La communication envers le patient, au bloc opératoire, est essentielle. Souvent, parce que le patient est stressé, dans l’inconnu, entouré de professionnels en tenue de bloc, masqués, dans un environnement de haute technicité, froid, peu accueillant, et qui représente le "saint des saints" de l’hôpital.
Alors que l’intervention chirurgicale est assez peu verbalisée par le patient, l’anesthésie est régulièrement une source d’angoisse, de terreur, de mystère et de peur.
La fameuse peur de ne pas se réveiller surtout, alors que le départ dans ces conditions serait quasi idéal, puisque sans douleur et sans conscience de ce qui arrive. Mais il en est ainsi, et la perte de contrôle de soi, pour confier cette parenthèse à un groupe d’inconnus (MAR-IADE-interne, EIA) est une notion à prendre au sérieux et à bien identifier pour les professionnels de l’anesthésie.
Il existe des phrases que l’on répète à l’envi, souvent sans se rendre compte de ce qu’elles sous-tendent. Ne vous inquiétez pas, ça va piquer, ça peut faire mal...bref toutes ces erreurs qui au lieu de procurer détente et apaisement, provoquent souvent le contraire.
Voici deux vidéos intéressantes, du même type de situation, mettant en scène une entrée au bloc avec la version inadaptée et la version correcte faites par un groupe de formation en hypnose médicale.
Les choses à ne pas faire.
Communication négative au bloc opératoire
Retrouvez la vidéo sur youtube
La bonne conduite
- Communication thérapeutique au bloc
Le 3 juin 2014 par Stéphane Bouvier, Matthieu Fontaine et Jérôme Schweitzer
Et voici quelques petits aspects pratiques simples :
- Position demi assise et non allongée du patient dans un brancard. Diminue le sentiment de vulnérabilité lié à la hauteur. Voir venir debout en salle, comme discuter.
- Focalisation/Taches attentionnelles : l’écran, respiration etc.. (pour les gestes douloureux notamment)
- Communication non verbale plus importante (la communication verbale = contenu ne représente que 10% de la communication pour relaxer).
- Les mots magiques qu’on connait :
- pas mal -> confort,
- aiguille-> perfusion, produit,
- essayer->réussir,
- brancher->installer,
- électrodes et pince ->capteur et bague,
- champ stérile -> tissu propre,
- décharge électrique ->chatouille,
- garrot->élastique (mais besoin de décrire ? pas forcément il sait qu’on va piquer),
- pistolet->urinoir,
- Froid-> frais,
- paralysie -> endormi,
- potence-> pied à perfusion
Reformuler avec les mots du patient
Saupoudrer de mots positifs : Confort++ , Bien , Super , ...
"yes set" : plusieurs réponses par oui donne une réponse par oui.
- Vous êtes monsieur A ? Oui,
- On vous opère de ...? Oui,
- Vous travaillez dans ? Oui,
- Êtes-vous prêts pour l’intervention ? Oui
- Quel est votre problème ?" -> "Qu’est ce qui vous amène ?"
- Éviter l’impératif type " posez votre bras" -> "vous pouvez poser le bras"
- Attacher le bras une fois endormi
- Voie veineuse périphérique : Laisser un faux choix : choisir le coté de la VVP, la position ...
- Faire respirer doucement : active le parasympathique
- Pas d’humour, en stress tout est pris au premier degré, s’adapter au niveau de stress
- Chek list HAS endormi ?
- "Ça va saigner ?"
– "oui " ...
- Eviter " c’est la hernie du Dr S ?" = déshumanisation" -> "Mr A »,
- De même pour la proximité, pas de dossier ni de plateau sur le ventre du patient directement. Le patient n’est pas une table !
- Pudeur
(dr Vincent Mellano)
On peut proposer de la musique au choix du patient (ne pas lui imposer une musique qui ne serait pas à son goût). Cela participe à l’évacuation du stress.
Puis-je m’asseoir sur un patient ?
Une phrase que l’on retrouve partout, dans toutes les inductions, le fameux "Êtes-vous confortable ?"
Au sujet de l’adjectif confortable, l’Académie française rappelle : on ne doit pas utiliser cet adjectif, qui ne peut qualifier que des objets, pour parler de personnes, et qu’on ne peut donc pas lui donner le sens d’« à l’aise ».
On ne dit pas "On est confortable sur ce canapé" de même qu’on ne le sera pas non plus sur une table d’opération, malgré la couverture d’air chaud pulsé, de la musique et de l’absence de toute pollution sonore extérieure, de type circulante...
Même nos cousins du Québec, très attachés à la langue de Molière, le disent.
Donc un patient n’est pas confortable. On ne s’assied pas dessus. En revanche une chaise, un fauteuil peut l’être. Ne faites plus l’erreur.
AB
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Arnaud BASSEZ
IADE/enseignant CESU
Administrateur