Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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AMPA pas à pas

Suite aux réunions diverses (Ministère, commission parlementaire, IGAS) la profession se verrait bien obtenir le statut AMPA (auxiliaire médical en pratique avancée).

Pour louable qu’il soit, ce statut ne peut être une fin en soi pour la SOFIA.

Il ne peut en effet être la solution finale permettant aux autorités de clôturer un dossier contraignant pour le monde médical, voire inquiétant pour lui.

En effet, la volonté d’émancipation se marie mal avec le qualificatif auxiliaire qui renvoie à l’autorité médicale sur le personnel exécutant.

Le terme en tant que tel suggère une notion d’infériorité et de dévotion liée à la connaissance supposée supérieure de l’un par rapport à l’autre. Ce en quoi il est déplaisant et potentiellement désobligeant,.

  • Le dictionnaire Larousse : Personne qui apporte sa collaboration, son aide à quelqu’un d’autre dans l’exécution d’un travail
  • Le petit Robert : Qui aide par son concours (sans être indispensable)
    Personne qui aide en apportant son concours. ➙ adjoint, aide, assistant, collaborateur. Faire de quelqu’un son auxiliaire.
    Auxiliaire médical(e) : soignant(e) non médecin (infirmier, orthophoniste…).
  • Les synonymes
     En tant qu’adjectif
    complémentaire, accessoire, additionnel, adjuvant, annexe, second, subsidiaire, supplémentaire
     En tant que nom
    aide, adjoint, assistant, bras droit, collaborateur, complice, lieutenant, second

Domaine médico-social : En France, technicien semi-qualifié rémunéré qui seconde un technicien pleinement qualifié`` (Méd. Biol. t. 1 1970). Praticiens et auxiliaires médicaux (La Réforme de la sécurité soc.,1968, p. 18) :

On voit bien le rôle de second plan qui est alloué à ce vocable d’auxiliaire. Or, pour la SOFIA, il est prouvé que les IADE de France (dans son acceptation la plus large possible incluant l’outre-mer) tiennent bel et bien les salles seuls, font des actes seuls, induisent et réveillent seuls, conduisent les anesthésies per-opératoires seuls.

Certains centres hospitaliers comprenant l’intérêt professionnel qui doit être suscité, pensent à proposer des consultations ASA 1 et 2 aux IADE. Pour autant, cette cotation n’est possible qu’une fois la consultation effectuée et ne peut s’entendre comme une revendication. Seule l’évaluation déclare la classe ASA du patient après consultation, pas avant.

En soi, la consultation d’évaluation pré opératoire n’est pas ce que souhaitent les IADE au global. En revanche, il y a d’autres voies de consultations possibles : explications de la prise en charge anesthésique par des vidéos, du matériel, des images, du coloriage pour les enfants... Les MAR n’ayant pas forcément le temps nécessaire à fournir ces explications. Cela peut aussi prendre la forme d’une consultation douleur, hypnose, musicothérapie, casque VR... Le choix est vaste et complémentaire à la consultation médicale. Il y a là un vrai terrain à occuper et à développer certainement.

Des unités de voies veineuses sous écho se créées régulièrement sur le champ des compétences des IADE de France, des consultations d’hypnose et de sophrologie pour les patients se mettent en place. Des IADE se déclarent prêts à investir toutes les strates libérées, non dans un esprit de phagocytage mais dans un esprit d’amélioration des soins et d’attractivité des postes envisagés.
C’est pourquoi, nous assistons enfin à la prise de conscience de la profession, qu’une autonomie de fait existe et qu’elle a besoin d’être formalisée, reconnue et validée.

La SOFIA ne s’en est jamais cachée, son modèle de référence est le statut qu’ont les CRNA américaines. Sur plusieurs fronts voire tous.

  • Certification,
  • niveau d’études,
  • compétences,
  • gestes,
  • salaires
  • ...

Ce sont bien des infirmiers anesthésistes mais qui sont au-delà de l’auxiliaire, car seuls, sans aucune supervision médicale, le fameux opt-out concernant 15 États américains. Le concept étant poussé jusqu’à la disparition des médecins anesthésistes dans une structure médico-chirurgicale, l’hôpital du Watertown Regional Medical Center du Wisconsin au profit des seuls CRNA.

Certainement invraisemblables pour les cerveaux médicaux européens, il faut regarder les choses froidement et sereinement. Si un pays aussi procédurier fait ce choix, c’est que les CRNA ont le niveau requis à la qualité optimale. Seuls 15 États sur 50 font l’opt-out. Soit 30%. On est loin du plébiscite et du raz-de marée.
Il faut donc que le niveau de formation des IADE de France soit encore renforcé, non pour remplacer les MAR, mais pour sanctuariser notre profession et la rendre inaccessible à toute IPA anesthésie.

Pour la SOFIA, la voie ne pourra s’achever que par une qualification supérieure, la qualité de profession médicale à mission définie au même titre que les sage-femmes qui n’empiètent pas sur les gynécologues-obstétriciens, mais sont complémentaires.

Certes, il n’y a rien dans les textes, rien dans le livre I ou III du code de santé publique, il n’y a pas de législation, il n’y a rien de fait concrètement. Mais les kinésithérapeutes intègrent la P1 avec le tronc commun. C’est un préalable à envisager.
Et la sortie du livre III être impérative. Elle fera sauter le plafond de verre, elle nous fera sortir de la profession infirmière qui nous bloque dans toute évolution et nous enchaine à un boulet de 700 000 professionnels dans lesquels nous ne nous reconnaissons plus concrètement.

Il n’y a aucune raison pour ne pas s’approprier la charge de travail, de réflexion et d’action pour autant.
Qui pouvait dire en 1947 qu’il y avait les décrets, arrêtés, textes divers et réglementation avec les grilles indiciaires d’une toute nouvelle profession importée des USA : Celle d’infirmier anesthésiste ? Personne. Pourtant tout a été fait, entrepris, monté pas à pas. Ce qui s’est produit il y a 74 ans peut se reproduire. Il ne faut que du courage, de la bonne volonté et une vision des choses objective, honnête et juste. Avec un sens des responsabilités dont la profession a su toujours faire preuve.

Changeons.
Changeons nos mentalités. Oui nous savons être efficaces, oui nous savons être performants, oui nous savons faire tout aussi bien, voire mieux sur certains points de soins aux patients.
Oui nous avons une valeur ajoutée indéniable. Oui nous sommes polyvalents, avons un éventail d’action qui fait notre force, notre richesse et notre attractivité professionnelle. L’aimant qu’est notre spécialité intégrée de fait en pratique avancée doit perdurer pour grossir les rangs des IADE au cours des années à venir.

La SOFIA demande un statut en propre pour les IADE. En sortant de toute notion de subordination mais en intégrant un schéma d’exercice en plein droit et autonomie définie. D’ailleurs n’a t-il pas été démontré qu’avec 11 millions d’anesthésie en France actuellement, il était impossible aux MAR (environ 11 000 en France) de faire toutes cette activité sans la présence des IADE.

Nous arrivons à une croisée des chemins. Réagissons et prenons notre profession en main. Car il n’est pas question de la laisser à d’autres qui ont décidé trop souvent et voudraient continuer à le faire pour nous.

La SOFIA souhaite un statut supérieur à celui d’AMPA, mais elle valide cependant l’obtention de celui-ci pour continuer encore à gravir des marches qui nous reviennent.

Nous ne sommes que dépositaires de ce que les anciens nous ont légué. A charge de transmettre aux successeurs les clés d’une profession enfin mature.

AB