Re: Articles sur la santé
Posté : sam. juin 27, 2020 2:20 pm
Publié le 26/06/2020
Il faut sauver le stéthoscope...de la Covid-19
C’est en 1816 que René Laennec (1781-1826) invente le stéthoscope et en 1817 qu’il décrit cet outil révolutionnaire appelé à devenir dans les deux siècles qui ont suivi la troisième main du médecin. Ce symbole des relations médecin-malade s’est adapté au fil du temps pour conserver une place centrale dans le diagnostic clinique alors que se succédaient les inventions et les progrès majeurs de la médecine moderne et post-moderne. Ses atouts indéniables ne sauraient cependant faire oublier sa fâcheuse réputation, celle de nid à microbes : l’épidémie de Covid-19 a braqué les projecteurs sur ce péché originel qui lui vaut d’avoir été source de conflits et de polémique au plus fort de l’action.
Que faire de son stéthoscope en sachant qu’en voyageant d’un thorax à l’autre il peut colporter bien des microbes pathogènes, outre le SARS-CoV-2 ? L’auscultation cardiaque et pulmonaire a-t-elle encore un sens au temps de l’imagerie non invasive triomphante et des tests biologiques ? Comment gérer cet outil dans toutes les situations cliniques, y compris en unité de soins intensifs (USI) où les constantes vitales semblent être la priorité bien devant la recherche de râles crépitants ou d’un galop protodiastolique pas si facile à percevoir dans le bruit de fond créé par la machinerie ambiante ? Comment désinfecter le stéthoscope en toute sécurité face à tous les germes existants ? Autant de questions auxquelles ont été confrontés les cliniciens avec autant de réponses variables bien évidemment d’un continent à l’autre, voire d’un pays à l’autre…
Le stéthoscope vecteur d’agents microbiens mais encore…
De longue date, comme le rappelle un article fort intéressant publié en preprint dans l’American Journal of Medicine, le stéthoscope a été un vecteur de microbes puissant, les niveaux de contamination qu’il offre étant voisins… de ceux des mains du praticien. De longue date, il a été recommandé de procéder à sa désinfection régulière et minutieuse mais, dans la pratique courante, force est de constater que rares sont les médecins qui suivent à la lettre ce conseil. De surcroît, les désinfectants mis à leur disposition ne peuvent avoir la prétention d’éliminer tous les agents microbiens qui peuvent incruster son diaphragme. Néanmoins, le SARS-CoV-2 a certes la vie dure au point de persister quelques heures sur de nombreuses surfaces de l’environnement mais il est plus sensible à l’alcool que bien des bactéries…
Les attitudes des uns et des autres ont pu diverger : certains ont abandonné ou moins utilisé leur stéthoscope par crainte de la contamination ou de la transmission du virus notamment en USI. La plupart n’y ont pas renoncé. Il y a certes matière à polémiquer sur le présent et le futur de cette icône de la médecine que l’on ne peut sacrifier sur l’autel de la Covid-19 et de la technique triomphante- autant le scanner que les tests biologiques- sans la moindre réflexion préalable. Le lien entre le malade et son médecin passe par un contact physique dont le stéthoscope est le plus souvent le vecteur primordial et c’est même là où il pêche. Par temps de pandémie, ce contact furtif chez des patients isolés et angoissés prend encore plus de relief en tant que pilier de l’examen clinique et témoin du savoir ou de la compétence du praticien.
L’alternative de l’auscultation à distance et de l’intelligence artificielle
En l’espace de deux siècles, en dépit des prouesses technologiques, le stéthoscope n’a que peu évolué dans ses principes de base et ce n’est pas l’avènement de l’échographie portable qui peut changer radicalement la donne. Un opérateur peu expérimenté muni de ces machines risque de faire plus d’erreurs que le clinicien qui n’a que ses trois mains dont le stéthoscope. L’auscultation n’a rien à envier à des prolongements techniques trop réducteurs pour répondre à la diversité et à la complexité des situations cliniques.
L’outil le plus intelligent qui soit ne remplacera jamais l’intelligence clinique faite d’expérience et de raisonnement élaboré au cœur de la relation médecin-malade, mais il peut s’intégrer dans une approche globale si sa maîtrise est pleinement assurée dans le cadre de la télémédecine. Cette dernière ne saurait être la panacée, même si les smartphones peuvent être pourvus d’applications qui permettent de visualiser et d’enregistrer les bruits du cœur pour mieux les transmettre : cette perspective donne une idée du potentiel de l’auscultation des temps post-modernes et de l’intérêt qu’il faut entretenir pour le stéthoscope aussi « high tech » soit-il.
Encore faut-il souligner que les performances diagnostiques de ces outils devenus « intelligents » sont encore à l’étude et qu’il ne faut pas brûler les étapes à coup d’algorithmes issus de l’intelligence artificielle: une bonne oreille est encore ce qu’il y a de mieux par temps de Covid-19 notamment, les merveilles du diagnostic et du pronostic élaborés automatiquement étant encore à venir.
Comment désinfecter son stéthoscope
Un bon stéthoscope s’avère précieux mais pour en revenir à nos microbes, il est clair qu’une auscultation sécurisée n’est pas concevable sans une désinfection de l’appareil, le complément logique du lavage des mains. La troisième main se doit d’être aussi propre que les deux autres, d’autant que la contamination de ces dernières joue à l’évidence un rôle primordial dans la chaîne. Mais les désinfectants utilisés ou utilisables ne semblent pas donner entière satisfaction compte tenu de la multiplicité des germes pathogènes, de leur durée de vie variable d’un support à l’autre et des techniques de nettoyage adoptées par le soignant, souvent erratiques et mal codifiées.
Leur observance est généralement faible et cela ne date pas d’hier : le manque de temps, l’oubli pur et simple ou l’absence d’accès aux moyens de désinfection sont autant de raisons invoquées par les soignants. De fait, nombre de praticiens confrontés à tant de problèmes ont préféré se passer de leur troisième main surtout en USI d’autant qu’avec les équipements de protection individuels, l’auscultation tend à devenir acrobatique. Les stéthoscopes jetables ne sont pas la solution compte tenu de la faible qualité de leurs performances acoustiques et du risque de transmission du virus par contamination du soignant.
Les agents désinfectants conventionnels actuels semblent avoir leurs limites, qu’il s’agisse de l’alcool, de l’eau oxygénée ou encore de l’eau de Javel diluée si l’on vise toute la communauté des agents microbiens : bactéries, virus, champignons etc. Le risque de propager des bactéries alcoolo-résistantes a été évoqué avec ces produits mais les virus ne sont pas concernés car ils sont sensibles au gel hydro-alcoolique. En pratique, un agent désinfectant virucide pas trop toxique pour la membrane du stéthoscope est à privilégier, les lingettes pouvant être utilisées après lavage des mains entre chaque patient. La désinfection doit être d’autant plus drastique que le lieu d’exercice est chargé en particules virales et l’on revient à l’USI où des recommandations spécifiques s’appliquent. En cabinet médical, il faut raison garder et recourir aux produits conseillés dans le cadre des bonnes pratiques.
D’autres planches de salut ?
Quelles sont les autres planches de salut ? Comme souvent, au travers de certaines avancées techniques : le nettoyage du diaphragme de l’outil par une exposition aux UV pendant une minute au moins ? Oui pour les bactéries … Le recours à un dispositif jetable protégeant le diaphragme du stéthoscope le temps d’une auscultation et fourni par un distributeur automatique sans qu’il soit besoin de toucher à quoi que ce soit ? L’idée est bonne au point que certains fabricants se sont penchés sur la question et que l’utilité du stéthoscope pourrait s’en trouver renforcée dans tous les lieux face à tous les germes, quels qu’ils soient.
Les progrès techniques à venir devraient permettre de surmonter le problème de la contamination potentielle par divers germes – pas seulement le SARS-CoV-2- et de développer le stéthoscope du futur appelé à devenir intelligent plus performant, plus sûr, plus adapté, tout en restant l’icône dont le médecin et le patient ont besoin pour optimiser leur relation.
La double facette technique et humaine du métier est incarnée par cet outil qui est présent sur la scène médicale depuis plus de deux siècles. Il n’est pas prêt de la quitter et la Covid-19 ne saurait changer la donne.
Dr Philippe Tellier
Référence
Rajiv S et coll. : Persistent Value of the Stethoscope in the Age of COVID-19. Am Med 2020: publication avancée en ligne. doi.org/10.1016/j.amjmed.2020.05.018.
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Publié le 26/06/2020
Le Conseil Constitutionnel valide le délit de non-respect du confinement
Paris, le vendredi 26 juin – Saisie par une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), le Conseil Constitutionnel a jugé la loi incriminant le non-respect du confinement conforme à la Constitution.
Le confinement est terminé depuis maintenant six semaines mais certains continuent d’en subir les conséquences juridiques. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre ont procédé à 762 106 verbalisations pour non-respect du confinement, tandis que 1 733 personnes ont été placés en garde à vue pour le délit de violation répété du confinement, dont plusieurs ont été condamnés à des peines de prison ferme.
6 mois d’emprisonnement et 10 000 euros d’amende
En effet, l’article L. 3136-1 du code de la santé publique, voté le 24 mars dernier, punit de 6 mois d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende le fait de violer les mesures de confinement à plus de trois reprises en moins de 30 jours. Une durée d’emprisonnement qui n’a pas été choisi au hasard par le législateur : elle permet de juger les contrevenants selon la procédure accélérée de la comparution immédiate.
Certaines personnes poursuivies pour violation du confinement avaient placé leur espoir dans le Conseil Constitutionnel pour échapper à la sanction, mais les sages viennent de leur fermer la porte. Saisie par trois questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), une procédure qui permet à tout justiciable de contester la constitutionnalité de la loi qu’on veut lui appliquer, le Conseil a jugé ce vendredi que la disposition du code de la santé publique respectait bien les droits fondamentaux garantis par la Constitution.
Une infraction suffisamment bien définie
Devant le Conseil, les avocats des prévenus avaient argué que le texte instituant le délit de violation du confinement violait le principe de légalité des délits et des peines, protégé par l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui impose que les infractions soient définies précisément. Il était notamment reproché au texte d’utiliser des termes imprécis comme celui de « motif familial impérieux », laissant aux forces de l’ordre, selon Maître Raphael Kempf, « une marge d’appréciation qui contient un risque d’arbitraire ».
Rien de tout cela pour les membres du Conseil. Selon eux, tous les éléments constitutifs du délit sont strictement définis et « le législateur n’a pas adopté de dispositions imprécises ». Balayé également les reproches fait à la loi quand au respect du principe de la présomption d’innocence et des droits de la défense. Certes une personne peut être poursuivi pour violation du confinement sans avoir eu le temps de contester devant le juge ses trois verbalisations précédentes. Mais puisque le tribunal correctionnel pourra « apprécier les éléments constitutifs de l’infraction et notamment la régularité et le bien-fondé des précédentes verbalisations » l’argument est inopérant selon le juge constitutionnel.
Des TIG plutôt que la prison
Depuis le début du déconfinement le 11 mai, il n’est évidemment plus possible d’être sanctionné pour violation du confinement. Mais le texte reste en vigueur et pourrait être à nouveau appliqué en cas de nouveau confinement dû à une seconde vague épidémique. A Paris, le procureur de la république Rémy Heitz a ordonné aux parquetiers de requérir des peines de travaux d’intérêt général (TIG), si possible en milieu hospitalier, plutôt que des peines d’emprisonnement. La France est loin d’être le pays le plus sévère en la matière : au Chili notamment, actuellement frappé de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, la violation des mesures de confinement est punie de 5 ans d’emprisonnement.
QH
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Les chiffres sont intéressants à comparer pour les revendications. D'un côté les médecins, dont la négociation est à part (on ne mélange les torchons et les mouchoirs en soie) et de l'autre, la plèbe des petites gens, des gueux; bref des soignants. D'un côté on a une augmentation de 300 euros/mois, de l'autre on passe à une augmentation de 1246 euros/mois (4x l'augmentation des soignants) en début de carrière pour les médecins déifiés, jusqu'à 3616 euros/mois pour les PH en fin de carrière, soit 12x le niveau demandé par les soignants !
Quand on sait que l'intérim interne à 500 euros la journée, à passer son temps sur son ordinateur à regarder le dernier épisode de l série à la mode, en pratiquent l'anesthésie en mode Bluetooth, n'est pas des plu fatigant, que les gardes sont particulièrement bien payées, que les IADE font tout pour une reconnaissance proche du néant absolu, on a de quoi l'avoir en travers de la gorge. Mais que voulez-vous, l'anesthésie est un acte MÉDICAL. et internet, les billets de train, les vidéos, la glande en salle de repos durant des heures, ça doit être aussi ça du temps MÉDICAL. Je ne peux pas comprendre, je ne fais pas partie du sérail. Toutefois je vous invite à lire la proposition de la SOFIA sur la profession IADE.(AB)
Publié le 26/06/2020
Les 6 milliards d’Olivier Véran n’ont pas apaisé la colère, bien au contraire
Mercredi, Olivier Véran a enfin dévoilé son jeu.
Après des semaines de mystère, il a révélé le montant global des hausses de salaires des soignants non-médicaux. Au total, six milliards d'euros seront à partager entre hôpitaux et EHPAD publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé, soit environ 1,7 millions de salariés.
Pour exceptionnel qu’il soit, le chiffre ne semble pas avoir emporté la partie, il a peut-être même ravivé la colère.
300 euros brut contre 300 euros net
Les infirmiers semblent ainsi loin d’être satisfaits. Par exemple, le syndicat des cadres de santé, le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), s’indigne : « lorsque l’on est beaucoup à se partager un petit gâteau, chacun n’a que des miettes ! ».
Au-delà des aspects comptables, le syndicat s’inquiète également du calendrier. « Par ailleurs, le gouvernement précise dans son document du 19 juin que les revalorisations nécessitent un article de loi, à l’occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui sera débattu à l’automne, et voté au plus tard en décembre. Il faudra ensuite la parution des textes réglementaires (décret et arrêté), les agents n’auront donc rien sur leur bulletin de paie avant fin décembre. Parler de hausse des salaires au 1er juillet est délétère car cela donne de faux espoirs aux soignants, souvent confrontés à une perte de revenus familiaux du fait de leur conjoints victimes de la crise économique », explique le patron de cette organisation, Thierry Amouroux.
Soulignons néanmoins que l’enveloppe prévue pourrait signifier une augmentation moyenne des personnels non médicaux d’environ 300 euros brut par mois.
Une revendication à 32 milliards
La CGT, quant à elle, enfonce le clou sur l’air du « compte n’y est pas » et de ce « n’est qu’un début, continuons le combat ».
L’organisation demande en effet pas moins de 32 milliards d’euros pour les rémunérations. Cette enveloppe comprend à la fois des mesures de « rattrapage de la perte de pouvoir d’achat » liée au gel des points d’indice « depuis 2000 » (14,4 milliards), une hausse de 300 euros net pour tous les soignants (8,7 milliards) et des hausses catégorielles évaluées à 9,1 milliards.
La CGT propose également la création de 100 000 emplois dans les hôpitaux et de 200 000 emplois dans les Ehpad, pour un total de 12,5 milliards d’euros, et un programme d’investissement hospitalier de l’ordre de 10 milliards d’euros par an.
Ces propositions, que le syndicat entend porter dans le cadre du "Ségur de la santé", sont "soutenables" jure la centrale syndicale…
Les médecins font entendre leur voix
Cette appréciation pourrait être d’autant plus discutée que même avec un tel niveau d’engagement financier, toutes les attentes pourraient ne pas être comblées. Ainsi, les syndicats de médecins hospitaliers ont appelé, jeudi 25 juin, à se joindre à la grève des soignants prévue mardi 30 juin, faute d’avancées sur leurs revendications salariales, évaluées à près de « 7 milliards d’euros ». En effet, aucune enveloppe n’a été mise sur la table pour les 100 000 médecins hospitaliers, qui font l’objet d’une négociation à part.
« Le préavis a été déposé par l’ensemble des organisations de personnels médicaux et non médicaux. Nous serons donc en grève ce jour-là » a annoncé lors d’une conférence de presse le président d’Action praticiens hôpital (APH), Jacques Trévidic. Parmi les organisations qui appellent à se mobiliser : l’APH (Action praticien hôpital), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et le syndicat Jeunes médecins.
Rappelons que les médecins demandent une hausse mensuelle de 300 euros net pour les internes et une revalorisation des grilles salariales, portées à 5 000 euros net en début de carrière, contre 3 754 euros actuellement, et 10 000 euros en fin de carrière (contre 6 384 euros) pour les praticiens hospitaliers. Une réunion consacrée à la rémunération des médecins hospitaliers est d’ailleurs prévue lundi à 16 heures, en présence d’Olivier Véran.
F.H.
Copyright jim.fr
Il faut sauver le stéthoscope...de la Covid-19
C’est en 1816 que René Laennec (1781-1826) invente le stéthoscope et en 1817 qu’il décrit cet outil révolutionnaire appelé à devenir dans les deux siècles qui ont suivi la troisième main du médecin. Ce symbole des relations médecin-malade s’est adapté au fil du temps pour conserver une place centrale dans le diagnostic clinique alors que se succédaient les inventions et les progrès majeurs de la médecine moderne et post-moderne. Ses atouts indéniables ne sauraient cependant faire oublier sa fâcheuse réputation, celle de nid à microbes : l’épidémie de Covid-19 a braqué les projecteurs sur ce péché originel qui lui vaut d’avoir été source de conflits et de polémique au plus fort de l’action.
Que faire de son stéthoscope en sachant qu’en voyageant d’un thorax à l’autre il peut colporter bien des microbes pathogènes, outre le SARS-CoV-2 ? L’auscultation cardiaque et pulmonaire a-t-elle encore un sens au temps de l’imagerie non invasive triomphante et des tests biologiques ? Comment gérer cet outil dans toutes les situations cliniques, y compris en unité de soins intensifs (USI) où les constantes vitales semblent être la priorité bien devant la recherche de râles crépitants ou d’un galop protodiastolique pas si facile à percevoir dans le bruit de fond créé par la machinerie ambiante ? Comment désinfecter le stéthoscope en toute sécurité face à tous les germes existants ? Autant de questions auxquelles ont été confrontés les cliniciens avec autant de réponses variables bien évidemment d’un continent à l’autre, voire d’un pays à l’autre…
Le stéthoscope vecteur d’agents microbiens mais encore…
De longue date, comme le rappelle un article fort intéressant publié en preprint dans l’American Journal of Medicine, le stéthoscope a été un vecteur de microbes puissant, les niveaux de contamination qu’il offre étant voisins… de ceux des mains du praticien. De longue date, il a été recommandé de procéder à sa désinfection régulière et minutieuse mais, dans la pratique courante, force est de constater que rares sont les médecins qui suivent à la lettre ce conseil. De surcroît, les désinfectants mis à leur disposition ne peuvent avoir la prétention d’éliminer tous les agents microbiens qui peuvent incruster son diaphragme. Néanmoins, le SARS-CoV-2 a certes la vie dure au point de persister quelques heures sur de nombreuses surfaces de l’environnement mais il est plus sensible à l’alcool que bien des bactéries…
Les attitudes des uns et des autres ont pu diverger : certains ont abandonné ou moins utilisé leur stéthoscope par crainte de la contamination ou de la transmission du virus notamment en USI. La plupart n’y ont pas renoncé. Il y a certes matière à polémiquer sur le présent et le futur de cette icône de la médecine que l’on ne peut sacrifier sur l’autel de la Covid-19 et de la technique triomphante- autant le scanner que les tests biologiques- sans la moindre réflexion préalable. Le lien entre le malade et son médecin passe par un contact physique dont le stéthoscope est le plus souvent le vecteur primordial et c’est même là où il pêche. Par temps de pandémie, ce contact furtif chez des patients isolés et angoissés prend encore plus de relief en tant que pilier de l’examen clinique et témoin du savoir ou de la compétence du praticien.
L’alternative de l’auscultation à distance et de l’intelligence artificielle
En l’espace de deux siècles, en dépit des prouesses technologiques, le stéthoscope n’a que peu évolué dans ses principes de base et ce n’est pas l’avènement de l’échographie portable qui peut changer radicalement la donne. Un opérateur peu expérimenté muni de ces machines risque de faire plus d’erreurs que le clinicien qui n’a que ses trois mains dont le stéthoscope. L’auscultation n’a rien à envier à des prolongements techniques trop réducteurs pour répondre à la diversité et à la complexité des situations cliniques.
L’outil le plus intelligent qui soit ne remplacera jamais l’intelligence clinique faite d’expérience et de raisonnement élaboré au cœur de la relation médecin-malade, mais il peut s’intégrer dans une approche globale si sa maîtrise est pleinement assurée dans le cadre de la télémédecine. Cette dernière ne saurait être la panacée, même si les smartphones peuvent être pourvus d’applications qui permettent de visualiser et d’enregistrer les bruits du cœur pour mieux les transmettre : cette perspective donne une idée du potentiel de l’auscultation des temps post-modernes et de l’intérêt qu’il faut entretenir pour le stéthoscope aussi « high tech » soit-il.
Encore faut-il souligner que les performances diagnostiques de ces outils devenus « intelligents » sont encore à l’étude et qu’il ne faut pas brûler les étapes à coup d’algorithmes issus de l’intelligence artificielle: une bonne oreille est encore ce qu’il y a de mieux par temps de Covid-19 notamment, les merveilles du diagnostic et du pronostic élaborés automatiquement étant encore à venir.
Comment désinfecter son stéthoscope
Un bon stéthoscope s’avère précieux mais pour en revenir à nos microbes, il est clair qu’une auscultation sécurisée n’est pas concevable sans une désinfection de l’appareil, le complément logique du lavage des mains. La troisième main se doit d’être aussi propre que les deux autres, d’autant que la contamination de ces dernières joue à l’évidence un rôle primordial dans la chaîne. Mais les désinfectants utilisés ou utilisables ne semblent pas donner entière satisfaction compte tenu de la multiplicité des germes pathogènes, de leur durée de vie variable d’un support à l’autre et des techniques de nettoyage adoptées par le soignant, souvent erratiques et mal codifiées.
Leur observance est généralement faible et cela ne date pas d’hier : le manque de temps, l’oubli pur et simple ou l’absence d’accès aux moyens de désinfection sont autant de raisons invoquées par les soignants. De fait, nombre de praticiens confrontés à tant de problèmes ont préféré se passer de leur troisième main surtout en USI d’autant qu’avec les équipements de protection individuels, l’auscultation tend à devenir acrobatique. Les stéthoscopes jetables ne sont pas la solution compte tenu de la faible qualité de leurs performances acoustiques et du risque de transmission du virus par contamination du soignant.
Les agents désinfectants conventionnels actuels semblent avoir leurs limites, qu’il s’agisse de l’alcool, de l’eau oxygénée ou encore de l’eau de Javel diluée si l’on vise toute la communauté des agents microbiens : bactéries, virus, champignons etc. Le risque de propager des bactéries alcoolo-résistantes a été évoqué avec ces produits mais les virus ne sont pas concernés car ils sont sensibles au gel hydro-alcoolique. En pratique, un agent désinfectant virucide pas trop toxique pour la membrane du stéthoscope est à privilégier, les lingettes pouvant être utilisées après lavage des mains entre chaque patient. La désinfection doit être d’autant plus drastique que le lieu d’exercice est chargé en particules virales et l’on revient à l’USI où des recommandations spécifiques s’appliquent. En cabinet médical, il faut raison garder et recourir aux produits conseillés dans le cadre des bonnes pratiques.
D’autres planches de salut ?
Quelles sont les autres planches de salut ? Comme souvent, au travers de certaines avancées techniques : le nettoyage du diaphragme de l’outil par une exposition aux UV pendant une minute au moins ? Oui pour les bactéries … Le recours à un dispositif jetable protégeant le diaphragme du stéthoscope le temps d’une auscultation et fourni par un distributeur automatique sans qu’il soit besoin de toucher à quoi que ce soit ? L’idée est bonne au point que certains fabricants se sont penchés sur la question et que l’utilité du stéthoscope pourrait s’en trouver renforcée dans tous les lieux face à tous les germes, quels qu’ils soient.
Les progrès techniques à venir devraient permettre de surmonter le problème de la contamination potentielle par divers germes – pas seulement le SARS-CoV-2- et de développer le stéthoscope du futur appelé à devenir intelligent plus performant, plus sûr, plus adapté, tout en restant l’icône dont le médecin et le patient ont besoin pour optimiser leur relation.
La double facette technique et humaine du métier est incarnée par cet outil qui est présent sur la scène médicale depuis plus de deux siècles. Il n’est pas prêt de la quitter et la Covid-19 ne saurait changer la donne.
Dr Philippe Tellier
Référence
Rajiv S et coll. : Persistent Value of the Stethoscope in the Age of COVID-19. Am Med 2020: publication avancée en ligne. doi.org/10.1016/j.amjmed.2020.05.018.
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Publié le 26/06/2020
Le Conseil Constitutionnel valide le délit de non-respect du confinement
Paris, le vendredi 26 juin – Saisie par une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), le Conseil Constitutionnel a jugé la loi incriminant le non-respect du confinement conforme à la Constitution.
Le confinement est terminé depuis maintenant six semaines mais certains continuent d’en subir les conséquences juridiques. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les forces de l’ordre ont procédé à 762 106 verbalisations pour non-respect du confinement, tandis que 1 733 personnes ont été placés en garde à vue pour le délit de violation répété du confinement, dont plusieurs ont été condamnés à des peines de prison ferme.
6 mois d’emprisonnement et 10 000 euros d’amende
En effet, l’article L. 3136-1 du code de la santé publique, voté le 24 mars dernier, punit de 6 mois d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende le fait de violer les mesures de confinement à plus de trois reprises en moins de 30 jours. Une durée d’emprisonnement qui n’a pas été choisi au hasard par le législateur : elle permet de juger les contrevenants selon la procédure accélérée de la comparution immédiate.
Certaines personnes poursuivies pour violation du confinement avaient placé leur espoir dans le Conseil Constitutionnel pour échapper à la sanction, mais les sages viennent de leur fermer la porte. Saisie par trois questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), une procédure qui permet à tout justiciable de contester la constitutionnalité de la loi qu’on veut lui appliquer, le Conseil a jugé ce vendredi que la disposition du code de la santé publique respectait bien les droits fondamentaux garantis par la Constitution.
Une infraction suffisamment bien définie
Devant le Conseil, les avocats des prévenus avaient argué que le texte instituant le délit de violation du confinement violait le principe de légalité des délits et des peines, protégé par l’article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui impose que les infractions soient définies précisément. Il était notamment reproché au texte d’utiliser des termes imprécis comme celui de « motif familial impérieux », laissant aux forces de l’ordre, selon Maître Raphael Kempf, « une marge d’appréciation qui contient un risque d’arbitraire ».
Rien de tout cela pour les membres du Conseil. Selon eux, tous les éléments constitutifs du délit sont strictement définis et « le législateur n’a pas adopté de dispositions imprécises ». Balayé également les reproches fait à la loi quand au respect du principe de la présomption d’innocence et des droits de la défense. Certes une personne peut être poursuivi pour violation du confinement sans avoir eu le temps de contester devant le juge ses trois verbalisations précédentes. Mais puisque le tribunal correctionnel pourra « apprécier les éléments constitutifs de l’infraction et notamment la régularité et le bien-fondé des précédentes verbalisations » l’argument est inopérant selon le juge constitutionnel.
Des TIG plutôt que la prison
Depuis le début du déconfinement le 11 mai, il n’est évidemment plus possible d’être sanctionné pour violation du confinement. Mais le texte reste en vigueur et pourrait être à nouveau appliqué en cas de nouveau confinement dû à une seconde vague épidémique. A Paris, le procureur de la république Rémy Heitz a ordonné aux parquetiers de requérir des peines de travaux d’intérêt général (TIG), si possible en milieu hospitalier, plutôt que des peines d’emprisonnement. La France est loin d’être le pays le plus sévère en la matière : au Chili notamment, actuellement frappé de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, la violation des mesures de confinement est punie de 5 ans d’emprisonnement.
QH
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Les chiffres sont intéressants à comparer pour les revendications. D'un côté les médecins, dont la négociation est à part (on ne mélange les torchons et les mouchoirs en soie) et de l'autre, la plèbe des petites gens, des gueux; bref des soignants. D'un côté on a une augmentation de 300 euros/mois, de l'autre on passe à une augmentation de 1246 euros/mois (4x l'augmentation des soignants) en début de carrière pour les médecins déifiés, jusqu'à 3616 euros/mois pour les PH en fin de carrière, soit 12x le niveau demandé par les soignants !
Quand on sait que l'intérim interne à 500 euros la journée, à passer son temps sur son ordinateur à regarder le dernier épisode de l série à la mode, en pratiquent l'anesthésie en mode Bluetooth, n'est pas des plu fatigant, que les gardes sont particulièrement bien payées, que les IADE font tout pour une reconnaissance proche du néant absolu, on a de quoi l'avoir en travers de la gorge. Mais que voulez-vous, l'anesthésie est un acte MÉDICAL. et internet, les billets de train, les vidéos, la glande en salle de repos durant des heures, ça doit être aussi ça du temps MÉDICAL. Je ne peux pas comprendre, je ne fais pas partie du sérail. Toutefois je vous invite à lire la proposition de la SOFIA sur la profession IADE.(AB)
Publié le 26/06/2020
Les 6 milliards d’Olivier Véran n’ont pas apaisé la colère, bien au contraire
Mercredi, Olivier Véran a enfin dévoilé son jeu.
Après des semaines de mystère, il a révélé le montant global des hausses de salaires des soignants non-médicaux. Au total, six milliards d'euros seront à partager entre hôpitaux et EHPAD publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé, soit environ 1,7 millions de salariés.
Pour exceptionnel qu’il soit, le chiffre ne semble pas avoir emporté la partie, il a peut-être même ravivé la colère.
300 euros brut contre 300 euros net
Les infirmiers semblent ainsi loin d’être satisfaits. Par exemple, le syndicat des cadres de santé, le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), s’indigne : « lorsque l’on est beaucoup à se partager un petit gâteau, chacun n’a que des miettes ! ».
Au-delà des aspects comptables, le syndicat s’inquiète également du calendrier. « Par ailleurs, le gouvernement précise dans son document du 19 juin que les revalorisations nécessitent un article de loi, à l’occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), qui sera débattu à l’automne, et voté au plus tard en décembre. Il faudra ensuite la parution des textes réglementaires (décret et arrêté), les agents n’auront donc rien sur leur bulletin de paie avant fin décembre. Parler de hausse des salaires au 1er juillet est délétère car cela donne de faux espoirs aux soignants, souvent confrontés à une perte de revenus familiaux du fait de leur conjoints victimes de la crise économique », explique le patron de cette organisation, Thierry Amouroux.
Soulignons néanmoins que l’enveloppe prévue pourrait signifier une augmentation moyenne des personnels non médicaux d’environ 300 euros brut par mois.
Une revendication à 32 milliards
La CGT, quant à elle, enfonce le clou sur l’air du « compte n’y est pas » et de ce « n’est qu’un début, continuons le combat ».
L’organisation demande en effet pas moins de 32 milliards d’euros pour les rémunérations. Cette enveloppe comprend à la fois des mesures de « rattrapage de la perte de pouvoir d’achat » liée au gel des points d’indice « depuis 2000 » (14,4 milliards), une hausse de 300 euros net pour tous les soignants (8,7 milliards) et des hausses catégorielles évaluées à 9,1 milliards.
La CGT propose également la création de 100 000 emplois dans les hôpitaux et de 200 000 emplois dans les Ehpad, pour un total de 12,5 milliards d’euros, et un programme d’investissement hospitalier de l’ordre de 10 milliards d’euros par an.
Ces propositions, que le syndicat entend porter dans le cadre du "Ségur de la santé", sont "soutenables" jure la centrale syndicale…
Les médecins font entendre leur voix
Cette appréciation pourrait être d’autant plus discutée que même avec un tel niveau d’engagement financier, toutes les attentes pourraient ne pas être comblées. Ainsi, les syndicats de médecins hospitaliers ont appelé, jeudi 25 juin, à se joindre à la grève des soignants prévue mardi 30 juin, faute d’avancées sur leurs revendications salariales, évaluées à près de « 7 milliards d’euros ». En effet, aucune enveloppe n’a été mise sur la table pour les 100 000 médecins hospitaliers, qui font l’objet d’une négociation à part.
« Le préavis a été déposé par l’ensemble des organisations de personnels médicaux et non médicaux. Nous serons donc en grève ce jour-là » a annoncé lors d’une conférence de presse le président d’Action praticiens hôpital (APH), Jacques Trévidic. Parmi les organisations qui appellent à se mobiliser : l’APH (Action praticien hôpital), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et le syndicat Jeunes médecins.
Rappelons que les médecins demandent une hausse mensuelle de 300 euros net pour les internes et une revalorisation des grilles salariales, portées à 5 000 euros net en début de carrière, contre 3 754 euros actuellement, et 10 000 euros en fin de carrière (contre 6 384 euros) pour les praticiens hospitaliers. Une réunion consacrée à la rémunération des médecins hospitaliers est d’ailleurs prévue lundi à 16 heures, en présence d’Olivier Véran.
F.H.
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