Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. avr. 24, 2023 6:15 pm

Publié le 24/04/2023
Devenir IPA : est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

Les infirmières et infirmiers de pratique avancée (IPA) connaissent de nombreuses difficultés, révèle l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) dans une étude publiée le 17 avril dernier.

Augmentation de salaire faible, voire inexistante, temps d’attente très long avant d’exercer leurs nouvelles compétences, offre hiérarchique trop variée… Les infirmières et infirmiers de pratique avancée (IPA), qu’ils ou elles exercent dans le secteur public ou le secteur privé, ne sont pas épargnés par les difficultés, selon une étude réalisée par l’Unipa auprès de 331 praticiens.

Des augmentations de salaire à géométrie variable

L’enquête a séparé les répondants selon qu’ils exercent dans le secteur privé ou le secteur public. Concernant ces derniers, un peu moins de 30 % d’entre eux ont répondu qu’ils avaient connu une baisse de salaire ou une absence d’augmentation par rapport à leur ancien salaire d'infirmier diplômé d'État (IDE). L’augmentation moyenne, quand elle existe, n’est que de 97 euros, la médiane se situant à 50 euros.

Du côté des IPA du secteur privé, les réponses sont extrêmement variées, du fait de « l’absence de statut IPA dans le privé », notent les auteurs du rapport. 10 % des répondants ont indiqué avoir souffert d’une baisse de salaire, et 20 % d’entre eux ont néanmoins affirmé avoir gagné 500 euros par rapport à leur statut précédent. Malgré des disparités très importantes, la moyenne d’augmentation de salaire reste largement au-dessus de celle des IPA du secteur privé, avoisinant les 350 euros.

Un temps d’attente allant jusqu’à neuf mois

Aussi bien dans le public que dans le privé, la grande majorité des répondants ont affirmé avoir attendu de longs mois avant de pouvoir exercer leurs nouvelles compétences. Du côté des IPA publics, 4 répondants ont indiqué ne pas occuper un poste d’IPA malgré leur qualification. Près d’un quart des sondés du secteur public ont également expliqué ne pas avoir eu de poste directement avec leur diplôme, alors même qu’ils étaient financés par une structure publique.

Globalement, le temps d’attente moyen pour ces personnes est de 7,98 mois, avec une médiane à 6 mois. Les raisons invoquées, selon eux, sont le manque d’organisation des structures, les pénuries d’infirmiers « qui incitent les directions à placer les IPA sur des postes IDE » ou tout simplement l’absence de budget pour les créations de postes.

Le tableau n’est pas vraiment plus réjouissant pour les salariés du privé. Le temps d’attente moyen y est de 9,90 mois. Là encore, environ un quart des répondants ont affirmé ne pas avoir trouvé de poste IPA directement après l’obtention de leur diplôme.

Une diversité d’offre hiérarchique

Aussi bien dans le public que dans le privé, les IPA ayant répondu à l’enquête ont fait part d’une diversité hiérarchique conséquente.

Concernant le public, comme le rapportent les auteurs de l’étude, « à l’heure actuelle, il n’existe pas de cadre de hiérarchie clairement défini pour les IPA, chaque structure adopte donc sa propre organisation ». L’offre hiérarchique est donc très variée : IDE de coordination, médecin, cadre de santé, direction des soins… Les écueils semblent essentiellement se concentrer sur les IPA placés sous l’autorité des cadres de proximité. « Une très grande partie des personnes étant dans cette situation ajoutent qu’elles éprouvent des difficultés avec cette organisation, qui semble restreindre leur champ d’action et leurs missions ».

Les IPA du privé connaissent une diversité très similaire en termes de hiérarchie : médecin, cadre de santé, direction des soins, hiérarchie multiple…

En résumé, l’Unipa pose la question, notamment, de la reconnaissance salariale : « comment inciter des infirmiers à se former durant deux années, à endosser de nouvelles responsabilités, tout ceci pour une augmentation quasi inexistante ? », s’interrogent les auteurs du rapport. L’organisation syndicale critique également les « freins réglementaires », ainsi que le protocole d’organisation qui « limite grandement l’activité des IPA ». L’Unipa appelle à la suppression pure et simple de ce dernier.

Enfin, le syndicat fait remarquer, à la lumière des réponses obtenues dans son étude, que « le choix de ne pas établir de modèle hiérarchique clair pour la pratique avancée conduit à un manque de lisibilité et de clarté sur la place des IPA dans les institutions ».

A l’heure où les infirmiers de pratique avancée sont mis en avant pour répondre aux problématiques à la fois de désertification médicale et de manque d’attractivité des carrières infirmières, cette enquête offre un éclairage édifiant.

Raphaël Lichten

_______________________

Publié le 24/04/2023
L’arrêt cardiaque pendant le sport est infiniment plus rare chez les femmes

Alors même que de plus en plus de femmes font du sport, peu d’études ont porté jusqu’alors, sur la survenue d’un arrêt cardiaque (AC) en plein effort dans cette population. C’est pourquoi Weizman et coll. ont tenté de déterminer l’incidence, les caractéristiques et le devenir des AC survenus chez des femmes pendant le sport ou dans l’heure qui a suivi.

Les données, réunies dans ESCAPE-NET 2020 Horizon Program, ont été recueillies à partir de 3 registres européens prospectifs, à savoir : SDEC (Paris-Sudden Death Expertise Center, en France), ARREST (AmsteRdam REsuscitation Studies, en Hollande) et SRCR (Swedish Register for Cardiopulmonary Resuscitation, en Suède).

Sur les 34 826 cas d’AC recensés entre 2006 et 2017, 760 (soit 2,2 %) étaient liés au sport avec 54 femmes concernées.

Dans les 3 registres, chez les femmes, l’incidence annuelle moyenne d’AC lié au sport se situait entre 0,10 et 0,38 par millions de pratiquants. Globalement, l’incidence annuelle moyenne de l’AC lié au sport était de 0,19 par million, soit une incidence plus de 10 fois inférieure à celle observée chez les hommes (2,63 par million) (P < 0,0001).

Incidence plus de 10 fois moindre

Quand on extrapole ces chiffres à l’ensemble de la population européenne, en tenant compte de l’âge et du genre, on dénombre, annuellement, 98 cas d’AC liés au sport chez les femmes contre 1 350 cas chez les hommes

Les caractéristiques propres des sportifs et les circonstances de survenue de l’AC sont semblables chez les femmes et chez les hommes.

Le délai d’intervention d’un témoin (et notamment le temps écoulé avant la défibrillation) et le taux de survie à l’arrivée à l’hôpital (58,8 % vs 58,5 % ; P = 0, 99) et au 30e jour ne différaient pas significativement chez les femmes et chez les hommes.

En conclusion, alors que les caractéristiques propres des sujets sont semblables dans les 2 genres, le risque de survenue d’un AC lors du sport est spectaculairement plus faible chez les femmes que chez les hommes.

Dr Robert Haïat
Références
Weizman O et coll. : Incidence of Cardiac Arrest During Sports Among Women in the European Union. J Am Coll Cardiol 2023 ; 81 : 1021-1031.
doi.org/10.1016/j.jacc.2023.01.015


_____________________


Publié le 24/04/2023
Etats-Unis : La Cour Suprême réautorise la mifépristone

La Cour Suprême a levé toutes les restrictions concernant la distribution de la pilule abortive, mais n’a pas mis fin à la bataille judiciaire.

La guerre pour le droit à l’avortement continue aux Etats-Unis. Dans cette guerre, les « pro-choix », qui s’opposent aux « pro-vie », ont remporté une importante bataille ce vendredi : la Cour Suprême des Etats-Unis, plus haute juridiction du pays, a confirmé l’autorisation de mise sur le marché de la mifépristone (aussi connue sous le nom de RU 486), la pilule abortive utilisée avec le misoprostol pour réaliser des IVG médicamenteuses. Les neufs juges de Washington ont décidé de lever toutes les restrictions décidées par des juridictions inférieures : la mifépristone est donc de nouveau accessible sans rendez-vous médical préalable, par correspondance et jusqu’à dix semaines de grossesse.

La bataille de la mifépristone a commencé en février dernier, lorsqu’un groupe de médecins conservateurs pro-vie a saisi la justice pour faire interdire ce médicament utilisé lors de 53 % des IVG aux Etats-Unis et par plus de 5,6 millions d’Américaines depuis son autorisation en 2000 par la Food and Drug Administration (FDA, l’agence du médicament américaine). Ces militants anti-avortement avaient obtenu gain de cause le 7 avril, lorsque Matthew Kacsmaryk, un juge fédéral ultra-conservateur du Texas, a prononcé le retrait de l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament. Bien qu’il existe un consensus scientifique pour constater que la mifépristone est sans danger, le magistrat avait conclu que la FDA avait cédé à « d’intenses pressions politiques pour renoncer à ses précautions de sécurité afin de promouvoir l’objectif politique d’élargir l’accès à l’avortement ». Bizarrerie du droit américain, cette décision prise par un juge seul s’imposait en principe à l’ensemble des Etats-Unis.

La bataille judiciaire loin d’être terminée

Cinq jours plus tard, le 12 avril, la cour fédérale d’appel de la Nouvelle-Orléans a en partie annulé la décision du juge Kacsmaryk. Elle a en effet de nouveau autorisé la mifépristone, mais sous certaines restrictions : les femmes américaines ne pouvaient désormais l’obtenir qu’en main propre (et non plus par correspondance), après avoir consulté trois fois leur médecin et seulement pendant les sept premières semaines de grossesse (et non plus dix). Pour rajouter à la confusion, un juge fédéral de l’Etat de Washington, progressiste cette fois, avait dans le même temps ordonné à 16 Etats de ne pas appliquer la décision du juge Kacsmaryk.

La décision de la Cour Suprême de ce vendredi réautorisant totalement la mifépristone a donc mis fin à l’imbroglio judiciaire qui régnait dans le pays, mais pas à la bataille judiciaire autour de ce médicament. En effet, il ne s’agissait qu’une décision provisoire et l’affaire doit désormais être de nouveau examinée au fond par la cour fédérale d’appel de la Nouvelle-Orléans à compter du 17 mai. Tout porte à croire que la question de la légalité de la mifépristone sera donc de nouveau examinée par la Cour Suprême dans les prochains mois.

L’avortement totalement interdit dans 13 Etats

Le verdict de la Cour de Washington a été accueilli avec soulagement par les partisans du droit à l’avortement et notamment par le premier d’entre eux, le président Joe Biden. « Je continue de m’en tenir à l’approbation de la mifépristone de la FDA, qui est basée sur la science et mon gouvernement continuera de défendre l’indépendance de la FDA et son autorité dans l’examen, l’approbation et la régulation des médicaments » a déclaré le chef de l’Etat en réaction à la décision de la Cour Suprême. « Dès demain matin, les patientes pourront de nouveau accéder aux soins dont elles ont besoins et c’est tout ce qui compte aujourd’hui » a commenté le Dr Krystin Brandi, gynécologue et militante pour l’avortement. A l’inverse, le groupe de médecins pro-vie qui a initié cette bataille judiciaire se dit certes déçu mais prêt à continuer le combat : « nous espérons que la FDA finira par rendre des comptes pour tous les dommages qu’elle a causés à un nombre incalculable de femmes et de jeunes filles ».

La décision de vendredi était la première que la Cour Suprême rendait depuis son très controversé arrêt Dobbs du 24 juin dernier, par lequel elle a mis fin à la protection constitutionnel du droit à l’avortement, garanti depuis 50 ans et a redonné aux Etats le droit de légiférer sur l’avortement. Depuis, 13 Etats ont totalement interdit l’avortement, qu’il soit chirurgical ou médicamenteux.

Nicolas Barbet

____________


Publié le 21/04/2023
Arrêt cardiaque en cours d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque, un pour mille

On dispose de peu de données concernant la prévalence, les caractéristiques, et le devenir des arrêts cardiaques (AC) survenus en cours d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (IC).

Chouairi et coll. ont, dans un premier temps, identifié, à partir d’une base nationale de données (the National Inpatient Sample) toutes les hospitalisations pour IC entre 2016 et 2019. Puis, ils ont dénombré, les patients victimes d’un AC lors de ces hospitalisations. Ainsi, ils ont répertorié 4 905 564 hospitalisations pour IC au cours desquelles, 56 170 (1,1 %) patients ont présenté un AC.

L’analyse de régression logistique multivariée montre que les hospitalisations pour IC compliquées d’AC concernaient significativement davantage des patients de sexe masculin ayant une maladie coronaire et une altération de la fonction rénale ; par ailleurs les Blancs étaient moins représentés (tous p < 0,001).

Facteurs de risque : moins de 65 ans, maladie coronaire et insuffisance rénale

Chez les patients hospitalisés pour IC, certains facteurs étaient le plus fortement associés à la survenue d’un AC : âge < 65 ans (odds ratio [OR] 1,18 ; p < 0,001) ; altération de la fonction rénale (OR 2,41 ; p < 0,001) ; maladie coronaire (OR 1,26 ; p < 0,001).

En revanche, le genre féminin (OR 0,84 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 0,83 à 0,86 ; p < 0,001) et l’IC à fraction d’éjection ventriculaire gauche préservée (OR 0,49 ; IC 95 % : 0,48 à 0,50 ; p <0,001) avaient significativement « moins de chance » d’être associées à la survenue d’un AC.

Les patients en IC ayant présenté un AC étaient exposés à une mortalité significativement plus élevée qu’en l’absence d’AC (54,2 % vs 2,1 % ; p < 0,001) ; cette augmentation du taux de mortalité a persisté après ajustement multivarié (OR 64,8 ; IC 95 % : 63,5 à 66,0 ; p < 0,001).

En conclusion, chez les patients hospitalisés pour IC, un AC survient chez un peu plus de 1 pour 1 000 patients ; il s’agit là d’un événement grave, associé à une forte mortalité.

Dr Robert Haïat
Référence
Chouairi F et coll. : Trends and Outcomes in Cardiac Arrest Among Heart Failure Admissions. Am J Cardiol 2023 ; 194:93-101. doi: 10.1016/j.amjcard.2023.01.012.



jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. avr. 25, 2023 7:50 pm

Publié le 25/04/2023
Encadrement de l’intérim : toujours le bras de fer

Malgré les grandes difficultés que traversent certains hôpitaux, François Braun maintien le cap sur l’application de la loi Rist.

C’est un combat presque personnel que semble avoir engagé le Dr François Braun, un combat pour « remettre un peu de morale et de rémunération éthique dans le système de santé » selon ses termes. En décidant d’appliquer à compter du 3 avril dernier, deux ans après son adoption, la loi Rist qui plafonne la rémunération des médecins intérimaires à 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures (alors même que son prédécesseur Olivier Véran y avait renoncé), le ministre de la Santé s’est mis à dos les médecins intérimaires et a fortement perturbé le fonctionnement d’un grand nombre de services hospitaliers déjà en difficulté. Mais il ne semble pas prêt à reculer.

Une bataille de chiffres s’est ainsi engagée entre le ministère de la Santé et le principal opposant à la réforme, le syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers (SNMRH), qui estime que la nouvelle rémunération maximale proposée aux intérimaires est insuffisante. Après avoir estimé, le 15 avril, que 50 services hospitaliers avaient dû fermer totalement ou partiellement faute d’intérimaires et que 20 étaient en difficulté à travers la France, le syndicat a publié ce lundi une liste de 365 services « fermés ou ayant été fermés totalement ou partiellement » ou « perturbés avec une réduction significative d’activités ». Si la crise ne touchait pour le moment que des centres hospitaliers de villes moyennes, le SNMRH évoque désormais des fermetures de service dans les CHU.

Les Urgences fortement perturbées

Mais le ministère dément formellement cette vision catastrophiste de la situation et accuse à demi-mot le SNMRH de faire de la désinformation pour tenter de plomber la réforme de l’intérim. Selon le cabinet du Dr Braun, « il est matériellement impossible d’établir une cartographie précise et durable », tout simplement « parce que la situation change au jour le jour, contrairement à ce que dit le SNMRH » et considère que la carte des hôpitaux en difficulté élaboré par le syndicat est « un mythe ». Evoquant notamment le cas des urgences du CHU de Grenoble, où les syndicats ont récemment saisi le procureur de la République pour mise en danger de la santé des patients, le ministère explique que ce service connaissait des difficultés majeures bien avant l’entrée en vigueur de la loi Rist.

S’il est donc difficile de se fier aux informations forcément partisanes du ministère de la santé et du SNMRH, il suffit de lire la presse régionale pour constater qu’un grand nombre de services à travers la France connaissent de très grandes difficultés depuis que les médecins intérimaires refusent de venir travailler chez eux. Ce sont les services d’urgences, que le Président de la République a pourtant promis de désengorger d’ici la fin de l’année 2024, qui sont le plus touchés : fermeture la nuit jusqu’au 1er mai à Pontivy dans le Morbihan, fermeture totale à Confolens en Charente le 21 avril, idem aux Sables-d’Olonne en Vendée le 23 avril, accueil en mode dégradé à Aulnay-Sous-Bois (seul les patients transportés par les services de secours sont admis), pour ne citer que quelques services d’urgences dont le fonctionnement est très perturbé depuis le 3 avril.

Les contrats de type 2, un contournement de la loi Rist ?

Pour tenter d’assurer tant bien que mal la continuité du service, de plus en plus d’hôpitaux décident d’avoir recours à des contrats de type 2. Ces contrats peuvent être signés avec l’autorisation des agences régionales de Santé (ARS) en cas de « difficultés particulières de recrutement ou d’exercice des praticiens, pour une activité nécessaire au maintien d’une offre de soins sur un territoire donné ». Ces contrats permettent de dépasser le plafond fixé par la loi Rist, puisqu’un PH en contrat de type 2 peut être rémunéré jusqu’à 1 800 euros brut la garde, avec un plafond de salaire annuel de 119 130 euros brut, là où un PH titulaire en milieu de carrière gagne environ 85 000 euros.

Cette « épidémie de contrats de type 2 » selon les termes du Dr Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale Actions praticiens hôpital (APH), agace un grand nombre de médecins hospitaliers. D’autant plus qu’alors que ces contrats sont censés être signés pour une durée relativement longue (trois ans maximum), de plus en plus d’hôpitaux y aurait désormais recours pour des périodes de quelques mois voire moins, ce qui s’assimile à un contournement de la loi Rist. Le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHARE) dénonce ainsi une « ubérisation des carrières hospitalières ».

Améliorer l’attractivité de la carrière de PH

Du coté des hôpitaux et des ARS qui ont recours à ces contrats, on explique cependant que ces dispositifs sont tout à fait règlementaires et surtout que certains établissements n’ont pas vraiment le choix s’ils ne veulent pas fermer des services vitaux. Sans rejeter en bloc le recours à ce type de contrats attractifs, la Fédération Hospitalière de France (FHF) et le syndicat des managers publics de santé (SMPS) demandent tous deux une clarification sur les conditions de passation de ces contrats. « Certaines ARS laissent signer des contrats au-delà du plafond et sans règles claires » constate le SMPS.

L’entrée en vigueur de la loi Rist et les difficultés rencontrés par les hôpitaux auront en tout cas permis de mettre une nouvelle fois en lumière la nécessité d’améliorer l’attractivité de la carrière de PH. APH demande ainsi une revalorisation de 20 % de la rémunération des PH titulaire « plutôt que de courir après les conséquences de la perte d’attractivité ». Le ministère de la Santé a récemment dévoilé son calendrier pour la tenue, tout au long de l’été, d’une « grande » négociation avec les syndicats pour « répondre aux enjeux d’attractivité et de fidélisation des praticiens ».

Nicolas Barbet
jim.fr


On se demande d'où sort l'argent ? Pour le personnel soignant (saignant ?) il devra se contenter du Ségur...

____________________

Publié le 25/04/2023
Antécédent de Covid-19 avec Alpha, Beta, Delta : quelle protection vis-à-vis d’Omicron ?

Au 1er janvier 2023, la pandémie de la Covid-19 avait entraîné depuis le 4 janvier 2020, selon les estimations, 17,2 millions de décès (6,88 millions de décès déclarés) et environ 7,6 milliards d'infections et de réinfections [1, 2]. Une grande partie de ces infections sont survenues après le 14 novembre 2022 ; on estime que 3 à 8 milliards de personnes, soit 46 % de la population mondiale, ont été infectées par le variant omicron et/ou ses sous-lignées [3].

Les variants préoccupants (OMS-VOC) du SARS-CoV-2 sont apparus fin 2020 et font l’objet d’une dénomination internationale, définie par l’OMS et basée sur l’alphabet grec. Le variant Alpha s’est rapidement propagé en France après son introduction fin 2020 et est devenu majoritaire en mars 2021. Les variants Beta et Gamma ont également circulé au premier semestre 2021, de manière toutefois moindre. Le variant Delta est apparu en mai 2021 et a rapidement remplacé les précédents variants ; il est devenu majoritaire en France en juillet 2021. Le variant Omicron est le dernier VOC apparu, fin novembre 2021 avec une diffusion croissante ; il est majoritaire aujourd’hui (environ 98 % des cas en France).

Les responsables politiques étant de plus en plus réticents à l'idée d'imposer des distanciations physiques strictes et le port obligatoire du masque, l’impact santé de la Covid-19 dépend et dépendra en grande partie du niveau et de l’efficacité de la couverture vaccinale, du rôle des antiviraux dans la prévention des hospitalisations et des décès dus à la Covid-19, ainsi que de la transmissibilité et de la gravité des variants en circulation [4] ; elle dépendra aussi du niveau de protection lié à des infections virales antérieures contre des réinfections. Il est important de connaître la durée de l’immunité au fil du temps et la manière dont cette immunité varie en fonction des virus variants infectants [5].
Comprendre les caractéristiques de la protection conférée par une infection « naturelle » par les variants pré-omicron

Il est donc essentiel de comprendre le niveau et les caractéristiques de la protection conférée par une infection antérieure par le SARS-CoV-2 contre une réinfection ultérieure, vis à vis de la maladie symptomatique Covid-19 et des formes graves, cela pour prédire la charge de morbidité potentielle future, pour concevoir des politiques visant à recommander ou imposer le port du masque, à restreindre les voyages ou l'accès aux lieux où le risque de transmission est élevé, et pour éclairer les choix concernant le moment où les doses de vaccin doivent être administrées.

La prise en compte d’une infection antérieure dans les stratégies de lutte contre la COVID-19 a varié selon les Etats. Par exemple, le certificat Covid de l'Union européenne permet aux personnes dont l'infection a été documentée au cours des 180 derniers jours de bénéficier du certificat au même titre que les sujets correctement vaccinés [6]. En revanche la réglementation américaine exige des non-citoyens qu'ils soient entièrement vaccinés pour se rendre aux États-Unis ; les non-citoyens non vaccinés, même si une lnfection a été officiellement documentée par le passé ne peuvent pas entrer dans le pays [7].

Depuis janvier 2021, plusieurs études ont documenté l'efficacité d'une infection antérieure par le SARS-CoV-2 et ses variants vis-à-vis du risque de réinfection, et l’évolution de l'immunité avec le temps [5]. Ces études varient en termes de période sur laquelle la protection est évaluée, et cible le variant viral pour lequel le risque de réinfection est évalué. Des revues systématiques et des méta-analyses ont aussi été réalisées sur les risques de réinfection [8] ; cependant, à ce jour, aucune étude n'avait évalué de manière exhaustive le niveau de protection conféré par une infection virale, avec une stratification selon le variant SARS-CoV-2 en cause, et peut être plus important encore la durée dans le temps de l’immunité liée à cette infection.

Une méta-analyse de 65 études

Une récente étude conduite aux Etats Unis, publiée en mars 2023 dans The Lancet a eu pour objectif d’analyser systématiquement tous les travaux disponibles afin d'estimer la protection conférée par une infection passée en fonction du variant viral et, lorsque les données le permettaient, du temps écoulé depuis l’infection [9]. Nous en présentons les principaux résultats.

Il s’agit donc d’une revue systématique d’articles et de méta-analyses portant sur la réduction du risque de la Covid-19 chez les personnes ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2, par comparaison à celles qui n'avaient pas été infectées auparavant.

La réinfection a été définie par les caractéristiques suivantes : un test PCR SARS-CoV-2 positif ou un test rapide à l'antigène (RAT) plus de 90 jours (ou dans certaines études 120 jours) après un test PCR ou RAT précédemment positif ; deux tests PCR ou RAT positifs séparés par quatre tests PCR négatifs consécutifs ; ou un test PCR ou RAT positif chez une personne ayant un test IgG anti-spike SARS-CoV-2 positif.

La réinfection symptomatique a été définie comme une réinfection par le SARS-CoV-2 entraînant l'apparition de symptômes pouvant inclure, sans s'y limiter, de la fièvre, une toux, un essoufflement, des frissons, des douleurs musculaires, une nouvelle perte du goût ou de l'odorat, des maux de gorge, de la diarrhée et des vomissements. La réinfection sévère est définie comme une réinfection par le SARS-CoV-2 qui a entraîné une hospitalisation ou un décès.

Toute étude présentant des résultats sur l'effet protecteur de l'immunité naturelle liée à la maladie Covid-19 chez des personnes non vaccinées par rapport à des personnes non vaccinées et naïves vis-à-vis de Covid-19 a été incluse dans notre analyse. Toute étude ne comportant que des résultats relatifs à l'efficacité protectrice de l'immunité naturelle associée à la vaccination (c'est-à-dire l'immunité hybride) a été exclue de l'analyse.

Des études de cohortes rétrospectives et prospectives, des études cas (maladie) -témoins (test-négatif) publiées depuis le début le début de la pandémie et jusqu’au 31 septembre 2022, ont été extraites de la littérature scientifique, puis examinées. Une méta-analyse de l'efficacité de l'infection antérieure en fonction du résultat (infection, maladie symptomatique et maladie grave), du variant viral et du temps écoulé depuis l’infection a été effectuée. Une méta-régression bayésienne a permis de valider les estimations de la protection. Le risque de partialité a été évalué à l'aide des outils d'évaluation de la qualité des National Institutes of Health. L'examen systématique était conforme à PRISMA et a été enregistré auprès de PROSPERO (numéro CRD42022303850).

Faible protection vis-à-vis d’une réinfection par omicron

Soixante-cinq études provenant de 19 pays différents, dont la France, ont été analysées. Les méta-analyses ont montré que la protection liée aux infections passées par les variants pré omicron (alpha, bêta et delta) était élevée en cas de réinfection par ces mêmes variants, de 90 % pour le variant Alpha (intervalle de confiance à 95 % IC 54,8-98,4), de 85,7 % pour le variant Beta (IC 83,4-87,7), de 82 % (IC 63,5-91,9) pour le variant Delta. La protection contre la maladie COVID-19 symptomatique allait de de 82 à 87 % selon ces trois variants.

Par contre la protection était nettement plus faible en cas de réinfection par le variant omicron BA.1. Elle était de 45,3 % (IC 17,3-76,1), et de 44,0 % (26,5-65,0) contre la maladie symptomatique liée à ce variant. A A noter que l'efficacité contre les formes graves de la maladie (hospitalisation et décès) était très élevée pour tous les variants, y compris le variant omicron BA.1 (Delta 97,2 %-Beta 88 %-Omicron BA-1 81.9 %-Alpha 79,6 %, sans différence significative).

La protection contre la réinfection par les variants alpha et delta a diminué avec le temps mais est restée élevée à 78,6 % (49,8-93,6) à 40 semaines. La protection contre la réinfection par le variant omicron BA.1 a diminué plus rapidement et a été estimée à 36,1 % (24,4-51,3) à 40 semaines. En revanche, la protection contre les formes graves de la Covid-19 est restée élevée pour tous les variants, avec 90,2 % (69,7-97,5) pour les variants alpha et delta, et 88 % (84,7-90,9) pour le variant omicron BA.1 à 40 semaines.

Bien que la protection conférée par une infection passée s'estompe avec le temps, le niveau de protection contre la réinfection, la maladie symptomatique et la maladie grave semble être au moins aussi durable, sinon plus, que celui fourni par une vaccination à deux doses avec les vaccins ARNm pour les variants alpha, delta et omicron de BA.1, ce qui ressort également d'études comparant directement l'immunité naturelle à la protection induite par le vaccin [10].
Les niveaux de protection contre les formes graves restent élevés (comme avec une vaccination) quel que soit le variant impliqué dans la réinfection

Cette étude fournit une analyse complète des travaux portant sur la protection liée à une infection antérieure par le SARS-CoV-2 contre une réinfection virale, avec une analyse selon les variants en cause ; elle évalue aussi l'affaiblissement de l'immunité en fonction du temps écoulé depuis la primo-infection.

Les résultats montrent des niveaux élevés de protection contre la réinfection par les variants Alpha Beta et Delta ; l’étude a révélé une protection significativement réduite contre la réinfection par le variant omicron BA.1, ce qui met en évidence les caractéristiques d'échappement immunitaire élevé de ce variant. Cependant, les niveaux de protection contre les maladies graves sont restés élevés quel que soit le variant impliqué dans la réinfection.

Les auteurs suggèrent que le niveau de protection offert par une infection antérieure est au moins aussi élevé, sinon plus élevé, que celui offert par une vaccination en deux doses utilisant des vaccins ARNm (Moderna et Pfizer-BioNTech).

Cette constatation a également des implications importantes pour la conception de politiques de lutte contre la Covid-19. Elle conforte l'idée que les personnes dont l'infection antérieure est avérée devraient être traitées de la même manière que celles qui ont été complètement vaccinées avec des vaccins ARNm. Cette mesure a été mise en œuvre, par exemple, dans le cadre du certificat Covid de l'UE, mais pas dans des pays comme les États-Unis [6,7] .

Cette étude concerne la protection liée à une « primo infection » par les variants Alpha Beta et Delta. Le manque de données sur la protection conférée par une infection antérieure par le variant omicron BA.1 et ses sous-lignées (BA.2, BA.4 et BA.5) souligne l'importance d'une évaluation continue, en particulier si l'on considère qu'environ 46 % de la population mondiale a été infectée par le variant omicron entre le 15 novembre 2021 et le 1er juin 2022.

Pr Dominique Baudon
Références

[1] IHME. COVID-19 projections. https://covid19.healthdata.org/ (accessed Feb 10, 2023).
[2] Pandémie de Covid-19 au 1er janvier 2023, comment va le monde ? https://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/ pandemie_de_covid_19_au_1er_janvier_2023_comment_va_le_monde__196454/ document_actu_med.phtml.
[3] Reiner RC Jr, Collins JK, Forecasting Team C-19, Murray CJL. Forecasting the trajectory of the COVID-19 pandemic under plausible variant and intervention scenarios: a global modelling study. Rochester, NY: Social Science Research Network, 2022.
[4] Ge Y, Zhang W-B, Wu X, et al. Untangling the changing impact of non-pharmaceutical interventions and vaccination on European COVID-19 trajectories. Nat Commun 2022; 13: 3106.[5] Chemaitelly H, Nagelkerke N, Ayoub HH, et al. Duration of immune protection of SARS-CoV-2 natural infection against reinfection. J Travel Med 2022; 29: taac109.
[6] European Commission. EU Digital COVID Certificate. June 2, 2022. https://ec.europa.eu/info/live-work-tra ... -response/ safe-covid-19-vaccines-europeans/eu-digital-covid-certificate_en (accessed June 2, 2022).
[7] Centers for Disease Control and Prevention. COVID-19 and travel. June 2, 2022. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/travelers/ proof-of-vaccination.html (accessed June 2, 2022).[8] Breathnach AS, Riley PA, Cotter MP, Houston AC, Habibi MS, Planche TD. Prior COVID-19 significantly reduces the risk of subsequent infection, but reinfections are seen after eight months. J Infect 2021; 82: e11–12.
[9] COVID-19 Forecasting Team. Correspondant Dr Stephen S Lim, Institute for Health Metrics and Evaluation, Seattle, WA 98195, USA. Past SARS-CoV-2 infection protection against re-infection : a systematic review and meta-analysis. www.thelancet.com Vol 401 March 11, 2023 - Lancet 2023; 401: 833–42 https://doi.org/10.1016/ S0140-6736(22)02465-5
[10] Chemaitelly H, Ayoub HH, AlMukdad S, et al. Protection of prior natural infection compared to mRNA vaccination against SARS-CoV-2 infection and severe COVID-19 in Qatar. Epidemiology 2022; publication le 18 mars. DOI:10.1101/2022. 03.17.22272529.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » dim. avr. 30, 2023 5:00 pm

Publié le 20/04/2023
Grenoble : les urgences s’enfoncent dans la crise

Les urgences du CHU de Grenoble tournent à flux tendu en raison d’un manque d’effectifs et de la disparition des intérimaires, créant un conflit ouvert entre les médecins et la direction.

Le 12 avril dernier, un homme de 91 ans est décédé aux urgences du CHU de Grenoble. Son pronostic vital n’était pourtant pas engagé lorsqu’il a été admis trois jours avant, pour un état de confusion aigu. Mais après 72 heures d’attente sur un brancard, le nonagénaire est finalement mort dans les couloirs des urgences. « Cet homme est mort seul dans une salle sans fenêtres et sans pouvoir revoir sa famille » s’indigne un médecin. « Depuis la Covid, l’encombrement est tel qu’on n’accepte plus les proches. En apprenant le décès, la famille nous a traités de salauds. C’est raide mais on comprend. On est maltraitant malgré nous ».

Ce décès d’un patient après une attente interminable aux urgences, faute de lit d’aval disponible, révulse d’autant plus le personnel des urgences qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. En décembre dernier, une femme de 47 ans en attente d’un lit en psychiatrie a été retrouvée morte dans les toilettes et un autre drame similaire est survenu en début d’année. Au cours du « no dead challenge », le syndicat SAMU Urgences de France avait recensé au moins 43 morts inattendus dans les services d’urgence du pays en décembre et janvier dernier.

Ce drame n’est qu’un nouveau symptôme de la situation dramatique dans laquelle sont plongées les urgences du CHU de Grenoble depuis près d’un an, qui illustre les grandes difficultés que rencontrent ces services et plus globalement l’hôpital public en France. Le problème est connu : un manque chronique de personnel qui conduit à la fermeture de lits. Selon les représentants de la CGT, il manque au sein de l’hôpital 120 infirmières et une quarantaine d’aides-soignantes. Les urgences ne comptent que 29 médecins à temps plein, là où il en faudrait 52. Tout cela alors que la demande de soins augmente, en raison de la baisse de l’offre dans la région (désertification médicale, fermeture de petits établissements…) et de la fermeture des lits d’aval (près de 200 en trois ans selon les syndicats). Selon un cercle vicieux bien connu, le manque d’effectifs détériore les conditions de travail, incitant d’autres médecins à prendre le départ : quinze praticiens ont quitté le CHU de Grenoble l’an dernier.

L’encadrement de l’intérim, la goutte d’eau qui fait déborder les urgences

Cela fait désormais dix mois et une première manifestation organisée le 7 juin dernier que syndicats et professionnels de santé tentent d’alerter sur la situation dramatique du service des urgences. Après la mort de la patiente atteinte de troubles psychiatriques en décembre, l’ensemble du personnel s’est mis en grève illimitée. « On ne travaille plus que sur réquisition » explique le Dr Stéphanie Bernard. « On signale aussi désormais systématiquement les évènements indésirables : les décès mais aussi tous les séjours de plus de vingt-quatre heures aux urgences ».

L’entrée en vigueur du plafonnement de la rémunération des intérimaires le 3 avril dernier a été la goutte d’eau, plongeant l’unité dans un marasme profond. « Depuis le 3 avril, les intérimaires refusent de venir » explique un praticien. « Grâce à leur renfort, on pouvait jusque-là être trois médecins de garde après minuit. C’est un minimum vu l’engorgement du service. Outre les entrées qui sont filtrées, on a chaque nuit entre 60 et 87 patients en attente d’hospitalisation à surveiller, dont une vingtaine de cas psychiatriques. A deux médecins, c’est intenable ».

Le 4 avril, les syndicats ont donc opéré un signalement auprès du procureur de la République pour « mise en danger de la santé de la population et du personnel par les pouvoirs publics ». Une action plus que symbolique puisque le parquet de Grenoble a d’ores et déjà annoncé que cette plainte serait classée sans suite. Autre acte symbolique, le 11 avril, les urgentistes ont décidé d’installer neuf patients attendant depuis plus de vingt-quatre heures aux urgences dans le couloir central de l’hôpital pour « rendre visible l’invisible » (avec l’accord des intéressés). « On a transformé le hall d’accueil en Zadh, zone d’attente d’hospitalisation » sourit une urgentiste.

Vers une grève déguisée la semaine prochaine ?

Les soignants et la direction du CHU, qui n’a que très peu apprécié cette initiative, sont désormais en conflit ouvert. Cette dernière a ainsi adressé un courrier aux urgentistes leur expliquant que leur responsabilité pourrait être engagée en cas de transfert de patients dans une « zone publique hors soin » et a sommé les infirmières du service de déplacer à nouveau les neuf patients. « La direction nous a traité de terroristes » s’indigne une urgentiste.

La réunion de concertation entre la direction et les urgentistes jeudi dernier n’a pas permis d’apaiser les tensions. Les médecins en sont sortis très déçus. « Leur seule proposition pour désengorger les urgences, c’est de déprogrammer des patients des étages, mais on ne veut pas de cela, ce n’est pas dans l’intérêt des patients, ce qu’on veut c’est qu’ils recrutent pour pouvoir rouvrir des lits » regrette le Dr Louise Cavat.

Les soignants sont plus que pessimistes sur la suite des évènements. « Tous les urgentistes valident aujourd’hui les critères de burn-out, il va y avoir des arrêts et des démissions » commente le Dr Bernard. « En mai, on va perdre 10 internes sur 18, si on veut éviter la catastrophe cet été, soit on obtient du renfort des spécialistes des étages, soit il nous faudra des intérimaires » s’inquiète le Dr Cavat. Alors, pour mettre la direction devant ses responsabilités, les urgentistes hésitent à sortir l’arme ultime : des arrêts de travail collectifs, dès la semaine prochaine.

Grégoire Griffard

_____________________

Publié le 21/04/2023
Origine du SARS-Cov-2 : l’accident de laboratoire fortement évoqué à l’Académie de Médecine

L’Académie de Médecine a organisé une conférence semblant favorable à la théorie selon laquelle la pandémie de Covid-19 a été provoquée par un accident de laboratoire.

En 2020, alors que la pandémie de Covid-19 plongeait le monde dans une crise sans précédent, déclarer publiquement que le SARS-Cov-2 s’était échappé d’un laboratoire (plus précisément du laboratoire P4 de Wuhan en Chine) vous valait d’être traité au mieux de fou, au pire de complotiste admirateur de Donald Trump. Tous les scientifiques sérieux s’accordaient pour dire (publiquement en tout cas) que le SARS-Cov-2 était apparu naturellement, qu’il avait été transmis de la chauve-souris à l’homme via un animal intermédiaire et que la thèse de l’accident de laboratoire n’était qu’une théorie du complot créée pour discréditer la Chine.

Trois ans plus tard, les choses ont radicalement changé. De plus en plus de scientifiques considèrent que la possibilité que la pandémie de Covid-19 ait été déclenchée par un accident de laboratoire est sérieuse, alors même que l’hypothétique origine naturelle du virus n’a pas été trouvée. Aux Etats-Unis, la question a pris un tournant politique, le FBI et le ministère de l’Energie défendant désormais officiellement la théorie de l’accident de laboratoire, tandis que les républicains accusent les démocrates d’essayer de cacher la vérité au grand public. En France en revanche, la question est rarement débattue publiquement (peut-être du fait que le fameux laboratoire P4 de Wuhan accusé d’être à l’origine de la pandémie a été mis en œuvre en collaboration avec des chercheurs français). En 2021, le gouvernement a déclaré ne pas vouloir « politiser le sujet de l’origine du virus ».

Le mystère du site de clivage de la furine

La tenue ce mardi à l’Académie de Médecine d’une séance consacrée à la théorie de l’accident de laboratoire (sans pour autant la confirmer) est donc un évènement inédit pour la communauté scientifique française, marquant tout le chemin parcouru par cette thèse au départ jugée complotiste. Intitulée « De l’origine du Sars-Cov-2 à la virologie/biologie dangereuse », cette conférence a été l’occasion de présenter les différents éléments appuyant l’hypothèse selon laquelle le SARS-Cov-2 ait été créé en laboratoire, possiblement via des expériences dits de gain de fonction, consistant à augmenter artificiellement la pathogénicité d’un virus.

L’intervention de Marc Eloit a particulièrement marqué les esprits. Se qualifiant lui-même de « pécheur de virus », ce virologue de l’Institut Pasteur a expliqué comment lui et son équipe étaient partis au Laos en 2021 sur les traces de l’origine du virus. Pourquoi au Laos et pas en Chine ? Tout simplement parce que Pékin a interdit toute enquête internationale sur l’origine du virus sur son territoire.

Au Laos, Marc Eloit a ainsi découvert chez la chauve-souris un virus, qu’il a appelé Banal-52, similaire à 97 % au SARS-Cov-2. Principale différence entre les deux virus : le Banal-52 ne présente pas de site de clivage à la furine, une particularité qui explique la très grande contagiosité du SARS-Cov-2 chez l’homme. Or, en réalisant plusieurs passages du Banal-52 chez des souris génétiquement modifiés ayant des récepteurs cellulaires proches de ceux des hommes, Marc Eloit a semble-t-il démontré que ce site furine n’a pas pu apparaitre naturellement.

Le danger des expériences de gain de fonction

Si c’est un simple doute que Marc Eloit a exprimé, son collègue Patrick Berche s’est voulu beaucoup plus direct. Pour l’ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille, tout porte à croire que le virus s’est échappé d’un laboratoire, à commencer par les incohérences de la thèse de l’origine naturelle. En effet, si le virus était né dans la nature, l’épidémie serait apparue progressivement, en plusieurs foyers dispersés et non pas uniquement à Wuhan à proximité du laboratoire P4. « Si des animaux vendus sur le marché de Wuhan ont été porteurs du virus, comment-ils ont pu transiter sur des centaines de kilomètres sans faire aucun cas ailleurs ? » s’interroge le chercheur. Patrick Berche a conclu son intervention en évoquant une information révélée en 2021 par un groupe de scientifiques indépendant, le Drastic, mais passé inaperçu : avant la pandémie, le laboratoire P4 de Wuhan procédait bien à des expériences de gain de fonction, le projet Defuse, consistant à insérer des sites furine dans des virus de chauve-souris.

Si l’Académie de Médecine n’a pas pris ouvertement position pour l’une ou l’autre des hypothèses en organisant cette conférence, le but était notamment de mettre en lumière un point souvent ignorée par la communauté scientifique française, à savoir le risque présenté par les laboratoires de haute sécurité et les expériences de gain de fonction. Le virologue Simon Wain-Hobson a d’ailleurs clairement demandé l’interdiction de ces expériences, qu’il juge bien trop dangereuses. « La promesse de pouvoir prédire la souche responsable de la prochaine pandémie et ainsi de prévoir un vaccin ou un traitement, c’est du pipeau » lance le virologue.

« Il faut former nos jeunes chercheurs à ces questions de responsabilité de leurs activités de recherche » explique pour sa part la virologue Christine Rouzioux, qui estime qu’on a en France « énormément de mal à lancer des formations dans les écoles doctorales » sur le sujet de l’utilisation de travaux de recherche comme armes biologiques. Loin de s’estomper, le risque est plutôt en augmentation dans le monde. Depuis 2020, les laboratoires P3 et P4 manipulant des pathogènes hautement dangereux se sont multipliés dans le monde, y compris dans des pays ne présentant pas a priori pas toutes les conditions de sécurité requises comme la Côte d’Ivoire, le Kazakhstan ou l’Arabie Saoudite.

Quentin Haroche

______________

Publié le 29/04/2023

Obésité : allons-nous continuer à faire fausse route ?

Paris, le samedi 29 avril 2023 – Longtemps la France s’est (faussement) modestement félicitée d’être relativement épargnée par l’épidémie de surpoids et surtout d’obésité qui a déferlé sur le monde anglo-saxon et l’ensemble de l’Europe. Cependant, si la tendance avait été en partie freinée dans notre pays (en particulier en ce qui concerne les plus jeunes), les chiffres les plus récents confirment que l’inquiétant phénomène s’installe de plus en plus en France. « L’obésité affecte 8,5 millions de personnes, soit 17 % de la population française, contre seulement 8,5 % de la population en 1997. La prévalence de l’obésité a doublé en vingt-cinq ans. En juin 2021, pour la première fois, des chiffres sur l’obésité infantile ont été publiés : 18 % des enfants de 2 à 7 ans et 6 % de ceux de 8 à 17 ans sont en situation d’obésité. Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que l’on constate l’apparition d’une obésité chez des enfants de moins de 5 ans, ce qui n’était pas observé il y a vingt ou trente ans » rappelait en mars 2022 dans une tribune publiée dans le Monde, le Collectif interassociatif pour la santé environnementale.

Les progrès de la lutte contre le tabac et l’alcool annulés

Compte tenu du rôle joué par l’obésité dans la survenue de nombreuses pathologies (notamment cardiovasculaire et cancéreuse), le bilan est amer. Les progrès réalisés grâce à la diminution de la consommation de tabac et de l’alcool risquent d’être peu à peu annulés par l’augmentation des comorbidités liées au surpoids et à l’obésité. Les raisons de cette épidémie sont à la fois bien identifiées mais restent aussi l’objet de certaines spéculations. Bien sûr, les aliments transformés et d’une manière plus générale gras et sucrés sont logiquement considérés comme les premiers coupables. Ils occupent une part croissante dans notre alimentation, en particulier chez les plus jeunes : « Les moins de 18 ans consomment quotidiennement en moyenne 46 % de calories issues d’aliments ultratransformés, soit 11 % de plus que les adultes » s’alarmaient par exemple Dr Yannick Guillodo (médecin du sport), Anthony Fardet (chercheur) et Louis Lebredonchel (sociologue).

Et la génétique dans tout ça ?

Parallèlement à la transformation certaine de notre alimentation, beaucoup dont ces trois spécialistes insistent tout particulièrement sur le fléau de la sédentarité, nettement favorisé par la place prise par les écrans dans nos vies. « L’inactivité physique et la sédentarité des Français s’installent. Près de 42 % des adultes jeunes (18-44 ans) sont sédentaires, c’est-à-dire assis plus de huit heures par jour, avec 79 % de ce temps passés devant un écran de loisir. Rien d’étonnant car le nouvel environnement numérique progresse à une vitesse jamais vue dans l’ère de l’humanité : la télévision a mis treize ans pour pénétrer les 50 millions de foyers américains et Google, quatre-vingt-dix jours. En plus d’entraîner une réelle addiction à la chaise, les écrans influencent comme jamais nos comportements alimentaires. Les enfants sont la cible d’un marketing publicitaire agressif qui se concentre sur les aliments ultratransformés, nocifs du fait de la dégradation de leur matrice et de leur faible densité en nutriments protecteurs, mais également en raison des composés chimiques ou de synthèse qui leur sont ajoutés » écrivent les trois auteurs. A l’instar de ces derniers, de nombreuses voies signalent le rôle des perturbateurs endocriniens présents notamment dans les pesticides. Ainsi, le Collectif interassociatif pour la santé environnementale assure : « De plus, il est désormais scientifiquement établi que des polluants chimiques interviennent dans le développement de cette maladie chronique, ces substances obésogènes pouvant même interférer sur la descendance des individus sur plusieurs générations ». Cette longue liste de coupables fait quasiment toujours l’impasse sur le très complexe facteur génétique : sans doute en raison d’une part de sa complexité mais aussi du sentiment que face à lui aucune action n’est possible.

Une mobilisation vouée à l’échec

Cependant, pour l’heure, force est de constater que toutes les actions mises en œuvre, tous les plans, tous les programmes ont relativement (pour ne pas dire totalement) échoué. Les grandes mobilisations américaines (portées notamment par Michèle Obama) n’ont permis aucune amélioration significative des taux d’obésité dans la population générale. En Grande-Bretagne, au cours des 30 dernières années, pas moins de 700 stratégies ont été déployées destinées à faire reculer l’épidémie. Pourtant, aujourd’hui, les taux d’obésité explosent en Grande-Bretagne : 63,8 % des Britanniques sont désormais en surpoids. Analysant cet échec, dans le Figaro, Dolly Theis, chercheuse à Cambridge et conseillère politique remarque : « Le problème est que ce sont toujours les mêmes mesures qui sont présentées, sans vraiment ensuite être mises en œuvre. Les gouvernements, de tous bords politiques, craignent d’être accusés “d’étatisme nounou”. Et ils se concentrent sur la modification du comportement des individus plutôt que sur l’aménagement de l’environnement pour que l’option saine soit la plus facile, la plus abordable et la plus pratique, ce qui n’est pas une approche efficace ».

Quand cibler les méchants industriels ne fait pas plus le poids que de cibler les comportements

De fait, la majorité des mesures en matière de lutte contre l’obésité visent les comportements. « L’obésité ne relève que du programme national nutrition santé (PNNS), dont les seuls objectifs « manger, bouger » traitent uniquement l’aspect comportemental sans considérer l’aspect environnemental. Ce message est maladroit et stigmatisant pour les personnes obèses, laissant croire au grand public que, si le comportement de ces personnes s’améliorait, elles ne seraient plus malades. On ne peut pas dire qu’un enfant de 5 ans ne se dépense pas ! Faire reposer la lutte contre l’obésité sur la seule responsabilité des individus est une ineptie », fustige le Collectif interassociatif pour la santé environnementale.

Si ce discours rejoint celui de ceux qui insistent sur la part des facteurs génétiques (tel le professeur Patrick Tounian), il s’en éloigne quand il est convaincu que la solution serait de cibler plus certainement les pratiques industrielles. D’abord, les pratiques publicitaires. Cependant, sur ce point, certains exemples étrangers ne sont pas parfaitement concluants.

La Grande-Bretagne possède par exemple la réglementation la plus stricte du monde en ce qui concerne la publicité pour la « junk food » (notamment lors des programmes destinés aux enfants) : les résultats ne sont pas nécessairement à la hauteur des espérances de ceux qui prônent pareille sévérité en France. De la même manière, la taxe sur les boissons sucrées a été mise en place dès 2016 en Grande-Bretagne (et existe aussi aujourd’hui en France). Par ailleurs, de façon plus globale, n’en déplaise aux lanceurs d’alerte les plus inquiets, ces dernières années ont plutôt été marquées par une diminution des pesticides et autres produits de synthèse dans notre agriculture. S’il est peut-être trop tôt pour en voir les effets sur la santé des adultes, la progression du tour de taille de nos enfants suggère que cette piste n’est peut-être pas la plus probante.
Idéologie à tous les étages

Malgré les limites de ces différents discours s’attaquant aux pratiques industrielles, ils connaissent une importante audience en France. Leur diffusion est, il est vrai, facilitée par l’attitude ambivalente des membres du gouvernement. Ainsi, le même Olivier Véran qui lorsqu’il était député défendait la large utilisation de Nutri Score ou la fin des publicités pour la malbouffe, a profondément déçu le professeur Serge Hercberg (« père » du Nutri Score) en défendant sur ce dernier point des positions bien moins catégoriques. Cependant, au-delà des critiques classiques contre les pouvoirs publics, on ne peut s’empêcher de remarquer que le discours concernant l’obésité semble parfois le prétexte pour réactiver des combats idéologiques récurrents : contre les forcément fielleux et cupides industriels, la nécessairement dangereuse chimie (si souvent assimilée à un poison) et enfin contre la subversion des écrans. On peut se demander si le message n’est pas quelque peu parasité par ces luttes connexes si promptes à vouloir dénoncer ceux qui font parfois figures de coupables idéaux.

Stigmatisation, la complication invisible

Ces réflexions étant rapidement jetées faut-il se résoudre néanmoins à ce que le combat soit complètement perdu contre l’obésité ? Le fatalisme n’est probablement pas complètement de mise. D’abord, le chemin parcouru contre l’alcool et le tabac doit inciter à l’optimisme quant à la possibilité d’influencer les comportements sédentaires et alimentaires (à condition que les bons leviers soient trouvés, ce qui ne semble pas encore avoir été le cas et sans minimiser l’indispensable évolution des industriels). Par ailleurs, la lutte contre les stigmatisations doit également demeurer un objectif majeur dans le combat contre l’obésité. Le Professeur Antoine Flahault soulignait lors d’une récente interviewée accordée au site Atlantico : « Déjà il faudrait se mettre d’accord sur ce qui pose problème et pourquoi. Si l’on explique que sur le plan médical, ce qui obère l’espérance de vie c’est surtout la maigreur (le sous-poids, IMC < 18,5) et l’obésité morbide, alors il n’y a pas de raison médicale de chercher à lutter contre le surpoids et même l’obésité modérée. Il faudrait plutôt, au contraire lutter contre la discrimination vis-à-vis du surpoids et de l’obésité. Des études montrent que cette discrimination, ce véritable « racisme » anti-gros, encore appelée « grossophobie » est présente à tous les étages de la société française, et plus largement des sociétés occidentales. On n’aime pas les gros au travail, où ils trouvent moins facilement un emploi, et notamment certains emplois où ce critère est clairement discriminant. Les personnes obèses sont moins bien soignées et prises en charge par les médecins et les infirmières, alors que le surpoids est un facteur de risque de diabète et d’hypertension artérielle et nécessite justement une bonne prise en charge. La discrimination des personnes obèses dans les transports publics souvent mal adaptés à leur morphologie, les salles de spectacle, et d’autres très nombreuses situations de la vie, y compris chez les enfants, à l’école notamment, posent un réel problème, souvent beaucoup plus important que le problème de santé publique. C’est au moins autant l’apologie de la minceur, outre le caractère détestable que ce calibrage morphologique que nos sociétés modernes (car ce n’était pas le cas au temps de Renoir) voudraient nous imposer, qui pose un vrai problème de santé publique. Celui de l’anorexie que cette apologie de la maigreur favorise, notamment auprès des jeunes femmes, plus fréquemment atteintes de l’une des plus sévères maladies psychiatriques, puisqu’elle est l’une de celle qui tue le plus en France aujourd’hui. Il convient donc de ne pas se tromper de combat. Il faut mieux lutter contre la discrimination contre les personnes obèses, prévenir le passage à l’obésité morbide en particulier en s’attachant à rendre plus accessibles et abordables les produits aux meilleures valeurs diététiques, les véritables repas pris à table en famille, l’activité physique régulière. Il faut aussi prendre en charge et traiter les personnes atteintes d’obésité morbide, et lutter efficacement contre l’anorexie mentale » estime-t-il.

Quand la médecine joue son rôle

Parallèlement à un changement de regard de nos sociétés (que certains considéreront cependant peut-être également utopique), l’espoir pourrait également venir de la médecine et plus précisément de la pharmacologie ; ce qui rappelle que l’obésité morbide est d’abord une maladie. Cette semaine, un signal encourageant (encore à confirmer) a été apporté par la publication devant la FDA de résultats positifs concernant la tirzepatide (voir notre article de ce vendredi :La lutte contre l'obésité bientôt à un tournant ?).

Cependant, les progrès médicamenteux pourront-ils facilement s’imposer en France ? C’est ce que redoutent plusieurs praticiens dont le Dr Muriel Coupaye et le Pr Karine Clément, au nom de l’Association française d’étude et de recherche sur l’obésité (Afero). Dans une tribune publiée cette semaine dans Le Monde, elles répondent à un groupe de pharmacologues et praticiens (dont le professeur Régis Bordet ancien président du conseil scientifique de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique [SFPT]) qui ont récemment appelé à ne pas céder à « l’illusion d’une approche médicamenteuse, dont les effets bénéfiques restent aléatoires, et qui est toujours associée à un risque (…). Ce sont bien plutôt de vrais choix de santé publique qui s’imposent, tant au niveau national qu’à l’échelon européen » concluaient-ils. Mais alors que les « vrais choix de santé publique » n’ont guère apporté la preuve de leur efficacité et tandis que la piste médicamenteuse se précise, Muriel Coupaye et Karine Clément (entre autres) écrivent : «Nous rejoignons les auteurs de la tribune sur l’insuffisance alarmante d’une politique efficace de prévention pour lutter contre cet environnement obésogène, mais nous alertons aussi sur la nécessité de soigner les patients déjà en situation d’obésité. De simples injonctions « mieux manger et bouger plus » ne suffisent pas… (…) La France a une histoire particulière avec ces médicaments, liée au mésusage (Mediator) ou aux effets secondaires (sibutramine, rimonabant). Cela ne doit pas empêcher de regarder la situation de façon objective. Nous disposons de plusieurs molécules. Depuis 2022, le setmélanotide est destiné aux obésités génétiques rares avec altération de la voie des mélanocortines.
Ce traitement, dont la mise en route est discutée lors de réunions collégiales et nationales, est réservé à des centres spécialisés pour les patients atteints de ces formes rares d’obésité et a peu de risque de mésusage. Le sémaglutide, analogue d’une hormone digestive naturelle qui permet de contrôler la glycémie, est en accès précoce pour des patients avec obésité sévère. Ce médicament (Wegovy) a reçu fin décembre 2022 un avis favorable de la commission de transparence de la HAS en vue d’un remboursement sous réserve d’une initiation par les spécialistes et d’un IMC > 35. Autre molécule contrôlant la glycémie et ralentissant la vidange de l’estomac, le liraglutide (Saxenda), disponible sur prescription depuis 2021, sans remboursement, pour le surpoids avec facteurs de risque cardio-vasculaires ou métaboliques ou si l’IMC est > 30. Enfin, l’orlistat (Xenical) bloque la lipase intestinale qui permet la digestion des graisses. Il est disponible sur prescription depuis plusieurs années, sans remboursement. Les effets des médicaments actuels et ceux en développement ne se résument pas à manger moins. Ils entraînent une perte de poids en agissant notamment sur la satiété, allant jusqu’à 22 % de poids perdu, soit, dans ce cas, une efficacité voisine de celle de la chirurgie. Il paraît légitime de permettre aux patients souffrant d’obésité de disposer, de façon graduée et adaptée à leur situation, de l’arsenal thérapeutique existant. Traiter l’obésité avant que ne se développent ses complications ne peut être que bénéfique pour les patients. Il faut bien entendu rester vigilant sur les effets secondaires et notamment sur le rapport bénéfice/effets secondaires.
Il est indispensable d’éviter toute dérive et mésusage qui conduiraient à retirer des molécules qui, bien prescrites dans un parcours de soins adapté, peuvent être très utiles aux patients souffrant d’obésité. Nous attendons de la communauté médicale, des pharmacologues, des autorités sanitaires et des patients une très grande vigilance dans ce domaine ». Mais, on le comprend, cette vigilance doit tout autant concerner les excès et les dérives quant à l’utilisation des médicaments que ceux concernant l’absence de recours à ces traitements. Cependant, le fait que certains des auteurs de cette tribune aient des liens d’intérêt avec l’industrie risque malheureusement de la discréditer aux yeux de beaucoup (même si on se souciera moins que celle dénonçant le rôle des substances chimiques a été signée par un groupe qui affirme que l’aluminium dans les vaccins est à l’origine de myofasciite à macrophage !). Encore une fois, une véritable réflexion sur la prise en charge et la lutte contre l’obésité pourrait être détournée au profit d’autres considérations, pseudo idéologiques, empêchant une véritable prise de conscience des enjeux.

On pourra probablement le constater mieux encore en relisant :

Le Collectif interassociatif pour la santé environnementale (CISE) : https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

Yannick Guillodo, Anthony Fardet et Louis Lebredonchel :

https://www.lemonde.fr/sciences/article ... 50684.html

Antoine Flahault :

https://atlantico.fr/article/decryptage ... e-flahault

Professeur Régis Bordet et autres : https://www.lemonde.fr/sciences/article ... 50684.html

Collectif conduit par Muriel Coupaye et Karine Clément, au nom de l’Association française d’étude et de recherche sur l’obésité : https://www.lemonde.fr/sciences/article ... 50684.html

Aurélie Haroche
jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. mai 03, 2023 10:17 am

Publié le 02/05/2023
Les soignants non-vaccinés bientôt réintégrés

Le ministre de la Santé a indiqué qu’un décret serait pris pour réintégrer les soignants non-vaccinés à la mi-mai.

Plus que quelques semaines à attendre pour les milliers de soignants qui ont été suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner contre la Covid-19 avant de pouvoir reprendre le travail. En marge d’un déplacement à Montmirail dans la Marne ce vendredi, le ministre de la Santé François Braun a annoncé que leur réintégration aurait lieu dans les prochaines semaines. « J’applique la loi, ces soignants vont être réintégrés. L’instruction est prête, je vais la signer en tout début de semaine prochaine (NDLR : à partir du 2 mai), le décret de mise en application sera pour mi-mai » a expliqué l’ancien urgentiste aux journalistes du journal local Le Pays Briard qui l’interrogeaient sur la question.

Cette annonce fait suite à l’avis rendu par la Haute Autorité de Santé (HAS) le 30 mars dernier, préconisant de mettre fin à l’obligation vaccinale pour les soignants, en vigueur depuis le 15 septembre 2021. Les experts de la HAS justifient leur position notamment par la forte baisse d’intensité de l’épidémie et par le fait que les vaccins à ARNm se sont révélés moins efficaces contre la transmission du virus que ce qui était espéré lors de la mise en place de cette obligation vaccinale. A la suite de cet avis, le ministre de la Santé avait immédiatement annoncé qu’il s’y rangerait, conformément à la loi de sortie de l’état d’urgence du 30 juillet dernier. « Ces dernières semaines, j’ai réuni l’ensemble des parties prenantes, car je veux que la réintégration se fasse, mais dans de bonne conditions » a indiqué ce vendredi le Dr Braun, sans expliciter les modalités de cette réintégration, notamment s’agissant de la prise en compte de la suspension pour le calcul de l’ancienneté ou d’une éventuelle compensation financière.


« Les non-vaccinés ne sont pas attendus avec des fleurs »

Si la fin est donc proche pour cette obligation vaccinale qui durait depuis 20 mois, ce n’est sans doute pas encore celle des polémiques. François Braun en a conscience : la réintégration des soignants non-vaccinés est loin de faire l’unanimité parmi leurs confrères. « Les non-vaccinés ne sont pas attendus avec des fleurs dans tous les services et partout » a simplement commenté le ministre. Depuis l’avis de la HAS et la décision du gouvernement de le suivre, nombreux en effet sont ceux, dans le monde médical, qui ont dénoncé publiquement la levée de l’obligation vaccinale. L’Académie de Médecine notamment a critiqué cette décision, qu’elle qualifie dans un communiqué du 31 mars dernier de « déception et de renoncement » qui envoie « de mauvais messages » aux citoyens, leur laissant penser que « les vaccins n’ont pas d’utilité, ce qui est faux ».

La question des soignants non-vaccinés est « un phénomène très minoritaire voire marginal » explique le ministère, avec « autour de 0,3 % d’agents hospitaliers suspendus », auxquels il faut ajouter environ 2 000 soignants libéraux selon l’Assurance Maladie. Mais aussi anecdotique que soit le sujet d’un point de vue pratique, la question est devenue éminemment politique ces deux dernières années. La réintégration des soignants non-vaccinés est en effet devenu le cheval de bataille de l’extrême-droite et de la gauche radicale.

Une proposition de loi de suppression de l’obligation vaccinale débattue ce jeudi

Le 24 novembre dernier, La France Insoumise avait, sans succès, tenter de faire adopter à l’Assemblée Nationale une proposition de loi de levée de l’obligation. Le 21 mars, ce sont des députés communistes qui ont déposé une proposition de loi en ce sens. Une proposition qui a été rejetée en commission ce 12 avril à la demande du gouvernement, ce même gouvernement qui veut pourtant réintégrer les soignants par décret. La proposition de loi est toujours à l’ordre du jour de la niche parlementaire du groupe communiste ce jeudi. « Je pense que la meilleure chose serait de retirer les discussions sur ce projet, puisque, comme on dit, les choses seront faites » a suggéré le ministre. Pas sur cependant que les parlementaires communistes cèdent à cette demande, puisque leur proposition de loi vise à supprimer l’obligation vaccinale, là où le décret du gouvernement ne fera que la suspendre.

Après la fin de la gratuité des tests et l’abandon du dépistage systématique, la levée de l’obligation vaccinale des soignants est un autre signe d’un retour définitif à la normale et de la fin de la crise sanitaire. La France était le dernier pays européen à exiger que ses soignants se vaccinent contre la Covid-19. Hasard du calendrier, les Etats-Unis ont également annoncé ce lundi la fin de l’obligation vaccinale pour les fonctionnaires fédéraux et les étrangers visitant le pays.

Quentin Haroche

____________________

Publié le 02/05/2023
Et le meilleur médecin de France est…

Le journal Le Point publie un « palmarès des médecins experts » qui suscite la controverse et la réprobation du Conseil de l’Ordre.

A l’automne dernier, la presse médicale (dont le JIM) était privée de l’un de ses marronniers : pour la première fois depuis 2001, le journal Le Point ne publiait pas son classement annuel des meilleurs hôpitaux français. La faute à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) qui, après avoir laissé faire ce classement pendant plus de 20 ans, a finalement refusé au journal le droit d’accéder aux données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), qui lui permettait d’élaborer son classement.

Qu’à cela ne tienne, les journalistes du Point ne se sont pas découragés et ont décidé d’élaborer un autre classement médical, celui des médecins cette fois. L’hebdomadaire a ainsi publié jeudi dernier son « palmarès des médecins experts 2023 » qui recense et classe plus de 1 000 médecins français « reconnus dans leur discipline scientifique, notamment par leurs pairs, ceux dont les publications scientifiques ont le plus de valeur et font d’eux des experts dans leur domaine au niveau national et international ».


Le Pr Steg désigné meilleur cardiologue de France

Pour élaborer ce classement, fruit d’un travail de longue haleine de 18 mois, les journalistes du Point se sont notamment appuyés sur la base de données des professionnels de santé de l’Agence du numérique en santé, qui liste tous les médecins français et leur spécialité, qu’ils ont recoupés avec les plus de 6,2 millions d’études médicales publiées sur PudMed entre 2016 et 2020.

A partir de cela, les journalistes ont pu attribuer à chaque médecin chercheur un score « Le Point » en fonction du nombre de ses publications, pondéré par son rang dans la liste des signataires et la portée de la revue, calculé grâce au SJR, un indicateur de notoriété des revues internationalement reconnu. Les créateurs du palmarès se sont fortement inspirés du système SIGAPS, un score attribué à chaque médecin selon ses publications scientifiques et calculé par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) pour orienter le versement des subventions destinées à la recherche publique.

Comme dans toute bonne remise des prix, les journalistes du Point ont ensuite divisé les médecins experts en 14 catégories (cardiologie, chirurgie thoracique, dermatologie…), dans lesquelles ils sont classés en fonction de leur score « Le Point ». Selon ce classement, c’est par exemple le Pr Philippe Gabriel Steg (Bichat), qui serait le « meilleur » cardiologue de France tandis que le Pr Pascal Leprince (Pitié-Salpêtrière) est le meilleur chirurgien cardiaque, la Pr Caroline Robert (Gustave-Roussy) la meilleure dermatologue et le Pr Jean-Michel Molina (Saint-Louis) le meilleur infectiologue. Selon les journalistes de Le Point, la pertinence de ce classement est prouvée par… Le Point lui-même, puisque 95 % des médecins experts figurant dans le classement exercent dans des établissements hospitaliers très bien classés dans le dernier palmarès des hôpitaux de l’hebdomadaire publié en 2021.

Au Point, on considère que ce classement est une œuvre de service public, en ce qu’il permet aux patients de s’orienter vers le meilleur médecin possible pour les soigner, alors que ce genre d’information est d’habitude réservé à quelques connaisseurs. Mais tout comme celui des hôpitaux, ce classement des médecins est très mal perçu par certains dans le monde médical et les journalistes ont pu le découvrir au cours de leur travail.

Un bon médecin est-il un médecin qui publie ?

Ces derniers ont en effet, en août dernier, contacté certains des médecins présélectionnés pour leur demander de répondre à un questionnaire. Bien mal leur en a pris, puisque l’initiative est finalement remontée jusqu’aux oreilles du Conseil de l’Ordre des médecins (CNOM). Ce dernier aurait alors, selon Le Point, menacé de sanctions disciplinaires tout médecin participant à ce classement. Dans un courrier adressé au Point le 8 septembre dernier puis dans un entretien avec la rédaction, le Dr François Arnault, président de l’Ordre explique sa position : l’article 19 du code de la déontologie médicale « prohibe la pratique de la médecine comme un commerce » et ce classement, en comparant les médecins entre eux, contrevient à cette interdiction. Le palmarès des médecins experts du Point a donc été élaboré sans l’aide des principaux intéressés, au grand dam des journalistes.

Comme il l’avait déjà exprimé au moment de l’échec de son dernier classement des hôpitaux, Le Point estime que l’attitude du CNOM constitue ni plus ni moins qu’une tentative de censure. Surtout, Le Point dénonce l’hypocrisie de la réaction du CNOM, alors que les médecins sont en réalité classés en permanence. « Nous sommes dans un pays du classement, tout le monde est classé tout le temps » commentent Gwendoline Dos Santos et François Malye, les deux journalistes à l’origine du classement. « Les médecins sont classés à l’internat et si vous regardez le SIGPAS, pour le financement de la recherche, c’est une forme de classement » expliquent les deux journalistes, qui demandent que le SIGPAS soit rendu public.

Au-delà de la question déontologique, c’est la pertinence du classement qui divise. Un médecin expert, qui publie de nombreux articles scientifiques, est-il forcément un meilleur médecin ? La question divise parmi les professionnels de santé. « L’activité de recherche permet d’améliorer la qualité des soins, c’est l’ensemble du service qui bénéficie de la rigueur apportée par ce travail intellectuel » estime un rhumatologue parisien inscrit au palmarès du Point. « La bonne médecine n’est pas une affaire de capacité à être co-auteur de publication, c’est une affaire de compétence médicale, de connaissance scientifique, de relation humaine de travail en équipe et en réseau » lui répond le syndicat Action praticiens hôpital, qui ne cache pas qu’il apprécie peu ce genre de classement.

Grégoire Griffard
jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
La Grosse Bertha
Messages : 226
Enregistré le : mer. mai 27, 2015 8:30 am

Re: Articles sur la santé

Message par La Grosse Bertha » mer. mai 03, 2023 12:56 pm

Les soignants non-vaccinés bientôt réintégrés

Le ministre de la Santé a indiqué qu’un décret serait pris pour réintégrer les soignants non-vaccinés à la mi-mai.
Du point de vue sanitaire Mauvais signal pour la population
Du point de vue ressources humaines et crise existentielle des infirmières c’est digne d’un emplâtre sur une jambe de bois.

Vis à vis de collègues qui n’auront pas de formes graves grâce à la vaccination c’est un personnel qui, non seulement et assez fréquemment, déblatère des débilités d’ordre crypto complotiste, mais qui risque d’être mis en maladie plus longtemps et qui contaminerait plus facilement et collègues et patients dont certains présentent des facteurs de risque.

Une décision sérieuse et on devine pourquoi elle ne sera pas entreprise, c’est un RECENSEMENT des infirmières qui n’exercent pas ou plus dans la santé et revoir l’attractivité en vue d’un retour
aux sources pour une partie d’entre elles (je lis souvent qu’il existerait un réservoir d’environ 200 000 IDE!), au lieu d’user d’effets d’annonces tels que des plans drastiques de formation complément démagogiques.
Bien entendu il ne s’agirait pas d’essayer d’attirer les mouches avec du vinaigre comme par exemple les poignées d’€ type Ségur…

C’est là que le bât blesse, pouvoir qui ne pense qu’à économiser et syndicats qui s’économisent de réfléchir…

….les syndicats pourraient évidemment exiger ce recensement (aux pouvoirs publics) mais augmenter seulement une ou deux catégories dont la pénurie génère non seulement pourtant à elles seules des fermetures de lits voire des services et même des établissements, mais aussi des conditions d’exercice épouvantables, demander une telle mesure, même prioritairement ne serait-ce que pour sauver des patients, relèverait du déplacement de montagnes…tant le dogmatisme est ancré dans les mentalités.
Ouf suis A la retraite! Avec 1688 balles! Snif!
Un petit qu'à fait le matin est une bonne entrée en matière pour la journée...
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 06, 2023 2:41 pm

Publié le 05/05/2023
Suppression de l’obligation vaccinale : un vote sans intérêt ?

Les députés ont voté l’abrogation de l’obligation vaccinale des soignants contre la Covid-19, dix jours avant la suspension de cette obligation.

L’Assemblée Nationale s’est offert ce jeudi un énième psychodrame sur la question des vaccins contre la Covid-19, sans doute le dernier. Dans le cadre de la niche parlementaire du groupe communiste, les députés ont adopté, par 157 voix pour et 137 voix contre, la proposition de loi du député communiste de la Guyane Jean-Victor Castor « portant abrogation de l’obligation vaccinale contre la Covid-19 dans les secteurs médicaux, paramédicaux et d’aide à la personne et visant à la réintégration des professionnels et étudiants suspendus ». La Nupes et le Rassemblement National, qui demandent la suppression de cette obligation vaccinale depuis plus d’un an, ont crié victoire, tandis que le gouvernement et la majorité ont dénoncé un vote confortant le complotisme et les antivaccins… chacun feignant d’oublier que cette obligation vaccinale allait de toute façon être levée dans dix jours.

Cette proposition de loi a été déposée le 21 mars dernier, alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) avait déjà rendu un avis non définitif favorable à la levée de l’obligation vaccinale. Dix jours plus tard, la HAS rendait son avis définitif préconisant la fin de l’obligation vaccinale, 20 mois après sa mise en place en septembre 2021. Le ministre de la Santé François Braun avait immédiatement annoncé qu’il se rangerait à cet avis et pas plus tard que ce mardi, une instruction ministérielle précisait que la réintégration des quelques milliers de soignants non-suspendus (0,3 % des agents de la fonction publique hospitalière seulement selon le ministère de la Santé) se ferait par décret le 15 mai prochain.

Quand les députés macronistes surjouent l’indignation

On aurait pu croire que l’annonce de cette réintégration des non-vaccinés par décret aurait entrainé le retrait de cette proposition de loi (François Braun l’avait d’ailleurs appelé de ses vœux) mais les députés communistes ont finalement tenu à la conserver à l’ordre du jour, notamment car son contenu ne correspond pas exactement à la position de l’exécutif. Contrairement au futur décret, qui ne fera que suspendre l’obligation vaccinale, la proposition de loi prévoit en effet que cette obligation sera purement et simplement supprimée, empêchant le gouvernement de la rétablir sans vote du Parlement. En outre, le texte prévoit que les soignants seront réintégrés en conservant leur état d’avancement précédant la suspension.

C’est donc un texte presque sans objet que les députés ont examiné, d’abord en commission le 12 avril dernier (où il a été rejeté) puis dans l’hémicycle ce jeudi. Si les débats auront été bien plus courtois que lors de la séance du 24 novembre dernier au cours de laquelle, en usant de méthodes d’obstruction parlementaire, la majorité avait fait échouer une proposition de loi similaire, on n’a malheureusement pas pu éviter certaines outrances. Le député LFI Jean-Philippe Nilor a ainsi qualifié l’obligation vaccinale de « loi infâme qui a provoqué tant de souffrances ». Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a immédiatement tenu à se démarquer de ces propos, réaffirmant « le respect que nous avons pour les scientifiques et la vaccination ».

A l’issue du vote, le camp macroniste, mis en minorité par une alliance contre nature entre la Nupes, le RN et une partie des députés Les Républicains, a quelque peu surjoué l’importance de ce vote, dénonçant une victoire du complotisme et des discours pseudoscientifiques. « Le complotisme l’a emporté sur la science lors des débats à l’Assemblée, la vaccination est une arme de protection massive, mais les oppositions ont décidé d’envoyer un message regrettable aux soignants » a ainsi déclaré François Braun… alors même qu’il s’apprête à lever l’obligation vaccinale par décret. Une position un brin hypocrite que n’a pas manqué de souligner Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). « Quand le ministre annonce hier la réintégration des soignants non vaccinés et déplore aujourd’hui l’abrogation de l’obligation vaccinale, il y a un problème de cohérence » souligne l’infirmier.

Malaise à l’Assemblée

Au final, ce vote aura surtout eu pour effet de raviver la colère des nombreux médecins qui, depuis un mois, affichent publiquement leur refus de voir les soignants non vaccinés être réintégrés. « Merci LFI, ce sont les plus pauvres, ceux qui vivent dans la promiscuité qui ont le plus subi, ce sont les aides-soignantes, brancardiers, infirmières qui étaient au plus près des patients, en piétinant l’obligation vaccinale, vous faites le lit des prochaines épidémies » a ainsi commenté le Dr Mathias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis.

La proposition de loi doit désormais être examinée au Sénat, où elle a vraisemblablement peu de chances d’aboutir. D’ici là, les soignants non vaccinés auront été réintégrés, rendant le texte plus symbolique qu’autre chose. A noter que la séance s’est terminée de manière particulièrement dramatique ce jeudi à l’Assemblée, puisqu’une fonctionnaire du Palais Bourbon a fait un malaise cardiaque vers 23 heures. Elle a rapidement été prise en charge par deux députés, Julien Rancoule, pompier volontaire et le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue, puis emmenée à l’hôpital par les secours. Son état s’est depuis stabilisé assure l’Assemblée Nationale.

Quentin Haroche
jim.fr


Rist en pratique avancée d'AFGSU ?

____________________


Publié le 05/05/2023
« J’ai préféré arrêter d’exercer, la médecine d’aujourd’hui ne me convenait pas. Aujourd’hui j’aide les autres médecins qui veulent se reconvertir »

Marion est une jeune médecin généraliste, qui après seulement deux ou trois années d’exercice a décidé d’arrêter. L’abattage, le travail à la chaîne, l'exercice était trop loin de son idéal médical. Depuis elle a fondé Med Reconversion, une plateforme qui coache et accompagne les médecins, qui eux aussi veulent changer de métier.

« Je suis originaire de Toulouse, j’ai aujourd’hui 30 ans, et j’ai fait toutes mes études de médecine à la Fac de Toulouse, jusqu’aux ECNI. J’ai ensuite choisi la médecine générale. C’était un vrai choix, c’est ce que j’ai toujours voulu faire du plus loin que je me souvienne, quand j’étais petite.

Et j’ai décidé de changer d’air pour l’internat, donc j’ai choisi le CHU de Bordeaux. J’ai été diplômée de médecine générale en 2020.

Ensuite, j’ai fait des remplacements en libéral pendant 2 ans. Et très vite, les questionnements ont commencé. Mais j’ai continué. Je voulais tester pas mal d’exercices dans le libéral : des cabinets orientés gynéco, des cabinets en zone rurale, semi-rurale, en ville… J’ai aussi fait des remplacements à l’hôpital en salariat, pour vérifier que ça aussi, ça ne m’allait pas.

Jamais je n’aurais imaginé arrêter la médecine pendant mes études. La vocation, je l’avais, je l’ai toujours eue. Le métier en lui-même ne me déplaisait pas, ce sont juste les conditions d’exercice et la réalité quand je suis arrivée sur le terrain, qui n’ont pas été ce à quoi je m’attendais.

Pour moi la médecine, c’est le relationnel avant tout, le côté prévention. J’avais choisi la médecine générale pour être au plus près des patients. Et finalement j’avais le sentiment de faire du travail à la chaine, je n’avais pas le temps avec les gens. Je n’aimais pas du tout cette médecine que j’étais en train d’exercer. Et je ne voyais pas d’issue.

Donc j’ai questionné cela pendant un an de remplacements et en même temps j’ai décidé de suivre des séances de coaching et de réaliser un bilan de compétences.

Ces démarches ont créé chez moi l’envie de me lancer dans le coaching professionnel dans l’idée d’accompagner les professionnels de santé dans leur transition, redéfinir leur projet professionnel. Cela n’entraine pas tout le temps une reconversion.

J’ai suivi une formation et maintenant je suis diplômée en tant que coach professionnel reconnue par le RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles).

Ça n’a pas été aussi simple que ça de prendre cette décision d’arrêter la médecine. Je l’ai vécue comme un deuil, mais d’un autre côté je me suis dit, c’est mon bien être et ma santé que je dois prévenir. Mon quotidien de médecin était trop compliqué : des problématiques d’accès aux soins, de manque de moyen, de manque de temps, de devoir galérer tout le temps pour contacter un spécialiste, obtenir un rendez-vous… Et ça j’étais certaine que j’allais le retrouver peu importe l’endroit où j’allais exercer. Pendant mes études, j’avais observé des personnes qui sont allées jusqu’au bout d’eux-mêmes, jusqu’au burn-out. Je me suis rapidement dit que je n’irai pas jusqu’à cette extrémité, que si un à un moment je n’étais pas bien dans ma profession et bien je me prendrais en main.

Pour moi le coaching est une autre forme d’accompagnement qui me correspond mieux, parce qu’on prend le temps tout simplement d’écouter les gens, d’aller dans le fond des choses et de les accompagner. A l’heure actuelle c’est la voie dans laquelle je m’épanouie et je me projette.

En aout 2022, j’ai créé Med Reconversion, une plateforme de bilan de compétences. J’avais rencontré, Anne-Sophie, une ancienne infirmière, fondatrice d’Infirmière reconversion. Je l’ai contactée pour échanger avec elle parce que son parcours m’interpellait. J’avais envie d’avoir son retour d’expérience sur la création de son entreprise. Et au fil de nos échanges, nous avons décidé d’allier nos forces pour accompagner les autres professionnels de santé, essentiellement médecins, sage-femmes et kinés.

Dans les personnes que je coache, je croise tous les profils. Parfois des jeunes qui comme moi se rendent compte qu’il y a un fossé entre la façon dont ils veulent exercer la médecine, et la réalité telle qu’elle est actuellement. Et il y a aussi des médecins qui exercent depuis 15-20 ans et qui sont justement usés par la tournure que prend la situation. Mais ce sont souvent les mêmes problématiques que l’on rencontre : ce sentiment de ne plus avoir de temps pour bien faire son travail. Cela revient à chaque fois. Initialement je m’attendais à recevoir beaucoup de médecins libéraux et en particulier des généralistes mais en fait, je coache des médecins issus de toutes les spécialités, des praticiens du public, du privé, du libéral… tous les profils, avec pour le moment une majorité de femmes.

La plupart du temps aussi, le bilan de compétences des médecins coachés n’entraînent pas de reconversions hyper radicales. Les médecins ne se lancent pas dans l’artisanat, le stylisme, ou ne deviennent pas boulangers. Au début, ils arrivent en disant je veux faire complétement autre chose, je n’en peux plus… Puis à l’issue du programme, 80% restent dans le soin, dans le “care” au sens large. Et la plupart des médecins restent médecins mais sous une autre forme, ils rajoutent des types d’activité différente, qui leur permettent de plus s’épanouir. Dans ce sens-là le bilan de compétences n’entrainent pas que des reconversions hyper radicales. Il y a aussi parfois des projets transitoires, avec un projet à moyen terme pour ensuite concrétiser un projet à plus long terme.

Donc concrètement, un médecin qui doute peut s’inscrire au bilan de compétences en parallèle de son exercice, tant que c’est en dehors des heures de travail. On a construit un programme adapté au planning un peu Tétris des médecins. Donc c’est du distanciel, avec des entretiens en visio avec moi, avec en plus une plateforme de e-learning, pour faire des exercices, des mises en situation, des tests professionnels.

Le financement par le CPF c’est 1 950€, pour 10 semaines, 14h d’accompagnement, entre les visios et le e-learning. Et le temps global estimé que la personne doit se dégager est de 24h, car il y a des recherches, des enquêtes terrain… pour que le projet soit bien ficelé.

C’est vrai que la société de façon générale ne comprend pas trop ce genre de choix. Moi, mon entourage m’a soutenue, même si au fond d’eux, ils se disaient sûrement que je gâchais mes années d’étude. Mais c’est aussi quand on est jeune quand on a l’énergie de se poser ce genre de questions et de rebondir. »

Cet article est republié à partir du site What’s up Doc. Découvrez What’s up Doc

Luc Angevert
jim.fr


________________________

Publié le 05/05/2023
Ces médecins prêts à désobéir au règlement arbitral

Plusieurs médecins ont affiché sur les réseaux sociaux leur volonté de violer le règlement arbitral et de faire payer 30 euros pour leur consultation.

La divulgation ce 24 avril du règlement arbitral élaboré par l’ancienne inspectrice générale des affaires sociales Annick Morel en lieu et place de la convention médicale rejetée par les syndicats a, c’est le moins qu’on puisse dire, fortement déçu les médecins libéraux. L’abandon du très décrié contrat d’engagement territorial (CET) ou la généralisation de l’aide à l’embauche d’assistants médicaux ne sont pas parvenus à faire oublier le sujet du tarif de la consultation de base, qui ne sera augmenté que de 1,50 euros, pour être porté à 26,50 euros. Un véritable camouflet pour les syndicats de médecins libéraux, qui se sont mobilisés pendant plusieurs mois pour obtenir une revalorisation substantielle du C à 30 voire à 50 euros.

Pour les praticiens libéraux, l’espoir réside désormais dans de futures négociations conventionnelles, qui pourraient reprendre dans quelques mois et dans lesquelles les syndicats tenteront à nouveau d’arracher une plus grande hausse du prix de la consultation. Mais certains médecins, qui ne souhaitent pas attendre ou tout simplement ne croient plus en ces négociations, ont décidé de passer directement à l’action. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de praticiens annoncent ainsi qu’ils vont d’eux même faire payer à leurs patients 30 euros leur consultation, en violation du règlement arbitral.

Des dépassements d’honoraires abusifs et interdits

« La contestation tarifaire est partie d’une généraliste du Sud-ouest, adhérente à la FMF » explique le Dr Jean-Paul Hamon, omnipraticien à Clamart et président d’honneur de la FMF, qui a lui aussi décidé de participer à ce mouvement de sur-tarification. « Je n’ai rien à perdre, je n’ai pas peur des sanctions, il y a une maltraitance des médecins libéraux qui continue » se justifie le généraliste. L’appel à augmenter unilatéralement le tarif de la consultation a fait tache d’huile ces derniers jours sur les réseaux sociaux et concerne essentiellement des généralistes exerçant en zone rurale ou dans des petites villes.

Le Dr Richard Talbot, généraliste dans la Manche et également membre de la FMF, a tenté de mesurer l’adhésion des médecins à ce mouvement. Selon un sondage non représentatif qu’il a mené chez ses abonnés Twitter, 49 % des médecins se disent « prêts à passer sauvagement à la consultation à 30 euros » et « un quart de plus si les autres le font ». « C’est un sondage d’opinion à prendre avec précaution, mais cela traduit bien l’exaspération des médecins, ils défendent leur pouvoir d’achat et l’attractivité du métier » commente l’omnipraticien, qui voit dans ce mouvement de désobéissance civile naissant « un moyen de pression pour faire bouger la caisse ».

En théorie, les médecins en secteur I ont la possibilité de réaliser des dépassements d’honoraires, codés « DE » sur la feuille de soins, « avec tact et mesure », en cas d’ « exigence particulière du malade », comprenez quand la consultation était médicalement injustifiée. De tels dépassement ne sont pas pris en charge par l’Assurance Maladie. Mais un dépassement d’honoraires systématique serait évidemment considéré comme abusif et constitutif d’un refus de soin. Les médecins qui appliqueraient unilatéralement un tarif supérieur à celui prévu par le règlement arbitral s’exposent donc à des sanctions : une pénalité financière de deux fois le montant des dépassements facturés et, en cas de récidive, la suspension de la participation de l’Assurance Maladie au financement des cotisations sociales pour trois ans maximum.

Les syndicats circonspects

Ceux qui appelleraient à procéder à de tels dépassements d’honoraires abusifs s’exposeraient également à des poursuites et c’est pourquoi les syndicats se montrent pour la plupart très circonspects face à ces appels à violer le règlement arbitral. « C’est juridiquement très risqué » rappelle le Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France, qui, bien qu’elle dise « comprendre la colère et la tentation des confrères », ne leur « conseille pas » de faire payer 30 euros à leurs patients, car « cela ne règlera pas le problème de reconnaissance de la profession ».

Pourtant partisan pour sa part d’un C à 50 euros, le SML refuse également de soutenir cette initiative. « Avec ce type de mouvement, on risque malheureusement d’avoir des confrères attaqués en justice par l’Assurance maladie, je pense qu’il y a d’autres moyens de temporiser efficacement jusqu’à la prochaine négociation conventionnelle » commente la présidente du syndicat, le Dr Sophie Bauer. Elle souhaite ainsi former les médecins à une utilisation « experte » de la très complexe nomenclature qui, mieux utilisée, permet déjà de « rémunérer un peu mieux les médecins du secteur I » assure-t-elle.

Seule la CSMF se montre un peu plus enthousiaste face à ce début de mouvement de contestation. « La colère est très grande en ce moment chez les généralistes depuis le règlement arbitral, on va voir comment cette action évolue, mais il est probable qu’elle fasse tâche d’huile » analyse le Dr Luc Duquesnel, président de la branche généraliste du syndicat, qui dit ne pas croire que l’Assurance Maladie osera sanctionner ces dépassements d’honoraires, de peur d’attiser la colère de toute la profession. Le syndicat rappelle également que de telles frondes tarifaires avaient déjà été menées en 2002, 2011 et 2016 et avaient abouti à des revalorisation du tarif de la consultation dans la convention.

Grégoire Griffard
jim.fr


_____________________

Publié le 05/05/2023
Rôle des polluants organiques persistants dans la réserve ovarienne diminuée

Le stock ovarien des follicules primordiaux se constitue in utero où il peut atteindre sept millions, puis il diminue pour être d'un à deux millions à la naissance. A la ménopause, il ne reste en moyenne qu'un millier de follicules dans les ovaires. La réserve ovarienne, définie comme le nombre et la qualité des follicules primordiaux dans les deux ovaires, est dite faible ou diminuée chez des femmes en période d'activité génitale quand leur pool folliculaire est inférieur à ce qu'il devrait être pour leur âge. C'est une des causes les plus fréquentes d'infertilité et de "mauvaise" réponse à la stimulation ovarienne. Certains facteurs associés à la diminution de cette réserve ovarienne sont connus, tels l'âge, le tabagisme, les anomalies de l'IMC (indice de masse corporelle), et les antécédents de chimiothérapie ou de radiothérapie.

L'effet des polluants environnementaux sur la réserve ovarienne reste mal connu. En particulier, l’attention a été attirée sur les polluants organiques persistants (POPs), la grande majorité d'entre eux étant des perturbateurs endocriniens, qui persistent dans l'environnement et restent détectables dans les organismes animaux et humains alors même que la plupart de ces produits ne sont plus fabriqués ni utilisés dans de nombreux pays depuis plusieurs dizaines années.

Une étude cas-témoin française

L'étude cas-témoin AROPE (Altération de la Réserve Ovarienne : étude du rôle de l'exposition aux Perturbateurs Endocriniens persistants et aux solvants organiques) a inclus, entre novembre 2016 et février 2020, parmi les couples consultant pour infertilité dans quatre centres de l'Ouest (Rennes, Brest et Nantes), des femmes âgées de 18 à 40 ans. Elles ont toutes bénéficié d'une échographie endovaginale entre le 2ème et le 4ème jour d'un cycle spontané pour le comptage des follicules antraux, ainsi que d'un dosage de l'hormone anti-mullérienne (AMH).

Ont été incluses 149 femmes qui avaient une réserve ovarienne diminuée, c’est à dire un compte des follicules antraux inférieur à 7 et/ou un taux d'AMH ≤ 1,1ng/ml, ainsi que 161 femmes témoins avec un compte des follicules antraux ≥ 7, une AMH entre 1,1 et 5 ng/ml, des cycles d'une durée normale, et pas de malformation génitale. Ont été exclues les femmes atteintes d'endométriose, d'un syndrome des ovaires polykystiques, d'obésité morbide, d'une anomalie génétique ou chromosomique, ou celles ayant des antécédents de chirurgie annexielle, ou de pathologie cancéreuse traitée par radiothérapie ou chimiothérapie.

Quarante trois POPs ont été dosés chez les participantes, dont :

-15 pesticides organochlorés : DDT (interdit en France depuis 1971), DDE produit de dégradation du DDT, HCH ou Lindane (interdit en France depuis 1998), HCB (interdit depuis 1981) ...,

-17 polychlorobiphényles (PCBs), dont l'utilisation et la production sont interdits en France depuis 1987,

- 9 polybromodiphényléthers (PBDEs), retardateurs de flamme bromés, dont l'utilisation a été réduite ou arrêtée.
Deux POPs suspects, aux effets opposés

Parmi les POPs étudiés, 17 ont été retrouvés dans 20 % des échantillons et 15 dans 90 % des échantillons. Les POPs qui avaient les concentrations moyennes les plus élevées étaient le p,p'-DDE, les PCBs 153 et 180, et l'HCB. Le p,p'-DDE était significativement associé à une augmentation du risque de réserve ovarienne faible : OR=1,39 (IC 95% 1,10-1,77).

Cette activité du p,p'-DDE sur la réserve ovarienne était déjà connue, en particulier chez l’animal. Le mécanisme impliqué serait soit à une stimulation excessive de la sécrétion de FSH (hormone de stimulation folliculaire), soit à une action inhibitrice sur l'IGF-1 (insulin-like growth factor 1) de la granulosa, ou encore à une activité anti-androgénique du p,p'-DDE. En revanche, le β-HCH était significativement associé à une diminution du risque de réserve ovarienne faible : OR=0,63 (IC 95% 0,44-0,89). Cette activité du β-HCH pourrait être due à son activité oestrogénique.

Il n'y avait aucune autre association significative entre les taux sanguins des POPs et la diminution de la réserve ovarienne. Par ailleurs, l'étude n'a pas montré l'existence d'un "effet cocktail" provoqué par à l'association de plusieurs POPs.

Si ces résultats sont confirmés, ils pourraient avoir un impact sur les messages de prévention et aider à comprendre l’impact des POPs sur le système reproducteur féminin.

Dr Catherine Vicariot
Référence
Génard-Walton M, Warembourg C, Duros S, et al. Serum persistent organic pollutants and diminished ovarian reserve: a single-exposure and mixture exposure approach from a French case-control study. Hum Reprod. 2023 Apr 3;38(4):701-715. doi: 10.1093/humrep/dead028

jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. mai 11, 2023 3:07 pm

Publié le 10/05/2023
Lois Rist et Valletoux : malgré quelques aménagements les médecins libéraux sous pression

Alors que la loi Rist sur l’accès direct est sur le point d’être adoptée, les médecins s’apprêtent à partir en campagne contre la loi Valletoux.

Sauf énorme surprise, la proposition de loi du Dr Stéphanie Rist « portant amélioration de l’accès aux soins » sera définitivement adoptée ce mercredi après-midi par l’Assemblée Nationale. Une commission mixte paritaire est parvenue à un texte de compromis le 6 avril dernier et le Sénat l’a adopté sans difficulté ce mardi. On le sait, cette proposition de loi visant à permettre l’accès direct à certaines professions (infirmières en pratique avancée, kinésithérapeutes, orthophonistes) et à leur conférer diverses nouvelles prérogatives a provoqué une levée de boucliers chez certains médecins, qui ont notamment organisé une grande manifestation contre cette proposition de loi le 14 février dernier.

C’est finalement une version très édulcorée par rapport à celle adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale que la commission mixte paritaire a adoptée et soumise aux deux chambres du Parlement et ce afin d’apaiser la colère des médecins. A la demande des sénateurs, l’accès direct aux IPA et aux kinésithérapeutes ne sera finalement possible que dans le cadre de structures d’exercices coordonné, comme les maisons de santé pluriprofessionnels et donc sous la tutelle des médecins. Le texte initial prévoyait lui que l’accès direct serait possible dans le cadre plus souple des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

Les paramédicaux très déçus par la loi Rist

Les députés ont cependant obtenu que ce cadre des CPTS soit maintenu pour l’accès direct aux orthophonistes. Une expérimentation sera également menée dans six départements sur l’accès direct aux infirmières et kinésithérapeutes en CPTS. Toujours pour apaiser la colère des médecins, les parlementaires ont effacé toute référence à « l’engagement territorial » des praticiens, alors que le contrat d’engagement territorial (CET) a finalement disparu du règlement arbitral.

Rapporteuse du texte à la chambre haute, la sénatrice LR Corinne Imbert estime que les parlementaires ont adopté une « approche équilibrée et raisonnable », qui évite « les tensions entre les professionnels de santé ». Le ministre de la Santé François Braun a lui salué la mise en place d’un « partage de compétences ». Si les médecins ont donc en partie obtenu gain de cause, les syndicats de paramédicaux sont eux très déçus par ces renoncements.

« Une fois de plus, nous avons cédé devant le lobbying médical au Sénat » constate Emmanuel Hardy, président de l’Union nationale des infirmiers de pratique avancée. « Ce texte n’aura qu’un effet cosmétique » estime pour sa part Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), qui rappelle que seulement 3 % des kinésithérapeutes exercent dans une maison de santé et pourront donc recevoir des patients en accès direct.

Médecins pour demain appelle à la grève contre la loi Valletoux

A peine le combat autour de la loi Rist s’achève, qu’une autre proposition de loi à l’objet proche (« visant à améliorer l’accès aux soins ») se profile à l’horizon, celle du député et ancien président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux. Une proposition de loi qui prévoit, entre autres, de rendre obligatoire le rattachement des médecins aux CPTS, de créer un principe assez vague de « responsabilité collective » des soignants vis-à-vis de la permanence des soins (PDS) et d’interdire l’intérim médical aux professionnels de santé en début de carrière.

Ces propositions destinées à améliorer l’accès aux soins ont provoqué la colère de Médecins pour demain. Dans un communiqué publié ce lundi, l’association, héritière du collectif créé à l’automne dernier pour revendiquer une hausse du tarif de la consultation, dénonce une proposition de loi « démagogique, sans aucun regard pour les besoins réels des acteurs du soin, un nouveau coup porté à l’indépendance et l’attractivité de notre métier ».

« Avec ce texte, les médecins devront assumer une obligation de résultat de délivrer les soins à tout le monde, c’est la responsabilité de l’Etat qui leur est transférée sans aucun moyen pour qu’ils puissent faire ce travail-là » s’indigne le Dr Christelle Audigier, fondatrice et présidente de l’association. Elle appelle donc les médecins libéraux à se mettre en grève et à fermer leurs cabinets le 9 juin prochain, alors que la loi Valletoux doit être examinée à l’Assemblée Nationale à partir du 12. Les syndicats n’ont pas encore annoncé s’ils soutiendraient ce mouvement de fermeture des cabinets, comme certains l’avaient pu le faire lors du dernier appel à la grève lancée par l’association au moment des fêtes de fin d’année.

C’est donc une nouvelle longue bataille qui se profile à l’horizon pour les praticiens libéraux alors que les propositions de loi sur l’accès aux soins se multiplient. Le député socialiste Guillaume Garot a ainsi déposé une proposition bien plus radicale, puisqu’elle prévoit (une fois de plus !) d’encadrer la liberté d’installation.

Nicolas Barbet
jim.fr

Une commission mixte paritaire est parvenue à un texte de compromis le 6 avril dernier et le Sénat l’a adopté sans difficulté ce mardi. On le sait, cette proposition de loi visant à permettre l’accès direct à certaines professions (infirmières en pratique avancée, kinésithérapeutes, orthophonistes) et à leur conférer diverses nouvelles prérogatives a provoqué une levée de boucliers chez certains médecins, qui ont notamment organisé une grande manifestation contre cette proposition de loi le 14 février dernier.
Tu m'étonnes. Le Sénat refuge et repaire de notables bedonnants, dont de nombreux médecins (7 + 1 médecin du travail, étrangement mise dans les professions médicales "autres", contre 1 IDE, 1 AS et 1 orthophoniste, ne va pas guerroyer contre ses propres affidés. Si nous devions faire grève pour protester contre les médecins, nous n'aurions pas assez de 24h dans la journée.
C’est finalement une version très édulcorée par rapport à celle adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale que la commission mixte paritaire a adoptée et soumise aux deux chambres du Parlement et ce afin d’apaiser la colère des médecins. A la demande des sénateurs, l’accès direct aux IPA et aux kinésithérapeutes ne sera finalement possible que dans le cadre de structures d’exercices coordonné, comme les maisons de santé pluriprofessionnels et donc sous la tutelle des médecins. Le texte initial prévoyait lui que l’accès direct serait possible dans le cadre plus souple des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Au Sénat il faut mettre en marche l'immobilisme. Que tout change afin que rien ne change.
Les paramédicaux très déçus par la loi Rist
Oh c'est étonnant.
Les députés ont cependant obtenu que ce cadre des CPTS soit maintenu pour l’accès direct aux orthophonistes. Une expérimentation sera également menée dans six départements sur l’accès direct aux infirmières et kinésithérapeutes en CPTS. Toujours pour apaiser la colère des médecins, les parlementaires ont effacé toute référence à « l’engagement territorial » des praticiens, alors que le contrat d’engagement territorial (CET) a finalement disparu du règlement arbitral.
Faisons des essais pour perdre encore du temps. Et quand on s'apercevra que ça fonctionne, on le supprimera malgré tout. Parce que nous allons avoir une politique ambitieuse de refondation de notre système de santé...bla bla bla.
Rapporteuse du texte à la chambre haute, la sénatrice LR Corinne Imbert estime que les parlementaires ont adopté une « approche équilibrée et raisonnable », qui évite « les tensions entre les professionnels de santé ». Le ministre de la Santé François Braun a lui salué la mise en place d’un « partage de compétences ». Si les médecins ont donc en partie obtenu gain de cause, les syndicats de paramédicaux sont eux très déçus par ces renoncements.
Les tensions proviennent toujours des médecins. Étrange non ? Pour autant il faut toujours leur servir la soupe. "partage de compétences" ? Non mais sans rire ?? JE décide moi le docteur et TU exécutes TOI le soignant. De partage point. Sauf 95% pour MOI et 5% pour toi. Et encore, je suis trop bon. Tu devrais me payer l'air que tu respires.
« Une fois de plus, nous avons cédé devant le lobbying médical au Sénat » constate Emmanuel Hardy, président de l’Union nationale des infirmiers de pratique avancée. « Ce texte n’aura qu’un effet cosmétique » estime pour sa part Sébastien Guérard, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), qui rappelle que seulement 3 % des kinésithérapeutes exercent dans une maison de santé et pourront donc recevoir des patients en accès direct.
Voila le résumé. Un bidule qui aura accouché d'une souris. Et le sempiternel et sacro saint docteur qui distribue à sa guise le droit de vivre autour de lui. Quand il se retrouveront seuls, on se demande comment cela tournera ? Avec des volontaires, sans formation (ou 12 h sur une semaine) qui feront des soins comme à l’équarrissage. Le lobbying médical englue littéralement l'évolution des soins. Ce pays meurt de cette colle liquide.
Mais la profession IADE sera sauvée par le barbant Braun. Celui qui méprise tant les soignants Néandertal qu'il décide de l'avenir de la profession IADE avec la SFAR. C'est une idée ça. Le paillasson est-il confortable ?
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 13, 2023 2:54 pm

Publié le 13/05/2023
Pat Cullen, la reine sans couronne des infirmières

Londres, le samedi 13 mai 2023 – Agée de 58 ans, Pat Cullen est devenue l’égérie des infirmières britanniques, qui se battent pour des augmentations de salaire depuis plusieurs mois.

Samedi dernier, tout le faste de la monarchie britannique s’est déployé dans l’abbaye de Westminster pour célébrer le couronnement du nouveau souverain du Royaume-Uni, Charles III. Mais derrière la fête, la cérémonie et les dorures, difficile d’ignorer que le pays est dans une situation économique particulièrement difficile. Miné par les conséquences du Brexit et surtout par l’inflation et la hausse du prix de l’énergie, notre voisin d’outre-Manche s’enfonce dans la crise. La situation de plus en plus déplorable du National Health Service (NHS), le service de santé universel particulièrement cher aux Britanniques, est l’un des symptômes les plus criants de cet état d’enlisement socio-économique.

Comme le nôtre, le système de santé britannique est miné par un manque d’effectifs et des conditions de travail difficiles, qui ont été mises au grand jour par la pandémie de Covid-19 (qui a couté la vie à 223 000 Britanniques, plus qu’aucun autre pays européen). Depuis le mois de décembre, les médecins, ambulanciers et surtout les infirmières britanniques multiplient les journées de grève dure pour réclamer des augmentations de salaire.

Le mouvement a démarré le 10 novembre dernier lorsque, pour la première fois depuis sa création en 1916, le Royal College of Nursing (RCN), le principal syndicat d’infirmières du Royaume, a lancé un appel à la grève générale, suivi par des centaines de milliers d’employés. Un mouvement historique qui s’est trouvé une égérie : Pat Cullen, secrétaire général du syndicat depuis 2021.

40 ans de métier d’infirmière…et de militantisme

Née en 1965, cette sympathique mère de famille nord-irlandaise représente désormais pour beaucoup ces classes populaires oubliés par les conservateurs, au pouvoir depuis 2010. L’ensemble de sa famille travaille pour le service public : ses cinq sœurs sont infirmières, son mari est généraliste, son fils est chirurgien et sa fille institutrice. Elle-même est devenue infirmière en 1982, à seulement 17 ans. Son premier combat militant ne tardera pas.

En 1983, alors qu’elle travaille dans un hôpital psychiatrique en Irlande du Nord, alors en proie à de violents affrontements confessionnels, elle se bat pour que les patients psychiatriques ne soient plus privés de leurs objets personnels en guise de punition. Elle obtiendra gain de cause. Bien plus tard, en 2019, elle mènera durant sept mois une grève des infirmières nord-irlandaises pour obtenir une hausse de salaire, là aussi avec succès.

Depuis le début de ce nouveau mouvement de grève historique au Royaume-Uni, elle multiplie les interventions à la télévision et dans les journaux pour décrire à la population le désarroi des infirmières. « J’ai vu des infirmières pleurer devant moi, elles m’ont montré les banques alimentaires où elles étaient obligées d’aller, elles m’ont exprimé la peur d’envoyer leurs enfants à l’école à qui elles ne peuvent plus acheter de nouvelles chaussures, je ne peux pas vous dire à quel point nos infirmières se battent tous les jours pour survivre » raconte-t-elle dans un entretien dans le journal de gauche The Guardian. L’infirmière n’évite aucun sujet, évoquant bien sûr la précarité de ses collègues, mais également le sexisme et le racisme ambiant dans les hôpitaux britanniques, alors qu’un grand nombre des infirmières exerçant au Royaume-Uni sont d’origine étrangère.

L’infirmière se mue en redoutable négociatrice

Si elle a cru un moment que la crise du Covid allait faire changer les choses et évoluer la position du gouvernement conservateur, elle a rapidement déchanté. « C’était très bien de se mettre devant Downing Street et d’applaudir les soignants, mais rapidement les applaudissements sont devenus des gifles, ils ont battu ces infirmières aussi dure que possible et les ont abandonnées » dénonce-t-elle.

Selon le RCN, le niveau de vie des infirmières a baissé de 20 % depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs et Pat Cullen demande donc une hausse de salaire de 19 %, soit cinq points de plus que l’inflation. « Le gouvernement nous réprimande parce que nous demandons 5 % de plus que l’inflation, mais ce n’est que la restauration de notre paye, ce n’est même pas une augmentation si l’on y réfléchit bien » argumente-t-elle. Depuis le début du mouvement de grève en décembre dernier, Pat Cullen multiplie les rendez-vous avec les représentants du gouvernement, qui ont découvert que derrière cette femme d’apparence ordinaire se cachait également une redoutable négociatrice.

Pour le moment, le gouvernement refuse de céder aux demandes des grévistes et souhaite même faire adopter des lois réduisant le droit de grève dans les services publics. Mais l’intransigeance des autorités n’entame pas la détermination de Pat Cullen, qui continue d’arpenter les piquets de grève. « Quand je crois en quelque chose, je vais jusqu’au bout, il n’est pas encore temps d’inscrire le NHS dans les livres d’histoire, de dire que nous avions ce service public et que nous l’avons abandonné ».

Nicolas Barbet
jim.fr


Et nous ? Ben ça va, à l'heure de ces lignes, on en est toujours aux grévouillettes qui n'impactent personne et ne dérangent pas plus.Il est évident que ce schéma syndical est obsolète, totalement dépassé. Il faut passer à la grève de l'intérieur. Blocage et problème en chaine, commande d'approvisionnement non faite, panne récurrente, pharmacie vide... Enfin, si on a le courage de s'opposer. Ce qui est loin d'être le cas. Les anciens IADE nous regardent et nous jugent.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 13, 2023 3:13 pm

Pourquoi le palmarès des médecins du Point fait polémique

Jacques Cofard
10 mai 2023


Dans l'édition du jeudi 27 avril dernier, Le Point a fait paraitre un nouveau palmarès médical qui n'arrête pas, depuis sa publication, de susciter la polémique.

En novembre dernier, le célèbre palmarès des hôpitaux et des cliniques de l’hebdomadaire, publié depuis 1998 par Le Point, a fait l'objet d'une censure. Selon le magazine, la commission nationale informatique et libertés (Cnil) lui a interdit l'accès au programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI), base de données à partir de laquelle les équipes rédactionnelle du Point avaient l'habitude de concevoir leur palmarès.

Nolens volens, faute de palmarès des hôpitaux, Le Point a donc fait paraitre un nouveau classement, mais cette fois-ci des... médecins experts (voir le Top 3 des médecins experts/spécialité en fin de texte). But de ce nouveau palmarès qui aura demandé 18 mois de travail : donner les noms des 1000 meilleurs médecins experts dans 14 spécialités données, en compulsant quelque 30 000 publications scientifiques.

Démocratisation

Pour quelles raisons ? Dans un souci de démocratisation, se défend Le Point dans son éditorial : « Qui, parmi les médecins, est reconnu comme un très grand expert d’une discipline, notamment par ses pairs ? Aujourd’hui, pour quelques-uns en France, un ou deux coups de fil permettent d’y répondre : il suffit d’avoir des relations. Le grand public, lui, n’a pas le droit de savoir. »

Fort de cette noble cause, Le Point a donc décidé de mettre à disposition du public l'identité des 1000 « meilleurs médecins ».

Pour ce faire, l'équipe de journalistes à la tâche a confronté deux bases de données, « celle des professionnels de santé éditée par l’Agence du numérique en santé, contenant plus de 312 000 médecins inscrits à l’Ordre, et celle de PubMed, qui regroupe les 35 millions d’études biomédicales publiées dans le monde. Après avoir répertorié les médecins dans 14 disciplines, leurs noms ont été confrontés à ceux issus du téléchargement de cinq années d’études, de 2016 à 2020, contenues dans PubMed, soit au total 6,2 millions d’études. Une fois les plus grands « publieurs » isolés, leurs études ont été regroupées, triées, examinées, puis passées au tamis selon des critères liés à la fois à la qualité de la revue et au rôle de l’auteur pour attribuer un « Score Le Point » à chaque médecin ».

Index du Point

Le résultat de ce travail de documentation est l'édification d'un index, l'index du Point, ou H-Index, dont l'algorithme est calqué sur celui de l'index Sigaps (Système d’Interrogation, de Gestion et d’Analyse des Publications Scientifiques), lequel permet au ministère de la Santé d'accorder des enveloppes budgétaires pour la recherche aux établissements de santé. Sur la méthode, donc, rien à dire. Mais sur la déontologie, c'est une autre affaire, comme le rappelle Le Point, qui a dû batailler avec le conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) pour mener à bien son classement : « L’autorité ordinale adressait ainsi le 8 septembre 2022 un courrier à Étienne Gernelle, directeur de la publication du Point. Elle y mentionne l’article 19 du Code de déontologie médicale qui « prohibe la pratique de la médecine comme un commerce » et encadre l’information donnée par les médecins à leurs patients. »

Pour éviter que les médecins présents dans le classement ne fassent l'objet de poursuites devant la justice ordinale, Le Point a décidé d'éviter de publier les coordonnées desdits médecins, et ne les a pas non plus interviewés. Un sacrifice éditorial qui n'a cependant pas été jugé suffisant pour éteindre la polémique.

Réactions

Parmi les premiers à réagir, le syndicat de praticiens hospitaliers APH (action praticien hôpital), qui tacle Le Point : « Si Action Praticiens Hôpital ne remet pas en cause la validité de la méthodologie de ce palmarès ni la qualité de ses lauréats, il s’agit de remettre l’église au milieu du village : non, ce palmarès n’est pas le palmarès du meilleur docteur, mais celui du meilleur publicateur dans les revues scientifiques. Cela n’a rien à voir avec la qualité des soins donnés aux patients ! Profiter de la misère du système de santé et des difficultés croissantes de l’accès au soin pour appâter le chaland en publiant ce genre d’étude n’est pas un bon service rendu au citoyen. »

Dans le même ordre d'idées, le médecin urgentiste Gérald Kierzek s'est lui aussi insurgé à propos de ce nouveau classement, pour plusieurs raisons. Joint par Medscape, Gérald Kierzek ne comprend pas pourquoi des médecins ont joué le jeu, en laissant leur nom apparaître dans ce classement : « Il y avait des consignes de l'APHP pour ne pas répondre à ce classement, et il y a malgré tout des médecins de l'APHP, parfois très proches de la direction, qui sont tout de même classés, ce qui veut dire que les PH ont tout de même répondu. Quid de la réaction du conseil de l'Ordre puisqu'il s'agit malgré tout de publicité ? Quel sera la réaction de l'APHP puisque des praticiens ont désobéi à ses consignes ? »

Surtout, le Dr Kierzek dénonce une tromperie sur la "marchandise" : « il s'agit des meilleurs chercheurs et non des meilleurs médecins cliniciens. Ce ne sont même pas les meilleurs chercheurs, mais plutôt ceux qui ont le plus publié. Nous savons aussi que les médecins qui publient le plus sont ceux qui pratiquent le moins. Souvent le nombre de publications d'un médecin est inversement proportionnel à la qualité de sa pratique clinique, c'est ça la réalité. »

Souvent le nombre de publications d'un médecin est inversement proportionnel à la qualité de sa pratique clinique, c'est ça la réalité. Gérald Kierzek

La conséquence de ce nouveau genre de classement peut être dramatique pour l'hôpital public, pense Gérald Kierkek : « ce classement ne fait que mettre sur un piédestal le système du mandarinat. On encense les élites PUPH et on enfonce la médecine générale, et on dégrade un peu plus l'hôpital public, en favorisant le secteur privé à l'hôpital... »

Le Pr Michaël Peyromaure, chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin, joint également par Medscape, n'en pense pas moins : « Je pense que ce classement est à côté de la plaque car il fait penser au grand public que les médecins qui y sont classés sont des bons médecins. Or ce classement comme vous le savez est établi à partir d'un seul critère à savoir les publications scientifiques. Qui plus est, en termes déontologiques, nous ne sommes pas censés faire de la publicité nominativement pour un médecin. Mais ce classement donne des noms de médecins alors que le précédent classement du Point ne donnait que des noms de service, de centres hospitaliers ou de cliniques. »

Pour le Pr Peyromaure, les médecins qui publient le plus ne sont pas ceux qui pratiquent le plus : « Faire du soin est beaucoup plus compliqué qu'il y a 20 ans et il en va de même de l'enseignement et de la recherche. Donc si vous voulez vous impliquer dans la recherche académique, c'est souvent au détriment de la prise en charge clinique des patients. »

Tout comme le Dr Gérald Kierek, le Pr Peyromaure regrette que les médecins qui ne publient pas ne puissent être présents dans ce classement : « Ça ne me dérange pas que l'on fasse des classements, mais pas en trompant le public, en affirmant qu'il s'agit là des meilleurs médecins. Je ne suis pas contre le fait de classer des services par exemple, selon des critères objectifs. Je trouve que l'on manque de transparence en France sur les services hospitaliers, mais encore faut-il que les critères de classement soient les bons. »

En parallèle, comme un seul, les grandes organisations médicales et hospitalières ont publié un communiqué commun extrêmement virulent contre ce nouveau classement : « La Conférence des Doyens de Médecine, le Conseil National de l’Ordre des médecins, le Conseil national des universités santé, les Conférences des Présidents de CME de CHU et des Directeurs généraux de CHU s’unissent et s’élèvent ensemble contre le palmarès « Médecins experts 2023 » publié par Le Point (édition 27 avril 2023 n° 2647). Ce classement, qui se fonde sur des informations subjectives et tronquées, porte préjudice tant aux praticiens qu’à la médecine et donc aux patients […] Le classement du Point est injuste et discriminatoire vis-à-vis des médecins experts. Il semble également mettre en doute la capacité des médecins généralistes à orienter leurs patients vers des praticiens de qualité adaptés à leur pathologie. »

Enfin, de son côté, l’Académie Nationale de Chirurgie (ANC) a souligné dans un communiqué qu’il était « louable de vouloir honorer la recherche médicale et ses acteurs, ce d’autant que les financements de la recherche en France se situent actuellement en dessous des standards européens » tout en félicitant « toutes celles et ceux, s’exprimant dans le domaine public ou privé, qui figurent dans ce palmarès et y sont incontestablement à la place qu’ils ou elles méritent ».

Pour autant, l’ANC émet elle-aussi « des réserves sur la démarche et souligne l’ambigüité de son résultat ou de son interprétation biaisée. Aucune règle n’a établi de relation entre la qualité d’un opérateur et le nombre de ses publications. Or cet article, et ses illustrations, veut clairement faire comprendre qu’il révèle le nom de chirurgiens à recommander publiquement plutôt que « sous le manteau » (sic). Sauf que l’information livrée ici est accessible à tout un chacun en 3 clics à partir d’un nom de praticien donné ».

Ça ne me dérange pas que l'on fasse des classements, mais pas en trompant le public, en affirmant qu'il s'agit là des meilleurs médecins. . Michaël Peyromaure

Réponse du Point

Le Point a tenu à répondre à ces critiques en affirmant notamment que « nous n'avons jamais prétendu faire le classement des meilleurs médecins. Nous l'avons écrit et nous le redisons évidemment sans hésiter : on peut être un excellent médecin sans publier. Nous ne disons donc pas que nous avons constitué le palmarès des « meilleurs », mais que ce sont des praticiens experts dans leurs domaines, actifs et entraînés ».

Le newsmagazine balaie d'un revers de la main les accusations de publicité médicale, un délit selon la déontologie des médecins : « Quant à savoir s'il s'agit d'une « publicité déguisée », rappelons qu'aucun des praticiens cités dans le palmarès n'a cherché à se mettre en avant. Ce classement est le résultat d'une longue enquête journalistique basée sur l'expertise. » Reste à connaitre, désormais, la réaction du conseil national de l'ordre des médecins (Cnom).



Qui sont les 3 premiers « praticiens experts » de chaque spécialité ?

Cancers gynécologiques et du sein : Chirurgie

1er Professeur Sofiane Bendifallah
2e Professeur Vincent Lavoué
3e Professeur Philippe Morice

Cancers gynécologiques et du sein : Oncologie médicale
1er Professeur Fabrice André
2e Professeur Isabelle Ray-Coquard
3e Professeur François Bertucci

Cardiologie
1er Professeur Philippe Gabriel Steg
2e Professeur Gilles Montalescot
3e Professeur Erwan Donal

Chirurgie cardiaque
1er Professeur Pascal Leprince Valves
2e Professeur Thomas Modine
3e Docteur Francesco Nappi

Chirurgie thoracique
1er Professeur Élie Fadel
2e Professeur Marco Alifano
3e Professeur Pierre-Emmanuel Falcoz

Chirurgie vasculaire
1er Professeur Stephan Haulon
2e Professeur Nabil Chakfé
3e Professeur Anne-Catherine Lejay

Chirurgie viscérale digestive et endocrinienne
1er Professeur René Adam
2e Professeur Olivier Soubrane
3e Professeur Daniel Azoulay

Dermatologie
1er Professeur Caroline Robert
2e Professeur Brigitte Dréno
3e Professeur Laurent Misery Prurit

Infectiologie
1er Professeur Jean-Michel Molina
2e Professeur Céline Pulcini
3e Professeur Olivier Lortholary

Neurologie
1er Professeur Yves Dauvilliers
2e Professeur Pierre Amarenco
3e Professeur Fabrice Bartolomei

Ophtalmologie
1er Professeur Éric Souied
2e Professeur Christophe Baudouin
3e Professeur Francine Behar-Cohen

Orthopédie
1er Docteur Bertrand Sonnery Cottet
2e Professeur Sébastien Lustig
3e Professeur Matthieu Ollivier

Rhumatologie
1er Professeur Xavier Mariette
2e Professeur Laure Gossec
3e Professeur Yannick Allanore

Urologie
1er Professeur Morgan Roupret
2e Professeur Olivier Traxer
3e Docteur Benoît Peyronnet

Source Medscape.

Je garde les réactions des médecins envers leurs collègues " ce ne sont pas ceux qui publient qui sont les meilleurs cliniciens". Vu qu'ici, on dit ça concernant les éminences grisonnantes de l'anesthésie, qui viennent du haut de leur place de modérateur des congrès, nous expliquer comment faire de l'anesthésie. Il est toujours cocasse de constater une fois sur le terrain (ce qui arrive épisodiquement, le chemin vers le bloc opératoire est difficile à trouver quand on a de mauvais repaires) le décalage entre les "recommandations de bonnes pratiques" et le déroulé de l'induction et ce qui suit. A moins que l'absence prolongée (entre 2 à 4 heures selon) post induction (qui consiste grosso modo à pousser 3 seringues et attendre que le tube soit dans le bon trou, ce qui une fois le TOF à zéro prend 5 secondes à un IADE vs une bonne minute à un interne parce que les patients sont toujours Cormack 4 avec eux...) ne soit une bonne pratique ? Ah mais non, l'escla...l'IADE a toute compétence pour gérer le patient. Et puis avec un bon bouquin et une solide vessie il va gérer. Jusqu'à ce que le MAR rappelle qu'il est indispensable en salle, du haut de son absence proverbiale dont peuvent témoigner... pourrait témoigner les chirurgiens, si là encore, l'union sacrée n'était de mise.
Entre médecins, on a un code de déontologie.
Enfin il parait.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 13, 2023 3:22 pm

Publié le 13/05/2023
Retour des soignants non vaccinés : et après ?

Dans quelques heures, le gouvernement doit prendre un décret visant à suspendre la vaccination obligatoire contre la Covid-19 des soignants et personnes travaillant dans les établissements médico-sanitaires. Avec ce texte, la France sera l’un des derniers pays du monde à renoncer à cette disposition, que l’évolution du virus et la moindre efficacité des vaccins contre la transmission des divers variants ont peu à peu rendu plus difficile (mais pas impossible) à soutenir. Ce décret rendra par ailleurs plus incongrue encore la proposition de loi en débat actuellement au Parlement visant à abroger l’obligation vaccinale.

Ce texte adopté la semaine dernière grâce à l’alliance de l’extrême droite et de l’extrême gauche (adoption par ailleurs facilitée par l’absence d’un grand nombre de parlementaires de la majorité) aura surtout permis de signaler une fois encore les incohérences du gouvernement sur ce sujet et son instrumentalisation politique.

Ils ne partirent pas cinq cents et revinrent encore moins nombreux

Mais quoi qu’il en soit, le retour dans les établissements de santé d’une poignée de professionnels de santé qui ont refusé de se vacciner contre la Covid-19 est imminent. Combien seront-ils ? Très peu selon toute vraisemblance. En effet, le nombre de soignants concernés a été très faible et ceux-ci sont en grande majorité des agents administratifs. Par ailleurs, compte tenu de la durée de la suspension, beaucoup ont choisi de se reconvertir et l’enthousiasme quant à une éventuelle reprise serait limité si l’on en croit un reportage de Marianne (non représentatif, néanmoins comme le note Média Citoyens).

Le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML) résume sur Twitter : « Beaucoup se sont reconvertis. La plupart étaient dans l’administration. N’en déplaise aux antivax moutons bêlant leur rage, les soignants non vaccinés sont quasi inexistants et quand ils existent la majorité ne sont pas soignants ». Mathias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis confirme dans une tribune publiée hier par Le Monde : « On sait très bien que de nombreux soignants laissés dans une situation sociale suspendue ont probablement quitté définitivement le secteur. Il fallait bien vivre. En tout état de cause, les réintégrations seront bien trop peu nombreuses pour apporter un réel soulagement aux équipes affectées par des situations chroniques de sous-effectif. On peut regretter qu’aucune porte de sortie ne leur ait été proposée soit par le gouvernement, soit par les partisans les plus virulents de leur réintégration».

Plus le retour des prodigues que des prodiges

Si la question du combien laisse peu de doutes, une interrogation plus complexe concerne le profil de ceux qui voudront retrouver leur poste. Matthias Wargon est pessimiste et considère : « Ce sont donc, probablement, les plus extrémistes ou ceux qui n’ont pas trouvé de solutions alternatives à qui l’on va proposer de revenir dans nos services. Il s’agira certainement, pour l’essentiel, de personnels paramédicaux et d’administratifs ».

Dans ces circonstances, la réintégration pourrait s’avérer complexe, même si l’urgentiste entrevoit la possibilité dans certains cas d’un retour apaisé. « On n’accueille pas une idée, mais on accueille un collègue. Les moins militants vont revenir dans un hôpital en grande souffrance, qui sera heureux, probablement, de les accueillir. S’ils arrivent à se réadapter, ces quelques soignants ne poseront pas de problème. Plus difficile va être la réintégration de ceux qui ont milité contre les vaccins et les mesures barrières, qui se sont radicalisés sur les réseaux sociaux et ont tenu un discours revendicatif. L’accueil par leurs collègues, qui, eux, ont fait leur devoir depuis deux ans, dans des difficultés inédites, avec un Covid toujours présent, désorganisant l’hôpital, et des problèmes de personnel chroniques aggravés par l’épidémie, risque de ne pas être aussi cordial qu’ils l’espèrent » envisage-t-il, tranchant plus encore concernant les médecins : « Les rares médecins qui ont refusé la vaccination ne sont plus crédibles. On ne peut pas imaginer que ceux qui ont affirmé des inepties sur le vaccin, les traitements, dans l’ignorance complète des essais cliniques ou de l’épidémiologie, puissent se réinsérer dans la communauté médicale ».

Cependant, d’autres portent un regard très différent sur ces infirmiers, médecins et autres soignants : « Ces professionnels qui aiment leur travail voulaient aider leurs collègues, surchargés, parfois ne pouvant plus soigner. Si toute aide est essentielle car utile, ne pas vouloir lutter contre une seule discrimination est un fait grave » écrivaient ainsi dans Marianne il y a quelques semaines, le kinésithérapeute Nicolas Védrines et le sociologue spécialiste des questions de santé (CNRS-Arènes) Frédéric Pierru. En tout état de cause, on ne pense pas que la solution préconisée il y a plusieurs mois par le professeur d’éthique médicale Emmanuel Hirsh sera appliquée : « Si la décision de réintégration avait été prise, elle devait être accompagnée d'un entretien personnel de réintégration favorisant un dialogue de fond, ainsi que d'une démarche d'explicitation notamment à destination des professionnels qui, à juste titre, ont considéré qu'accepter la vaccination était un acte de responsabilité et de solidarité qui relevait de leur déontologie », proposait-il de façon probablement un peu utopiste

Tout est bien qui finit bien

Si bien sûr plusieurs organisations syndicales et autres institutions (telle la Fédération hospitalière de France ou le Syndicat national des professionnels infirmiers) ont exprimé leur forte réticence à l’idée du retour des soignants non vaccinés, si bien sûr sur Twitter les commentaires ont été souvent acerbes, on peut se demander néanmoins si sur le terrain une certaine forme de retour à la normale ne suscitera pas plus certainement du soulagement. Ainsi, cette semaine, le Centre hospitalier de Béziers a salué la fin de l’obligation du port du masque en son sein par une vidéo libératrice montrant plusieurs de ses agents heureux de pouvoir se défaire de cette protection. L’initiative n’a pas été du goût de tous et d’aucuns ont tenu à rappeler sévèrement que les épidémies virales étaient toujours là et qu’il était perturbant que des soignants fassent ainsi la promotion d’une telle insouciance.

Cependant, ce clip signale combien au sein même de la communauté médicale, la fin de ce que l’on nomme la « période de Covid » et la disparition de ses stigmates est une aspiration forte : dans ce cadre la réintégration de collègues d’antan pourrait fonctionner comme un marqueur positif. Confirmant encore combien ce retour est loin de constituer un sujet majeur de controverse, un sondage publié dans le JDD cette semaine montre qu’une large majorité de Français, 79 %, est favorable à la réintégration des soignants non vaccinés et cette adhésion majoritaire s’observe toute tendance politique confondue.

Par ailleurs, si les théories antivax et complotistes les plus farfelues n’ont heureusement contaminé qu’une très faible minorité de soignants, beaucoup chez les professionnels de santé partagent la conviction qu’à l’heure de la diminution de la circulation de SARS-Cov-2, de la moindre virulence des variants actuels et de la protection très modérée des vaccins contre la transmission de ces derniers, l’obligation vaccinale est difficile à défendre. En outre, beaucoup (dont Nicolas Védrines et Frédéric Pierru) se souviennent avec amertume des incohérences de certains choix (vis-à-vis notamment de l’immunité naturelle ou du sort des soignants infectés mais vaccinés). L’importante adhésion à ces arguments devrait constituer un terrain favorable au retour de ces quelques renforts supplémentaires.

Les Lumières et les deux gauches

Cependant, l’inquiétude de ceux qui demeurent hostiles non seulement à ce retour mais plus encore au principe même de la suspension de l’obligation vaccinale (concernant la Covid mais aussi d’autres maladies infectieuses) ne concerne pas uniquement le court terme mais au-delà. « Réintégrer des gens qui ne croient pas à la vaccination comme moyen efficace de prévenir les épidémies est dramatique. Vous aurez sur la conscience des futurs décès des patients par la grippe en EHPAD » écrit par exemple le chef du service des urgences d’Angoulême, Gilles Moalic en réponse à Mathilde Panot, député LFI s’étant félicitée du vote de son parti en faveur de l’abrogation de l’obligation. Mathias Wargon nourrissait la même inquiétude il y a quelques mois : « Quant aux prochaines campagnes de vaccination, elles sont vouées à l’échec. La grippe mais aussi les vaccinations actuelles et futures contre les cancers ».

L’impact sur les futurs programmes vaccinaux (même s’il n’est pas certain car finalement l’adhésion à la vaccination contre la Covid, même avant l’instauration du pass vaccinal, a été importante en France en dépit des tourments passés avec la grippe H5N1 ou l’hépatite B), et plus généralement le risque de diffusion par des soignants en exercice (et réhabilités) de messages hostiles aux vaccins (ce qui accroît leur portée), sont également une préoccupation d’un groupe d’élus et responsables du parti socialiste à l’initiative de Lamia El Aaraje et Nicolas Mayer-Rossignol, ayant signé cette semaine une tribune dans Libération. Au-delà, c’est l’adoubement d’un message antiscientifique et la prime à une minorité dissidente qui sont remarqués : « La décision d’abroger l’obligation vaccinale (…) vient récompenser ces quelques-uns (moins de 0,2 % de l’ensemble des professionnels de santé) qui ont refusé de respecter l’éthique même de leur métier. Elle pourrait aussi instaurer la défiance envers tous les vaccins à venir alors même que le gouvernement met en place (et c’est une bonne mesure pour lutter contre le cancer du col de l’utérus) une grande campagne incitant les parents à vacciner leurs enfants au collège, filles et garçons, contre le papillomavirus. (…) Elle va à l’encontre de la gauche des Lumières que nous, socialistes, avons toujours portée, celle qui croit en les sciences et au progrès médical » écrivent-ils, signalant combien ces questions suscitent une fracture au sein de la gauche elle-même, LFI ayant été le fer de lance de la lutte pour la réintégration des soignants non vaccinés. Remarquant lui aussi comment cette décision tend à légitimer des positions ultra-minoritaires, Mathias Wargon avait ironisé il y a quelques mois : « La majorité des Français sont vaccinés. Là on a donc une partie non négligeable de la représentation nationale qui leur explique que ceux qui ne l’ont pas fait alors qu’ils étaient soignants ont eu raison. Demain on enseigne le créationisme a l’école ? ».

Le pessimisme n’est cependant pas unanime. Pour Nicolas Védrines et Frédéric Pierru, au contraire, la suspension de l’obligation pourrait envoyer un message positif en cette période où la perte d’attractivité des professions soignantes est critique ; la fin de cette obligation pouvant être perçue comme un gage d’ouverture et de souplesse.

Un gouvernement inaudible

Ceux qui se désolent de voir absous des professionnels de santé ayant fait le choix de s’écarter de la science et de la déontologie et ceux qui au contraire y voient une mesure inévitable et juste peuvent au moins s’accorder sur un point : le gouvernement et les autorités sanitaires auront été sur ces questions totalement incohérentes. Quand François Braun s’émeut la semaine dernière du vote de l’Assemblée en commentant : « Le complotisme l’a emporté sur la science lors des débats à l’Assemblée. La vaccination est une arme de protection massive, mais les oppositions ont décidé d’envoyer un message regrettable aux soignants », l’infirmier Vincent Lautard ne peut que lui répondre de manière cinglante : « Au moment du vote, 114 députés de la majorité étaient absents. S’ils avaient été présents à l’Assemblée, le texte ne serait pas passé. De plus, Monsieur le ministre, depuis que vous avez annoncé la réintégration des soignants non vaccinés, vous êtes devenu inaudible sur ce sujet » tance-t-il considérant d’une manière générale que « La réintégration des soignants non vaccinés, c’est l’aboutissement d’une faillite d’une grande partie des politiques de tous bords, qui en pleine crise du covid, ont abandonné les professionnels de santé qui faisaient face aux fanatiques anti-science haineux et complotistes ». L’analyse rejoint celle de Mathias Wargon qui après avoir moqué « l’incompréhensible » texte de la Haute autorité de Santé du 30 mars, épinglé le fait que personne n’ait choisi d’attendre l’avis du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) conclut ainsi sa tribune dans le Monde : « Le secteur médico-social manque beaucoup de bras. Or, on ne peut pas croire que l’arrivée de quelques soignants dont on ignore encore le nombre et les fonctions, aux dispositions hostiles vis-à-vis de l’institution, lui rendra service. Ce mouvement de réintégration ne peut être une solution et semble être une réponse facile et démagogique à une question nécessitant une refondation difficile de notre système de santé ».
Aucune arme contre le piège de l’émotion

Dès lors, quelle solution pouvait être proposée, puisqu’une suspension sine die semblait difficilement soutenable. Les élus socialistes notent que l’obligation générale aurait été une piste bien plus courageuse, un signal fort de confiance du gouvernement en faveur de la vaccination, un engagement de ce dernier pour rappeler son intérêt collectif (une position proche de celle d’Emmanuel Hirsch). Par ailleurs, beaucoup regrettent que le gouvernement se soit contenté de cette suspension sans accompagnement, ce qui a contribué à attiser les ressentiments et revendications, et rendu plus difficile le message rappelant la nécessité de la protection vaccinale quand on est soignant, quand l’émotion suscitée par les difficultés des personnels suspendus retenait toute l’attention.

Les élus socialistes font écho à Mathias Wargon : « Le gouvernement n’a pas su proposer de solutions pérennes à ceux qui ont refusé de se vacciner. Ils auraient dû et pu être mieux accompagnés vers une reconversion professionnelle, mais l’éthique du métier de soignant exigeait de prendre la seule décision motivée par la science pour le bien commun : la vaccination ». On voit là encore combien ce sujet marque les insuffisances du gouvernement et favorise la défiance à son encontre.

Et c’est sans doute en la matière, bien plus que dans les couloirs des hôpitaux entre soignants réintégrés et leurs collègues, que ce retour des soignants non vaccinés risque de creuser les points de fracture.

On pourra pour s’en convaincre (ou pas) relire :

Jérôme Marty : https://twitter.com/Drmartyufml/status/ ... 6272761857

Médias Citoyens : https://twitter.com/medias_citoyens/sta ... 4246668288

Mathias Wargon : https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html et https://twitter.com/wargonm?ref_src=tws ... r%5Eauthor

Nicolas Védrine et Frédéric Pierru : https://www.marianne.net/agora/tribunes ... n-vaccines

Emmanuel Hirsch : https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 26980.html

Le sondage du JDD : https://www.lejdd.fr/politique/sondage- ... 2014%20mai

Gilles Moalic : https://twitter.com/GillesMoalic

Les élus socialistes : https://www.liberation.fr/idees-et-deba ... directed=1

Vincent Lautard : https://twitter.com/vlautard/status/165 ... IwmUpvHQDg

Aurélie Haroche
jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 13, 2023 3:34 pm

Publié le 21/04/2023
Origine du SARS-Cov-2 : l’accident de laboratoire fortement évoqué à l’Académie de Médecine

L’Académie de Médecine a organisé une conférence semblant favorable à la théorie selon laquelle la pandémie de Covid-19 a été provoquée par un accident de laboratoire.

En 2020, alors que la pandémie de Covid-19 plongeait le monde dans une crise sans précédent, déclarer publiquement que le SARS-Cov-2 s’était échappé d’un laboratoire (plus précisément du laboratoire P4 de Wuhan en Chine) vous valait d’être traité au mieux de fou, au pire de complotiste admirateur de Donald Trump. Tous les scientifiques sérieux s’accordaient pour dire (publiquement en tout cas) que le SARS-Cov-2 était apparu naturellement, qu’il avait été transmis de la chauve-souris à l’homme via un animal intermédiaire et que la thèse de l’accident de laboratoire n’était qu’une théorie du complot créée pour discréditer la Chine.

Trois ans plus tard, les choses ont radicalement changé. De plus en plus de scientifiques considèrent que la possibilité que la pandémie de Covid-19 ait été déclenchée par un accident de laboratoire est sérieuse, alors même que l’hypothétique origine naturelle du virus n’a pas été trouvée. Aux Etats-Unis, la question a pris un tournant politique, le FBI et le ministère de l’Energie défendant désormais officiellement la théorie de l’accident de laboratoire, tandis que les républicains accusent les démocrates d’essayer de cacher la vérité au grand public. En France en revanche, la question est rarement débattue publiquement (peut-être du fait que le fameux laboratoire P4 de Wuhan accusé d’être à l’origine de la pandémie a été mis en œuvre en collaboration avec des chercheurs français). En 2021, le gouvernement a déclaré ne pas vouloir « politiser le sujet de l’origine du virus ».

Le mystère du site de clivage de la furine

La tenue ce mardi à l’Académie de Médecine d’une séance consacrée à la théorie de l’accident de laboratoire (sans pour autant la confirmer) est donc un évènement inédit pour la communauté scientifique française, marquant tout le chemin parcouru par cette thèse au départ jugée complotiste. Intitulée « De l’origine du Sars-Cov-2 à la virologie/biologie dangereuse », cette conférence a été l’occasion de présenter les différents éléments appuyant l’hypothèse selon laquelle le SARS-Cov-2 ait été créé en laboratoire, possiblement via des expériences dits de gain de fonction, consistant à augmenter artificiellement la pathogénicité d’un virus.

L’intervention de Marc Eloit a particulièrement marqué les esprits. Se qualifiant lui-même de « pécheur de virus », ce virologue de l’Institut Pasteur a expliqué comment lui et son équipe étaient partis au Laos en 2021 sur les traces de l’origine du virus. Pourquoi au Laos et pas en Chine ? Tout simplement parce que Pékin a interdit toute enquête internationale sur l’origine du virus sur son territoire.

Au Laos, Marc Eloit a ainsi découvert chez la chauve-souris un virus, qu’il a appelé Banal-52, similaire à 97 % au SARS-Cov-2. Principale différence entre les deux virus : le Banal-52 ne présente pas de site de clivage à la furine, une particularité qui explique la très grande contagiosité du SARS-Cov-2 chez l’homme. Or, en réalisant plusieurs passages du Banal-52 chez des souris génétiquement modifiés ayant des récepteurs cellulaires proches de ceux des hommes, Marc Eloit a semble-t-il démontré que ce site furine n’a pas pu apparaitre naturellement.

Le danger des expériences de gain de fonction

Si c’est un simple doute que Marc Eloit a exprimé, son collègue Patrick Berche s’est voulu beaucoup plus direct. Pour l’ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille, tout porte à croire que le virus s’est échappé d’un laboratoire, à commencer par les incohérences de la thèse de l’origine naturelle. En effet, si le virus était né dans la nature, l’épidémie serait apparue progressivement, en plusieurs foyers dispersés et non pas uniquement à Wuhan à proximité du laboratoire P4. « Si des animaux vendus sur le marché de Wuhan ont été porteurs du virus, comment-ils ont pu transiter sur des centaines de kilomètres sans faire aucun cas ailleurs ? » s’interroge le chercheur. Patrick Berche a conclu son intervention en évoquant une information révélée en 2021 par un groupe de scientifiques indépendant, le Drastic, mais passé inaperçu : avant la pandémie, le laboratoire P4 de Wuhan procédait bien à des expériences de gain de fonction, le projet Defuse, consistant à insérer des sites furine dans des virus de chauve-souris.

Si l’Académie de Médecine n’a pas pris ouvertement position pour l’une ou l’autre des hypothèses en organisant cette conférence, le but était notamment de mettre en lumière un point souvent ignorée par la communauté scientifique française, à savoir le risque présenté par les laboratoires de haute sécurité et les expériences de gain de fonction. Le virologue Simon Wain-Hobson a d’ailleurs clairement demandé l’interdiction de ces expériences, qu’il juge bien trop dangereuses. « La promesse de pouvoir prédire la souche responsable de la prochaine pandémie et ainsi de prévoir un vaccin ou un traitement, c’est du pipeau » lance le virologue.

« Il faut former nos jeunes chercheurs à ces questions de responsabilité de leurs activités de recherche » explique pour sa part la virologue Christine Rouzioux, qui estime qu’on a en France « énormément de mal à lancer des formations dans les écoles doctorales » sur le sujet de l’utilisation de travaux de recherche comme armes biologiques. Loin de s’estomper, le risque est plutôt en augmentation dans le monde. Depuis 2020, les laboratoires P3 et P4 manipulant des pathogènes hautement dangereux se sont multipliés dans le monde, y compris dans des pays ne présentant pas a priori pas toutes les conditions de sécurité requises comme la Côte d’Ivoire, le Kazakhstan ou l’Arabie Saoudite.

Quentin Haroche
jim.fr
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. mai 15, 2023 6:52 pm

Publié le 10/05/2023
Covid : Agnès Buzyn défie la justice

Fait inédit dans les annales judiciaires, Agnès Buzyn a décidé de refuser de se rendre aux convocations des juges de la Cour de Justice de la République (CJR).

Verra-t-on bientôt la Pr Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé et hématologue de renom, les menottes aux poignets encadrés par des policiers ? C’est bien peu probable mais toutefois pas impossible. Depuis deux mois, l’ancienne présidente de l’institut national du cancer s’est en effet lancée dans un bras de fer inédit avec la justice. Elle refuse de se rendre aux convocations des trois juges de la Cour de Justice de la République (CJR), seule institution habilitée à juger les ministres pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction, juges qui instruisent le dossier de la gestion de l’épidémie de Covid-19 par le gouvernement. En théorie, les magistrats peuvent donc, sur le fondement de l’article 122 du code de procédure pénale, prendre un mandat d’amener ou d’arrêt et ordonner aux forces de l’ordre d’arrêter l’ancienne ministre pour qu’ils la présentent à eux. Peu probable que les juges en viennent cependant à de telles extrémités.

L’ancienne ministre de la Santé, qui a quitté son poste le 16 février 2020 un mois avant le premier confinement pour tenter, sans succès, de conquérir la mairie de Paris, est visée depuis juillet 2020 par une enquête de la CJR pour sa gestion des débuts de l’épidémie de Covid-19. Il lui est reprochée d’avoir minimisé les alertes venant de Chine et notamment de ne pas avoir ordonné la reconstitution des stocks de masques, qui se sont rapidement avérés insuffisants. Le 24 janvier 2020, alors qu’un tout premier cas de Covid-19 était détecté en France, elle avait affirmé que « les risques de propagation du coronavirus sont très faibles ».

Une mise en examen annulée et un procès qui s’éloigne

Mais dès mars et le premier confinement, elle a affirmé au contraire qu’elle avait immédiatement perçu dès le départ le danger présenté par ce nouveau virus et qu’elle avait tenté, en vain, d’avertir Emmanuel Macron et Edouard Philippe. « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine, le 11 janvier j’ai envoyé un message au Président de la République sur la situation » expliquait-t-elle dans une interview au Monde en mars 2020. Des déclarations fracassantes et quelque peu contradictoires qui n’ont fait qu’ajouter à son discrédit.

Le 10 septembre 2021, la CJR a donc décidé de mettre en examen l’hématologue pour le délit de « mise en danger de la vie d’autrui » et de la placer sous le statut de témoin assisté pour celui d’ « abstention volontaire de combattre un sinistre ». Le 23 janvier dernier cependant, la Cour de Cassation a annulé cette mise en examen, jugeant qu’Agnès Buzyn n’avait violé aucune « obligation particulière de prudence ou de sécurité » et elle l’a donc été automatiquement placée sous le statut de témoin assisté pour ce délit.

Sans doute ragaillardie par cette décision de justice très favorable, qui éloigne grandement le spectre d’un futur procès, l’ancienne ministre a décidé de cesser de collaborer avec les juges. Lors de sa dernière audition avec les magistrats le 28 février dernier, l’ancienne ministre a mis fin d’elle-même à l’interrogatoire en refusant de répondre aux questions qui lui étaient posées. Le jour-même, ses avocats ont écrit aux juges pour leur expliquer que l’hématologue ne se rendrait pas aux convocations des 20 et 27 mars et « qu’elle ne souhaitait plus être entendue, ne se présentera plus spontanément et ne répondra pas aux questions ». Une menace mise à exécution : les 20 et 27 mars dernier, la ministre ne s’est pas rendue au tribunal et c’est en vain que les trois juges l’ont attendu.

Agnès Buzyn dénonce une injustice

Pour justifier ce défi lancé aux magistrats, les avocats de l’ancienne ministre évoquent notamment la longueur anormale de la procédure (plus de trois ans) et les plus de vingt interrogatoires que leur cliente a subi. « Jusqu’à ce jour, Mme Buzyn a systématiquement déféré aux convocations et répondu aux très nombreuses questions qui lui ont été posées. Elle a le désormais le sentiment, en dépit de ses vingt procès-verbaux d’interrogatoires, que ces questions ne font plus que se répéter cycliquement, sans qu’aucun élément nouveau ne vienne les motiver et sans qu’aucune des centaines de réponses ne semble susceptible de faire cesser ce cycle » écrivent les avocats dans leurs courriers aux magistrats.

Ces derniers se sont contentés de prendre acte de cette décision et d’expliquer en réponse que « la nature même des faits poursuivis, leurs conséquences, les accusations portées contre trois ministres (NDLR : Agnès Buzyn, Olivier Véran et Edouard Philippe) nous ont semblé mériter une information exhaustive qui ne pouvait qu’engendrer de multiples auditions ».

Mais si l’ancienne ministre, dont le parcours académique et politique avait été sans faille jusqu’en 2020 avant de tourner au cauchemar, prend le risque de se mettre hors-la-loi, c’est surtout parce qu’elle a toujours considéré sa mise en accusation comme une profonde injustice. « J’ai apporté toutes les preuves qu’on a anticipé et géré au mieux, en vain (…) imaginer que les magistrats aient pu penser une seule seconde que je n’ai pas mis toute mon énergie à essayer d’éviter le pire, c’est insupportable » a-t-elle expliqué en septembre dernier.

Grégoire Griffard
jim.fr


Comme disait Philippe Poutou, “Comme on n’a pas d’immunité ouvrière, on plonge”. Il faut croire que miss Buzyn se croit au dessus des lois.
Pour quelqu'un qui avait été la première à voir ce qui se passait en Chine, on peut reprendre ses propos de l'époque. Elle a envoyé au casse-pipe des hordes de soignants qui n'avaient pas de matériel de protection ni d'immunité diplomatique pour refuser d'y aller ! Selon que vous serez puissant ou misérable. Mais les puissants sont tellement misérables...
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 20, 2023 2:42 pm

Publié le 20/05/2023
Plaidoyer pour le mérite

Twitter est rarement surprenant. Cette semaine, en France, il a bruissé (entre autres) d’une polémique dont les axiomes n’étaient guère inédits. Le journaliste Mathieu Slama a sans nuance assuré : « Le mérite n’existe pas. C’est un mensonge qui sert à justifier les inégalités et les injustices. On « réussit » parce que l’on est né dans la bonne classe sociale ou parce que l’on a eu de la chance. Pas par le mérite ».

La petite phrase bien sûr en a hérissé plus d’un. Dans la communauté médicale, au sein de laquelle il est vrai la reproduction sociale est un phénomène assez marqué, les dents ont cependant grincé. L’urgentiste Mathias Wargon, très actif médiatiquement, qui a souvent évoqué ses origines très éloignées de la sphère médiale a commenté lui aussi sans nuance : « J’en ai un peu plein le c.. qu’on me dise que ce que j’ai fait est dû à la chance. C’est la quintessence du mépris de classe », avant plus tard d’expliciter : « Tu passes des examens, tu bosses des semaines, des week-ends, tu fais des gardes, tu fais des études supplémentaires en même temps, tu participes à la vie associative de ta société, mais tout est dû à la chance ? ».

Le débat pourrait n’être qu’une variation sur Twitter d’une discussion qui a déjà été l’objet de nombreuses disputes, ravivées par la constatation du relatif échec de la société et de l’école à corriger les inégalités sociales, ce qui conduit certains à vouloir nier l’existence du « mérite » (« mérite » que certains appelleront peut-être prédispositions génétiques, cependant). Par ailleurs, outre le fait que certains praticiens, comme le docteur Wargon, se sentent floués que leur exemple et leurs années d’efforts soient ainsi gommées par l’arbitraire « chance », ces élucubrations pourraient n’avoir un lien qu’indirect avec la médecine.

Une mauvaise échelle, mais la moins pire des échelles ?

Cependant, le concept de « mérite » n’est pas uniquement remis en question par des journalistes spécialistes de science politique. Il est également pourfendu quand il s’agit de s’y référer pour évaluer des chercheurs et des travaux scientifiques. Bien sûr, le mérite (que l’on mesure en s’appuyant sur des scores, le nombre de publications, le parcours professionnel…) peut être considéré comme une « échelle » (très) imparfaite, mais il est probablement le moins mauvais des filtres. En tout cas, ce que l’on voudrait lui subsister ne peut qu’interroger.

Vérité scientifique vs expérience vécue

Le professeur Andreas Bikfalvi (hématologue), directeur de recherche à l’INSERM a signé avec vingt-neuf scientifiques de différents pays dont deux lauréats du prix Nobel (Dan Shechtman, chimie, 2011, et Arieh Warshel, chimie, 2013) et cinq membres de l’Académie américaine des sciences un texte dans le Journal of Controversial Ideas qui s’inquiète des « attaques contre le mérite dans les sciences » résume le médecin français dans Le Figaro.

« La notion de mérite est devenue politiquement incorrecte car elle perpétuerait des inégalités notamment en excluant des minorités sociales (ethniques, sexuelles ou genrées, religieuses, etc.) de divers secteurs de la société et en particulier des universités et des institutions scientifiques. C’est la première fois qu’un groupe de scientifiques et intellectuels s’oppose publiquement aux tentatives actuelles de remplacer le mérite scientifique par une politique qui s’appuie sur une idéologie identitaire. (…) L’article décrit le conflit actuel dans la science entre les valeurs classiques issues de la modernité et des Lumières, et une nouvelle vision du monde issue du postmodernisme, de la théorie critique dans sa version racialiste et du mouvement décolonial. La Social Justice Ideology, ou «théorie de la justice sociale», représente une nouvelle forme d’idéologie victimaire qui tend à déconstruire les acquis sociaux, scientifiques, artistiques et intellectuels de l’Occident accusés d’être l’expression d’une suprématie blanche ou hétéronormative. (…) Cette nouvelle vision s’oppose à l’existence d’une réalité objective et prétend que le monde ne peut être perçu qu’à travers l’«expérience vécue», qui à son tour dépend des caractéristiques immuables du scientifique telles que son sexe et son origine ethnique. (…) Selon cette théorie, en raison de l’importance centrale de l’«expérience vécue», les scientifiques et leurs recherches devraient être évalués sur la base de leur identité de groupe (ethnie, sexuelle, genre, etc.) plutôt que sur leur mérite (…). Même imparfait, le mérite se traduit dans les sciences par de la sélection des individus, de projets ou d’articles pour leurs qualités intrinsèques. Le mérite est attaqué par la «théorie de la justice sociale», car il fait fi des appartenances aux groupes sociaux spécifiques (qui ne doivent pas entrer comme critères dans l’évaluation) et perpétuerait donc inégalité et injustice sociale » s’indigne Andreas Bikfalvi.

Une « emprise » qui ne fait que s’étendre

Bien sûr, ce discrédit de la notion de « mérite » n’est qu’une des conséquences de la place prise par la Social Justice Ideology dans tous les champs scientifiques. Or, si l’inquiétude de chercheurs comme Andreas Bikfalvi progresse, c’est parce que ce que certains appellent également le « wokime » étend son influence non plus seulement dans le secteur des sciences sociales, mais également dans « les sciences dures, les sciences de la nature et la médecine (STEMM) ».

L’ « emprise » (pour reprendre le terme d’Andreas Bikfalvi) se lit partout que ce soit dans le choix des sujets, la présentation des auteurs et de leurs conflits d’intérêt (qui ne concernent plus uniquement les liens avec l’industrie mais aussi avec les catégories dominantes…) ou encore les appels à projet. L’enjeu est le risque de contestation de vérités scientifiques fondamentales.

Des dogmes en contradiction avec les faits biologiques

La biologie et la médecine sont particulièrement touchées, parce qu’un certain nombre de faits biologiques heurtent plusieurs des dogmes fondateurs de la Social Justice Ideology et notamment l’idée selon laquelle les individus seraient des « pages blanches » et l’assimilation entre égalité et similarité. « A chaque fois, la méthode est la même : refuser la validité de faits biologiques au nom d’une raison supérieure qui n’a rien à voir avec la science, et terroriser les institutions ou les chercheurs qui diffusent ces faits. D’aucuns refusent l’existence de disciplines comme la génétique comportementale ou même les neurosciences sous prétexte que l’être humain ne serait, au plan psychologique, qu’une "page blanche" sans aucune assise naturelle. D’autres nient l’existence de différences naturelles entre les sexes au nom d’une égalité qu’ils confondent avec la similarité. D’autres appellent à la "décolonisation" des sciences, à commencer par celle de la "médecine", pour éponger les souffrances subies par les peuples autochtones » décryptait l’Express dans un numéro spécial diffusé en décembre dernier

Censure

L’imprégnation de la Social Justice Ideology dans les sphères scientifiques est non seulement inquiétante parce qu’elle représente un risque de diffusion d’informations présentées comme des faits indiscutables mais en réalité non fondées sur une démarche scientifique, mais aussi parce que s’y opposer est de plus en plus difficile.

Andréas Bikfalvi signale ainsi comment les scientifiques auteurs de la tribune dédiée au mérite avaient soumis leur texte aux Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). « Nous avons tenté de le publier dans cette dernière, en contrepoint à plusieurs articles publiés par la revue, qui adoptaient le point de vue de la «théorie de la justice sociale». Mais on nous a conseillé de retirer le mot «mérite» du titre car, selon le comité de rédaction de la revue, «le concept de mérite, comme les auteurs le savent sûrement, a été largement et légitimement attaqué comme étant creux». L’article a finalement été rejeté par cette revue pour des raisons étranges, notamment parce qu’il serait «nuisible» pour les minorités » explique le praticien.

De la même façon, différents chercheurs et médecins, parce qu’ils ont fait le choix de s’émanciper de certaines directives de la Social Justice Ideology voient leurs travaux discrédités, leurs interventions annulées. Dans une tribune récemment publiée dans le Figaro, Pierre-Henri Tavoillot, Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador, universitaires à l’origine d’un colloque très décrié intitulé Après la déconstruction : l'université au défi des idéologies remarquent en réponse à un texte titré dans le Monde

« L’antiwokisme est infiniment plus menaçant que ledit wokisme auquel il prétend s’attaquer » : « Pour ces esprits formatés à s’émanciper, il serait urgent de dénoncer le «tournant réactionnaire» et la menace de nouvelles «dictatures» portées par l’«antiwokisme». Feignant de s’effrayer devant le risque d’une «cancel culture» d’extrême droite, les auteurs ne citent que des exemples américains, et pour cause, car ils seraient bien en peine d’en trouver un seul en France. Étrangement, ils n’évoquent aucune des nombreuses «cancellations» pour non-conformité à la doxa bien-pensante: qui annule les conférences de Caroline Eliacheff et de Céline Masson? Qui empêche de parler Nathalie Heinich ou Sylviane Agacinski? Qui, à Sciences Po, déprogramme les cours sur Darwin? Qui, à Paris I, supprime un séminaire de philosophie parce qu’il s’intitule «L’énigme transsexuelle»? ».

Des objectifs pourtant similaires

A quel titre ces spécialistes, comme la pédopsychiatre Caroline Eliacheff qui met en garde contre les risques d’une prise en charge trop systématique et trop radicale des troubles identitaires chez l’enfant, voient leur parole interdite ? Ils sont taxés de racisme, sexisme ou encore homophobie ou transphobie. En réalité, « wokistes » et « anti-wokistes » (ou plutôt vigilants vis-à-vis de certaines dérives) partagent très généralement les mêmes objectifs d’égalité devant la loi et de liberté (voire même pour les seconds défendent plus sincèrement ce deuxième idéal). Cependant, pour éviter toute confusion avec ceux de l’extrême droite qui utilisent les « dérives » de la Social Justice Ideology pour remettre en cause d’indiscutables progrès sociaux, Pierre-Henri Tavoillot, Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador insistent : « il convient de veiller à ce que l’opposition au wokisme n’emploie que les armes de la raison ».

Insidieux dangers concrets

Ces différentes considérations qui animent depuis désormais plusieurs années les confrontations entre chercheurs pourraient paraître bien éloignées de la médecine telle qu’elle est exercée quotidiennement. Cependant, de plus en plus dans les cabinets, les praticiens peuvent voir leurs pratiques interrogées à travers le prisme d’idéologies identitaires. Bien sûr, l’objectif premier est l’amélioration des prises en charge grâce à une meilleure documentation de la persistance d’inégalités et de réflexes de discrimination. Cependant, les risques d’une indexation de certaines approches, fondées sur les preuves, parce que considérées comme l’émanation d’une médecine « dominatrice » existent et représentent un réel danger pour tous. Car tout le monde mérite de pouvoir être soigné en se basant sur les (vrais) progrès scientifiques.

On relira :

Le fil twitter de Matthias Wargon : https://twitter.com/wargonm/status/1658666848743825408

Andreas Bikfalvi : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/and ... e-20230503

Les trois dogmes anti-scientifiques du wokisme : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats ... LEVPGMIUE/

Pierre-Henri Tavoillot, Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador :

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/l-a ... e-20230505

Aurélie Haroche
jim.fr

_______________________

Publié le 20/05/2023
Questions de patients : le médecin donne sa langue au ChatGPT

Depuis l'apparition du robot conversationnel (chatbot) dopé à l'IA, ChatGPT, beaucoup de médecins se gargarisaient : « jamais cette machine ne pourra remplacer le médecin et son empathie ». Cette péroraison est battue en brèche par des chercheurs de l'université de San Diego qui publient dans JAMA Internal Médecine (1) une étude comparant les réponses de médecins humains avec celles de ChatGPT à 195 questions de patients.

L'idée à l'origine de ces travaux est que la rapide expansion du numérique en général et de la télémédecine en particulier a entraîné une augmentation des messages des patients et donc de la charge de travail des professionnels de santé et que les chatbots pourraient répondre rapidement aux patients. L'objectif de l'étude était donc d'évaluer la capacité de ChatGPT à fournir des réponses de qualité et empathiques aux requêtes des malades.

ChatGPT vs médecin : de meilleures réponses dans 78 % des cas !

Pour mener cette étude, une base de données publiques et anonymes provenant d'un forum médical sur internet a été utilisée. À partir de cette base de données, 195 échanges (des questions posées par des patients qui avaient reçu des réponses d'un médecin vérifié) ont été sélectionnés de manière aléatoire en octobre 2022. Pour évaluer les performances du chatbot, des réponses à ces mêmes demandes ont été générées, sans qu'aucune autre information ne lui ait été fournie.

Toutes les interrogations, ainsi que les retours des médecins et du chatbot, ont été anonymisés et mélangés aléatoirement. Un panel de trois médecins a évalué ces différentes réponses en déterminant « quelle réponse était meilleure » et en attribuant des évaluations de qualité (très mauvaise, mauvaise, acceptable, bonne ou très bonne) ainsi que « d'empathie » (non empathique, légèrement empathique, modérément empathique, empathique et très empathique). Les résultats ont été notés sur une échelle de 1 à 5, puis comparés entre le chatbot et les médecins.

Les données sont éloquentes : sur les 195 réponses, les chercheurs ont préféré celles du chatbot dans 78,6 % des cas. La proportion de celles identifiées comme étant de bonne ou très bonne qualité était également plus élevée pour le chatbot (78,5 %) que pour les médecins (22,1 %). Mieux encore, les réponses de ChatGPT ont également été évaluées comme étant significativement plus empathiques que celles des médecins. Imaginons maintenant qu'un robot humanoïde soit implémenté avec ChatGPT et vous tenez le médecin de demain !

Médecin : encore une minute monsieur le bourreau

Cependant, le principal auteur de l'étude, John Ayers, tempère et souligne qu'en cas de mention d'un mal de tête par un patient, ChatGPT répond immédiatement : « désolé pour votre mal de tête ». Or, comme le rappelle le Dr Ayers, un médecin n'a pas le temps nécessaire pour adresser cette phrase à son patient, même s'il ressent de l'empathie. Le Dr Ayers aurait également pu mentionner que les travaux de l'étude ont comparé ChatGPT à des médecins intervenant sur un forum, qui ne sauraient représenter l'ensemble du corps médical.

Mettons également en lumière qu'il ne faut pas avoir une confiance aveugle en l'intelligence artificielle (ni en son médecin !). À l'heure actuelle, les systèmes d’IA présentent encore des lacunes lorsqu'ils sont confrontés à des situations complexes pour lesquelles ils ne disposent pas de données suffisantes. Rappelons ici une autre étude, à travers laquelle des questions très précises ont été posées à ChatGPT concernant la prévention des risques cardiovasculaires.

Bien qu'il ait répondu correctement 21 fois sur 25, dans les 4 cas où il s'était trompé, il avait donné des conseils qui auraient potentiellement pu mettre la vie d'un patient en danger ! Des résultats similaires ont été observés sur le dépistage du cancer du sein, où il allait jusqu'à inventer de faux articles et de fausses références scientifiques.

Autre hic, en ce qui concerne l'empathie, l’aveu de ChatGPT, interrogé par votre serviteur (un être humain !) : « en tant qu'intelligence artificielle, je ne ressens pas d'émotions ni d'empathie de la même manière qu'un être humain. Je suis un programme informatique conçu pour traiter et générer du texte en fonction des informations fournies. Bien que je puisse comprendre et répondre à des questions sur les émotions, mes réponses sont basées sur des modèles linguistiques et des informations préexistantes plutôt que sur une véritable expérience émotionnelle ».

Mais que les praticiens ne se rengorgent pas trop, nous ne sommes qu'au balbutiement de cette technologie, et ils doivent se souvenir qu'il n'a fallu qu'une quarantaine d'années pour passer des premiers vols de Louis Blériot à l'avion supersonique.

Frédéric Haroche (encore humain jusqu’à maintenant)
jim.fr


Pour les passionné(e)s de l’intelligence artificielle. Les chercheurs interrogés prédisent que l’IA surpassera les humains dans de nombreux domaines au cours des 40 prochaines années, comme la traduction de langues (d’ici 2024), la conduite d’un camion (d’ici 2027), le travail dans le commerce de détail (d’ici 2031), la rédaction d’un livre à succès (d’ici 2049) , et travaillant comme chirurgien (en 2053). Les chercheurs pensent qu’il y a 50% de chances que l’IA surpasse les humains dans toutes les tâches en 45 ans et d’automatiser tous les emplois humains en 120 ans.

A lire Conversation with Ernie Davis sur les dangers de l’excès de l’intelligence artificielle. Vous ne lisez pas l’anglais ? Demandez à un programme d’AI de vous le traduire et la boucle sera bouclée...

dans le genre, à lire l'article de la SOFIA sur la vision du future de la profession IADE

Toutefois, pour tempérer l'article du JIM, un autre travail montrait que pour le diagnostic des pathologies cardiaques, chatGPT n'était pas encore au niveau. Mais comme on apprend de ses erreurs, il y a fort à parier des bonds spectaculaires en la matière d'ici quelques peu de temps. L'IA doit être une aide au diagnostic, à la décision thérapeutique. Elle doit aider les praticiens dans les difficultés de soins potentielles. En aucun cas, elle ne doit les remplacer. Mais quand on se prend à imaginer un robot type Da vinci, couplé à une AI chirurgicale qui aurait la possibilité de faire des interventions avec une précision de l'ordre du 1/10e de mm, sans aucun tremblement, le tout dans une représentation 3D, on peut être séduit. Idem si l'on couple une AI à une base AIVOC, à un BIS, un pupillomètre, un NIRS et au respirateur dont les paramètres seraient adaptés automatiquement en fonction de l'état analysé par l'IA. Halogéné adapté immédiatement, mieux que l'AINOC, O2 de même, circuit ultra fermé, VT,FR, aide inspiratoire, Pep, VCAF... ps : pour les labos, si vous passez par là : mes idées sont déposées, si vous les utilisez, vous me devrez des droits d'auteur colossaux.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mai 27, 2023 12:20 pm

Publié le 26/05/2023
Sécurité des soignants : Braun prône la « tolérance zéro »

Trois jours après le meurtre d’une infirmière à Reims, le ministre de la Santé a convoqué les syndicats pour évoquer la sécurité des soignants.

« Tolérance zéro ». Tel était le maitre mot du ministre de la Santé François Braun à la sortie de la réunion des syndicats qu’il avait organisé en urgence ce jeudi au ministère pour évoquer la sécurité des soignants, trois jours seulement après qu’un malade psychiatrique ait tué à coup de couteaux une infirmière au CHU de Reims et blessé une secrétaire médicale. « Une tragédie inqualifiable » qui illustre « un contexte de violence accrue » a commenté le ministre.

Toutes les statistiques récentes semblent en effet démontrer que les violences contre les soignants sont en augmentation. Ce mardi, le jour de la mort de l’infirmière rémoise, l’Ordre des médecins indiquait que le nombre de signalement par des médecins d’agressions ou de vols avaient augmenté de 23 % en 2021. Ce jeudi, c’est l’Ordre des infirmiers qui publie les résultats d’une enquête menée auprès de 30 000 infirmières : 66 % d’entre elles disent avoir déjà subi des violences dans le cadre professionnel, dont 15 % disent en être victime au moins une fois par semaine. Enfin, le syndicat national des infirmiers estime que chaque jour, ce sont 35 infirmières qui sont victimes d’une agression physique ou verbale.

Cette tolérance zéro, « seule position contre les violences faites aux soignants » selon le ministre, doit se traduire par un dépôt de plainte systématique en cas de violences et la poursuite systématique des auteurs des faits. « Nous demandons que toutes les incivilités soient signalées et que à chaque fois, une plainte soit déposée sous X portée par les directions hospitalières pour protéger l’anonymat de l’agent » abonde dans le même sens le Dr Jean-François Cibien, président du syndicat Actions Praticiens Hôpital (APH).

François Braun a également confirmé sa volonté de mener un audit sur tous les systèmes de sécurité dans les hôpitaux, auquel l’Etat consacre 25 millions d’euros par an. « Je veux savoir comment est utilisée cette enveloppe » a commenté le ministre. Sur ce point, les syndicats appellent à la vigilance et rappellent qu’il ne faudrait pas, sous prétexte de sécurité, transformer les hôpitaux en forteresse. « Nous ne sommes pas une prison ou un commissariat où il faudrait tout contrôler, si on ne peut plus rentrer à l’hôpital public, c’est sa mission qui va se perdre » met en garde Fabien Paris, infirmier et membre du collectif Inter-urgences. D’autres séries de mesures sont attendus pour le 1er juin, quand le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins, rendra à la ministre des Professionnels de Santé Agnès Firmin Le Bodon son rapport sur la sécurité des soignants.

Signe que les tensions sont vives entre les hospitaliers et le gouvernement, même un sujet apparemment consensuel comme la sécurité des soignants provoque son lot de tensions. Quatre syndicats de personnels hospitaliers (CGT, Unsa, FO, Sud) ont décidé de boycotter la réunion, dénonçant une « opération de communication » qui arrive bien trop tôt après le drame de Reims. Pour ces syndicats, le ministère refuse de voir le cœur du problème, à savoir que c’est la situation fortement dégradée de l’hôpital (manque d’effectifs et manque de lits) qui favorise, d’une façon générale ce climat de tension et de violences. « Une partie de l’agressivité, ressentie et subie, est aussi due aux défauts du système de santé » explique Maxime Morin, directeur du centre hospitalier de Roubaix. « Changer des digicodes et mettre des caméras, ce n’est pas ça qui fera la sécurité. La sécurité, elle sera là quand il y aura les effectifs nécessaires pour prendre en charge correctement les patients » dénonce pour sa part Yann Le Baron, secrétaire général de l’Unsa Santé.

Une attitude revendicatrice qui dérange certains. « Le temps du deuil ne permet pas celui de l’expression, ici et maintenant, de nos légitimes demandes des personnels des hôpitaux », avait régi l'intersyndicat des praticiens hospitaliers (INPH) le jour de la mort de l’infirmière rémoise, appelant à « un temps de recueillement avant de reprendre l’expression de nos revendications nécessaires de nos métiers de santé ».

Grégoire Griffard
jim.fr


Il est possible que le manque de personnel énerve les patients qui par leur qualificatif, doivent patienter. Souvent trop longtemps. Cependant, en l'espèce, il s'agit d'un déséquilibré, récidiviste, lâché dans la nature, aux propos confus. S'il est nécessaire de mettre plus de personnel aux urgences et dans la psychiatrie, comme partout ailleurs... il faudra nous expliquer comment recruter ? Le personnel formé à l'étranger ? Probablement. Quand on juge déjà du niveau atterrant des nouvelles recrues sortant des ifsi, on redoute le pire. Mais il est prévu de revoir la formation des IDE et le référentiel, a promis le rasoir Braun.
Avec une fuite de 14% des étudiants, mal encadrés par des IDE à bout de force, on voit ça d'ici. Un chômeur pourra t-il, à l'issue d'une formation qualifiante d'une semaine, se prévaloir du titre infirmier pour aller sévir...travailler dans les services ??
Déjà que Braun botte en touche pour les IADE où nous serons considérés comme des spécialisés à la fin de l'année. Pas la peine d'attendre, le rasoir éclectique nous déteste et a tout fait pour refuser les stages au smur aux EIA, quand il était aux manettes de SUdF, ce en totale contradiction avec les textes législatifs régissant notre formation. C'est dire le potentiel du mec pour nous valoriser ... Attends qu'il y ait une autre pandémie mec, tu verras si les IADE iront.
Autre raison d'être pessimiste, c'est quand on doit renouveler les cartes professionnelles. On doit recevoir une carte vierge avec un code PUK provenant de l'ONI.
Outre le fait d'aller prendre rdv avec la DRH de votre établissement, pour avoir des éclaircissements sur le fait d'avoir délibérément et sans votre consentement, délivré vos données personnelles à un organisme privé (l'ONI), (oui je sais c'est prévu par les textes) vous exulterez de joie quand vous recevrez un joli caducée de l'ONI où votre profession sera...Infirmier ! J'attends la mienne, pour l'instant certains collègues ont reçu le caducée, que je destine à la cuvette des WC, s'il n'est pas fait mention de mon exercice professionnel, qui m'a demandé un concours en 2 parties, 2 ans d'efforts, de validation de séquences, de stage à valider et qui est sanctionné par un diplôme d’État.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Arnaud BASSEZ
Administrateur - Site Admin
Messages : 2507
Enregistré le : sam. nov. 04, 2006 4:43 pm
Localisation : Paris
Contact :

Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. juin 01, 2023 5:44 pm

La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

https://www.facebook.com/SOFIA-soci%C3% ... _todo_tour

https://mobile.twitter.com/SOFIA_iade
Répondre