Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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présidentielle 2012 : demandez le programme !

On ne peut pas dire que la santé soit un sujet porteur pour cette élection présidentielle 2012. Il faudra convaincre les 1.867.900 personnes qui exercent un métier dans le secteur de la santé au 1er janvier 2011, soit 6,58% de la population active.

La crise, l’Europe et le chômage, épine traditionnelle depuis la fin des 30 glorieuses sont plus porteurs.

Sans aucun esprit partisan, voici les programmes des candidats à la magistrature suprême. Dans la mesure du possible, n’est publié ici que la partie dédiée à la santé. Lorsque le programme n’est pas découpé par les candidats, le programme intégral est alors publié ou disponible par un lien.

Il faut se rendre à l’évidence. Pour certains, la santé ne fait pas partie des lignes de leur programme.

C’est le cas du candidat du
 nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou qui se fend d’un éloquent «  Il faut un véritable service public de santé avec des moyens et du personnel pour l’hôpital public bien sûr, mais aussi le développement d’un réseau de centres de santé de proximité . »
Point barre. Le reste étant la mise à mal des grands groupes pharmaceutiques qui s’enrichissent. A l’est rien de nouveau donc.

 Jacques Cheminade propose l’accroissement des salaires : «  2600 euros brut en fin de carrière pour un infirmier de classe normale (catégorie A, premier grade) et 2700 pour un infirmier de classe supérieure (catégorie A, deuxième grade)  » 100 euros de différence...c’est selon lui «  Redonner sa dignité à la profession d’infirmier  ».
Autre revalorisation, celle du diplôme. «  Il faut accorder aux étudiants, d’une part la possibilité de décrocher une licence en fin de cursus  ». C’est bien de proposer une chose qui va se faire par le LMD de façon obligatoire, que mr Cheminade soit président ou pas.

 Lutte ouvrière propose, par la voix de sa candidate Nathalie Arthaud de rendre la santé au secteur public en embauchant et en construisant des hôpitaux, des centres de soins. «  Et bien sûr, il fau­drait également arrê­ter de fermer des cen­tres de soins, des ser­vi­ces et des hôpi­taux et, au contraire, dans le cadre du ser­vice public, en cons­truire et embau­cher afin qu’il y ait du per­son­nel et des lits en nombre suf­fi­sant pour accueillir, dans de bonnes condi­tions et sur tout le ter­ri­toire, tous ceux qui en ont besoin.  » Embaucher qui, avec quelle qualification, quel salaire ? Un oubli fâcheux sans doute.

 Le front national, propose dans son chapitre Avenir de la Nation, «  les services publics médicaux sont indispensables à l’attractivité d’un territoire et contribuent à son activité économique. Des centres hospitaliers et médicaux polyvalents doivent donc y être maintenus, voire créés quand la désertification médicale est trop avancée.
Il convient aussi d’inciter les jeunes médecins à s’installer à la campagne. Les professionnels de santé doivent être familiarisés avec les territoires dès leur scolarité, notamment par module territorial, comprenant un stage.
 » ça risque d’être vraiment incitatif une telle mesure... Comment inciter un jeune médecin à s’implanter dans une zone géographique pour laquelle il n’a aucune appétence, alors que la Constitution française garantie à chacun la libre circulation sur l’ensemble du territoire ?

 Le modem dans sa fiche 27, dédiée à la santé (par ordre alphabétique) ne parle que des médecins. Tout juste est-il évoqué «  il faut refuser une gestion purement comptable de la santé, et, au contraire, associer les professionnels de santé aux réformes . » Vu comment cela se passe en général, on voit ça d’ici.

«  Nous proposons que le choix du directeur de chaque Agence Régionale de Santé soit approuvé par le conseil régional.  » Conseil où siègent de nombreux professionnels de santé comme chacun le sait...

«  De même, la place des représentants des collectivités locales et des partenaires sociaux dans le conseil de surveillance des ARS doit être augmentée . » Des professionnels de santé on vous dit !

 Le parti socialiste, et son candidat François Hollande dans le chapitre « Je veux rétablir la justice » propose en 19eme proposition du second chapitre «  Je veux renouer avec l’excellence de notre système de santé et renforcer l’hôpital public  »

«  Je réformerai la tarification pour mettre fin à l’assimilation de l’hôpital avec les établissements privés.  » Sera-ce la fin des consultations privées à 150 euros et des actes chirurgicaux de secteur 2, où le professeur honore de sa présence le bloc opératoire en utilisant le matériel, le personnel et le temps du public à son profit ?

«  Je le considérerai comme un service public et non comme une entreprise.  » Il faudra en parler aux grands pontes hospitalo-universitaires, régulièrement en tête des rémunérations hospitalières.
«  Pour lutter contre les déserts médicaux, je favoriserai une meilleure répartition des médecins par la création de pôles de santé de proximité dans chaque territoire.  » Cf les commentaires sur la même proposition que le front national.

«  Je fixerai un délai maximum d’une demi-heure pour accéder aux soins d’urgence . »
Cela ne veut pas dire qu’un établissement vous accueillera en 30 minutes, mais qu’un SMUR pourra être chez vous aussi rapide que pour livrer une pizza. Urgences 30-rabbit-speedy ! Et s’il neige, sachant que trois flocons désorganisent tout le pays ?

«  J’améliorerai la prise en compte de la santé publique, notamment en augmentant la part de rémunération forfaitaire des médecins généralistes.  » Allez encore un coup de pouce pour une profession qui fait l’objet de toutes les attentions. les infirmières libérales, les kinés, podologues, allez voir ailleurs.

 Dominique de Villepin, candidat de république solidaire, propose
«  Restructuration des hôpitaux publics, au niveau de 8 à 10 Agences Régionales de Santé, pour en faire des structures territoriales polyvalentes assurant les soins de proximité et d’excellence.  »
sachant qu’il existe 27 régions (21 régions de France métropolitaine, 4 départements et régions d’outre-mer et deux collectivités qui n’ont pas la dénomination de « région » mais en exercent les compétences : la collectivité territoriale de Corse et le département de Mayotte), on se demande comment cela va fonctionner pour la proximité ? A moins que cela ne soient les personnes forcement nombreuses à se presser et se serrer dans ces structures qui assureront le côté proximité...

«  Création de Maisons de Santé ou de Dispensaires, adossés aux pharmacies, pour assurer la présence des personnels soignants dans tous les quartiers et villages  » Quartiers, pourquoi pas, encore faut-il trouver du foncier disponible, mais pour les villages rappelons les règles légales actuelles L’ouverture d’une pharmacie, par transfert ou création, est possible dans les communes qui comptent plus de 2.500 habitants (ou 3.500 en Guyane, en Moselle et en Alsace).

Ensuite, l’ouverture ou le transfert de nouvelles pharmacies sont autorisés par tranche de 4.500 habitants. Ainsi, une seconde pharmacie peut être implantée dans une commune qui compte plus de 7.000 habitants.

 L’ump et son candidat-président Nicolas Sarkozy propose un magazine dans lequel on retrouve page 11, un encart sur la santé. Il est demandé à chacun, médecin et patient «  d’être responsable afin que chaque euro dépensé le soit à bon escient, à l’hôpital comme en ville. L’équilibre financier de notre système de santé dépend des comportements de chacun . »
En parallèle le service médical de la Présidence de la République est confié au service de santé des Armées. L’équipe médicale qui y travaille prépare le soutien logistique-santé des déplacements officiels du Président de la République et l’accompagne lors de ses voyages. (site de l’Élysée). Combien cela coûte à la France ? demandons au député Dosière.

Le reste du programme sur la santé frisant l’indigence. Mais depuis 2007 on a un peu un arrière goût.

 Jean Luc Mélenchon, du front de gauche propose une VI eme République. «  La Constitution que nous défendons réaffirmera les droits sociaux :droit à l’emploi et au travail, à la santé, au logement, à l’éducation,à la protection sociale.  » Comment fera t-il, cela n’est pas dit dans le programme.

Page 11 du programme, le front de gauche nous donne sa définition de la santé «  En ce sens, les mesures qui précèdent concourent toutes à renforcer le droit à la santé, que nous définissons comme « un état de bien-être physique, mental et social »  » Ce qui est la définition de l’OMS que s’arroge le front de gauche, sans citer ses sources.

«  Nous abrogerons la loi Bachelot et la loi de 2003 instituant la tarification à l’activité.
Nous investirons massivement pour redonner à l’hôpital public les
moyens nécessaires à une politique de santé de qualité.
 » Avec quel argent vu l’état de finances actuelles ?

«  Les ARS seront supprimées.  » «  Pour lutter contre la pénurie de personnel, nous lancerons un programme de formation de toutes les disciplines de la santé, libéré de l’influence des laboratoires pharmaceutiques.  »
Je n’ai pas vu le bout d’un laboratoire durant mes études. Et vous ?

«  Nous organiserons la formation par concours d’entrée dans la fonction
publique
 »
N’est-ce pas déjà ce qui se pratique ?

«  La validation des acquis se fera aussi devant des commissions
multidisciplinaires sur le principe de trois tiers-temps : formation,
production de soins et temps de formateur ou de contribution à
l’éducation sanitaire.
 » VAE pour qui ? Quel métier ?

«  Le maillage du territoire national devra être assuré pour répondre aux
besoins de santé et non pas en fonction de logiques comptables. Pour ce faire, nous établirons une couverture nationale de santé égale sur tout
le territoire. Tous les bassins de vie seront dotés d’équipements publics
de santé (hôpitaux, services hospitaliers, maternités, urgences...) en
rapport avec leur population
 » la Lozère a du soucis à se faire...

 Eva Joly, candidate Europe écologie les verts, donne un programme santé un peu curieux, car ressemblant à un agglomérat de dépêches d’actualité, commentées. Le site est d’ailleurs peu ergonomique est fait penser à la cacophonie qui règne dans ce parti. Le programme n’est pas affiché en première page de façon évidente. Le titre L’écologie la solution étant bien plus grand que le projet présidentiel écrit juste en dessous. Il faut aller sur thème pour retrouver les propositions de la candidate en matière de santé. En la matière, on peut y déceler une propension féministe à peine voilée. Oubliant un peu que la santé c’est l’affaire de tous.

«  1 % du budget de la santé sera dédié à la politique de prévention et un Institut national de recherche en santé environnementale sera créé. » Encore une volonté de créer des agences nationales comme un autre candidat. L’étatisation des choses.

«  Le seuil légal d’exposition aux pollutions électromagnétiques
sera réduit et des plans d’actions locaux mis en place pour lutter contre
la pollution de l’air
. » Comment faire quand la téléphonie mobile devient un partenaire de travail et d’efficience ? Comment réduire ceci, quand un 4e opérateur vient de se lancer dans la bataille des réseaux propriétaires ? Comment imposer des normes techniques apparemment impossibles à tenir d’après les constructeurs ?

«  Pour assurer l’accès aux soins de premiers recours sur l’ensemble du territoire, des “maisons de la santé et de l’autonomie” seront créées, regroupant médecins et professions de soins, et comportant un service d’éducation pour la santé et la santé environnementale.  » En clair, des dispensaires regroupant les activités médico-sociales. Il faudra faire des kilomètres pour se faire soigner, car regrouper ici, c’est fermer ailleurs.

 Nicolas Dupont-Aignan, candidat de debout la république, propose L’envolée du prix des mutuelles prouve que notre système de santé se fracture en deux : d’un côté un service public standard, médiocre et minimal , médiocre... chacun appréciera la qualité de son travail au quotidien. Minimal, pour les heures supplémentaires qui explosent les comptes épargnes temps, là encore chacun appréciera.

de l’autre un secteur privé accessible uniquement aux plus riches. Parce que je refuse la santé à deux vitesses, je souhaite défendre notre système public, unitaire et solidaire, en le rationalisant quand il le faut (maisons de santé en zone rurale, refonte des barèmes, déremboursement des médicaments inutiles, dossier médical) et en assurant un vrai service public (lutte contre les déserts médicaux, réforme de la filière dentaire). Si on assure un service public « médiocre » et « minimal », autant nationaliser le privé. Ce sera plus efficace.

Chaque médecin devra en outre exercer 2 ans de sa carrière professionnelle dans une zone où l’on manque de professionnels de santé, et en particulier les territoires ruraux. Et ensuite, avec le numerus clausus, il se passera quoi ?

Il s’agira d’un contrat d’intérêt général obligatoire entre l’Etat et chaque nouveau médecin dont la formation est payée par la collectivité et l’activité financée par la sécurité sociale. ça ressemble à une punition. Comme les travaux d’intérêts généraux.

 Cap 21 et sa candidate Corinne Lepage propose Pour avoir des enfants en bonne santé, il faut des parents en bonne santé et des milieux de vie
compatibles avec un bon état de santé.
Alphonse Allais, en son temps préconisait de mettre les villes à la campagne.

De plus, il est nécessaire d’avoir un système de santé axé
sur la prévention et pas uniquement un système de soin. Pour atteindre ces objectifs, je lancerai
deux mesures qui me paraissent prioritaires :
 un plan national de prévention santé à destination des enfants et des femmes enceintes ;
 le renforcement des moyens de la médecine scolaire.


 élargissement de la consultation de prévention et du dépistage des maladies aux personnes non salariées et non suivies dans le système actuel de l’assurance maladie ;
 développement de la médecine du travail ;
 évaluation, recensement et lutte contre les discriminations dans l’accès aux soins (âge,
handicap, précarité, étudiants, territoire, etc.) ;
 action sur les causes de maladies par la prévention primaire ;
 financement d’études épidémiologiques sur de grande cohortes pour évaluer les risques
santé et environnement, pesticides, pollution air et eau, etc. tout en s’assurant que ces financements seront pérennes - l’étude ELFE sur 20 000 enfants n’est financé que jusqu’en 2013, par exemple),
 une reconnaissance, une étude et une intégration des médecines naturelles, relais importants d’une politique de santé préventive

etc comme il est dit. Alphonse Allais disait aussi «  Il faut demander plus à l’impôt et moins aux contribuables. »

Enfin, ils postulent tous pour améliorer nos conditions de vies. Et les leurs ? Un petit coup d’œil sur le fonctionnement de l’Élysée est assez intéressant.

modem programme sur la Sante
programme du front de gauche
Programme sur la santé du front national
Programme sur la santé Jacques Cheminade
Programme sur la santé lutte ouvrière
Projet UMP 2012
Programme Europe Ecologie les verts
Programme Debout la republique Nicolas Dupont-Aignan
Programme-Corinne-Lepage cap 21

La liste officielle pour la candidature présidentielle 2012. (Brève écrite avant la fin des dépôts de candidature au conseil constitutionnel).

§§§

Chaque année, les partis politiques se partagent 80 millions d’euros d’aide publique. Une aide distribuée en fonction de la présence aux législatives. Un parti y a droit s’il a présenté au moins cinquante candidats ayant obtenu au moins 1% des voix.

En 2007, chaque voix a rapporté 1,68 euros par an. Chaque parlementaire élu a rapporté 44 000 euros, selon le CNCCFP. On comprend mieux les ralliements express de certains candidats du départ

Frédéric Nihous (le chasseur qui « ne renonce jamais » mais qui s’arrête quand même et qui a perdu 200 000 euros sans demander de contrepartie apparemment ; c’est triste le manque d’expérience),

Christine Boutin (dont on attend l’explosion de sa bombinette atomique qui se révèle au bout du compte un pétard mouillé pour se faire comme d’habitude attribuer une place dans une circonscription qu’on ne lui disputera pas, et Nous présenterons une centaine de candidats aux élections législatives, en plein accord avec le Président ),

Jean-Pierre Chevènement, président du groupuscule MRC négocie lui aussi neuf circonscriptions, soit le niveau de ce qu’il représente en France, voire plus... Le MRC tente d’exister, car comme il est dit sur son site «  Pour sa part, fidèle à l’engagement qui est le sien, le MRC fait état des repères qui lui paraissent essentiels : une monnaie moins chère, une construction européenne réorientée autour d’un programme de croissance et non de récession  », tant il est vrai que Bruxelles préfère la récession à la croissance dans sa zone économique...

Le parti de Jean-Pierre Chevènement estime encore " qu’il ne doit pas être porté atteinte à notre industrie nucléaire et à ses capacités, à ses yeux garantes d’une électricité moins chère et moins polluante " Faisant fi de l’accord entre EELV et le PS, qui prévoit une réduction drastique de l’énergie nucléaire et un moratoire sur l’EPR de Flamanville.

Mais comme le disait Jacques Chirac "les promesses n’engagent que ceux qui y croient".

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Mais pour ces opportunistes de la politique, il peut rendre riche. Il suffit de savoir négocier le nombre de circonscriptions gagnables.

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire, disait Sénèque. Que ne ferait-on pour quelques euros de plus.

AB