Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Vous allez être anesthésié
Article mis en ligne le 25 novembre 2006
dernière modification le 29 juillet 2023

par Arnaud Bassez

La société française des infirmier(e)s anesthésistes met à la disposition du grand public, ces explications simples et utiles. Elle invite et engage les IADE à créer des consultations IADE dans lesquelles nous pourrions expliquer à l’aide de supports divers (vidéos, casque de réalité virtuelle, matériel en "vrai"... ce qu’est l’anesthésie et ce que nous faisons au quotidien. Il y a là un vrai secteur à investir pour la reconnaissance de la profession IADE.

Arnaud BASSEZ
président/fondateur de la SOFIA

Qu’est-ce que l’anesthésie ?

C’est une technique médicale utilisant des médicaments spécifiques et un matériel adapté qui permet de réduire ou de supprimer la douleur lors d’interventions chirurgicales. L’anesthésie et ses techniques, permet aussi une prise en charge des douleurs chroniques, dans les centres de lutte contre la douleur (clud).

Les différents types d’anesthésie.

On peut définir 3 types d’anesthésie.

  l’anesthésie générale
  l’anesthésie locorégionale
  l’anesthésie sous sédation qui conserve la conscience.

Chacune de ces techniques est adaptée à l’intervention envisagée.
La consultation d’anesthésie est faite par un médecin anesthésiste. Il cherche à détecter les éventuelles pathologies annexes au problème chirurgical, qui pourraient entraîner des conséquences dans la prise en charge du patient. Si elles existent, ces pathologies seront analysées, des examens complémentaires pourront être demandés, afin d’aboutir à un protocole anesthésique adapté.

l’anesthésie générale ou AG

Elle est délivrée dans un bloc opératoire, dans une salle d’endoscopie, dans une salle de radiologie (scanner (pour les enfants), radiologie interventionnelle sur certains patients.
Les anesthésies du pré hospitalier (SMUR) ne seront pas décrites ici. Elles relèvent de l’urgence et ont un caractère exceptionnel de part leur prise en charge « à chaud ».

L’AG consiste à délivrer une association de médicaments sous forme injectable dans une veine, par une tubulure de perfusion,

seringue électrique délivrant des drogues anesthésiques

ou un gaz anesthésiant pour les enfants en bas âge (voire les adultes dans certains cas). Cette technique donne une absence de conscience qui est prise en charge par l’équipe d’anesthésie.

ventilateur Zeus

Elle permet au chirurgien de travailler dans d’excellentes conditions.
Mais c’est le médecin anesthésiste qui reste le décideur du meilleur choix de la technique.

plateau d’intubation

L’anesthésie locorégionale ou ALR

Elle consiste à injecter dans une zone du corps (un plexus nerveux du bras,

bloc plexique brachial

de la jambe, dans la colonne vertébrale…)

péridurale

une quantité définie d’une solution anesthésique qui va bloquer l’influx nerveux allant vers la zone à traiter. Souvent on associe une sédation pour que le patient soit tranquille et pris en charge de façon confortable pour lui.

La sédation
Elle est employée pour procurer un degré de relaxation suffisante durant un acte de courte durée et peu invasif donc peu douloureux. Cette technique permet au patient de garder le contact verbal avec l’équipe soignante mais entraîne parfois un oubli de l’intervention.

L’équipe d’anesthésie
Elle est constituée d’un binôme : un médecin anesthésiste et un(e) infirmier(e) anesthésiste.

Médecin (à gauche) IADE (à droite) un binôme parfait

Le médecin est le responsable de l’acte d’anesthésie, mais la compétence et la formation de haut niveau de l’infirmier anesthésiste permettent une prise en charge efficiente en toute sécurité pour le patient.

Qu’est-ce qu’un(e) infirmier(e) anesthésiste ?

Le titre officiel est infirmier(e) anesthésiste diplômé d’Etat (IADE)

Ce diplôme garantit une formation, un apprentissage encadré et une compétence obtenue dans un cursus hospitalier français. La durée des études est de 24 mois et est sanctionnée par l’obtention du diplôme d’Etat après un examen mêlant pratique et théorie et où la moyenne est exigée aux deux épreuves.

L’accession à la formation se fait sur concours sélectif en deux parties.
Il faut avoir au moins deux années d’expérience professionnelle en tant qu’infirmier(e) pour avoir le droit de passer le concours.

La première partie est une épreuve écrite. Si vous êtes reçu vous passez l’épreuve orale avec un examen de votre dossier.
Si vous êtes reçu, vous pouvez commencer la première année d’enseignement ;

Il vous faudra valider tous les requis pour accéder à la deuxième année.
Cette difficulté d’accession et de son apprentissage est la garante d’un futur professionnel de l’anesthésie de haut niveau et garantit une prise en charge optimale au côté du médecin anesthésiste.

IADE au bloc opératoire

Il faut savoir que l’infirmier(e) anesthésiste (IADE) a la compétence et le droit de prendre en charge votre anesthésie durant toute la durée de l’acte chirurgical, à condition qu’un médecin anesthésiste puisse intervenir à tout moment en cas de problème.(Article R. 4311-12 du Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004)

Les IADE sont les personnels infirmiers les plus formés, exerçant dans une des disciplines les plus techniques, mêlant le médical, la haute technologie, l’informatique, et une approche soignante qui humanise définitivement une profession qui ne peut se résumer à la technique seule, même si elle est une part importante de la spécialité.

Est-ce que l’anesthésie est sûre ?
C’est la spécialité médicale qui a certainement fait le plus de progrès au cours de ces 30 dernières années. L’anesthésie moderne telle que nous la pratiquons aujourd’hui permet de prendre en charge des patients qui n’auraient jamais pu être opérés auparavant, et dont l’espérance de vie aurait été réduite.

Car il faut bien voir qu’au delà du geste chirurgical par lui-même, toujours très médiatisé, celui-ci n’est possible en grande partie que par la qualité de la prise en charge anesthésique.
Elle permet une adéquation entre opération novatrice et anesthésie de qualité.

écran de contrôle

De plus le risque est plus élevé d’avoir un accident de voiture en venant à l’hôpital, que d’y subir une anesthésie.

Le personnel très compétent et le matériel sophistiqué, ainsi que la qualité des nouveaux médicaments, assurent une sécurité maximum au patient. De nombreux référentiels de qualité, ainsi que des obligations légales obligent les établissements de santé à fournir du matériel selon les dernières normes.

analyseur du BIS

Enfin sur une étude prenant en référence les procédures de sécurité de toutes les professions, le podium se compose ainsi : les métiers de l’atome et du nucléaire, les procédures de l’aviation, l’anesthésie.

Toutefois l’anesthésie n’est pas une science exacte, et elle comporte des risques inhérents à tout acte médical. Le médecin anesthésiste vous expliquera au besoin ces risques lors de la consultation d’anesthésie, obligatoire avant tout acte chirurgical ou médical.

La mortalité anesthésique en France : résultats de l’enquête Sfar-CépiDc-Inserm
Publié le 10 avril 2007
Mis à jour le 11 juin 2019
santepubliquefrance.fr

Cette étude décrit une enquête nationale estimant le nombre et la caractéristique des décès liés à l’anesthésie. Méthode - Des certificats de décès de l’année 1999 ont été sélectionnés en utilisant des codes de la CIM et des fractions de sondage variables. Un questionnaire était adressé aux médecins certificateurs (taux de réponse 97 %) et une rencontre avec un pair était proposée à l’anesthésiste (taux d’acceptation 97 %). Les dossiers ont été analysés pour déterminer le mécanisme de l’accident et son imputabilité à l’anesthésie. Les taux de décès ont été estimés à partir des données d’une enquête ayant porté sur l’activité de l’année 1996 et comparés à ceux d’une enquête réalisée entre 1978 et 1982. Résultats - Les taux de décès totalement ou partiellement liés à l’anesthésie étaient respectivement de 6,9 (IC95 % 2,2-12) et 47 (31-63) par million. Ils augmentaient avec l’âge et avec les pathologies, passant de 5 à 554 par million entre les classes I et IV de l’ASA. Parmi les causes, les pneumopathies d’inhalation venaient en tête, mais aussi l’hypotension peropératoire et l’anémie associée à l’ischémie myocardique. Des écarts aux normes professionnelles et des défauts d’organisation étaient fréquemment associés. Conclusion - Par rapport à l’enquête de 1978 à 1982, le taux de décès liés à l’anesthésie apparaît avoir été réduit par un facteur dix. (R.A.)

Auteur : Lienhart A, Auroy Y, Pequignot F, Benhamou E, Warszawski J, Bovet M, Jougla E
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2007, n°. 14, p. 113-5

La mortalité anesthésique en France, résultats de l’enquête SFAR-CépidcInserm (BEH 10 avril 2007)
écran de contrôle de ventilateur

Les IADE restent à votre écoute pour répondre à toutes les questions que vous n’avez pas (osé) demandé au médecin lors de la consultation, mais vous engagent aussi à ne pas hésiter à formuler vos questions face au médecin.

Suivez bien les conseils que l’on vous a donnés lors de la consultation d’anesthésie. Soyez bien à jeun à partir de minuit le jour de votre intervention. Ne fumez pas non plus. Prenez les médicaments que l’on vous a autorisé, et si vous êtes opéré en ambulatoire,(opéré et sortant le même jour), FAITES VOUS ACCOMPAGNER car vous ne pourrez pas prendre votre voiture

Les effets de l’anesthésie, même s’ils sont de plus en plus courts, peuvent altérer votre sens critique temporairement.

Arnaud BASSEZ

IADE/enseignant CESU

Sondage BVA-SFAR juin 2010 L’anesthésie et la réanimation vues par les français


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Plus de 11,3 millions d’anesthésies réalisées en 2010 en France

Mise à jour le 18 12 2012

Plus de 11,3 millions d’actes d’anesthésie ont été réalisés en 2010 en France et dans les départements et territoires d’outre-mer (DOM-TOM), selon une enquête exhaustive présentée la semaine dernière au congrès de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) à Paris.

A partir de la base nationale PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information) des séjours hospitaliers publics et privés de 2010, Christophe Dadure et ses collègues du CHU de Montpellier ont réalisé une "photographie" épidémiologique de l’activité d’anesthésie sur cette année-là. L’objectif était de déterminer le nombre exact d’actes, la proportion et la nature des actes réalisés dans les différents types d’établissements ainsi que la répartition démographique.

Plus de 11,3 millions d’anesthésies réalisées en 2010 en FranceIls ont recensé 11.323.630 actes d’anesthésie, réalisés lors de 8.568.630 séjours dans 1.102 établissements. Lors de la précédente enquête nationale "trois jours d’anesthésie" réalisée en 1996 par la Sfar et l’Inserm, le nombre annuel d’anesthésies s’élevait à 8 millions, note-t-on.

Plus de 9,5 millions de ces actes (84,3%) concernent des adultes et 933.736 (8,2%) des patients de moins de 18 ans, selon les résumés des communications des chercheurs.

Sur la totalité des actes, 43,5% sont réalisés en ambulatoire, avec une proportion plus élevée parmi la population pédiatrique (pour laquelle 60% des actes sont effectués en ambulatoire).

Chez les adultes, près de 60% des actes sont réalisés en libéral une proportion stable par rapport à l’enquête "trois jours d’anesthésie", 21% en centre hospitalier général (CHG), 12,6% en centre hospitalo-universitaire (CHU), 6% dans des établissements privés non lucratifs (PSPH, aujourd’hui Espic), 0,8% en centre de lutte contre le cancer (CLCC) et 0,4% dans les hôpitaux d’instruction des armées (HIA). La plupart (79,8%) des patients ont été pris en charge dans leur région d’origine.

Les principales pathologies rencontrées lors de ces séjours sont celles de l’appareil digestif (24,5%) dont 78,4% sont gérées en libéral, l’appareil musculo-squelettique (16,7%) dont 71,3% en libéral, l’accouchement et ses complications (10,3%), l’œil (9,7%) dont 78% en libéral, et l’appareil circulatoire (7,1%). Celles qui nécessitent le plus fréquemment un acte anesthésique sont les endoscopies digestives diagnostiques et/ou thérapeutiques (38,9%), les accouchements et césariennes (8,3%), les interventions sur le cristallin (8,1%), les affections de la bouche et des dents (2%), les libérations du canal carpien (1,8%). En hospitalisation complète, la médiane de durée de séjour est de quatre jours.

En anesthésie pédiatrique, 77% des patients sont pris en charge dans leur région d’origine. 52,9% des actes sont réalisés en libéral, 22,7% en CHG, 19,1% en CHU, 4,9% en établissement privé non lucratif, 0,3% en CLCC et 0,1% en HIA. En hospitalisation complète, les principales pathologies intéressées sont celles de l’ORL (25%) et de l’appareil musculo-squelettique (25%) puis la chirurgie digestive (17,3%). Les actes d’anesthésie en ambulatoire représentent 59,7% des actes pour les 4-17 ans, 75,5% pour les 1-3 ans, 28,8% pour les 1 mois-1 an, et 1,8% pour les moins de 1 mois. Les plus fréquents concernaient les extractions dentaires et affections de bouche (21,2%), les circoncisions (13,8%), les drains transtympaniques (13,2%) et les amygdales-végétations (11,7%).

Les auteurs soulignent dans leurs conclusions que les patients les plus âgés (plus de 85 ans) sont plus souvent gérés en CHG, HIA et CHU. Quant aux enfants, lorsqu’ils sont en hospitalisation complète, ils sont prioritairement gérés en CHU. L’ambulatoire se fait surtout en libéral, aussi bien chez les enfants (66% des actes ambulatoires en libéral) que chez les adultes (76,3%).

Chez l’adulte, ils notent que "quelle que soit la tranche d’âge, le secteur libéral prend en charge la majorité des actes d’anesthésie en ambulatoire faits en France : 74% des patients de moins de 65 ans, 76% des 65-74 ans, 77% des 75-84 ans et 77% des plus de 85 ans". En outre 78,4% des affections du tube digestif et 78% des affections de l’œil sont gérées en secteur libéral. Ils suggèrent de mener une enquête nationale sur les procédures anesthésiques et leurs complications.

source infirmiers.com


Anesthésie générale : la mortalité a chuté de 90%

25 septembre 2012

Source : destinationsante.com

Être opéré sous anesthésie générale, c’est vraiment de plus en plus sûr. La mortalité liée à cette dernière en effet, a diminué dans des proportions spectaculaires durant les 50 dernières années. En moyenne dans le monde, le risque de décès durant une anesthésie générale s’est réduit de… 90%. Ces résultats sont publiés par une équipe canadienne, qui a passé en revue 87 études prenant en compte au total, 21,4 millions d’anesthésies. Un constat très encourageant donc, malgré un retard marqué dans les pays en développement.

Au cours des 50 dernières années, le nombre d’interventions chirurgicales sous anesthésie générale n’a cessé d’augmenter partout dans le monde. Il s’agit d’opérations pratiquées alors que « le patient est artificiellement placé dans un état comparable au sommeil. Cet état est provoqué par l’injection intraveineuse de médicaments ou par la respiration de vapeurs anesthésiques. Cette méthode permet de supprimer la sensation de douleur ainsi que les réflexes moteurs du patient, afin d’autoriser la réalisation de l’acte chirurgical », peut-on lire sur le site de la clinique de l’Yvette, à Longjumeau. Au cours du temps, les opérations réalisées sous anesthésie générale se sont attaquées à des cas de plus en plus complexes, concernant donc des patients en situation de risque toujours plus grand. Le risque de mortalité pourtant, a continué de baisser.

Avant les années 1970, le taux de décès en cours d’anesthésie générale était estimé à 357 cas par million d’interventions. A partir des années 1990, ce chiffre est passé à 34 par million d’interventions. Les auteurs ont dressé un constat similaire concernant la mortalité durant les 48 heures suivant l’opération. En effet dans la même période, ce taux a chuté de 88% en moyenne dans le monde, passant de 10 603 décès pour un million d’interventions avant les années 1970 à 1 176 à partir des années 1990.

Pour de meilleures pratiques dans les pays en développement

« Cette tendance à la baisse est valable aussi bien dans les pays en développement que dans les pays riches. Pourtant, l’amélioration la plus flagrante concerne principalement les seconds » souligne Daniel Bainbridge, de la University of Western Ontario, principal auteur de l’étude.

Pour améliorer la situation dans les régions du monde les moins favorisées, les auteurs insistent sur l’importance des bonnes pratiques, pendant et après les opérations chirurgicales. Celles-ci sont déjà mises en œuvre dans les pays riches. En fin d’intervention notamment, le patient est conduit en salle de réveil ou en unité de soins post-anesthésie pour y bénéficier d’une surveillance étroite. Sa tension artérielle, son rythme cardiaque, sa respiration, ses réflexes sont observés. Les drains et autres sondes sont également sous contrôle de manière continue pendant plusieurs heures. « Une baisse de la mortalité suite à une anesthésie générale pourrait ainsi être obtenue dans tous les pays », concluent les auteurs.

Source : The Lancet, 20 septembre 2012 ; site de la Clinique de l’Yvette à Longjumeau, consulté le 20 septembre 2012


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