Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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“Les hypocrites, comme les abeilles, ont le miel à la bouche et l’aiguillon caché.”
Jacques Delille

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L’actualité démarre en fanfare pour les IADE, en ce début d’année.

 Commençons par les propositions de l’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux) créée par la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires et mise en place le 23 octobre 2009 par la publication au Journal Officiel de l’arrêté portant validation de sa convention constitutive. C’est un groupement d’intérêt public constitué par l’Etat, la CNAM et les fédérations d’établissements de santé. Cette agence, emploie actuellement 88 personnes et son budget annuel est de 21 millions d’euros. Elle est dirigée par un ancien directeur d’hôpital public et privé.

Panorama Metiers En Emergence (ANAP) 15 janvier 2025

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ANAP 15 janvier 2025 proposition technicien anesthésie

Cette agence propose de façon à peine voilée, dans son document Panorama Métiers en émergence (ANAP) 15 janvier 2025, de mettre en France, des techniciens d’anesthésie en vogue en Allemagne depuis 2006, devant les possibles déficit des IADE dans les années à venir.
(Comme un vieux souvenir des travaux de Silvia Pontone de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur la démographie des anesthésistes-réanimateurs de France, dès 1999 (Le Praticien en Anesthésie-Réanimation/, 1999, vol. 3, n°4).

Ces techniciens allemands, ne sont pas habilités à régler le respirateur, faire des réinjections, ne savent pas intuber ni extuber, selon la Loi sur la profession d’assistant technique en anesthésie et sur la profession d’assistant technique en chirurgie ATA-OTA-G et l’Ordonnance relative à la formation et aux examens des assistants techniques en anesthésie et des assistants techniques de salle d’opération ATA-OTA-APrV.

Même si notre travail comporte inéluctablement une grande part de haute technicité, il ne faut pas oublier la part essentielle et difficilement remplaçable, qui relève du soin dans son ensemble. On conseillera donc à cette agence, d’y regarder à deux fois, d’y réfléchir encore plus et de se retenir davantage.

Car il vaut mieux faire de la qualité dans la sélection au concours des écoles d’IADE, quitte à avoir moins ď’étudiants, que de consentir à la quantité, dont on sait pertinemment la perte en compétence globale au final.

 Autre avanie : la publication sur le site Actusoins, en date du 10 janvier 2025 par Vincent Lautard (Directeur du Groupement d’Intérêt Public Santé Education, dans le domaine de la santé et de la formation, infirmier et juriste en droit de la santé) de l’article sur le droit et la législation "en SSPI, seul un médecin ou un IADE a le droit d’extuber un patient".

Rappelons que nous avons déjà eu des exemples de cette pratique sur l’article en relation, et que nous avions déjà épinglé dans un encadré jaune, la SFAR qui n’est pas une juridiction et n’a aucune prérogative législative.

Les gestes infirmiers sont listés par le Décret n°2004-802 du 29 juillet 2004 qui réunit à la fois le décret du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles et l’ancien décret du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels.

Article R. 4311-7
L’infirmier ou l’infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin : L’extubation ne fait pas partie de la liste

Article R. 4311-9
L’infirmier ou l’infirmière est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment : L’extubation ne fait pas partie de la liste

[...] En revanche, les compétences de l’IADE définies à l’article R4311-12 du code de la santé publique semblent plus adaptées à la situation puisqu’il est seul habilité à appliquer les techniques d’anesthésie générale, loco-régionale, et de réanimation peropératoire suivant le protocole établi par le MAR et à condition que celui-ci puisse intervenir à tout moment.

Les prérogatives de l’IADE précisées dans les annexes I et II de l’arrêté du 23 juillet 2012 relatif à la formation conduisant au diplôme d’État d’infirmier anesthésiste, sont notamment de procéder à la « réalisation et au contrôle du réveil : extubation, réversion, cotation de la possibilité de sortie »
Dès lors, l’extubation étant, en tout état de cause, un acte relevant de la compétence des IADE à l’exclusion de tout autre paramédical, il ne peut pas être réalisé par les IDE de la salle de réveil.
Toutefois, l’IDE en cours de formation préparant au diplôme d’IADE peut réaliser une extubation lorsque celle-ci se déroule en présence d’un IADE.

 Préconisations sur la conduite à tenir

Si l’extubation ne peut être réalisée que par le MAR ou l’IADE, cette situation n’implique pas leur présence constante auprès du patient, dès lors que la surveillance en SSPI est effectuée par un IDE.
Dès lors, lorsque l’extubation n’est pas réalisée au bloc opératoire et que le patient est transporté intubé en SSPI, l’IDE devra prévenir le MAR ou l’IADE dès que les signes de l’extubation se présentent. Ceux-ci devront intervenir sans délai, ce qui suppose une organisation assurant la disponibilité immédiate d’un des personnels qualifiés.

Alexandra CABRERA, Juriste Sham, Mai 2015

Le groupe SHAM est spécialisé dans l’assurance et le management des risques des acteurs de la santé, du social et du médico-social.

A lire et relire, notre Décret n° 2017-316 du 10 mars 2017 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence des infirmiers anesthésistes diplômés d’État.

 Cette fois-ci, intervient, un avocat, fier héraut portant les couleurs de la SFAR, en réaction à l’article d’actusoins.

Réaction Maître Cohen SFAR extubation SSPI (janvier 2025)

Sans aucun doute, le personnel de la SSPI des cliniques Parisiennes et Lédoniennes, où exercent les deux médecins intervenants, est réellement formé et peut en attester. La publicité à peine voilée pour les formations à la SSPI, délivrées par la SFAR, est un peu trop appuyée. D’autres organismes de formation délivrent également cet enseignement. Il n’en est pas fait mention. Un oubli fâcheux.

 S’ensuit une vidéo pour faire suite à la publication de la SFAR « Préconisations pour les ressources humaines médicales en anesthésie programmée (hors anesthésie pédiatrique et obstétricale) 2024  ».

 37’17"
Voici une contre-vérité par rapport au décret de 2017. Ce n’est pas la première fois que l’on rencontre ça. Rappelons donc, le Décret n° 2017-316 du 10 mars 2017, qui seul fait foi concernant les prérogatives des IADE de France et ultra marin.

Article 1
L’article R. 4311-12 du code de la santé publique est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. R. 4311-12.-I.-A.-L’infirmier ou l’infirmière, anesthésiste diplômé d’Etat, exerce ses activités sous le contrôle exclusif d’un médecin anesthésiste-réanimateur sous réserve que ce médecin :
« 1° Ait préalablement examiné le patient et établi par écrit la stratégie anesthésique comprenant les objectifs à atteindre, le choix et les conditions de mise en œuvre de la technique d’anesthésie ;
« 2° Soit présent sur le site où sont réalisés les actes d’anesthésie ou la surveillance postinterventionnelle, et puisse intervenir à tout moment.
« B.-L’infirmier ou l’infirmière, anesthésiste diplômé d’Etat est, dans ces conditions, seul habilité à :
« 1° Pratiquer les techniques suivantes :
« a) Anesthésie générale ;
« b) Anesthésie loco-régionale et réinjections dans le cas où un dispositif a été mis en place par un médecin anesthésiste-réanimateur ;

« c) Réanimation préopératoire ;
« 2° Accomplir les soins et réaliser les gestes nécessaires à la mise en œuvre des techniques mentionnées aux a, b et c du 1° ;
« 3° Assurer, en salle de surveillance postinterventionnelle, les actes relevant des techniques mentionnées aux a et b du 1° et la poursuite de la réanimation préopératoire.
« II.-L’infirmier ou l’infirmière, anesthésiste diplômé d’Etat, sous le contrôle exclusif d’un médecin anesthésiste-réanimateur, peut intervenir en vue de la prise en charge de la douleur postopératoire en pratiquant des techniques mentionnées au b du 1° du B du I.
« III.-L’infirmier ou l’infirmière anesthésiste est seul habilité à réaliser le transport des patients stables ventilés, intubés ou sédatés pris en charge dans le cadre des transports infirmiers interhospitaliers.
« IV.-Les transports sanitaires mentionnés à l’article R. 4311-10 sont réalisés en priorité par l’infirmier ou l’infirmière anesthésiste diplômé d’Etat. »

 55’20"
Comment remettre en doute le concept international de la pratique avancée sans bien le connaître finalement.

  1. Que dire face à la pratique des CRNA outre Atlantique ? Autre pays, certes, mais l’anesthésie reste la même en terme de moyen et d’efficacité entre la France et les USA. Leur programme de formation Continued Professional Certification (CPC) en atteste.
  2. Les CRNA ont-ils ou elles, plus de procès ? Rappelons que dans 32 États, il n’existe aucune exigence de supervision pour les CRNA dans la loi/les règles sur les soins infirmiers, la loi/les règles sur les hôpitaux ou la loi/les règles sur les centres de chirurgie ambulatoire. Rien de probant n’est retrouvé.
  3. Il y a-t-il plus de morts directement imputables à l’exercice en opt out de ces IADE américain(e)s ? No harm found when nurse anesthetists work without supervision by physicians
  4. Sont-ils ou elles, incompétentes pour délivrer des ALR qui sont effectivement faites par ces professionnels de l’anesthésie ?
  5. Que dire de la décision de l’hôpital du Watertown Regional Medical Center du Wisconsin, État du Midwest des États-Unis,qui a remplacé tous ses médecins anesthésistes par des CRNA (IADE made in USA).
  6. Pour autant, ce personnel est bel et bien en pratique avancée depuis des dizaines d’années. 60 ans au bas mot.
Etats ne pratiquant pas la supervision médicale (opt out) des CRNA (juin 2024)

 Rappelons que les IADE assurent la rotation permanente des salles d’intervention dans tout le royaume de France et de Navarre.
 Que sans les IADE, les blocs opératoires ne tourneraient pas, y compris dans les cliniques privées.
 Répétons que la prise en charge des IADE est tout autant sécuritaire à Dunkerque, qu’à Nice, à Brest comme à Strasbourg, à Bayonne ou à Paris... Par la grâce de notre formation homogène sur le territoire national et de l’encadrement des IADE sur les terrains de stages.

 56’10

"Plus on donne d’autonomie aux personnes qui travaillent à nos côtés, moins elles sont sous notre responsabilité, plus ça coûte cher en prime d’assurance. [...]"

Donc elles sont sous la responsabilité du praticien, sinon les assurances n’augmenteraient pas autant les primes. CQFD.

L’IADE n’est certes pas omniscient, omnipotent, omnitout. Mais combien de situations ont été sauvées par les IADE sous le secret des salles d’opération, l’Histoire ne le dit pas.
Comment invisibiliser les IADE en passant sous silence, leur simple présence lors des comptes rendus chirurgicaux, où, si on analyse bien les dates et horaires, on s’aperçoit aisément (sans sortir de Polytechnique là non plus) que le MAR est noté présent sur 2 salles en même temps ce qui est naturellement impossible et contrevient aux recommandations des experts en tout.

Alors, au final, que faut-il se dire ?

  • Où en est le GPAR qui se ronge les griffes... Quand les endoscopistes prévoyaient de mettre des IDE à la sédation, on a vu la levée de bouclier (hautement légitime) et la constitution rapide du Groupement des Professionnels en Anesthésie-Réanimation ?
  • Où est la "famille" de l’anesthésie, vantée par un syndicaliste à double casquette professionnelle ? (Verbatim page 7 et 31)
  • Où sont les soutiens que les collectifs s’évertuaient à rechercher dans le milieu médical, et dont la SOFIA avait dénoncé le comportement anti IADE ?

A ces questions, il est important d’y bien réfléchir. Et d’y apporter une réponse adaptée.

ps : Pour le plaisir, le communiqué de la SFAR suite à la publication de l’ANAP. La docte société retrouve le nom "binôme" qu’elle foule au pied en temps normal. Ce que c’est que la versatilité des sentiments quand on y songe.

Arnaud BASSEZ

IADE
Président de la SOFIA

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On relira les articles et documents sur la pratique avancée et le Décret n° 2025-55 du 20 janvier 2025 relatif aux conditions de l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée.

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