Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. mai 19, 2022 2:15 pm

Publié le 17/05/2022
Infirmières : erreur de la banque en votre défaveur

Des infirmières marseillaises se sont vues retirer une prime Covid qui leur avait été versée.

Pendant deux ans, elles ont été célébrées comme des « soldats de la première ligne », des « héros du quotidien » et se sont vus promettre et verser des primes et des hausses de salaire. Mais alors que le gros de l’épidémie de Covid-19 semble (on l’espère) derrière nous, les infirmières françaises doivent de nouveau faire face à un hôpital public qui n’est pas toujours très généreux avec ses salariés. A Marseille, des infirmières ont eu la désagréable surprise de constater que leur prochain salaire allait être diminué, l’hôpital ayant décidé de récupérer une prime Covid qui leur aurait été indument versé.

Ces infirmières avaient reçu entre 500 et 5 000 euros chacune au titre de « majoration d’heure d’astreinte mobilisé », c’est-à-dire pour avoir accepté de travailler davantage et parfois dans des services différents des leurs lors des nombreux épisodes de saturation que les hôpitaux français ont connu au cours de la crise sanitaire. Mais plus de deux ans après le début de l’épidémie en France, la direction de l’hôpital de la Timone considère désormais que ces astreintes n’auraient pas dû être majorées, car l’activité de ces infirmières n’aurait pas un lien direct avec l’épidémie. « Nous nous excusons auprès des salariés concernés, nous mettrons tout en œuvre pour rétablir la relation de confiance avec eux » a déclaré sans autre forme d’explication Elisabeth Coulon, DRH de l’hôpital de la Timone.

Vers une grève des infirmières ?

La suppression de ces primes est évidemment très mal acceptée par ces infirmières qui viennent de traverser deux années très difficiles. « J’ai dû aller deux fois en service de réanimation alors que je ne suis pas formé à cela, je n’ai pas pu partir en vacances et maintenant on m’explique que je n’ai pas participé à l’effort collectif durant la crise Covid » s’insurge une des infirmières lésées par la décision de la direction.

Les infirmières de bloc opératoire de la Timone ne comptent pas en rester là. Elles tentent de contacter d’autres soignants qui auraient pu subir le même sort à travers la France afin de créer une mobilisation nationale. Déjà en janvier dernier, les infirmiers de l’hôpital Nord de Marseille s’était mis en grève pour protester contre le fait que la prime de 100 euros décidée par le gouvernement était réservée à ceux exerçant dans les services de réanimation.

Prenons le pari (optimiste) que le ministre de la santé (dès sa nomination ou sa renomination) aura à cœur de revenir sur cette disposition médiatisée même si elle respecte l’orthodoxie budgétaire.

Nicolas Barbet

__________

BA4 et BA5 classés en variants préoccupants
Les sous-variants BA4 et BA5, considérés comme plus contagieux (mais pas plus pathogènes) que les autres variants d’Omicron, pourraient bientôt arriver en Europe et provoquer une nouvelle vague avertit le Centre Européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Il les a donc classées ce vendredi dans la catégorie des variants préoccupants (VOC). BA4 et BA5 sont actuellement responsable d’une flambée épidémique en Afrique du Sud mais aussi plus proche de nous au Portugal.

Le contrat entre l’UE et Valneva en voie de résiliation
La Commission Européenne a donné 30 jours (à compter du 13 mai) au laboratoire franco-autrichien Valneva pour obtenir une autorisation de mise sur le marché de son vaccin anti-Covid 19 de la part de l’agence européenne du médicament (EMA). Dans le cas contraire, le contrat entre l’Union Européenne et la firme sera résilié.

La Corée du Nord submergée par Omicron
Cinq jours après l’annonce de la découverte du tout premier cas de Covid-19 en Corée du Nord, le pays recenserait déjà près de 1,5 millions de contaminés et 56 morts selon les autorités nord-coréennes, sans que la réalité de ces chiffres puissent être vérifiée. Le dictateur communiste Kim Jong-un a décrété le confinement du pays tandis que la Chine, la Russie et la Corée du Sud se sont dits prêts à venir en aide à Pyongyang.

Point de situation en France
Selon les données de Santé publique France arrêtées au soir du 16 mai, on comptabilise :
• 5 936 nouveaux cas de Covid-19 (vs 7 354 cas le 9 mai)
• 18 742 personnes hospitalisées pour Covid-19 (- 2 093 en une semaine)
• 1 199 personnes hospitalisées en soins critiques (- 181 en une semaine)
• 622 morts au cours de la semaine
• 147 478 morts depuis le début de l’épidémie (64 780 en 2020, 58 961 en 2021, 23 737 en 2022)

Un point de situation dans le monde
Selon les dernières statistiques publiées par l’université John Hopkins de Baltimore, depuis le début de la pandémie 522 144 671 cas de Covid ont été identifiés dans le monde qui ont contribué à 6 267 417 décès. Ces quatre dernières semaines, les pays les plus impactés par la Covid sont, en nombre de contaminations l’Allemagne (2 358 777), les Etats-Unis (1 917 434) et la France (1 400 356) et en nombre de décès les Etats-Unis (10 844), le Royaume-Uni (6 049) et l’Allemagne (4 754).

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La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 28, 2022 3:48 pm

Publié le 15/01/2022
Le « complotisme » : une maladie incurable ?

L’optimisme sur certains sujets quand on ne le partage pas est tout à la fois rassénérant et vaguement déconcertant. Ainsi, malgré les deux dernières années écoulées durant lesquelles il est difficile de considérer que la science a pleinement triomphé (si ce n’est celle qui a permis d’offrir à l’humanité des vaccins d’un nouveau type efficaces contre les formes graves de la Covid et c’est déjà un très bel exploit), certains veulent croire que la pandémie a éveillé l’esprit scientifique des Français. C’est ainsi la thèse défendue récemment dans le Monde par le Dr Jean-David Zeitoun. Il est en effet convaincu concernant la future élection présidentielle : « Les candidats qui feront une offre politique fondée sur la science auront beaucoup à gagner, car la demande est forte. Plusieurs indices en témoignent. Premièrement, les Français font encore largement confiance à la science, comme l’a montré une étude académique récente [« Les Français et la science 2020 », portée par l’université de Lorraine, publiée en novembre 2021] relatée dans ces colonnes. Deuxièmement, il y a une demande d’élucidation. Même la dissémination des thèses complotistes trahit une envie de comprendre, comme l’historien Johann Chapoutot vient de le rappeler (Les 100 mots de l’histoire, PUF, 2021). Troisièmement, les candidats scientifiques profiteraient de l’éducation que la pandémie nous a imposée. En moins de deux ans, les Français ont accumulé des connaissances et renforcé leur raisonnement, notamment statistique. Ils en savent plus sur les microbes, les vaccins et les médicaments qu’un bon étudiant en médecine. Leur appréhension de l’incertitude est aussi certainement meilleure. Les enquêtes d’opinion suggèrent que le même effet d’éducation émerge en matière environnementale, peut-être bientôt en démographie ».

Pas de réponse magique face à la pensée magique

Il est peu probable que de tels propos fassent l’unanimité. Il semble plutôt au contraire, par exemple sur la question des statistiques, qu’il n’ait pas toujours été facile aux Français (y compris ceux au pouvoir) de parfaitement en appréhender tous les enjeux pour apprécier l’évolution de l’épidémie. Quant à la confiance dans la science, si elle est affichée, l’influence exercée par certains discours complotistes (même si cette influence ne doit pas être exagérée) suggère qu’il existe un hiatus entre les déclarations et la réalité. En tout état de cause, un certain nombre d’observateurs se montrent moins optimistes, à commencer par les membres de la commission créée il y a trois mois par le Président de la République et placée sous la direction du sociologue Gérald Bronner. Après des débuts quelque peu chahutés et des interrogations (jusque dans ces colonnes) sur la difficulté de se décréter émetteurs de la vérité face aux doutes structurels de la science et du monde, la commission vient de remettre ses conclusions. L’une d’entre elles formulée par Frédérick Douzet, professeur de géopolitique à l’université Paris VIII est presque un constat d’échec : « Il n’y a pas de réponse magique à ces questions-là», a-t-elle observé en particulier sur la question de la lutte contre la diffusion de fake news.
Cependant, la commission s’est néanmoins risquée à une trentaine de recommandations.
Parmi elles, on peut retenir un désir de proportionnalité : les conspirationnistes et autres complotistes ne représentent en réalité qu’une frange mineure de la population et jouissent pourtant d’une importante visibilité. « Nous vivons dans un pays de grande liberté d’expression et tant mieux. Mais on doit s’interroger sur l’éditorialisation de ces expressions. Est-il normal que des points de vue minoritaires statistiquement soient majoritaires du point de vue de la visibilité numérique ? Les vrais antivax en France ne pèsent pas grand-chose, mais ils ont réussi à essaimer par leur rhétorique au-delà de leur espace de radicalité. Il ne s’agit pas du tout de les bâillonner, mais de penser les conditions pour que la visibilité soit corrélée à la représentativité. Sinon, on a affaire à une forme de diversité inauthentique » remarque ainsi Gérald Bronner.

Autre préconisation : éveiller encore et toujours toute la population et notamment les jeunes à l’esprit critique, en particulier face aux informations diffusées par les différents médias. La commission invite ainsi à «mandater un organisme» afin «de mettre en place l’évaluation du matériel pédagogique et des dispositifs de formation».

Qui sera chargé de l’éveil à l’esprit critique : les anti OGM, les anti nucléaires ?

Mais là encore on peut s’interroger sur la vanité d’une telle préconisation. Qui fera cette éducation à l’esprit critique ? Les médias traditionnels ? Les professeurs ? Pourtant, il n’est pas impossible que certains discours soutenus voire plébiscités par ces instances contribuent à faciliter l’installation d’une défiance vis-à-vis de la science. Ainsi, la journaliste scientifique Emmanuelle Ducros parle d’un « terreau labouré depuis des décennies ». Elle a récemment énuméré sur LCI différents faits ou phénomènes récents qui sont éloignés des théories les plus farfelues que l’on peut parfois découvrir sur les réseaux sociaux et qui au contraire jouissent d’une grande crédibilité au sein des médias ou auprès des professeurs. Il s’agit par exemple de l’ « exploitation de la peur vis-à-vis des OGM à laquelle on doit en grande partie la défiance vis-à-vis de la technologie de l’ARN messager et l’installation de la thématique du cobaye », relève Emmanuelle Ducros. Or, le rejet des OGM est très loin d’être uniquement nourri par des personnes pleinement perméables aux théories conspirationnistes les plus farfelues : dès lors comment s’étonner que partant de cette défiance très largement répandue (voire largement considérée comme la posture la plus raisonnable), certains puissent rejeter des technologies qu’ils assimilent aux OGM.
Emmanuelle Ducros cite de la même manière la peur instrumentalisée du nucléaire qui là encore est très loin d’être uniquement l’apanage de gourous décriés, mais une opinion très solidement défendue par un grand nombre de représentants politiques (et de professeurs).

La dictature des certitudes émotionnelles

Ce rappel d’Emmanuel Ducros porte une leçon assez décourageante sur nos capacités à inverser les tendances, à lutter efficacement contre la défiance et son expression la plus aiguë, le complotisme. S’ajoute en outre à ce « terreau » favorable qui jouit d’une très forte légitimité dans l’opinion publique et au sein des instances « dirigeantes », la force de l’émotion. Sur ce point, les constatations de l’anthropologue Joël Candau dans le Monde sont marquantes : « A partir de 1850, l’utilisation de mots chargés de sentiments a systématiquement diminué dans les livres analysés, tandis que l’utilisation de mots associés à une argumentation fondée sur des faits a constamment augmenté. Mais ce schéma s’est inversé dans les années 1980, et ce changement s’est accéléré vers 2007. La fréquence des mots liés aux faits a alors chuté tandis qu’a crû un langage émotionnel, corollairement au passage d’un langage centré sur le collectif à un langage centré sur l’individu. Selon les auteurs, nous vivrions une période historique particulière marquée par une rupture de l’équilibre entre émotion et raisonnement, au détriment de ce dernier. Même s’il faut se garder de toute généralisation à partir de ces seuls résultats, n’y a-t-il pas là matière à nourrir le débat sur notre entrée supposée dans l’ère de la post-vérité et, peut-être, dans ce « paradis des imbéciles où tout est connu a priori » (Hannah Arendt dans La Nature du totalitarisme, Payot, 1990, p. 121) ».

Le complotisme est loin de n’avoir qu’un seul visage

Cette supériorité accordée à l’émotion est également évoquée par Jaron Harambam (chercheur en sociologie à l’université de Leuven) dans un article traduit en français dans le journal Sciences et Pseudosciences de l’Association française de l’information scientifique.

Il note ainsi à propos des personnes hostiles aux vaccins : « À côté de la mise en cause de « Big-Pharma », la réticence vaccinale s’appuie sur des idées holistiques et naturalistes sur la santé et le corps, idées enracinées dans la spiritualité New Age et les médecines alternatives. Dans ces subcultures, les émotions, les sentiments, l’expérience personnelle, les témoignages et les relations sociales sont souvent des guides plus importants que les connaissances scientifiques ». Dans cette analyse, Jaron Harambam invite également à éviter le piège de vouloir retenir une image univoque du « complotiste » ou de « l’antivaccin », de céder à la facilité du « mépris » vis-à-vis de personnes jugées comme ignorantes. Une idée que l’on retrouve également dans les mises en garde d’Emmanuelle Ducros. « Puisque de nombreux militants anti-vaccins en Occident sont plutôt des jeunes urbains hautement qualifiés, il est difficile de les rejeter comme étant de déplorables ignorants » écrit-t-elle après avoir remarqué : « Les explications dominantes de la popularité des théories du complot autour du coronavirus sont remarquablement similaires : ces idées sombres et troublantes aideraient les gens à donner du sens à un monde complexe et incertain. Elles fourniraient des explications cohérentes sur des événements tragiques et redonneraient un sentiment de pouvoir et de contrôle. (…) Le problème de cette approche globalisante est triple : elle n’explique pas les motivations des conspirationnistes, ni les formes variées et les degrés de plausibilité des différentes théories du complot, ni leurs rapports avec certaines questions politiques et sociétales. En fournissant une explication uniforme des théories du complot, on ne rend pas sérieusement compte de leur contenu ni des préoccupations sous-jacentes. De même, on ne prend pas en considération la façon dont les théories du complot sont instrumentalisées dans différentes guerres de propagande. Quand on regarde ces théories du complot de plus près ou, mieux encore, quand on engage le dialogue avec les gens qui les propagent, on constate que ces théories ne sont pas tant une stratégie d’adaptation à une époque trouble qu’un vaste éventail d’expressions culturelles ».

Envers et contre tous

De telles analyses ne peuvent que conduire vers des conclusions peu encourageantes sur l’efficacité réelle des mesures préconisées par la commission de Gérald Bronner. On observe en effet que l’éveil à l’esprit critique devrait conduire à déconstruire des idées pourtant largement considérées comme la pensée raisonnable et empêcher que nous soyons plus souvent guidés par nos émotions que par notre raison, allant une fois encore à l’encontre du courant dominant. Sans même évoquer le fait que cet éveil à l’esprit critique n’empêcherait pas la persistance des préoccupations politiques et sociales qui favorisent la défiance.

En dépit de ces observations peu réjouissantes, on relira ou reverra :

Jean-David Zeitoun
Les lumières à l’ère numérique
Emmanuelle Ducros
Jaron Harambam

Aurélie Haroche
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Publié le 05/03/2022
La médecine de Serendip
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Alexander Fleming, l’un des plus grands bénéficiaires de la sérendipité

Si selon Pasteur le hasard ne favorise que les esprits préparés, l’histoire nous apprend qu’il a souvent été un collaborateur précieux pour les découvertes médicales. Ainsi nous le rappelle ce passionnant voyage dans le temps que nous propose aujourd’hui notre collaborateur, le Dr Alain Cohen.

Par le Dr Alain Cohen

« Un heureux accident a fait tomber le médicament entre nos mains » : c’est ainsi qu’une publication d’Arnold Cahn et Paul Hepp commençait, le 14 août 1886, dans le Centralblatt für Klinische Medizin. L’histoire de la recherche sur les médicaments est ponctuée d’accidents heureux. » (Gerhard Klebe : In the beginning, there was serendipity, in Drug Design, Springer-Verlag, 2013)

« L’investigateur doit poursuivre ce qu’il cherche, mais aussi voir ce qu’il ne cherchait pas. » (Claude Bernard)

Prince prodigue des Mille et une Nuits apparu comme par magie, l’imprévu enrichit la science. C’est le 12 octobre 1492, l’Amérique devant Colomb. C’est Gram découvrant en 1883 sa coloration microbienne, fortuitement. Ou Dam soumettant vers 1930 des poulets à un régime hypolipidique pour étudier le métabolisme du cholestérol mais découvrant la vitamine K, révélée par des hémorragies imprévues dues à sa carence. Ou ce filet d’un pêcheur anonyme ramenant en décembre 1938, à l’embouchure du fleuve Chalumna (Canal du Mozambique) un cœlacanthe, poisson présumé fossile depuis des millions d’années !... Au fil de découvertes insolites, cette tribune cerne la silhouette d’un « hasard maîtrisé » dans la recherche biomédicale.

L’effet inattendu

Le médicament n’est jamais à l’abri d’effets indésirables, découverts tardivement. On se souvient ainsi de la déconvenue dramatique avec la thalidomide (malformations des membres), et des carcinomes vaginaux induits par certains œstrogènes (stilboestrol) chez des jeunes femmes dont les mères avaient reçu le produit durant leur grossesse : l’effet imprévu est là particulièrement sournois, car la corrélation nocive n’est découverte qu’à la génération suivante ! Il peut exister aussi des effets inopinés quand un médicament se révèle, à titre exceptionnel, agir en sens diamétralement opposé à l’effet recherché. On a décrit par exemple des angors paradoxaux, déclenchés par les dérivés nitrés !(1) Allergie et idiosyncrasie suscitent aussi des impondérables singuliers : il a fallu que des millions de sujets reçoivent de l’aspirine avant de constater, un jour, une prise mortelle avec ce produit ! « Soyez attentif à l’inattendu, beaucoup d’informations sur les médicaments manquent encore » conseillent les pharmacologues aux praticiens, pour souligner l’importance de la pharmacovigilance. Cette possibilité d’imprévu justifie l’impératif de rigueur méthodologique lors d’essais thérapeutiques, et accroît les difficultés inhérentes à l’obtention d’un nouveau médicament. George de Stevens évoque ainsi un imprévu fâcheux avec un nouvel hypolipidémiant qu’il étudiait en phase 3, vers 1970(2) : « D’une efficacité excellente, il était bien toléré ; il manquait bien quelques données d’une enquête sur deux ans concernant un éventuel effet cancérigène chez le rat, mais les responsables du marketing évaluaient déjà le marché potentiel, estimé à cinquante millions de dollars. Le seul ennui, c’est que les rats n’en tinrent pas compte : le produit se révéla finalement cancérigène. Déception pour les scientifiques, désastre pour l’équipe de marketing !... » La pharmacologie donne aussi de fausses surprises : vers 1975, une étude en milieu gériatrique montre que des sédatifs éprouvés se révèlent pourtant inefficaces dans 23 % des cas(3). Ce fait provient d’une mauvaise indication thérapeutique, les sujets traités ne relevant pas tous de cette prescription : faute d’indication correcte, même un bon médicament se montre inactif !

Le médicament imprévu

Dans les surprenants chemins de l’innovation, la pharmacologie évoque parfois le magicien sortant soudain un lapin d’un chapeau ! Après un effet thérapeutique imprévu, une recherche bascule alors vers une toute autre direction.

Trypanosome et HTA

George de Stevens rappelle ainsi(2) la découverte imprévue de la guanéthidine, en 1957. Travaillant sur des affections parasitaires tropicales, et apprenant par une lecture que certains composés agissent contre le trypanosome, Robert Mull étudie l’éventuel effet antiparasitaire de molécules analogues. L’une d’elles, le « Su 4029 », n’a aucune efficacité contre le trypanosome. Mais les chercheurs ont l’habitude de pratiquer un « screening » (tri pharmacologique) en chiasme, c’est-à-dire croisé : tous les nouveaux produits sont testés dans un domaine particulier, et un produit spécifique est testé, à l’inverse, dans tous les domaines. Le croisement (chiasma en grec) est d’ailleurs une ancienne figure emblématique : dans le Timée, Platon affirme que « le Créateur de l’Univers commença à façonner le cosmos en lui donnant la forme de la lettre grecque Chi » dont le graphisme, χ, correspond au X actuel. Si le Su 4029 est synthétisé comme antiparasitaire présumé, cette fin précise n’est pas atteinte, mais l’étude systématique de ses propriétés révèle un effet antihypertensif inattendu, remarqué par le pharmacologue Robert Maxwell ayant la présence d’esprit de noter à plusieurs reprises la tension des chiens sous Su 4029. Un essai clinique montrant que ce médicament-surprise entraîne de la fièvre, Mull et Maxwell modifient la molécule jusqu’à l’obtention de l’un des premiers antisympathiques disponibles, la guanéthidine.

Serpents et HTA

L’origine du captopril constitue un autre exemple de « carambolage imprévu » en médecine. L’inhibition du système rénine-angiotensine est une idée ancienne, mais qui n’aurait sans doute jamais abouti aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) si des chercheurs éclectiques n’avaient pas travaillé, auparavant, sur un tout autre sujet ! Vers 1970, le biologiste David Cushman et le chimiste Miguel Ondetti étudient la composition du venin de serpents brésiliens et remarquent parmi les substances isolées un peptide inhibant la transformation d’angiotensine I en angiotensine II, le téprotide. Basculant de la biochimie des venins à la pharmacologie des antihypertenseurs, les recherches s’orientent alors vers un produit aux propriétés analogues, mais actif per os, car le téprotide n’agit qu’en perfusion IV : captopril et IEC sont nés. Pour cette découverte, Cushman et Ondetti reçoivent le prestigieux prix Lasker en 1999.

La sérendipité

Notons ce remarquable point commun dans l’histoire de la guanéthidine et celle du captopril : quiproquo inattendu, on obtient finalement une toute autre chose que celle recherchée a priori : un antihypertenseur au lieu d’un antiparasitaire ou d’un venin de serpent ! Une grande importance épistémologique s’attache au fait de trouver ainsi ce qu’on ne cherchait pas, ou un substitut inespéré de la quête initiale. On désigne ce concept par l’anglicisme serendipity, dû à Horace Walpole en 1754. Pour exprimer la même idée en français, le chimiste Jean Jacques (1917–2001) propose le terme sérendipité(4), popularisé notamment par la juriste Danièle Bourcier et le médecin Pek van Andel(5). L’étymologie donne à ce mot le parfum d’aventure romanesque et d’exotisme mystérieux propres à la chance, déesse fantasque rarement apprivoisée : Serendip est l’ancien nom arabe de Ceylan, aujourd’hui Sri-Lanka. Forgeant le terme serendipity en référence à un conte publié à Venise au XVIème siècle, Les trois princes de Serendip(6), Walpole s’en explique ainsi : « Quand leurs altesses voyageaient, elles ne cessaient de découvrir, par accident ou par sagacité, des choses qu’elles ne cherchaient pas. » Quand Walpole crée le mot serendipity, note Sylvie Cattelin(7), il évoque « la faculté de découvrir, ‘‘par hasard et sagacité’’, ce que l’on ne cherchait pas ; aujourd’hui, le terme connaît une vogue croissante au sens de ‘‘découverte par hasard’’, mais si cette focalisation affirme la dimension imprévisible et non programmable de la recherche, l’occultation de la sagacité empêche de saisir ce que ‘‘sérendipité’’ désigne véritablement, au cœur de toute découverte. » Précisant qu’il faut « remonter aux contes orientaux » inspirant Walpole et Voltaire (pour la « méthode de Zadig ») et lire « les romanciers et savants passionnés par cette idée » pour comprendre « le sens profond » de la sérendipité, Sylvie Cattelin rassemble plusieurs fictions à l’origine du concept. D’un conte du Talmud de Sanhédrin jusqu’à Zadig ou la destinée (Voltaire), tous ces textes anciens (hébreu, arabe, tamoul, indo-persan, français) forment autant de bonnes fées sur le berceau de la sérendipité. Pour George de Stevens, elle « ne doit pas être sous-estimée, car les découvertes dues à la chance abondent en littérature scientifique. » Hasard fécond dans la recherche, la sérendipité débusque un phénomène inattendu conduisant en médecine à « de nouvelles connaissances décisives pour obtenir de nouveaux médicaments. » Jean Jacques collige d’autres définitions de la sérendipité. Comme celle de l’Oxford English Dictionary : « Faculté de faire, par hasard, des découvertes heureuses et inattendues. » Ou d’Alain Peyrefitte : « Dans l’étrange pays de Sérendip, tout arrive à l’envers. Vous trouvez par hasard ce que vous ne cherchez pas. Vous commettez une erreur : elle tourne à votre avantage. Vous voulez du mal à quelqu’un : vous assurez sa prospérité. Fort de l’expérience, vous manœuvrez en sens opposé : vous aboutissez à plus inattendu encore... Tels ces joueurs qui, sur un billard bosselé, provoquent des carambolages imprévus. »

Heureuses fautes

« Vous commettez une erreur : elle tourne à votre avantage. » Une forme de sérendipité particulièrement fascinante concerne ces conséquences inespérées d’un impair, quand la sanction d’une faute consiste, paradoxalement, à s’en féliciter ! Éminent urologue, René Kuss (1913–2006) conte ainsi(8) comment une maladresse opératoire peut avoir parfois, contre toute attente, des retombées décisives. Lors d’une colectomie pour un cancer du sigmoïde, il sectionne un jour par mégarde un uretère de sa patiente. Selon le dogme de l’époque, il est impossible de suturer un uretère, vu son rôle d’émonctoire et le risque d’infection rétrograde. Le Pr Kuss tente pourtant cette suture, sans trop y croire, puisqu’elle est à l’encontre du savoir établi. Puis il monte une sonde dans l’uretère suturé ; comme convenu, il observe une importante rétention d’urine : 200g. Il se prépare donc à révéler à l’intéressée la douloureuse nécessité d’une néphrectomie, par suite de cette méprise technique. Il décide pourtant d’attendre en contrôlant, sans conviction, l’importance de la rétention d’urine. Surprise : « Trois jours plus tard, le rein ne contient plus que 100g et une bonne urine coule par la sonde. Nouveau sondage quelques jours après : 50g, et la malade va très bien. Au bout de trois semaines, il ne reste que 5g, et une urographie montre un rein de morphologie et de sécrétion normales. » Cette erreur imprévue se révèle finalement précieuse pour l’urologie, « apportant la preuve que, contrairement à ce qu’on pensait, on peut suturer un uretère et espérer le retour à une fonction normale du rein sus-jacent, évitant ainsi le sacrifice inutile d’un bon rein. »

Salvatrice impasse diagnostique

La pratique médicale comporte inévitablement des erreurs de diagnostic. Mais on peut parler d’un extraordinaire concours de circonstances (donc de sérendipité) quand une telle erreur, bien sûr involontaire, devient la condition sine qua non de la survie du malade ! À propos d’un patient atteint d’une coarctation aortique congénitale (bien supportée et jamais opérée) et hospitalisé pour une fièvre inexpliquée, le Pr J. Passeron(9) évoque un exemple remarquable d’une telle impasse diagnotique... résolument salvatrice ! Une pleurésie apparaît en quelques semaines, mais la ponction pleurale ne montre pas de germe. Plus tard encore, une péricardite. Faute d’étiologie précise, on se contente de traitements symptomatiques, apparemment efficaces puisque le patient peut quitter l’hôpital. Mais le mois suivant, survient une baisse insolite de l’acuité visuelle, attribuée à une choroïdite. Devant ces multiples atteintes séreuses, les praticiens pensent légitimement à la tuberculose, et prescrivent un traitement anti-tuberculeux. Le diagnostic exact est fait seulement lors d’une nouvelle hospitalisation, justifiée par un œdème pulmonaire : anévrisme ventriculaire ancien, avec fissuration du ventricule gauche visible à l’angiographie pré-opératoire. Chance inespérée pour ce malade : la fièvre inexpliquée ne lui ayant pas été rattachée, sa péricardite a « traîné » : diagnostiquée avec beaucoup de retard, elle a permis le développement d’adhérences assez solides pour aboutir à une hémostase spontanée et prévenir la rupture du péricarde qui eût entraîné, sinon, une tamponnade avec hémorragie interne mortelle ! Ainsi, pour n’avoir pas fait à temps le diagnostic principal (anévrisme ventriculaire sur le point de se rompre), les médecins auraient condamné leur patient s’ils avaient eu la malchance de faire, par contre, le diagnostic de la pathologie secondaire (péricardite), car son traitement précoce aurait empéché la constitution des adhérences providentielles ! Cette observation exceptionnelle rappelle la formule « moins par moins donne plus » : la conjonction aléatoire de deux erreurs peut redresser par chance, à l’insu des praticiens, une situation compromise...

Surprises d’Esculape

En médecine, rien n’est définitivement figé : il faut garder constamment son attention en éveil, car l’inattendu est toujours possible, comme le confirme la neurotoxicité soudaine des sels de bismuth, vers 1970, alors qu’ils étaient prescrits de longue date sur une vaste population, comme protecteurs de la muqueuse digestive. Plus étrange encore : très rare dans d’autres pays (où des produits bismuthés sont encore prescrits), cette toxicité inédite a électivement touché des patients français ! Ce revirement de toxicité est mal compris, mais on l’estime lié à la conjonction d’une idée reçue et d’un évènement aléatoire. L’opinion erronée : les sels de bismuth étaient présumés insolubles (d’où leur utilisation en « pansement » contre l’ulcère), bien qu’ils fussent en réalité partiellement absorbés. L’évènement aléatoire : l’apparition imprévue de mutations bactériennes dans la flore digestive commensale, sans doute sélectionnées par de nouvelles pratiques thérapeutiques (antibiotiques) et par des changements culturels (nouvelles habitudes alimentaires des Français). Ces bactéries modifiées auraient réduit le sous-nitrate de bismuth ingéré en nitrites solubles, d’où une méthémoglobinémie et la neuro-toxicité insolite (convulsions, encéphalopathie, dépression) d’un produit longtemps sans histoire...

Autre surprise médicale tragique, l’arrivée inopinée du Sida, comme l’évoquent Robert Gallo et Luc Montagnier, les découvreurs du VIH, son agent infectieux : « En 1980, on croyait les pays industrialisés débarrassés des risques liés aux maladies infectieuses et que la santé publique n’était menacée que par des maladies comme le cancer, les troubles cardiaques et les anomalies génétiques. L’arrivée du Sida (maladie virale dévastatrice) a balayé cette confiance(10). » Et la pandémie de Covid-19, plus tard, d’enfoncer le clou...

La petite et la grande

Le phénomène d’analogie trompeuse peut concerner la médecine. Au début du XIXème siècle, des médecins pratiquent la « syphilisation » de sujets sains : croyant les immuniser contre la syphilis, ils leur inoculent délibérément du matériel prélevé sur un chancre syphilitique, réalisant ainsi la propagation expérimentale du tréponème ! On le devine, l’effet de cette étrange « prophylaxie » se révèle désastreux pour les infortunés patients. Comme le dénonce Broca : « Je déplore l’erreur funeste des syphilisateurs, je m’élève contre ces vastes tatouages faits avec ce virus syphilitique sur des centaines de malades. Expériences inutiles, nuisibles. » Ces médecins « syphilisateurs » sont-ils insensés ? Ils sont en fait victimes d’un raisonnement inductif par homonymie fallacieuse. Codifiant une technique empirique (documentée au moins depuis le XVIème siècle le long de la route de la soie, de la Chine à Constantinople), Edward Jenner a montré l’efficacité de la vaccination contre la variole, communément appelée petite vérole. Puisque la syphilis, c’est la grande vérole, ce qui vaut pour l’une doit a priori valoir aussi pour l’autre, et l’on s’attend donc à ce que le repiquage du produit d’un chancre protège contre la grande vérole, comme des repiquages semblables (variolisation et vaccination jénérienne) protègent contre la petite ! Cet échec inattendu contre la syphilis déconcerte les médecins syphilisateurs car il ruine leur raisonnement analogique : si une maladie A (la grande vérole) est comparable à B (la petite vérole), le traitement inconnu de A doit être comparable à celui de B (le repiquage vaccinal). L’ennui, c’est que grande et petite vérole n’ont de comparable que leur dénomination ! On comprendra plus tard qu’un spirochète n’est pas semblable à un pox-virus... Ce parallèle entre grande et petite vérole s’est peut-être déroulé d’ailleurs dans l’ordre inverse : Jenner est en effet élève et ami du chirurgien réputé John Hunter, auteur présumé de la syphilisation. Croyant que la blennorragie n’est qu’une forme atténuée de syphilis (de même que Jenner présente le cow-pox comme une forme atténuée de variole), Hunter s’inocule le pus d’un patient gonococcique. Par malchance, celui-ci souffre de ces deux maladies vénériennes à la fois ! Contaminé par la grande, Hunter paye alors sa méprise diagnostique dans cette périlleuse expérience ! Mais Jenner aurait repris le procédé (infructueux dans la syphilis) pour l’appliquer, avec succès cette fois, à la variole où il se révèle plus sûr que l’ancienne variolisation.

La chance dans le détail

Selon Nietzsche, le diable serait dans les détails. Mais parfois aussi, le dieu de la chance ! Il arrive en effet qu’une modification aléatoire d’un paramètre expérimental s’avère décisive pour aiguiller soudain un esprit sagace vers une nouvelle trouvaille. L’historien F. Hoefer évoque ainsi le bleu de Prusse comme exemple de « découverte à laquelle on n’a point été conduit par le raisonnement. » Elle survient à Berlin vers 1705 : alors qu’il réunit ses ingrédients pour obtenir, comme à l’accoutumée, un précipité rouge carmin, le préparateur de couleurs Johann Jacob Diesbach a la surprise de voir apparaître, contre toute attente, une poudre bleue ! On comprend plus tard que l’un des composants (la potasse) a été contaminé, par hasard, avec le sang d’un animal dont les protéines apportent opportunément l’azote donnant ce bleu de Prusse, considéré comme le premier pigment de synthèse (ferrocyanure ferrique).

L’importance du flacon

M. Langeron(11) rappelle aussi l’histoire d’un colorant d’abord mystérieux, l’azur de méthylène : « En 1891, Romanovsky découvrit fortuitement qu’un mélange de bleu de méthylène et d’éosine permet de colorer en violet carminé le noyau des parasites du paludisme » qui avait jusque là résisté à tous les réactifs. Mais cette coloration s’avérait étrangement capricieuse : « Les proportions à employer différaient avec les diverses marques de bleu et, malgré toutes les précautions, il y avait des cas où la réaction ne réussissait pas. Romanovsky remarqua pourtant que les solutions anciennes de bleu donnaient les meilleurs résultats. » Ce phénomène est expliqué en 1898 par Nocht. Il montre que l’azur de méthyène résulte de l’oxydation du bleu de méthyène en solution alcaline : « Dans les vieilles solutions de bleu, il se forme spontanément, sous l’influence de petites quantités d’alcali qui proviennent du verre. » Pour colorer l’hématozoaire, contrairement au célèbre dicton, peu n’importe donc pas le flacon !

L’accident fécond

La sérendipité relève souvent d’un incident ou d’un accident fécond permettant de réunir par hasard les conditions requises pour une nouvelle découverte. Comme le rappellent J.B.S Haldane et Jean Jacques, la médecine lui est par exemple redevable de la découverte de l’adrénaline, en 1901, quand le biologiste japonais Takamine renverse un peu d’ammoniaque sur une préparation d’extraits surrénaliens : sans le vouloir, il vient ainsi d’obtenir les premiers cristaux d’adrénaline !... Georges Mathé et Yvon Kenis(12) évoquent de même la sérendipité dans la découverte d’une classe importante d’agents antimitotiques, les bis-halogéno-éthylamines (alkylants plus connus sous le nom de moutardes azotées, comme le chlorambucil ou le cyclophosphamide) : « Durant la Seconde Guerre Mondiale, la chimiothérapie (en oncologie) devait rencontrer l’évènement qui la conduirait à recevoir cet extraordinaire essor de la synthèse organique. Peu après que le bateau John E Harvey, porteur de cent tonnes de gaz moutarde, fut coulé à Bar Harbor en 1943, Alexander, un officier américain, recueillit (chez les survivants du naufrage) diverses observations qui révélèrent l’action leucopéniante de cet agent » : le malheur des uns peut servir à d’autres... Synthétisé dans l’espoir d’une chimiothérapie in situ, le cyclophosphamide montre la prudence requise avant d’espérer une chimiothérapie locale, même avec un médicament actif par voie générale.

Vers 1965, la sérendipité préside aussi à la découverte de l’effet antimitotique du cisplatine : Barnett Rosenberg et Loretta Van Camp ont la surprise d’observer une inhibition de la division des bactéries Escherichia coli et en déduisent la possibilité d’un effet cytotoxique, alors qu’ils étudient au départ l’effet d’un champ électrique sur ces bactéries... entre deux électrodes de platine !

Surprise de labo sale

« Je n’aurais normalement jamais dû remarquer ce phénomène. J’aurais pu être de mauvaise humeur, irrité par une scène de ménage. Me fiancer ce jour-là et avoir la tête pleine d’images de bonheur. Être simplement trop alourdi par un bon déjeuner pour remarquer quoi que ce soit. » Le narrateur s’appelle Alexander Fleming, prix Nobel de Médecine en 1945. Il se remémore cette journée : « Il y a des milliers de moisissures différentes. Des milliers de bactéries différentes. La chance m’a servi en m’apportant la moisissure qu’il fallait au bon moment. C’est aussi extraordinaire que de gagner le sweepstake en Irlande. » Bactériologiste à l’hôpital Saint Mary de Londres, Fleming doit paradoxalement cette chance à ses mauvaises conditions de travail, puisqu’il ne dispose alors pour laboratoire que d’un médiocre sous-sol, humide, où « le vent pousse feuilles mortes, poussières et débris de toutes sortes. » Cette situation fâcheuse se révèle pourtant bénéfique... en provoquant l’échec d’une expérience ! Fleming travaille sur les staphylocoques quand il remarque incidemment l’aspect insolite d’une boîte de Petri : près des bords, les microbes se sont développés normalement, mais ont disparu autour d’une tache de moisissure due assurément à quelque spore, apportée par l’air peu salubre du laboratoire. Fleming pourrait jeter cette boîte de culture ratée, mais préfère la conserver, résolu à comprendre ce phénomène (transformant ainsi, à l’inverse de Pyrrhus, son échec en victoire, avec l’aide ultérieure de Chain et Florey).

Si la naissance officielle de la pénicilline relève ainsi d’une sérendipité, puisqu’un hasard heureux dirige un chercheur sur une voie imprévue, Fleming redécouvre seulement les antibiotiques, en vérité. Un jeune médecin de l’École de Santé de Lyon, Ernest Duchesne aurait pu faire gagner près de 50 ans à la médecine... si ses idées avaient trouvé un écho ! Agé de 23 ans, Duchesne soutient en 1897, devant un jury assoupi, une thèse devenue depuis le symbole accablant de la résistance aux idées nouvelles, quand elles n’émergent pas de l’establishment : Concurrence vitale chez les micro-organismes, antagonisme entre les moisissures et les microbes. Et comme l’écrit Gerald Messadié, l’utilisation empirique d’antibiotiques remonterait à l’Antiquité : « il y a 2500 ans, les Chinois avaient constaté que la crème de soja moisie était efficace contre les infections de la peau. » Un ingrédient mycélien figure d’ailleurs dans des recettes traditionnelles : koji et shoyu en Extrême-Orient (riz et sauce de soja ensemencés avec des spores d’Aspergillus orizae), ou fromages persillés en Occident (bleu d’Auvergne, roquefort).

Surprise de labo propre

1889. À l’université de Strasbourg sous férule allemande, Oscar Minkowski et Joseph von Mering se livrent à des expériences sur l’animal. Étudiant le rôle physiologique du pancréas, les deux chercheurs ont déjà procédé à des travaux sur les oiseaux, et ils passent maintenant au chien. Leur intention est de vérifier, par une ablation du pancréas, le rôle des sucs pancréatiques dans la digestion des lipides. En langage actuel, leurs travaux concernent donc l’étude du pancréas exocrine, le seul connu à cette époque. Première surprise : alors que les chercheurs ne s’attendaient qu’à des troubles digestifs, les chiens ayant subi l’exérèse pancréatique sont affectés de polyurie, et une femme de ménage s’aperçoit que leur urine attire un nombre de mouches inhabituel, dans ce laboratoire très propre d’ordinaire ! L’analyse de l’urine montre qu’elle contient un taux du sucre élevé, d’où l’intérêt particulier des mouches pour ce festin. Devant cette association inopinée d’une polyurie et d’une glycosurie, les chercheurs constatent qu’ils viennent de créer, sans le vouloir, le premier diabète expérimental ! Pour confirmer leur découverte montrant une relation probable entre l’excrétion des sucs pancréatiques et le diabète, ils ligaturent les canaux pancréatiques d’autres chiens. Mais une seconde surprise les attend : ces chiens souffrent certes de troubles digestifs, mais non d’un diabète ! C’est ici qu’un raisonnement plausible, mais erroné, permet d’expliquer les observations inattendues de Minkowski et von Mering.

Reprenant leurs travaux, le Français Emmanuel Hédon (1863–1933) concilie l’existence d’un diabète lors d’une exérèse pancréatique et son absence après une simple ligature en présumant que cette ligature est sans doute imparfaite : en 1892, il décide de procéder autrement : comme le but consiste à entraver la sécrétion des sucs pancréatiques pour créer un diabète expérimental, mais qu’une ligature du canal de Wirsung se montre à elle seule inopérante, Hédon remplace cette ligature par une ablation du pancréas, suivie de sa réimplantation ectopique sous la peau de l’animal. Cette fois, comme les sucs pancréatiques ne peuvent absolument plus parvenir dans le tube digestif, un diabète expérimental doit logiquement s’installer. Mais contre toute attente, le verdict de l’expérience est encore négatif : le chien ne devient toujours pas diabétique ! Les expérimentateurs de la fin du XIXème siècle sont donc confrontés à ce paradoxe déconcertant : l’ablation du pancréas s’accompagne d’un diabète, bien que son exclusion fonctionnelle n’en entraîne aucun ! Le Français Laguesse suppose alors que, de manière inattendue, le pancréas s’avère non seulement une glande exocrine (seule concernée par ces expériences d’exclusion fonctionnelle, et dont le déficit cause les troubles digestifs prévus), mais aussi une glande endocrine impliquée dans le diabète et non touchée par l’exclusion des sucs exocrines.

L’ε insolite

Cette hypothèse correcte paraît pourtant, de prime abord, d’autant plus troublante que la partie endocrine du pancréas (identifiée aux îlots de Langerhans) représente seulement 1% de son volume total ! Conclusion très surprenante : une masse en apparence négligeable d’une glande (et longtemps ignorée) se révèle, néanmoins, capitale pour sa finalité globale ! Il n’est pourtant pas rare que des fractions a priori minimes d’une substance présentent brusquement un intérêt crucial. Par analogie avec l’algèbre où une quantité très petite est souvent désignée par la lettre grecque ε (epsilon), cette importance soudaine d’une proportion modeste correspond en somme à « l’ε insolite », décisif dans plusieurs percées majeures de la science. C’est le cas des vitamines, qualifiées de « presque riens essentiels » : quasi impondérables dans les aliments, elles n’en sont pas moins indispensables, et ne furent décelées qu’à l’occasion de modèles expérimentaux des carences endémiques (béribéri) ou d’empiriques rapprochements séculaires : la fréquence du scorbut était proportionnelle à la durée du voyage maritime et inversement proportionnelle aux ressources en vivres frais ; celle du rachitisme diminuait avec la consommation d’huile de foie de morue.

D’autres exemples d’ε insolite offrent une transition vers les formes de sérendipité en dehors du champ biomédical. L’isotope fissile de l’uranium (U235) ne représente que la cent quarantième partie (0,71%) de l’uranium naturel, mais fut pourtant la clef de l’énergie nucléaire. Enjeu stratégique lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’eau lourde repose sur l’atome de deutérium dont l’abondance approximative au sein de l’hydrogène naturel n’est que de 0,015% : pour obtenir une tonne d’eau lourde, la plus grande usine du monde, fermée en 1997, devait traiter 340 000 tonnes d’eau normale ! La proportion de carbone 14 dans le carbone naturel est encore plus insignifiante : environ un seul noyau de carbone 14 pour 10 puissance 12 noyaux de carbone ! Cet isotope est néanmoins la base de la datation archéologique, forgée par Willard F Libby (prix Nobel de Chimie en 1960).

En présence de telles disproportions entre une connaissance éprouvée et un phénomène marginal en son sein, la découverte de ce dernier relève souvent de la sérendipité ou de l’obstination à expliquer une différence minime, attribuée d’abord à une erreur de mesure, comme l’illustrent les découvertes complémentaires des isotopes et du neutron. En 1912, le physicien J.J Thomson estime que le néon n’est pas unique, mais « un mélange de deux formes. » En 1919, lors d’une étude spectroscopique de l’hydrogène, son assistant Francis William Aston remarque une erreur inopinée de poids atomique portant sur la quatrième décimale (1,0077 au lieu de 1,0078). Infime mais surprenant, cet écart est interprété en 1931 par Harold Clayton Urey (prix Nobel de Chimie en 1934, puis plus tard coauteur avec Stanley Miller de la célèbre expérience de Miller-Urey sur les origines de la vie), non comme une erreur, mais comme un ε insolite, révélateur d’un isotope inconnu, le deutérium, isolable par distillation fractionnée de l’hydrogène. Les écarts de poids atomiques entre isotopes sont alors imputés aux neutrons que James Chadwick observe effectivement en 1932.

À la fortune du pot

Selon la légende, Charlemagne s’en remettait simplement à la chance pour décider des phytothérapies à suivre. Quand il était malade, il lançait son épée au hasard dans son jardin de plantes médicinales, en comptant sur la Providence pour désigner, à l’endroit où retombait l’épée, celles qui le guériraient ! Si la méthode de Charlemagne (« au petit bonheur la chance ») fait sourire aujourd’hui, l’inattendu favorable régit encore, comme nous le verrons dans une prochaine tribune, les jeux subtils de la science et du hasard...

Références

(1) R. Haïat & M.C Commare : Quelques effets insolites des dérivés nitrés, in Médecine cardio-vasculaire n°52 (Mars 1985).
(2) George de Stevens : Serendipity and structured research in drug discovery, in Progress in Drug research (vol. 30, 1986) (Birkhaüser Verlag, Bâle).
(3) H. David Bergman : Prescribing of drugs in a nursing home in Drug Intel. and clin. Pharmacol. (1975 ; vol 9, issue 07: 365–368).
(4) Jean Jacques : L’imprévu, ou la science des objets trouvés (Éditions Odile Jacob, 1990).
(5) Danièle Bourcier & Pek van Andel : De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit (Éditions L’Act Mem, 2008)
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyages_e ... e_Serendip
(7) Sylvie Catellin : Sérendipité. Du conte au concept (Seuil, 2014)
(8) R. Kuss : Interview in VSD Médecins et Médecine n°13 (10-12-1981).
(9) J. Passeron : Interview in VSD Médecins et Médecine n°17 (07-01-1982).
(10) Robert Gallo & Luc Montagnier : Le Sida aujourd’hui (in Pour la Science n°134; Décembre 1988).
(11) M. Langeron : Précis de microscopie (Masson; 1934).
(12) Georges Mathé & Yvon Kenis : La chimiothérapie des cancers (L’Expansion Scientifique Française, 1974).


jim.fr
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31 mars 2022
Prévenir les cyberattaques et protéger ses données


Les professionnels libéraux sont les premiers concernés par les cyberattaques. Un comportement rigoureux permet de s’en prémunir et de protéger les données de leurs patients. Mais une fois que le mal est fait, des méthodes d’actions précises peuvent être mises en œuvre. Cet article a été publié dans le n°42 d'ActuSoins Magazine (septembre 2021).

Prévenir les cyberattaques et protéger ses donnéesL’année 2020 a été marquée par une recrudescence des cyberattaques, et ce pour plusieurs raisons. Dans le cadre professionnel, le déploiement du télétravail sans prise de précaution suffisante a accru les risques de cyberattaques de la part de pirates informatiques. « Le télétravail a engendré un nombre important de failles dans les systèmes informatiques, rapporte Hamel Zeani, responsable de l’activité santé au sein de Fiducial informatique. Cette situation attire et renforce considérablement les cyberattaques avec des développements sectoriels. »
La cybermalveillance représente le deuxième risque pour les entreprises françaises. Et les professions libérales sont directement concernées.

Les systèmes de santé n’ont pas été épargnés, au contraire, car pour des organisations ou individus malintentionnés, les enjeux actuels de santé publique rendent les données de santé plus critiques que jamais. « Aujourd’hui, la cybermalveillance représente le deuxième risque pour les entreprises françaises. Et les professions libérales sont directement concernées », fait savoir Jean- Yves Cannesson, président de la commission sécurité citoyenneté- défense de l’Union nationale des professions libérales (Unapl).
Cyberattaques : les types d’attaques

Ces cyberattaques peuvent être principalement de deux ordres. « Certaines vont être opportunistes, explique Vincent Croisile, expert sécurité à l’Agence du Numérique en Santé (ANS). L’attaquant ne cible pas spécifiquement la personne mais va plutôt tenter de compromettre un poste de travail dans un but lucratif. »

Les professionnels libéraux peuvent être concernés par ce type d’attaques car « ils n’assurent pas correctement la sécurité de leurs outils informatiques, qui peuvent alors se retrouver compromis », prévient-il.

Il n’est cependant pas possible de fournir des chiffres concernant les cyberattaques subies par libéraux car ils n’ont pas d’obligation de les déclarer.

En parallèle de ces attaques les plus communes, d’autres vont être davantage ciblées par le cyberattaquant, qui cherche à atteindre une personne détenant des données pouvant être intéressantes ou commercialisables.

Ces attaques sont donc plus sophistiquées. « Le but est toujours lucratif mais l’objectif peut également être l’information en tant que telle car elle peut être utile », précise Vincent Croisile. C’est le cas des professionnels de santé qui détiennent des données confidentielles sur leurs patients. L’enjeu est donc important. L’exemple récent le plus parlant : les attaques à l’encontre des laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent les vaccins contre la Covid-19.

Cyberattaques : deux risques majeurs

Lorsque les hackers décident de passer à l’action, ils ont recours à deux principaux vecteurs d’attaques : la messagerie électronique et l’exploitation de failles du système informatique. La messagerie est notamment utilisée dans le cadre d’attaques dite de phishing ou tentative d’hameçonnage.

« Par exemple, le professionnel reçoit un mail dans lequel le pirate informatique lui demande, sous prétexte d’une facture non réglée ou d’un prélèvement non opéré, de cliquer sur une pièce-jointe ou sur un lien mais, s’il le fait, il est piégé », alerte Jean-Yves Cannesson. Dans ce type de mail, l’orthographe est généralement approximative et l’adresse électronique affichée, sans lien avec le contenu.

Néanmoins, les escrocs affinent leur technique et peuvent créer une confusion avec le site source. En cas de doute, il ne faut jamais agir dans la précipitation en cliquant sur le lien au risque d’ouvrir aux escrocs l’accès à ses données. Mieux vaut appeler l’organisme censé avoir envoyé l’e-mail pour obtenir plus d’informations car « ces e-mails, de plus en plus réalistes, visent à obtenir des victimes des renseignements personnels afin d’usurper leur identité pour accéder à leurs comptes bancaires ou à leur compte personnel d’accès à un système d’information ou site internet », informe Vincent Croisile.
Le but est toujours lucratif mais l’objectif peut également être l’information en tant que telle car elle peut être utile.”

Autre menace également très répandue : le rancongiciel, ransomware ou encore logiciel d’extorsion. Il s’agit d’un logiciel malveillant qui prend en otage les données en cryptant l’ensemble du réseau, permettant ainsi au cyberattaquant de demander une rançon en échange de la clef de décryptage. « Ces attaques peuvent être dramatiques si l’entité ou la personne n’a pas pris en compte cette problématique en amont et n’a donc réalisé aucune sauvegarde », prévient Vincent Croisile.

Ce type d’escroqueries repose généralement sur la conjugaison de deux faiblesses. « Tout d’abord l’outil informatique en tant que tel, avec des systèmes qui ne sont pas à jour, et le facteur humain en lien avec une hypovigilance, parfois associée à un biais cognitif comme l’appât du gain ou à l’inverse la peur de la perte d’un gain potentiel », souligne Hamel Zeani.
Agir en cas d’attaque

Une fois attaqué, il faut agir immédiatement : déconnecter les supports de sauvegarde pour éviter qu’eux aussi ne soient attaqués, isoler les équipements infectés, laisser éteints les appareils non démarrés et se faire aider par son prestataire informatique et/ou la plateforme de l’État dédiée à la cybermalveillance.


Les professionnels libéraux peuvent également signaler leur attaque sur la plateforme gouvernementale dédiée. « Mais en aucun cas il ne faut payer la rançon car on ne peut jamais être sûrs de récupérer les données », met en garde Jean-Yves Cannesson, qui recommande aussi de porter plainte. D’autant plus qu’en payant la rançon « la personne injecte de l’argent dans cette activité illégale et l’encourage », rappelle Vincent Croisile.
Agir en prévention

Souvent les personnes réagissent après avoir été victimes d’un hacker, alors qu’il faut agir en prévention et anticiper. Il est possible d’adopter des bons réflexes, à commencer par sauvegarder régulièrement ses données sur des disques durs externes, dans l’idéal quotidiennement, ce qui permet, en cas d’attaque, de reconstituer ses dossiers. Sans sauvegarde, aucune action n’est possible.
Les patients peuvent déposer plainte si leurs données ont été volées et l’infirmier est dans l’obligation de les en informer.

Il faut aussi avoir des mots de passe difficiles à déchiffrer donc éviter d’utiliser un mot du dictionnaire. Mieux vaut par exemple penser à une phrase et prendre la première lettre de chaque mot de cette phase, en ajoutant des minuscules, des majuscules et des caractères spéciaux. « L’une des solutions peut être d’utiliser des gestionnaires de mots de passe », conseille Vincent Croisile, qui recommande également de changer de mot de passe dès lors qu’on suppose avoir été victime d’une attaque.

Il est également important de toujours avoir un système d’exploitation et des logiciels à jour car « les hackers utilisent les failles qui sont régulièrement corrigées par les éditeurs », indique-t-il. Idem pour les antivirus à jour qui permettent d’identifier un certain nombre d’attaques.

Une attention particulière doit par ailleurs être portée aux réseaux sociaux. « De nombreux faux profils circulent, une manière pour les pirates informatiques de prendre le contrôle de l’ordinateur », avertit Jean-Yves Cannesson. Idem avec les clefs USB, les objets connectés, les ordinateurs portables et les téléphones. « Il n’est pas vain de renforcer les paramètres de confidentialité et les mots de passe pour éviter les piratages des comptes car toutes ces connexions sont des passerelles permettant à des cybercriminels d’entrer chez nous », fait-il savoir. « Il faut aussi penser à paramétrer la mise en veille automatique, notamment sur les équipements mobiles, afin que l’outil ne reste pas connecté pendant plusieurs heures sur le compte de l’utilisateur, met en garde Vincent Croisile. Cela évite l’accès aux données en cas de vol ou de perte. »
Séparer l’usage personnel et professionnel

Enfin, pour une bonne pratique en général, il faut bien séparer l’usage personnel et professionnel des outils informatiques car généralement « dans le privé, on prendre un peu plus de risque », souligne l’expert sécurité à l’ANS, qui conçoit que cette option puisse être compliquée financièrement.

De fait, la bonne option peut être de chiffrer les données stockées sur ses appareils via des logiciels dédiés « en les rendant inutilisables par le hacker en cas de vol, indique-t-il. C’est d’autant plus important que les professionnels de santé hébergent des données patients encadrées par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). » La responsabilité de l’infirmier peut alors être engagée.

Les patients peuvent en effet déposer plainte à son encontre si leurs données ont été volées et l’infirmier est dans l’obligation de les en informer. Dernier conseil : ne pas stocker plus de données que nécessaire dans le cadre de sa pratique car « plus on stocke, plus on s’expose », rappelle Vincent Croisile. Les professionnels libéraux doivent sensibiliser leurs collaborateurs à la démarche et mettre en place des procédures internes pour éviter ce type d’incident. Car, en cas de plaintes, ils devront démontrer qu’ils ont pris toutes les précautions indispensables.
Cyberattaques : les bonnes pratiques

Un système d’exploitation avec des mises à jour récentes.
Un antivirus, également à jour. Idéalement pour des professionnels, faire en sorte qu’il soit connecté et centralisé à une console d’administration ce qui permet de mutualiser les systèmes de défense et de mieux gérer les « failles humaines » de chaque utilisateur isolé.
Un pare feu adapté.
Éviter d’ouvrir les liens et les pièces-jointes d’un expéditeur dont on n’est pas certain, surtout s’il propose un cadeau, un remboursement, un gain d’argent quelconque avec une prise de décision exigée rapidement.
Éviter les sites de téléchargement.
Savoir reconnaître les signes d’une infection : ralentissement significatif inexpliqué, redémarrages intempestifs, messages d’erreurs étranges, disparition de périphériques.
Réaliser et contrôler régulièrement ses sauvegardes de données métier sur des supports différents (interne et externe).
Penser à une bonne gestion de ses mots de passe : multiples, différents, complexes.

Cyberattaques : documents utiles

Le site de l’État pour se faire aider en cas d’attaque : https://www.cybermalveillance.gouv.fr/
Le site du ministère de l’Intérieur pour signaler les comportements illicites : https://www.internet-signalement.gouv.fr/ PortailWeb/planets/Accueil!input.action
CERT Santé (Supports de sensibilisation à la Cybersécurité) : https://www.cyberveille-sante.gouv.fr/s ... ult/files/ documents/piece-jointe/CERTSant%C3%A9_Note_Information_Support_Sensibilisation.pdf
Le guide de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information sur la cybersécurité (ANSSI) : https:// www.ssi.gouv.fr/uploads/2017/01/guide_c ... tiques.pdf
Les conseils de la Cnil : https://www.cnil.fr/sites/default/files ... abinet.pdf https://www.cnil.fr/fr/cnil-direct/ques ... -que-faire
Le guide spécifique de l’ANS (Mémento Sécurité libéraux) : https://esante.gouv.fr/sites/ default/files/media_entity/documents/Memento_Securite.pdf
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Arnaud BASSEZ
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 28, 2022 3:48 pm

19 mai 2022
La santé mentale et physique des étudiants en sciences infirmières dégradée

La dernière enquête de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) met en évidence une augmentation significative du mal-être physique et mental des ESI.

La santé mentale et physique des étudiants en sciences infirmières dégradéeCrise sanitaire, stages éprouvants, travail personnel intense, stress... Les raisons du mal-être étudiant sont nombreuses et s'accroissent avec le temps.

"Je prends un anxiolitique quand j'en ressens le besoin. À une période, c'était tous les jours, j'avais des idées noires. Je n'en prenais pas avant ma formation et mon déménagement. Les deux liés ont été déclencheurs", témmoigne un ESI cité dans l'enquête de la Fnesi.

Que ce soit les données sur les crises d'angoisse, les consultations chez les professionnels de santé, les diagnostics de dépression, les idées suicidaires, côté santé mentale, ce n'est pas la joie. La Fnesi relève une "nette aggravation avec une augmentation d'au minimum 10%" par rapport à son enquête antérieure datée de 2017.

Les chiffres sont d'ailleurs édifiants. Selon la Fnesi, 16,4% des étudiants répondants (soit 1 étudiant sur 6 ) a déjà pensé au suicide pendant ses études.

Au niveau de la prise en charge de la santé mentale, 23,3% ont déjà consulté un professionnel depuis le début de leur formation (contre 13,8% en 2017).

La consommation de médicaments (anxiolitiques, antidépresseurs, hypnotiques) a elle aussi augmenté : 34% des ESI déclarent avoir déjà consommé ce type de traitement, dont 50% "à cause du retentissement de la formation".

Santé physique dégradée

Côté santé physique, ce n'est pas mieux. "Les études de santé et les métiers de la santé sont des professions très physiques. Les gestes ergonomiques sont indispensables afin de préserver notre condition physique. Pourtant 80,9% des ESI ont des douleurs musculo-squelettiques et 42,1% les ressentent souvent ou tout le temps", indique la Fnesi.

La fréquence de ces douleurs ressenties entraîne aussi une consommation de thérapeutiques. Ainsi, 30,8% des ESI répondants consomment des antalgiques de palier 1, 13,1% prennent des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et 6,7% prennent des antalgiques de palier 2.
Des addictions naissent

"Avec des constatations plus qu'alarmantes sur la santé physique et mentale dégradées de jour en jour, des comportements à risque et/ou addictifs se créent", indique la Fnesi.

C'est ainsi qu'un étudiant sur quatre est fumeur dont un ESI sur six qui a commencé pendant la formation. Sur l'ensemble des fumeurs, 56% ont augmenté leur consommation depuis le début de la formation.

"Même si le facteur social n'est pas à négliger dans cette composante, le stress est néanmoins la raison qui ressort le plus, notamment lors des périodes de stage", explique la Fnesi.

D'autres chiffres révélateurs sont mentionnés : 37,5% des ESI, soit plus d'un étudiant sur 3 boit de l'alcool au minimum une fois par semaine; un ESI sur huit a déjà pris des substances telles que le cannabis, la cocaïne, du LSD ou de l'ecstasy depuis le début de sa formation.
Aller mieux ?

Pour faire face à la dégradation de la santé des étudiants, la Fnesi formule des demandes. Selon la fédération, il faudrait, sur le champ physique, procéder à une refonte du référentiel de formation en soins infirmiers avec une réingénierie du temps de travail et des enseignements; investir dans les services de santé universitaire; développer des conventionnements avec le SUAPS, services des sports et les professionnels de santé pour les instituts délocalisés.

Concernant le champ de la santé mentale, il faudrait, demande la Fnesi, donner la possibilité aux ESI de profiter des consultations avec un psychologue de manière gratuite, investir massivement sur la santé mentale, sensibiliser et informer sur la santé mentale (exemple : dispositif Premier secours en santé mentale, PSSM).

Enfin, détaille la fédération, il faudrait sensibiliser et accompagner des comportements addictifs dans les SSU et mener une campagne de sensibilisation de santé publique (Dry January, Mois sans tabac...).

Rédaction ActuSoins

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20 mai 2022
Fuite des soignants français au Luxembourg : la région Grand Est touchée « de plein fouet »

La crise sanitaire a amplifié la fuite des soignants domiciliés dans la région Grand-Est vers le Luxembourg, a expliqué Véronique Pechey, vice-présidente de l'Ordre national des infirmiers (ONI), lors d'une intervention au salon infirmier.

C'est une situation qui existait déjà mais qui s'amplifie avec le temps. Des soignants français, attirés par les rémunérations et les conditions de travail au Luxembourg s'y établissent professionnellement.

Cette situation "a touché le Grand Est de plein fouet et a entraîné un certain nombre de ravages au niveau des infirmières", a rapporté Véronique Pechey.

Résultat? Le manque d'infirmiers dans les hôpitaux, cliniques, Ehpad, notamment en Meurthe-et-Moselle est criant. "Nous sommes presque une région sinistrée", a-t-elle poursuivi.

Cette cadre de santé et formatrice en IFSI est inquiète. En qualité de formatrice, elle connaît le point de vue des étudiants, futurs soignants qui évoquent avec encadrants leurs intentions futures.

Selon les chiffres locaux de Véronique Pechey, en moyenne 5 étudiants d'une promotion de 85 partent directement exercer au Luxembourg à la fin de leurs études chaque année depuis 5 ans.

Cette année, "pratiquement tous les étudiants en parlent et ils sont tous en train de dire 'nous n'exercerons pas en France'", a-t-elle rapporté.
Conditions de travail à améliorer

Si la rémunération des infirmiers exerçant en France est directement mise en cause par Véronique Pechey - les salaires au Luxembourg sont en moyenne supérieur à la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économique alors qu'ils sont légèrement inférieur en France - les conditions de travail proposés de l'autre côté de la frontière favoriseraient aussi l'attractivité.

Ratios de patients, limitation de charge administrative, matériel adapté, stagiarisation dès l'embauche, choix de poste, accès à la formation continue... Véronique Pechey plaide pour mettre en place des mesures attractives en France qui correspondraient aux attentes des jeunes diplômés, mais aussi des infirmiers en poste.

Rédaction ActuSoins
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23 mai 2022
Prévention, déserts médicaux, système de santé : les chantiers annoncés de Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la santé

Brigitte Bourguignon, ministre de la santé et de la prévention a présenté succinctement sa feuille de route, lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec Olivier Véran, samedi. Ses priorités : la lutte contre les déserts médicaux, le renforcement de la prévention et l'adaptation du système de soins. Extraits.

"Vous ne connaissez peut-être pas encore toutes mes convictions anciennes et fortes en matière de santé de proximité, d'une santé accessible à tous. C'est mon combat depuis des années sur le terrain", a expliqué Brigitte Bourguignon, ancienne ministre déléguée à l'autonomie, à présent ministre de la santé et de la prévention.

"J'ai appris à connaître les professionnels de santé. [...] Je sais aussi que les solutions miracles n'existent pas face à des problèmes accumulés depuis des décennies. Jusqu'à ce que la suppression du numerus clausus (pour l'entrée en médecine, ndlr) produise ses effets, nous allons en particulier devoir gérer cette pénurie de médecins accélérée par une pyramide des âges vieillissante et une évolution des mentalités", a-t-elle ajouté.

"Ma feuille de route est claire, c'est celle du président : poursuivre nos efforts pour la prévention. Consolider, adapter le système de soins, en ville, à l'hôpital, avec l'enjeu particulier de cette lutte contre les déserts médicaux."

"Nous devons inventer une nouvelle méthode, dans l'écoute, dans la co-construction, avec les territoires avec les citoyens, avec les soignants, pour trouver de nouvelles solutions".

"C'est une tâche difficile à un moment où nous sortons d'une crise qui a fatigué et qui a éprouvé tous ces professionnels", a indiqué la ministre.

Rédaction ActuSoins

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25 mai 2022
Crise sanitaire : un impact majeur sur la formation des infirmiers
Laure Martin

Sommaire

Des formations liées à la Covid
Pour aller plus loin : formation DPC pour infirmier et infirmière
La mise en place du distanciel
Les inconvénients du distanciel
Management de crise, coordination : de nouveaux besoins en formation
Prendre soin des soignants
La formation des formateurs
« Les ingénieries de formation ont été pensées et repensées »
Des lacunes chez les nouveaux diplômés

La crise sanitaire a eu bien des conséquences sur l’organisation des soins au sein des établissements hospitaliers comme en libéral. Et le temps dédié à la formation n’a pas été épargné. Face à un arrêt total, puis une reprise en distanciel, tous les acteurs se sont mobilisés et ont adapté les contenus.

Cet article est paru dans le n°42 d'ActuSoins Magazine (septembre-octobre-novembre 2021). Il est à présent en accès libre.

Crise sanitaire : un impact majeur sur la formation des infirmiers


« Pendant la première vague, toutes les formations institutionnelles, organisées au sein de l’établissement avec des formateurs extérieurs ont été annulées », rapporte Pascale Sontag, cadre de santé au sein du Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon.

Même constat pour Chrystelle Croitor, cadre de santé au sein de l’Unité de soins prolongés complexes (USPC) de l’hôpital Sainte-Périne (AP-HP) : « En raison du plan blanc, toutes les formations ont été annulées par nécessité de service. ».

Des formations liées à la Covid

Exit formations et congrès, afin également d’éviter toute prises de risque et contaminations. Les seules formations maintenues et qui ont même parfois été organisées en urgence, sont celles qui concernaient directement la prise en charge des patients atteints par la Covid-19 et le respect des mesures barrières ainsi que des gestes d’hygiène.

« Au sein de l’USPC, nous avons proposé aux infirmières qui le voulaient des formations aux gestes d’urgence ou à la réanimation pour devenir réservistes pour le secteur réanimation au sein de l’AP-HP », indique Chrystelle Croitor. Certaines Agences régionales de santé (ARS) ont même demandé l’organisation de formations en réanimation. « Nous avons eu l’injonction, au sein de l’Institut de formation interhospitalier Théodore Simon, de mettre en place assez rapidement des formations courtes d'initiation à l'exercice infirmier en réanimation pour répondre aux besoins du territoire, explique Christophe Debout, infirmier anesthésiste, cadre de santé et formateur. Idem pour la formation de préleveurs pour les tests PCR. Ces formations visaient à réagir à l’urgence de la situation. »

Du côté des libéraux, « aucune formation en lien avec la Covid-19 n’a été financée par l’Agence nationale du DPC ou par le Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF-PL), indique Marcel Affergan, directeur d’Orion Santé qui s’adresse principalement aux infirmiers libéraux (idels). Pourtant, ils étaient les premiers concernés avec les tests PCR, la visite domiciliaire ou encore la vaccination. » Orion Santé a malgré tout proposé des formations à titre gratuit pour réactualiser les connaissances des idels, dans le cadre de la Covid.


« Si nous avons eu l’interdiction totale de proposer des formations prises en charge, en lien avec la Covid, c’est parce que, d’après les explications que nous avons obtenues, les informations liées à la Covid étaient trop mouvantes et variantes », confirme Caroline Guillot de Suduiraut, directrice de la communication de La Formation Santé, qui ne s’adresse qu’aux libéraux et a toutefois proposé des formations en lien avec le télésoin.
Pour aller plus loin : formation DPC pour infirmier et infirmière

La mise en place du distanciel

Les organismes de formation ont également, de leur côté, subi la crise… Du moins, dans un premier temps. Car très rapidement ils ont dû et su s’adapter pour faire face à toutes les annulations des formations de la part les établissements hospitaliers et des structures de prises en charge.

Pour envisager une reprise des formations après les vagues successives de la Covid-19, ils ont misé sur le distanciel avec le e-learning, les webinaires et les visioconférences. « Pour que nos formations soient prises en charge, nous avons dû redéposer les programmes à l’Agence nationale du développement professionnel continu (DPC) », souligne Sylvie Cleyet-Sicaud, responsable commerciale de Pôle Formation Santé, organisme de formation pour les libéraux ainsi que les établissements médico-sociaux, sanitaires et de services à la personne. Une formalité obligatoire pour dispenser les formations.

L’Agence nationale du DPC a d’ailleurs été très vigilante à l’adaptation des outils et de la méthodologie au distanciel. « Il n’y a pas toujours eu beaucoup de bienveillance de la part des organismes financeurs, regrette le directeur d’Orion Santé. La durée du temps de présence des personnes formées, le temps de connexion pour valider la formation, les formalités administratives, tout était relativement compliqué. »

De nombreux organismes dispensaient déjà des formations en distanciel avant la crise mais pas à une telle échelle. « Nous avons un pôle e-learning depuis une dizaine d’années et nous avons donc essayé de transposer toutes les formations possibles en distanciel », indique Patricia Minssieux, directrice générale du Grieps, organisme de formation auprès des professionnels de santé. « Les contenus restent similaires, ajoute Olivier Miche, président et responsable recherche et développement. La difficulté porte surtout autour de la transformation de l’outil pédagogique. »

La Formation santé « a proposé encore plus de visio-conférences pour apporter une réponse aux difficultés de déplacements et à la masse de travail supplémentaire qu’ont dû absorber les soignants », rapporte Caroline Guillot de Suduiraut. Et de reconnaître : « C’était tout de quand même compliqué à mettre en place car notre ADN, c’est le présentiel. Et puis, si au départ, la visio a séduit tout le monde par son aspect novateur, rapidement, les soignants ont regretté le présentiel et les interactions qu’il permet. »
Les inconvénients du distanciel

Aujourd’hui, les formations ont repris mais nombreux sont les soignants à préférer attendre le retour du présentiel pour s'inscrire [article paru en septembre 2021, ndlr]. « La formation, c’est aussi un moment pour rencontrer d’autres personnes, rappelle Chrystelle Croitor. Nous avons besoin de nous voir, de nouer des relations. »

« L’intérêt des formations, c’est aussi de créer du lien social, abonde Laurence Camacho, cadre de Santé et formatrice à l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) du CHRU de Tours. Elles sont utiles pour que les agents puissent retrouver un réseau, recréer le lien physique que l’on avait perdu, échanger sur le ressenti de chacun. »

La visio a aussi des contraintes en termes d’apprentissage, notamment en ce qui concerne l’attention. Le risque majeur, derrière l’ordinateur, c’est de faire autre chose, en même temps. Si les équipes ont su rebondir et modifier les outils pédagogiques, dans certains cas, le format plus ou moins imposé par la situation sanitaire n’a pas toujours été adopté avec conviction.

« Nous avons essuyé des refus de formation en visio car certains établissements pensaient qu’elles seraient de moins bonne qualité, souligne Mathilde de Stefano, directrice de l’organisme de formation AFAR, dédié aux professionnels de santé, majoritairement infirmiers hospitaliers ou en structures médico-sociales, avec une spécialisation en psychiatrie. Il nous a fallu parfois convaincre les établissements que nous pouvions adapter nos pédagogies. » Un point de vue qu’elle entend néanmoins puisqu’en psychiatrie notamment, le présentiel permet, dans le cadre des jeux de rôle, d’analyser les réactions non verbales.

Les établissements ont malgré tout dû adopter le mode distanciel, au risque de ne pas pouvoir former leurs agents. Mais certains ont tout de même annulé des formations, en raison de l’indisponibilité des soignants pour se former, de problèmes informatiques, de manque de matériels, de problèmes de connexion, voire parfois du fait d’une résistance forte au distanciel de la part des soignants. Pour certains, il est synonyme de déshumanisation alors qu’eux-mêmes exercent un métier centré sur l’humain.

Bien entendu, pas question sur le long terme de basculer sur du 100 % distanciel. Aujourd’hui, ce nouveau format peut être perçu comme un complément avec un côté ludique qui, dans certains cas, permet, grâce à des quizz par exemple, de mieux intégrer des informations. Le modèle mixte aurait donc de beau jour devant lui. D’ailleurs, sur le terrain, cela se ressent déjà.

« Sur le DU réanimation urgence et salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI), alors que nous étions exclusivement sur du présentiel, aujourd’hui, dans la reprogrammation, le modèle mixte a été adopté », rapporte Christophe Debout. Et de poursuivre : « En regardant les contenus, les objectifs et les acquisitions visées, nous n’avons aucun argument, si ce n'est l'habitude, pour dire que le présentiel est mieux. Ce sont les évaluations qui nous diront si le choix était opportun. »

Management de crise, coordination : de nouveaux besoins en formation

La crise n’a pas seulement eu une incidence sur l’organisation des formations. Les thématiques ont, elles aussi, été impactées. La crise sanitaire a été révélatrice de nombreux besoins de la part des professionnels de santé et les organismes de formation ont su s’adapter.

« Lors du premier confinement, nous avons mené une étude auprès des directeurs d’établissements pour connaitre leurs difficultés, leurs besoins, ce qui nous a permis d’anticiper et de proposer un certain nombre de nouvelles formations », souligne Anne Robin, responsable du département Formation d’Armonis, un organisme spécialisé dans le sanitaire et le médico-social. Celui-ci a retravaillé ses offres entre mars et juin, pour les directeurs et les infirmières de coordination (idec), en organisant des groupes de travail avec différents formateurs pour croiser les regards et co-construire un programme en fonction de l’expertise de chacun.

L’une des premières thématiques qui est ressortie concerne le management et la gestion de crise. L’organisme offre désormais une formation permettant de donner des outils pour savoir traverser une crise. Il propose également une formation pour développer sa capacité à travailler en équipe car « nombreux ont été les directeurs à nous dire qu’il y aurait un avant et un après crise et que les idecs allaient être confrontées à des difficultés, au sein des équipes, entre les agents qui ont été sur le front et ceux qui ont arrêté de travailler, indique Anne Robin. Afin d’éviter que la crise n’impacte la dynamique d’équipe, nous dispensons cette formation sur la capacité à faire et à être ensemble. »

Armonis offre aussi une formation pour « s’adapter au changement » car dans le contexte de la crise sanitaire, « les missions mentionnées dans les fiches de poste ont beaucoup varié », constate Anne Robin. L’objectif est donc de former à l’adaptabilité et à l’agilité au quotidien, car « il est essentiel, lors d’une crise, de savoir sortir de sa zone de confort pour réadapter son organisation et ses pratiques », estime-t-elle.

Chez l’AFAR une formation sur ce thème a aussi été mise en place « car depuis l’année dernière, les nombreux départs dans les services ont entraîné des glissements de tâches entre les professions, observe Mathilde de Stefano. Nous avons donc des demandes pour former des infirmiers à certaines thématiques qu’ils n’ont pas l’habitude de traiter. »

« Nous avons reçu des demandes sur l’accompagnement à la réflexion éthique pluriprofessionnelle en établissement », indique Sylvie Cleyet-Sicaud. Et d’expliquer : « Les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) notamment, appliquent des chartes de bienveillance et de posture. Or, la privation de liberté qui a eu lieu pendant la crise a pu être difficile à gérer pour certains soignants. » L’objectif de cette formation est de parvenir à trouver une cohérence, une donnée acceptable tout en étant dans des postures de privation vis-à-vis des résidents.

Prendre soin des soignants

Autre besoin déjà présent avant la crise mais qui s’est manifesté encore plus pendant et depuis : la nécessité de prendre soins des soignants. « Nous avons développé une formation sur la prévention de la santé des salariés qui porte sur l’épuisement professionnel et les risques psychosociaux, informe Anne Robin. Elle s’adresse principalement aux cadres afin qu’ils réalisent de la prévention au sein des équipes. »

Pôle formation santé a aussi développé des formations sur le prendre soin des soignants, « afin de savoir repérer les situations à risque en amont, indique Sylvie Cleyet-Sicaud. C’est d’autant plus important que les facteurs de protection reposent sur de l’organisationnel et sur l’identification de solutions externes. »

C’est l’occasion de parler de la juste présence envers les patients et de comment prendre soin de soi pour prendre soin des autres. « Nous leur donnons des outils qu’ils peuvent aller chercher mais que nous ne pouvons pas utiliser pendant cette formation car l’Agence nationale du DPC ne les prend pas nécessairement en compte », explique Sylvie Cleyet-Sicaud. C’est le cas par exemple pour la sophrologie. En revanche, des formations dédiées peuvent être suivies en parallèle.

Armonis a en outre été sollicité pour des formations sur la gestion du stress pour tout le personnel, notamment en lien avec la Covid, car des soignants ont eu de nombreux décès à gérer, tout comme, dans ce contexte, les relations aux familles. Une formation a d’ailleurs été dédiée à « comment faire face au deuil » pour accompagner les soignants submergés par la gestion de crise. Ces formations leur permettent de travailler sur l’accompagnement de la personne endeuillée en période épidémique.

Les formations sur les soins palliatifs et la fin de vie, qui existaient déjà, ont été intensifiées. C’est le cas chez Pôle formation santé, justement « parce que les décès des patients ont été nombreux, ce qui rend l’approche psychologique très importante dans cette gestion, soutient Sylvie Cleyet-Sicaud. Il s’agit d’aborder la fin de vie dans ce contexte particulier et de donner les outils aux soignants sur l’accompagnement des familles. »

Pôle formation santé a aussi vu s’accentuer la formation sur la prévention de la dépression et le suicide de la personne âgée. Et du côté de l’AFAR, les demandes de formations ont été nombreuses sur les violences intrafamiliales et conjugales ainsi que sur les risques suicidaires chez l’adolescent. « Nous avons de nombreuses demandes d’établissements spécialisés en santé mentale adulte qui sont confrontés à la prise en charge d’adolescents faute de places dans les services dédiés », précise Mathilde de Stefano.

Face à tous ces changements, certains organismes de formation prévoient de sonder de nouveau les directeurs de structures au cours du quatrième trimestre 2021, afin de réajuster leurs offres si besoin.


La formation des formateurs

Les formateurs des organismes de formation ont été les premiers concernés par la crise sanitaire, et ont, eux aussi, dû faire preuve d’adaptation. Si certains, encore en exercice et sur le terrain n’ont pas pu dispenser de formation, nombreux sont les autres à avoir suivi des formations pour savoir dispenser des enseignements en distanciel.

« Nos équipes étaient déjà prêtes mais il a quand même fallu s’adapter, fait savoir Marcel Affergan. Nous avons dû former nos formateurs à enseigner en classe virtuelle, ce qui n’était pas toujours simple ». « 90 % de nos formateurs ont été favorables à suivre une formation que nous leur avons proposé sur la base du volontariat », indique pour sa part Sylvie Cleyet-Sicaud.

« Les ingénieries de formation ont été pensées et repensées »

Catherine Prigent, cadre supérieur de santé, formatrice, CHU de Tours

« Pendant la crise sanitaire, tous les services se sont mobilisés pour accompagner les professionnels sur le terrain. Les départements d'hygiène ont fait des supports vidéo sur le lavage des mains et l'habillage/déshabillage. Les services de réanimation ont construit des tutoriels pour l'intubation en "vase clos". Des temps d'informations ont été assurés par les médecins impliqués dans la vaccination des professionnels, là aussi souvent en appui de visioconférences enregistrées.

L’investissement des directions a permis aux soignants d'être très régulièrement informé soit par un bulletin hebdomadaire, soit par des vidéo d'informations. Il y aussi eu des campagnes d'affichage sur les circuits, les horaires d'ouverture des centres de vaccination et les autorisations des visites.

Concernant les étudiants et les professionnels en formation dans les instituts de formation, le distanciel s'est imposé à tous. Les ingénieries de formation ont été pensées et repensées pour se faire en visioconférence synchrone ou asynchrone. Il a fallu accompagner les étudiants, souvent isolés. Des temps dit "baromètres" ont été planifiés pour échanger sur les histoires de vie et de formation.

Il a fallu accompagner les intervenants pas toujours à l'aise avec le numérique. Certains n'ont pas souhaité intervenir, il a fallu les remplacer. Notre implication institutionnelle était notre engagement : continuer la formation, être exigeants pour ne pas brader le diplôme. J'espère que nous y sommes parvenus. »

Des lacunes chez les nouveaux diplômés

L’une des craintes des établissements de santé est d’être confrontés, d’ici les prochains moins aux « lacunes » des infirmiers nouvellement diplômés, qui n’ont pas pu suivre leur formation initiale dans des conditions optimales. « La crise a eu un impact important sur la formation des ESI ou des aides-soignants, rappelle Pascale Sontag. De nombreux cours se sont déroulés en visioconférences et des stages n’ont pas été effectués dans leur intégralité. Certains n’ont même pas du tout eu lieu. Cela risque d’avoir des conséquences sur l’apprentissage. »

« Nous avons accueilli dans notre service, poursuit-elle, des stagiaires en pratique avancée qui n’avaient pas pu effectuer leur stage de première année en raison de la crise sanitaire. Elles avaient beaucoup de crainte et de peur car elles se sont rendu compte qu’elles n’avaient pas acquis certaines connaissances. » Face à cette situation, le tutorat s’en trouve d’autant plus renforcé.

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25 mai 2022

Hôpital magnétique : attirer les infirmiers comme un frigo attire les aimants

Face aux difficultés du recrutement infirmier, certains prônent l’hôpital magnétique : une approche venue des États-Unis sensée attirer les professionnels en améliorant leur qualité de vie au travail. Reste à savoir comment adapter ce concept aux réalités européennes.

Hôpital magnétique : attirer les infirmiers comme un frigo attire les aimants

Parmi les recettes du "magnétisme" : la prise de décision est véritablement partagée. © Eloise Bajou

« Tendue ». C’est le qualificatif qui, dans le secteur de la santé comme dans le secteur médico-social, revient en boucle dans la bouche des responsables des ressources humaines quand on leur demande de décrire la situation sur le marché du travail infirmier. Un euphémisme qui cache une réalité faite de mots bien plus sombres : pénibilité, épuisement, démission…

Autant de fléaux contre lesquels les mesures d’urgence que sont l’intérim ou les heures supplémentaires ne suffisent pas : si on veut non seulement attirer des infirmiers dans les établissements, mais aussi les y retenir, il faut travailler sur le long terme et se préoccuper de leur qualité de vie au travail, de leurs perspectives d’évolution professionnelle en interne, de leur capacité à se faire entendre au sein de la structure…

C’est du moins ce que prêchent les tenants de l’hôpital magnétique, un concept né en Amérique il y a près de quarante ans, mais qui peine toujours à franchir l’Atlantique.

Un concept inventé par des soignants

« Ce qui différencie l’hôpital magnétique des autres méthodes de management dont on peut entendre parler çà et là, c’est que c’est un label, une certification que peuvent obtenir les établissements », explique Matthieu Sibé, maître de conférences en sciences de gestion à l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’université de Bordeaux, qui compte parmi les rares spécialistes français de cette approche.

Celui-ci ajoute une autre spécificité, et non des moindres : l’hôpital magnétique est un concept « qui a été imaginé par les soignants eux-mêmes et qui s’applique donc tout particulièrement aux établissements de santé, contrairement à d’autres approches plus généralistes. »

Ce concept est en effet une émanation de l’American nurses association (ANA), la structure qui fédère la profession infirmière aux États-Unis. Il a émergé dans les années 1980 à la suite d’un travail de recherche sur plus de 150 hôpitaux américains, parmi lesquels 41 ont été sélectionnés pour leur capacité exceptionnelle à recruter et retenir le personnel infirmier*.

Ces 41 établissements ont été scrutés à la loupe, afin d’identifier les caractéristiques qui leur permettaient d’obtenir ces performances. Ceux-ci ont été transformés en critères d’évaluation, permettant d’établir une certification dont peuvent aujourd’hui se prévaloir 570 établissements, presque tous situés aux États-Unis (le site de l’ANA ne mentionne qu’une dizaine d’établissements à l’étranger : Chine, Belgique, Canada, Royaume-Uni…).

La recette du magnétisme

La question, bien sûr, est de savoir ce qui rend ces hôpitaux si attractifs aux yeux des infirmiers. « Il y a plusieurs aspects, répond Matthieu Sibé. On peut noter que ces hôpitaux tentent de réellement trouver des postes qui correspondent à la spécialité des infirmiers qu’ils recrutent, qu’ils portent une attention toute particulière au mentorat au moment de l’entrée en fonction, ou encore qu’ils encouragent véritablement la formation continue… »

Et surtout, ajoute le chercheur, les hôpitaux magnétiques ont un mode de management différent. « La prise de décision est véritablement partagée, on organise une véritable collégialité où la parole de l’aide-soignant, de l’infirmier ou du médecin sont toutes prises en compte, détaille-t-il. Par ailleurs, les valeurs d’autonomie, de délégation sont particulièrement mises en avant, de sorte que l’infirmier a vraiment le sentiment de pouvoir agir par lui-même. Enfin, les services veillent à ce que chaque collaborateur puisse grandir, se transformer au sein de l’organisation. »

Autant de critères assez immatériels, mais que l’American Nurses Crendentialing Center (ANCC), qui gère le label « magnet » pour le compte de l’ANA, peut noter via des questionnaires d’auto-évaluation, ainsi que par des évaluations externes. Et les résultats semblent étonnants. L’ANCC affiche en effet sur son site** une masse impressionnante de publications montrant que les hôpitaux qu’il accrédite ont non seulement plus de facilités à recruter les infirmiers et à les retenir entre leurs murs, mais aussi que les patients sont gagnants dans le processus : mortalité, infections nosocomiales, chutes et durée de séjour sont autant d’indicateurs qui sont en moyenne meilleurs dans les hôpitaux magnétiques.
Hôpital magnétique : attirer les infirmiers comme un frigo attire les aimants


Face à de telles évidences, on est en droit de se demander pourquoi les hôpitaux magnétiques n’ont pas conquis le monde en général, et la France en particulier. Car le fait est qu’aucun hôpital hexagonal dans notre pays n’a reçu la précieuse certification. La clinique Pasteur de Toulouse, à la fin des années 2000, s’est certes lancée dans une version européanisée des hôpitaux magnétiques avec le projet le projet Ariq (Attraction, rétention, implication des infirmières et qualité des soins, voir encadré).

En dehors de cet exemple, les émules hexagonales des hôpitaux magnétiques semblent rares. Mais ce n’est pas parce que les établissements n’entreprennent pas la démarche de certification qu’ils ne peuvent pas s’inspirer des méthodes prônées par les hôpitaux magnétiques. Certains font même du magnétisme sans le savoir, à la façon dont le M. Jourdain de Molière faisait de la prose. Ou plutôt, ils le font en le sachant, mais en évitant de faire de l’hôpital magnétique l’alpha et l’oméga de leur gestion.

Illustration avec Ève Guillaume, infirmière de formation qui dirige actuellement l’Ehpad public « Lumières d’automne » à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Celle-ci se dit notamment particulièrement sensible à la nécessaire adéquation entre la spécialisation des infirmiers et leur travail effectif, telle que décrite plus haut par Matthieu Sibé. « Il se trouve que nous sommes en train de réfléchir à confier à un nouvel agent d’accueil certaines missions administratives pour en décharger les équipes soignantes, qui pourront ainsi se concentrer sur leur véritable métier », indique-t-elle.

Il en va de même de la nécessité, très « magnet », de pouvoir se former et évoluer au sein de son institution. « Nous avons un médecin coordinateur qui s’implique beaucoup dans la formation des agents, se réjouit la Séquano-dionysienne. Il a mis en place des formations flash sur différentes thématiques, et toutes les semaines nous avons des sessions qui permettent, en interprofessionnel, de mettre toute l’équipe au même niveau. »

Reste que pour Ève Guillaume, le système de la labellisation n’est pas forcément le plus pertinent. « Je ne sais pas s’il faut créer un outil supplémentaire. Nous avons déjà le nouveau référentiel de la HAS (Haute autorité de santé, NDLR) qui inclut des éléments sur la qualité de vie au travail, argumente-t-elle. D’autant plus que pour des établissements de taille moyenne, il est difficile de se lancer autant de certifications qu’on le voudrait : il y a la qualité de vie au travail, mais il y a aussi le développement durable, etc. » Pour elle, l’enjeu consiste donc surtout à « valoriser toutes les actions en faveur de la qualité de vie au travail qui existent déjà au sein des établissements ».

Matthieu Sibé va dans le même sens. « Aujourd’hui, je ne sais pas s’il faut vraiment aller dans le sens d’une labellisation, estime-t-il. D’abord, c’est horriblement cher, et puis cela pourrait vite devenir un processus administratif, technocratique. En revanche, il me semble qu’il est pertinent pour des employeurs de puiser dans les outils de l’hôpital magnétique pour faire valoir leurs atouts sur le marché du travail. »
Un coût… ou un investissement ?

Mais en piochant ce qui les arrange dans le concept d’hôpital magnétique, les établissements risquent de perdre ce qui a fait le succès de l’approche aux États-Unis, à savoir son caractère global. C’est du moins ce que pense Christophe Debout, Iade et enseignant-chercheur notamment à l’Institut Droit et Santé de l’Université de Paris. « En ne prenant que certains morceaux, on risque de perdre l’architecture globale qui donne son sens aux éléments », craint-il.

Ce spécialiste des sciences infirmières reconnaît qu’on « ne peut pas faire un copier-coller de l’ensemble des critères, car le concept d’hôpital magnétique est très marqué par le contexte américain », et qu’un travail d’adaptation est nécessaire. « Le problème, c’est que les établissements ont tendance à voir ce genre d’approche comme un coût, alors que c’est un investissement, résume-t-il. Il faut d’ailleurs mettre en regard le coût d’une telle certification avec celui que génèrent l’appel aux intérimaires pour pallier les déficiences d’effectifs, le temps passé à gérer les plannings, etc. »

Reste une question. Peut-on vraiment rendre les établissements « magnétiques » quand, au quotidien, le problème des soignants est avant tout celui des moyens et des effectifs ? « Tout n’est pas qu’une question de moyens, mais on ne peut pas ignorer que dans un hôpital labellisé comme magnétique, on aura un infirmier pour 8 à 10 patients, contre un infirmier pour 15 à 20 patients en France en moyenne », souligne Matthieu Sibé. La route à parcourir pour la France est encore longue.

Adrien Renaud
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. mai 30, 2022 11:28 am

Publié le 25/05/2022
Brigitte Bourguignon : le discours (hésitant) de la méthode

La nouvelle ministre de la santé, Brigitte Bourguignon était l’invitée ce matin de RTL. L’occasion d’un discours de la méthode.

Sur la crise des urgences, alors que 120 services ne sont plus en mesure d’assurer leur mission, la ministre s’est refusée à céder au « catastrophisme » et à annoncer telle ou telle mesure. Pour elle, il s’agit avant tout de mettre en place une « concertation ». Elle ne veut pas, dit-elle, énoncer des solutions, elles doivent être « construites avec les gens » qui sont sûr le « terrain ».

Elle a ainsi dévoilé qu’elle avait prévu plusieurs rendez-vous (probablement avec des représentants syndicaux) pour évoquer ces problèmes et qu’elle se déplacerait sur le « terrain » (encore une fois) pour aller à la rencontre des professionnels pour les écouter.

Pour elle, les chiffres mis en avant ces jours derniers par les urgentistes (Patrick Pelloux notamment) sont des « chiffres à l’emporte pièce qui ne veulent rien dire ». Des mesures « construites avec les personnes concernées » seront néanmoins annoncées dans les quinze jours à venir promet-elle.
Sommes-nous encore à l’heure de la concertation apaisée ?

Au journaliste Benjamnin Sportouch, semble-t-il un peu agacé par cette apparente indécision, elle a rétorqué « si vous pensez qu’en 48 heures je vais régler les problèmes des urgences, cela aurait été fait depuis longtemps par mes collègues ». Elle a ainsi rappelé les racines du mal : « un manque d’anticipation sur la démographie médicale » qui ne saurait être réglé uniquement par des revalorisations.

Benjamin Sportouch lui a alors soufflé une mesure d’urgence possible : la réintégration des 15 000 soignants non vaccinés. Sur ce point Brigitte Bourguignon a martelé : l’obligation vaccinale demeurera le temps nécessaire. Pour la ministre, compte tenu de la situation épidémique actuelle, le temps n’est pas venu pour la lever.

Interpellé sur les salaires des internes et des infirmiers, la locataire de l’avenue de Ségur a encore botté en touche : « je ne rentrerai pas dans ce genre de polémique », rappelant les efforts du Ségur de la santé, tout en évoquant la possibilité de revaloriser les gardes.

Mais cette méthode de la concertation lente adaptée à une démocratie sanitaire apaisée convient-elle au temps actuel ? La question se pose alors que chaque jour, la ministre est interpellée par les professionnels. Dernière lettre ouverte en date, celle de l'intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) dans laquelle l’organisation de jeunes appelle à faire enfin respecter le temps de travail des internes.

L’intersyndicale lui demande également de renoncer au projet évoqué par le candidat-président d’une 4e année d’internat à effectuer dans les déserts « Les internes de médecine générale ne sauraient être utilisés comme variable d’ajustement pour répondre aux enjeux d’un système de santé défaillant » préviennent-ils.

On voit se dessiner la ligne de crête sur laquelle s’aventure la ministre : prendre des décisions rapides tout en respectant le dialogue avec les professionnels de santé.

F.H.
jim.fr


________

Lire ce qui suit est assez édifiant. Pas tant sur le fait que les IDE quitte la profession, ou encore que des étudiants en IFSI prévoient de partir travailler au Luxembourg, sinistrant ainsi la région du grand Est. Non, ce qui est édifiant c'est de lire le terme mercenaire pour qualifier les infirmières qui font strictement pareil que les médecins. Citons par exemple les médecins anesthésistes, payés 700 euros la journée de 10 heures à 1200 euros pour la garde, quand ce n'est pas 2000 euros pour une garde : un médecin urgentiste s'est vu proposer une journée de garde de 24 heures payée 2200 euros par l'hôpital Emile-Muller de Mulhouse, dans le Haut-Rhin, le 28 décembre dernier.... Que dire des contrats des praticiens cliniciens à 12000 euros mensuels, avant que l’Ordonnance n° 2021-292 du 17 mars 2021 ait décidé de la suppression du statut de clinicien hospitalier à partir du 1er janvier 2022. Que dire des soignants à deux vitesses inventés par l'ARS ?
On appelle ça comment ? Quand on sait que dans le bloc opératoire d'un hôpital de province, gangréné par l'intérim, le seul titulaire est le garçon de bloc ! Le pouvoir a changé de camp. Le Ségur n'a rien fait de concret. Si l'intérim permet de mieux vivre, aux conditions plus avantageuses, les soignants auraient torts de se priver. Tout en sachant que la garantie de l'emploi n'existe pas, même si le chômage touche peu la profession, mais les banques peuvent être circonspectes face à un dossier d'intérim pour un prêt, les missions annulées ne sont pas remboursées, c'est une perte sèche. Au lieu de traiter les IDE de mercenaires,il serait bon de savoir pourquoi il se passe ce phénomène et de ne pas oublier d'y adjoindre le personnel médical. Sans parler des énarques, rois du pantouflage et de la ballade en ascenseur dans les palais de la république.


Martin Hirsch : Les infirmières intérimaires sont des «mercenaires payées trois fois plus que les autres»
30/05/2022 -
Par La rédac' whatsupdoc-lemag.fr



Il manque dans les hôpitaux de l'AP-HP 1 400 infirmières et infirmiers, a indiqué lundi le directeur général du groupement hospitalier d'Ile-de-France, Martin Hirsch, alors que les soignants multiplient les appels à l'aide face au manque de personnel.

"Nous, à l'AP-HP par rapport aux autres hôpitaux, notre problème est sur les infirmières (...) On en a 1 000 de moins qu'il y a un an à la même époque, on avait prévu de créer 400 postes supplémentaires, on n'a pas pu les créer, donc il nous manque 1400 infirmières par rapport à ce que l'on aimerait avoir", a expliqué Martin Hirsch sur la radio France Inter.

"Il y en a qui ont changé de métier, il y en a qui sont partis dans le privé, il y en a qui sont partis en province, il y a en qui ne sont pas venus travailler après la diplomation de l'été dernier (...) et il y en a beaucoup qui utilisent cette drogue douce de l'intérim, qui nous met dans une situation absolument terrible", a ajouté M. Hirsch.

A l'AP-HP, 15% lits restent fermés en moyenne, faute de soignants, a-t-il souligné, alors que les hôpitaux à travers la France alertent sur le manque de personnel pour cet été dans les services d'urgences.
La santé fait partie des trois "urgences" auxquelles le gouvernement doit s'atteler

"Avant, quand on était diplômé, on n'avait pas le droit de s'installer comme intérimaire. Intérimaire dans les métiers de santé où il n'y a pas de chômage (...), ça veut dire je fais le choix de travailler quand je veux, quand je peux, payé trois fois plus que les autres", a commenté M. Hirsch, qui a qualifié les intérimaires de "mercenaires".

La santé fait partie des trois "urgences" auxquelles le gouvernement doit s'atteler, au côté du climat et du pouvoir d'achat, a indiqué vendredi la Première ministre Elisabeth Borne, à l'issue d'une région à Matignon avec son gouvernement.

Face à la pénurie de personnels dans les hôpitaux, Mme Borne a assuré, à l'issue de cette réunion, avoir demandé aux "ministres concernés" de lui "faire des propositions très rapidement pour prendre des mesures efficaces pour l'été".

Avec AFP
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Message par Arnaud BASSEZ » lun. mai 30, 2022 6:14 pm

Publié le 30/05/2022
La 4e dose de vaccin anti Covid-19 : un bénéfice très passager

En France, les personnes de 60 ans et plus peuvent à présent bénéficier d’une quatrième dose de vaccin contre la Covid-19. En effet, bien que la protection reste élevée contre les formes graves, l’efficacité des 2ème et 3ème dose diminue au fil du temps. Une 4ème dose (2ème rappel) est donc recommandée pour les personnes de 60 ans et plus.

C’est le cas aussi en Israël depuis janvier 2022. Une étude y a été menée pour évaluer l’efficacité d’une 4ème dose du vaccin BNT162b2 (Pfizer-BioNTech). Il s’agit d’une étude cas-témoin, rétrospective, couvrant les 10 semaines suivant l’administration de ce 2ème rappel, et menée à une période pendant laquelle le variant dominant était omicron.

Près de 100 000 personnes ont été incluses, éligibles pour la 4ème dose et disposant d’au moins un test PCR pendant la durée de l’étude. Parmi elles, 28 % environ ont reçu la 4ème dose.

Déclin de la protection dès la quatrième semaine

En comparaison avec les personnes ayant reçu seulement 3 doses de vaccin, l’efficacité relative de la 4ème dose est maximale 3 semaines après son administration, de 65,1 %. Elle décline toutefois dès la 4ème semaine, et décroit très rapidement. A la fin des 10 semaines de suivi, le bénéfice n’est plus que de 22 %. En revanche, le gain d’efficacité contre les formes graves reste élevé tout au long de l’étude (> 72 %). Notons que dans cette cohorte, les formes graves sont rares, concernant moins de 1 % des cas, que le participant ait reçu 3 ou 4 doses de vaccin.

Pour les auteurs, ces données doivent être utilisées en fonction des contextes d’affectation des ressources vaccinales et mondiales, en priorisant les personnes à risque élevé.

Dr Roseline Péluchon
Références
Gazit S et coll. : Short term, relative effectiveness of four doses versus three doses of BNT162b2 vaccine in people aged 60 years and older in Israel: retrospective, test negative, case-control study
BMJ2022;377:e071113. doi.org/10.1136/BMJ-2022-071113


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Publié le 29/05/2022
Moins de symptômes de Covid long après la vaccination ?

La persistance de symptômes plusieurs semaines, voire plusieurs mois, après une infection par le SARS-CoV-2, est bien décrite sous le terme de Covid long. Il s’agit particulièrement de dyspnée, fatigue et troubles cognitifs, fluctuants, et associés à une altération de la qualité de vie des patients.

La vaccination contre la Covid-19 est recommandée 2 mois après une infection par le SARS-CoV-2. Il était intéressant de savoir si cette vaccination avait un impact sur la persistance du Covid long. Une étude a été réalisée au Royaume-Uni, entre février et septembre 2021. Elle incluait plus de 28 000 participants âgés de 18 à 69 ans, présentant des symptômes de Covid long, et ayant reçu au moins 1 dose de vaccin contre la Covid-19 (à adénovirus ou à ARNm) depuis leur infection. L’objectif de l’étude était d’évaluer la persistance des symptômes de Covid long.

Effet « bénéfique » après le premier vaccin et de nouveau après la deuxième dose

Le suivi moyen est de 141 jours après un premier vaccin et de 67 jours après un rappel (83,8 % des participants). Le nombre des participants déclarant un symptôme de Covid long diminue de 12,8 % après la première dose de vaccin. Les données ne permettent pas de préciser si cette amélioration se maintient jusqu’à la seconde dose.

Cette dernière s’accompagne toutefois d’une nouvelle diminution de 9 % de l’éventualité de symptômes de Covid long, au moins pendant les 67 jours qu’a duré en moyenne le suivi des participants. Les données sont les mêmes quand elles seules les formes sévères de Covid long, altérant les capacités fonctionnelles des patients, sont prises en considération. Elles ne varient pas selon les caractéristiques socio-démographiques, l’état de santé, le type de vaccin, la gravité de la Covid-19 ou le délai entre l’infection et la vaccination.

Les mécanismes du Covid long ne sont pas encore expliqués. Plusieurs hypothèses sont à l’étude : persistance d’antigène viraux, anomalies des cellules T, des plaquettes, de l’endothélium vasculaire, des facteurs de coagulation. L’efficacité du vaccin sur la réduction des symptômes, suggérée dans cette étude observationnelle, reste, elle aussi, à confirmer.

Dr Roseline Péluchon
Références
Ayoubkhani et coll. : Trajectory of long covid symptoms after covid-19 vaccination: community based cohort study
BMJ2022;377:e069676. doi.org/10.1136/BMJ-2021-069676


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Publié le 30/05/2022
Pénurie de soignants : vers un été meurtrier ?

Médecins et élus ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur un risque grave de pénurie de soignants cet été.

La pandémie de Covid-19 en a été un révélateur et la situation éclate désormais aux yeux du grand public : l’hôpital public français est en crise et fait face à un manque de plus en plus critique de soignants, notamment dans les services d’urgence. Déjà difficile, la situation pourrait devenir intenable cet été, en raison des départs en congés des soignants et de l’afflux accru de patients aux urgences.

La crise de l’hôpital public est prise très au sérieux jusqu’au sommet de l’Etat. A la sortie de sa première réunion de travail avec le nouveau gouvernement ce vendredi, la Première Ministre Elisabeth Borne a annoncé que la santé serait, avec l’écologie et l’éducation, l’une des priorités du quinquennat qui commence.

« Nous devons répondre à très court terme au défi du manque de personnel dans les établissements de santé et médico-sociaux » a indiqué la chef du gouvernement, qui a précisé qu’elle avait demandé à la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon de lui faire « des propositions très rapidement pour prendre des mesures efficaces pour l’été ».

« Un risque imminent de rupture de l’accès aux soins » selon le Pr Rémi Salomon

Les signaux d’alarme ne cessent de se multiplier ces dernières semaines à l’hôpital public. Selon l’association Samu-Urgences de France, 120 services d’urgence, soit près de 20 % des services existants en France, connaissent des difficultés de fonctionnement dues à un manque de personnel. « On n’a jamais une telle tension avant même la période estivale » indique l’association.

Parmi la liste des services en difficulté, on trouve 14 CHU ou CHUR (sur 32 en France). Le cas du CHU de Bordeaux, qui a décidé il y a deux semaines que les urgences seront fermées de nuit aux patients qui n’auront pas appelé le 15 au préalable, est devenue un symbole de la dégradation de l’offre de soins. D’autres hôpitaux, comme celui de Grenoble, pourraient suivre la même voie, tandis que certains services procèdent à des délestages, en renvoyant les patients vers d’autres établissements.

Ces derniers jours, certains « grands patrons » ont pris la parole dans les médias pour tenter d’alerter l’exécutif et le grand public sur la gravité de la situation. Le Pr Rémi Salomon, président du CME de l’AP-HP, n’a pas hésité à évoquer « un risque imminent de rupture de l’accès aux soins qui risque de s’aggraver de manière assez considérable cet été » tandis que le Dr Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France, craint des « décès inopinés et involontaires » cet été.

Le retour de l’obligation de garde, la solution miracle ?

Pour le moment, la ministre Brigitte Bourguignon n’a pas évoqué de solutions précises, indiquant simplement qu’elle allait procéder à des « concertations » avec les soignants « pour faire face à l’été ».

Plusieurs mesures sont appelées de leurs vœux par des professionnels de santé, tels que la revalorisation des gardes de nuit et des astreintes du week-end. Mais d’autres estiment ces propositions sont insuffisantes et en appellent à des mesures plus radicales. Chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou (et aussi candidat à la primaire présidentielle LR), le Pr Philippe Juvin estime qu’il faut « trier l’arrivée aux urgences et qu’il ne faut pas permettre à tout le monde d’y aller facilement ».

Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), il est temps de rétablir l’obligation de garde « pour tous les praticiens », une solution auquel la CSMF, principal syndicat des médecins libéraux, ne s’est pas dit opposé sur le principe, à condition qu’elle soit accompagnée « d’un coup de pouce pour rémunérer correctement les gardes ». Le directeur de l’AP-HM François Crémieux a lui jeté un pavé dans la mare en indiquant ce jeudi qu’il était temps de revenir sur « l’immense liberté des médecins libéraux devenue un tabou dans notre pays ».

Des propositions chocs reprises notamment par l’Association des petites villes de France (APVF). Dans une lettre ouverte à Brigitte Bourguignon, cette association de maires rappelle que « les établissements hospitaliers des petites villes voient leur fonctionnement se dégrader du fait du manque d’effectifs », prenant notamment l’exemple de l’hôpital de Chinon, où le service des urgences a été fermé par pénurie d’infirmiers. Pour les élus locaux, « des questions telles que l’obligation de la permanence de soins pour les médecins libéraux et la régulation de l’installation des médecins doivent être maintenant posées sans tabou ».

La ministre de la Santé sait désormais sur quelle base elle doit mener sa future « concertation ».

Quentin Haroche
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. juin 21, 2022 9:30 am

"Seulement 18 médecins... " Le genre de phrase qui énerve d'emblée. Tout leur semblerait dû, il en faudrait combien ? Les médecins représenteraient-ils tant que ça le peuple français ? Ne faudrait-il pas justement plus de métiers différents que cette caste médicale qui se veut omnipotente, omniprésente ? Que n'a t-on vu quantité de médecins durant la pandémie, venir nous expliquer la vie, jusqu'à la nausée médiatique ? Combien de soignants à l'Assemblée nationale aurait été sans doute un meilleur titre ou une meilleure approche. Mais quand le rédacteur est lui-même médecin, forcément ça biaise. On regardera cependant la rémunération et accessoire qui vont avec la fonction de député.


Publié le 20/06/2022
Seulement 18 médecins sur les bancs de l’Assemblée

Paris, le lundi 20 juin 2022 – Parmi les 577 députés élus ce dimanche, on compte 18 médecins, dont 12 dans les rangs de la majorité présidentielle.

Les élections législatives de ce dimanche auront été historiques à plus d’un titre. Si pour la première fois depuis 1988, aucun parti n’a réussi à obtenir une majorité absolue des sièges, on notera également que seulement 18 médecins ont été élus ce dimanche, soit neuf de moins qu’en 2017. Jamais sous la Vème République cette profession d’habitude si fortement représentée sur les bancs de l’hémicycle n’avait obtenu aussi peu d’élus.
Le Dr Mesnier élu avec 24 voix d’avance !

Parmi les 18 praticiens élus ce dimanche, 12 affichent les couleurs de la coalition Ensemble, qui rassemble tous les partis soutenant le Président de la République. Le plus célèbre d’entre eux, Olivier Véran, a été confortablement réélu dans son fief de l’Isère, où il s’était déjà imposé en 2012 (comme socialiste) et en 2017. L’ancien ministre de la Santé et désormais ministre des relations avec le Parlement a remporté 55,5 % des suffrages ce dimanche face à sa concurrente de la Nupes.

La victoire du Dr Thomas Mesnier a été en revanche beaucoup plus accrochée. L’urgentiste, qui fut longtemps le référent santé de la LREM et qui affiche désormais les couleurs d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, a été réélu député de la Charente avec seulement 24 voix d’avance sur son adversaire de la Nupes, soit 0,06 % des suffrages exprimés ! Le succès a été plus large pour le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue et rapporteuse de la dernière grande loi sur le système de santé (dite loi Rist). L’ancienne chef de service au CHR de Rouen a remporté 57,2 % des suffrages ce dimanche. Mesnier et Rist sont parmi les principaux candidats pour remplacer au ministère de la Santé Brigitte Bourguignon, battu ce dimanche et donc sur le départ (voir notre article du jour sur le sujet). A noter également, toujours dans les rangs de la majorité, l’entrée au Palais Bourbon de Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) et élu sous les couleurs d’Horizons en Seine-et-Marne.
Pas de médecins à la Nupes

Le parti Les Républicains envoie lui trois médecins dans l’hémicycle. Alors qu’il semblait mal engagé dans une des rares triangulaires du pays, le Pr Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou et ancien candidat à la primaire présidentielle LR, a été élu député des Hauts-de-Seine avec seulement 38 % des voix et 326 voix d’avance sur sa concurrente LREM (soit seulement 0,7 % des suffrages exprimés).

Le fort contingent Rassemblement National (89 députés) ne comptera que deux médecins dans ses rangs. Le Dr Joelle Melin, référent santé du parti d’extrême-droite depuis 1995, fera pour la première fois son entrée au Palais Bourbon, après sa nette victoire dans les Bouches-du-Rhône (58,6 %).

Réélu député de Corse-du-Sud avec 57,6 % des voix, le nationaliste Paul-André Colombani, généraliste, complète le contingent médical. A noter enfin qu’aucun des trois médecins étiquetés Nupes (deux urgentistes et une généraliste) ne sont parvenus à s’imposer ce dimanche. Il n’y aura donc aucun praticien à la gauche de l’assemblée.

Quentin Haroche
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. juin 25, 2022 11:31 am

Le pouvoir a changé de camp. les infirmiers sont devenus denrées rares et le dernier salon infirmier le confirme, au vu des établissements qui se désespèrent pour recruter des candidats qui ne se précipitent plus vers leur devanture soit disant prestigieuse. Il est loin le temps où un CHU du sud de la France se sentait tellement prestigieux, qu'il considérait que c'était un privilège que la direction condescende à vous intégrer dans ses effectifs, après un parcours d'embauche peu éloigné d'un parcours du combattant administratif et médical. Il manque du personnel soignant. Il faudrait peut-être et surtout penser à mieux le rémunérer dans son ensemble. Quand on lit qu'on propose 10 000 euros à un médecin urgentiste pour une semaine de travail alors que j'ai le souvenir d'une DRH dans un CHU du sud de la France, osant me dire "vous êtes en classe supérieure, vous allez me coûter cher !"
Je ne savais pas que c'était les DRH qui rémunèrent les IADE. Je pensais que c'était les collectivités locales à laquelle les soignants sont assujettis de par leur statut. Mais j'invite la docte dame,si la retraite ne l'a pas cloué dans son incompétence, à réfléchir sur ce qu'elle coûte elle et la palanquée de directeurs adjoints qui représente jusqu'à 1/3 des effectifs d'un hôpital universitaire d'après une enquête. Pour quel bénéfice au patient ? Ah oui, alors à l'intention des directeurs administratifs divers, un patient c'est une personne qui vient à l'hôpital pour s'y faire soigner, car il souffre d'une pathologie qui nécessite des soins dédiés. Oui je sais le concept est hardi et sort des tableaux Excel, mais c'est ainsi.


Grèves des infirmiers, démissions et pénuries… partout dans le monde
22 juin 2022 Rédaction ActuSoins

Avec une pénurie mondiale de six millions d'infirmiers et de 18 millions d'agents de santé antérieure à la pandémie, le Conseil international des infirmières (CII) constate une augmentation des taux de roulement et de démission risquant d'accentuer ces chiffres. Cette situation, jugée intenable par le CII, conduit à une augmentation des revendications et des grèves des personnels, partout dans le monde.

D'après le Conseil international des infirmières, l'augmentation alarmante du nombre d'infirmiers faisant grève à travers le monde renvoie directement à "l'incapacité des gouvernements à s'attaquer aux causes profondes de la fragilité, de l'affaiblissement grave et, dans certains cas, de l'effondrement de nos systèmes de santé", fait-il savoir dans un communiqué.

Partout dans le monde, il a relevé un nombre d'exemples d'infirmiers engagés dans des actions revendicatives sur "une série de questions fondamentales", dont la sûreté, la sécurité et la protection, qui toutes menacent le personnel de santé et les patients.
Pénurie mondiale d'infirmiers

L'une des causes, relève le CII, serait la pénurie mondiale d'infirmiers, qui "créé une pression insoutenable sur les infirmières travaillant actuellement au sein de systèmes de soins de santé perturbés par les pénuries de personnel, la pandémie de Covid-19 et un sous-financement chronique et de longue date".

Ces pénuries, déjà observées, ont entraîné une hausse inquiétante des conflits sociaux et des grèves.

" L’action revendicative des infirmières constitue toujours un dernier recours, mais il n’est pas surprenant que cela se produise, étant donné l’état des systèmes de santé où elles exercent ; ils ne leur permettent pas de dispenser les soins de qualité qu’elles souhaitent. Cela s’explique par la pression à laquelle elles sont soumises, au manque de considération et de reconnaissance dont elles font l’objet, aux inégalités historiques liées au sexe, ainsi qu’aux mauvaises conditions de rémunération et de travail", explique Pamela Cipriano, présidente du CII, citée dans le communiqué.

Grèves, actions et démissions en masse

A titre d'exemple, le CII mentionne l'action des infirmiers espagnols, qui ont manifesté à Madrid (Espagne) samedi dernier pour exiger des améliorations urgentes du système de santé espagnol et des conditions de travail des professionnels qui y exercent.

Il mentionne aussi la situation des infirmiers finlandais qui se préparent à une action encore plus déterminée après un long conflit avec les employeurs sur les salaires et les conditions de travail, et à cause d'une nouvelle législation du Gouvernement finlandais qui rendrait illégale l'action revendicative des infirmiers.

Au lieu de programmer de nouvelles grèves, les syndicats finlandais des soins infirmiers prévoient des démissions en masse, peut-être plus tard en automne, si des solutions négociées et acceptables ne sont pas trouvées avant, afin de montrer la force de leurs convictions et leur détermination à ne pas laisser la situation actuelle perdurer.

Des actions sont aussi menées au Danemark, où les infirmières alertent "depuis des années" sur le fait que les salaires et les conditions de travail ne reflètent pas leurs compétences, leurs tâches et leurs responsabilités.

L'année dernière, l'Association danoise des infirmières (ADI) a demandé à ses membres de se prononcer et les infirmiers ont voté pour la grève afin de faire pression sur les employeurs et pour augmenter les salaires. Cette grève, la plus longue de l'histoire du Danemark, a duré 70 jours, rapporte le CII. Un accord salarial a finalement été proposé par le Gouvernement, lequel a été rejeté par les infirmiers.

Résultat? "Aujourd'hui, près de 10% des postes d'infirmières (5000) sont vacants et le pays connaît une grave pénurie de personnel. Il y a moins de jeunes que par le passé et moins de candidats à la formation infirmière", fait savoir le CII.

En France, le 7 juin, les agents de santé ont fait une grève d'un jour pour protester contre des revendications non satisfaites réclamant le recrutement de personnels, de meilleurs salaires et de remédier à la pénurie.


En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne, les infirmiers des cliniques universitaires manifestent à cause de conditions de travail inacceptables.

Aux États-Unis, les infirmiers de plusieurs hôpitaux de l’Oregon, de Californie et du Minnesota ont fait grève pour obtenir de meilleurs salaires et une augmentation des effectifs.

Le florilège d'exemples donné par le CII ne s'arrête pas : Mexique, Nouvelle-Zélande, Ouganda, etc. Les revendications sont mondiales, indéniablement.

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Message par Arnaud BASSEZ » sam. juin 25, 2022 11:37 am

Comparison of Propofol-nalbuphine and Propofol-fentanyl Sedation for Patients Undergoing Endoscopic Retrograde Cholangiopancreatography
A Double-blind, Randomized Controlled Trial


Peiqi Wang; Yan Chen; Ying Guo; Jiangbei Cao; Hong Wang; Weidong Mi; Longhe Xu
Disclosures

BMC Anesthesiol. 2022;22(47)

Abstract and Introduction

Abstract

Background: Endoscopic retrograde cholangiopancreatography (ERCP) has been increasingly used to treat patients with biliary/pancreatic duct obstruction or stricture outside the operating room. Effective and safe sedation techniques are needed because of painful stimuli and the long duration of the ERCP procedure. Nalbuphine has been shown to cause less respiratory depression during sedation than similar cases without nalbuphine. This study compared the effects of propofol-nalbuphine (PN) and propofol-fentanyl (PF) sedation in patients undergoing ERCP.

Methods: Four hundred patients scheduled for ERCP procedures were divided into two groups: the PF group (receiving PF sedation,n = 199) and the PN group (receiving PN sedation,n = 201). Vital signs, adverse events during surgery, patient movement scores, pain scores, and adverse events one day post-ERCP were recorded.

Results: Stable haemodynamics were observed in both groups. Compared to the PF group, the PN group showed significantly decreased respiratory depression (P < 0.0001) and surgical interruptions (P = 0.048). Nalbuphine decreased patient movement by reducing pain from ERCP.

Conclusion: Nalbuphine, instead of fentanyl, precipitated less respiratory depression while permitting adequate/equivalent sedation for ERCP and therefore provides more efficient and safer sedation.

Trial Registration: ChiCTR, ChiCTR1800016018, Registered 7 May 2018, http://www.chictr.org.cn/showproj.aspx?proj=27085

Au delà de ce résultat, somme toute logique, il faut se poser la question de l'utilisation du fentanyl en 2022. Cette molécule apparait totalement "has been" comparée au rémifentanyl ou au sufentanil.
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. juil. 01, 2022 6:46 pm

Publié le 01/07/2022
Crise des urgences : la copie du Dr Braun

Lors d’une ultime réunion de travail à Matignon, hier, les membres de la « mission flash » confiée au docteur François Braun ont proposé une version non définitive de leurs « boîte à outils » de soixante pages constituée de « quarante et une recommandations pour préserver notre réponse aux soins urgents et/ou non programmés cet été ».

Une part importante des mesures proposées visent à agir en amont, pour limiter les entrées aux urgences qui ont doublé en vingt ans, atteignant 22 millions de passages annuels dans un contexte de pénurie de médecins et plus généralement de soignants.

Réguler l’accès aux urgences

Recommandation phare : la mission préconise de « réguler les admissions », soit avec un « triage paramédical à l’entrée » des urgences, soit par une « régulation médicale préalable systématique » par le standard téléphonique du SAMU (le 15). Pour répondre à l’augmentation du nombre d’appels qui en découlerait, le rapport voudrait faciliter le recrutement des assistants de régulation médicale (ARM) (dés cet été !) et que soit financée « la mise à niveau de leurs effectifs ».

« À ce jour, 10 % des postes d’ARM sont vacants sur 52 Samu-Centre 15, ce qui représenterait 250 à 300 ETP d’ARM au niveau national », pour pallier cette pénurie, la mission suggère de financer la mise à niveau des effectifs ARM et de reporter la date butoir de leur certification à décembre 2025 au lieu de 2023.

Il est aussi préconisé d’intégrer d’autres professionnels de santé à cette régulation médicale comme des dentistes et des pédiatres ou encore, des sages-femmes. « Ces professionnels qui ont une connaissance accrue des filières de soins de leur spécialité doivent permettre d’organiser des prises en charges ambulatoires et des admissions directes sans passer par les urgences », estiment les auteurs de ce rapport.

La mission appelle aussi à déployer le « service d'accès aux soins » (SAS). Déjà mis en place dans 22 sites pilotes, le « SAS » se heurte à une rémunération jugée trop faible par les libéraux. Pour attirer plus de volontaires, le rapport recommande une rémunération de 100 euros brut de l'heure pour les généralistes acceptant de faire de la régulation, et l'attribution d'un supplément de 15 euros par acte aux médecins recevant un malade hors patientèle à la demande du Samu ou du SAS, dans la limite d'un plafond hebdomadaire. Le rapport préconise aussi d'élargir le principe de permanence des soins ambulatoires au samedi matin ou encore de dispenser de cotisations sociales les médecins retraités afin de favoriser le cumul emploi-retraite.

Pour les rémunérations des hospitaliers, la mission recommande une revalorisation du travail de nuit et des ponts du 14 juillet et du 15 août, ainsi qu’une prime pour les équipes des urgences psychiatriques, pédiatriques et gynécologiques.

Le document ouvre également la possibilité pour les médecins de ville d’hospitaliser directement leur patient en aigu. La mission imagine ainsi « d’imposer » à chaque hôpital une « cellule d’ordonnancement » joignable via un numéro direct diffusé par les URPS à tous les médecins et infirmiers libéraux. « La cellule se charge de faire rappeler le libéral dans les quatre heures par les spécialités concernées, celles-ci devant être en mesure de planifier une hospitalisation avec transport associé ».

Utiliser à plein la télémedecine

Le rapport suggère également de maintenir le remboursement à 100 % des téléconsultations cet été. Toujours dans le volet télémédecine il avance l’idée d’unités mobiles paramédicales : « un véhicule avec un secouriste, une infirmière et une mallette de télémédecine avec objets connectés se rend chez le patient à la demande du Samu pour réaliser une téléconsultation avec un médecin libéral ». Rappelons que dans la Manche, l'expérience s'est révélée positive avec « 667 interventions réalisées de janvier à avril 2022 par les deux unités en place, évitant 430 passages aux urgences sur 4 mois ».

Bed managers

Concernant l'aval, la mission plaide en premier lieu pour la mise en place obligatoire de « bed managers » avec une gestion des lits à l'échelle territoriale sous la responsabilité de l'Agence régionale de santé (ARS), ou encore le recours accru à l'hospitalisation à domicile (HAD). Une idée défendue de longue date par le Dr François Braun.

La permanence des soins en établissement (PDS-ES) devrait aussi être assurée « à l’échelle d’un territoire » par l’ARS, en impliquant spécialistes privés et publics. L'ARS deviendrait la garante pour l’été « d’une équité de PDS-ES tant pour les services d'urgence que pour des spécialités de deuxième ligne (gynéco-obstétrique dont les sages-femmes, radiologie, psychiatrie, chirurgie) », indique le rapport. L'ARS s'appuiera sur les URPS médecins pour l’offre libérale, en permettant « la désignation individuelle de médecins libéraux pour la PDS-ES ».

Les hommes de bonne volonté

Dans les territoires fragiles, la mission propose de « simplifier radicalement pour l’été la mise en application des protocoles de coopération entre professions de santé sous coordination médicale ». Depuis mars 2020, six protocoles de coopération ciblant des pathologies courantes simples de l’enfant et de l’adulte sont autorisés permettant aux professionnels délégués de prescrire traitements et examens.

La mission Braun préconise aussi d’autoriser les docteurs juniors avec licence de remplacement à travailler à l’hôpital public (actuellement ces licences délivrées par l'Ordre ne sont valables qu'en ville), et de leur accorder le droit au temps de travail additionnel (TTA), donc son paiement.

Plus globalement, le rapport veut faire appel à toutes les bonnes volontés pour passer l'été : participation des pompiers à l’activité des urgences, prolongation de l’autorisation d’exercice des Padhue (dont le dossier n'a pas encore été validé par la commission d'exercice), appel aux libéraux volontaires pour participer à l’activité hospitalière (avec une rémunération forfaitaire à la vacation).

Toutes ces mesures seront accompagnées d’une campagne d’information recommandant d’appeler le 15 avant de se déplacer.

L’AMUF en colère

Notons, que deux voix connues des urgentistes ont accueilli très fraîchement ce rapport. Pour Christophe Prudhomme (AMUF et CGT), sur France Info, « ces recommandations sont affligeantes et mettent la population en danger. Avoir un service d'urgence à 30 minutes de chez soi, ouvert 24 heures sur 24, 365 jours par an, ce n'est pas une option. C'est une nécessité absolue pour assurer la sécurité de la population. Il y a déjà des morts et il va y avoir des morts. Monsieur Braun, ce n'est plus un médecin. C'est un relais politique de monsieur Macron. On a gagné du temps. On a passé les législatives. Il a pondu un rapport avec des propositions de gestionnaires de lits. Cela n'a rien de nouveau. C'est une invention de madame Bachelot quand elle était ministre de la Santé et cela s'est avéré complétement inefficace depuis 10 ans. On n'a pas besoin de gestionnaires de lits. On a besoin de lits ouverts. On est dans une impasse. Et cela concerne aussi les maternités. Il y a des maternités qui vont fermer cet été. La femme qui pensait accoucher à 10 km de chez elle, on risque de lui dire, la maternité est fermée, il faut aller à 50 km. Et elle risque d'accoucher sur la route. C'est cela la réalité. C'est catastrophique ».

Même son de cloche pour son collègue, Patrick Pelloux (AMUF également) pour qui « on est en train de détruire le service public »…

Le verdict de la première ministre sur ce rapport doit être dévoilé lundi « au plus tard » a fait savoir mercredi la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire.

Source: jim.fr

Lire le rapport Braun aussi rasoir que les lames électriques
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Message par Arnaud BASSEZ » sam. juil. 02, 2022 2:02 pm

« Le système de santé menace de s’effondrer dans les prochains mois si des mesures d’urgence et structurelles ne sont pas prises à très courte échéance »
27 juin 2022 | Rédaction ActuSoins

Une enquête menée par la conférence des présidents de commission médicale d'établissements de centres hospitaliers (CMECH) du 27 mai au 14 juin, confirme la criticité de la situation de l'hôpital public.
Le système de santé menace de s'effondrer dans les prochains mois si des mesures d'urgence et structurelles ne sont pas prises à très courte échéance


La situation et les perspectives sont "très inquiétantes" indique la conférence, à l'issue de son enquête menée auprès de Commissions médicales d'établissements (CME) et de Commissions médicales de groupement (CMG).

"Quelle que soit la région métropolitaine ou d'outre-mer, ou le type d'établissement (support de GHT ou non, 63,7% signalent une difficulté majeure actuellement au sein de leur établissement et 97,6% la pressentent d'ici à 2023", indique l'enquête.

La proportion de défaillances touche autant les structures d'urgence, que les services de médecine, soins de suite et réadaptation (SSR), établissements d'hébergements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), unités de soins de longue durée (USLD) et de psychiatrie, fait-elle savoir.

Les services de périnatalité, de chirurgie et de soins critiques sont également significativement impactés et la médecine de ville arrive en tête des préoccupations, démontre-t-elle.

"Nous ne sommes pas face à une crise des urgences mais bien de l'ensemble de l'hôpital et au-delà, de tout le système de santé", estime la conférence.

Difficultés de recrutement

La conférence pointe notamment des difficultés "majeures" de recrutement dans les services d'urgence, importantes également dans les secteurs de périnatalité, médecine, SSR, Ehpad/USLD, psychiatrie.

Celles relatives aux recrutement de paramédicaux arrivent en tête dans les services de médecine, chirurgie, SSR et Ehpad/USLD.

Autre constat : les fermetures de lits se multiplient. 32% des répondants signalent des fermetures de lits en soins critiques; 20,7% en périnatalité, 44% en chirurgie, 74,1% en médecine et 45,3% en psychiatrie.

"Ces fermetures de lits, en lien avec l'absentéisme et les départs des professionnels, sont à l'origine de l'accélération des dysfonctionnements, par ailleurs chroniques, des services d'urgence", fait savoir la conférence. Au total, ce sont plusieurs milliers de lits qui sont fermés en plus des carences habituelles et l'hôpital public a les plus grandes difficultés à admettre en hospitalisation les patients qui le nécessitent;

Par ailleurs, l'hôpital public souffre de difficultés majeures pour faire sortir ses patients lorsqu'ils ont besoin de structures de soins de réadaptation ou médico-sociales. Les fermetures de lits y sont également fréquentes : 61,7% en SSR et 41,6% en Ehpad/USLD.

Il en résulte des déprogrammations "toujours significatives" malgré l'absence d'impact actuel du Covid 19 (32,7% en chirurgie et 17,1% en médecine).
Mesures urgentes dont l'augmentation de la rémunération du personnel

"Les établissements ont le sentiment d'être un peu isolés face à la gestion de cette crise", indique l'enquête.

Une coordination des fermetures de lits au sein de GHT n'est mise en œuvre que pour 42,2% des répondants. Les ARS paraissent faiblement impliquées, selon l'enquête, avec une évaluation moyenne de leur mobilisation à 3,69 (échelle de 0 à 10) pour les directions centrales, et de 3,41 pour les délégations territoriales. La mobilisation estimée des autres acteurs reste "plus que timide" : 1,74 pour les cliniques privées, 1,98 pour les ESPIC et 2,63 pour la médecine de ville, laquelle étant elle-même confrontée à de fortes difficultés.

Face à ces constats, les présidents de CME et CMG estiment que les mesures urgentes à mener pour répondre à la crise hospitalière concernent l'augmentation substantielle des rémunérations du personnel paramédical et du personnel médical. Plus de la moitié estiment que l'effort de l'ensemble des revalorisations devrait viser une augmentation globale des rémunérations de 20 à 30% pour être acceptables.

Ils demandent aussi la garantie de recrutements "pour améliorer l'adéquation entre le nombre de personnels soignants et la charge en soins des patients", une deuxième phase d'investissement dans les hôpitaux publics, la prolongation de la garantie de financement, l'accentuation de la médicalisation de la gouvernance et la diminution drastique de la charge administrative.

Il disait quoi l'autre ersatz de présentateur ? Ah oui, les pleurnicheries hospitalières. Nous y sommes au bout du chagrin !
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. juil. 06, 2022 7:24 pm

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Publié le 06/07/2022
« Tire-au-flanc » : le Pr Peyromaure ravive la querelle des anciens et des modernes

Le Pr Michael Peyromaure est un grand patron (urologie, Cochin) qui parlant comme tel a livré dans Le Figaro sa vision iconoclaste de la crise hospitalière actuelle. Pour lui la raison principale de ce naufrage est la paresse des jeunes médecins et soignants : « à mes débuts à l’hôpital [le Pr Peyromaure est de la promotion 1995 des AIHP NDLR], il y avait peut-être un tire-au-flanc pour dix agents. Aujourd’hui, il y en a quatre ou cinq » évalue-t-il.

L’ère des loisirs

« L’hôpital n’échappe pas aux phénomènes qui minent toute la société. Nous sommes entrés dans l’ère des loisirs. Cela touche aussi bien le personnel soignant que les patients. (…) Tous ceux qui ont eu à embaucher une infirmière, une aide-soignante ou une secrétaire vous rapportent la même chose, et je l’ai vécu moi aussi. Les trois questions posées prioritairement par les candidates sont : à quelle heure serai-je rentrée chez moi ; vais-je choisir mes dates de vacances ; aurai-je droit à toutes mes vacances la première année ? Ce qui est relatif au métier lui-même est secondaire (…) Il arrive que nous ne puissions pas opérer un patient qui attend depuis la veille parce qu’une infirmière estime que l’horaire est dépassé. Voilà où en est l’hôpital » développe-t-il encore dans cet entretien au vitriol.

Cette « société des loisirs » se manifesterait également, par l’attitude des patients.

« Beaucoup de patients devant se faire opérer, y compris pour un cancer, choisissent leur date opératoire en fonction de leurs vacances et non pas des contraintes de l’hôpital. Ils veulent bénéficier d’un arrêt de travail pour leur convalescence, puis partir en vacances une fois rétablis. Autrefois, la majorité des gens se faisaient opérer juste avant de partir en vacances, de manière à ne pas sacrifier leur travail » fustige-t-il.

Eloge de la semaine de 100 h !

Toujours à contre-courant, il dénonce la réglementation européenne (récemment confirmée par un arrêt du Conseil d’Etat) qui plafonne le temps de travail à l’hôpital à 48 h. « Au risque de choquer, je crois que le nouveau cadre réglementaire qui est censé les protéger [les internes NDLR] contre le surtravail est une mauvaise idée. (…) Nous avons longtemps eu en France un système qui reposait sur le compagnonnage, notamment en chirurgie. Les internes sont des apprentis, pas des étudiants. Jusqu’à récemment, ils travaillaient jusqu’à cent heures par semaine. Ils étaient épuisés mais remarquablement formés. Le monde entier nous enviait ce système. Avec les nouvelles règles, ils risquent de devenir des gratte-papiers qui connaissent la théorie, mais pas la pratique (…) L’internat était un sacrifice. Aujourd’hui, c’est devenu un travail comme un autre. Le matin, ils partent après leur garde sans toujours passer dans le service pour régler les problèmes ».

Son courroux s’étend également sur la ville : « les jeunes praticiens s’installent préférentiellement en groupe, avec des horaires de fonctionnaires. À leur décharge, il faut dire qu’ils sont infantilisés par nos tutelles. Avec la consultation à 25 euros et toute la paperasse, il y a de quoi démotiver les meilleurs ».

Sans surprise, cette interview a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, mais aussi, de façon plus inattendue, l’ire des doyens des facultés de médecine. Dans un communiqué ces derniers pointent une « intervention (…) malhabile, injuste et contreproductive » alors que les jeunes praticiens ont « un grand sens du devoir (…) cette prise de position qui n’apporte rien si ce n’est de la confusion et plus de difficultés » concluent-ils.
Contacté par nos confrères d’Egora le Pr Michaël Peyromaure persiste et signe.

Installez-vous après votre service militaire !

Ce n’est pas la première fois ces dernières années que l’on voit poindre une querelle entre les anciens et les modernes en médecine. En mars 2018 une étude menée par le cabinet de recrutement Appel medical search, auprès de 228 cardiologues, anesthésistes, radiologues et urgentistes exerçant en établissement public et privé âgés de plus de 45 ans mettait en évidence que la nouvelle génération inspirait aux sondés un « avis négatif » dans 56 % des cas ou un avis mitigé (5 %) !

Les répondants mettaient en cause l’« engagement » moindre des jeunes médecins (69 % des répondants) et leur « disponibilité » inférieure à la leur pour 85 % des praticiens interrogés. En outre, ils reprochaient à la nouvelle génération d’être trop soucieuse de son épanouissement personnel au détriment des notions de vocation et de sacerdoce. Ainsi, selon les médecins hospitaliers les plus chevronnés, ceux qui entrent dans la carrière sont trop motivés par « une rémunération attractive » (72 %) et par « la possibilité d’équilibrer vie privée et vie professionnelle » (67 %).

En janvier 2019, le Dr Antoine Perrault, maire de Saint-Julien-sur-Sarthe dans l’Orne et médecin généraliste mettait lui aussi le feu aux poudres en interpellant le Président de la République pendant le grand débat. Il dénonçait « les remplaçants professionnels qui ne s’installent jamais ». Il esquissait ainsi le portrait type d’un jeune médecin libéral : « il remplace trois semaines à Besançon, deux semaines à Amiens, et puis après il part huit jours en vacances avec les enfants ». « Ils n’ont pas l’éthique médicale » de leurs prédécesseurs : « à mon époque, il n’y avait pas ce problème, directement après l’armée on s’installait (…) il y a un véritable problème d’engagement au service de la population. La nouvelle génération est également tentée par le salariat, ils veulent des congés payés, finir à 19 heures »

Rappelons-nous, pour finir, que déjà Platon dans La République écrivait « les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, ils sont mal élevés, méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs aînés, et bavardent au lieu de travailler »…

F.H. jim.fr

En effet, le "c'était mieux avant". Le temps des mandarins, craints et vénérés par leurs surveillantes consacrant leur vie à une image, véritable icône doctorale, sacralisée et déifiée. Ne comptant pas leur temps, jours et week end. Vivant pour l'hôpital. Quelle horreur vivons-nous actuellement ! Les professionnels voudraient concilier un peu de vie personnelle à ce sacerdoce, cette vocation quasi mystique ? Mais dans quel monde vivons-nous ? Où allons-nous madame Michu ?
Hé oui, le monde change. Mais il faut aussi se poser la question de la perte de cette vocation à l'esclavage, de cette volonté de profiter de sa famille, de voir grandir ses enfants. Donner sa vie à l'hôpital, à ses patients ? Dans le marasme dans lequel s'enfonce le ^premier et le manque de respect des derniers envers le personnel soignant, à commencer celui des urgences, régulièrement agressé, on peut comprendre un ras-le-bol généralisé. Des tire-au-flan ? Il y en a. Que faisiez-vous au temps du covid Mr Peyromaure ? Vous chantiez j'en suis fort aise. Hé bien laissez-nous danser maintenant. On l'a bien mérité !
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. juil. 06, 2022 7:45 pm

Médecin libéraux : comment la crise du Covid a affecté leurs revenus

La DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et de la Statistique) publie des recherches sur le revenu annuel moyen des praticiens.

La DREES a utilisé les données collectées par la Caisse d'Assurance Maladie, la Direction Générale des Finances et la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (CARMF) entre 2017 et 2020 pour les calculs.

Ces données permettent de comprendre la baisse des revenus des médecins de ville due à la crise du Covid.

Les spécialistes qui ont connu la plus forte baisse de revenus entre 2019 et 2020 sont les radiothérapeutes (402 400 €, -22,6 %), les médecins de médecine nucléaire (253 900 €, -10,7 %) et les oto-rhino-laryngologistes (114 900 €, -8,1 %). Les psychiatres, signe peut-être de l'impact psychologique de la crise sanitaire sur le moral des Français, ont confirmé une augmentation de 4 % des revenus entre 2019 et 2020.

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Message par Arnaud BASSEZ » mer. juil. 13, 2022 4:28 pm

Publié le 13/07/2022
Tests antigéniques : la CNAM démasque une fraude de plusieurs millions d’euros dans des officines

Plus de 151 millions de tests antigéniques ont été réalisés en deux ans pour un coût total de 4 milliards d’euros pour l’Assurance Maladie.

La caisse révèle ce jour qu’au moins 34 officines ont facturé des faux tests à des professionnels de santé. Dans le cadre de la lutte contre la Covid, les officinaux possèdent en effet une double casquette : ils peuvent effectuer des dépistages mais également fournir des tests aux professionnels de santé.

Alertée, l’administration a vérifié l’identité des professionnels censés avoir reçu des kits de prélèvement de la part de pharmacies dont les demandes de remboursement paraissaient exorbitantes. Au total, les dossiers de 353 officines ont été ou sont en cours de vérification, 150 ont été classés sans suite, et 163 établissements font toujours l’objet d’une procédure.

Thomas Fatôme, le directeur général de l’Assurance Maladie, explique le procédé sur RTL : « dans 9 cas sur 10, il s’agit d’une pharmacie qui prétend avoir distribué des tests à un infirmier, un médecin, un masseur kinésithérapeute. La pharmacie va nous facturer des tests, qu’elle n’a pas délivrés à ces professionnels de santé ».
Quand une officine parisienne facture 18 millions d’euros de tests !

Le Conseil de l’ordre des pharmaciens a été saisi de plusieurs dossiers et plusieurs fédérations, comme l’Union nationale des pharmaciens d’officine, réclament « la plus grande fermeté pour ces fraudeurs qui dégradent l’image de toute une profession ».

Concernant les 34 dossiers pour lesquels la fraude est avérée, 14 plaintes pénales ont été déposées par les services de la CNAM, et les plus gros fraudeurs risquent l’interdiction d’exercer, voire la prison.

Ainsi, un pharmacien parisien, soupçonné d'avoir facturé 18 millions d’euros de tests antigéniques fictifs (3 millions de tests) a été incarcéré mi-décembre et mis en examen pour escroquerie et blanchiment en bande organisée, faux et usage de faux.

Fournisseur de tests antigéniques en grosse quantité, le pharmacien incriminé fabriquait de faux bons de commande.

X.B.
jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. août 05, 2022 6:23 pm

Publié le 04/08/2022
Le service après-vente du Dr Braun

Auditionné à l’Assemblée nationale ce 2 août et en visite au CHU de Nantes, hier, le ministre de la santé s’est livré à une sorte de service après-vente de sa mission flash.

Passé à la question par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, le locataire de l’avenue de Ségur a martelé une nouvelle fois « 30 à 40 % des patients se présentant aux urgences pourraient être pris en charge autrement, en immense majorité par la médecine de ville. Si, demain, on diminue de 40 % les entrées aux urgences, croyez-moi que ça va faire du bien aux urgentistes ! ».

Il a donc plaidé à nouveau pour la solution de la régulation médicale systématique tout en réfutant le terme de tri. « Il faut arrêter avec ce terme qui est tout le temps utilisé et qui fait peur » et plutôt parler « d’accès régulé vers les services d'urgences » (on admirera la nuance sémantique).

Toujours sur les soins non programmés et la permanence des soins, il a estimé que « la pénibilité du travail de nuit, le week-end, ne peut plus reposer que sur le service public » tout en bottant en touche sur le retour de l'obligation de garde pour les libéraux.

La catastrophe n’a pas encore eu lieu

En déplacement à Nantes, le Dr François Braun a affirmé que le système de santé était en train de parvenir à surmonter les difficultés de l’été : « Il n'y a pas de fermetures d'urgences », a-t-il assuré. « Cette régulation n'apporte pas une dégradation des soins comme je peux l'entendre, mais au contraire une meilleure orientation des patients en fonction des besoins » a encore défendu le ministre.

Les confrères de son ancien Syndicat, SAMU-UDF ne semblent pas tout à fait partager son optimisme, alors que 9 services d'urgences sur 10 font face à un manque de personnel selon l’organisation.

« Le plus dur est à venir » prévient dans Les Echos Louis Soulat, patron des urgences du CHU de Rennes et porte-parole du syndicat qui prédit une situation « très compliquée vers la mi-août » en raison d’un taux de fermeture de lits d’hospitalisation exceptionnellement haut de 25 %.

« C'est deux fois plus que les autres années », détaille-t-il, évoquant « l'été le plus difficile jamais connu » en trente ans de service.
Régulation à l’installation : toujours pas tabou, mais une solution de facilité

La commission a aussi interrogé le locataire de l’avenue de Ségur sur la régulation à l’installation ou les délégations de tâches.

L’ancien patron du syndicat SAMU-UDF a de nouveau estimé que les contraintes à l’installation n’étaient pas un « sujet tabou et qu'il ne sera pas tabou dans le cadre des discussions ». Il a néanmoins appelé à « éviter les décisions précipitées » (après des décennies de débat !) et à se méfier « des solutions faciles ».

Les délégations de tâches, qui seront également à l’ordre du jour des discussions de septembre, ne semblent pas, là encore, être tout à fait la tasse de thé du Dr Braun qui a prévenu que toute nouvelle délégation ou transfert de compétences devrait respecter « les règles de la science » pour éviter les « pertes de chance pour les patients ».

En revanche, marchant dans les pas de ses prédécesseurs, François Braun a plaidé pour le développement des assistants médicaux « qui permettent au médecin d’augmenter sa clientèle de 10 % » et a promis de « diminuer les tâches administratives » sans en dire plus sur les moyens pour arriver à ce tour de force.

F.H.

jim.fr


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Les délégations de tâches, qui seront également à l’ordre du jour des discussions de septembre, ne semblent pas, là encore, être tout à fait la tasse de thé du Dr Braun qui a prévenu que toute nouvelle délégation ou transfert de compétences devrait respecter « les règles de la science » pour éviter les « pertes de chance pour les patients ».
Mais que dire quand c'est le médecin qui pêche par incompétence qui est une perte de chance pour le patient ? Cela n'existe peut-être pas pour le rasoir Braun, mais c'est une réalité sur tous les terrains professionnels. Croire ou faire croire à l'omniscience et omnipotence du médecin est au mieux un mensonge, au pire une acceptation de la mise en danger par le phénomène de l'union sacrée médicale. Un médecin ne peut pas se tromper, ne peut pas être mauvais. Jamais...

Quant aux assistants médicaux « qui permettent au médecin d’augmenter sa clientèle de 10 % » , on voit bien la finalité du truc : aux IPA le côté chiant et pénible mais qui les valorisera hypocritement, au médecin 10% de clientèle en plus, donc une rémunération augmentée de concert.
C'est bien fichu quand on y pense.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » dim. août 14, 2022 11:15 am

Sexual Dysfunction, Hair Loss Linked With Long COVID

Marcia Frellick
August 12, 2022

Editor's note: Find the latest COVID-19 news and guidance in Medscape's Coronavirus Resource Center.

Hair loss, reduced sex drive, and erectile dysfunction have joined a list of better-known symptoms linked to long COVID in patients who were not hospitalized, according to findings of a large study.

Anuradhaa Subramanian, PhD, with the Institute of Applied Health Research at the University of Birmingham in the United Kingdom, led the research published online on July 25 in Nature Medicine.

The team analyzed 486,149 adult electronic health records from patients with confirmed COVID in the U.K., compared to 1.9 million people with no prior history of COVID, from January 2020 to April 2021. Researchers matched both groups closely in terms of demographic, social, and clinical traits.
New Symptoms

The team identified 62 symptoms, including the well-known indicators of long COVID, such as fatigue, loss of sense of smell, shortness of breath, and brain fog, but also hair loss, sexual dysfunction, chest pain, fever, loss of control of bowel movements, and limb swelling.

"These differences in symptoms reported between the infected and uninfected groups remained even after we accounted for age, sex, ethnic group, socioeconomic status, body mass index, smoking status, the presence of more than 80 health conditions, and past reporting of the same symptom," Subramanian and co-researcher Shamil Haroon, PhD, wrote in a summary of their research in The Conversation.

They point out that only 20 of the symptoms they found are included in the World Health Organization's clinical case definition for long COVID.

They also found that people more likely to have persistent symptoms 3 months after COVID infection were also more likely to be young, female, smokers, to belong to certain minority ethnic groups, and to have lower socioeconomic status. They were also more likely to be obese and have a wide range of health conditions.

Haroon, an associate clinical professor at the University of Birmingham, says that one reason it appeared that younger people were more likely to get symptoms of long COVID may be that older adults with COVID were more likely to be hospitalized and weren't included in this study.

"Since we only considered non-hospitalized adults, the older adults we included in our study may have been relatively healthier and thus had a lower symptom burden," he says.

Subramania notes that older patients were more likely to report lasting COVID-related symptoms in the study, but when researchers accounted for a wide range of other conditions that patients had before infection (which generally more commonly happen in older adults), they found younger age as a risk factor for long-term COVID-related symptoms.

In the study period, most patients were unvaccinated, and results came before the widespread Delta and Omicron variants.

More than half (56.6%) of the patients infected with the virus that causes COVID had been diagnosed in 2020, and 43.4% in 2021. Less than 5% (4.5%) of the patients infected with the virus and 4.7% of the patients with no recorded evidence of a COVID infection had received at least a single dose of a COVID vaccine before the study started.

Eric Topol, MD, founder and director of the Scripps Research Translational Institute in La Jolla, CA, and editor-in-chief of Medscape (WebMD's sister site for medical professionals), says more studies need to be done to see whether results would be different with vaccination status and evolving variants.

But he notes that this study has several strengths: "The hair loss, libido loss, and ejaculation difficulty are all new symptoms," and the study – large and carefully controlled – shows these issues were among those more likely to occur.

A loss of sense of smell – which is not a new observation – was still the most likely risk shown in the study, followed by hair loss, sneezing, ejaculation difficulty, and reduced sex drive; followed by shortness of breath, fatigue, chest pain associated with breathing difficulties, hoarseness, and fever.
Three Main Clusters of Symptoms

Given the wide range of symptoms, long COVID likely represents a group of conditions, the authors wrote.

They found three main clusters. The largest, with roughly 80% of people with long COVID in the study, faced a broad spectrum of symptoms, ranging from fatigue, to headache, to pain. The second largest group, (15%) mostly had symptoms having to do with mental health and thinking skills, including depression, anxiety, brain fog, and insomnia. The smallest group (5%) had mainly respiratory symptoms such as shortness of breath, coughing, and wheezing.

Putting symptoms in clusters will be important to start understanding what leads to long COVID, says Farha Ikramuddin, MD, a physiatrist and rehabilitation specialist at the University of Minnesota Medical School in Minneapolis.

She says though the symptoms listed in this paper are new in published research, she has certainly been seeing them over time in her long COVID clinic. (The researchers also used only coded health care data, so they were limited in what symptoms they could discover, she notes.)

Ikramuddin says a strength of the paper is its large size, but she also cautioned that it's difficult to determine whether members of the comparison group truly had no COVID infection when the information is taken from their medical records. Often, people test at home or assume they have COVID and don't test, she says, and therefore the information wouldn't be recorded.

Evaluating non-hospitalized patients is also important, she says, as much of the research on long COVID has come from hospitalized patients, so little has been known about the symptoms of those with milder infections.

"Patients who have been hospitalized and have long COVID look very different from the patients who were not hospitalized," Ikramuddin says.

One clear message from the paper, she says, is that listening and asking extensive questions about symptoms are important with patients who have had COVID.

"Counseling has also become very important for our patients in the pandemic," she says.

It will also be important to do studies on returning to work for patients with long COVID to see how many are able to return and at what capacity, Ikramuddin says.

Sources:

Nature Medicine: "Symptoms and risk factors for long COVID in non-hospitalized adults."
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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