telle minutie s’impose et si l’inquiétude paraît monter d’un cran c’est que la situation continue de s’assombrir. D’abord, la mort du patient libérien à Dallas et la dégradation brutale de l’état de l’aide soignante à Madrid qui a dû être intubée hier confirment si besoin en était qu’Ebola reste une maladie extrêmement grave, même au sein des hôpitaux occidentaux, alors que la guérison de plusieurs humanitaires aux Etats-Unis ou en France (à l’exception des missionnaires espagnols plus âgés) aurait pu faire naître des espoirs infondés.
Nouvelle flambée en Guinée
Surtout, en Afrique, l’épidémie demeure hors de contrôle. Ainsi, même en Guinée, souvent présentée comme celui des trois pays les plus touchés où la situation est le mieux maitrisée, des signaux inquiétants sont à relever. Après une longue accalmie, un nouvel afflux de cas désespère les organisations présentes sur place. Médecins sans frontière évoque notamment la prise en charge pour la seule journée du 6 octobre par le centre Ebola de Donka au centre de la capitale de 22 nouveaux patients. Ces derniers étaient majoritairement en provenance de la région de Coyah située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. « Il y a trois chaînes de contaminations actuellement présentes dans quatre quartiers de Conakry.
Avec cette nouvelle chaîne de Coya dont on ignore l’origine pour l’instant, ainsi que celles de Forécariah et Dalaba que l’on connaît mais sur lesquelles nous n’avons pas d’informations, nous risquons d’être débordés. Depuis le début, on s’est toujours adaptés en réussissant à repousser les limites. Mais aujourd’hui le centre initialement prévu pour trois mois est confronté à ses limites physiques » témoigne Stéphane Hauser responsable du centre de Donka.
Echec scientifique
Cette situation dramatique et alors que le nombre de victimes devrait très prochainement dépasser la barre des 4 000 pousse certains à employer des formules chocs. « Depuis trente ans que je travaille dans la santé publique, la seule chose comparable a été le sida » a ainsi déclaré hier le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, le docteur Tom Frieden. De son côté, le patron de MSF Mego Terzian qui estime qu’une des raisons de cette flambée est liée à l’attitude de l’OMS qui a tardé à prendre conscience de la gravité de l’épidémie, affirme en outre que la situation actuelle est le résultat d’un « échec scientifique : il n’y a pas de test rapide, pas de vaccin, pas de traitement ».
Aurélie Haroche, source JIM.fr
Ebola et les robots
11 octobre 2014
Ashoka Mukpo, âgé de 33 ans, cameraman freelance recruté récemment par la chaîne de télévision américaine NBC a été rapatrié il y a quelques jours aux Etats-Unis : il est infecté par le virus Ebola.
L’homme n’étant pas professionnel de santé, les médias ont voulu en savoir plus sur les circonstances de sa contamination. Si ces dernières demeurent difficiles à déterminer avec certitude, Ashoka Mukpo pense qu’il a été exposé au virus Ebola lorsqu’il a participé à la désinfection d’une voiture dans laquelle avait été transporté un homme mort, victime de la fièvre Ebola. Cet épisode met en lumière les risques très importants liés aux opérations de décontamination tout en confirmant l’extrême nécessité de ces interventions.
Petit mais costaud
Dès lors, l’homme semblait nécessiter le recours de ses fidèles alliées : les machines. Depuis plusieurs années, au-delà de la menace représentée par Ebola (qui n’était hier pas aussi marquée) des entreprises américaines travaillent à la mise au point de robots de désinfection. Ainsi, la firme Xenex a lancé il y a quatre ans aux Etats-Unis, « Little Moe ». Ce robot utilise une lampe à xénon qui lui permet d’émettre des rayons ultraviolets. Ces derniers détruisent les virus et bactéries se trouvant sur le chemin de Little Moe, qui se montre particulièrement méticuleux dans l’inspection des pièces où il est lancé. Par ailleurs, le robot est rapide : en cinq à dix minutes, son travail de désinfection totale est fait.
Une armée de robots en marche
« Little Moe » est aujourd’hui utilisé par 250 hôpitaux aux Etats-Unis, mais il vient de gagner en notoriété. Le robot a en effet été employé au Texas Presbyterian Hospital de Dallas où vient de mourir un patient libérien infecté par le virus Ebola, premier malade dont le diagnostic a été posé en dehors d’Afrique. L’utilisation de Little Moe semblait s’imposer puisqu’il permet d’éliminer le virus Ebola de toutes surfaces en deux minutes. Bien sûr cette expérience invite immédiatement à mesurer le bénéfice que pourrait représenter le recours de robots tel que Little Moe en Afrique. Déjà, cinq machines conçues par une autre firme répondant au nom plus explicite de TRU-D (Total Room Ultraviolet Disinfection) ont été envoyés au Liberia où ils doivent être utilisés dans deux hôpitaux.
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : la France renforce son dispositif, tandis que la contamination d’une infirmière américaine inquiète
Publié le 13/10/2014
Tandis que l’on entendait que de Londres à Washington, les réunions d’urgence ayant pour sujet principal l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique se multipliaient, la France semblait se montrer plus en recul face à la crise, tant en ce qui concerne le soutien aux pays Africains touchés que par la préparation de notre pays à recevoir d’éventuel cas.
Mais ce week-end, le ministre, Marisol Touraine a tenté de faire taire les mauvaises langues tout en rassurant la population. Ainsi, a été tout d’abord annoncée la mise en place d’un numéro vert, actif depuis ce samedi matin et accessible au 0800 13 00 00. Le ministre a également précisé, contrairement à des déclarations récentes, que Paris envisageait à son tour de renforcer les contrôles réalisés dans les aéroports auprès des voyageurs en provenance des pays les plus touchés. Affirmant vouloir appliquer la plus grande transparence, le ministre a en outre indiqué qu’un point presse hebdomadaire serait désormais tenu, tandis qu’une « task force » interministérielle a été constituée.
Enfin, si Marisol Touraine a promis qu’une information immédiate serait donnée en cas de cas avéré, elle a, a contrario, souligné qu’elle se refusait à tout commentaire quant aux suspicions qui se multiplient, comme ce vendredi à Bichat ou ce week-end à Dijon. Les tests réalisés ont systématiquement permis d’écarter une infection par le virus Ebola : ces dernières semaines, le laboratoire de référence de Lyon a été sollicité au moins onze fois pour procéder à de telles analyses.
Un protocole trop dur à respecter ?
Si la France reste donc indemne de tout cas d’Ebola "autochtone" , les Etats-Unis ont confirmé ce dimanche qu’une infirmière ayant participé à la prise en charge du patient libérien mort ce jeudi avait bien été infectée par le virus. Placée en quarantaine, cette infirmière qui a requit le strict respect de son anonymat présente de « légers symptômes » et une « faible fièvre ». Une enquête a été diligentée pour déterminer dans quelle condition cette contamination est intervenue. Même si la professionnelle affirme avoir respecté le protocole de sécurité, le patron des CDC, Thomas Frieden affirme : « Nous ignorons ce qu’il s’est passé (…) mais à un certain moment, il y a eu une faille dans le protocole qui a causé l’infection ».
De son côté, la direction du Texas Presbyterian Hospital a indiqué que l’établissement avait utilisé les combinaisons de protection recommandées par les CDC. Pour l’heure, l’idée d’un manque d’efficacité du protocole n’est pas encore évoquée, mais il est en tout cas certain que son respect ne tolère aucune faille ce qui rend son application extrêmement difficile et ce qui pourrait, à tout le moins, conduire à une réflexion à son sujet.
Grève des médecins au Libéria
Si la contamination de cette infirmière ne peut être qu’inquiétante, c’est toujours en Afrique et notamment au Liberia que la situation reste la plus désastreuse. Dans ce pays, où plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour évoquer le risque de troubles politiques associés à la crise sanitaire, la grève lancée aujourd’hui par les médecins est un élément marquant. Les professionnels de santé dont 95 sont morts depuis le début de l’année ont en effet décidé d’entamer une grève nationale dans tous les hôpitaux et tous les centres de soins y compris ceux dédiés à la fièvre Ebola. Ils attendent du gouvernement le versement de primes, justifiées selon eux par la gravité de la situation actuelle.
Aurélie Haroche JIM.fr
les leçons de l’histoire
Publié le 15/09/2014
Les progrès en virologie ont été fulgurants ces dernières décennies. Tant en matière d’identification des virus, notamment par PCR, de compréhension des mécanismes physiopathologiques et de thérapeutique (pour certains virus). Paradoxalement, alors que l’étude des modes de transmission d’un virus semble plus à notre portée que le décryptage des modes d’action à l’échelle moléculaire, nos connaissances épidémiologiques ont progressé nettement moins vite. Ainsi, comme le montre l’épidémie actuelle d’Ebola, nous ne savons toujours pas vraiment comment débute une épidémie, comment elle se propage et surtout comment elle s’arrête (du fait des mesures mises en place, d’évolution des modes de transmission ou de mutations de l’agent microbien en cause). En témoignent les divergences d’appréciation des spécialistes sur les prévisions d’évolution de l’épidémie actuelle d’Ebola et sur les mesures à prendre pour y faire face, certains insistant sur la nécessité pour les équipes soignantes d’être acceptées culturellement par les populations atteintes, d’autres sur d’indispensables mesures de coercition pour casser la propagation de l’épidémie.
Une première épidémie jugulée en quelques semaines
Pour nous éclairer il n’est pas inutile de nous pencher sur les expériences du passé. C’est ce que nous proposent dans le New England Journal of Medicine deux médecins américains, Joël Breman et Karl Johnson qui ont contribué, notamment avec P Piot, en octobre 1976 à isoler le Zaire ebolavirus à l’origine de la première flambée connue de cette fièvre hémorragique, à en déterminer les principaux modes de transmission et à casser la propagation de cette épidémie, avec les moyens limités de l’époque. Après 318 cas "seulement" (dont 280 mortels), un nombre réduit au regard de l’hécatombe actuelle.
Toutes les conditions semblaient pourtant réunies à l’époque pour une dissémination massive de la maladie : méconnaissance initiale du virus ; transmission rapide à la fois par contact direct avec les malades (ou les cadavres) et leurs liquides biologiques et par l’utilisation de matériel d’injection non stérile comme c’était banal en Afrique au milieu des années 70 (ce mode de contamination était en cause dans un tiers des cas au début de l’épidémie) ; difficulté d’un diagnostic biologique rapide qui reposait alors sur des techniques d’immunofluorescence, la PCR n’ayant pas encore été mise au point ; épicentre dans une région équatoriale très peu médicalisée (celle de Yambuku) ; lenteur de la réaction internationale face à cette nouvelle menace inconnue...
Deux pionniers témoignent
Comment expliquer que malgré ces handicaps majeurs l’épidémie ait été maitrisée en quelques semaines ?
La publication de Breman et Johnson met peut-être en lumière quelques pistes même si la simple transposition des méthodes ayant réussi jadis n’est pas un gage de succès :
– Mise en place rapide de mesures de quarantaine avec isolement complet par l’armée zaïroise de la province de Bumba regroupant 275 000 habitants.
– Coordination des efforts des équipes nationales et de l’aide internationale avec réquisition des professionnels de santé zaïrois pour lutter contre l’épidémie.
– Fermeture de l’hôpital de Yambuku après que 13 membres du personnel sur 17 aient été contaminés (dont 11 sont morts).
– Création d’une force d’intervention sanitaire articulée autour d’équipes de 4 personnes (dont un médecin ou une infirmière) destinées à identifier et à isoler les malades dans les villages de la région ; 550 villages furent ainsi visités au moins deux fois en 2 mois, les 55 villages effectivement touchés par l’épidémie étant inspectés trois fois.
– Précision rapide, avec des moyens limités, du temps médian d’incubation (6 jours après injection, 8 jours après contacts interpersonnels avec des extrêmes allant de 1 à 21 jours) et de la durée maximum de contagiosité permettant d’établir des règles de quarantaine.
– Opération de communication auprès des populations pour limiter les risques de transmission lors des funérailles traditionnelles et pour faire accepter les nécessités de l’isolement des malades.
– Utilisation dans la lutte contre la maladie de certaines coutumes locales pour identifier les sujets contacts, ceux-ci étant facilement repérés car les villageois endeuillés se rasaient la tête.
Peut-être faut-il tirer de l’histoire de cette première épidémie rapidement maitrisée des leçons pour juguler celle qui frappe aujourd’hui 3 pays d’Afrique de l’Ouest et pour éviter que de nouveaux foyers n’apparaissent et ne se développent dans d’autres états du continent à la faveur de déplacements peu ou pas contrôlés de sujets contaminés, comme le redoutent nombre de spécialistes actuellement.
Dr Céline Dupin JIM.fr
RÉFÉRENCES
Breman J et coll. Ebola then now. N Engl J Med 2014 ; publication avancée en ligne le 10 septembre 2014 (DOI ; 10.1056/NEJMp1410540)
Ebola : le monde en proie à la panique face à des erreurs répétées et à l’explosion des cas en Afrique
Paris, le jeudi 16 octobre 2014
Il ne fallait pas jouer à se faire peur. Il ne fallait pas s’alarmer de risques inexistants. A force de répéter que les pays occidentaux disposaient grâce à leurs infrastructures et à leur préparation des moyens suffisants pour affronter Ebola, à force d’insister sur le fait que le virus ne se transmet pas par voie aérienne mais lors de contact avec un patient présentant déjà des symptômes, il semble que certains réflexes de précautions essentielles aient été oubliés.
Pour un degré (Farenheit) de moins
Tandis qu’en théorie tous les voyants étaient au rouge, sur le terrain, une certaine forme d’amateurisme et d’insouciance continuait à s’observer. C’est ainsi que le 13 octobre une infirmière du Texas Presbyterian Hospital à Dallas, Amber Vison, ayant été en contact direct avec Thomas Eric Ducan mort il y a une semaine d’une infection à Ebola au sein de l’établissement, a pu téléphoner aux CDC, indiquer souffrir d’une légère fièvre et être autorisée à prendre l’avion. Comme sa température ne dépassait pas les 100,4 degrés Farenheit, fixée par les CDC, mais plafonnait à 99,5 degrés, elle a en effet pu emprunter un vol intérieur de la compagnie Frontier Airlines. Ce n’est que le lendemain, de retour au Texas, et alors que sa température avait augmenté qu’elle a été placée en isolement, tandis que son infection par le virus Ebola a été confirmée mercredi. « Elle n’aurait pas dû voyager sur un vol commercial » a admis le directeur des CDC Thomas Frieden, qui fait aujourd’hui l’objet de critiques de plus en plus marquées. « Ce qui s’est produit, peu importe les circonstances, est inacceptable », a déclaré de son côté Anthony Fauci, le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses.
Les CDC sur le cou
Alors que la confirmation de ce second cas de transmission du virus à un personnel soignant du Texas Presbyterian Hospital à Dallas a entraîné le placement sous surveillance de 76 personnes et tandis que les 132 passagers du vol 1143 de la compagnie Frontier Airlines ont été invités à prendre contact le plus rapidement possible avec les CDC, cette contamination relance les interrogations sur les conditions de prise en charge de Thomas Eric Ducan fin septembre. Après les accusations du principal syndicat d’infirmière évoquant l’absence de protocoles stricts, il a également été rapporté que durant la période d’attente des résultats des analyses devant confirmer ou infirmer son infection, le patient n’avait pas été placé en quarantaine, facilitant les situations d’exposition des personnels soignants. Face à ces révélations inquiétantes, les CDC affichent leur détermination à mettre tout en œuvre pour préciser les conditions dans lesquelles ces contaminations ont eu lieu et pour restreindre le plus possible le risque de nouvelles infections.
On découvre à cet égard que les CDC promettent des améliorations des combinaisons de protection afin par exemple que le modèle de casque utilisé par les professionnels protège suffisamment leur cou… ce qui ne semblait pas être le cas jusque ici ! On lit également dans le dernier communiqué des CDC que désormais la procédure de lavage des mains et de désinfection est détaillée « étape par étape ». Des précisions qui laissent supposer rétrospectivement un certain manque de préparation. Sur le plan politique, la mobilisation est également affichée au plus haut niveau : le président Barack Obama a annulé hier et aujourd’hui tous ses déplacements pour se consacrer pleinement à la crise.
Les infirmières françaises montent au créneau
La situation américaine est observée en France avec une grande attention, alors que déjà des voix se sont élevées pour souligner que les infirmières ne disposeraient pas de formation et de préparation adaptées. Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a ainsi publié ce lundi un communiqué affirmant que les infirmières « manquent cruellement d’information de la part du ministère, des ARS ou des hôpitaux. Que faire quand un cas suspect se présente ? Dans les hôpitaux, nous avons du matériel d’isolement simple, mais pas adapté à un cas avéré d’Ebola. Où trouver le matériel, à qui s’adresser ? » s’interroge l’organisation qui dénonce le mépris des pouvoirs publics et qui affirme que cette impréparation concerne jusqu’aux infirmières des hôpitaux de référence. Autant d’éléments, aux Etats-Unis, en France ou encore en Espagne qui font s’interroger sur la qualité de la préparation des états occidentaux à la crise, même si d’autres éléments sont cependant rassurants comme l’absence (pour l’heure) de contamination de soignants lors de rapatriements de malades en Norvège, Grande-Bretagne, Allemagne ou France.
Contrôles à l’arrivée des avions : qui pilote la gestion de l’épidémie d’Ebola en France ?
Les insuffisances des pays occidentaux ne s’observent pas uniquement sur leur propre territoire mais également en ce qui concerne leur niveau d’aide à l’Afrique. Depuis plusieurs semaines, les appels se multiplient pour inciter notamment l’Europe à en faire davantage, émanant notamment de Barack Obama lui-même. Hier, une alliance s’est enfin dessinée. A l’occasion d’une vidéoconférence, le président américain, la chancelière allemande Angela Merkel, les premiers ministres britanniques et italiens David Cameron et Matteo Renzi et François Hollande ont qualifié Ebola « de plus grave urgence sanitaire de ces dernières années ». « L’ensemble des dirigeants ont fait part de leur solidarité avec les pays touchés et appelé à la mobilisation de la communauté internationale et de l’Union européenne en étroite collaboration avec les Nations Unies, l’OMS et les pays concernés » précise un communiqué de l’Elysée.
Ce dernier indique également que la France « répondra favorablement à la demande guinéenne de construction de nouveaux centres de traitement anti-Ebola, en plus de celui en cours de déploiement à Macenta, en Guinée forestière ». Des personnels de la protection civile ont par ailleurs été dépêchés sur place pour participer à la formation des agents guinéens. Enfin, c’est dans ce même communiqué que l’Elysée (et non l’Avenue de Ségur) a indiqué que des contrôles seraient effectués à l’arrivée de tous les avions en provenance de Conakry. Cette décision que l’Elysée fait sienne et qui aurait été prise après l’entretien entre Barack Obama (qui a augmenté le nombre d’aéroports concernés sur son territoire par ces vérifications) et François Hollande met un terme aux atermoiements du ministre de la Santé qui après avoir écarté ces contrôles la semaine dernière a finalement indiqué leur probable mise en place en début de semaine. Ce jeudi, Marisol Touraine a ainsi confirmé que dès samedi (et non vendredi), ces contrôles seraient effectifs à Roissy. « Il y aura à l’arrivée des équipes médicales qui prendront la température des passagers à la passerelle, donc avant l’entrée dans l’aéroport » a déclaré le ministre sur LCI/Radio Classique, annonçant également un renforcement des contrôles au départ des vols à Conakry.
Et si c’était vrai ?
Ces mesures sont adoptées alors qu’en Afrique, la situation prend un tournant catastrophique, avec l’évocation par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’une probable explosion des cas dans les semaines à venir : le nombre de nouvelles contaminations hebdomadaires pouvant atteindre 5 à 10 000 en décembre. Cette « apocalypse » était-elle imprévisible ? L’Afrique était-elle si mal préparée à Ebola ? Guillaume Lachenal, maître de conférences à Sciences Politique, chargé du cours : « Global Health in Africa : critical perspectives » offre une réponse différente de celle attendue à cette question dans une tribune récemment publiée dans Libération.
Il note tout d’abord que « Contrairement à ce qu’on a pu écrire récemment, Ebola n’a jamais été négligé : depuis la première épidémie de 1976, le virus a été un formidable moyen de faire financer des recherches fondamentales en virologie ». Par ailleurs, il observe que même en Afrique la préparation à une pandémie virale a été très active. « Le continent ne manquait pas d’experts pour les encadrer : la "chasse aux virus émergents" occupe dans plusieurs pays africains des dizaines de chercheurs internationaux et leurs partenaires locaux ». Mais cette préparation à « une menace fictive » a pris le pas sur les méthodes classiques de veille sanitaire, sur la vie réelle, sur les véritables dangers. « Les exercices de simulation condensaient (…) le nouveau paradigme de la santé mondiale tel qu’il se manifestait en Afrique : une forme d’intervention où l’action réelle sur des maladies réelles devenait secondaire, au profit de vastes programmes spéculatifs de surveillance virale ».
Guillaume Lachenal donne un exemple édifiant. Il évoque ainsi comment le docteur Wolfe qui a travaillé depuis de longues années sur les virus émergents au Cameroun a envoyé au printemps en Sierra Leone avant l’apparition de l’épidémie une équipe de sa start up très médiatisée aux Etats-Unis. « Sur le terrain dès le mois de mai, les virologues de la start-up, fidèles à leur promesse de protéger le monde, étaient chargés par le Département de défense américain d’organiser la "preparedness" de la Sierra Leone au moment où l’épidémie faisait rage dans la Guinée voisine : "Une succes story", écrivaient-ils le 12 mai, la Sierra Leone "est préparée comme jamais" . On connaît la suite » conclut, amer, Guillaume Lachenal.
*information de dernière minute (13h) : le gouvernement a chargé l’Ordre infirmier de relayer les informations utiles auprès des professionnels. Preuve s’il en était besoin d’une part que la préparation n’était pas encore optimale et d’autre part que l’Ordre infirmier n’est peut-être pas aussi superfétatoire que certains ont bien voulu le dire notamment au ministère de la santé !
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : quid des infections asymptomatiques ?
Publié le 16/10/2014
L’existence de formes asymptomatiques d’infection à virus Ebola a rarement été évoquée depuis l’émergence de l’épidémie actuelle en Afrique de l’Ouest. Or, selon une lettre au Lancet mise en ligne le 14 octobre 2014, ces infections inapparentes pourraient avoir une grande importance épidémiologique et leur dépistage, un intérêt majeur dans la lutte contre l’épidémie.
Comme le rappellent Steve E Bellan et coll. de l’université du Texas à Austin, lors des épidémies précédentes qui ont frappé l’Afrique centrale, il est apparu qu’un nombre très élevé de sujets pouvaient être infectés par Ebola sans jamais présenter de symptômes, comme en témoignent des sérologies positives. Ces individus ayant été infectés mais indemnes de tout symptôme représentaient dans une étude 71 % des séropositifs, tandis que dans un autre travail près de la moitié des sujets (46 %) ayant eu des contacts rapprochés avec un malade, étaient séropositifs sans avoir jamais eu de symptômes.
Evaluer la protection conférée par une infection inapparente
Si on est loin de tout savoir sur ces formes inapparentes, il semble, sans certitude absolue, que d’une part elles ne soient pas contagieuses et que d’autre part elles confèrent une immunité. Il est urgent, pour des raisons évidentes, de conduire des recherches sur le terrain au cours de l’épidémie actuelle pour évaluer la fréquence réelle de ces infections asymptomatiques, pour confirmer ou infirmer le caractère toujours non contagieux de ces sujets (ce qui est capital pour la lutte contre la transmission du virus) et pour évaluer la qualité et la durée de la protection conférée par une séroconversion après une infection inapparente.
L’évolution de l’épidémie dépend de la fréquence des formes asymptomatiques Bellan et coll. évoquent brièvement les conséquences épidémiologiques et pratiques possibles d’une prise en compte de ces infections asymptomatiques.
Au plan épidémiologique, il est aisé de comprendre que nos projections sur la propagation de l’épidémie en Afrique de l’Ouest dépendent de l’importance du phénomène. Ainsi, par exemple, si une infection sur deux était asymptomatique, la vitesse de doublement des cas serait sensiblement réduite par rapport aux modèles prédictifs ne tenant pas compte des formes inapparentes. De plus, si comme on le pense le pourcentage de formes asymptomatiques est élevé, il faudra nécessairement en tenir compte lors d’essais vaccinaux pour évaluer l’efficacité sérologique d’un vaccin testé sur une large population à risque afin de ne pas confondre séroconversion induite par le vaccin et séroconversion spontanée.
Sélectionner les professionnels de santé de première ligne parmi les sujets immuns ?
Sur un plan plus immédiat, Bellan et coll. estiment que le dépistage de ces séroconversions asymptomatiques, s’il était confirmé qu’elles sont toujours protectrices, pourrait avoir un grand intérêt pour identifier parmi les personnels de santé des sujets immuns qui pourraient être sélectionnés pour travailler en première ligne dans les centres de lutte contre la maladie ou dans les équipes mobiles ad hoc.
Enfin Bellan et coll. suggèrent d’étudier, chez les malades, les effets de transfusions provenant de sujets séropositifs indemnes d’infection clinique ce qui serait plus simple à mettre en œuvre que des transfusions de convalescents comme cela avait été pratiqué quelques fois dans les épidémies précédentes.
On le voit, toutes ces questions sont loin d’être purement théoriques et nécessitent des investigations urgentes.
Dr Anastasia Roublev (JIM.fr)
RÉFÉRENCES
Bellan S et coll. : Ebola control : effect of asymptomatic infection and acquired immunity. Lancet 2014 ; publication avancée en ligne le 14 octobre. (doi.org/10.1016/S040-6736(14)61839-0)
Ebola : au Liberia, la corruption aggrave l’épidémie
Publié le 17/10/2014
Bien sûr, l’épidémie d’Ebola a depuis quelques jours un autre visage. On évoque moins les bidonvilles de Monrovia, la détresse des médecins de Sierra Leone ou les tentatives des autorités guinéennes pour inculquer les bons réflexes à la population. Ces derniers jours, l’information s’est plus fortement concentrée sur la probable fausse alerte à l’hôpital de Bégin, où une infirmière ayant participé à la prise en charge d’une soignante de MSF infectée par le virus et rapatriée en France, a été conduite hier par les pompiers, avec un grand souci de sécurité, parce qu’elle présentait une fièvre depuis plusieurs jours. Internet a également vu circuler la vidéo de la première infirmière contaminée aux Etats-Unis, Nina Pham, soignée par l’un des médecins la prenant en charge.
On y voit la jeune femme remercier en larmes le personnel de l’équipe de l’institut Maryland où elle a été transférée, tandis qu’une infirmière complètement vétue d’une combinaison lui tend un mouchoir. Sans doute, également, l’attention se concentrera-t-elle encore aujourd’hui sur l’Espagne où a été annoncé le rapatriement d’un troisième médecin missionnaire de l’Ordre Saint Jean de Dieu. Ce rapatriement intervient alors que les polémiques sur les conditions d’accueil des deux premiers religieux ne se sont pas encore totalement estompées.
Faux certificat de décès
En dépit de ces différentes informations qui focalisent l’attention, c’est en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone que le chaos persiste.
Au Liberia, notamment, on le sait, les autorités éprouvent les plus grandes difficultés à obtenir la confiance des populations. Ce défaut concerne notamment les rites funéraires. Il est habituel qu’au Liberia, les corps demeurent exposés pendant plusieurs jours, recevant la visite et "subissant" les embrassades de tous les proches du défunt, avant d’être enfin enterrés ou incinérés. De telles coutumes sont rigoureusement bannies en cas d’épidémie de fièvre Ebola, le contact avec les cadavres exposant à un très haut risque de contamination. Aussi, des mesures ont-elles été mises en place. Des brigades ont notamment été déployées pour assurer le traitement des dépouilles. Les permis d’inhumer sont par ailleurs délivrés aux seules personnes pouvant présenter un certificat confirmant que le défunt n’avait pas été contaminé par le virus Ebola.
Or, une enquête du Wall Street Journal a mis à jour le développement de pratiques frauduleuses et scandaleuses. Certains agents des équipes chargées de l’évacuation des corps proposent aux familles d’acheter de faux certificats de décès. Les enchères vont entre 40 et 150 dollars. La pratique serait assez répandue, non seulement dans les faubourgs de Monrovia, mais également à Grand Gedeh County, dans l’est du pays. Si ces pratiques ont été dénoncées par les autorités, elles minent plus encore la confiance des populations. « Ils nous disent de ne pas brûler les corps. Ils nous demandent d’appeler les équipes dédiées. Mais je ne suis pas certain que ces équipes contribuent à éradiquer le problème, je pense plutôt qu’elles y participent » témoigne ainsi par exemple un jeune homme de Grand Gedeh County qui a vu comment ses voisins étaient parvenus à acheter un certificat pour éviter l’évacuation du corps d’un de leur proche.
Des ministres en quarantaine volontaire
Cette corruption témoigne une nouvelle fois de l’extrême difficulté des autorités libériennes à faire entendre les messages de prévention. Pourtant, les responsables officiels tentent de donner l’exemple. Ainsi, après la plus haute responsable médicale du pays ayant choisi de se placer d’elle-même en quarantaine après le décès de son adjoint (et qui en est récemment sortie), c’est au tour du ministre des Transports de prendre une telle décision, tandis que son chauffeur est mort touché par le virus.
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : comment se protéger du virus ?
17/10/14
Face au risque de multiplication des cas d’Ebola en France, plusieurs mesures de prévention et de contrôle dans les aéroports sont mises en place pour contrer la propagation du virus. Le point sur les modes de transmission.
Après avoir fait près de 4 500 victimes sur le continent africain, le virus Ebola commence à frapper en Europe. Pour l’heure, un seul cas a été soigné en France : celui d’une jeune infirmière de Médecins sans frontières, contaminée lors d’une mission au Liberia, rapatriée à Paris et aujourd’hui guérie. Afin d’éviter que d’autres personnes soient contaminées, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a indiqué que tout passager en provenance de la Guinée devra, à partir de samedi, se soumettre à un examen médical afin de s’assurer qu’il n’est pas porteur du virus Ebola, à son arrivée en France. Les équipes médicales prendront la température des passagers avant leur entrée dans l’aéroport. "Tant qu’il n’y a pas de température, il n’y a aucun risque de contagion. Quelqu’un qui a été en Guinée et qui ne présente aucun symptôme n’est pas contagieux", a insisté la ministre sur LCI/Radio Classique.
Maladie virale dangereuse
Il n’existe pas de moyen permettant de dépister ou de diagnostiquer l’infection avant le début des symptômes. Les premiers signes peuvent apparaître entre 2 et 21 jours (moyenne de 8 jours) après la contamination et l’essentiel de la contagiosité est réelle après déclaration des symptômes (état grippal avec des fièvres, douleurs musculaires, diarrhées et vomissements). Après 21 jours il n’existe plus de risque de contracter la maladie. Les patients pris en charge sont principalement ceux qui ont voyagé dans un pays considéré comme à risque (Guinée, Libéria et Sierra Leone) dans les 21 jours précédents ou qui présentent une température ≥ 38°C (mesurez si possible sa température corporelle avec un thermomètre sans contact).
En cas de déplacement pour raison impérative, il convient de surveiller la survenue de fièvre, ne pas se déplacer dans les zones de transmission active du virus ( consulter les fiches Conseils aux voyageurs de ces pays) et se laver les mains fréquemment au savon ou avec les solutions de lavage hydro-alcoolique.
Naturellement, il faut éviter les contacts directs avec les secrétions des malades ayant une forte fièvre, ou des troubles digestifs, ou des hémorragies extériorisées par la bouche, le nez, ou les selles.
Après le retour en France il convient de prendre contact avec le SAMU - Centre en composant le 15 en cas de fièvre ou de symptômes compatibles avec la maladie, en mentionnant le séjour en Afrique de l’Ouest.
Les personnes en contact avec une personne malade
Le virus Ebola se transmet par contact direct c’est à dire avec des fluides corporels tels que le sang, la salive, l’urine, le lait maternel, le sperme, la sueur, les selles et les vomissements des personnes infectées, vivantes ou non. La maladie peut également se transmettre avec des objets qui ont été contaminés par les fluides corporels de patients infectés (par exemple,des aiguilles). La présence du virus a été constatée dans le sperme jusqu’à sept semaines après la guérison de personnes contaminées. Bien que la transmission ne soit pas avérée, une protection des rapports sexuels est fortement recommandée.
Mise en place d’un dispositif d’information
Il est possible de s’informer sur le virus ébola en téléphonant directementau 0800 13 00 00, ce numéro vert étant accessible 7j/7 de 9h à 21h. Un site internet du ministrère de la Santé dédié à l’épidémie de fièvre hémorragique virale Ebola est ouvert.
Stéphanie Alexandre leparticulier .fr
Peut-on sortir contre avis médical avec Ebola (et autres questions juridiques en temps de crise sanitaire) ?
Publié le 17/10/2014
Les responsables de la programmation des chaines de télévision ont parfois un sens de l’humour douteux. Lorsque le 25 septembre 2014, le Presbyterian Hospital de Dallas accueillait le premier cas d’Ebola sur le sol américain, la chaine D17 a choisi de maintenir la diffusion du film « Alerte » qui retrace l’histoire d’une petite ville d’Amérique confrontée à la propagation fulgurante d’un virus imaginaire venu d’Afrique, à la fois mortel et contagieux, le virus Motaba.
J’ai lu la Constitution de bout en bout !
Dans une réunion au sommet à la Maison Blanche (passage obligé de tout film catastrophe hollywoodien), les spécialistes du Centers for Disease Control envisagent comme mesure désespérée le bombardement et la destruction pure et simple de la ville infectée. Face à cette option pour le moins radicale (et qui rassurons-nous, n’est pour le moment pas envisagée en France par l’INVS en cas de contamination !), un conseiller du Président, brandissant la Constitution américaine, déclare avec un ton empreint de gravité « j’ai lu ce document de bout en bout. Je n’ai lu aucun article qui autorise la vaporisation de citoyens américains. En revanche, ce que je peux vous dire, c’est qu’elle affirme à plusieurs reprises que personne ne sera privée de sa vie, de sa liberté ou de sa propriété, sans procès équitable ».
Tout en restant un divertissement caricatural à l’extrême, le film de Wolfgang Petersen a toutefois le mérite de poser une question au spectateur : une nation démocratique et respectueuse des libertés individuelles peut-elle prendre toutes les mesures radicales pour empêcher la propagation fulgurante d’un virus ?
Avec l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, la question suivante risque d’être posée aux autorités sanitaires françaises mais aussi aux médecins et infirmières qui pourraient bien être en première ligne dans le traitement des patients infectés : sommes-nous juridiquement prêts à affronter Ebola ?
Le patient atteint d’Ebola est-t-il un malade comme les autres ?
Le protocole mis en place par les autorités sanitaires en présence d’un cas suspect d’Ebola prévoit comme première mesure à prendre l’isolement du patient. Toutefois, aux yeux de la loi, le patient isolé reste un patient comme les autres et celui-ci bénéficie des mêmes droits que n’importe quel patient (Article R.1112-29 du Code de la Santé Publique).Par conséquent, un patient atteint d’Ebola, même isolé, serait (en théorie et en première analyse) tout à fait en droit de demander à quitter l’hôpital.
En effet, conformément à l’article R.1112-62 du Code de la Santé Publique, les patients peuvent sur leur demande « quitter à tout moment l’établissement » où ils sont hospitalisés. Tout au plus, en cas d’opposition du médecin chef de service à la sortie, les patients ont toujours la possibilité de sortir contre décharge. Une autre situation risque de se présenter aux personnels de santé, celle d’un patient en phase terminale qui exigerait son transfert à son domicile, conformément à l’article R.1112-63 du CSP.
L’administration et les personnels de santé pourraient donc rapidement se retrouver face à un dilemme : est-il possible de restreindre les droits fondamentaux des patients qui sont reconnus par la loi ?
Le Ministère de la Santé pourrait être contraint de limiter les droits des patients
Sur quelle base légale les médecins pourraient agir ? En présence d’un risque d’épidémie, le Ministre de la Santé peut, selon l’article L3131-1 du Code de la Santé publique « prescrire dans l’intérêt de la santé publique toute mesure proportionnée aux risques courus et appropriée aux circonstances de temps et de lieu afin de prévenir et de limiter les conséquences des menaces possibles sur la santé de la population ». Sur le fondement d’un arrêté ministériel, les autorités sanitaires pourront prendre toutes mesures, y compris « des mesures individuelles » pour empêcher la propagation de l’épidémie. Sur cette base, le personnel hospitalier pourrait procéder à des mesures d’isolement et de confinement forcé de leurs patients.
Le Code de la santé publique tente toutefois de fixer des garde-fous pour éviter les situations d’abus. Les mesures prisent en application de cet article doivent être proportionnées et doivent surtout faire l’objet d’une information immédiate au Procureur de la République.
En cas de crise, nécessité fait loi ?
Comment agir dans l’hypothèse où une épidémie deviendrait incontrôlable ? A l’occasion de l’épidémie de Grippe A de 2009, le Comité Consultatif National d’Ethique a émis un avis sur les mesures que la France pourrait prendre en cas de crise sanitaire majeure. Pour le Comité, il ne fait nul doute que « dans le cas d’une pandémie grave et intervenant brutalement, le Gouvernement pourrait prendre des mesures telles que la réquisition ou le confinement de certaines catégories de citoyens, ou des restrictions à la circulation ».Ainsi, le Plan « Pandémie Grippale » prévoyait en dernier recours toute une série de mesures limitant drastiquement les libertés individuelles (interdiction de circuler, fermeture des établissements scolaires et des entreprises, suspension des services funéraires…).
Mais sur quelle base le Gouvernement peut-il restreindre des libertés qui sont pourtant garanties par le Conseil Constitutionnel et par la Convention Européenne des Droits de l’Homme ? En présence d’une situation présentant « le caractère de calamité publique », le Gouvernement peut, par décret en conseil des ministres, déclarer l’état d’urgence sur la totalité ou sur une partie du territoire, en application de la loi du 3 avril 1955. Une fois l’urgence déclarée, les préfets auront la possibilité d’interdire la circulation des personnes, d’instituer des zones de protection ou d’interdire les réunions publiques pour limiter la propagation des maladies.
Toutefois, et selon l’adage bien connu, il est vraisemblable qu’en présence d’une crise majeure, seule la nécessité fera réellement loi. Les autorités pourraient, face à la situation, prendre des mesures encore plus exceptionnelles allant au-delà de ce que la loi permet actuellement… Espérons surtout que les questions posées par cet article (et les réponses apportées) ne retrouveront aucun écho dans l’actualité des semaines à venir.
Charles Haroche, Avocat à la Cour (Paris) JIM.fr
Cuba donne l’exemple dans la lutte contre Ebola
Le Monde.fr avec AFP | 18.10.2014
En dépit de ses difficultés économiques et de ses maigres moyens, Cuba s’est projeté à l’avant-garde de la lutte contre le virus Ebola en dépêchant un important contingent de personnel soignant en Afrique de l’Ouest, au moment où les grandes nations laissent généralement la main aux humanitaires.
Perpétuant sa tradition médicale internationaliste, un contingent de cent soixante-cinq médecins et personnels de santé cubains est parti au début d’octobre pour la Sierra Leone, et deux cent quatre-vingt-seize autres personnels sont attendus prochainement au Liberia et en Guinée voisins. Les effectifs médicaux cubains constituent le plus grand contingent dépêché par un Etat pour combattre Ebola.
SALUÉ PAR L’ONU ET LES ÉTATS-UNIS
Cette initiative est largement saluée par l’Organisation des Nations unies (ONU), par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et par plusieurs associations humanitaires, à l’heure où les grandes nations se contentent de contributions financières et de mesures de protection aux frontières. Sur le terrain, elles laissent les humanitaires et les agences onusiennes tenter de juguler l’épidémie, à l’exception notable des Etats-Unis, qui ont dépêché sur place une aide militaire d’envergure (quatre mille soldats prévus).
Rompant avec l’habituel ton peu amène envers Cuba, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a lui-même adressé vendredi des remerciements à La Havane pour son aide dans la lutte internationale contre le virus.
Selon le dernier bilan de l’OMS ( au 18 octobre 2014), la fièvre hémorragique a fait 4 555 morts sur 9 216 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis), et l’organisation onusienne craint une envolée du nombre de contaminations.
PRINCIPALE RESSOURCE
« La tâche de ceux qui partent combattre Ebola pour la survie d’êtres humains, au péril même de leur propre vie, est difficile », déclarait le 4 octobre l’ex-président Fidel Castro dans la presse locale. Depuis 1960, date à laquelle Cuba avait envoyé pour la première fois un contingent de médecins après un tremblement de terre au Chili, le régime communiste a dépêché pas moins de cent trente-cinq mille effectifs médicaux à travers le monde.
Aujourd’hui encore, quelque cinquante mille médecins et personnels de santé cubains effectuent des « missions » dans soixante-six pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, selon le ministère de la santé cubain. Depuis la chute du bloc soviétique, l’aide dans le secteur de la santé a été l’une des clés de voûte de la diplomatie cubaine, visant généralement les pays en développement et ses partenaires privilégiés. A partir de 2004, Cuba a commencé à facturer ses services aux pays bénéficiaires de son aide, procurant à l’île une de ses principales sources de revenus.
L’Amérique latine, pour l’heure épargnée par l’épidémie, pourrait ne pas l’être très longtemps, et l’OMS craint un décuplement de nouveaux cas d’ici à la fin de l’année. Des cas suspects ont été enregistrés au Brésil et au Chili.
Ebola : faut-il suspendre les liaisons aériennes avec les pays touchés ?
Publié le 20/10/2014
Samedi, fortement médiatisés, ont eu lieu les premiers contrôles systématiques de température des passagers arrivés à Roissy à bord de l’avion Air France en provenance de Conakry (Guinée). Cette première opération a été marquée par l’identification d’une femme d’une quarantaine d’années, présentant une fièvre significative, et qui a été immédiatement conduite à l’hôpital Bichat dans des conditions sécurisées, pour des vérifications plus approfondies, qui se sont révélées négatives. Outre que ce type de « faux positif » pourrait être très fréquent (en raison de l’incidence élevée de ce symptôme chez des passagers de retour de pays où sévissent de nombreuses maladies tropicales) et très couteux, ce cas suspect a entraîné la désinfection complète de l’avion. L’appareil n’a donc pu être de retour à Conakry suffisamment à temps pour assurer la liaison quotidienne de dimanche. Un report qui n’était sans doute pas pour déplaire aux personnels navigants d’Air France qui sont de plus en plus nombreux à appeler à la suspension de ce vol. Ils estiment en effet que les contrôles tels qu’ils sont aujourd’hui pratiqués sont totalement insuffisants à assurer leur sécurité et à limiter le risque de propagation de l’épidémie. Ils s’interrogent tout d’abord sur la qualité des relevés de température établis au départ (certaines fiches faisant état de température autour de 32°C !).
Ils notent en outre que le temps d’incubation de la fièvre Ebola exclut que tous les cas puissent ainsi être dépistés et ajoutent que, selon eux, il serait possible de masquer une fièvre grâce à de fortes doses de paracétamol. Surtout, leur protestation vise les trop faibles moyens dont ils disposent pour se protéger : gants et masques sont les seuls équipements accessibles aux personnels navigants s’il était nécessaire de faire face à un cas suspect en vol. Ils regrettent de même que les avions ne soient pas systématiquement désinfectés. D’une manière générale, l’angoisse est grande chez tous les personnels navigants qui seraient aujourd’hui 75 % à refuser de participer à ces vols. « S’il faut attendre qu’un de nos collègues ramène le virus Ebola, pour stopper les vols commerciaux vers Conakry, ce serait un vrai drame » s’exclame Charlotte Marchant membre du syndicat national du groupe Air France (SNGAF) exprimant la hantise qui sévit au sein de la compagnie.
Le travail des humanitaires suspendu en plein vol ?
Leur appel sera-t-il entendu non seulement pour la sécurité des personnels navigants mais aussi pour limiter le risque de propagation de l’épidémie ? La suspension des liaisons aériennes vers les trois pays les plus touchés par l’épidémie est évoquée depuis cet été et certaines compagnies ont choisi de restreindre leurs vols. Ces dispositions sont fortement critiquées. Les organisations non gouvernementales (ONG) présentes sur place ont ainsi tout d’abord affirmé que ces restrictions complexifient l’organisation des soins sur place. La plupart de ces ONG dépendent en effet de vols commerciaux pour acheminer moyens humains et matériels. « Cela nous complique la tâche pour la distribution du matériel et la rotation du personnel » affirmait ainsi fin août Claire Magone, chargée de mission en Sierra Leone pour Médecins sans frontière (MSF) interrogée par le Figaro. On sait par ailleurs que l’épidémie d’Ebola aggrave les nombreux autres fléaux qui sont le quotidien de cette région du monde et notamment la malnutrition. Or, la restriction des liaisons aériennes a également pour effet d’augmenter plus encore le prix des denrées alimentaires.
Une idée qui ne vole pas si haut ?
Autre argument avancé par ceux qui sont opposés à la suspension des liaisons aériennes : une telle mesure ne ferait que renforcer la méfiance des populations. Une des difficultés majeures à laquelle se heurtent les équipes sur place est, on le sait, le manque de collaboration des populations : absence de déclaration des cas, refus des mesures d’isolement, conservation des corps, les comportements très à risque sont nombreux. La restriction des liaisons aériennes pourrait dans ce contexte être appréhendée comme une mesure punitive, ne pouvant qu’accroître le désir de se soustraire aux règles édictées. Tel est le sentiment du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui interrogé ce week-end sur l’opportunité de suspendre les vols a remarqué : « Une réaction spontanée pourrait être de dire : là-bas, il y a une épidémie et donc il faut couper absolument tous les liens (…). S’il n’y a plus aucune possibilité de prendre l’avion, les gens vont sortir du pays en contrebande (…). Ils iront prendre l’avion dans un autre pays et, s’ils sont porteurs du virus, personne ne les contrôlera » a-t-il expliqué. Ainsi, le ministre semble-t-il partager le sentiment qu’une telle mesure serait inefficace, sauf si l’on s’orientait vers une limitation totale des liaisons aériennes avec l’Afrique, ce qui semble difficilement réalisable.
O temps, suspends ton vol…
Le débat néanmoins reste ouvert car on a vu dans un passé très récent que des mesures rejetées comme inopportunes par le Ministère de la Santé (c’était le cas du contrôle sanitaire à l’arrivée des vols jusqu’au communiqué de l’Elysée du 15 octobre !) étaient finalement, quelques jours plus tard, appliquées séance tenante. Mais si des restrictions plus larges du trafic aérien étaient décidées, il faudrait pouvoir mettre en place des mesures adaptées afin de permettre que ces limitations ne nuisent pas au travail des humanitaires et à des éventuels rapatriements.
source : JIM.fr
Ebola : « Un exercice grandeur nature » aura bientôt lieu en France
Le Monde.fr avec AFP 20.10.2014
La ministre de la santé, Marisol Touraine, a annoncé, lundi 20 octobre, la tenue d’un « exercice grandeur nature dans tous les services d’urgence » d’ici à huit jours pour vérifier qu’ils sont prêts à accueillir un éventuel malade d’Ebola.
« Nous somme prêts pour prendre en charge un éventuel malade si la situation se présente. Nous avons expertisé et contrôlé les 12 centres de référence qui doivent nous permettre d’accueillir les malades.
De cette manière-là nous pourrons voir s’il y a des choses à améliorer dans certains endroits. Des exercices ont déjà eu lieu mais il s’agit très régulièrement de vérifier que notre système est bien en place. »
Lire nos explications : Ebola : que se passe-t-il quand un cas possible est signalé en France ?
UN BOX D’ISOLEMENT PRÊT POUR LES URGENCES
Selon le professeur Pierre Carli, patron du SAMU de Paris, les urgences de l’hôpital pour enfants Robert-Debré ont déjà participé à un exercice de ce type. Un box d’isolement est prêt dans ces urgences pour permettre de mettre hors de la file d’attente des personnes qui présenteraient des symptômes, a-t-il précisé. Une réunion doit avoir lieu, mardi, en présence « de toutes les professions de santé », a ajouté la ministre. Nous leur avons envoyé des informations mais je veux les entendre, voir comment nous pouvons continuer à communiquer, pour que tout le monde ait le même niveau d’information", a indiqué Marisol Touraine en référence à une réunion qui doit se tenir mardi à son ministère. "Nous avons des professionnels de santé formidablement formés, (...) ils sont en première ligne et je veux saluer leur dévouement, leur mobilisation, leur engagement", a insisté la ministre qui rappelle que "nous sommes prêts pour prendre en charge un éventuel malade si la situation se présente".
Il existe en France 12 établissements de santé de référence : Bichat et Necker à Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Rennes, La Réunion, Rouen, Nancy et l’hôpital d’instruction des armées Bégin à Saint-Mandé, près de Paris, où une jeune infirmière française a déjà été rapatriée et traitée.
Les 12 établissements de santé de référence contre Ebola.
Depuis le samedi 18 octobre, un contrôle systématique des passagers en provenance de Conakry, la capitale guinéenne, a été mis en place. Les quelque 150 à 200 personnes qui empruntent le vol quotidien à destination de l’aéropot Roissy - Charles-de-Gaulle sont accueillies, sur la passerelle, par des personnels sanitaires chargés de prendre leur température, la fièvre étant l’un des symptômes de l’infection par le virus.
Dans le même temps, le Canada a expédié un premier lot de doses du vaccin expérimental à Genève où il sera testé pour le compte de l’OMS. Ebola a fait 4.555 morts sur 9.216 cas enregistrés dans sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis), selon le dernier bilan publié vendredi par l’OMS. Au Nigeria, l’épidémie a officiellement pris fin.
Ebola, l’autre épidémie
Publié le 20/10/2014
Les médias en ont très peu parlé. Le 24 août dernier, alors que le monde avait les yeux braqués sur l’Afrique de l’Ouest où sévissait l’épidémie meurtrière que l’on sait, l’OMS faisait état, à des milliers de kilomètres de là, d’une flambée d’Ebola en République Démocratique du Congo (RDC). Cette nouvelle épidémie d’Ebola, la septième en RDC (ex Zaïre) depuis la découverte du virus dans ce pays en 1976, ne semble pas liée à celle d’Afrique de l’Ouest et serait en voie d’extinction.
Une équipe internationale, regroupant des chercheurs congolais, français et canadiens ainsi que des experts de l’OMS, fait le point sur cette épidémie équatoriale dans une publication mise en ligne le 15 octobre sur le site du New England Journal of Medecine. Elle y tente également de mettre en évidence ce qui la distingue de l’épidémie d’Afrique de l’Ouest et ce qui explique ces évolutions très différentes.
Un singe à l’origine de l’épidémie
La patiente index était une femme enceinte vivant à Inkanamongo, un village de la province d’Equateur à 700 kilomètres à l’est de Kinshasa. Cette jeune femme avait cuisiné un singe (d’une espèce indéterminée) qui avait été retrouvé mort par son mari. Les symptômes se sont déclarés le 26 juillet et la patiente est décédée le 11 août. Ce cas index semble avoir contaminé directement vingt et une personnes par contact direct ou par l’intermédiaire de ses fluides corporels. Pour ne pas enterrer cette première patiente avec son fœtus, selon une coutume local, un médecin assisté, de 3 auxiliaires de santé, a procédé à une césarienne post mortem. Ces 4 soignants ont été contaminés et sont décédés après avoir infecté à leur tour quelques dizaines d’autres d’habitants.
Un virus plus proche de ceux isolés auparavant en RDC que ceux d’Afrique de l’Ouest
Le virus Ebola isolé chez ces patients par des laboratoires de Kinshasa et de Franceville (Gabon) est un variant proche de celui qui avait été identifié à Kikwit (RDC) en 1995 (identité de 99,2 %) et est relativement différent de celui qui frappe aujourd’hui l’Afrique de l’Ouest (identité de seulement 96,8 %) ce qui semble confirmer l’absence de relation épidémiologique entre les deux foyers.
Au plan clinique, les cas d’Ebola qui viennent d’être observés en RDC ne se différencient pas de ceux des épidémies précédentes en RDC ou de ceux que l’on diagnostique actuellement en Afrique de l’Ouest : même symptômes, même durée d’incubation (16 jours en valeur médiane), taux de mortalité équivalent (74 %).
Au total jusqu’au 7 octobre, cette flambée épidémique a concerné 69 personnes dont 48 ont été contaminées secondairement par des contacts du cas index. Le taux initial de reproduction sériel de la maladie, R0 (correspondant au nombre moyen de cas secondaires lorsqu’un patient index est introduit dans une population non infectée), a été estimé à 21 lors de la phase initiale de l’épidémie (au cours de laquelle les nouveaux patients avaient été en contact avec le cas index). Par la suite le taux moyen de reproduction sériel est descendu à 0,84, une valeur en dessous de 1, c’est à dire faisant espérer un arrêt rapide de la transmission de la maladie.
De fait aucun nouveau cas n’a été rapporté après le 4 octobre 2014 et l’épidémie semble jugulée.
Qu’est-ce qui différencie cette flambée équatoriale de l’épidémie d’Afrique de l’Ouest ?
Il semble donc que cette nouvelle épidémie en RDC soit du même type que celles qui ont frappé l’Afrique équatoriale depuis 1976, c’est à dire pouvant être contrôlée en quelques mois avec un taux de reproduction sériel inférieur à un après la phase initiale.
Gaël Maganga et coll. se sont attachés à tenter d’identifier les raisons environnementales, virologiques, culturelles ou tenant aux structures sanitaires qui pourraient expliquer cette différence majeure avec l’épidémie actuelle en Afrique de l’Ouest.
– Des coutumes différentes en Afrique centrale et occidentale ne semblent pas en cause en première analyse. Des rites funéraires proches paraissent en particulier favoriser la propagation de l’infection dans les deux régions africaines. De plus dans les deux zones d’Afrique concernées, les infrastructures sanitaires paraissent tout aussi limitées.
– Le virus Ebola qui circule aujourd’hui en Afrique de l’Ouest est plus sujet aux mutations que ceux que l’on isole en Afrique équatoriale, sans que ceci se traduise toutefois par des variations dans les manifestations cliniques de l’infection ou dans sa létalité.
– L’environnement dans lequel ces épidémies se développent semble pouvoir être mis en cause de façon plus probante. Les zones où Ebola a sévi en Afrique équatoriale sont des régions forestières isolées tandis qu’Ebola frappe aujourd’hui des villes et des grands villages d’Afrique de l’Ouest connectés entre eux par un réseau routier dense avec un important trafic trans-frontalier. On peut également évoquer des différences qui porteraient sur les animaux susceptibles de transmettre le virus.
– On peut supposer qu’il existe une résistance naturelle à l’infection à Ebola supérieure en Afrique équatoriale. Celle-ci pourrait être liée à une immunisation d’une partie de la population par les épidémies précédentes ou à des caractéristiques génétiques différentes des ethnies vivant dans ces deux régions.
– Enfin, l’épidémie actuelle en RDC semble avoir été nettement mieux combattue à son origine que celle qui est apparue en Guinée, il y a quelques mois. Ceci peut être lié à l’expérience acquise par les services sanitaires au cours des flambées précédentes et à une intervention internationale immédiate.
Toutes ces hypothèses n’ont pas qu’un intérêt théorique.
Les infirmer ou les confirmer pourrait aider à la compréhension de l’épidémiologie d’Ebola en Afrique de l’Ouest et peut-être au contrôle de cette épidémie ravageuse.
Dr Anastasia Roublev (JIM.fr)
RÉFÉRENCES
Maganga G et coll. : Ebola virus disease in the Democratic Republic of Congo. N Engl J Med 2014 ; publication avancée en ligne le 15 octobre 2014 (DOI ;10.1056/NEJMoa 1411099).
Ebola : le Nigeria est venu à bout de l’épidémie
Publié le 20.10.2014
« L’épidémie a été stoppée au Nigeria. Il s’agit d’une réussite spectaculaire qui montre au monde entier que l’Ebola peut être stoppé », a déclaré le représentant de l’OMS au Nigeria, Rui Gama Vaz, lors d’une conférence de presse à Abuja. Cette annonce intervient au terme de la période requise de 42 jours, soit deux périodes d’incubation de 21 jours, depuis l’enregistrement du dernier cas dans le pays.
Quand un fonctionnaire libérien, Patrick Sawyer, est mort du virus Ebola dans une clinique privée cinq jours après son arrivée à Lagos le 20 juillet, les pires scénarios-catastrophes avaient alors été envisagés dans cette mégalopole de plus de 20 millions d’habitants, où les hôpitaux publics sont en piteux état, sans eau courante pour la plupart. Pourtant, l’épidémie a été contenue rapidement et n’a fait que 20 victimes dans ce pays de 170 millions d’habitants. Huit malades en sont décédés.
L’épidémie continue en Guinée, au Sierra Leone et au Liberia
Vendredi, l’OMS avait annoncé que le virus ne menaçait plus non plus le Sénégal. Dans ces deux pays, la réaction très rapide des autorités et le déploiement d’équipes chargées de surveiller toutes les personnes entrées en contact avec des malades ont été des éléments-clés pour stopper la chaîne de contamination.
Mais Ebola continue de faire rage en Guinée, au Sierra Leone et au Liberia. La présidente de ce petit pays de la corne d’Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, a exhorté dimanche « le monde entier » à « participer » à la lutte contre cette maladie « qui ne connaît pas de frontières ». La femme médecin norvégienne qui avait contracté le virus d’Ebola lors d’une mission en Sierra Leone est par ailleurs guérie, a par ailleurs annoncé lundi son employeur, la branche norvégienne de Médecins Sans Frontières (MSF).
L’UE s’engage à un « effort accru »
L’Union européenne s’est engagée lundi à fournir un « effort accru » pour « endiguer » Ebola dans les pays africains touchés, augmentant ses promesses d’aide et offrant des « garanties » d’évacuation sanitaire aux humanitaires infectés par la maladie.
« Un effort uni, concerté et accru est nécessaire pour endiguer l’épidémie et fournir l’aide nécessaire et appropriée aux pays touchés », ont affirmé les ministres européens des Affaires étrangères à l’issue d’une réunion à Luxembourg.
L’Union européenne va nommer d’ici la fin de la semaine un coordinateur européen de la lutte contre la fièvre hémorragique Ebola, a également annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
source : leparisien.fr
Ebola : quid d’une transmission par voie respiratoire et/ou aéroportée du virus ?
Publié le 21/10/2014
« C’est un scénario cauchemardesque et peu probable, mais qui ne peut pas être exclu » assène Anthony Banbury, chef de la mission dédiée à Ebola au sein de l’ONU qui s’exprimait récemment sur la question de la possible transmission aérienne du virus dans les colonnes du Telegraph. La question d’un tel mode de transmission du virus Ebola a été soulevée depuis plusieurs années, bien avant l’épidémie ravageuse actuelle que connaît l’Afrique de l’Ouest. Directeur du Centre pour la recherche sur les maladies infectieuses à l’Université du Minnesota, Michaël Osterholm qui estime « réel » le risque le virus devienne contagieux par voie aérienne aime ainsi à citer l’observation faite dans un laboratoire en 1989. Lors d’une faute de manipulation, le virus avait apparemment contaminé par voie aérienne deux singes. Les chercheurs avaient cependant été épargnés, ce qui avait poussé à mettre en avant l’environnement artificiel du laboratoire pour expliquer ces infections. Cette constatation n’en demeurait pas moins inquiétante sur les capacités mal connues du virus Ebola. Autre élément nourrissant les inquiétudes de ceux qui redoutent une transmission par voie aérienne du virus : les probabilités d’une mutation sont aujourd’hui fortement augmentées. « Plus longtemps, le virus se transmet parmi des hôtes humains dans le virulent melting pot de l’Afrique de l’ouest, plus il y a de chances de mutation » explicite Anthony Banbury.
Ebola n’a pas besoin de ça pour être une arme mortelle
Une grande majorité de spécialistes du virus Ebola considèrent cependant que la probabilité d’une mutation offrant au virus la possibilité de se transmettre dans par voie aérienne demeure extrêmement faible. Récemment, la revue Nature, sur la base de l’expertise de nombreux chercheurs estimait même une telle évolution « hautement improbable ». Principale raison : le virus Ebola ne nécessite pas un tel changement pour se montrer déjà fortement redoutable. « Sa méthode de transmission est déjà terriblement efficace » remarque ainsi William Schaffner, expert en maladies infectieuses à l’université de Vanderbilt qui remarque encore qu’aucune mutation aussi radicale n’a été observée jusqu’alors en virologie. Il ajoute que jusqu’à aujourd’hui, l’hypothèse d’un tel mode de transmission n’a jamais eu besoin d’être invoquée pour expliquer certaines contaminations. « Tout ce qui se passe maintenant peut être facilement expliqué par des transmissions de personne à personne, via un contact corporel. Nous n’avons pas besoin d’évoquer quoi que ce soit d’autre », conclue le spécialiste.
La gouttelette qui fait déborder le risque…
Si une transmission « aérienne » directe, par simple voie respiratoire, semble donc quasiment exclue, un contact corporel pourrait cependant ne pas être toujours nécessaire. Le virus Ebola « peut être projeté jusqu’à un à deux mètres de distance, sous forme de minuscules gouttelettes de salive lors de toux ou d’éternuements. A condition d’atterrir sur une muqueuse, par exemple le coin de l’œil ou les narines, puisqu’il ne peut pas pénétrer une peau saine. On parle là de transmission « gouttelettes ». Les proches des patients peuvent aussi être infectés après contact avec la sueur d’un malade en phase terminale en cas de lésion cutanée, et surtout par contamination muqueuse indirecte (contact de la muqueuse nasale ou oculaire avec les mains) » détaille le professeur Elisabeth Bouvet, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat dans les colonnes des Echos.
Exercice grandeur nature
Voici des éléments qui une fois encore rappellent l’importance pour les professionnels de santé d’une connaissance parfaite des modes de transmission du virus et d’une maîtrise absolue des protocoles de protection et de sécurité. Pour satisfaire ces exigences, à Dallas, où deux soignants ont été contaminés après la prise en charge d’un patient libérien, un nouveau protocole a été mis en place.
En France, également, la préparation gagne en intensité, avec la réalisation dans une semaine, d’un exercice d’entraînement grandeur nature, comme l’a annoncé hier le ministre de la Santé. Par ailleurs, si les services des Samu semblent dores et déjà suffisamment sensibilisés, un effort d’information supplémentaire devrait être fait auprès des agents de toutes les autres unités, comme l’indique le professeur Pierre Carli, qui dirige les équipes du Samu de Paris.
Vaccin : le Canada sur les rangs
Soulignons enfin qu’outre cette préparation de l’ensemble des équipes, la lutte contre l’épidémie d’Ebola est également toujours fortement active au sein des laboratoires. Ainsi, après plusieurs années de recherches sur les souches du virus Ebola au sein du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, le Canada est aujourd’hui en mesure de fournir 800 doses d’un vaccin expérimental à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tandis qu’un essai clinique va être lancé très prochainement aux Etats-Unis dont les premiers résultats seront connus en décembre.
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : l’infirmière espagnole est guérie
TF1 news avec AFP
le 21 octobre 2014
"C’est bien sûr un motif de célébration, c’est extraordinaire". C’est en ces termes que le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Carlos III à Madrid a salué la guérison de l’aide-soignante espagnole, première personne contaminée par Ebola hors d’Afrique. "Les critères de guérison du virus Ebola" tels qu’établis par l’OMS "sont bien remplis" après quatre analyses sanguines négatives, a annoncé le docteur Jose Ramon Arribas. Un test pratiqué dimanche avait déjà montré qu’elle n’avait plus de charge virale.
Teresa Romero, 44 ans, avait été admise dans cet établissement de santé il y a 15 jours. Elle avait été contaminée en soignant un missionnaire atteint par Ebola et rapatrié d’Afrique, qui a succombé à la maladie le 25 septembre. Le docteur Arribas a cependant souligné qu’il y avait encore un "processus de rétablissement de la santé" et qu’il fallait encore "laisser passer quelques jours", en soulignant que son "rétablissement complet" prendrait encore du temps.
Teresa Romero a une énorme "force physique et mentale (...) mais comme nous n’avons pas de "groupe de contrôle"" pour comparer, il est très difficile de savoir ce qui a joué en terme de traitement, a expliqué le médecin. "Nous avons passé des journées difficiles et maintenant... ces résultats nous procurent de la joie", a ajouté Marta Arsuaga. "Quand elle sera guériecomplètement, nous serons enchantés", a-t-elle souligné.
Ebola : guérison d’un caméraman américain contaminé au Libéria
Par LEXPRESS.fr, publié le 21/10/2014
Le journaliste, rapatrié aux Etats-Unis, avait attrapé le virus Ebola à Monrovia. Il va pouvoir rentrer chez lui ce mercredi.
Il a survécu au virus, mortel dans 70% des cas. Un caméraman américain de la chaîne américaine NBC, contaminé par Ebola au Liberia, est guéri. Ashoka Mukpo, qui couvrait l’épidémie dans le pays pour le compte de NBC, va pouvoir rentrer chez lui dès ce mercredi, a indiqué mardi soir dans un communiqué le Nebraska Medical Center où il était soigné.
"Un test de sang négatif confirmé par les CDC (Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies) a montré qu’Ashoka Mukpo n’avait plus de traces du virus dans le sang et était donc libre de rentrer chez lui" dans le Rhode Island (nord-est), a ajouté l’hôpital. Le journaliste avait attrapé le virus à Monrovia, mais il ne sait pas comment il a pu être infecté. "J’étais entouré de beaucoup de personnes malades la semaine avant que je tombe moi-même malade", a raconté cet homme de 33 ans.
Ashoka Mukpo est le 2e patient atteint d’Ebola à avoir été traité dans cette unité. Le premier, le docteur Richard Sacra, a été déclaré guéri de la maladie le 25 septembre, a précisé l’hôpital. Huit personnes, y compris Ashoka Mukpo, sont ou ont été traitées pour Ebola aux Etats-Unis. Un seul est décédé le 8 octobre, le Libérien Thomas Eric Duncan.
L’aide-soignante espagnole guérie
Mardi soir, la clinique des Instituts nationaux de la santé (NIH) a annoncé que Nina Pham, l’une des deux infirmières infectées au Texas en soignant Duncan dans un hôpital de Dallas, allait mieux.
Enfin, à Madrid, l’aide-soignante espagnole Teresa Romero, première personne contaminée par le virus Ebola hors d’Afrique, a été déclarée guérie, selon les résultats des tests définitifs rendus publics mardi.
"Les critères de guérison du virus Ebola" tels qu’établis par l’OMS "sont bien remplis" après quatre analyses sanguines négatives, a annoncé le docteur Jose Ramon Arribas, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Carlos III, 15 jours après l’hospitalisation de Teresa Romero.
Avec AFP
Ebola : un test de diagnostic rapide très vite mis au point en France
le 22 octobre 2014
La France a été l’objet de nombreuses critiques ces dernières semaines quant à son action contre l’épidémie d’Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest. Son engagement sur le terrain n’aurait en effet pas été à la hauteur de sa tradition tropicaliste et de sa vocation humanitaire. Cependant, dans l’ombre, les laboratoires français se sont mobilisés pour unir leurs forces aux équipes de recherche qui travaillent partout dans le monde à l’élaboration de nouvelles armes contre le virus. Hier, une conférence de presse a été donnée au sein de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) en présence du nouveau « Monsieur Ebola » français, le professeur Jean-François Delfraissy. Plusieurs annonces importantes ont pu retenir l’attention.
Deux mois pour mettre au point un test très avantageux
La mise au point en deux mois d’un test de diagnostic rapide a notamment été largement commentée. Aujourd’hui, les tests actuels, « basés sur la détection génétique du virus (…) nécessitent des appareils dédiés, prennent de 2h15 à 2h30 et doivent être pratiqués exclusivement en laboratoire » rappellent les chercheurs du CEA basés à Marcoule. Les équipes présentes sur le terrain exprimaient donc régulièrement leur besoin de pouvoir disposer d’un test pouvant être plus facilement et plus rapidement mis en œuvre.
Plusieurs équipes sont sur les rangs : des chercheurs américains se sont notamment donné pour objectif la réalisation d’un test diagnostic en moins de dix minutes. Mais les Français ont déjà quasiment relevé le défi. En deux mois, « grâce aux résultats des recherches menées depuis plusieurs années par le CEA dans le cadre du programme interministériel de recherche et développement Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique et Explosif (NRBCE) », les chercheurs ont pu développer un système utilisable « sans matériel spécifique », fonctionnant à la manière d’un test de grossesse, grâce à une simple goutte de sang, de plasma ou d’urine. Le résultat de ce test est obtenu en moins de quinze minutes. Il réside sur l’utilisation d’anticorps monoclonaux spécifiques de la souche Zaïre qui sévit actuellement. Le test Ebola eZYSCREEN vient d’être validé au sein du Laboratoire de haute sécurité microbiologique Jean Mérieux à Lyon et doit désormais être évalué sur le terrain. Si les résultats sont positifs, la phase d’industrialisation devrait être très rapide grâce à la société française Vedalab. On relèvera cependant qu’il s’agit d’un test de diagnostic positif et non un test d’exclusion.
Le temps des essais cliniques complètement modifié
Autre information mise en avant lors de la conférence Aviesan : le lancement d’un essai sur le terrain visant à l’évaluation de l’efficacité du favipiravir, un antiviral commercialisé au Japon. L’étude sera menée sous la direction de l’équipe INSERM du docteur Denis Malvy, spécialiste des maladies tropicales au CHU de Bordeaux. Ce praticien observe que le traitement présente plusieurs avantages : son innocuité est déjà confirmée, il peut être administré par voie orale et il est déjà largement disponible. Alors que le laboratoire Jean Mérieux continuera à mener des tests pour déterminer la meilleure posologie, un essai incluant soixante patients guinéens va être très prochainement lancé et les premiers résultats sont attendus dès le mois de janvier. « Si l’on observe une efficacité contre le virus, la molécule sera intégrée dès février dans une stratégie de plus grande ampleur » a détaillé Denis Malvy, confirmant ainsi que cette épidémie d’ Ebola permet de minimiser les barrières administratives habituelles dans la conduite des essais cliniques.
Sérum de convalescent : un challenge « majeur » mais exaltant
De la même manière que le favipiravir, une molécule déjà existante pourrait être prometteuse : aussi une équipe INSERM et d’Enyo Pharma s’est lancée dans le « screening » d’une dizaine de traitements déjà autorisés qui pourraient se révéler utiles face à Ebola. Enfin, le professeur Jean-François Delfraissy a souligné combien l’utilisation de sérums de convalescent continuait à être une piste à l’étude. La purification du plasma de patients guéris va être confiée à l’Etablissement français du sang et des résultats devraient être présentés avant le printemps. « C’est un challenge majeur, je ne sais pas si on pourra le relever » a observé Jean-François Delfraissy qui a cependant manifesté son plus grand intérêt pour cette voie.
Aurélie Haroche JIM.fr
Ebola : les hôpitaux parisiens renforcent leur dispositif de prise en charge
Les hôpitaux parisiens vont renforcer leur dispositif de prise en charge et de formation sur Ebola pour répondre aux inquiétudes des personnels soignants et les préparer à l’accueil de malades éventuels, selon une lettre de la direction générale.
Seuls deux hôpitaux parisiens, Bichat et Necker, figurent parmi les 12 établissements de santé de référence habilités à traiter des cas avérés d’Ebola.
Mais tous les autres devront informer les personnels sur « les procédures mises en place pour la gestion de cas suspects », a indiqué Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans une note datée du 16 octobre, adressée aux directeurs de groupes hospitaliers. L’AP-HP détaille ainsi un ensemble de mesures, « conformes aux instructions nationales », destinées en priorité aux personnels des services d’urgences, des maternités et des consultations de maladies infectieuses, « les plus concernés par l’accueil de patients suspects ».
Des kits et tenues de protection en stock
Ces services doivent disposer d’au moins deux kits de protection, contenant chacun quatre tenues adaptées à la prise en charge des malades suspects, selon le message d’alerte rapide sanitaire actualisé diffusé par la Direction générale des soins (DGOS) en octobre. « L’état des stocks » de ces tenues de protection « sera régulièrement actualisé », précise Martin Hirsch, ajoutant que « des tenues supplémentaires doivent être disponibles pour la formation ».
Qui paye ?
« Se pose le problème financier, qui paye ? », s’interroge Didier Choplet, secrétaire général adjoint CFDT AP-HP, contacté par l’AFP. « Pour l’instant l’AP-HP est en train d’acheter du matériel, mais il s’agit de matériel très spécifique » et « cela va peser sur le budget. On demande l’aide de l’Etat », dit le représentant syndical.
Formation des personnels Selon la DGOS, il est par ailleurs « essentiel » que les personnels à risque « suivent une formation pour maîtriser l’habillage et le déshabillage de la tenue de protection » pour éviter les risques de contagion lors de son retrait. Un plan de formation contenant un volet pratique sur le port des tenues et un autre sur le risque Ebola, doit donc « être poursuivi, complété ou engagé dans chaque hôpital », indique Martin Hirsch.
Un responsable dans chaque hôpital et un une adresse mail dédiée
Un « correspondant formation Ebola » devra être désigné au sein des équipes concernées pour aider à la mise en oeuvre de ce plan. Cette personne pourra elle-même suivre une formation dans un Centre d’enseignement aux soins d’urgence. Enfin, les agents de l’AP-HP qui souhaitent obtenir des informations sur Ebola peuvent désormais adresser leurs questions à une adresse mail dédiée.
source le parisien
Un cas d’Ebola à New York, risque de propagation au Mali et en Côte d’Ivoire
AFP 23 octobre 2014
Les personnels de santé et les lits manquent toujours dans les pays les plus touchés, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone.
Un médecin de New York récemment revenu de Guinée, où il travaillait avec Médecins sans Frontières (MSF) et avait soigné des malades d’Ebola, a contracté le virus, a affirmé jeudi soir le maire de la ville Bill de Blasio lors d’une conférence de presse. Le médecin avait été hospitalisé jeudi avec une forte fièvre et avait subi des examens pour déterminer s’il avait contracté le virus. Il est le premier cas avéré d’Ebola dans la plus grande ville américaine.
Au Mali, un premier cas d’Ebola, en provenance de la Guinée voisine, a été identifié et, en Côte d’Ivoire, un aide-soignant guinéen potentiellement contaminé était recherché. Face à la rapidité de la progression du virus, les considérables moyens promis en personnels de santé – plus d’un millier de soignants africains - et des centaines de millions de dollars risquaient d’arriver bien tard. Le premier cas confirmé au Mali est celui d’une fillette de 2 ans venue de Guinée voisine avec sa grand-mère, qui a été placée en quarantaine à Kayes (ouest), a annoncé jeudi soir le ministère de la Santé. Toutes les personnes ayant été en contact avec l’enfant ont été placées sous surveillance, selon les autorités sanitaires.
En Côte d’Ivoire, limitrophe de deux des pays touchés, la Guinée et la Sierra Leone, mais parvenue jusqu’à présent à échapper à la contamination, un aide-soignant guinéen potentiellement contaminé qui serait entré clandestinement dans le pays était activement recherché.
En France, le président François Hollande a pour sa part annoncé l’extension des contrôles à « tous les modes de transports » en France pour parer les risques de propagation d’Ebola.
Ces alertes interviennent quelques heures après que la présidente du Liberia, le pays le plus touché, Ellen Johnson Sirleaf, a appelé à un contrôle strict des frontières de la part des trois pays concernés afin d’empêcher une résurgence du virus dans les rares régions où l’épidémie recule. Elle a reçu dans la soirée la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, qui s’est ensuite rendue en Guinée pour achever sa tournée des trois pays, selon des sources officielles.
Auparavant, dans la capitale sierra-léonaise, Freetown, Nkosazana Dlamini-Zuma a annoncé que la République démocratique du Congo (RDC) s’était engagée à envoyer 1 000 personnels de santé, s’ajoutant aux quelque 600 déjà promis par les pays d’Afrique de l’Est, mais sans préciser de calendrier. « Nous avons remarqué que la communauté internationale réagissait avec davantage d’infrastructures mais pas beaucoup de personnels de santé. Et les infrastructures sont vitales pour avoir des centres de traitement et des hôpitaux, mais si ces infrastructures n’ont pas de personnel, c’est du gaspillage », a-t-elle expliqué, tout en reconnaissant la modestie des effectifs déployés par l’UA, d’une trentaine de personnels.
Echéance de décembre
Cuba, qui a déployé au début du mois 165 médecins et infirmiers en Sierra Leone, en a acheminé mercredi 83 supplémentaires, 49 au Liberia et le reste en Guinée.
Il est « extrêmement difficile de trouver assez de personnel soignant » pour venir lutter contre Ebola, a reconnu le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le docteur Keiji Fukuda, y voyant « un défi majeur » pour enrayer la propagation. Le Dr Fukuda a évoqué une possible « inflexion dans la courbe » de la progression de la maladie d’ici à la fin de l’année, alors que le cap des 10 000 cas est pratiquement atteint, ce bilan incluant près de 4 900 morts.
Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a aussi estimé que l’épidémie serait « contenue mais pas éliminée » dans son pays « d’ici à la fin de l’année », jeudi, sur la chaîne de télévision britannique ITV News. L’épidémie, la pire de l’histoire de cette fièvre hémorragique découverte en 1976 en RDC, représente toujours une urgence mondiale, selon l’OMS. A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé le déblocage de 24,4 millions d’euros « pour donner un coup de fouet » à la recherche. Le nouveau commissaire européen aux Affaires humanitaires, le Chypriote Christos Stylianides, va coordonner la riposte européenne à l’épidémie, a annoncé jeudi le président sortant du Conseil européen Herman Van Rompuy.
Aux Etats-Unis, le cofondateur de Microsoft, le milliardaire et philanthrope américain Paul Allen, a annoncé jeudi qu’il portait ses dons pour combattre Ebola à 100 millions de dollars (environ 79 millions d’euros).
Malgré l’augmentation des moyens dans les trois pays principalement touchés, l’OMS souligne qu’un quart seulement des 4 700 lits nécessaires dans les centres de traitement pour parvenir à l’objectif de l’ONU d’isoler 70% des malades d’ici au 1er décembre sont actuellement disponibles. La mise en place de ces lits et une meilleure détection des cas suspects pourrait en revanche éviter des dizaines de milliers de nouveaux cas d’ici au 15 décembre au Liberia, selon une simulation informatique réalisée sur la province de Monrovia, la plus peuplée du pays.
AFP
Ebola : les entreprises chinoises réduisent leur présence en Afrique
le 23 octobre 2014 source : Courrier international
Le nombre de ressortissants chinois vivant dans les pays touchés par le virus Ebola serait passé de 20 000 au mois d’août à 10 000 aujourd’hui.
Ni les coups d’Etat ni les guerres civiles n’avaient jusqu’à présent freiné la Chine dans son expansion économique en Afrique, constate The Wall Street Journal. "Mais, avec Ebola, c’est une autre histoire." Plusieurs entreprises chinoises ont évacué nombre de leurs salariés des pays touchés par le virus. Si Pékin n’a pas annoncé officiellement d’évacuations, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en août, le ministère du Commerce chinois comptabilisait 20 000 ressortissants dans les zones affectées, et ils ne seraient plus que 10 000 aujourd’hui, selon le ministère des Affaires étrangères.
Le retrait de ces travailleurs chinois "entraîne une diminution de l’activité commerciale, l’arrêt de projets cruciaux et vient aggraver les problèmes économiques de la région", s’inquiète le journal.
Au Liberia par exemple, le projet d’infrastructures le plus important du pays depuis la fin de la guerre civile (2002) – à savoir la reconstruction de la route reliant la capitale Monrovia à la frontière guinéenne, financée par la Banque mondiale – est à l’arrêt depuis que le China Henan International Cooperation Group a retiré la majeure partie de ses travailleurs en août.
Depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial du continent africain.
Ebola : dans les pas des volontaires de l’Eprus prêts à partir en Guinée
La Croix-Rouge française et l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) s’apprêtent à ouvrir, mi-novembre en Guinée forestière, un centre de traitement Ebola.
Ils sont six, vêtus d’étranges combinaisons et coiffés d’une cagoule ventilée. Deux attendent à l’écart, en « zone propre » ; les quatre autres peinent à fermer le caisson de confinement où gît Anna. Après avoir vaporisé partout une eau javellisée à 0,5 %, ils transportent le caisson désinfecté vers leurs collègues de la zone propre, qui transféreront Anna dans un avion sanitaire pour la rapatrier en France, où elle sera soignée.
Les réservistes apprennent à manipuler le caisson de confinement, pour l’évacuation éventuelle d’un volontaire contaminé.
Aujourd’hui, Anna est en plastique, les bidons de désinfectant sont vides et aucun avion n’attend. Dans ce hangar du Samu, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, le virus Ebola ne rôde que dans l’imagination des formateurs et réservistes de l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). Treize volontaires de cet établissement public s’envoleront, fin octobre, pour la Guinée, berceau de l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest. Ils y soigneront les patients pris en charge dans le centre de traitement qui doit ouvrir mi-novembre à Macenta, au cœur de la forêt guinéenne.
12 millions d’euros
Le gouvernement français a mandaté la Croix-Rouge pour ouvrir et gérer ce centre, avec l’aide, notamment, de l’Eprus, qui doit en fournir les soignants. « Pour nous, c’est une opération très lourde, une douzaine de millions d’euros de budget », raconte Stéphane Mantion, directeur général de la Croix-Rouge française. Une partie des fonds (5 millions d’euros au moins) sont apportés par la Guinée, dans le cadre d’un accord d’annulation de dette passé avec la France. Le reste vient de grandes entreprises françaises : 700.000 euros ont déjà été collectés, et l’organisation, qui peine à recueillir les dons, a puisé 100.000 euros dans un fonds d’urgence dédié aux « crises oubliées », selon une responsable citée par l’AFP.
La Croix-Rouge connaît déjà bien Ebola : des centres de traitement sont gérés par le mouvement international, et l’antenne française mène, depuis le début de l’épidémie, des opérations de prévention, de ramassage des corps, etc. Bref, « on faisait jusqu’ici le sale boulot », sourit Stéphane Mantion.
Base de vie
Le centre de Macenta aura une capacité (« extensible », précise Stéphane Mantion) de 60 lits. Il hébergera des cas suspects attendant les résultats du dépistage, des malades avérés et divers dispositifs, dont un laboratoire géré par l’Institut Pasteur. « La base de vie de l’équipe soignante sera située à l’extérieur du centre pour que les gens puissent prendre l’air, ajoute Stéphane Mantion. Les gens de Médecins sans frontières nous disent qu’ils rentrent cassés de mission : les gestes auprès des malades ne sont jamais banals, il faut être très précis, la mortalité dépasse tout ce dont on a l’habitude… Sans compter que la Guinée forestière a un climat particulier, chaud et très humide, on n’y reste pas par plaisir ! »
Des réservistes s’entraînent à désinfecter chaque parcelle de leur tenue avec de l’eau javellisée à 0,5%.
Vingt à vingt-cinq expatriés travailleront avec des personnels locaux « dix fois plus nombreux, selon Stéphane Mantion. Il nous faudra un incinérateur, beaucoup d’hygiène pour nettoyer les fluides contaminants… Bref, de nombreuses “petites mains” très nobles, dont le travail est d’une importance capitale ». Des moyens militaires seront mis à disposition pour assurer les liaisons avec la capitale et la sécurité du centre. Sur place, la construction est en cours, tandis qu’en France, chaque jour amène « son lot de soucis techniques et logistiques », souffle le directeur général. « Par exemple, je viens de signer un bon de commande pour 30 tonnes de chlore, de quoi tenir trois mois. Il faut maintenant assurer son transfert, à commencer par trois semaines de bateau pour amener la cargaison à Conakry. »
Mobilisés pour deux mois
La gestion des réservistes de l’Eprus n’est pas non plus des plus simples. Il a fallu, parmi les 1750 professionnels de santé inscrits sur les fichiers, trouver des volontaires pour constituer une première équipe, et il faudra sélectionner les suivants. « Nous avons eu plus de 180 candidatures pour ce premier départ », se réjouit Marc Meunier, directeur général de l’Eprus. Mais leur employeur et leurs collègues aussi doivent être convaincus, pour remplacer le professionnel durant son détachement.
Habitués à des missions plus courtes, les réservistes s’engagent cette fois-ci pour deux mois : trois semaines de formation, la moitié en France et en Europe, la moitié en Guinée dans un centre Ebola de Médecins sans frontières ; puis quatre semaines de travail dans le centre de Macenta ; enfin, une semaine de repos avant le retour à la vie « normale ».
« Ce sont déjà des spécialistes dans leur métier, détaille Marc Meunier. Mais nous leur apprenons à intervenir dans des cas de crise sanitaire majeure, à respecter des règles de sécurité, à s’intégrer là où ils interviennent… Nous leur apprenons aussi à se protéger eux-mêmes et à détecter leurs collègues en souffrance. » Avant leur départ, ils acquerront également tous les gestes nécessaires pour se protéger d’un virus hautement contagieux.
Une formation très poussée
Sur place, deux médecins et trois infirmiers soigneront les malades, un épidémiologiste surveillera les cas contacts, un cadre de santé et un responsable médical de centre géreront les équipes, un hygiéniste et un ingénieur sanitaire s’occuperont de l’évacuation des déchets, de l’incinération des corps, etc.
L’équipe pourra aussi compter sur un médecin, une infirmière et une psychologue, qui se consacreront aux soignants locaux et aux expatriés, du plus petit bobo à l’évacuation d’urgence, en passant par la gestion des coups de blues. La psychologue de l’équipe, Guinéenne d’origine, a déjà livré à ses compagnons de voyage le nom de restaurants de Conakry où ils pourront se régaler avant de rejoindre Macenta…
Toutes ces précautions rassurent les volontaires. « Je n’ai pas hésité, témoigne ainsi Lucile Plounevez, infirmière aux urgences et réserviste depuis un an. L’Eprus a les moyens de nous protéger, et nous sommes très bien formés. » Tous sont en effet rassurés par « un cadre très strict », avec les moyens et les garanties « qu’un État peut apporter », ajoute Dominique Meslier, réserviste encadrant.
« On n’a pas le droit à l’erreur, il faut être hypervigilant »
Habillage et déshabillage... Il faut s’être entraîné 40 à 50 fois pour être au point.
Christophe, Sylvie, Mariama, Marie-Laure, Sandrine et Emmanuel enlèvent, pour la énième fois, leur tenue de cosmonaute. Pyjama, combinaison, surbottes, gants en double épaisseur et cagoule ventilée… Il faut porter un soin extrême pour ôter, dans un ordre précis, chaque élément de l’équipement de protection et se désinfecter entre chaque opération. « On n’a pas le droit à l’erreur, il faut être hypervigilant », lâche l’une d’eux. Au contact des malades bien sûr, mais aussi « pendant le déshabillage, car c’est là qu’il y a le plus de risques », précise Françoise Boutot, en charge des formations à l’Eprus.
Avant de partir, les volontaires auront exploré la tenue de protection sous toutes ses coutures, explique Patrick Doubigny, infirmier et formateur à l’Eprus. « Il faut l’avoir mise et enlevée au moins 40 à 50 fois pour être au point. » Soigner Ebola, cela ne s’improvise pas.
source figaro.fr, crédits photos FRANCOIS BOUCHON
Un médecin atteint par le virus Ebola à New York
Le Monde.fr avec AFP | 24.10.2014
Une quatrième personne est atteinte par le virus Ebola aux Etats-Unis. Le maire de New York, Bill de Blasio, a annoncé, jeudi 23 octobre au soir, qu’un médecin récemment revenu d’Afrique avait contracté le virus, confirmant une information du New York Times.
Le Dr Craig Spencer, 33 ans, avait été hospitalisé en urgence à l’hôpital Bellevue de Manhattan plus tôt dans la journée, avec une forte fièvre et des douleurs abdominales. Des examens approfondis avaient été décidés au regard de « ses récents voyages, des symptômes et de son travail passé ». Les résultats des premiers examens ont confirmé le diagnostic mais ne sont encore que préliminaires, et devront encore être confirmés par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Le médecin était rentré depuis peu de Guinée, où il a travaillé pour Médecin sans frontières et avait traité des malades souffrant du virus, selon le New York Post. Il avait quitté ce pays le 14 octobre pour revenir, via l’Europe, à New York, ont indiqué jeudi soir les autorités.
« Il n’y a aucune raison que les New Yorkais s’inquiètent », a affirmé le maire, rappelant que la ville et les services sanitaires étaient préparés « depuis des mois » à l’éventualité d’une contamination dans la ville.
Selon les autorités sanitaires qui organisaient à une conférence de presse jeudi soir, la fiancée du médecin et deux de ses amis ont été placés en quarantaine par mesure de précaution. L’appartement du médecin à Harlem a en outre été scellé.
Selon la responsable des services sanitaires de la ville de New York, le médecin avait pris de nombreuses précautions depuis son retour de Guinée. Il prenait ainsi sa température deux fois par jour et limitait ses contacts. Toutefois, la responsable a concédé que l’homme avait pris à plusieurs reprises le métro, et était allé jouer mercredi soir au bowling avec des amis à Brooklyn. Le bowling a depuis été fermé par précaution.
Les autorités new-yorkaises continuent dans le même temps à chercher les personnes que le médecin pourrait avoir rencontrées et potentiellement mis en danger.
Ebola : la France étend ses contrôles aux bateaux partis depuis moins de 3 semaines des pays touchés
Le 24.10.2014 source : 20minutes.fr
La France a annoncé vendredi qu’elle étendait ses mesures de contrôle de santé, déjà en vigueur à l’aéroport de Roissy, aux ports accueillant des bateaux en provenance d’un des pays touchés par l’épidémie Ebola et partis depuis « moins de trois semaines ».
Dans la matinée, le président François Hollande avait indiqué, lors d’une conférence de presse au sommet européen de Bruxelles, que ces contrôles seraient étendus à « tous les modes de transports ».
En fait, il s’agit, en plus du transport aérien, du transport maritime en provenance des pays concernés. « On se focalise sur les risques les plus évidents », a ensuite précisé l’entourage du chef de l’État.
Le président a appelé à ne « tomber ni dans le catastrophisme, ni dans l’inaction » face à cette épidémie.
« Le catastrophisme produit la panique, c’est inutile, d’autant qu’on peut guérir de l’Ebola, on doit guérir de l’Ebola en Afrique et partout dans le monde, mais il ne faut pas non plus tomber dans l’inaction », a-t-il ajouté, soulignant qu’« une épidémie, ça progresse à un rythme géométrique ».
« Des mesures complémentaires » seront mises en place « à l’arrivée dans les ports pour les bateaux qui sont partis depuis moins de trois semaines (soit la période d’incubation, ndlr), depuis un pays dans lequel il y a l’épidémie d’Ebola », a indiqué dans l’après-midi la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Le ministère des Transports devra mettre en œuvre cette décision visant à éviter toute propagation sur le sol français du virus, qui a fait près de 4.900 morts sur près de 10.000 cas enregistrés et qui « continue à progresser de façon exponentielle » au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
- Test de température -
Marins et passagers auront un test de température, a précisé Mme Touraine depuis l’hôpital Necker à Paris, en marge d’un exercice de préparation du Samu à la prise en charge de cas possibles d’Ebola.
Le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies a assuré, lors d’une visite au port de Brest, que ces mesures seraient en place « probablement dès demain pour une partie et au début de la semaine prochaine », précisant que le principe consistera à ce qu’un « service indépendant » vienne « contrôler sur le bateau ».
D’ores et déjà, « des mesures importantes » ont été prises par la profession « pour protéger les navires français et leurs équipages », a indiqué à l’AFP le délégué général d’Armateurs de France, Eric Banel.
La zone à risque « ne se trouve pas sur les grandes lignes régulières internationales », ce qui « limite le nombre de navires concernés », a-t-il précisé.
Seule une quinzaine de navires français, qui transportent des conteneurs ou des produits pétroliers, rentrent en France régulièrement après avoir fait escale dans ces pays, selon M. Banel.
Face à la propagation du virus, la France avait décidé de contrôler, à leur arrivée à Roissy, les passagers du vol direct quotidien d’Air France en provenance de Conakry.
Depuis le 18 octobre, ils doivent se soumettre à une vérification de leur température avec des thermomètres laser sur la passerelle, avant d’entrer dans l’aéroport, et répondent à des questionnaires destinés à permettre de les retrouver en cas de besoin.
Ces contrôles prennent de 15 à 20 minutes et permettent de détecter des cas suspects et d’éviter toute propagation, selon le directeur général de la Santé, Benoît Vallet.
Le Maroc et la Belgique ont également mis en route des contrôles similaires.
En France, selon le ministère de la Santé, sur un total de 480 « signalements » pour Ebola répertoriés depuis juin, 18 cas ont été classés comme « cas possibles », mais aucun d’entre eux ne s’est révélé positif.
Seule une infirmière française, qui avait contracté le virus en Afrique, a été rapatriée et traitée à l’hôpital d’instruction des armées Bégin à Saint-Mandé, près de Paris. Elle est aujourd’hui guérie et les équipes soignantes qui l’ont suivie vont bien, assurent les autorités.
Un premier cas au Mali
source : Courrier international le 25 octobre 2014
Le virus menace deux nouveaux pays en Afrique de l’Ouest. Le 23 octobre, le Mali a enregistré son premier cas. La Côte-d’Ivoire, quant à elle, recherche un Guinéen potentiellement infecté.
Deux nouveaux pays s’inquiètent du virus Ebola. Le Mali confirme un premier cas de fièvre, et devient le sixième pays d’Afrique à être contaminé." La malade est une fillette de deux ans habitant dans la région de Kayes (dans l’ouest du Mali) et récemment rentrée de Guinée", déclare le 23 octobre Ousmane Koné, ministre de la santé malien. Le site Maliweb précise qu’"elle a été admise le 22 octobre au soir à l’hôpital de Kayes où elle a subi des examens". Selon le ministre, "la rapide prise en charge de la petite fille a favorisé l’amélioration de son état de santé".
Ecoles fermées
Le site Maliweb informe que "par sécurité, toutes les écoles de la ville de Kayes sont fermées ce vendredi 24 octobre". L’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce ce 24 octobre qu’elle enverra une nouvelle équipe de spécialistes dans le pays, afin d’aider les autorités sanitaires. La porte-parole de l’OMS a déclaré : "43 personnes ont été mises sous surveillance". Le Mali est un des deux pays (avec la Gambie) à tester le vaccin contre le virus.
En Côte-d’Ivoire (pays frontalier du Mali par le nord), l’aide-soignant guinéen potentiellement infecté par Ebola reste introuvable depuis le 22 octobre.
L’épidémie a causé la mort de près de 4 900 personnes depuis son apparition au mois de mars. Elle a officiellement été éradiquée au Sénégal, le 17 octobre, et au Nigeria, le 20 octobre.
§§§
Communiqué du ministère de la Santé et de l’hygiène publique
Dans le cadre de la prévention contre l’introduction et la propagation de la maladie à virus Ebola sur le territoire national, le Gouvernement du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’un cas suspect, une fillette de 2 ans venue de Kissidougou, en République de Guinée, s’est présenté à l’Hôpital Fousseyni Daou de Kayes, le mercredi 23 octobre 2014.
Dépêchés à Kayes, les services spécialisés de santé ont procédé à un prélèvement sanguin sur le sujet. Après analyse, l’examen de l’échantillon s’est avéré positif, ce jeudi 23 octobre 2014.
Par ce résultat d’analyse en laboratoire, le Mali connait à ce jour son premier cas importé de maladie à virus Ebola.
L’enfant malade et les personnes qui ont eu un contact avec elle à Kayes ont été immédiatement identifiés et pris en charge selon les normes requises en la matière.
Le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique a pris toutes les dispositions nécessaires pour éviter la propagation du virus. Il rassure les populations sur les mesures prises et en appelle au calme et à la sérénité.
Il convient de préciser qu’à ce jour, grâce à une diligente prise en charge, l’état de santé du sujet infecté s’améliore considérablement.
Conformément aux orientations du Président de la République, le Gouvernement de la République du Mali qui remercie tous ses partenaires pour l’assistance qu’ils lui apportent dans la lutte contre cette maladie, conseille aux populations d’éviter les déplacements non nécessaires vers les zones d’épidémie, et de respecter les mesures d’hygiènes et de sécurités édictées en la matière.
Bamako, le 23 octobre 2014
Le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique
Ousmane Koné, Chevalier de l’Ordre National
Ebola : New York et le New Jersey imposent la quarantaine aux voyageurs entrés en contacts avec des malades
Le HuffPost/AFP
Publication : 25/10/2014
Deux États américains prennent les devants. Les gouverneurs des Etats de New York et du New Jersey ont ordonné vendredi 24 octobre une mise en quarantaine obligatoire pour les voyageurs ayant eu des contacts avec des malades d’Ebola en Afrique de l’Ouest, après un premier cas d’Ebola confirmé chez un médecin à New York. Samedi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué que la fièvre hémorragique Ebola a dépassé la barre des 10.000 cas dans le monde, avec 4922 morts au 23 octobre.
"Une mise en quarantaine volontaire n’est pas suffisante", a déclaré le gouverneur de New York Andrew Cuomo. "C’est un problème de santé publique trop grave", a-t-il ajouté dans une conférence de presse. Le gouverneur Chris Christie a cité l’exemple d’une femme arrivée vendredi à l’aéroport de Newark, près de New York, après avoir soigné des malades d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Il a ajouté qu’elle allait faire l’objet d’"un ordre de mise en quarantaine" de 21 jours.
Ces dispositions vont plus loin que les consignes fédérales. Elles font suite à l’hospitalisation d’urgence jeudi à New York d’un médecin de 33 ans chez qui le virus Ebola a été identifié, six jours après qu’il fut rentré de Guinée où il aidait Médecins Sans Frontières (MSF) à traiter des malades d’Ebola.
Pour rappel, la France a étendu vendredi de l’aérien au maritime ses contrôles sur les transports en provenance des pays touchés par la fièvre Ebola, pour parer la propagation de l’épidémie. La ministre de la Santé Marisol Touraine a indiqué que les contrôles de passagers réalisés depuis le 18 octobre dans l’aéroport parisien de Roissy seraient étendus aux bateaux partis depuis "moins de trois semaines" d’un des pays touchés par l’épidémie d’Ebola.
Craig Spencer, le médecin américain, était vendredi en quarantaine à l’hôpital Bellevue à Manhattan, "dans un état stationnaire". "Il parle", a précisé la responsable des services de santé de la ville.
New York est "complètement préparée" pour faire face à Ebola, a affirmé le maire de la ville, cherchant à rassurer la population de la plus grande ville américaine. Dans la matinée, il avait pris le métro, pour montrer que les New-Yorkais ne devaient rien changer à leurs habitudes quotidiennes.
Le médecin contaminé s’était rendu à l’hôpital immédiatement après avoir découvert qu’il avait de la fièvre : il avait 37,9° et non 39,4°comme indiqué initialement, selon les autorités de New York, qui s’étaient préparé depuis des semaines à la menace, formant des milliers de personnes dans les hôpitaux et les services d’urgence.
Métro, bowling, restaurant
Elles ont reconstitué minutieusement l’emploi du temps du malade, afin d’identifier ses rencontres et les lieux où il s’est rendu, dans la ville de 8,4 millions d’habitants. Spécialiste des situations médicales internationales d’urgence, il avait essayé de s’isoler un minimum dans son appartement depuis son retour, limitant ses contacts et prenant sa température deux fois par jour.
Mais il avait toutefois pris plusieurs lignes de métro et était allé se promener sur la "High Line", la coulée verte de Manhattan. Mercredi, alors qu’il se sentait un peu faible, il était allé courir, avant d’aller jouer au bowling à Brooklyn dans la soirée. Il était aussi allé dans un café et dans un restaurant. Il avait également pris un taxi Uber. Le bowling, fermé par précaution, a été inspecté et déclaré sans danger, tout comme le café. Uber a précisé que le chauffeur de taxi "n’était pas en danger".
La fiancée du médecin, avec laquelle il vivait, a aussi été placée en quarantaine. Deux amis proches qu’il avait vus mardi et mercredi ont également été placés en quarantaine pour 21 jours. Son appartement à Harlem a été scellé. Des spécialistes en tenue de protection totale s’y sont rendus vendredi, a constaté l’AFP. Des tracts sur Ebola ont été distribués dans son quartier, afin de rassurer les voisins.
Quarantaine au Mali également
Plus de 50 personnes ont été placées en quarantaine au Mali, dont une dizaine dans la capitale, Bamako, en lien avec le premier cas d’Ebola identifié dans le pays, une fillette de deux ans décédée vendredi, a indiqué samedi à l’AFP le porte-parole du ministère de la Santé.
Outre 43 personnes dont 8 agents de santé en quarantaine à Kayes (ouest), où la fillette est décédée, une dizaine de personnes ont été placées sous surveillance médicale à Bamako. Il s’agit des membres de la famille chez qui la fillette a brièvement séjourné sur le chemin de Kayes, à son retour de Guinée voisine. Ils ont été mis en quarantaine par précaution, car elle n’était pas contagieuse à ce moment-là, a assuré le porte-parole du ministère de la Santé, contestant les conclusions de l’OMS.
Des tests sur les vaccins en cours
Craig Spencer est le premier cas détecté à New York, mais trois autres l’ont déjà été à Dallas (Texas, sud), dont un cas mortel, le Libérien Thomas Eric Duncan, décédé le 8 octobre. Deux infirmières qui avaient contracté le virus en soignant Eric Duncan ont été officiellement déclarées guéries vendredi.
L’une d’elle, Nina Pham, a quitté l’hôpital. Dans un geste très symbolique, elle a été reçue dans l’après-midi à la Maison Blanche par le président Barack Obama qui l’a serrée dans ses bras.
Le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone sont les trois pays les plus touchés par la fièvre hémorragique virale. Des tests sur des vaccins seront menés si possible en décembre dans ces trois pays africains les plus touchés, a annoncé à Genève le Dr Marie-Paule Kieny, directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
S’ils sont concluants, des centaines de milliers de doses de vaccins pourraient être envoyées en Afrique occidentale d’ici à la fin du 1er semestre 2015, a précisé le Dr Kieny au cours d’une conférence de presse. Des tests sont en cours aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et au Mali, et d’autres doivent commencer prochainement en Suisse et en Allemagne, a-t-elle ajouté.
Au Samu de Paris, on se prépare avec patience et minutie à faire face à Ebola
Le 25 octobre 2014
Marisol Touraine a assisté, vendredi 24 octobre 2014, aux très délicats habillages et déshabillages des personnels médicaux équipés des combinaisons de protection nécessaires pour traiter des malades du virus.
La France est prête à une arrivée éventuelle du virus Ebola. C’est le message martelé par Marisol Touraine. Pour rassurer, la ministre de la Santé a demandé à tous les services d’urgence de France de se livrer à des exercices grandeur nature simulant l’accueil de patients atteints du virus. Ces entraînements ont débuté jeudi 23 octobre. Mais c’est au quotidien que les personnels de santé doivent répéter les gestes qui doivent leur permettre de se protéger de la contagion. Le personnel du Samu de Paris s’est livré à cet exercice sous les yeux de Marisol Touraine, à l’hôpital Necker, vendredi.
Eviter tout contact avec des fluides
Comme l’explique le docteur Marc Lejay, spécialiste des situations sanitaires exceptionnelles, l’accueil des patients au Samu commence par deux questions : avez-vous de la fièvre, et rentrez-vous d’un pays à risque ? Si le patient y répond par l’affirmative et que les soupçons se confirment, il est alors classé comme cas "possible", et doit être confié à une équipe vêtue de ces combinaisons de protection intégrale. Des tenues qui doivent être enfilées puis retirées avec la plus grande précaution. "C’est compliqué, mais c’est avant tout une question d’habitude et d’entraînement", témoigne une infirmière du Samu de Paris, la voix étouffée par le masque plaqué sur sa bouche. Avec deux de ses collègues, elle répète l’habillage et le déshabillage sous les yeux des journalistes.
La mise en place de la combinaison est un travail de précision. Mettre une charlotte, enfiler le bas de sa tenue et des protections pour les pieds, puis mettre un masque, des gants, des lunettes protectrices, passer le haut de la combinaison en recouvrant les gants avec les manches, puis enfiler une deuxième paire de gants. Chaque geste doit être accompli dans l’ordre et pas un centimètre de peau ne doit être découvert, car le moindre contact avec les fluides corporels d’un patient atteint peut être synonyme de contamination. La combinaison, qui n’est pas réutilisable, coûte une centaine d’euros. Pour cet exercice, le personnel soignant n’utilise donc pas des tenues opérationnelles, mais des équipements d’entraînement. Le Samu reçoit de "vraies" tenues en nombre suffisant, mais "pas excessif", euphémise le docteur Lejay. (NDLR AB : les tenues sont fournies par l’EPRUS et sont référencées Norme EN 14605 : 2005 catégorie 4 et 3 b)
Le déshabillage, moment le plus risqué
La procédure est surtout un travail d’équipe. L’habillage et le déshabillage - qui peuvent prendre chacun plus de dix minutes - se font toujours à deux, pour des questions de sécurité. L’habillage est supervisé par une personne formée, qui fait le tour des masques, gants et capuches pour vérifier leur étanchéité. Mais la phase la plus risquée est celle où l’on retire sa combinaison. "Seuls les experts déshabillent, explique le docteur Jérôme Poignant, formateur au Samu, spécialisé notamment dans la gestion des risques biologiques. Il ne faut absolument pas que des parties contaminées de la tenue touchent la peau des personnels soignants." C’est en frôlant son visage avec un gant contaminé que l’aide-soignante espagnole aurait contracté le virus.
Au bout de la chaîne, il y a donc un "déshabilleur", formé aux risques chimiques, et dont c’est le seul rôle dans le traitement d’Ebola. Lui-même est vêtu d’une combinaison plus légère, qui ne couvre pas intégralement le visage, et peut être retirée seul. C’est celle que va aussi utiliser le personnel en contact avec les cas suspects mais "non-sécrétants", c’est-à-dire qui ne présentent pas de vomissements, de diarrhées ou d’autres substances contagieuses.
Principale mot d’ordre du déshabillage : "Prends ton temps." "Il n’y a aucune urgence une fois que le patient a été traité", explique le docteur Poignant. "Les erreurs se font quand on se précipite." On prend donc le moins de risques possibles : pendant toute la procédure, les "déshabillés" gardent les mains en l’air, pour ne pas risquer de toucher leur collègue qui, placé dans leur dos, retire leur combinaison. Une fois la tenue ôtée, l’infirmier pose immédiatement ses pieds en "zone propre". Il retire ensuite sa deuxième paire de gants, se lave les mains, et enfile une nouvelle paire, avec laquelle il retire et jette dans une poubelle, d’un seul geste, son masque et ses lunettes. Un "déshabilleur" arrête une infirmière qui s’apprête à enlever sa charlotte : "Non, d’abord les gants." Les gestes sont parfois un peu hésitants, mais les spécialistes veillent.
Une ambulance sous escorte policière, même pour de faux
Le personnel répète ces gestes à l’arrivée de la ministre. Marisol Touraine entre dans la pièce, saluant les infirmiers en combinaison. "C’est rare que l’on serre les mains comme ça", s’amuse le professeur Pierre Carli, qui dirige les équipes du Samu de Paris, et l’accompagne. Plus tard, elle assiste à une autre phase cruciale : le transfert dans une ambulance médicalisée d’une cellule de transport hermétique, dans laquelle une personne probablement infectée serait transférée vers l’un des 12 hôpitaux français habilités à traiter les malades d’Ebola.
Aucun échange d’air n’est possible entre ce "sarcophage", comme on l’appelle, et l’extérieur, mais les accompagnateurs, parmi lesquels au moins un médecin et un infirmier, sont tous en combinaison hermétique. Un dispositif qui avait fortement impressionné les voisins de l’infirmière transférée de son domicile de Puteaux jusqu’à l’hôpital Begin, jeudi 16 octobre, à cause d’une fièvre suspecte.
Cette fois, c’est la ministre de la Santé qui donne le départ de l’ambulance. Le véhicule quitte le Samu sous escorte policière, même lors des exercices. Pour l’instant, aucun cas possible d’Ebola n’a transité par l’hôpital Necker.
– S’habiller et se déshabiller seul
– S’habiller et se déshabiller en toute sécurité avec un partenaire
on peut pinailler (c’est un peu la vocation de ce site...) en voyant le retrait du ruban adhésif passer un peu trop près de la tête du partenaire.
Comment on transporte un malade d’Ebola (article du journal libération).
Ebola : faut-il une quarantaine pour les humanitaires de retour dans leur pays ?
le 27 octobre 2014
Après la confirmation de la contamination par le virus Ebola d’un médecin américain de retour d’une mission humanitaire, ayant pu avant la déclaration des premiers symptômes et son isolement, sillonner une partie de la ville de New York, les gouverneurs des états de New York, du New Jersey et de l’Illinois ont décidé de placer en quarantaine tous les voyageurs arrivant d’un des trois pays d’Afrique les plus touchés par l’épidémie. Cette mesure peut concerner tous les passagers sans exception, tandis que la quarantaine est réalisée à l’hôpital ou bien au domicile du sujet, s’il réside dans l’état.
Les CDC jugés trop laxistes
Les gouverneurs des trois états ont justifié leur décision en affirmant qu’à leurs yeux les préconisations des Centres de contrôle et des maladies (CDC) qui invitent les sujets de retour de ces pays ayant été en contact avec des malades à surveiller deux fois par jour leur température sont insuffisantes pour annuler le risque de contamination. Excluant par ailleurs que les personnes concernées s’appliquent à elles-mêmes une quarantaine, les trois gouverneurs ont donc estimé inévitable cette décision. « Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer à la population de l’Illinois qu’elle est protégée », a par exemple martelé Pat Quinn.
La Maison Blanche tance les trois gouverneurs
Avant même que ne défraie la chronique le témoignage d’une infirmière de retour d’une mission humanitaire, évoquant le manque d’aménité avec lequel elle avait été traitée au moment de son arrivée aux Etats-Unis et son placement en quarantaine sans aucune explication ni aucun égard (plusieurs heures ont passé avant qu’on lui offre enfin un repas), cette décision des trois gouverneurs a été très critiquée. La Maison Blanche et le Président sont eux-mêmes montés au créneau, réprouvant des mesures se basant sur « la peur et non sur les faits ». Beaucoup ont en effet considéré comme inutile ce type de mesure, rappelant une nouvelle fois qu’avant la déclaration des symptômes, aucune contamination n’était possible.
Qui va encore vouloir partir, si le retour est si âpre ?
Surtout, de nombreux observateurs s’inquiètent du signal envoyé par ce type de décisions sur l’engagement humanitaire de nouveaux personnels. Alors qu’il est aujourd’hui difficile de trouver des médecins et des infirmières acceptant de se rendre sur place, les méthodes employées à leur retour risquent d’ajouter à des réticences déjà très importantes. Les CDC ont ainsi déjà évoqué leur inquiétude de « ne plus pouvoir trouver des médecins et infirmiers prêts à partir ». « Nous ne pouvons pas prendre ici des mesures qui vont affecter notre capacité à couvrir la zone touchée » a de son côté jugé Samantha Power, ambassadrice américaine à l’ONU qui a entamé une tournée en Afrique de l’Ouest. « Le meilleur moyen de nous protéger est de mettre fin à l’épidémie en Afrique, et le meilleur moyen de combattre la maladie là-bas est d’envoyer un maximum de personnels de santé sur place pour aider à soigner les malades » a pour sa part martelé le directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), le Dr Anthony Fauci. Ces différentes réserves et commentaires n’ont pour l’heure pas ébranlé la détermination des trois gouverneurs, même dans l’Etat de New York, on a consenti à ne pas imposer de quarantaine aux voyageurs n’ayant eu aucun contact avec des personnes malades.
En France, manque de transparence
Si ces décisions confirment l’ampleur de la psychose qui gagne les Etats-Unis face à Ebola (rebaptisé d’ailleurs fear-bola par certains médias), elles invitent cependant à s’interroger sur le suivi des médecins et infirmiers humanitaires de retour de Sierra Leone, Liberia ou Guinée.
En France, les organisations les plus engagées sur le terrain, MSF et la Croix Rouge notamment, invitent leurs employés à prendre leur température deux fois par jour et à la noter. Des réunions sont également tenues au sein des associations pour préparer le retour des expatriés, afin d’éviter les mouvements de panique.
Cependant, la transparence est loin d’être totalement de mise. Dans le Monde début octobre, le professeur Philippe Brouqui, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Nord de Marseille s’étonnait ainsi : « Dans mon service, trois membres de l’équipe sont partis sur le terrain et un seul me l’a signalé. Comme ces missions sont effectuées sur les congés des personnels, l’hôpital n’en est pas informé et personne ne sait où ils sont. Il faut prendre des décisions sur les mesures à mettre en place au retour des personnes ayant pu être exposés. La quarantaine n’est pas prise au sérieux en France, mais la question de ses modalités et de son application doit être posée » juge le professeur.
Aurélie Haroche (jim)
Point épidémiologique au 27 octobre 2014
- Points saillants
- Au total, 10 115 cas (suspects, probables et confirmés) et 4 913 décès (létalité 48,6%) ont été rapportés par l’OMS dans 4 pays d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Libéria, Sierra-Léone et Mali).
- Le premier cas à virus Ebola a été rapporté au Mali par les autorités sanitaires le 24 octobre 2014. Il s’agit d’une fillette de 2 ans en provenance de Guinée, décédée le 25/10/2014.
- Depuis la dernière parution du Point Epidémiologique, la Sierra-Léone rapporte 486 nouveaux cas, le Libéria 403 et la Guinée 34 nouveaux cas.
- La transmission reste intense dans les capitales des 3 pays touchés ; le nombre de cas rapportés dans la capitale Monrovia (Libéria) continue d’être probablement sous-estimée.
- Rappel : L’OMS a officiellement déclaré les 17 et 19 octobre 2014 la fin de l’épidémie au Sénégal et au Nigéria.
La psychose Ebola gagne la Corée du Nord
Le Point - le 28/10/2014, SÉBASTIEN FALLETTI
Pour éviter une lointaine et hypothétique épidémie à laquelle le régime ne saurait faire face, Pyongyang a interrompu toutes les arrivées sur son sol.
Le Royaume ermite mérite plus que jamais son nom. Devant la menace Ebola, le régime nord-coréen a pris, fidèle à ses habitudes, des mesures drastiques. Depuis vendredi, toutes les arrivées de touristes ont été brutalement interrompues afin de prévenir une propagation du redoutable virus qui sévit dans la lointaine Afrique. Les agences de voyages, basées pour la plupart en Chine, ont en effet reçu l’ordre lapidaire de suspendre sine die toutes les arrivées touristiques. "Mes homologues viennent de me dire que la Corée du Nord sera fermée à tous les visiteurs étrangers pour une durée indéfinie, à partir du 24 octobre", explique Dieter Schmitt, de l’agence East-West Travel, basée à Pékin. Une mise au ban qui s’applique également aux journalistes puisqu’un cameraman espagnol basé à Pékin a lui aussi été refusé d’entrée, en dépit d’un visa en bonne et due forme. L’homme venait d’un "pays jugé à risque", selon les autorités.
Une fois de plus, la "race des purs", selon le titre de l’ouvrage du spécialiste de la propagande Brian Myers, semble se refermer dans sa coquille pour se protéger des miasmes du monde. Cette fermeture drastique, sans équivalente dans le monde pour un pays encore épargné, a surpris, à l’heure où Kim Jong-un a fait du développement touristique une priorité pour accélérer le développement économique. Alors une telle décision a relancé les rumeurs sur une possible instabilité politique à Pyongyang, d’autant que le "dirigeant suprême" traverse des problèmes de santé. Par le passé, le régime a en effet souvent fermé brutalement sa porte aux étrangers lorsqu’il traversait une période de crise interne. Ainsi, après la mort de Kim Jong-il en décembre 2011, la frontière avec la Chine était brusquement scellée. Pendant les funérailles, même les diplomates étrangers étaient tenus à distance.
Piètre état du système médical
Mais pour l’heure, aucun signe de révolution de Palais, depuis la "réapparition" publique de Kim Jong-un début octobre, une canne à la main, sans doute après une opération de la cheville. La fermeture de la Corée du Nord obéirait donc bien à de véritables craintes de contamination. Ainsi, les diplomates en poste à Pyongyang ne sont pas interdits de séjour, mais doivent être placés en quarantaine pendant trois semaines lorsqu’ils arrivent, selon l’agence russe Itar-Tass. Parallèlement, les employés du programme alimentaire mondial (Pam) continuent leurs activités "comme d’habitude", a affirmé sa porte-parole à Washington.
À l’image de l’ensemble de l’Asie qui a encore en mémoire l’épisode du SRAS qui avait paralysé la Chine, Pyongyang redoute une épidémie. Mais l’inquiétude n’est pas que d’ordre humanitaire, elle est également politique. Le piètre état du système médical nord-coréen serait obsolète face à une diffusion du dangereux virus qui a déjà fait plus de 4 000 victimes selon l’OMS. Une épidémie pourrait tourner à la catastrophe et placerait le régime dans une situation difficile. Un drame hors de contrôle qui atteindrait un peu plus son prestige, devant une population qui a appris à survivre sans rien attendre des Kim depuis la grande famine des années 90. De plus, elle forcerait le régime à demander de l’aide internationale, et donc à laisser des experts étrangers avoir un accès rare à son territoire. La mobilisation anti-Ebola est donc une affaire d’État.
Ebola : engagement supplémentaire de la France
Le mercredi 29 octobre 2014
Un plan global de lutte contre le virus Ebola en France et en Afrique de l’Ouest, élaboré par le professeur Jean-François Delfraissy, coordinateur interministériel de la lutte contre Ebola, a été approuvé hier par le Président de la République. Il suppose le déblocage de 20 millions d’euros supplémentaires. Ce financement devrait notamment permettre d’assurer le fonctionnement du centre de soins géré par la Croix Rouge situé à Macenta, en Guinée forestière et dont l’ouverture a été légèrement retardée. Quatre autres centres de soins en Guinée, ainsi qu’un centre dédié aux personnels soignants devraient également être gérés par la France, soit un total de 200 lits. Reste à savoir si ces nouveaux efforts seront jugés suffisants par ceux qui au sein de la communauté internationale ces derniers jours avaient regretté que l’engagement de la France ne soit pas comparable à celui des Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne en Sierra Leone et au Liberia.
M.P. (source JIM)
Comment Phoenix Air est devenue la « compagnie Ebola »
source bigbrowser.blog.lemonde.fr, le 29 octobre 2014
Depuis le début de l’épidémie d’Ebola, quinze personnes infectées par le virus ont été transportées par voie aérienne, des Européens et des Américains infectés en Afrique et rapatriés dans leur pays pour la plupart. Peu de compagnies aériennes peuvent prendre en charge des malades présentant un risque infectieux aussi élevé. Elles sont encore moins nombreuses à vouloir le faire.
Pour rapatrier leurs ressortissants, le Royaume-Uni et l’Espagne ont eu recours à des avions militaires, selon un article de Slate. Les Etats-Unis, eux, ont fait appel à une société privée sise à Cartersville, dans l’Etat de Géorgie : Phoenix Air. C’est également cette compagnie qui a assuré le vol Monrovia-Paris de l’infirmière française soignée à l’hôpital Bégin et aujourd’hui guérie.
Désormais surnommée la « compagnie Ebola », cette société ne peut transporter dans ses avions qu’un seul malade à la fois, accompagné par un médecin et deux infirmières, explique le Washington Post, qui lui a consacré un article.
Après le transport de chaque patient Ebola, un spray désinfectant toxique est vaporisé dans l’appareil et tous les composants, y compris la civière et les talkies-walkies, sont incinérés.
Une PME française se lance sur le marché
La compagnie dispose de trois unités d’isolation créées en 2011 avec l’aide des centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et le département de la défense. Mises au placard depuis, ces unités ont été ressorties en juillet avec l’épidémie d’Ebola. Le premier malade de Phoenix Air a été le docteur Kent Brantly, transporté le 2 août de Monrovia, la capitale libérienne, à Atlanta.
Phoenix Air est un client de longue date du gouvernement américain et devrait bientôt compter parmi ceux de l’UE : Bruxelles a annoncé vendredi 17 octobre un accord avec les Etats-Unis afin de pouvoir utiliser les avions sanitaires de Phoenix Air pour évacuer d’Afrique de l’Ouest le personnel médical européen qui serait atteint d’Ebola.
Pourtant, il existe d’après Slate un concurrent de Phoenix Air : la PME française Medic-Air International, créée et dirigée par le docteur Hervé Raffin. En collaboration avec l’avionneur français AirLec, cette société vient d’assurer un premier transport de patient Ebola, celui d’une infirmière norvégienne contaminée en Sierra Leone et rapatriée jusqu’à l’aéroport militaire d’Oslo.
De son côté, le Pentagone devrait bientôt mettre en place une autre solution de transport aérien, selon une annonce faite la semaine dernière. Alors que des milliers de soldats américains sont basés en Afrique de l’Ouest, le département de la défense planche sur des unités de protection utilisables dans les avions de sa flotte et qui permettraient le transport de douze patients à la fois.
Rencontre à Cuba pour contrer l’expansion du virus Ebola
Le Monde.fr avec AFP, le 29.10.2014
Une rencontre technique pour contrer l’expansion du virus Ebola sur le continent américain a été ouverte mercredi 29 octobre à La Havane en présence de 32 pays dont les Etats-Unis, une présence officielle inédite dans ce pays communiste.
Cette conférence de deux jours a débuté par une minute de silence, en hommage à l’économiste cubain Jorge Juan Guerra, mort du paludisme dimanche alors qu’il faisait partie de l’équipe médicale envoyée par Cuba en Guinée pour lutter contre l’épidémie de fièvre hémorragique.
« L’objectif fondamental de cette rencontre est d’échanger des critères pour affronter Ebola », a déclaré le ministre de la santé cubain, Roberto Morales, à l’ouverture. Quelque 254 représentants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de divers organismes régionaux mais aussi des Etats-Unis, du Canada et de 30 pays d’Amérique latine et des Caraïbes y participent.
« Chaque pays doit être préparé pour répondre [si des cas d’Ebola apparaissent], nous n’allons pas avoir le temps d’avoir une réponse internationale », a-t-il prévenu. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba a envoyé plus de 250 professionnels de santé dans les pays d’Afrique les plus touchés.
« COOPÉRER AVEC TOUS LES ACTEURS »
Selon le représentant des Etats-Unis, Nelson Arboleda, son pays est « disposé à coopérer avec tous les acteurs qui travaillent dans la région pour garantir une réponse efficace au niveau mondial contre ce virus ». « Nous soutenons les pays et les ministères de la santé, dans les Amériques, pour faire en sorte qu’ils aient les capacités adéquates pour pouvoir répondre à une possible arrivée d’Ebola », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis et Cuba ont multiplié ces dernières semaines les échanges d’amabilité autour de cette question, rompant avec une vieille tradition de relations tumultueuses et d’échanges orageux.
La réunion technique devait se conclure jeudi avec l’annonce de mesures et recommandations pour une lutte conjointe face au virus Ebola. Cette épidémie de fièvre hémorragique a fait 4 922 morts sur plus de 10 141 cas recensés au 23 octobre, essentiellement en Afrique de l’Ouest depuis le début de l’année, selon le bilan publié samedi par l’OMS.
Le codécouvreur du virus Ebola redoute une propagation en Chine
AFP 30 octobre 2014
Peter Piot a souligné le risque présenté par l’importante communauté chinoise en Afrique de l’Ouest et la faiblesse des contrôles sanitaires dans les hôpitaux de Chine.
Le professeur belge Peter Piot, codécouvreur du virus Ebola en 1976, s’est dit jeudi particulièrement inquiet pour la Chine, qui a une très importante communauté en Afrique de l’Ouest, face à cette épidémie qui, selon lui, pourrait toutefois commencer à baisser d’intensité à partir de Noël. « Des milliers et des milliers de Chinois vivent et travaillent aujourd’hui en Afrique. C’est une situation très différente par rapport aux épidémies précédentes. Il n’est pas impossible que des travailleurs [infectés] retournent en Chine », a expliqué Piot lors d’un séminaire de médecine organisé à Tokyo.
A l’appui de ses craintes, Peter Piot ajoute que « dans les hôpitaux publics en Chine, en tout cas ceux que j’ai visités, le niveau de contrôle des infections est très faible », même s’il reconnait que le niveau a été amélioré après l’expérience de l’épidémie de Sras. « Jusquà cette épidémie de Sras, la Chine n’était pas très ouverte aux nouvelles épidémies, mais depuis lors c’est très différent et beaucoup d’efforts ont été faits », a-t-il reconnu.
« On ne peut pas arrêter les gens de voyager, on verra des malades arriver dans n’importe quel pays, et de ce point de vue je pense que la Chine est particulièrement vulnérable », poursuit le pr Piot pour qui la bataille se gagnera en Afrique même et non par les contrôles dans les aéroports à l’étranger. « Franchement, d’un point de vue scientifique, ce n’est pas très efficace », a-t-il ajouté.
L’OMS critiquée
Selon le bilan publié samedi par l’OMS, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola a fait depuis le début de l’année 4 922 morts sur plus de 10 141 cas recensés au 23 octobre, essentiellement en Afrique de l’Ouest (Liberia, Guinée, Sierra Leone). Peter Piot, qui dirige à Londres une école de médecine tropicale, a également renouvelé ses critiques contre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont il a dénoncé la « lenteur » à réagir lorsque la crise a éclaté. Enfin, il a estimé que dans un « scénario optimiste » l’épidémie pourrait commencer à décroître aux environs de Noël, tout en mettant en garde : « il suffit d’une seule personne pour que l’épidémie reparte ».
Des Suisses rémunérés 662 euros pour tester un vaccin contre Ebola
source figaro.fr Mathilde Golla, le 31/10/2014
Le laboratoire GlaxoSmithKline cherche 120 volontaires pour valider son traitement expérimental contre le virus mortel.
Face à l’urgence de la situation et à la nécessité de mettre rapidement au point un vaccin pour lutter contre Ebola, le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) déploie en effet des moyens peu habituels. Les premiers tests seront pratiqués au CHUV de Lausanne. En attendant, 120 volontaires adultes sont recherchés afin de tester le traitement expérimental, soit la plus grande expérimentation au monde pour trouver un remède contre Ebola. « Nous devons aller très vite pour être mieux armés que ce que nous sommes actuellement en matière de prévention », affirme le médecin-chef au service des maladies infectieuses du CHUV., Blaise Genton, à Bloomberg.
En contrepartie, les volontaires seront rémunérés 800 francs Suisse (662 euros). Selon Blaise Genton, 50 personnes se sont déjà portées candidates mais ces participants sont essentiellement issus du milieu médical et le GSK cherche désormais des volontaires hors de ce domaine.
Les volontaires ne se bousculent pas
Une centaine de vaccins sont désormais disponibles et les tests commenceront dès cette semaine. Les premiers résultats seront connus mi-décembre. « Si le vaccin se révèle efficace et sans danger, il pourra être produit à grande échelle dès le premier trimestre de l’année prochaine avec des millions de doses envoyées dans les pays à risque », affirme Marie-Paule Kieny, directrice de l’Initiative pour la recherche sur les vaccins de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Encore faut-il que le laboratoire trouve les volontaires pour valider son traitement car les Suisses ne se bousculent pas pour participer à l’opération, indique Bloomberg. D’après l’agence, le vaccin serait constitué à partir d’une version génétiquement modifié du virus Ebola du chimpanzé mais GSK a refusé de confirmer.
Le Canada ferme ses frontières aux pays touchés par Ebola
Le Monde.fr avec AFP | 31.10.2014
Le Canada a pris la décision de ne plus délivrer de visa aux ressortissants des pays les plus touchés par le virus Ebola, ou aux personnes ayant séjourné récemment dans les Etats africains concernés.
Le ministère de l’immigration a annoncé vendredi 31 octobre que les services consulaires canadiens ne traiteront « aucune nouvelle demande de visa et ne poursuivront le traitement d’aucune demande de visa » en cours pour les personnes originaires des pays d’Afrique de l’Ouest déclarés touchés par l’épidémie de fièvre hémorragique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plus largement, « les étrangers qui se sont rendus dans un pays touché par l’Ebola », dans les trois mois précédant le dépôt de la demande de visa sont également inéligibles à sa délivrance. « L’introduction ou la propagation de la maladie présenterait un risque imminent et grave pour la santé publique au Canada », a estimé le ministère pour justifier sa décision.
DEUXIÈME PAYS OCCIDENTAL À PRENDRE CETTE DÉCISION
Il s’agit, selon l’arrêté publié au Journal officiel, d’une mesure sanitaire pour « aider à la prévention de la transmission et de la propagation de la maladie à virus Ebola au Canada ».
Après l’Australie lundi, le Canada est le deuxième pays occidental à prendre une décision rare sur la fermeture de ses frontières pour tenter de rester à l’écart du virus.
Si le Canada a procédé à plusieurs reprises à des tests sur des personnes présentant des symptômes de cette maladie, aucun cas avéré n’a pour le moment été relevé par le ministère de la santé.
L’OMS a révisé vendredi son bilan de la fièvre Ebola avec un total de 13 567 cas et de 4 951 morts, dont la plupart sont recensés au Liberia, en Guinée et au Sierra Leone.
Ebola : le rôle des facteurs génétiques démontré
Source L’Obs, le 31 octobre 2014
Des facteurs génétiques seraient déterminants dans la réaction de l’organisme au virus, selon une recherche menée sur des souris aux Etats-Unis.
Des facteurs génétiques seraient déterminants dans la réaction de l’organisme des hôtes infectés par le virus Ebola, certains n’ayant aucun symptôme tandis que d’autres en meurent, selon une recherche sur des souris menée aux Etats-Unis parue jeudi 30 octobre dans la revue "Science".
Ces différentes réactions sont observées chez les humains puisque le taux de survie est d’environ 30% dans l’épidémie actuelle, relèvent ces chercheurs.
Certains résistent même complètement à l’infection alors que d’autres ont des symptômes pouvant être relativement bénins à graves comme des hémorragies internes et une défaillance des organes entraînant la mort.
Des études précédentes sur des populations ayant contracté Ebola, ont déjà montré que ces différences de réactions à l’infection ne sont liées à aucun changement particulier du virus mais à la manière dont l’organisme réagit contre l’infection.
Des souris génétiquement modifiées
Ces scientifiques ont génétiquement modifié des souris pour en faire des modèles d’étude de l’infection par Ebola comme ils l’avaient déjà fait pour évaluer les différents degrés de gravité de la grippe.
Ces virologues ont infecté ces souris avec la même souche du virus Ebola responsable de l’épidémie qui a déjà fait près de 5.000 morts depuis le début de l’année principalement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.
"Les différents symptômes et réactions cliniques à Ebola dans ce groupe de souris sont jusqu’à présent similaires dans leur variété et proportion à ceux observés dans cette épidémie", souligne Michael Katze du département de microbiologie de l’Université de Washington à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest), un des principaux auteurs de cette recherche.
"Nos données suggèrent que des facteurs génétiques jouent un rôle important dans l’évolution de l’infection", ajoute-t-il.
19% des souris n’ont eu aucun symptôme
Cette étude montre que toutes les souris infectées par Ebola ont perdu du poids les premiers jours et que 19% de ces animaux n’ont eu autrement aucun symptôme. Elles ont même repris leur poids en deux semaines et n’ont montré aucun signe de l’infection.
Un autre groupe représentant 11% de ces rongeurs se sont montrés partiellement résistants tandis que moins de la moitié sont morts. Au total, la mortalité a dépassé 50% pour 70% des souris.
Généralement, quand l’infection active des gènes favorisant l’inflammation des vaisseaux sanguins et la destruction des cellules, les symptômes sont sévères, ont constaté ces virologues.
Trouver des marqueurs génétiques chez les humains ?
Chez les souris résistantes à Ebola, les gènes responsables de la réparation des vaisseaux sanguins et de la production des cellules blanches du système immunitaire sont très actifs.
Les rongeurs sensibles à Ebola ont tous eu une forte inflammation du foie ce qui pourrait expliquer leur plus grande charge virale et un dysfonctionnement de la coagulation sanguine.
Selon ces chercheurs, les résultats de cette recherche devraient permettre de trouver chez les humains des marqueurs génétiques de l’infection et d’évaluer l’efficacité des différents anti-viraux contre les souches du virus Ebola responsables de l’épidémie actuelle.
Ebola : à qui profite la peur de l’épidémie ?
source : lexpansion.lexpress.fr, Benoist Fechner, le 31/10/2014
La catastrophe sanitaire qui ravage l’Afrique de l’ouest et inquiète l’occident est aussi une catastrophe économique pour les pays touchés. Mais pour certains, l’épidémie constitue d’abord un excellent filon.
Ebola n’est pas une catastrophe pour tout le monde. Une partie de l’opinion publique, souvent à tort, parfois à raison, ne manque d’ailleurs pas d’accuser les médias de jouer sur la peur, pour obtenir du "clic" ou vendre du papier. Mais l’opportunisme est loin d’être l’apanage des seuls journalistes. La preuve avec la vente fin octobre du nom de domaine Ebola.com, pour la modique somme de 187 000 dollars. A un tel tarif, on comprend bien que le vendeur ait rapidement écarté la possibilité d’un don à l’institut Pasteur et préféré une vente à un fonds russe spécialisé dans les produits dérivés du cannabis. Hélas, la fumette ne traite pas les symptômes du virus, et à quelques heures de la fête d’Halloween, le pire est peut-être à venir.
Entre arnaques mortifères, plaisanteries douteuses et cynisme de marché, voici le meilleur du pire de l’Ebola mania qui s’est emparée d’une grande partie du monde, pendant qu’une toute petite partie de l’Afrique lutte silencieusement.
Le costume "sexy ebola" et autres articles de mauvais goût
Dans cette catégorie, on trouve essentiellement d’inoffensifs opportunistes qui ne font, a priori, de mal à personne. Si ce n’est aux amoureux du bon goût. En la matière, la palme revient sans conteste à ce fabriquant de costumes : "Alors que le virus mortel Ebola se faufile à travers les Etats-Unis", explique-t-il, "la lutte contre la maladie n’est pas une raison suffisante pour mettre le style de côté". Le site "BrandsOnSale.com" déborde d’arguments commerciaux tordants - ou tordus, c’est selon - pour écouler ses stocks de "costumes de confinement", à l’approche d’Halloween. Quitte à se voir attribuer la palme du pire déguisement par The Daily Beast. C’est plutôt mal payé pour le meilleur oxymore de l’année : "Sexy Ebola". Mais, inspirez profondément, les amateurs de plastique jaune n’ont pas fini de se régaler.
Puisque Halloween, en France, c’est finalement surfait, projetez-vous plutôt jusqu’aux fêtes de Noël : pourquoi ne pas offrir à junior, cette année, une gentille peluche, fidèle reproduction du filovirus Ebola ? Cela irait tellement bien avec le sapin. Pas convaincu ? Vous préfèreriez un bacille ou un virus moins en vogue ? Essayez donc l’herpès, la gangrène ou encore la syphilis. Succès assuré.
On vous épargnera les t-shirts, accessoires de cuisine ou autres "stickers Ebola" pour décorer sa salle de bain, qui pullulent ces derniers temps. Mais le sens inné du business de ce rappeur érotomane, bien connu à Harlem, vaut sans doute un dernier détour. Cam’ron, c’est son nom, a temporairement déserté les studios pour se lancer dans la commercialisation de masques de protection... à sa propre effigie. Attention, ces masques personnalisables protègent presque de tout, mais sans doute pas du ridicule.
Les "fonds Ebola" et autres opportunités de marché
Au risque de vous décevoir, autant vous dire tout de suite que, si vous comptiez investir, vous arrivez au moins 4000 morts trop tard. Les valeurs stars du secteur ont déjà vu leur cours s’envoler. Si tard dans la saison, c’est plutôt du côté de la grippe aviaire que "les bons pères de famille" préfèreront se tourner.
Mais le 14 octobre dernier, sans doute grisés par l’apparition d’un second cas sur le sol américain, nos confrères de USA Today publiaient un article à destination des amateurs de bons coups boursiers sobrement intitulé "How to profit from Ebola" soit en français "Comment profiter d’Ebola". Depuis, le papier a été retitré en "Stocks involved in ebola" (les valeurs impliquées dans Ebola), mais l’url de l’article, elle, est toujours là pour témoigner.
Dans un autre registre, plus numérique que boursier, l’application Ebola Tracker, disponible sur l’App Store d’Apple pour une poignée d’euros, prétend vous permettre de localiser les personnes infectées, partout dans le monde, et de préférence près de chez vous. La dernière mise à jour, datant de ce jeudi, ajoute même un "bouton rafraîchissement". Autrement dit, la promesse d’une information en temps réel.
Enfin, après Wall Street, Hollywood n’est pas en reste. A en croire le Hollywood Reporter, relayé par Slate, la Fox s’apprêterait à produire une série télévisée sur l’épidémie qui frappe l’Afrique de l’ouest depuis près d’un an. Le tout sous la houlette de Ridley Scott. Mais la star est bien Ebola.
Beaucoup d’arnaques et un léger parfum de mort
A côté des professionnels de l’arnaque qui n’hésitent pas à vendre - y compris en Afrique - de faux remèdes miracles ou des équipements de protection défectueux, Ridley Scott et les carnavaliers d’Halloween font figure d’enfants de chœur.
Les "brouteurs" et autres escrocs ordinaires sont sans doute les premiers à avoir flairé le bon filon. Pour mieux plumer le pigeon, ils renforcent sa peur, ses croyances, sa défiance à l’égard des autorités sanitaires... Et au bout du compte, la létalité d’une épidémie, toujours hors de contrôle, qui décime une population pour qui la peur n’est ni un business, ni un jeu.
Ebola : quid de la gestion des déchets ?
Publié le 03/11/2014
L’annonce de l’accueil en France d’un deuxième sujet contaminé par Ebola (un agent de l’Unicef dont l’état est stable) a dû faire souffler un nouveau vent de colère au sein de l’usine de retraitement de déchets de Saint-Ouen-l’Aumône du groupe Veolia. Cet établissement reçoit les déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) de pratiquement tous les hôpitaux de la région parisienne, dont ceux de l’établissement militaire Bégin situé à Saint Mandé où a été prise en charge en septembre une infirmière de Médecins sans frontières (MSF) contaminée par Ebola.
Or, les employés de ce centre de retraitement, particulièrement sensibilisés aux risques d’exposition à certains agents infectieux, n’ont appris que la semaine dernière qu’ils avaient pris en charge des déchets liés au traitement de l’infirmière de MSF. « Ces déchets portaient juste la mention déchets spécifiques (…). La direction n’était même pas au courant que c’était Ebola ! » a dénoncé dans les colonnes du Parisien, Laurent Fauveau, le délégué CGT de l’entreprise Véolia. Depuis la révélation de l’arrivée si discrète de ces déchets, la défiance est de mise au sein de l’usine où certains refusent désormais d’effectuer certaines tâches ou de serrer la main des chauffeurs en provenance des hôpitaux. Plus généralement, les syndicats exigent une formation spécifique et des précisions concernant l’attitude à adopter face à certaines situations particulières (déchets qui débordent et s’éparpillent par exemple).
Un précédent aux Etats-Unis
La direction tente évidemment d’apaiser ces inquiétudes en rappelant notamment que les déchets avaient subi un traitement particulier avant d’arriver au centre : désinfection à l’eau de javel et placement dans un conteneur spécifique. Cependant, elle admet qu’il y a sans doute eu un « dysfonctionnement au niveau du passage de l’information » puisqu’elle-même n’avait pas été avertie de l’arrivée de cette cargaison spéciale. Le sujet n’est pas sensible qu’en France. Aux Etats-Unis, après la mort de Thomas Ducan, le patient libérien pris en charge au Texas Health Presbyterian Hospital de Dallas, une entreprise de traitement des déchets de Louisiane, Chemical Waste Management avait refusé de se charger de ceux provenant de ce malade.
Un point épineux
Cette réticence des usines de traitement, quand bien même de très grandes précautions sont prises dans l’acheminement des déchets jusqu’à elles, fait écho aux rappels des autorités sanitaires internationales et nationales quant à l’importance de la plus grande vigilance sur ce point. Dans la réactualisation de ses recommandations à destination des personnels de santé, publiée ce vendredi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) insiste ainsi une nouvelle fois sur cette dimension. Tous les documents concernant les mesures de prévention et de contrôle à adopter dans les hôpitaux ne font par ailleurs jamais l’impasse sur ce sujet. Dans la très grande majorité des cas, on invite à considérer « tous les déchets comme des déchets biomédicaux » et à réaliser une désinfection minutieuse non seulement de ces matériels mais aussi de leurs contenants. En France, comme ailleurs, à l’occasion des exercices de simulation réalisés dans les hôpitaux, le responsable des équipes non médicales à Reims, François Ferrière remarquait : « La difficulté, c’est la désinfection, le traitement des déchets, des liquides, des matériels utilisés pour la prise en charge du patient ».
L’Australie et le Canada à contre courant
Au-delà du rappel de l’importance du traitement le plus attentif possible des déchets, la colère des employés de l’usine de traitement de Saint-Ouen-l’Aumône met une nouvelle fois en évidence les craintes nourries face à Ebola dans les pays occidentaux. Ces dernières sont aujourd’hui telles que deux états viennent de décider de fermer leurs frontières aux ressortissants des trois pays les plus touchés par l’épidémie. Emboîtant le pas à l’Australie, le Canada a en effet annoncé à la fin de la semaine dernière qu’elle ne délivrerait plus de visa aux libériens, sierra-léonais et guinéens. Une mesure qui concerne également « les étrangers qui se sont rendus dans un pays touché par Ebola ». Cette décision est justifiée par la nécessité « d’aider à la prévention de la transmission et de la propagation de la maladie à virus Ebola au Canada », lit-on dans l’arrêté publié au Journal officiel. Elle va à l’encontre de la politique appliquée jusqu’à aujourd’hui par l’ensemble des états occidentaux, qui sont nombreux à considérer qu’une telle fermeture des frontières constituerait une réponse contre-productive à la crise actuelle.
Le Canada n’a pour l’heure accueilli ou reçu aucun patient infecté par Ebola.
Aurélie Haroche jim
Ebola : quels critères de gravité ?
Publié le 03/11/2014
L’épicentre de l’épidémie actuelle d’Ebola, près de la ville de Guéckédou en Guinée, se situe à quelques kilomètres de l’hôpital de Kenema en Sierra Leone. Or dans cet hôpital fonctionne depuis plusieurs années un centre de recherche dédié à une autre fièvre hémorragique endémique dans la région, la fièvre de Lassa. Aussi, dès le début de l’épidémie, les moyens techniques (en particulier microbiologiques) et humains de ce centre ont-ils pu être mobilisés pour authentifier le virus Ebola et pour préciser les caractéristiques, virologiques, cliniques et épidémiologiques de cette nouvelle flambée de la maladie.
Aujourd’hui les équipes travaillant dans ce centre de Kenema associées à celles de plusieurs laboratoires américains présentent dans le New England Journal of Medicine les données qu’ils ont pu recueillir sur leurs 106 premiers malades confirmés virologiquement.
Si cette publication n’apporte pas d’éléments très nouveaux sur la transmission de l’affection, le temps d’incubation, les principaux signes cliniques ou la durée de la maladie dans les cas mortels, elle permet en revanche de préciser des critères de gravité évaluables lors de l’admission des patients.
La charge virale corrélée à la mortalité
La comparaison de différents paramètres cliniques et biologiques à l’entrée au centre entre les patients ayant guéri et ceux qui sont morts (74 % des cas pour lesquels l’évolution finale était connue) a permis à J.S Schieffelin et coll. de définir les marqueurs de mauvais pronostic suivants :
- - Un âge supérieur à 45 ans (la mortalité ayant été de 94 % au delà de cet âge contre 57 % en dessous de 21 ans ; p = 0,03).
- - Trois symptômes ont été associés à une mortalité très élevée : sensation vertigineuse ou de faiblesse (plaintes toutefois difficilement quantifiables) et diarrhées. Ainsi la létalité a été de 94 % lorsqu’une diarrhée était présente à l’admission contre 65 % en son absence (p = 0,04).
- - Si l’existence d’une fièvre n’était pas discriminante, son intensité était corrélée à la mortalité ultérieure, une température à l’entrée supérieure à 38°C étant de mauvais pronostic.
- - Au plan biologique, une acidose à l’admission ou en cours d’hospitalisation ou une élévation des transaminases paraissaient également associées à une évolution péjorative.
- - La charge virale à l’entrée enfin est apparue comme un élément hautement discriminant (létalité de 94 % au dessus de 10 millions de copies par mL contre 33 % en dessous de 100 000).
A noter que dans cette courte série (pour laquelle toutes les données cliniques ou para-cliniques n’ont pu être recueillies) les autres paramètres vitaux à l’admission (pression artérielle, fréquence cardiaque ou respiratoire) n’étaient pas statistiquement corrélés au pronostic. De même la létalité était comparable chez les hommes et les femmes.
Bien qu’encore parcellaires, ces données devraient permettre d’élaborer un score de gravité. Celui-ci pourrait être utile dans l’immédiat pour établir un pronostic à l’arrivée dans un centre et pour adapter certaines mesures thérapeutiques. Ultérieurement un tel score permettrait de mieux juger des résultats de différents traitements expérimentaux prescrits dans le cadre essais thérapeutiques.
Au delà de ces enseignements cliniques, le travail de J.S Schieffelin et coll. est indirectement l’occasion de rappeler à tous le lourd tribut qu’ont payé les soignants en première ligne dans la lutte contre l’épidémie : sur les 46 signataires de cet article 7 étaient décédés à la date de la publication !
Dr Céline Dupin (jim)
– Références
Schieffelin J S et coll. : Clinical illness and outcomes in patients with Ebola in Sierra Leone. N Engl J Med 2014 ; publication avancée en ligne le 29 octobre 2014. DOI:10.1056/NEJMoa1411680.
Ebola : le secrétaire général de l’ONU critique les mesures de quarantaine prises à l’encontre des humanitaires de retour dans leur pays
Publié le 04/11/2014
Trois états américains ont décidé la semaine dernière de placer en quarantaine toutes les personnes en provenance des trois pays les plus touchés par le virus Ebola et notamment les personnels humanitaires de retour de ces pays. Ces décisions sont très contestées outre-Atlantique, tandis qu’une infirmière de retour de Sierra Leone a si sévèrement critiqué l’accueil qui lui a été réservé que sa quarantaine imposée dans le New Jersey a finalement été levée. Pour le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, ces dispositions ne se justifient pas pleinement. « Il y a certaines restrictions supplémentaires et discriminations contre les personnels de santé qui ne sont pas nécessaires » a-t-il ainsi déclaré hier lors d’une conférence de presse qui se tenait à Vienne au cours de laquelle il a tenu à rendre hommage « à ces gens qui risquent leurs vies ». Il a plus certainement précisé qu’à ses yeux certains placements en « quarantaine (…) ne sont pas fondés sur des preuves scientifiques ».
Des chercheurs utilisent une intelligence artificielle pour lutter contre Ebola
le mercredi 05 novembre 2014, source clubic.com
Pour tenter de trouver un vaccin contre le virus Ebola, une start-up canadienne fait équipe avec l’Université de Toronto pour développer une intelligence artificielle capable d’analyser l’efficacité de « millions de médicaments potentiels ». Son nom : Chematria.
L’épidémie actuelle d’Ebola a coûté la vie à près de 5 000 personnes, tandis que 13 000 sont présentement infectées à travers le monde. Pour les scientifiques, il est urgent de trouver un vaccin contre cette maladie dévastatrice, et certains n’hésitent pas à se tourner vers l’intelligence artificielle pour les épauler.
C’est là qu’intervient la start-up canadienne Chematria. Fondée en 2012, cette entreprise a développé un algorithme destiné à accélérer la découverte de médicaments plus efficaces. Pour ce faire, l’intelligence artificielle analyse des modèles statiques de molécules pour prédire leurs effets sur une cible biologique spécifique.
« Le système est piloté par un cerveau virtuel, basé sur le modèle du cortex visuel humain, qui apprend par lui-même en étudiant des millions de points de données concernant la manière dont les médicaments ont fonctionné par le passé. Avec ces connaissances, le cerveau de Chematria peut appliquer les modèles qu’il discerne, prédire l’efficacité d’hypothétiques médicaments, et proposer des utilisations surprenantes pour des médicaments actuels » explique le patron de l’entreprise, le docteur Abraham Heifets. « Ce que nous essayons de faire était considéré comme de la science-fiction auparavant » ajoute-t-il.
Chematria fait équipe avec l’Université de Toronto dans le cadre de leurs recherches de traitement contre le virus Ebola. L’algorithme de l’entreprise a, ainsi, été installé sur le superordinateur le plus puissant du Canada. Interrogé par Mashable, le docteur Jeffrey Lee, chercheur à l’Université de Toronto, estime que les premières recherches sont « prometteuses » : « Nous mettons l’accent sur les mécanismes d’Ebola pour scruter les cellules qu’il infecte. Si nous pouvons interrompre ce processus avec un nouveau médicament, alors nous pourrions empêcher le virus de se répliquer. »
L’algorithme de Chematria permet aux scientifiques de gagner du temps et de ne se focaliser que sur les médicaments prometteurs, qui peuvent ensuite faire l’objet de tests en laboratoire. Néanmoins, il ne garantit pas pour autant la découverte assurée d’un traitement efficace, même s’il peut accélérer le travail des scientifiques : il a notamment déjà été utilisé dans la recherche contre le paludisme, la sclérose en plaques et la leucémie.
Une représentation virtuelle d’Ebola
Ebola : une maladie High Tech ?
le 8 novembre 2014
Guéckédou, ville de 340 000 habitants, troisième ville la plus peuplée de Guinée et épicentre dans ce pays de l’épidémie de fièvre Ebola était une inconnue du pourtant quasiment omniscient logiciel « Google Maps ». L’absence de cartographie précise des ruelles et des passages de la cité s’est révélée un obstacle supplémentaire pour les humanitaires sur place chargés de retracer les sujets ayant été en contact avec les patients infectés par le virus Ebola. Pour répondre à cette lacune, la communauté des internautes s’est fortement mobilisée sous l’impulsion de l’ONG Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT) : en quelques heures Guéckédou est sortie des limbes du web et a fait son apparition sur Google Maps.
Une épidémie à l’ère numérique
Cette reconstitution minutieuse des quartiers de Guéckédou grâce au web et sur le web est peut-être la première illustration du poids des nouvelles technologies et des nouveaux modes de communication dans la gestion de l’épidémie d’Ebola, mais sans doute pas la dernière. Rarement jusqu’à aujourd’hui, la lutte contre une maladie n’avait entraîné l’essor de tant de nouveaux outils « high tech ». Outre les prouesses réalisées par les laboratoires ayant permis, par exemple au sein du CEA, la mise au point ultra rapide de tests de détection utilisables sur le terrain et offrant une réponse en quelques minutes, au-delà des robots de désinfection qui connaissent aujourd’hui de nouvelles missions face au défi que représente Ebola, les géants des nouvelles technologies sont plus que jamais sollicitées. Leur atout principal : abolir les distances comme le proclament les publicités et faciliter la géolocalisation des individus.
Une application qui fait la différence au Nigeria ?
C’est dans cet esprit qu’a par exemple été utilisée eHealth développée par la société américaine eHealth and information systems. Au Nigeria, les agents chargés d’identifier l’ensemble des personnes ayant été en contact avec un sujet atteint du virus Ebola ont été équipés de téléphones portables et de tablettes sur lesquels était installée cette application. Elle leur a tout d’abord permis d’envoyer en temps réel les informations concernant les sujets contacts au ministère de la Santé. Par ailleurs, grâce à un système d’alerte, ce dispositif a contribué à réduire considérablement le temps entre l’apparition de symptômes suspects et leur signalement aux équipes médicales. Pour beaucoup ce système de surveillance a représenté un atout de poids et contribué à la victoire du Nigeria contre l’épidémie, même si les différences structurelles qui existent entre ce géant de l’Afrique et les autres pays touchés ont sans doute été plus significatives encore.
Pour aider l’Afrique, envoyez de l’argent… ou des téléphones portables
Alors que l’utilisation d’e-Health en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée est fortement envisagée, de nombreux autres dispositifs du même type se sont développés, reposant toutes sur les capacités de géolocalisation et de transmission instantanée des informations pour améliorer les opérations de surveillance et de traçage de l’épidémie. Le principe réside notamment dans le signalement des cas d’Ebola par les acteurs de terrain et les proches de patients : c’est notamment la logique d’EbolaTraker développée par IBM mais dont le coût de 2,99 dollars est un frein à son utilisation et suscite la défiance de certaines associations qui regrettent ce caractère "mercantile". Toujours dans le même ordre idée, on a assisté à la mise à disposition d’une ONG par Orange des données anonymisées de milliers d’abonnés au téléphone afin de faciliter l’échange d’informations.
Dans d’autres cas, les associations utilisent ces nouvelles technologies pour envoyer des milliers de sms de sensibilisation ou pour recevoir en temps réel des informations sur les besoins des communautés (en termes de désinfection, traitement des corps ou encore plus simplement de denrées alimentaires) ; des sms souvent gratuits grâce à un système développé par IBM, à des compagnies de téléphonie mobiles locales et à des universitaires qui permet à des personnes vivant dans des zones à risque d’envoyer des messages non payants. La place centrale occupée par les « smartphones » dans la gestion de l’épidémie est telle que le coréen LG a envoyé plus de 2 000 téléphones en Afrique, bientôt imité par Samsung qui doit expédier 3 000 Galaxy S3 Neo aux hôpitaux des trois pays touchés dans le cadre d’un programme développé par l’ONU baptisé Humanitarian Connectivity Project.
L’humanitaire connectée au nouveau monde.
Cette large utilisation des nouvelles technologies de communication montrent un nouveau visage de l’humanitaire qui s’est depuis plusieurs années converti à cette nouvelle ère, comme l’illustre par exemple l’utilisation par la Croix Rouge depuis trois ans d’un système proche de eHealth pour recenser les cas de paludisme. Cependant, face au déferlement de ces nouvelles technologies, l’attitude des organisations oscille entre enthousiasme, une certaine défiance (liée notamment à la crainte d’une trop faible utilité sur le terrain de dispositifs principalement développés pour des raisons commerciales) et une méconnaissance liée à une absence d’expertise.
Ebola et les escrocs du web.
Mais l’autre versant de cette déferlante high tech entraînée par l’épidémie mortelle d’Ebola est la prolifération sur le web d’arnaques associées à cette maladie. C’est ainsi que l’on a vu fleurir dans de nombreuses boîtes mails un nouveau type de courriels d’escroquerie mettant en scène des victimes d’Ebola promettant de donner des millions de dollars à qui voudra bien leur communiquer ses données bancaires. Les sites internet colportant des fausses informations connaissent également des beaux jours sous l’ère de l’épidémie. « Les escrocs laissent rarement passer l’occasion de se servir d’événements très médiatisés pour capter l’attention des internautes et les convaincre de l’authenticité de leur message » commente à ce sujet Tanguy de Coatpont directeur général France et Afrique chez Kaspersky Lab cité par le Figaro.
Aurélie Haroche, jim
Vaccins contre Ebola : une course de vitesse
le 10/11/2014
La prévention est un axe privilégié par l’OMS dans la lutte contre Ebola avec le développement accéléré de deux vaccins recombinants visant à développer des réponses immunitaires humorales et cellulaires contre la glycoprotéine virale de surface. Le rVSV-ZEBOV, « vaccin canadien » développé initialement par l’Agence de santé publique du Canada qui reste propriétaire du brevet mais a cédé ses droits de commercialisation à NewLink Genetics, a pour vecteur une souche atténuée du virus de la stomatite vésiculaire. Le ChAd3-EBOV (GSK/National Institute of Allergy and Infectious Diseases) utilise comme vecteur de matériel génétique viral une souche atténuée d’adénovirus de chimpanzé. Innocuité, mais aussi détermination de la « bonne dose protectrice » et définition du protocole de vaccination sont les enjeux des essais de phase 1 en cours ou à leurs débuts.
Des phases 1 aux USA, en Europe et en Afrique
Le premier essai clinique du rVSV-ZEBOV, évaluant 3 doses intramusculaires chez 39 volontaires sains, a démarré le 22 octobre aux USA au centre des National Institutes of Health (NIH) de Bethesda. Dans ce protocole une 2e injection a lieu 4 semaines après la première, tandis qu’un essai mené au Walter Reed Army Institute of Research teste simultanément le vaccin en une seule injection.
Au total 335 volontaires sains, 20 en Allemagne, 100 au Gabon, autant au Kenya, et 115 en Suisse intègreront d’autres essais afin d’établir l’innocuité des différentes doses et de comparer les réponses immunitaires induites par une et deux injections de vaccin. Ils doivent commencer rapidement dans le cadre du consortium international bénéficiant du soutien financier de 4millions d’€ du Wellcome Trust, avec la supervision de l’OMS, et les 800 flacons de vaccins offerts par le gouvernement canadien.
Comme le souligne Charles Link Jr, PDG de NewLink Genetics, dans une interview pour les nouvelles de Science, une question clé pour la suite est de connaître la plus faible dose ayant un pouvoir immunogène aussi les études actuelles utilisent de 106 à 108 particules virales (vp). Il anticipe la disponibilité de 12 millions de doses de vaccins en avril en se basant sur le chiffre le plus faible.
Avec une longueur d’avance sur le rVSV-ZEBOV, les deux options du vaccin ChAd3-EBOV sont en test chez des volontaires sains. La forme bivalente contre les espèces virales Zaïre et Soudan est évaluée aux Etats-Unis sur 20 sujets recevant 2x1010 PU (particle units) ou 2x1011PU, et la forme monovalente contre l’espèce Zaïre est testée au Royaume-Uni chez 60 personnes aux doses de 1×1010 vp, 2,5×1010 vp, et 5×1010 vp (1). L’essai débuté au Mali en octobre doit impliquer 40 volontaires et le vaccin monovalent, de même que celui en Gambie. La Suisse démarre une phase 1 de la même forme sur 100 patients. GSK a accéléré sa production, et selon l’OMS de 24 000 à 230 000 doses pourraient être prêtes en avril 2015. Impossible à mieux préciser pour le moment en absence des résultats dose-réponse, sans compter les contraintes industrielles.
Nouveau coup d’accélérateur
Les résultats des premiers essais cliniques des vaccins rVSV-ZEBOV et ChAd3-EBOV devraient être disponibles en décembre et les phases 2/3 commencer en Afrique dès cette époque. Le protocole présenté pour les deux candidats vaccins lors d’une réunion d’experts de l’OMS fin septembre prévoit le déroulement en parallèle d’une phase 2a d’innocuité à large échelle chez des sujets non exposés hors de la zone épidémique et d’une phase 2b chez des sujets à haut risque, personnels en première ligne notamment, dans les pays touchés (2). A l’issue d’une réunion de l’OMS le 23 octobre sur l’accélération des essais de vaccins et leur financement, il a été jugé faisable de vacciner en urgence au premier trimestre 2015 les personnels de santé dans les 3 pays touchés.GSK a précisé ses projets de mener en parallèle les essais de phase 2 dans les pays non affectés et de phase 3 dans les pays affectés (3). Deux essais de phase 3 sont ainsi proposés. Le NIH planifie un essai randomisé contrôlé (contre vaccin antigrippal) impliquant jusqu’à 12 000 personnels de santé au Libéria (3,4), qui peut être modifié pour ajouter un bras rVSV-ZEBOV, et les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) américains un essai avec un protocole séquentiel en Sierra Leone qui pourrait inclure 8 000 sujets à risque.
D’autres candidats vaccins sont en développement, dont parmi les plus avancés celui mis au point par Johnson & Johnson (J&J). En se focalisant sur la souche zaïroise du virus, la firme a accéléré son programme initial contre les souches Zaïre et Soudan, et les essais cliniques pourront commencer début 2015 (3). Le vaccin, testé avec succès sur des macaques, utilise une stratégie de prime-boost (amorce-rappel) avec 2 vecteurs, adénovirus AdVac (du laboratoire néerlandais Crucell de J&J) et MVA-BN (Modified Vaccinia Ankara - technologie du danois Bavarian Nordic).
S’il est peu probable que l’efficacité de ces vaccins atteigne 100 %, ils auront cependant « un impact significatif sur l’évolution future de l’épidémie quel que soit le scénario » affirment les experts de l’OMS (3) et les fonds importants exigés par les essais « seront trouvés ». L’Union européenne a mis dans la corbeille du ChAd3-EBOV plus de 15 M€, sur une enveloppe financière de 24,4 M€ dont elle a annoncé le déblocage le 23 octobre pour stimuler la recherche de vaccins et de traitements contre Ebola. Elle s’engage aujourd’hui avec le lancement du programme Ebola+ de l’Innovative Medicines Initiative. D’un budget de 280 M€, dont la moitié provenant de l’industrie pharmaceutique, le premier appel à propositions du 6 novembre devrait permettre à des projets de commencer début 2015 sur 5 sujets, dont le développement clinique des vaccins, leur production, leur transport et leur stockage.
Dominique Monnier
Références
- (1) Kanapathipillai R et coll. Ebola Vaccine — An Urgent International Priority (perspective). N Engl J Med. 2014. Publication avancée en ligne le 7 octobre. Doi : 10.1056/NEJMp1412166
- (2) WHO consultation on Ebola vaccines 29-30 Septembre 2014
- (3) WHO High-level meeting on Ebola vaccines access and financing - 23 octobre 2014
- (4) Mohammadi D. International community ramps up Ebola vaccine effort (World Report). Lancet 2014. Publication avancée en ligne le 31 octobre. Doi : 10.1016/S0140-6736(14)61788-8
Ebola : le monde a gagné des batailles mais n’a pas gagné la guerre
le 12/11/2014
Les événements récents au Mali sur le front de la lutte contre l’épidémie d’Ebola constituent une démonstration de la nécessité de ne pas se féliciter trop rapidement des victoires enregistrées contre cette maladie. Lundi, le pays annonçait en effet la levée de la quarantaine imposée à 25 personnes après la détection du premier cas d’Ebola au Mali, qui concernait une fillette venue de Guinée qui a succombé à l’infection. La satisfaction n’a cependant été que de courte durée, puisque 24 heures plus tard, un nouveau cas d’Ebola était confirmé. Un infirmier d’un établissement privé de Bamako est en effet mort, victime d’Ebola comme l’a mis en évidence une série de tests. Il a probablement été infecté en prenant en charge un patient guinéen récemment hospitalisé dans la clinique et également décédé depuis. Il n’existe aucun lien entre ce nouveau patient et la petite fille arrivée malade à Kayes il y a un mois. Si les autorités ne se sont pas encore exprimées sur l’identification de ce second cas, l’établissement a été immédiatement placé en quarantaine.
Des équipes mobiles pour endiguer des foyers multiples dans tout le Libéria
A l’instar de ces épisodes maliens, la lutte contre l’épidémie Ebola est marquée depuis le début du printemps par ces revirements imprévisibles et inquiétants. Dans un communiqué rendu public lundi, l’association Médecins sans frontières (MSF) rappelle ainsi que par deux fois, la Guinée a fondé tous ses espoirs en une décrue du nombre de cas, qui n’a finalement pas été confirmée. Aussi, l’organisation invite-t-elle à observer les bons résultats enregistrés actuellement au Liberia à l’aune de ces précédents. Si le nombre de cas suspects et confirmés semble être en forte diminution (il a été divisé par cinq en deux mois selon le vice-ministre libérien de la Santé Tolbezrt Nyensuah), si désormais le Libéria grâce à cette baisse mais aussi aux efforts déployés par la communauté internationale est en capacité d’accueillir l’ensemble des patients, MSF appelle à la plus grande vigilance.
Parmi ses motifs d’inquiétude, l’existence de petits foyers dans l’ensemble du pays, qui continuent à se déclarer. Face à eux, l’organisation prône le développement d’équipes mobiles et de solutions flexibles. « Le déploiement rapide d’équipes mobiles et bien équipées favoriserait la mise en œuvre d’une réponse complète dans chaque foyer épidémique : investigation systématique des alertes, isolement, suivi médical des personnes ayant eu un contact avec des malades, organisation sanitaire des funérailles, mesures de décontamination et mobilisation des communautés locales » décrit le communiqué qui donne la parole au docteur Nico Heijenberg, coordinateur d’urgence pour MSF qui remarque : « A Foya, dans le comté du Lofa, nous pensons que c’est cette approche intégrée, ainsi que l’engagement de la communauté, qui ont largement contribué à la diminution constante du nombre de cas ».
Paludisme, décès en couches : les "dégâts collatéraux" d’Ebola
Outre l’importance de maintenir les efforts engagés au même niveau afin de ne pas « céder du terrain au virus », la seconde préoccupation majeure de MSF concerne la réouverture des centres de santé, afin de restaurer un accès aux soins (pour les autres affections), aujourd’hui quasiment inexistant. « De nombreux hôpitaux et dispensaires sont toujours fermés et beaucoup de ceux qui fonctionnent encore refusent d’admettre les patients fébriles ou présentant des symptômes qui pourraient s’apparenter à ceux de malades contaminés par Ebola.
MSF a commencé à adapter sa réponse à cette réalité en menant une distribution massive de traitements préventifs et curatifs contre le paludisme à Monrovia et en ouvrant un centre de triage Ebola à proximité de l’hôpital public Rédemption, d’une capacité de 200 lits, afin de favoriser sa réouverture dans un environnement sanitaire contrôlé » indique l’organisation. Si la prévention et la prise en charge du paludisme souffrent beaucoup des conséquences de l’épidémie d’Ebola, le suivi et l’accompagnement des femmes enceintes font également encore plus défaut qu’à l’accoutumée. Les ONG Save The Children et Action Aid estiment ainsi que plusieurs dizaines de milliers de femmes pourraient mourir en couches en raison du refus de nombreuses sages-femmes de les prendre en charge de crainte d’être contaminées par le virus.
Peu de partants sur le terrain de peur de ne pouvoir revenir en cas de contamination
Cet abandon des sages-femmes dans des pays connaissant déjà une densité médicale très faible constitue un des aspects des difficultés que rencontrent partout les organisations pour trouver des personnels acceptant de se rendre sur le terrain. Brett Adamson, qui coordonne le centre de formation des professionnels de santé pour MSF à Bruxelles, constate : « On arrive à maintenir une capacité opérationnelle, mais on est très loin de ce qui serait nécessaire. On manque surtout de médecins, de gens très formés. Certains sont partants mais freinés par leurs proches, surtout depuis que du personnel expat a été contaminé ». Autre motif de réticences, les craintes concernant les difficultés d’évacuation. Il faut dire que les spécialistes se montrent peut rassurants. Le mois dernier, la principale entreprise internationale d’assistance médicale, International SOS avertissait : « L’évacuation internationale de patients présentant des symptômes cliniques actifs d’Ebola est extrêmement limitée et peut s’avérer irréalisable en cas d’écoulement incontrôlé des fluides corporels du patient – vomissements, diarrhée ou saignements », précise le communiqué. Les contraintes de sécurité sont en effet nombreuses pour les organisations chargées des évacuations et la fermeture partielle du ciel accroît les difficultés. Ces dernières ne peuvent que s’ajouter aux doutes et inquiétudes de ceux qui auraient pu choisir de participer aux actions déployées sur place.
Aurélie Haroche
Ebola : plus de 5 000 morts et une crise appréciée diversement
Publié le 14/11/2014
L’épidémie de fièvre Ebola qui sévit depuis le début de l’année en Afrique de l’Ouest a tué officiellement plus de 5 000 personnes, 5 147 selon les derniers chiffres avancés, comme l’a annoncé cette semaine l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière confirme cependant que ce bilan est très probablement sous évalué, en l’absence de recensements systématisés. Depuis le début de l’épidémie, nombreux sont ceux soulignant que les chiffres présentés par l’agence onusienne ne reflètent pas la réalité. Ainsi, au début du mois de novembre encore, un responsable de la recherche opérationnelle de Médecins sans frontières (MSF) Rony Zachariah remarquait : « Des patients sont morts et des communautés ont disparu et cela n’apparaît pas dans les statistiques » ajoutant encore que le nombre de morts affiché est « très inférieur à la réalité ».
Etat d’urgence levé au Liberia, état d’alerte maximum en Sierra Leone
Outre ce bilan très insatisfaisant, la situation demeure contrastée. Les données encourageantes émanant du Liberia ont beaucoup été commentées cette semaine. Les spécialistes ont notamment insisté sur l’importance de ne pas lever trop rapidement la garde, face à une épidémie dont les reculs ont déjà été à plusieurs reprises rapidement suivis de nouvelles poussées. Pourtant, aujourd’hui le Liberia a décidé la levée de l’état d’urgence, une mesure qui signe l’optimisme des autorités, mais qui pour certains est trop prématurée. La situation au Liberia est en effet encore fragile, avec notamment la présence de petits foyers, qui ne sont pas toujours facilement accessibles.
Mais surtout, dans les pays voisins, la situation est loin de répondre à la même tendance. En Sierra Leone notamment, l’épidémie continue à se propager de manière soutenue, avec un nombre de nouveaux cas toujours en hausse. Les associations présentes sur le terrain sont en alerte face à l’afflux de patients, tandis que les capacités d’accueil déployées dans le pays semblent aujourd’hui largement dépassées. La situation au Mali où plusieurs décès ont été confirmés à Bamako inquiète également, tandis que l’OMS a sonné l’alerte à propos du risque de décès liés à la rougeole et au paludisme, en raison de l’épidémie d’Ebola qui concentre toutes les forces et toutes les actions sanitaires.
Tourisme en Guinée avant la CAN ?
Pourtant, l’Afrique et une partie de la communauté internationale semblent déjà vivre dans l’après crise, dans un temps, pourtant bien incertain où Ebola ne sera plus une menace. Ainsi, on a assisté cette semaine au refus des organisateurs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) d’entendre les recommandations du Maroc, proposant de repousser la manifestation sportive qui devait se dérouler dans son pays en janvier, en raison de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest !
Ainsi, les promoteurs de la CAN ont-ils jugé que la passion du football (et les enjeux économiques associés !) devait primer sur la prévention d’une épidémie meurtrière. Même volonté de ne regarder que l’avenir du côté du coordinateur de l’ONU pour la lutte contre le virus. Bien loin des réflexions de ceux qui s’interrogeaient sur l’opportunité de fermer les frontières avec les pays touchés, le docteur David Nabarro a évoqué les trésors cachés des capitales des trois pays avant d’insister : « Je tiens à encourager chacun à maintenir les voyages, le tourisme, y compris dans les endroits où Ebola est présent. Je souhaite encourager les touristes à aller dans ces pays, encourager les hommes d’affaires à continuer de travailler avec ces pays, il n’y a pas de raison de ne pas le faire ».
Aurélie Haroche
Ebola : l’épidémie approche les 7 000 morts, 1 200 victimes en quatre jour
30/11/2014
L’OMS a dressé samedi un bilan alarmant du nombre de victime du virus Ebola, estimant qu’environ 1 200 personnes sont mortes depuis mercredi dernier. Près de 7 000 personnes ont été victimes du virus depuis le début de l’épidémie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime dans un bilan publié samedi 29 novembre, que 6 928 personnes sont décédées des suites du virus Ebola, principalement au Sierra Leone, en Guinée et au Liberia, les trois pays les plus touchés par l’épidémie.
Le nouveau bilan porte à 16 169 le nombre de personnes infectées par le virus. Le précédent chiffre publié mercredi par l’OMS, faisait état de 5 674 morts, mais le nouveau bilan pourrait inclure des cas mortels non signalés.
Mobilisation dans le cadre du sommet de Dakar
La pression des ONG et de la société civile s’intensifie sur les pays francophones les plus développés, à l’occasion du sommet de Dakar, pour les pousser à s’engager résolument contre l’épidémie d’Ebola qui touche l’Afrique de l’Ouest.
"Jusqu’ici, l’Organisation de la Francophonie, qui regroupe 77 pays membres, n’a pas été très entendue sur cette crise sanitaire et humanitaire qui affecte la deuxième région où la langue française est la plus parlée dans le monde", déplorent une vingtaine d’artistes d’Afrique de l’Ouest, dont les chanteurs maliens Amadou et Mariam ou le Sénégalais Ismaël Lô, dans une lettre adressée cette semaine aux dirigeants francophones.
"Jusqu’à aujourd’hui, la Francophonie a été peu audible" sur cette crise, a estimé pour sa part le directeur régional de Save The Children, Eric Hazard, lors d’une table ronde d’ONG internationales à Dakar.
Hier, le président François Hollande, en visite à Conakry, a invité les pays concernés par l’épidémie ne pas relâcher la pression dans la lutte contre le virus Ebola.
Ce nouveau bilan intervient alors que le gouvernement malien a annoncé vendredi 28 novembre qu’une personne atteinte de la fièvre Ebola avait été traitée avec succès sur son sol. Il s’agit du premier cas de guérison au Mali, où un autre cas confirmé est encore en cours de traitement.
source : France24 Avec AFP
Ebola : l’OMS (trop ?) optimiste
Le 2 décembre 2014
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se félicite de constater qu’aujourd’hui au Liberia et en Guinée 70 % des inhumations sont désormais sécurisées : une performance importante quand on sait qu’au mois d’août, dans les trois pays les plus touchés par l’épidémie d’Ebola, près de 60 % des nouvelles infections étaient liées à des pratiques funéraires à risque. Dans ces deux pays, on compte également 70 % de sujets infectés pris en charge.
Des proportions également atteintes dans certaines régions de Sierra Leone. Autant d’avancées qui permettent à l’OMS de croire qu’au mois de janvier, 100 % des inhumations seront sécurisées et que 100 % des patients seront traités. « Nous pouvons très certainement prendre le dessus sur Ebola (…).
Nous sommes dans une situation très différente d’il y a deux mois » a assuré le directeur adjoint de l’OMS, Bruce Aylward. La situation demeure cependant critique, avec encore 1 100 nouveaux cas répertoriés chaque semaine (contre mille il y a deux mois).
L’affaiblissement de la vigilance est dans ce cadre un risque majeur.
M.P. (source jim)
Ebola : premier essai vaccinal chez l’homme
Publié le 08/12/2014
Les recherches sur un vaccin contre l’infection à Ebola ont débuté il y a plus de 10 ans. Plusieurs candidats-vaccins ont été développés au laboratoire et certains ont été testés avec succès chez des primates non humains. Mais jusqu’au début de l’année 2014, ces travaux en étaient restés à une phase animale. L’épidémie non contrôlée d’Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest aujourd’hui a conduit à prioriser ces recherches, la mise au point d’un vaccin efficace contre Ebola devenant une urgence.
Plusieurs essais cliniques de phase 1 ont débuté cet automne aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique. Ils testent le rVSV-ZEBOV qui a pour vecteur une souche atténuée du virus de la stomatite vésiculaire et le cAd3-EBO mis au point par GSK et le NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases) américain qui a comme vecteur une souche atténuée d’adénovirus de chimpanzé.
20 volontaires sains aux Etats Unis
Les premiers résultats publiés le 26 novembre concernent le cAd3-EBO. Dans ce vaccin, l’adénovirus défectif recombinant code pour un antigène glycoprotéique des virus Ebola de type Zaïre et Soudan. Ce vaccin a démontré son pouvoir immunogène et protecteur chez le primate non humain. Cet essai ouvert de phase 1 a été conduit sur 20 volontaires sains de la région de Washington. Dix ont reçu par voie intramusculaire une dose de 2 x 1010 particules virales et 10 une dose de 2 x 1011particules virales.
Sur ce petit groupe de sujets aucun effet secondaire préoccupant n’a été constaté, toutefois deux sujets ayant reçu la dose la plus élevée ont présenté une fièvre transitoire dans les 24 heures suivant l’injection.
Une immunité humorale spécifique dirigée contre la glycoprotéine s’est développée chez tous les sujets mais avec une relation dose-effet nette, la posologie élevée entraînant une élévation plus marquée du titre des anticorps. Il en a été de même de l’immunité cellulaire anti-glycoprotéine puisqu’avec 2 x 1011particules virales une réponse CD4 a été obtenue chez 10 sujets sur 10 et une réponse CD8 chez 7 volontaires sur 10 alors qu’avec 2 x 1010 particules virales, une réponse CD4 n’a été constatée que chez 3 volontaires sur 10 et une réponse CD8 que chez 2 sujets sur 10.
Ces données semblent donc montrer qu’avec la dose la plus élevée de particules virales, il est possible d’induire avec ce vaccin bivalent une réaction immunitaire d’un niveau qui a été associé à un effet protecteur dans des études conduites sur des primates non humains.
Aux Etats-Unis, au Royaume Uni, au Mali, en Ouganda et en Suisse, un autre essai de phase 1/1B est actuellement en cours avec un vaccin monovalent du même type dirigé contre le virus Ebola Zaïre en cause dans l’épidémie actuelle (cAd3-EBOZ).
Des phases 2/3 pourraient débuter en Afrique très prochainement chez des volontaires sains et des sujets à haut risque (personnels de santé) avec ce type de vaccin et avec le rVSV-ZEBOV. Ces essais conduits sur un plus grand nombre de sujets devraient permettre de mieux évaluer la tolérance de ces vaccins en Afrique c’est à dire dans un environnement pathologique bien différent et de préciser la dose immunogène minimale ce qui sera capital pour une production de masse à laquelle se préparent déjà les laboratoires concernés.
Dr Nicolas Chabert. jim.fr
RÉFÉRENCES
Ledgerwood J et coll. : Chimpanzee adenovirus vector Ebola vaccine. Preliminary Report. N Engl J Med 2014 ; publication avancée en ligne le 26 novembre. (DOI:10.1056/NEJMoa1410863).
Un modèle de prévision permet de faire des prédictions rapides et exactes sur l’épidémie de fièvre Ebola
10 décembre 2014
Un système de modélisation à l’échelle mondiale, conçu par des chercheurs de l’UE, est également utilisé pour faire des prédictions sur les épidémies de grippe.
Un grand nombre de chercheurs et de médecins tentent de contenir la propagation de l’épidémie de fièvre Ebola. Le Modèle de mobilité et d’épidémie à l’échelle mondiale (Global Epidemic and Mobility Model, GLEaM), élaboré dans le cadre du projet de recherche EPIWORK de l’UE entre 2009 et 2013, apporte un soutien de haut niveau. Il était déjà utilisé pour la fièvre Ebola. Le modèle a été utilisé pour prédire que d’ici fin novembre 2014, entre 14 000 et 22 000 personnes (nombre de cas signalés) auront été infectées par le virus Ebola.
Le modèle GLEaM produit des simulations réalistes de la propagation à l’échelle mondiale des maladies infectieuses en combinant des données du monde réel sur les populations et la mobilité des êtres humains avec des modèles stochastiques perfectionnés de transmission des maladies. Selon les concepteurs, le système intègre des données qui n’ont encore jamais été utilisées dans les prévisions sanitaires, comme le trafic aérien quotidien des passagers, les recensements, les admissions aux hôpitaux et les services médicaux, la fréquentation aux funérailles ou même des informations divulguées via les téléphones portables.
« En juillet de cette année, lorsque la maladie a commencé à présenter une croissance exponentielle en Afrique de l’Ouest, nous avons commencé à utiliser le modèle pour la fièvre Ebola. Nous envisageons également la possibilité d’une propagation de l’épidémie de fièvre Ebola à l’échelle mondiale. Dans le cas d’Ebola, les prédictions de cas signalés se situent exactement dans la fourchette de probabilité calculée par le modèle », a expliqué Alessandro Vespignani, ancien chef du projet EPIWORK.
Au cours du développement, on a testé les données épidémiologiques recueillies lors de l’épidémie de grippe H1N1 de 2009 et leur disponibilité pour la communauté des chercheurs à l’échelle de l’Union européenne. « L’objectif du modèle GLEaM en 2009 était la pandémie de grippe H1N1, mais il a toujours été destiné à être étendu à d’autres maladies infectieuses. L’idée était de créer un cadre de travail qui pourrait servir pour les nouvelles maladies émergentes. Il a ainsi pu être adapté à la fièvre Ebola », a ajouté l’épidémiologiste Daniela Paolotti, qui coordonne EPIWORK.
Au cours du projet, les chercheurs ont également développé « Influenzanet ». Selon les scientifiques, le système met l’accent sur la « science citoyenne ». Il obtient des données directement auprès de la population en laissant les participants remplir un formulaire qui comporte différentes questions d’ordre médical, géographique et comportemental.
Actuellement, environ 20 000 volontaires dans dix pays de l’UE participent à ce projet. Il apporte des informations complémentaires aux épidémiologistes et aux spécialistes de la santé. Jusqu’à présent, ces derniers pouvaient uniquement s’appuyer sur le système traditionnel des médecins généralistes qui formaient des réseaux sentinelles pour signaler l’apparition de maladies. Influenzanet offre un système de surveillance supplémentaire, rapide et flexible, qui ne remplace pas le réseau sentinelle, mais permet des comparaisons directes de maladies de type grippal entre les pays.
source univadis.fr
Les médecins préviennent : Les soins médicaux de base prodigués aux malades de la fièvre Ebola sont souvent inadéquats
le 11 décembre 2014
Des chercheurs britanniques et danois critiquent l’insuffisance des soins médicaux de base prévus pour les malades de la fièvre Ebola. Des mesures simples comme l’administration intraveineuse de liquides et d’électrolytes font souvent défaut, écrivent-ils dans un commentaire publié dans la revue « The Lancet ». Selon leur appréciation, ces mesures pourraient réduire le nombre de décès.
« La maladie à virus Ebola est une maladie fébrile accompagnée de symptômes gastro-intestinaux sévères. Nausées, vomissements et diarrhées causent une déplétion hydrique et électrolytique importante conduisant à un collapsus circulatoire et au décès », ont expliqué Ian Roberts de la Faculté d’hygiène & de médecine tropicale de Londres, et Anders Perner de l’Université de Copenhague. « Alors que de nombreux malades de la fièvre Ebola bénéficient d’une réhydratation par voie orale et du remplacement de certains électrolytes, l’administration de liquides et d’électrolytes par voie intraveineuse est variable, et il est probable que de nombreux patients décèdent des suites d’une insuffisance volumique et électrolytique. »
On se contente souvent de déclarer qu’il n’existe pas de traitement éprouvé pour la maladie à virus Ebola, expliquent les auteurs. Cependant, à ce jour, nous n’avons pas accordé une priorité suffisante à la mise en œuvre de protocoles concrets pour gérer le bilan hydroélectrolytique. Cela pourrait pourtant réduire fortement le taux de mortalité, font-ils valoir.
source univadis.fr
Personne de l’année 2014 du Time : le magazine choisit les personnels de santé qui luttent contre Ebola
Le HuffPost | Par Maxime Bourdier
Time a rendu son verdict. Le magazine américain a dévoilé mercredi 10 décembre sa traditionnelle "personne de l’année", qui distingue une personnalité qui a marqué l’année qui s’achève. Pour succéder au pape François élu en 2013, Time a cette fois décidé d’honorer non pas une mais plusieurs "personnes", celles qui combattent l’épidémie d’Ebola ("Ebola Fighters").
Comme l’explique Nancy Gibbs, rédactrice en chef du Time, il s’agit de rendre hommage à des docteurs, infirmiers et infirmières et autres volontaires œuvrant au sein d’ONG comme Médecins sans frontières. Des personnels de santé qui risquent (et parfois perdent) leur vie en tentant d’endiguer l’épidémie meurtrière qui sévit au Liberia, en Sierra Leone ainsi qu’en Guinée.
Vaccin contre Ebola : suspension d’un essai mené à Genève
Publié le 12/12/2014
Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) mènent depuis le 10 novembre un essai sur le vaccin VSV-ZEBOV produit par une agence publique canadienne sous licence d’une firme américaine (NewLink Genetics).
Cinquante-neuf volontaires ont reçu ce vaccin. Quatre d’entre eux ont présenté des douleurs « de type rhumatismal dans les articulations (pieds et mains) survenues entre dix et quinze jours après l’injection » ont indiqué hier les HUG dans un communiqué. Face à ces effets non attendus, les HUG ont décidé de suspendre leur essai. Les promoteurs de l’étude souhaitent prendre le temps de déterminer avec précision si un lien existe entre ces douleurs et le vaccin, avec pour objectif une reprise de l’essai le 5 janvier auprès de 15 nouveaux volontaires par semaine.
Cette suspension ne devrait entraîner qu’une semaine de retard par rapport au planning initial. Les interrogations vont cependant bon train, nécessitant la mise au point du docteur Marie-Paul Kieny, directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle a tenu à marteler qu’il ne s’agit pas d’un « contretemps » et a rappelé qu’aucun des participants n’avait dû être hospitalisé.
M.P.(jim.fr)
Severe Ebola virus disease with vascular leakage and multiorgan failure : treatment of a patient in intensive care
Timo Wolf, MD, Gerrit Kann, Prof Stephan Becker, MD, Christoph Stephan, MD, Hans-Reinhardt Brodt, MD, Philipp de Leuw, MD, Thomas Grünewald, MD, Thomas Vogl, MD, Prof Volkhard A J Kempf, MD, Prof Oliver T Keppler, MD, Prof Kai Zacharowski, MDcorrespondenceemail
Published Online : 18 December 2014
Un cas d’Ebola diagnostiqué en Grande-Bretagne
AFP 29 DÉCEMBRE 2014
Le virus de l’Ebola a fait son retour en Europe lundi et plus précisément au Royaume-Uni où une infirmière, tout juste revenue de Sierra Leone, a été diagnostiquée positive et placée en isolement dans un hôpital de Glasgow. Le gouvernement de la région semi-autonome d’Ecosse a indiqué que l’infirmière était revenue en Ecosse tard dimanche soir de Sierra Leone via Casablanca (Maroc) et l’aéroport d’Heathrow à Londres par un vol de la British Airways.
Arrivée vers 23h30 (minuit 30 en France) elle a été admise à l’hôpital lundi matin après s’être sentie mal et a été placée en isolement à 7h50 du matin.
Le fait que le virus ait été diagnostiqué « à un stade très précoce de la maladie » signifie que le risque qu’une autre personne ait été contaminée est « considéré comme extrêmement faible », a souligné le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon au cours d’une conférence de presse. Selon Alisdair MacConachie, responsable du NHS (Système de santé publique) de la région de Glasgow, la patiente ne montre pour l’instant « pas de signes cliniques inquiétants ».
Les autorités estiment que la patiente n’a été en contact qu’avec une seule personne depuis son retour à Glasgow. Par précaution, elles cherchent tout de même à entrer en contact avec tous les passagers qui se trouvaient dans les avions qu’elle a pris. L’infirmière sera transférée « dès que possible » à Londres dans une unité spécialisée du Royal Free Hospital, a ajouté le gouvernement écossais. C’est dans cet hôpital qu’avait déjà été soigné cet automne l’infirmier bénévole britannique William Pooley qui avait également été contaminé par le virus Ebola en Sierra Leone.
Dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés - Sierra Leone, Liberia et Guinée -, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola a fait 7 842 morts sur un total de 20.081 cas enregistrés, selon le bilan actualisé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié lundi. Plusieurs cas de malades ayant contracté le virus en Afrique ont été signalés en Europe et aux Etats-Unis. Le premier a été un missionnaire espagnol de retour de Sierra Leone qui est mort le 12 août à Madrid.
Une aide soignante espagnole qui avait traité deux missionnaires morts de la fièvre Ebola dans un hôpital madrilène était ensuite devenue la première personne contaminée connue hors d’Afrique. Dernièrement, un soldat nigérian de l’ONU a été transporté début décembre aux Pays-Bas pour y être soigné. Une fois guéri, il a pu rentrer dans son pays. Aucun cas au Royaume-Uni même n’avait pour l’instant été diagnostiqué.
« L’Ecosse s’est préparée à cette éventualité depuis que l’épidémie a éclaté en Afrique de l’Ouest et je suis confiant dans le fait que nous sommes bien préparés », a souligné Nicola Sturgeon qui s’est entretenu avec le Premier ministre britannique David Cameron. Ce dernier a fait savoir par le biais d’un porte-parole que les gouvernements écossais et britannique allaient « s’assurer que tout est fait pour soutenir le patient et protéger la santé du public, même si le risque pour la population reste faible ».
Le ministre britannique de la Santé, Jeremy Hunt, devait présider une réunion de crise lundi soir. La Grande-Bretagne se veut en pointe dans la lutte contre l’épidémie en ciblant ses efforts sur la Sierra Leone, ancienne colonie britannique. En octobre, elle a envoyé 750 militaires, un navire médicalisé et trois hélicoptères dans ce pays où elle a construit des centres médicaux.
Bilan du virus Ebola au 29 décembre 2014
Le nombre de morts dues à l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l’Ouest s’élève à 7 842 sur un total de 20 081 cas enregistrés dans les trois pays les plus touchés, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié lundi 29 décembre.
- La Sierra Leone, pays actuellement le plus touché par le virus, a fait état au 27 décembre de 9 409 cas (contre 8 759 lors du dernier bilan) et 2 732 morts (contre 2 477).
- Le Liberia a connu de son côté un ralentissement de la propagation du virus. Au 24 décembre, le pays avait comptabilisé 7 977 cas (7 819 précédemment) dont 3 413 mortels (contre 3 346).
- En Guinée, où l’épidémie a éclaté il y a un an, 2 695 cas (2 453 précédemment) ont été enregistrés au 27 décembre, dont 1 697 mortels (contre 1 550).
En dehors de ces trois pays, le bilan des cas mortels est inchangé : six au Mali où le dernier patient a été testé négatif le 6 décembre, huit au Nigeria et un aux Etats-Unis. L’Espagne et le Sénégal, qui ont été déclarés exempts de virus Ebola, ont compté chacun un cas. Aucun n’a été mortel.
Ebola, l’un des virus les plus dangereux pour l’homme à ce jour, a fortement touché le personnel médical. Au 21 décembre, 666 membres de ce personnel avaient été contaminés, et 366 en sont morts, selon l’OMS.
source : lemonde.fr
Ebola : l’origine de l’épidémie la plus meurtrière enfin identifiée ?
Publié par Emmanuel Perrin, le 31 décembre 2014, maxisciences.com
Une nouvelle étude menée par des chercheurs allemands suggère que l’épidémie d’Ebla pourrait avoir été déclenché par la contamination d’un enfant par des chauves-souris insectivores vivant dans un arbre.
Les scientifiques détiennent désormais une piste sur l’origine du virus Ebola. Responsable d’une vaste épidémie de fièvre, initiée l’an dernier en Guinée et depuis responsable de 7.700 morts en Afrique de l’Ouest, il aurait été transmis pour la première fois par des chauves-souris insectivores. Cette conclusion est tirée d’une étude épidémiologique allemande menée sur le terrain par des chercheurs de l’Institut Robert Koch.
Lors de leur enquête, les scientifiques se sont rendus dans le village guinéen de Meliandou, situé dans le sud du pays. La localité est connue pour être le point de départ de cette épidémie considérée comme la plus meurtrière depuis la découverte de la maladie en 1976. Émile Ouamouno, le patient zéro, est le premier à avoir été contaminé. C’est un enfant de deux ans, mort soudainement d’Ebola en décembre 2013. L’épidémie partie d’un arbre creux ? En étudiant son cas, les chercheurs ont découvert que le garçon avait l’habitude de jouer avec ses camarades dans un arbre creux de 50 mètres de haut abritant une colonie de chauves-souris mangeuses d’insectes. Ce sont ainsi ces animaux qui lui auraient certainement transmis le virus par une voie pour le moment indéfinie, explique l’étude publiée dans la revue EMBO Molecular Medicine.
Très contagieux, le virus aurait ensuite été transmis à d’autres par contact avec les fluides corporels. Il s’agit toutefois de suppositions puisque l’arbre en question a depuis été partiellement brûlé. En prélevant des cendres et de la terre, l’équipe allemande est parvenue à identifier des traces génétiques de mops condylurus ("chauve-souris dogue") sans pour autant mettre en évidence la preuve qu’elles étaient porteuses du virus Ebola. "Nous avons trop peu de données (...) et tout ce que nous pouvons dire est que nous devrions nous intéresser aux chauves-souris insectivores", indique l’épidémiologiste Fabian Leendertz, auteur principal de l’étude. Il s’agit tout de même d’une piste tangible à approfondir.
En effet, d’autres chauves-souris de cette espèce insectivore ont été identifiées comme porteuses du virus dans la région. Éviter de nuire aux chauves-souris Jusqu’à présent, les soupçons étaient d’avantage tournés vers d’autres espèces de mammifères sauvages comme des singes eux-mêmes contaminés par des chauves-souris. Cependant cette hypothèse a été écartée. "Nous avons surveillé la population de grands mammifères près du village de Meliandou et n’avons trouvé aucun signe d’une épidémie", explique Fabian Leendertz repris par l’AFP. Les chercheurs se montrent toutefois particulièrement prudents quant aux interprétations de leurs conclusions. Il ne s’agit pas là de pointer du doigt les chauves-souris insectivores ou d’inciter à les détruire pour endiguer l’épidémie. "Ce n’est pas une solution de commencer à tuer les chauves-souris ou à détruire leur habitat. Cela pourrait même avoir un effet rétroactif désastreux", conclut le chercheur.
Ebola : entre espoir de l’endiguement et crainte de la mutation
30 janvier 2015
L’épidémie d’Ebola, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé moins de 100 nouveaux cas la semaine passée, « n’est pas encore endiguée », a averti jeudi David Nabarro, coordinateur spécial de l’ONU, à la veille d’un sommet de l’Union africaine qui abordera le sujet.
« Le nombre de cas décroît de semaine en semaine et tend vers zéro dans beaucoup d’endroits, mais la maladie est encore présente dans un tiers des zones des trois pays touchés. Nous avons encore des flambées occasionnelles et des surprises avec de nouveaux cas, hors de nos listes », de personnes ayant été en contact avec des malades, a expliqué David Nabarro qui s’est également dit inquiet de l’arrivée prochaine de la saison des pluies et a appelé à la mise en place d’un réseau « d’intervenants locaux » avant que les précipitations ne rendent certaines zones difficilement accessibles.
Il a en outre estimé que le Centre africain de contrôle des maladies, dont l’Union africaine (UA) a annoncé la mise sur pied d’ici mi-2015, permettrait à l’Afrique d’agir plus rapidement, en cas de nouvelle épidémie. « Il nous a fallu trop longtemps pour être prêts. Nous avons besoin de meilleurs moyens d’intervention », a-t-il indiqué.
L’Institut pasteur piste les mutations
Outre la saison des pluies, les bons résultats enregistrés pourraient également être contrariés par les évolutions du virus. Les chercheurs de l’Institut Pasteur en Guinée affirment en effet que le virus Ebola a muté depuis la découverte des premiers cas en mars dernier et qu’il pourrait se révéler plus contagieux dans les semaines à venir.
Les chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris sont donc en train d’analyser près de 600 échantillons provenant de patients guinéens, conservés à Dakar (Sénégal).
« Nous devons savoir comment ce virus a changé pour être à jour face à cet ennemi » a déclaré le Dr Anavaj Sakuntabhai, chef de l’unité Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses.
« L’objectif de ces recherches est notamment d’améliorer la connaissance de la réaction immunitaire de l’homme face au virus, et de comprendre pourquoi certaines personnes ne survivent pas à l’infection, alors que d’autres parviennent à la combattre » explique-t-il.
Frédéric Haroche jim.fr
Espoir contre Ebola : un antiviral japonais réduit la mortalité
par Solenne Le Hen vendredi 6 février 2015 france infos
Enfin une bonne nouvelle sur le front de la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui a déjà tué plus de 9000 personnes. Alors qu’il n’y avait jusqu’à présent aucun remède, l’Inserm révèle qu’un médicament a permis de réduire "significativement" la mortalité.
L’Inserm, l’institut de recherche français, vient de dévoiler les premiers résultats d’un essai clinique mené en Guinée depuis fin décembre. Le médicament qui a permis de réduire "significativement" la mortalité, c’est un antiviral fabriqué au Japon, le Favipiravir. Il était jusqu’ici utilisé contre la grippe. Les chercheurs ont augmenté la dose. En le testant d’abord sur quelques malades d’Ebola accueillis en Europe. Et depuis décembre sur quatre-vingt patients en Guinée.
Résultat, la mortalité a baissé de façon significative selon les chercheurs, surtout quand il est pris très tôt après l’apparition des symptômes.
"Plus de cent personnes ont reçu ce médicament puis on a suivi ce qui se passait. Un des moyens de juger a été dratisque, c’était le nombre de décès qu’on pouvait éviter" a expliqué Yves Lévy, PDG de l’Inserm.
"Sur toutes les personnes adultes ou adolescents qui ont reçu ce médicament, il y a une diminution de la mortalité" (Yves Lévy)
Ebola : nouvelle augmentation du nombre de cas
Publié le 12/02/2015
Mouvements contradictoires sur le front d’Ebola en Afrique de l’Ouest : alors que les Etats-Unis ont annoncé en début de semaine le retrait des soldats déployés dans les trois pays touchés, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) confirme la tendance à la progression du nombre de cas en Guinée. Pour la deuxième semaine consécutive, le pays fait en effet face à une hausse de sujets infectés avec 65 cas confirmés, contre 39 la semaine dernière. Cette augmentation ne se constate pas en Sierra Leone et au Liberia, où on ne renoue cependant pas avec la décrue observée au tout début du mois de janvier. Une nouvelle fois, la progression de la maladie est associée à des pratiques funéraires non sécurisées : 34 inhumations ne respectant pas les règles propices à éviter la propagation de la maladie sont rapportées par l’OMS. Cette dernière continue parallèlement à recenser des incidents freinant le travail des équipes soignantes.
M.P. (jim.fr)
Vaccins expérimentaux contre Ebola : des phases II/III forcément flexibles…
Publié le 15/02/2015
Le faible nombre de nouveaux patients au Libéria, cinq la dernière semaine de janvier contre quatre la précédente, n’a pas empêché le lancement lundi 2 février dans ce pays du vaste essai de phase II/III des National Institutes of Health (NIH) américains pour les deux vaccins jugés les plus prometteurs contre Ebola. L’essai randomisé PREVAIL est conçu pour recruter environ 27 000 personnes et tester l’innocuité et l’efficacité des candidats vaccins ChAd3-EBOV (GSK/ Institut américain des allergies et des maladies infectieuses - NIAID) et rVSV-ZEBOV (Merck & Co/NewLink Genetics) contre un placebo, et sa durée prévue est de 12 mois. Les NIH notent que « les investigateurs anticipent le besoin de flexibilité dans la conduite et la conception de l’essai », notamment du fait du déclin des nouveaux cas.
Amplifier la réponse ?
Les résultats du second essai de phase 1 du vaccin ChAd3-EBOV, réalisé au Royaume-Uni, montrent un profil d’innocuité satisfaisant de sa forme monovalente contre le virus de type Zaïre (ZEBOV) chez 60 patients aux doses de 1×1010, 2,5×1010 et 5×1010 (1). Mais les réponses immunitaires sont plus faibles que celles induites chez les macaques, ce qui suggère plusieurs options : utiliser des doses plus élevées, comme pour le vaccin bivalent (2), et deux essais sont actuellement en cours dans ce sens avec la forme monovalente, ou augmenter l’immunogénicité des réponses par l’intermédiaire d’un vecteur MVA (Modified Vaccinia Ankara) codant pour le même antigène. On sait qu’un essai de phase 1 évaluant cette stratégie a débuté début décembre. A l’occasion de la seconde réunion de l’OMS sur l’accès aux vaccins et leur financement, le 8 janvier, le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale à l’OMS, a précisé qu’il n’est pas exclu que GSK puisse se tourner vers cette stratégie dès l’essai de phase II/III s’il dispose par la suite de résultats montrant une meilleure immunogénicité avec un « prime boost ». Mais pour le moment l’essai utilise une seule injection d’une seule dose de vaccin monovalent.
Deux pays pour un essai ?
Les Centers for Disease Control (CDC) américains prévoient d’autre part de démarrer un essai de phase III en Sierra Leone en février sur 6 000 personnes exposées, avec un vaccin non déterminé fin janvier, le ChAd3-ZEBOV ou le rVSV-ZEBOV.
Un point sur les traitements et vaccins effectué le 22 janvier a réuni les services américains impliqués dans la lutte contre Ebola. Anne Schuchat, directrice du Centre national des CDC pour l’immunisation et les maladies respiratoires, précise que devant la diminution du taux de personnes infectées, certains aspects du protocole de cet essai ont été modifiés pour inclure davantage de flexibilité et augmenter les chances de mesurer une efficacité. Par exemple, le nombre d’inclusions n’est plus fixe mais évènementiel, et la durée de l’essai peut être prolongée.
Anthony Fauci, directeur du NIAID, envisage de son côté la possibilité d’une procédure d’approbation alternative d’un vaccin au cas où les données de l’essai PREVAIL soient suffisantes pour montrer son innocuité mais pas pour prouver son efficacité. Il évoque aussi un scénario possible de collaboration entre la Sierra Leone et le Libéria qui pourrait impliquer cet essai. CDC en Sierra Leone et NIH au Libéria pourraient se mettre d’accord pour tester le même vaccin. Un essai contrôlé randomisé plus vaste aurait plus de chances d’obtenir un signal d’efficacité définitive, et acceptable par la FDA.
Un essai vaccinal de phase III prévu pour démarrer en Guinée, également en février, prend par ailleurs en compte deux aspects, d’une part la vaccination des travailleurs de première ligne, d’autre part la vaccination de toute une communauté lorsqu’un cas est déclaré. Il pourrait inclure 9 000 personnes (4 500 pour chacun des aspects).
Des projets européens
La stratégie vaccinale « prime-boost » de Johnson & Johnson bénéficie de son côté d’un appui très important du programme Ebola+ de l’Innovative Medicines Initiative (IMI). Plusieurs des huit projets annoncés mi janvier pour répondre aux besoins de l’épidémie actuelle, bénéficiant d’un financement européen à hauteur de 215 millions d’euros, sont consacrés à son développement de la phase I à la phase III, à sa production et à sa distribution. On se souvient que le premier essai de phase I est en cours, mené par le Oxford Vaccine Group, et des essais sont planifiés en Afrique. Impliquant notamment la coordination d’Inserm Transfert, les essais de phase II et III en Europe et en Afrique seront menés en parallèle, après examen des données préliminaires de phase I.
Un autre projet cible le développement du candidat vaccin rVSV-ZEBOV sur le plan de l’analyse des échantillons pour recueillir des informations à la fois sur les réponses immunitaires et l’innocuité du vaccin.
Trois projets visent à mettre au point des méthodes de diagnostic simples, sensibles et rapides. Rappelons qu’une détection précoce, ultrasensible et différentielle du virus Ebola est un préalable au futur essai de thérapie précoce par immunothérapie passive basée sur des immunoglobulines polyclonales produites chez le cheval annoncé en décembre sur JIM. La biopharmaceutique française Fab’entech annonce avoir accéléré son projet de développement d’anticorps polyclonaux spécifiques purifiés, en collaboration avec l’OMS et avec le soutien de l’Agence Européenne du Médicament (EMA). Elle a lancé la production début février pour une mise à disposition prévue à l’été 2015 dans le cadre d’un développement clinique ou d’un usage compassionnel. Les biopharmaceutiques américaine Vical et japonaise AnGes ont annoncé mi-janvier leur collaboration pour développer une stratégie similaire. Leur approche est d’isoler et purifier des anticorps produits à partir de chevaux immunisés avec un vaccin ADN codant pour la glycoprotéine virale. Vical doit développer le vaccin contre le ZEBOV formulé avec un adjuvant dont elle est propriétaire. AnGes, qui a les droits exclusifs de développement et de commercialisation de la thérapie au Japon, devrait démarrer une étude initiale ce premier trimestre notamment dans le but d’optimiser le processus de production.
– Références
- (1) Rampling T et coll. : A Monovalent Chimpanzee Adenovirus Ebola Vaccine - Preliminary Report. N Engl J Med. 2015. Publication avancée en ligne le 28 janvier. doi : 10.1056/NEJMoa1411627
- (2) Ledgerwood JE et col. Chimpanzee Adenovirus Vector Ebola Vaccine - Preliminary Report. N Engl J Med. 2014. Publié avancée en ligne le 26 novembre.doi : 10.1056/NEJMoa1410863
Dominique Monnier. jim.fr
Ebola : Conakry toujours sous surveillance
Publié le 23/02/2015
De nombreux experts appellent depuis plusieurs semaines à ne pas accueillir avec trop de satisfaction les données épidémiologiques concernant le virus Ebola en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée. C’est la situation de ce dernier pays qui préoccupe notamment les experts. La région de Conakry a effectivement connu ces dernières semaines une nouvelle hausse des cas. C’est notamment la préoccupation du professeur François Bricaire, du service des malades infectieuses et tropicales de la Pitié-Salpêtrière. Aujourd’hui il plaide pour que les responsables locaux prennent acte de l’évolution de l’épidémie, afin de procéder un réassortiment des moyens. Il insiste notamment sur l’importance d’augmenter l’offre de soins à proximité de la capitale, comme il l’explique dans les colonnes du Quotidien du médecin.
M.P. (jim.fr)
Ebola : le virus a tué plus de 10 000 personnes
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 12/03/2015
24 350 personnes ont été affectées par le virus Ebola depuis le début de l’épidémie en Guinée fin 2013, annonce jeudi 12 mars 2015, l’Organisation mondiale de la santé.
Ebola faiblit mais continue à tuer. Le cap des 10 000 décès a été franchi, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé ce jeudi, dans son dernier bilan actualisé au 10 mars.
Au total 24 350 personnes ont été affectées par le virus, selon ce bilan de l’Organisation mondiale de la santé.
Depuis le déclenchement de cette épidémie début 2014, il y a eu au Libéria 4162 décès sur 9343 personnes contaminées. Lors du pic de l’épidémie il y a six mois dans ce pays qui a connu le plus de décès, environ 300 nouveaux cas étaient enregistrés par semaine, selon l’OMS.
Dans les deux autres pays les plus affectés, en Sierra Leone, 11 677 personnes ont été contaminées dont 3655 sont décédées. En Guinée, 3330 personnes ont été contaminées dont 2.87 sont mortes.
L’épidémie en Afrique de l’Ouest, la plus grave depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976, a débuté en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone.
Ebola : la partie immergée de l’iceberg
Publié le 27/04/2015
L’épidémie d’Ebola d’une exceptionnelle ampleur qui a frappé l’Afrique de l’Ouest depuis mars 2014 est aujourd’hui, semble-t-il, en voie d’extinction dans les 3 pays concernés, Guinée, Libéria et Sierra Leone.
Selon les derniers chiffres de l’OMS, au 12 avril 2015, 25 826 cas ont été recensés et le virus aurait tué 10 704 personnes. Mais il ne s’agit là que des conséquences sanitaires directes de la propagation du virus dans cette région. Car, on le sait, au delà des cas avérés d’infection par ce virus, Ebola a eu un impact très négatif sur la santé des habitants de ces 3 pays.
L’épidémie a en effet totalement désorganisé un système de soins déjà en sous capacité. Directement car de très nombreux membres du personnel soignant en ont été victimes, et que du fait de l’afflux de patients suspects d’Ebola dans les structures sanitaires, beaucoup de centres ont dû être fermés aux autres malades. Mais aussi indirectement puisque les mesures préventives ou thérapeutiques habituellement prises contre d’autres maladies (notamment infectieuses) ont été momentanément abandonnées et que les patients, quelle que soit leur pathologie, ne pouvaient plus être pris en charge, soit parce que les hôpitaux et les centres médicaux étaient fermés, soit parce qu’ils avaient peur de s’y rendre.
Une modélisation du désastre sanitaire
Une équipe de l’Imperial College de Londres a cherché à évaluer de manière la plus précise possible l’impact sanitaire indirect de cette épidémie d’Ebola. Patrick Walker et coll. se sont focalisés sur ses effets sur la transmission du paludisme et sur sa morbi-mortalité, l’objectif étant, au delà de l’épidémiologie, de tenter d’estimer l’efficacité de diverses stratégies préventives possibles contre le paludisme dans ces 3 pays en 2015.
En s’appuyant sur des modèles épidémiologiques complexes et en retenant l’hypothèse de travail d’un arrêt complet de la prise en charge thérapeutique du paludisme deux mois après le début de l’épidémie d’Ebola , Walker et coll., ont pu évaluer à 3,5 millions le nombre de cas de paludisme non traités supplémentaires (par rapport à la situation les années précédentes) qui seraient survenus dans les 3 pays concernés en 2014 du fait de cette épidémie. Cette augmentation de la morbidité palustre en rapport avec la désorganisation des structures de soins aurait entraîné 10 900 décès supplémentaires (soit un nombre équivalent à celui des morts directement causées par le virus Ebola !). A ces décès liés à l’arrêt des traitements, il faut probablement ajouter ceux qui ont été occasionnés par les cas supplémentaires de paludisme occasionnés par la perturbation de la distribution de moustiquaires imprégnés d’insecticides dans les zones touchées. Walker et coll. estiment le nombre de ces décès à 3 900. Même s’il ne s’agit là que d’estimations ayant un intervalle de crédibilité très large basées sur des données épidémiologiques nécessairement imprécises sur l’incidence du paludisme et sur sa mortalité, ces chiffres démontrent que les conséquences sanitaires indirectes de l’épidémie ont été plus importantes que son impact direct d’autant que le paludisme n’est évidemment pas la seule pathologie sur laquelle l’effondrement du système de soins a eu un effet délétère puisqu’il en a été de même avec le suivi des femmes enceintes et des nourrissons et plus généralement avec la prise en charge de toutes les affections médicales et chirurgicales.
Une surmortalité palustre prévisible mais évitable en 2015
Pour aller plus loin Walker et coll. ont essayé d’estimer l’efficacité sur la morbi-mortalité palustre de différentes stratégies pouvant être mises en œuvre en 2015 dans ces 3 pays.
Selon leur évaluation, la distribution de moustiquaires traitées aux insecticides et des traitements de masse de la population par diverses associations d’antipaludéens (dihydroartémisine-pipéraquine ou artésunate-amiodaquine) à intervalle mensuel pourrait sensiblement réduire la sur-morbimortalité palustre prévisible cette année en raison de la désorganisation des systèmes de soins, les résultats attendus étant bien sûr d’autant meilleurs qu’un pourcentage élevé de la population serait concerné (dans l’idéal 70 %) et que les campagnes de traitement de masse débuteraient tôt dans l’année. Ainsi selon ces estimations, la mortalité liée au paludisme dans les 3 pays qui pourrait être spontanément de 46 400 environ cette année (avec un intervalle de crédibilité à 95 % entre 28 900 et 73 000) serait susceptible d’être réduite à 14 000 environ si 6 traitements mensuels de masse par dihydroartémisine-pipéraquine étaient appliqués à 70 % de la population à partir du mois d’avril 2015. De telles actions anti-palustres d’urgence sont actuellement préconisées par l’OMS dans les 3 pays où le système de soins est en cours de reconstruction et seraient effectives en Sierra Leone.
Dr Nicolas Chabert
Référence
Walker P et coll. : Malaria morbidity and mortality in Ebola-affected countries caused by decreased health-care capacity, and the potential effect of mitigation strategies : a modelling analysis. Lancet infectious diseases 2015 ; publication avancée en ligne le 24 avril (doi : 10.1016/S1473-3099(15)70124-6)
source : JIM.fr
Ébola. Un rapport de l’Onu révèle des dysfonctionnements de l’OMS.
Le rapport du groupe d’experts indépendants mandaté par l’ONU, dévoilé ce lundi 11 mai 2015, dénonce le retard et les défaillances de l’OMS dans la gestion de l’épidémie d’Ébola.
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Selon ce rapport, le groupe « ne comprend toujours pas pourquoi des avertissements précoces lancés de mai à juin 2014 n’ont pas abouti à une réponse adéquate et sérieuse ». L’OMS a déclaré une urgence de santé publique mondiale provoquée par Ébola seulement le 8 août.
L’épidémie d’Ébola a touché 26 000 personnes, essentiellement dans 3 pays d’Afrique occidentale, et plus de 10 900 en sont mortes en Guinée, Liberia et Sierra Leone. Samedi 9 mai, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’épidémie d’Ebola était terminée au Liberia après 42 jours sans nouveaux cas signalés.
L’OMS dans le collimateur de l’ONU
Devant les lenteurs de l’OMS à réagir, des Etats-membres de l’organisation ont demandé à un groupe d’experts en mars dernier d’examiner les raisons des dysfonctionnements. « Il y a un consensus fort pour dire que l’OMS n’a pas une capacité et une culture suffisamment fortes pour mener des opérations d’urgence », accuse encore le rapport.
Le groupe a été mis en place le 9 mars dernier, avec pour mission d’évaluer « tous les aspects de l’action de l’OMS » face à l’épidémie Ebola.
Le groupe est présidé par la Britannique Barbara Stocking, ancienne présidente d’Oxfam GB (2001-13).
Les autres membres du groupe sont : le Professeur Jean-Jacques Muyembe-Tamfun, directeur général de l’Institut national de la Recherche biomédicale (RDC), le Dr Faisal Shuaib, chef du National Ebola Emergency Operations Center (Nigeria) ; le Dr Carmencita Alberto-Banatin, consultant indépendant et conseiller pour les urgences sanitaires et les catastrophes (Philippines) ; le Professeur Julio Frenk, Doyen de la Faculté, Harvard T. H. Chan School of Public Health (Boston, USA), et le Professeur Ilona Kickbusch, directeur du Global health programme à l’Institut de Hautes Études internationales et du développement, Genève (Suisse).
source : ouest-france.fr
Ebola : un cas suspect pris au sérieux en France et une épidémie toujours active en Afrique de l’Ouest
Publié le 15/06/2015
La moindre alerte, même la plus fantaisiste, faisait l’automne dernier l’objet d’un suivi attentif. Aujourd’hui, Ebola n’est plus une menace "médiatique", mais elle reste (heureusement) une préoccupation pour les responsables sanitaires. Aussi, quand un homme d’une vingtaine d’années, ayant voyagé récemment en Sierra Leone s’est plaint de vertiges et de forte fièvre, le protocole indiqué a immédiatement été déployé. Un périmètre de sécurité a été mis en place, tandis que le jeune homme, migrant qui a demandé l’asile en France, était évacué vers le CHU de Grenoble-La Tronche dans la nuit de dimanche à lundi. La zone de sûreté concernait la gare de la ville (à proximité de laquelle l’homme vivait sans doute). Selon la presse locale, le patient aurait ensuite été transféré à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, qui dispose d’une unité spécialisée pour accueillir les patients atteints d’Ebola. Il faudra cependant attendre 48 heures avant d’avoir la confirmation de cette infection. Des investigations doivent par ailleurs être conduites pour déterminer l’ensemble des personnes qui ont pu être en contact avec ce patient depuis son arrivée en France (ainsi que les circonstances de ce voyage et son calendrier précis).
Rien appris
Ce cas rappelle que l’épidémie d’Ebola sévit toujours en Guinée et en Sierra Leone. Si le Liberia a été décrété indemne du virus le 9 mai dernier, ses voisins continuent à se débattre avec la maladie et la crainte d’une résurgence est aujourd’hui très marquée. En effet, pour la deuxième semaine consécutive, les deux états ont enregistré une hausse du nombre de cas. Une situation inquiétante qui ne surprend cependant pas les responsables des ONG présentes sur le terrain. Après avoir affirmé au moment du G7 que le monde n’était pas mieux préparé qu’il y a un an à une épidémie mondiale d’Ebola, Médecins sans frontières (MSF) déplore aujourd’hui : « On fait encore les mêmes erreurs que dans le passé, notamment (…) arriver dans des communautés avec nos kits de protection personnelle, des ambulances » au sein de villages qui ne sont toujours « pas informés sur ce qu’est Ebola », remarque Joanne Liu, présidente de l’organisation. Elle regrette également un manque de leadership au niveau gouvernemental et signale la persistance de nombreux comportements à risque (notamment des pratiques funéraires).
Pourquoi le Liberia a-t-il remporté la bataille contre Ebola ?
Pour expliquer la différence entre la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, le président de l’Agence nationale de recherche sur le Sida, Jean-François Delfraissy avance pour sa part, interrogé par la radio RFI plusieurs pistes. Il souligne tout d’abord l’importance de l’action militaire, soutenue par l’armée américaine. Il remarque par ailleurs que les autorités politiques libériennes n’ont pas tardé contrairement aux autres à prendre conscience de l’ampleur du danger, probablement parce que l’épidémie a débuté au sein de la capitale et non dans des zones plus reculées.
Ce n’est pas la virulence de la souche qui est en cause
Que ce soit en Guinée, en Sierra Leone ou au Libéria, l’interminable épidémie d’Ebola est inextricablement liée à la situation économique et sociale des pays touchés, comme l’ont évoqué de nombreux observateurs. Une analyse confirmée également par la science. Des chercheurs en virologie de l’Institut national américain de la santé et de l’Institut Bernhard Nocht de médecine de Hambourg ont publié la semaine dernière dans la revue Emerging Infectious Diseases des travaux consistant à comparer les réponses de deux groupes de trois macaques cynomolgus infectés soit par la souche Myinga (isolée pour la première fois au Zaïre en 1976) soit par la souche qui sévit aujourd’hui en Afrique de l’Ouest. Les résultats laissent apparaître que « la souche actuelle, dite Makona, a une moins grande capacité à provoquer des symptômes dans le modèle animal utilisé, comparativement à celle de 1976 » indiquent les chercheurs. « Ces résultats suggèrent que l’ampleur de l’épidémie n’est pas due au virus lui-même mais plutôt à une combinaison de facteurs, comme l’implantation du virus dans des villes très densément peuplées, avec des systèmes de santé défaillants et des flux humains importants aux frontières » analyse Anthony Fauci, directeur de l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses dans le quotidien USA Today.
Aurélie Haroche (jim)
« e-bola » : un film original qui mélange fiction et formation
Un projet cinématographique original qui mêle fiction et formation. Inspiré des témoignages de scientifiques et de médecins en contact direct avec la maladie, le film se veut le plus fidèle possible à la réalité humaine et scientifique. Il s’accompagne de vignettes à destination des professionnels.
Réalisé par Christian Marazziti, le film relate l’histoire d’un groupe de six chercheurs, venus des quatre coins de la planète pour participer à l’élaboration d’un vaccin contre Ebola. Il est visible gratuitement en streaming, sur un site dédié, depuis le 15 juillet.
Ce film raconte l’arrivée du virus Ebola sur le territoire italien, depuis la contamination de personnels travaillant pour une ONG à leur mise en quarantaine, jusqu’à la gestion de la crise liée à l’apparition des symptômes après leur retour en Italie.
Le Dr Fabrizio Pulvirenti, premier Italien à avoir été infecté par le virus, en novembre 2014, a notamment collaboré à l’écriture du scénario. Il avait été déclaré guéri en janvier 2015, grâce à une thérapie expérimentale.
Former et informer
En plus d’être un film « traditionnel », le projet e-bola entend aussi être une "première fiction éducative".
Pour la dimension formatrice, l’action est entrecoupée de présentations factuelles sur des points clés concernant le virus et la maladie réalisées par les acteurs.
L’actrice incarnant le médecin travaillant dans un centre de traitement des malades va ainsi détailler, schémas à l’appui, les paramètres vitaux à contrôler lors de la prise en charge d’un patient, et les mesures de protection à appliquer, tandis que celui jouant le rôle d’un membre d’une ONG précisera la manière dont l’arbovirus se transmet d’un réservoir à l’autre.
S’ajouteront ensuite, dès le 22 juillet, les « Leçons e-bola », des vignettes vidéos à destination des professionnels, réalisées en collaboration avec l’Université Sapienza de Rome et l’Institut National des Maladies Infectieuses Lazzaro Spallanzani, avec la possibilité de vérifier ses connaissances au travers de quizz.
Rédaction ActuSoins, avec Allodocteurs.fr, Santé médecine.net et Le Quotidien du Médecin
e-bola :le film, réalisé par Christian Marazziti, Falcon Production Ltd / Consulcesi Group,Durée : 1h22 / Langue : Anglais sous-titré
EBOLA : 11.261 morts au 5 Juillet 2015
source : World Health Organization
Vaccin contre Ebola : la méthode, le timing et le marché
Publication : 04/08/2015 Huffington post
Jean-David Zeitoun Médecin hépato-gastroentérologue, consultant, doctorant en Santé Publique, associé à The Family
L’auteur de ce billet remercie le Dr Paul Benkimoun pour ses conseils.
L’épidémie récente liée au virus Ebola a largement occupé l’actualité des derniers mois. Selon les chiffres disponibles, environ 30.000 personnes auraient été touchées et plus de 11.000 décès ont été documentés.
C’est dans ce contexte qu’ont été communiqués la semaine dernière les résultats d’un essai clinique évaluant un vaccin contre le virus. Ce vaccin a été développé via une collaboration entre des organismes publics, une petite entreprise de biotechnologie et le laboratoire américain Merck. L’article scientifique rapportant l’étude a été publié dans la prestigieuse revue britannique The Lancet.
Cette étude a adopté une méthode hétérodoxe dans des circonstances que l’on imagine extrêmes. Les investigateurs ont rejeté l’approche qui aurait consisté à tester la vaccination contre rien ou contre un placebo. Ils ont recruté des individus qui venaient d’être en contact avec une personne atteinte de la maladie liée au virus Ebola et deux attitudes étaient alors possibles : soit l’individu était vacciné d’emblée, soit il était vacciné après un certain laps de temps.
Le critère de jugement de l’étude était le taux d’infection à Ebola survenant après 10 jours, afin de laisser le temps au vaccin de susciter une réaction immunitaire protectrice. Les résultats bruts sont sans appel : parmi les personnes vaccinées immédiatement, aucune n’a développé d’infection après 10 jours (certaines en ont développé avant le seuil des 10 jours, qui correspond également à l’incubation du virus) alors que chez les personnes vaccinées plus tard, il y a eu 16 cas d’Ebola. La différence entre les deux groupes était statistiquement significative. Cet essai -qui est sans doute le premier du genre- a amené les auteurs à conclure à une efficacité observée de 100% du vaccin même s’ils estiment qu’en fait, le taux de protection réel pourrait être compris entre 75% et 100%.
Ces résultats représentent un espoir considérable dans le cadre de la lutte contre Ebola même s’ils sont préliminaires. Il reste à attendre les données d’observation à plus long terme et on ignore notamment à ce stade quelle est la durée de protection conférée par la vaccination. Il faudra également -contexte de défiance oblige- scruter attentivement la sécurité du vaccin même si seulement 43 effets négatifs ont été enregistrés à ce jour sur plus de 7000 personnes vaccinées. Il n’empêche, malgré ces règles nécessaires de prudence et de rigueur, ce vaccin n’existait pas il y a un an et il incarne maintenant une possibilité crédible de neutralisation d’une épidémie. C’est un fait remarquable qui a peu de précédent dans l’histoire de la médecine.
On est du reste étonné de n’avoir pratiquement pas entendu de commentateur s’interroger sur l’opportunité de ce timing. Pourquoi voit-on émerger seulement maintenant un vaccin contre un virus connu depuis près de 40 ans. Il y a schématiquement une raison scientifique et une raison commerciale. La raison scientifique d’abord. Pour démontrer l’effet protecteur d’un vaccin, il faut prouver qu’il confère une immunité significative aux personnes vaccinées par rapport à des personnes non vaccinées ou vaccinées avec un placebo.
Mais pour mettre en évidence cette différence statistique, il faut généralement recruter un nombre très important de patients car les maladies concernées restent assez rares. En l’espèce, il fallait une situation d’épidémie pour pouvoir montrer que les personnes vaccinées seraient moins malades à terme que les personnes non vaccinées ou vaccinées plus tard. En l’absence d’épidémie, les différences observées auraient été trop minimes pour conclure à l’effet protecteur d’un vaccin. C’est donc la situation de crise sanitaire qui a permis de réunir les conditions mathématiques nécessaires à la démonstration de l’effet du vaccin.
L’autre raison qui explique ce timing relève d’une logique de marché. Avant cette épidémie, des recherches sur le vaccin existaient déjà mais elles avançaient lentement et étaient probablement sous-financées. Elles n’intéressaient pratiquement pas les gros industriels car leurs perspectives commerciales semblaient incertaines et faibles. L’épidémie récente a changé la donne. Des financements supplémentaires ont été alloués et le marché est devenu attractif pour les laboratoires.
A part Merck qui a aidé au développement du vaccin dont il est question, on sait qu’au moins deux autres laboratoires (GSK et Johnson & Johnson) travaillent actuellement sur d’autres versions de vaccin. Qu’on les aime, qu’on les déteste ou qu’on y soit indifférent, il n’est pas contestable que la majorité des laboratoires pharmaceutiques sont des entreprises privées qui doivent être rentables pour exister. Le fait que la santé soit un bien supérieur qui doive être accessible à tous complique l’équation mais n’en change pas le résultat.
C’est tout l’art des politiques qui doit s’exprimer pour créer les incitations favorables à ce que les laboratoires privés investissent dans des solutions thérapeutiques adéquates aux besoins des populations, sans pour autant pervertir le marché en les protégeant exagérément. On avait déjà vu les gouvernements soutenir la recherche industrielle de façon astucieuse dans les maladies rares par exemple, avec des résultats concrets. Le cas de ce vaccin contre le virus Ebola ne dit pas que c’est facile mais montre une nouvelle fois que c’est possible.
Déclarée guérie du virus Ebola, une patiente est aujourd’hui dans un état critique
Brice Louvet le 14 octobre, 2015, sciencepost.fr
L’infirmière britannique Pauline Cafferkey, contaminée en décembre puis déclarée guérie du virus Ebola en janvier est aujourd’hui dans un état critique.
« Nous avons la tristesse d’annoncer que la santé de Pauline Cafferkey s’est détériorée et qu’elle se trouve maintenant dans un état critique », a déclaré le Royal Free Hospital de Londres dans un communiqué.
L’infirmière britannique de 39 ans, contaminée en décembre 2014 lors d’une mission humanitaire en Sierra Leone puis déclarée guérie en janvier, a en effet été admise dans un « état grave » vendredi 9 octobre 2015 à l’hôpital londonien, en raison d’une « complication tardive inhabituelle liée à sa précédente maladie », pouvait-on lire dans un communiqué. En janvier 2015, l’infirmière avait notamment suivi un traitement antiviral expérimental et du plasma sanguin prélevé sur une personne ayant survécu au virus Ebola.
Suite à l’hospitalisation, les autorités sanitaires écossaises ont annoncé le suivi d’un petit nombre de personnes ayant été en contact étroit avec Pauline, par mesure de précaution. Malgré tout, les médecins se veulent rassurants : « Il est important de se souvenir que le virus Ebola peut seulement être transmis par contact direct avec le sang ou des fluides corporels d’une personne infectée pendant qu’elle présente des symptômes » déclarait il y a quelques jours Paul Cosford, directeur médical de Public Health England (PHE).
La vigilance reste néanmoins de mise en Afrique de l’Ouest. En effet la région dénombre le plus de survivants à Ebola connus à ce jour, et « il y a un risque que de nouvelles épidémies se déclenchent », estime de son côté le professeur John Edmunds, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM). Rappelons qu’aucun nouveau cas d’Ebola n’a été confirmé la semaine dernière, une première depuis mars 2014, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Sources : Independant, S & A
Ebola présent dans le sperme d’anciens malades neuf mois après leur guérison
Par La rédaction d’Allodocteurs.fr
Publié le 15/10/2015
D’après les conclusions d’une étude publiée en 2014, la plus longue durée de vie du virus Ebola observée dans le sperme était de 82 jours après guérison. Une nouvelle étude indique que le sperme pourrait continuer de transmettre le virus jusqu’à neuf mois après le rétablissement du patient, impliquant, de fait, un suivi médical plus long et des recommandations aux conjoints.
Le virus Ebola pourrait persister dans le sperme de certains survivants à l’infection au moins neuf mois, soit plus longtemps que ne le pensaient les virologues, selon une recherche publiée mercredi 14 octobre 2015, dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine.
Cette étude, menée sur 93 hommes volontaires en Sierra Leone âgés de plus de 18 ans, est la première de ce type effectuée sur le long terme. Elle montre que des fragments du virus peuvent rester durablement dans l’organisme de personnes guéries, présentant un danger pour leurs conjoints qu’ils peuvent contaminer.
Les chiffres de l’étude
Les 93 participants ont fourni des échantillons de leur sperme pendant deux à dix mois après le début de leur infection. Le sperme de neuf de ces hommes, testé durant les trois premiers mois, était positif pour le virus Ebola, soit 100% du groupe.
Plus de la moitié des sujets (26 sur 40), dont le sperme a été testé entre quatre et six mois après leur maladie, se sont révélés positifs pour Ebola tandis que 26% (11 sur 43), dont le sperme a été testé entre sept et neuf mois après l’infection, étaient encore positifs, d’après cette recherche menée par le ministère de la Santé de Sierra Leone, l’OMS et les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Des conséquences pour l’entourage
"Cette étude (...) nous rappelle que malgré le fait que le nombre de cas d’Ebola continue à diminuer, les survivants et leurs familles sont toujours confrontés aux effets de la maladie", a souligné dans un communiqué Bruce Aylward, responsable de la réponse à Ebola à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
"Cette recherche apporte davantage d’indices montrant que les malades ayant survécu à Ebola ont besoin d’aide pendant les six à douze mois suivant leur guérison pour s’assurer que leurs partenaires ne sont pas exposés au virus", souligne-t-il.
Des cas via transmission sexuelle ?
Ebola a dévasté trois pays d’Afrique de l’Ouest (Sierra Leone, Liberia et Guinée) depuis la fin 2013, infectant près de 25.000 personnes et faisant plus de 11.000 morts. Pour la deuxième semaine consécutive il n’y a eu aucun nouveau cas d’infection signalé à l’OMS, laissant espérer que cette flambée est désormais sur le point de s’éteindre. Mais les résultats de cette étude sur le sperme, entreprise après plusieurs cas de transmission sexuelle du virus par des hommes survivants à l’infection, suscitent de nouvelles inquiétudes.
Recommandations aux survivants
Les CDC effectuent davantage d’analyses de ces échantillons de sperme pour déterminer si le virus est vivant et potentiellement infectieux.
"Cette étude (...) nous aide à faire des recommandations aux survivants et à leurs proches pour qu’ils restent en bonne santé", souligne le directeur des CDC, le Dr Tom Frieden. Plus de 8.000 hommes ayant guéri d’Ebola dans les trois pays d’Afrique les plus touchés ont ensuite rechuté, selon l’étude.
À ce stade, les survivants devraient avoir leur sperme testé deux fois négatif pour Ebola avant d’avoir des relations sexuelles ou sinon utiliser un préservatif, recommandent ces autorités sanitaires.
Jusqu’à présent une personne est considérée guérie si elle n’a plus de trace du virus dans son sang. Daniel Bausch, un virologue de l’OMS à Genève a expliqué à l’AFP que le virus pouvait subsister dans certaines parties de l’organisme après la guérison car "il faut plus de temps au système immunitaire pour nettoyer ces endroits". Il a cité les testicules, le cerveau, la moelle épinière et le globe oculaire.
Source : Ebola RNA Persistence in Semen of Ebola Virus Disease Survivors — Preliminary Report, October 14, 2015, DOI : 10.1056/NEJMoa1511410
Ebola : la fin de la transmission déclarée en Guinée
Publié le 29/12/2015
Il y a deux ans, c’était un nourrisson qui avait sonné le début d’une épidémie dont personne à l’époque ne soupçonnait les ravages. L’enfant d’à peine un an, mort à Méliandou le 6 décembre 2013 sera quelques semaines plus tard considéré comme le patient zéro. Aujourd’hui, c’est également un nourrisson qui est le symbole de la « libération ». Nubia, alors âgée de trois semaines, contaminée par le virus Ebola par sa mère, victime du virus, a été déclarée guérie le 16 novembre dernier. Elle est le dernier cas connu en Guinée et annonçait la déclaration « de la fin de la transmission de la maladie à virus Ebola en République de Guinée » faite aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Des discriminations persistantes
Cette annonce sera saluée demain par d’importantes festivités, en présence du Président de la République Alpha Condé. Cérémonies en hommage aux victimes et notamment aux 115 soignants tués par le virus, remerciements aux très nombreux partenaires internationaux et aux associations humanitaires et concerts assurés par les plus grandes stars du pays, la Guinée, à l’inverse du Liberia ou de la Sierra Leone n’a pas fait le choix de la discrétion pour saluer cette victoire. Cette décision est sans doute en partie liée aux ravages induits par Ebola au sein de la société guinéenne, plus encore sans doute que chez ses voisins, les festivités étant destinées à refonder une forme de cohésion. C’est en effet en Guinée que les affrontements les plus violents ont eu lieu entre la population et les autorités qui tentaient de faire appliquer les mesures de prévention, sans parfois user de la "diplomatie" nécessaire.
Par ailleurs, les stigmatisations et discriminations dont demeurent toujours victimes les survivants sont souvent cruelles : « J’ai perdu mon époux, j’ai perdu ma belle-sœur et j’ai été expulsée de là où j’habitais avec mes enfants après ces deux décès, j’ai été rejetée, stigmatisée... » raconte par exemple une patiente guérie, Djénabou Barry. Sur ce point, l’OMS tout en rappelant le caractère essentiel des mesures d’isolement des patients et des cas suspects, insistait il y a une dizaine de jours sur « l’importance de communiquer au grand public que les contacts ordinaires avec les survivants ne constituent pas un risque pour la santé ».
Un message qui s’adresse également au-delà aux autorités sanitaires des pays du monde entier. L’OMS n’a en effet de cesse depuis des semaines d’appeler à la suspension des mesures de restriction de circulation prises par plusieurs pays dans les premiers mois de l’épidémie. Elle se déclare « profondément préoccupée du fait que 34 pays appliquent encore des mesures de restriction inappropriées pour les voyages et les transports et souligne la nécessité de les abroger immédiatement à cause de leurs conséquences négatives, notamment sur les efforts de relèvement ».
Une fin difficile et toujours semée de doutes
Cependant, ces festivités et ces appels à l’ouverture, à la confiance et à la reconstruction ne peuvent faire oublier que cette interruption de la chaîne de transmission peut être fragile comme l’a déjà mis en évidence à deux reprises l’exemple Libérien. L’OMS et la Guinée en sont parfaitement conscientes et le pays entre d’ailleurs aujourd’hui dans une période de surveillance renforcée de 90 jours, afin de pouvoir assurer la prise en charge éventuelle de nouveaux cas. Cette épidémie d’une ampleur inédite a en effet mis en évidence des phénomènes jusqu’alors ignorés et notamment la possible réapparition du virus chez des patients considérés comme guéris ou encore la persistance du virus dans certains fluides corporels (notamment le sperme) pendant de longs mois. « Il arrive (…) que chez certains sujets de sexe masculin, le virus reste présent dans le liquide séminal pendant 9 à 12 mois après rétablissement du sujet et disparition du virus du système sanguin », précise ainsi l’OMS aujourd’hui, avant d’ajouter : « La persistance temporellement limitée du virus chez les survivants pourrait entraîner de nouvelles résurgences en 2016 ». La Sierra Leone déclarée exempte de la transmission du virus le 7 novembre et le Liberia qui a assisté à une réapparition du virus en novembre après en avoir été déclaré indemne en mai et en septembre, vivent à l’instar de la Guinée sous cette menace. Cependant, en l’absence de nouveau cas, la transmission du virus pourrait être déclarée de nouveau interrompue au Liberia le 14 janvier prochain, qui pourrait sonner la fin de l’épidémie dans les trois pays.
Ebola a fait au moins plus de 11 300 morts en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone et a touché plus de 29 000 personnes. Les pays sortent de cette épidémie exsangues humainement (le virus a laissé 6 200 enfants orphelins en Guinée) et économiquement. La maladie a en outre mis à terre des systèmes sanitaires déjà souvent vétustes : 535 médecins, infirmiers et aides-soignants sont morts au cours des deux dernières années.
Aurélie Haroche jim.fr
Ebola : l’OMS annonce un vaccin avec une efficacité « jusqu’à 100% »
Par Estelle Pattée — 23 décembre 2016
La revue « The Lancet » a annoncé les résultats, concluants, d’un essai mené en Basse-Guinée en 2015. Parmi les 5837 individus qui ont reçu ce vaccin, aucun cas d’Ebola n’a été recensé dix jours ou plus après la vaccination Entre 2013 et 2015, l’épidémie avait fait, selon un dernier bilan officiel très sous-estimé, 11 315 morts pour 28 627 cas recensés.
« VSV-Zebov ». Derrière ce nom se cache une avancée médicale majeure. C’est l’appellation du vaccin d’origine canadienne contre le virus mortel Ebola, présenté jeudi par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Entre 2013 et 2015, l’épidémie avait fait, selon un dernier bilan officiel très sous-estimé, 11 315 morts pour 28 627 cas recensés. La Guinée, le Liberia et la Sierra Leone avaient été particulièrement touchés par le virus, identifié pour la première fois en 1976. Le 29 mars, l’OMS avait officiellement déclaré, après près de trois ans d’épidémie, la fin de « l’urgence de santé internationale », bien que quelques cas réapparaissent ponctuellement en Afrique de l’Ouest.
La revue scientifique The Lancet a présenté les résultats d’un essai mené dans la région côtière de la Basse-Guinée en 2015 auprès de 11 841 personnes. Parmi les 5837 individus qui ont reçu ce vaccin, aucun cas d’Ebola n’a été recensé dix jours ou plus après la vaccination (soit le temps d’incubation), contre 23 dans le groupe des non-vaccinés. « Ce qui suggère fortement que le vaccin pourrait avoir une efficacité jusqu’à 100 %», s’est réjouie auprès de l’AFP Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale de l’OMS pour les systèmes de santé et l’innovation.
Le vaccin pourrait être enregistré en 2018
La méthode dite de vaccination « en cercle » a été utilisée, comme ce fût le cas pour éradiquer la variole. Elle consiste « à vacciner tous les contacts, c’est-à-dire les personnes connues pour avoir été en contact avec un sujet ayant eu une infection confirmée par le virus Ebola (un « cas »), ainsi que tous les contacts des contacts », expliquait l’OMS dans un précédent communiqué. Selon l’organisation, la moitié des individus vaccinés ont signalé des effets secondaires tels que des maux de tête, de la fatigue et des douleurs musculaires. Seuls trois effets indésirables « graves » ont été recensés (une réaction fébrile, une réaction allergique et un syndrome de type grippal) mais les trois personnes concernées se sont rétablies.
De nouvelles études devront être réalisées pour s’assurer que le vaccin n’est pas dangereux pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans. C’est le laboratoire américain Merck qui a acquis les droits de commercialisation. Le vaccin, qui doit être soumis à l’approbation de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA), pourrait être enregistré en 2018. Le processus d’approbation standard est habituellement d’une décennie, voire plus, a rappelé Marie-Paule Kieny.
En cas de nouvelle épidémie, 300 000 doses d’urgence pourront néanmoins être livrées avant la commercialisation du vaccin. Le nombre de doses pourrait atteindre assez rapidement le million. « Bien que ces résultats convaincants arrivent trop tard pour ceux qui ont perdu la vie au cours de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ils montrent que face à la prochaine flambée de cette maladie, nous ne serons pas sans défense », reconnaît Marie-Paule Kieny.
source liberation.fr
Partie du sud de la Guinée en décembre 2013, l’épidémie de "maladie à virus Ebola" a fait au moins 11.315 morts pour 28.637 cas recensés, selon l’OMS. Les victimes se sont concentrées à plus de 99% dans trois pays voisins : Guinée (plus de 2.500 morts), Sierra Leone (plus de 3.900 morts) et Liberia (plus de 4.800 décès), des bilans sous-évalués selon l’OMS.
L’OMS a annoncé officiellement en janvier 2016 la fin de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, avec l’arrêt de la transmission au Liberia. De nouveaux cas mortels ont toutefois été identifiés depuis, comme en mars en Guinée.
Vaccin contre le virus Ebola : la France va lancer des essais vaccinaux en Guinée et au Sierra-Leone à partir de 2017
Selon l’Organisation mondiale de la santé, un vaccin contre le virus Ebola s’avère "jusqu’à 100% efficace". Une avancée saluée par le Pr Delfraissy, chercheur à l’Inserm, qui annonce à franceinfo un campagne d’essais vaccinaux pour en évaluer l’efficacité.
Un vaccin contre Ebola a été testé parmi 6 000 patients l’an dernier, en Guinée, et les résultats sont plus que positifs. C’est ce que révèle , vendredi 23 décembre 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a dirigé cet essai. Selon elle, ce vaccin est "jusqu’à 100% efficace" contre le virus mortel qui a fait plus de 11 000 morts en Afrique de l’Ouest, ces deux dernières années. Il n’y a eu aucun cas détecté parmi les quelques 6 000 personnes qui ont reçu ce vaccin, contre 23 cas signalés dans le groupe des non vaccinés.
Une avancée saluée par le professeur Jean-François Delfraissy, nouveau président du comité d’éthique (CCNE) et directeur de l’Institut d’immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm-Aviesan. Il a coordonné la lutte contre le virus Ebola entre la France et l’Afrique entre 2014 et jusqu’à la fin de l’épidémie décrétée en décembre 2015. Il répond à France Info.
- franceinfo : Un vaccin efficace à 100% contre Ebola, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Jean François Delfraissy : C’est une bonne nouvelle. Le nombre de 100% est probablement trop fort mais disons qu’on a un vaccin contre Ebola avec une efficacité indiscutable.
- Ce vaccin a été mis au point très rapidement, comment l’expliquez-vous ?
Oui, ça a été très rapide. Il y avait déjà eu des recherches sur Ebola, mais elles s’étaient faites un peu dans le silence, lancées par l’armée américaine qui avait financé des laboratoires canadiens. Ce vaccin existait mais il n’avait pas été testé. Donc quand l’épidémie d’Ebola est arrivée en Afrique de l’Ouest, il y a deux ans, on a ressorti ces premiers vaccins, qui ont tout de suite étaient rachetés par les laboratoires américains Merck. C’est à partir de ce moment là qu’ils ont été réellement développés dans un délai très rapide. En général, il faut compter entre huit et dix ans pour mettre au point un vaccin.
- Mais le virus Ebola est identifié depuis les années 1970. Vous pensez qu’il a fallu une émotion mondiale pour accélérer la recherche autour de ce vaccin ?
Non, il a surtout fallu une épidémie majeure en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés. Jusqu’à maintenant les autres épidémies concernaient quelques centaines de personnes. Là, pour la dernière, on parle de plus de 28 000 personnes touchées. Surtout, on a eu la crainte que l’épidémie devienne mondiale. Il y a donc eu, de la part des pays du Nord et des grandes institutions, une volonté de trouver un médicament.
J’ai quand même quelques réserves, on ne sait pas trop comment marche ce vaccin sur des enfants et, surtout, on ne connaît pas sa durée d’efficacité. Enfin, il a été testé sur des personnes qui avaient été en contact avec des patients déjà malades, donc on ne connaît pas non plus son efficacité sur une population générale non infectée. C’est pour ça que la France, avec l’Inserm, débute un essai vaccinal début 2017 en Sierra Leone et en Guinée pour tenter de répondre à ces questions.
- Le laboratoire américain Merck a aussi un intérêt financier à développer ce genre de vaccins. Il va en tirer profit ?
D’abord, il faut que le vaccin soit homologué. L’OMS pense que, là aussi, l’étape sera beaucoup plus rapide que d’habitude et pourra survenir dans le courant de l’année 2017. Après, sur le coût du vaccin, on peut bien sûr s’interroger mais on est dans un tel problème de santé publique que c’est cet aspect qui va dominer. On a déjà trouvé des solutions de coût pour les médicaments anti-VIH dans les pays du Sud. Je pense que pour lutter contre ces maladies émergentes, contre ces grandes crises sanitaires, on trouvera aussi des solutions.
- Peut-on dire que ce vaccin est un premier pas vers l’éradication d’Ebola ?
Pas une éradication. Mais c’est un premier pas pour casser une nouvelle épidémie qui surviendrait dans un endroit x ou y, probablement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, et qu’on ne maîtriserait pas parce les systèmes de santé ne seraient pas meilleurs. On aurait cette fois-ci un outil pour casser la chaîne de contamination dès le début, sans que le scénario d’il y a deux ans ne se reproduise.
Source :francetvinfo.fr
Résurgence d’Ebola en Afrique de l’ouest : la situation reste sous contrôle
Publié le 15/02/2021
La maladie à virus Ebola a été identifiée à nouveau en Guinée. Il s’agit de la première résurgence de ce virus en Afrique de l’Ouest depuis la fin de l’épidémie qui avait sévi dans cette zone géographique entre 2013 et 2016 et coûté la vie à 11 310 personnes.
Avec 7 cas confirmés biologiquement dont 3 décès, le pays est désormais "en situation d’épidémie" indique le Dr Sakoba Keïta, directeur de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) de Guinée.
Le patient zéro enterré fin janvier ?
Le Dr Keïta a expliqué qu’une infirmière était probablement décédée d’Ebola le 27 ou le 28 janvier à Gouecké, dans la région de Guinée forestière, à la frontière avec le Liberia et qu’elle y a été inhumée le 1er février.
« Parmi ceux qui ont participé à l’enterrement, huit ont présenté des signes : diarrhées, vomissements et saignements. Trois d’entre elles sont décédées et quatre autres ont été hospitalisées à Nzérékoré et un patient s’est échappé mais a été retrouvé et hospitalisé à Conakry ».
Concernant la riposte, le patron de l’ANSS détaille : une « mission d’investigation » va « délimiter la zone incriminée et déterminer les villages de toutes les personnes qui ont pris part à la cérémonie d’inhumation de cette première victime afin d’identifier les contacts et les isoler ». Il faudra aussi déterminer l’origine de cette résurgence, qui pourrait provenir d’un « malade anciennement guéri, dont la maladie s’est réveillée » ou d’une transmission par des « animaux sauvages, notamment les chauves-souris ».
Rappelons que la précédente flambée en Afrique de l’Ouest avait également débuté, en décembre 2013, de Guinée forestière, avant de se propager au Libéria et à la Sierra Leone voisins.
Un optimisme raisonnable
A l’Agence France-Presse le ministre de la santé, Rémy Lamah assure « je reste serein, car on a géré la première épidémie et la vaccination est possible ». Le Dr Keïta a lui aussi fait état d’une situation « très différente » par rapport à 2013, « puisque, à l’époque, on avait mis 3,5 mois pour le diagnostic, alors que, cette fois-ci, on a mis moins de deux semaines ».
Avant d’ajouter « Nous allons utiliser notre arme fatale qu’est la vaccination ».
Soulignons en effet que deux vaccins ont été développés.
Le premier, le VSV-EBOV est un vaccin vivant génétiquement modifié qui utilise un virus de la stomatite vésiculaire (VSV) produit par génie génétique dont le gène codant la glycoprotéine G a été remplacé par le gène codant la glycoprotéine de surface du virus Ebola Zaire. Il réduirait d’environ 85 % le risque de contracter le virus.
Un autre vaccin, développé sur la base de la même technologie est produit par la firme Johnson & Johnson et semble également donner de bons résultats.
D’autre part, des cocktails d’anticorps monoclonaux permettent de ramener la létalité de la maladie à 29 % (REGN-EB3, firme Régénéron) et 34 % (mAb114, firme Ridgeback Biotherapeutics) contre environ 50 % avec le traitement symptomatique*.
Dans ces circonstances, l’OMS a d’ores et déjà annoncé le déploiement en urgence de « moyens », dont des doses de vaccins.
Au Libéria voisin, le président, George Weah, a ordonné dimanche aux professionnels de la santé de renforcer la vigilance épidémiologique dans le pays et de prendre « des mesures préventives ».
Résurgence : au Congo aussi
A Kinshasa, la résurgence a déjà eu lieu. Le 7 février, un début de nouvelle flambée a été identifié dans l’est du pays, dans le Nord-Kivu, où l’OMS a dépêché une équipe d’épidémiologistes et se prépare à une campagne de vaccination. Au 10 février, les autorités congolaises avaient enregistré le décès de deux agricultrices dans cette province.
Les autorités congolaises envisagent désormais d’organiser des campagnes annuelles de vaccination dans des zones à risque, compte tenu de la diminution de l’intervalle entre les épisodes épidémiques ces dernières années.
*15 022 décès sur 31 638 cas identifiés entre 1976 et 2021
Xavier Bataille
Source : jim.fr
Nouvelle épidémie d’Ebola en RDC : l’OMS évoque un risque de propagation « régionale et internationale »
Publié le 29/04/2022
Les autorités sanitaires de la RDC (République démocratique du Congo) signalent la résurgence du virus Ebola dans la ville de Mbandaka (1,2 million d’habitants).
Il s’agit de la 14e épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) en RDC depuis 1976.
Les professionnels de santé congolais rapportent deux décès dans cette ville du nord-ouest du pays depuis le 21 avril.
Un patient zéro symptomatique deux semaines avant son hospitalisation
Le patient zéro est un étudiant de 31 ans symptomatique dès le 5 avril, mais qui n’a été admis que le 21 avril à l’hôpital où il est décédé le jour même. Selon les épidémiologistes il a été en contact avec 74 personnes durant ces deux semaines.
À la date du 27 avril, trois cas (dont deux décès) et 267 contacts ont été identifiés, selon l’OMS qui juge, à ce stade, « difficile d’évaluer l’étendue de l’épidémie ».
L’Agence onusienne estime en outre que « le risque de propagation régionale et internationale de cette épidémie n’est pas exclu, car la ville de Mbandaka borde le fleuve Congo et dispose de connexions fluviales et terrestres avec la capitale Kinshasa, la République du Congo, la République centrafricaine et l’Angola ».
Elle qualifie cependant ce risque de « modéré » au niveau africain et de « faible » au niveau international. L’agence onusienne ne recommande ainsi aucune restriction aux voyages et au commerce à destination de la RDC. En revanche, le risque de propagation nationale est jugé « élevé » en raison de la présence de réservoirs animaux et d’hôtes intermédiaires, de la fréquence des épidémies d’Ebola dans le pays, de facteurs environnementaux et d’un système de santé affaibli par des épidémies de choléra, de rougeole et de Covid-19.
La campagne de vaccination a déjà commencé
Pour Mbandaka, bien que la ville ait connu deux épidémies de MVE en 2020 et 2018, l’OMS souligne que certaines des améliorations apportées au système de santé lors de ses épisodes n’ont malheureusement pas été maintenues.
Déjà 200 doses de vaccin (VSV-EBOV, Merck) ont été expédiées à Mbandaka et trois équipes sont chargées d’immuniser les cas contacts. La vaccination a commencé le 27 avril. D’autres doses seront expédiées en fonction des besoins.
Rappelons que si la dernière résurgence du virus en RDC en février/mai 2021 n’avait fait « que » 6 morts dans le pays (taux de létalité 50 %), l’épidémie de 2018-2020, avait couté la vie à 2 280 personnes (taux de létalité 66 %).
Marlène Augustin
jim.fr
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Arnaud BASSEZ
IADE/formateur AFGSU
Administrateur