LE BLAST
1. LES BLAST
1.1. ON DIFFÉRENCIE
– le blast primaire : ensemble des lésions liées à l’onde de choc, c’est à dire au front d’onde de pression dit « statique ». Il est essentiellement décrit des atteintes tympaniques, pulmonaires, digestives, osseuses. D’autres lésions sont plus rares : cérébrales, cardiaques, laryngées…
– le blast secondaire : ensemble des lésions liées à la projection sur la victime de débris (d’explosif ou de l’environnement). C’est le criblage.
– le blast tertiaire : lésions causées par la projection de la victime elle même.
Les blast secondaire et tertiaire sont les conséquences du souffle de l’explosion (ou onde « dynamique »).
1.2. PHYSIOPATHOLOGIE
Sur le plan physiopathologique, le blast primaire est « traumatisme original ». Il est lié à la transmission à travers la paroi (thorax, abdomen …) de deux types d’ondes :
• les ondes incidentes directes transmettant une accélération brutale de faible amplitude : shock waves
• les ondes de dilacération ou de déchirure de plus grande amplitude et de moindre vitesse : stress waves.
1.3. Problèmes nosologiques :
Les lésions anatomiques et anatomopathologiques et leur mode évolutif sont moins originales que la physiopathologie. Il est donc difficile de déterminer chez une victime d’explosion si les lésions sont dues au blast primaire ou tertiaire. Le blast pulmonaire (blast primaire) ressemble à la contusion pulmonaire (du blast tertiaire). Le blast secondaire n’est, quant à lui, qu’un traumatisme pénétrant.
2. LE BLAST PRIMAIRE EST RARE
Sur une méta-analyse regroupant 14 publications et 3357 victimes d’attentat, Frykberg trouve une fréquence du blast de 0,6 % chez les survivants et de 45 % chez les décédés [3]. Mais les chiffres sont très variables dans les séries... de 0,8 à 38 % ! Les différences observées tiennent à …
2.1.1. NOTION DE SEUIL
Le blast tympanique survient expérimentalement pour des niveaux de surpression extrèmement bas ( seuil à 35 kPa). A ce niveau de surpression, les murs de briques sont fissurés. Le seuil de lésions pulmonaires se situe à 200 kPa, la destruction des structures en béton à 300 kPa et il faut 500 kPa pour générer des lésions pulmonaires chez 50% des animaux exposés. On comprend que selon que l’on s’intéresse aux lésions tympaniques ou pulmonaires, l’incidence soit très différente [4].
Il faut probablement, mais il n’y a pas encore de consensus, arrêter d’inclure les lésions tympaniques dans les lésions de blast, puisqu’il suffit d’une claque sur l’oreille pour perforer le tympan et que le niveau de gravité est très différent des autres lésions de blast primaire. C’est, par contre, dans le contexte d’une explosion, le signe que le sujet a été soumis à une onde de choc (cf infra).
2.1.2. SOURCE DE L’EXPLOSION
Les explosions physiques (autocuiseurs à vapeur) génèrent une surpression relativement faible (de l’ordre de 150 kPa). Elles sont susceptibles d’entraîner des lésions graves par projection de la victime (blast tertiaire), par brûlures mais ne causent pas de blast pulmonaire ! Le pic de pression n’est pas assez élevé et le temps de montée en pression pas assez bref.
Pour les mêmes raisons, les explosions de gaz (qui sont plus des embrasements brusques que de véritables explosions) ou les arcs électriques ne causent pas de blast autre que tympanique (sauf si l’explosion a lieu dans un récipient clos), même si les dégâts sur l’environnement sont importants. Il peut néanmoins y avoir de nombreuses victimes, par projection, ensevelissement ou brûlures mais pas par blast pulmonaire ! Les explosifs de guerre, utilisés aussi dans les attentats terroristes, créent des explosions très vulnérantes…et pourvoyeuses de blast.
2.1.3. LIEU DE L’EXPLOSION
Les explosions en espace clos entraînent plus de blast primaire à cause des réflexions de l’onde incidente sur les parois qui s’accompagnent de phénomènes de résonance et de l’apparition d’une succession d’ondes vulnérantes. Leibovici rapporte une incidence de blast pulmonaire qui varie de 6 à 32 % selon que l’attentat a lieu en milieu ouvert ou fermé [5].
2.1.4. LES LÉSIONS ASSOCIÉES ET PRISE EN CHARGE
De nombreuses victimes blastées décèdent sur place de lésions associées. Il faut, pour n’être victime que d’un blast primaire, être protégé par une structure résistant à l’explosion, évitant le souffle et ses conséquences et ne pas être enseveli, ce qui est rare !
Il est probable que la qualité de la prise en charge pré-hospitalière augmente et augmentera la survie précoce des victimes les plus grave et l’incidence des blast primaire…
3. LE BLAST PRIMAIRE EST GRAVE
Le blast primaire est un facteur de surmortalité hospitalière : mortalité de 10% chez les blessés hospitalisés blastés contre 1,4% chez tous les survivants hospitalisés même si cette mortalité secondaire reste « faible » (compte tenu des lésions associées) [3]. C’est surtout le blast pulmonaire qui est responsable de la surmortalité. Le blast digestif a, quant à lui, une incidence difficile à déterminer.
4. LE TRIAGE
Les victimes gravement blessées, brûlées, ensevelies ou présentant un traumatisme psychique grave doivent être hospitalisées
Parmi les « non ou peu blessées », seules les victimes suspectes de blast doivent être hospitalisées. Il faut donc réaliser un tri sur les lieux. Ce triage comprend l’étude des circonstances de l’accident, l’interrogatoire, l’examen clinique et l’otoscopie.
4.1. LES CIRCONSTANCES
L’utilisation d’un explosif de guerre, en espace clos, l’existence de victimes décédées ou amputées à proximité, la présence d’un cratère sur les lieux, le blast en milieu aquatique sont autant de facteurs de gravité.
A l’inverse, la survenue en milieu ouvert est de meilleur pronostic. L’origine accidentelle (gaz, arc électrique) permet d’éliminer le blast.
4.2. L’INTERROGATOIRE ET L’EXAMEN CLINIQUE
On recherche une dyspnée, une toux, une expectoration sanglante, une brûlure rétrosternale chez une victime habituellement prostrée, parfois bradycarde et hypotendue. Les autres signes sont : une désaturation, un pneumothorax, de l’air pariétal, des crépitants...
4.3. L’OTOSCOPIE
Elle recherche une perforation, un hémotympan ou une hyperhémie tympanique. Mais cet examen a une faible valeur prédictive négative !
35 % des patients ayant un blast pulmonaire ont un tympan intact [6].
Enfin, un blast tympanique isolé ne doit pas entraîner une hospitalisation s’il n’existe pas d’autre lésions. Ces patients peuvent être vus en consultation externe.
4.4. AU TOTAL, LA DÉCISION D’HOSPITALISER REPOSE SUR
– la notion d’ explosion forte (susceptible de générer un blast pulmonaire ou digestif)
– l’existence de signes fonctionnels ou physiques
– avec l’appoint d’une otoscopie dont on discutera le résultat en fonction du contexte
– et il ne faut pas craindre une décompensation respiratoire secondaire d’un patient initialement asymptomatique (« mythe » jamais décrit dans la littérature) !
5. LE TRAITEMENT
5.1. LA VENTILATION
La réanimation respiratoire des blast pulmonaire ne présente pas de particularité. Il s’agit d’une contusion pulmonaire pouvant évoluer vers un SDRA. La ventilation artificielle est susceptible d’aggraver la réaction inflammatoire pulmonaire et d’entraîner des lésions spécifiques. La ventilation doit être conduite selon les recommandations actuelles (cf SDRA)…
En outre, le blast peut être à l’origine de la formations de fistules alvéolo-veineuses avec embolies gazeuses systémiques (coronariennes notamment) et arrêts cardiorespiratoires lors de la mise en ventilation en pression positive. Ces phénomènes ont aussi été décrits dans les traumatismes thoraciques fermés et ouverts et ne sont pas spécifiques du blast.
La ventilation non invasive n’a pas été évaluée spécifiquement chez des patients blastés mais elle semble pouvoir être utilisée avec bénéfice (limitation des pressions d’insufflation, diminution du travail respiratoire, diminution des pneumopathies sous ventilation).
5.2. TRAITEMENT DES LÉSIONS ASSOCIÉES
La prise en charge doit être conduite selon les mêmes règles que chez tous les traumatisés graves :
– remplissage vasculaire (modéré en cas de persistance du saignement)
– bilan d’imagerie minimum et chirurgie urgente en cas de choc hémorragique
– bilan définitif des lésions (imagerie complémentaire)après la chirurgie urgente.
CONCLUSION
La prise en charge des lésions secondaires et tertiaires du blast est comparable à celle des traumatisés graves (fermés ou ouverts).
Le blast primaire aggrave le pronostic des blessés les plus graves mais impose rarement une prise en charge spécifique. La connaissance des particularités physiopathologiques et lésionnelles permet de mieux traiter les blastés graves survivants.
BIBLIOGRAPHIE :
- [1] Pats B, Lenoir B, Ausset S, Benois A. Blast et blessures par explosion. Encycl Med Chir (Anesthésie-Réanimation). Elsevier ed., Paris 2000, 36-725-D-10
- [2] Wightman JM, Gladish SL. Explosions and blast injuries. Ann Emerg Med 2001 ;37(6):664-78
- [3] FRYKBERG ER. ANN SURG 1988 ;208(5):569-76
- [4] OWEN-SMITH MS. HIGH VELOCITY MISSILE WOUNDS. LONDON, EDWARD ARNOLD LTD, 1981
- [5] LEIBOVICI D. J TRAUMA 1996 ;41:1030-5
- [6] LEIBOVICI D. ANN EMERG MED 1999 ;34:168-72 ET MELLOR SG. BR J SURG 1989 ;76:1006-10
source Dr DEBIEN mapar.org
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Effet de souffle
Une explosion est une onde de surpression. Cette onde a plusieurs effets :
- l’onde de choc dans l’air percute la personne et provoque une onde de choc dans son corps (réfraction) ; cette onde de choc interne peut provoquer des dommages internes ayant des effets à retardement ; par ailleurs, la surpression provoque des dégâts à l’oreille, pouvant aller jusqu’à la rupture du tympan ou à l’arrachement de la cochlée de ses attaches ; c’est le « blast primaire » (ou blast auriculaire concernant les effets sur l’audition ; surdité temporaire ou définitive) ;
- elle projette des objets (débris, éclats) qui occasionnent des plaies (victime polycriblée) ; c’est le « blast secondaire » ;
- lorsque l’onde de choc atteint une personne, celle-ci se trouve pendant un très court instant avec une surpression d’un côté et la pression atmosphérique de l’autre ; ceci crée une force qui peut projeter la personne, avec des traumatismes liés à la chute ; c’est le « blast tertiaire » ;
- l’effroi provoqué par l’explosion induit fréquemment un traumatisme psychique, que l’on qualifie parfois de « quatrième blast ».
On considère qu’il faut une pression proche de 3 kg/cm² avant d’observer des lésions (uniquement dues à la pression) pouvant être mortelles. Toutefois, il a été prouvé que l’homme peut supporter des pressions plus grandes. On rapporte même la survie d’un équipage de sous-marin ayant été soumis à une pression de 21 kg/cm², avec toutefois des dommages irréversibles aux oreilles. Ces valeurs dépendent néanmoins de la vitesse de variation de la pression. Une variation supérieure à 1 kg/cm² en moins d’une milliseconde est considérée comme un blast. Si ces taux ne sont pas atteints, on est alors en présence d’un barotraumatisme ou d’un traumatisme dû à des sons de forte intensité.
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Le blast article de la SFAR
Le blast. Lésions provoquées par une explosion
Différents types de lésions par explosion
Tester la déflagration d’une bombe atomique
Un blog sur les mines. Quand l’homme a l’imagination sans fin pour supprimer ses semblables...
LES EXPLOSIFS
Présentation des explosifs
source maitrechien.chez.com & iracle.chez.com
La rubrique suivante ne vous fera pas un cours sur les explosifs mais se contentera de vous présenter les principaux types d’explosifs que les équipes maîtres-chiens anti-explosifs sont amenés à détecter. Cette liste n’est pas exhaustive et reste volontairement généraliste !
Sommaire
- 1) Idées reçues
- 2) Qu’est ce qu’une explosion ?
- 3) La dynamite
- 4) La tolite
- 5) Les plastics
- 6) Les explosifs artisanaux
- 7) Glossaire
8) Conseils pratiques
IDÉES REÇUES
Il faut savoir que de nos jours sur les dix millions de tonnes d’explosifs consommés annuellement dans le monde, moins de cinq pour cent le sont par les militaires ! C’est l’industrie civile qui en utilise le plus. Les explosifs sont utilisés dans de nombreux domaines et pas seulement pour la destruction. La nitro glycérine est par exemple utilisée en médecine, c’est un excellent vasodilatateur ! De même vous mangez des explosifs tous les jours ! En effet la farine est un explosif potentiel lorsque celle-ci est dispersée dans l’air à environ 200G/m3, selon les conditions de stockage, elle peut-être détonante ou déflagrante et sa puissance d’explosion à masse égale peut-être 2 à 3 fois supérieur à celle de la T.N.T. Sa vitesse de détonation est de 7000 mètres seconde !
– Généralités :
Il existe un nombre considérable, se chiffrant par plusieurs milliers de substances - corps ou mélanges - capable de se décomposer de façon explosive ; un petit nombre seulement de ces produits a reçu une application industrielle, militaire ou civile.
Considérons un système au repos (corps pur mélange de corps purs) ne réagissant pas dans les conditions où il n’y a aucune variation d’énergie interne (U), c’est à dire où seule règne une certaine agitation thermique insuffisante pour déclencher un déséquilibre. On peut modifier cet état sans altérer la nature du système seulement en apportant un changement issu de l’extérieur : Apport d’énergie permettant d’atteindre, dans une partie du système de taille suffisante, des conditions telles que celui-ci va se modifier ensuite spontanément avec variation de son énergie.
Cela ne se fera que si la réaction s’auto-entretient, c’est à dire se propage au sein du système. On est en présence d’une réaction "en chaîne" qui correspond à une réaction dans laquelle les conditions de celle - ci ne sont crées que par la réaction elle-même.
Signalons que cette réaction pourra être, soit une "détonation", si la vitesse de propagation dans le milieu est égale à la vitesse locale du son, soit une "déflagration" ou combustion rapide, si la vitesse de propagation est inférieure.
Il existe deux types d’explosifs : les primaires et les secondaires. Lorsque l’on cherche à différencier les explosifs primaires des explosifs secondaires, il convient de nuancer l’ancienne affirmation selon laquelle : "les explosifs primaires n’ont qu’un régime de décomposition, la déflagration".
En fait, les explosifs primaires, lorsqu’ils étaient initiés, commençaient toujours par déflagrer. La transition déflagration-détonnation (TDD) est parfois si rapide qu’elle est quasiment impossible à mettre en évidence. Le niveau d’énergie d’initiation dont nous venons de parler est finalement le premier critère de différenciation : les explosifs primaires sont très sensibles, donc faciles à initier.
A l’opposé, les explosifs secondaires ne peuvent être initiés facilement - dans les conditions ordinaires, ils brûlent - et il faut faire intervenir, pour cela, l’onde de choc produite par la détonation d’un explosif primaire. On constitue ce que l’on appelle une chaîne "pyrotechnique".
Signalons par ailleurs, que les explosifs primaires ont une vitesse de détonation assez faible (de 1 000 à 5 000 m/sec, exceptionnellement plus) par rapport aux explosifs secondaires.
Le terme "composition" désigne dans le vocabulaire du pyrotechnicien, un mélange réactif de plusieurs substances réactives ou non, possédant des propriétés particulières.
– Données de sécurité :
a) Sensibilité à la friction :
La friction est par définition, le frottement obtenu entre les surfaces en contact de deux corps animés d’un mouvement relatif l’un par rapport à l’autre. La détermination est faite de diverses manières (exemple : pendule de friction anglo-saxon).
b) Sensibilité au choc (ou à l’impact) :
Une façon d’apporter une densité d’énergie importante dans un petit volume de l’explosif est de le soumettre à un choc, contraintes brusques produites soit par un solide percuteur pénétrant dans la masse de l’explosif, soit par un écrasement d’un solide, l’un mobile et l’autre fixe (exemple : l’arme à feu).
c) Sensibilité aux décharges électriques :
Une décharge électrique (étincelle ou arc) est capable de créer une densité d’énergie importante, c’est pourquoi les explosifs primaires sont généralement sensibles à ce genre de phénomène qui est le plus souvent dû à l’électricité statique, soit d’origine atmosphérique (orage), soit accumulation de charges par frottement. Nombres d’accidents, surtout dans le passé où chose était mal connue, sont dus à cette dernière cause.
d) Sensibilité au rayonnement électromagnétique :
Les explosifs primaires sont, en effet, plus ou moins sensibles à ce type d’influence entre le rayonnement incident et la matière explosive ayant toujours pour conséquence un effet vibrationnel, c’est-à-dire thermique, plus ou moins dense. Les rayonnements les plus dangereux sont les infrarouges (laser), par contre, les rayonnements X n’ont pas d’influence.
e) Sensibilité fonctionnelle :
- sensibilité thermique (ou tenue thermique) : plus la température est élevée, plus la réaction est rapide. On dit que la réaction est instantanée à "température d’explosion".
- sensibilité à la percussion : le terme percussion désigne indifféremment une sorte d’impact agissant au niveau de l’explosif (exemple : écrasement).
- sensibilité à la flamme : les explosifs primaires sont sensibles à la flamme.
QU’EST CE QU’UNE EXPLOSION ?
C’ est la transformation d’une matière en gaz. Et plus c’est raide plus les gaz se trouvent en surpression, ces derniers se détendent alors jusqu’à l’équilibre avec la pression atmosphérique créant ainsi un effet de souffle déflagrant ou détonant, selon sa vitesse.
La décomposition :
La décomposition d’une substance explosive se fait de différentes manières.
a) Combustion :
Celle-ci est plus ou moins rapide avec production ou non de produits gazeux ou production de produits solides ou fondus. Dans ce cas, on observe une zone de réaction se propageant au sein de la matière intacte, principalement par combustion thermique à une vitesse de quelques millimètres, à quelques mètres par seconde.
Ce type de propagation n’existe pas pour les explosifs primaires purs, on ne l’observe que pour des mélanges et également pour la plupart dans le cas des explosifs secondaires dans certaines réactions..
b) Déflagration :
Type de combustion rapide à vitesse de propagation peu inférieure à la vitesse du son dans le plasma de réaction (quelques centaines de mètres par seconde), mais légèrement supérieure à la vitesse du son dans l’air ambiant auquel une onde de choc est généralement transmise, d’où le bruit engendré. Les produits de décomposition sont rejetés en sens inverse de la propagation de la déflagration. Dans certaines conditions de densité d’énergie, la déflagration peut se transformer en détonation.
c) Détonation :
C’est un type de décomposition dans lequel la réaction se propage à vitesse supérieure à la vitesse du son dans le plasma de réaction (quelques milliers de mètres par seconde), induisant donc obligatoirement une onde de choc dans le milieu ambiant. Dans des conditions déterminées de nature et de densité de milieu, on peut observer ce que l’on appelle un "régime stable de détonation". On montre également pour un explosif donné, au-dessus d’un certain diamètre baptisé "diamètre critique", il ne peut y avoir détonation stable.
Quelles sont les principales qualités de l’explosif primaire idéal :
- être sensible, mais pas exagérément ;
- avoir une transition déflagration-détonnation très rapide ;
- développer une grande énergie ;
- avoir une préparation reproductible à l’échelle industrielle ;
- posséder une forme physique apte au chargement automatique.
– LA DYNAMITE
Pour être exact, il faudrait plutôt dire les dynamites vu les différentes sortes existante !
Sa composition relève d’un mélange de nitroglycérine et d’un produit stabilisant qui peut-être lui aussi une substance explosive. Une des formes les plus connues de la dynamite est la dynamite gomme, c’est un mélange de 92 % de nitroglycérine et de coton poudre (explosif également) le tout se présente sous la forme d’une gomme détonante facile d’emploi. LA DYNAMITE EST UN PRODUIT DÉTONANT, sa vitesse de détonation est de 7500 mètres par seconde et sa puissance est environ 50% supérieure à celle du T.N.T. qui est l’explosif servant de référence. La dynamite est l’un des explosifs les plus puissants utilisés par l’industrie.
Il y a 3 grandes sortes de dynamite :
- LA DYNAMITE - GHUR : 50% de nitroglycérine et 25% de Kieselghur. C’est la plus ancienne et n’est pratiquement plus employée aujourd’hui.
- LA DYNAMITE GOMME " CLAIRE" : C’est la plus puissante et sa composition la fait mieux résister au froid. Vitesse de détonation : 7500 mètres par seconde.
- LA DYNAMITE PLASTIQUE : Elle est appelée "gomme" en France. Sa composition lui permet de diminuer sa sensibilité ainsi que son coût de fabrication. Vitesse de détonation 6200 mètres par seconde.
Ces trois types de dynamite se trouvent sous la forme de cartouche (bâton). L’évolution tend à transformer la dynamite sous forme de dynamite gel, (la cartouche n’est plus solide mais sous forme de gel !).
– LA TOLITE
La tolite est plus connue sous le nom de T.N.T., abréviation de trinitrotoluène ou tolite. C’est un corps pur cristallisé qui ressemble à du sucre Candy. On l’utilise comme ciment pour former des blocs avec d’autres explosifs dangereux à faire fondre. Elle peut avoir une odeur âcre. Sa vitesse d’onde de détonation est de 6971m/s ; ce qui lui donne un caractère brisant. Le T.N.T. est l’explosif qui sert de référence pour comparer la puissance des différents produits explosifs. Elle a été inventée en 1891 par un allemand E.Haussermann. C’est aussi l’explosif le plus fabriqué au monde, au vu de son faible coup de fabrication et à sa facilité de stockage. On en trouve dans presque toutes les bombes et les obus de gros calibres ; elle est utilisée aussi dans les grenades et mines mais mélangée avec d’autres explosifs plus puissants.
– LES PLASTICS
Ceux sont des mélanges de produits explosifs et d’un liant qui donnent une pâte malléable ressemblant à de la pâte à modeler ou du mastic.
Le terme plastic est en fait un terme impropre, le terme "plastic" étant le nom d’une marque commerciale américaine !
Le plastic a été mis au point à partir des années 20, facile à utiliser et à transporter, il peut en particulier découper facilement les structures métalliques. C’est une des raisons pour laquelle il est très apprécié par les militaires, les services spéciaux et...... les terroristes !
Les plastics les plus connus sont :
– LA PLASTRITE
La plastrite est le plastic militaire français. Il est composé de pentrite qui est un explosif très puissant (87% plus un liant à base de gomme et d’huile minérale). Sa couleur peut aller du blanc au jaune sale et dégage une odeur de gomme et est souvent gras au toucher.
– LE C4
C’est le plastic militaire américain, il est composé d’hexogène (autre explosif puissant) et d’un liant. Il existe aussi du C1 ,C2 ,C3.
Sa texture ressemble à de la pâte d’amande ou des bonbons ’chamalow’. Le C4 est généralement blanc. Le C2,C2,C3 vont du jaune au marron.
– LE SEMTEX
Le semtex était fabriqué en ex-Tchécoslovaquie. Il est composé de pentrite, d’hexogène, de caoutchouc et d’huile de paraffine.
Sa couleur est orange clair, il sent la gomme et il a été pendant un bon moment le plastic préféré des terroristes.
– LE FORMEX F4
Il se présente sous forme de plaque. Il est composé de pentrite et de caoutchouc (89/11).
Le formex a la caractéristique de sentir la gomme et de ressembler a de la gomme !
Caractéristiques explosives des plastics : ce sont des produits détonants à effet brisant, la vitesse de détonation de l’hexocire un des plastics les plus puissant est de 8621m/s !
La puissance des plastics les plus réputés (semtex ou c4) est environ de 30% supérieur a celle de la T.N.T.
– LES EXPLOSIFS ARTISANAUX
Ceux-ci peuvent être particulièrement redoutables !
On peut les diviser en 3 catégories :
- Les explosifs à base de POUDRE.
- Les explosifs à base de NITRATE.
- Les explosifs à base de CHLORATE.
Nous parlerons juste de la poudre. La poudre noire résulte d’une composition de salpêtre, de souffre et de charbon. La poudre est déflagrante, c’est a dire qu’elle explose progressivement, ce qui la rend idéale d’utilisation pour la propulsion des fusées d’artifice et des obus dans les canons.
Ce sont les chinois qui ont inventé la poudre et cela dès le cinquième siècle.
Elle a été ramenée en Occident par les arabes et permit aux armées occidentales de s’imposer à partir du quinzième siècle.
Aujourd’hui elle est retournée à son utilisation première, elle sert essentiellement pour la propulsion et les feux d’artifice. Sa puissance est d’environ le cinquième de celle du T.N.T.
Exemple de produits explosifs :
- a) Fulminate de mercure :
Découvert au XVI è siècle, préconisé par Noble en 1860 comme détonateur, manque de stabilité à T > 50 °C.
Poudre cristalline grise plus ou moins claire (le produit recristallisé en NH3 est blanc), insoluble dans l’eau, il est stocké sous l’eau.
La réaction est spontanée lorsque l’on met en présence une solution nitrique de nitrate mercurique et de l’alcool éthylique, avec une trace d’oxychlorure de cuivre agissant comme catalyseur. Il est très sensible au choc. Il est aujourd’hui abandonné.
- b) Azoture de plomb :
Découvert en Allemagne fin XIX è siècle.
Il est dangereux et a connu un grand développement durant la 2è guerre mondiale.
Les produits réellement utilisés sont formés d’agrégats amorphes et renferment volontairement une quantité notable (de 3 à 8 %) d’impureté qui sont :
hydroxyde de Pb dans l’explosif dit "azoture de Pb pur" ou "azoture de Pb normal", surtout utilisé en France et en Allemagne.
hydroxyde de Pb et dextrine dans l’explosif baptisé "azoture de Pb dextrine" surtout utilisé aux U.S.A.
carbonate de Pb dans le "Service Lead Azide" (SLA Britannique).
- c) Typhnate neutre de Pb
Il est très employé bien qu’il ne soit un explosif primaire détonnant.
Poudre de cristalline de couleur vive variant de l’orange à reflets violacés ou brun-rouge. Il est pratiquement insoluble dans l’eau qu’il colore malgré tout. Il est stocké sous l’eau.
- d) Tétrazène :
Il est pratiquement le seul additif sensibilisant à la percussion actuellement utilisée.
Poudre cristalline plus ou moins floconneuse, jaune pâle, insoluble dans l’eau et dans les solvants courants, mais décomposé dans l’eau bouillante ou la soude.
- e) Diazodinitrophénol (ou DDNP) :
Employé aux U.S.A. et peu connu en Europe.
Poudre cristalline de couleur variant du vert foncé au marron en passant par le brun-rouge (le produit purifié par recristallisation dans l’acétone est jaune à selon la quantité de matière première.
Il est soluble dans l’eau et non hygroscopique, mais décomposé par la soude avec dégagement N2.
- f) Azoture d’Argent
- g) Styphnates de plomb basique
- h) Mononitrorésorcine
- i) 2-4 dinitrorésorcine
- j) 2-6 dinitrorésorcine
- k) Styphnate de Barium
- l) Sels de 5 - nitrotetrazole
– GLOSSAIRE
- EXPLOSION : phénomène physique se caractérisant par une variation brutale de pression et de température. A l’origine des destructions, elle est provoquée par une détonation et /ou une déflagration.
- DÉFLAGRATION : combustion particulièrement rapide de la matière explosive se traduisant dans l’atmosphère environnante par une onde de choc.
- DÉTONATION : réaction particulière de décomposition extrêmement rapide d’un explosif par une onde de choc dans la matière elle-même. L’onde de détonation. (L’onde de choc est à l’origine des effets dévastateurs dans le milieu environnant).
- BRISANCE : aptitude d’une matière explosive à fragmenter un matériel placé à proximité.
- PUISSANCE (d’un explosif) : énergie libérée par une masse donnée d’explosif pour obtenir un résultat déterminé de destruction ou d’abattage.
- SENSIBILITÉ : elle est déterminée par l’énergie nécessaire pour amorcer la détonation ou la déflagration d’un explosif. Il y a plusieurs types de sensibilité : la sensibilité à l’amorce ou à l’onde de choc provoquée par le détonateur, la sensibilité au choc ou a l’impact, la sensibilité a la friction, la sensibilité a l’étincelle (par exemple électrostatique).
- STABILITÉ : aptitude d’un explosif à se conserver sans altération pendant son stockage.
– CONSEILS PRATIQUES
Si vous trouvez un engin explosif ou une bombe, surtout N’ Y TOUCHEZ PAS, NE LE DÉPLACEZ PAS.
Vous ne savez pas dans quel état peut-être cet engin, quel est son système de déclenchement !!!
Éloignez les personnes se trouvant aux alentours et prévenez les services de police, gendarmerie, les pompiers ou les Douanes. Ces administrations sauront prévenir les services compétents !
Si vous vous trouvez à proximité d’une explosion et même si vous n’avez rien à première vue : allez consulter un médecin vous pourriez avoir été victime du BLAST (effet de souffle) et avoir une hémorragie interne !
Les explosifs non-nucléaires les plus puissants
L’explosif non-nucléaire le plus puissant que l’on connaisse est l’heptanitrocubane, bien qu’il ne soit pas forcément le plus dangereux ni le plus utilisé, ce titre revenant probablement au HMX. Le composé qui pourrait détrôner ces deux explosifs est la version à 8 liaisons nitrées de l’heptanitrocubane, l’octanitrocubane, à condition de le synthétiser et de le compacter correctement...
On qualifie généralement d’explosion, la soudaine libération d’un gaz qui, en prenant du volume en très peu de temps, provoque une compression de l’air environnement et un effet de souffle. Plus précisément, l’explosion consiste en un brusque changement d’une ou plusieurs matières en une ou plusieurs autres ayant un volume plus élevé (cela s’accompagne souvent d’un changement d’état, par exemple, liquide —> gaz). Ce changement engendre une surpression locale qui va s’harmoniser avec la pression environnementale, créant ainsi un effet de souffle plus ou moins fort : une déflagration si le front d’expansion se déplace à une vitesse inférieure à celle du son, ou une détonation (entraînant alors une onde de choc) si le front d’expansion se déplace à une vitesse supérieure.
De nombreux explosifs sont très connus et très utilisés, au point qu’on les rencontre souvent dans le langage courant : TNT (trinitrotoluène), dynamite, C4, Semtex... Parmi ceux moins connus, l’heptanitrocubane, le HMX et l’octanitrocubane sont considérés comme les plus puissants, mais il existe en fait plusieurs sortes de puissance, en ce sens que plusieurs caractéristiques permettent de qualifier les explosifs, par exemple :
- la vitesse de libération (de création des sous-produits à partir des produits explosifs)
- la vitesse de propagation, de déflagration ou de détonation (la vitesse du front d’expansion : vélocité explosive)
- la capacité à déplacer des objets via l’effet de souffle
- le volume des produits résultant par rapport au volume initial
- etc.
Il est donc difficile de déterminer le plus puissant des explosifs dans la mesure où certains d’entre eux auront des valeurs plus élevées et plus faibles que celles des autres, sur des caractéristiques précises. On compare généralement (souvent approximativement) la puissance des explosifs par l’énergie libérée, mesurée en tonne de TNT (4,184 Giga joules la tonne), où on normalise ce résultat pour obtenir un coefficient : le coefficient d’efficacité, ou facteur d’efficacité relative (FER), du TNT vaut donc 1. Pour comparaison, la poudre noire à un F.E.R. de 0,55, la dynamite, 1,25, le Semtex, 1,35, la nitroglycérine, 1,54.
- Le HMX
Aussi nommé octogène ou cyclotétraméthylène-tétranitramine, cet explosif est probablement le plus puissant dont des applications sont développées, puisqu’il sert, du fait de l’effroyable énergie qu’il libère, de carburant solide pour fusée, mais aussi de détonateur (notamment, pour les bombes nucléaires : malgré ce que montrent les films hollywoodiens, déclencher une réaction nucléaire n’est pas si simple), ou en tant qu’explosif primaire dans des missiles. Ce composé est très cher à créer, il n’est donc utilisé pratiquement qu’en application militaire.
Sa composition moléculaire consiste en un anneau d’atomes d’hydrogène et de carbone (CH2), séparés des autres par un atome d’azote (N), chacun de ces atomes étant lié à un groupe nitré (NO2). L’explosion du HMX libère notamment des gaz toxiques.
Sa vélocité explosive atteint 9100 m/s, et son coefficient d’efficacité atteint 1,70.
- L’octanitrocubane
Cet explosif synthétisé en 1999 se présente sous la forme moléculaire d’un cube de carbone, chacun étant lié à un groupement nitré (N2O). C’est un explosif expérimental qui ne possède donc aucune application industrielle ou militaire, pour le moment.
Sa vélocité explosive atteint 10100 m/s, et son coefficient d’efficacité atteint 2,38. C’est l’indice le plus élevé que l’on connaisse, concernant les explosifs non-nucléaires. C’est également le plus "rapide" des explosifs, dépassant par sa vélocité de détonation, le précédent détenteur du record, le DDF (4,4’-Dinitro-3,3’-diazenofuroxan), avec 10 km/s.
A ce jour, on le considère comme le plus puissant des explosifs non-nucléaires, bien que sa nature n’en permette que difficilement l’étude, et que ces données restent sujettes à controverse.
- L’heptanitrocubane
C’est l’homologue à 7 groupes nitrés de l’octanitrocubane, qui, bien que disposant de moins d’oxygène, se révèle, dans la pratique, plus puissant.
Sa vélocité explosive atteint 9200 m/s, et son coefficient d’efficacité est inconnu : on n’en a pas encore synthétisé suffisamment pour en avoir une idée précise, mais théoriquement, celui-ci devrait être le plus élevé connu à ce jour, davantage, même, que celui de l’octanitrocubane, du fait de la configuration des molécules : l’heptanitrocubane peut en effet être plus facilement compacté en cristaux et permet d’atteindre une densité explosive plus importante que son homologue à 8 groupes nitrés.
- Explosifs nucléaires
A titre de comparaison, le facteur d’efficience relative de la bombe atomique Fat man, larguée sur Nagasaki, atteint 4500.
Ce même facteur atteint 2,1 millions pour la plus grosse bombe jamais construite, la Tsar bomba.
La palme revient à la bombe à trois étages B41, avec un F.E.R. de 5,4 millions.
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Arnaud BASSEZ
IADE/Enseignant CESU 75
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