Re: Articles sur la santé
Posté : dim. déc. 03, 2023 6:59 pm
Publié le 23/11/2023
Mystérieuse flambée de maladies respiratoires en Chine
Quatre ans après le début de l’épidémie de Covid-19, l’augmentation inexpliquée du nombre de cas de maladies pulmonaires en Chine ravive de mauvais souvenirs.
Une mystérieuse épidémie de maladies respiratoires en Chine, cela ne vous rappelle rien ? Près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19 dans la région de Wuhan, l’Empire du milieu semble de nouveau frappé par une augmentation soudaine des cas de maladies respiratoires, même s’il est encore sans doute trop tôt pour parler d’une épidémie.
L’alerte a été émise au niveau international ce mardi par le système de surveillance mondial des maladies infectieuses ProMed. L’agence parle d’une « épidémie de pneumonie en Chine » touchant particulièrement les enfants, d’hôpitaux pour enfants « saturés par de jeunes patients malades » notamment à Pékin et dans le nord du pays et d’écoles fermés par les autorités.
Des hôpitaux pédiatriques surchargées et des écoles fermées
Les informations sur cette possible épidémie sont pour le moment lacunaires. Les nombreuses photos circulant sur les réseaux sociaux confirment bien que certains hôpitaux seraient pris d’assaut et que les délais d’attentes aux urgences deviennent intenables. Les enfants sont visiblement les premiers touchés par cette épidémie.
Le gouvernement a bel et bien reconnu que le pays faisait face, depuis environ un mois, à une hausse des maladies respiratoires, mais l’a attribué à des pathogènes déjà connus, comme la Covid-19, la grippe, le VRS et surtout la bactérie Mycoplasma pneumoniae, actuellement le principal suspect pour expliquer la surcharge des hôpitaux.
Signe que l’affaire est prise très au sérieux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est publiquement inquiétée ce mercredi de la situation sanitaire en Chine et a officiellement demandé à Pékin « des informations détaillées sur l’augmentation des maladies respiratoires et des foyers de pneumonies signalés chez des enfants ». L’OMS a également recommandé aux autorités chinoises de prendre « des mesures visant à réduire le risque de maladie respiratoire », comme la distanciation physique, le port de masque, l’isolement des malades et le dépistage (nous rappelant ainsi de mauvais souvenirs). Pékin n’a pour le moment pas réagi à ces demandes.
L’effet de la dette immunitaire des Chinois ?
Selon certains épidémiologistes, cette recrudescence des cas de maladies respiratoires pourrait constituer le contre-coup de la politique zéro-Covid menée par la Chine durant la pandémie. Pékin avait en effet mené une politique sanitaire particulièrement drastique, basé sur la fermeture des frontières, des dépistages massifs et des confinements extrêmement stricts. Cette politique, que la Chine a abandonné en fin d’année dernière, aurait fait perdre aux Chinois une partie de leur défense immunitaire vis-à vis des virus hivernaux.
« La circulation des virus et des bactéries a été freinée, peut-être il y a un phénomène de rattrapage, ce qu’on a appelé la dette immunitaire, c’est une hypothèse » explique le Pr Bruno Lina, membre du Covars. « Il y a un réservoir important de jeunes qui n’avaient jamais été exposés depuis près de quatre ans à bon nombre de pathogènes hivernaux » abonde dans le même sens le Pr Antoine Flahaut, de l’université de Genève.
Les épidémiologistes rappellent d’ailleurs que lors de l’hiver 2022-2023 en France, le premier depuis la levée des restrictions sanitaires, les épidémies de grippe et de bronchiolite ont été particulièrement importantes.
Les épidémiologistes restent cependant sur le qui-vive et savent que les autorités chinoises ne sont pas connues pour leur grande transparence. Ainsi, en 2003, lors de l’épidémie de SRAS, Pékin avait d’abord fait croire à une épidémie d’infection à Mycoplasma pneumoniae avant de reconnaitre l’existence d’un nouveau coronavirus. La Chine a également toujours refusé qu’une enquête indépendante soit menée sur les origines du SARS-Cov-2 et a dissimulé la réalité de l’épidémie dans son pays.
Si officiellement la pandémie n’a causé la mort que de quelques dizaines de milliers de Chinois, le bilan réel pourrait être de milliers de fois plus élevé.
Quentin Haroche
jim.fr
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Publié le 27/11/2023
Covid-19 : fallait-il ou non confiner, l’éternel débat
Trois ans et demi après la première vague de la Covid-19 en Occident, scientifiques et politiques continuent de s’interroger sur le bien-fondé des mesures prises par nos gouvernements.
Depuis ce fameux discours historique du 16 mars 2020 dans lequel Emmanuel Macron annonçait la mise en place d’un confinement sans précédent de l’ensemble de la population et la mise à l’arrêt de tout le pays, le débat ne faiblit pas : confiner la population était-il une mesure nécessaire face au danger de la pandémie de Covid-19 ou bien la France et le monde ont-ils cédé à la panique en prenant des décisions disproportionnées ? Scientifiques et politiques débattent de cette question depuis trois ans et demi et même le recul de l’épidémie et la fin des mesures sanitaires n’ont pas totalement mis fin à la discussion.
D’un côté, les partisans du confinement mettent en avant la pression extrême que faisait peser l’augmentation du nombre des cas graves de Covid-19 sur les services de santé, qui se sont retrouvés au bord de la rupture à plusieurs reprises au cours de l’épidémie, notamment en avril 2020. De l’autre, les pourfendeurs des dispositions les plus contraignantes rappellent que certains pays comme la Suède ou le Japon, qui se sont refusés à prendre de telles mesures liberticides et se sont essentiellement appuyés sur des recommandations à la population, ont obtenu de meilleurs résultats en termes de mortalité que certains de leurs voisins.
Le confinement moins efficace que la persuasion et la crainte du virus ?
Signe que le débat est encore vivace parmi la communauté scientifique, une nouvelle étude publiée le 16 novembre dernier dans la revue Nature Human Behaviour tente de déterminer précisément quels ont été les effets sanitaires et économiques du confinement et quelle autre politique aurait pu être appliquée.
Dans cette étude, des statisticiens et épidémiologistes américains et européens ont élaboré un modèle, basé sur la situation épidémique de l’Etat de New York durant la première vague du Covid-19 au printemps 2020, au cours de laquelle environ 30 000 personnes sont mortes et les 20 millions d’habitants ont été soumis à un confinement strict avec fermeture des commerces non essentiels pendant deux mois.
Le modèle a ensuite été appliqué à une population imaginaire de 400 000 personnes, représentatives de la population new-yorkaise en termes d’âge et de niveaux socio-économiques. Les chercheurs ont lancé plusieurs simulations, en faisant varier le niveau des mesures restrictives mais également le niveau d’acceptation et de crainte du virus par la population.
Selon les signataires de l’étude, leur modèle prouve certes que le confinement et la fermeture de tous les commerces non-essentiels est efficace, puisqu’il réduit de 35 % la mortalité, mais démontrerait également qu’une politique plus libérale aurait été à la fois plus efficace et moins néfaste économiquement. Ainsi, si la population avait suffisamment craint le virus pour adapter d’elle-même son comportement sans restriction légale, hypothèse qui correspond plus ou moins à ce qui a pu se passer en Suède, la mortalité aurait baissé de 50 %. De plus, dans cette hypothèse, le chômage n’aurait augmenté que de 40 %, contre 64 % en cas de confinement strict.
En se basant sur leur modèle, ces chercheurs critiquent également le fait que les différents gouvernements occidentaux ont pu prendre des mesures tous azimuts, parfois très néfastes pour l’économie, sans se soucier de leur efficacité réelle. Les auteurs de l’étude notent ainsi que fermer des pans de l’économie dans lesquels les contacts avec le public sont limités, comme la construction, est à la fois presque sans effet sur le plan sanitaire et dévastateur pour l’emploi. L’étude insiste également sur l’importance de prendre les mesures sanitaires suffisamment tôt pour assurer leur efficacité : repousser le confinement de seulement deux semaines aurait augmenté la mortalité de 50 % tout en ne sauvant que 2 % des emplois.
Olivier Véran placé sous le statut de témoin assisté
Bien sûr, cette étude ne mettra fin pas au débat, qui risque d’intéresser les scientifiques et les historiens pendant de nombreuses années, tant le modèle mathématique utilisé est discutable. S’agissant de l’exemple suédois, rappelons que si le royaume, qui n’a jamais confiné sa population, a eu une mortalité (2,5 morts pour 1 000 habitants) plus faible que certains pays ayant confiné comme la France (2,6) ou l’Italie (3,2), elle a en revanche déploré bien plus de morts que ses voisins scandinaves comme le Danemark (1,5) ou la Norvège (1).
En France, les interrogations sur la manière dont le gouvernement a réagi face aux prémices de la pandémie de Covid-19 ont pris un tournant judiciaire. Une information judiciaire, conduite par la Cour de Justice de la République (CJR), a ainsi été ouverte en juillet 2020. L’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen en septembre 2021 pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention de combattre un sinistre, avant d’être finalement placée sous le statut plus favorable de témoin assisté en janvier dernier, tandis que l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe a été également placé sous le statut de témoin assisté en octobre 2022.
On a également appris ce vendredi qu’Olivier Véran, ministre de la Santé durant la majeure partie de la pandémie et actuellement porte-parole du gouvernement, avait également été placé sous le statut de témoin assisté par la justice en juin dernier.
Mais, ce n’est pas d’avoir pris des mesures de confinement peut être disproportionnées qui est reproché aux ministres, mais au contraire de n’avoir pas pris assez tôt des mesures nécessaires pour combattre l’épidémie...
Quentin Haroche
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Publié le 27/11/2023
Les médecins priés de moins prescrire …avant d’être augmentés
Les dernières négociations conventionnelles ont été consacrées aux moyens d’éviter les prescriptions inutiles.
Cette fois, les négociateurs sont entrés dans le vif du sujet. Après un premier tour de table consacré à présenter les vues de chacun, les négociations conventionnelles entre la CNAM et les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont véritablement commencé jeudi dernier. Si les syndicats auraient sans doute préféré évoquer immédiatement le grand sujet qui fâche, à savoir la revalorisation du tarif de la consultation, la CNAM a choisi comme premier volet de ces discussions conventionnelles un autre sujet épineux, celui de la qualité et de la pertinence des soins et plus précisément des moyens d’éviter les prescriptions inutiles et les actes redondants.
Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait en effet prévenu dans sa lettre de cadrage du 17 octobre dernier : si les médecins devraient bien bénéficier in fine d’une hausse du tarif de la consultation, cela sera un accord « donnant-donnant ». Les praticiens doivent ainsi s’engager à aider le gouvernement et la CNAM dans leur entreprise de baisse des dépenses de santé.
Un programme de rigueur budgétaire qui, ces derniers mois, s’est notamment concentré sur les moyens de baisser les dépenses de médicaments. Ces dernières ont en effet augmenté de 4 % entre 2021 et 2022 et 13 milliards d’euros de dépenses annuelles sont dus à des prescripteurs libéraux (8 milliards pour les généralistes et 5 pour les spécialistes).
Antibiotiques, IPP et Ozempic : les pistes d’économie de la CNAM
La CNAM est donc arrivée à la table des négociations avec quelques chiffres, pour montrer l’ampleur de la tâche et les marges de manœuvre possibles. S’agissant des antibiotiques, l’Assurance Maladie a rappelé aux syndicats que, malgré une baisse continue de la consommation depuis 2012, la France en était le cinquième plus gros consommateur et le deuxième concernant les enfants de moins de quatre ans. Les enfants français « consommeraient » ainsi chaque année cinq fois plus d’antibiotiques que les enfants néerlandais. Pour dégager des économies mais également éviter le développement de l’antibiorésistance, la CNAM a rappelé l’objectif qu’elle s’est fixé : diminuer de 25 % la consommation d’antibiotiques d’ici 2025.
La CNAM a également mis en lumière la prescription « de manière systématique ou pour des durées trop longues » des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). « Plus de 50 % des usages ne seraient pas justifiées » selon la caisse, qui indique que la prévalence de la consommation d’IPP chez les enfants de moins de deux ans a fortement augmenté depuis 2010, passant de 3,6 % des enfants sous IPP à 6,1 % désormais.
Dans le document de travail envoyé ce jeudi aux syndicats, la CNAM évoque également un type de mésusage en augmentation ces derniers mois, celui de l’Ozempic. Ce médicament à base de sémaglutide, un analogue du GLP-1, est officiellement réservé aux personnes souffrant de diabète, mais est de plus en plus détourné pour des patients souhaitant perdre du poids.
La CNAM dit avoir identifié plus de 2 700 médecins prescripteurs à l’origine de ces mésusages de l’Ozempic, qui sont non seulement dangereux pour les usagers (ce médicament présentant bien sûr des effets secondaires) mais également dommageables pour les patients diabétiques qui peuvent être confrontés à des ruptures de stock.
Des millions de personnes âgées en polymédication
Enfin, la CNAM a appelé les médecins à faire de la lutte contre la polymédication des personnes âgées l’une de leurs priorités. Les chiffres avancés par la CNAM sont inquiétants : 6,7 millions de patients âgés de 65 ans et plus sont polymédiqués (plus de 5 molécules différentes par jour) et 1,6 millions sont hyperpolymédiqués (plus de 10 molécules par jour). Un médecin traitant a en moyenne 45 % de sa patientèle âgée de plus de 65 ans en polymédication et 12 % en hyperpolymédication. Rappelons toutefois que si les sujets âgés sont polymédiqués c’est qu’ils sont bien souvent atteints de polypathologies…
D’autres pistes pour dégager des économies et rationaliser l’offre de soins ont été avancés par la CNAM lors de ces discussions comme la réduction des actes de biologie médicale pas toujours pertinents (dosage de vitamine D, vitesse de sédimentation, dosage de TSH…) ou le fait d’éviter d’avoir recours trop fréquemment à des hospitalisations. La CNAM estime ainsi que 265 000 hospitalisations de malades chroniques seraient évitables chaque année, des hospitalisations jugées inutiles qui concernent essentiellement les personnes âgées.
Au tour maintenant des syndicats d’être force de proposition sur la question de la pertinence des soins, afin de n’être que plus crédible au moment de demander des augmentations de rémunération.
Quentin Haroche
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Publié le 27/11/2023
Portable et fertilité masculine, en sait-on vraiment plus ?
L’infertilité est le lot d’un couple sur six environ dans le monde. Plus d’une fois sur deux, c’est l’homme qui est en cause, du fait d’une qualité insuffisante du sperme. Au cours des trois dernières décennies, il apparaît que cette dernière a décliné sans cause apparente clairement identifiée, les hypothèses allant bon train sans emporter pour autant la conviction.
Les causes potentielles de la baisse de fertilité au fil des décennies
L’environnement, l’hygiène de vie, le surpoids ou a fortiori l’obésité, le tabagisme, la consommation d’alcool, le stress psychologique sont tour à tour évoqués à la lueur d’études épidémiologiques de qualité médiocre. Les téléphones portables n’échappent pas à cette traque, du fait de l’émission d’ondes électromagnétiques de haute fréquence (800-2200 MHz) qui peuvent être absorbés par l’organisme.
Des études expérimentales menées chez le rat ou la souris suggèrent que ces ondes peuvent altérer la qualité du sperme et aboutir à des modifications histologiques des testicules, en sachant que les conditions réunies dans ces expériences sont très éloignées de l’exposition aux ondes électromagnétiques dans la vie quotidienne, notamment par le biais des téléphones portables.
La même remarque s’applique d’ailleurs aux expériences qui ont été réalisées sur le sperme humain in vitro, les altérations de ce dernier sous l’effet des ondes électromagnétiques laissant dubitatifs. Les études d’observation, pour leur part, sont à la fois rares, menées sur des effectifs restreints et entachées de résultats largement discordants, le biais de publication jouant à plein, tout autant que la multiplicité des facteurs de confusion potentiels.
Une étude d’observation suisse : près de 3 000 jeunes participants
Il convient donc de rapporter les résultats d’une étude d’observation (de plus), réalisée en Suisse, laquelle a le mérite de porter sur une cohorte conséquente, constituée de 2 886 sujets jeunes de sexe masculin, représentatifs de la population générale. Les participants ont répondu à un questionnaire en ligne dans lequel ils ont décrit leurs rapports détaillés avec leur téléphone mobile en termes qualitatifs et quantitatifs.
L’étude a débuté en 2005, avant la large diffusion des smartphones et la recherche d’associations entre l’exposition à la téléphonie mobile et la qualité du sperme a tenu compte de cette chronologie. Par ailleurs, des ajustements multiples ont été réalisés dans les analyses multivariées pour prendre en compte le plus possible de facteurs de confusion potentiels.
Les participants, âgés de 18 à 22 ans, ont été recrutés à l’occasion de la période de trois jours réalisée pour juger de leur aptitude au service militaire. Cette cohorte représente chaque année 97 % de la population suisse des jeunes hommes de cette tranche d’âge, les 3 % restants étant exclus de la période de sélection du fait d’un handicap ou d’une maladie chronique.
Quelle que soit la décision du conseil de révision, les sujets souhaitant participer à l’étude ont reçu une description détaillée de celle-ci, un formulaire de consentement et deux questionnaires. L’un les concernait directement, puisqu’il portait sur leur état de santé et leurs habitudes de vie. L’autre, destiné à leurs parents, concernait la période d’avant la conception.
Ce recrutement qui s’est effectué entre septembre 2005 et novembre 2018 a consisté en 106 924 prises de contact ; in fine seuls 5,3 % des sujets contactés ont renvoyé les documents ad hoc, mais l’analyse a finalement porté sur 2 886 participants (3,1 %) qui ont fourni tous les éléments notamment biologiques (incluant un spermogramme) pour atteindre les objectifs de l’étude. Le nombre d’heures passées sur le smartphone et la façon de l’utiliser ont été pris systématiquement pris en compte, tout autant que la qualité du sperme (volume, concentration et nombre total de spermatozoïdes, mobilité et morphologie de ces derniers).
Associations significatives sans preuve pour un lien de causalité
Une analyse des données par un modèle linéaire ajusté a révélé une association significative entre l’usage fréquent du téléphone (>20 fois par jour) et une concentration (par ml) plus faible en spermatozoïdes (β ajusté : -0,152 ; IC 95% : -0,316 à 0,011). Il en a été de même pour leur concentration totale dans l’éjaculat (β ajusté : -0,271; IC 95 % : -0,515 à -0,027).
Une analyse par régression logistique ajustée, pour sa part, a estimé que le risque d’être en-dessous des normes de fertilité masculine définies par l’OMS s’en trouvait majoré au plus de 30 %, si l’on se réfère à la concentration de spermatozoïdes par ml (21 % quant à la concentration totale). Cette association inverse s’est avérée plus marquée au cours de la première phase de l’étude (2005-2007), comparativement aux deux autres (2008-2011 et 2012-2018). Aucune association n’a en revanche impliqué la mobilité ou la morphologie des spermatozoïdes et le fait de porter le téléphone mobile dans la poche du pantalon n’a pas eu d’influence sur les résultats.
Cette étude porte certes sur une cohorte conséquente de près de 3 000 jeunes hommes. Elle n’en est pas moins rétrospective et sa méthodologie prête le flanc à la critique, même si elle fait mieux que les études précédentes. Ses résultats ne peuvent qu’alimenter les hypothèses, rien de plus. Seules des études de cohorte prospectives permettront de conclure et, en attendant, aucun lien de causalité ne peut être établi entre l’exposition aux ondes électromagnétiques haute fréquence des téléphones mobiles et le risque d’infertilité.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Rita Rahban R et coll. Association between self-reported mobile phone use and the semen quality of young men. Fertil Steril 2023 (1er novembre): publication avancée en ligne. doi: 10.1016/j.fertnstert.2023.09.009.
Mystérieuse flambée de maladies respiratoires en Chine
Quatre ans après le début de l’épidémie de Covid-19, l’augmentation inexpliquée du nombre de cas de maladies pulmonaires en Chine ravive de mauvais souvenirs.
Une mystérieuse épidémie de maladies respiratoires en Chine, cela ne vous rappelle rien ? Près de quatre ans après le début de la pandémie de Covid-19 dans la région de Wuhan, l’Empire du milieu semble de nouveau frappé par une augmentation soudaine des cas de maladies respiratoires, même s’il est encore sans doute trop tôt pour parler d’une épidémie.
L’alerte a été émise au niveau international ce mardi par le système de surveillance mondial des maladies infectieuses ProMed. L’agence parle d’une « épidémie de pneumonie en Chine » touchant particulièrement les enfants, d’hôpitaux pour enfants « saturés par de jeunes patients malades » notamment à Pékin et dans le nord du pays et d’écoles fermés par les autorités.
Des hôpitaux pédiatriques surchargées et des écoles fermées
Les informations sur cette possible épidémie sont pour le moment lacunaires. Les nombreuses photos circulant sur les réseaux sociaux confirment bien que certains hôpitaux seraient pris d’assaut et que les délais d’attentes aux urgences deviennent intenables. Les enfants sont visiblement les premiers touchés par cette épidémie.
Le gouvernement a bel et bien reconnu que le pays faisait face, depuis environ un mois, à une hausse des maladies respiratoires, mais l’a attribué à des pathogènes déjà connus, comme la Covid-19, la grippe, le VRS et surtout la bactérie Mycoplasma pneumoniae, actuellement le principal suspect pour expliquer la surcharge des hôpitaux.
Signe que l’affaire est prise très au sérieux, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est publiquement inquiétée ce mercredi de la situation sanitaire en Chine et a officiellement demandé à Pékin « des informations détaillées sur l’augmentation des maladies respiratoires et des foyers de pneumonies signalés chez des enfants ». L’OMS a également recommandé aux autorités chinoises de prendre « des mesures visant à réduire le risque de maladie respiratoire », comme la distanciation physique, le port de masque, l’isolement des malades et le dépistage (nous rappelant ainsi de mauvais souvenirs). Pékin n’a pour le moment pas réagi à ces demandes.
L’effet de la dette immunitaire des Chinois ?
Selon certains épidémiologistes, cette recrudescence des cas de maladies respiratoires pourrait constituer le contre-coup de la politique zéro-Covid menée par la Chine durant la pandémie. Pékin avait en effet mené une politique sanitaire particulièrement drastique, basé sur la fermeture des frontières, des dépistages massifs et des confinements extrêmement stricts. Cette politique, que la Chine a abandonné en fin d’année dernière, aurait fait perdre aux Chinois une partie de leur défense immunitaire vis-à vis des virus hivernaux.
« La circulation des virus et des bactéries a été freinée, peut-être il y a un phénomène de rattrapage, ce qu’on a appelé la dette immunitaire, c’est une hypothèse » explique le Pr Bruno Lina, membre du Covars. « Il y a un réservoir important de jeunes qui n’avaient jamais été exposés depuis près de quatre ans à bon nombre de pathogènes hivernaux » abonde dans le même sens le Pr Antoine Flahaut, de l’université de Genève.
Les épidémiologistes rappellent d’ailleurs que lors de l’hiver 2022-2023 en France, le premier depuis la levée des restrictions sanitaires, les épidémies de grippe et de bronchiolite ont été particulièrement importantes.
Les épidémiologistes restent cependant sur le qui-vive et savent que les autorités chinoises ne sont pas connues pour leur grande transparence. Ainsi, en 2003, lors de l’épidémie de SRAS, Pékin avait d’abord fait croire à une épidémie d’infection à Mycoplasma pneumoniae avant de reconnaitre l’existence d’un nouveau coronavirus. La Chine a également toujours refusé qu’une enquête indépendante soit menée sur les origines du SARS-Cov-2 et a dissimulé la réalité de l’épidémie dans son pays.
Si officiellement la pandémie n’a causé la mort que de quelques dizaines de milliers de Chinois, le bilan réel pourrait être de milliers de fois plus élevé.
Quentin Haroche
jim.fr
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Publié le 27/11/2023
Covid-19 : fallait-il ou non confiner, l’éternel débat
Trois ans et demi après la première vague de la Covid-19 en Occident, scientifiques et politiques continuent de s’interroger sur le bien-fondé des mesures prises par nos gouvernements.
Depuis ce fameux discours historique du 16 mars 2020 dans lequel Emmanuel Macron annonçait la mise en place d’un confinement sans précédent de l’ensemble de la population et la mise à l’arrêt de tout le pays, le débat ne faiblit pas : confiner la population était-il une mesure nécessaire face au danger de la pandémie de Covid-19 ou bien la France et le monde ont-ils cédé à la panique en prenant des décisions disproportionnées ? Scientifiques et politiques débattent de cette question depuis trois ans et demi et même le recul de l’épidémie et la fin des mesures sanitaires n’ont pas totalement mis fin à la discussion.
D’un côté, les partisans du confinement mettent en avant la pression extrême que faisait peser l’augmentation du nombre des cas graves de Covid-19 sur les services de santé, qui se sont retrouvés au bord de la rupture à plusieurs reprises au cours de l’épidémie, notamment en avril 2020. De l’autre, les pourfendeurs des dispositions les plus contraignantes rappellent que certains pays comme la Suède ou le Japon, qui se sont refusés à prendre de telles mesures liberticides et se sont essentiellement appuyés sur des recommandations à la population, ont obtenu de meilleurs résultats en termes de mortalité que certains de leurs voisins.
Le confinement moins efficace que la persuasion et la crainte du virus ?
Signe que le débat est encore vivace parmi la communauté scientifique, une nouvelle étude publiée le 16 novembre dernier dans la revue Nature Human Behaviour tente de déterminer précisément quels ont été les effets sanitaires et économiques du confinement et quelle autre politique aurait pu être appliquée.
Dans cette étude, des statisticiens et épidémiologistes américains et européens ont élaboré un modèle, basé sur la situation épidémique de l’Etat de New York durant la première vague du Covid-19 au printemps 2020, au cours de laquelle environ 30 000 personnes sont mortes et les 20 millions d’habitants ont été soumis à un confinement strict avec fermeture des commerces non essentiels pendant deux mois.
Le modèle a ensuite été appliqué à une population imaginaire de 400 000 personnes, représentatives de la population new-yorkaise en termes d’âge et de niveaux socio-économiques. Les chercheurs ont lancé plusieurs simulations, en faisant varier le niveau des mesures restrictives mais également le niveau d’acceptation et de crainte du virus par la population.
Selon les signataires de l’étude, leur modèle prouve certes que le confinement et la fermeture de tous les commerces non-essentiels est efficace, puisqu’il réduit de 35 % la mortalité, mais démontrerait également qu’une politique plus libérale aurait été à la fois plus efficace et moins néfaste économiquement. Ainsi, si la population avait suffisamment craint le virus pour adapter d’elle-même son comportement sans restriction légale, hypothèse qui correspond plus ou moins à ce qui a pu se passer en Suède, la mortalité aurait baissé de 50 %. De plus, dans cette hypothèse, le chômage n’aurait augmenté que de 40 %, contre 64 % en cas de confinement strict.
En se basant sur leur modèle, ces chercheurs critiquent également le fait que les différents gouvernements occidentaux ont pu prendre des mesures tous azimuts, parfois très néfastes pour l’économie, sans se soucier de leur efficacité réelle. Les auteurs de l’étude notent ainsi que fermer des pans de l’économie dans lesquels les contacts avec le public sont limités, comme la construction, est à la fois presque sans effet sur le plan sanitaire et dévastateur pour l’emploi. L’étude insiste également sur l’importance de prendre les mesures sanitaires suffisamment tôt pour assurer leur efficacité : repousser le confinement de seulement deux semaines aurait augmenté la mortalité de 50 % tout en ne sauvant que 2 % des emplois.
Olivier Véran placé sous le statut de témoin assisté
Bien sûr, cette étude ne mettra fin pas au débat, qui risque d’intéresser les scientifiques et les historiens pendant de nombreuses années, tant le modèle mathématique utilisé est discutable. S’agissant de l’exemple suédois, rappelons que si le royaume, qui n’a jamais confiné sa population, a eu une mortalité (2,5 morts pour 1 000 habitants) plus faible que certains pays ayant confiné comme la France (2,6) ou l’Italie (3,2), elle a en revanche déploré bien plus de morts que ses voisins scandinaves comme le Danemark (1,5) ou la Norvège (1).
En France, les interrogations sur la manière dont le gouvernement a réagi face aux prémices de la pandémie de Covid-19 ont pris un tournant judiciaire. Une information judiciaire, conduite par la Cour de Justice de la République (CJR), a ainsi été ouverte en juillet 2020. L’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen en septembre 2021 pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention de combattre un sinistre, avant d’être finalement placée sous le statut plus favorable de témoin assisté en janvier dernier, tandis que l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe a été également placé sous le statut de témoin assisté en octobre 2022.
On a également appris ce vendredi qu’Olivier Véran, ministre de la Santé durant la majeure partie de la pandémie et actuellement porte-parole du gouvernement, avait également été placé sous le statut de témoin assisté par la justice en juin dernier.
Mais, ce n’est pas d’avoir pris des mesures de confinement peut être disproportionnées qui est reproché aux ministres, mais au contraire de n’avoir pas pris assez tôt des mesures nécessaires pour combattre l’épidémie...
Quentin Haroche
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Publié le 27/11/2023
Les médecins priés de moins prescrire …avant d’être augmentés
Les dernières négociations conventionnelles ont été consacrées aux moyens d’éviter les prescriptions inutiles.
Cette fois, les négociateurs sont entrés dans le vif du sujet. Après un premier tour de table consacré à présenter les vues de chacun, les négociations conventionnelles entre la CNAM et les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont véritablement commencé jeudi dernier. Si les syndicats auraient sans doute préféré évoquer immédiatement le grand sujet qui fâche, à savoir la revalorisation du tarif de la consultation, la CNAM a choisi comme premier volet de ces discussions conventionnelles un autre sujet épineux, celui de la qualité et de la pertinence des soins et plus précisément des moyens d’éviter les prescriptions inutiles et les actes redondants.
Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait en effet prévenu dans sa lettre de cadrage du 17 octobre dernier : si les médecins devraient bien bénéficier in fine d’une hausse du tarif de la consultation, cela sera un accord « donnant-donnant ». Les praticiens doivent ainsi s’engager à aider le gouvernement et la CNAM dans leur entreprise de baisse des dépenses de santé.
Un programme de rigueur budgétaire qui, ces derniers mois, s’est notamment concentré sur les moyens de baisser les dépenses de médicaments. Ces dernières ont en effet augmenté de 4 % entre 2021 et 2022 et 13 milliards d’euros de dépenses annuelles sont dus à des prescripteurs libéraux (8 milliards pour les généralistes et 5 pour les spécialistes).
Antibiotiques, IPP et Ozempic : les pistes d’économie de la CNAM
La CNAM est donc arrivée à la table des négociations avec quelques chiffres, pour montrer l’ampleur de la tâche et les marges de manœuvre possibles. S’agissant des antibiotiques, l’Assurance Maladie a rappelé aux syndicats que, malgré une baisse continue de la consommation depuis 2012, la France en était le cinquième plus gros consommateur et le deuxième concernant les enfants de moins de quatre ans. Les enfants français « consommeraient » ainsi chaque année cinq fois plus d’antibiotiques que les enfants néerlandais. Pour dégager des économies mais également éviter le développement de l’antibiorésistance, la CNAM a rappelé l’objectif qu’elle s’est fixé : diminuer de 25 % la consommation d’antibiotiques d’ici 2025.
La CNAM a également mis en lumière la prescription « de manière systématique ou pour des durées trop longues » des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). « Plus de 50 % des usages ne seraient pas justifiées » selon la caisse, qui indique que la prévalence de la consommation d’IPP chez les enfants de moins de deux ans a fortement augmenté depuis 2010, passant de 3,6 % des enfants sous IPP à 6,1 % désormais.
Dans le document de travail envoyé ce jeudi aux syndicats, la CNAM évoque également un type de mésusage en augmentation ces derniers mois, celui de l’Ozempic. Ce médicament à base de sémaglutide, un analogue du GLP-1, est officiellement réservé aux personnes souffrant de diabète, mais est de plus en plus détourné pour des patients souhaitant perdre du poids.
La CNAM dit avoir identifié plus de 2 700 médecins prescripteurs à l’origine de ces mésusages de l’Ozempic, qui sont non seulement dangereux pour les usagers (ce médicament présentant bien sûr des effets secondaires) mais également dommageables pour les patients diabétiques qui peuvent être confrontés à des ruptures de stock.
Des millions de personnes âgées en polymédication
Enfin, la CNAM a appelé les médecins à faire de la lutte contre la polymédication des personnes âgées l’une de leurs priorités. Les chiffres avancés par la CNAM sont inquiétants : 6,7 millions de patients âgés de 65 ans et plus sont polymédiqués (plus de 5 molécules différentes par jour) et 1,6 millions sont hyperpolymédiqués (plus de 10 molécules par jour). Un médecin traitant a en moyenne 45 % de sa patientèle âgée de plus de 65 ans en polymédication et 12 % en hyperpolymédication. Rappelons toutefois que si les sujets âgés sont polymédiqués c’est qu’ils sont bien souvent atteints de polypathologies…
D’autres pistes pour dégager des économies et rationaliser l’offre de soins ont été avancés par la CNAM lors de ces discussions comme la réduction des actes de biologie médicale pas toujours pertinents (dosage de vitamine D, vitesse de sédimentation, dosage de TSH…) ou le fait d’éviter d’avoir recours trop fréquemment à des hospitalisations. La CNAM estime ainsi que 265 000 hospitalisations de malades chroniques seraient évitables chaque année, des hospitalisations jugées inutiles qui concernent essentiellement les personnes âgées.
Au tour maintenant des syndicats d’être force de proposition sur la question de la pertinence des soins, afin de n’être que plus crédible au moment de demander des augmentations de rémunération.
Quentin Haroche
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Publié le 27/11/2023
Portable et fertilité masculine, en sait-on vraiment plus ?
L’infertilité est le lot d’un couple sur six environ dans le monde. Plus d’une fois sur deux, c’est l’homme qui est en cause, du fait d’une qualité insuffisante du sperme. Au cours des trois dernières décennies, il apparaît que cette dernière a décliné sans cause apparente clairement identifiée, les hypothèses allant bon train sans emporter pour autant la conviction.
Les causes potentielles de la baisse de fertilité au fil des décennies
L’environnement, l’hygiène de vie, le surpoids ou a fortiori l’obésité, le tabagisme, la consommation d’alcool, le stress psychologique sont tour à tour évoqués à la lueur d’études épidémiologiques de qualité médiocre. Les téléphones portables n’échappent pas à cette traque, du fait de l’émission d’ondes électromagnétiques de haute fréquence (800-2200 MHz) qui peuvent être absorbés par l’organisme.
Des études expérimentales menées chez le rat ou la souris suggèrent que ces ondes peuvent altérer la qualité du sperme et aboutir à des modifications histologiques des testicules, en sachant que les conditions réunies dans ces expériences sont très éloignées de l’exposition aux ondes électromagnétiques dans la vie quotidienne, notamment par le biais des téléphones portables.
La même remarque s’applique d’ailleurs aux expériences qui ont été réalisées sur le sperme humain in vitro, les altérations de ce dernier sous l’effet des ondes électromagnétiques laissant dubitatifs. Les études d’observation, pour leur part, sont à la fois rares, menées sur des effectifs restreints et entachées de résultats largement discordants, le biais de publication jouant à plein, tout autant que la multiplicité des facteurs de confusion potentiels.
Une étude d’observation suisse : près de 3 000 jeunes participants
Il convient donc de rapporter les résultats d’une étude d’observation (de plus), réalisée en Suisse, laquelle a le mérite de porter sur une cohorte conséquente, constituée de 2 886 sujets jeunes de sexe masculin, représentatifs de la population générale. Les participants ont répondu à un questionnaire en ligne dans lequel ils ont décrit leurs rapports détaillés avec leur téléphone mobile en termes qualitatifs et quantitatifs.
L’étude a débuté en 2005, avant la large diffusion des smartphones et la recherche d’associations entre l’exposition à la téléphonie mobile et la qualité du sperme a tenu compte de cette chronologie. Par ailleurs, des ajustements multiples ont été réalisés dans les analyses multivariées pour prendre en compte le plus possible de facteurs de confusion potentiels.
Les participants, âgés de 18 à 22 ans, ont été recrutés à l’occasion de la période de trois jours réalisée pour juger de leur aptitude au service militaire. Cette cohorte représente chaque année 97 % de la population suisse des jeunes hommes de cette tranche d’âge, les 3 % restants étant exclus de la période de sélection du fait d’un handicap ou d’une maladie chronique.
Quelle que soit la décision du conseil de révision, les sujets souhaitant participer à l’étude ont reçu une description détaillée de celle-ci, un formulaire de consentement et deux questionnaires. L’un les concernait directement, puisqu’il portait sur leur état de santé et leurs habitudes de vie. L’autre, destiné à leurs parents, concernait la période d’avant la conception.
Ce recrutement qui s’est effectué entre septembre 2005 et novembre 2018 a consisté en 106 924 prises de contact ; in fine seuls 5,3 % des sujets contactés ont renvoyé les documents ad hoc, mais l’analyse a finalement porté sur 2 886 participants (3,1 %) qui ont fourni tous les éléments notamment biologiques (incluant un spermogramme) pour atteindre les objectifs de l’étude. Le nombre d’heures passées sur le smartphone et la façon de l’utiliser ont été pris systématiquement pris en compte, tout autant que la qualité du sperme (volume, concentration et nombre total de spermatozoïdes, mobilité et morphologie de ces derniers).
Associations significatives sans preuve pour un lien de causalité
Une analyse des données par un modèle linéaire ajusté a révélé une association significative entre l’usage fréquent du téléphone (>20 fois par jour) et une concentration (par ml) plus faible en spermatozoïdes (β ajusté : -0,152 ; IC 95% : -0,316 à 0,011). Il en a été de même pour leur concentration totale dans l’éjaculat (β ajusté : -0,271; IC 95 % : -0,515 à -0,027).
Une analyse par régression logistique ajustée, pour sa part, a estimé que le risque d’être en-dessous des normes de fertilité masculine définies par l’OMS s’en trouvait majoré au plus de 30 %, si l’on se réfère à la concentration de spermatozoïdes par ml (21 % quant à la concentration totale). Cette association inverse s’est avérée plus marquée au cours de la première phase de l’étude (2005-2007), comparativement aux deux autres (2008-2011 et 2012-2018). Aucune association n’a en revanche impliqué la mobilité ou la morphologie des spermatozoïdes et le fait de porter le téléphone mobile dans la poche du pantalon n’a pas eu d’influence sur les résultats.
Cette étude porte certes sur une cohorte conséquente de près de 3 000 jeunes hommes. Elle n’en est pas moins rétrospective et sa méthodologie prête le flanc à la critique, même si elle fait mieux que les études précédentes. Ses résultats ne peuvent qu’alimenter les hypothèses, rien de plus. Seules des études de cohorte prospectives permettront de conclure et, en attendant, aucun lien de causalité ne peut être établi entre l’exposition aux ondes électromagnétiques haute fréquence des téléphones mobiles et le risque d’infertilité.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Rita Rahban R et coll. Association between self-reported mobile phone use and the semen quality of young men. Fertil Steril 2023 (1er novembre): publication avancée en ligne. doi: 10.1016/j.fertnstert.2023.09.009.