Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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intoxication et antagonisme
Article mis en ligne le 2 novembre 2006
dernière modification le 10 août 2022

par Arnaud Bassez
Les antagonistes
Les intoxications et leurs antagonistes (article SOFIA)
Place des antagonistes pharmacologique en anesthésie
Guide antidotes 2009
Intoxications médicamenteuses (2009)
Les antidotes
Guide des antidotes et des médicaments d’urgence. Avril 2013
Antidotes, antagonistes, épuration préhospitalier
Antidotes, antagonistes, épuration SFAR
Toxicité systémique des anesthésiques locaux. JARP (Dr Compère)
Toxicité des Anesthésiques Locaux - quoi de neuf (MAPAR) - Mazoit- Beloeil

TOXIDROMES

= présentation clinique orientant le diagnostic vers une intoxication par une classe particulière de toxique

1. Syndrome opioïde

 dépression respiratoire, voire apnée
 simple sédation, voire coma
 myosis serré bilatéral
 nausées, vomissements, iléus
 prurit
 bradycardie sinusale, hypotension artérielle
 pneumopathie d’inhalation

  • En cause : morphiniques
  • Antidote : naloxone

2. Syndrome de myorelaxation

 dysarthrie
 confusion
 troubles de la vigilance : somnolence, coma
 hypotension artérielle
 dépression respiratoire
 pneumopathie d’inhalation

  • En cause : benzodiazépines, barbituriques, carbonates, alcools
  • Antidote : flumazénil (benzodiazépines)

3. Syndrome anticholinergique

 encéphalopathie atropinique : confusion, hallucinations, délire, dysarthrie, mydriase bilatérale symétrique, tremblements, agitation, coma voire mouvements tonicocloniques (convulsions)
 signes neurovégétatifs : sécheresse des muqueuses, rétention d’urine, constipation, tachycardie sinusale

  • En cause : antidépresseurs tri et tétracycliques, phénothiazines, butyrophénones, quinidine, atropine, antihistaminiques, antiparkinsoniens.

4. Syndrome adrénergique (sympathomimétique)

 tremblements, agitation, convulsions
 risque d’AVC
 palpitations, tachycardie sinusale, hypotension ou hypertension artérielle
 risque d’infarctus myocardique
 arythmies ventriculaires
 douleurs abdominales, gastrites, hémorragies digestives
 hyperglycémie, acidose lactique, hypokaliémie de transfert, hyperleucocytose, hypophosphorémie.

  • En cause : xanthine, salbutamol, amphétamine, cocaïne, éphédrine

5. Syndrome stabilisant de membrane

 troubles cardiovasculaires : aplatissement de l’onde T, allongement du QT, élargissement du complexe QRS et allongement de l’onde P, arythmies ventriculaires, bradycardie réfractaire, asystolie.
 troubles neurologiques : convulsions
En cause : antidépresseurs tri- et tétracycliques, chloroquine, b-bloquants, anti-arythmiques de classe I, carbamazépines, phénothiazines.
Traitement spécifique : sels de sodium hypertoniques (lactate ou bicarbonate de sodium molaire)

6. Syndrome sérotoninergique

 troubles neurologiques : agitation, confusion, hallucinations, myoclonies, tremblements, syndrome pyramidal, spasmes, convulsions, coma
 troubles neurovégétatifs : mydriase, sueurs, tachycardie, tachypnée, hyperthermie, frissons, hypotension artérielle, diarrhées, arrêt respiratoire
 troubles biologiques : hyperglycémie, hyperleucocytose, hypokaliémie, hypocalcémie, CIVD, acidose lactique, rhabdomyolyse
DD : syndrome malin des neuroleptiques

  • En cause : IMA, ISRS, lithium, antidépresseurs tricycliques, L-tryptophane

7. Syndrome d’hyperthermie maligne

voir hyperthermies malignes et sévères
 hyperthermie
 troubles de la conscience
 troubles neurovégétatifs
 hypertonie généralisée, rigidité des muscles du cou
 rhabdomyolyse

  • En cause : psychostimulants, neuroleptiques, halogénés
  • Traitement : dantrolène, bromocriptine

8. Syndrome antabuse

 malaise, flush, céphalées, nausées
 insuffisance coronaire
 collapsus
 hypoglycémies graves
 coma convulsif

  • En cause : disulfiram, phénylbutazone, céphalosporines, chlorpropamide, nifuroxime

source : oncorea.com (une base de données impressionnante)

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Arrêt cardiaque dû aux anesthésiques locaux et protocole intralipide®

Les anesthésiques locaux peuvent entraîner des accidents locaux ou systémiques très graves. Réactions d’hypersensibilité allergique, crises porphyriques, oxydation de l’hémoglobine (méthémoglobinémie).. sont toutes des complications que peuvent engendrer les anesthésiques locaux.

Mais les complications les plus redoutées sont les complications systémiques qui sont rapportées après une injection péri-veineuse de l’anesthésique local.

 Signes de toxicité systémique

Lors d’un passage vasculaire de l’AL, on note les signes suivants :

  • Perte brutale de la consciences +/- crise convulsive tonicoclonique
  • Dépression de l’inotropisme cardiaque (collapsus cardiovasculaire)
  • Troubles du rythme cardiaque : tachycardie, bradycardie, bloc de conduction avec élargissement du complexe QRS, torsade de pointe, fibrillation ventriculaire, asystole.
  • Ces signes font surface après l’injection initiale, et le délai de leur apparition varie entre quelques secondes (le plus souvent) et 40 minutes.

 Prise en charge immédiate

Il faut tout d’abord arrêter l’injection de l’AL, demander de l’aide et effectuer tout de suite un massage cardiaque. Ensuite, il faut protéger les voies aériennes avec une intubation orotrachéale et ventiler le patient avec une FiO2 à 100%.

En cas d’apparition de convulsions, il faut recourir systématiquement aux benzodiazépines, au thiopental ou le propofol.

D’autre part, il faut veiller à ce que les constantes hémodynamiques soient réglées en optant à de faibles doses d’adrénaline IV (limiter les bolus à 5μg/kg afin d’éviter une tachycardie ventriculaire).

Inversement à ce qui est recommandé en cas d’un arrêt cardiaque pour des causes inconnues, il faut éviter l’injection de l’amiodarone (antiarythmique de classe III) qui va potentialiser l’effet de l’AL (antiarythmique de classe Ib, mais aussi inhibiteur des canaux potassiques).

Protocole intralipide®

Lors d’un arrêt cardiaque dû à un AL où la réanimation cardiorespiratoire classique est sans effet, Intralipide® 20% (solutions lipidiques à chaînes longues) peut être administré par voie IV selon le protocole suivant : Intralipide® 20% : bolus de 1,5mg/kg à administrer en une minute.

En 2006, deux cas cliniques étudiés ont rapporté le succès de l’injection de solutions d’intralipide® afin de réanimer les patients ayant un trouble du rythme grave induit par des anesthésiques locaux [1,2].

1. Litz RJ, Popp M, Stehr SN, Koch T. Successful resuscitation of a patient with ropivacaine‐induced asystole after axillary plexus block using lipid infusion. Anaesthesia 2006 ;61:800‐1.

2. Rosenblatt MA, Abel M, Fischer GW, Itzkovich CJ, Eisenkraft JB. Successful use of a 20% lipid emulsion to resuscitate a patient after a presumed bupivacaine‐related cardiac arrest. Anesthesiology 2006 ;105:217‐8.

source : actumedecine.com

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Un très bon site. Le centre anti poisons de nos amis Belges.

Arnaud BASSEZ

IADE/enseignant cesu

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