Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mars 23, 2024 12:51 pm

Véran s’échappe en médecine esthétique : de quoi est-ce le symptôme ?
Aurélie Haroche | 22 Mars 2024
Jim.fr


Cela aurait sans doute dû être une des informations phares de la semaine et cela l’a d’ailleurs été sur le JIM. Selon une étude publiée par le Lancet Neurology, les pathologies neurologiques sont désormais les premières causes de morbidité, de handicap et de décès prématuré (devant les maladies cardiovasculaires notamment). Le vieillissement de la population et l’absence de traitements efficaces pour les pathologies neurologiques les plus fréquentes ne devraient que conforter cette situation dans les années à venir. Face à ce défi, la France est-elle suffisamment armée pour parler en terme martial présidentiel ? Sans doute pas.

Depuis plusieurs années, les spécialistes se mobilisent. Ainsi, en novembre 2021, les chefs de service de neurologie alertaient dans une tribune publiée dans le Monde : 30 % des lits en Unité neurovasculaire (UNV) étaient fermés faute de personnel suffisant (50 % des postes d’infirmiers étaient vacants). Depuis, un rapport de l’Académie de médecine a renchéri. Ces alertes n’ont cependant pas encore permis une amélioration de la situation, dans les UNV en particulier et en neurologie en général. « Le délai moyen de rendez-vous est de six mois », relève par exemple aujourd’hui Farid Yekhlef, président du Syndicat national des neurologues.

Argumentation de toute beauté !

Face aux enjeux, on comprend que toutes les nouvelles recrues sont sans doute considérées comme les bienvenues. Mais il ne faudra pas compter sur un certain Dr Olivier Véran. Pourtant neurologue au CHU de Grenoble jusqu’en février 2020, le praticien, dont l’activité extra-médicale s’est récemment allégée (à la suite d’une décision jupitérienne) ne rejoindra pas ses confrères neurologues. Il vient de confirmer, notamment au Figaro, qu’il avait choisi de se lancer dans la médecine esthétique. Il semble que l’ancien ministre de la Santé, parfois surnommé « Monsieur Covid », tant il fût incontournable au début de la pandémie, ait considéré qu’une remise à niveau en neurologie soit plus complexe et plus chronophage que de s’initier à la médecine esthétique. Et s’il redoute que sa relation avec ses patients atteints de troubles neurologiques pourrait pâtir de son ancien statut de ministre, il semble préjuger que ce ne sera pas (autant ?) le cas avec ceux pour qui il a l’ambition de « réparer » des ans l’irréparable outrage.

Combien de temps d’attente pour une injection de Botox ?

Bien sûr, cette annonce a entraîné une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux publics et privés. Les médecins et les professionnels de santé ou encore les représentants de syndicats ont été très nombreux à jaser de cette reconversion, les critiques et les moqueries étant également partagées. Parmi les nombreuses piques adressées à l’ancien ministre, on pourrait par exemple retenir le message du Dr Jean-Jacques Fraslin, qui commentant l’image de créneaux de rendez-vous en médecine esthétique propose un dialogue imaginaire : « Tweet pour Olivier Véran : Docteur, j’ai réussi à avoir un premier rendez-vous chez le neurologue dans six mois. Vous pouvez faire quelque chose pour moi ? Non mais pour une injection de Botox, vous trouverez un RDV aujourd’hui ».
Que sont nos ministres devenus ?

Au-delà de cette séquence politico-esthétique qui ne manque pas de faire frétiller nos neurones, cette désaffection en beauté est-elle le symptôme d’un mal plus profond ? Certains ont voulu le croire. Urgentiste qui connaît indirectement les arcanes du pouvoir, le Dr Mathias Wargon a ainsi commenté sur X (ex twitter) : « Il a parfaitement le droit de faire ce qu’il veut. Le message envoyé aux praticiens hospitaliers du service public et à nos jeunes collègues est par contre très négatif », diagnostique-t-il. « Olivier Véran démontre à lui tout seul que ni l’hôpital, ni le libéral ne sont attractifs. Quelqu’un va-t-il en tirer des conséquences ? Bien sûr que non », renchérit un spécialiste des questions de démographie médicale. Ce type de réflexion ne s’est cependant pas limité qu’à X. Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR-e) a ainsi publié ce jeudi un communiqué sans ambiguïté. « Dis-moi ce que tu fais en quittant ton poste de ministre de la Santé, je te dirai où en est le système de santé en France. (…) Nous ne commenterons pas le choix personnel d’un médecin. En revanche, constatons que, depuis 2017, à notre connaissance, pas un médecin hospitalier, qu’il soit antérieurement hospitalo-universitaire ou hospitalier, n’a repris un poste de praticien titulaire à l’hôpital public après être passé par le ministère de la Santé. Doit-on y voir un constat d’échec ? Une résignation face à un système en ruine ? Une révélation de la part de celles et ceux qui connaissent la machine en profondeur, conscients qu’il n'y a plus d’espoir dans le public », s’interroge le SNPHAR-E.

Tous ? Non. Un messin résiste encore et toujours à la désaffection généralisée

Et si, en dépit des difficultés évidentes des hôpitaux, le cas Véran était plus certainement un symptôme d’une ambition personnelle incompatible avec les exigences du service public hospitalier ? En effet, dans sa précipitation à vouloir faire de Véran un symbole de la désaffection (réelle) dont souffrent les établissements de santé, le SNPHAR-E a confirmé que le diagnostic qui avait été posé au moment de l’éviction du Dr François Braun de l’avenue de Ségur était le bon. Il souffrait d’un déficit de notoriété très clair. En effet, peu semblent se souvenir de lui. Et donc peu ont pu constater, à l’instar de Mediapart qui consacrait récemment (hasard des calendriers) un article à l’urgentiste évoquant en partie sa nouvelle vie, qu’il n’a justement pas changé de vie. En effet, François Braun a retrouvé son poste de médecin régulateur au SAMU de Metz.

De médecin de campagne à la maison de campagne

Néanmoins, les esprits chagrins considéreront que plus que qu’Olivier Véran, c’est François Braun qui doit être considéré comme une exception quant à la fidélité à ses idéaux politiques et médicaux. En tout état de cause, l’ancien neurologue de Grenoble est très loin d’être le seul à être attiré par la médecine esthétique. A une époque où l’on ne compte plus les spécialités dans lesquelles les postes hospitaliers sont vacants et la démographie médicale déclinante, la médecine esthétique, qui pourtant n’est pas une spécialité à proprement parler (pour le Conseil de l’Ordre) recense sans cesse de nouvelles recrues. Ainsi, aujourd’hui, même si l’absence de registre officiel empêche des données précises, l’Ordre des médecins, interrogé par l’Express estime que 9000 médecins pratiquent la médecine esthétique (avec un respect des réglementations variable). Au-delà donc du cas Véran, cette fuite vers la médecine esthétique semble clairement confirmer le défaut d’attractivité auprès des jeunes de la pratique hospitalière, voire libérale « classique ». Elle signale également la tolérance de beaucoup de médecins vis-à-vis d’une forme de capitalisation de la médecine, très bien illustrée par les appétits certains de la clinique des Champs Elysées, qu’Olivier Véran, pas à une contradiction (hypocrisie ?) près a choisi pour « servir les patients ». On y verra la confirmation de l’évolution de l’image d’Epinal du médecin. Encore trop souvent fantasmé comme celui qui demeure jour et nuit au service de ses patients, le praticien s’est parfois mué en carriériste comme les autres, soucieux de conditions de travail confortables et d’une rémunération élevée.

De médecin de campagne à médecin en campagne

Cette constatation ne doit pas faire oublier les dizaines de milliers de médecins qui continuent, en dépit des vexations de l’Assurance maladie, des insuffisances du ministère de la Santé et des aberrations de toutes parts à se faire une certaine idée de la médecine. Aussi, le cas Véran pourrait-il être plutôt, dans une vision poujadiste, le symbole d’une perte du sens moral des personnels politiques. Il signale en tout cas les limites de la volonté, peut-être un peu surfaite, de vouloir faire entrer la société civile dans la vie politique. Sont-elles réellement compatibles ? Non pas seulement en ce qui concerne les aspirations, mais au-delà en termes de temps. « Quand un député poursuit une autre activité, ça veut dire qu’il donnera moins de temps à l’Assemblée ; ça pose donc la question d’un potentiel manque d’implication dans un mandat censé être à plein-temps et connu pour être chronophage », remarque ainsi Ines Bernard, déléguée générale de l’association Anticor dédiée à la lutte contre la corruption, dans les colonnes de 20 minutes. Elle note par ailleurs que la double activité d’un député pose la question de l’indépendance des législateurs : « En réalité, il y a peu de contrôle, car un député doit lui-même se déporter d’un texte quand il juge qu’il peut se trouver en conflit d’intérêts, mais il n’en a pas l’obligation ». Pour les médecins, qui font partie avec les avocats, des professions les plus représentées sur les bancs de l’Assemblée la question est centrale. Soulignons cependant que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique a donné hier son feu vert à la reconversion de l’ancien ministre n’y voyant aucun risque de prise illégale d’intérêts, ni problème déontologique.

Liberté, toujours je chérirai ton nom
Cependant, d’aucuns considéreront que la reconversion du Dr Véran n’est finalement un symptôme que pour Olivier Véran. Elle pourrait confirmer la faiblesse de ses convictions politiques (il était élu socialiste) et syndicalistes (comme François Braun il fut président de syndicat) et ses piètres qualités rhétoriques. Son argumentation pour expliquer l’abandon de la neurologie et défendre que la médecine esthétique est un choix parfaitement en lien avec ses convictions médicales altruistes aura en effet été presque aussi redoutable que l’explication de l’inefficacité des masques. Mais, en choisissant la médecine esthétique, Olivier Véran prouve aussi qu’il est libre. « Un ancien ministre ne peut plus être totalement libre de ses choix », a tancé (comme à son habitude) le médecin sénateur socialiste Bernard Jomier à propos de la reconversion de son confrère et collègue*.

Pourtant, la liberté, au contraire, est universelle et concerne très certainement tout autant les anciens ministres que les autres citoyens et beaucoup (avant de critiquer l’ancien neurologue) ont pris soin de le rappeler. Quatre ans après un confinement (décidé en partie avec l’aval d’un certain Olivier Véran) qui a conduit beaucoup d’entre nous à nous interroger sur cette question de la liberté, le symbole n’est peut-être pas qu’anecdotique.

Librement, on relira :

Dr Jean-Jacques Fraslin : https://twitter.com/Fraslin

Dr Mathias Wargon : https://twitter.com/search?q=wargon&src=typed_query

Le communiqué du SNPHAR-e : https://snphare.fr/fr/blog/posts/attrac ... -en-france

Bernard Jomier : https://twitter.com/BernardJomier/statu ... gr%5Etweet

*Et comme Antoine Claude Joseph Boulay de la Meurthe apprenant l’exécution du Duc d’Enghien certains de nos politiciens chevronnés s’écrieront : « C’est pire qu’un crime, c’est une faute ».

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Première greffe d’un rein de porc génétiquement modifié chez un patient vivant
Quentin Haroche | 22 Mars 2024

Une équipe de l’hôpital du Massachussetts a réalisé cette prouesse chez un patient de 62 ans samedi dernier.

Le 23 décembre 1954, une équipe de chirurgiens du Massachussetts General Hospital (MGH) de Boston dirigée par le Pr Joseph Murray, futur Prix Nobel de médecine, réussissait la toute première transplantation rénale. Soixante-dix ans plus tard, l’hôpital de l’université d’Harvard est toujours à la pointe du progrès, puisque des chirurgiens menés par le Pr Leonardo Riella y ont réalisé ce samedi la toute première greffe d’un rein de porc génétiquement modifié chez un patient vivant. Le MGH a fait part de cette première mondiale dans un communiqué publié ce jeudi et indique que le patient se porte bien et devrait bientôt sortir de l’hôpital.

Agé de 62 ans, Richard « Rick » Slayman souffre d’insuffisance rénale liée à son diabète de type 2 et son hypertension depuis de nombreuses années. Il avait déjà bénéficié d’une greffe rénale classique en 2018 mais le greffon a cessé de fonctionner l’an dernier, obligeant le patient à subir des séances de dialyse régulières. « Mon néphrologue m’a expliqué en détail les pour et les contre de cette opération, j’y ai vu un moyen non seulement de m’aider moi, mais également d’apporter de l’espoir aux milliers de personnes qui ont besoin d’une transplantation pour survivre » a témoigné Rick Slayman. Le MGH a également remercié le patient dans son communiqué, le qualifiant de « véritable héros, dont le courage et la volonté de s’embarquer dans cette aventure ont rendu cette opération possible ».

Deux patients greffés d’un cœur de porc mais décédés rapidement

Le rein de porc greffé à Rick Slayman a été fourni par la firme eGenesis, spécialisée dans le génie génétique. Grâce à la technologie de ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9, la firme a pu réaliser 69 modifications génétiques sur le greffon, afin d’y supprimer des gènes porcins potentiellement dangereux pour l’humain et d’y insérer des gènes humains. Des rétrovirus porcins présents dans le rein ont également été inactivés. Des reins de porc génétiquement modifiés selon la même procédure avaient déjà été greffés avec succès par l’équipe du MGH chez des macaques crabiers, expérience qui avait fait l’objet d’une publication dans la revue Nature en octobre dernier.
La xénogreffe, c’est-à-dire la greffe d’organes provenant d’autres espèces animales chez l’humain, est étudiée par les scientifiques depuis plusieurs décennies. Si elle avait été abandonnée dans les années 1960 en raison d’échecs répétés, elle a de nouveau été rendue possible ces dernières années grâce au progrès de la génétique. A l’hôpital universitaire de Maryland, deux hommes ont ainsi été greffés d’un cœur de porc génétiquement modifié, l’un en janvier 2022, l’autre en septembre 2023, mais les deux patients sont décédés deux mois après l’opération, l’un deux ayant été semble-t-il terrassé par un virus porcin. Des chirurgiens de l’hôpital NYU Langone de New York étaient par ailleurs parvenus à greffer des reins de porc génétiquement modifiés sur des patients en état de mort cérébrale en 2021.

Le porc est l’avenir de l’Homme

Pour certains spécialistes, la xénogreffe constitue l’avenir de la transplantation et un moyen efficace de pallier l’insuffisance de greffons. Aux Etats-Unis, ce sont en effet 110 000 Américains qui sont en attente d’une transplantation, la plupart du temps d’un rein et 6 000 personnes décèdent chaque année en attente d’un organe. A la fois proche génétiquement et morphologiquement de l’homme et disponible en grand nombre, le porc constitue l’animal idéal pour fournir des organes aux humains qui en ont besoin.

« Le succès de cette transplantation rénale révolutionnaire représente une étape fondamentale dans l’histoire de la transplantation, c’est également une avancée importante pour tenter de résoudre l’un des problèmes majeurs que nous rencontrons, à savoir les inégalités d’accès à des greffons » a commenté le MGH dans son communiqué.
En France, les chirurgiens commencent timidement à s’intéresser au sujet de la xénogreffe. La société francophone de transplantation organisera ainsi une conférence sur le sujet jeudi et vendredi prochain. « Il faut nécessairement rester prudent puisque nous n’avons que cinq jours de recul à ce stade » commente le Pr Christian Combe, président de la Fondation du rein, qui ne peut s’empêcher cependant de qualifier l’opération réussie par ses confrères américains « d’extraordinaire et spectaculaire ».

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Gabriel Attal relance le projet de fusion de la carte Vitale et de la carte d’identité
Quentin Haroche | 21 Mars 2024

Lors d’une conférence de presse consacrée à la lutte contre la fraude sociale, le Premier Ministre a de nouveau défendu l’idée d’une fusion entre les cartes d’identité et la carte Vitale.

Que de chemin parcouru pour Gabriel Attal en seulement neuf mois. De ministre délégué aux Comptes publics, l’enfant chéri de la macronie est devenu Premier Ministre après un passage éclair mais très remarqué à l’Education Nationale. Le plus jeune chef du gouvernement de l’histoire de la République a amené avec lui à Matignon quelques idées et notamment un projet qui lui tient visiblement à cœur : la fusion de la carte d’identité et de la carte Vitale.

Celui qui était alors ministre des Comptes publics a fait part pour la première fois de cette idée de réunir les deux cartes « dans une seule et même carte sécurisée » dans une interview au Parisien le 29 mai dernier. Le ministre avait dans le même temps définitivement enterré le projet de création d’une carte Vitale biométrique, vieux cheval de bataille de la droite.

Les montants de la fraude à la carte Vitale sont « minimes »

Mais l’idée du jeune ministre avait suscité un enthousiasme plus que modéré au sein de l’administration : si la CNIL avait jugé la fusion comme possible, le directeur général de la CNAM Thomas Fatôme avait immédiatement répondu que cette fusion ne « répondait à aucun besoin », la fraude à la carte Vitale représentant des sommes « minimes » par rapport à l’ensemble de la fraude sociale. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait également fait part de ses réticences et le projet avait donc été abandonné.
Dix mois plus tard, le désormais chef du gouvernement est désormais en mesure d’imposer ses idées. « Avant que je sois chef du gouvernement, je ne crois pas que ce projet était prioritaire, mais en tout cas maintenant, il l’est » a ainsi lancé ce mercredi Gabriel Attal, lors d’une conférence de presse organisée au ministère de l’Economie à Bercy et consacrée à la lutte contre la fraude sociale.

« Vous avez des personnes qui viennent parfois se faire soigner en France, utilisent la carte Vitale de quelqu’un d’autre, sont accompagnées par la solidarité nationale alors même qu’elles n’ont pas de droits ouverts à l’Assurance maladie » a avancé le chef du gouvernement pour justifier son idée de fusion des cartes. Faisant fi des réticences exprimées par l’administration sur ce projet, il a assuré que « tous les ministères sont très mobilisés sur la question ». Le Premier Ministre n’a cependant pas donné plus de précision sur le calendrier de cette réforme, assurant simplement de manière cryptique qu’une « mission » avait été « lancée ».

La conférence de presse de ce mercredi a également été l’occasion pour le chef du gouvernement et le ministre aux Comptes Publics Thomas Cazenave de faire le bilan annuel de la politique anti-fraude. Un bilan historique puisque deux milliards d’euros de fraude sociale ont été récupérés en 2023, dont 450 millions d’euros concernent l’Assurance Maladie, du jamais vu. « On a mis le paquet et ça marche » s’est félicité Gabriel Attal.
Les professionnels de santé à l’origine de la fraude dans « sept cas sur dix »

Au cours de la conférence de presse, le Premier Ministre a notamment « brisé un tabou » en rappelant un chiffre : « dans sept cas sur dix, la fraude est l’initiative d’un professionnel de santé, par la surfacturation ou la facturation d’actes fictifs ». Dans le détail, Gabriel Attal a expliqué que 5 millions d’euros de fraudes aux faux arrêts de travail vendus sur Internet ont été récupérés en 2023, et 11 millions d’euros pour les fausses ordonnances. Le chef du gouvernement est également revenu sur la lutte contre la fraude dans les centres de santé, qui peuvent désormais faire l’objet d’une procédure de déconventionnement : 21 centres de santé ont été déconventionnés en 2023 et 160 contrôles sont en cours, visant notamment les centres d’audioprothèses.
En fin de conférence de presse, le chef du gouvernement, qui semblait avoir repris ses habits de ministre de Bercy, a détaillé ses objectifs pour les années à venir : 2,4 milliards d’euros de fraude récupérés par l’Assurance Maladie entre 2024 et 2027 dont 60 millions d’euros par an sur les centres de santé frauduleux et 20 millions d’euros sur les faux arrêts de travail et les fausses ordonnances. Pour cela, il a promis le recrutement d’ici 2027 de 1 000 agents supplémentaires ainsi que de 450 cyber-enquêteurs. « Ces dérives frauduleuses se font au détriment de tous : la collectivité, les patients mais aussi les professionnels qui respectent les règles » a conclu le Premier Ministre.

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Système de santé français meilleur du monde ? Et si c’était (presque) vrai !
Quentin Haroche | 21 Mars 2024

Selon une étude de l’Inserm et du CHU de Bordeaux, les Français étaient, en 2019, en meilleure santé que la plupart des autres européens.

Hôpitaux en difficultés, manque de médecins, retard de prise en charge, absence de politiques de prévention… : les informations sur la dégradation de notre système de santé se multiplient (et le JIM ne manque pas de les relayer régulièrement). Mais si la France n’a sans doute plus le meilleur système de santé du monde, comme elle s’en réjouissait régulièrement, il n’est pas non plus nécessaire de battre notre coulpe constamment. Comme le montre une étude réalisée par l’Inserm et le CHU de Bordeaux publiée le 29 février dernier dans la revue The Lancet, les Français sont en effet plutôt en meilleure santé que la majorité des autres peuples européens.

L’étude, dont l’Inserm se fait l’écho dans un communiqué publié ce mercredi, s’appuie sur les données recueillies par le Global Burden of Diseases (GBD), une immense base analysant l’évolution des données de santé de la totalité des pays du monde financée par la fondation Bill & Melinda Gates. Les chercheurs ont ainsi étudié l’évolution de l’état de santé des Français entre 1990 et 2019 et l’ont comparée avec 22 autres pays européens et Israël. Là constitue la principale limite de l’étude : l’analyse s’arrête en 2019 et ne permet donc pas de connaitre l’impact de la pandémie de Covid-19 et des mesures sanitaires qui ont été prises durant cette période sur la santé des Européens.

La France 4ème pays européen pour l’espérance de vie en bonne santé

Au regard des données étudiées, la France apparait comme un bon élève en Europe en matière de santé. Entre 1990 et 2019, l’espérance de vie en France est ainsi passée de 77,2 ans à 82,9 ans, ce qui place la France au 7ème rang européen, derrière l’Islande, l’Italie et l’Espagne mais devant la Suède, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. La performance de la France est encore plus notable concernant l’espérance de vie en bonne santé, qui est passée de 67 ans en 1990 à 71,5 ans en 2019 : la France est au 4ème rang européen, seuls l’Islande, Israël et l’Espagne obtenant de meilleurs résultats que nous.
Que ce soit en France ou en Europe, l’augmentation générale de l’espérance de vie et la baisse de la mortalité au cours des trente dernières années s’expliquent, bien sûr, par les progrès de la médecine ainsi que par différentes campagnes de santé publique (amélioration de la sécurité routière, meilleure prise en charge des nourrissons, campagne de dépistage des cancers, lutte contre le tabagisme…). S’agissant de la bonne santé des Français, les chercheurs de l’Inserm attribuent ces bons résultats à la qualité de notre système de santé et surtout à son aspect universel, qui permet à presque tous un accès aux soins à moindre coût quels que soient ses revenus.

Moins de maladies cardiovasculaires en France que dans le reste de l’Europe

L’atout principal de la France par rapport à ses voisins européens est un moindre impact des maladies cardiovasculaires. « Nous avons observé une charge de morbidité moins importante due aux accidents vasculaires cérébraux et aux cardiopathies ischémiques en France que dans d’autres pays d’Europe occidentale. Ce résultat observé précédemment pourrait s’expliquer par une prévalence plus faible de nombreux facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension, diabète) et d’un mode de vie plus sain (exercice, alimentation) en France » résument ainsi les chercheurs de l’Inserm.

En revanche, la France a encore une marge de progression dans la lutte contre les cancers. Si la France a, grâce à la qualité de son système de santé, l’un des meilleurs taux de survie à cinq ans en cas de diagnostic d’un cancer en Europe, ses résultats dans le domaine de la prévention sont en revanche largement en dessous de la moyenne européenne. La mortalité liée au cancer du poumon n’a ainsi diminué que de 6 % en France entre 1990 et 2019 contre 23 % en Europe, notamment parce que la part de fumeurs en France (31 % de la population) est l’une des plus élevée du continent européen. Plus globalement, les auteurs de l’étude appellent les autorités sanitaires françaises à renforcer la culture de la prévention, encore trop faible en France.
Les chercheurs de l’Inserm et du CHU de Bordeaux souhaitent désormais mener la même étude avec les données du GBD pour l’après pandémie et ainsi mesurer comment ces différentes données sanitaires ont évolué et de quelle manière la France a su absorber l’impact de cette crise sanitaire sans précédent par rapport à ses voisins.

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Fertilité : vers un effondrement de la natalité dans le monde
Quentin Haroche | 22 Mars 2024

Après avoir déjà fortement diminué depuis 1950, le taux de fécondité devrait continuer à reculer partout dans le monde au cours des 75 prochaines années.

Le Global Burden of Disease (GBD), vaste programme de recherche analysant la mortalité et la morbidité dans le monde et financé par la fondation Bill & Melinda Gates, continue sa série d’articles sur l’évolution de l’état de santé de l’espèce humaine. Après des articles sur la mortalité, l’obésité, les maladies neurologiques ou encore l’espérance de vie, le groupe d’experts s’intéresse maintenant à l’évolution du taux de fécondité dans le monde, passé et à venir, à travers une vaste étude publiée ce jeudi dans la revue The Lancet.

L’étude du GBD confirme une donnée déjà plus ou moins connue : le taux de fécondité a fortement diminué dans le monde ces dernières décennies, passant de 4,84 enfants par femme en 1950 à 2,23 en 2021, dernière année de l’étude. Le nombre de naissances a ainsi atteint son pic en 2016, avec 142 millions de nouveau-nés, avant de baisser à 129 millions en 2021. La population mondiale continue certes d’augmenter mais à un rythme moins soutenu qu’auparavant et elle devrait se stabiliser autour des 10 milliards d’êtres humains vers 2080 selon les projections.

Moins d’un enfant par femme en Corée…et presque sept au Tchad

Si la baisse de la fertilité concerne l’ensemble des pays du monde, les situations sont cependant très différentes selon les régions. L’Asie de l’Est et du Sud-Est est la région qui a connu la chute de la fertilité la plus vertigineuse, passant de 5,76 enfants par femme en 1950 à seulement 1,55 en 2021. L’Asie du Sud n’est pas en reste avec un taux de fertilité qui a été divisé par trois en 70 ans, passant de 6,35 enfants par femme en 1950 à seulement 2,07 en 2021. La baisse a en revanche été beaucoup plus faible en Afrique sub-saharienne, passant de 6,94 enfants par femme en 1950 à encore 4,29 enfants en 2021. Résultat, 29 % des naissances dans le monde ont lieu en Afrique sub-saharienne, alors que cette région ne représente que 14 % de la population mondiale.
Au niveau des pays, le taux de fécondité varie fortement, de 0,82 enfants par femme en Corée du Sud à 6,99 enfants au Tchad. Les chercheurs du GBD notent que la moitié des pays et territoires du monde (110 sur 204) ont un taux de fertilité inférieur à 2,1 enfants par femme, considéré comme le seuil de renouvellement des populations (44 des 46 pays d’Afrique subsaharienne ont un taux de fertilité supérieur à 2,1).

Cependant, grâce à l’augmentation de l’espérance de vie, il faut attendre généralement une trentaine d’années pour que le passage du taux de fécondité en dessous du seuil des générations entraine un solde naturel négatif de la population (le nombre de décès surpassant celui des naissances). La chute est cependant généralement irréversible : si certains pays au faible taux de fécondité ont pu connaitre des embellies durant ces 70 dernières années, elles étaient en générale de faible durée et ne permettaient pas de revenir au-dessus du seuil de renouvellement.

En 2100, la moitié des enfants naitront en Afrique subsaharienne

Mais les auteurs de l’article se sont également risqués au jeu des prédictions. Ils estiment ainsi que le taux de fécondité mondiale va continuer à chuter, atteignant 1,83 enfants par femme en 2050 et 1,59 en 2100, soit bien en dessous du seuil de renouvellement. La quasi-totalité des pays du monde subira cette baisse même si l’Afrique sub-saharienne restera la région la plus féconde, avec un taux de fécondité de 2,72 enfants par femme en 2050 et de 1,82 enfants en 2100 : 55 % des naissances mondiales auront lieu dans cette région. L’étude projette qu’en 2100, seulement six pays (Samoa, Tonga, Somalie, Niger, Tchad, Tadjikistan) auront un taux de fécondité supérieur à 2,1 tandis que treize auront un taux inférieur à 1. Seuls 26 pays, la plupart en Afrique subsaharienne, verront encore leur population grandir naturellement.
Cette chute du nombre de naissances, couplée, dans les pays riches du moins, à un vieillissement important de la population, provoquera assurément des bouleversements économiques, sociaux et politiques majeurs. Les auteurs de l’étude estiment que ce mouvement est inéluctable et que les politiques natalistes engagées par certains pays développés ont généralement des effets assez modestes sur le taux de fécondité : même dans un scénario optimiste où ces politiques seraient adoptées partout dans le monde, le taux de fécondité atteindrait 1,68 enfants par femme en 2100, contre 1,59 dans le scénario de base.
Inquiet des chiffres de la natalité en France (le nombre de naissance a diminué de 6,6 % en 2023 pour atteindre son niveau le plus bas depuis la Seconde Guerre Mondiale), le Président de la République Emmanuel Macron avait appelé le 16 janvier dernier à un « réarmement démographique ». Mais il semble difficile d’aller à contre-courant d’un mouvement de fond d’ampleur mondiale.

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Quand le chirurgien est la seconde victime
Joël Pitre, Dr | 21 Mars 2024

Le syndrome de la seconde victime (SVS) est le traumatisme vécu par un soignant après la survenue d’une complication ou d’une erreur médicale (1,2). On estime que près de 50 % des soignants y seront confrontés au moins une fois dans leur carrière. Or, jusqu’à 20 % des patients hospitalisés peuvent présenter une complication. Certaines spécialités sont particulièrement exposées au SVS dont la chirurgie, l’anesthésie, la pédiatrie et la gynécologie-obstétrique.

La présentation est variée, empoisonnant la vie de certains avec des conséquences émotionnelles prolongées pour d’autres, impactant la vie personnelle et la pratique professionnelle. Les conséquences peuvent être psychologiques (honte, culpabilité, anxiété, deuil, dépression), cognitives (absence d’empathie, burnout, stress post traumatique), sociales, culturelles, spirituelles et physiques. On dispose essentiellement de données chiffrées sur la fréquence du SVS mais il y a peu d’études qualitatives.

La plupart des travaux publiés ne concerne pas les spécialités chirurgicales alors que les chirurgiens font face quotidiennement à des situations stressantes et à des défis techniques, qui les exposent particulièrement au SVS. La solidité et le contrôle des émotions font partie du stéréotype habituel du chirurgien. En conséquence, la survenue d’une complication chirurgicale est la plupart du temps abordée seulement du point de vue technique sans en accepter les conséquences émotionnelles.

Une étude de la portée comportant 13 publications

Une analyse, réalisée par une équipe de Singapour rapporte les données publiées concernant le SVS en milieu chirurgical (3). Treize études qualitatives ont été retenues, transversales ou sous forme de rapports d’entretiens semi-directifs, menée aux Etats-Unis, Royaume Uni, Canada et en France. Une cohorte de 1 069 chirurgiens, toutes spécialités confondues, faisait l’objet de ce travail. Ont été distingués les retentissements psychologique, physique, professionnel du SVS, ainsi que les facteurs affectant la réponse à l’évènement causal.
Sur le plan psychologique, les sentiments négatifs les plus fréquemment décrits étaient la culpabilité, la dépression, l’anxiété, la frustration et la gêne. Ils avaient un retentissement social, personnel et professionnel, avec une auto-restriction des loisirs et de l’insomnie. La plupart de ces sentiments négatifs duraient entre une semaine et un mois après l’évènement causal et étaient plus marqués chez les femmes chirurgiens et en chirurgie esthétique.

Des sentiments négatifs

La culpabilité était le sentiment le plus souvent exprimé (18,1 % - 89,1 %), du fait de la relation particulière des chirurgiens avec les patients, basée principalement sur la responsabilité. La culpabilité était plus marquée en cas de décès, surtout chez les praticiens ayant des relations étroites avec leurs patients et les familles, du fait de la confiance et des attentes. C’était aussi le sentiment négatif le plus persistant avec parfois des réminiscences intenses suites à la survenue de complications déjà rencontrées par le passé et des ecmnésies de noms, de familles et de visages. La culpabilité coïncidait souvent avec des symptômes dépressifs, qui touchaient selon les études entre 12,5 % et 52 % des chirurgiens.

L’anxiété (18,1 % - 66 %) était également très souvent décrite : perturbante, envahissante, sans repos. Elle était souvent associée à la colère et à la frustration et se manifestait parfois par de la grossièreté envers les patients ou l’équipe du bloc opératoire. Au-delà des sentiments négatifs, une erreur ou la survenue d’une complication affectaient le jugement et la confiance en soi en provoquant ruminations, analyse et questionnement sur ce qui aurait pu éviter la complication.
Cela pouvait parfois aboutir à des attitudes excessivement précautionneuses, impactant la performance, avec des reconversions vers d’autres spécialités, voire une retraite anticipée. Chez certains, le SVS se traduisait sur le plan physique par des céphalées, des fluctuations de poids, des nausées, des douleurs abdominales et des palpitations. Ces symptômes étaient néanmoins le plus souvent de durée brève.

Un retentissement professionnel

Sur le plan professionnel, la survenue d’un SVS altérait les performances, était responsable de comportements d’évitement et avait souvent des implications médico-légales et/ou disciplinaires. La plupart des chirurgiens pensaient que leur comportement professionnel n’avait pas été optimal et fréquemment cela aboutissait à l’arrêt de certaines activités ou de certains types d’interventions, cette attitude conservatrice se faisant parfois au détriment des patients.

De même, ils devenaient plus maniaques sur la tenue des dossiers médicaux et la traçabilité du consentement. De façon plus générale, les chirurgiens s’inquiétaient de leur réputation et souffraient d’insatisfaction professionnelle d’autant plus facilement que le criticisme et la condamnation sont de norme dans ce milieu hautement compétitif. La perception d’un manque de soutien de leurs pairs était amplifiée par l’absence de soutien des institutions hospitalières avec la crainte de voir leurs positions (accréditation, salaire) remises en question.
Toutefois les complications chirurgicales pouvaient parfois être bénéfiques dans la mesure où elles les obligeaient à repenser et à réfléchir à leur rôle ainsi qu’à celui de leur service et des institutions. Sur le plan individuel, certains disaient être devenus plus prudents, plus vigilants et appréhender mieux les questions de sécurité. Au niveau de l’organisation du service et de l’institution, des améliorations étaient relevées celles des procédures (dossiers informatisés), des protocoles (check-list et time-out, vérification des équipements) ainsi que la communication avec l’administration.

Les facteurs prédictifs d’un SVS

Les facteurs influençant la réaction à une complication chirurgicale dépendaient des circonstances et de la nature de la complication, de la personnalité du chirurgien et de l’aide reçue. Une complication était moins mal ressentie si le patient était âgé, souffrait de comorbidités ou était porteur d’un problème anatomique inattendu que si la même complication était survenue chez un sujet jeune en bonne santé. Une complication suite une chirurgie d’urgence était plus facilement tolérée qu’après une intervention programmée. En revanche, une complication per-opératoire, du fait d’une erreur de jugement ou d’un problème technique, était très mal ressentie. C’était également le cas de certains évènements (décès, infection, hémorragie, fistule anastomotique, blessure involontaire) ou séquelles (amputation, paralysie).

La réponse individuelle dépendait de la personnalité et de l’expérience qui, si elle aidait, aggravait aussi la responsabilité. Différents types de personnalité étaient observées au sein de la cohorte. Certains étaient très proches de leurs patients (empathie, écoute, réponse aux attentes). D’autres se muraient, réfrénaient leurs émotions, allaient de l’avant et essayaient de ne pas de se laisser distraire dans leurs décisions futures. A l’inverse, d’autres s’effondraient complètement après la complication. Enfin un autre fonctionnement était observé avec réassurance et rationalisation vis-à-vis des complications faisant partie du travail, étant obligatoirement multifactorielles et nécessitant du temps et du travail sur soi.

La culture du blâme

Cet éventail de réponses contribuait à la variabilité de l’intensité du SVS ressenti. Les participants à ces études avouaient leur manque de compétences pour gérer les complications d’un point de vue non technique. En particulier, les plus jeunes soulignaient leur isolement dans ce domaine et l’absence de formations ou de piètre qualité. Dans ce milieu compétitif et souvent perçu comme peu sympathique, marqué par la critique facile, les revues de morbidité et de mortalité (RMM) étaient vécues par certains comme l’occasion d’un blâme en public au lieu d’être sources d’enseignement et d’amélioration.

En conséquence, ils s’y tenaient sur la défensive, ce qui coupait court au dialogue. Même si l’atmosphère pouvait être constructive, le débat était principalement centré sur les questions techniques plus que sur les conséquences psychologiques. Enfin l’absence de soutien de l’administration était soulignée, participant à cette culture du blâme, avec des réponses essentiellement punitives et sans analyse des causes systémiques sous-jacentes.

Nombre de praticiens auraient souhaité une aide protocolisée sous forme d’un temps d’arrêt de leurs activités, d’échange avec leurs collègues, pour faciliter la communication avec les patients et bénéficier d’une assistance psychologique formalisée. Lorsque ce type d’aide était protocolisé, l’ambiance lors des RMM était beaucoup plus sereine. Les échanges avec les collègues étaient de loin considérés comme l’aide la plus efficace (81 %), en particulier pour les plus jeunes. Beaucoup auraient souhaité s’arrêter quelque temps mais très peu le faisaient, se remettant en selle immédiatement après l’évènement.

Un changement de culture

Cette étude contrarie le stéréotype des chirurgiens maitres de leurs émotions qui, au contraire, peuvent être atteints par des sentiments de culpabilité, de dépression et de remise en question après une complication. Ces idées négatives peuvent être cause de burnout, de choc post traumatique voire d’idées suicidaires. Une étude récente portant sur 622 chirurgiens universitaires, expérimentés ou en formation, rapportent des chiffres très inquiétants dont 15,9 % de dépression en cours et 13,2 % d’idées suicidaires dans l’année écoulée (4). Ces phénomènes destructeurs s’auto-entretiennent et les erreurs médicales sont clairement associées à la dépression, l’anxiété, le choc post traumatique, la consommation d’alcool (4), et avec le burnout (5).

Les auteurs plaident pour l’information et des programmes centrés sur le SVS dans la formation mais surtout sur un changement de culture au sein du milieu chirurgical. Celui-ci pourrait bénéficier de la féminisation des spécialités chirurgicales car cette étude et d’autres travaux (6) montrent que les médecins femmes (comme les juniors), si elles sont plus sujettes au SVS, sont aussi plus ouvertes aux échanges et à l’assistance de leurs pairs et de l’institution. Notons que les études quantitatives sont par essence biaisées, par excès ou défaut de déclarations, ce qui peut impacter l’évaluation de la prévalence et de l’impact du SVS.


References
Wu AW. Medical error: the second victim. The doctor who makes the mistake needs help too. BMJ. 2000 Mar 18;320(7237):726-7. doi: 10.1136/bmj.320.7237.726.
Scott SD, Hirschinger LE, Cox KR, et al. The natural history of recovery for the healthcare provider “second victim” after adverse patient events. Qual Saf Health Care. 2009;18(5):325–330. https://doi.org/10.1136/ qshc.2009.032870.
Chong RIH, Yaow CYL, Chong NZ, et al. Scoping review of the second victim syndrome among surgeons: Understanding the impact, responses, and support systems. Am J Surg. 2024 Mar;229:5-14. doi: 10.1016/j.amjsurg.2023.09.045.
Collins RA, Herman T, Snyder RA et al. Mental health among academic surgeons. Ann Surg. 2024 ; 279(3): 429-436. https://doi.org/10.1097/SLA.0000000000006159
Li CJ, Shah YB, Harness ED, et al. Physician Burnout and Medical Errors: Exploring the Relationship, Cost, and Solutions. Am J Med Qual. 2023 Jul-Aug 01;38(4):196-202. https://doi.org/10.1097/JMQ.0000000000000131.
Lu PW, Columbus AB, Fields AC, et al. Gender Differences in Surgeon Burnout and Barriers to Career Satisfaction: A Qualitative Exploration. J Surg Res. 2020;247: 28-33. https://doi.org/10.1016/j.jss.2019.10.045.


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Les Indiens privés de barbe à papa
Quentin Haroche | 22 Mars 2024

Les autorités indiennes ont décidé d’agir promptement contre un problème de santé publique majeur : la consommation de barbe à papa.

En France, on l’appelle la barbe à papa. En Inde, de manière presque diamétralement opposée, on appelle cette sucrerie rose bonbon le « buddhi ka-baal », soit « cheveux de grand-mère » en hindi. Mais qu’on soit à Paris ou dans les rues de Bombay, cette confiserie très (trop ?) sucrée fait le bonheur des petits et grands (et des dentistes) et constitue un succès indémodable des fêtes foraines, des plages et, en Inde du moins, des très nombreuses fêtes religieuses qui s’y déroulent.

Mais ce petit plaisir sucré est désormais révolu pour certains Indiens. Le 17 février dernier, l’Etat du Tamil Nadu dans le sud de l’Inde a purement et simplement décidé d’interdire la vente de barbe à papa (ou plutôt de cheveux de grand-mère) sur la voie publique. L’affaire est prise très au sérieux par les autorités : des opérations coups de poing sont régulièrement menées pour empêcher les vendeurs ambulants de proposer de la barbe à papa dans les rues et des descentes de police ont également été organisées dans des usines de confiserie pour vérifier que la nouvelle interdiction était bien respectée. Les autorités du Tamil Nadu ne sont pas seules dans cette guerre totale (une de plus) contre la barbe à papa : la ville de Pondichéry a également interdit la vente de cette confiserie et plusieurs autres Etats, dont la capitale fédérale Delhi, envisagent de suivre le mouvement.

Les cheveux de grand-mère pèsent sur le foie

Mais qu’est ce qui justifie cette soudaine haine contre cette confiserie pourtant très populaire en Inde ? Est-ce le taux de sucre très important (50 à 60 grammes par barbe) qui inquiète les autorités ? Ou la volonté de mieux faire respecter les grands-mères indiennes ? Le gouvernement du Tamil Nadu a en réalité décidé de cette interdiction après que des analyses de laboratoire sur des échantillons cette confiserie vendus dans la rue y ont révélé la présence de rhodamine B. Ce colorant, utilisé dans l’industrie, le textile, les cosmétiques ou encore dans la tannerie, permet de donner à la barbe à papa sa couleur rose fluo caractéristique.
Mais ce composant présenterait également une importante toxicité. A court terme, la consommation de rhodamine B peut provoquer des démangeaisons, des brulures d’estomac voire des difficultés respiratoires s’il est ingéré en grande quantité. A long terme, la rhodamine B peut augmenter les risques de développer un cancer du rein ou du foie. Ce colorant est donc interdit depuis plusieurs années au sein de l’Union Européenne et aux Etats-Unis (pas d’inquiétude donc pour la barbe à papa française). L’interdiction de la barbe à papa au Tamil Nadu a d’ailleurs été saluée par l’association médicale indienne, qui appelle les autorités fédérales à mieux réguler la vente de confiserie dans la rue, qui ne ferait l’objet de presque aucun contrôle sanitaire. Une plus grande considération pour la santé publique qui va de pair avec la modernisation et l’enrichissement de l’Inde estiment les médecins.

Triste camelot

Les vendeurs ambulants indiens, qui confectionnent eux-mêmes la barbe à papa, utilisaient la rhodamine B en raison de son prix modique. Ils sont en principe toujours autorisés à vendre de la barbe à papa…à condition d’avoir au préalable obtenu un certificat des autorités assurant qu’ils n’utilisent plus de rhodamine B dans la conception de leur produit. Les autorités ont prévenu qu’une barbe à papa aux couleurs trop vives seraient considérés comme suspecte.

La prohibition de la barbe à papa au Tamil Nadu a entraîné des conséquences sociales inattendues. La plupart des vendeurs ambulants travaillant dans cette riche région du sud de l’Inde viennent des régions pauvres du Nord. Privés de travail, certains ont décidé de rentrer dans leur région d’origine, tandis que les autres ont décidé de se rabattre sur la vente de crèmes glacées. Interrogé par le journal The New Indian Express, l’un de ces vendeurs ne cache pas son amertume : « les cheveux de grand-mère ne sont pas qu’une simple sucrerie mais c’est aussi une émotion de l’enfance, cette sucrerie était chère au cœur de chacun, alors son interdiction est difficile à accepter » témoigne le triste camelot.

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L’honneur de la médecine russe
Quentin Haroche | 22 Mars 2024

A 61 ans, le Dr Andrei Volna a décidé de quitter sa confortable vie moscovite pour aller soigner en Ukraine des soldats blessés (par l’armée de son pays).

Dimanche dernier, c’est avec un score sans appel (et probablement sans fondement) de 88 % des voix que Vladimir Poutine a été réélu président de la Fédération de Russie pour un cinquième mandat. Officiellement, tout le peuple russe est rangé comme un seul homme derrière son leader et uni dans la foi en la victoire dans la guerre (ou plutôt l’opération spéciale) que mène la Russie contre l’Ukraine et plus globalement contre l’Occident. Mais, de manière éparse, des citoyens russes se lèvent et agissent pour exprimer leur opposition à ce qu’il faut désormais appeler une dictature.

Le Dr Andrei Volna fait partie de ces résistants. Lorsqu’il a vu l’armée de son pays envahir l’Ukraine le 24 février 2022 au mépris du droit international, ce ponte de la chirurgie orthopédique russe a tout de suite senti qu’il ne pouvait pas poursuivre sa vie confortable de médecin moscovite pendant que ce drame se déroulait. Opposant à la politique de Vladimir Poutine depuis plusieurs années (il affirme avoir été inquiété par les services de renseignement à plusieurs reprises dans le passé), le médecin a donc décidé de fuir son pays pour l’Estonie. Une fois sa famille à l’abri, le chirurgien a choisi de se rendre en Ukraine pour mettre ses talents au service de ce pays et tenter de réparer le mal fait par l’armée de ses compatriotes.

Des mines de Sibérie au front ukrainien

Depuis septembre dernier, le Dr Volna exerce donc à l’hôpital militaire de Kiev, où il soigne les soldats ukrainiens blessés dans les combats. « Plus de 90 % des blessures que je traite ont été provoqués par des mines et des explosions en tout genre » explique le chirurgien. Le Dr Volna a l’habitude de ce genre de graves blessures : lors du début de sa carrière de jeune médecin dans les années 1990, il a exercé pendant six ans dans une mine en Sibérie, où il soignait les victimes d’explosion au méthane. « Je m’occupais de blessures assez sérieuses, mais bien sûr pas dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui » explique-t-il.
Le Dr Volna se souvient encore avec émotion de son arrivée à Kiev il y a six mois. Dès son premier jour dans la ville, le chirurgien a croisé le convoi funéraire d’un soldat mort au combat « et j’ai réalisé que mon pays avait tué ce jeune homme » se souvient-il. Pendant qu’il attendait le feu vert des autorités ukrainiennes pour exercer, le Dr Volna a tenu à se rendre dans la ville martyr de Boutcha, à quelques kilomètres de Kiev, où plus de 500 personnes ont été massacrés par les envahisseurs russes en mars 2022. « Boutcha a été réparée et reconstruite, mais il s’en dégage encore une ambiance sombre » commente le médecin. Le Dr Volna a également dû s’habituer tant bien que mal à vivre sous les bombes et au rythme des alertes aériennes, la « discothèque du diable » comme il l’appelle.

Une lourde responsabilité collective

A l’hôpital militaire de Kiev, Andrei Volna est particulièrement apprécié pour son professionnalisme, son expérience et son dévouement. « Dès qu’il arrive le lundi pour la semaine, il va immédiatement au bloc opératoire, il fait en moyenne trois opérations lourde par jour » témoigne le Dr Petro Nikitine, chef du service traumatologique de l’hôpital militaire de Kiev. Ami du Dr Volna depuis dix ans, c’est lui qui l’a aidé à venir exercer en Ukraine. Le Dr Volna est d’ailleurs étonné du si bon accueil que lui ont offert les Ukrainiens. « En tant que Russe et membre de la nation agresseur, je mériterais pourtant des réactions négatives de la part des Ukrainiens, mais je n’en ai reçu aucune » témoigne-t-il.

Malgré son engagement personnel, le Dr Volna ne parvient en effet pas à se départir de ce sentiment de culpabilité collective qui, espère-t-il, assaille un grand nombre de Russes. « Bien sûr, nous sommes tous responsables, nous avons perdu notre pays et nous l’avons laissé devenir agressif et apporter la mort dans un autre pays, ce fardeau est le nôtre et celui des futures générations » explique-t-il. Le Dr Volna regrette particulièrement l’apathie du monde médical russe face aux actions criminelles de Vladimir Poutine. « Un médecin, en particulier un traumatologiste, doit forcément être contre la guerre car la guerre est une épidémie de traumatismes. Cette lâcheté collective est une grande déception pour moi que je vais devoir supporter jusqu’à la fin de mes jours » regrette-t-il.
En poste depuis six mois, Andrei Volna est prêt à « faire tout ce qui est possible pour aider l’Ukraine à gagner plus vite » et promet de rester en poste jusqu’à la victoire totale de l’Ukraine sur l’armée russe. Un objectif qui s’éloigne de plus en plus alors que la guerre continue de s’enliser.
Le Dr Volna va donc devoir continuer à exercer, loin de sa patrie, à l’hôpital militaire de Kiev, pour sauver des vies mais aussi l’honneur de la médecine russe.

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États-Unis : les montres connectées Samsung bientôt capables de détecter l’apnée du sommeil
Raphaël Lichten | 22 Mars 2024

Les montres connectées de la marque coréenne Samsung redirigeront les utilisateurs vers un spécialiste en cas de détection d’un risque d’apnée du sommeil.

La Food and Drug Administration (FDA) américaine a validé une nouvelle fonctionnalité des montres connectées Samsung Galaxy, qui pourront donc bientôt détecter l’apnée du sommeil et alerter les utilisateurs.

Il faudra au moins porter sa montre pendant 4 heures

Les montres connectées proposent déjà une panoplie d’options et de fonctions en rapport avec la santé : calcul du rythme cardiaque, des calorisées brûlées, voire même du taux d’oxygénation dans le sang… Elles sont d’ailleurs aussi capables de déterminer le temps d’endormissement et les phases de sommeil de l’utilisateur.

Mais le constructeur coréen veut aller encore plus loin : Samsung a effectivement annoncé avoir reçu le feu vert de la FDA pour mettre en place une nouvelle fonctionnalité permettant de repérer les premiers signes d’apnée du sommeil. La multinationale avait d’ailleurs déjà obtenu une autorisation similaire en Corée du Sud.
Dans les faits, la fonctionnalité serait susceptible de détecter les signes modérés à sévères de l’apnée du sommeil. Les utilisateurs éligibles devront avoir au moins 22 ans et porter leur montre au moins deux nuits sur une période de 10 jours et pendant au moins 4 heures. À noter qu’un smartphone Samsung sera aussi nécessaire.

Un capteur placé sous la montre détectera l’oxygène dans le sang

L’entreprise coréenne a précisé que la détection de l’apnée du sommeil sera possible grâce à un capteur placé sous le boîtier de la montre qui enregistrera les irrégularités du taux d’oxygène dans le flux sanguin. L’appareil ne fera évidemment pas un diagnostic formel, mais encouragera l’utilisateur à consulter un spécialiste.

Samsung n’a pas encore révélé exactement quels modèles de montres connectées seront concernés. De son côté, Apple a aussi indiqué que ses modèles d’Apple Watch proposeront une fonctionnalité similaire dès cette année, en plus de la détection de l’hypertension — même si la marque à la pomme n’a pas encore obtenu, elle, le feu vert de l’administration américaine. Apple a d’ailleurs annoncé que ses nouvelles montres connectées pourront aussi détecter l’hypertension.
Concernant les Samsung Galaxy Watch, on devrait en savoir plus cet été, puisque l’entreprise coréenne sort, traditionnellement, ses nouvelles montres connectées au mois d’août.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » dim. mars 24, 2024 6:39 pm

L’homme au poumon d’acier
Quentin Haroche | 15 Mars 2024
Jim.fr


Dallas – L’un des derniers hommes à vivre dans un poumon d’acier, Paul Alexander est décédé ce lundi, après plus de 72 ans passé dans la machine.

Eté 1952 aux Etats-Unis. Cette année-là, le pays va connaitre la pire épidémie de poliomyélite de son histoire : 58 000 cas à travers le pays, 21 000 personnes, majoritairement des enfants, paralysés et plus de 3 000 morts. Parmi les victimes de l’épidémie se trouve un enfant de six ans vivant dans la banlieue de Dallas, Paul Alexander. A peine quelques jours après avoir présenté les premiers symptômes de la maladie, le petit garçon est admis à l’hôpital de Parkland, débordé par le nombre d’enfants contaminés.

Alors qu’un premier médecin l’a jugé condamné, un autre le sauve en réalisant une trachéotomie en urgence. Trois jours plus tard, le petit Paul se réveille. Il ne peut plus bouger, ne peut plus parler et son corps est enfermé dans un énorme cylindre d’acier relié à une pompe. Paul Alexander vit désormais dans un poumon d’acier, machine qu’il ne quittera quasiment plus jamais pendant plus de 70 ans.

Guiness Book des records

Décédé ce lundi à Dallas à l’âge de 78 ans, Paul Alexander détenait le titre peu envieux d’homme à être resté le plus longtemps dans un poumon d’acier, ce qui lui avait valu d’apparaitre à plusieurs reprises dans le Guiness Book des records. Il était au moment de son décès l’une des dernières personnes à vivre dans une de ces énormes machines imaginées en 1928 pour permettre aux malades de la poliomyélite atteints d’une paralysie du diaphragme de respirer, grâce à un système d’augmentation et de diminution de la pression.
Les images de couloirs d’hôpitaux remplis de jeunes enfants enfermés dans des poumons d’acier dans les années 1940 et 1950 sont restés le symbole de la terreur provoqué par la poliomyélite, avant que le déploiement du vaccin à partir de 1955 ne permette l’éradication de la maladie, du moins dans les pays occidentaux.

Interviewé en 2020 au début d’une autre pandémie, celle de Covid-19, Paul Alexander se souvenait encore avec émotion des 18 mois qu’il avait dû passer à l’hôpital lorsqu’il a été contaminé. « J’essayais de communiquer avec les autres enfants, mais à chaque fois que je me faisais un ami, il mourrait » se souvient-il.

Il est finalement pris en charge par un médecin qui lui apprend la technique de la respiration glossopharyngée, aussi appelé « respiration de la grenouille », qui permettra à Paul Alexander de respirer seul et de sortir de son poumon d’acier, sauf la nuit puisqu’il ne peut respirer que consciemment. Son médecin lui promet de lui offrir un chiot s’il parvient à respirer seul pendant plus de trois minutes. De là viendra le titre de son autobiographie, publiée en 2020, « Trois minutes pour un chien », qu’il a mis plus de huit ans à écrire en utilisant une tige en plastique dans la bouche pour appuyer sur un clavier ou en dictant le texte à un ami infirmier.

Autorisé à plaider !

Si Paul Alexander était l’un des derniers vestiges d’une époque révolue de la médecine, il était également un symbole d’abnégation. Bien décidé à ne pas se laisser trop limité par la lourde machine de plus de 300 kg qui le maintenait en vie, il s’était pleinement investi dans les études. « Je savais bien que si je voulais faire quelque chose de ma vie, cela devait être un métier intellectuel, j’allais avoir du mal à devenir joueur de basketball professionnel » plaisantait-il.
En 1967, il devient ainsi le premier texan à être diplômé du lycée en ayant suivi tous ses cours à distance. « Je n’ai eu que des A, sauf en biologie car je n’avais pas pu disséquer un rat ». Après avoir essuyé plusieurs refus en raison de son handicap, il intègre l’Université du Texas à Austin où il poursuit des études de droit. Le 14 mai 1986, en chaise roulante, il devient enfin avocat, parvenant difficilement à lever son pouce droit pour prêter serment. « Quand les clients me voyaient, ils se disaient que j’étais un dur à cuire et me voulaient comme avocat ».

Paul Alexander avait fini par s’habituer à son poumon d’acier jaune moutarde et avait même refusé dans les années 1960 de subir une trachéotomie qui aurait pu lui permettre de quitter la machine et d’être relié à un respirateur moderne. « Où que j’aille, il vient avec moi, c’est comme mon meilleur ami, un fantôme qui est devenu mon camarade de jeu » expliquait-il.

Les dernières années de la vie de Paul auront été plus difficiles. En 2015, son poumon d’acier, qui n’est évidemment pas pris en charge par son assurance santé, commence à connaitre des difficultés mécaniques et seule une collecte de fonds au cours de laquelle il récolte plus de 140 000 dollars lui permet de faire réparer sa machine. Il perd également petit à petit la capacité à respirer seul, ce qui l’empêche de quitter sa machine et il aurait également été victime d’une escroquerie commise par des proches censés l’aider. Des obstacles qui ne font pas perdre à Paul Alexander sa bonhomie et sa volonté de témoigner de son expérience : en janvier dernier, il ouvre un compte Tiktok dans lequel il répond aux questions des internautes sur sa maladie, compte qui réunira plus de 300 000 abonnés.

Marqué par une épidémie, la vie de Paul Alexander terminera par une autre, puisqu’il a passé ses dernières semaines à l’hôpital après avoir contracté la Covid-19 (mais la cause exacte de son décès n’a pas été révélée). Jusqu’à la fin de sa vie, il aura utilisé son expérience pour alerter le monde sur les dangers de la polio, « qui est encore capable de faire des ravages chez les enfants ». Grâce à la vaccination, la poliomyélite a été quasiment éradiqué dans le monde : moins de 600 cas sont recensés chaque année dans le monde, dont une dizaine seulement dus à la souche sauvage, en Afghanistan et au Pakistan. Le danger n’est cependant pas encore totalement écarté en Occident : en 2022, un New-Yorkais non vacciné de 20 ans a été contaminé et est depuis partiellement paralysé.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mar. mars 26, 2024 7:42 pm

Pourquoi nous n'entendons pas les sons sous anesthésie générale

Par Coralie Lemke le 14.10.2022
sciencesetavenir.fr


Lorsque nous sommes endormis sous anesthésie générale, les neurones dédiés au son s'activent. Et pourtant, nous n'entendons rien. Une équipe de l'Institut Pasteur vient de découvrir pourquoi.

Il ne s'agit ni d'une forme de sommeil, ni d'un coma. L'anesthésie est un état de conscience, ou plutôt d'inconscience, encore mal connu. En effet, le cerveau ne s’éteint pas sous anesthésie et continue à avoir une activité significative. Pourtant, nous ne percevons rien de ce qui nous entoure, pas même les sons du bloc opératoire ou les conversations entre soignants. Si ces paramètres sont longtemps restés mystérieux, une équipe de l'Institut Pasteur vient de publier des résultats dans Nature Neuroscience, qui lèvent le voile sur la façon dont notre cerveau réagit aux sons lorsque nous sommes anesthésiés.

L'anesthésie générale, chargée de nous plonger dans un état inconscient, n'empêche pas les neurones de s'activer. Et notamment les neurones du cortex auditif, stimulés par des sons. Si les mécanismes de réception des sons d'un point de vue auditif, par l'oreille, sont aujourd'hui bien compris, on ne sait pas encore exactement pourquoi ils sont perçus et interprétés ou non par le cerveau. Les neurosciences de l'audition n'ont pas encore réussi à déterminer pourquoi nous ne percevons pas les sons pendant le sommeil ou lors d'une anesthésie. Si le cortex auditif s'active, pourquoi les sons ne sont-ils pas perçus ?

Noyé dans un "bruit de fond" neuronal

"Lors d'une anesthésie, plusieurs molécules sont administrées au patient. Elles induisent une analgésie, c'est-à-dire un blocage des récepteurs de la douleur ainsi qu'une perte de conscience. Tout ce qui se passe ne sera pas consciemment perçu. On ne se souviendra pas des événements. C'est un état différent du coma, qui est beaucoup plus profond et sans réveil. Ce n'est également pas apparenté au sommeil, dans la mesure où un stimulus extérieur, comme un bruit, peut nous réveiller", explique à Sciences et Avenir Brice Bathellier, chercheur à l’Institut de l’Audition (centre de l’Institut Pasteur) et auteur de ces travaux.

Jusqu'à présent, ces questions n'avaient aucune réponse. Les seules mesures d’activités neuronales disponibles ne renseignaient que sur l’activité d’un neurone ou de petits ensembles de neurones enregistrés isolément au sein des immenses réseaux de neurones qui constituent le cortex. En observant des cerveaux de souris, l'équipe a pu comparer l'activation des neurones à l'état d'éveil et sous anesthésie. Au moment de l'éveil, lorsqu'un son retentit, les neurones dédiés à l'ouïe s'activent dans le cortex auditif. Ces neurones ont une activité tout à fait distincte des neurones qui s'activent spontanément pour assurer le reste de nos fonctions. En revanche, sous anesthésie, au moment où un son retentit, ce ne sont pas exactement les mêmes neurones auditifs qui s'activent. Au même moment, d'autres neurones s'activent spontanément, brouillant en quelque sorte les pistes. "Cela crée une sorte de bruit de fond qui noie la perception auditive et qui la rend indétectable", complète Brice Bathellier. La réponse se confond avec l'activité interne propre au cerveau.

Le cerveau éveillé, plus "créatif" que le cerveau anesthésié

Pour réussir à mener à bien cette recherche, l'équipe s'est servie d'une technique d'imagerie de pointe : la microscopie multiphotonique, qui permet de voir l'activité de 1.000 neurones en parallèle, non pas par IRM mais grâce à la microscopie, à travers les tissus. "Nous utilisons pour cela la thérapie génique. Un virus modifié et inactivé est injecté dans le cerveau. Porteur d'un code génétique, ce virus va rendre les protéines du cerveau fluorescentes grâce à la GFP ("green fluorescent protein", en français "protéine fluorescente verte", ndlr), qui a la particularité de s'attacher aux molécules de calcium. Or, lorsqu'un neurone a un potentiel d'action (signal électrique, ndlr), il se charge en calcium, ce qui donne un signal fluorescent", explique Brice Bathellier. Cette technique, qui peut éventuellement causer des dommages sur le sujet, n'est utilisée que chez l'animal pour cette raison.

Ces résultats inédits permettent aussi, en miroir, de mieux comprendre comment nous percevons les sons à l'état d'éveil. "Pour bien observer la réponse du cerveau à un stimulus particulier, mieux vaut contrôler l'environnement et le sujet. Nous sommes entourés de tant de stimuli que la tâche serait très difficile. D'où le recours à l'anesthésie", précise le chercheur qui s'attendait à ce que les réponses entre l'éveil et l'anesthésie soient relativement similaires. Finalement, ces résultats indiquent qu’une des conditions de la perception consciente est que le cortex puisse activer des groupes de neurones distincts de ceux qui sont activés spontanément. Eveillé, le cortex est en quelque sorte plus "créatif", puisqu'il se montre capable de générer des motifs d'activité nouveaux et spécifiques en réponse aux sons. Ce dont il est incapable pendant l'anesthésie.

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On a trouvé la région du cerveau responsable de la procrastination

Par Fiona Elmaleh le 14.10.2022

Des scientifiques ont identifié la région du cerveau responsable de la décision de procrastiner : le cortex cingulaire antérieur.


Faire la vaisselle, remplir des documents administratifs, prendre rendez-vous chez le médecin… Des tâches pénibles qui nous incombent mais qu’on remet toujours à plus tard. Cette tendance de reporter au lendemain ce que l'on pourrait faire aujourd'hui porte un nom, et c'est procrastination. Pourtant les conséquences de la procrastination peuvent être multiples : stress, baisse de la qualité du travail…

La procrastination, un trait de caractère humain

"La procrastination est aussi habituelle que le café du matin" écrit Piers Steel, docteur en psychologie et sciences du comportement dans son livre "The procrastination Equation". Selon une étude réalisée en 2019 sur YouGov, plus d'un Français sur deux affirme procrastiner régulièrement. Une pratique particulièrement populaire chez les étudiants : plus de 79% d'entre eux ont tendance à procrastiner contre 44% de retraités.

Mais qu'est-ce qui nous pousse à procrastiner ? Plus de 30 ans de recherche et des centaines d'études mettent le doigt sur un trait de caractère en particulier : l'impulsivité. Selon Piers, "les personnes impulsives n'ont pas la capacité d'endurer une douleur à court terme pour un gain à long terme". Il explique que l'impulsivité pousse à retarder une tâche qui paraît anxiogène, incitant les procrastinateurs à être désorganisés et distraits.

Mais si l'impulsivité est le trait de caractère qui définit le plus les procrastinateurs, comment se comporte notre cerveau lorsque nous procrastinons ?
Une zone du cerveau responsable de la procrastination

C’est la question que se sont posés des chercheuses et chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du centre national de la recherche scientifique (CNRS), de Sorbonne l’Université et de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) au sein de l’Institut du cerveau à Paris. L’étude, parue dans Nature Communications, a été réalisée sur 51 individus qui ont participé à une série de tests comportementaux durant lesquels leur activité cérébrale était enregistrée par Imagerie par Résonance Magnétique (IRM).

Chaque participant devait attribuer de manière subjective une valeur à des récompenses (gâteaux, fleurs…) et à des efforts (mémoriser des données, faire des pompes…). Il leur a ensuite été demandé d’indiquer leurs préférences entre obtenir une petite récompense rapidement ou une grande récompense plus tard, ainsi que d’effectuer un petit effort physique à faire tout de suite ou un effort plus important à faire plus tard.

Cela a permis aux scientifiques d’identifier une région du cerveau où se joue la prise de décision de procrastiner : le cortex cingulaire antérieur (CAA).

Le cortex cingulaire antérieur : Il semble jouer un rôle dans une grande variété de fonctions cognitives telles que l'anticipation de récompense, la prise de décision, l'empathie et l'émotion. L’appareil neuronal qu’est le cortex cingulaire antérieur a pour rôle d’effectuer un calcul "coût-bénéfice" en intégrant les coûts (efforts) et les bénéfices (récompenses) associés à chaque prise de décision.

La tendance à la procrastination a ensuite été mesurée par deux types de tests. Dans le premier, les participants devaient décider soit de produire un effort le jour même pour obtenir immédiatement la récompense associée, soit produire l’effort le lendemain et de patienter jusque-là pour obtenir la récompense. Dans le second, à leur retour chez eux, les participants devaient remplir plusieurs formulaires fastidieux et les renvoyer sous un mois maximum pour être indemnisés de leur participation à l’étude.
Quand "ça ne vaut vraiment pas le coût" pour notre cerveau

Grâce à ces séries de tests, une différence a pu être faîte entre les choix pris sans limite de temps et ceux pris avec une date butoir. Il semblerait que plus l’échéance est lointaine, moins l’effort parait coûteux et moins la récompense gratifiante.

"Par exemple, pour une tâche comme faire la vaisselle, les coûts sont liés à l’aspect long et rébarbatif de la corvée et les bénéfices au fait que l’on retrouve à son issue une cuisine propre. Laver la vaisselle est dans l’instant très pénible ; envisager de le faire le lendemain l’est un peu moins. De même, être payé immédiatement après un travail est motivant, mais savoir qu’on sera payé un mois plus tard l’est beaucoup moins", explique Raphaël Lebouc, neurologue à l’AH-HP et co-directeur de l’étude.

"La procrastination pourrait être spécifiquement liée à l’impact du délai sur l’évaluation des tâches exigeant un effort. Plus précisément, elle peut s’expliquer par la tendance de notre cerveau à décompter plus vite les coûts que les récompenses", conclut Mathias Pessiglione. En d'autres termes, notre cerveau va d'abord analyser les efforts à fournir avant même de connaitre les bienfaits et avantages de la tâche à effectuer.

A tous les procrastinateurs qui nous lisent, retenez bien cette date : le 25 mars, journée mondiale de la procrastination, vous aurez le droit de reporter au lendemain ce qu'il aurait fallu faire dans la journée !
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. mars 30, 2024 1:44 pm

Détresse morale des infirmières aux urgences et intentions de départ
Geneviève Perennou | 28 Mars 2024
jim.fr


Les services des urgences enregistrent un roulement de personnel important. La détresse morale des infirmières pourrait participer aux intentions de départ, même si les outils de mesure de cette détresse dans ce contexte sont perfectibles.

Des recherches récentes montrent que le niveau d'épuisement professionnel chez les infirmières exerçant dans les services d’urgences continue à se majorer, même après le pic de la pandémie. Dans une enquête, 45 % des répondants ont indiqué avoir envisagé de quitter ou avoir effectivement quitté leur poste en raison d’une détresse morale, mettant en exergue les problèmes de santé mentale et de bien-être émotionnel comme raisons principales au départ.

La détresse morale est caractérisée comme une réponse à une série d'événements moralement difficiles dans lesquels la bonne action éthique est identifiée mais non suivie ce qui aboutit à un déséquilibre psychologique douloureux. Elle est identifiée grâce au test MDS-R (Moral Distress Scale, Hamric et al., 2012), outil le plus largement utilisé qui a été testé dans différents contextes, obtenant de bons scores en termes de validité et de fiabilité.

Les facteurs qui peuvent contribuer à cette détresse morale des soignants aux urgences incluent le manque de ressources et de personnel, la pression du temps et une charge de travail élevée, un environnement de travail chaotique et imprévisible, des difficultés de communication et de collaboration, ainsi que des dilemmes éthiques et des conflits de valeurs.
Une revue systématique de la littérature a inclus 5 études quantitatives explorant la relation entre la détresse morale et l'intention de départ de leur poste chez des infirmières (n = 2 109) des urgences.

Une revue systématique incluant plus de 2 000 infirmières

Quatre études ont rapporté la proportion de professionnels ayant l'intention de partir en raison de détresse morale. Ces taux se situaient entre 20 et 50,89 %, et jusqu'à 25 % étaient déjà partis. Deux études ont calculé des rapports de cotes (OR) pour la détresse morale et l'intention de partir. Une étude rapportant la probabilité relative estimée que les infirmières aient l'intention de quitter leur emploi était de 0,88 [IC à 95 % = 0,68 −1,14], associée à la fois à la fréquence de réanimation cardiorespiratoire perçue comme inappropriée et à la détresse morale. L'autre étude a montré une corrélation significative entre l'intention de partir et les scores MDS-R avec un OR de 1,034.

Les quatre études utilisant le MDS-R ont identifié que les niveaux de détresse morale chez les infirmières des services d'urgence dans leurs échantillons étaient inférieurs à ceux des infirmières en soins intensifs rapportés dans des études précédentes
Deux études ont rapporté la fréquence des événements moralement perturbateurs. Ces chercheurs ont pointé que la mise en œuvre de prescriptions médicales jugées non nécessaires, les interventions de réanimation intensive considérées comme inutiles, et la conformité aux souhaits de la famille visant à maintenir les fonctions vitales même si elles sont estimées inadéquates pour le patient, représentent des dilemmes éthiques rencontrés par les professionnels de santé susceptibles de générer une détresse morale.
Cinq études ont examiné les facteurs associés aux niveaux élevés de détresse morale chez le personnel infirmier. Trois de ces études menées aux États-Unis ont constaté que travailler avec un personnel non qualifié ou incompétent et une mauvaise communication d'équipe sont des événements clés entraînant une détresse morale intense.

La dernière étude rapporte que le fait de réanimer de manière inappropriée, était un événement moralement perturbant pour 58 % de leur échantillon.

Les limites de l’évaluation de la détresse morale

La détresse morale est un phénomène complexe étudié dans le domaine de la santé, mais il existe des lacunes dans la littérature concernant son impact sur différents groupes ethniques et cultures. En effet, la comparaison des résultats entre différentes cultures est difficile en raison des variations dans les approches de recherche et des différences dans les types d'incidents qui causent la détresse morale. Pour pallier ces lacunes, il est suggéré de développer des instruments de mesures spécifiques à chaque culture. Cependant, il est important de noter que l'utilisation d'instruments culturellement spécifiques peut limiter la possibilité de généraliser les résultats.


References
O. Boulton, B.Farquharson. Does moral distress in emergency department nurses contribute to intentions to leave their post, specialisation, or profession: A systematic review. International Journal of Nursing Studies Advances, Volume 6, 2024, 100164. https://doi.org/10.1016/j.ijnsa.2023.100164.


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Roselyne Bachelot nommée à la tête d’une commission sur…l’histoire de la santé publique

Ancienne ministre de la Santé de 2007 à 2010 et pharmacienne de formation, Roselyne Bachelot a été nommée le 18 mars dernier…présidente du comité d’histoire des administrations chargées de la santé. Composé de 36 (!) membres, ce comité a pour mission de reconstituer l’histoire de la politique publique de santé. « Il faut faire des économies qu’ils disent, donc on nomme une ancienne qui a massacré l’hôpital à un poste qui ne sert à rien avec on peut le penser un salaire bien supérieur à celui d’une infirmière » commente sur X le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML.

Le foutage de gueule continue. l'amer Bachelot, la pire ministre de la santé pour les IADE (quoique récemment, c'était assez gratiné côté urgentiste...) se recase encore et toujours. La république fromagère se poursuit indéfiniment.
Je propose aux 36 membres (rien que ça) de consulter les liens suivants. Ils iront plus vite au restaurant payé par les subsides de la république...


https://www.ined.fr/fichier/rte/2/Publi ... nte.fm.pdf
https://www.radiofrance.fr/francecultur ... es-6830774
https://www.cairn.info/revue-recherche- ... page-6.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_santé
https://www.cairn.info/politiques-socia ... page-7.htm
https://popsciences.universite-lyon.fr/ ... politique/
https://books.openedition.org/editionsm ... _3224.html
https://oppee.u-bordeaux.fr/observatoir ... -santiaire
https://theses.fr/1997PA020063
https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads ... 010_v2.pdf
https://www.assemblee-nationale.fr/12/r ... 1092-2.asp
https://fr.wikipedia.org/wiki/Santé_publique

J'arrête là, ils risquent de se faire un claquage les membres du comité...

L'arrêté est à lire ici https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/ ... ection=all

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Vidéo-laryngoscope : vers une utilisation toujours plus large ?
Desforges Paul | 28 Mars 2024

Le risque d'inhalation, complication redoutée à toutes les phases de l'anesthésie, augmente avec la répétition des tentatives d'intubation. La vidéo-laryngoscopie est performante pour un succès à la 1ère tentative lors de l’induction en séquence rapide.

L’avènement des vidéo-laryngoscopes à la fin des années 2010 a considérablement modifié les algorithmes d’accès aux voies aériennes supérieures. Cet outil est désormais recommandé par les sociétés savantes dans la prise en charge des intubations en cas de facteurs prédictifs d’intubation difficile (1). Afin de réduire le risque d’inhalation du contenu gastrique lors de l’intubation, de nombreuses équipes s’intéressent à leur utilisation en première intention dans les situations les plus à risque. En réanimation, une étude publiée en 2023 a démontré le bénéfice de l’utilisation de ce dispositif sur le nombre de succès à la première tentative d’intubation (2).

Un essai randomisé auprès de 1 000 patients

Les auteurs d’une étude publiée en février 2024 dans le journal Anesthesia se sont intéressés à la place du vidéo-laryngoscope (Macgraph®) lors d’une induction en séquence rapide au bloc opératoire (3). En concordance avec l’ensemble des études publiées sur la gestion des voies aériennes supérieures, le critère de jugement principal était le succès de l’intubation à la première tentative. Cette réussite était définie par l’insertion unique d’une lame de laryngoscopie/vidéo-laryngoscopie en durée de procédure inférieure à 120 secondes avec un contrôle par courbe de capnographie.

Les critères de jugements secondaires analysés dans cette étude étaient la durée d’obtention d’une visualisation glottique, la durée du placement de la sonde d’intubation, le nombre de tentatives, les scores de difficulté d’intubation (grades de Cormack et Lehane et score POGO [Percentage Of Glottic Opening]), l’expérience des opérateurs et l’incidence des complications.
Pour mener à bien cette étude, les auteurs ont réalisé un essai contrôlé randomisé multicentrique dans 4 hôpitaux allemands. Les patients étaient inclus s’ils devaient subir une chirurgie programmée ou urgente et s’ils présentaient des critères imposant une induction en séquence rapide. A noter que les patients présentant des critères d’intubation difficile prévisible n’étaient pas inclus. Les participants ont été randomisés en un groupe intubation avec vidéo-laryngoscope (n = 534) et un groupe intubation avec matériel standard (n = 513).

Avantage au vidéo-laryngoscope

Les résultats de cette étude retrouvent une nette supériorité en faveur de l’utilisation du vidéo-laryngoscope avec un taux de succès à la première tentative de 94 % versus 71,6 % dans le groupe laryngoscopie standard (odds ratio 1,31 ; IC à 95 % 1,23-1,39 ; p < 0,001).

Les résultats concernant les critères de jugements secondaires retrouvent une différence statistiquement significative en faveur du vidéo-laryngoscope avec des durées de visualisation glottique (10 versus 14 secondes), de placement de la sonde (20 versus 27 secondes) et d’instauration de la ventilation mécanique (37 versus 42 secondes) plus courtes, une meilleure visualisation glottique, moins de complications immédiates à type de désaturation, traumatisme dentaire ou lésion des tissus mous (3 % dans le groupe vidéo-laryngoscopie versus 12 % dans le groupe standard, p < 0,001) et moins de complications retardées comme la toux et l’enrouement (12 % versus 27 % dans le groupe standard, p < 0,001).
Autre résultat intéressant, l’utilisation du vidéo-laryngoscope semble profiter à tous (expérimentés ou non) et plus particulièrement aux moins expérimentés. Il est important de noter que l’utilisation du vidéo-laryngoscope dans cette étude était systématiquement associée à un mandrin rigide disposé à l’intérieur de la sonde d’intubation. Ce point nécessite une attention particulière car dans la pratique clinique quotidienne, le recours au mandrin rigide est rare.
Les résultats de cette étude au bloc opératoire corroborent ceux retrouvés dans les services de soins intensifs. Le vidéo-laryngoscope est un outil indispensable dans l’arsenal des médecins anesthésistes-réanimateurs et son utilisation doit probablement être discutée en première intention en cas d’induction en séquence rapide.


References
Langeron O, Bourgain J-L, Francon D, et al. Intubation difficile et extubation en anesthésie chez l’adulte. Anesthésie & Réanimation 2017;3:552–71. https://doi.org/10.1016/j.anrea.2017.09.003.

Prekker ME, Driver BE, Trent SA, et al. Video versus Direct Laryngoscopy for Tracheal Intubation of Critically Ill Adults. N Engl J Med 2023;389:418–29. https://doi.org/10.1056/NEJMoa2301601.

Kriege M, Lang P, Lang C, et al. A comparison of the McGrath videolaryngoscope with direct laryngoscopy for rapid sequence intubation in the operating theatre: a multicentre randomised controlled trial. Anaesthesia. 2024 Feb 12. doi: 10.1111/anae.16250.


On peut toujours se poser la question de l'utilisation du Mc Grath (et pas Graph)... de première intention, voire en permanence comme aux USA. Couplé à un mandrin rigide en l'occurrence ici, voire régulièrement avec le secours d'un Eschmann (et pas Eichman comme je vois souvent chez les MAR ou les IADE, le criminel de guerre n'a rien à voir là dedans). Je me pose toujours la question des internes qui déjà ne savent pas ventiler, puisqu'à l'induction ils mettent le respirateur en mode VC ou VCAF quand ils ont un peu regardé l'avantage de ce mode, mais aucunement ils ne ventilent à la main, sur valve APL et donc ne savent pas "sentir" le patient s'assouplir, se curariser, sans avoir un oeil sur le tof et sur la capnie. Alors si le Mc Grath est tombé, écran cassé, batterie à plat, il va falloir revenir aux fondamentaux. Et c'est là où il y aura des difficultés.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. avr. 03, 2024 5:52 pm

Le cerveau humain est de plus en plus gros, cela pourrait être une bonne nouvelle
Dr Isabelle Meresse | 03 Avril 2024
jim.fr

Une nouvelle publication, issue des données de l’étude Framingham, révèle que le volume du cerveau a régulièrement augmenté chez les personnes nées après 1930. Et cela pourrait être une bonne nouvelle pour le risque de démence.

Le développement et la préservation du cerveau humain sont soumis à des influences à la fois génétiques et environnementales qui affectent probablement le risque de démence plus tard dans la vie.

La santé globale de la population états-unienne s'est nettement améliorée au cours des 100 dernières années, même si des disparités en matière de santé persistent. Les individus vivent également plus longtemps, ce qui entraîne un pourcentage croissant de la population à risque de développer une maladie d'Alzheimer et autres démences.

Cependant, des données récentes, notamment celles de la Framingham Heart Study (FHS), indiquent que l'incidence de la démence pourrait être en baisse. Même si des facteurs tels qu'un meilleur niveau de scolarité et la prise en charge médicale des facteurs de risque vasculaire peuvent expliquer en partie cet effet, les différences environnementales au début de la vie y contribuent probablement.
Lancée en 1948, la FHS comporte 3 générations de participants sur plus de 80 années de dates de naissance, ce qui la rend idéale pour étudier les tendances séculaires en matière de santé cardiovasculaire et cérébrale. L'imagerie par résonance magnétique (IRM), initiée en 1999, a été utilisée pour étudier le cerveau de 5 145 individus, permettant des comparaisons par âge de ces tendances.

L’hypothèse des auteurs était que les tendances séculaires en matière de santé des jeunes enfants observées dans la population générale des États-Unis s'accompagneraient d'un meilleur développement cérébral. S’appuyant sur celle-ci, ils ont examiné les volumes crâniens et cérébraux et l'épaisseur corticale, au cours des décennies de naissance s'étendant de 1930 à 1970.

Comparer le volume cérébral de plus de 3 000 participants

Ainsi, cette étude transversale a utilisé les données de la cohorte communautaire FHS pour les participants nés des années 1930 aux années 1970, indemnes de démence et d'antécédent d'accident vasculaire cérébral, qui ont bénéficié d’une IRM entre mars 1999 et novembre 2019, alors qu’ils étaient âgés de 45 à 70 ans, lors de leur visite initiale.
Les principales mesures comportaient uneanalyse des volumes intracrâniens, de la matière grise corticale, de la substance blanche et de l'hippocampe ainsi que de la surface corticale et de l'épaisseur corticale. La mesure d’intérêt était la décennie au cours de laquelle le participant était né. Les covariables incluaient l'âge à l'IRM et le sexe.
Finalement, la cohorte principale de l'étude était composée de 3 226 participants ayant un âge moyen (ET) de 57,7 (7,8) ans au moment de leur IRM, et dont 1 706 participants étaient des femmes (53 %).

Impact de la décennie de naissance

Des tendances significatives en termes de volumes intracrâniens (ICV), hippocampiques et de substance blanche, et de surface corticale plus importants étaient associées aux décennies de naissance plus récentes. En comparant la décennie de naissance des années 1930 à celle des années 1970, un ICV moyen de 6,6 % plus élevé a été constaté (1 234 ml ; IC 95 %, 1 220-1 248, vs 1 321 ml ; IC 95 %, 1 301-1 341), un volume de substance blanche 7,7 % plus élevé (441,9 ml ; IC à 95 %, 435,2-448,5, vs 476,3 mL ; IC à 95 %, 467,0-485,7), un volume hippocampique 5,7 % plus élevée (6,51 mL ; IC à 95 %, 6,42-6,60, vs 6,89 mL ; IC à 95 %, 6,77- 7,02), et une surface corticale supérieure de 14,9 % (1 933 cm2 ; IC à 95 %, 1908-1959, vs 2 222 cm2 ; IC à 95 %, 2186-2259). Les différences séculaires dans l'ICV sont également restées significatives après ajustement en fonction de la taille.
Une analyse supplémentaire dans un sous-groupe de 1 145 individus de la tranche d’âge de 55 à 65 ans, nés soit dans les années 1940 (âge moyen [SD], 60,0 [2,8] ans) soit dans les années 1950 (âge moyen [SD], 59,0 [2,8] ans) a montré des résultats similaires.

Dans cette étude, qui a inclus majoritairement des sujets caucasiens et dont les résultats ne témoignent pas d’un lien de causalité prouvé, les tendances séculaires en faveur de volumes cérébraux plus importants suggèrent un développement cérébral amélioré chez les individus nés entre 1930 et 1970, et une « réserve cérébrale » potentiellement plus importante. Les facteurs environnementaux au début de la vie peuvent expliquer ces résultats, tout comme l’amélioration des facteurs de risque modifiables de démence, et contribuer à la baisse de l'incidence de la démence précédemment rapportée dans la cohorte de la Framingham Heart Study.

"La génétique joue un rôle majeur dans la détermination de la taille du cerveau, mais nos résultats indiquent que des influences externes, telles que des facteurs sanitaires, sociaux, culturels et éducatifs, peuvent également jouer un rôle", a déclaré Charles DeCarli, neurologue (UC Davis, Etats-Unis), premier auteur de l'étude.

References
DeCarli C, Maillard P, Pase MP, et al. Trends in Intracranial and Cerebral Volumes of Framingham Heart Study Participants Born 1930 to 1970. JAMA Neurol. 2024 Mar 25. doi: 10.1001/jamaneurol.2024.0469.


C'est assez curieux, car lorsque l'on regarde les "influenceuses", on a le sentiment que leur cerveau subit l'inverse. A moins qu'il n'y ait que de l'air. Ce qui pourrait expliquer en partie, la sensation de melon qu'elles ont.

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L’Ordre des médecins toujours sous le feu des critiques
Quentin Haroche | 03 Avril 2024
jim.fr


Le Conseil de l’Ordre (CO) est de plus en plus critiqué pour certaines de ses décisions disciplinaires jugées injustifiées.

C’est une décision disciplinaire qui a étonné voir même indigné de très nombreux médecins. Le 12 février dernier, le Dr Jérôme Marty, médiatique président de l’UFML, était sanctionné d’un blâme par la chambre disciplinaire du conseil de l’Ordre d’Occitanie. Son tort : avoir, le 29 mai 2021, en pleine crise sanitaire, publiquement critiqué les prises de positions complotistes et antivaccins du chanteur Francis Lalanne et de l’humoriste Jean-Marie Bigard.

Dans une inversion des valeurs étonnante quand on connait les propos insultants et orduriers régulièrement tenus par ces médiatiques militants antivaccins, l’Ordre des médecins d’Occitanie a jugé que les invectives du Dr Marty étaient « de nature à déconsidérer la profession, en méconnaissance de son obligation déontologique ». Le généraliste de Fronton a depuis fait appel.

Sanctionnés pour avoir dénoncé la désinformation de Francis Lalanne et Jean-Marie Bigard

Cette décision étonnante du conseil de l’Ordre d’Occitanie n’est malheureusement pas un fait isolé. Cela fait en effet plusieurs années que le Conseil de l’Ordre, que ce soit au niveau national, régional ou départemental, est vivement critiqué pour des décisions disciplinaires étonnantes. Quelques semaines à peine après l’aberrante décision prise contre le Dr Marty, c’est la chambre disciplinaire nationale cette fois qui a confirmé en appel des avertissements prononcés contre les médecins membres du collectif NoFakeMed, pour avoir, en 2018, signé une tribune rappelant que l’homéopathie ne reposait sur aucune base scientifique et ne devait plus être prise en charge par la Sécurité Sociale.
Avant de sanctionner des médecins qui avaient le tort de combattre publiquement la désinformation médicale, le CO a également été critiqué pour le zèle avec lequel il poursuit les praticiens qui signalent aux autorités judiciaires les maltraitances sur enfants dont ils pensent être les témoins. Pour avoir signalé à la justice les violences commises par un père contre ses enfants, le Dr Françoise Fericelli, pédopsychiatre, a été sanctionné d’un avertissement pour « immixtion dans les affaires familiales », décision confirmée par la chambre disciplinaire national en 2022 (un recours est actuellement pendant devant le Conseil d’Etat).

Forte de cette difficile expérience, la pédopsychiatre a créé le collectif Médecins stop violences, qui réunit 71 médecins, dont la majorité ont déjà été poursuivi devant les instances ordinales pour avoir signalé des faits d’abus sur mineurs. Le Dr Fericelli craint que l’attitude de l’Ordre ne vienne à décourager les médecins de signaler à la justice les faits de violence dont ils sont témoins.

Faible avec les criminels ?

Sévère envers les médecins qui semblent ne faire que leur travail, le conseil de l’Ordre serait en revanche particulièrement clément envers les praticiens qui enfreignent la loi. Le cas du Dr Bassam El-Absi est particulièrement emblématique. Dès 2002, le CO départemental de Gironde reçoit des témoignages de patientes accusant le radiologue d’agressions sexuelles. Il faudra pourtant attendre 2018 pour que le conseil départemental fasse remonter l’information au conseil national. Entre temps, le radiologue a fait de nombreuses victimes : en 2023, il a finalement été condamné à 17 ans de réclusion criminelle pour viol (il a fait appel de cette condamnation).
Ces critiques ne sont pas nouvelles. Dès 2009, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rendait un rapport sévère relevant le manque de rigueur dans le traitement des plaintes et les défaillances de la justice ordinale. Des critiques reprises par le Conseil d’Etat en 2013 puis par la Cour des Comptes en 2019 dans un rapport au vitriol sur l’organisation de l’Ordre.
Que faire face à ces dérives ? Certains praticiens les plus radicaux, comme le syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), demandent purement et simplement la suppression de l’Ordre (comme dans le prévoyait le programme de François Mitterrand en 1981), rappelant à l’appui de leurs propositions les origines sulfureuses de l’Ordre (qui fut créé en 1940 par le régime de Vichy, en partie pour assurer l’exclusion des juifs de la profession).

D’autres souhaitent réformer l’institution de l’intérieur. Le problème étant que la moindre sanction ordinale conduit à une exclusion automatique des instances ordinales et à une interdiction de se présenter aux élections pendant trois ans. Président du collectif NoFakeMed sanctionné d’un avertissement pour avoir signé la tribune contre l’homéopathie de 2021, le Dr Pierre de Bremond d’Ars, désormais exclu des instances ordinales, en a fait l’amer expérience. « Nous voulions changer l’institution de l’intérieur, c’est désormais compromis » se lamente le généraliste.

Le dr Marty...Ah oui celui qui dézingue les infirmières qui voudraient s'émanciper de la tutelle médicale. Celui qui a dit que pour le vaccin contre le covid on avait des milliers d'années de recul.
C'est toujours drôle de voir que certains médecins veulent se débarrasser de l'ordre, quand de notre côté, les menteurs du genre Marisol Touraine avait proposé de le supprimer, avant de faire tout le contraire une fois aux manettes.
Et comme d'habitude, ceux qui veulent détruire l'ONI, utilisent toujours les mêmes recettes éculées de la création de l'ordre sous le régime de Vichy, ce qui est faux, puisqu'il a été dissout par de Gaulle en 1945 avec la création de l'ONI actuel par une ordonnance de 1945 signée par un ministre communiste.
On peut être contre les ordres professionnels, mais il importe toutefois d'apporter la rigueur nécessaire et indispensable à ce qui pourrait s'apparenter à de la désinformation. Ce n'est pas la 1ere fois que je le dis sur ce site.


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Grande-Bretagne : les Britanniques épuisés par un NHS défaillant
Raphaël Lichten | 03 Avril 2024

Entre listes d’attente qui n’en finissent plus et impossibilité d’obtenir un rendez-vous médical, le NHS est au cœur des préoccupations. En témoigne une nouvelle étude qui montre que moins d’un quart des Britanniques interrogés se disent « satisfaits » de leur système de santé.

Les politiques d’austérité en cause

Plus de 75 ans après sa création, le NHS finit par montrer ses limites. L’institut British Social Attitudes, qui mesure chaque année le taux de satisfaction des Britanniques vis-à-vis de leur système national de santé, a révélé la semaine dernière que celui-ci était à son plus bas. Seuls 24 % des sondés se sont déclarés « satisfaits » par le NHS en 2023.

Cet état de forme semble moins être dû à l’âge du NHS qu’à la manière dont les politiques l’ont traité et géré. « Une décennie de financement réduit et de pénurie chronique de main-d’œuvre, suivie d’une pandémie mondiale, a laissé le NHS dans un état de crise continu », souligne ainsi le rapport de l’institut britannique.

La chute du niveau de satisfaction semble étroitement liée aux dernières décennies et au début des premières politiques d’austérité. En 2010, année qui a marqué l’arrivée des conservateurs au pouvoir partisans d’une politique budgétaire stricte, le taux de satisfaction était mesuré à 70 % et il n’a fait que chuter depuis.
« Le tableau est sombre, mais ces résultats ne sont pas surprenants après un an de grèves, de scandales et d’attente pour obtenir des soins », a ainsi déclaré Dan Wellings, chercheur au sein du think tank King’s Fund.

Un soutien continu pour le NHS

Malgré les crises, les Britanniques n’en démordent pas : le soutien au NHS reste bien présent auprès de la population. L’enquête confirme ainsi que la grande majorité des habitants soutiennent encore et toujours les principes fondateurs de leur système de santé, à savoir la gratuité (91 %), le financement par l’impôt (82 %) et l’accessibilité pour tous (82 %).

La moitié des répondants explique cependant que le gouvernement ne dépense pas assez d’argent pour soutenir le système… En clair, une bonne part d’entre eux ne veut pas que le système change, juste qu’il soit plus efficace et dispose de financements suffisants.
Surtout que l’absence de fonds pour faire fonctionner correctement le NHS n’est pas sans répercussion sur le quotidien des Britanniques, au contraire. Les temps d’attente pour obtenir un rendez-vous sont devenus tellement importants que le NHS a lui-même mis en place un système de waiting list, avec un guide et un site internet dédiés pour que les patients puissent suivre la situation de leur hôpital local.
Le NHS explique que ces listes d’attente, qui peuvent atteindre parfois plus de 60 semaines, sont en légère diminution en ce début d’année. Mais le chiffre reste tout de même hallucinant : 7,6 millions de patients sont en attente d’un rendez-vous médical !

La presse a d’ailleurs rapporté la triste histoire d’une fillette de 10 ans atteinte d’un syndrome de Rett, souffrant d’une scoliose avancée dont l’intervention a été reportée à sept reprises - dont quatre fois pour des problèmes respiratoires aggravés justement par le retard de prise en charge. Désormais, la fillette est considérée comme inopérable.
« Ils nous ont fait attendre si longtemps, et maintenant ils nous disent qu’il est trop tard », se lamente Jill Lockhart, la mère de la jeune patiente. « J’ai l’impression que les chances de survie de ma fille ont été sacrifiées ».

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Quel anesthésique est bon pour les affaires ?
Quentin Haroche | 29 Mars 2024

Le milliardaire Elon Musk a répondu aux rumeurs sur sa consommation de stupéfiants.

Elon Musk abuserait-il de substances illicites ? C’est ce que pense depuis plusieurs mois certains des collaborateurs du dirigeant et propriétaire de Twitter (renommé X). Plusieurs épisodes où le fantasque homme d’affaire aurait adopté un comportement particulièrement erratique font craindre aux investisseurs qu’il soit sous l’emprise de la drogue. Il y a quelques mois, le fondateur de Tesla serait arrivé en retard à une réunion de travail où il aurait tenu des propos incohérents, avant que l’un de ses collaborateurs soit obligé de l’interrompre et de prendre le contrôle de la réunion.

Certains de ses tweets les plus polémiques auraient également été rédigés sous l’emprise de la drogue et il avait notamment été filmé en train de fumer du cannabis durant une émission de radio en 2018. Des rumeurs qui inquiètent les investisseurs, notamment car elles pourraient conduire les sociétés dirigées par Elon Musk à perdre leurs juteux contrat avec le gouvernement américain, qui n’apprécierait guère que l’on viole sa législation sur les stupéfiants.

Les vertus antidépressives de la kétamine

Elon Musk a finalement coupé court lors d’une interview accordée à CNN le 18 mars dernier. Non, le milliardaire ne boit pas d’alcool, ne fume pas de cannabis et ne sniffe pas de la cocaïne. Le remède d’Elon Musk pour être un business man efficace est de bien dormir et de prendre un peu de…kétamine. Le milliardaire a en effet avoué consommer de cette drogue depuis plusieurs années, en petite quantité puisqu’il n’en prend « environ qu’une fois toutes les deux semaines ».
La kétamine est utilisée comme produit anesthésique injectable dans les hôpitaux et son usage est également détourné par des toxicomanes pour ses vertus euphorisantes et relaxantes. Mais si Elon Musk consomme de la kétamine, c’est selon lui en raison de ses effets antidépresseurs. L’efficacité de la kétamine contre la dépression est en effet reconnue depuis plusieurs années. Depuis 2019, l’eskétamine, un énantiomère de la kétamine, est commercialisé sous le nom de Srapvato comme médicament antidépresseur sous forme de spray nasal. Si l’utilisation de la kétamine comme antidépresseur reste encore assez confidentielle en France, elle est en revanche plus répandue aux Etats-Unis.

Elon Musk assure ainsi qu’il consomme de la kétamine en toute légalité et qu’il dispose d’une prescription par un « réel et véritable docteur ». « Il m’arrive d’avoir une sorte d’état chimique négatif dans mon cerveau, comme une dépression et la kétamine m’aide à sortir de cet état d’esprit négatif » explique Elon Musk, qui assure qu’il n’a jamais abusé de la kétamine. « Si vous en consommez trop, vous ne pouvez pas travailler et j’ai beaucoup de travail, je ne peux pas me permettre de ne pas être mentalement alerte pendant une longue période ».

Presque toujours sobre

Aux investisseurs qui s’inquiéteraient de sa consommation de drogue, Elon Musk assure au contraire que la kétamine l’aide à être efficace et est donc bonne pour le business. « Tesla vaut plus que tout le reste de l’industrie automobile réunie donc du point de vue des investisseurs, si je prends quelque chose, je dois continuer à en prendre » défend-t-il. Il a également expliqué qu’il était « presque toujours sobre » quand il rédigeait ses tweets.
Comme l’explique le journal Business Insider, une mode de la médecine psychédélique semble toucher les grands capitaines d’industrie américains, avec des pratiques toujours à la limite de la légalité. Des cliniques offrant des « sessions d’explorations psychédéliques » à base de kétamine se sont ouvertes un peu partout dans la Sillicon Valley et certaines sociétés proposent aux businessmans américains des retraites psychédéliques où, moyennant d’importantes sommes (20 000 dollars par personne pour un week-end), les participants peuvent consommer de la psilocybine, un champignon hallucinogène. « Je suis convaincu que cela peut aider les chefs d’entreprises à être de meilleurs leaders et à être plus performants professionnellement » justifie Justin Townsend, président d’une société qui organise ce genre de retraite spirituelle. « Donnez moi Elon pour une semaine et j’en ferais un autre homme ».

Un homme moins riche par un habile transfert de liquidité vers le compte du sieur Townsend peut-être ?
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. avr. 04, 2024 5:51 pm

Le dernier conseil français de réanimation cardio-pulmonaire s’est tenu et a dégagé quelques pistes pour les futures recommandations internationales ERC-ILCOR qui sortiront en octobre 2025 et décideront de la conduite à tenir pour la prise en charge des ACR.
Je vous donne l’info pour ceux que cela intéresse.

Les points qui pourraient être amenés à changer seraient (je mets tout ça au conditionnel, ce sont des tendances évoquées, il y a encore plus de 18 mois de délai), mais on sait par expérience, que ce qui est évoqué est dans les tuyaux.
Utilisation des mini défibrillateurs ultra portables (taille d’une tablette de chocolat ou d’un smartphone). Sont déjà en place aux USA dans certains endroits. Soit modèle à usage unique (impact environnemental à évaluer, ça n’est pas dit), soit modèle rechargeable. A priori, les modèles délivreraient une seule charge, mais cela permettrait aux secours d’arriver avec une victime ayant déjà reçu (ou pas) une défibrillation. Les ultra portables devraient arriver en France dans l’année. Le prix est évalué entre 300 à 400 euros environ. L’utilité serait orientée vers un usage personnel (familial). C’est au domicile que les ACR sont les plus nombreux et avec la moins bonne prise en charge par les proches souvent peu ou pas formés aux gestes de 1er secours. Il serait envisagé de mettre à disposition du patient ayant une pathologie cardiaque, un DSA ultra portable. (Le coût financier par la sécurité sociale n’est pas évoqué…Et si la personne vit seule, l’intérêt est sans doute à évaluer. Réflexion personnelle).
Probable baisse de la dose d’adrénaline, dont il a été démontré que l’administration de 1 mg serait plus délétère que bénéfique. HyperPA, hypo perfusion tissulaire cérébrale, hypoxémie par vaso constriction +++. (C’était déjà évoqué en 2020 mais nécessité de faire des études pour valider le propos). Le dosage pourrait débuter par une dose <0.5 mg et augmenter (+/-) progressivement ? (Rien n’est arrêté à cette heure, Pr Carli ex samu 75).

L’hyperoxie est délétère aussi. (On le savait aussi depuis longtemps, même en anesthésie), les travaux le prouvent. Il faudra penser à diminuer la fiO2, surtout s’il y a une reprise de l’activité spontanée cardiaque (RASC). Une spo2 à 94-95% post RASC est un objectif selon Carli. L’hyperoxie entrainerait une hypo perfusion tissulaire qui est le contraire de l’effet recherché (en plus d’une augmentation des radicaux libres, atélectasies). Des études montrent que sur 3 groupes : hypoxie, normoxie et hyperoxie, c’est le groupe hyperoxie qui a le plus fort taux de décès. (Pr Lamhaut Samu 75).

Associations de corticoïdes, ajout des β et α1 bloquants ? En cours de réflexion.
On chercherait à diminuer la cascade inflammatoire d’un côté, et à protéger le travail myocardique sur la pré et post charge. Cet antagonisme entre l’adré d’un côté (120 ans d’utilisation) qui est α1 stimulant et les α1 relaxants mérite d’être analysé car ce serait pour limiter l'HTA et la Mvo2 une fois la RASC assurée. J’avoue le côté ambivalent qui reste un concept à développer. Pas sûr de qui va prendre le pas sur l’autre : α+ ou α-
L’utilisation de l’adré serait faite en fonction des ACR par fibrillations et/ou RACS<10-15 min, vs asystolie et/ou RCP >10-15 min, ce qui aux yeux des experts est une différence ++++
Il en va de même avec un ACR sur pathologie isolée vs syndrome de défaillance multi viscérale. Une réflexion doit se faire sur le jusqu’où aller trop loin. De là à rejoindre la philosophie anglaise… mais le dr Cassan, évoque le côté "économique" qui incombe à la prise en charge de l'ACR chez ce type de patient.
Faudra-t-il augmenter le rythme des compressions par minute, sachant que déjà qu’entre 100 à 120 on ne tient pas plus de 2 min ? Faudra-t-il augmenter la durée des compressions sur plus de 2 min ? (Bonjour si vous êtes seul(e).

L’hypothermie doit être minime (autour de 36°C) Il faut en revanche combattre toute hyperthermie.
Les applications smartphone sont une bonne aide et ont permis de doubler le taux de récupération des ACR en France. On tourne autour des 8 à 10% selon les régions. À comparer avec les 30 à 40 % aux USA… mais dans les grandes métropoles américaines. Les données dans les territoires ruraux sont sans doute moins glorieuses. Il n’y a pas d’application meilleure que les autres, même si Braun, (celui qui nous a servi de ministre éphémère, a survendu une application française, qui est un copier-coller d’une application suédoise à l’origine. Mais ça, le rasoir Braun ne l’a pas dit).
L’intelligence artificielle a certainement des atouts dans le diagnostic et son aide. (Lecture des ECG, DSA qui pourraient faire le différentiel et proposer une prise en charge adaptée (risque éthique de confier ça à une IA (?) mais ce sont des pistes de réflexion et rien n’est arrêté à ce jour. Il y a déjà des démonstrations aux USA sur des diagnostics par IA.
Des lunettes à réalité augmentée pourraient montrer la bonne position des mains lors des compressions thoraciques, par exemple, pour le public (je pense qu’une bonne formation coûte moins cher et est plus pertinente).

Enfin, la prise en charge par ECMO ne concerne qu’un nombre assez faible de personnes, ayant les critères d’élection à cette pose. Maintenant, l’ECMO est beaucoup plus facile à transporter pour les équipes du pré hospitalier.
L’heure est à la revue de la science pour les guidelines de 2025 avec une revue systématique d’un côté et une étude de portée de l’autre. Tout ceci étant sur une échelle internationale.

À suivre.
AB
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » jeu. avr. 11, 2024 7:09 pm

Comment gagner 69 000 € ?
Frédéric Haroche | 05 Avril 2024

Singapour - Le ministère de la Santé de Singapour a annoncé la mise en place d'un nouveau système de primes destiné aux infirmières travaillant dans les hôpitaux publics de la cité-État. Distribuées tous les quatre ans, ces primes pourront atteindre 20 000 dollars singapouriens, cumulant jusqu'à 100 000 dollars (soit environ 69 000 euros) sur vingt ans ! Le gouvernement a ainsi décidé de redoubler d'efforts pour fidéliser les professionnels de ce secteur qui lutte non seulement depuis longtemps contre des pénuries de personnel, mais qui a aussi été touché par une vague de démissions pendant la pandémie de Covid-19. Les infirmières étrangères seront également éligibles après avoir consacré quatre ans au système de santé public. Déjà, l'année dernière, les autorités ont octroyé une prime de 15 000 dollars singapouriens (environ 10 000 euros) aux nouveaux diplômés en soins infirmiers qui rejoignaient les hôpitaux publics.

Plus tard, je serais infirmière !

Environ 29 000 infirmières du système de santé financé par l'État, ainsi que les infirmières nouvellement recrutées chaque année, sont concernées par ce dispositif, dans un contexte de concurrence mondiale intense pour les talents infirmiers (un enjeu peu perçu par le gouvernement français !). « En exploitant le vivier de talents locaux, cette stratégie pourrait également conférer à Singapour un avantage stratégique en attirant des infirmières internationales désireuses d'établir et de faire progresser leur carrière dans le pays », explique ainsi le ministère. Grâce à cette politique avantageuse, le nombre d'admissions dans les formations pour devenir infirmière a augmenté d'environ 30 % entre 2013 et 2023. Le secteur privé n’est pas en reste, et les cliniques promettent flexibilité et bonus aux infirmières. Les autorités singapouriennes affichent désormais pour ambition que les enfants se disent : « je veux être infirmière ».

On est bien loin du Ségur de la santé...

Je me souviens, lors du covid, des salaires que l'on proposait aux infirmières aux USA. Notamment à New York, c'était 40 000 dollars/mois. Donc il est possible d'avoir ces salaires.

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MeToo : le Dr Patrick Pelloux accusé de comportements inappropriés

Dans le magazine Paris Match, le Pr Karine Lacombe, chef du service d’infectiologie à l’hôpital Saint-Antoine, accuse le Dr Patrick Pelloux, médiatique président de l’association des médecins urgentistes de France, de comportements inappropriés envers les femmes, potentiellement qualifiables d’harcèlement ou d’agression sexuelle. Interrogées, deux anciennes ministres de la Santé, Roselyne Bachelot et le Pr Agnès Buzyn, confirment avoir eu vent de ces accusations et l’éviction du Dr Pelloux de l’hôpital Saint-Antoine en 2008 serait liée à ces dernières. Le principal intéressé reconnait un comportement « grivois » mais nie tout fait constitutif d’agression ou de harcèlement.

C'est bien de donner des leçons à tout le monde, de mépriser les IADE qui veulent s'émanciper (et que le dr Pelloux est bien content de trouver pour le seconder dans une intubation difficile ou autre), c'est mieux de s'acheter une conduite et à défaut d'être moins "grivois", d'être plus sobre dans son comportement.
Sexisme : sujet tabou en France ?

Peu d’enquêtes ont été menées sur le sexisme dans le milieu médical, au-delà des études médicales. Patrick Pelloux, en 2011, dans un numéro de la Revue La règle du jeu, écrivait : « s’il fallait retenir une profession où le sexisme est patent, c’est sans nul doute la formation et l’exercice de la médecine. Il suffit d’aller faire un tour à l’Académie de médecine où se retrouvent tous les professeurs de médecine, retraités ou non, pour voir et entendre très peu de femmes ! » Il poursuit plus loin : « les seules études sur le harcèlement sexuel à l’hôpital sont américaines et britanniques […] L’étude est accablante : les étudiants victimes de ces harcèlements sont plus sujets aux dépressions et à boire pour oublier. » L’ouvrage Omerta à l’hôpital du Dr Valérie Auslender recense une enquête nationale réalisée en 2013 [1], qui fait état de 4% d’étudiants victimes de harcèlement sexuel. Enfin, Martin Winckler, dans son essai Les Brutes en Blanc, évoque à de nombreuses reprises le sexisme, mais aussi le racisme, qui a cours dans les milieux médicaux. Alors que les études anglo-saxonnes sur le sujet – citées par l’Isni – ne manquent pas.
Quand le dr Pelloux est rattrapé par la patrouille. C'est presque drôle ou pathétique. Je vous laisse le choix. Le dr Pelloux aurait-il ajouté "dans la date" ?

A lire, la législation sur Violence, intimidation, menace, harcèlement moral ou sexuel sur professionnel de santé


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Epidémie de dengue sans précèdent en Argentine

Après le Brésil (plus d’1,2 million de cas et 278 morts), c’est au tour de l’Argentine de faire face ces derniers mois à une explosion sans précédent du nombre de cas de dengue. Plus de 230 000 Argentins ont été contaminés depuis janvier, soit 25 fois plus qu’en 2023 à la même époque de l’année et 161 personnes en sont mortes. Les urgences et les services d’infectiologie sont débordés, tandis que de nombreux médecins reprochent au gouvernement ultra-libéral du président de Javier Milei de ne rien faire pour résoudre la crise sanitaire. L’exécutif ne s’est en effet toujours pas décidé à lancer une campagne de vaccination, au grand dam des professionnels de santé.

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Une capsule pour détecter du sang frais dans l’estomac en temps réel
Dr Sylvain Beorchia | 11 Avril 2024

L'hémorragie digestive haute (HDH) est une urgence médicale courante associée à une utilisation élevée des ressources médicales, ainsi qu’à une morbi-mortalité élevée. Le taux de mortalité de ces hémorragies varie entre 2 et 10 %, accru par la présence de comorbidités associées.

Il s’élève à 20 % chez des patients hospitalisés et en cas de rupture de varices œso-gastriques. La fibroscopie œsogastroduodénale (FOGD) peut être difficile à obtenir en temps opportun. PillSense (société EnteraSense) est un nouveau capteur de saignement pouvant faciliter le tri des patients suspectés d’HDH et guider la prise de décision clinique et le délai pour pratiquer un examen endoscopique sous sédation.

Un essai prospectif monocentrique

Il s'agit d'un essai clinique prospectif comparatif ouvert, à un seul bras, portant sur ce nouveau capteur de saignement pour les patients suspectés d'HDH, réalisé dans un centre de soins tertiaires. Le système PillSense se compose d'une capsule de capteur optique, destinée à détecter le sang en mesurant l'absorption de plusieurs longueurs d'onde de lumière. Elle est reliée, sans fil, à un récepteur externe qui traite et affiche les informations en temps réel comme « Sang détecté » ou « Pas ». Aucune image du tractus gastro-intestinal n'est collectée ou reçue par ce système comme avec la vidéocapsule.

Les 126 patients (hommes 59,5 %, âge moyen 62,4 ± 14,3 ans) inclus étaient suspects d’HDH ; ils ont bénéficié d’une FOGD dans les 4 heures suivant l'administration de la capsule.

Une sensibilité et une spécificité supérieures à 90 %

La sensibilité et la spécificité pour détecter la présence de sang étaient respectivement de 92,9 % (p = 0,02) et 90,6 % (p < 0,001). Les valeurs prédictives positives et négatives de la capsule étaient respectivement de 74,3 % et 97,8 %. Les 2 participants ayant obtenu des résultats faussement négatifs présentaient tous deux un léger suintement à la FOGD, du à un ulcère gastrique et à une ectasie vasculaire antrale. Aucun événement indésirable ni décès n'est survenu en rapport avec ce système et toutes les gélules ont été retrouvées dans les selles des patients lors du suivi.

Un gain de temps et une optimisation des ressources en perspective

Dans ce petit essai clinique ouvert à un seul groupe, cette capsule s'est révélée sûre et efficace pour la détection en temps réel de sang dans le tractus gastro-intestinal supérieur chez les patients présentant une suspicion clinique d’HDH. Les symptômes les plus courants étaient classiques, avec un méléna (52 %), une anémie (41 %) et une hématémèse (15 %). Il n’y avait aucune différence en termes de données démographiques des patients, de résultats biologiques ou d’utilisation concomitante de médicaments.

La durée d'enregistrement du capteur était en moyenne de 6,71 minutes, le temps écoulé entre l'ingestion de la capsule et la FOGD était en moyenne de 55 minutes et le temps nécessaire au passage de la capsule dans le tractus gastro-intestinal était de 3,6 jours. La plupart des saignements se produisaient au niveau de l'estomac (18/30 ; 60 %), suivi du duodénum (5/30 ; 16,6 %).
Le résultat est traité et affiché dans un délai de 5 à 10 minutes après l’ingestion de la capsule PillSense, alors que les résultats de la vidéocapsule traditionnelle peuvent nécessiter 1 à 2,5 heures pour l’interprétation dans les hémorragies de tout type, y compris celles dues à des varices oesophagiennes. Cette dernière présente une sensibilité de 88 % et une faible spécificité de 64 % dans une seule étude.
La spécificité du dispositif PillSense peût néanmoins être prise en défaut en raison du temps écoulé entre l'ingestion de la capsule et la FOGD : la quantité restante de sang peut être minime et l'endoscopiste peut ainsi conclure à l'absence de sang. Même les hémorragies d’origine duodénale ont été repérées sans faux négatifs.

Il existe des scores d'évaluation pré-endoscopique, comme le score de Rockwell ou celui de Glasgow-Blatchford, mais leur utilité clinique est limitée pour prédire et confirmer les saignements actifs chez les patients suspects d’HDH.
Compte tenu de la rapidité et de la précision des résultats, cette technologie pourrait être déployée dans les services d’urgences pour faciliter le tri initial des patients et déterminer l’urgence d’une FOGD ; cette capsule pourrait ainsi aider réduire les coûts inutiles, optimiser l’allocation des ressources et réduire les séjours hospitaliers.

En conclusion, le capteur PillSense est sûr et efficace pour détecter la présence de sang chez les patients évalués pour HDH avant une gastroscopie. Il s’agit d’un outil déjà approuvé par la FDA et commercialisé, d’interprétation rapide facile par le personnel infirmier, avec des résultats qui ont un impact sur le diagnostic et le tri des patients aux urgences. D'autres études indépendantes seront nécessaires pour évaluer les performances de cette nouvelle capsule dans des populations plus larges afin de déterminer si son utilisation pourrait améliorer la prise en charge des patients suspectés d'hémorragie digestive haute.


References
Akiki K, Mahmoud T, Alqaisieh MH, et al. A novel blood-sensing capsule for rapid detection of upper GI bleeding: a prospective clinical trial. Gastrointest Endosc. 2023 Dec 6:S0016-5107(23)03128-0. doi: 10.1016/j.gie.2023.11.051.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. avr. 13, 2024 2:45 pm

Chez le patient diabétique, doit-on prolonger le jeûne pré opératoire ?
Desforges Paul | 12 Avril 2024
jim.fr



Depuis 1946 et la première description du syndrome d’inhalation pulmonaire du contenu gastrique lors de l’induction anesthésique [1] par le Docteur Mendelson, les règles de jeûne pré opératoire sont largement connues de tous les professionnels de santé. Ainsi, il est désormais recommandé par la société savante d’anesthésie-réanimation de réaliser, avant une procédure chirurgicale, un jeûne de 6 heures pour les aliments solides et de 2 heures pour les liquides clairs (eau, café sans lait, thé, jus de fruit sans pulpe).

Cette recommandation qui s’applique à la population générale est souvent remise en question pour les populations à risque de vidange gastrique retardée. Récemment, de nombreuses publications ont rapporté des inhalations chez les patients traités par agoniste du récepteur GLP-1 (glucagon like peptide-1). Ce traitement dont les indications se multiplient (diabète de type 2, réduction du risque cardio-vasculaire, obésité) fait l’objet d’une surveillance particulière depuis plusieurs mois [2].

Depuis de nombreuses années, l’évaluation du jeûne chez le patient diabétique questionne. Il a longtemps été admis que la gastroparésie induite par le diabète engendrait un retard de vidange gastrique et donc un risque majoré d’inhalation.

Evaluer la vacuité gastrique pré opératoire par échographie

Les auteurs d’une étude Canadienne publiée dans Anesthesiology en mars 2024 [3] se sont intéressés à l’évaluation de la vacuité gastrique par échographie en pré opératoire immédiat chez des patients diabétiques. L’échographie gastrique a démontré sa fiabilité et sa reproductibilité pour l’évaluation du contenu gastrique résiduel [4]. Pour réaliser cette étude prospective de non-infériorité, 180 patients (96 patients non diabétiques et 84 patients diabétiques) ont été analysés.

L’analyse gastrique échographique au niveau de l’antre permettait d’objectiver la vacuité ou non (vide, contenu solide, contenu liquide) ainsi que le volume résiduel. Concernant le volume résiduel, la borne de non-infériorité supérieure définie à priori était de 0,4ml/kg. L’objectif principal de cette étude était de déterminer si les recommandations actuelles en matière de jeûne pré opératoire garantissent une vacuité gastrique chez les patients diabétiques. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer les effets de la sévérité et de la durée du diabète sur le volume gastrique résiduel pré-opératoire.

Nous pouvons noter que parmi les patients diabétiques, l’évaluation à l’interrogatoire de la gastroparésie diabétique fait état de 34,1 % une pesanteur post prandial, 28,6 % une satiété précoce et 12,1 % une anorexie.

Pas de différence de volume gastrique

Les résultats de cette étude ne retrouvent pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes. En effet, le volume gastrique moyen pré opératoire des patients diabétiques était de 0,81±0,61ml/kg versus 0,87±0,53ml/kg chez les patients non diabétiques soit une différence moyenne de 0,07ml/kg (95 % IC, -0,24 à 0,10ml/kg). De plus, les analyses secondaires ne retrouvent pas de corrélation entre la sévérité du diabète (estimée par la mesure de l’hémoglobine glyquée), le type de diabète (I ou II), la durée de la maladie et un retard de vidange gastrique.

Il est important de noter que cette étude présente plusieurs limites. Tout d’abord, l’évaluation échographique nécessite un apprentissage avec une évaluation dans 2 positions différentes qui peut multiplier les erreurs. De plus, les règles de jeûne imposées dans cette étude différent de celles prônées en France avec une distinction faite au Canada entre repas léger (jeûne de 6 heures) et repas lourd (jeûne de 8 heures). Ce distinguo limite la validité externe de cette étude et le caractère extrapolable des résultats dans notre population.

Les résultats semblent confirmer l’applicabilité des recommandations concernant le jeûne pré opératoire rédigées pour la population générale, à la population diabétique. De nouvelles études suivant les recommandations Françaises sont nécessaires pour valider ces résultats dans notre pratique clinique quotidienne.

References

[1] Mendelson CL. The aspiration of stomach contents into the lungs during obstetric anesthesia. Am J Obstet Gynecol 1946;52:191–205. https://doi.org/10.1016/s0002-9378(16)39829-5.

[2] Alter C. Mise au point traitement du diabète (agonistes récepteurs GLP1) et anesthésie - La SFAR. Société Française d’Anesthésie et de Réanimation 2023. https://sfar.org/mise-au-point-traiteme ... nesthesie/ (accessed April 1, 2024).

[3] Perlas A, Xiao MZX, Tomlinson G, et al. Baseline Gastric Volume in Fasting Diabetic Patients Is Not Higher than That in Nondiabetic Patients: A Cross-sectional Noninferiority Study. Anesthesiology 2024;140:648–56. https://doi.org/10.1097/ALN.0000000000004815.

[4] Perlas A, Arzola C, Van de Putte P. Point-of-care gastric ultrasound and aspiration risk assessment: a narrative review. Can J Anaesth 2018;65:437–48. https://doi.org/10.1007/s12630-017-1031-9.

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Être parent et soignant : pas une sinécure
Raphaël Lichten | 12 Avril 2024
jim.fr

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Paris, le vendredi 12 avril 2024 — Être parent et soignant n’a rien d’une promenade de santé, selon un dernier sondage réalisé par Odoxa. Les difficultés sont encore plus importantes pour les femmes.

Parentalité et activité professionnelle font rarement bon ménage pour les Français, et plus spécialement pour les professionnels de santé. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par Odoxa pour MNH et Le Figaro Santé, publié cette semaine.

Un quart des soignants ont déjà reporté ou annulé un projet d’enfant à cause de leur carrière

La carrière et la vie professionnelle ont avant tout des répercussions importantes sur la possibilité de devenir parent. Ainsi, le sondage montre que 17 % des actifs et 23 % des professionnels de santé ont ainsi choisi de reporter ou d’annuler un projet d’enfants en raison de leur carrière. Le chiffre monte même à 36 % concernant les médecins.

Par ailleurs, plus de la moitié (54 %) des soignants interrogés ayant un projet parental ont déjà songé à changer de métier ou à quitter leur emploi actuel en raison de ce projet. Ils sont 41 % des actifs à y avoir déjà pensé, ce qui pourrait montrer une difficulté significativement plus importante pour les professionnels de santé à conjuguer vie de famille et travail.

Odoxa s’est plus spécifiquement penché sur ces professionnels de santé affirmant avoir songé à raccrocher la blouse en raison de leurs aspirations familiales. Les réponses vont toutes dans le même temps : charge de travail trop lourde, horaires décalés non compatibles avec la vie de famille, surcharge de travail, salaire peu attractif, travail pendant les vacances scolaires et le weekend, gardes fatigantes et sources de stress… Autant de raisons qui n’encouragent pas vraiment les professionnels de santé à avoir des enfants.

Les soignants sont d’ailleurs nombreux à estimer que leur métier est tout simplement incompatible avec le fait d’être parent : ils sont 35 % à le penser (contre 32 % des actifs).

Conjuguer vie parentale et carrière

Du côté de ceux ayant des enfants, les difficultés redoutées par les non-parents semblent parfois s’avérer réelles. Ainsi, 24 % des parents et 35 % des soignants estiment que le fait d’être parent a représenté un frein pour leur carrière.

De plus, seuls 12 % des professionnels de santé (vs 35 % des Français) disent être « pleinement » parvenus à concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle après l’arrivée de leur enfant et leur retour au travail.

D’ailleurs, 28 % des actifs et 38 % des professionnels de santé ont été amenés à faire évoluer leurs horaires de travail suite à l’arrivée de leur dernier enfant. Le plus souvent, cette évolution s’est réalisée avec la mise en place d’un temps partiel, mais ces changements ont plutôt été subis : 4 professionnels de santé sur 10 ayant modifié leurs horaires de travail ont estimé ne pas avoir eu le choix et que cette décision a été prise sous contrainte.

La parentalité impacte davantage les femmes que les hommes

L’enquête met par ailleurs en évidence que les femmes connaissent toujours plus de difficultés que les hommes à concilier vie de famille et carrière. Ainsi, 82 % des soignantes ont déclaré avoir déjà ressenti des « pressions ou contraintes importantes » de leur famille ou de leur travail à cause de cette double casquette.

Dans le détail, ces contraintes peuvent s’illustrer par de la culpabilité à travailler de nuit ou tard le soir ou encore à assurer des heures supplémentaires ou encore par les incitations fréquentes à se consacrer davantage à leur rôle de mère plutôt qu’à leur carrière.

D’ailleurs, 33 % des soignantes ont déclaré avoir été l’objet d’insinuations suggérant qu’elles seraient de mauvaises mères parce qu’elles travaillent à des horaires atypiques…

En plus de ces pressions sociales qui semblent dater d’un autre âge, les femmes subissent une véritable double peine. Ce sont bien souvent elles qui doivent s’occuper d’un enfant malade : 61 % des soignants posent un jour de congé plutôt que leur conjoint. Et ce sont encore et toujours les femmes (61 % des Françaises et 56 % des soignantes) qui estiment qu’elles s’occupent 3 à 4 fois plus que les hommes des « charges familiales ».

La garde des enfants, une bataille de tous les jours

Enfin, le sondage fait ressortir que 62 % des professionnels de santé ont déclaré rencontrer des difficultés liées à la garde de leur enfant au moment où ils ont repris leur activité professionnelle. La moitié (52 %) n’ont pas trouvé facilement un mode de garde et 32 % ont dû reprendre leur activité à temps partiel par contrainte liée au mode de garde de leur enfant.

Quatorze pour cent des répondants ont même dû prendre ou prolonger leur congé parental du fait de l’impossibilité de faire garder leur enfant. Ils n’étaient que 25 % parmi les sondés à avoir pu bénéficier de la crèche hospitalière. Plus largement, 47 % des soignants interrogés ont expliqué que le choix de leur mode de garde, quel qu’il soit, a été fait par contrainte.

Des difficultés d’ensemble qui devraient ainsi pousser les employeurs à agir en la matière, notamment à l’hôpital. D’autant que ce serait sans doute un avantage pour attirer et conserver son personnel : 42 % des soignants affirment que l’accompagnement des projets parentaux est un critère d’attractivité important, voire prioritaire.

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Opioïdes : le tramadol dans le viseur de l’ANSM

Quentin Haroche | 12 Avril 2024

L’ANSM a décidé de modifier le conditionnement du tramadol, antalgique opioïde le plus consommé en France, pour diminuer le risque de dépendance et de surdose.

Avec plus de 500 000 morts en près de 25 ans, la crise des opioïdes est une des catastrophes sanitaires les plus graves de l’histoire des Etats-Unis. Si cette crise sanitaire concerne aujourd’hui essentiellement des toxicomanes qui achètent du fentanyl au marché noir, elle a d’abord touché des patients « ordinaires » ayant développé une dépendance aux opioïdes à cause de médicaments antalgiques prescrits de manière légale comme l’oxycodone.

De notre côté de l’Atlantique, l’impression générale qui se dégage est qu’une situation similaire est impossible en France, en raison des spécificités des systèmes de santé français et américain et du pouvoir de pression moindre du lobby pharmaceutique dans notre pays. Les signaux d’alarme quant à une augmentation de la consommation d’opioïdes en France s’accumulent cependant : en mai dernier, la société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) indiquait que la consommation de ces puissants antalgiques avait été multipliée par sept entre 2006 et 2017, la situation étant particulièrement alarmante en Occitanie, avec une consommation par habitant deux fois supérieure à la moyenne nationale.

Un conditionnement plus restreint

Les autorités se méfient particulièrement du tramadol, médicament antalgique opioïde (MOA) le plus consommé en France. Sur les « 12 à 13 millions de Français exposés aux MOA » selon le Pr Joelle Micallef, présidente du réseau français d’addictovigilance, « 6 millions consomment du tramadol ». Le nombre de prescriptions a notamment explosé avec l’interdiction en France en 2011 des médicaments contenant du dextropropoxyphène dont le très populaire Di-Antalvic.

Opioïde le plus consommé, le tramadol est conséquemment également celui qui est le plus souvent responsable de complications graves. En 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a recensé sept morts par overdose de tramadol ainsi que 132 cas de complications graves. Comme tout opioïde, le tramadol est par ailleurs potentiellement hautement addictif. « Depuis plusieurs années, le réseau de centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) observe une augmentation des signalements d’abus et de dépendance avec le tramadol » indique ainsi l’ANSM dans un communiqué publié ce mercredi.

Le gendarme du médicament a donc décidé d’agir. Depuis ce jeudi, les pharmaciens délivrent des boites de tramadol ne contenant plus que dix ou quinze comprimés au lieu de trente auparavant, afin d’éviter que les patients ne prolongent inutilement le traitement et augmentent leur risque de développement d’une dépendance. Avoir plus de comprimés qu’il n’en faut fait en effet courir « un risque de prolonger la prise de tramadol, voire d’augmenter les doses » explique logiquement le Dr Philippe Vela, directeur médical de l’ANSM. Une décision qui vient de loin, puisque l’institution avait ordonné aux 26 industriels qui produisent le tramadol de développer ces plus petits conditionnements en janvier 2023. « Les conditionnements plus importants, adaptés à des traitements de plus longue durée, restent disponibles » précise l’ANSM.

Une durée de prescription maximale réduite à trois mois en 2020

L’objectif est cependant que le tramadol soit délivré dans « les plus petits conditionnements possibles » indique l’ANSM, qui rappelle aux médecins les recommandations de prescription « pour limiter les risques de dépendance » : entre 3 et 14 jours pour une douleur aigue et une réévaluation tous les trois à six mois en cas de douleur chronique. En 2020, l’ANSM avait déjà réduit la durée maximale de prescription à douze semaines, contre un an auparavant.

L’équilibre est difficile à trouver, puisqu’il est nécessaire de garantir un accès au tramadol pour les patients souffrant de douleurs ne pouvant être soulagées par le paracétamol ou la codéine. « Il est important d’avoir des alternatives à apporter mais néanmoins, il faut le faire dans un contexte minimal et surtout le moins longtemps possible, car il y a des effets secondaires parfois graves avec le tramadol » résume Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » lun. avr. 22, 2024 6:13 pm

La financiarisation de la santé : aubaine ou danger ?
Quentin Haroche | 22 Avril 2024
jim.fr


S’appuyant sur l’exemple de la biologie médicale, les sénateurs s’interrogent sur les bienfaits et les dangers de la financiarisation de la santé et les moyens de mieux l’encadrer.

Les auditions se multiplient depuis plusieurs semaines au Sénat, où une mission d’information a été mise en place pour tenter de mieux cerner un sujet particulièrement complexe : la financiarisation de la santé. Phénomène désignant l’intervention d’investisseurs financiers dans le domaine de la santé, la financiarisation inquiète politiques et médecins, qui craignent que ces investisseurs soient plus intéressés par la rentabilité à court terme que par des considérations de santé publique et que les professionnels de santé perdent leur indépendance. L’équilibre est cependant difficile à trouver, car ces investissements externes permettent également d’améliorer les moyens de la médecine et in fine de renforcer l’accès aux soins.

Au cours des auditions des derniers jours, l’attention s’est notamment portée sur le monde de la biologie médicale, modèle des dangers et des vertus possibles de la financiarisation. A l’heure actuelle, entre 60 et 70 % du monde de la biologie médicale est entre les mains de six groupes privés, adossés à des fonds d’investissement : Unliabs, Biogroup, Cerba Healthcare, Inovie, Synlab et Eurofins.

Un mouvement de financiarisation et de concentration qui s’est concrétisé en l’espace de dix ans seulement : de plus de 2 600, le nombre de sociétés de biologie médicale est passé à moins de 400 en 2021 et alors que les groupes financiers ne détenaient que 16 % des laboratoires en 2010, ils en contrôlaient 75 % en 2020.

Aujourd’hui la biologie, demain la radiologie ?

La principale inquiétude est que les professionnels de santé exerçant dans ces laboratoires détenus par des groupes privés perdent leur indépendance et que les investisseurs orientent leurs actions dans un seul but de rentabilité à court terme. Au cours des auditions menées par le Sénat, les représentants de ces investisseurs financiers ont tenu à minimiser ce danger. « Notre indépendance vis-à-vis de nos financeurs est totale » a assuré Sébastien Gibault, directeur général de Synlab France, lors de son audition devant la chambre haute le 10 avril dernier.

« L’immense travail que les laboratoires de biologie médicale ont pu fournir pendant la crise de la Covid-19 n’aurait pas été possible sans la restructuration du secteur quelques années plus tôt (…) grâce à des investissement massifs que personne d’autre n’aurait pu mobiliser » tient pour sa part à rappeler Arnaud Petit, président de la banque d’affaires Edmond de Rothschild.

En 2020 et 2021, la santé a été le principal secteur au sein duquel les groupes financiers ont investi en France, représentant 20 % des investissements totaux. La santé est en effet perçue comme un domaine à forte rentabilité et où les revenus sont surs grâce aux remboursements de l’Assurance Maladie et des mutuelles.

Après la biologie médicale, la radiologie est la nouvelle cible des financiers : entre 15 et 20 % des cabinets de radiologie seraient déjà dans la main des investisseurs. Dans ce secteur, les témoignages sont beaucoup moins enthousiastes que dans la biologie médicale. « C’est assez sournois, car on ne nous impose pas directement les choses, mais on subit des contraintes directes » explique un radiologue à propos de l’influence des investisseurs sur la gestion des cabinets de radiologie.

« On nous incite à travailler plus et à délaisser certains actes moins rémunérateurs, j’ai des collègues qui ne font plus d’IRM des voies biliaires, par exemple, parce que ça prend du temps et que ça rapporte peu » donne-t-il comme exemple. Des alertes relayées régulièrement par la Fédération nationale des médecins radiologues. « On doit stopper cette évolution si on ne veut pas finir comme les biologistes » explique son président, le Dr Jean-Philippe Masson.

Une loi trop facile à contourner estime le CNOM

Le mouvement de financiarisation inquiète également l’Assurance Maladie. L’an dernier, le directeur général de la CNAM Thomas Fatôme avait expliqué à quel point les négociations tarifaires avec les biologistes avaient été rendues difficiles par l’intervention de ces grands groupes financiers qui ne sont intéressés que par la rentabilité à court terme. « Nos cotisations n’ont pas vocation à financer la rente, le système a besoin de capitaux privés, mais de capitaux responsables et durables inscrits dans un cadre transparent » analyse Thomas Fatôme.

Officiellement, la loi n’autorise les investisseurs à entrer au capital des sociétés d’exercice libéral (SEL) qu’à hauteur de 25 % au maximum. Mais en pratique, des montages juridiques et des pactes d’associés permettent à ces grands groupes de contrôler les sociétés médicales qu’ils achètent et à en tirer un maximum de bénéfices.

C’est pourquoi le Conseil de l’Ordre des médecins (CNOM) appelle les autorités à changer la loi, pour interdire totalement à des non-professionnels de santé de pouvoir investir dans des SEL, afin que soit respecté « le principe qu’une SEL soit détenu et dirigé par les associés qui y exercent ». En attendant, le CNOM scrute avec attention les contrats liant les groupes financiers aux cabinets médicaux et n’hésite plus à radier les centres de santé ou groupes d’imagerie dont elle estime que l’indépendance des professionnels de santé n’est pas respectée en leur sein.

La mission d’information du Sénat rendra ses conclusions et ses recommandations sur cette question complexe à la fin du mois de juin. « Il était temps de poser le sujet dans toute sa complexité » commente le sénateur socialiste et médecin généraliste Bernard Jomier.

J'attends le jour, où un grand groupe privé rachètera un hôpital public type CHG, en entrant dans le secteur pour épurer les dettes. Ce jour là sera le début de la fin de la santé publique. Le statut public sera ouvert aux investisseurs et la boite de Pandore sera ouverte. Je l'ai déjà dit ici, je persiste à le penser

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L'ECT : ne plus douter de son efficacité
Dr Dominique-Jean Bouilliez | 22 Avril 2024

L'ECT (électroconvulsivothérapie) a prouvé son efficacité et sa sécurité dans certaines maladies mentales telles que le trouble dépressif majeur sévère ou la dépression bipolaire sévère, la psychose puerpérale, la schizophrénie et la manie. Malgré cela, elle reste controversée, notamment par crainte de ses effets secondaires potentiels, largement médiatisés.

Une équipe écossaise a voulu objectiver le rapport bénéfice/risque de l’ECT pour une gamme de troubles psychiatriques courants en analysant les données d’un large échantillon de patients inscrits dans le Scottish Electroconvulsive Therapy Audit Network (SEAN), et qui ont bénéficié de ce traitement entre 2009 à 2019.

Les variables retenues comprenaient l'âge, le sexe, le quintile du Scottish Index of Multiple Deprivation (SIMD), le CIM-10 (Classification internationale des maladies, dixième édition), l'indication de l'ECT, le Mental Health Act status, le type de consentement, les scores d'entrée et de sortie du Montgomery-Asberg Depression Rating Scores (MADRS) et du Clinical Global Index Severity (CGI-S) qui évalue la gravité globale de la maladie, ainsi que les effets secondaires signalés.

Réduction de la gravité de certaines maladies…

Au total, entre 2009 et 2019, 4 826 épisodes d’ECT ont été enregistrés, pour des épisodes de dépression majeure et dépression bipolaire principalement, également de schizophrénie et manie. La majorité concernait des femmes (68,4 %) ; l'âge moyen au début du traitement était de 58,52 ans, les hommes étant légèrement plus jeunes (58,24 ans versus 58,65 ans, p=0,20). Le nombre moyen de traitements/épisode était de 9,59 avec une dose moyenne administrée de 277,75 mC.

L’étude a pu conclure en l’efficacité de l’ECT pour réduire la gravité de la maladie, mesurée par le CGI-S. Ainsi, sur les 2 920 épisodes d'ECT pour lesquels le score CGI-S a été enregistré avant et après le traitement, ce score a été réduit à 2,07 points alors qu’il atteignait en moyenne 5,03 points avant l’ECT, ce qui indique que la maladie peut être réduite à une forme très limitée.

… mais des effets secondaires cognitifs

Parallèlement, en termes d’effets secondaires de l'ECT, les complications anesthésiques et les convulsions prolongées étaient rares, concernant moins de 1 % des épisodes de traitement. Des complications cardiovasculaires ont été rapportées dans 2,2 % des cas. Des nausées ont été signalées dans 7,2 % des cas et des douleurs musculaires dans 12 % des cas. Une confusion a été signalée dans 19 % des cas et des effets secondaires cognitifs dans 26,2 % des cas. Un tiers des épisodes de traitement ont fait état de confusion ou d'effets secondaires cognitifs (33,1 %).

« Cette vaste étude naturaliste menée à travers l'Écosse sur une période de plus de 11 ans renforce un constat connu, mais sous-exploré, selon lequel l'ECT est un traitement à la fois sûr et efficace lorsqu'il est administré à des groupes appropriés de personnes atteintes de maladies mentales graves. Une surveillance des effets secondaires, en particulier des effets secondaires cognitifs, doit être cependant effectuée avec soin et rigueur chez tous les patients recevant une ECT, conclut Julie Langan Martin (Université de Glasgow), qui conduisait l’étude. Elle devrait permettre d’informer correctement le grand public sur le rapport bénéfice/risque de cette technique largement éprouvée. »

References

Langan Martin J. Electroconvulsive therapy (ECT): A Scotland wide naturalistic study of 4,826 treatment episodes. Congrès EPA (European Psychiatric Association) 2024, Budapest, 6-9 avril. Abstract#O0100.

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Infirmières et report de l’âge de la retraite : l’âgisme au cœur du débat
Geneviève Perennou | 22 Avril 2024


La planète vieillit amenant au report de l'âge de départ à la retraite. Cela impacte également le personnel soignant, ainsi que l’indique l'OMS (2016), l’âge moyen des professionnels de santé a progressivement augmenté. Ainsi, en Nouvelle-Zélande, l'âge médian des infirmières est passé de 42,6 ans en 1998, à 46 ans en 2019. Des tendances similaires sont observées dans différents pays comme l’Australie, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni.

En France, l’âge moyen reste pour le moment stable autour de 41,5 ans (Dress, 2021). Ce personnel mature possède une vaste expérience et des connaissances pointues, ce qui peut non seulement améliorer la qualité des soins prodigués aux patients, mais aussi fournir un soutien précieux aux membres de l'équipe moins expérimentés. Cependant, des preuves suggèrent que « l'âgisme » peut avoir une incidence conduisant à un départ précoce de cette population.

Qu’est-ce que l’âgisme ?

L'âgisme, terme apparu en sociologie à la fin des années 1960, caractérise des stéréotypes, des préjugés et/ou de la discrimination dirigés contre les âgés en fonction de leur âge chronologique ou de leur perception comme « vieux ». L’OMS (2021) veut en faire un véritable enjeu mondial car les personnes ayant une perception négative du vieillissement pourraient vivre 7,5 années de moins que celles ayant un regard positif.

En 2022, une revue systématique en Nouvelle-Zélande a étudié la discrimination fondée sur l’âge des infirmières proches de la retraite. Les chercheurs ont examiné des études (n=19) sur les stratégies permettant de lutter contre l'âgisme. Les recherches ont utilisé des bases de données médicales en ligne (MEDLINE, Scopus, PsycINFO et CINAHL) et des sources académiques de thèses et mémoires. Les recherches ont concerné les infirmières et aides-soignantes exerçant en secteur hospitalier, en Ehpad et à domicile.

Entre admiration et préjugés négatifs de la part de leurs collègues plus jeunes

Différentes manifestations de discrimination ont été identifiées. Ainsi les infirmières plus âgées font face à des attitudes contrastées de la part de leurs collègues plus jeunes. D'un côté, certaines jeunes professionnelles admirent les performances de leurs aînées dans les situations d'urgence, reconnaissant ainsi leur expérience et leur expertise. Cependant, d'autres ont des préjugés négatifs, les stigmatisant pour leur lenteur et leur manque de contribution au travail d'équipe.

Malgré la confiance en leurs compétences, les infirmières plus âgées peuvent donc être confrontées à des remises en question de la part de ces jeunes collègues, qui vont jusqu’à leur suggérer de changer de poste. Ces attitudes négatives peuvent avoir un impact sur le désir des infirmières plus âgées de poursuivre leur carrière, d’autant plus qu’elles bénéficient de moins de formations continues que leurs collègues plus jeunes.

Les professionnelles plus âgées confirment de leur coté ce manque d’accès aux formations continues. Par ailleurs, elles pointent que leurs suggestions de changements organisationnels sont peu entendues, elles se sentent donc impuissantes et peu valorisées. Un certain nombre d’entre-elles pointent également que l'âgisme a un impact sur leur bien-être émotionnel et leurs performances, ce qui compromet leur engagement professionnel.

Créer un milieu du travail plus inclusif

Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs clés pour lutter contre l'âgisme dans le milieu professionnel des soins infirmiers. Tout d'abord, il est important que chaque individu accepte son propre vieillissement et prenne soin de lui-même en adoptant des habitudes de vie saines, telles que la pratique régulière d'une activité physique et une alimentation équilibrée. Ensuite, il est essentiel d'impliquer le personnel plus âgé dans les décisions organisationnelles et de favoriser leur accès aux formations pour leur permettre de maintenir et de développer leurs compétences.

En outre, un environnement de travail respectueux des différences d’âge est important pour favoriser une bonne cohésion entre les membres de l'équipe et réduire les préjugés des infirmières plus jeunes envers leurs collègues plus âgées. En somme, ces facteurs clés peuvent contribuer à créer un milieu de travail inclusif et valorisant tous les groupes d'âge, ce qui permettrait de lutter contre l'âgisme et de soutenir la continuation de la pratique des infirmières plus âgées.

Cette revue met en évidence l'impact négatif de l'âgisme sur le développement professionnel, le bien-être et la capacité pour les infirmières plus âgées de poursuivre la pratique de leur métier. De futures recherches devraient se concentrer sur la mise en place d’initiatives et de politiques organisationnelles visant à lutter contre l'âgisme. Cela pourrait favoriser des milieux de travail inclusifs pour ce personnel plus âgé, ce qui pourrait contribuer à retarder le départ à la retraite.

References

Chunxu Chen, Kay Shannon , Sara Napier , Stephen Neville , Jed Montayre, (2024), J Clin Nurs. 2024;00:1–24. https://doi.org/10.1111/jocn.17088
OMS, Stratégie et plan d’action mondiaux sur le vieillissement et la santé 2016-2020 : vers un monde où chacun puisse vivre longtemps et en bonne santé, 28 mai 2016.
Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, 2000/C 364/01, 7 décembre 2000.
France : indice démographie des professionnels de santé - DREES (shinyapps.io)


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Cannabis pendant la grossesse et risque de troubles neurodéveloppementaux de l’enfant
Dr Dominique-Jean Bouilliez | 22 Avril 2024

Le cannabis est de loin la drogue illicite la plus consommée en Europe, les dernières estimations 2023 faisant état de 1,3 % de consommateurs quotidiens ou quasi quotidiens parmi les adultes en Union Européenne (soit 3,7 millions de personnes). Parmi celles-ci, un nombre non négligeable de femmes enceintes car, si la prévalence de la consommation de cannabis est plus élevée chez les hommes, les dernières statistiques montrent que les femmes les rattrapent, en particulier dans la population jeune.

On comprend dès lors les inquiétudes que suscite cette consommation chez les femmes enceintes et allaitantes, une inquiétude amplifiée par des études récentes qui ont montré que la teneur en delta9-tétrahidrocannabinol (THC) est actuellement environ 2 fois plus élevée qu'il y a 15 à 20 ans, ce qui augmente le risque d'effets indésirables. Parallèlement, la prévalence du TDAH et des troubles du spectre de l’autisme (TSA) chez les enfants et les adolescents est en hausse, estimée au niveau mondial entre 5,3 % et 5,9 %, et, en Union Européenne, à 4,6 % pour le TDAH et 1/2000 pour les TSA .

L’enjeu de l’étude à grande échelle menée par des chercheurs de l'Université Curtin en Australie, était donc majeur. Ils ont analysé les données de 222 569 couples mère-enfants en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Les données ont été tirées de la collecte de données périnatales qui comprenait toutes les naissances vivantes dans cet état entre janvier 2003 et décembre 2005. Elles ont été reliées aux données colligées sur les patients hospitalisés et ambulatoires de la Nouvelle-Galles du Sud pour les couples mère-enfant, confirmées par le système de classification de la CIM-10-AM.

Un risque de TDAH doublé

Les principales conclusions de l'étude sont que :

- Les enfants avec exposition prénatale au cannabis présentent un risque accru de 98 % de TDAH, de 94 % pour les TSA et de 46 % de déficit intellectuel par rapport aux enfants non exposés.
- Ce risque est plus élevé encore en cas de tabagisme maternel associé à l’exposition au cannabis, avec une multiplication respective du risque par un facteur respectif de 5,62, 2,72 et 2,84 !
- Par ailleurs, une exposition maternelle au cannabis expose aussi à un risque accru de petit poids de naissance, et de naissance prématurée, deux situations qui augmentent encore le risque de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant.


References

Woday Tadesse A, Alati R, et coll. Prenatal Cannabis Use Disorder and Risk of Neurodevelopmental Disorders in Offspring: A Linked Data Cohort. Congrès EPA (European Psychiatric Association) 2024, Budapest, 6-9 avril. Abstract#O0046.


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Comment évaluer les muscles respiratoires pour prédire le sevrage du respirateur ?

Dr Bernard-Alex Gauzere | 22 Avril 2024


L'échec du sevrage de la ventilation mécanique relève d’une physiopathologie complexe. Bien que le dysfonctionnement des muscles respiratoires soit très fréquent chez ces patients et qu'il soit fortement associé à l'échec d'un essai de respiration spontanée, à l'échec du sevrage et à la mortalité, son évaluation n'est pas encore routinière.

La détection précoce de la dysfonction des muscles respiratoires peut permettre aux cliniciens d'identifier les patients à risque d'échec du sevrage qui pourraient bénéficier de stratégies de traitement visant à préserver ou à améliorer la fonction des muscles respiratoires.

Des outils d’évaluation au lit du patient

Hormis l'étalon-or qui enregistre les pressions trans-diaphragmatiques de contraction ou les pressions d'ouverture (artificielle) des voies aériennes pendant la stimulation du nerf phrénique, d’autres méthodes sont moins invasives et plus accessibles sur le plan clinique. Au chevet du patient, plusieurs outils permettent une évaluation complète de la fonction des muscles respiratoires diaphragmatiques et non diaphragmatiques.

Tout d'abord, la force globale des muscles respiratoires peut être évaluée en mesurant les pressions inspiratoire et expiratoire maximales (PImax), souvent utilisées en recherche et en clinique parce que la mesure est facile à réaliser. L'imagerie par ultrasons évalue plusieurs aspects de la fonction des muscles respiratoires, tels que l'épaisseur, la contractilité et l'excursion du diaphragme.

La pression d'occlusion des voies aériennes pendant les 100 premières ms de l'effort inspiratoire (P0.1) reflète la commande respiratoire neuronale et sa transmission aux muscles respiratoires. La P0.1 est fréquemment utilisée, car elle est rapidement obtenue avec un ventilateur mécanique. Enfin, l'électromyographie des muscles respiratoires qui évalue l'activation des muscles respiratoires, est réservée à la recherche.

Plusieurs méta-analyses évaluant le PImax, l'évaluation échographique du diaphragme ou le P0.1 ont décrit les associations entre l'évaluation des muscles respiratoires et les taux de mortalité et/ou les résultats du sevrage, mais aucune n'a comparé leur précision prédictive.

Les premières données comparatives entre les évaluations des muscles respiratoires

L'objectif principal de cette revue systématique était de résumer et de comparer la précision des évaluations suivantes afin de prédire le succès du sevrage : (i) pressions inspiratoires (PImax) et expiratoires maximales, (ii) excursion et (iii) fraction d'épaississement du diaphragme, épaisseur du diaphragme en fin d'expiration et en fin d'inspiration, (iv) pression d'occlusion des voies aériennes, activité électrique des muscles respiratoires et évaluations volitives et non volitives des pressions trans-diaphragmatiques et des pressions d'ouverture des voies aériennes.

Les différentes bases de données classiques ont fait l'objet d'une recherche exhaustive jusqu'en 2023. Des modèles hiérarchiques ont été utilisés pour estimer les courbes SROC de chaque méthode d'évaluation. La méta-régression a été utilisée pour comparer les courbes SROC. Des analyses de sensibilité ont été réalisées en excluant les études présentant un risque élevé de biais. Des comparaisons directes ont été effectuées à l'aide d'études comparant chaque paire d'évaluations au sein du même échantillon de patients.

94 études ont été identifiées…

… dont 88 (n = 6 296) ont été incluses dans les méta-analyses. La sensibilité pour prédire le succès du sevrage était de :

(i) 63 % (IC 95 % 47-77 %) pour PImax,
(ii) 75 % (67-82 %) pour excursion du diaphragme,
(iii) 77 % (61-87 %) pour la fraction d'épaississement du diaphragme, 69 % (13-97 %) pour la fraction d'épaississement du diaphragme en fin d’inspiration, 37 % (13-70 %) pour l’épaisseur du diaphragme en fin d'inspiration, avec une spécificité fixée à 80 %
(iv) 74 % (40-93 %) pour P0.1

La précision de la fraction d'épaississement et de l’excursion du diaphragme pour prédire le succès du sevrage était significativement plus élevée par rapport à la PImax (p = 0,04 et p <0,01, respectivement).

Les analyses de sensibilité et de comparaisons directes ont montré que la précision de la fraction d'épaississement du diaphragme pour prédire le succès du sevrage était significativement plus élevée que celle de l’excursion du diaphragme (p <0,01).

Cette étude présente des limites

Les comparaisons directes, qui sont considérées comme plus fiables et moins susceptibles d'être biaisées que les comparaisons indirectes, n'ont pas pu être réalisées pour toutes les méthodes d'évaluation. Aucune estimation de la précision prédictive n'a pu être réalisée pour toutes les méthodes d'évaluation étudiées en raison du manque de données disponibles. Enfin, l'hétérogénéité des patients et l'utilisation de différents seuils dans les études peuvent également avoir influencé les caractéristiques de prédiction des méthodes d'évaluation examinées.

References

Poddighe D, Van Hollebeke M, Choudhary YQ, et al. Accuracy of respiratory muscle assessments to predict weaning outcomes: a systematic review and comparative meta-analysis. Crit Care. 2024 Mar 7;28(1):70. doi: 10.1186/s13054-024-04823-4.
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. avr. 27, 2024 6:07 pm

Comment le capitaine Haddock aurait pu éviter une condamnation pour conduite en état d’ivresse ?
Quentin Haroche | 26 Avril 2024
jim.fr


Un homme de 40 ans a échappé à une condamnation pour conduite en état d’ivresse grâce à une maladie particulièrement rare.

Cela ressemble à une histoire belge et elle est pourtant véridique. Le tribunal correctionnel de Bruges, en Belgique flamande, jugeait ce lundi une affaire, somme toute relativement banale en apparence, de conduite en état d’ivresse en récidive. Le prévenu, âgé de 40 ans, était jugé pour avoir été arrêté à deux reprises sous l’emprise de l’alcool au volant en 2022 (la justice belge n’est apparemment pas beaucoup plus rapide que la française).

Il avait ainsi été contrôlé une première fois avec un taux de 0,91 mg/L d’air expiré (soit l’équivalent de cinq pintes de bière légère !) puis une seconde fois avec un taux de 0,71 mg/L d’air expiré, alors même que la loi belge fixe la limite légale pour conduire à 0,22 mg/L d’air expiré. En ayant vu d’autres, les gendarmes n’ont pas cru les dénégations du prévenu, qui affirmait n’avoir pas bu une seule goute d’alcool malgré son apparente ébriété.

C’est pourtant libre et blanchi de toute accusation que le prévenu a quitté le tribunal ce lundi. Les juges belges ont en effet relaxé le prévenu au nom de la « force majeure » explique son avocate. Avec l’aide de trois médecins, le ténor du barreau qui le défendait a en effet réussi à prouver que son client souffrait d’une maladie méconnue appelée « syndrome d’auto-brasserie », qui provoque une production endogène d’éthanol par le système digestif en cas d’ingestion d’aliments à haute teneur en glucides. Si le prévenu était ivre au moment de prendre la route, ce n’est donc pas parce qu’il avait trop levé le coude, mais tout simplement parce qu’il avait mangé du pain, des pommes de terre ou des haricots.

Une maladie si rare qu’elle n’existe peut-être pas

Décrit pour la première fois en 1976, le syndrome d’auto-brasserie est une maladie extrêmement rare, qui ne concernerait qu’une vingtaine de cas dans le monde et qui est par conséquent particulièrement mal connue des praticiens. Selon l’explication généralement retenue par les scientifiques, cette maladie serait causée par la présence, dans l’intestin du patient, de différentes levures favorisant la fermentation et notamment la Saccharomyces cerevisiae (du mot gaulois « cervoise » désignant la bière), également appelée « levure de bière » ou « levure du boulanger ». En raison de la présence de ces levures, lorsque le malade consomme des aliments à haute teneur en glucides, tout se passe comme si son intestin devenait une micro-brasserie.

Selon certains scientifiques, le phénomène pourrait notamment être favorisé par d’autres pathologies sous-jacentes, comme le diabète ou la maladie de Crohn. La maladie peut également être déclenché par un traitement par antibiotique, comme cela était arrivé à un citoyen américain dont le cas avait été rapporté dans le BMJ en 2019. Mais la maladie est si rare et si méconnue que certains doutent même de son existence, prétendant qu’il est impossible qu’un simple déséquilibre au sein des levures et bactéries intestinales puissent avoir un tel effet (et le syndrome d’auto-brasserie ne serait donc qu’une invention d’ivrogne).

Un Belge privé de frites

Notre chauffard belge avait déjà été condamné pour conduite en état d’ivresse, avec retrait provisoire du permis en 2019. S’il avait déjà à l’époque protesté de son abstinence et de son innocence, il était alors ignorant de son mal mystérieux. L’histoire ne dit pas s’il a depuis entamé une procédure pour faire réviser cette véritable injustice. Il s’astreint en tous les cas désormais à un régime pauvre en glucides. Durant l’audience, le parquet lui a ainsi demandé d’éviter « toute alcoolisation volontaire » : il doit donc éviter de manger trop de pain, pâtes ou lentilles…mais aussi ne pas trop forcer sur les frites (une peine particulièrement lourde pour un Belge).
Rappelons que notre voisin d’outre Quiévrain est considéré comme le pays de la bière, puisqu’on y compte plus de 4 000 brasseries industrielles et artisanales…auquel il faut donc ajouter désormais au moins une brasserie intestinale.

Une maladie rare, qui risque de ne plus l'être bientôt. Patron ! C'est l'heure de mon traitement.
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Je ne vous fais pas le coup de la modération, vous êtes grands, ça va bien.
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