Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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ONI : Brother in arms

L’Ordre Infirmier a confié la création de son identité visuelle à une société dont le directeur n’est autre que le frère de sa présidente Dominique Le Boeuf.

Vivement chahuté ces derniers temps, l’Ordre National Infirmier est aujourd’hui sujet à une nouvelle polémique.

Cette fois, autour des liens entre sa présidente, Dominique Le Bœuf et la société Openminded Agency, chargée en 2009 de la définition de l’identité visuelle de l’Ordre (création d’un logo et d’une charte graphique). Le directeur général associé de cette société, Laurent Ameslant, n’est autre que le frère cadet de la présidente de l’ONI

La première implication de la société Openminded Agency dans la mise en place des outils de communication de l’ONI remonte au début 2009.

Soit, juste après l’élection du bureau du Conseil National de l’Ordre Infirmier (CNOI), le 14 janvier 2009, avec la nomination à sa tête de Mme Dominique Le Bœuf née Ameslant.

Un premier conseil national est convoqué les 4 et 5 février 2009. A l’ordre du jour du 4 février figure, de 16h à 17h, une « discussion pour mise en perspective et élaboration du logo » avec un « intervenant extérieur ». Il s’agit de l’agence Openminded, qui propose son expertise dans le choix d’une identité graphique.

Début mars, l’Ordre, décide de « lancer un appel à concurrence sur présentation d’un devis à plusieurs infographistes dans les plus brefs délais pour établir la charte graphique de l’ordre en complémentarité avec ce qui a déjà été travaillé et présenté par la société Openminded ».

Selon des témoignages internes, en raison de l’urgence de la situation, c’est Mme Dominique Lebœuf, elle-même, qui s’est chargée de l’établissement du cahier des charges et du choix des titulaires de l’appel d’offres. Le 23 mars 2009, à 2 h 20 du matin selon le site Rue 89, elle adresse ainsi aux membres de son bureau un mail mettant en lice quatre agences. « Je ne pense pas qu’il faille nous en rajouter maintenant, si on veut avoir une identité graphique dans les plus brefs délais », écrit-elle dans la nuit.

Quatre agences sont donc retenues : une société ayant déjà réalisé la plaquette de « la première journée nationale des conseillers départementaux et régionaux de l’Ordre des infirmiers », deux sociétés parisiennes et l’agence Openminded.

La date limite de réponse à l’appel d’offres est les 30 mars 2009. La société Openminded propose alors un devis d’un montant de 20.000 euros hors taxes, alors que l’agence ne présentait pas le dossier le plus avantageux économiquement, quand un concurrent proposait de travailler pour 5 000 euros. Cette comparaison laisse perplexe la directrice de la communication de l’instance, Virginie Lanlo qui ironise : « Le logo de Pôle Emploi a coûté 2,4 millions d’euros, celui de la HAS où je travaillais avant 600 000 euros ; un logo à 5 000 euros, je ne sais pas ce que c’est », remarque-t-elle citée par Rue 89, précisant par ailleurs que l’agence a eu en charge l’élaboration intégrale de la charte graphique de l’Ordre. Elle n’a cependant pas été amenée à réaliser le site internet de l’institution, son projet n’ayant pas été retenu lors d’un second appel d’offre, ce qui selon Laurent Ameslant devrait finir d’écarter toute accusation de népotisme.

Dans une délibération du 3 avril 2009, entérinée le 4 mai 2009, le CNOI confie à la société Openminded l’élaboration de son identité graphique.

Grégory Vignier, conseiller national, se souvient de ce choix : « La société Openminded, que nous avions rencontrée avant l’appel d’offres, a été retenue, car elle sortait du lot. Certains prestataires n’avaient fourni qu’une ébauche de projet : on avait l’impression d’être face à une Ferrari et trois deux-chevaux. Le choix paraissait forcément évident ».

L’existence d’un lien de parenté entre la présidente de l’Ordre National Infirmier et le directeur de l’agence choque Grégory Vignier : « Si cela est exact, c’est un véritable scandale. Personne au Conseil National n’a jamais été mis au courant de ce lien. Si nous l’avions su, nous n’aurions jamais choisi cette société  ».

Il est à noter que dans les communications avec l’Ordre et les documents officiels que nous avons eu en main, Laurent Ameslant, « directeur associé en charge de la stratégie commerciale » d’Openminded, n’est pas mentionné. La société est représentée par Lydia D’Avanzo, « directrice associée en charge de la Création ».

« Dans une phase de construction d’une institution censée faire respecter la déontologie, de tels agissements sont inadmissibles moralement. Et s’ils sont condamnables, je serai le premier à porter plainte », poursuit Grégory Vignier.

Contacté, Laurent Ameslant répond aux accusations : « Je n’ai rien à cacher. Dominique Le Bœuf est bien ma sœur. Mais cette polémique est ridicule. Nous avons répondu à un appel d’offres pour lequel d’autres agences ont été aussi sollicitées, et nous l’avons remporté. C’est la règle de ce métier, que j’exerce depuis un certain temps. Des marchés on en gagne on en perd : celui-là n’était pas différent ».

Laurent Ameslant s’étonne d’ailleurs des réactions suscitées : « J’ai été amené à parler devant plusieurs centaines de personne, tout l’Ordre était au courant. Il n’y a pas eu de pression de Dominique Le Bœuf pour le choix  ».

A la question de savoir si le fait d’avoir travaillé en amont sur le projet posait un problème, le directeur de la société Openminded répond : « j’ai commencé à travailler gracieusement avant l’appel d’offres, à titre consultatif. Car la situation était urgente. »

« L’ordre était naissant et il n’y avait pas encore de directeur de communication : on a apporté notre savoir-faire marketing. Mais nous avons dû refaire le dossier au moment de l’appel d’offres et nous avons travaillé deux fois plus. D’ailleurs nous avons ensuite participé à l’appel d’offres pour la réalisation du site Internet de l’Ordre, que nous avons perdu  ».

Aujourd’hui, Openminded s’appelle Evermore Agency : « si nous avons changé de nom, ce n’est pas pour dissimuler quoi que ce soit, mais pour se différencier d’une autre société au nom proche », précise Laurent Ameslant.

Autre détail troublant : la date d’immatriculation de la société au Registre du Commerce est le 30 avril 2009, soit un mois après la réponse à l’appel d’offres. « L’ordre était au courant, nous étions en cours d’immatriculation. Nous avions eu d’autres clients auparavant et je n’ai pas monté la société pour ce contrat en tout cas », précise Laurent Ameslant. « Nous avons rempli notre mission, de manière satisfaisante je pense. La preuve : la charte graphique est toujours utilisée et vit dans le temps. », Conclut-il.

Dans un cadre de crise interne et externe, ces nouvelles révélations ne risquent pas d’apaiser l’atmosphère du prochain Conseil National de l’Ordre, qui se tiendra le 29 mars 2011.

David Breger / Youpress

NDLR : Contactée, Dominique Le Boeuf, n’a, pour l’heure, pas répondu aux sollicitations. L’Ordre infirmier nous avait habitué à plus d’immédiateté dans ses réactions. Madame la Présidente doit avoir les mots qui lui manquent. Ce serait bien la première fois.

Mais ça commence à faire tâche tout ceci...


En outre, le SNPI et son omnipotent Secrétaire Général, publie opportunément en date du 19 mars 2011, un sondage réalisé auprès de 303 infirmiers interrogés par téléphone du 23 au 29 septembre 2010, soit 6 mois plus tôt...

Et les "sondés" ne sont pas tendres avec la gouvernance actuelle de l’ONI, (67% pensent que c’est une mauvaise chose et 81% estiment que le montant de la cotisation (75€) est trop élevé. Mais les réponses sont là encore fortement clivées en fonction du secteur d’activité : les deux tiers des infirmiers libéraux pensent que c’est une bonne chose, alors que seuls 15% des infirmiers du secteur hospitalier public sont du même avis), tout comme l’avait fait remarqué, une lettre en date du 20 février 2011 de 4 frondeurs à l’adresse de Mme LeBoeuf.

Oh quel hasard vraiment !! Un mois après la lettre ouverte, voici que nos quatre cavaliers de l’apocalypse, sont confortés de manière tout à fait providentielle par un sondage vieux d’un semestre.

Une façon à peine déguisée de se faire adouber par la force des sondages ?

La ficelle est un peu grosse tout de même.

Amouroux président. Pas que le matin en se rasant, (le monsieur est barbu).

On parie ?

Réponse le 29 mars.

AB