Cette première approche est le fait d’un chirurgien anglais, Sir William Arbuthnot Lane.
Il passera à la postérité grâce à ses succès chirurgicaux,
Arbuthnot Lane est né à Fort George, Inverness, Écosse, le 4 Juillet 1856.
Il est le fils aîné d’un médecin militaire. Dans sa jeunesse, Lane a souvent déménagé de par les affectations de son père, en Afrique du Sud, à Ceylan, en Nouvelle-Écosse, à Malte, en Irlande,
Lane est entré au Guy’s Hospital de Londres en 1872, alors qu’il n’a que 16 ans, jusqu’à l’obtention en 1882, de son FRCS (Fellowship of the Royal College of Surgeons) qui est une qualification professionnelle autorisant la pratique de la chirurgie au Royaume Uni.
Il fera toute sa carrière dans le même hôpital jusqu’à sa retraite en 1920
Dans l’intervalle il embarquera et fera une année de Voyage dans les Caraïbes en tant que chirurgien sur le navire.
En 1888, Lane a été nommé membre du personnel du Guy’s Hospital à Londres.
Lane a été considéré comme un grand technicien en chirurgie, et fut connu comme l’un des rares chirurgiens dont le geste pouvait permettre au patient de survivre.
Il fut le premier à proposer, et réaliser une ligature de la veine jugulaire interne dans les thromboses des sinus cérébraux. La guérison de ses patients fit grand bruit. Il osa refermer un orifice œsophagien latéral par un lambeau cutané. Il devint un des maîtres de l’époque dans la chirurgie de l’oreille.
Trois procédures sont considérées comme ses plus grands succès :
Traitement de la fente palatine
Réduction ouverte et fixation interne de fractures
Traitement de la « stase intestinale chronique »
Après avoir effectué une première ileocolostomie puis une colectomie partielle, il a développé la technique de colectomie abdominale totale.
S’intéressant à tout ce qui concernait la chirurgie, il proposa, le premier, de perfuser du sérum salé chez les patients en hémorragie.
Mais c’est en opérant une banale appendicite qu’il entre dans l’histoire de la médecine !
Le Lancet rapporte l’observation, comme il se doit :
« Un homme de 65 ans était opéré d’une appendicite aiguë, sous anesthésie à l’éther et au protoxyde d’azote (N20). Au moment de la section du moignon appendiculaire, le patient fit un arrêt cardio-respiratoire. Plusieurs tractions sur la langue (!) ne réussirent pas à faire repartir sa respiration. Des tractions sur les bras furent pareillement inefficaces. C’est alors que le chirurgien introduisit sa main dans l’abdomen jusqu’au diaphragme et exerça plusieurs compressions sur le ventricule gauche. Le patient retrouva peu après un pouls, et une ventilation. L’opération reprit alors. Le patient quitta l’hôpital quelques jours plus tard, sans complications notables ».
Est-ce que les compressions de Lane furent efficaces ? Certainement, car aucun autre geste pertinent n’a été réalisé. L’arrêt cardiaque était certainement à mettre sur le compte de l’anesthésie à l’éther ou d’un manque d’oxygénation.
Les mouvements exercés sur le diaphragme par les compressions manuelles furent certainement bénéfiques sur le plan de la ventilation. Quoi qu’il en soit, l’initiative du massage direct, reprise par d’autres plus tard, fut salvatrice, et mérite d’être retenue comme une grande première.
Pendant la Première Guerre mondiale, Lane était chirurgien consultant auprès du Commandement anglais Aldershot, en plus de ses responsabilités au Guy’s Hospital et au Hospital for Sick Children.
Il avait été intronisé baronnet en 1913. En raison de cet honneur, il s’est senti obligé d’ajouter son deuxième prénom plutôt que de garder l’informel, "Willie", que ses amis et élèves utilisaient.
En 1917, il a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Il écrivit énormément (313 articles) et produisit un certain nombre de petits livres. En 1925, il a fondé le New Health Society, une organisation consacrée à des préoccupations sociales en médecine.
Lane est décédé 16 Janvier 1943, à l’âge de 86 ans.
En parallèle, une présentation lue sur le magazine de l’urgence "urgence pratique" n° 104 de février 2011, fait apparaitre le fruit d’une recherche de Lance Becker de Philadelphie, tout à fait étonnante.
Le tableau de José Maria Veloso Salgado (improprement dit du XIIIe siècle, car c’est le roi qui est du XIIIe siècle) : Triptyque "Le Roi D. Dinis rendant la Justice" montre le roi du Portugal entouré de savants qui lui montrent les manoeuvres d’insuflation par le bouche à bouche, pendant que d’autres les comparent aux anciennes pratiques.
On peut donc dire que le bouche à bouche était connu au XIXe siècle, date d’exécution du tableau par Salgado. Et sans doute au XIIIe siècle.
Je remercie le docteur Deslandes de m’avoir donné le nom du tableau qui apparait dans le magazine urgence pratique.
On peut lire le numéro de cet excellent magazine, hélas en cessation de publication.
Arnaud BASSEZ
IADE
Formateur AFGSU
Administrateur
NB :
Article réalisé d’après les publications de la revue urgence pratique, wikipedia, springer edition (New york)
A lire
L’anesthésie pour chirurgie cardiaque sous CEC
L’inventeur de la réanimation cardio pulmonaire
Histoire de la transplantation cardiaque et pulmonaire
Les sites montrant d’anciennes photos des hôpitaux sont nombreux sur le net. Celui concernant le Port Augusta Hospital and its surgical instruments est intéressant. L’inhalateur d’Hewitt permet de mesurer le progrès accompli...