Médicaments qui abaissent le seuil de convulsion
Une crise convulsive est une conséquence d’une décharge hypersynchrone anormale et excessive partant d’un groupe neuronal du système nerveux central.
Facteurs de survenue
Un médicament entraîne d’autant plus de crises convulsives que d’autres facteurs de convulsion sont déjà présents.
Tout individu bien portant peut convulser dans certaines circonstances. Environ 5 % de la population souffre au moins une fois d’une crise convulsive au cours de sa vie. La susceptibilité individuelle est variable. Le seuil de convulsion dépend de facteurs endogènes (notamment génétiques et liés à l’âge, avec une sensibilité plus importante au cours de la petite enfance et de la vieillesse) et de facteurs exogènes, tels que la fièvre, ou de nombreux médicaments. L’addition de facteurs qui abaissent ce seuil peut aboutir à une crise convulsive.
Les patients épileptiques ont un seuil de convulsion bas. D’autres crises convulsives sont liées à des lésions cérébrales d’origines tumorales, vasculaires, traumatiques ou autres ; au syndrome de sevrage alcoolique ; à l’éclampsie et à la prééclampsie, à la fièvre ; à des troubles métaboliques tels que les hyponatrémies ; à des porphyries ; à des substances telles que les amphétamines et la cocaïne.
Médicaments qui entraînent ou aggravent des crises convulsives
L’association d’un médicament qui abaisse le seuil de convulsion avec d’autres médicaments qui abaissent ce seuil majore ce risque.
Les médicaments qui diminuent le seuil de convulsion sont principalement des psychotropes :
- les neuroleptiques ;
- les antihistaminiques sédatifs tels la dexchlorphéniramine ;
- les antidépresseurs imipraminiques et inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) ; les antidépresseurs inhibiteurs dits “sélectifs” de la recapture de la sérotonine ; les antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline : la venlafaxine, le milnacipran, la duloxétine ; et aussi : la miansérine, la mirtazapine ;
- un anxiolytique : la buspirone ;
- un stabilisateur de l’humeur : le lithium ;
- les sympathomimétiques ; le méthylphénidate ;
- les opioïdes, tout particulièrement le dextropropoxyphène et le tramadol ;
- des médicaments de la maladie d’Alzheimer : les anticholinestérasiques (le donépézil, la galantamine, la rivastigmine) et la mémantine ;
- les atropiniques ;
- un antalgique : le néfopam ;
- le baclofène ;
- des aides au sevrage tabagique : la bupropione (alias amfébutamone), la varénicline, la nicotine en surdose ;
- des antimigraineux : les triptans, des dérivés de l’ergot de seigle tels l’ergotamine, etc ;
- certains antiépileptiques aggravent ou induisent parfois des crises convulsives ;
- un inhibiteur de la recapture de la noradrénaline utilisé dans les hyperactivités avec déficit de l’attention : l’atomoxétine.
- Il en est de même pour le sevrage brutal de benzodiazépine.
D’autres médicaments qui ne sont pas des psychotropes mais ont des effets indésirables neurologiques centraux sont aussi impliqués :
- des antipaludiques : la méfloquine, la chloroquine, l’hydroxychloroquine ;
- des antibiotiques : les quinolones, les bêtalactamines à fortes doses, les carbapénèmes ;
- un antirétroviral : l’éfavirenz ;
- les interférons ;
- des bronchodilatateurs : la théophylline et l’aminophylline ;
- certains anticancéreux tels le busulfan, la carmustine, le chlorambucil, la chlorméthine, le cisplatine, la dacarbazine, l’hydroxycarbamide (alias hydroxyurée), l’ifosfamide, le méthotrexate, le paclitaxel, la procarbazine, la vinblastine, la vincristine, la vindésine ;
- des antiémétiques : les sétrons ;
- des immunodépresseurs tels la ciclosporine et le tacrolimus ;
- les anesthésiques locaux ;
- des vasodilatateurs : le buflomédil, le naftidrofuryl ;
- les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 : sildénafil, tadalafil, vardénafil ;
- un antiarythmique : le flécaïnide ;
- des antihypertenseurs : l’aliskirène, la moxonidine, la clonidine ;
- des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels l’indométacine ;
- les corticoïdes ;
- l’acide pamidronique ;
- des dérivés terpéniques : camphre, eucalyptol, menthol, niaouli en particulier chez les jeunes enfants ;
- des produits de contraste tels le gadopentétate de méglumine.
- L’alcool éthylique abaisse le seuil de convulsion, de même que son sevrage brutal.
MESURE À PRENDRE
Mieux vaut évaluer soigneusement les bénéfices attendus de ces médicaments, informer et surveiller les patients exposés à ces médicaments, d’autant plus que d’autres facteurs de convulsions sont présents ou que ces médicaments sont associés.