Le 9 avril 2015, les députés ont adopté l’article 30 du projet de loi de santé qui crée un exercice en pratique avancée pour les professions paramédicales.
Deux jours après, la SOFIA s’inquiétait de prendre le train en marche avant que de se retrouver planté sur le quai...
“Un infirmier qui exerce en pratique avancée est un infirmier diplômé qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmier sera autorisée à exercer”
Selon la définition du Conseil International des Infirmiers (CCI) (adoptée en 2008)
COUR DES COMPTES
05.07.2023
Les infirmiers en pratique avancée
En réponse aux défis posés par les difficultés d’accès aux médecins généralistes et l’augmentation des pathologies chroniques dues au vieillissement de la population, le législateur a introduit en France le concept de « pratique avancée » des professions paramédicales, issu d’un processus de réflexion, engagé au début des années 2000. Il s’agit moins d’élever le niveau de technicité des actes pratiqués par ces professionnels, que d’élargir les compétences transversales et les responsabilités des professions paramédicales au-delà du cadre légal et réglementaire actuel : réalisation de certains actes sans prescription médicale préalable, prescription d’examens biologiques, renouvellement ou adaptation de prescriptions de médicaments... L’enjeu explique les tensions qui entourent sa mise en oeuvre. La possibilité d’un exercice « en pratique avancée » a été ouvert à l’ensemble des professions médicales par la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. Cependant les textes réglementaires le réservent aujourd’hui aux seuls infirmiers.
– Les bénéfices importants attendus par le ministère de la santé
La notion de pratique avancée correspond à l’élargissement et à la transversalité des compétences et des responsabilités. Pour prétendre à cet exercice, en ville ou en établissement de santé, les infirmiers doivent disposer d’une ancienneté de pratique de trois ans, puis avoir suivi une formation complémentaire d’une durée de deux années de niveau master, dans l’une des cinq « mentions » retenues par le législateur : pathologies chroniques stabilisées, oncologie et hémato-oncologie, maladie rénale chronique, dialyse et transplantation rénale, psychiatrie et santé mentale, urgences. Bien qu’ouverte à l’ensemble des professions paramédicales, la pratique avancée n’est encore organisée que pour les infirmiers. Une large autonomie est conférée aux « infirmiers de pratique avancée » (IPA) dans l’exercice de leurs compétences, sous réserve qu’ils travaillent sous la coordination d’un médecin. Pour autant, les textes qui définissent les prérogatives des IPA ne mentionnent ni les missions, ni les fonctions qu’ils sont appelés à assumer et qui, pourtant, sont présentées comme la justification essentielle de ce nouveau statut. Le ministère de la santé attend beaucoup des IPA : faciliter l’accès aux soins en répartissant de manière différente la charge de travail entre les infirmiers et les médecins dont la démographie est sous tension, améliorer la prise en charge des maladies chroniques dans le contexte du vieillissement de la population et proposer aux infirmiers de nouvelles perspectives de carrière.
– Des obstacles puissants
Le ministère s’était fixé une cible de 3 000 IPA formés ou en formation d’ici à 2022 et, à terme, de 6 000 à 18 000 IPA en exercice. Or, en 2021, seuls 581 IPA étaient diplômés et 1 366 en formation. Plusieurs freins s’opposent au déploiement de la pratique avancée : les réticences des médecins constituent le plus fondamental d’entre eux. Le parcours de soins de référence demeure celui de la relation première entre le patient et un médecin généraliste, garant de sa bonne orientation dans le système de santé et rémunéré à l’acte. Or, lorsque des IPA sont installés en ville, les médecins refusent trop souvent, par méconnaissance ou par crainte de concurrence, d’orienter vers eux des patients atteints de pathologies chroniques, dont l’état de santé relèverait d’un suivi par ces professionnels paramédicaux, Actuellement, le modèle économique ne permet pas aux IPA libéraux de vivre de leur activité, alors même qu’ils ont consenti un effort de formation important - les études, qui s’inscrivent dans un cadre de formation continue, étant onéreuses. En outre, les médecins collaborent de manière plus naturelle avec des assistants médicaux, ou avec des infirmiers salariés par des associations, dont le champ de compétence et le modèle économique ne constituent pas un facteur de concurrence directe pour les professions médicales.
– De récentes évolutions structurantes
Face à ces freins, le ministère a envisagé des inflexions : permettre un « accès direct » des patients aux IPA sans passer par un médecin et accorder aux IPA un droit de première prescription. Une loi récemment promulguée a tranché en faveur de ces évolutions. Toutes les difficultés ne sont pas encore résolues. Il revient au ministère de définir des guides ou des référentiels précisant les missions des IPA, ou bien, sur le modèle de certains pays étrangers, de prévoir des formations complémentaires préparant les IPA au droit de prescrire en première intention. Les obstacles rencontrés par les IPA reflètent les limites de la conception du système de santé français, encore trop marqué par l’exercice isolé de la médecine de ville. Cette conception doit évoluer pour que la coopération entre professionnels de santé devienne la pratique générale, alors que l’offre de soins de ville continue à se rétracter et que de nombreux patients n’ont pas de médecin traitant.
– Code de la santé publique
- Partie réglementaire (Articles R1110-1 à R6441-1)
- Quatrième partie : Professions de santé (Articles R4002-1 à D4443-33)
- Livre III : Auxiliaires médicaux, aides-soignants, auxiliaires de puériculture, ambulanciers et assistants dentaires (Articles R4301-1 à D4393-17)
- Titre préliminaire : Exercice en pratique avancée (Articles R4301-1 à R4301-10)
- Chapitre Ier : Infirmier en pratique avancée (Articles R4301-1 à R4301-10)
- Section 1 : Exercice infirmier en pratique avancée (Articles R4301-1 à R4301-8-1)
Proposition de loi portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé
- Rapports législatifs Sénat
Rapport n° 328 (2022-2023), déposé le 8 février 2023
Arrêté du 11 mars 2022 modifiant les annexes de l’arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice infirmier en pratique avancée en application de l’article R. 4301-3 du code de la santé publique
Arrêté du 1er mars 2022 fixant le montant de la prime spéciale attribuée aux personnels relevant du corps des auxiliaires médicaux en pratique avancée
La rémunération des IPA.
Arrêté du 25 octobre 2021 fixant la liste des motifs de recours et des situations cliniques mentionnés à l’article R. 4301-3-1 du code de la santé publique
Décret n° 2021-1384 du 25 octobre 2021 relatif à l’exercice en pratique avancée de la profession d’infirmiers, dans le domaine d’intervention des urgences
Arrêté du 22 octobre 2021 modifiant l’arrêté du 18 juillet 2018 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée
Arrêté du 23 décembre 2020 fixant les règles d’organisation générale, la composition du jury et la nature des épreuves du concours de recrutement pour l’accès au corps des auxiliaires médicaux exerçant en pratique avancée de la fonction publique hospitalière
Décret n° 2020-369 du 30 mars 2020 modifiant le décret n° 88-1083 du 30 novembre 1988 relatif à l’attribution d’une prime spécifique à certains agents
Décret n° 2020-368 du 30 mars 2020 modifiant le décret n° 2020-65 du 30 janvier 2020 portant création d’une prime d’attractivité territoriale des établissements mentionnés à l’article 2 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986
Décret n° 2020-245 du 12 mars 2020 relatif à l’échelonnement indiciaire du corps des auxiliaires médicaux exerçant en pratique avancée de la fonction publique hospitalière
Décret n° 2020-244 du 12 mars 2020 portant statut particulier du corps des auxiliaires médicaux exerçant en pratique avancée de la fonction publique hospitalière
Arrêté du 12 août 2019 modifiant l’arrêté du 18 juillet 2018 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée
Arrêté du 12 août 2019 modifiant les annexes de l’arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice infirmier en pratique avancée en application de l’article R. 4301-3 du code de la santé publique
Arrêté du 12 août 2019 relatif à l’enregistrement des infirmiers en pratique avancée auprès de l’ordre des infirmiers
Décret n° 2019-836 du 12 août 2019 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée mention psychiatrie et santé mentale
(permet aux infirmiers titulaires du diplôme d’Etat de secteur psychiatrique d’accéder à la formation d’infirmier en pratiques avancées, mais pour la seule mention « psychiatrie et santé mentale ».)
Décret n° 2019-835 du 12 août 2019 relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée et à sa prise en charge par l’assurance maladie
(A pour principal objet d’étendre le champ d’exercice de l’infirmier exerçant en pratiques avancées dans le domaine d’intervention « psychiatrie et santé mentale ». Il modifie par ailleurs plusieurs textes afin de permettre l’exécution des prescriptions émanant d’un infirmier en pratiques avancées (IPA) par un infirmier diplômé d’Etat (IDE), une pharmacie d’officine ou un service de soins à domicile. Il vise également à encadrer l’exercice en pratiques avancées des étudiants en formation en vue du diplôme d’Etat d’infirmier, lors de leurs stages, en prévoyant qu’ils peuvent participer à certains actes en présence d’un infirmier titulaire du diplôme d’IPA ou d’un médecin. Enfin, le décret permet la prise en charge par l’Assurance maladie d’une consultation d’un médecin spécialiste faite à la demande de l’IPA dans le cadre du parcours de soins coordonné.)
Décret n° 2018-629 du 18 juillet 2018 relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée - JORF n°0164 du 19 juillet 2018 texte n° 18.
(fixe le cadre juridique de l’exercice en pratiques avancées en soins infirmiers. Ils ont notamment défini les domaines d’intervention et les activités de l’infirmier exerçant en pratiques avancées.)
Arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice infirmier en pratique avancée en application de l’article R. 4301-3 du code de santé publique - JORF n°0164 du 19 juillet 2018 texte n° 22.
Décret n° 2018-633 du 18 juillet 2018 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée - JORF n°0164 du 19 juillet 2018 texte n° 42.
Arrêté du 18 juillet 2018 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée- JORF n°0164 du 19 juillet 2018 texte n° 43.
Arrêté du 18 juillet 2018 fixant la liste des pathologies chroniques stabilisées prévue à l’article R. 4301-2 du code de santé publique. JORF n°0164 du 19 juillet 2018 texte n° 21.
LOI n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé (1)
L’article 119 du Chapitre II : Innover pour préparer les métiers de demain, pose les bases de la pratique avancée.
Pour la SOFIA, les IADE sont depuis longtemps en pratique avancée. A tel point que pour maintenir un écart validant notre formation, notre socle de connaissance et notre pratique professionnelle, la classification IPA n’est plus adaptée à notre cas.
Dès lors, le statut de profession médicale à compétences définies s’impose pour les infirmier(e)s anesthésistes. (Analogue aux sages-femmes)
La SOFIA ne préconise pas de lister les actes des IADE classés en "med def", mais de considérer l’ensemble de ce statut comme suffisant à délimiter notre pratique professionnelle quotidienne.
Il devrait comporter
- Droit de diagnostic en per opératoire et action en fonction de la problématique rencontrée.
- Droit de prescription sur le per et post-opératoire immédiat (antalgiques de palier 1-2-3 en SSPI par exemple)
- Responsabilité de la pratique d’actes codifiés (Exercice en toute indépendance)
- Obligations professionnelles
{}- Autonomie et responsabilités
- Différentes formes d’exercice
– A lire le travail proposé par le bureau de la SOFIA "IADE et profession intermédiaire".
A lire l’histoire des IADE et le consternant constat des attaques puériles du snphar-e contre la profession IADE. Pour ceux qui auraient encore des croyances sur le binôme et sa valeur en terme de reconnaissance et de respect.
Les explications et l’historique des IPA sur un site infirmier
Les différences entre les CRNA et les advanced practitioners
— -
Direction générale de l’offre de soins (DGOS)
La loi de modernisation de notre système de santé pose le cadre juridique de ce que l’on peut appeler « la pratique avancée » pour les auxiliaires médicaux. Cet exercice en santé existe déjà dans de nombreux pays. En France, le choix a été fait de le déployer au sein d’une équipe, en commençant par la profession d’infirmier.
La pratique avancée vise un double objectif : améliorer l’accès aux soins ainsi que la qualité des parcours des patients en réduisant la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées.
En outre, la pratique avancée favorise la diversification de l’exercice des professionnels paramédicaux et débouche sur le développement des compétences vers un haut niveau de maîtrise. Le travail de l’infirmier en pratique avancée (IPA) sera donc pleinement reconnu.
De quoi parle-t-on ?
Le conseil international des infirmiers (CII) indique que « l’infirmier-ère diplômé-e qui exerce en pratique avancée a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmier-ère sera autorisé-e à exercer ».
Concrètement, le décret précise que la pratique avancée recouvre :
– des activités d’orientation, d’éducation, de prévention ou de dépistage
– des actes d’évaluation et de conclusion clinique, des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique
– des prescriptions de produits de santé non soumis à prescription médicale, des prescriptions d’examens complémentaires, des renouvellements ou adaptations de prescriptions médicales.Dans quel cadre ?
Demain, les IPA pourront exercer :
en ambulatoire :
– au sein d’une équipe de soins primaires coordonnée par le médecin (par exemple en maison ou centre de santé) ou de l’équipe de soins d’un centre médical du service de santé des armées coordonnée par un médecin des armées
– en assistance d’un médecin spécialiste, hors soins primairesen établissement de santé, en établissement médico-social ou dans un hôpital des armées, au sein d’une équipe de soins coordonnée par un médecin.
Concrètement ?
L’IPA exercera dans une forme innovante de travail interprofessionnel. En acquérant des compétences relevant du champ médical, il suivra des patients qui lui auront été confiés par un médecin, avec son accord et celui des patients. Il verra régulièrement ceux-ci pour le suivi de leurs pathologies, en fonction des conditions prévues par l’équipe.
L’IPA discutera du cas des patients lors des temps d’échange, de coordination et de concertation réguliers organisés avec l’équipe. Il reviendra vers le médecin lorsque les limites de son champ de compétences seront atteintes ou lorsqu’il repèrera une dégradation de l’état de santé d’un patient.
3 domaines d’intervention sont définis dans un 1er temps :
– les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires
– l’oncologie et l’hémato-oncologie
– la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale.Grâce à la pratique avancée, l’IPA renforcera :
– son analyse, plus fine et plus précise
– sa méthodologie, plus rigoureuse
– son autonomie
– sa pratique, qui mobilisera plus d’outils
– ses choix, davantage argumentés vis-à-vis du médecin.Quelle formation ?
Un IPA sera un infirmier expérimenté, d’au minimum 3 ans d’exercice, ayant obtenu son diplôme d’Etat d’IPA précisant la mention choisie et reconnu au grade universitaire de master. Afin d’exercer dans le ou les domaines d’intervention définis, l’IPA devra avoir validé le ou les mentions correspondantes.
La formation sera organisée autour d’une 1ère année de tronc commun permettant de poser les bases de l’exercice infirmier en pratique avancée et d’une 2ème année centrée sur les enseignements en lien avec la mention choisie.Qui contacter ?
Qui contacter sur la politique nationale : la direction générale de l’offre de soins (DGOS) : DGOS-RH2@sante.gouv.fr
Source :
Direction générale de l’offre de soins (DGOS)
Sous-direction des ressources humaines du système de santé (RH2S)
Bureau Exercice, déontologie et formations continues (RH2)
14 avenue Duquesne 75350 Paris 07 SPCourriel : DGOS-RH2[@]sante.gouv.fr
Infirmière de Pratique Avancée : les fondements de l’ IPA
source : SNPI
Historiquement, la pratique avancée est apparue aux Etats Unis, à partir d’un cadre conceptuel élaboré par H. Peplau.
Ainsi, le premier cursus de formation :
– d’ICS infirmière clinicienne spécialisée (Clinical nurse specialist) est créé aux Etats-Unis en 1954, en psychiatrie, au sein de la Rutgers University, dans le New Jersey.
– d’IPS infirmière praticienne spécialisée (Nurse practitioner) voit le jour en 1965, en pédiatrie, à l’Université du Colorado.
De nos jours, les quatre rôles en pratique avancée reconnus aux États-Unis, sont :
– l’infirmière anesthésiste ;
– l’infirmière sage-femme ;
– l’infirmière clinicienne spécialiste ;
– l’infirmière praticienne.
L’IPA américaine doit donc obtenir une certification dans l’un des quatre rôles en pratique avancée ainsi que pour l’une des six clientèles suivantes :
– la famille/la personne à tous les âges de la vie ;
– l’adulte et la personne âgée ;
– la néonatalogie ;
– la pédiatrie ;
– la santé selon le genre (la santé des femmes) ;
– la santé mentale et la psychiatrie.
Selon la définition du Conseil International des Infirmières, c’est « Une infirmière qui exerce en pratique avancée est une infirmière diplômée qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer. »
La pratique avancée utilise des compétences essentielles à la prise en soins des patients en situation de soins complexes :
– La recherche, pour des consultations et des interventions tenant compte des meilleures pratiques de soins, basées sur des preuves (EBN)
– Le raisonnement éthique expert en cas de dilemmes
– Le soutien expert des patients et de l’équipe soignante
On enregistre 330.000 infirmières en pratiques avancées dans 25 pays du monde. Dans ces pays, la pratique avancée est un terme générique qui désigne deux rôles :
– Infirmière clinicienne spécialisée, qui exerce dans le même
champ réglementaire que l’infirmière généraliste, mais avec un niveau de compétence plus élevé et généralement dans un domaine plus restreint ;
– Infirmière « praticienne », qui exerce dans le même champ
réglementaire que l’infirmière généraliste et a, par dérogation aux
conditions légales d’exercice, des activités relevant du champ
médical (diagnostic de pathologies, prescriptions de
thérapeutiques, prescription et interprétation d’examens,
dépistage, orientation etc.).
Après son DE, une infirmière doit avoir 5 ans d’expérience clinique avant de faire un master en sciences infirmières pour devenir IPA. En France, il existe aujourd’hui deux formations, qui proposent trois options en M2 :
Master sciences cliniques infirmières, proposé par l’Université de Marseille Méditerranée :
– Spécialité 1 : Infirmière de pratiques avancées en cancérologie
– Spécialité 2 : Infirmière de pratiques avancées en gérontologie
– Spécialité 3 : Infirmière coordinatrice de parcours complexes de soins
Master Sciences cliniques en soins infirmiers, UFR des sciences de la santé de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines :
– Spécialiste clinique en psychiatrie et santé mentale,
– Spécialiste clinique en maladies chroniques et dépendance (hors cancérologie)
– Spécialiste clinique en douleur et soins palliatifs
L’IPA est là pour faire entendre l’expertise infirmière, et affirmer une vision infirmière de la santé (prévention, éducation à la santé, accompagnement, relation d’aide).
LOI n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé et son Article 119.
A ce jour, le décret d’application se fait toujours attendre. Il devra préciser les missions des professionnels en ambulatoire et à l’hôpital.
Conformément à la proposition du Plan cancer III de créer le nouveau métier d’infirmier clinicien, la France devient ainsi le 26ème pays à créer ce nouveau métier pour des infirmières titulaires d’un Master (bac+5). "Du fait du lobby médical et des réticences des administrations centrales, l’IPA sera très encadrée "coordonnée par le médecin" : dans les autres pays l’IPA est une professionnelle autonome, en France elle sera une "auxiliaire médicale", précise Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI, Syndicat National des Professionnels Infirmiers. "Pourtant, dans 25 pays, nous avons 300.000 infirmières de pratique avancée (cliniciennes ou praticiennes) qui exercent librement leurs compétences, au même titre qu’une sage-femme".
Pour le ministère de la Santé français (DGOS), la pratique avancée est une pratique globale (« pratique avancée de son métier ») et non une pratique centrée sur la maîtrise d’un champ disciplinaire. La pratique avancée n’est pas l’expertise disciplinaire ni la spécialisation. Sa définition cible clairement la prise de décisions complexes ce qui renvoie explicitement au positionnement du professionnel sur le champ de la décision médicale à la différence de l’expertise et la spécialisation.
Pour Thierry Amouroux, "il y a une incohérence entre la position DGOS qui refuse de considérer les IADE comme des infirmiers de pratique avancée, alors qu’aux USA par exemple, l’infirmier anesthésiste est défini comme de la pratique avancée, et ce avec un recul de 60 ans".
– Métiers spécialisés (IADE, IBODE, PUER)
Les attentes portent sur 3 points :
– réintégrer dans la formation de base au métier socle (IDE) des modules sur ces métiers ; (Quand on voit le niveau des étudiants infirmiers actuels, ce serait ou tirer les étudiants vers le haut, ou l’anesthésie vers le bas, tant la formation des IDE est devenue totalement inepte en terme de pratique (AB).
– développer des modules de formation en commun (avec les autres infirmiers spécialisés et avec les médecins) ;
– revoir les conditions d’accès à ces métiers : mettre en place un recrutement sur dossier et entretiens en remplacement des concours d’accès. (pas certain de la pertinence de la chose, face à un concours sélectif (AB).
Il convient de faire le point sur l’orientation et l’accompagnement vers des filières de spécialisation paramédicales. Selon la DGOS, ces spécialisations peuvent être diverses :
– Expertise dans un domaine spécifique relevant du métier socle ;
– Métier spécialisé (IADE, IBODE, Puéricultrices) ;
– Pratiques avancées.
- Au niveau international, la définition de référence de la pratique avancée est : « L’infirmière de pratique avancée, ou infirmière spécialiste : experte, est une infirmière diplômée d’Etat ou certifiée qui a acquis les connaissances théoriques et le savoir-faire nécessaires aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de son métier, pratiques dont les caractéristiques sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer. Une formation de base de niveau maîtrise (Master’s Degree) est recommandée » (CII, Conseil International des Infirmières, 2008).
En 2013, on recense 330.000 infirmières en pratiques avancées dans 25 pays du monde.
- Au Québec et au Canada, la pratique infirmière avancée correspond à un cursus universitaire post-licence, à savoir master et doctorat. Il existe deux types d’infirmières en pratique avancée :
– les infirmières praticiennes en néphrologie, cardiologie ou néonatologie, qui suivent des cours communs avec les étudiants en médecine durant la formation ;
– les infirmières cliniciennes, spécialisées en situations ou domaines particuliers (santé mentale, gérontologie, santé communautaire). Les infirmières en pratique avancée investissent quatre axes permanents : la pratique clinique, la formation et l’éducation à la santé, la consultation et la recherche aussi bien en milieu hospitalier qu’extra-hospitalier. 2.500 « clinical nurses spécialists » et « nurses practictioners » (prescription, interprétation d’examen, consultation…)
Au Québec, "l’infirmière praticienne spécialisée" est habilitée à pratiquer certaines activités médicales dans les domaines de la néonatalogie, de la néphrologie et de la cardiologie.
L’entrée en vigueur des dispositions du projet de loi 90, en 2003, a favorisé le développement du rôle de l’infirmière praticienne spécialisée. L’OIIQ et le Collège des médecins du Québec ont rédigé conjointement les lignes directrices qui déterminent les balises nécessaires à l’encadrement de cette pratique. Le choix des spécialités, la néonatalogie, la néphrologie et la cardiologie, s’est fait de concert avec les associations des spécialistes concernés pour répondre à des besoins aigus de suivi, de prise en charge et de diminution de temps d’attente.
Au Québec, l’IPS dispense des soins médicaux qui répondent aux besoins complexes des patients et de leur famille. Ainsi, ces infirmières peuvent :
– prescrire des examens diagnostiques (comme une radiographie des poumons ou des analyses de laboratoire) ;
– utiliser des techniques diagnostiques invasives ou présentant des risques de préjudice (comme des ponctions lombaires, en néonatalogie) ;
– prescrire des médicaments et autres substances (comme des antibiotiques ou des solutions intraveineuses) ;
– prescrire des traitements médicaux (comme l’alimentation parentérale, la cardiostimulation et la modification du traitement d’hémodialyse) ;
– et utiliser des techniques ou appliquer des traitements médicaux invasifs ou présentant des risques de préjudice (comme l’insertion et le retrait d’un drain thoracique, en néonatalogie ; la ponction pleurale, en cardiologie).
- Aux USA, les infirmiers de pratique avancée sont des infirmiers diplômés d’état qui ont un niveau master ou doctorat en science infirmière. Il existe 4 types de pratique avancée : sage-femme, infirmier anesthésiste, infirmière praticienne et infirmière clinicienne spécialisée. 158.000 NP infirmières praticiennes et 53.000 CNS cliniciennes spécialisées (diagnostic et traitement, prise en charge des maladies chroniques…)
Et comme il est spécifié sur le site du National Board of Certification and Recertification for Nurse Anesthetists (NBCRNA) There are nearly 50,000 certified registered nurse anesthetists (CRNAs) in the United States working in every health care setting, in both rural and urban areas, in every state.
- En Israël, la qualification d’infirmier spécialisé dans le cancer du sein existe depuis 1996 et la formation est soutenue et financée par l’association israélienne de cancérologie. Elle est à un niveau académique. Pour accéder à ce cursus il faut avoir suivi le module de spécialisation en cancérologie (329 heures théorie et 160 heures pratiques).
- Grande Bretagne : Plusieurs formes de pratiques avancées « spécialistes cliniques », « consultations infirmières de première ligne », 1.000 « infirmières consultantes », 1.700 infirmières de suivi des maladies chroniques (prescription, décision…)
- Irlande : développement de pratiques avancées depuis les années 1990 (urgences). Les 2.200 CNC et 150 « Advance Nurces Practionners » ont le droit de prescription depuis 2007. Elles font l’évaluation et le suivi des patients.
- Australie : prescription de médicaments pour la « clinical nurse consultant ». Les 400 « nurses practictionners » peuvent de plus prescrire et interpréter examens, radios et échographies.
- En Belgique il existe depuis 2009 un « titre professionnel particulier d’infirmier spécialisé en oncologie »TPP. Pour accéder à ce cursus il faut avoir une licence en soins infirmiers et être infirmier diplômé. Ce programme universitaire post licence en cancérologie équivaut à 900 heures (450 heures théoriques et 450 heures pratiques), soit 60 ECTS. Les infirmiers doivent par la suite faire la preuve de 2 jours de formation continue et 50 jours de travail en cancérologie par an pour garder leur qualification. En Italie il existe un cursus universitaire, licence équivalent à 60 ETCS pour les pratiques avancées, encadrement d’équipe et coordination du parcours de soins, ainsi qu’un cursus master pour le management, pédagogie et recherche équivalent à 120 ECTS. Par ailleurs, il est possible de faire une spécialisation infirmière en sénologie post licence équivalent à 1500 heures, soit 60 ECTS.
- Chypre : Existence de pratiques avancées dans les spécialités Diabétologie, Psychiatrie, et Soins généraux (consultation, diagnostic, pathologie chronique…)
- En Europe, un diplôme en soins de réanimation est délivré en Norvège, Espagne, Suède (licence), Autriche. Un diplôme d’État d’infirmière de réanimation (Registered Critical Care Nurse) est délivré en Allemagne, en Hongrie et en Suisse.
- Finlande : pratiques avancées dans les centres de soins de santé primaire, Master en soins aigus. Prescription d’un nombre limité de médicaments depuis 2010.
- République Tchèque : pratiques avancées pour les maladies chroniques et dans le traitement des blessures (attractivité, réduction de l’émigration des IDE).
- En France d’autres spécialisations dans un domaine des soins infirmiers sont effectives par des formations (diplômes d’université, diplômes interuniversitaires, certificats délivrés par des associations, etc.) et/ou de l’expérience (ex. infirmier référent douleur, équipes mobiles en gérontologie).
Une personne peut être spécialiste d’un domaine, par exemple à l’issue d’une formation, alors qu’expert, au sens de niveau de compétence, comporte une dimension individuelle. Le nombre d’étapes d’acquisition des compétences varie selon les auteurs : novice, débutant avancé, compétent, efficace, expert (Dreyfus et Dreyfus, 1980).
Toutes les études réalisées indiquent que l’IPA améliore les résultats de santé dans les nombreux milieux cliniques où elle se déploie, et pour toutes les patientèles concernées, avec des soins sûrs, efficaces et bien perçus par les patients.
– Kilpatrick K, Reid K, Carter N, et al : A Systematic Review of the Cost-Effectiveness of Clinical Nurse Specialists and Nurse Practitioners in Inpatient Roles.
– Nurs Leadersh (Tor Ont) 28:56-76, 2015, Newhouse, R. P., et al. (2011).
– "Advanced practice nurse outcomes 1990-2008 : a systematic review." Nurs Econ 29(5) : 230-250 ; quiz 251.).
En savoir plus
– Bryant-Lukosius, D., et al. (2004). "Advanced practice nursing roles : development, implementation and evaluation." J Adv Nurs 48(5) : 519-529.
– Hamric, A. B., Hanson, C. M., Tracy, M. F., & O’Grady, E. T. (2014). Advanced practice nursing : An integrative approach (Fifth edition.). St. Louis, Missouri, Elsevier/Saunders.
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Quelques titres en anglais, car le principe de l’IPA est avant tout anglo saxon.
- 8959 résultats (au 29 janvier 2021) sur pubmed, concernant le terme advanced practice nursing
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Impact of nurse practitioners on health outcomes of Medicare and Medicaid patients
G.M. Oliver, L. Pennington, S. Revelle, M. Rantz
Abstract
Strengthening health care overall is essential to the health of our nation and promoting access to health care as well as controlling health care costs in a quality cost-effective manner. Nurse practitioners have demonstrated to be effective and cost-effective providers in prior research ; however, many states restrict their practice. We examined for a statistically significant relationship between the level of advanced practice registered nurse (APRN) practice (full, reduced, or restricted) allowed and results of recent nationwide, state level analyses of Medicare or Medicare-Medicaid beneficiaries of potentially avoidable hospitalizations, readmission rates after inpatient rehabilitation, and nursing home resident hospitalizations and then compared them with state health outcome rankings.
States with full practice of nurse practitioners have lower hospitalization rates in all examined groups and improved health outcomes in their communities. Results indicate that obstacles to full scope of APRN practice have the potential to negatively impact our nation’s health. Action should be taken to remove barriers to APRN practice
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Specialist nurse in Europe : education, regulation and role
C. Dury, C. Hall, J.L. Danan, J. Mondoux, M.C. Aguiar Barbieri-Figueiredo, M.A. Costa, et al.
Abstract
Background : The concept of a ’specialist nurse’ has existed for many years and related education programmes are proliferating. However, while literature clearly outlines the roles and practice of registered nurses and advanced practice nurses, those of specialist nurses remain unclear and nursing specializations across Europe need clarifying. Aim : This pilot study aimed to explore the competencies, education requirements and regulation of specialist nurses in Europe. Design : A descriptive cross-sectional survey. Methods : An online questionnaire named ’Specialist nurse and specialization in Europe’ was sent to 550 members of the European Federation of Nurse Educators and ten members of the European Specialist Nurses Organizations. Snowball sampling was then used to build a convenience sample of nurse educators, clinical nurses and specialist nurses, national nursing association members, and chief nursing officers from all European countries. Besides quantitative aspects, responses to open-ended questions were analysed using a qualitative content analysis process.
Results : A total of 77 experts from 29 European countries responded to the questionnaire. Findings highlighted variations in titles, levels and length of education, certification, regulation and scope of practice for specialized nurses in Europe. Analysis of the promoted competencies revealed dominant clinical and technical aspects of the role with a high level of knowledge. Conclusions : The study emphasized the need to improve standards for education, certification and regulation for specialist nurses. Interpretation of the role and competencies is diverse with a weak presence of health policy that would enhance and develop the specialities. Implications for nursing and health policy : To address the current lack of provisions for automatic recognition of specialist nurses, common training frameworks corresponding to the relevant level of the European Qualifications Framework should promote lifelong learning and mobility, and enhance levels of health care and patient safety.
© 2014 International Council of Nurses.
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Identification des facteurs essentiels favorisant l’intégration des rôles infirmiers en pratique avancée : une étude ethnographique
M. Schober
Résumé
Objectifs
Cette étude vise à identifier les questions essentielles soulevées par la mise en œuvre de la pratique avancée en soins infirmiers dans un contexte national.
Méthode
Une étude ethnographique reposant sur une approche de cas instrumentale a été réalisée à Singapour de 2008 à 2012. L’étude comprenait quatre phases : une analyse de document (n = 47), des entretiens avec les principaux décideurs politiques (n = 12), avec des cadres infirmiers et des directeurs médicaux (n = 11) ayant supervisé la mise en œuvre des pratiques avancées infirmières, avec des infirmières de pratique avancée (IPA) et une observation participante dans l’environnement de pratique des IPA (n = 15).
Résultats
Bien que des décideurs aient exprimé le désir de soutenir le concept d’IPA, les résultats de l’étude ont révélé une absence de plan coordonné de mise en œuvre de ce projet. Nombre de difficultés dans l’introduction de cette fonction trouvent leur origine dans une compréhension trop vague de ce type de fonction et de sa place dans les soins de santé. Des tensions et des conflits se sont produits de façon inattendue dans les organisations de santé ayant introduit des IPA.
Conclusion
La planification stratégique pourrait faciliter l’intégration des IPA dans les équipes interdisciplinaires. En s’appuyant sur une revue de la littérature et sur les résultats de cette étude, des éléments clés devant nécessairement être pris en compte dans une démarche de ce type ont pu être identifiés afin de faciliter l’intégration des infirmiers de pratique avancée dans un système de santé. Bien que la recherche ait été menée à Singapour, les conclusions de cette étude peuvent être utiles pour d’autres pays qui traversent les premières étapes visant à introduire des IPA dans leurs organisations sanitaires.
Le projet de décret sur la pratique avancée en mode "concertation"
07 mars 2018 par Bernadette Fabregas infirmiers.com
A l’heure de la concertation, en ce 8 mars 2018 au ministère des Solidarités et de la Santé, sur le projet de décret qui doit encadrer la pratique avancée des infirmier(e)s, il est évident, au regard des diverses réactions communiquées tant par les médecins que les infirmiers, que le consensus n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Explications et arguments des diverses parties concernées.
pousse, végétal, croissance
"Prescription, actes techniques, suivi du patient : ce que feront les infirmiers en pratique avancée demain", tel est le titre de l’article publié le mardi 7 mars 2018 par Le Quotidien du Médecin. On y lit que "Prévu dans la loi de santé de Marisol Touraine, attendu depuis plusieurs mois par les infirmiers comme par les médecins, le projet de décret sur l’infirmier en pratique avancée, chamboule totalement les règles du jeu dans la prise en charge du patient et dans le parcours de soins". Il est écrit que "Le projet de décret précise le rôle du médecin dans l’équipe de soins et surtout, son rapport à l’infirmier en pratique avancée. C’est le médecin qui détermine, « pour chaque domaine d’intervention, les patients auxquels sera proposé, avec leur accord, un suivi par un infirmier exerçant en pratique avancée », qui doit en retour informer le praticien s’il repère une dégradation de l’état de santé du patient ou « une situation dont la prise en charge dépasse son champ de compétences".
Restreindre l’autonomie de l’IPA se révèlera vite un frein à la réalisation des objectifs affichés. Les enjeux en termes de santé publique sont pourtant colossaux
Un projet de décret et deux arrêtés ont été présentés
D’après le projet de décret et les deux arrêtés qui y sont joints, les infirmiers de pratique avancée participeront "à la prise en charge globale du patient" en ce qui concerne l’oncologie, la transplantation rénale, la santé mentale et la psychiatrie, mais surtout ils joueront un rôle dans le suivi des "pathologies chroniques stabilisées, notamment pour la prise en charge des personnes âgées" (AVC, diabète, maladie d’Alzheimer, ...). Toutefois, il est clairement précisé que tout se fera sous le contrôle des médecins : "conduite diagnostique" et "choix thérapeutiques" du parcours de soins sont "définis par le médecin".
En outre, le champ de compétences des IPA ira jusqu’à "conduire un entretien avec le patient", retracer ses antécédents médicaux et "procéder à un examen clinique". Elles pourront égelement "renouveler ou adapter des prescriptions médicales", "prescrire et interpréter" des examens de biologie, ou encore pratiquer une liste d’actes techniques "sans prescription médicale".
Des infirmiers qui ne voient aucune "plus-value" pour leur profession...
- Florence Ambrosino, infirmière de pratique avancée, tient à préciser ceci : "Rappelons que ces IDE /IPA seront formés à un niveau master (soit deux ans supplémentaires), seront déjà expérimentés dans leur exercice et seront en travail de collaboration avec le ou les médecins. Tout ceci est bien encadré et garantit la parfaite sécurité des patients. L’autonomie de l’IPA porte principalement sur des champs infirmiers, sur de l’éducation, de la prévention et de l’accompagnement, de la prise en charge globale, de la réponse à des besoins insuffisamment couverts actuellement. A noter également que le suivi par un IPA se fera sur des pathologies chroniques stabilisées, si aggravation c’est le médecin qui revoit le patient. De notre point de vue, il s’agit-là d’une belle avancée pour l’équipe de soins et pour le parcours des patients. Mais nous restons attentifs pour faire encore évoluer ce décret dans l’avenir".
- De son côté le Sniil, syndicat d’infirmiers libéraux, est par voie de communiqué "stupéfait de ce qu’il y est écrit". Il l’affirme, "le Sniil dénoncera avec force, l’énorme marché de dupes qui se prépare, sans aucune plus-value pour la profession infirmière En effet, alors que la formation de ces professionnels devrait, selon la Direction Générale de l’Offre de Soins, « leur permettre de développer des compétences vers un haut niveau de maîtrise afin de répondre aux nouveaux enjeux d’un système de santé en pleine mutation », les textes réglementaires en projet ne donnent strictement aucune autonomie aux futures infirmières et infirmiers exerçant en pratique avancée (IPA). Dans tous les pays du monde, la pratique avancée se caractérise, selon le Conseil International des Infirmières, par « un degré élevé d’autonomie professionnelle », « l’intégration de la recherche », « la gestion de sa propre charge de travail », « des compétences cliniques étendues et reconnues comme telles », ET« la fourniture de services de consultation »". Pour le Sniil, "en l’état actuel des choses, ce n’est pas du tout la définition qui a été choisie par les autorités Françaises !"
- L’Ordre National des Infirmiers a également réagi et désapprouve le projet de décret tel qu’il a été rédigé soulignant dans leur communiqué qu’il "fait preuve d’une approche particulièrement restrictive et dénuée d’ambition". L’ONI rappelle que dans les nombreux pays où elle a été mise en place, la pratique avancée se caractérise par "un degré élevé d’autonomie professionnelle", "l’intégration de la recherche", "la gestion de sa propre charge de travail", "des compétences cliniques étendues et reconnues comme telles" , et "des services de consultation". Dans le projet de texte actuel, "on ne trouve aucune mention des termes consultation, ou encore sciences infirmières." "Nous avons bien conscience qu’un texte doit être le résultat d’un consensus mais celui-ci ne saurait se faire au détriment de l’amélioration de la réponse que doit apporter le système de santé aux besoins des patients. Nous espérons que Madame la Ministre comprendra que les déficits d’offre de soins actuels et à venir nécessitent la création de ce nouveau statut, véritable chaînon manquant de notre système de soins," estime plus particulièrement Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre des infirmiers.
Communiqué ONI
Infirmière en pratique avancée : le risque du rendez-vous manqué
Paris, le 8 mars 2018
Aujourd’hui se tient la première réunion de concertation relative au projet de décret sur la pratique infirmière avancée. Il s’agit de la création d’un nouveau professionnel de santé, de formation universitaire Master II, autonome et responsable, et positionné entre les médecins et les auxiliaires médicaux.
En créant en 2016 ce nouveau statut, le Parlement avait pour ambition de « réorganiser les pratiques en définissant de nouvelles règles de partage entre professionnels de santé » afin « d’offrir de nouveaux services à la population et d’améliorer la qualité du processus de soins et ce dans un contexte d’une nécessaire structuration de l’offre de soins ambulatoire ». Mais le projet de décret d’application présenté par le Ministère de la Santé fait preuve d’une approche particulièrement restrictive et dénuée d’ambition.
Dans les nombreux pays où elle a été mise en place, la pratique avancée se caractérise, selon le Conseil International des Infirmières, par « un degré élevé d’autonomie professionnelle », « l’intégration de la recherche », « la gestion de sa propre charge de travail », « des compétences cliniques étendues et reconnues comme telles », et « des services de consultation ». Dans le projet de texte de décret, on ne trouve aucune mention des termes « consultation », ou encore « sciences infirmières ». L’infirmière de pratique avancée devra attendre de se voir attribuer par le médecin chacun de ses patients.
En raison du vieillissement de la population, de l’explosion des maladies chroniques et des polypathologies, de l’inégale répartition des médecins sur le territoire et donc du développement des déserts médicaux, les patients ont besoin de cette "profession intermédiaire". De nombreux rapports et travaux l’ont affirmé, l’infirmier en pratique avancée pourrait combler un déficit dans l’offre de soins, assurer des prises en charge complexes, en particulier sur la coordination en médecine de proximité et/ou entre la ville et l’hôpital évitant ainsi des réhospitalisations dramatiques et coûteuses, ainsi que des consultations de suivi, des actes de soins, des orientations et des prescriptions permettant l’adaptation des traitements et leur observance.
« Nous avons bien conscience qu’un texte doit être le résultat d’un consensus mais celui-ci ne saurait se faire au détriment de l’amélioration de la réponse que doit apporter le système de santé aux besoins des patients. Nous espérons que Madame la Ministre comprendra que les déficits d’offre de soins actuels et à venir nécessitent la création de ce nouveau statut, véritable chaînon manquant de notre système de soins » déclare Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre des infirmiers.
La difficulté de la profession, très majoritairement féminine, à être reconnue à sa juste valeur et à se voir ouvrir la voie vers une véritable autonomie résonne avec une particulière acuité en ce jeudi 8 mars 2018, Journée internationale de la femme . Si l’émancipation des femmes ne se fait pas sans peine, les infirmières connaissent les plus grandes difficultés à faire valoir leurs droits, leurs compétences, leurs savoir-faire et leur rôle pourtant indispensable auprès des patients. La crainte d’un "rendez-vous manqué" concernant la mise en place du statut d’infirmière en pratique avancée constitue un nouvel exemple criant de ce manque de reconnaissance.
CONTACT PRESSE : Adrien de Casabianca
06 30 30 34 84 - adrien.decasabianca@gmail.com
- La Coordination nationale infirmière, par la voix de sa présidente Nathalie Depoire, ne dit pas autre chose : "Alors que depuis quelques années la recherche clinique infirmière se développe, notamment dans le cadre des PHRIP, le texte précise que l’IPA “contribue à la production de connaissances en participant à des travaux de recherche dans le champ des sciences contribuant à l’exercice infirmier”. L’initiative de la recherche par l’infirmier est totalement obérée, la terminologie “sciences infirmières”, elle aussi, inexistante. Bien au-delà de revendications corporatistes, notre attachement à l’évolution infirmière et la reconnaissance de son expertise, trouve sa genèse dans nos valeurs soignantes et le souhait d’optimiser rapidement la prise en charge des patients et notamment ceux relevant de maladies chroniques. Restreindre l’autonomie de l’IPA se révèlera vite un frein à la réalisation des objectifs affichés. Les enjeux en termes de santé publique sont pourtant colossaux. Occulter les mots pour ne pas heurter certaines sensibilités acte un tel décalage avec les besoins des usagers et l’ambition affichée que nous, professionnels de santé, sommes ce 8 mars bien au-delà de la colère. Le syndicat CNI ne peut cautionner cette frilosité et attend une évolution des textes, un courage politique à la hauteur des besoins de santé de nos concitoyens…"
- Le syndicat d’infirmiers libéraux Convergence Infirmières mise sur "un hasard du calendrier," car c’est ce jeudi 8 mars, journée internationale dédiée aux droits des femmes, que se tient, au Ministère de la Santé, une réunion relative à la mise en œuvre d’une formation en Master réservée aux infirmières. Ladite formation pourrait ainsi valider un tout nouveau métier : ″l’infirmière en pratique avancée″. Convergence Infirmières rappelle "que très en retard sur le sujet, en comparaison avec d’autres grands pays occidentaux (Grande-Bretagne, États-Unis ou encore Canada), la France en est encore à ses premiers balbutiements. Pour le syndicat, l’objectif est clair : donner une nouvelle dimension à notre métier… comme d’autres pays ont su le faire avant nous. Il invite donc le gouvernement à tirer tous les enseignements utiles auprès de ces pays précurseurs, notamment pour ce qui concernent les avantages et les bénéfices qu’en ont tirés les patients, mais aussi les différents obstacles rencontrés durant la mise sur pied de ces nouveaux métiers.Le lobbying médical, aussi puissant soit-il, ne doit pas être un frein au développement de ces nouveaux métiers. Interpellant Agnès Buzyn, les termes du communiqué sont les suivants : Heureuse coïncidence : le 8 mars est une date qui résonne dans nos esprits, puisque le 8 mars est consacré ″journée internationale des droits des femmes″, alors, Madame la Ministre, sachant que notre profession est l’une des plus féminisée qui soit, comment peut-on concevoir qu’elle soit l’une des plus discriminées… bien souvent sous le joug de ″l’homme médecin″ ! Là aussi, il est impératif que les mentalités évoluent. Cela va dans le sens de l’Histoire ; ce sont aussi les valeurs prônées par la France". Quant à Philippe Tisserand, président de la Fédération des infirmiers libéraux (FNI), il a notamment déploré auprès de l’AFP des pratiques "totalement encadrées" par un médecin.
Nous avons bien conscience qu’un texte doit être le résultat d’un consensus mais celui-ci ne saurait se faire au détriment de l’amélioration de la réponse que doit apporter le système de santé aux besoins des patients.
Les médecins tirent à boulets rouges sur le projet de décret ...
- Selon l’article du jour du Generaliste.fr, le décret est loin de satisfaire les médecins libéraux qui regrettent de ne pas avoir été conviés au comité de pilotage du décret – seuls les Ordres étaient présents – et dénoncent son contenu, notamment le volet prescription. Interrogé par la rédaction, les présidents des syndicats libéraux s’insurgent. Le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz déclare "que ce projet de décret est fondamental mais en l’état, il est à revoir de fond en comble. Certains examens cliniques qui y figurent ne sont même plus effectués aujourd’hui. De plus, la prescription est le cœur du métier de médecin et ne peut être déléguée sans protocolisation. La notion de « protocole », également absente, devrait également apparaître dans ce décret afin de respecter les rôles de chacun et ainsi garantir la qualité des soins et la responsabilité des praticiens". De son côté, le président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon, se dit "abasourdi à la lecture du texte qui démantèle encore un peu plus la médecine libérale". Quant à la vice-présidente de MG France, le Dr Margot Bayart, elle se désole de son côté du manque de cadre précis : "Il manque des mots essentiels dans ce texte, comme la coopération, la coordination et il est important que le cadre d’exercice soit mieux borné"
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De là à entendre, bornes, barrières, ancillaire, limites, contrôle, incompétence...
(AB)
"Les infirmiers de pratique avancée auront un statut supérieur à l’hôpital comme en ville"
Publié le 04/05/18
La dernière mouture du décret est bouclée et passera devant les instances consultatives dans quelques jours, pour une publication en juin. La pratique avancée des infirmiers se concrétise, après des mois de discussion. La directrice générale de l’offre de soins, Cécile Courrèges, livre les dernières orientations du projet de texte.
- Hospimedia : "La concertation sur la pratique avancée des infirmiers s’est achevée la semaine dernière et la publication des textes semble imminente... Où en est-on aujourd’hui de cette préparation ?
- Cécile Courrèges : La phase de concertation collective s’est achevée la semaine dernière. L’étape suivante va débuter : celle des consultations institutionnelles. Il s’agit de demander l’avis du Haut Conseil de professions paramédicales (HCPP), le 16 mai, et du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) puisqu’il y a un important volet formation, le 15 mai. Le projet de décret partira ensuite au Conseil d’État, avec l’objectif que l’instance puisse s’exprimer fin mai pour une publication des textes en juin. Il y a donc un décret en Conseil d’État, plusieurs arrêtés et un décret simple qui concerne la formation. Nous avons un rétroplanning très exigent, avec peu de marge de manœuvre, de manière à ouvrir les formations en septembre 2018. Il faudra donc en parallèle préparer les accréditations des universités.
- H. : Pour l’heure, seules deux formations en place peuvent prétendre au grade master. Y en aura-t-il plus à la rentrée ?
- C. C. : Cela va se préciser dans les semaines qui viennent. Il est clair qu’il y aura plus de lieux de formation. Aujourd’hui, deux établissements proposent en effet des formations en pratique avancée : Saint-Quentin-en-Yvelines et Aix-en-Provence ont désormais la possibilité de faire reconnaître leur formation. À ce jour, une dizaine d’universités se sont fait connaître et sont intéressées pour dispenser également cette formation. Le processus d’accréditation va se mettre en place avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Il y aura vraisemblablement entre six et dix formations accréditées, avec sans doute aussi des co-accréditations entre universités.
- H. : Peut-on estimer dès aujourd’hui le nombre de professionnels qui seront formés pour devenir infirmiers de pratique avancée (IPA) ?
- C. C. : Nous tablons sur quelques centaines d’IPA pour commencer. Nous espérons passer le millier à l’horizon 2021. Nous travaillons en parallèle sur des processus de validation des acquis de l’expérience (VAE). D’abord pour les professionnels qui ont suivi l’une des deux formations existantes et qui souhaitent faire reconnaître leur expérience. Mais cela s’adresse aussi à ceux qui ont des pratiques proches de la pratique avancée, tels que les infirmiers Azalée. Ils pourront valider certaines compétences. Nous travaillons sur des mécanismes de validation partielle.
Le texte [...] prévoit une durée minimale d’exercice de trois ans. L’idée est de proposer un véritable parcours professionnel. L’IPA sera un infirmier déjà formé, qui a déjà exercé et souhaite évoluer dans son métier et ses compétences, dans son niveau de responsabilité et d’autonomie.
- H. : Y aura t-il une durée minimale d’exercice pour accéder à la formation d’IPA ?
- C.C. : La loi fixe bien une durée d’exercice minimale avant de pouvoir devenir IPA. Le texte qui sera proposé en HCPP prévoit une durée minimale d’exercice de trois ans. L’idée est de proposer un véritable parcours professionnel. L’IPA sera un infirmier déjà formé, qui a déjà exercé et souhaite évoluer dans son métier et ses compétences, dans son niveau de responsabilité et d’autonomie. C’est une formation de deux ans, un master, donc un engagement personnel et professionnel très important.
- H. : L’engagement dans la formation sera aussi un sacrifice financier pour les professionnels. Y aura-t-il des financements dédiés, puis par la suite une reconnaissance financière dans l’exercice ?
- C. C. : Nous sommes en train de travailler sur ce sujet. Nous avons en effet choisi de travailler sur trois points : le cadre d’exercice, la formation et la place, la valorisation et la reconnaissance des IPA dans le système de santé. Tout n’est pas encore stabilisé pour ce dernier point. Notre optique est clairement que les IPA aient un statut supérieur dans le champ hospitalier et qu’en ville, ils aient aussi une reconnaissance et un modèle économique qui soit clair et stabilisé. Nous souhaitons aussi accompagner la formation en prenant en compte les spécificités de chacun. Cela existe déjà à l’hôpital. En ville, nous étudions des modalités de soutien. Ce volet devrait se stabiliser rapidement. Nous sommes vraiment sur un modèle ambitieux, avec un cadre d’innovation extrêmement important pour l’organisation des soins de demain. Et nous cherchons à nous en donner les moyens.
Notre optique est clairement que les IPA aient un statut supérieur dans le champ hospitalier et qu’en ville elles aient aussi une reconnaissance et un modèle économique qui soit clair et stabilisé."
- H. : Sur le champ d’intervention de l’IPA, après la dernière discussion avec les représentants de la profession, il semble tout de même que quelques tiraillements persistent...
- C. C. : Nous avons passé beaucoup de temps ces dernières semaines à faire beaucoup de pédagogie. Nous avons pu, dans les rencontres collectives ou bilatérales, faire évoluer un certain nombre de choses. Pour nous, les points clés sont la notion d’équipe et la notion de parcours. Toutes les motions que nous avons pu faire adopter dans le texte reposent sur cela. Nous avons conscience qu’il s’agit d’un sujet extrêmement symbolique, qui peut créer beaucoup d’attentes ou de craintes, avec beaucoup de représentations professionnelles associées. Il fallait trouver des points d’équilibre qui soient déterminés par ce que nous voulons pour le système de santé de demain et ce que nous voulons pour la prise en charge du patient de demain, avec la prise en compte notamment des pathologies chroniques.
- H. : Quels ont finalement été les derniers ajouts ?
- C. C. : Nous avons pu mettre en évidence le fait que, par exemple, il y a des réunions de concertation pluriprofessionnelles, que tout cela s’inscrit dans le cadre d’un parcours de soins coordonné par le médecin traitant, etc. Des notions qui nous semblaient évidentes mais qui n’étaient pas inscrites dans les précédentes versions. Tout cela s’inscrit dans le respect des protocoles de soins déterminés en équipes. Tous ces éléments, nous avons essayé de bien les reconstituer, pour que tout le monde se retrouve dans ce cadre.
- H. : L’ajout de la mention de "soins primaires" constituait une demande forte de la part des professionnels, a-t-elle été entendue ?
- C. C. : Pour revenir sur les "mentions", puisque c’est ce terme qui a été retenu, nous étions partis sur quatre mentions à l’origine : les pathologies chroniques stabilisées ; l’oncologie hématologie-oncologie ; tout ce qui est en lien avec les pathologies rénales ; la psychiatrie santé mentale. Pour la première, nous avons ajouté la notion de "soins primaires". Nous étions soucieux de ne pas recréer des formations par lieu d’exercice, mais il nous a semblé aussi que, pour autant, des conditions de prises en charge notamment en soins primaires, qui nécessitaient un apprentissage particulier, devaient être intégrées à la formation. Nous avons donc fait apparaître la notion de soins primaires. Ainsi que la notion de polypathologie. Beaucoup de personnes suivies en ville sont des personnes âgées pluripathologiques. Cela nécessite une approche globale. L’IPA est une clé de l’évolution d’un système qui soit plus orienté vers la prise en charge des pathologies chroniques, avec un fonctionnement en équipe autour de la personne. Nous souhaitons promouvoir cet exercice dans les soins primaires et notamment les structures de soins coordonnés. En outre, l’accréditation des formations ne se fera pas forcément pour les trois mentions existantes. Nous avons en revanche souhaité que celle impliquant les soins primaires soit systématiquement proposée. Il s’agit de plus d’une notion prévue dans le cadre du plan d’accès aux soins. La formation des IPA dès septembre 2018 s’inscrit dans le cadre de ses engagements.
Nous n’avons pas aujourd’hui un degré de consensus entre les différents acteurs pour mettre en place la pratique avancée infirmière en psychiatrie. Notre objectif est qu’elle puisse être en place en septembre 2019."
- H. : La disparition de la mention de psychiatrie et santé mentale a particulièrement étonné les professionnels fin avril, qu’en est-il aujourd’hui ?
- C. C. : Le texte qui sera publié ne comprendra pas la mention sur la psychiatrie et santé mentale. Non pas parce que nous y renonçons, mais simplement parce que nous prenons le temps du travail avec les différents acteurs. Ce n’est pas du tout écarté, c’est un sujet auquel nous tenons vraiment. La psychiatrie et la santé mentale sont des sujets sur lesquels les IPA ont le plus de sens, nous souhaitons promouvoir cela. Nous n’avons pas aujourd’hui un degré de consensus entre les différents acteurs pour mettre en place la pratique avancée infirmière en psychiatrie. Notre objectif est qu’elle puisse être en place en septembre 2019.
- H. : Les spécialités infirmières demandaientc à être intégrées dans la pratique avancée mais, pour le moment, elles en sont écartées... est-ce irrémédiable ?
- C. C. : Le choix qui a été fait, c’est de développer une formation en pratique avancée pour les infirmières en soins généraux. La loi ouvre la possibilité de développer de la pratique avancée pour tous les auxiliaires médicaux. En priorité — et c’est ce qui faisait le plus sens —, nous avons ouvert la formation aux infirmières en soins généraux. Par la suite, la pratique avancée s’ouvrira aux autres professions. nous pourrons éventuellement envisager de développer la pratique avancée dans les domaines de compétences des spécialités infirmières, en lien avec les spécialités médicales. Nous sommes en train d’écrire les débuts de l’histoire. L’ambition est de pouvoir développer la pratique avancée beaucoup plus largement.
Nous nous donnerons les moyens d’accompagner dans la durée cette réforme. Elle est une innovation fondamentale pour le système de santé de demain."
- H. : Avez-vous déjà le calendrier de la suite pour cette ouverture à d’autres professions ?
- C. C. : Nous sommes très concentrés sur la rentrée 2018. Nous nous donnerons les moyens d’accompagner dans la durée cette réforme. Elle est une innovation fondamentale pour le système de santé de demain. Nous mettrons donc en place un comité de suivi de la réforme. Il nous permettra de suivre la mise en place avec les différents acteurs et professionnels concernés pour voir ce qui se développe, ce qui peut poser des difficultés et pour mieux aborder les étapes d’après. Nous voulons suivre de près cette réforme, lui donner toutes les chances de réussir et de trouver sa place dans le système de santé."
Propos recueillis par Clémence Nayrac
Infirmier en pratique avancée « Urgences » : un manque d’autonomie avéré
26 novembre 2021
Parus fin octobre, un arrêté et un décret précisent les contours de l’exercice des infirmiers en pratique avancée (IPA) Urgences. Une avancée, bordée par des limites…
Infirmier en pratique avancée IPA Urgences : un manque d’autonomie avéré« Nous sommes aujourd’hui satisfaits que les textes soient publiés, mais nous aurions tout de même souhaité que l’étendue des compétences soit plus large et permette le premier recours, ce qui aurait permis d’ouvrir la voie pour les autres mentions », reconnaît Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des IPA (Unipa).
« Nous ne sommes pas surpris par le contenu des textes, car ils correspondent à ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord, ajoute Julie Devictor, présidente du Conseil national professionnel (CNP) IPA. Nous avons dû effectuer des compromis mais nous aurions souhaité que cela aille plus loin. »
Des compromis pour que la mention soit acceptée par le corps médical, et des compromis avec les textes de loi en vigueur, afin que l’arrêté soit validé par le Conseil d’Etat.
Deux parcours
Le manque d’autonomie accordé aux IPA Urgences est le principal point d’échauffement. L’arrêté crée deux parcours, avec des motifs de recours classés en fonction des critères de gravité ou d’urgence vitale du patient.
Le premier, « médico-paramédical », permet à l’IPA de « participer, après décision du médecin de structure de médecine d’urgence et sous sa conduite diagnostique, à la prise en charge des urgences vitales ou complexes pour les motifs de recours et les situations cliniques les plus graves ou complexes ». Parmi elles : dyspnée/insuffisance cardiaque, dysfonction stimulateur/défibrillateur cardiaque, douleur fosse lombaire/du flan, rétention d’urines/anurie, convulsionsou encore confusion/désorientation temporo-spatiale.
Le second parcours, « paramédical », laisse davantage d’autonomie à l’IPA. L’arrêté précise que l’IPA est « compétent pour prendre en charge un patient et établir des conclusions cliniques dans des situations présentant un moindre degré de gravité ou de complexité » : vomissement/diarrhée sans signe de gravité, douleur anale, hypertension artérielle sans signes fonctionnels, œdème des membres inférieurs chroniques ou encore, céphalées ou migraines habituelles.
Les points d’alerte
Mais voilà, les représentants des IPA auraient souhaité deux évolutions non actées par les textes : l’accès des IPA en premier recours, et la primo-prescription.
Pour le premier recours, les textes de loi ne permettent pas, en l’état, cet accès direct. La profession a d’ailleurs cherché à changer la donne dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022. Sans succès. De fait, « comme les IPA urgences doivent se déployer à iso-réglementation, c’est-à-dire avec l’application de la même réglementation que pour les autres domaines de la pratique avancée, cela veut dire que l’accès direct n’est pas possible. »
Mais comme c’est bloquant pour le déploiement des IPA Urgences, une alternative a été trouvée avec l’application des protocoles de coopération prévus par l’article 66 de la loi Santé de 2019. « Cela ne nous satisfait pas, car la pratique avancée, c’est de l’autonomie, défend Julie Devictor. Ce n’est pas de la coopération et cela ne peut pas reposer sur une délégation médicale. Notre objectif est de parvenir à changer la loi. »
La profession souhaite aussi que les IPA Urgences puissent effectuer des actes en première intention comme la primo-prescription. Mais là aussi, le cadre législatif ne le permet pas. « Pourtant, la primo prescription ne veut pas dire la possibilité pour les IPA de prescrire tout et n’importe quoi, rassure-t-elle. Il s’agit simplement de permettre à la profession d’exercer au mieux son métier. » Et de donner un exemple : « Si une IPA prend en charge aux urgences un patient pour une plaie, qu’elle la suture, elle ne pourra pas prescrire l’intervention à domicile d’une infirmière pour enlever les fils. »
Une petite avancée a toutefois été actée par le PLFSS : l’expérimentation de la primo-prescription par les IPA pendant trois ans dans trois régions.
Dernier point : la révision du modèle économique. A titre d’exemple une fois de plus, les IPA Urgences peuvent certes travailler dans les services d’urgences privés, aux côtés des médecins libéraux, « mais l’avenant 7 à la convention nationale des infirmiers libéraux ne prévoit pas la rémunération des IPA urgences », pointe du doigt Tatiana Henriot.
Et de conclure : « Nous sommes contents de la publication de ces textes car il s’agit de l’aboutissement d’un travail de deux ans mais de nombreux points doivent encore être réajustés. »
C’est désormais le décret d’actes qui est attendu, alors que les premières IPA Urgences formés devraient sortir diplômés en juillet 2022, l’Université de Marseille étant la seule à dispenser cette formation cette année.
Laure Martin
rédaction actusoins
NB
Les cinq domaines d’intervention pour les IPA :
– Urgences
– Oncologie, Hématologie
– Néphrologie, Dialyse, Maladie rénale chronique
– Psychiatrie, Santé mentale
– Pathologies chroniques stabilisées ; prévention et poly-pathologies courantes en soins primaires
Décret n° 2021-1384 du 25 octobre 2021 relatif à l’exercice en pratique avancée de la profession d’infirmiers, dans le domaine d’intervention des urgences
« Art. R. 4301-3-1.-Dans le domaine d’intervention “ urgences ”, les dispositions des articles R. 4301-1 et R. 4301-3 sont applicables lorsque l’infirmier exerçant en pratique avancée participe à la prise en charge des patients, pour les motifs de recours et les situations cliniques les plus graves ou complexes, définis par un arrêté du ministre chargé de la santé.
« Toutefois, par dérogation aux dispositions des articles R. 4301-1 et R. 4301-3, pour les motifs de recours et les situations cliniques présentant un moindre degré de gravité ou de complexité, également définis par un arrêté du ministre chargé de la santé, l’infirmier en pratique avancée est compétent pour prendre en charge le patient et établir des conclusions cliniques, dès lors qu’un médecin de la structure des urgences intervient au cours de la prise en charge. »
Les textes créent deux parcours :
– le « médico-paramédical », l’IPA « participe, après décision du médecin […] et sous sa conduite diagnostique, à la prise en charge des urgences vitales ou complexes ».
– le « paramédical », dans lequel l’IPA est « compétent pour prendre en charge un patient et établir des conclusions cliniques » dans des situations « présentant un moindre degré de gravité ou de complexité »... dès lors qu’un médecin intervient au cours de la prise en charge.
Arrêté du 25 octobre 2021 fixant la liste des motifs de recours et des situations cliniques mentionnés à l’article R. 4301-3-1 du code de la santé publique
Article 1
L’infirmier en pratique avancée du domaine d’intervention « urgences » participe, après décision du médecin de structure de médecine d’urgence et sous sa conduite diagnostique, à la prise en charge des urgences vitales ou complexes pour les motifs de recours et les situations cliniques les plus graves ou complexes suivants :
Abdominal (2)
– Douleur abdominale
– Ictère
Cardio-circulatoire (8)
– Douleur thoracique/syndrome coronarien aigu (SCA)
– Malaise
– Tachycardie/tachyarythmie
– Bradycardie/bradyarythmie
– Dyspnée/insuffisance cardiaque
– Dysfonction stimulateur/défibrillateur cardiaque
– Œdème des membres inférieurs/insuffisance cardiaque
– Arrêt cardio-respiratoire
Génito-urinaire (3)
– Douleur fosse lombaire/du flan
– Rétention d’urines/anurie
– Douleur de bourse/orchite/torsion testicule
Gynéco-obstétrique (1)
– Méno-métrorragie
Intoxication (2)
– Intoxication médicamenteuse
– Intoxication non médicamenteuse
Neurologie (4)
– Convulsions
– Confusion/désorientation temporo-spatiale
– Céphalées, hors habituelles
– Vertige/trouble de l’équilibre récent
– Déficit moteur, sensitif, sensoriel ou du langage/AVC
Ophtalmologie (2)
– Corps étranger/brûlure oculaire
– Trouble visuel/œil douloureux/cécité
ORL/Stomatologie (1)
– Epistaxis (saignement abondant résolutif)
Peau (1)
– Ecchymose/hématome spontané
Pédiatrie < ou = 2 ans (2)
– Convulsion hyperthermique
– Diarrhée/vomissement du nourrisson (< 24 mois)
Psychiatrie (1)
– Trouble du comportement à composante psychiatrie
Respiratoire (5)
– Dyspnée/insuffisance respiratoire
– Asthme ou aggravation BPCO
– Hémoptysie
– Douleur thoracique/embolie/pneumopathie/pneumothorax
– Corps étranger des voies aériennes si pas de dyspnée
Traumatologie (4)
– Brûlure grave
– Traumatisme du bassin/hanche/fémur/rachis avec faible vélocité et mauvaise tolérance et gêne limitée
– Traumatisme oculaire avec faible vélocité et mauvaise tolérance et gêne limitée
– Traumatisme maxillo-facial/oreille avec faible vélocité et mauvaise tolérance et gêne limitée
Divers (7)
– Situation sanitaire exceptionnelle de type pandémique ou NRBCE
– Hyperglycémie glycémie ou = à 20 mml/l ou cétose positive
– Hypoglycémie avec troubles de la conscience
– Anomalie de résultats biologiques
– Altération de l’état général/asthénie : signes objectifs d’altération d’état général
– Coup de chaleur/insolation
– Gelure/lésion étendue ou profonde liée au froid
Article 2
L’infirmier en pratique avancée du domaine d’intervention « urgences » est compétent pour prendre en charge un patient et établir des conclusions cliniques dès lors qu’un médecin de la structure de médecine d’urgence intervient au cours de la prise en charge, pour les motifs de recours et les situations cliniques présentant un moindre degré de gravité ou de complexité suivants :
Abdominal (8)
– Problème technique (stomie, cicatrices post chirurgie…)
– Hernie, masse ou distension abdominale sans signe de gravité
– Ingestion de corps étranger sans signe de gravité
– Corps étranger dans le rectum sans signe de gravité
– Constipation sans vomissements ni douleurs intenses, ni signe de gravité
– Vomissement/diarrhée sans signe de gravité
– Douleur anale
– Hoquet
Cardio-circulatoire (4)
– Malaise/lipothymie, avec prodromes, sans anomalie notable des paramètres vitaux
– Membres douloureux/chaud ou rouge/phlébite (signes locaux modérés ou siège distal sur échographie)
– Hypertension artérielle sans signes fonctionnels
– Œdème des membres inférieurs chroniques
Génito-urinaire (5)
– Dysurie/brûlure mictionnelle
– Douleur fosse lombaire non fébrile et/ou régressive
– Rétention aiguë d’urine hors douleur intense ou agitation
– Dysfonction de sonde urinaire/sonde JJ/stomie
– Ecoulement ou lésion cutanéo-muqueuse génitale
Infectiologie (3)
– AES et/ou liquide biologique
– Exposition à une maladie contagieuse
– Hyperthermie isolée
Neurologie (2)
– Vertiges/trouble de l’équilibre : si troubles anciens et stables
– Céphalées ou migraines habituelles
Ophtalmologie (1)
– Démangeaisons/œil rouge non douloureux
ORL/Stomatologie (8)
– Troubles de l’audition/acouphènes
– Tuméfaction ORL ou cervicale, hors cellulite
– Epistaxis : saignement peu abondant ou résolutif
– Otalgie
– Douleur de gorge/angine/stomatite, sans trismus
– Obstruction nasale/rhinite/sinusite
– Problème de dent ou de gencive
– Corps étranger ORL, sans signes respiratoires
Peau (8)
– Brûlure ou consultation tardive pour brûlure, hors signe de gravité
– Abcès ou infection localisée de la peau
– Erythème et autres éruptions/œdème spontané de la peau (étendu et localisé), hors anaphylaxie
– Morsure/piqûre/prurit/parasitose (étendu et localisé)
– Corps étranger sous la peau
– Plaies non traumatiques ou lésions cutanées de faible superficie et de faible profondeur
– Escarres, hors stade IV
– Ulcères des membres inférieurs ou chroniques
Psychiatrie (1)
– Consultation psychiatrique avec ATCD connus (anxiété/dépression)
Respiratoire (1)
– Toux isolée
Rhumatologie (3)
– Douleur articulaire sans fièvre ou signes fonctionnels locaux importants
– Douleur de membre/sciatique, sans fièvre
– Douleur rachidienne (cervicale/dorsale/lombaire), sans fièvre
Traumatologie (3)
– Traumatisme crânien de l’adulte sans perte de connaissance ni anticoagulant
– Traumatisme d’épaule ou distal de membre : impotence modérée ou petite déformation
– Plaie superficielle hormis la main et les zones à risque du visage
Divers (5)
– Allergie
– Hypoglycémie (sans troubles de la conscience)
– Problème suite de soins (pansements…)
– Problématique sociale
– Coup de chaleur, insolation sans signe de gravité
Le doctorat pour les infirmières praticiennes progresse lentement en tant que diplôme de niveau débutant
Roxanne Nelson, inf., B.S.N.
05 janvier 2023
source : medscape.com
Au cours des deux dernières décennies, les principales associations nationales chargées de la formation en soins infirmiers ont demandé que le doctorat en pratique infirmière (DNP) soit le diplôme standard d’entrée de gamme pour les infirmières autorisées en pratique avancée [APRN], plutôt que le Master of Science in Nursing ( MSN).
Alors que le nombre de programmes de formation en soins infirmiers offrant des doctorats a augmenté, le doctorat n’est pas encore devenu la norme pour un certain nombre de raisons. Pour l’instant, il y a peu d’incitatifs financiers pour obtenir un diplôme supérieur, et il n’y a pas non plus de preuves significatives qu’un doctorat améliore la qualité des soins.
"Cela se résume au coût, au manque de temps et au manque de données qui montrent que les DNP et les APRN formés à la maîtrise pratiquent différemment", a déclaré Marion E, Broome, PhD RN, FAAN, professeur de sciences infirmières à l’Université Duke à Durham, Caroline du Nord . "Cela ne veut pas dire qu’ils ne le font pas", a-t-elle ajouté. "Mais nous n’avons tout simplement pas encore ces données disponibles."
En 2004, l’ American Association of Colleges of Nursing (AACN) a publié une déclaration recommandant que le DNP devienne le diplôme d’entrée de gamme pour les infirmières en pratique avancée d’ici 2015, citant la complexité accrue des soins aux patients, la qualité des soins, les problèmes de sécurité des patients et pénurie d’infirmières.
Une autre "date limite" a maintenant été fixée pour passer du MSN au DNP. En mai 2018, l’ Organisation nationale des facultés d’infirmières praticiennes (NONPF) a annoncé que tous les programmes de formation d’infirmières praticiennes débutantes devraient passer au DNP d’ici 2025. Cette date n’est que dans 2 ans et, encore une fois, le changement prévu n’a pas encore s’est produit.
Est-il possible que tous les programmes passent au DNP dans un délai aussi court ?
"La faisabilité est une grande question, car nous avons des professeurs qui prennent leur retraite et les organisations professionnelles ont des idées différentes pour les résultats", a déclaré Broome.
Bien que certains progrès aient été réalisés, des obstacles subsistent pour faire du diplôme le seul point d’entrée pour les infirmières praticiennes potentielles.
Résistance au changement
Les diplômes d’entrée de gamme font l’objet de débats depuis des décennies, depuis que la formation en soins infirmiers est passée de l’hôpital à la salle de classe. Il y a longtemps eu une résistance à relever la barre de l’éducation pour des raisons telles que le coût, les contraintes de temps et le manque de demande des employeurs pour le diplôme supérieur.
Cela s’est également produit avec le diplôme d’associé en sciences infirmières et le baccalauréat ès sciences en sciences infirmières (BSN), a déclaré Linda A. McCauley, RN, PhD, FAAN, doyenne et professeure de l’école d’infirmières de l’Université Emory à Atlanta, en Géorgie.
Les diplômes d’infirmier associé "n’ont pas disparu lorsque le marché avait encore besoin de toutes les infirmières qu’il pouvait embaucher et embaucherait des diplômés de 2 ans", a déclaré McCauley.
En 1965, l’American Nurses Association a recommandé que le diplôme BSN devienne le diplôme d’entrée de gamme pour les infirmières autorisées. Des décennies se sont écoulées, les infirmières continuent d’entrer dans le domaine avec un diplôme d’associé des collèges communautaires, et aucune commission de licence d’État en soins infirmiers n’a encore adopté le BSN - ou le DNP - comme diplôme minimum.
Michael Carter, DNSc, DNP, FAAN, professeur émérite à l’Université du Tennessee Health Science Center College of Nursing (UTHSC), a déclaré que lorsqu’il est devenu APRN en 1973, il n’y avait presque pas de programmes d’infirmière praticienne et très peu de programmes de maîtrise.
"La plupart étaient des programmes à court terme qui offraient un certificat", a-t-il déclaré. "Pourtant, nous avons déplacé ces programmes dans la maîtrise, et il y avait un cri que nous priverions de leurs droits tous ceux qui n’ont pas ou ne pourraient pas obtenir une maîtrise."
Le programme DNP a débuté à l’UTHSC en 1999 lorsque Carter était doyen de l’université d’infirmières, a-t-il déclaré.
Progrès en éducation, avec quelques mises en garde
Au cours des 15 dernières années, le nombre de programmes DNP n’a cessé d’augmenter. Plus de 60 000 infirmières ont obtenu un diplôme DNP, a déclaré Joan M. Stanley, CRNP, PhD, FAAN, directrice principale de la politique d’éducation de l’AACN. Environ 407 programmes accueillent actuellement des étudiants et 106 nouveaux programmes DNP supplémentaires sont en cours de planification (49 programmes post-baccalauréat et 47 programmes post-master).
Elle a souligné que les inscriptions de l’AACN aux programmes DNP entre 2020 et 2021 ont augmenté de 4%, soit 1562 étudiants, tandis que les diplômés ont augmenté de 10,5% (959 étudiants).
"C’est une bonne nouvelle étant donné que nous sortons d’une pandémie de 3 ans, qui a mis à rude épreuve les programmes de formation en soins infirmiers et l’ensemble du personnel infirmier", a-t-elle déclaré. Elle a noté que le conseil d’administration de l’AACN a réaffirmé sa position et son soutien à la transition.
Pour faciliter l’acquisition du DNP et réduire les délais et les coûts, les programmes offrent une variété de parcours. Une enquête menée par l’AACN l’année dernière indique qu’en 2022, la plupart des écoles incluses dans l’examen avaient à la fois des filières BSN à DNP et MSN à DNP (66 %) ; 24 % n’avaient qu’une piste MSN vers DNP ; et 10 % n’avaient qu’une voie BSN à DNP.
Certains problèmes cités comme empêchant la transition de la maîtrise au doctorat comprennent un manque de cohérence dans les programmes , ce qui rend difficile la formation d’infirmières expérimentées titulaires d’une maîtrise avec des étudiants post-baccalauréat qui ont peu ou pas de formation clinique.
Stanley a également souligné que ni l’AACN ni le NONPF n’appellent les personnes déjà autorisées et exerçant en tant qu’IP ou tout APRN à retourner à l’école pour obtenir un diplôme DNP. "Il est recommandé, en particulier pour ceux qui sont au début de leur carrière, car c’est le diplôme que nous pensons qu’une majorité d’APRN aura à l’avenir et qui sera recherché par les employeurs", a-t-elle expliqué.
Confusion persistante sur les rôles
Un autre défi est que le rôle des DNP au-delà du monde académique n’a pas été clairement défini.
Sur les 13 employeurs consultés par l’AACN lors de la préparation de son rapport 2022 sur le DNP, la plupart n’ont pas pu identifier facilement les différences dans la prestation de soins directs aux patients par les infirmières préparées pour le MSN et le DNP. De plus, les responsables universitaires n’ont pas pu identifier les différences de compétences cliniques entre les groupes. L’AACN note que cela "peut être lié au fait que les infirmières formées au MSN quittent l’école après avoir acquis les mêmes compétences qui les préparent à la pratique clinique".
Stanley note que le rapport de l’AACN a souligné d’autres facteurs qui ralentissent la transition vers la formation doctorale pour les APRN. "Cela inclut un manque de compréhension parmi les employeurs et les autres professionnels de la santé au sujet du diplôme DNP, en particulier en ce qui concerne les attentes de la pratique et les rôles qu’ils devraient remplir", a-t-elle déclaré. "Cependant, les écoles qui ont effectué ce changement et fermé leurs programmes APRN de niveau master signalent qu’elles ont maintenu leurs inscriptions et continuent de susciter l’intérêt pour ces programmes."
La plupart des employeurs et des responsables universitaires reconnaissent que les diplômés du DNP ont un ensemble de compétences plus large et plus diversifié ― en particulier dans les domaines du leadership, de la pratique fondée sur des preuves, de la pensée critique et de l’amélioration de la qualité ― et une meilleure connaissance des politiques et de l’économie, souligne le rapport. Mais il reste à voir si le DNP deviendra le diplôme d’entrée standard largement accepté pour les étudiants APRN d’ici la date limite de 2025.
Roxanne Nelson est une infirmière autorisée et une rédactrice médicale primée qui a écrit pour de nombreux grands médias et contribue régulièrement à Medscape.