TOXIDROMES
= présentation clinique orientant le diagnostic vers une intoxication par une classe particulière de toxique
1. Syndrome opioïde
– dépression respiratoire, voire apnée
– simple sédation, voire coma
– myosis serré bilatéral
– nausées, vomissements, iléus
– prurit
– bradycardie sinusale, hypotension artérielle
– pneumopathie d’inhalation
- En cause : morphiniques
- Antidote : naloxone
2. Syndrome de myorelaxation
– dysarthrie
– confusion
– troubles de la vigilance : somnolence, coma
– hypotension artérielle
– dépression respiratoire
– pneumopathie d’inhalation
- En cause : benzodiazépines, barbituriques, carbonates, alcools
- Antidote : flumazénil (benzodiazépines)
3. Syndrome anticholinergique
– encéphalopathie atropinique : confusion, hallucinations, délire, dysarthrie, mydriase bilatérale symétrique, tremblements, agitation, coma voire mouvements tonicocloniques (convulsions)
– signes neurovégétatifs : sécheresse des muqueuses, rétention d’urine, constipation, tachycardie sinusale
- En cause : antidépresseurs tri et tétracycliques, phénothiazines, butyrophénones, quinidine, atropine, antihistaminiques, antiparkinsoniens.
4. Syndrome adrénergique (sympathomimétique)
– tremblements, agitation, convulsions
– risque d’AVC
– palpitations, tachycardie sinusale, hypotension ou hypertension artérielle
– risque d’infarctus myocardique
– arythmies ventriculaires
– douleurs abdominales, gastrites, hémorragies digestives
– hyperglycémie, acidose lactique, hypokaliémie de transfert, hyperleucocytose, hypophosphorémie.
- En cause : xanthine, salbutamol, amphétamine, cocaïne, éphédrine
5. Syndrome stabilisant de membrane
– troubles cardiovasculaires : aplatissement de l’onde T, allongement du QT, élargissement du complexe QRS et allongement de l’onde P, arythmies ventriculaires, bradycardie réfractaire, asystolie.
– troubles neurologiques : convulsions
En cause : antidépresseurs tri- et tétracycliques, chloroquine, b-bloquants, anti-arythmiques de classe I, carbamazépines, phénothiazines.
Traitement spécifique : sels de sodium hypertoniques (lactate ou bicarbonate de sodium molaire)
6. Syndrome sérotoninergique
– troubles neurologiques : agitation, confusion, hallucinations, myoclonies, tremblements, syndrome pyramidal, spasmes, convulsions, coma
– troubles neurovégétatifs : mydriase, sueurs, tachycardie, tachypnée, hyperthermie, frissons, hypotension artérielle, diarrhées, arrêt respiratoire
– troubles biologiques : hyperglycémie, hyperleucocytose, hypokaliémie, hypocalcémie, CIVD, acidose lactique, rhabdomyolyse
DD : syndrome malin des neuroleptiques
- En cause : IMA, ISRS, lithium, antidépresseurs tricycliques, L-tryptophane
7. Syndrome d’hyperthermie maligne
voir hyperthermies malignes et sévères
– hyperthermie
– troubles de la conscience
– troubles neurovégétatifs
– hypertonie généralisée, rigidité des muscles du cou
– rhabdomyolyse
- En cause : psychostimulants, neuroleptiques, halogénés
- Traitement : dantrolène, bromocriptine
8. Syndrome antabuse
– malaise, flush, céphalées, nausées
– insuffisance coronaire
– collapsus
– hypoglycémies graves
– coma convulsif
- En cause : disulfiram, phénylbutazone, céphalosporines, chlorpropamide, nifuroxime
source : oncorea.com (une base de données impressionnante)
— -
Arrêt cardiaque dû aux anesthésiques locaux et protocole intralipide®
Les anesthésiques locaux peuvent entraîner des accidents locaux ou systémiques très graves. Réactions d’hypersensibilité allergique, crises porphyriques, oxydation de l’hémoglobine (méthémoglobinémie).. sont toutes des complications que peuvent engendrer les anesthésiques locaux.
Mais les complications les plus redoutées sont les complications systémiques qui sont rapportées après une injection péri-veineuse de l’anesthésique local.
– Signes de toxicité systémique
Lors d’un passage vasculaire de l’AL, on note les signes suivants :
- Perte brutale de la consciences +/- crise convulsive tonicoclonique
- Dépression de l’inotropisme cardiaque (collapsus cardiovasculaire)
- Troubles du rythme cardiaque : tachycardie, bradycardie, bloc de conduction avec élargissement du complexe QRS, torsade de pointe, fibrillation ventriculaire, asystole.
- Ces signes font surface après l’injection initiale, et le délai de leur apparition varie entre quelques secondes (le plus souvent) et 40 minutes.
– Prise en charge immédiate
Il faut tout d’abord arrêter l’injection de l’AL, demander de l’aide et effectuer tout de suite un massage cardiaque. Ensuite, il faut protéger les voies aériennes avec une intubation orotrachéale et ventiler le patient avec une FiO2 à 100%.
En cas d’apparition de convulsions, il faut recourir systématiquement aux benzodiazépines, au thiopental ou le propofol.
D’autre part, il faut veiller à ce que les constantes hémodynamiques soient réglées en optant à de faibles doses d’adrénaline IV (limiter les bolus à 5μg/kg afin d’éviter une tachycardie ventriculaire).
Inversement à ce qui est recommandé en cas d’un arrêt cardiaque pour des causes inconnues, il faut éviter l’injection de l’amiodarone (antiarythmique de classe III) qui va potentialiser l’effet de l’AL (antiarythmique de classe Ib, mais aussi inhibiteur des canaux potassiques).
Protocole intralipide®
Lors d’un arrêt cardiaque dû à un AL où la réanimation cardiorespiratoire classique est sans effet, Intralipide® 20% (solutions lipidiques à chaînes longues) peut être administré par voie IV selon le protocole suivant : Intralipide® 20% : bolus de 1,5mg/kg à administrer en une minute.
En 2006, deux cas cliniques étudiés ont rapporté le succès de l’injection de solutions d’intralipide® afin de réanimer les patients ayant un trouble du rythme grave induit par des anesthésiques locaux [1,2].
1. Litz RJ, Popp M, Stehr SN, Koch T. Successful resuscitation of a patient with ropivacaine‐induced asystole after axillary plexus block using lipid infusion. Anaesthesia 2006 ;61:800‐1.
2. Rosenblatt MA, Abel M, Fischer GW, Itzkovich CJ, Eisenkraft JB. Successful use of a 20% lipid emulsion to resuscitate a patient after a presumed bupivacaine‐related cardiac arrest. Anesthesiology 2006 ;105:217‐8.
source : actumedecine.com
– A lire
Un très bon site. Le centre anti poisons de nos amis Belges.
Arnaud BASSEZ
IADE/enseignant cesu
Administrateur