Articles sur la santé

Arnaud BASSEZ
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Message par Arnaud BASSEZ » dim. déc. 03, 2023 6:59 pm

Publié le 23/11/2023
Mystérieuse flambée de maladies respiratoires en Chine

Quatre ans après le début de l’épidémie de Covid-19, l’augmentation inexpliquée du nombre de cas de maladies pulmonaires en Chine ravive de mauvais souvenirs.

Une mystérieuse épidémie de maladies respiratoires en Chine, cela ne vous rappelle rien ? Près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19 dans la région de Wuhan, l’Empire du milieu semble de nouveau frappé par une augmentation soudaine des cas de maladies respiratoires, même s’il est encore sans doute trop tôt pour parler d’une épidémie.

L’alerte a été émise au niveau international ce mardi par le système de surveillance mondial des maladies infectieuses ProMed. L’agence parle d’une « épidémie de pneumonie en Chine » touchant particulièrement les enfants, d’hôpitaux pour enfants « saturés par de jeunes patients malades » notamment à Pékin et dans le nord du pays et d’écoles fermés par les autorités.

Des hôpitaux pédiatriques surchargées et des écoles fermées

Les informations sur cette possible épidémie sont pour le moment lacunaires. Les nombreuses photos circulant sur les réseaux sociaux confirment bien que certains hôpitaux seraient pris d’assaut et que les délais d’attentes aux urgences deviennent intenables. Les enfants sont visiblement les premiers touchés par cette épidémie.

Le gouvernement a bel et bien reconnu que le pays faisait face, depuis environ un mois, à une hausse des maladies respiratoires, mais l’a attribué à des pathogènes déjà connus, comme la Covid-19, la grippe, le VRS et surtout la bactérie Mycoplasma pneumoniae, actuellement le principal suspect pour expliquer la surcharge des hôpitaux.

Signe que l’affaire est prise très au sérieux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est publiquement inquiétée ce mercredi de la situation sanitaire en Chine et a officiellement demandé à Pékin « des informations détaillées sur l’augmentation des maladies respiratoires et des foyers de pneumonies signalés chez des enfants ». L’OMS a également recommandé aux autorités chinoises de prendre « des mesures visant à réduire le risque de maladie respiratoire », comme la distanciation physique, le port de masque, l’isolement des malades et le dépistage (nous rappelant ainsi de mauvais souvenirs). Pékin n’a pour le moment pas réagi à ces demandes.

L’effet de la dette immunitaire des Chinois ?

Selon certains épidémiologistes, cette recrudescence des cas de maladies respiratoires pourrait constituer le contre-coup de la politique zéro-Covid menée par la Chine durant la pandémie. Pékin avait en effet mené une politique sanitaire particulièrement drastique, basé sur la fermeture des frontières, des dépistages massifs et des confinements extrêmement stricts. Cette politique, que la Chine a abandonné en fin d’année dernière, aurait fait perdre aux Chinois une partie de leur défense immunitaire vis-à vis des virus hivernaux.

« La circulation des virus et des bactéries a été freinée, peut-être il y a un phénomène de rattrapage, ce qu’on a appelé la dette immunitaire, c’est une hypothèse » explique le Pr Bruno Lina, membre du Covars. « Il y a un réservoir important de jeunes qui n’avaient jamais été exposés depuis près de quatre ans à bon nombre de pathogènes hivernaux » abonde dans le même sens le Pr Antoine Flahaut, de l’université de Genève.

Les épidémiologistes rappellent d’ailleurs que lors de l’hiver 2022-2023 en France, le premier depuis la levée des restrictions sanitaires, les épidémies de grippe et de bronchiolite ont été particulièrement importantes.

Les épidémiologistes restent cependant sur le qui-vive et savent que les autorités chinoises ne sont pas connues pour leur grande transparence. Ainsi, en 2003, lors de l’épidémie de SRAS, Pékin avait d’abord fait croire à une épidémie d’infection à Mycoplasma pneumoniae avant de reconnaitre l’existence d’un nouveau coronavirus. La Chine a également toujours refusé qu’une enquête indépendante soit menée sur les origines du SARS-Cov-2 et a dissimulé la réalité de l’épidémie dans son pays.

Si officiellement la pandémie n’a causé la mort que de quelques dizaines de milliers de Chinois, le bilan réel pourrait être de milliers de fois plus élevé.

Quentin Haroche
jim.fr


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Publié le 27/11/2023
Covid-19 : fallait-il ou non confiner, l’éternel débat

Trois ans et demi après la première vague de la Covid-19 en Occident, scientifiques et politiques continuent de s’interroger sur le bien-fondé des mesures prises par nos gouvernements.

Depuis ce fameux discours historique du 16 mars 2020 dans lequel Emmanuel Macron annonçait la mise en place d’un confinement sans précédent de l’ensemble de la population et la mise à l’arrêt de tout le pays, le débat ne faiblit pas : confiner la population était-il une mesure nécessaire face au danger de la pandémie de Covid-19 ou bien la France et le monde ont-ils cédé à la panique en prenant des décisions disproportionnées ? Scientifiques et politiques débattent de cette question depuis trois ans et demi et même le recul de l’épidémie et la fin des mesures sanitaires n’ont pas totalement mis fin à la discussion.

D’un côté, les partisans du confinement mettent en avant la pression extrême que faisait peser l’augmentation du nombre des cas graves de Covid-19 sur les services de santé, qui se sont retrouvés au bord de la rupture à plusieurs reprises au cours de l’épidémie, notamment en avril 2020. De l’autre, les pourfendeurs des dispositions les plus contraignantes rappellent que certains pays comme la Suède ou le Japon, qui se sont refusés à prendre de telles mesures liberticides et se sont essentiellement appuyés sur des recommandations à la population, ont obtenu de meilleurs résultats en termes de mortalité que certains de leurs voisins.

Le confinement moins efficace que la persuasion et la crainte du virus ?
Signe que le débat est encore vivace parmi la communauté scientifique, une nouvelle étude publiée le 16 novembre dernier dans la revue Nature Human Behaviour tente de déterminer précisément quels ont été les effets sanitaires et économiques du confinement et quelle autre politique aurait pu être appliquée.

Dans cette étude, des statisticiens et épidémiologistes américains et européens ont élaboré un modèle, basé sur la situation épidémique de l’Etat de New York durant la première vague du Covid-19 au printemps 2020, au cours de laquelle environ 30 000 personnes sont mortes et les 20 millions d’habitants ont été soumis à un confinement strict avec fermeture des commerces non essentiels pendant deux mois.

Le modèle a ensuite été appliqué à une population imaginaire de 400 000 personnes, représentatives de la population new-yorkaise en termes d’âge et de niveaux socio-économiques. Les chercheurs ont lancé plusieurs simulations, en faisant varier le niveau des mesures restrictives mais également le niveau d’acceptation et de crainte du virus par la population.

Selon les signataires de l’étude, leur modèle prouve certes que le confinement et la fermeture de tous les commerces non-essentiels est efficace, puisqu’il réduit de 35 % la mortalité, mais démontrerait également qu’une politique plus libérale aurait été à la fois plus efficace et moins néfaste économiquement. Ainsi, si la population avait suffisamment craint le virus pour adapter d’elle-même son comportement sans restriction légale, hypothèse qui correspond plus ou moins à ce qui a pu se passer en Suède, la mortalité aurait baissé de 50 %. De plus, dans cette hypothèse, le chômage n’aurait augmenté que de 40 %, contre 64 % en cas de confinement strict.

En se basant sur leur modèle, ces chercheurs critiquent également le fait que les différents gouvernements occidentaux ont pu prendre des mesures tous azimuts, parfois très néfastes pour l’économie, sans se soucier de leur efficacité réelle. Les auteurs de l’étude notent ainsi que fermer des pans de l’économie dans lesquels les contacts avec le public sont limités, comme la construction, est à la fois presque sans effet sur le plan sanitaire et dévastateur pour l’emploi. L’étude insiste également sur l’importance de prendre les mesures sanitaires suffisamment tôt pour assurer leur efficacité : repousser le confinement de seulement deux semaines aurait augmenté la mortalité de 50 % tout en ne sauvant que 2 % des emplois.

Olivier Véran placé sous le statut de témoin assisté
Bien sûr, cette étude ne mettra fin pas au débat, qui risque d’intéresser les scientifiques et les historiens pendant de nombreuses années, tant le modèle mathématique utilisé est discutable. S’agissant de l’exemple suédois, rappelons que si le royaume, qui n’a jamais confiné sa population, a eu une mortalité (2,5 morts pour 1 000 habitants) plus faible que certains pays ayant confiné comme la France (2,6) ou l’Italie (3,2), elle a en revanche déploré bien plus de morts que ses voisins scandinaves comme le Danemark (1,5) ou la Norvège (1).

En France, les interrogations sur la manière dont le gouvernement a réagi face aux prémices de la pandémie de Covid-19 ont pris un tournant judiciaire. Une information judiciaire, conduite par la Cour de Justice de la République (CJR), a ainsi été ouverte en juillet 2020. L’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen en septembre 2021 pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention de combattre un sinistre, avant d’être finalement placée sous le statut plus favorable de témoin assisté en janvier dernier, tandis que l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe a été également placé sous le statut de témoin assisté en octobre 2022.

On a également appris ce vendredi qu’Olivier Véran, ministre de la Santé durant la majeure partie de la pandémie et actuellement porte-parole du gouvernement, avait également été placé sous le statut de témoin assisté par la justice en juin dernier.

Mais, ce n’est pas d’avoir pris des mesures de confinement peut être disproportionnées qui est reproché aux ministres, mais au contraire de n’avoir pas pris assez tôt des mesures nécessaires pour combattre l’épidémie...

Quentin Haroche

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Publié le 27/11/2023
Les médecins priés de moins prescrire …avant d’être augmentés

Les dernières négociations conventionnelles ont été consacrées aux moyens d’éviter les prescriptions inutiles.

Cette fois, les négociateurs sont entrés dans le vif du sujet. Après un premier tour de table consacré à présenter les vues de chacun, les négociations conventionnelles entre la CNAM et les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont véritablement commencé jeudi dernier. Si les syndicats auraient sans doute préféré évoquer immédiatement le grand sujet qui fâche, à savoir la revalorisation du tarif de la consultation, la CNAM a choisi comme premier volet de ces discussions conventionnelles un autre sujet épineux, celui de la qualité et de la pertinence des soins et plus précisément des moyens d’éviter les prescriptions inutiles et les actes redondants.

Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait en effet prévenu dans sa lettre de cadrage du 17 octobre dernier : si les médecins devraient bien bénéficier in fine d’une hausse du tarif de la consultation, cela sera un accord « donnant-donnant ». Les praticiens doivent ainsi s’engager à aider le gouvernement et la CNAM dans leur entreprise de baisse des dépenses de santé.


Un programme de rigueur budgétaire qui, ces derniers mois, s’est notamment concentré sur les moyens de baisser les dépenses de médicaments. Ces dernières ont en effet augmenté de 4 % entre 2021 et 2022 et 13 milliards d’euros de dépenses annuelles sont dus à des prescripteurs libéraux (8 milliards pour les généralistes et 5 pour les spécialistes).

Antibiotiques, IPP et Ozempic : les pistes d’économie de la CNAM
La CNAM est donc arrivée à la table des négociations avec quelques chiffres, pour montrer l’ampleur de la tâche et les marges de manœuvre possibles. S’agissant des antibiotiques, l’Assurance Maladie a rappelé aux syndicats que, malgré une baisse continue de la consommation depuis 2012, la France en était le cinquième plus gros consommateur et le deuxième concernant les enfants de moins de quatre ans. Les enfants français « consommeraient » ainsi chaque année cinq fois plus d’antibiotiques que les enfants néerlandais. Pour dégager des économies mais également éviter le développement de l’antibiorésistance, la CNAM a rappelé l’objectif qu’elle s’est fixé : diminuer de 25 % la consommation d’antibiotiques d’ici 2025.

La CNAM a également mis en lumière la prescription « de manière systématique ou pour des durées trop longues » des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). « Plus de 50 % des usages ne seraient pas justifiées » selon la caisse, qui indique que la prévalence de la consommation d’IPP chez les enfants de moins de deux ans a fortement augmenté depuis 2010, passant de 3,6 % des enfants sous IPP à 6,1 % désormais.

Dans le document de travail envoyé ce jeudi aux syndicats, la CNAM évoque également un type de mésusage en augmentation ces derniers mois, celui de l’Ozempic. Ce médicament à base de sémaglutide, un analogue du GLP-1, est officiellement réservé aux personnes souffrant de diabète, mais est de plus en plus détourné pour des patients souhaitant perdre du poids.

La CNAM dit avoir identifié plus de 2 700 médecins prescripteurs à l’origine de ces mésusages de l’Ozempic, qui sont non seulement dangereux pour les usagers (ce médicament présentant bien sûr des effets secondaires) mais également dommageables pour les patients diabétiques qui peuvent être confrontés à des ruptures de stock.

Des millions de personnes âgées en polymédication
Enfin, la CNAM a appelé les médecins à faire de la lutte contre la polymédication des personnes âgées l’une de leurs priorités. Les chiffres avancés par la CNAM sont inquiétants : 6,7 millions de patients âgés de 65 ans et plus sont polymédiqués (plus de 5 molécules différentes par jour) et 1,6 millions sont hyperpolymédiqués (plus de 10 molécules par jour). Un médecin traitant a en moyenne 45 % de sa patientèle âgée de plus de 65 ans en polymédication et 12 % en hyperpolymédication. Rappelons toutefois que si les sujets âgés sont polymédiqués c’est qu’ils sont bien souvent atteints de polypathologies…

D’autres pistes pour dégager des économies et rationaliser l’offre de soins ont été avancés par la CNAM lors de ces discussions comme la réduction des actes de biologie médicale pas toujours pertinents (dosage de vitamine D, vitesse de sédimentation, dosage de TSH…) ou le fait d’éviter d’avoir recours trop fréquemment à des hospitalisations. La CNAM estime ainsi que 265 000 hospitalisations de malades chroniques seraient évitables chaque année, des hospitalisations jugées inutiles qui concernent essentiellement les personnes âgées.

Au tour maintenant des syndicats d’être force de proposition sur la question de la pertinence des soins, afin de n’être que plus crédible au moment de demander des augmentations de rémunération.

Quentin Haroche

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Publié le 27/11/2023
Portable et fertilité masculine, en sait-on vraiment plus ?

L’infertilité est le lot d’un couple sur six environ dans le monde. Plus d’une fois sur deux, c’est l’homme qui est en cause, du fait d’une qualité insuffisante du sperme. Au cours des trois dernières décennies, il apparaît que cette dernière a décliné sans cause apparente clairement identifiée, les hypothèses allant bon train sans emporter pour autant la conviction.

Les causes potentielles de la baisse de fertilité au fil des décennies


L’environnement, l’hygiène de vie, le surpoids ou a fortiori l’obésité, le tabagisme, la consommation d’alcool, le stress psychologique sont tour à tour évoqués à la lueur d’études épidémiologiques de qualité médiocre. Les téléphones portables n’échappent pas à cette traque, du fait de l’émission d’ondes électromagnétiques de haute fréquence (800-2200 MHz) qui peuvent être absorbés par l’organisme.

Des études expérimentales menées chez le rat ou la souris suggèrent que ces ondes peuvent altérer la qualité du sperme et aboutir à des modifications histologiques des testicules, en sachant que les conditions réunies dans ces expériences sont très éloignées de l’exposition aux ondes électromagnétiques dans la vie quotidienne, notamment par le biais des téléphones portables.

La même remarque s’applique d’ailleurs aux expériences qui ont été réalisées sur le sperme humain in vitro, les altérations de ce dernier sous l’effet des ondes électromagnétiques laissant dubitatifs. Les études d’observation, pour leur part, sont à la fois rares, menées sur des effectifs restreints et entachées de résultats largement discordants, le biais de publication jouant à plein, tout autant que la multiplicité des facteurs de confusion potentiels.

Une étude d’observation suisse : près de 3 000 jeunes participants
Il convient donc de rapporter les résultats d’une étude d’observation (de plus), réalisée en Suisse, laquelle a le mérite de porter sur une cohorte conséquente, constituée de 2 886 sujets jeunes de sexe masculin, représentatifs de la population générale. Les participants ont répondu à un questionnaire en ligne dans lequel ils ont décrit leurs rapports détaillés avec leur téléphone mobile en termes qualitatifs et quantitatifs.

L’étude a débuté en 2005, avant la large diffusion des smartphones et la recherche d’associations entre l’exposition à la téléphonie mobile et la qualité du sperme a tenu compte de cette chronologie. Par ailleurs, des ajustements multiples ont été réalisés dans les analyses multivariées pour prendre en compte le plus possible de facteurs de confusion potentiels.

Les participants, âgés de 18 à 22 ans, ont été recrutés à l’occasion de la période de trois jours réalisée pour juger de leur aptitude au service militaire. Cette cohorte représente chaque année 97 % de la population suisse des jeunes hommes de cette tranche d’âge, les 3 % restants étant exclus de la période de sélection du fait d’un handicap ou d’une maladie chronique.

Quelle que soit la décision du conseil de révision, les sujets souhaitant participer à l’étude ont reçu une description détaillée de celle-ci, un formulaire de consentement et deux questionnaires. L’un les concernait directement, puisqu’il portait sur leur état de santé et leurs habitudes de vie. L’autre, destiné à leurs parents, concernait la période d’avant la conception.

Ce recrutement qui s’est effectué entre septembre 2005 et novembre 2018 a consisté en 106 924 prises de contact ; in fine seuls 5,3 % des sujets contactés ont renvoyé les documents ad hoc, mais l’analyse a finalement porté sur 2 886 participants (3,1 %) qui ont fourni tous les éléments notamment biologiques (incluant un spermogramme) pour atteindre les objectifs de l’étude. Le nombre d’heures passées sur le smartphone et la façon de l’utiliser ont été pris systématiquement pris en compte, tout autant que la qualité du sperme (volume, concentration et nombre total de spermatozoïdes, mobilité et morphologie de ces derniers).

Associations significatives sans preuve pour un lien de causalité
Une analyse des données par un modèle linéaire ajusté a révélé une association significative entre l’usage fréquent du téléphone (>20 fois par jour) et une concentration (par ml) plus faible en spermatozoïdes (β ajusté : -0,152 ; IC 95% : -0,316 à 0,011). Il en a été de même pour leur concentration totale dans l’éjaculat (β ajusté : -0,271; IC 95 % : -0,515 à -0,027).

Une analyse par régression logistique ajustée, pour sa part, a estimé que le risque d’être en-dessous des normes de fertilité masculine définies par l’OMS s’en trouvait majoré au plus de 30 %, si l’on se réfère à la concentration de spermatozoïdes par ml (21 % quant à la concentration totale). Cette association inverse s’est avérée plus marquée au cours de la première phase de l’étude (2005-2007), comparativement aux deux autres (2008-2011 et 2012-2018). Aucune association n’a en revanche impliqué la mobilité ou la morphologie des spermatozoïdes et le fait de porter le téléphone mobile dans la poche du pantalon n’a pas eu d’influence sur les résultats.

Cette étude porte certes sur une cohorte conséquente de près de 3 000 jeunes hommes. Elle n’en est pas moins rétrospective et sa méthodologie prête le flanc à la critique, même si elle fait mieux que les études précédentes. Ses résultats ne peuvent qu’alimenter les hypothèses, rien de plus. Seules des études de cohorte prospectives permettront de conclure et, en attendant, aucun lien de causalité ne peut être établi entre l’exposition aux ondes électromagnétiques haute fréquence des téléphones mobiles et le risque d’infertilité.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE
Rita Rahban R et coll. Association between self-reported mobile phone use and the semen quality of young men. Fertil Steril 2023 (1er novembre): publication avancée en ligne. doi: 10.1016/j.fertnstert.2023.09.009.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Message par Arnaud BASSEZ » lun. déc. 18, 2023 3:56 pm

Pour une fois évoquons ici la problématique des IBODE

MESURES TRANSITOIRES
Les IBODE en colère contre le projet de mesures transitoires sur 5 ans

Par
Audrey Parvais -
Publié le 13/12/2023
infirmiers.com


Le projet de décret cadrant le dispositif des mesures transitoires et leur extension aux 10 actes exclusifs IBODE le rendrait effectif pour une durée d'au moins 5 ans, et non pas applicable en une seule fois, comme prévu. Les représentants de la spécialité dénoncent un positionnement délétère pour les professionnels et les patients.

Pour les représentants des infirmiers de blocs opératoires (IBODE), c’est de nouveau la douche froide. À la sortie d’une réunion avec la Direction générale de l’offre de soin (DGOS) autour du dispositif des mesures transitoires*, lundi 11 décembre, le mécontentement était de mise. Et pour cause : « La DGOS entend lisser le dispositif sur 5 ans. Dans ce cas, on ne peut plus parler de dispositif transitoire, mais bien de dispositif dérogatoire ! », s’agace Magali Delhoste, présidente de l’Unaibode. En effet, la DGOS entend donner la possibilité aux infirmiers non-spécialisés exerçant en bloc d’intégrer le dispositif tous les ans pendant 5 ans, soit jusqu’en 2029.

De quoi inquiéter la profession alors qu’est déjà prévue l’extension de ces mesures transitoires aux 10 actes exclusifs IBODE, au lieu des trois déjà ciblés (aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration réalisés au cours d'opérations chirurgicales). Pour rappel, un décret cadrant le dispositif avait été mis en place en 2019 avant d'être dénoncé par l’Union des chirurgiens de France (UCDF) et la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui avaient saisi le Conseil d’État ; le texte méconnaissait selon eux un principe de sécurité juridique, les infirmiers non-spécialisés qui opéraient en blocs n’étant alors pas autorisés à le faire.

Une solution avancée contre la pénurie d'IBODE

Tel qu’envisagé par la DGOS, le nouveau texte prévoirait ainsi l’extension du dispositif à l’ensemble des actes exclusifs IBODE pour les infirmiers non-spécialisés, conditionnée par le suivi d’une formation de 28 heures. À noter que les infirmiers ayant déjà suivi la formation de 21 heures nécessaire aux 3 actes ciblés actuellement dans les mesures transitoires pourraient basculer directement sur les 10 actes. Pour justifier sa position, la DGOS s’appuie sur des projections démographiques IBODE à 5, 10 et 20 ans. « Selon ces données, d’ici 5 ans, on va rencontrer un pic où les IBODE et les infirmiers en mesures transitoires ne seront plus assez nombreux pour assurer la sécurité dans les blocs », explique Magali Delhoste. « Il n’y aura pas assez de sorties d’écoles IBODE » pour répondre aux besoins des établissements. D’où la nécessité pour la DGOS de ne pas circonscrire le dispositif à une seule salve, comme l’espéraient les représentants de la profession, mais plutôt « d’ouvrir les vannes » afin de combler les manques jusqu’à un retour à l’équilibre.

Mais pour Rachid Digoy, le président du Collectif Inter-Blocs, qui était présent à la réunion au titre de membre du Conseil national professionnel (CNP) IBODE, les perspectives de la DGOS sont en réalité faussées d'entrée de jeu : « Leur projection ne tient compte que des sorties d'écoles, soit 700 infirmiers formés par an. Or, il y aussi l'apprentissage et la validation des acquis de l'expérience (VAE) », qui représentent également des voies de formation à la spécialité.

Le retour à l'exclusivité IBODE pas prévu avant 2045

Le retour à l'exclusivité IBODE, lui, ne serait pas prévu avant 2045 - et uniquement à condition que les infirmiers qui auront bénéficié du dispositif acceptent de suivre la formation diplômante entretemps. Un vœu pieux pour Rachid Digoy. « L'autorisation donnée dans le cadre des mesures transitoires est valable à vie. Bien sûr que les infirmiers qui y auront eu recours n'iront pas se former en école ! », réagit-il. Le projet de la DGOS serait donc « un cadeau pour les établissements ! », s’indigne Magali Delhoste.« D'ailleurs, les fédérations d'employeurs elles-mêmes ont déclaré que ça allait leur faciliter la tâche. Les établissements n'auront pas à envoyer leurs infirmiers en formation », confirme Rachid Digoy. Dans un communiqué publié à la sortie de la réunion, l'Unaibode déplore une véritable impréparation de la DGOS qui, faute d’avoir « voulu former à temps des IBODE », est contrainte d’imaginer un dispositif qui met non seulement en danger la profession mais aussi les patients, qui seront confiés aux mains de « novices ».

Du flou et des contradictions

La décision est absurde, juge sa présidente. Et pour cause, les infirmiers qui souhaiteront s’inscrire dans le dispositif des mesures transitoires devront justifier d’un an d’exercice en bloc où ils auront réalisé des actes… qu’ils ne seront pas encore autorisés à pratiquer. Soit un demi-tour complet par rapport aux premières préoccupations du Conseil d’État. « C’est de la schizophrénie complète. Même nous, nous avons du mal à comprendre », s’agace-t-elle. Le positionnement de la DGOS est d’autant plus déconcertant que celle-ci tablerait sur une augmentation du nombre de places en formation IBODE dans les années à venir. Or, malgré sa récente réingénierie, celle-ci a du mal à attirer les candidats. 80% seulement des places en écoles d'IBODE seraient remplies, rappelle Rachid Digoy, avec une décélération de plus en plus perceptible du nombre de candidats. « Il va donc vraiment falloir faire un effort, trouver des moyens pour pousser les établissements à envoyer leurs infirmiers en formation IBODE », renchérit Magali Delhoste.

Il est évident que l’engagement à mettre fin au dispositif d’ici 5 ans doit faire partie du texte.

Car c’est là aussi l’une des interrogations de la profession : comment s’assurer que les établissements respecteront bien leur engagement ? En effet, le contrat d’engagement que l’ensemble des acteurs était appelé à signer en avril dernier, alors même que le nouveau décret n’était pas encore rédigé, ne spécifiait pas les moyens mis en œuvre pour contraindre les employeurs à remplir les exigences d’envoi en formation de leurs professionnels. « Ces sanctions, par exemple dans le cas d’un établissement qui présenterait un important quota d’infirmiers en mesures transitoires et qui n’en enverrait pas quelques-uns en formation, ne sont pas définies », pointe ainsi Magali Delhoste.
Un dispositif, oui, mais qui doit être cadré

Pour autant, elle a « envie d’y croire. » La DGOS a en effet demandé aux représentants de la spécialité d’écrire le texte qui cadrera le dispositif. De quoi donc leur permettre d’imposer certaines de leurs conditions, à commencer par une limitation stricte dans le temps de sa mise en application. « Selon la DGOS, à partir de 2029, les flux entrants et sortants des IBODE et des infirmiers non-spécialisés s’équilibreront, et les effectifs seront suffisants. Pour moi, il est évident que l’engagement à mettre fin au dispositif d’ici 5 ans doit faire partie du texte », insiste la présidente de l’Unaibode. Pourrait également s’envisager l’obligation d’inscrire un volet IBODE dans la certification des établissements (« nombre d’IBODE en exercice, d’infirmiers envoyés en formation ») afin de les encourager à mieux considérer ces professionnels et leurs compétences.

La seule condition viable, c'est qu'il y ait derrière chaque mesure transitoire une obligation de formation à la spécialité.

De son côté, Rachid Digoy relève que « La seule condition viable, c'est qu'il y ait derrière chaque mesure transitoire une obligation de formation à la spécialité. » Il défend notamment l'une des propositions du CIB, qui n'est pas convié aux discussions avec la DGOS, d'ouvrir aux infirmiers disposant de 5 à 15 ans d'expérience une formation de 3 ans en alternance. « Sur 10 ans, on a la possibilité de former assez de professionnels », affirme son président.

Mais les marges de manoeuvre pour les représentants semblent bien minces. « Au départ, il était prévu de ne plus pouvoir déposer de dossiers pour intégrer le dispositif à partir de 2019. Puis on a parlé de 2023-2024. Et maintenant, on repousse à 2030 », ironise le président du CIB, qui se dit peu optimiste pour les futures discussions. Alors que les réactions des IBODE, déjà majoritairement hostiles à l'extension aux 10 actes exclusifs, à l’annonce du projet de la DGOS sont teintées de colère et que certains appellent à ne pas participer à l’écriture du texte, Magali Delhoste se refuse toutefois à « jouer la politique de la chaise vide. Car sinon, les fédérations d’employeurs et la DGOS auront toute latitude pour y inscrire n’importe quoi. » Une nouvelle discussion entre les différents acteurs est en tout cas programmée pour janvier 2024.

*À laquelle étaient présents les représentants de la profession (Unaibode, Snibo, AAEIBO pour les enseignants en écoles IBODE, le CNP IBODE, AELIBO pour les étudiants), les fédérations d’employeurs et les organisations syndicales.

Hé oui... les IBODE paient 30 ans de passivité. J'ai le souvenir en 1999, lors des grèves IADE, où une IBODE m'avait dit qu'elles ne bougeraient pas, "parce qu'elles ne peuvent pas faire ça aux chirurgiens". Quand le syndrome de Stockholm est à l’œuvre à un tel niveau on ne peut pas faire grand chose pour raisonner l'otage.
D'ailleurs, il y a deux ou trois ans, lors de la concertation pour la pratique avancée, un responsable syndical IBODE avait contacté la SOFIA (et un autre syndicat IADE) afin de s'unir pour la défense des spécialisés. Étrangement, et le syndicat IADE et la SOFIA l'ont retoqué de la même façon, sans s'être concertés aucunement. A un moment on veut bien tout, mais seuls les IADE ont su descendre dans la rue, faire la bataille du rail et donner des leçons de diplomatie. Aucun des membres de la corporation des IBODE n'était présent au cours de nos nombreux mouvements majeurs IADE de 1990,1999, 2000, 2010.
Si nous avons l'exclusivité de compétences, c'est bien parce que nous avons eu aussi l'exclusivité des combats de rues et des grèves dures que n'ont pas su faire les IBODE à nos côtés.

Au fait, qui est l'artisan de ce protocole qui permet de mettre des IDE fraîchement sortis des IFSi au bloc opératoire, et leur permettre de pratiquer le même métier qu'une IBODE qui se sera fait ch... à passer le concours et à rester 24 mois sur les bancs de l'école IBODE....?
Les chirurgiens et leurs collèges bien entendu. Surtout les chirurgiens du privé qui s'entourent d'aide opératoire qui bien souvent ne sont pas IBODE, ont à peine eu la VAE, voire ne sont pas IDE mais aide-soignante voire rien du tout, car formées sur le tas, à l'étranger. Ces chirurgiens ne sont pas prêts à se faire aider par de vraies professionnelles qu'il faudra rémunérer en conséquence de leur diplôme et donc compétence.
Quand on voit qu'une IDE, qui fait la circulante, puis arrive à instrumenter pour ensuite prétendre à la VAE, et à être validée, on se prend à penser que les responsables sont également dans les membres du jury qui valident ces "professionnelles".
Que les victimes du Stockholm se retournent contre leurs ravisseurs. Ils leur auront tout pris. Leur diplôme, leur reconnaissance, leur compétence totalement dévoyées par ces mesures transitoires qui se prolongent.
Il est vrai qu'en France on a l'habitude du provisoire qui dure.

On se souvient des mesures transitoires pour les faisant fonction IADE. Elles ont été abolies en 1994. J'ai connu une IDE qui faisait ça en clinique depuis quelques années, avant de se retrouver obligée de se reconvertir en circulante dans le CHU où j'exerçais. En évoquant la pharmacocinétique d'une molécule d’anesthésie, je me suis aperçu qu'elle n'y connaissait rien. Qu'elle n'avait de la fonction IADE qu'une vision réduite à la gestuelle, mais sans aucun support théorique. Elle a passé le concours IADE 2 fois. Et l'a raté à chaque fois...avant de se rendre compte qu'il avait un gap entre ce qu'elle supposait savoir et ce qu'on lui demandait de comprendre. Comme quoi, l'école est importante. On ne passe pas 24 mois sans rien y apprendre.

NB : L'article issu du site infirmiers.com est dans la rubrique IPA-spécialités...
Comme il parait qu'il ne peut y avoir de mélanges entre IPA et spécialisés d'après la DGOS, on s'étonne...
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. déc. 29, 2023 12:17 pm

Publié le 27/12/2023
Ordonnance numérique : voilà ce qui attend médecins et patients en 2024

Le gouvernement envisage un passage vers la prescription électronique de ville avant la fin de l’année 2024.

Le gouvernement a fait paraître le 20 décembre, au Journal officiel, un décret portant sur les conditions de mise en œuvre et d’entrée en vigueur de la prescription électronique.

La Cnam, chef de file du chantier de l’ordonnance numérique

Il reviendra à la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) d’assurer la « conception et la mise en œuvre des traitements de données nécessaires à la dématérialisation des prescriptions ». Plus précisément, c’est la Cnam qui développera et mettra à disposition des professionnels les services leur permettant de transmettre de manière dématérialisée les prescriptions.

C’est également la Cnam qui assurera la conservation des données nécessaires à la dématérialisation des prescriptions. Le décret précise d’ailleurs que ces dernières seront conservées pendant une durée de 5 ans à compter de la rédaction de la prescription. De même, la Caisse sera chargée de transmettre aux organismes d’assurance maladie les données nécessaires à la prise en charge des frais de santé.

Enfin, c’est aussi la Caisse nationale de l’assurance maladie qui aura la responsabilité d’approuver les logiciels informatiques utilisés pour réaliser les prescriptions électroniques. Chaque solution devra effectivement faire l’objet d’un agrément délivré par la Cnam, « au vu de spécifications techniques arrêtées par son directeur général, afin de garantir leur capacité à fonctionner en interface avec ces mêmes téléservices », dispose le décret.

Malgré les différences qui pourront donc exister en fonction des différents logiciels utilisés, le décret précise néanmoins que les prescriptions numériques comporteront toutes un « dispositif d’identification permettant aux professionnels appelés à exécuter la prescription d’accéder à la prescription électronique », c’est-à-dire un code QR.

Les patients pourront abandonner totalement l’ordonnance papier

Du côté des patients, le texte législatif prévoit également un certain nombre de droits les concernant. Tout d’abord, ils pourront s’opposer à la consultation, par le prescripteur, des données d’exécution de la prescription électronique. Cette opposition pourra être formulée soit lors de l’établissement de la prescription et auprès du prescripteur, soit ultérieurement, à tout moment, auprès de l’organisme d’assurance maladie obligatoire. L’opposition en question sera inscrite dans les services électroniques et sera mentionnée, par la suite, sur l’exemplaire de l’ordonnance remis au patient.

En parallèle, les professionnels devront tout de même impérativement remettre une ordonnance papier à tous leurs patients - sauf s’ils en font la demande contraire expresse. En effet, les patients pourront choisir de garder exclusivement leurs ordonnances au format numérique.

Par ailleurs, le texte précise que les professionnels participant à la prise en charge d’un même patient pourront rechercher au moyen des services électroniques utilisés les « informations relatives aux prescriptions concernant ce patient et à l’exécution de celles-ci qui sont strictement nécessaires à la coordination ou à la continuité des soins, à la prévention ou à son suivi médico-social et social ». Une façon plus facile d’accéder à l’historique des prescriptions d’un patient, en somme.

L’anonymat possible pour les IVG et plusieurs exceptions à la règle déjà prévues

Le décret prévoit aussi quelques cas spécifiques et des exceptions.

Pour les IVG, les patientes pourront demander à ce que la prescription électronique soit couverte par l’anonymat. De la sorte, seuls le prescripteur et le professionnel qui exécute la prescription pourront accéder aux informations qui s’y réfèrent.

Enfin, les professionnels ne seront pas tenus de procéder à la dématérialisation des ordonnances dans un certain nombre de cas, par exemple en cas de connexion internet insuffisante, d’indisponibilité des services électroniques utilisés ou encore pour une « prescription occasionnelle pour soi-même ou pour son entourage ».

À noter que le gouvernement envisage la dématérialisation de toutes les prescriptions de ville d’ici à la fin de l’année prochaine.

Raphaël Lichten

Source : jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. déc. 29, 2023 12:24 pm

Publié le 08/12/2023
Adaptation du métabolisme musculaire en réponse à l’exercice : état des connaissances

Examiner le métabolisme du muscle squelettique à travers le prisme de la biologie de l’exercice s’est avéré une stratégie accessible pour acquérir de nouvelles connaissances sur la régulation métabolique locale et systémique. Des développements méthodologiques récents ont fait progresser la compréhension du rôle central du muscle squelettique dans les nombreux bienfaits pour la santé associés à l'exercice et ont permis de découvrir les fondements moléculaires qui déterminent les réponses adaptatives aux programmes d'entraînement. Dans cette revue, les auteurs proposent une vision contemporaine de la flexibilité métabolique et de la plasticité fonctionnelle du muscle squelettique en réponse à l'exercice.

Le muscle squelettique au cœur de l’impact de l’activité physique sur la santé

Le muscle squelettique est le principal site de stockage des nutriments, de consommation d’énergie et de la locomotion. L’activité physique (AP) sensibilise le muscle squelettique aux nutriments et aux hormones. Une seule séance d’exercice augmente le transport musculaire des acides aminés et du glucose. Au contraire, les périodes d’inactivité réduisent la sensibilité à l’insuline et les capacités oxydatives musculaires, entrainant une modification métabolique systémique et un risque accru de maladie cardiométabolique. On distingue différents types d’exercice.

L'exercice en résistance (ER) implique des répétitions dynamiques de contractions contre une charge externe, concentrique (raccourcissement musculaire) et excentrique (allongement). Ces exercices sont efficaces pour augmenter la masse et la force des muscles squelettiques. Le volume total, la fréquence et l’intensité de l’exercice ont un impact sur l’adaptation et la performance musculaires. Pour les ER, le volume est le souvent indiqué comme le nombre de fois (ou « séries ») où un groupe musculaire particulier est entraîné par semaine.


Les approches utilisées pour standardiser les exercices selon l’impact cardiorespiratoire incluent l'attribution de l'intensité en fonction de pourcentages de la puissance maximale (Wmax), la vitesse (Vmax), la fréquence cardiaque (FCmax) ou de la VO2max (consommation maximale d’oxygène). La VO2max est le volume maximum d'oxygène (ml/kg/min) qui peut être inspiré et utilisé pendant un exercice, de telle sorte que la VO2 se stabilise malgré des charges de travail croissantes.

-L'exercice d'endurance (EE, aérobie) est défini comme une période continue d’AP effectuée à des intensités faibles (<50 %), modérées (50-79 %) ou élevées (>80 %) de la VO2max.

-Les exercices de haute intensité cardiorespiratoire sont divisés en exercices fractionnés de haute intensité (HIE) et en exercices fractionnés de sprint (SIE), efforts de haute intensité entrecoupés de périodes de récupération active de faible intensité. Les HIE sont effectués à 80 % de la VO2max, alors que les SIE sont supramaximaux ou « à fond ». En comparaison avec les EE, l’entraînement HIE serait plus ou aussi efficace et nécessiterait moins de volume d'entraînement. Ces exercices HIE et SIE améliorent également l’endothélium alors que des intensités modérées favorisent le contrôle glycémique à long terme (diminution du taux d'hémoglobine glyquée A1c).

La pratique des 2 modalités d’exercices (EE et ER) au sein d’un même programme réduirait le risque de mortalité de manière plus efficace.
Macrostructure et ultrastructure

Le corps humain contient plus de 600 muscles squelettiques composés principalement de longues cellules contractiles appelées fibres musculaires. Les fibres musculaires sont classées en fonction de leur profil métabolique (profil enzymatique oxydatif ou glycolytique), de l'activité ATPase et de l'abondance des isoformes de chaines lourdes de myosine (MyHC) qui sont les protéines motrices des filaments épais de myofibrille caractéristiques du type de fibre. Les muscles du tronc et des membres comprennent trois principaux types de fibres ayant des propriétés contractiles différentes : (i) type I à contraction lente (MyHC à oxydation lente, codée par MYH7), (ii) type IIA à contraction rapide (MyHC oxydatif-glycolytique intermédiaire, codée par MYH2), (iii) type IIX à contraction rapide (MyHC rapide-glycolytique, codée par MYH1).

Le fonctionnement des fibres dépend de l’innervation d’une unité motrice et de la synchronisation transcriptionnelle des noyaux des cellules musculaires. Le remodelage myonucléaire induit par l'entraînement physique pourrait avoir des implications importantes pour l'adaptation et l'intégrité des muscles tout au long de la vie.

Le sarcomère est l’unité contractile de base du muscle squelettique et l’assemblage en série de sarcomères forme des myofibrilles (matrice myofibrillaire), réseaux ramifiés qui pourraient agir en tandem avec le cytosquelette en facilitant la transmission de la force latéralement et longitudinalement.

Les mitochondries sont distribuées le long des fibres musculaires à des emplacements adaptés aux besoins locaux en énergie. Elles se trouvent souvent près des sarcomères pour fournir de l'ATP là où il est le plus nécessaire pendant la contraction musculaire. Une contraction musculaire prolongée nécessite un apport continu d’ATP, principalement dérivé de la phosphorylation oxydative mitochondriale pendant un exercice sous-maximal ou plus prolongé à haute intensité. Environ 2 à 10 % du volume de la fibre musculaire contient des sous-populations distinctes de mitochondries : sous-sarcolemmiques (ou périphériques) et intermyofibrillaires, différant par leur structure, leur fonction et leur localisation.

Le réseau entre les sarcomères et les mitochondries est essentiel afin que les fibres musculaires reçoivent suffisamment d'ATP pour fonctionner de manière optimale.

Réponse métabolique des muscles squelettiques pendant l’exercice

La thermogenèse basale du muscle est inférieure à la plupart des autres organes car la myosine est maintenue en état relâché, état caractérisé par une cinétique lente de l’ATP. Une contraction musculaire entraine un changement rapide de la conformation de la myosine de l’état relâché à actif, et la consommation d’ATP musculaire augmente spectaculairement pendant un exercice bref. L’ATP libre dans le muscle ne permet que de soutenir un exercice maximal < 2 secondes ; afin que l’activité contractile se prolonge il faut une resynthèse d’ATP à partir d’une combinaison d’énergie des réserves intramusculaire et des substrats circulants, comme le glucose et les acides gras non estérifiés (NEFAs).

L'utilisation des substrats musculaires dépend de l'intensité de l'exercice. Ainsi à des intensités d’exercice faible à modérée, il y a une contribution relative plus importante de l’oxydation des NEFAs à la dépense énergétique avec un changement progressif et nécessaire vers une utilisation préférentielle des glucides pendant l’exercice à des niveaux plus élevés d’intensité.

Les fibres musculaires font partie d’une unité motrice fonctionnelle comprenant un motoneurone alpha et les fibres musculaires innervées par son axone. La force générée par un muscle dépend à la fois du nombre d’unités de motrices activés - et donc de fibres - et de la fréquence des potentiels d'action. La stimulation motrice recrute les petites unités en premier, suivies par de plus grandes unités à mesure que la contraction s’intensifie. Par conséquent, la puissance obtenue au cours de l’AP progressive repose sur la stimulation d’un plus grand nombre d’unité motrices, une plus grande proportion du pool de motoneurones, et le recrutement de plus de fibres de type II.

La consommation d’ATP par unité de temps est 2,5 à 4 fois plus élevée dans les fibres de type II que dans celles de type I. Le taux maximal de resynthèse d’ATP est plus rapide par la voie anaérobie par rapport à la voie aérobie selon l’ordre suivant : synthèse du phosphagène anaérobie (dont l’adénylatekinase et la creatine kinase) et la voie de glycolyse anaérobie, suivi par l’oxydation des glucides (glycolyse aérobie) et enfin l’oxydation des NEFAs. Les fibres de type I sont plus riches en peroxysomes, mitochondries et lipides intramyocellulaires en rapport avec le renouvellement plus lent de l’ATP. Les fibres de type II sont enrichies en créatine phosphate (CrP) et dépôts de glycogène et contiennent des niveaux plus élevés d’adénylatekinase et de composants de la glycogénolyse et de la glycolyse.

-Inertie métabolique au début de l'exercice : au début d'une AP d'intensité modérée à élevée, la régulation supplémentaire de l'apport ATP par la phosphorylation oxydative mitochondriale (OXPHOS) est retardée et il y a une plus grande contribution énergétique du système anaérobie dans les premières 30 à 60 secondes malgré un flux sanguin suffisant et des niveaux d'oxygène intramusculaire adéquats pour permettre une respiration mitochondriale maximale.

-Métabolisme de l’exercice oxygène-indépendant (anaérobie) : au cours des efforts maximaux de courte durée, la demande accélérée d’ATP musculaire est principalement liée au métabolisme anaérobie, grâce à une stimulation rapide des systèmes d’énergie phosphagénique et glycolytique. La CrP est le principal substrat de l'ATP du système énergétique phosphagène par le biais d'une réaction réversible catalysée par la créatine kinase sarcoplasmique (CKM) et permet de fournir des quantités équimolaires de phosphate à haute énergie aux ATPases en quelques millisecondes.

-Métabolisme de l’exercice oxygène-dépendant (aérobie) : contrairement au sprint maximal < 30 secondes, un exercice à haute intensité de durée >3 min tire plus de 70 % de l’énergie de l’OXPHOS mitochondriale, avec un métabolome musculaire post-exercice enrichi pour les voies utilisant le pyruvate, les NEFAs à longue chaîne et les acides aminés tels que l'alanine, l'arginine et le glutamate.

-Absorption du glucose et oxydation des glucides : lorsque la charge de travail et la durée d'un exercice d'intensité modérée augmentent, la contribution de la glycémie à l'utilisation totale des glucides augmente, bien que l'apport énergétique provenant du glycogène intramusculaire reste toujours plus élevé. L'absorption musculaire du glucose atteint environ 15 fois les niveaux au repos à la fin d'un exercice n’entrainant pas de fatigue (50 % VO2max) et environ 50 fois les niveaux au repos à la fin d'un EE en intensité élevée (100 % VO2max). Cette augmentation du taux d'extraction de la glycémie est possible par une plus grande production hépatique de glucose, une augmentation du flux sanguin et une meilleure perfusion des capillaires musculaires. À mesure que l’exercice s’intensifie, ces réponses circulatoires et microvasculaires maintiennent des concentrations plasmatiques-interstitielles constantes et augmentent la zone disponible pour l’échange de nutriments.

-Métabolisme des lipides musculaires : le métabolome du plasma post-exercice est différent selon les modalités d’exercice. Une période aiguë d’EE ou d’ER régule différemment les sous-groupes de métabolites sur une période de 3 heures après l'exercice, malgré une tendance similaire pour la récupération du métabolome au fil du temps. Après un ER le métabolome est enrichi en aminoacide, nucléotide et glucide (lactate et pyruvate) alors qu’après un EE le métabolome est enrichi en dérivés lipidiques (diverses acyl-carnitines, corps cétonique et ß-hydroxybutyrate). La disponibilité des NEFAs en circulation est augmentée lors de périodes plus longues d'AP d'intensité faible à modérée en raison d'une plus grande libération du tissu adipeux et d’une meilleure affinité des acides gras riches en triacylglycérol lipoprotéines pour l'hydrolyse par les lipoprotéines lipases ancrées à la surface endothéliale des capillaires interstitiels.

-Facteurs produits par le muscle squelettique pendant l'exercice : l'amélioration du flux sanguin pendant l'exercice améliore non seulement l'apport de nutriments et d'hormones au muscle, mais facilite également la libération et le transport de molécules sécrétées par le muscle (myokines induites par l’exercice, exerkines dérivées des muscles). Ces molécules sont impliquées dans l'adaptation locale et systémique à l'exercice. L'interleukine 6 (IL-6) est un exemple de facteur sécrété par les muscles stimulés par l'exercice.
Adaptation à l'exercice : transcriptome, protéome et propriétés contractiles

Les modifications induites par l'exercice sur les molécules circulantes et les molécules du milieu intramusculaire initient l’activation de cascades de signalisation. Ces stimuli convergent pour réguler la transcription et l’expression de gènes qui conduisent à l'adaptation musculaire. L'EE et l'ER sont souvent considérés comme entraînant respectivement des adaptations musculaires oxydatives et hypertrophiques.

Les exercices de sprint et les ER entraînent des réponses au stress plus fortes et ont un impact plus important sur le phosphoprotéome musculaire que les EE, bien qu'il existe une similitude dans la signature immédiatement après l'exercice. Comme pour le phosphoprotéome, un seul ER entraine plus de modification post-traductionnelle et de l'accessibilité de l'ADN qu'un EE d'intensité modérée.

En période post-exercice des processus communs entre ces modalités d'exercice peuvent entraîner un enrichissement partagé des cascades de signalisation et des réseaux transcriptionnels.

Au niveau transcriptomique, les voies liées au remodelage de la matrice extracellulaire (ECM), à l’angiogenèse et au cycle de l'acide tricarboxylique (cycle TCA ou cycle de Krebs) sont enrichies dans le muscle après l’entraînement. Après un entraînement plus long, la différence entre l'EE et l'ER au niveau transcriptomique est amplifiée.

L’EE augmente l'expression des complexes de la chaîne de transport d'électrons, le contenu mitochondrial et la capacité oxydative du muscle. À l'inverse, l'ER augmente davantage les voies liées à la croissance, l'abondance des ribosomes et la masse musculaire. Ainsi l’ER a des effets importants sur la réorganisation ECM et les voies liées à la croissance, l’EE a un impact favorable sur les processus métaboliques oxydatifs et l’expression génique des sous-unités complexes mitochondriales. Le volume total d’EE au cours d'un d'entraînement pourrait être le stimulus le plus fort pour la biogenèse mitochondriale dans le muscle.

Les améliorations de la respiration musculaire induites par l'entraînement coïncident souvent avec l'expansion et la modification du protéome mitochondrial dans les fibres de type I et II.

En fonction des prédispositions individuelles, l'entraînement spécifique d'une certaine modalité d'exercice pourrait amplifier des différences dans la réponse d’adaptations musculaires et le développement de phénotypes spécifiques au fil du temps.

Mêmes si certaines études montrent que l’entraînement simultané en endurance et en résistance pourrait entraver les gains de force explosive, pour la plupart des individus un entrainement d'exercices combinés présente un double avantage.


Impact sur la performance des adaptations musculaires induites par l'exercice

L’adaptation du muscle aux exercices contribue à augmenter ses performances mesurées par la VO2max, la puissance maximum, la puissance balistique et la force musculaire.

L’entraînement en endurance améliore l’oxydation des NEFAs. Cela permet une épargne de glycogène et un effet tampon des métabolites (par ex, élimination du lactate) et rend le muscle plus résistant aux perturbations de l’homéostasie métabolique, retarde les mécanismes de fatigue périphérique et centrale, améliore la tolérance et la capacité à l'exercice à des pourcentages plus élevés de VO2 max et la vitesse maximale de course ou distance parcourue.

L'entraînement par intervalles de haute intensité et l'EE induisent tous deux un certain degré d'hypertrophie musculaire, mais les gains de masse musculaire et de force sont moins prononcés que ceux observés avec des ER de longue durée. Une période de pré-conditionnement en endurance pourrait potentialiser l'effet hypertrophique de l'ER. De même, un ER à haute intensité peut réduire le coût métabolique de la course.

La macrostructure et l'ultrastructure complexes du muscle squelettique permettent un degré élevé d’adaptabilité métabolique pendant l'exercice.

Une étude plus approfondie de la régulation et de l'interaction des composants cellulaires clés, tels que les réseaux myofibrillaires et mitochondriaux, devrait permettre une compréhension plus complète de l’adaptation musculaire. Les connaissances actuelles sur l’adaptation à l’exercice sont principalement orientées vers des régulateurs tels que AMPK, PGC1 et mTORC1.

De nouvelles technologies devraient améliorer la connaissance du contrôle spatio-temporel de l’expression, de la traduction et du métabolisme des gènes dans des populations de cellules musculaires et permettre de comprendre l’association d'événements cellulaires spécifiques et leur impact phénotypique.

A ce jour la connaissance de ces différentes adaptations à l’exercice souligne l'importance d'incorporer diverses modalités d'exercice dans une routine durable pour obtenir des performances maximales et des effets bénéfiques sur la santé.

Dr Marie-Martine Lefèvre-Colau
Référence
Smith JAB, Murach KA, Dyar KA, Zierath JR. Exercise metabolism and adaptation in skeletal muscle. Nat Rev Mol Cell Biol. 2023 Sep;24(9):607-632. doi: 10.1038/s41580-023-00606-x.

Source : jim.fr
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. janv. 13, 2024 6:38 pm

Le nombre de salariés démissionnaire est en hausse dans les cliniques et Ehpad : +22% vs leur niveau d’avant-crise dans les Ehpad privés, +15% pour les hôpitaux et +18% dans le secteur privé dans son ensemble (Dares)

Bientôt sur vos écrans...

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » sam. janv. 20, 2024 12:55 pm

Sciences infirmières : « Pour effectuer de l’enseignement et de la recherche, il faut être au cœur de la pratique infirmière »
15 janvier 2024
Laure Martin
actusoins


Officiellement créé en septembre 2023, le Collège français des enseignants-chercheurs universitaires en sciences infirmières (CoFECSI) entend prendre part aux différentes réformes en cours concernant la formation et le métier d’infirmier. Le point avec le Pr Sébastien Colson, son président.

Sébastien Colson, Professeur des universités en sciences infirmières, président du CoFECSI
Dans quel contexte le CoFECSI a-t-il été créé ?

La création du CoFECSI est liée à celle de la section Sciences infirmières au sein du Conseil national des universités (CNU 92) en 2019.

Cette officialisation de l’existence de la discipline a permis de créer une nouvelle carrière, celle de l’enseignant-chercheur universitaire en sciences infirmières. Pour autant, nous sommes encore peu nombreux, environ une douzaine d’enseignants-chercheurs en sciences infirmières statutaires en France, répartis au sein de diverses universités du territoire.

Et nous ne sommes que quatre à être titulaires d’une Habilitation à diriger les recherches (HDR). Etant donné que les postes s’ouvrent progressivement dans les universités, nous avons souhaité créer le CoFECSI pour nous regrouper, nous soutenir, partager nos expériences afin qu’elles nous servent aux uns et aux autres.

Nous réfléchissons ainsi à une structuration d’entraide entre universités. Nous entendons aussi répondre aux demandes des personnes souhaitant embrasser une carrière universitaire sans nécessairement connaître les démarches, pour les renseigner, de vive voix et par l’intermédiaire de nos systèmes de communication (réseaux sociaux, site internet en construction…).
Vous entendez également porter la voix du CoFECSI dans le cadre des travaux sur la refonte de la formation et des compétences métiers…

C’est en effet l’un de nos objectifs prioritaires. Nous voudrions porter la voix universitaire dans toutes les réflexions menées sur l’évolution de la profession. Les instances parlent de l’universitarisation des professions paramédicales, mais oublient souvent d’interroger les universitaires. Cela conduit au vote de textes parfois difficiles à mettre en œuvre sur le terrain, justement parce qu’ils ne s’appuient pas suffisamment sur les acteurs des terrains universitaires. Aujourd’hui, les différents membres du CoFECSI sont sollicités dans ces différents travaux en raison de leurs engagements au sein d’autres instances.

Nous sommes également en train d’effectuer les démarches nécessaires pour intégrer les différents Conseils nationaux professionnels (CNP) infirmiers, infirmiers spécialisés et infirmier en pratique avancée, afin de participer aux discussions portant sur le volet professionnel du métier. Souvent, les universitaires ne sont sollicités que sur l’axe formation. Or, en tant qu’enseignant-chercheur, nous sommes aussi sur le terrain, nous avons des liens avec la clinique. Il ressort d’ailleurs des 18e assises nationales hospitalo-universitaires, qui se sont déroulées mi-décembre à Versailles, que nos postes pourraient évoluer vers une bi-appartenance.

Actuellement, contrairement aux médecins qui disposent d’un statut spécifique, les infirmiers ne peuvent pas être rattachés à la fonction publique hospitalière et à la fonction publique d’État. Cette réalité pourrait être amenée à changer. Cependant, la volonté du CoFECSI serait de permettre aux enseignants-chercheurs en sciences infirmières d’exercer la profession infirmière, pas forcément qu’à l’hôpital.

Nous souhaitons pouvoir le faire dans tous les secteurs d’exercice infirmier. Nous ne voulons pas nous fermer la porte à la création d’un nouveau fonctionnement innovant, car il est important, pour effectuer de l’enseignement et de la recherche, d’être au cœur de la pratique infirmière.
Quelles sont les conditions d’adhésion au CoFECSI ?

Seuls les professeurs d’université et les maîtres de conférences en sciences infirmières peuvent adhérer au Collège. Nous autorisons également certains contractuels en CDI ou CDD tels que les enseignants associés, les attachés temporaires d’enseignement et de recherche, les contractuels LRU à en être membres. Nous étions 16 membres individuels fondateurs lors de l’assemblée générale constitutive.

Propos recueillis par Laure Martin
Nous sommes également en train d’effectuer les démarches nécessaires pour intégrer les différents Conseils nationaux professionnels (CNP) infirmiers, infirmiers spécialisés et infirmier en pratique avancée, afin de participer aux discussions portant sur le volet professionnel du métier.
J'attends...
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » ven. janv. 26, 2024 7:37 pm

Publié le 25/01/2024
L’art et les manières de réanimer un nouveau-né à cordon intact lors d’une césarienne

Le clampage retardé du cordon est une pratique bénéfique mais qui est plus complexe à mettre en œuvre en cas de césarienne. Cette revue de portée sur la stabilisation /réanimation à cordon intact en cas de césarienne est riche d’enseignements.

Retarder le clampage du cordon apporte des bénéfices au nouveau-né à terme ou prématuré. Les directives du Conseil Européen de Réanimation le recommandent depuis 2021. Une récente méta-analyse parue dans le Lancet a montré une réduction de moitié de la mortalité du nouveau-né (NN) prématuré, quand le délai de clampage du cordon est au moins de 2 minutes.

Cependant, éviter le refroidissement du NN pendant ce délai reste un challenge, surtout en salle de césarienne où s’ajoutent d’autres défis : collaboration entre équipe néonatale et obstétricale et avec les parents, respect de l’intégrité stérile du champ opératoire et plus largement, des règles d’asepsie du bloc opératoire ; disposer d’une table de réanimation néonatale mobile près de la mère, du matériel de ventilation en pression positive avec apport d’O2, de matériel de monitorage ; disposer d’une guidance clinique et de soignants formés et entrainés à ce type de prise en charge.

Devant un taux mondial de césariennes qui a presque doublé entre 2000 et 2015 (29,7 millions/an), il est nécessaire d’envisager les modalités de la stabilisation/réanimation à cordon intact car 10 % des NN doivent être aidés pour s’adapter à la vie extra-utérine et environ 1 % nécessitent d’être réanimés.
Une revue de portée des pratiques de stabilisation et de réanimation à cordon intact lors d’une naissance par césarienne

Une recherche systématique a permis d’identifier 18 études de bonne qualité, publiées entre 2014 et 2023, provenant de 10 pays, dont 7 essais randomisés contrôlés, 1 étude d’amélioration de la qualité des soins, 7 études observationnelles et 3 rapports de cas. Ces publications couvraient 1089 césariennes au total : 3 études ont uniquement inclus des NN nés par césarienne, 15 autres incluaient également des NN nés par voie basse, seules les naissances par césarienne ont alors été retenues. 8 études sur 18 ont inclus des nouveau-nés ≤31 SA+6 (207 nn), 7 études des nouveau-nés > 32SA (112 nn) et 3 études des nouveau-nés entre 23 et 41 SA (76 nn).

Au total, 395 /823 bébés d’un poids de naissance (PN), compris entre 470 et 4080 g, ont bénéficié d’une stabilisation ou réanimation à cordon intact (16 études reportant le PN).

Différents supports ont été utilisées : dans 5 études, 164 NN ont été stabilisés ou réanimés sur des tables mobiles LifeStart (Inspiration Healthcare), tandis que 134 NN ont été placés sur des supports de tissus (7 études, dont 6 décrivent comment cela été fait sur les cuisses de la mère) ; 5 études ont rapporté utiliser des tables mobiles réalisées par l’équipe (n = 88 NN). La table Concord Neonatal BV a été utilisée pour 9 bébés dans une seule étude. Dans 11 études utilisant une table mobile, elle était positionnée le long de la table d’intervention dans 8 études et pour 2 sous la mère.

Concernant la stérilité, 14 études décrivent la plateforme de réanimation comme couverte de champs stériles. Dans 3 études le matériel d’équipement est décrit comme propre mais non stérile et 2 études seulement mentionnaient le matériel de réanimation, incluant masque et ECG comme stériles.

Dans 10 études ni oxymètre de pouls ni monitorage cardiaque n’ont été utilisés ; une étude a établi la difficulté au monitorage cardiaque pendant la stabilisation/réanimation à cordon intact. Dans l’essai randomisé VentFirst, le rythme cardiaque a été évalué à 1 minute par palpation du cordon. La thermoprotection du NN a été le plus souvent assuré grâce à un matelas ou des linges réchauffés (12 études) et/ou un sac en polyéthylène (7 études) ; 4 études ne décrivent ni le matériel ni les procédures de thermoprotection du NN. Dans toutes les études, la température néonatale est monitorée et 6 études comparent le maintien de la température entre cordon intact et section précoce du cordon sans mettre en évidence de différence.

Le délai de clampage du cordon varie largement, entre 50 à 540 secondes avec une médiane à 2 minutes et 8 sec, les NN les plus prématurés (≤31 SA+6) recevant le clampage le plus précoce.

Les raisons les plus fréquentes pour dévier du protocole à cordon intact sont un cordon ombilical court (8 %), une délivrance placentaire précoce (7 %). Moins fréquemment sont invoquées l’hémorragie maternelle, l’indisponibilité des soignants ou du matériel, les inquiétudes concernant la santé maternelle (2 % chaque).

Utiliser un couchage simple sur des linges plutôt qu’une table mobile pour la réanimation permet plus souvent de respecter les soins à cordon intact. Les pertes sanguines maternelles sont reportées dans 5 études /18, sans différence significative entre les deux méthodes de clampage. Enfin, 4 études administrent des utérotoniques après clampage du cordon et aucune ne rapporte les taux de complications ou d’infections maternelles dans les suites opératoires.

Des enseignements pour une pratique qui tend à se généraliser

Les études s’accordent pour mentionner l’importance d’avoir une surface ferme et stable pour procéder à la réanimation du NN dans de bonnes conditions d’aseptie et de protection thermique avec 3 solutions principales : placer sur la mère un matelas ou des linges chauds, ou positionner le NN sur une table mobile chauffante, couvert avec un sac de polyéthylène.

Concernant les NN à terme, le sécher et le placer sur une surface chaude paraît suffisant pour assurer sa normothermie. Lors de l’arrivée en néonatalogie, l’absence de différence de leur température entre les bébés stabilisés/réanimés en clampage précoce ou à cordon intact pourrait s’expliquer par le fait que le sang transféré depuis le placenta en cas de cordon intact participe à l’adaptation thermique. Enfin, il est essentiel de disposer d’assez d’espace pour réaliser les soins vitaux au NN et d’avoir un équipement de monitorage proche, facile d’accès. La formation et l’entrainement des équipes sont également nécessaires.

Laurence Girard, IPDE
Référence
Alikhani VS, Thies-Lagergren L, Svedenkrans J, et al. Stabilisation and resuscitation with intact cord circulation is feasible using a wide variety of approaches; a scoping review. Acta Paediatr. 2023 Dec;112(12):2468-2477. doi: 10.1111/apa.16985.

source jim.fr
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » ven. janv. 26, 2024 7:53 pm

Publié le 05/01/2024
Adrénaline dans l’anaphylaxie, quelle place pour les formes alternatives ?

L’anaphylaxie est une réaction d’hypersensibilité sévère qui, si elle n’est pas traitée à temps, peut entrainer rapidement le décès, dans un délai de 5 à 30 minutes selon que l’allergène soit un médicament administré par voie IV ou un aliment. Le traitement principal repose sur l’administration précoce d’adrénaline par voie IM dans la « communauté » (en dehors d’une structure hospitalière) et par voie IV en peropératoire. (1) En cas d’anaphylaxie réfractaire (2 % des cas d’anaphylaxie), le remplissage vasculaire rapide et l’injection d’adrénaline par voie IV à petites doses sans faire de bolus, à condition d’avoir à disposition un monitoring cardiaque, sont recommandés (2).

Dans les pays qui en disposent, les auto-injecteurs d’adrénaline (AIA) sont à utiliser en première intention en cas de réaction anaphylactique. Ces derniers sont de plus en plus prescrits avec plus de 100 000 prescriptions d’AIA par an en France, où 4 AIA sont disponibles (dosés à 0,15 mg, 0,30 mg ou 0,50 mg). Selon les recommandations officielles de la SFA, de l’EAACI et l’ACAAI, la posologie usuelle est fonction du poids (3). L’organisation mondiale de l’allergie (WAO) propose quant à elle une posologie d’AIA en fonction de l’âge du patient ce qui permettrait de faciliter la problématique de l’injection d’adrénaline en milieu scolaire. (4)

Malgré la présence de plus en plus importante d’AIA dans la communauté (prescriptions individuelles, équipement des sapeurs-pompiers et des établissements scolaires de second degré), de nombreuses problématiques restent soulevées par leur utilisation, ce qui, potentiellement, ouvre la voie à des formes alternatives d’adrénaline. Dr Guillaume Pouessel a fait le point sur le sujet lors de la deuxième rencontre du réseau d’allergo-vigilance.


Des accidents d’utilisation rapportés et un taux d’utilisation insuffisant

Le risque de réaction indésirable liée à l’utilisation d’AIA a été estimé à 4,3 % par la Food and Drug Administration (FDA). En France, grâce aux déclarations faites aux 30 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), les données de sécurité sont plutôt rassurantes compte tenu du taux de prescription élevé des AIA. Un total de 42 réactions indésirables, dont 11 chez l’enfant, ont été déclarées depuis la création des CRPV. 71 % de ces réactions ont été enregistrées à la maison, 60 % étaient des utilisations « accidentelles » en dehors d’une réaction allergique et 40 % lors d’une anaphylaxie.

La réaction la plus fréquente est l’injection accidentelle dans le doigt (n=31), sans complication. Cependant, Dr Pouessel alerte sur le fait qu’il y a probablement une sous-estimation de ces déclarations aux CRPV. Il rapporte également que 315 cas de réactions indésirables ont été déclarés aux 8 centres anti-poisons de France entre 2018-2022 et dont l’analyse fine est en cours.

Des données de sécurité qui sont donc relativement rassurantes mais un taux d’utilisation globale qui reste encore trop faible. Ce taux a été estimé à 30-35 % en Europe et 47 % en France. Un grand travail d’éducation thérapeutique et de réassurance des familles mais aussi du corps médical doit encore être fait insiste Dr Pouessel.
Des données pharmacologiques qui questionnent la pertinence des AIA

Une autre explication à cette utilisation insuffisante des AIA selon Dr Pouessel serait les incertitudes concernant le manque de données de de pharmacocinétique (PK) et de pharmacodynamie (PD) sur les AIA et les conséquences potentielles pour la pratique clinique. Sous l’impulsion de l’agence européenne du médicament (EMA), les fabricants d’AIA ont mené des études de PK. Paul Turner et coll (5) ont compilé ces données et celles de la littérature scientifique afin de mieux appréhender les facteurs influençant la PK de ces dispositifs médicaux tout en gardant en tête que ces données PK ne sont pas strictement corrélées à la pharmacodynamie (et donc à l’efficacité clinique) des dispositifs. En bref, les auteurs concluent que :

·le pic plasmatique est généralement atteint en 5-10 minutes ce qui soutient l’argument de ne pas répéter l’injection avant 5-10 minutes si le patient est contrôlé,

·la force et la vitesse d’injection (et non la longueur de l’aiguille) sont des facteurs favorisant une meilleure PK,

·l’injection IM est meilleure que la voie sous cutanée et doit rester la voie d’administration privilégiée,

·il semblerait que l’épaisseur de la peau joue un rôle sur les données PK mais les données sont insuffisantes pour conclure à ce sujet.

Image

Ces nouvelles données de PK sont certes informatives mais ont de nombreuses limites comme : le recours aux volontaires sains (et non en cours d’anaphylaxie) et des données manquantes sur le : sexe, la distance peau-muscle, l’impact pharmacodynamique, les doses répétées des AIA notamment pour 0,5 mg. (6)

Pourquoi envisager des formes alternatives à l’adrénaline par voie injectable ?

Même si l’adrénaline injectable reste l’option thérapeutique de choix compte tenu des données actuelles de la littérature, de nouvelles formes d’administration de l’adrénaline ont émergé ces dernières années. Plusieurs arguments plaident en faveur du développement de ces formes alternatives à la voie injectable car pour les AIA, les experts relèvent : « des études PK/PD limitées, un coût élevé, la longueur d’aiguille qui n’est pas toujours adaptée aux patients obèses ou pédiatriques, la gamme de doses restreinte, les contraintes fortes liées à la conservation et au transport, la peur de l’injection, le manque d’éducation thérapeutique et le défaut de disponibilité dans le monde. » (7)

Le chef de file de ces formes alternatives est la forme nasale d’adrénaline à l’instar de Neffy® (ARS Pharma, US) qui est en cours d’évaluation par la FDA et dont les données de PK/PD issues d’études de phase I sont rassurantes lorsque cette forme est comparée à un AIA, même en administration répétée. D’autres formes émergent comme la forme sublinguale de pro-drogue d’adrénaline ou encore la voie transcutanée à l’instar du dispositif Zeneo® Adrénaline développé par l’entreprise dijonnaise Crossjet. Des produits dont on entendra surement parler lors des années à venir, conclut Dr Pouessel.

Résumé de communication réalisé en collaboration avec l’entreprise Nutricia.

Dr Dounia Hamdi
Références
Données récentes sur l’adrénaline dans l’anaphylaxie : des auto-injecteurs aux formes alternatives. Dr Pouessel Guillaume (CH de Roubaix). Deuxième Rencontre d'Allergo-Vigilance. 1er décembre 2023 (Paris)
(1) Gloaguen, A., et coll. Prise en charge de l’anaphylaxie en médecine d’urgence. Ann. Fr. Med. Urgence 6, 342–364 (2016). https://doi.org/10.1007/s13341-016-0668-2
(2) Sargant N, et coll. Refractory anaphylaxis: Treatment algorithm. Allergy. 2021 May;76(5):1595-1597. doi: 10.1111/all.14780.
(3) Muraro A, et coll. EAACI guidelines: Anaphylaxis (2021 update). Allergy. 2022 Feb;77(2):357-377. doi: 10.1111/all.15032.
(4) Cardona V, et coll. World allergy organization anaphylaxis guidance 2020. World Allergy Organ J. 2020 Oct 30;13(10):100472. doi: 10.1016/j.waojou.2020.100472.
(5) Turner PJ, et coll. Pharmacokinetics of adrenaline autoinjectors. Clin Exp Allergy. 2022 Jan;52(1):18-28. doi: 10.1111/cea.14055.
(6) Worm, Pouessel Clin Trans Allergy 2023 (accepté)
(7) Lieberman JA, et coll. Innovations in the treatment of anaphylaxis: A review of recent data. Ann Allergy Asthma Immunol. 2023 Aug;131(2):185-193.e10. doi: 10.1016/j.anai.2023.05.033.

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Message par Arnaud BASSEZ » mar. févr. 06, 2024 8:34 pm

Dis-moi si u as encore ton cristallin, je te dirai où tu habites
Quentin Haroche | 06 Février 2024

L’Irdes publie la deuxième édition de son atlas des variations des pratiques médicales. Celui-ci se penche sur le taux de recours à onze opérations chirurgicales selon les régions.


Chaque région française connait ses particularités, traditions et fiertés locales. Mais si l’on a plutôt tendance à différencier nos régions selon leur gastronomie, leur accent ou plus anciennement leur patois, l’Institut de recherche et de documentation en économie de santé (Irdes) préfère les distinguer selon leur taux de recours à la pose d’une prothèse de hanche après une fracture ou à la chirurgie de la cataracte. Huit ans après la première édition, l’Irdes vient en effet de publier son deuxième « Atlas des variations des pratiques médicales ».


Plus de prothèses de hanche (par habitant) en Lozère qu’en Guadeloupe


Les statisticiens se sont penchés sur le taux de recours à onze interventions chirurgicales* en 2019 (dernière année pour lesquels les statistiques ne sont pas biaisés par l’épidémie de Covid-19). Ils sont ainsi pu mesurer l’évolution du taux de recours par rapport aux chiffres de 2014 et évaluer les disparités régionales. L’objectif est d’«interroger les causes et les pertinences » de ces différences et d’« inciter les professionnels de santé à comparer et à questionner leurs pratiques, entre eux et avec les institutionnels et les usagers du système de santé, afin de partager la notion de variation des pratiques médicales » explique l’Irdes. Les statisticiens ont affiné leurs recherches en examinant trois indicateurs de la « qualité » des soins : le taux de chirurgie ambulatoire, l’utilisation des protocoles de récupération améliorée après chirurgie (Raac) et le taux de réadmission à 30 jours.


Concernant la pose d’une prothèse de hanche après une fracture, considéré par les statisticiens de l’Irdes comme l’opération de référence, le nombre d’opérations s’est accru de 9 % entre 2014 et 2019. Une augmentation qui correspond au vieillissement de la population, le taux de recours standardisé (prenant en compte l’âge des habitants) ayant quant à lui légèrement diminué, passant de 56 hospitalisations pour 100 000 habitants à 54 entre 2014 et 2019. La variation départementale est relativement faible, avec tout de même près de trois fois plus d’opération de prothèse de hanche par habitant dans la Lozère qu’en Guadeloupe. Depuis 2014, les taux de réadmission à 30 jours (entre 12 et 13 %) et à 90 jours (entre 22 et 23,5 %) après une opération de prothèse de hanche sont restés relativement stables.

Près d’1 million d’opérations de la cataracte par an

L’Atlas nous apprend également que la chirurgie de la cataracte est à la fois l’opération la plus fréquente (920 000 en 2019, + 20 % par rapport à 2014) et celle présentant les disparités régionales les plus importantes. Le taux d’opération par habitant est ainsi deux fois plus important dans le Cher qu’en Martinique. Si 95 % des opérations de la cataracte se font en ambulatoire, on note également sur ce point des disparités régionales, le taux de chirurgie ambulatoire variant de 86 % dans le Morbihan à 99 % en Haute Corse. L’Atlas rappelle que la France est le pays européen ayant le plus recours à la chirurgie de la cataracte.


Les différentes statistiques compilées par l’Irdes doivent, espèrent les statisticiens, amener les professionnels de santé à s’interroger sur la pertinence du recours à certaines interventions chirurgicales dont l’utilité peut être discutable dans certaines conditions (comme la césarienne ou la pose de stents coronaires en l’absence d’infarctus). En 2016, lors de la parution du premier Atlas, la Fédération hospitalière de France (FHF) avait interrogé les médecins qui estimaient que 20 % environ des actes médicaux réalisés étaient inutiles.
On peut peut-être regretter que ces données statistiques, délivrées sans explications détaillées, puissent conduire à des conclusions contre productives sur l’intérêt de certains actes médicaux. Mais peut-être était-ce le but recherché ?


*Les onze opérations étudiées sont : la prothèse de hanche après fracture, la prothèse du genou, les chirurgies du syndrome du canal carpien, l’amygdalectomie, la pose de stent coronaire, la chirurgie bariatrique, la cholécystectomie, la césarienne, l’hystérectomie et la chirurgie de la tumeur bénigne de la prostate

Source jim.fr
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Message par Arnaud BASSEZ » ven. févr. 16, 2024 2:51 pm

Infirmier en unités mobiles hospitalières paramédicalisées : quelle formation pour quelle mission ?
7 février 2024 Rédaction ActuSoins

La formation de 5 jours, destinée aux infirmiers et ambulanciers des unités mobiles hospitalières paramédicalisées, sera dispensée en 2024 dans les 103 Centres d’enseignement de soins d’urgence (CESU).

Présentée au ministère de la Santé au printemps 2023, la proposition d’unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) aura mis à peine quelques mois à devenir réalité. L’objectif ? Graduer les moyens de prise en charge des patients pour les urgences préhospitalières.

Les médecins régulateurs de centre 15 auront désormais la possibilité de faire intervenir un équipage mixte composé d’un ambulancier et d’un infirmier pour toute situation médicale qui ne nécessite pas la présence physique d’un médecin (ou dans l’attente de son intervention). « En aucun cas, cela enterre l’intérêt de la présence du médecin en préhospitalier puisque cette présence est indispensable et obligatoire pour de nombreuses pathologies », précise le Dr Gaël Gheno, président de l'Association Nationale des Centres d’Enseignement des Soins d’Urgence (ANCESU) et chef de service SMUR terrestre et héliporté au CESU 74.

La formation, règlementée par un arrêté, s’adresse aux ambulanciers en SMUR et aux infirmiers qui exercent dans une structure d’urgence depuis au moins deux ans, avec une expérience dans la pratique de l’activité spécifique de SMUR depuis au moins un an. Autres conditions pour y accéder : être titulaire de l’AFGSU 2 (gestes et soins d’urgence de niveau 2) et avoir validé un parcours pédagogique en ligne d’une journée qui porte notamment sur les grands principes des UMH-P (aspects organisationnels, législatifs, champs de compétences…).

Simulation et études de cas

Après cette formation à distance, place à la pratique et à la simulation pleine échelle pendant 28 h en présentiel.

Les thèmes des prises en soins ont été définis : douleur médicale ou traumatique ; hypoglycémie avec trouble du comportement, agitation et difficulté de re sucrage par voie oral ; douleur thoracique non traumatique à faible risque de SCA ; tableau évocateur d’une crise convulsive généralisée, patient aux antécédents de convulsion ; dyspnée sans signe de détresse respiratoire chez un asthmatique connu ou un patient BPCO connu, ne cédant pas au traitement habituel ; hémorragie extériorisée ; lipothymie et/ou dyspnée survenant dans un contexte évocateur d’allergie, brûlure localisée du 2° ou 3° degré avec hyperalgie.

Pour les personnes qui auront été jugées suffisamment expérimentées, une formation plus légère de 7 heures est prévue, via une grille de validation des acquis de l’expérience. « Nous imaginons deux formations complètes par an avec une douzaine de participants par formation, soit 2 500 personnes formées par année dont la moitié d’infirmiers, indique le Dr Gaël Gheno. S’il y a beaucoup de demandes dans certains départements, on espère pouvoir rajouter des sessions ».

Les premières unités mobiles sont déjà opérationnelles alors que des formations UMH-P ont été organisées dans certains départements précurseurs. C’est le cas par exemple du CESU de la Côte d’Or pour les IDE et IADE des Hospices civils de Beaune et du CHU Dijon Bourgogne.

Gaëlle Desgrées du Loû


Alors, travailler en autonomie, les IADE font ça dès leur diplôme. N'en déplaisent à ceux qui gèrent l'urgence dorénavant en France et qui connaissent fort peu les IADE (à commencer par le rasoir Braun); 5 jours de formation... quand les IADE ont 24 mois de formation à l'urgence, la réanimation et les gestes pratiques, sans compter la pharmaco. De combien de semaines ont besoin les urgentistes pour arriver ENFIN, à mettre le tube dans la trachée, sans becquer, sans défoncer le cavum, sans casser de dents, sans être traumatique, sans y passer 40 minutes...que l'IADE a le temps de faire un poker, ses courses, un relais 4x400 quatre nages...
Et les médecins expérimentés, auront-ils une évaluation des acquis de l'expérience ? Je vois d'ici les questions
-robusta ou arabica ?
-Le bureau est-il mieux que la salle de repos pour discuter de 8h à 12 h ?
-A t-on fait une étude randomisée en double aveugle pour savoir si l'IADE avait vraiment besoin
1) d'aller pisser
2) d'aller boire
3) d'aller contacter le bio med parce qu'il y a un appareil (qu'on ne sait pas faire fonctionner d'ailleurs, à part les IADE) qui déconne.
4) d'aller aider un mar parce qu'il y a justement un appareil qui ne fonctionne pas et que l'iade de la salle a réussi, lui, à se barrer pour vider ENFIN, sa vessie et boire ENFIN un peu d'eau.
5) d'aller aider un mar qui ne comprend pas les fuites de son respi alors qu'il a tenté, comme une cascade non contrôlée, de vider un piège à eau qu'il n'a pas su remettre correctement



Bientôt des infirmiers correspondants de SAMU
Faire en sorte que chaque patient qui se situe en zone isolée ou à distance d’un SMUR puisse bénéficier d’une première réponse rapide et efficace, avec un intervenant formé : c’est tout l’enjeu de la création des infirmiers correspondants de SAMU.

Le statut de correspondant de SAMU est officiellement élargi aux infirmiers libéraux depuis l’arrêté du 29 décembre 2023. Moins abouti que celui des UMP-H, le projet reste pour l’instant au stade de l’expérimentation. « Nous avons écrit un référentiel national qui est entre les mains de la DGOS et devrait être rapidement diffusé via les ARS à tous les acteurs des formations infirmiers correspondants de SAMU »,explique Gaël Gheno, président de l'ANCESU , qui a travaillé aux côtés de la Société française de médecine d’urgence, de SAMU-Urgences de France, de l’association des Médecins correspondants de SAMU et de plusieurs représentants des infirmiers libéraux.

Le principe est calqué sur celui des médecins correspondants de SAMU : l’infirmier libéral en secteur rural, volontaire et formé à l’urgence, intervient sous la supervision du médecin régulateur lorsqu’un patient en urgence vitale ou potentiellement vitale est situé à plus de 30 minutes d’un SMUR ou d’une UMP-H. Titulaire de l’AFGSU 2, l’infirmier devient effecteur de l’Aide médicale urgente (AMU) après une formation destinée à lui apprendre à travailler, soit en autonomie en l’absence de médecin SMUR, soit en équipe pluri-professionnelle, dans des situations clairement établies (1).

Assurée par une équipe composée de professionnels ayant une double compétence de pratique médicale extrahospitalière (médecin, IPA, IADE, IDE) et de pédagogie, la formation initiale de 4 jours, dispensée dans les CESU, sera complétée par un stage ou une période d’immersion d’une durée minimale de 35h dans des structures d’urgence, de SAMU-SMUR ou au siège de son SAMU. Une formation continue de 2 jours est également prévue chaque année. « Cette activité qui va dans le sens de la réingénierie de la profession d’infirmier permet de contribuer au désengorgement des services d’urgences, de mieux orienter les patients, d’éviter les hospitalisations inutiles ou d’accélérer celles qui sont nécessaires », souligne Gilles Chollet, président de la FNI Seine-et-Marne et membre du groupe de travail national sur les ICS. « Avec cette intervention en nid d’abeille, l’idée est vraiment de faire un essaim de professionnels complémentaires autour du patient pour le prendre en charge le plus vite possible, de manière ciblée », ajoute-t-il.

(1) arrêt cardiaque de l’adulte et de l’enfant ; douleur médicale ou traumatique de l’adulte et de l’enfant ; Hypoglycémie avec trouble de conscience et/ou du comportement de l’adulte et de l’enfant ; Douleur thoracique non traumatique ; Tableau évocateur d’une crise convulsive généralisée ; Trouble de la conscience dans le cadre d’une intoxication ; Dyspnée aigue ; Hémorragie sévère de l’adulte et de l’enfant ; Anaphylaxie ; Brûlures graves ; Accouchement inopiné
Pour ceux et celles qui seraient intéressés par des documents sur
l'extra-hospitalier
Le réveil de la farce
Etat d'urgence le retour
Histoire de la médecine d'urgence
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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. févr. 21, 2024 11:23 am

Le smartphone, nouveau facteur de risque pour la santé : le SOS d’un médecin du sport

Christophe Gattuso

21 février 2024

France – Médecin au pôle locomoteur du CHU de Brest, le Dr Yannick Guillodo s’alarme des dangers pour la santé des écrans et de la sédentarité qu’ils entraînent. Dans « Le smartphone tue », paru aux éditions Baudelaire (100 pages, 13,50 euros), il appelle à une prise de conscience collective et à un usage raisonné. « Le smartphone, c’est trois heures par jour et pas tous les jours », clame-t-il, dans l’entretien qu’il a accordé à Medscape édition française. Il met aussi en garde contre le brain hacking, nouvelle discipline mixant neurosciences et algorithmes, a pour objectif de créer une addiction aux écrans.

Le smartphone est le nouveau facteur de risque pour la santé du 21e siècle.
Medscape édition française : Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer si catégoriquement que « le smartphone tue » ?

Dr Yannick Guillodo : Ce titre est un appel. Il vise à percuter et à montrer les impacts du smartphone sur la santé psychique mais aussi et surtout sur la santé physique. Le smartphone est le nouveau facteur de risque pour la santé du 21e siècle. Il attaque les trois piliers de la prévention : bien manger, bien bouger et bien dormir. Une heure de smartphone équivaut à une heure de sédentarité en plus. L’obésité augmente ainsi que le risque de maladies cardiovasculaires. On sait aussi qu’une heure de sommeil en moins, c’est 20 % de risque supplémentaire de faire du diabète.
Depuis quand vous intéressez-vous à cette problématique ? Quel a été l’élément déclencheur ?

Dr Y.G. : A la fin des années 1990, nous, médecins du sport, avons été les premiers à montrer la nécessité de bouger plus. A côté de mon activité auprès de sportifs de haut niveau*, je me suis aperçu que la sédentarité gagnait du terrain chez M. et Mme tout le monde. Je suis très inquiet de voir la société se sédentariser, plus encore depuis la crise Covid.

* Le Dr Guillodo a été le médecin des Lions indomptables du Cameroun lors de la Coupe du monde de football en 2010. Il vient d’être nommé medical manager pour les JO, et s’occupera de la santé.
Observez-vous une dégradation de l’état de santé des Français du fait de cette sédentarisation ?

Dr Y.G. : Oui, j’observe deux choses : de jeunes adultes font du sport, parfois à très haut niveau et jusqu’à l’extrême. Et à contrario, des Français n’ont pas d’activité physique et leurs capacités se sont réduites. Le confinement a accentué cette sédentarisation. Avec le télétravail, les gens ont eu la satisfaction d’avoir plus de temps pour eux. Mais plus de temps pour faire quoi ? Le plus souvent, plus de temps pour ne rien faire ! Beaucoup d’activités ont été détruites. Le temps de transport pour se rendre sur son lieu de travail, par exemple, était un moment pour bouger.

Vous évoquez dans votre livre un « tsunami sociétal et sanitaire » ? La chaise est aussi néfaste que le tabac et l’alcool ?

Dr Y.G. : Oui, car quand on fume ou quand on boit, on sait quelles peuvent être les conséquences. La chaise, elle, est un mal silencieux. Et la sédentarité arrive masquée. Elle devient une habitude. Le grand-père regarde la télévision, le père regarde sa tablette, l’enfant regarde son smartphone. Même le tout petit se met à scroller…
Les écrans ont des effets dramatiques chez les enfants. Vous parlez de baisses inquiétantes de capacité physique des plus jeunes devenus sédentaires eux aussi (avec une hausse de l’obésité et du diabète)…

Dr Y.G. : Un prof de sport m’a récemment interpellé pour me dire que des gamins de 6e étaient incapables de boucler un tour de stade de 333 mètres sans s’arrêter ! Ces choses-là, ils ne les voyaient pas il y a 20 ans !
L’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé pourraient-elles baisser à cause de la place prise par les écrans dans nos vies ?

Dr Y.G. : Il est trop tôt pour le dire, aucune étude ne l’a montré et il sera difficile d’imputer directement des résultats aux seuls écrans. On observe toutefois que l’espérance de vie a baissé aux Etats-Unis et on se demande pourquoi. Nous connaissons bien aujourd’hui ce que l’on appelle le « mal du dehors » : les dangers de la pollution, des micro-plastiques et des nanoparticules. Mais on entend beaucoup moins parler d’un mal qui doit être aussi combattu : le « mal du dedans » ! Les effets de la sédentarité, de la mauvaise alimentation ou d’un usage excessif des écrans.
Vous pointez du doigt la responsabilité des Gafam dans l’ampleur du phénomène ?

Dr Y.G. : Bien sûr ! Eux ont tout intérêt à ce qu’on parle de la pollution et pas du rôle néfaste des écrans. Je vais vous relater une anecdote qui est à l’origine de ce livre. Elle s’est déroulée entre les deux premiers confinements. Je faisais une présentation devant un club de directeurs des ressources humaines sur les effets néfastes sur la santé du télétravail. Un membre de l’assistance m’a confié avoir été secoué par mon intervention. Il travaillait pour l’un de ces géants du web, qui était – disait-il – très attentif à cette question. C’était une façon de me signifier qu’ils avaient une telle puissance que nous allions avoir du mal à faire passer ce message de prévention.
Le brain hacking, nouvelle discipline mixant neurosciences et algorithmes, a pour objectif de créer une addiction aux écrans.
Vous évoquez les effets du smartphone sur la santé mentale du fait d’une hyperconnexion, de l’addiction aux réseaux sociaux, du scrolling... Comment cela se traduit-il ?

Dr Y.G. : En premier, on observe une importante perte du temps de sommeil ces dernières années. Nous dormons 1h30 de moins par nuit qu’il y a 50 ans ! On peut regretter que le programme national nutrition santé (PNSS) ne concerne que l’alimentation et l’activité physique mais pas le sommeil. L’emprise des écrans nous amène à réduire encore davantage notre temps de sommeil de façon dramatique. Tout est fait pour que l’on reste de plus en plus longtemps devant son écran ou rivé à son smartphone. On le voit aussi avec les séries qui nous poussent à vouloir regarder l’épisode suivant. Sur les réseaux sociaux, des vidéos nous sont proposées en fonction de nos centres d’intérêt et sont parfois poussées par des notifications. C’est le brain hacking, nouvelle discipline mixant neurosciences et algorithmes, qui a pour objectif de créer une addiction aux écrans.

Comment lutter contre cette manipulation mentale ? Faut-il légiférer comme cela a été fait, par exemple, pour permettre de s’opposer à la réception de mails ou à la publicité dans sa boîte aux lettres ?

Dr Y.G. : Je ne crois pas aux lois ou à un éventuel Grenelle du smartphone. En revanche, il est possible que chacun, la famille, l’entreprise, l’école, ou même l’Etat, agisse, par petites touches. Il faut arrêter de s’extasier devant un enfant qui sait scroller très jeune ! Ou acheter le silence d’un gamin en le plaçant devant un écran. L’écran est la nouvelle tétine au miel ! Les parents doivent aussi montrer l’exemple en laissant de côté leur smartphone pendant le repas, par exemple.
Je constate que les smartphones et internet en général ont accru une certaine flemme intellectuelle.
Devient-on plus bêtes à cause des écrans ?

Dr Y.G. : Il y a une grande querelle des neuropsychiatres, neuropsychologues, sur la balance bénéfices-risques des écrans. Ce n’est pas mon domaine d’expertise. Je constate que les smartphones et internet en général ont accru une certaine flemme intellectuelle. Avant, on apprenait les numéros de téléphone de nos amis par cœur. C’est fini. Les écrans sont de plus en plus actifs et nous devenons de plus en plus passifs, paresseux. Des applications apparaissent tous les jours pour réduire nos efforts. Si quelqu’un développait une pilule qui répare les dégâts de la sédentarité, il ferait fortune !
En consultation, un médecin devrait automatiquement demander le temps de consommation des écrans comme il demande combien une personne boit ou fume.
Les autorités font assez peu de prévention sur les dangers des écrans si on excepte la campagne (3-6-9) pour les enfants…

Dr Y.G. : Vous avez raison. Les Français ne se rendent pas compte des dégâts pour leur santé de cette sédentarité à laquelle participent les écrans, la malbouffe et la réduction du sommeil. Il faut que les médecins, les scientifiques alertent pour qu’il soit plus facile pour le politique de prendre des décisions.
Les médecins sont-ils eux-mêmes assez formés aux problématiques de santé liés aux écrans ?

Dr Y.G. : Non, bien sûr. En consultation, un médecin devrait automatiquement demander le temps de consommation des écrans comme il demande combien une personne boit ou fume. A partir du moment où la personne répond 6 heures, elle est sédentaire et potentiellement à risques.
A Brest, vous avez lancé en novembre 2022 une opération « Posons nos smartphones » l’espace d’une semaine. Les ARS et le ministère de la Santé, sont-ils sensibles à ce sujet ?

Dr Y.G. : J’ai le sentiment que oui mais dans les faits, ça ne bouge pas beaucoup ! Avec des collègues, nous avons fondé à Brest l’Université de prévention citoyenne de prévention en santé. Nous avons créé de premiers diplômes ouverts à des non-médecins et à des non-soignants (éducateurs, professeurs des écoles…). Dans chaque fac, des gens se mobilisent. Mais le ministère de la Prévention a volé en éclat. La prévention, ça ennuie tout le monde car ce sont des actions de long terme. Pourtant, ça marche ! La prévention dentaire a été un succès par exemple. Avant, à 50 ans, les gens se faisaient arracher toutes les dents et on leur posait des dentiers. C’est terminé. Par petites touches et sans loi, les parents ont appris à leurs enfants à se brosser les dents, il y a eu un relais à l’école, des publicités sur les dentifrices…
Il y a quelques années, les pouvoirs publics encourageaient à manger 5 fruits et légumes par jour pour limiter la malbouffe. Quel serait votre slogan pour inviter à moins utiliser le smartphone ?

Dr Y.G. : Le smartphone, c’est 3 heures maximum par jour et pas tous les jours. C’est la limite au-delà de laquelle il y a une dépendance. On a besoin de marqueurs auxquels se raccrocher. Aujourd’hui, il est possible de savoir combien de temps on passe sur son smartphone. Mais réduire son usage, ce n’est pas si simple ! 75% des gens qui ont participé à l’opération « Posons nos smartphones » à Brest ne sont pas parvenus à réduire d’une heure par jour leur temps de smartphone. Et ce alors qu’ils étaient volontaires pour participer à l’expérience. Pourtant, les gens qui parviennent à n’utiliser leur smartphone que pour téléphoner sont gagnants car ils sont plus actifs ! Cette heure gagnée, elle peut servir à faire du sport, aller au musée, ou même parler avec son voisin !

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Pénurie de médicaments : les députés PS à la manœuvre
Raphaël Lichten | 19 Février 2024


Les parlementaires souhaitent forcer la main au gouvernement, qui tarde encore et toujours à agir pour résoudre la crise.

Les députés du groupe Parti socialiste (PS) ont émis une proposition de loi (PPL) pour « reprendre la main sur la politique d’approvisionnement des médicaments en France », comme l’a affirmé Valérie Rabault, chef de file du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.

Des pénuries qui n’en finissent plus

Pour rappel, en 2023, environ 5000 ruptures ou risques de rupture d’approvisionnement ont été rapportés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Cela représente 30 % de plus qu’en 2022 et 100 % de plus qu’en 2021…

Comme nos lecteurs ne sont pas sans le savoir, la pénurie touche principalement les antibiotiques et les traitements pour les pathologies lourdes, les cancers, les maladies cardiovasculaires…

« Dans nos circonscriptions, pas une semaine ne se passe sans que nous recevions des témoignages de citoyens ne pouvant se procurer tel ou tel médicament », ont souligné les parlementaires socialistes.

Imposer un stock aux industriels

Les députés du groupe PS proposent donc d’imposer un stock plancher de quatre mois à tous les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) et de deux mois pour les autres médicaments.

Ils souhaiteraient également que le stock de sécurité plafond soit porté à huit mois. « Pour une très grande majorité de médicaments, la durée minimale de stocks demandée est très largement inférieure au plafond de quatre mois défini par le législateur », ajoutent les parlementaires. « Seuls 422 MITM, sur les plus de 6000 commercialisés en France, sont soumis à cette obligation ».

Mais surtout, les élus socialistes proposent aussi de renforcer les compétences de l’ANSM, en lui permettant de véritablement sanctionner financièrement les industriels qui ne respecteraient pas leurs obligations. Les laboratoires pourraient ainsi se voir infliger des amendes jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires du médicament concerné sur l’exercice écoulé dans la limite de 5 millions d’euros. En l’état de la législation en vigueur, les peines vont jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires et 1 million d’euros maximum.

Le groupe Renaissance sceptique, mais pas fermé à l’idée

Pour l’heure, Stéphanie Rist (Renaissance), rapporteuse générale de la commission des affaires sociales, estime que la proposition de loi est intéressante — malgré quelques réserves. « Avec le PS, le dialogue est constructif », a-t-elle affirmé à Libération. « Tous les députés ont envie d’avancer sur ce sujet ». Mais pas forcément selon les termes proposés par le groupe PS.

« Si on augmente trop la durée de stockage, cela pourrait dissuader certains laboratoires de venir sur le marché français. Sans compter que la durée de conservation des médicaments peut être variable. Trop durcir les contraintes imposées aux industriels pourrait être contreproductif », soutient Stéphanie Rist.

Qu’elle soit adoptée ou non, la discussion de cette proposition de loi à l’Assemblée va forcément remettre le sujet sur le devant de la scène politique et médiatique, et devrait donc obliger le gouvernement à prendre le problème à bras le corps rapidement. En espérant une résolution rapide de cette crise qui touche aussi bien les patients, les soignants que les pharmaciens.
« Si on augmente trop la durée de stockage, cela pourrait dissuader certains laboratoires de venir sur le marché français. Sans compter que la durée de conservation des médicaments peut être variable. Trop durcir les contraintes imposées aux industriels pourrait être contreproductif », soutient Stéphanie Rist.
Ben tiens, on ne va pas contrarier les copains des labos. Je vois mal un laboratoire être dissuadé de venir sur le marché français (gros consommateur de médicaments) parce qu'on a augmenté la durée de stockage. Pour rappel, voici les chiffres d'affaire des pauvres labo en 2023. Sortez vos mouchoirs.
Image

Source tableau usinenouvelle.com

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La fusariose invasive en USI : rare mais grave
Dr Bernard-Alex Gauzere | 20 Février 2024
Jim.fr


Une étude rétrospective française dresse le portrait des cas de fusariose invasive en USI, une pathologie rare mais redoutable.

La fusariose invasive (FI) est une mycose causée par une infection à Fusarium spp, champignon filamenteux qui peut être à l'origine de lésions localisées dues à des traumatismes pénétrants chez des personnes en bonne santé, jusqu’à des infections aiguës invasives ou disséminées chez des patients immunodéprimés. Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont la fièvre réfractaire aux antimicrobiens, la pneumonie, les lésions cutanées métastatiques d'une infection disséminée et la sinusite.

En dépit des progrès réalisés dans la prise en charge des infections fongiques invasives, la FI met en jeu le pronostic vital avec une défaillance multiviscérale et des taux de mortalité allant de 40 % à 70 %. Alors que l'amphotéricine B et le voriconazole sont les médicaments de premier choix, parfois en association, le meilleur traitement antifongique reste incertain. Aucune étude ne s'est intéressée aux patients en état critique atteints de FI. Lacune comblée par cette étude rétrospective multicentrique qui se propose de décrire les caractéristiques et le pronostic de la FI chez les patients des unités de soins intensif (USI) en France.

La fusariose dans les unités de soins intensifs en France

Ont été inclus rétrospectivement les adultes des USI pour lesquels un diagnostic de FI a été posé entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2020. Afin d'identifier ces patients, il a été procédé à un examen complet des dossiers de toutes les USI et de tous les services de parasitologie et de mycologie en France dans lesquels des espèces de Fusarium avaient été identifiées.

Sur les 47 USI sélectionnées, seules 16 ont fait état des patients avec une documentation microbiologique positive pour le Fusarium pendant la période d'inclusion. L’objectif principal était d'identifier les facteurs associés aux taux de mortalité dans les USI, l’objectif secondaire était d'identifier les facteurs associés à la réponse au traitement.

Fort heureusement, un petit nombre de patients

Au total, 120 patients ont été éligibles, dont 53 ont été exclus car présentant une colonisation par le Fusarium ; 55 ont finalement été inclus dans l'étude, hospitalisés dans 16 USI. L'âge médian était de 61 ans ; 80 % (n = 44) étaient immunodéprimés, dont la plupart avait une hémopathie maligne active (36 %) ou avait subi une allogreffe de cellules-souches hématopoïétiques récente (< 1 an) (allo-HSCT) (36 %).

Parmi les patients immunodéprimés, 11 (25 %) avaient eu une transplantation d'organe solide. Sur les 11 (20 %) patients immunocompétents, tous avaient une FI diagnostiquée au cours d'une hospitalisation prolongée (> 2 semaines) en USI, notamment pour choc septique (n = 7), syndrome de détresse respiratoire aiguë (n = 2) et lésions traumatiques multiples (n = 2). Seuls 24 % (n = 13) des patients avaient reçu une prophylaxie antifongique lors de leur admission à l'USI. Tous étaient en état critique comme l'indiquaient les scores médians élevés SAPS II et SOFA.

Plus de 50 % de décès

L'insuffisance respiratoire aiguë a été la principale défaillance ; 80 % (n = 44) des patients ont nécessité une ventilation mécanique invasive. Une insuffisance rénale aiguë a été notée chez 73 % (n = 40) des malades, dont 29 (72,5 %) ont nécessité un traitement de substitution rénale. L'incidence des lésions rénales aiguës a été nettement plus élevée chez les 11 patients ayant subi une transplantation d'organe solide (100 %) que chez les patients atteints d'hémopathie maligne (44 %, n = 7), ayant bénéficié d’une allo-CSH (69 %, n = 11) et les autres patients (92 %, n = 11) (p = 0,003).

Ces malades qui ont présenté une FI ont eu des hospitalisations prolongées en USI ; la durée médiane du séjour était de 17 (IQR 6-37) jours, et le taux de mortalité était élevé (56 %, n = 31). Parmi les 31 patients décédés en USI, 18 (58,1 %) décès ont été considérés comme directement liés à la FI et 13 (41,9 %) non directement liés à la FI. Parmi ces 13 décès, les causes étaient des défaillances d'organes multiviscérales liées à des infections secondaires (n = 6), une réaction du greffon contre l'hôte (n = 1), la progression de la tumeur maligne sous-jacente (n = 2), un choc hémorragique (n = 1) ou l'arrêt du traitement de maintien en vie (n = 3). Parmi les survivants de l’USI, 1 patient est décédé à l'hôpital et 3 (4 %) malades sont décédés dans l'année qui a suivi le diagnostic.

Il convient donc de rechercher une fusariose invasive chez les patients ayant subi une hospitalisation prolongée en USI, en particulier en cas de septicémie secondaire ne répondant pas aux agents antimicrobiens et de manifestations cliniques compatibles.

L'une des limites de cette étude est l'absence d'évaluation de la neutropénie persistante pendant l'hospitalisation en raison des données manquantes, ce qui a empêché une analyse complète des effets de la neutropénie persistante sur le pronostic. De plus, en l’absence de la connaissance précise du nombre total de patients immunodéprimés admis en USI pendant toute la période de l'étude, la prévalence de la fusariose invasive n’ a pu être estimée dans cette population.

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Moins d'infirmières aux urgences, davantage de risques pour les malades
Geneviève Perennou | 14 Février 2024
Jim.fr



Mesurer l'association entre la dotation en personnel infirmier aux urgences et les résultats pour les patients est complexe. Cette revue de la littérature, même si elle n’est pas exempte de limites, confirme que diminution du nombre d’infirmiers et celle de la qualité des soins sont corrélées.

Les services hospitaliers d'urgence subissent une pression croissante en raison de l’augmentation du nombre de patients et de la complexification des situations. Ces défis rendent le recrutement et la rétention du personnel infirmier difficiles, situation exacerbée depuis la pandémie de Covid-19, qui a eu un impact sur le bien-être des professionnels de santé. Le traitement des patients devient plus complexe et entraine un retard accru dans une prise en charge sécurisée et efficace obligeant les urgences à fournir des soins habituellement prodigués aux patients hospitalisés.

La relation entre la dotation en personnel infirmier, le mélange de compétences et la qualité des soins a été bien établie dans les environnements médicaux et chirurgicaux, mais il existe relativement peu de preuves de cette relation dans les services d'urgence. Les approches pour identifier des niveaux de dotation en personnel sûrs dans ces services sont incohérentes et se fondent parfois sur des méthodes non éprouvées telles que les ratios infirmière-patient, le « benchmarking », l'héritage institutionnel ou le jugement professionnel plutôt que sur des approches systématiques basées sur des preuves.

Celles qui ont été publiées indiquent que des niveaux de dotation en personnel infirmier plus faibles dans les services d'urgence sont généralement associés à des résultats moins bons, mais les preuves dans les services d'urgence sont, au mieux, faibles.

Une revue narrative de la littérature

Une recherche systématique anglo-saxonne a été réalisée dans 13 bases de données pour identifier les études publiées jusqu'en décembre 2023 qui rapportaient des résultats sur le lien entre patients (résultats des soins), dotation en personnel et sur la répartition des compétences professionnelles dans les services d'urgence. Au total, 16 études ont été incluses dont la majorité (10/16) étaient observationnelles.

La plupart des études ont été menées dans le service d'urgence d'un seul établissement hospitalier, mais pour certaines dans plusieurs services, jusqu'à 407 (1 étude). Les données analysées provenaient de dossiers de patients (n = 508 à 182 022). Certaines études se sont penchées sur des sous-groupes de patients spécifiques, tels que ceux présentant un syndrome coronarien aigu (n = 1343), des patients admis aux urgences pour douleurs abdominales (n = 1418) et des patients ayant subi un arrêt cardiaque inattendu aux urgences (n = 508).

Les principaux indicateurs utilisés comprennent le ratio infirmière-patient, les heures de soins infirmiers disponibles, le nombre de patients pris en charge par heure de personnel par jour, le nombre moyen de patients pris en charge par infirmière sur une période de 12 ou 24 heures, la proportion de postes sous-dotés et le nombre de postes infirmiers vacants.

Une attente allongée, davantage de complications

Les résultats ont montré que des niveaux de dotation en personnel infirmier plus faibles sont associés à un allongement du temps d'attente des malades et une augmentation de la proportion de patients quittant le service sans être pris en charge. Par ailleurs, la durée de séjour est augmentée, les patients bénéficient de leur traitement plus tardivement et le risque d’arrêt cardiaque est majoré.

A l’inverse, une dotation en personnel infirmier plus importante est corrélée à une meilleure prise en charge des malades aux urgences, notamment une réduction du délai d'attente avant les soins, une administration plus rapide des médicaments et des traitements, une diminution de la durée de séjour, de l'incidence des départs sans avoir reçu de soins, et enfin une amélioration de l'expérience globale des patients.

De plus, un nombre plus élevé d’infirmières plus expérimentées a été associé à de meilleurs résultats pour les patients, tels qu’une réduction du temps d'attente, une diminution du nombre de patients quittant sans être vus et une baisse du taux d'événements indésirables.

Les limites de cette étude

Les recherches actuelles ne parviennent pas à établir de manière claire les liens entre la composition des équipes de soins et les résultats des patients, notamment en ce qui concerne les infirmières diplômées par rapport aux aides-soignants. De plus, la contribution de la structure de l'équipe et d'autres catégories de personnel, tels que les médecins et les travailleurs sociaux, reste insuffisamment comprise.

Les études disponibles sont principalement observationnelles, ce qui limite leur capacité à établir des relations causales, et présentent souvent des biais et une validité externe limitée. La majorité des études ont été menées aux États-Unis, ce qui peut limiter l'applicabilité des résultats à d'autres contextes, et la variabilité des méthodes de mesure complique la comparaison inter-études. Enfin, il convient de noter que les ratios infirmière-patient ne sont qu'un aspect parmi d'autres influençant les résultats des patients dans les services d'urgence.

Ces limites prises en compte, une diminution du nombre de personnel infirmier dans les services d'urgence entraîne des retards dans les traitements et une détérioration de la qualité des soins, notamment une augmentation du nombre de malades partant sans avoir été examinés, des retards dans l'accès aux soins, ainsi que des cas d'arrêt cardiaque et autres complications graves.

References

Drennan J., Murphy A., McCarthy V. J.C., et al. The association between nurse staffing and quality of Care in Emergency Departments: A systematic review. International Journal of Nursing Studies, 2024, 104706. doi.org/10.1016/j.ijnurstu.2024.104706.


En même temps, cette étude ne réinvente t-elle pas l'eau chaude ? Plus de personnel entraîne une meilleure qualité de prise en charge, des infirmières expérimentées sont mieux que des novices. et puis l'eau ça mouille et la guerre c'est pas bien.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Message par Arnaud BASSEZ » mer. mars 06, 2024 6:44 pm

L’homme qui aimait (trop) les vaccins
Quentin Haroche | 06 Mars 2024
jim.fr


Des scientifiques allemands se sont penchés sur le cas d’un homme qui s’est fait vacciner à 217 reprises contre la Covid-19 depuis le début de la pandémie.

On connaissait les antivaccins, qui refusent catégoriquement de se faire administrer des vaccins (notamment contre la Covid-19) malgré les preuves scientifiques de leur efficacité et de leur sécurité. Mais il y a aussi l’extrême inverse, ces individus qui veulent à tous prix se faire vacciner le plus de fois possibles.

En 2021, la presse s’était fait l’écho d’un homme qui avait reçu cinq doses de vaccin en seulement dix semaines au Brésil. Un petit joueur par rapport à ce sujet de 62 ans originaire de Magdebourg dans le centre de l’Allemagne et objet d’une étude publiée ce lundi dans la revue The Lancet : selon ses dires, ce fervent partisan de la vaccination s’est vu administrer un vaccin contre la Covid-19 à 217 reprises sur une période de 29 mois, soit une vaccination tous les quatre jours ! Rappelons qu’en France, la vaccination contre la Covid-19 est recommandé tous les six mois pour les sujets âgés de plus de 65 ans et tous les trois mois à partir de 80 ans : à ce rythme, il faudrait attendre 54 ans pour atteindre les 217 vaccinations. Pour expliquer son comportement, l’homme invoque pudiquement des « raisons personnelles ».

Un patient (légèrement) hypocondriaque

Le cas de l’homme le plus vacciné du monde, rapporté par la presse allemande il y a quelques mois, a intrigué les médecins de l’Institut de microbiologie clinique, d’immunologie et d’hygiène d’Erlangen qui ont décidé d’étudier sa situation immunitaire. Une étude auquel l’hyper vacciné a participé « activement » en donnant de nombreuses informations médicales et des échantillons de sang et de salive aux chercheurs, nous explique l’article du Lancet qui lui est consacré.
Les chercheurs ont pu confirmer 134 vaccinations au total, notamment grâce à une enquête menée par le procureur de Magdebourg, qui avait un temps envisagé de poursuivre l’individu avant d’y renoncer. Véritable touche à tout, le patient s’est fait administré huit vaccins différents, du vaccin Johnson et Johnson au vaccin bivalent de Pfizer en passant par les vaccins AstraZeneca et Sanofi.

L’étude menée par les auteurs allemands a pu permettre de mieux connaitre les effets méconnus d’une hyper-vaccination. Premier élément notable, le patient n’a constaté aucun effet secondaire lié à la vaccination (il ne serait sans doute pas fait vacciner 217 fois dans ce cas !). Les très nombreux tests antigéniques et PCR qu’a réalisé cet hypocondriaque de l’extrême ces quatre dernières années se sont tous révélés négatifs, sans que l’on puisse attribuer avec certitude sa protection contre la contamination à ses très nombreuses vaccinations précisent les chercheurs. Sur 62 variables biologiques étudiés, les chercheurs n’ont décelé chez le patient aucune anomalie particulière.

Ne faites pas ça chez vous

Les auteurs de l’étude ont également comparé la réponse immunitaire du patient lors de ses 214ème et 215ème vaccinations avec celle d’une groupe témoin de 29 patients qui se faisaient vacciner pour la troisième fois (seulement). Ils ont constaté que la concentration en immunoglobulines dirigées contre la protéine Spike du SARS-Cov-2 était plus haute chez le patient hyper vacciné et estiment que sa capacité de neutralisation était, par rapport au groupe témoin, 5,4 fois plus élevé pour la souche de Wuhan et 11,5 fois plus élevé pour le variant Omicron B1. Contrairement au groupe témoin, le patient présentait des immunoglobulines jusque dans sa salive. En revanche, la cinétique de la réponse immunitaire était similaire chez le patient hyper vacciné et le groupe témoin.
Les chercheurs ont également analysé la nature de la réponse immunitaire chez le patient. Ils n’ont pas décelé de pourcentage plus important d’IgG4 chez l’individu hypervacciné par rapport au groupe témoin. En revanche, la concentration en lymphocytes B mémoire était légèrement plus élevée chez l’homme de Magdebourg. « Dans l’ensemble, nous n’avons pas retrouvé de signe d’un affaiblissement du système immunitaire du patient, ce serait même le contraire » conclut le Dr Kilian Schobe, l’un des auteurs de l’étude.
Bien que l’hypervaccination ne provoque donc semble-t-il aucun effet secondaire détectable et que la vaccination semble conserver son efficacité même après plus de 200 doses, les auteurs de l’étude concluent logiquement et prudemment qu’ils « ne recommandent pas l’hypervaccination comme une stratégie adaptée pour améliorer sa réponse immunitaire ».

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Les hôpitaux réclament une hausse de leurs tarifs
Quentin Haroche | 06 Mars 2024
jim.fr


Alors que les hôpitaux publics comme privés connaissent un déficit record, le gouvernement est appelé à augmenter les tarifs hospitaliers d’au moins 10 %.

Cela fait plusieurs semaines désormais que les responsables hospitaliers multiplient les alertes sur la situation financière désastreuse des établissements de santé. Le 29 janvier dernier, la Fédération hospitalière de France (FHF) et les conférences hospitalo-universitaires indiquaient notamment que le déficit cumulé des CHU avait triplé entre 2022 et 2023 pour atteindre 1,2 milliards d’euros et pourrait augmenter d’un ou deux milliards d’euros supplémentaires en 2024. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) rapportait pour sa part que 40 % des cliniques privées à but lucratif étaient en déficit.

Inflation et hausse des salaires en cause

Un appel au secours partiellement entendu par le gouvernement qui a débloqué le 21 février dernier une aide exceptionnelle de 500 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 470 millions d’euros de crédits votés dans la loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2023 mais non « consommés ». Insuffisant pour la FHF qui demande dans un communiqué publié vendredi dernier d’augmenter les tarifs des hôpitaux pour éviter « une accumulation de déficits et une bombe à retardement de la santé publique ». C’est en effet en ce mois de mars qu’a lieu la campagne tarifaire et que les autorités doivent déterminer les nouveaux tarifs hospitaliers.

Dans son communiqué, la FHF explique que « les tarifs d’hospitalisation sont obsolètes et ne correspondent plus à la réalité des coûts de prises en charge » car « depuis 2020, l’évolution des tarifs n’a pas permis de couvrir la hausse des coûts réels des établissements ». Plusieurs éléments expliqueraient ce décrochage des tarifs par rapport au coût réel, que la FHF estime de 9 à 10 % depuis 2020. Il y a bien sur l’inflation, mais également « l’évolution de la typologie des patients » et les « utiles mesures de revalorisation salariales ».
Les différentes primes et hausses de salaire accordées aux soignants hospitaliers depuis la crise sanitaire de 2020 n’ont « fait l’objet que de compensations très partielles par les pouvoirs publics » explique en effet la FHF. Si les tarifs ne sont pas rapidement augmentés, « la situation paradoxale connue en 2023, une hausse de l’activité en même temps qu’une sous-exécution des enveloppes, risque de se reproduire d’années en années en creusant les déficits ».

3,5 millions de séjours hospitaliers non réalisés depuis 2020

Au-delà du problème purement financier, la FHF met en alerte contre « la dette de santé publique accumulée depuis 2020 qui pourrait bien devenir une bombe à retardement de santé publique ». En effet, des responsables hospitaliers expliquent qu’en raison de la pandémie de Covid-19 et plus généralement de la crise hospitalière, ce sont l’équivalent de 3,5 millions de séjours hospitaliers en médecine et en chirurgie qui n’ont pas été réalisés entre mars 2020 et fin 2023. Ces retards de prises en charge qui s’accumulent pourraient devenir, dans les années à venir, un problème de santé publique majeur selon la FHF.

Au final, les fédérations hospitalières demandent une hausse de 10 % des tarifs, dans le public comme dans le privé et souhaitent que l’accent soit mis « sur les spécialités où se manifeste cette dette de santé publique : médecine en hospitalisation complète, chirurgie lourde, soins critiques et notamment réanimation ». Mais alors que le gouvernement est à la recherche d’économies, il est peu probable que les établissements hospitaliers obtiennent gain de cause (du moins totalement).
Dans la dernière LFSS pour 2024, la hausse prévue de l’Ondam n’était que de 3,2 %, soit moins que l’inflation.
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Message par La Grosse Bertha » mar. mars 12, 2024 12:06 pm

Ouf suis A la retraite! Avec 1688 balles! Snif!
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Message par Arnaud BASSEZ » mer. mars 20, 2024 7:40 pm

Ces médecins habiles des seringues qui contribuent à 55% de l’activité chirurgicale et 65% des interventions ambulatoires* en France exigent une revalorisation substantielle de leurs actes techniques.
45% de l'activité chirurgicale serait sans anesthésie, donc en pure locale ? Ça me parait beaucoup.
Un anesthésiste qui soulage les femmes sur le point de donner la vie ne peut donc pas, le même jour, procéder à une anesthésie générale pour une opération des dents de sagesse.
:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: C'est vrai, le pôvre... C'est un tel travail. Une péridurale et une AG ça prend bien...pfou... au moins ! De quoi être tellement crevé qu'on va laisser l'iade gérer, c'est mieux.
Résultat, de nombreux anesthésistes-réanimateurs risquent de se détourner de l’activité obstétrique pour se diriger vers des actes plus rentables comme les opérations de la cataracte, réputées assez rapides (entre 15 et 30 minutes). Le tarif de base remboursé par la Sécurité sociale est par exemple fixé à 111 euros pour une anesthésie effectuée dans le cadre d’une chirurgie du cristallin. Cet acte est d’autant plus intéressant si les anesthésistes parviennent à le répéter suffisamment dans la journée, en pratiquant leur art par exemple dans deux salles d'opération au lieu d'une seule.
Il est surtout largement perverti par des "sédations" dont l'unique intérêt est une facturation supplémentaire. Car l'ophtalmo en général se démerde seul avec ses topiques, voire ses péri bulbaires s'il sait les faire.
Hausse des dépassements d’honoraires
Pour autant, l’anesthésie-réanimation figure parmi les spécialités médicales les plus lucratives en France. Selon la caisse autonome de retraite des médecins libéraux (CARMF), en 2022, leur bénéfice non commercial (BNC) s’élevait à 133 356 euros, voire 194 036 euros pour ceux qui pratiquent des dépassements d’honoraires. Soit environ deux fois plus que les pédiatres [...]
194036/12 = 16169 euros. Curieusement, le salaire des CRNA en moyenne...
Il n’empêche : «Nous travaillons 55 à 70 heures par semaine afin d’être en mesure de verser le salaire de nos IADE (infirmières anesthésistes diplômées d’Etat, NDLR) qui s’élève à plus de 80 000 euros par an et le nôtre», insiste Etienne Fourquet.
Soit 3 fois moins que le salaire des MAR
A ce rythme, la moitié des 3 000 anesthésistes libéraux en exercice, conventionnés en secteur 1 et proches de la retraite, pourraient bientôt ranger leur blouse ou passer leurs dernières années d’activité au sein d’hôpitaux offrant, selon eux, de meilleures conditions de travail.
Mais bien sûr, il y a des IADE à foison qui tiennent les salles pendant que les cadors de la seringue, vaquent à leurs occupations scientifiques entre la salle de repos, les couloirs de la discussion, les bornes WI-FI de l'anesthésie à distance et le bureau de la planque et de la tranquillité. Reste bien quelques gardes. Mais quand on sait que certains MAR un peu vieux, intiment l'ordre à leur interne de ne pas les déranger sous peine de les pulvériser sur place, des gardes comme ça, on sait tous les faire.
Les autres, installés en secteur 2 après deux ans d’exercice à l’hôpital, songent à augmenter leurs dépassements d’honoraires (non remboursés par la Sécurité sociale, NDLR) pour tenir. «Pour l’Assurance maladie, ça ne change rien mais à la fin, ce sont les patients qui trinquent», admet le président du Snarf.
Oh ces scrupules l'honorent. Ou pas, vu qu'ils s'en battent l’œil, tant que les chèques ou le liquide tombent. SI le patient veut son intervention avec le chirurgien qu'il a choisi, il ne rechignera pas à lâcher quelques centaines d'euros supplémentaires pour l'acte d'anesthésie. Sinon, il n'a qu'à aller se faire opérer chez les pauvres. A l'hôpital public. Cet endroit qui récupère les patients ayant eu des complications dans les cliniques de la thune et du bonheur.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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Re: Articles sur la santé

Message par Arnaud BASSEZ » mer. mars 20, 2024 8:16 pm

Unanimité pour une proposition de loi sur la répression des violences contre les soignants
Quentin Haroche | 20 Mars 2024
Jim.fr

L’Assemblée Nationale a adopté en première lecture une proposition de loi renforçant les peines en cas de violences contre des soignants. Elle permettrait aux employeurs de porter plainte à la place des victimes.

« La tolérance zéro est non négociable » a lancé ce jeudi dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux, au moment de défendre la proposition de loi du député Horizons Philippe Pradal visant à « renforcer la sécurité des professionnels de santé ». Si l’enceinte du Palais Bourbon est régulièrement l’objet de débats houleux, le nécessaire renforcement de la lutte contre les violences commises à l’encontre des professionnels de santé a logiquement fait consensus parmi les députés et c’est à l’unanimité que les parlementaires ont voté cette proposition de loi.

Le texte prévoit tout d’abord d’étendre l’application des circonstances aggravantes déjà prévues en cas de violences commises contre un professionnel de santé « dans l’exercice ou du fait de ses fonctions » aux violences commises à l’encontre de tout membre du personnel d’un établissement de santé quel qu’il soit (hôpital, centre de santé, Ehpad…). Les peines pour violences commises par exemple contre la secrétaire d’un cabinet médical ou un salarié d’un Ehpad seront donc aggravées. Sont visées les formes de violences les plus graves : par exemple, en cas de violence contre un salarié d’un établissement de santé ayant entrainé une incapacité totale de travail (ITT) de plus de 8 jours, la peine encourue sera de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. La loi prévoit également d’aggraver les peines en cas de vol de matériel médical commis dans l’enceinte d’un hôpital.

L’employeur pourra porter plainte à la place du soignant

La proposition de loi créé également un délit d’outrage à l’encontre des professionnels de santé, quelque soit leur lieu d’exercice, qui sera puni d’une amende de 7 500 euros d’amende, peine qui pourra être porté à 6 mois d’emprisonnement si l’outrage a lieu à l’intérieur d’un établissement de santé.
Mais la principale nouveauté de la loi est la création d’un processus facilité de dépôt de plainte. Il est en effet très fréquent que les soignants victimes de violence renoncent à porter plainte, soit par crainte de représailles, soit parce qu’il n’en ressentent pas d’intérêt. Le texte adopté par les députés permet donc à l’employeur du soignant victime de porter plainte pour son compte, après avoir recueilli son consentement écrit. Pour les professionnels de santé libéraux, qui n’ont par définition pas d’employeur, un décret viendra préciser quelle instance représentative pourrait porter plainte à leur place, le député Philippe Pradal ayant évoqué comme possibilité l’Ordre des médecins, les syndicats professionnels ou l’Union régionale des professionnels de santé (URPS).

Pour les soignants qui n’osent pas porter plainte par crainte de représailles, la nouvelle loi leur permet de déclarer comme domicile au moment de la plainte l’adresse de l’Ordre professionnel auquel ils sont inscrits ou du commissariat dans lequel ils ont porté plainte. Le texte doit désormais être examiné au Sénat, mais avec la procédure accélérée enclenchée par le gouvernement, le député Philippe Pradel a bon espoir que les choses « aillent assez vite ».

65 professionnels de santé victimes de violences chaque jour

Cette proposition de loi est la traduction législative du plan d’action contre les violence vis-à-vis des soignants présenté en octobre dernier par le gouvernement, qui s’appuyait lui-même sur les travaux menés par le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins et Nathalie Nion, cadre supérieur à l’AP-HP. Les deux professionnels de santé avaient été mandatés pour réfléchir à la question à la suite de l’assassinat d’une infirmière au CHU de Reims en mai dernier.

Le plan présenté par le gouvernement en octobre dernier s’articulait autour de trois axes : la prévention, la sécurisation et l’accompagnement des victimes de violences. Le volet prévention a connu sa première expression en décembre dernier, avec la tenue d’une campagne de communication auprès des patients pour « changer les comportements ». Avec le slogan « il faut être malade pour s’en prendre à un professionnel de santé », la campagne avait été très diversement appréciée par les professionnels, qui estimaient qu’elle semblait quelque peu excuser les auteurs de violence. Si la proposition de loi votée par l’Assemblée Nationale devrait être mieux accueillie, les soignants attendent désormais des mesures concrètes sur le terrain, comme la généralisation des dispositifs d’alarme.

Selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), ce sont près de 20 000 signalements de violence contre des soignants qui sont recensés par an, correspondant à environ 30 000 atteintes aux personnes et 5 000 atteintes aux biens. Des chiffres sous-estimés, puisque nombreux sont les victimes qui ne signalent pas les violences qu’ils ont subies. On estime que ce sont chaque jour 65 professionnels de santé qui sont victimes de violences physiques ou verbales.
La santé est un état précaire qui ne laisse augurer rien de bon.

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