Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Covid-19 une chance pour l’hôpital ?

Et si le covid-19 était une chance pour l’hôpital ?

On l’a vu, la crise sanitaire de la covid-19 (dixit l’académie française) a mobilisé les professionnels de santé, comme on pouvait légitimement s’y attendre, sans hésitation, sans retenue, mais non sans peur.
Au-delà des médecins et soignants dans leur ensemble, c’est aussi les acteurs de l’hôpital qui se sont aussi mobilisés et qu’il ne faut surtout pas oublier à l’heure des bilans inéluctables.

De la secrétaire, en passant par les cuisiniers, les administratifs et les ouvriers, les ambulanciers, les manipulateur radio, les aides-soignantes, les chirurgiens, les internes, les étudiants de toute spécialité, c’est un ensemble qui s’est levé pour faire face à cet orage, mais que d’autres ont transformé en mission.

Sauver des vies.

Est-ce que nous sommes des héros, parce que nous « sauvons des vies » ?
Bien sûr que non. A aucun moment. Nous sommes des professionnels de santé, et nous savons faire le travail. Alors nous le faisons. Et nous sommes payés pour ça.

Et il y aura eu nécessité de cet ouragan viral, pour qu’enfin en haut lieu, on se rende compte du cri des soignants, qui alertent depuis longtemps sur des salaires pas à la hauteur, sur une différence entre d’autres pays où la qualité du système de santé n’est peut-être pas aussi performante que la supposée nôtre, mais qui pourtant font mieux que la France, en rémunérant à leur juste valeur les hommes et femmes qui sont au quotidien auprès des malades. Ces mêmes personnes que l’on retrouve dans les hôpitaux et établissements de soins de France et outre-mer.

Ce cri, tel Munch, résonnait aussi des demandes insistantes en termes de personnels à embaucher, de revalorisation des carrières et des manques de matériels et de dégradation des conditions de travail.

On a vu le fiasco des masques, des casaques, du manque flagrant de matériel, imposant aux soignants des prises de risques inadmissibles et un recours forcené au système D.

Les conséquences et les suites judiciaires ne font que commencer, les débats autour des revalorisations et de la reconnaissance des soignants dont on sait le classement pitoyable selon les données de l’OCDE.
La France se classe 28e sur 33 pays dans le classement des rémunérations des infirmières à l’hôpital par rapport au salaire moyen national. Infirmières et infirmiers sont payés 6 % de moins que la moyenne des travailleurs français.

Ce sera donc un travail de concertation de débats et de combat à entreprendre auprès du gouvernement et du ministère pour réduire cet écart européen inique.
Et il appartient aux organisations syndicales et autres collectifs de faire ce travail.

Il semble donc qu’il ait fallu une catastrophe sanitaire de cette ampleur, imposant un confinement et des mesures drastiques jamais vues auparavant, même pendant les grandes épidémies de peste, où la quarantaine primait mais pas le confinement, pour que le pays s’aperçoive finalement de la chance qu’il avait de posséder des soignants de qualité dans ces hôpitaux dégradés et abattus par des successions de réforme pas vraiment en sa faveur, au fil des ans. Il aura fallu ce virus pour que le gouvernement accède enfin à une simple considération qu’il éteignait sous les gaz lacrymogènes en mars 2019, alors que les demandes ne portaient que sur des postes supplémentaires. Comment dès lors s’étonner des suicides et des départs définitifs de l’hôpital, nouvelle machine à broyer le personnel qui le faisait si bien fonctionner il y a peu, et qui s’épuise maintenant devant une logique financière hors de son ADN.

Qu’en est-il de cette notion de confinement imposée à tous ?

À l’époque, la quarantaine concerne d’abord les lépreux : une ordonnance royale du 21 juin 1321 leur interdit d’entrer dans les villes. Des léproseries apparaissent en périphérie en contrecoup.

Cette quarantaine est due à une observation du père de la médecine. En effet au IVème siècle avant JC, Hippocrate fait le constat que les maladies aiguës durent 40 jours en moyenne, entre les tout premiers symptômes jusqu’à la guérison. Ces quarante jours, donneront le nom de quarantaine à cette période d’éviction qui reste la référence de nos jours.

La quarantaine à titre préventif date de 1377. C’est dans la ville de Raguse, (l’actuelle Dubrovnik), que l’interdiction sera faite aux bateaux en provenance d’une zone infestée par la peste de rentrer dans son port. Venise, la sérénissime, adopte la même mesure. La quarantaine s’exportera ensuite à Marseille en 1383, Barcelone, en 1458 ou Édimbourg en 1475.

La première quarantaine terrestre en France, se fera en 1720, pour empêcher l’épidémie de peste, qui a commencé à Marseille, de se propager dans tout le pays. C’est le conseil du Roi qui prendra la décision de placer toute la Provence en quarantaine, elle sera de ce fait coupée du reste de la France durant deux ans. Elle fera 120.000 morts dans cette région.

L’épidémie de choléra débutant le 26 mars 1832 à Paris, et s’achevant en septembre-octobre fit environ 100 000 victimes.

La covid-19 elle, en est à 325 712 au 20 mai 2020, d’après les données du John Hopkins university.

Il est dommage d’avoir eu à en arriver là, pour peut-être sauver l’hôpital. Peut-être, car en la matière, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

AB