Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Conservation des médicaments
Article mis en ligne le 6 novembre 2006
dernière modification le 28 octobre 2015

par Arnaud Bassez

Actifs jusqu’à 30 ans après la date d’expiration !

C’est une bien étrange découverte qu’ont faite récemment Lee Cantrell et ses collègues de l’université de San Diego (Californie) en analysant le contenu de huit médicaments retrouvés chez un pharmacien qui avaient expiré depuis 28 à 40 ans. Ils ont montré que les principes actifs de ces produits étaient en majorité toujours présents en quantité acceptable. Mais, attention, ce n’était pas le cas de ceux contenant de l’aspirine ou une amphétamine.

Leur travail, qui vient d’être publié dans les Archives of Internal Medicine, pourrait inciter les autorités à revoir la pratique actuelle de détermination de la date d’expiration.

En pratique, les scientifiques américains ont dissous les médicaments puis recherché les 15 principes actifs différents qu’ils renfermaient lors de leur commercialisation. Résultat : 12 des 15 molécules testées étaient toujours présentes en quantité supérieure ou égale à 90 % de la quantité initiale. Il s’agissait notamment de la codéine, du phénobarbital (somnifère), du paracétamol, du méprobamate (contre l’anxiété)... Plus étonnant encore, trois de ces molécules ont été trouvées en quantité supérieure à 110 % de celle prévue, ce qui soulève des inquiétudes rétrospectives concernant les pratiques de fabrication il y a quelques décennies.

Actifs jusqu’à 30 ans après la date d’expiration !

L’an dernier, déjà, l’Association des médecins du canton de Genève (Suisse) avait dénoncé une durée de vie "abusivement courte" des médicaments et même interpellé le Conseil fédéral à ce sujet. Selon la Radio romande, "alors que Vaud et Fribourg ont pu conserver leur stock de Tamiflu en demandant au fabricant Roche une prolongation de deux ans, Genève a pour sa part détruit cet automne ses 900 boîtes qui parvenaient à expiration, lesquelles avaient coûté 27 000 francs" (plus de 22 000 euros).

Le cas de ce médicament contre la grippe est loin d’être isolé. Et les spécialistes suisses expliquent : "La durée de validité ne correspond pas forcément à la période pendant laquelle le médicament est pleinement actif, mais seulement à une période pendant laquelle le fabricant garantit son action." Ce dernier fixe cette dernière sur la base de tests qu’il a effectués et qui portent, en général, sur une période de deux à cinq ans. En réalité, "rien ne dit que la durée d’action d’un médicament ne pourrait pas être plus longue, mais simplement on arrête de l’attester", déplorait Maury Pasquier, conseillère socialiste des États, sur le site de l’association genevoise.

Pour appuyer ses dires, elle s’était fondée sur une étude - conduite par la Food and Drug Administration et par le département de la Défense des États-Unis - montrant que le degré de puissance varie selon les médicaments et les conditions de stockage, particulièrement l’humidité, mais qu’un grand nombre de médicaments conservés dans des conditions correctes gardent 90 % de leur puissance pendant au moins cinq ans après la date d’expiration figurant sur leur emballage. 
Et parfois jusqu’à 30 ans. Bien sûr, tout dépend de leur forme galénique. Par exemple, les liquides ne sont pas aussi stables que les solides. Quant aux antibiotiques, leur validité est beaucoup plus courte. Mais, de toute façon, ils ne doivent jamais être réutilisés sans avis médical.

conservation des médicaments

Anne Jeanblanc source Point.fr