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Les sympathomimétiques
Article mis en ligne le 9 février 2012
dernière modification le 30 mai 2022

par Arnaud Bassez

Actualisation le 2 juillet 2021

Les sympathomimétiques

Les substances sympathomimétiques ont des effets similaires à ceux produits par la stimulation du système sympathique, alias adrénergique.

Les trois substances sympathomimétiques physiologiques sont l’adrénaline, la noradrénaline, et la dopamine. Ce sont des catécholamines. Elles agissent sur des récepteurs dits adrénergiques dont on distingue plusieurs types.

Des récepteurs adrénergiques sont présents dans l’ensemble de l’organisme, y compris le système nerveux central.

Les hormones thyroïdiennes augmentent la sensibilité des récepteurs aux catécholamines.

Les effets cliniques des sympathomimétiques varient selon que leur action est directe ou indirecte, selon les récepteurs impliqués, selon les organes, et selon les substances. Leurs interactions sont complexes à analyser et à prévoir.

On parle d’action directe lorsque la substance stimule directement les récepteurs adrénergiques, et d’action indirecte lorsque la substance entraîne une libération des catécholamines des vésicules de stockage des terminaisons nerveuses ou une inhibition de leur recapture présynaptique.

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Les récepteurs du système sympathique

On distingue deux grands types de récepteurs adrénergiques :

  • les récepteurs alpha et bêta. Eux-mêmes divisés en
  1. alpha-1 postsynaptiques, alpha-2 (présynaptiques)
  2. et bêta-1 (cardiaques), bêta-2 (bronchiques, vasculaires, utérins).

Un troisième groupe distinct de récepteurs situés surtout dans le système nerveux central réunit les récepteurs à la dopamine, dont plusieurs sous-types sont connus. Des récepteurs D1 sont situés aussi au niveau des vaisseaux du rein, du mésentère et des coronaires.

 Stimulation des récepteurs alpha-1.

La stimulation des récepteurs alpha-1, localisés en postsynaptique, entraîne une vasoconstriction, particulièrement au niveau des vaisseaux de la peau et des muqueuses, des organes abdominaux, et des reins. Les conséquences sont une hypertension artérielle parfois assez sérieuse pour entraîner une hémorragie cérébrale ou un œdème pulmonaire, avec parfois une bradycardie réflexe compensatoire.

La stimulation des récepteurs alpha-1 induit aussi une contraction d’autres muscles lisses y compris les sphincters urinaires avec difficultés mictionnelles voire rétention urinaire, l’utérus, et induit une mydriase au niveau oculaire avec risque de glaucome aigu par fermeture d’un angle étroit, une hypersudation et une augmentation de la salivation.

 Stimulation des récepteurs alpha-2.

La stimulation des récepteurs alpha-2, localisés en présynaptique, entraîne surtout une inhibition de la libération des catécholamines, avec hypotension artérielle et bradycardie et peut-être une diminution de l’activité intestinale. Elle joue un rôle pour diminuer la sécrétion d’insuline.

 Stimulation des récepteurs bêta-1.

La stimulation des récepteurs bêta-1 induit une augmentation de la fréquence et de la force de contraction cardiaque, une accélération de la conduction et une augmentation de l’automaticité qui expose à des troubles du rythme cardiaque, des tachycardies, des crises d’angor.

 Stimulation des récepteurs bêta-2.

La stimulation des récepteurs bêta-2 induit une vasodilatation à l’origine d’une hypotension artérielle, une bronchodilatation, une relaxation utérine, une hypokaliémie, un tremblement musculaire et une diminution de la motilité intestinale. Elle accroît la néoglucogenèse et la glycogénolyse et induit aussi une libération d’insuline.

 Stimulation des récepteurs D1.

La stimulation des récepteurs D1 induit une vasodilatation au niveau rénal, mésentérique et coronaire.

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Les sympathomimétiques physiologiques

Les effets des 3 catécholamines physiologiques sont complexes et influencés par leur affinité pour les divers récepteurs, par les mécanismes de rétrocontrôle et par la répartition des récepteurs.

L’adrénaline, alias épinéphrine, est un agoniste puissant des récepteurs alpha, à fortes doses, et bêta, dès de faibles doses.

La noradrénaline, alias norépinéphrine, est un agoniste puissant des récepteurs alpha, et bêta-1 dans une moindre mesure, avec peu d’effet sur les récepteurs bêta-2, ce qui expose à des hypertensions artérielles sévères.

La dopamine à faible dose active les récepteurs D1. À forte dose, elle active les récepteurs bêta-1, puis les récepteurs alpha.

Les médicaments sympathomimétiques

Les sympathomimétiques sont des analogues des catécholamines qui agissent soit en stimulant directement les récepteurs adrénergiques (tels que la phényléphrine) soit indirectement. L’action indirecte est liée à la libération de la noradrénaline des vésicules de stockage des terminaisons nerveuses. En pratique, la plupart des sympathomimétiques ont à la fois des actions directes et indirectes.

Certains sympathomimétiques sont relativement sélectifs d’un récepteur spécifique, mais ceci dépend de la dose, et les fortes doses ont des effets sur tous les récepteurs.

Les catécholamines physiologiques sont peu ou pas actives par voie orale et ont une durée d’effet très courte ; elles pénètrent peu ou pas dans le système nerveux central.

Des analogues ont une action prolongée et sont actifs par voie orale. La plupart pénètrent facilement dans le système nerveux central et ont certains effets dits “stimulants centraux” : anxiétés, peurs, agitations, insomnies, confusions, irritabilités, céphalées, hallucinations. Des dyspnées, faiblesses, anorexies, nausées et vomissements sont fréquents aussi.

  • Midodrine.
    La midodrine est un sympathomimétique direct avec une activité agoniste alpha sélective avec vasoconstriction périphérique sans effet de stimulation cardiaque direct.
  • Phényléphrine (alias néosynéphrine), naphazoline, oxymétazoline, tuaminoheptane.
    La phényléphrine (alias néosynéphrine), la naphazoline, l’oxymétazoline, et le tuaminoheptane, qui sont utilisés comme vasoconstricteurs, sont des sympathomimétiques, qui ont surtout un effet agoniste alpha.
  • Éphédrine, pseudoéphédrine.
    L’éphédrine et la pseudoéphédrine sont des sympathomimétiques avec des effets directs et indirects, agonistes des récepteurs alpha et bêta, et avec un effet stimulant du système nerveux central.
  • Amphétaminiques : méthylphénidate, bupropione, sibutramine, benfluorex.
    Les amphétaminiques tels que le méthylphénidate (utilisé surtout dans certains cas d’hyperactivité avec troubles de l’attention), la bupropione (utilisée dans le sevrage tabagique), la sibutramine, le benfluorex (des anorexigènes), sont des sympathomimétiques indirects.
  • Isoprénaline.
    L’isoprénaline est un sympathomimétique qui agit pres­que exclusivement sur les récepteurs bêta ce qui expose à des tachycardies sévères.
  • Bêta-2 stimulants.
    Les bêta-2 stimulants sont surtout utilisés pour leurs propriétés bronchodilatatrices dans l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive. Leurs propriétés utérorelaxantes ne sont guère efficaces sur les menaces d’accouchement prématuré.
  • Dobutamine.
    La dobutamine est un sympathomimétique avec des effets directs surtout sur les récepteurs bêta-1, et dans une moindre mesure alpha et bêta-2 adrénergiques. Elle augmente la contractilité cardiaque en cas d’insuffisance cardiaque aiguë.
  • Clonidine, moxonidine, brimonidine.
    La clonidine, la brimonidine, et la moxonidine sont des sympathomimétiques agonistes des récepteurs alpha-2. Cependant les effets centraux de la clonidine et de la moxonidine, avec diminution du tonus sympathique, sont plus marqués que leur effet périphérique sur la musculature lisse, ce qui explique leurs effets antihypertenseurs.
Sympathomimétiques. Pharmacologie et indications thérapeutiques
Perioperative use of Phenylephrine- (could it be more harmful than hepful. JLF 2022

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Arnaud BASSEZ

IADE/formateur AFGSU

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