Le pantalon anti choc ou G suit
Dispositif pneumatique comprimant les membres inférieurs et le bas ventre permettant de combattre le collapsus en mobilisant le sang accumulé dans la partie inférieure du corps.
Primitivement utilisé en neurochirurgie (Crile, 1903) pour combattre le collapsus dû à la position assise de l’opéré au cours de l’intervention, puis perfectionné pour combattre les effets de la microgravité en astronautique, d’où son nom, ce dispositif est aussi utilisé en réanimation d’urgence pour le ramassage des blessés, pour le transport des patients en risque de collapsus et aussi, préventivement, pour le transport jusqu’en salle d’opération des victimes d’anévrismes de l’aorte abdominale en cours de rupture.
Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine
Indications :
- Réanimation du choc hémorragique d’origine sous- diaphragmatique : traumatismes abdominaux et pelviens par traumatisme contondant ou perforant (intra péritonéal, sous péritonéal, rétro péritonéal)
- Fractures complexes du bassin
- Dissection de l’aorte abdominale
- Hémorragies par grandes lacérations des membres inférieurs et/ou abdominales
- Hémorragies internes des membres inférieurs
- Immobilisation des fractures du bassin ou des membres inférieurs
- Amputation ou écrasement important des membres inférieurs
– Indications en utilisation préventive :
- Anévrysme abdominal susceptible de fissuration
- Plaie intra-abdominale supposée
- Grossesse extra utérine
- Hémorragie de la délivrance
- Hématome rétro péritonéal
Principe :
Pantalon inextensible en textile à l’intérieur duquel sont placées des poches pneumatiques qui peuvent être mises en pression (1 poche pour chacun des membres inférieurs et un coussinet abdominal). La pression appliquée par chaque poche peut être ajustée indépendamment par un système de gonflage et est indiquée par un manomètre.
Mécanisme :
Effet modeste de remplissage (500 à 800 ml) par déplacement de la masse sanguine, augmentation du retour veineux, hémostase par compression des lésions hémorragiques, réalisation à haute pression d’un véritable clampage aortique sous-diaphragmatique, effet de contention dans la traumatologie des membres inférieurs.
Contre-indications :
– Lésions sus-diaphragmatiques à maitriser avant gonflage (membres supérieurs, jugulaires, cuir chevelu ...),
– OAP.
– Éviter chez le vieillard, le coronarien et l’insuffisant cardiaque.
– Éviter les effets secondaires délétères d’une intubation en cas de compression abdominale.
Complications, effets secondaires :
– Aggravation des lésions des membres inférieurs par hypoxie prolongée, ischémie des membres inférieurs.
– Collapsus par dégonflage accidentel ou dysfonctionnement du PAC
– Inhalation bronchique par compression abdominale et régurgitation
– Hypoventilation alvéolaire par gêne à l’expansion des poumons
– Rhabdomyolyse, acidose hyperkaliémique en cas d’utilisation prolongée.
– Si utilisation de la combinaison au-dessus des côtes flottantes : ventilation mécanique (la compression s’étend au-dessus de la région abdominale, d’où gène respiratoire à l’expansion des poumons, donc difficultés respiratoires avec acidose métabolique et/ou respiratoire).
A savoir :
- La pression abdominale reste inférieure à celle des membres inférieurs.
- Ne pas comprimer les dernières côtes.
- Noter impérativement l’heure de mise en place.
- L’utilisation de fortes pressions et du gonflage de l’abdomen nécessite une intubation trachéale/ventilation contrôlée et la mise en place d’une sonde gastrique.
- Il faut une pression supérieure à 60 mmHg pour avoir une réduction significative du saignement artériel.
- La compression des membres peut entraîner des douleurs et parfois un syndrome des loges.
- Peu d’efficacité du Pantalon anti choc sur les fractures du bassin.
Mise en œuvre :
– Ne peut se concevoir qu’en situation d’extrême gravité ou lors d’un transport long dans une situation périlleuse.
– Avant toute utilisation, faire une évaluation préalable de la nature des blessures abdominales et des membres inférieurs visibles et/ou suspectées.
– Doit être installé d’emblée, prêt à être gonflé au besoin, avant le conditionnement du patient, au mieux sur le matelas à dépression avant le relevage du patient.
– Nécessite à haute pression : analgésie, sédation et ventilation mécanique. Pose d’une sonde gastrique.
– Gonfler toujours la section jambes avant la section abdominale.
– Doit être gonflé en cas d’échec de remplissage et de pression artérielle effondrée.
– Il est impératif de noter l’heure de pose du Pantalon antichoc.
- - Employer la plus faible pression de gonflage nécessaire à l’équilibre hémodynamique du patient.
– Remplissage vasculaire plutôt que fortes pressions de gonflage.
– 1) A basse pression (hémostase et contention par compression pour les lésions de membre inférieur, du bassin, ne nécessite pas obligatoirement de sédation/ventilation) :
- Section jambes : 30 à 40 mm Hg
- Section abdominale : 20 mm Hg au besoin
– 2) A haute pression (équivaut à un clampage aortique abdominal) :
- Section jambes : 80 à 100 mm Hg
- Section abdominale : 60 à 80 mm Hg
– Contrôle régulier de la pression des manomètres.
– Surveiller la PA, FC, arrêt de l’hémorragie, douleur, signes de syndrome de compression.
– Rechercher les pouls pédieux. Le périnée et les pieds sont accessibles.
– Limiter au mieux l’utilisation dans le temps.
– Ne jamais ôter la combinaison gonflée.
– Commencer toujours le dégonflage par la section abdominale.
– Dégonflage au bloc opératoire si hémorragie suspectée, accompagnée d’un remplissage vasculaire :risque de collapsus sévère et d’arrêt cardiaque par désamorçage hypovolémique.
– Dégonflage du compartiment abdominal en premier en présence d’un chirurgien prêt a effectuer le clampage artériel ou une embolisation artérielle.
– Le dégonflage se fera par paliers de 5 mmHg en surveillant la PA du patient.
Utilisation de la combinaison sur une durée supérieure à 120 minutes :
– Risque semblable à un écrasement de membre, lié à la levée de compression = Syndrome de dépressurisation = douleur à la pression, pâleur de la peau, hypothermie locale, œdème. A rechercher sur les extrémités du patient.
– Correspond aux complications du crush syndrome.
– En pratique : lutte contre l’hyperkaliémie, l’insuffisance rénale aiguë, acidose métabolique, la douleur.
source http://urgences-agen.fr
Entretien
- Faire sortir le maximum d’air des différents compartiments
- Nettoyer la combinaison
- Laisser ouvertes les valves de gonflage des compartiments jambes et fermer la valve du compartiment abdominal (prêt pour le gonflage)
- Fixer les velcros
- Ne pas couder les embouts d’entrée d’air
- Enlever les chambres à air et les nettoyer à l’au et au savon antiseptique
- Pendant le lavage : FERMER les valves
- La housse peut être lavée à la main ou à la machine
- Pas de nettoyage à sec
- Pas de solvant ou produit chimique
- Ne pas blanchir
- Ne pas stériliser à la vapeur
- Ne pas exposer aux hautes températures
- Ne pas repasser au fer ou à la vapeur
- Ne jamais stocker mouillé ou humide
- Stérilisation possible de la combinaison à l’oxyde d’éthylène sur un cycle de 2 heures et une aération de 48 heures.
Le « pantalon antichoc » : a-t-il réellement une place dans le traitement du choc ? J.F. Quinot, E. Cantais, E. Kaiser
Prise en charge initiale dun traumatisé du bassin et dun hémo-rétropéritoine traumatique Dr Isabelle RENNUIT - Réanimation Chirurgicale Polyvalente - Hôpital Beaujon (92)
pantalon anti choc
Le CRoC (combat ready clamp) offre une alternative pour juguler les hémorragies jonctionnelles.
Parmi les solutions outre l’exacyl à injecter dans l’heure, on peut avancer la compression des jonctions, même si le garrot semble de meilleure solution comme le montre cet article ci-dessous.
Arnaud BASSEZ
IADE/formateur geste d’urgence (AFGSU)
Administrateur