Anxiété et douleurs périopératoires : intérêt confirmé de la musique
Publiée dans The Lancet, une analyse croisée de 73 études randomisées confirme l’intérêt de la musique en périopératoire pour diminuer la douleur, l’anxiété et l’usage d’antalgiques.
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Ces effets positifs sont observés quelque soit le choix musical, la durée ou le mode d’écoute, avec une possible meilleure efficacité lorsque la musique est écoutée avant l’intervention chirurgicale.
Des effets similaires ont été observés chez les patients exposés à de la musique au cours d’une anesthésie générale.
La musique améliorerait le vécu des interventions chirurgicales, en diminuant notamment les douleurs et l’anxiété.
Les bienfaits périopératoires de la musique, une idée proposée dès 1914
L’idée que la musique puisse améliorer le ressenti des personnes subissant une intervention chirurgicale a été proposée dès 1914 par Evan Kane dans un article du JAMA intitulé "The phonograph in the operating room".
Depuis, plus de 4 000 publications ont porté sur le sujet. Parmi celles-ci, 73 études randomisées ont été jugées dignes de méta-analyse par une équipe de la London School of Medicine and Dentistry et du Barts Health NHS Trust au Royaume-Uni. Ces études portaient sur l’écoute de musique avant, pendant et après une intervention chirurgicale, et non pas sur les interventions de musicothérapie, une pratique cognitive active.
Une méta-analyse d’études très hétérogènes
Parmi les 73 études retenues pour cette méta-analyse par Hole J et coll., de nombreux cas de figure étaient explorés : interventions chirurgicales plus ou moins lourdes (de la coloscopie à la transplantation d’organe), modes d’administration de la musique différents (musique d’ambiance, oreiller musical, casque ou écouteurs), volume ou nature de la musique écoutée, taille de l’échantillon (de 20 à 458 patients adultes), paramètres évalués (douleur, anxiété, durée de séjour, usage d’antalgiques, etc.) et éléments de comparaison (prise en charge standard, écouteurs sans musique, bruit blanc, massages, relaxation, etc.).
Utilisation d’une unité de mesure standardisée des effets de la musique sur le vécu périopératoire
Afin de pouvoir comparer tous ces critères et méthodologies, les auteurs ont exprimé l’ampleur des effets constatés au moyen de la différence moyenne standardisée, ou DMS (en anglais : SMD, pour "standardised mean differences").
"Par consensus, l’ampleur de l’effet peut être tenue pour faible (0,2 à < 0,3), modérée (0,3 à < 0,8) ou importante (> 0,8)", précise la revue Minerva pour expliquer l’interprétation de cette unité de mesure.
Des effets robustes sur la douleur, l’anxiété, la consommation d’antalgiques et... la satisfaction des patients
La méta-analyse de Hole J et coll. met clairement en relief des bénéfices statistiquement significatifs de la musique périopératoire sur :
- - les douleurs post-opératoires : diminution moyenne de 0,77 SMD (IC95% de 0,99 à 0,56) du score sur des échelles validées, 45 études analysées ;
- - l’anxiété pré et postopératoire : diminution moyenne de 0,68 SMD (–0,95 à 0,41] sur un score recalculé pour la méta-analyse, 43 études analysées :
- - la consommation d’antalgiques : baisse moyenne de 0,37 SMD (–0,54 à 0,20) sur 34 études analysées ;
- - la satisfaction des patients est également améliorée, en moyenne (données très hétérogènes), de manière importante (+ 1,09 SMD [0,51 à 1,68]).
Voici l’ensemble des résultats de cette méta-analyse exprimés en SMD et colligés en un tableau récapitulatif (en anglais) :
Des effets positifs plus importants en préopératoire ?
Comme le suggèrent plusieurs résultats sur le tableau ci-dessus, il semble que les effets de la musique soient plus importants à la fois sur la douleur, l’anxiété et la consommation d’antalgiques lorsque celle-ci est écoutée en phase préopératoire, plutôt que pendant ou après l’intervention (différence non significative mais suggérée par les résultats).
Par contre, aucun effet positif significatif n’a été observé sur la durée de séjour après l’intervention et aucun effet indésirable n’a été signalé dans les études prises en compte ("Length of stay" sur le tableau ci-dessus).
Des effets positifs liés à la relaxation et à un effet "distraction" ?
Pour tenter d’expliquer les voies par lesquelles la musique pourrait améliorer la qualité de vie des patients autour d’une intervention chirurgicale, les auteurs de cette méta-analyse rappellent qu’un corpus d’études neuropsychologiques existe. Ce corpus émet l’hypothèse que ces effets soient liés à la fois à la relaxation (ralentissement des rythmes cardiaque et respiratoire, diminution de la pression sanguine, voir Am J Crit. Care, 1999) et à la sollicitation des capacités cognitives qui sont capables de diminuer la sensibilité à la douleur (l’effet "distraction").
Les auteurs signalent également plusieurs études effectuées sur des patients sous anesthésie générale qui montrent que les effets positifs de la musique persistent même dans ce contexte, quoiqu’à un degré moindre. Ils rapprochent cette observation des études qui ont montré que, malgré une anesthésie générale, la conscience per-opérative n’est pas exceptionnelle et engendre du stress pendant la période de convalescence (par exemple, Br J Anæsth 2013).
Une analyse qui suggère une prise en charge originale et peu coûteuse
Jenny Hole et ses collègues concluent en suggérant que faire systématiquement écouter de la musique aux patients autour d’une intervention chirurgicale permettrait, pour un coût nul ou réduit, d’améliorer le ressenti de leur convalescence.
Ils s’interrogent sur la généralisation de ces résultats à d’autres modalités de relaxation et "distraction" : radio, vidéos, livres. À leur connaissance, seuls les jeux vidéo ont montré une efficacité pour réduire la douleur (dans un contexte expérimental de douleur provoquée).
Néanmoins, les auteurs rappellent qu’il est important que la musique ne gêne pas la communication avec l’équipe soignante, ou entre soignants dans le contexte d’une intervention chirurgicale.
En savoir plus :
L’étude du Lancet
Music as an aid for postoperative recovery in adults : a systematic review and meta-analysis, Hole J, Hirsch M, Ball E, Meads C., The Lancet, octobre 2015
Autres études citées par les auteurs et mentionnées dans cet article :
- Effects of relaxing music on cardiac autonomic balance and anxiety after acute myocardial infarction., White JM., American journal of critical care, juillet 1999
- The incidence of intraoperative awareness in the UK : under the rate or under the radar ?, Avidan MS, Mashour GA., Anaesthesia, avril 2013
Autre contenu cité :
Comment interpréter une différence moyenne standardisée (DMS) ?, Minerva 2014 ; Volume 13 ; Numéro 4 ; Page 51 - 51
Sources : The Lancet
Par Stéphane KORSIA-MEFFRE - Date de publication : 09 Novembre 2015
source : vidal.fr
Une autre méta analyse sur le sujet
L’IADE est aussi le DJ de la salle d’opération
Cela fait quelques années que modestement (j’utilise mon smartphone), à l’induction voire avant, je propose de la musique au choix du patient (ça va donc de la variété française, au classique, au hard rock, à la new wave, au funk...) La "musicothèque" de mon téléphone, dispose de plus de 6800 titres pour 1710 artistes.
C’est toujours le patient qui choisit ce qu’il veut écouter.
Si votre base de données est faible vous avez l’alternative youtube, ou des applications pour télécharger des MP3.
On peut faire à l’induction puis réveil "standard". Ou faire à l’induction et réveil avec la même musique.
L’effet est réel, palpable, et le patient en tire une expérience positive. Mais pour que le bénéfice soit total, il faut demander le silence aux IBODE qui ont comme réflexe médullaire, d’ouvrir leurs sachets et bouger leurs tables dès que l’on allume le respirateur...
Pour corroborer les dires, le bienfait de la musique s’étend aussi sur les chirurgiens, et par voie de conséquence sur l’ambiance de la salle. Nous en avions évoqué les lignes dans le forum, il y a quelques temps.
AB
Et pour ceux qui pensent que la qualité des soins ça se discutent sur des tableaux et des graphiques, je les renvoie à cette brève de 2013
Lire l’article sur
- la douleur
- la kétamine
- l’ANI Analgesia Nociception Index
- Les antalgiques, les morphiniques
- L’essentiel de l’évaluation de la douleur et de la prescription antalgique en pédiatrie
- Les anesthésiques locaux, toxicité, douleur postopératoire, utilisation en IV
- Opioid free anesthesia (OFA) ou anesthésie sans morphinique "l’antéchrist" de cet article.
- Téléchargez le livre blanc de la douleur
- Un article grand public qui parle de la musique en salle d’opération en Italie
Les chirurgiens qui opèrent en écoutant de la musique ont un geste plus précis mais aussi plus rapide, révèle une étude.
-* Publié le 03-08-2015
- source : sciencesetavenir.fr
Vous l’ignoriez peut-être mais de nombreux chirurgiens à travers le monde opèrent en musique. Une bonne idée ? Oui, selon une étude publiée dans Aesthetic Surgery Journal. Et peu importe qu’ils écoutent du classique ou du rock, les médecins qui opèrent en musique ont un geste plus rapide et plus précis que leurs confrères cloîtrés dans le silence.
La musique baisse le niveau de stress des chirurgiens
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude, chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Gavelston (États-Unis), ont demandé à 15 chirurgiens plasticiens de refermer des incisions pratiquées sur des pieds de porc achetés dans un supermarché local. Un modèle qui se rapproche de la peau humaine. Certains chirurgiens ont réalisé cette opération avec de la musique, d’autres sans. Puis le lendemain, ils ont dû faire de nouveau cette opération, avec de la musique s’il n’y avait pas eu droit la veille, et vice-versa. "Nous avons admis que nos sujets pouvaient s’améliorer la seconde fois simplement grâce à la répétition, explique dans un communiqué le Dr Shelby Lies, co-auteur de la publication.
Cet effet est réduit en répartissant au hasard les chirurgiens entre une première phase avec ou sans musique." Les chirurgiens n’ont - bien entendu- pas été informés de l’objet de l’étude. Il leur a simplement été demandé de réaliser l’acte chirurgical rapidement et d’informer les chercheurs lorsqu’ils avaient terminé. "Des études antérieures ont montré que l’écoute de la musique pendant les opérations abaisse le niveau de stress des chirurgiens, explique le scientifique. Mais peu de recherches se sont intéressées aux effets de la musique sur la performance technique du médecin."
Les chercheurs ont ainsi constaté que le temps nécessaire pour effectuer une suture est en moyenne 7 % plus court lorsque le chirurgien préfère écouter de la musique. Il atteint même 8 % pour les débutants et 10 % pour les expérimentés. Un gain de temps loin d’être inutile. "Passer moins de temps au bloc opératoire peut se traduire par une réduction significative des dépenses, particulièrement lorsque refermer la plaie représente une part majeure de l’intervention, comme lors d’une abdominoplastie, explique le Dr Shelby Lies. Passer plus de temps sous anesthésie générale augmente aussi le risque d’événement indésirable pour le patient." Un panel de chirurgiens plastiques a également jugé à l’aveugle la qualité de l’ensemble des sutures. Verdict : les plus "belles" se sont révélées être... celles réalisées en musique.
Quelles chansons sur les playlists des chirurgiens ?
Selon une étude du British Medical Journal parue en 2014, les chirurgiens qui écoutent régulièrement de la musique en salle d’opération sont plus performants que les autres, car plus concentrés sur la tâche à effectuer. Ces chirurgiens trouvent les chansons suivantes particulièrement utiles à la concentration :
- Stayin’ Alive des Bee Gees,
- Smooth Operator de Sade,
- Comfortably Numb des Pink Floyd
- Wake Me Up Before You Go-Go de Wham.
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En revanche, ils déconseillent à leurs collègues les chansons suivantes :
- Another One Bites the Dust de Queen
- Everybody Hurts de REM
- Scar Tissue des Red Hot Chilli Peppers.
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Mais on peut être chirurgien et avoir mauvais goût. Et des goûts et des couleurs...
Au bloc opératoire, les effets bénéfiques de la musique sur les chirurgiens
Publié le lundi 03 juin 2019, Victor Tribot Laspière
Source : francemusique.fr
La musique est de plus en plus utilisée comme thérapie, côté patients. Or voici qu’on découvre également ses vertus pour les personnels soignants. Les chirurgiens, par exemple, sont nombreux à diffuser leurs morceaux préférés au bloc, afin de se concentrer et de créer un climat détendu.
Le souffle de la ventilation, le bip des machines qui contrôlent le pouls et la respiration, le cliquetis des pinces métalliques, le grésillement du bistouri électrique... et la trip-hop lascive de Massive Attack. Voici à quoi ressemble l’ambiance sonore du bloc opératoire n°16 du groupe hospitalier Saint-Joseph, à Paris.
Ce mardi matin, le docteur Jérôme Loriau, chef du service de chirurgie digestive, enchaîne plusieurs petites opérations. La patiente, endormie, ne s’en doute pas, mais le chirurgien l’opère en écoutant Tear Drop, du groupe originaire de Bristol, qui a servi de générique à la série médicale Dr House.
« On le sait scientifiquement et je le constate au quotidien, la musique diffusée au bloc opératoire permet de créer un climat propice de concentration et de bonne harmonie commune » explique le docteur Loriau. Mais il doit faire attention à plusieurs paramètres, comme de ne pas imposer ses choix musicaux au reste de l’équipe présente dans le bloc.
Une étude publiée dans le Journal of advance nursing a fait apparaître que la musique pouvait être source de tension, que ce soit à cause des choix esthétiques, mais également du volume sonore qui peut dégrader la bonne communication orale entre les membres de l’équipe médicale. Selon l’étude, lorsque de la musique est diffusée dans le bloc opératoire, les personnels soignants ont besoin de répéter cinq fois plus leurs demandes, ce qui augmente sensiblement la durée de l’opération et peut être dommageable pour le patient et la fatigue de l’équipe.
Le docteur Loriau prend soin de diffuser des morceaux de musique qui ne vont pas le déconcentrer. « Il ne faut pas que cela attire trop mon attention. Il faut que ça reste une musique de fond. Par exemple, je ne peux pas écouter des chansons en français. Mon esprit va vouloir se focaliser sur le sens des textes. C’est la même chose pour la musique classique. Je vais avoir trop tendance à vouloir suivre la mélodie, le déroulement du mouvement. Et ça, je ne peux pas me le permettre au bloc ».
A chacun sa musique
Du jazz plutôt doux, de la musique électronique relaxante, du trip-hop : ce sont les musiques idéales pour opérer selon ce spécialiste en chirurgie digestive. D’autres, en revanche, ne jurent que par le rock, voire le heavy metal. Pour le docteur Yves Le Bellec, chirurgien de la main à la Clinique de l’Yvette, à Longjumeau (Essonne), c’est encore un autre programme : dans son bloc, ceux qui ont la côte s’appellent Schubert, Beethoven ou Brahms. Pas Chostakovitch, en revanche, qu’il dit beaucoup apprécier mais dont la musique lui semble nuire à sa concentration et inappropriée pour ses patients, dont 99% ne sont pas endormis pendant les opérations. « Partant du principe que les gens aiment globalement tous les tubes de la musique classique, je laisse Chostakovitch de côté pour ne pas déconcerter le patient et donc le stresser » explique le docteur Le Bellec.
Dans sa spécialité, les pathologies sont très souvent bilatérales. C’est-à-dire qu’un patient opéré à la main gauche, sera très fréquemment opéré pour le même problème à la main droite plusieurs semaines, mois ou années plus tard. « Quand les patients reviennent pour la seconde opération, ils peuvent se montrer très surpris si ce jour-là j’ai décidé de ne pas diffuser de musique dans le bloc. La plupart du temps, ils me la réclament. D’abord pour eux, parce qu’ils sentent que cela avait pu les distraire d’un moment stressant, et puis en pensant à moi, pour être assurés que je me trouve dans les mêmes conditions de concentration que lors de l’opération précédente » poursuit le chirurgien de la main.
Le docteur Le Bellec, qui a toujours aimé la musique classique, se montre plein de gratitude envers les chirurgiens auprès desquels il s’est formé. Plusieurs d’entre eux avaient à cœur de transmettre aussi leur passion de la musique classique, de leur faire découvrir des compositeurs, des interprètes, de leur faire même des quiz pendant le bloc. Un héritage musical que le docteur Le Bellec peut lui aussi transmettre à certains de ses patients : « Il arrive qu’on me demande les références de tel titre, de tel compositeur. Ça aussi, c’est très agréable pour le patient dont l’attention va être distraite par la musique ».
Un gain de temps et donc d’argent
Plusieurs études scientifiques se sont penchées sur les effets de la musique au bloc opératoire. L’une des plus récentes, publiée dans le Aesthetic Surgery Journal, montre que les chirurgiens qui opèrent en musique sont plus précis et plus rapides pour effectuer des sutures. La durée d’une suture est plus rapide de 7% pour les chirurgiens mélomanes, et jusqu’à 10% pour les chirurgiens seniors. Ces sutures ont également été jugées mieux réalisées d’un point de vue esthétique.
Un gain de temps utile pour le patient, qui passe moins de temps sous anesthésie générale lors des opérations abdominales par exemple, où la suture représente un temps important et donc augmente le risque des complications. Et c’est aussi un gain de temps pour l’hôpital, dont on connaît les problématiques générales liées au budget de fonctionnement et au manque de lits.
Le résultat de ces études n’étonnent absolument pas Hervé Platel, professeur en neuropsychologie et spécialiste des liens entre musique et cerveau. « Lorsqu’on écoute une musique appréciée, aimée, cela va stimuler la sécrétion de dopamine dans le cerveau. Et donc la fatigue ressentie va diminuer et la sensation de bien-être va augmenter. Et cela aura également comme conséquence de diminuer le stress ».
Ce que confirment les deux chirurgiens interviewés plus haut : la musique au bloc doit toujours être de la musique connue, pas question de se laisser surprendre par une nouveauté, qui risquerait de trop attirer l’attention.
Au niveau des styles de musique préférés des chirurgiens, la plateforme de streaming Spotify a révélé que c’est le rock qui est le plus écouté. Viennent ensuite la pop, la musique classique et le jazz. Les études préconisent d’éviter la dance music, trop rythmée, ainsi que les mélodies à la mode.
On savait que Mozart provoquait une moindre consommation d’antalgiques lorsque sa musique était délivrée via des casques audio en SSPI. Cette étude prouve encore son impact positif cette fois sur les crises d’épilepsie. Une autre étude, démontre la qualité d’apport de la musique de l’homme de Salzbourg, dans les thyroïdectomies et cette dernière, étonnante dans sa démarche, compare le niveau de stress entre Mozart et du heavy metal.
Sans évoquer les étables diffusant la musique du divin génie autrichien, censée donner un lait de meilleur qualité, ou encore cette étude sur les nouveaux-nés. Il faut reconnaître que le compositeur à l’oreille absolue, continue de susciter question, étude et admiration.
Et aussi des idées parfois assez drôles.
Encore une fois, Mozart Über alles ?
(AB)
Les bienfaits avérés de la musique
Par Sylvie Riou-Milliot le 31.05.2020
sciencesetavenir.fr
Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°879 daté mai 2020, "Spécial coronavirus".
Les effets positifs du rythme et de la mélodie sont désormais reconnus par l’OMS : réduction de l’anxiété et de la douleur, baisse de la tension artérielle, diminution de certains effets secondaires. Et même réparation cérébrale chez des grands prématurés…
Devinette. Quel est le traitement qui, selon les cas, apaise ou stimule, se consomme sans modération ni risque d’effets secondaires, est facile d’accès, simple d’utilisation, toujours accessible et sans aucun risque de pénurie ? La musique. Qu’on l’écoute ou la pratique, en solo ou en groupe, celle-ci nous fait incontestablement "du bien". Au point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), convaincue de ses bienfaits, a publié voici quelques semaines un rapport consacré à ses effets - et à celui de l’art en général - sur l’amélioration de la santé et du bien-être. "L’approche dite de musicothérapie, d’inspiration psychanalytique à ses débuts dans les années 1970, est restée longtemps purement empirique. Certains ont pu, à l’origine, exagérer ses effets ou mal les interpréter ", détaille le Pr Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen Normandie, l’un des premiers chercheurs en France à avoir utilisé les techniques de neuro-imagerie pour étudier les effets de la musique sur le cerveau. De fait, les pratiques n’ont pas toujours été évaluées ni standardisées. Mais au fil du temps, mélodies et rythmes ont imposé leurs capacités à soulager, aider, accompagner, à nous toucher parfois même jusqu’au frisson. Sans pour autant guérir.
Le grand frisson
Quel est le point commun à la musique, la nourriture et les drogues ? La récompense, c’est-à-dire la libération de dopamine par le cerveau, à l’origine d’un véritable "frisson" de plaisir. La preuve avec des travaux d’imagerie cérébrale conduits en 2011 par l’équipe de Robert Zatorre, de l’université MacGill à Montréal (Canada). Depuis, ces chercheurs ont également démontré le rôle essentiel de la mémoire dans cette sensation de frisson musical. "Son intensité est en effet d’autant plus forte que la première écoute a été positive", explique Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen Normandie. Toutefois, pour 3 à 5 % de la population, il ne se produira jamais, et ce en raison d’un manque de connectivité entre différentes régions cérébrales. On parle alors d’anhédonie musicale, une incapacité à ressentir la moindre émotion à l’écoute d’une mélodie.
Afin de vérifier ses effets sur le bien-être des patients, les spécialistes de l’OMS ont analysé près de 900 études. Et la liste qu’ils sont parvenus à établir est longue : réduction de l’anxiété et de la douleur, baisse de la tension artérielle, diminution de certains effets secondaires dus aux traitements anticancéreux (nausées, fatigue). Avec la danse, c’est l’amélioration des scores de motricité de personnes atteintes de la maladie de Parkinson ou victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a été constatée. Quant au chant, il permet de mieux rééduquer la fonction respiratoire et le langage. Sans oublier une amélioration de la qualité de vie pour l’ensemble des malades et des conditions de travail pour les soignants, ravis de ces pauses musicales. Résultat : de nombreux services hospitaliers font désormais appel en France à la musique sous toutes ses formes : unités de néonatalogie, pédiatrie, gériatrie, mais aussi neuropsychiatrie, rééducation neurologique, soins palliatifs, centres antidouleur, blocs opératoires, salles de réanimation, urgences… Une diversité que l’on retrouve dans les modes d’intervention, qu’il s’agisse d’interprétation en direct par des musiciens ou d’écoute d’enregistrements grâce à des applications proposant des morceaux choisis comme Musi-Care, utilisée dans de nombreux hôpitaux en France.
Un outil qui peut être utilisé pour apaiser ou stimuler
Effect of therapeutic suggestions during general anaesthesia on postoperative pain and opioid use : multicentre randomised controlled trial (10 December 2020)
Le fait de diffuser de la musique et des mots apaisants aux patients pendant qu’ils se font opérer permettrait de réduire significativement les douleurs postopératoires, de façon simple et non-médicamenteuse.
Plus de 200 millions de personnes dans le monde, se font opérer chaque année. Le plus souvent sous anesthésie générale. Il est généralement admis que l’anesthésie induit un état d’absence de sensations, et effectivement les cas de réelle “conscience” sous anesthésie sont extrêmement rares. En revanche, des cas d’individus capables de percevoir leur environnement extérieur sous anesthésie générale ont été observés, en particulier au niveau de l’audition, ce qui suggère que le système auditif central resterait intact.
Serait-il possible de tirer parti de cette perception peropératoire des mots et des sons pour avoir un impact positif sur les patients opérés ? C’est ce qu’indique une étude parue dans l’édition de Noël 2020, de la revue The BMJ : des chercheurs ont constaté que diffuser des enregistrements au contenu sonore apaisant pendant la durée d’opérations chirurgicales permettait de réduire les douleurs post-opératoires et le besoin de médicaments analgésiques après l’opération en question.
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Réduire la douleur post-opératoire en diffusant des sons apaisants durant l’opération, ca fonctionne
Par Anouk Tomas le 22.12.2020
sciencesetavenir.fr
Selon une récente étude, diffuser de la musique et des mots apaisants aux patients pendant qu’ils se font opérer permettrait de réduire significativement les douleurs postopératoires, de façon simple et non-médicamenteuse.
Plus de 200 millions de personnes se font opérer chaque année, à l’échelle mondiale. Les opérations nécessitent la plupart du temps que les patients soient placés sous anesthésie générale (AG). Il est généralement considéré que l’anesthésie induit un état d’absence de sensations, et effectivement les cas de réelle “conscience” sous anesthésie sont extrêmement rares. En revanche, des cas d’individus capables de percevoir leur environnement extérieur sous anesthésie générale ont été observés, en particulier au niveau de l’audition, ce qui suggère que le système auditif central resterait intact.
Si tel est le cas, serait-il possible de tirer parti de cette perception peropératoire des mots et des sons pour avoir un impact positif sur les patients opérés ? C’est ce qu’indique une étude parue dans l’édition de Noël de la revue The BMJ : des chercheurs ont constaté que diffuser des enregistrements au contenu sonore apaisant pendant la durée d’opérations chirurgicales permettait de réduire les douleurs post-opératoires et le besoin de médicaments analgésiques après l’opération en question.
La diffusion d’un enregistrement apaisant réduit la douleur
Épilepsie : cette musique aurait le pouvoir d’apaiser les crises
le 21 septembre 2021
Une nouvelle étude vient de mettre en lumière les bienfaits d’une musique bien spécifique sur les personnes souffrant d’épilepsie. Elle permettrait de calmer les crises provoquées par la maladie.
La musique peut-elle apaiser les crises d’épilepsie ? Oui, selon cette récente étude menée par plusieurs scientifiques et publiée dans Scientific Reports, dans laquelle une mélodie en particulier a été mise en lumière : la Sonate pour deux pianos en ré majeur (K448) de Mozart.
Les scientifiques ont mesuré l’influence de l’écoute de la Sonate K448 sur les décharges à l’origine des crises d’épilepsie. Seize personnes atteintes d’épilepsie réfractaire – qui ne répond pas aux traitements antiépileptiques – ont donc été soumises à une surveillance intracrânienne. L’épilepsie est une maladie neurologique qui comprend plusieurs symptômes, mais qui reste encore un ensemble complexe puisqu’elle englobe une cinquantaine de maladies épileptiques différentes.
Après trente secondes d’écoute, la Sonate K448 démontre ses bienfaits : une réduction des décharges dans toutes les régions du cerveau des patients a été observée par les chercheurs. La Sonate de Mozart réduirait donc l’activité épileptique ictale – au moment des crises – et interictale – entre chaque crise. Selon les scientifiques, l’activité électrique de 84% des patients s’apaisait significativement après une écoute prolongée.
"L’effet Mozart", ou l’effet positif de la musique sur l’épilepsie
La musique aurait donc un réel effet bénéfique sur les personnes atteintes d’épilepsie. Les travaux antérieurs de certains scientifiques avaient déjà permis de démontrer que la stimulation auditive à 40Hz permettait de réduire les décharges.
À l’origine, la Sonate K448 a été expérimentée par le Dr. Frances Rauscher en 1993. "L’effet Mozart" a de nombreuses fois eu des effets bénéfiques lors de tests sur des étudiants, des enfants en âge préscolaire ou encore des rats. À la suite de cela, le neurologue John Hugues fut le premier à témoigner de l’effet de cette Sonate sur des personnes souffrant d’épilepsie.
Epilepsie : quelles sont les propriétés thérapeutiques de la Sonate K448 ?
La Sonate K448 ne serait pas la seule à avoir un impact positif : la Sonate pour piano en do majeur (K545) de Mozart avait les mêmes vertus thérapeutiques. D’autres symphonies n’ont cependant pas eu autant d’effets bénéfiques : c’est le cas pour des mélodies de Beethoven ou encore Wagner, pour lesquelles l’expérimentation n’a pas été pas concluante.
Alors, qu’est-ce que la musique de Mozart a de si particulier ? Elle est plutôt inattendue dans sa composition, ce qui créé un effet de surprise chez les auditeurs. La Sonate K448 a une influence directe sur certaines zones du cerveau responsables des réponses émotionnelles.
Les scientifiques décrivent la Sonate K448 comme une intervention non invasive et non pharmacologique. Cette dernière découverte encourage donc la poursuite de l’évaluation de cette mélodie sur les personnes souffrant d’épilepsie réfractaire, malgré des résultats hétérogènes sur l’ensemble des études.
Source : Scientific Reports
Opérations : écouter de la musique lors d’opérations améliorerait les performances des chirurgiens
Gabriel Foffano, publié le 21 avril 2022
source : 24matins.fr
Écouter certains types de musique aurait un impact sur les performances des chirurgiens lors d’opérations.
Une nouvelle étude insolite est venue montrer des effets intéressants de la musique sur les performances. En effet, des travaux allemands, relayés par le quotidien The Sun est venu dévoiler que les chirurgiens écoutant AC/DC ou les Beatles en bloc opératoire étaient plus rapides et plus précis lors d’intervention.
La musique améliore les performances des chirurgiens en opération
Dans les détails, cette nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs de l’université d’Heidelberg, en Allemagne, a porté sur l’impact du genre musical et du volume sonore des morceaux diffusés dans les blocs opératoires. Cela n’est en effet pas nouveau, les chirurgiens écoutent parfois de la musique pour se détendre ou se donner du courage durant les opérations.
Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs ont suivi un groupe de chirurgiens novices devant réaliser une laparoscopie, soit une ouverture de l’abdomen pour accéder aux organes. Ces derniers devaient ainsi écouter de la musique à différents volumes lors de l’opération. Cui Yang, principal auteur de l’étude, déclare auprès de The Sun : « Nos résultats montrent que le rock plus soft et le rock dur peuvent tous deux améliorer les performances chirurgicales ».
Pour être plus précis, les chercheurs ont démontré que « le temps nécessaire pour effectuer une coupe de précision est tombé de 236 secondes à 139 secondes » lorsque les chirurgiens écoutaient le groupe AC/DC, notamment les titres T.N.T et Highway to Hell. Outre le fait d’être plus rapides, ils étaient aussi plus précis, avec 5 % d’amélioration aux tests de précisions en écoutant ce style de musique. Cui Yang ajoute d’ailleurs : « Pour le hard rock, l’effet positif était particulièrement perceptible lorsque la musique était jouée à grand volume ».
L’étude montre aussi que les médecins étaient 50 % plus rapides que leurs confrères lorsqu’ils écoutaient les Beatles (Hey Jude et Let it Be). L’amélioration était cependant moindre si le niveau sonore était trop élevé. Les chercheurs concluent ainsi que leurs résultats justifient le fait que la musique rythmée et entrainante aide les chirurgiens à être plus performants, que ce soit au niveau de la vitesse, de l’attention et de la précision. Cela permet aussi de relaxer les muscles, réduire l’anxiété, baisser la tension artérielle et atténuer le stress.
RÉFÉRENCE
Yang C, Möttig F, Weitz J et coll. : Effect of Genre and amplitude of music during laparoscopic surgery. Langenbecks Arch Surg (2022). doi.org/10.1007/s00423-022-02490-z
De la musique pour adoucir les troubles du comportement de la démence ?
Publié le 11/10/2023
Les traitements médicamenteux visant à traiter les symptômes comportementaux et psychologiques des démences (SCPD) peuvent avoir des effets indésirables, c’est pourquoi des approches non pharmacologiques pour gérer ces symptômes peuvent être préférables. Des études antérieures ont montré que la musicothérapie peut réduire les SCPD, en particulier quand elle administrée par des soignants. Cependant, aucune étude randomisée n’a examiné les effets sur les SCPD des interventions musicales dispensées par les aidants familiaux (soignants informels) à domicile.
L’étude randomisée HOMESIDE réalisée en Australie et dans différents pays européens a comparé l’effet sur les SCPD, ainsi que sur la qualité de vie (QdV) et le bien-être des patients et des aidants, d’interventions musicales (n=143), de lecture (n=144), comparés aux soins habituels seuls (n=145), dispensés par les aidants familiaux pendant 3 mois auprès de patients atteints de maladies neurodégénératives (NPI-Q score ≥6). Les aidants avaient bénéficié d’une courte formation dispensée par des musicothérapeutes ou des ergothérapeutes pour la lecture.
Des résultats décevants
Les résultats ne montrent aucune réduction statistiquement significative ou cliniquement importante des comportements perturbateurs (SCPD) associée aux interventions par rapport au groupe témoin : musique (-0,15 [IC à 95 % -1,41 à 1,10], p=0,81), lecture (-1,12 [IC à 95 % -2,38 à 0,14], p=0,082).
Les résultats de cette étude ne correspondent pas aux conclusions d’une revue Cochrane récente sur le bénéfice des interventions musicales effectuées par des musicothérapeutes auprès d’une population de malades souffrant de démence vivant en établissement (et non à domicile), dans laquelle une réduction des SCPD a été observée.
Les différences de résultats seraient peut-être liées au fait que les aidants familiaux pourraient ne pas être aussi efficaces que les professionnels, ils auraient besoin de davantage de formation et de soutien pour atteindre des résultats significatifs. L’analyse montre également que les effets de la musique sur les SCPD sont généralement de courte durée.
L’étude révèle aussi que l’adhésion des aidants familiaux à l’utilisation de la musique a été faible, ce qui interroge sur le temps d’écoute de musique nécessaire pour réduire de manière significative les troubles du comportement. Les auteurs suggèrent également que la quantité et l’efficacité des interventions musicales pourraient dépendre de la gravité de la pathologie.
Par ailleurs, l’analyse des sous-groupes montre que les patients plus impactés par les troubles du comportement et ceux souffrant de démence vasculaire seraient plus sensibles aux interventions musicales. Enfin, ce travail a révélé que la musique a eu un effet positif à court terme sur la résilience des aidants familiaux, sans que ce ne soit cliniquement significatif.
Geneviève Perennou
Jim.fr
Référence
Felicity Anne Baker, Vanessa Pac Soo, Jodie Bloska, et al. Home-based family caregiver-delivered music and reading interventions for people living with dementia (HOMESIDE trial) : an international randomised controlled trial ; The Lancet. October 02, 2023. DOI :https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2023.102224
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Arnaud BASSEZ
IADE
Administrateur