Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Chirurgiens et anesthésistes : le grand désamour
Article mis en ligne le 28 février 2016
dernière modification le 14 janvier 2017

par Arnaud Bassez

« Les chirurgiens et les anesthésistes ont une relation à la fois curieuse et sadomasochiste » affirme Malcolm Fisher.

Au fait, l’amour et la haine dans cette relation sont régis par deux vérités indiscutables : sans chirurgiens, les anesthésistes seraient de vrais chômeurs. D’autre part, tout progrès chirurgical est rendu possible grâce à l’anesthésie car sans anesthésie, le patient préférerait garder sa vésicule biliaire ou son appendice au lieu de sentir le martyr !

Comme la chirurgie a bien évolué, la fonction de l’anesthésiste est passé de fournir des conditions de travail confortables au chirurgien, à sauver le patient du chirurgien !

Le premier aperçu de cette relation m’est venu à la tête quand j’ai changé de spécialité ; d’un résident en chirurgie en résident en anesthésie.

Lors de mon premier jour, j’ai appris les bases de la part de quelqu’un qui, malgré qu’il était inconnu dans le cadre scientifique, est considéré comme un philosophe en anesthésie. Au cours de mes premières cinq minutes, il m’a dévoilé les trois règles fondamentaux en anesthésie :

  1. Il faut toujours vérifier l’alimentation en oxygène.
  2. Toujours identifier le patient et l’opération.
  3. Haïr tous les chirurgiens.

Je fus un peu surpris mais très vite j’ai appris que ces règles, comme beaucoup d’autres choses dont il m’a parlé, étaient essentiels pour la survie !

Le deuxième jour, il m’a éduqué sur les trois lois de la chirurgie :

  1. La chirurgie engendre la chirurgie.
  2. Le réglage de la scialytique est un signal immédiat pour le chirurgien pour qu’il place sa tête dans le point focal.
  3. Aucune substance n’est plus opaque que la tête d’un chirurgien

Après trois semaines, je croyais que j’ai bien maîtrisé l’anesthésie, jusqu’à ce que j’ai interrogé un chirurgien sur la différence entre un résident en anesthésie de trois semaines et un anesthésiste de 20 ans d’expérience. « La différence est infime » A-t-il répondu brutalement. La seule différence c’est que quand quelque chose tourne mal et c’est un junior qui anesthésie, je le sais, et quand c’est un consultant qui anesthésie, j’apprend qu’il est dans le salon de thé quand tout est fini. »

Alors j’ai confronté le philosophe en anesthésie avec cette information troublante, et là, j’ai appris la leçon la plus importante !

Ne jamais dire quoi que ce soit au chirurgien. Il ne peut rien faire. Il va paniquer c’est tout !
Il y a seulement quatre choses qu’il dira en temps de crise.

  1. « S’il vous plaît tenez l’écarteur hors du cœur. »
  2. « Pourriez-vous arrêter le saignement et m’aider pour que je puisse me rattraper ? »
  3. « Pourriez-vous faire un massage cardiaque. »
  4. « Vous pouvez arrêter maintenant – il est mort. »

Ensuite, je suis allé chercher les complexes qui régissent la relation chirurgien-anesthésiste.

J’ai entendu parler de la fameuse Jones technique de l’anesthésie, où l’anesthésiste est situé au pied de la table et dit au chirurgien comment opérer, alors que l’assistant du chirurgien tient le patient sur la table.

J’ai appris que la compétence en anesthésie est un terme qui n’a aucun sens ; toute personne qui pourrait allonger un patient, est forcément compétente, mais l’aptitude à la chirurgie est une question entièrement différente. La compétence en chirurgie peut être gérée par un téléphone en demandant qui est le chirurgien, où va le patient après, et c’est quoi l’opération.

J’ai appris à comprendre les complexes prima donna du chirurgien et de reconnaître quand l’opération ne va pas :

  • *Tous les chirurgiens suivent la même procédure.
  • *Réglez les écarteurs
  • *Repositionner l’assistant
  • *Faire une plus grande incision
  • *Changer de côté
  • *Demander à plusieurs reprises les ajustements de la lumière
  • *Demander plus de détente
  • *Insulter l’infirmière, le résident, la Commission de la santé, le gouvernement, l’anesthésiste..
  • *extraire l’organe et fermer.

Après quelques années, j’ai appris deux autres choses très importantes, que chaque anesthésiste devrait connaitre :

Tous les manuels chirurgicaux listent les causes de l’hémorragie durant une opération. Ils incluent toujours une incompatibilité lors d’une transfusion sanguine, une transfusion massive, mauvaise position, l’halothane, l’éther, patient trop maigre, organes profonds, hypoxie, hypercapnie et ainsi de suite. On ne mentionne jamais le bistouri, la rupture d’un vaisseau…

En fait, quand un chirurgien vous jette un regard noir et vous dit « Pouvez-vous faire quelque chose pour arrêter le saignement ? » la meilleure réponse est « Certainement, mais qui va s’occuper du patient ? »

Il y a aussi une liste de grands mensonges chirurgicaux que chaque anesthésiste devrait reconnaître.

  1. « installez le pour l’endormir , je viendrai dans cinq minutes. »
  2. « Il est vieux, mais il est en forme. »
  3. « Je n’ai pas du sang cross-matché, on en aura pas besoin »
  4. « Je vais juste ouvrir, jeter un œil, et fermer. »
  5. « Elle va mourir si je ne fais rien. »
  6. « Je vais terminer en dix minutes. »

Les chirurgiens apprécient un certain nombre de mensonges « anesthésiques » comme ils apprécient la loi qui dit que la compétence en chirurgie est universellement proportionnelle au temps de la journée. Et les chirurgiens se méfient quand ils entendent :

  • « La pression artérielle est 123/72. »
  • « Le patient est au maximum détendu et il ne pourra pas respirer pendant une semaine si je lui donne plus. »
  • « Il n’est pas cyanosé, c’est juste l’effet de l’éclairage. »

L’implication subliminale des mensonges doit être appréciée par les deux membres. C’est dans intérêt du patient. Et peut-être le plus grand avantage qui se cache derrière l’allongement de la durée des cours du troisième cycle est de donner aux chirurgiens et anesthésistes débutants le temps d’apprécier les particularités de l’autre.

source actumedecine.com


Une synergie entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens déterminante pour réduire la mortalité

Publié le mercredi 9 mars 2016 Yasmine ZIAT, lessentiel-anesthesie-reanimation.fr

Suite à la séance du 10 février 2016 à l’Académie Nationale de Chirurgie (ANC), Philippe Marre, secrétaire général de l’ANC, a expliqué le choix d’une séance portant sur les relations entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens.

De son côté, Claude Ecoffey, président de la Société Française d’Anesthésie Réanimation (SFAR), a détaillé la nécessité d’une entente entre ces deux spécialités médicales pour une meilleure qualité des soins.

« Le rôle de l’académie est de promouvoir l’éthique et le savoir de la chirurgie française. Transversale, elle accompagne et fédère l’ensemble des spécialités chirurgicales et valorise les découvertes, progrès et innovations », décrit Philippe Marre. Elle joue un rôle de catalyseur en abordant les diverses problématiques d’actualité en santé, tel que les questions inhérentes à la coopération entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, « leur entente est indispensable pour le bien du patient, mais cette relation n’est pas toujours facile », explique-t-il.
Anesthésistes-Réanimateurs et Chirurgiens, rôles et responsabilités - Séance du 10 février 2016

Actuellement, la mortalité anesthésique en peropératoire est de 1/140 000, témoignant des progrès médicaux réalisés depuis la décennie 80. Toutefois le nombre de décès en postopératoire reste 1000 fois plus important. Claude Ecoffey, détaille l’importance d’une action synergique des anesthésistes-réanimateurs et des chirurgiens pour relever le défi de réduction de la mortalité postopératoire.

« 11,5 millions d’anesthésies sont réalisées chaque année en France (contre 3 millions en 1980 et 8 millions en 1996). La chirurgie représente à elle seule 50 % des besoins anesthésiques. Compte-tenu de l’évolution des indications chirurgicales et de l’augmentation du nombre d’anesthésies à faire, il convient de définir les rôles de chacun, anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, pour une meilleure prise en charge des patients, afin d’influer sur la mortalité postopératoire », indique-t-il.

« Selon l’étude Henderson WG et al. J Am Coll Surg, 2007, réalisée aux États-Unis, la mortalité à 30 jours est de l’ordre de 2 - 2,5 % toutes chirurgies confondues, associée à un rapport de 1/1000 entre la mortalité peropératoire et la mortalité postopératoire à 30 jours », décrit-t-il. « Une étude européenne, Pearse RM et al. Lancet 2012, a montré que pour la France, la mortalité toutes chirurgies confondues à 30 jours est de l’ordre de 3 %, indiquant que des progrès restent à faire », reprend-il. « 50 % des décès surviennent dans les cinq premiers jours postopératoires. Il faut donc concentrer l’action des médecins dans le peropératoire immédiat avec des actions préventives plus importantes. »

Qui impliquer dans le suivi postopératoire ?

« Le pivot reste le couple chirurgien et anesthésiste-réanimateur », souligne Claude Ecoffey. La SFAR, au cours des Etats Généraux de l’Anesthésie-Réanimation en 2010, précise que l’anesthésiste-réanimateur doit rester impliqué dans la médecine périopératoire. « Ceci est encore plus vrai depuis la démarche de réhabilitation rapide après chirurgie, où l’intrication des 2 spécialités et la collaboration avec le personnel soignant est déterminante. La communication entre spécialités doit perdurer, de la consultation préopératoire jusqu’au suivi postopératoire, ce qui permettra une meilleure qualité des soins et la réduction du risque de mortalité », conclut-il.


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